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Biodiversité et dynamique spatiale de la végétation du plateau d'Adélé.


par Bayamina BIGMA
Université de Lomé - Master de Biologie Végétale Appliquée 2016
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE DE LOME
Faculté des Sciences
Laboratoire de Botanique et Ecologie Végétale
Mémoire présenté par :
Monsieur BIGMA Bayamina

Dans le cadre du Master de Biologie Végétale Appliquée
Option : Aménagement et Gestion des Ecosystèmes Tropicaux

Soutenu publiquement le 20 décembre 2016
Devant le jury d'examen composé de :

Président Mme KOKUTSE Adzo Dzifa, Maître de Conférences, FDS

Examinateurs M. AKPAVI Sêmihinva, Maître de Conférences, FDS

M. DOURMA Marra, Maître de Conférences, FDS

Directeur de mémoire M. WALA Kpérkouma, Maître de Conférences, FDS

Dédicace

A mon feu père qui aurait certainement souhaité me voir faire de longues études A ma mère TOMBEGOU Gbanda, merci pour m'avoir donné la vie et surtout pour avoir su jouer le double rôle de père et de mère pour moi après le départ prématuré de notre père.

A mon feu oncle TOMBEGOU Migora, dès le bas-âge, vous avez fait naître et stimuler en moi l'envie d'aller à l'école et votre soutien multiforme m'a toujours été d'une grande utilité. Votre vision en ma modeste personne en matière des études est toujours gravée dans ma mémoire. Considérez ce document comme le couronnement de vos multiples efforts.

A mon frère et tuteur adoré BADJAWA Norfeya, trouvez en ce travail toute ma reconnaissance pour vos nombreux sacrifices pour que je fasse des études supérieures

A tous mes enseignants

II

REMERCIEMENTS

Ce mémoire a été réalisé grâce au financement du Projet GEOFORAFRI et surtout avec l'appui de diverses personnalités du Laboratoire de Botanique et Ecologie Végétale de l'Université de Lomé qui a mis à notre disposition son cadre, son matériel et ses compétences sans lesquels ce travail n'aurait jamais eu lieu. Ainsi nous remercions principalement :

Professeur Koffi AKPAGANA, Chef du Laboratoire de Botanique et Ecologie Végétale de l'Université de Lomé en nous acceptant dans son laboratoire ;

Professeur Komlan BATAWILA, 1er Vice-président de l'Université de Lomé et à la Faculté des Sciences à l'Université de Lomé. Trouvez à travers ce travail le témoignage de notre profonde gratitude ;

Professeur Atsou Kudzo GUELLY, à la Faculté des Sciences à l'Université de Lomé et Chef du Département de la Botanique. Trouvez à travers ce travail le témoignage de notre profonde gratitude ;

Dr. Kpérkouma WALA, Maitre de Conférences au Laboratoire de Botanique et Ecologie Végétale de l'Université de Lomé, pour la confiance qu'il nous a accordée en nous acceptant nous suivre tout au long de ce travail. Merci d'avoir supporté avec patience toutes nos caprices, nos erreurs et manquement de débutant ; pour avoir su mettre à notre disposition tous les moyens financier et matériel; d'avoir pris le précieux de votre temps pour venir vers nous afin de s'acquitter du bon déroulement de nos travaux ;

Dr. Marra DOURMA, Maitre de Conférences à la Faculté des Sciences à l'Université de Lomé, pour nous avoir encouragé par vos sages conseils, votre dévouement au travail bien fait et malgré vos multiples occupations, vous avez suivi nos travaux depuis la conception du protocole de recherche jusqu'au document final. Coordonnateur du projet GEOFORAFRI, vous avez, également mis les moyens financiers à notre endroit pour la collecte des données de terrain ;

Dr Apéti GBOGBO, Dr Yao Agbelessessi WEOGAN et Dr Sêmihinva AKPAVI, Maitres de Conférences à la Faculté des Sciences à l'Université de Lomé pour leur soutien inconditionné lors de ce travail ;

III

Dr. Koukou SABI, Maître-assistant au Laboratoire de Chimie Appliquée à l'Université de Lomé et coordonnateur du Projet GEOFORAFRI. Trouvez à travers ce travail le témoignage de notre profonde gratitude ;

Dr. Tchaa BOUKPESSI, Maître-assistant et Dr. Minkilabe DJANGBEDJA, Assistant au Laboratoire de Recherches Biogéographiques et d'Etudes Environnementales à l'Université de Lomé chargés des études en laboratoire pour la conception et la mise en oeuvre d'un SIG pour le Projet GEOFORAFRI. Trouvez à travers ce travail le témoignage de notre profonde gratitude ;

Mme Madjouma KANDA, Maître-assistante au Laboratoire de Botanique et Ecologie Végétale à l'Université de Lomé pour les encouragements de nos premiers pas dans la recherche ;

Dr Fousseni Folega, Assistant à la Faculté Des Sciences pour vos multiples contributions lors nos traitements des données, la réalisation des cartes et la correction du document ;

Dr Hodabalo PEREKI, ATER à la Faculté Des Sciences pour leurs multiples contributions lors de nos travaux de terrains, le traitement des données et la correction du document ;

Dr. Wouyo ATAKPAMA, Assistants de recherche au Laboratoire de Botanique et Ecologie Végétale à l'Université de Lomé pour leurs multiples contributions lors de nos travaux de terrains, le traitement des données et la correction du document ;

Aux docteurs : Maléki Héou BADJANA, Badabaté DIWEDIGA, Aniko POLO-AKPISSO pour leurs encouragements, leurs critiques et apports de correction ;

Au doctorant Dabitora KOUMANTIGA, votre engagement et votre disponibilité sont des atouts dont nous avons bénéficié pour la réalisation de ce travail. Trouvez ce document comme une reconnaissance de votre soutien multiforme. Merci et que le lien de notre amitié et fraternité perdure;

Aux doctorants : Bessan K. AMEGNAGLO, N'tekoum NARE, Dazimwai SIMZA et Issifou ISSA pour vos diverses contributions lors de nos terrains et qui ont apporté leurs critiques et corrections de ce document ;

iv

Aux promotionnaires : MABAFEI, KAINA, MIBERKASSA, DJAKAMBI, NARISSE, AGBODAN, HLOVOR, CHAMSIA, GBADAMASSI, BIRREGA, PASSIKE, KOMBATE, SIMYELI, SILAWINDI sans oublier toute la promotion pour les meilleurs temps de convivialité, de collaboration et d'encouragements réciproques.

A Monsieur KAMAGA Nambé, nous manquons de mots pour vous exprimer notre reconnaissance pour tous vos bienfaits ;

A Monsieur BADJAWA Abama, toute notre reconnaissance pour votre soutien indéfectible pour la réussite de ce travail ;

A mes tantes TOMBEGOU Maridouna, TOMBEGOU Massénama, KATAYAN Lamissa, mon oncle DOUGOUBA Alexandre et à Wemima AKPABOU, vos conseils sans relâche nous ont été d'une grande utilité pour progresser

A tous mes frères et soeurs, particulièrement à BIGUIMA Minankpadjouwena Komla, BIGMA Malanna, BIGMA Guelmnaka, et BIGUIMA Yéda, nous rendons hommage pour vos divers soutiens et sympathie.

A Madame BADJAWA Baèma Vos prières et vos différents soutiens nous ont vraiment été utiles et nous vous disons merci pour tout ;

Messieurs ABOUZI Aninam et BATAKA An yak, sincère merci pour votre appui amical et fraternel.

A Monsieur WAIBENA Djalma Alex, les mots nous manquent pour vous dire merci. Toutes vos actions dans le sens de voir ce travail aboutir restent gravées dans notre mémoire. Trouvez ce travail comme le vôtre ;

A monsieur ALI Koukoura, Vos conseils, votre assistance ont contribué à l'aboutissement de ce travail. Trouvez ici notre reconnaissance ;

A Monsieur WENKOUDA Baènayéma, AKOUNDA Gbamra merci également pour votre aide.

Au collègue WOTTOR Ata Kossi, merci pour les encouragements ;

A AYELO Elom et DETI Gentille, merci infiniment pour le soutien moral

A Monsieur MAWOUSSI, merci pour l'hospitalité que vous nous avez réservée lors de nos travaux de terrain

A la vaillante population de la préfecture de l'Adélé, nous rendons un vibrant hommage et vous témoignons notre gratitude pour votre accueil, collaboration et disponibilité. Puisse ce travail contribuer à la valorisation de vos ressources.

V

RÉSUME

La présente étude menée dans le Plateau d'Adélé (zone écologique IV du Togo), a pour objectif de contribuer à la connaissance de la dynamique de la végétation au Togo. Les inventaires forestier et floristique ont été faits dans 42 placeaux de 50 m × 20 m de dimension. Dans chaque placeau d'inventaire, quatre placettes de régénération de dimension 5 m × 5 m ont été installées. Sur la base des mesures dendrométriques, le stockage de carbone a été estimé en utilisant les équations allométriques. Un total de 175 espèces réparties en 140 genres et 60 familles ont été recensées. Les familles les plus représentées sont les Euphorbiaceae (9,27%), les Mimosaceae (7,21%), les Rubiaceae (7,21%), les Sterculiaceae (6,82%), les Caesalpiniaceae (6,18%), les Combretaceae (5,28%) et les Fabaceae (5,02%). La répartition des tiges par classes de hauteurs donne une structure en cloche dyssimétrique tendue vers la droite dans les formations ouvertes (G1) et des formations plus ou moins fermées (G3) alors qu'elle est plus ou moins symétrique au niveau du formations denses fermées (G2). Cette allure traduit une prédominance des individus de hauteur moyenne. La répartition des tiges par classes de diamètres donne une allure en L dans les trois groupes traduisant une dominance des individus de diamètre faible. La densité moyenne des tiges en fonction des groupements varie de 214,11 tiges/ha dans les formations fermées à 361,11 tiges/ha dans le groupe des savanes arborées. La surface terrière varie de 21,05 m2/ha dans le groupe des savanes arborées à 32,23 m2/ha dans le groupe des formations ouvertes. Le stockage moyen de carbone dans la biomasse vivante des formations forestières du Plateau d'Adélé est estimé à 66,76 tC/ha. Entre 1987 et 2015, il y a une régression forestière aux dépens des savanes, des champs/jachères et des établissements. Une bonne politique en matière de gestion du patrimoine forestier du Plateau peut contribuer énormément à l'atténuation des émissions des GES.

Mots clés : Dynamique de la végétation, structure, stock de carbone, zone écologique IV, Adélé, Togo.

vi

ABSTRACT

The present study is carried in Adélé Plateau (zone ecological IV of Togo), has for objective to contribute to the knowledge of the vegetation of Togo. The floral and forested inventories have been made in 42 plots of 50 m × 20 m of dimension. In every inventory plot, four small plots 5 m × 5 m of dimension have been installed. On the basis of the forest inventory, the carbon storage was assessed using the allometric equations. A total of 175 species belong to 140 genera and 60 families were identified. The most represented families are the Euphorbiaceae (9,27%), the Mimosaceae (7,21%), the Rubiaceae (7,21%), the Sterculiaceae (7,82%), the Caesalpiniaceae (6,18%), the Combretaceae (5,28%) and the Fabaceae (5,02%). The distribution of the stems by classes of heights gives a structure in (( bell and right dissymmetry in the open formations (G1) and in the formations more or less closed (G3) whereas it is more or less symmetrical to the level of the formatted dense closed (G2). This structure shows a predominance of the middle height individuals. The distribution of the stems by classes of diameters gives a structure in ((L in the three groups showing a dominance of the weak diameter individuals. The middle density of the stems according to the groupings varies between 214,11 trees/ha in the formations closed to 361,11 trees/ha in the group of the savannas raised. The surface terrière varies between 21,05 m2/ha in the group of the savannas raised to 32,23 m2/ha in the group of the open formations. The middle storage of carbon in the living biomass of forest vegetation of study zone is estimated to 66,76 tC/ha. Between 1987 - 2015, Forest are regressing at the expense of the savannas, the farmers and establishments. A good politics concerning management of the forest heritage of this zone can contribute to the attenuation of the broadcasts of the greenhouse gas.

Keywords: Vegetation dynamics, structure, carbon stocks, ecological zone IV, Adélé, Togo.

VII

Table des matières

Dédicace i

REMERCIEMENTS ii

RÉSUME v

ABSTRACT vi

LISTE DES FIGURES ix

LISTE DES PHOTOS x

LISTE DES TABLEAUX x

LISTE DES ABREVIATONS xi

DEFINITIONS DE QUELQUES TERMES ET CONCEPTS xii

INTRODUCTION 1

PREMIERE PARTIE : GENERALITE SUR LA ZONE D'ETUDE 5

1.1. Situation géographique de la zone d'étude 6

1.2. Milieu physique 6

1.2.1. Climat 6

1.2.2. Relief et Géologie 7

1.2.3. Sols 8

1.2.4. Hydrographie 8

1.3. Milieu biotique 9

1.3.1. Végétation 9

1.3.2. Faune 10

1.3.3. Peuplement humain et activités économiques 11

DEUXIEME PARTIE : METHODOLOGIE 12

2.1. Collecte des données 13

2.1.1. Données spatiales 13

2.1.2. Données des caractéristiques structurales 14

2.1.2.1. Plan d'échantillonnage 14

2.1.2.2. Données floristiques 14

2.2. Analyse et traitement des données 16

2.2.1. Analyse des images satellitaires 16

2.2.2. Analyse des données floristiques 16

2.4.3. Détermination de la biomasse vivante et du stock de carbone 19

TROISIEME PARTIE : RESULTATS 21

3.1. Bilan floristique 22

VIII

3.1.1. Diversité floristique et richesse spécifique 22

3.1.2. Distribution des espèces suivant leur fréquence 22

3.1.3. Spectre biologique 23

3.1.4. Spectre phytogéographique 24

3.2. Diversité des formations végétales 25

3.2.1. Typologie des formations végétales 25

3.2.2. Description des formations végétales suivant les différents groupements 26

3.2.3. Caractéristiques structurales des différents groupements 31

3.2.4. Distribution verticale et horizontale des différents groupements 33

3.2.5. Potentiel de régénération 35

3.3. Biomasse et stock de carbone 35

3.3.1. Biomasse et carbone séquestré par les différentes formations 35

3.3.2. Régénération et séquestration de carbone 36

3.4. Dynamique de l'occupation du sol entre 1987 et 2015 37

QUATRIEME PARTIE : DISCUSSION 40

4.1. Cartographie 41

4.2. Dynamique de la végétation et impacts anthropiques 41

4.3. Potentiel de régénération 42

4.4. Potentiel de séquestration et implications dans l'atténuation des changements

climatiques 43

CONCLUSION ET PERSPECTIVE 44

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES I

ANNEXE VIII

ix

LISTE DES FIGURES

Figure 1: Localisation de la zone d'étude 6

Figure 2: Courbe ombrothermique de l'Adélé 7

Figure 3: Distribution spatiale des points prospectés 15

Figure 4: Diagramme résumant la démarche méthodologique 20

Figure 5: Spectre spécifique des familles 22

Figure 6: Distribution de la fréquence en fonction du rang 23

Figure 7: Spectre des types biologiques 24

Figure 8: Spectre phytogéographique 24

Figure 9: Classification hièrarchique ascendante des relevés 26

Figure 10: Structure verticale des différents groupements 34

Figure 11: Structure horizontale suivant les différents groupements 34

Figure 12: Densité des individus juvéniles 35

Figure 13: Taux de carbone séquestré en fonction des différents groupements 36

Figure 14: Régénération et potentiel de séquestration de carbone 36

Figure 15: Dynamique de l'occupation du sol entre 1987 et 2015 39

Figure 16: Carte de l'occupation du sol en 1987 37

Figure 17: Carte de l'occupation du sol en 2000 38

Figure 18: Carte d'occupation du sol en 2015 39

X

LISTE DES PHOTOS

PHOTO 1: Champ en bordure d'une forêt 27

PHOTO 2: Savane arbustive 28

PHOTO 3: Galerie forestière 28

PHOTO 4: Agro forêt 29

PHOTO 5: Forêt claire 29

PHOTO 6: Forêt dense sèche 30

PHOTO 7: Savane arborée 31

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1: Caractéristiques des scènes utilisées 13

Tableau 2: Caractéristiques structurales des différents groupements 32

Tableau 3: Matrice de confusion (Image landsat 2015) 38

Tableau 4: Taux d'évolution des unités d'occupation du sol entre 1987 et 2015 39

xi

LISTE DES ABREVIATONS

DBH Diamètre à hauteur de poitrine

FAO Organisation des Nations Unies pour l'Agriculture et l'Alimentation

GES Gaz à Effet de Serre

GIEC Groupe Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat

ONG Organisation Non Gouvernementale

UTCATF Utilisation des Terres, Changement d'Affectation des Terres et

Foresterie

GPS Système de Positionnement Global

FRA Forest Ressource Assesment

CCNUCC Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements

Climatiques

COP Conférence des Parties

REDD+ Réduction des Emissions liées à la Déforestation et à la

Dégradation des forêts

MERF Ministère de l'Environnement et des Ressources Forestières

ha Hectare

tC Tonne de carbone

AMCC Alliance Mondiale contre le Changement Climatique

XII

DEFINITIONS DE QUELQUES TERMES ET CONCEPTS

Puits de carbone : Les forêts jouent un rôle essentiel dans la régulation du climat planétaire, via le cycle du carbone.

En poussant, les arbres captent le carbone présent dans l'atmosphère et le stockent dans les feuilles, les tissus ligneux, les racines et la matière organique du sol. Les forêts du monde absorbent ainsi 2,4 milliards de tonnes de dioxyde de carbone par an, soit environ un tiers des quantités émises par la combustion des énergies fossiles. Les forêts constituent également le plus grand réservoir terrestre de carbone au monde ; selon les estimations, elles contiennent 77 % de l'ensemble du carbone stocké dans la végétation et 39 % de tout le carbone stocké dans le sol, soit deux fois plus que les quantités présentes dans l'atmosphère.

Émissions de gaz à effet de serre : La déforestation et la dégradation des forêts sont à l'origine de 10 % à 15 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) d'origine humaine. La perte du couvert forestier réduit la capacité naturelle des forêts de capter et de stocker les émissions provenant d'autres sources. Ces émissions sont plus importantes que celles induites par le secteur des transports dans le monde. En effet, selon la FAO (2007), 80% des émissions des GES issues de la déforestation proviennent des pays en développement. En Indonésie, la déforestation et la dégradation des forêts constitue la principale source d'émissions.

REDD+ : La REDD se définit comme la réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts. Elle inclut aussi l'amélioration des stocks de carbone forestier par la conservation et la gestion durable des forêts. Cette notion est née de la 13e Conférence des Parties (COP 13). Dès lors, jusqu'à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) de Bali, en 2007, cette dernière a progressivement reconnu le cadre de mesures désormais appelé REDD+, qui comprennent aussi la conservation et la gestion durable des forêts, et l'amélioration des stocks de carbone forestier dans les forêts des pays en développement. Durant la COP 16 à Cancun, en 2010, la REDD+ a été officiellement intégrée à l'accord de la CCNUCC sur le changement climatique. En 2011, les

XIII

négociateurs de la COP 17 (à Durban) ont convenu de lignes directrices de suivi, en tant que mesures de garantie pour la mise en oeuvre de la REED+. Ils se sont également entendus sur les moyens d'estimer les émissions évitées grâce à la REDD+ (niveaux de référence des émissions).

Le + ajouté à la REDD : Mieux gérer les forêts sur pied et étendre le couvert forestier grâce à un reboisement et une restauration responsables. Sur le plan social et environnemental, cela fait partie des stratégies efficaces en termes de coûts et de délais pour conserver et améliorer les stocks de carbone puis d'atténuer le changement climatique et faciliter l'adaptation. Intégrer le + de la REDD+ à la conservation du carbone dans les systèmes agricoles permet d'exploiter le potentiel des réponses multipaysages apportées au changement climatique.

1

INTRODUCTION

2

Les formations végétales forestières constituent des écosystèmes complexes qui remplissent de nombreuses fonctions écologiques et socio-économiques. Elles servent d'habitat à un grand nombre d'espèces animales et végétales. Par le biais de la photosynthèse, elles stockent le dioxyde de carbone qui est un gaz à effet de serre (GES) atténuant ainsi considérablement le réchauffement climatique.

Les forêts accomplissent des fonctions écosystémiques telles que la protection des bassins versants, la protection des sols et la stabilisation du climat. Elles nourrissent plus de 80% de la population mondiale et génère plusieurs emplois directs et indirects.

D'après Global Forest Resource Assessment (FRA, 2010), la superficie forestière de Afrique est estimée à près de 675 millions d'hectares soit 23% de ses terres. L'Afrique contribue à près de 17% dans la superficie forestière mondiale De nos jours, la croissance rapide de la population impacte négativement la conservation de ces écosystèmes. En effet, les forêts constituent le milieu principal de ravitaillement de la population en énergie, en nourriture et en médicaments.

Dans cette optique, les ressources forestières sont exploitées sans contrôle et l'on assiste à un phénomène de déforestation accélérée dans les pays en développement. Malgré les efforts des gouvernements et des organisations internationales en matière de la conservation des forêts, la FAO (2010) souligne que le taux de déforestation dans le monde demeure alarmant. La conservation et la gestion durable des forêts est un défi majeur que les Etats doivent relever.

Les principales causes de la déforestation sont les conversions des terres forestières pour d'autres usages. Ainsi, on assiste chaque année à une conversion de 13 millions d'hectares de forêts (FRA, 2005). Ces pratiques, selon le Groupe Intergouvernemental sur l'Évolution du Climat (GIEC) sont responsables de près de 17% des émissions annuelles de gaz à effet de serre d'origine humaine.

Les conséquences de la destruction et de la dégradation des forêts sont multiples. Cependant, l'impact sur les changements globaux et la biodiversité se fait sentir à l'échelle planétaire.

Une évaluation des écosystèmes par la FAO en début de Millénaire (2005) estime que d'ici la fin du siècle, le changement climatique sera la principale cause de perte

3

de biodiversité. Le GIEC affirme qu'environ 20 à 30 % des espèces qu'il a estimées sont de plus en plus menacées d'extinction. Les forêts denses sèches constituent un des écosystèmes d'intérêts écologiques et biologiques importants (Trochain, 1957)

Au Togo, ces forêts denses sèches estimées à 243,75 km2 dans les années 1975 (Vanpraet, 1980) sont actuellement très menacées par les activités humaines et leur superficie décroît continuellement (Adjonou et al., 2011). La perte annuelle forestière au Togo s'évalue à 5% (FAQ, 2009)

Pour mieux connaître les formations forestières du Togo, des études phytosociologiques et phytogéographiques ont été menées par plusieurs auteurs (Akpagana, 1989 ; Guelly et al., 1997 ; Kokou et al., 2000; Wala, 2004 ; Kokou et al., 2006 ; Dourma, 2008; Polo, 2010 etc). Cependant, les investigations scientifiques sur la dynamique forestière et la séquestration du carbone par les formations forestières sont rares ou parcellaires au Togo. Ainsi la zone écologique IV qui est la principale zone forestière du Togo, manque de données scientifiques sur la dynamique spatiale et temporelle des formations forestières. Le Plateau d'Adélé un des plus importants de cette zone n'a plus fait d'objet de plusieurs investigations scientifiques. Les données sur la diversité végétale, l'évolution dans le temps de la couverture forestière de ce Plateau sont fragmentaires. Il s'avère indispensable de mener des études pour combler ce déficit de données indispensables pour la gestion durables des ressources forestières. Dans cette optique, cette étude veut contribuer à une meilleure connaissance des forêts du Plateau d'Adélé en vue d'une gestion durable de ses écosystèmes. Cette étude permettra de faire l'état de la biodiversité, la structure des formations végétales du Plateau d'Adélé et leur dynamique au cours du temps. Elle permettra en outre de déterminer la biomasse vivante des ligneux puis d'évaluer la variation du stock de carbone dans la zone entre 1987 et 2015.

L'objectif général de cette étude est de contribuer à la connaissance de la dynamique des formations végétales du Togo.

Plus spécifiquement, elle vise à :

- Déterminer la composition et la structure des formations forestières du Plateau d'Adélé

4

- Estimer la biomasse vivante et le potentiel de séquestration de carbone du Plateau d'Adélé

- Analyser les changements d'occupation du sol entre 1987 et 2015 du Plateau d'Adélé.

Le présent mémoire est structuré en quatre grandes parties :

- la première partie présente les généralités sur le milieu d'étude - la deuxième partie développe les matériels et méthodes d'étude ; - la troisième partie est consacrée à la présentation des résultats ; - la quatrième partie est dédiée à la discussion des résultats.

Enfin une conclusion fera le point de l'étude.

5

PREMIERE PARTIE : GENERALITE SUR LA ZONE D'ETUDE

6

1.1. Situation géographique de la zone d'étude

Le Plateau d'Adélé se situe dans la zone écologique IV du Togo, qui fait partie des cinq zones définies par Ern en 1979. Il correspond à la partie Nord de cette zone écologique dans la partie Ouest de la préfecture de Blitta de la région centrale. Il s'étend entre 7°54'0» et 8°20'0» de latitude Nord et entre 0°35'0'' et 0°55'0'' de longitude Est (Figure 1).

Figure 1: Localisation de la zone d'étude

1.2. Milieu physique

1.2.1. Climat

Le Plateau d'Adélé jouit d'un climat subéquatorial de transition (Papadakis, 1966 ; Trochain, 1980). Ce type de climat est caractérisé par une grande saison pluvieuse, de mars en octobre, interrompue par une diminution de la pluviosité en août. La saison sèche va de la fin octobre à février (figure 2). Appartenant à la zone écologique IV, la moyenne des précipitations dans la zone est comprise entre 1300

7

mm et 1500 mm, et reste l'une des zones les plus arrosées du Togo. L'effet du relief donne ainsi à ce climat un caractère unimodal de climat soudanien.

Précipitations en mm

250

200

300

150

100

50

0

J F M A M J J A S O N D

Mois de l'année

P(mm) T(°C)

25

75

50

0

150

125

100

température en °C

Figure 2: Courbe ombrothermique de l'Adélé

1.2.2. Relief et Géologie

Le plateau d'Adélé représente l'extrémité septentrionale de la branche méridionale de la chaîne de l'Atakora. La tectonique cassante a fortement redressé les roches sur son versant occidental, alors que ce redressement est mou sur le versant oriental. Le versant occidental, quant à lui, est dominé par des escarpements dont les regards sont tournés vers l'ouest. Ces escarpements sont élaborés dans des quartzites à séricites et/ou muscovites. Ils sont soutenus par de rigides barres qui décrivent de grandes dénivellations, de plus de 200 m, dégageant de profondes gorges (Addra et al., 1981). Ils forment un grand ensemble dont la topographie évolue progressivement de faibles altitudes (300 m environ) aux altitudes plus élevées (750-800 m environ). La topographie de faible altitude à altitude moyenne (600 m environ) se rencontre dans les voisinages de la plaine de l'Anié. Quant aux altitudes les plus élevées, elles sont dominées par les monts Assoukoko, Yégue, Dikpeleou et Diguèngué. Ce relief, dominé par la succession de synclinaux et d'anticlinaux est une véritable structure au forme de lanière entre lesquelles s'intercalent de profondes vallées à fonds plats ou exiguës. Dans ces vallées sont observées des formes de gradins qui témoignent les étapes successives de creusement des cours d'eau décrivant plusieurs formes d'escaliers (Amizou, 2012).

8

Du point de vue géologie, le plateau d'Adélé est constitué de quartzites, les micaschistes et des grès.

D'après Seddoh (1981), « L'histoire tecto-métamorphique des roches de ce plateau comporte un premier épisode où le matériel acquiert une foliation dans les conditions métamorphiques mésozonales. Ce métamorphisme est contemporain aux plis isoclinaux dont les plans de symétrie sont confondus avec la foliation. Cette dernière est ensuite reprise par les plis en chevrons contemporains d'une cristallogenèse ; seconde épizonale ».

1.2.3. Sols

Les sols du Plateau d'Adélé sont diversifiés et se répartissent comme suit :

- Sols peu évolués : Les sols peu évolués reflètent la complexité des processus géomorphologiques et de la nature des substratums géologiques. Ces sols connaissent une intense érosion due aux fortes pentes de la zone. Morphologiquement, les sols ferralitiques présentent un profil profond, relativement uniforme, le plus souvent de couleur rouge, due à l'oxyde de fer et d'alumine.

- Sols minéraux bruts : Il existe dans les monts Adélé, des sols minéraux bruts classés parmi les sols peu évolués. Ces sols allongent parallèlement les sols ferrallitiques non indurés. Ils sont dus à l'érosion différentielle de la série atacorienne qui regroupe d'importantes assises de schistes micacés et de quartzites inter stratifiés.

- Sols ferralitiques non indurés : Ce sont des sols à fortes proportions d'hydroxyde de fer et de la roche mère donnant naissance à l'argile de type kaolinite. Ces sols, du point de vue physique et chimique sont dotés d'un réel potentiel de fertilité. Beaucoup de cultures peuvent y réussir. Seul le climat peut constituer un facteur limitant.

1.2.4. Hydrographie

Le réseau hydrographique du Plateau est bien développé et exploite les directions structurales ou tectoniques de la région. Ce réseau est fortement arborescent, ramifié et sans orientation préférentielle, dû à une reprise d'érosion moderne par des ravinements (Addra et al., 1994). Ce réseau s'inscrit dans le bassin hydrographique d'Assoukoko qui est une sous unité du bassin des Volta. Dans ce sous bassin,

9

Assoukoko reste le cours d'eau le plus important et ses principaux affluents sont Yégué et Kofolo. Ils collectent leurs eaux pour le bassin de la Volta qui couvre la grande plaine de la Volta au Ghana. Les conditions climatiques et la configuration du relief leur confèrent une originalité particulière caractéristisée par :

- une irrégularité du débit avec un étiage en saison sèche (décembre à mars) et un régime torrentiel en saison pluvieuse, creusant des berges et déchaussant au passage, des arbres des galeries forestières,

- un lit encaissé entre deux berges généralement abruptes,

- un alluvionnement irrégulier et très réduit,

- une succession de biefs à courant faible, reliés par des rapides,

La faible perméabilité de son substratum schisto-quartzitique lui offre un type arborescent dû aux formes d'érosion qui constituent le caractère dominant en montagne.

1.3. Milieu biotique

1.3.1. Végétation

Le Plateau d'Adélé, se présente comme le prolongement des forêts humides et semi-caducifoliées du Ghana (Hall et Swaine, 1981). Dans cette zone, Akpagana (1989, 1992a) y a identifié six types de forêts réparties en deux secteurs écologiques ; l'un septentrional et l'autre méridional. Le secteur septentrional est le domaine des forêts à Sterculiaceae et Sapotaceae. Le secteur méridional comporte quant à lui différentes unités physionomiques selon la géomorphologie. Sur les pentes occidentales exposées à la mousson et très arrosées, trois types forestiers se distinguent : la forêt à Celtis mildbraedii dominant, la forêt à Terminalia superba dominant et la forêt à Ricinodendron heudelotti dominant. Ce dernier type se présente plutôt comme un stade évolutif des types précédents (Akpagana, 1992a). Les pentes orientales (Kpalimé, Adéta, Amlamé et Evou-Apégamé) sont caractérisées par la forêt à Meliaceae et Moraceae. Les hauts sommets (altitudes supérieure à 750 mètres) sont caractérisés par la forêt à Parinaria exselsa.

Adjossou (2009) quant à lui a identifié quatre types forestiers regroupant 16 communautés de plantes correspondant à cinq secteurs forestiers. Il s'agit des forêts semi décidues humides avec deux communautés, des forêts semi décidues sèches avec cinq communautés ; des forêts riveraines avec six communautés et les lisières

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forêts-savanes avec trois communautés. Les cinq secteurs forestiers sont les berges de cours d'eau, les fonds des vallées du flanc Ouest des montagnes, des mi-versants du plateau et des hauts de versants.

Ces forêts, issues du bloc forestier ouest africain régressent inexorablement à cause de la fragmentation forestière et se présentent aujourd'hui sous forme de fragments de vieilles forêts secondaires (Akpagana, 1989 ; Adjossou, 2004). Brunel et al. (1984) et Guelly (1994) y ont signalé la présence d'importantes étendues de savanes guinéennes ou savanes de montagne.

1.3.2. Faune

La faune du plateau d'Adélé, typique de celle des zones tropicales, est riche en espèces mais pauvre en individus. On y signale la présence des mammifères, des oiseaux et surtout des insectes (MERF, 2002).

Parmi les espèces mammaliennes les plus caractéristiques, on peut citer Cephalophus sylvicultor, Cephalophus niger, Nandinia binotata, Galago demidoff, Colobus polykomos, Procolobus verus, Cercopithecus mona.

Les oiseaux sont représentés par les Bucerotidae dont Tockus albocristatus, T. fasciatus, Ceratogymna fistulator, et C. elata, les Musophagidae avec Corythaeola cristata, Touraco persea, les Cuculidae telles que Centropus leucogaster, les Phasianidae dont Guttera pucherani, Francolinus lathami et F. ahantensis, les Psittacidae représentés par Poicephalus robustus, les Accipitridae avec Accipiter erythropus, Urotriorchis macrourus, quelques Estrildidae telles que Pholidornis rushiae, Nigrita bicolor, N. luteifrons ; N. canicapilla, Mandingoa nitidula...

Quant aux insectes, ils sont représentés par les Lépidoptères somptueux : Graphium spp. et Papilio spp. de la famille des Papilionidae, Bunaea alcinoe, et Lobobunaea spp. de la famille des Saturnidae, Euchloron megaera de la famille des Sphingidae, Charaxes spp. appartenant aux Nymphalidae...

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1.3.3. Peuplement humain et activités économiques

1.3.3.1. Peuplement humain

Les Adélé sont considérés comme les populations autochtones du Plateau d'Adélé (Amizou, 2012). Ils se désignent eux-mêmes sous l'ethnonyme de Bédéré. Ils sont originaires de Dibemkpa, une localité située sur les versants occidentaux des monts Adélé dans l'actuel Ghana. Suite à une immigration, les Adélé fondent Dikpéléou, premier village des Adélé au Togo (Cornevin, 1987). Un lignage de ce peuple, les Bétémanblé fondent Atchintché. L'organisation sociale de ce peuple est dominée par les relations de parenté. L'autorité politique est incarnée par le chef du village (Edjou) qui est assisté par les notables (Otchoamé). Sur le plan religieux, ils disposent d'une divinité Nayo, très célèbre surtout vers la fin du XIXe siècle.

Les Adélé sont rejoints vers les années soixante (1960) par les allochtones Kabyè, Nawda, Tems et Bassar. Ils sont attirés par la fertilité des sols comme les Adélé.

1.3.3.2. Activités économiques de la zone d'étude

L'agriculture est la principale activité économique. Elle est principalement tournée vers, la culture du café et du cacao qui était longtemps restée la principale activée économique du fait de leur rentabilité. La campagne d'achat du café et cacao dans l'Adélé entre 1984-1985 était respectivement de 198609 et 76528 tonnes ; de 129666 et de 46540 pour la campagne 1988-1989 (S.T.C.P. Atakpamé). Les cultures vivrières jadis reléguées au second plan, prennent de l'ampleur de nos jours. On y cultive en grande quantité, le maïs (Zea mays), l'igname (Discorea sp), le manioc (Manihot esculenta) et le taro (Colocasia sp). La production des agrumes (oranges, citron, mandarines, pamplemousses) est aussi développée. Dans cette zone l'agriculture se pratique sous forme de culture itinérante sur brûlis. L'élevage est la seconde activité économique de la zone. Les volailles gardent la première place car dans chaque ménage on retrouve les oiseaux de la basse-cour. On a les caprins et les ovins voire les porcins. Le projet d'élevage de bovins basé dans l'Adélé (Ranch) est le seul cas de type moderne dans la zone.

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DEUXIEME PARTIE : METHODOLOGIE

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2.1. Collecte des données

Dans le cadre de cette étude, une approche méthodologique a été bien définie (figure 3). Pour la collecte des données, deux types de données sont rassemblés. Il s'agit des données spatiales (images satellitaires et cartes topographiques) et des données relatives aux caractéristiques structurales des formations végétales.

2.1.1. Données spatiales

L'évaluation de la couverture végétale au niveau du Plateau d'Adélé s'est appuyée essentiellement des techniques de télédétection (FRA, 1990 ; FAO, 2009). Cette méthode déjà utilisée par d'autres chercheurs (Inoussa, 2013, Badjana et al., 2015, Diwediga et al., 2015, Folega et al., 2015) reste une des meilleures approche

s dans l'analyse de la dynamique de la végétation. Deux types d'images ont été utilisés dans cette étude Il s'agit des images SPOT de 2015 et de Landsat des années 1987, 2000 et 2015. Les caractéristiques de ces images sont résumées dans le tableau 1.

L'image SPOT de 2015, utilisée dans cette étude provient du patrimoine reçu du projet GEOFORAFRI. Quant aux images satellitaires LANDSAT des années 1987, 2000 et 2015 ayant subi un prétraitement préalable, également utilisées dans la présente étude dans l'objectif de faire une analyse diachronique, ont été fournies par le Laboratoire de Biologie et Ecologie Végétale (LBEV) de l'Université de Lomé.

En outre, les coordonnées géographiques de tous les placeaux d'inventaires ont été enregistrées au moyen d'un GPS. Ces coordonnées ont servi à la classification supervisée des scènes satellitaires et de géolocalisation des placeaux.

Tableau 1: Caractéristiques des scènes utilisées

Types d'images

Année d'acquisition

Path/Row

Résolution

SPOT

2015

 

2,5 m

LANDSAT

2015

193/054

30 m

2000

193/054

30 m

1987

193/054

30 m

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2.1.2. Données des caractéristiques structurales

Ces données qui ont permis d'étudier les caractéristiques structurales des formations végétales du Plateau d'Adélé se sont reposées sur la collecte des données floristiques et forestières. La collecte de ces données a été guidée par un plan d'échantillonnage établi à partir de l'analyse des images satellitaires.

2.1.2.1. Plan d'échantillonnage

Il est guidé par l'analyse de l'image SPOT 2015 dont la résolution (2,5 m) a permis d'apprécier les unités d'occupation actuelle du sol. Ainsi 100 points cibles de vérification et d'inventaires ont été choisis en fonction des signatures spectrales (figure 3).

2.1.2.2. Données floristiques

Ces données sont collectées à travers les inventaires floristiques suivant la méthode stigmatiste de Braun-Blanquet (1932) utilisée par plusieurs auteurs (Sinsin, 1993; Sokpon, 1995; Kokou, 1998 ; Inoussa et al., 2013). Cette méthode est basée sur le principe d'homogénéité floristique de la surface étudiée. Toutes les variabilités locales ont été prises en compte. D'après cette approche phytosociologique, l'aire minimale de relevé retenue dans la présente étude est basée sur les travaux effectués en milieu tropical qui ont utilisé des surfaces variant entre 100 et 1000 m2 selon les formations étudiées et les strates. Pour cette étude, les dimensions des placeaux de relevés sont de 50m x 20 m (1000 m2). Toutes les espèces présentes à l'intérieur des placeaux ont été relevées et affectées d'un coefficient d'abondance-dominance suivant l'échelle de Braun-Blanquet (1932) (+ : espèce rare, recouvrement de 0 à 1% ; 1 = recouvrement de 1 à 5% ; 2 = recouvrement de 5 à 25% ; 3 = recouvrement de 25 à 50% ; 4 = recouvrement de 50 à 75% ; 5 = recouvrement de 75 à 100%).

Une récolte systématique d'herbiers des espèces non identifiées sur champ a été effectuée afin d'être déterminées au Laboratoire de Botanique et Ecologie Végétale à l'Université de Lomé. En dehors des données floristiques, chaque relevé est caractérisé par des descripteurs écologiques. Le recouvrement global de la végétation, la position topographique du relevé (berge, bas de versant, haut de

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versant, bas de glacis, haut de glacis, sommet), le type de substrat (sol meuble, sol gravillonnaire, sol induré et ferrugineux) sont notés.

Figure 3: Distribution spatiale des points prospectés

2.1.2.3. Données forestières et régénération

Dans chacun des placeaux installés, tous les individus d'arbres de diamètre à 1,30 m du sol supérieur ou égal à 10 cm ont fait l'objet de relevés dendrométriques. Les mesures forestières réalisées sont : le diamètre à hauteur de poitrine (DBH) à l'aide d'un décamètre ð, la hauteur fût et la hauteur totale estimées par cotation visuelle.

Toute trace d'activités humaines (mise en culture, carbonisation, coupe de bois de chauffe, prélèvements de plantes médicinales, transhumance, pâturage, feux, etc.) est également relevée.

Pour évaluer la régénération et sa contribution en matière de séquestration de carbone, quatre placettes de régénération de 5 m x 5 m (25 m2) sont également installées dans chaque placeau d'inventaire. Dans chacune de ces placettes, le nombre de pieds, la circonférence de chaque pied, la hauteur totale et le mode de régénération ont été les informations recherchées chez les individus juvéniles.

16

2.2. Analyse et traitement des données

2.2.1. Analyse des images satellitaires

La méthode utilisée pour l'analyse des images satellitaires s'est appuyée sur les techniques d'interprétation visuelle des images (Koné et al., 2007 ; Adjonou, 2011). L'extraction de la zone d'étude est faite par numérisation de son contour à partir de la carte topographique géo-référencée. Les images sont ensuite exportées dans le logiciel ENVI 4.7 pour une analyse visuelle et une classification automatique des images sur la base de l'algorithme du maximum de vraisemblance. L'analyse et l'interprétation visuelle de l'image satellite la plus récente et de meilleure résolution (la scène SPOT de 2015) ; traduit mieux l'état actuel de l'occupation du sol. Elle a à cet effet guidé la phase de vérité terrain pour la collecte des données. Les classifications non-supervisées et supervisées combinées à une vectorisation automatique ont permis de générer des informations sur la couverture végétale et d'établir des cartes d'occupation du sol (Er-Raji, 2002; Houska, 2002 ; Polo, 2010). Les types de formations végétales adoptés pour la classification sont ceux retenus pour l'Afrique de l'ouest (FAQ, 1981). Pour s'assurer de la précision de la classification et afin de caractériser correctement les unités d'occupation du sol, les données issues de la phase de vérité terrain sont confrontées à la classification automatique. La validation de la classification est basée sur l'appréciation de l'indice de KAPPA assorti d'un tableau de contingence ou matrice de confusion.

Il s'agit en fait à vérifier sur le terrain les points précédemment identifiés lors de la classification pour chacune des classes d'occupation du sol et à déterminer le pourcentage des points vérifiés qui correspondent effectivement à celles préalablement définis. A cet effet, un GPS est utilisé pour la reconnaissance des points de contrôle de terrain. Le pourcentage de points de terrain qui s'accordent avec ceux de la carte détermine le degré de précision de l'interprétation de l'image satellitaire. Pour ce faire, une matrice de confusion est construite pour la zone d'étude afin de pouvoir rendre compte des résultats de la validité de la classification précédemment effectuée.

2.2.2. Analyse des données floristiques

Les données floristiques ont été saisies à l'aide du tableur excel. De plus, une matrice « relevés x espèces » élaborée sur la base de la présence/absence des

17

espèces, avec en ligne les espèces et en colonnes les relevés. La détermination de la diversité alpha a été faite par le calcul de la richesse spécifique (Rs), de l'indice de diversité de Shannon (H') et de l'équitabilité de Pielou (Eq) (Magurran, 1988 ; Kent & Coker, 1992). Ces indices sont les plus utilisés pour l'étude de la diversité de la végétation tropicale et ont pour formules :

- richesse spécifique (Rs)

S= nombre d'espèces

- indice de diversité de Shannon (Ish)

? ( ) ( )

ni : nombre de relevés dans lesquels est présente l'espèce i ; n : nombre total de relevés

- indice d'équitabilité de Piélou (Eq) qui correspond au rapport entre la diversité observée et la diversité maximale possible en considérant le nombre d'espèces :

Avec

s = nombre d'espèces)

A chaque espèce relevée, la famille, le type biologique (Raunkaier, 1934) et l'affinité phytogéographique (White, 1986) correspondant ont été affectés.

Les types biologiques considérés pour l'analyse des spectres biologiques sont ceux définis par diverses études de la végétation des régions tropicales (Brenan, 1978 ; Lebrun, 1981 et Aké Assi, 1984). Il s'agit de Phanérophytes (Ph), Chaméphytes (Ch), Hémicryptophytes (He) Géophytes (Ge), Thérophytes (Th) et les formes Lianescentes (Lmp, Lnp, LmP, LGe).

Les phanérophytes se composent de :

? Mégaphanérophytes (MP) : arbres de plus de 30 m de hauteur ;

V' Mésophanérophytes (mP) : arbres de 10 à 30 m de hauteur ;

V' Microphanérophytes (mp) : arbres de 2 à 10 m de hauteur ;

V' Nanophanérophytes (np) : arbres de 0,4 à 2 m de hauteur ;

Les subdivisions chronologiques utilisées dans l'analyse de spectres phytogéographiques sont :

V' espèces à large distribution comme les espèces Afro-américaines (AA), pantropicales (Pan), Paléotropicales (Pal) ;

V' espèces à distribution continentale regroupant les espèces Soudano guinéennes (SG), Afro-tropicales (AT), Afro-malgaches (AM), Pluri-régionales africaines (PRA), Soudano-zambéziennes (SZ) et Guinéo-congolaises (GC) ;

V' espèces de l'élément-base soudanien (S), distribuées dans le Centre Régional d'Endémisme (CRE) soudanien.

Les paramètres dendrométriques tels que la densité des tiges à l'hectare (D), la hauteur moyenne (Hm en m), le diamètre moyen (Dm en cm) et la surface terrière (G en m2/ha) ont été calculés suivant les formules :

- densité totale (D) des ligneux :

n =nombre de pieds ; S = aire de relevé en ha - diamètre moyen (Dm) des arbres :

/

( ?

)

n= nombre de pieds et di le diamètre à 1,30 m de l'arbre i

- hauteur moyenne de Lorey, la moyenne des hauteurs des arbres inventoriés sera pondérée par leur surface terrière (Philip, 2002) :

?

? Avec

gi et hi sont respectivement la surface terrière et la hauteur de l'arbre.

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- surfaces terrières (G) des ligneux :

19

?

di est le diamètre (cm) des arbres de la placette ; s la surface de la placette. 2.4.3. Détermination de la biomasse vivante et du stock de carbone

Les données dendrométriques ont été utilisées pour calculer le stock de carbone dans la biomasse vivante de la zone. Compte tenu de la complexité des formules, ces calculs vont être effectués en plusieurs étapes. Ainsi à partir des valeurs dendrométriques, la biomasse aérienne (BA) de chaque arbre est calculée suivant l'équation allométrique de Chave et al., (2004 et 2005).

H- 2,187+0,916 1n(pHD2 )]

D = Diamètre à Hauteur de Poitrine, dbh (cm), ñ = densité spécifique du bois (g/cm3, séchage à 103°C), H= hauteur des arbres (m) et BA = biomasse aérienne (kg).

Les densités spécifiques du bois ont été tirées des recommandations du GIEC en matière des bonnes pratiques pour le secteur UTCATF (Utilisation des Terres, Changement d'Affectation des Terres et Foresterie). Dans le cas des espèces dont la densité spécifique du bois est inconnue, la valeur par défaut pour les forêts tropicales d'Afrique ñ = 0,58 g/cm3 (Brown, 1997 d'après Reyes et al. 1992 et cité par GIEC, 2006) est utilisée. Les valeurs de la biomasse aérienne trouvées seront converties en tonne par hectare (t/ha). L'étape suivante a consisté à multiplier les valeurs de la biomasse aérienne obtenue par un facteur constant d'expansion des racines (R) afin de prendre en compte la biomasse souterraine (BS) comme l'indique l'équation suivante :

BS = Biomasse souterraine (t/ha); R= facteur d'expansion des racines disponible dans les Lignes Directrices du GIEC (2006) et définie par Mokany et al. (2006)

Enfin, la valeur de la biomasse vivante (aérienne et souterraine) obtenue a été multiplié par un ratio de concentration en carbone du bois pour obtenir le stock de carbone (stock C) ; équation suivante.

( BA + BS)

CF = ratio de carbone par défaut (0,47), toutes espèces confondues, les variabilités interspécifiques et intra spécifiques étant faibles (GIEC, 2006).

La démarche méthodologique est résumée par le diagramme de la figure 4.

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Figure 4: Diagramme résumant la démarche méthodologique

21

TROISIEME PARTIE : RESULTATS

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3.1. Bilan floristique

3.1.1. Diversité floristique et richesse spécifique

Les analyses des données floristiques révèlent une diversité spécifique dans le

Plateau d'Adélé (Figure 5). Au total, 175 espèces réparties en 140 genres et 60 familles ont été recensées. Sept familles sont largement représentées avec plus de 5% de fréquence. Il s'agit des Euphorbiaceae (9,27%), les mimosaceae (7,21%), les Rubiaceae (7,21%), les Sterculiaceae (6,82%), les Caesalpiniaceae (6,18%), les Combretaceae (5,28%) les Fabaceae (5,02%). Les 53 familles restant sont moins représentées avec une fréquence de moins de 5%. C'est le cas des moraceae (4,63%), Sapindaceae (3,6%), Anacardiaceae (3,47%), Annonaceae (2,83%)...

Euphorbiaceae Mimosaceae Rubiaceae Sterculiaceae

Caesalpiniaceae Combretaceae Fabaceae Autres

53%

9%

5%

7%

6%

7%

6%

7%

Figure 5: Spectre spécifique des familles

3.1.2. Distribution des espèces suivant leur fréquence

La distribution des espèces suivant leur fréquence (Figure 6) montre que la végétation du Plateau d'Adélé est dominée par Hymenocardia acida, et Sterculia tragacantha.

Suivant les fréquences, on a :

- quatre espèces ont une fréquence supérieure à 40%. Il s'agit des espèces les représentées comme Hymenocardia acida (45,24%), Sterculia tragacantha (45,24%), Pterocarpus erinaceus (40,48%) et Cola gigantea (40,48%)

- Onze espèces ont des fréquences comprises entre 30 et 40%. Ce sont : Daniellia oliveri (38,1%), Elaeis guineensis (38,1%), Lophira lanceolata (36,51%),

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Sarcocephalus latifolius (35,71%), Albizia adiantifolia (33,33%), Bridelia ferruginea (33,33%), Albizia zygia (30,95%), Crossopteryx febrifuga (30,95%), Lonchocarpus cyanescens (30,95%) et Terminalia glaucescens (30,95%).

- Quatorze espèces dont Lannea barteri, Ficus sur, Antiaris africana...ont une fréquence comprise entre 20 et 30%.

- Le reste des espèces ont une fréquence inférieure à 20% à l'instar de Allophilus africanus, Ceiba pentandra, Alchornea cordifolia...

1

9 17 25 33 41 49 57 65 73 81 89 97 105 113 121 129 137 145 153 161 169

Rang des espèces

Fréquence

40

60

50

30

20

10

0

y = -10,54ln(x) + 54,671 R2 = 0,9778

Figure 6: Distribution de la fréquence en fonction du rang

3.1.3. Spectre biologique

Les types biologiques (figure 7) les plus représentés sur le Plateau d'Adélé sont les mésophanérophytes (38,36%) et les micophanérophytes (34,25%). Les nanophanérophytes (10,96%), et les mégaphanérophytes (6,85%), sont moyennement représentés. Les chaméphytes, les lianes géophytes et lianes microphanérophyteset les hémicryptophytes sont les moins représentés.

mP mp np MP Ch Lge Lmp He Type biologique

Fréquence

30

25

20

15

10

0

5

24

Figure 7: Spectre des types biologiques

(MP : mégaphanérophytes, mp : microphanérophytes, mP : mésophanérophytes, np : nanophanérophytes, Ch : chaméphytes, He : hémicryptophytes, Ge : géophytes, Th : thérophytes, Lmp : mésophanérophytes lianescents, Lnp :nanophanérophytes lianescents, Lth : thérophytes lianescents)

3.1.4. Spectre phytogéographique

Le Plateau d'Adélé est dominé par des espèces soudano-zambéziennes (30,14%) suivies par les espèces guinéo-congolaises (20,55%) et les afro-tropicales (17,81%). Ensuite viennent les espèces soudano-guinéennes (8,22%), les plurirégionales africaines (6,85%), les éléments de base soudanien (5,48%). Les espèces tropicales et paléo-tropicales sont rares avec pour chacune d'elle 1,37%

SZ GC AT SG PRA S I Pan Pal T
Type phytogéographique

Fréquence

25

20

15

10

0

5

Figure 8: Spectre phytogéographique

25

(SZ : soudano-zambézien, S : élément-base soudanien, AT : afro-tropicales, Pal : paléo-tropicales, Pan : pantropicales, SG :soudano-guinéennes, GC : guinéo-congolaises, PRA : plurirégionales africaines, AA : afro-asiatiques, AM : afro-malgaches, G :guinéennes, Cos : Cosmopolite, SS : sahélo-saharien, T : tropical).

3.2. Diversité des formations végétales

3.2.1. Typologie des formations végétales

Les diverses formations végétales du plateau d'Adélé ont été discriminées à l'aide des analyses multivariées.

La classification hiérarchique ascendante des relevés sur la base de leur similarité floristique combinée au coefficient dominance-abondance a permis l'obtention du dendrogramme de la figure 9. Il se dégage ainsi trois grands groupes de formations végétales. Le groupe un (G1) constitue le groupe des formations ouvertes (champs-jachères, savanes arbustives et les forêts fortement dégradées).

Le groupe deux (G2) regroupe les agro forêts, les forêts galeries et les forêts denses sèches. Il constitue le groupe des formations denses fermées.

Enfin le troisième groupe (G3) constitué des savanes arborées, représente le groupe des formations plus ou moins fermées.

G1

G2

G3

26

Figure 9: Classification hièrarchique ascendante des relevés

(G1= champ/jachère, savanes arbustive, forêts denses et forêt galerie dégradées ; G2= forêts denses, agro forêts, forêts denses sèches, forêts galeries ; G3= savanes arborées)

3.2.2. Description des formations végétales suivant les différents groupements

3.2.2.1. Groupe des formations ouvertes (G1) :

Les formations les plus représentées de ce groupe sont les champs/jachères, les savanes arbustives.

- Champs/Jachères : Ce sont des formations anthropiques et ils sont fortement représentés dans le plateau d'Adélé. Il s'agit pour la majorité des cas des cultures vivrières comme le maïs, le haricot, le riz, les ignames, de sorgho et des cultures industrielles comme le coton. Contrairement aux champs qui sont en cours d'exploitation, les jachères sont des systèmes qui mettent au repos

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des parcelles utilisées pour les fertiliser. Les champs se situent sur des mi-versants, des dépressions et des fois sur des plaines inondables. Les jachères sont souvent au voisinage des champs traduisant le fait que les anciennes parcelles sont abandonnées car devenues infertiles aux dépens de nouvelles parcelles.

Les espèces qui sont plus représentées dans ces types de formations sont : Lophira lanceolata, Uapaca togoensis, Terminalia glaucescens, Elaeis guineensis, Antiaris africana....

PHOTO 1: Champ en bordure d'une forêt

- Savanes arbustives : Elles font partie des formations très représentées du plateau. Elles sont caractérisées par la présence d'un tapis graminéen continu avec la présence permanente d'arbustes dont la hauteur maximale avoisine les 7m. Terminalia laxiflora, Pterocarpus erinaceus Crossopteryx febrifuga, Pseudocedrela kotschyi, Hymenocardia acida et Lophira lanceolata sont les espèces qui y sont rencontrées.

-

 

28

PHOTO 2: Savane arbustive

3.2.2.2. Groupe des formations denses fermées (G2) :

Ce groupe est dominé par les agro forêts, les galeries forestières, les forêts denses semi-décidues.

- Les galeries forestières : elles se situent le long des cours d'eau. Les espèces dominantes rencontrées dans ce type de formation sont Cola gigantea, Sterculia tragacantha, Pterocarpus santalinoides et Diospyros mespiliformis. Elles sont souvent dégradées.

PHOTO 3: Galerie forestière

- Les agro forêts : Il s'agit pour le plus souvent des cultures de rentes telles que le caféier et le cacaoyer en association avec les arbres. Ils sont situés sur

29

des terrains plats, dans des dépressions et sur des mi-versants. Les espèces prépondérantes sont : Lonchocarpus cyanescens, Albizia adiantifolia, Persea americana et Terminalia superba.

PHOTO 4: Agro forêt

- Forêt claire : Ce sont des formations très peu représentées sur le plateau d'Adélé. Elles se situent dans les bas de glacis. L'espèce prépondérante est Anogeissus leiocarpus souvent accompagnée de Acacia sieberiana et Daniellia oliveri.

PHOTO 5: Forêt claire

- Forêts denses sèches : Ces formations sont moyennement représentées et se situent soit dans les bas de versant, ou dans des dépressions mais rarement sur des mi-versants. Les espèces qui sont rencontrées sont

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Voacanga africana, Cola gigantea, Saba comorensis, Anogeissus leiocarpus, Bridelia micrantha.

PHOTO 6: Forêt dense sèche

3.2.2.3. Groupe des formations plus ou moins fermées (G3) :

Ce groupe est homogène et essentiellement formé des savanes arborées. Celles-ci forment avec les savanes arbustives des formations très représentées dans le plateau. Elles sont dispersées dans le plateau. On peut les retrouver sur des terrains plats, dans des dépressions ou des mi-versants. Les espèces prépondérantes sont : Crossopteryx febrifuga, Monotes kerstingii, Lophira lanceolata, Terminalia laxiflora, Hymenocardia acida, Andropogon tectorum et Uapaca togoensis.

31

PHOTO 7: Savane arborée

3.2.3. Caractéristiques structurales des différents groupements

Le tableau 2 résume les caractéristiques structurales des différents groupes discriminés. Il présente pour chaque groupe la richesse spécifique, l'Indice de Schanonn, l'Equitabilité de Piélou, la hauteur moyenne, le diamètre à hauteur de poitrine moyen, la surface terrière et la densité à l'hectare, puis les espèces fréquemment rencontrées.

L'analyse de ce tableau montre que la richesse spécifique est plus élevée au niveau des formations denses fermées (G2) avec 70 espèces et faible au niveau des savanes arborées ; groupe de formations plus ou moins fermées (G3) avec 35 espèces.

L'indice de Shanonn est très élevé (Ish>5) dans les trois groupements ce qui traduit un milieu fortement diversifié. Il est plus élevé dans le groupe G2 (6,45 bits). Il est de 6,31 bits au niveau de G1 et relativement faible au niveau de G3 (5,87 bits). L'Equitabilité de Pielou est également très élevée dans ces formations. Elle est supérieure à 0,8. L'Equitabilité de Pielou est la même dans les différents groupements. Elle est voisine de 0.9.

La hauteur moyenne des individus inventoriés varie de 9,41m au niveau des savanes arborées, de 11,12 m au niveau des formations ouvertes et au niveau des formations denses très fermées, elle est grande (17,96 m).

Le DBH moyen varie également selon le type de groupement. Les formations denses ont les individus dont le diamètre est le plus élevé (33,66 cm). Il est de 24,94 cm au

32

niveau des formations ouvertes et de 20,45 cm chez les savanes arborées faisant d'elles le groupement où le DBH moyen est plus faible.

Par contre la densité est très élevée au niveau du groupe 3 (361,11 pieds/ha) et faible au niveau du groupe 1 (214,66 pieds/ha).

Tableau 2: Caractéristiques structurales des différents groupements

GROUPES

Rs

Isch

Eq

H

DBHm

G

Nb/ha

Espèces dominantes

G1:

 
 
 
 
 

Terminalia laxiflora, Pterocarpus erinaceus, Lophira lanceolata, Elaeis

Formations 44

6,31

0,94

11,13

24,94

32,23

214,66 guineensis, Uapaca

ouvertes

 
 

#177;5,07

#177;11,97

 

togoensis, Antiaris africana

G2:

Formations

70

6,45

0,93 17,96

33,66

24,59 244,11

Cola gigantea, Sterculia tragacantha, Pterocarpus santalinoides, Diospyros

denses très fermées

 
 

#177;8,36

#177;24,18

 

mespiliformis, Lonchocarpus cyanescens, Albizia adiantifolia, Voacanga africana, Albizia zygia

G3:

 
 
 
 
 
 

Crossopteryx febrifuga, Monotes kerstingii, lophira

 

Formations #177; fermées

35

5,87 0,93

9,41

#177;5,74

20,25

#177;9,22

21,05

361,11

lanceolata, Hymenocardia acida, Uapaca togoensis, Burkea africana, Detarium microcarpum

Rs=Richesse spécififique ; Isch=Indice de Schanonn ; Eq=Equitabilité de Piélou ; H=Hauteur totale moyenne ; DBHm=Diamètre à hauteur de poitrine moyen ; G=Surface terrière ; Nb/ha= Densité (nombre de tiges par hectare)

33

3.2.4. Distribution verticale et horizontale des différents groupements

3.2.4.1. Structure verticale

La distribution par classe de hauteur des individus du Plateau d'Adélé suivant les groupes de formation discriminés présente une allure en cloche dyssimétrique. Cette allure est tendue vers la droite dans les groupes G1 et G3. Cependant, elle est plus ou moins symétrique au niveau du groupe G2 (figure 10).

Dans le groupe 1, la distribution montre que le milieu est fortement perturbé. Ainsi, les classes de hauteur les plus représentées sont celles de 4 à 6 m.

Dans le groupe 2, l'allure symétrique traduit une évolution normale, donc un milieu non perturbé. Toutes les strates y sont représentées. Les classes de hauteur les plus représentées sont celles de18 à 20 m.

La distribution au niveau du groupe 3 montre une allure en cloche tendue vers la droite. Ceci traduit un milieu déséquilibré. Les individus dont la hauteur ne dépassant pas 10 m sont ceux qui dominent le milieu. Les grands arbres y sont presque inexistants. La classe la plus représentée est celle dont la hauteur est comprise entre 4 et 6 m.

3.2.4.2. Structure horizontale

La distribution des individus par classes de diamètre donne une allure en « L » dans les différents groupes de formations (figure 11). Cette structure traduit une prédominance des individus de diamètre faible.

Dans le groupe 1, les individus dont le diamètre est compris entre 20 et 50 cm sont plus fréquents. Les arbres à gros diamètre sont très rares. Du moins, la classe qui est représentée est celle dont les individus ont un diamètre compris entre 20 et 30 cm.

Dans le groupe 2, les individus dont le diamètre est compris entre 20 et 30 cm sont ceux qui sont très représentés. Cependant, il existe dans ces formations de gros arbres dont le diamètre avoisine 100 cm voire plus.

Le groupe 3 traduit clairement une prédominance des individus à diamètre faible (diamètre compris entre 10 et 20 cm).

34

a)G1 : Formations ouvertes (champs/jachères, savanes arbustives, forêts galerie degradées)

 

b)G2 : Formations denses fermées (Agro forêts, Forêts galerie, Forêts denses )

c)G3 : Formations plus ou moins fermées (Savanes arborées)

Figure 10: Structure verticale des différents groupements

Figure 10: Structure

G1

G2

G3

Figure 11: Structure horizontale suivant les différents groupements

35

3.2.5. Potentiel de régénération

La densité des individus juvéniles dans le Plateau d'Adélé varie selon les différents types de formation. Ainsi elle est très élevée dans les savanes arborées. Elle est faible au niveau des formations denses et des formations ouvertes dominées par les champs/jachères et savanes arbustives (Figure 12).

Figure 12: Densité des individus juvéniles

3.3. Biomasse et stock de carbone

3.3.1. Biomasse et carbone séquestré par les différentes formations

La mesure de 1126 individus ligneux à travers différentes formations du Plateau d'Adélé a permis de quantifier la biomasse et par conséquent de déterminer la quantité de carbone séquestré (Figure 13).

La biomasse vivante (biomasse aérienne et biomasse souterraine) est importante dans les formations denses fermées (142,05 kg/ha) et faible dans les savanes arborées (19,16 kg/ha). La quantité de carbone séquestré suit la même tendance. Elle est de 66,76 tC/ha dans le groupe G2 et de 9 tC/ha dans le groupe G3.

36

Figure 13: Taux de carbone séquestré en fonction des différents groupements

3.3.2. Régénération et séquestration de carbone

Au niveau des juvéniles, la quantité de carbone séquestré varie également en fonction des différentes formations. Ainsi la biomasse accumulée chez les individus juvéniles est quasiment la même dans les groupes G1 et G2 où elle est relativement faible et égale à 0,28 kg/ha alors qu'elle est plus ou moins élevée dans le groupe G3 (Figure 14). Ceci s'explique par une densité importante des individus jeunes dans le groupe G3 constituées de savanes arborées à l'inverse des autres groupes où leur développement est inhibé par les grands arbres dans les formations denses (G2) ou leur destruction systématique par l'Homme dans le groupe G1 où l'action anthropique est prépondérante.

La quantité de carbone séquestrée est donc la même dans la les deux premiers groupes G1 et G2 (0,13 tC/ha) et de 0,21tC/ha dans le groupe G3.

Figure 14: Régénération et potentiel de séquestration de carbone

3.4. Dynamique de l'occupation du sol entre 1987 et 2015

> Entre 1987 et 2000

Le tableau 4 traduit les taux d'évolution des différentes unités d'occupation du sol entre 1987 et 2015 en passant par 2000.

En 1987, le Plateau d'Adélé est dominé par deux types de formations. Il s'agit des formations forestières suivi des formations savanicoles qui occupent respectivement des proportions 29,18 % et 44,59 % de la superficie totale (figure 15).

L'interprétation de l'image satellite de 2000 fait voir une variation dans l'occupation du sol (figure 16). Ainsi, on constate ce qui suit :

V' Les forêts : leur superficie a régressé de 69758,58 ha en 1987 à 42143,16 ha en 2000. Ce qui correspond à une perte forestière de 23296,03 ha.

V' Quant aux savanes, leur superficie a connu une légère augmentation. La superficie des savanes est ainsi passée de 45652,87 ha en 1987 à 68948,90 ha en 2000.

V' Les mosaïques champs/jachères voient également leur surface décroitre. Cette régression de la superficie des champs/jachères serait essentiellement due à l'abandon progressif des cultures vivrières au profit des cultures de rentes comme le caféier et le cacaoyer par les populations paysannes. Les cultures de rentes transforment progressivement les domaines exploités en en savanes et en agro forêts.

V' La superficie des établissements/sols nus connaît une augmentation sensible ; grâce à l'envahissement de la zone par la population pour des raisons d'extension des villages et hameaux. Cette superficie varie de 13363,40 ha à 35591,67 ha.

> Entre 2000 et 2015

La matrice de confusion ayant conduit à la validation de la classification de l'image de 2015 est résumée dans le tableau de contingence (Tableau 3). L'indice de KAPPA obtenu (62,84) est représentatif pour valider la classification.

37

Overall Accuracy = (1376/1876) 73.3475%

38

Kappa Coefficient = 0.6284 Ground Truth (Pixels)

Tableau 3: Matrice de confusion (Image landsat 2015)

Classes

Savanes

CJ

ETS/SN

Forêts

Total

unclassified

0

0

0

0

0

Savanes

270

71

99

70

510

CJ

23

309

7

69

408

ETS/SN

16

10

674

0

700

Forêts

95

40

0

123

258

Total

404

430

780

262

1876

CJ=Champs/jachères ; ETS/SN=Etablissements/sols nus

L'interprétation de l'image de 2015 montre une tendance similaire en termes de dynamique de la végétation mais avec quelques différences près (figure 17).

On note donc :

V' Une perte de près de 12% de la surface des formations forestières en 2015 par rapport à l'an 2000.

V' contrairement aux 13 dernières années, La superficie des savanes a connu une régression pendant la période 2000-2015. Elle passe de 68948,90 ha en 2000 à 61076,97 ha en 2015.

V' Les champs/jachères connaissent cette fois-ci une augmentation de leur superficie. Ce constat peut s'expliquer par un désintéressement des cultures de rente en raison de la chute des prix de ces produits sur le marché international ces dernières années.

V' La superficie des établissements/Sols nus continue d'augmenter en passant de 35591,67 ha à 45183,69 ha.

39

D'une manière générale, les changements d'affectation des sols entre 1987 et 2015 sont caractérisés par une diminution des formations forestières au profit des savanes, des établissements et sols nus. Ces changements d'affectation des sols sont illustrés par la figure 16. Le tableau 5 montre les taux d'évolution annuel des différentes unités d'occupation du sol entre 1987 et 2000.

Superficie (ha)

100000

40000

90000

80000

70000

60000

50000

30000

20000

10000

0

1987 2000 2015

Années

SAVANES FORETS CHAMPS/JACHERES ETS/SOLS_NUS

Figure 15: Dynamique de l'occupation du sol entre 1987 et 2015

Tableau 4: Taux d'évolution des unités d'occupation du sol entre 1987 et 2015

Type d'occupation

Taux d'évolution en %

1987 à 2000

2000 à 2015

1987 à 2015

SAVANES

25,06

-13,05

4,63

FORETS

-29,71

-12,57

-20,53

CHAMPS/JACHERES

-12,45

19,30

4,56

ETS/SOLS_NUS

17,09

6,39

11,36

37

Figure 16: Carte de l'occupation du sol en 1987

38

Figure 17: Carte de l'occupation du sol en 2000

39

Figure 18: Carte d'occupation du sol en 2015

40

QUATRIEME PARTIE : DISCUSSION

41

4.1. Cartographie

La comparaison des images satellitaires Landsat 1987, 2000 et 2015 a permis d'apprécier la dynamique de la végétation sur le Plateau d'Adélé. La phase de vérité-terrain, combinée à des classifications supervisées ont permis de mettre en évidence des confusions faites dans les signatures spectrales de certaines classes. La plupart des savanes herbeuses sont confondues à des jachères et sols nus. Les plans d'eau n'ont pas été également distingués. Ces difficultés dans la confusion de certaines classes ont été signalées par d'autres auteurs (N'Guessan et al., 2006 ; Diallo et al., 2011).

L'absence des données de référence a rendu difficile la validation de la classification des scènes des années 2000 et 1987. Cependant, l'utilisation de GoogleEarth a permis la construction des zones d'entraînement (ROIs) de l'année 2000. Le non changement de certaines unités d'occupations du sol tels que les galeries forestières, les vieux établissements et certaines formations non dégradées ont permis la classification de l'image de 1987.

4.2. Dynamique de la végétation et impacts anthropiques

Les résultats obtenus montrent que sur le plateau d'Adélé, les formations forestières ont réculé entre 1987 et 2015 pendant que les champs/jachères connaissent une extension. Cette extension des espaces agricoles évolue à un rythme de 4,56 % par an en 28 ans. Cette dynamique a été relevée par d'autres auteurs (Diallo et al., 2011). C'est la conséquence d'une croissance rapide de la population ces dernières décennies. L'analyse diachronique des images montre dans un premier temps un recul de cette unité d'occupation du sol entre 1987 et 2000. Contrairement, les 15 dernières années sont marquées par une tendance inverse où on note une progression de la superficie de cette unité d'occupation.

Ainsi, entre 1987 et 2000, le recul de la superficie des champs/jachères serait dû à l'abandon des cultures vivrières au profit des cultures de rente (caféier et cacaoyer) qui transforment les domaines exploités en agro forêts. Ces dernières sont rangées dans la classe des forêts.

Les fluctuations des cours des produits de rente ces dernières années auraient conduit la population paysanne à revenir aux cultures vivrières en procédant à un abandon progressif des cultures de rente. Cette situation entraîne une progression

42

sensible des champs/jachères. Dans le domaine agricole, la croissance de la population et la recherche des terres « vierges » sont des facteurs de la colonisation de l'espace en Afrique subsaharienne (Ba et al., 2004). L'exploitation abusive du bois d'oeuvre, la transhumance (coupes et mutilations des ligneux fourragers) sont des activités qui sont pratiquées sur le Plateau. La coupe abusive de bois a déjà été révélée comme un facteur important dans la dynamique régressive des ligneux (Faye et al., 2008).

L'agriculture étant l'une des activités prépondérantes, elle déstabilise beaucoup les écosystèmes forestiers. En effet, lors, des défrichements pour la mise en culture, de nombreux arbres sont abattus. Malgré la préservation des arbres utiles dans les champs, la destruction totale des autres et le passage régulier des feux ne favorisent pas la reconstitution de la végétation originelle (Kio, 1981 ; Dembele, 1996).

La surexploitation des terres est considérée comme la principale cause de la dégradation du couvert végétal et de la perte en biodiversité (Bouko et al., 2007). Ce phénomène s'observe aussi dans plusieurs régions d'Afrique de l'Ouest (Darkoh, 2003 ; Ariori et Ozer, 2005 ; Sawadogo et al., 2008).

4.3. Potentiel de régénération

La régénération moyenne dans la zone d'étude est estimée à 3637 pieds/ha. Cette valeur est un plus de la moitié (5508 tiges/ha) de celle trouvée dans les forêts denses sèches d'Abdoulaye (Adjonou et al., 2011). L'évaluation de la régénération s'est faite dans tous les types de formations discriminés. Ainsi elle a pris en compte les champs et jachères où le potentiel de régénération est très faible. Dans ces types de formations qui sont transformés par l'homme, les individus juvéniles sont automatiquement pour la plupart détruits pour laisser place aux cultures. Cette perturbation pourrait expliquer le potentiel de régénération qui reste relativement moyen dans la zone d'étude.

Les modes de régénération sont multiples. Cependant, le semis reste le mode par excellence suivi des rejets de souche. Ces résultats sont signalés par des études similaires où le mode de régénération par semis est estimé à 82,04% suivis des rejets de souche à 17,66% (Adjonou et al., 2011).

43

4.4. Potentiel de séquestration et implications dans l'atténuation des changements climatiques

Le stock moyen de carbone dans les formations forestières du Plateau d'Adélé est estimé à 66,76 tC/ha. Comparée aux estimations de la FAO (2015), cette valeur est largement inférieure à celle des forêts tropicales d'Afrique de l'Ouest (120 tC/ha). Cependant elle est voisine à la valeur moyenne mondiale de 75 tC/ha. Ceci peut être attribué à une forte action anthropique induisant la dégradation des terres forestières.

Bien que le stock du carbone des forêts de l'Adélé reste relativement faible, ces dernières restent un puits important de séquestration du carbone. Ainsi dans le contexte actuel des changements climatiques, ces forêts présentent un fort potentiel d'atténuation des émissions de CO2. La connaissance des quantités de carbone séquestré et la surveillance de la dynamique des formations forestières par télédétection sont nécessaires pour intégrer réellement les programmes REDD+ (Folega et al., 2015). Ceci pourrait contribuer à la promotion des efforts de conservation et au développement des initiatives de gestion durable de ces forêts afin d'accroître sensiblement la quantité de carbone séquestrée.

44

CONCLUSION ET PERSPECTIVE

45

La présente étude est une connaissance de la dynamique de la végétation de la du Plateau d'Adélé entre 1987 et 2015. Elle a permis de recenser 175 espèces réparties en 140 genres et 60 familles. Les familles les plus représentées étant les Euphorbiaceae (9,27%), les Mimosaceae (7,21%), les Rubiaceae (7,21%), les Sterculiaceae (6,82%), les Caesalpiniaceae (6,18%), les Combretaceae (5,28%) et les Fabaceae (5,02%). La répartition des tiges par classes de hauteurs donne une structure en (( cloche . L'allure en « cloche » dyssimétrique tendue vers la droite, dans les groupes 1 et 3, traduit des milieux perturbés avec faible. Dans le groupe 3, elle est plus ou moins symétrique et traduit des formations à évolution normale avec une dominance des individus de hauteur moyenne. La structure démographique des tiges par classes de diamètres donnant une allure en ((L dans les différents groupes de formation est l'expression d'une prédominance des individus de diamètre faible. Les estimations du stock de carbone varient en fonction des différents groupes discriminés entre 9 tC/ha dans le groupe des formations plus ou moins fermées et 66,76 tC/ha dans le groupe des formations denses fermées. Le stock moyen de carbone à travers le Plateau d'Adélé est de 66,76 tC/ha. La dynamique de la végétation montre une régression des formations forestières aux dépens des surfaces agricoles, des établissements et des savanes. La superficie des forêts est passée de 97562,71 ha en 1987 à 40088,88 en 2015 soit une perte de 20,53% par an en 28 ans.

De par sa richesse spécifique et sa contribution dans la séquestration de carbone, le Plateau d'Adélé demeure une zone à fort potentiel de biodiversité et un réel puits de carbone. Alors que le rythme de croissance accélérée de la population ces dernières décennies exerce une pression forte sur les écosystèmes, et, dans le contexte actuel des changements climatiques, les formations forestières devraient contribuer énormément à l'atténuation des effets de ces changements climatiques. Il faudra alors prendre des mesures pour:

- protéger les écosystèmes forestiers du Plateau d'Adélé

- sensibiliser la population sur l'importance des forêts

- sensibiliser les populations locales sur les notions de crédit de carbone

- mettre en place un système de surveillance régulier de la dynamique

forestière à partir de la télédétection

46

- faire des inventaires périodiques et disposer d'une base fiable de données actualisées à des fins de cartographie

- impliquer la population locale dans la lutte contre les prélèvements illicites de bois

- définir un plan de gestion efficace de la zone par le MERF

La présente étude doit se poursuivre, être approfondie et couvrir toute la zone écologique IV afin de :

- faire une comparaison de différentes méthodes d'inventaire pour l'estimation de biomasse et de biodiversité

- faire de la modélisation de la relation diamètre-hauteur pour l'estimation de la biomasse

- grâce aux techniques de détection multi temporelle des changements combinées aux enquêtes menées sur le terrain, de cartographier les différentes classes d'occupation des sols mais aussi de déterminer les zones les plus affectées par la perte du couvert forestier.

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II

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VI

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VII

White F. 1986. La végétation d'Afrique. Mémoire accompagnant la carte de la végétation d'Afrique. UNESCO/AETFA/UNSO ORSTOM-UNESCO, 384 p

VIII

ANNEXE

IX

Annexe 1 : Liste des espèces rencontrées

FAMILLES

NOMS DES ESPECES

TB

TP

Mimosaceae

Acacia sieberiana

mp

SZ

Zingiberaceae

Aframomum alboviolaceum

 
 

Zingiberaceae

Aframomum melegueta

np

GC

Caesalpiniaceae

Afzelia africana

mP

SZ

Mimosaceae

Albizia adiantifolia

mP

GC

Mimosaceae

Albizia zygia

mP

SZ

Euphorbiaceae

Alchornea cordifolia

mP

SG

Sapindaceae

Allophylus africanus

mp

AT

Asphodelaceae

Aloes buettneri

 
 

Apocynaceae

Alstonia boonei

MP

GC

Bromeliaceae

Ananas comosus

 
 

Araceae

Anchomanes dalzielii

 
 

Araceae

Anchomanes difformis

 
 

Apocynaceae

Ancylobotrys amoena

Lmp

GC

Poaceae

Andropogon tectorum

 
 

Annonaceae

Annona senegalensis

np

SZ

Combretaceae

Anogeissus leiocarpus

mP

PRA

Moraceae

Antiaris africana

MP

AT

Acanthaceae

Asystasia gangetica

np

GC

Poaceae

Bambusa vulgaris

 
 

Caesalpiniaceae

Berlinia grandiflora

mP

GC

Sapindaceae

Blighia sapida

mP

Pan

Bignoniaceae

Bombax costatum

mP

SZ

Arecaceae

Borassus aethiopum

mP

SZ

Euphorbiaceae

Bridelia ferruginea

mp

AT

Euphorbiaceae

Bridelia micrantha

mp

GC

Caesalpiniaceae

Burkea africana

mP

AT

Caesalpiniaceae

Cassia sieberiana

mp

SZ

Bombacaceae

Ceiba pentandra

MP

Pan

Rubiaceae

Chassalia kolly

np

GC

Asteraceae

Chromolaena odorata

He

I

Vitaceae

Cissus populnea

Lmp

PRA

Rutaceae

Citrus sinensis

mp

I

Rutaceae

Clausena anisata

mp

GC

Connaraceae

Cnestis ferruginea

 
 

Cochlospermaceae

Cochlospermum planchoni

nP

SZ

Rubiaceae

Coffea robusta

 
 

Sterculiaceae

Cola gigantea

MP

GC

X

Sterculiaceae

 

Cola laurifolia

 
 

Sterculiaceae

Cola millenii

mp

GC

Sterculiaceae

Cola nitida

 
 

Combretaceae

Combretum collinum

mP

S

Combretaceae

Combretum tomentosa

 
 

Commelinaceae

Commelina benghalensis

 
 

Commelinaceae

Commelina erecta

 
 

Zingiberaceae

Costus afer

 
 

Rubiaceae

Crossopteryx febrifuga

mp

SZ

Araliaceae

Cussonia arborea

mP

SZ

Vitaceae

Cyphostemma adenocaule

Lmp

AT

Caesalpiniaceae

Daniellia oliveri

mP

SZ

Annonaceae

Denettia tripetala

np

GC

Fabaceae

Desmodium velutinum

Ch

PRA

Caesalpiniaceae

Detarium microcarpum

mP

S

Caesalpiniaceae

Dialium guineense

mP

GC

Dioscoreaceae

Dioscorea burkilliana

Lge

 

Dioscoreaceae

Dioscorea sp

Lge

S

Ebenaceae

Diospyros mespiliformis

mP

SZ

Melastomataceae

Dissotis fructicosa

 
 

Arecaceae

Elaeis guineensis

mP

GC

Asteraceae

Emilia coccinea

 
 

Mimosaceae

Entada africana

mP

SZ

Mimosaceae

Entanda abyssinica

mp

AT

Papilionoideae

Eriosema griseum

Ch

SZ

Papilionoideae

Eriosema griseum

Ch

SZ

Caesalpiniaceae

Erythrophleum suaveolens

mP

AT

Moraceae

Ficus exasperata

mp

AT

Moraceae

Ficus ingens

mp

SZ

Moraceae

Ficus lyrata

mp

I

Moraceae

Ficus ovata

mp

GC

Moraceae

Ficus sur

mp

SG

Flacourtiaceae

Flacourtia indica

 
 

Euphorbiaceae

Flueggea virosa

 
 

Clusiaceae

Garcinia ovalifolia

mp

SZ

Rubiaceae

Gardenia aqualla

np

SZ

Rubiaceae

Gardenia ternifolia

np

Pal

Tilliaceae

Grewia barteri

mp

SG

Tilliaceae

Grewia pubescens

mP

GC

Tilliaceae

Grewia venusta

np

S

Tilliaceae

Grewia villosa

 
 

Simaroubaceae

Hannoa undulata

mP

GC

Clusiaceae

Harungana madagascariensis

mp

GC

XI

Apocynaceae

 

Holarrhena floribunda

mP

AT

Lamiaceae

Hoslundia opposita

mp

PA

Euphorbiaceae

Hymenocardia acida

mp

SZ

Caesalpiniaceae

Isoberlinia doka

mP

SZ

Ochnaceae

Jasminum dichotomum

 
 

Rubiaceae

Keetia cornelia

mp

SG

Rubiaceae

Keetia multiflora

 
 

Rubiaceae

Keetia venosa

mp

SG

Meliaceae

Khaya grandifoliola

mP

GC

Meliaceae

Khaya senegalensis

mP

SZ

Apocynaceae

Landolphia hirsuta

mP

T

Anacardiaceae

Lannea acida

mP

PRA

Anacardiaceae

Lannea barteri

mP

PRA

Sapindaceae

Lecaniodiscus cupanioides

mp

GC

Verbenaceae

Lippia multiflora

np

SG

Fabaceae

Lonchocarpus cyanescens

mp

AT

Fabaceae

Lonchocarpus sericeus

mp

GC

Ochnaceae

Lophira lanceolata

mP

SZ

Cucurbitaceae

Luffa acutangula

 
 

Euphorbiaceae

Macaranga barteri

 
 

Sapotaceae

Malacantha alnifolia

mp

GC

Anacardiaceae

Mangifera indica

mP

I

Sapotaceae

Manilkara multinervis

mp

AT

Euphorbiaceae

Margaritaria discoidea

 
 

Celastraceae

Maytenus senegalensis

mP

SZ

Moraceae

Milicia excelsa

 
 

Dipterocarpaceae

Monotes kerstingii

mp

SZ

Rubiaceae

Morinda lucida

mp

AT

Papilionoideae

Mucuna poggei

 
 

Musaceae

Musa sp

 
 

Ochnaceae

Ochna membranacea

 
 

Ochnaceae

Ochna schweinfurthiana

 
 

Flacourtiaceae

Oncoba spinosa

mp

GC

Opiliaceae

Opilia amentacea

Lmp

GC

Commelinaceae

Palisota hirsuta

mp

 

Pandanaceae

Pandanus candelabrum

 
 

Chrysobalanaceae

Parinari curatellifolia

MP

GC

Mimosaceae

Parkia biglobosa

MP

Pal

Mimosaceae

Parkia filicoidea

 
 

Sapindaceae

Paullinia pinnata

Lmp

AA

Rubiaceae

Pavetta corymbosa

 
 

Fabaceae

Pericopsis laxiflora

 
 

Lauraceae

Persea americana

 
 

XII

Arecaceae

 

Phoenix reclinata

 
 

Euphorbiaceae

Phyllanthus muellerianus

 
 

Caesalpiniaceae

Piliostigma thonningii

mp

S

Araliaceae

Polyscias fulva

mP

SZ

Sapotaceae

Pouteria alnifolia

MP

I

Mimosaceae

Prosopis africana

mP

SZ

Clusiaceae

Prosospermum senegalense

 
 

Proteaceae

Protea madiensis

np

GC

Meliaceae

Pseudocedrela kotschyi

mP

S

Fabaceae

Pterocarpus erinaceus

mP

SZ

Fabaceae

Pterocarpus santalinoides

mp

AT

Arecaceae

Raphia sudanica

mP

SZ

Anacardiaceae

Rhus natalensis

np

GC

Connaraceae

Rourea coccinea

np

AT

Apocynaceae

Saba comorensis

Lmp

GC

Dracaenaceae

Sansevieria liberica

 
 

Euphorbiaceae

Sapium ellipticum

mp

GC

Rubiaceae

Sarcocephalus latifolius

mp

AT

Polygonaceae

Securidaca longepedunculata

np

AT

Smilacaceae

Smilax anceps

G

AT

Solanaceae

Solanum erianthum

 
 

Solanaceae

Solanum torvum

 
 

Anacardiaceae

Spondias mombin

mp

T

Sterculiaceae

Sterculia setigera

mp

SZ

Sterculiaceae

Sterculia tragacantha

mP

AT

Bignoniaceae

Stereospermum kunthianum

mP

SG

Logoniaceae

Strychnos innocua

mp

SZ

Logoniaceae

Strychnos spinosa

mp

AM

Myrtaceae

Syzygium guineense

mP

AT

Combretaceae

Terminalia glaucescens

mp

SZ

Combretaceae

Terminalia laxiflora

mP

S

Combretaceae

Terminalia macroptera

mP

S

Combretaceae

Terminalia superba

MP

GC

Dilleniaceae

Tetracera alnifolia

Lmp

GC

Sterculiaceae

Theobroma cacao

 
 

Balanophoraceae

Thonningia sanguinea

 

GC

Ulmaceae

Trema orientalis

mp

GC

Meliaceae

Trichilia emetica

mp

SZ

Euphorbiaceae

Uapaca guineensis

mP

AT

Euphorbiaceae

Uapaca heudelotii

mP

AT

Euphorbiaceae

Uapaca togoensis

mP

AT

Annonaceae

Uvaria Chamae

mp

PRA

Asteraceae

Vernonia amygdalina

 
 

XIII

Sapotaceae

 

Vitellaria paradoxa

mP

S

Verbenaceae

Vitex doniana

mP

AT

Verbenaceae

Vitex madiensis

np

SZ

Verbenaceae

Vitex simplicifolia

 
 

Apocynaceae

Voacanga africana

mp

GC

Rutaceae

Zanthoxylum zanthoxyloides

mp

SG






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