CHAPITRE I
Présentation de la région d'étude
Chapitre I : Présentation de la région
d'étude
Dans ce chapitre, les particularités de la
vallée du M'Zab sont présentées, notamment sa situation
géographique et les facteurs édaphiques, climatiques et
biologiques qui la caractérisent.
I .1. Situation géographique de la
région d'étude
La vallée du M'Zab, située à 600 km au
sud de la capitale d'Alger est considérée comme l'une des grandes
oasis du Sahara algérien. Administrativement, elle fait partie de la
wilaya de Ghardaïa, regroupant trois chefs lieu de communes, Ghardaïa
chef-lieu de la wilaya occupant l'amont et le centre de la vallée,
Bounoura et El Atteuf occupant la partie aval de la vallée.
Géographiquement la vallée du M'Zab est comprise entre 32°
26' et 32° 31' de latitude Nord et 3° 37' et 3°46' de longitude
Est (Figure 1). Elle est alignée approximativement NW-SE, en partant de
Bouchen, zone de confluence de l'oued El Haimeur (Laadira) avec l'oued Touzouz,
jusqu'à El Atteuf sur une longueur de 23,50 km. La largeur de la
vallée varie entre 2,35 et 1,50 km en amont et diminue au fur et
à mesure vers l'aval pour atteindre 0,55 km tout au sud de la ville d'El
Atteuf. Les altitudes quant à elles sont relativement faibles, elles
diminuent progressivement de l'amont vers l'aval, 514 à 508
mètres à Bouchen, 505 à 485 mètres au niveau la
ville de Ghardaïa, 455 à 450 mètres au niveau d'El Atteuf,
et 435 mètres à Ahbas point le plus bas de l'oasis d'El Atteuf
(B.N.E.D.E.R., 2014).
6
Figure 1. Situation géographique de la
wilaya de Ghardaïa (Zergoun et al., 2018b).
7
Présentation de la région d'étude
I.2. Relief
Dans la vallée du M'Zab, on peut distinguer trois
types de formations géomorphologiques (D.P.A.T.,
2005).
- Chabka du M'Zab : c'est un plateau
crétacé rocheux et découpé en tous les sens par de
petites vallées irrégulières, qui semblent
s'enchevêtrer les unes des autres. Ces vallées sont plus ou moins
parallèles et leur pente dirigée vers l'Est. Le plateau rocheux
occupe une superficie d'environ 8000 Km2, représentant 21 %
de la région du M'Zab (Coyne, 1989). Neuf communes sont
situées en tout ou en partie sur ce plateau (Ghardaïa, Berriane,
Daïa ben dahoua, Bounoura, El Atteuf, Metlili, Sebseb, Mansoura et Hassi
-Fhel).
- Région des dayas : au sud de
l'Atlas saharien d'une part et d'autre part du méridien de Laghouat
s'étend une partie communément appelée «plateau des
dayas» en raison de l'abondance de ces entités physionomiques et
biologiques qualifiées des dayas. Dans la région de Ghardaïa
seule la commune de Guerrara, située au nord-est, occupe une petite
partie du pays des dayas.
- Région des Regs : Située
à l'Est de la région de Ghardaïa, cette région est
caractérisée par l'abondance des Regs, qui sont des sols solides
et caillouteux, occupée par les communes de Zelfana, Bounoura et El
Atteuf.
I.3. Synthèse climatique
Les données climatiques sont fournies par la station
météorologique de Ghardaïa. Nous avons pris en
considération les moyennes mensuelles concernant une période
s'étalant sur 10 ans de 2009 à 2018, afin de mieux distinguer les
variations climatiques de la région d'étude. Pour Ramade
(1984), les données climatiques sont non seulement des
éléments décisifs du milieu physique mais ont aussi des
répercussions profondes sur les êtres vivants animaux et
végétaux. Selon Lecoq (2012), Les principaux
facteurs régulant la taille, la qualité et la distribution des
populations du Criquet pèlerin sont principalement les facteurs
climatiques.
I.3.1. Températures
La température est un facteur écologique
capital. Elle agit sur la répartition géographique des
espèces animales (Dreux, 1980). Elle dépend
fondamentalement de la quantité de rayonnement reçue du soleil,
soit directement, soit indirectement par
8
Présentation de la région d'étude
l'intermédiaire de la surface de la terre. Le tableau 1
rassemble les valeurs des températures moyennes mensuelles pour une
période de 10 ans (2009 à 2018) dans la région de
Ghardaïa. Tableau 1. Les températures pour une
période de 10 ans (2009 à 2018) dans la région de
Ghardaïa.
Mois
|
I
|
II
|
III
|
IV
|
V
|
VI
|
VII
|
VIII
|
IX
|
X
|
XI
|
XII
|
Températures moyennes
mensuelles (°C)
|
12,05
|
13,10
|
17,04
|
21,60
|
26,23
|
31,04
|
34,17
|
29
|
30,27
|
23,47
|
16,71
|
12,64
|
Moyenne des
Maxima (°C)
|
20,08
|
22,46
|
27,49
|
32,26
|
37,23
|
40,75
|
42,01
|
42,39
|
39,17
|
32,94
|
26,34
|
21,36
|
Moyenne des
minima (°C)
|
4,09
|
4,94
|
7,67
|
11,94
|
16,34
|
21,70
|
25,77
|
25,17
|
20,07
|
14,67
|
8,38
|
4,39
|
(ONM, 2019)
Les températures moyennes mensuelles sont très
variables, basses en hiver surtout aux mois de décembre, janvier et
décembre avec respectivement 12,05°C et 12,64°C. Par contre,
entre juin et septembre les températures moyennes mensuelles sont
élevées variant entre 29°C en août et 34,17°C en
juillet (Tableau 1). La température moyenne annuelle est de l'ordre de
22,28 °C. Les valeurs des températures maximas sont les plus
élevées en mois de juillet et aout (42,01-42,39 °C). Les
valeurs les plus faibles des minimas sont enregistrées en mois de
décembre et janvier (4,39-4,09 °C). Chez les acridiens, la
température élevée va permettre un développement
plus ou moins rapide des oeufs et des larves, et permettre l'envol et les
migrations des ailés. En effet d'après Lecoq
(2010), L'ensemble de l'aire d'habitat du Criquet pèlerin est
situé dans des zones où les températures moyennes
annuelles sont élevées (30 - 35°C moyenne / an). Il est
à rappeler que la plupart des insectes sont vulnérables aux
changements environnementaux, ce qui peut réduire leur abondance et leur
aire de répartition. Parmi les variables climatiques, la
température affecte le plus les insectes (Eo et al.,
2017). Par exemple, les Orthoptères, comme tous les insectes,
sont poikilothermiques, ce qui implique qu'ils sont affectés par la
température ambiante (Antonatos et al., 2013).
En effet, le comportement, le métabolisme, la croissance, le
développement, le cycle vital, la dynamique de la population et la
répartition géographique sont tous fortement influencés
par la température (Fielding, 2004). Le minimum de
température à laquelle les insectes commencent à se
développer est appelé le «seuil de développement
inférieur». La température maximale à laquelle les
insectes arrêtent leur développement est appelé «seuil
de développement supérieur» (Hernándes-Zul et
al., 2012). Les seuils inférieur et supérieur
varient entre espèces et ont été déterminées
pour
9
Présentation de la région d'étude
beaucoup d'insectes nuisibles (Logan et al.,
2005). Selon Harris et al., (2015), les
sauterelles ne sont pas distribuées au hasard sur un site, mais
sélectionnez des micros habitats dont les températures se
rapprochent le plus de leur température préférée.
La température influence fortement tous les aspects de la biologie des
acridiens (Brust & Hoback, 2009). Les effets de
différentes températures sur le cycle de vie de Calliptamus
italicus dans les prairies du Xinjiang, en Chine ont été
examiné par Ren et al., (2016); les
résultats indiquent que la température affecte de manière
significative la biologie de Calliptamus italicus et que la plage de
température optimale pour son développement est de 26 à 32
° C. Warren & Chick (2013), ont souligné
l'importance de température minimale chez les insectes. En effet chez
les acridiens, le taux d'alimentation, la marche, le vol, la dispersion, la
mue, l'accouplement et la ponte sont réduits à basse
température et cessent tout à fait à des
températures froides (Lactin & Johnson, 1996).
C'est pourquoi le temps froid et pluvieux a tendance à diminuer les
populations des acridiens même lorsque la nourriture est abondante
(Powell et al., 2007). Avec les basses
températures, les taux de croissance des criquets déclin,
jusqu'à atteindre un seuil au point où aucune croissance n'est
possible (Tu et al., 2012). L'abondance
d'Orthoptères est généralement favorisée selon
Capinera & Horton (1989), par des températures
élevées et sèches ; cependant, cela ne s'applique pas
à toutes les espèces de ce groupe. Barton
(2010), a démontré que cette augmentation de la
température aura pour effet de libérer les criquets de la
pression de prédation exercée par les araignées. Ces
dernières, étant peu adaptées aux températures
élevées, se réfugient plus bas dans le couvert
végétal et n'ont plus la capacité de capturer les criquets
qui, eux, supportent bien l'augmentation de température et demeurent
dans le haut du couvert végétal. Une élévation de
température augmente généralement la taux de
métabolisme, de croissance et d'alimentation des insectes
(Levesque et al., 2002). La température ambiante peut
influencer de manière significative les interactions
hôte-pathogène en renforçant la réponse immunitaire
de l'hôte (Elliot et al., 2005). Une
étude de Sangbaramou et al., (2018) a
démontrée que la thermorégulation peut affecter la
virulence de champignon Beauveria bassiana utilisée pour
contrôler Locusta migratoria manilensis. Ils On constaté
que la thermorégulation comportementale augmentait la survie des
criquets infectés.
10
Présentation de la région d'étude
I.3.2. Précipitations
La région de Ghardaïa est marquée par une
période pluvieuse relativement courte. Le tableau 2 regroupe les
quantités de pluie mensuelles pour une période de 10 ans.
Tableau 2. Les précipitations en (mm)
pour une période de 10 ans (2009 à 2018) dans la région de
Ghardaïa.
Mois
|
I
|
II
|
III
|
IV
|
V
|
VI
|
VII
|
VIII
|
IX
|
X
|
XI
|
XII
|
Cumul
|
Précipitations (mm)
|
10,5
|
3,04
|
8,39
|
4,45
|
2,75
|
3,58
|
1,49
|
3,79
|
15,73
|
4,09
|
4,02
|
3,54
|
65,37
|
(O.N.M., 2019)
Les précipitations ont pratiquement toujours lieu sous
forme de pluies. Ces dernières sont caractérisées par leur
faible importance quantitative et les pluies torrentielles sont rares
(Dubief, 1953). L'insuffisance de pluies sahariennes est
accompagnée d'une irrégularité très remarqué
du régime pluviométrique et d'une variabilité inter
annuelle considérable, se qui accentue la sècheresse
(Ozenda, 1991). La pluviométrie moyenne annuelle ne
dépasse pas 65,37mm dans cette région (Tableau 2). Ces
précipitations sont caractérisées essentiellement par leur
rareté ainsi que par leur irrégularité au cours de
l'année. Les mois les plus pluvieux sont septembre, janvier et mars. Au
niveau des Oasis, ces quelques millimètres de pluie ne peuvent, à
eux seuls, suffire pour assurer une bonne production agricole. L'agriculture
doit obligatoirement avoir recours à l'irrigation. D'une manière
générale, les précipitations, faibles et d'origine
orageuse sont caractérisées par des écarts annuels et
inter-mensuels très importants et également par leur
intensité. Lorsque la hauteur de la pluie dépasse 10 mm, les
oueds se mettent à couler sur une longue distance. L'eau est le facteur
clé déterminant de la qualité d'un habitat pour le
criquet, permettant la création d'une humidité suffisante pour la
ponte et le développement des oeufs ainsi que la croissance de la
végétation qui assurera la nourriture des jeunes larves issues
des pontes (Lecoq, 2012). Les précipitations selon
Sabu et al., (2008), sont le principal facteur
influant sur le développement des insectes. La pluie est
nécessaire pour que les oeufs des sauterelles et des criquets
éclosent (Walton et al., 2003). Trop peu de
pluie signifie parfois que le sol ne contient pas suffisamment
d'humidité pour que les oeufs se développent correctement, ou
même si les oeufs éclosent, il est possible que la pluie ne soit
pas suffisante pour permettre la croissance de plantes alimentaires
adaptées aux jeunes larves (Steedman, 1990). En effet
d'après Hunter et al., (2001), le manque de
précipitations est le principal facteur limitant
11
Présentation de la région d'étude
l'augmentation de la population acridienne, par son effet sur
la qualité et l'abondance des aliments. Hernándes-zul et
al., (2012), notent que les fortes précipitations
peuvent affecter négativement la population d'insectes. Chandra
(1990), a démontré que les fortes pluies de mousson ont
entraîné une diminution des invasions acridiennes et une
mortalité acridienne élevée, en particulier au stade oeuf,
qui a été causée par l'humidité excessive du sol.
D'autre part, l'augmentation des précipitations améliore
fortement la richesse en espèces et la productivité primaire des
communautés végétales (Yang et al.,
2011), qui pourrait avoir une influence positive sur les sauterelles
au niveau de la communauté (Zhu et al., 2017).
Les précipitations peuvent augmenter l'abondance des sauterelles en
augmentant la végétation disponible. Cependant, les conditions
humides promouvoir les champignons pathogènes qui peuvent nuire affecter
les populations de sauterelles (Hao et al., 2015).
D'après Barton et al., (2009), l'augmentation
des précipitations dans un terrain d'une région
tempérée d'Amérique , provoque une baisse de l'abondance
des sauterelles, ce qui s'est traduit par une réduction de 15% des
dommages causés par les sauterelles sur les plantes. Selon
Ovadia & Schmitz (2004), des niveaux élevés
de précipitations peuvent réduire la survie des sauterelles, en
réduisant ainsi l'effet d'herbivorie sur les plantes.
I.3.3. Humidité relative de l'air
Selon Dreux (1980), les vols des insectes
sont rares lorsque l'humidité relative de l'air est supérieure
à 75% et la température inférieure à13°C.
L'humidité relative moyenne en pourcentage à Ghardaïa durant
la période 2009 - 2018 est présentée dans le tableau 3
Tableau 3. Valeurs moyenne mensuelle de
l'humidité (%) dans la région de Ghardaïa.
Mois
|
I
|
II
|
III
|
IV
|
V
|
VI
|
VII
|
VIII
|
IX
|
X
|
XI
|
XII
|
Humidité
|
45,8
|
42,3
|
34,6
|
32,9
|
28,4
|
24,9
|
19,8
|
28,9
|
37,4
|
42,4
|
48,9
|
55,4
|
(%)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
(O.N.M., 2019)
L'humidité relative de l'air ou degré
hygrométrique est le rapport entre la teneur réelle de l'air en
vapeur d'eau et la teneur d'un air saturé à la même
température. Au Sahara l'humidité relative de l'air est
très faible. Elle est comprise entre 15% et 50% (Ozenda,
1983). Les données recueillies de la station de Ghardaïa
donnent une moyenne annuelle de l'ordre de 36,81%. Les moyennes mensuelles
varient de 42,3% à 55,4% en hiver et de 19,8 à 28,9% en
été (Tableau 3). Les valeurs de l'humidité mensuelle sont
inversement
12
Présentation de la région d'étude
proportionnelles à la température moyenne
mensuelle. Les précipitations et l'humidité vont
déterminer le développement d'une végétation verte
et d'un milieu propice à la présence du criquet, à sa
ponte et au développement des larves (Lecoq, 2012).
I.3.4. Vent
Le vent à la Chabka du M'Zab a une action indirecte, en
activant l'évaporation, augmentant donc la sécheresse.
Selon Seltzer (1946) le sirocco est le vent le plus
redouté. Il joue le rôle de facteur de mortalité vis
à vis des insectes. D'après Beniston & Beniston
(1984) c'est un vent extrêmement sec. Il entraîne le sable
en tourbillonnant. La vitesse mensuelle du vent pour une période de 10
ans est enregistrée dans le tableau 4.
Tableau 4. La vitesse du vent moyenne mensuelle
en m/s pour une période de 10 ans (2009 à 2018) dans la
région de Ghardaïa.
Mois
|
I
|
II
|
III
|
IV
|
V
|
VI
|
VII
|
VIII
|
IX
|
X
|
XI
|
XII
|
Vitesse du vent (m/s)
|
2,14
|
2,2
|
2,58
|
2,44
|
2,42
|
2,44
|
2,26
|
2,3
|
2,48
|
2,14
|
2,04
|
1,78
|
(O.N.M., 2019)
Malgré les apparences, le Sahara n'est pas un pays
venteux, mais un pays ou, par suite de sa dénudation, on ressent le plus
facilement le vent (Dubief, 1953). Les effets du vent sont
partout sensibles et se traduisent par le transport et l'accumulation du sable,
le façonnement des dunes, la corrosion et le polissage des roches et
surtout l'accentuation de l'évaporation (Monod, 1992).
Les vents surviennent habituellement au mois de février et se
poursuivent jusqu'à la fin d'avril avec une intensité variable.
Les vents du Nord-Ouest dominent en automne, en hiver et au printemps. Par
contre en été, ce sont les vents chauds du Sud qui sont les plus
fréquents. Ces derniers ont une action indirecte, en activant
l'évaporation, augmentant donc la sécheresse. La vitesse du vent
moyenne annuelle est de 2,27 m/s avec un maximum au mois de mars 2,58 m/s, et
un minimum enregistrée au mois de décembre 1,78 m/s (Tableau 4).
Parmi les facteurs environnementaux, le vent avait la plus forte influence sur
le comportement d'Orthoptères. La direction des essaims du criquet
dépend de la direction du vent. Comme les avions, les acridiens se
posent et s'envolent face au vent (WMO & FAO, 2016).
L'escalade et la locomotion diminue généralement avec
l'augmentation de la force du vent (Matenaar et al.,
2014). Les essaims du criquet pélerin peuvent voler
jusqu'à neuf ou dix heures par jour, se déplaçant sous le
vent bien que des essaims matures puissent parfois se
13
Présentation de la région d'étude
déplacer sur une courte distance face au vent si
celui-ci est faible. Un essaim se déplace généralement
à une vitesse légèrement inférieure à la
vitesse du vent et peut facilement couvrir 100 km ou plus en une journée
(Lecoq, 2012). Le vent peut transporter des criquets volants
vers la mer, où beaucoup d'entre eux peuvent se noyer, ou dans les pics
glacés de hautes montagnes, où ils peuvent mourir de froid. Des
vents forts entraînent parfois loin le sol contenant les
oothèques, qui se dessèchent ensuite, entraînant la mort
des oeufs. De plus, des vents forts poussent parfois le sable à enterrer
vivants les criquets sédentaires quand ils sont trop froids pour se
déplacer (Steedman, 1990). Selon Gardiner
(2006), la distance de dispersion des sauterelles, dans un
pâturage, était significativement réduite par vent fort
(> 2,5 m / s). En outre, la protection contre le vent semble influencer la
répartition des Orthoptères sur les zones agricoles dans les
zones tempérées (Gardiner & Dover, 2008).
Chez les Orthoptères les espèces et les sexes diffèrent
dans leur réponse comportementale aux facteurs abiotiques (vent,
température, etc.) en raison de la taille différente de leur
corps (Matenaar et al., 2014). Le chant des
Orthoptères est complètement inhibé à une
température inférieure à 17 ° C, pendant un vent fort
et pluie. Ainsi, le succès et la fréquence des accouplements sont
fortement affectés par ces facteurs (Stiedl & Bickmeyer,
1991).
I.3.5. Insolation
Le tableau 5 regroupe les valeurs de la durée d'insolation
de la région de Ghardaïa. Tableau 5. Moyenne
mensuelle de la durée d'insolation dans la région de
Ghardaïa pour une période de 10 ans (2009-2018).
Mois
|
I
|
II
|
III
|
IV
|
V
|
VI
|
VII
|
VIII
|
IX
|
X
|
XI
|
XII
|
Insolation
|
254,5
|
241
|
278,6
|
299,6
|
336,5
|
342,9
|
349,8
|
328,2
|
265,8
|
280,5
|
256,3
|
240,9
|
(O.N.M., 2019)
Les radiations solaires sont importantes au Sahara car
l'atmosphère présente une grande pureté durant toute
l'année. Cette forte luminosité est un facteur favorable pour
l'assimilation chlorophyllienne, mais elle a en revanche un effet
desséchant, car elle augmente la température (Toutain,
1979). La durée moyenne de l'insolation est de 289,55
heures/mois, avec un maximum de 349,8 heures en juillet et un minimum de 240,9
heures en décembre. La durée d'insolation moyenne annuelle entre
2009 et 2018 est de 3474,6 heures/an, soit environ 10 heures/jour (Tableau
5).
14
Présentation de la région d'étude
I.4.Classification du climat
La classification écologique des climats est
effectuée grâce à deux facteurs, les plus importants, soit
la température et la pluviosité (Dajoz, 1971).
Ces deux paramètres climatiques sont utilisés pour construire le
diagramme Ombrothermique de Bagnouls et Gaussen et le Climagramme
d'Emberger.
I.4.1. Diagramme Ombrothermique de Bagnouls et
Gaussen
Bagnouls et Gaussen (1953) définissent
un mois sec comme étant " celui où le total mensuel des
précipitations exprimé en millimètres est égal ou
inférieur au double de la température moyenne mensuelle
exprimé en degrés centigrades". Le mode de représentation
graphique de ces deux paramètres permet de déterminer et de
localiser la période sèche. Sur le graphe on représente
d'une part la courbe ombrique concernant les chutes mensuelles de pluie en mm
et d'autre part la courbe thermique à l'aide des températures
moyennes mensuelles en degrés Celsius. Quand la courbe ombrique passe en
dessous de la courbe thermique c'est qu'on a P < 2T, et le polygone alors
défini par les deux courbes indique la durée et dans une certaine
mesure l'intensité de la période sèche (Dajoz,
1971). L'étude du diagramme Ombrothermique de Bagnouls et
Gaussen de la région d'étude montre que celle-ci est
située sous un climat errémique chaud à tendance
méditerranéenne (Figure 2). La courbe ombrique est constamment au
dessous de la courbe thermique, ce qui montre que les douze mois de
l'année sont secs.
Figure 2. Diagramme Ombrothermique de Bagnouls
et Gaussen (1953) pour une période de 10 ans (2009-2018) de la
région de Ghardaïa.
15
Présentation de la région d'étude
I.4.2. Climagramme pluviométrique
d'Emberger
Le quotient pluviométrique d'Emberger (Q3)
spécifique au climat méditerranéen permet de connaitre
l'étage bioclimatique de la région d'étude. Pour
déterminer ce quotient nous avons utilisé la formule de
Stewart (1969), adapté pour l'Algérie et le
Maroc (Le Houerou, 1995), qui se présente comme suit :
Q3 = 3,43 P/M-m ; avec (P) la moyenne annuelle des pluies en millimètres
; (M) est la moyenne des maxima du mois le plus chaud alors que (m) est la
moyenne des minima du mois le plus froid. L'amplitude extrême thermique
M-m correspond sensiblement au facteur évaporation. La valeur du
quotient pluviothermique relative à la région d'étude doit
être reportée sur la figure appelée Climagramme
pluviothermique. En abscisses les moyennes des minima du mois les plus froids
sont représentées. En ordonnées on trouve les valeurs du
quotient pluviothermique. Sur ce graphe les limites des divers étages
climatiques reconnues par Emberger sont tracées, Saharien, aride,
semi-aride, subhumide et humide. Dans chacun d'eux des sous-étages
à hiver froid (m < 0°), frais (0° < m < 3°),
doux (3°< m <7°) et chaud (7° > m) sont définis.
Pour le calcul du quotient nous considérons les données de 10 ans
de 2009 à 2018 (Tableaux 1 et 2). Pour notre région
d'étude : P = 65,37 mm ; M = 42,39 °C ; m = 4,09 °C ;
d'où Q3= 5,85. Une fois que cette valeur du quotient est portée
sur le Climagramme pluviothermique, elle situe la région d'étude
dans l'étage bioclimatique saharien à hiver doux (Figure 3).
Figure 3. Etage bioclimatique de la
région de Ghardaïa selon le Climagramme pluviothermique
d'Emberger (1955) modifié par Stewart
(1969).
16
Présentation de la région d'étude
I.5. Sols
Dans la région du M'Zab les sols alluviaux sont
favorable à l'agriculture. Ils appartiennent au sol peu
évolué et peu salé à salé avec texture
sablo-limoneux. Ces sols sont peu à modérément calcaires,
alcalins à fortement alcalins et présentent une faible teneur en
matière organique (Daddi Bouhoun, 1997).
Le sol joue surtout un rôle de part sa texture qui est
définie par la grosseur des particules qui le composent : % graviers,
sable, limon, argile. Le Criquet pèlerin préfère les sols
sableux, sablo-limoneux, ou argilo-limoneux couverts de sable. Seul l'horizon
superficiel est d'intérêt pour le Criquet pèlerin puisque
la ponte n'excède pas 15 cm de profondeur. La qualité du sol est
déterminante pour la ponte et les criquets pèlerins ne pondent
pas dans n'importe quel type de sol (Lecoq, 2012). Les
criquets exigent des conditions de sol spécifiques pour la ponte des
oeufs dans le sol : suffisamment humides pour empêcher la dessiccation
mais pas assez humide pour ne pas favoriser les infections fongiques et
bactériennes (Cease et al., 2015). Les oeufs
sont généralement pondus dans des zones de sol sablonneux
dépourvu de végétation, après une pluie. En
général, la femelle ne pond que si le sol est humide à une
profondeur de 5 à 10 cm. Dans les sols sablonneux meubles, il a
été signalé que des femelles ne pondaient que si
l'humidité se rencontrait à une profondeur de plus de 12 cm.
Avant de pondre, la femelle sonde souvent le sol en y insérant
l'extrémité de son abdomen pour déterminer si
l'humidité est suffisante (WMO & FAO, 2016).
I.6. Flore
La flore saharienne est considérée comme
très pauvre si l'on compare le petit nombre d'espaces qui habitent ce
désert à l'énormité de la surface qu'il couvre
(Ozenda, 1983). L'espèce dominante à Chebket
M'Zab est le palmier dattier. Sous ces palmiers ou dans leur voisinage, des
cultures fruitières et maraîchères sont établies
(Tirichine et al., 2009). Dans son inventaire des
plantes adventices des cultures en milieu oasien, Nouh Mefnoun (1997)
a signalé la présence de 49 espèces appartenant
à 42 genres et 17 familles. Les familles les mieux
représentées sont les Poacées qui regroupent à
elles seules 50% de l'ensemble des espèces recensées.
D'après Quezel et Santa (1962), Ozenda (1983,
1991), Zergoun (1994), Salahou-Elhadj
(2001), la flore du M'Zab regroupe une gamme d'espèces
partagées entre plusieurs familles (Annexe 1, Tableau 6)
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Présentation de la région d'étude
I.7. Faune
Selon Le Houerou (1990) les Arthropodes
comprennent un grand nombre d'espèces sahariennes. Il y a en particulier
des sabulicoles. Pour les arachnides on cite deux travaux parmi d'autres sur
scorpions de Sadine et al., (2016) et Sadine
et al., (2018), et sur les Aranéides de Alioua
et al., (2016). Parmi les insectes notamment des dictyoptères
mantidés du genre Eremiaphila (Tartoura, 2013). Pour
les Diptères, Boukraa (2009) a inventorié 44
espèces de Nématocères. Des travaux sur les
sautériaux ont été réalisés par
Zergoun (1991, 1994), Babaz (1992), Douadi (1992) et
Yagoub (1995) dans la région de Ghardaïa. Ces
derniers auteurs ont recensé plus de 30 espèces
d'Orthoptères. Pour ce qui concerne les Amphibiens et les reptiles nous
notons ici quelles que espèces signalées par Le Berre
(1989) dans la région du M'Zab : Bufo viridis
Laurenti, Sauradactylus mauritanicus L., Tarentola neglecta
Stauch, Cerastes cerastes L. Aucune étude approfondie n'a
été faite dans la région de Ghardaia sur les oiseaux.
Guezoul (2011), note la présence de 42 espèces
aviennes dans la, réparties en 18 familles. L'ordre le plus important
est celui des passériformes avec 29 espèces et 9 familles (Annexe
2, Tableau 7). Les Sylviidae sont les mieux représentées avec 06
espèces : Hippolaïs pallida Hemprich & Ehrenberg,
Phylloscopus collybita Vieillot, Phylloscopus fuscatus Blyth,
Sylvia deserticola Tristram, Sylvia melanocephala Gmelin et
Sylvia atricapilla L. Les Mammifères de la région du
M'Zab, sont traités par Le Berre (1990). Ils
comprennent des Insectivora Paraechinus aethiopicus Hemprich &
Ehrenberg, des Chiroptera Asellia tridens E.Geoffroy, des Rodentia
comme Gerbillus campestris Le Vaillant, et Massoutiera m'zabi
Lataste. Les herbivores comprennent Capra hircus L., et
Camelus dromedarius L.
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