THE UNVERSITY OF YAOUNDE I
*******
UNIVERSITE DE YAOUNDE I
*******
CENTRE DE RECHERCHE ET DE
FORMATION DOCTORALE
EN
SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES
*******
POST GRADUATE SCHOOL
FOR
SOCIAL AND HUMAN SCIENCES
*******
UNITE DE RECHERCHE ET DE
FORMATION DOCTORALE
EN
SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES
*******
DOCTORAL RESEARCH UNIT
FOR SOCIAL AND
HUMAN
SCIENCES
*******
DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE
DEPARTMENT OF SOCIOLOGY
LES REPRESENTATIONS SOCIALES DES CAMPAGNES DE
SOINS
ET DE SANTE GRATUITS DANS LES AIRES-URBAINES
CAMEROUNAISES DE SANTE PRIORITAIRE
:
. Le cas du quartier Briqueterie
Mémoire présenté et soutenu en
vue de l'obtention du diplôme de
MASTER en Sociologie
Option :
Population et développement
Par
Mama Nourdi
MOUNGOUM
Licence en sociologie
Sous la Direction du
Pr Jean NZHIE ENGONO Professeur
d'Université
Septembre 2018.
II
DEDICACE
Puisse ce mémoire être un élément de
motivation afin que je persévère dans mes études.
III
REMERCIEMENTS
La poursuite de ce mémoire est un long cheminement
rigoureux, mais exaltant d'un point de vue académique et humain. Donc
arrivé à son terme, on ne peut que rendre grâce à
DIEU, mais aussi remercier toutes les personnes qui de
près ou de loin ont contribué à rendre ce travail
possible.
Je pense très particulièrement à :
- Mon encadreur, le professeur Jean NZHIE ENGONO, chef du
département de sociologie qui, malgré ses multiples occupations a
pris la peine de diriger ce travail. Ses conseils, sa rigueur
méthodologie, ses suggestions et son sens critique confirme la
qualité de ce travail ;
- Tous les enseignants du département de sociologie et
d'anthropologie trouvent dans ce travail scientifique l'expression de notre
profonde cordialité ;
- L'ensemble du personnel médical de l'aire de
santé de Yaoundé Briqueterie, les responsables de DLMP et PEV
puis nos divers informateurs ;
- Mes frères, soeurs, neveux et nièces
(Saïda, Rafika, Iffat, Cheriffa, Ittr, Nafi, Adjmal, Fadil, NIEN
Fadimatou), qui m'ont soutenu financièrement et même moralement
durant tout mon parcours scolaire. De ce fait, je pense très
sincèrement au couple MBOUOMBOUO Ousmanou. MFONKA Amidou et KOUOTOU
Abdoulaye. Ces remerciements vont aussi à l'endroit de NJAPDOUNKE
Nafissatou, AYAMAGEMI Zenabou, POUNFOUN Koletou, MOULIOUM Mohamed, NJIKAM
Zakari, ESSAMA Patrick, PEMPEME Issiaka, la famille PATOUOSSA André,
MOUAFON Amadou et bien d'autres ;
- Tous mes camarades et ami(es) pour leur soutien moral, leur
utile suggestion et leurs encouragements tout au long de notre recherche.
- Enfin à tous ceux qui ont contribué de quelque
ce soit à l'élaboration de ce travail trouvent ici l'expression
de notre gratitude. Je pense très spécialement à NJANKOUO
POKAM Samyra qui m'a soutenu de façon particulière. J'implore le
tout puissant pour qu'il nous soutienne éternellement dans notre
mission. Merci pour tout.
iv
SOMMAIRE
DEDICACE ii
REMERCIEMENTS iii
ABREVIATIONS, SIGLES ET
ACRONYMES. v
LISTE DES PHOTOS vi
RESUME vii
ABSTRACT viii
INTRODUCTION GENERALE 1
PREMIERE PARTIE : PROMOTION DES CAMPAGNES DE SOINS ET
DE SANTE
GRATUITS AU CAMEROUN 23
CHAPITRE I : LA POLITIQUE DE GESTION DES
CAMPAGNES DE SOINS ET SANTE
GRATUITS AU CAMEROUN 24
CHAPITRE II : LA STRATEGIE PRATIQUE DE LA
VACCINATION ET DE LA
SENSIBILISATION DE SOINS ET DE SANTE GRATUITS 43
DEUXIEME PARTIE : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DES
CAMPAGNES DE
SOINS ET DE SANTE GRATUITS AU CAMEROUN 62
CHAPITRE III : LE REGARD DE LA POPULATION
LOCALE (Yaoundé-Briqueterie) 63
CHAPITRE IV : LE JEU SOCIOCULTURELS DANS LES
AIRES DE SANTE-URBAINES : cas
de la Briqueterie. 80
CONCLUSION GENERALE 99
BIBLIOGRAPHIE. 110
ANNEXES 117
TABLE DES MATIERES 132
V
ABREVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES
CSSG : Campagne de Soin et de Santé
Gratuits.
DROS : division de recherche professionnelle
en santé.
EDS : Enquête démographique et
de santé
GIVS : Vision Stratégique pour la
Vaccination.
JNV : journée nationale de
vaccination.
LCQCRS : Laboratoire de Contrôle
Qualité- Centres de Recherche Scientifique.
MILDA : Moustiquaire Imprégnée
à Longue Durée d'Action.
MINA : Ministère de l'administration
territoriale.
MINPLADAT : Ministère de
l'économie, de la planification et de l'aménagement du
territoire
MINSANTE : Ministère de la Sante.
ODD : Objectif du Développement
Durable
OMS : Organisation Mondiale pour la
Santé.
ONU : Organisation des Nations Unies.
PAM : programme alimentaire mondiale.
PEV : Programme Elargi de la Vaccination.
PMI : Protection maternelle et infantile
PNLP : Programme National de Lutte contre le
Paludisme.
PNUD : Programme des nations unies pour le
développement
SSS : Session de Santé Sectorielle.
VPO: Vaccin anti Polio Oral.
DLMP : Direction de lutte contre les maladies
et pandémies.
VPO : vaccin anti rougeoleux.
LISTE DES PHOTOS
vi
Photo n° 1 : Tableau de formation 46
Photo n° 2 : Formation JNV 46
Photo n° 3 : Opération de
marquage de maison 48
Photo n° 4 : Le centre de santé
notre dame la merci : paroisse de la briqueterie. 51
Photo n° 5 : La journée nationale
de la vaccination : campagne de masse. 53
Photo n° 6 : Glacière de
conservation. 54
Photo n° 7 : Les médicaments :
vitamines et mebendazole 54
Photo n° 8 : Imam praticien au «
MAKARANTAN » 83
Photo n° 9 : « Balade perd temps
» sur les rues de la briqueterie. 88
Photo n° 10 : Un accueil
désintéressé 90
Photo n° 11 : Vaccination contre la
rougeole et la rubéole. 91
Photo n° 12 : L?insalubrité
à la briqueterie 96
VII
RESUME
Le présent mémoire de master II en sociologie
intitulé « les représentations sociales des campagnes de
soins et de santé gratuits dans les aires urbaines-camerounaises de
santé prioritaire. Le cas du quartier Briqueterie » est une
analyse sociologique des facteurs expliquant les dynamiques qui engendrent la
réticence de cette population auprès des campagnes de soin et de
santé gratuits.
Avec le contexte de globalisation, chaque peuple se
prémunit des valeurs propres garantissant son identité. Mais ces
valeurs n'excluent pas la médecine moderne qui, à travers les
campagnes de soin et de santé gratuits fait des propositions pour
soutenir la couche sociale sur la question de santé.
Pour explorer le regard complexe des individus et le dynamisme
dans les aires-urbains de santé prioritaire au sujet des campagnes de
soin et de santé, nous avons porté notre choix sur le cas du
quartier Briqueterie. Le point de départ était une question
principale sur le jeu des représentations sociales sur la dynamique et
l'efficacité des campagnes au soin et à la santé chez les
résidents du quartier Briqueterie à Yaoundé. Cette
question principale a été suivie de de quatre questions
secondaires portant sur les facteurs déterminants des réticences
puis les types des réticences et son impact sur la population.
La recherche documentaire et la recherche de terrain nous ont
permis de répondre à ces interrogations. L'enquête de
terrain, a été conduite en ayant recours à l'observation
directe, l'entretien approfondi, et les discussions des groupes. Nous avons
adopté l'échantillonnage stratifié.
L'interprétation des données collectées, a
été faite à la lumière des différentes
perspectives théoriques notamment la théorie culturelle
interprétative, la théorie des représentations sociales et
la théorie de l'individualisme méthodologique.
Les résultats auxquels nous sont parvenus, montrent que
la crise, les menaces du climat politique, l'analphabétisme,
l'ignorance, la pauvreté, la désinformation ont
véritablement construit l'attitude des réticences face aux
campagnes de soin gratuit et bien d'autres programmes de lutte contre les
épidémies et les pandémies.
Mots clés : campagnes gratuites de
santé, soins de santé, représentations sociales, aire de
santé.
Key words: free health, care campaigns, care and
health, social representation, area of health.
VIII
ABSTRACT
The present memory of master II in sociology titled «the
social representations of the free campaigns of care and health in the
Cameroonian urban areas of priority health. The case of the district
Briqueterie» is an analysis of the factors explaining the dynamics that
generate the reticence of this population within the campaigns of free care and
health.
With the context of globalization, every people must protect
of the clean values guarantee his/her identity. But these values must not
exclude the modern medicine, through the free health care campaigns made the
propositions to sustain the social layer on the question of health.
To explore the complex, look of the individuals and the
dynamism in these urban-areas health care campaigns of the priority care and
health, we have carried our choice in the case of Briqueterie. The point of the
departure was a main question of the social representations on the dynamics and
the efficiency of the campaigns to the care and to health at the quarter
Briqueterie. This main question has been followed by the two secondary
questions the determining factors of reticence?s the types of reticences and
his/her/ impact on the population.
The research has permitted us to answer these questions. The
investigation on land has brought us driven as having resorts to the direct
observation, the deepened interview, and the groups discussions. The
interpretation data collected, has been made by different theoretical
perspectives notably the interpretative cultural theory, the theory of the
social representations and the theory of the methodological individualism.
The results to which we arrived show that the crisis, the
threats of the political climate, illiteracy, ignorance, poverty,
disinformation has constructed the attitude of reticences truly facing the
campaigns of free care and lot of other programs that fight against the
epidemics, pandemics.
LISTE DES TABLEAUX
ix
Tableau 1 : Tableaux d?arrimage des objectifs de
la stratégie sectorielle de la santé aux
objectifs du développement durable. 31
Tableau
2 : Tableau représentant la réaction de quelques
internautes Facebook au sujet des
CSSG 59
Tableau 3 : Personnes interrogées et leur
niveau de vie 66
INTRODUCTION GENERALE
A/ Constat et présentation du sujet
Tout d'abord, pour accompagner le Cameroun dans la mise en
oeuvre de sa politique nationale de la vaccination des enfants susceptibles de
faire une certaines variétés des maladies évitables, l'OMS
a depuis 2016 fourni à l'Etat camerounais un financement important (2059
milliards) pour éradiquer ces maladies (la polio, la rougeole, la
rubéole...). Mais l'enquête menée découvre que
64% des enfants vivant à Yaoundé et à Douala n'ont pas
été vaccinés1.
Ensuite, la vaccination est une des mesures les plus efficaces
pour prévenir certaines maladies de l'enfant. « Malgré
une complétude vaccinale administrative depuis 2011, les districts de
villes de Douala et Yaoundé enregistrent le plus grand nombre d'enfants
non vaccinés »2. Les raisons de cette faible
complétude vaccinale sont mal connues.
Par ailleurs, ces campagnes de sensibilisation, de vaccination
sont le plus souvent confrontées à des nombreuses
difficultés auprès des résidents du quartier Briqueterie.
Ceci à cause des considérations diverses dont les logiques
d'explications restent précaires. Mlle YIPOU nous précise que
« les parents ici cachent toujours leurs enfants quand ils nous voient
arriver en chasuble jaune et blanc »3.
En plus de la mortalité infantile assez
considérable en Afrique et au Cameroun, l'analyse scientifique
révèle une inquiétude sur la question de la santé.
Le cas du paludisme, de la rougeole, de la rubéole naissante et d'autres
maladies dont sont victimes les africains. Ceux-ci n'ont pas toujours une
solution adéquate dans l'« ethnomédecine » vu qu'elle
n'apporte toujours pas de solution à l'éradication de ces
dernières. Le paradoxe ici c'est le refus ou encore le rejet du
programme de ces campagnes gratuites qui viennent proposer des solutions
à ces maux.
Ensuite, s'agissant du paludisme, il y'a de cela bientôt
deux ans déjà écoulés, que même
l'enregistrement pour les moustiquaires imprégnées à
longue durée d'action auprès de cette population a connu des cas
de refus farouches. Or la disposition ou la morphologie de ce quartier reste
attractive aux moustiques. Car l'insalubrité semble encore la «
chose la mieux partagée » dans plusieurs secteurs de ce quartier.
Ce qui est plus remarquable jusqu'ici c'est la confusion qu'implique cette
population entre l'aide et la pression dominatrice des dirigeants
1 L'OMS au Cameroun, rapport annuel 2016 : pour
une meilleure santé de la population.
2 ONGOLO ZOGO Pierre et all. Facteurs
influençant la persistance de nombre élevé d'enfants non
incomplètement vaccinés à Douala et Yaoundé,
2016. Rapport de recherche
3 Raphie YIPOU, entretien du 24/07/1017.
3
(campagne politique) ou encore de l'extérieur
(méthode secrète de contamination et cause de la
stérilité).
De ce fait, en tant que chercheurs nous devrons alors
démontrer ici le jeu des représentations sociales sur la
dynamique et l'efficacité des campagnes de soin et de santé
gratuits en s'intéressant des réticences et du rejet qui sont
farouches.
B/ Le problème
Au Cameroun, la couverture vaccinale anti rougeoleuse (VAR) et
bien d'autres épidémies telles que la poliomyélite, le
paludisme, la rubéole reste inférieure aux exigences
recommandées par le Plan d'Action Mondial (PAM) pour les vaccins. Le
pourcentage minimal (90% de couverture par district de santé) dont
l'organisation mondiale de la santé (OMS) recherche à travers PAM
n'est pas toujours respecté. Nous constatons la persistance ou la
recrudescence des épidémies (poliomyélite, rougeole, ...).
Cet état de chose met à nu des insuffisances, des manques de
fiabilités des « données de couvertures vaccinales de
routine »4 et dans la mise en oeuvre de qualité des
activités de la campagne gratuite de la vaccination proprement dite.
En outre, le rapport de l'Organisation Mondiale de la
Santé et l'espérance de vie en Afrique ont toujours
été défaillants, faibles, par rapport à d'autres
régions du globe. D'après le rapport du secrétariat lors
de la « soixante dixième assemblée mondiale de la
santé sur la planification de la poliomyélite
»5, les deux cents soixante-dix million d'enfants
d'âges préscolaires et six cents million d'enfants
d'âge scolaire habitent dans des régions où la transmission
des parasites est intense. L'urgence est d'accélérer le programme
de lutte contre les maladies évitables. Malgré l'effort
déployé par les Organisations Non Gouvernementales (ONG
santé) pour éradiquer ces maladies à travers les campagnes
de soin et de santé gratuits, la commission n'arrive pas toujours
à atteindre la couverture vaccinale des enfants enregistrés. Lors
de notre long séjour en tant qu'agent sensibilisateur et vaccinateur,
nous avons observé des rejets violents et brusques auprès de la
population de la Briqueterie.
A Yaoundé, certains districts de la capitale en
l'occurrence de l'hôpital de DJONGOLO accuse plutôt un
progrès à rebours malgré l'effort déployé
pour l'éradication de maladies évitables à l'instar de la
poliomyélite, la rougeole et autres. L'objectif fixé était
approximativement atteint (90%) en 2009. Mais ce pourcentage va
immédiatement chuter à
4 www.National/planing/cyl.org.Cameroon. Plan
Action 2014. Programme élargie de vaccination au Cameroun.
5 Rapport du secrétariat. Planification
de la transition pour la poliomyélite. Soixante dixième
assemblées mondiales de la santé. Point 12.3 de l'ordre du jour
provisoire. A 70/4 add.1 du 19 mai 2017.
« soixante-neuf pour cent (69%) 6en 2011
» et on va comptabiliser vingt-trois cas et un décès.
Puis ces statistiques vont alors s'améliorer en dents de scie.
Ainsi le district de la Cité Verte détermine le
record avec 55,7% d'enfants incomplètement vaccinés en
2016. Dans les aires de santé, la prévalence des enfants
incomplètement vaccinés variait entre 15,1% et 61,8% avec un
record à Ekoudou-Briqueterie (61,8%) suivi de la Carrière avec
(58,5%)7.
En 2015, «après la cérémonie du
lancement officielle du vaccin polio virus »8, injectable
présidé sous la houlette du ministre de la santé publique
André MAMA FOUDA, de nombreux cas des malades victimes de polio virus
ont toujours été enregistrés dans les années
suivantes même dans la capitale politique du Cameroun. Dès lors il
se pose un problème de s'interroger si ce sont les nouveaux vaccins qui
font peur. Puisque ceux qui sont disponibles ont du mal à s'imposer
auprès des populations bénéficiaires.
Le quartier Briqueterie fait partie des aires de santé
ayant une faible performance à la vaccination. Nous retrouvons ici que,
de janvier 2018 à juillet de la même année, le VPO et RR
effectifs n'ont pas atteint 70% contre 80% à Biyam -Assi. Et, les 5 cas
de rougeole puis les 7 cas de fièvre jaune découverts avant le
deuxième trimestre de l'année 2018 lancent un sonnet d'alerte sur
les pratiques de la vaccination et les campagnes gratuites dans cette aire de
santé.
C'est ainsi que le MINSANTE multiplie des programmes des
campagnes gratuites pour non seulement la sensibilisation (paludisme) sur la
question de la santé mais aussi beaucoup plus la vaccination des enfants
mineurs exposés à ces variétés de maladies
(poliomyélite, rougeole, rubéole, ...). L'aire de santé de
la Briqueterie est confrontée aux rejets farouches et même parfois
violents lors des campagnes de soins gratuits. Ce qui ne favorise pas
l'imprégnation de la couverture de soin dans cette zone pourtant au
centre-ville et la population en souffre des maladies évitables.
6. Couverture vaccinale et facteur
associé au non complétude vaccinale des enfants de 12 à 23
mois du district de santé de Djongolo- Cameroun 2012. Pan Afr Med
en 2014
7 ONGOLO ZOGO, opot cit.
8 MAMA FOUDA Pierre André. Interview Ministre
de la santé publique du Cameroun. 15 juillet 2015.
5
C/ La problématique
L'élaboration d'une problématique de recherche,
vue comme étant « la recherche ou l'identification de ce qui
pose problème »9 demande au chercheur de mettre en
exergue en amont, l'état des connaissances ou de production sur le
problème qu'il veut étudier. Ceci permet d'éviter au
chercheur, le risque de répéter des recherches déjà
faites et surtout de réinventer la roue « en aval, il s'agit
pour le chercheur de donner le front d'attaque à partir duquel il va
élaborer ou aborder le fait qu'il va effectivement traiter dans sa
recherche »10 . En fait, un examen de la
littérature sur les programmes et les sensibilisations au soin et
à la santé montre que plusieurs auteurs se sont
intéressés par le passé sur la question de la santé
en Afrique noire comme HOUETO. D11 qui, dans ses travaux sur la
promotion de la santé en Afrique subsaharienne nous montre la
nécessité voire l'importance des vaccins pour améliorer le
système sanitaire dans cette zone. Par la suite, BOUZEKO. R va
dégager dans ses travaux de recherches, les représentions
sociales des méthodes préventives du paludisme au Cameroun. C'est
ainsi qu'ils vont s'appesantir sur la promotion, les méthodes de lutte
au travers les compagnes gratuites au soin et à la santé. Avec
cette panoplie de littérature sur la santé, nous avons
l'obligation d'emboiter le pas de SIMON pour qui, « Dans quelques
domaines du social ou l'on s'aventure, nous ne sommes jamais sur terre vierge,
mais dans des territoires depuis longtemps parcourus en tous sens. Nous mettons
forcement le pas dans ceux de nos devanciers »12.
Les articles et les rapports de l'OMS permettent de comprendre
l'effort de cette macro institution pour renforcer le bien-être. A part
les maladies prises en charge par le PEV, le paludisme cause et continue de
faire les hécatombes en Afrique subsaharienne. Entre 2000 et 2012, le
taux de morbidité par le paludisme dans le monde avait baissé de
45% dans toutes les classes d'âges et de 51% chez les enfants de moins de
cinq ans. Si le taux de diminution ou de baisse était maintenu en 2015,
le nombre de décès au paludisme aurait baissé de 56% dans
toutes les tranches d'âges et de 63% chez les enfants de moins de cinq
ans. Voilà pourquoi le rapport des soixante Àseptième
assemblées de l'OMS apporte de l'éclairage dans les
9L. Olivier, G Bedard et J. Ferron,
l'élaboration d'une problématique de recherche : sources,
outils et méthode, paris le Harmattan 2005.P24.
10 L. Olivier G Bédard et J. Ferron idem p
78
11 HOUETO, la promotion de la santé en
Afrique subsaharienne : Etat actuel des connaissances et besoins d'actions.
Promotion et éducation. 2008.
12-Simon op cit G. Beauchamp « fièvre
d'hier, paludisme aujourd'hui vie et mort d'une maladie » in annale
Economics sociétés, civilisations 43eme année,
1988.PP249-275
6
procédures de l'OMS dans l'optique de réduire le
taux de mortalité et de morbidité lié à l'agent
vecteur du paludisme.
L'OMS lors de la « soixante-dixième
assemblée mondiale de la santé » du 19 Mai 2017
détaille les opportunités de la vaccination notamment celle la
poliomyélite est importance. Cet effort de l'OMS dans le but de
renforcer la vaccination dans les régions en développement
rencontre des obstacles pour éradiquer la poliomyélite qui
continue à faire des ravages dans les pays pauvres.
Dans cet élan, elle doit atteindre l'objectif
d'éliminer la rougeole et la rubéole naissante. De ce fait, le
programme de l'OMS dans la gestion des situations d'urgences sanitaires passe
donc en revue les principales capacités des pays
bénéficiaires pour « situation d'urgence et la riposte
».
ABOUI Séraphin met à nu «
l'étude des déterminants des réticences à la
vaccination contre la poliomyélite au cours des journées
nationales de vaccination dans la zone sanitaire ZOGBODOME BOHICON ZA-KPOTA
(Benin)13 » qui fait ressortir une catégorie de
réticences en Afrique subsaharien. De ce fait, il démontre les
facteurs associés à la réticence ou refus de la
vaccination par les parents des enfants de 0 à 5 ans.
Le mémoire de Yannick Donald NGOUO DJOUMESSI soutenu en
octobre 2005 intitulé : « les représentations sociales
et usages des moustiquaires imprégnées chez la population d'AHALA
à Yaoundé : une approche socio-anthropologique de la lutte contre
le paludisme » nous explique clairement les facteurs de
réticences de cette population et leur comportement auprès des
MILDA qui ne leurs sont pas propres »14 nous explique
clairement les facteurs de réticences de cette population et leur
comportement auprès des MILDA qui ne leurs sont pas propres. La
consultation des articles et les rapports de l'OMS nous ont permis de
comprendre l'effort de cette macro institution pour renforcer le bien
être. A part les maladies prises en charge par le PEV, le paludisme cause
et continu de faire les hécatombes en Afrique subsaharienne. Entre 2000
et 2012, le taux de morbidité par le paludisme dans le monde avait
baissé de 45% dans toutes les classes d'âges et de 51% chez les
enfants de moins de cinq ans. Nous comprenons par-là que si le taux de
diminution ou de baisse était maintenu
13 HOUI Séraphin, « l'étude des
déterminants des réticences à la vaccination contre la
poliomyélite au cours des journées nationales de vaccination dans
la zone sanitaire ZOGBODOME BOHICON ZA-KPOTA (Benin)13 »
de novembre 2005.
14 NGOUO DJOUMESSI Yannick, les
représentations sociales et usages des moustiquaires
imprégnées chez la population d'AHALA à Yaoundé :
une approche socio-anthropologique de la lutte contre le paludisme.
Mémoire, 2015.
en 2015, le nombre de décès au paludisme aurait
baissé de 56% dans toutes les tranches d'âges et de 63% chez les
enfants de moins de cinq ans. Voilà pourquoi le rapport des soixante
Àseptième assemblées de l'OMS apporte de
l'éclairage dans les procédures de l'OMS dans l'optique de
réduire le taux de mortalité et de morbidité lié
à l'agent vecteur du paludisme
Il convient dès lors de préciser a priori que ce
thème abordé n'est pas inédit. En ce sens qu'il s'inscrit
indiscutablement à la suite de nombreuses investigations sur la question
de la santé en Afrique.
Ici, il s'agit de montrer comment les représentations
sociales des occupants de ce quartier jouent sur les campagnes de soin et de
santé initiés par les pouvoirs publics. Il est également
important d'expliquer les origines des réticences de cette population
mieux encore les facteurs déterminants le rejet des soins gratuits. Il
est aussi important de souligner que si pour certains les compagnes gratuites
au soin et à la santé ont une importance dans la garantie de la
santé ou dans la limitation des risques de maladies évitables,
pour d'autres c'est un tabou insensé. Ceci relève de leur
imagination de leur façon de percevoir la campagne de soin et de
santé gratuits. Or cette promotion en collaboration avec le MINSANTE,
cherche à remplir la condition première de leur rôle qui
stipule que « tous les peuples du monde ont droit d'accéder au
meilleur état de santé possible »15
D/ Questions de recherche
Question principale de recherche
La question principale de recherche est centrée sur ce
regard dont les habitants du quartier Briqueterie portent sur les campagnes de
soin et de santé gratuits proposées par l'Etat camerounais et
l'OMS. Elle est formulée ainsi : quel est le jeu des
représentations sociales sur la dynamique et l'efficacité des
campagnes de soins et de santé gratuits chez les résidents du
quartier Briqueterie ?
Questions secondaires de recherche
Quels sont les savoirs et les perceptions voire les
représentations construites par la population de
Yaoundé-Briqueterie au sujet des campagnes de soin et de santé
gratuits ?
15OMS. 1981. Stratégie mondiale pour la
santé pour tous d'ici l'an 2000. Genève OMS. Série «
santé pour tous » n°3
8
- Quelles sont les moyens de réticences ou de rejets du
programme des soins gratuits dans ce quartier ?
- Quelles sont les compétences des agents sensibilisateurs
et vaccinateurs convoqués ?
- Quelles sont les actions des représentations
médiatiques sur responsabilité de l'acceptation ou le rejet
à des campagnes de soins et de santé gratuits ?
E/ Objectif général
Notre investigation nous permettra de parcourir le secteur de
la Briqueterie pour mieux cerner les mobiles explicatifs du manque d'engouement
autour des campagnes de soin et de santé gratuits. Car malgré
l'effort déployé par l'OMS en collaboration avec le MINSANTE dans
l'optique de lutter contre le taux élevé de mortalité en
général et infantile en particulier tout en tenant compte de la
situation précaire de la population, cette zone au travers les
différentes représentations, adopte des comportements de
réticence face aux soins et de santé gratuits proposé par
l'Etat.
Objectifs spécifiques
Pour être précis dans cette étude, nous
nous fixons des objectifs spécifiques qui découlent de l'objectif
général. Ainsi, les objectifs spécifiques de cette
étude sont les suivants :
- Expliquer les principaux facteurs culturels qui engendrent
la réticence au programme des campagnes de soins et de santé
gratuits.
- Montrer les stratégies d'éducation et de
sensibilisation sur la question des campagnes de soins et de santé
gratuits.
- Faire ressortir l'image des agents de terrain et influence des
TIC sur les CSSG.
F/ Les hypothèses de recherches
? Hypothèse principale
En termes de réponse éventuelle on pourrait
considérer de façon générale que le
phénomène récurrent de répulsion à la
campagne gratuite est dû à des facteurs sociaux d'une part et
d'autre part à des facteurs culturels et politique.
? Hypothèses secondaires
Premièrement, les produits de la médecine
moderne dans son ensemble viendraient détruire les africains. Ce
seraient une sorte de manipulation pour non seulement valoriser
9
davantage l'hégémonie occidentale mais aussi une
sorte d'aliénation politique. Le fait de s'enregistrer, ce serait voter
pour le parti au pouvoir.
Deuxièmement, les agents mobilisateurs et vaccinateurs
de terrain ne seraient pas pertinents et manqueraient de pédagogie
adéquate pour convaincre la population.
Troisièmement les campagnes gratuites seraient aussi
considérées comme une promotion de marchandage caché.
F/ La méthodologie
Tout d'abord, la méthode, d'après Lalande, est
« une préconception du plan à suivre »16
1992-624. C'est la démarche nécessaire pour parvenir à
l'appréhension et à la compréhension de l'objet
d'étude spécifiée. Scientifiquement, elle n'est ni
donnée ni immédiatement acquise ni figée, elle est
plutôt construite au même titre que le fait scientifique. Elle
participe à des contextes évènementiels et des dynamiques
socioculturelles des acteurs. La méthode est astreinte aux mouvements
conjoncturels. Alors la méthodologie est selon NZHIE ENGONO Jean, «
un ensemble d'idées directrices qui orientent l'investigation
scientifique. »17
Dans le cadre de cette étude pour mieux le saisir, deux
théories seront mobilisées.
? La théorie culturaliste.
Le culturalisme est un courant de l'anthropologie et plus
globalement des sciences sociales .Né aux Etats-Unis sous l'impulsion
principale de RUTH Benedict18, MAGARET Mead et bien d'autres. Il
tente une description de la société sous les points de vue
conjugués de l'anthropologie et de la psychanalyse. Cette observation
permet de mettre en évidence l'influence prépondérante de
la culture et des habitudes culturelles d'éduction sur la
personnalité de base. Cette grille de lecture s'intéresse
à la relation existante entre l'homme et la culture. Elle nous permet de
montrer comment les campagnes de soin et de santé gratuits
aperçues comme l'innovation aliénante trouvent de la peine
à s'enraciner auprès des habitants de Yaoundé briqueterie.
Dans ce quartier de la ville de Yaoundé, le poids de la religion, de la
tradition, des croyances prend le dessus sur l'éducation « valeurs
éducatives modernes ». Cette population est socialisée
à partir du respect rigoureux des normes et valeurs traditionnelles au
détriment de toute autre considération, s'il faut parler de la
médecine
16 LALANDE André, vocabulaire technique et
critique de la philosophie. Paris, PUF. 1926
17 Séminaire d'épistémologie
année académique (soc 551) 2016-2017
18 RUTH Benedict, patterns of culture,
University Columbia press, New York, 2005. P. 180.
0
moderne. Le culturalisme cherche à rendre compte de
l'intégration sociale de ces individus et les mobiles explicatifs du
comportement réfractaire aux différentes campagnes de soins et de
santé gratuits dans ce milieu.
? La théorie des représentations
sociales
La représentation sociale est un mode de connaissance.
Dans un groupe social donné, la représentation d'un objet
correspond à un ensemble d'informations, d'opinion, de croyances
relatives à cet objet.
Ainsi l'objet de représentation sociale doit être
absent de toute orthodoxie. Autrement dit, il ne doit pas servir une
idéologie ou des systèmes scientifiques qui, d'après
MOLINER Pascal, « gèlent » le dynamisme de la
représentation sociale. On n'en conclut que c'est donc en l'absence
d'instances idéologiques, scientifiques de contrôle que les
représentations sociales peuvent émerger. D'après ABRIC
1987, « la représentation sociale est alors le produit et le
processus d'une activité mentale par laquelle un groupe reconstitue le
réel auquel il est confronté et lui attribue une signification
spécifique »19
La théorie des représentations sociales
émerge grâce aux recherches de Serge MOSCOVICI. Car la
théorie des représentations sociales marque un tournant dans la
compréhension de la pensée et des pratiques sociales. Cette
notion découle de notion de représentation collective
énoncée par DURKHEIM. Alors MOSCOVICI Serge dans ses travaux
avance l'idée selon laquelle l'individu ne conçoit pas les objets
sociaux sur la base d'une réalité objective, mais sur la base
d'une réalité collectivement et socialement construite. C'est
pourquoi il pense qu'un : « un système de valeurs, de notions et de
pratiques relatives à des objets des aspects ou des dimensions du milieu
spatial, qui permet non seulement la stabilisation du cadre de vie des
individus et des groupes, mais qui constituent également un instrument
d'orientation de la perception des situations et d'élaboration des
réponses ».
Dès lors, il apparait clairement que la
représentation sociale est construite à partir de
l'expérience quotidienne des acteurs sociaux. S'il faut parler comme
JODELET, c'est une « forme de connaissance socialement
élaborée et partagée ayant une visée et concourant
à la construction d'une réalité commune à un
ensemble social ».20
19 ABRIC Jean Claude « l'étude
expérimentale des représentations sociales >' in JOLDELET
les représentations sociales, Paris, PUF, 1999 pp 187-203.
20 JODELET Denis. « Représentations
sociales : phénomènes concepts et théories >'
in Serge MOCOVICI : psychologie sociale, Paris, PUF, 1984.
Là, les représentations sociales sont donc un
ensemble organisé d'opinions, de croyances, d'attitudes se
référant à un objet ou à une situation. Elles se
construisent à partir de nos expériences, nos savoirs, nos
manières de penser qui se réfèrent aux coutumes, la
communication, la socialisation.
En ce qui concerne notre travail de recherche, les
représentations sociales sont ici considérées comme une
interprétation qui doit servir la compréhension des logiques et
des croyances développées par les acteurs sociaux sur les
campagnes de soin et de santé gratuits chez les résidents du
quartier Briqueterie.
Voilà pourquoi cette population rencontre des
difficultés dans l'acceptation des campagnes gratuites aux soins et
à la santé. Car leur statut cognitif leur permet
d'appréhender les aspects de la vie ordinaire par un recadrage de leurs
conduites à l'intérieur des interactions sociales.
A travers ce courant, nous voulons montrer qu'il existe des
savoirs et des perceptions socialement construites qui constituent un obstacle
pour des campagnes de soins et de santé gratuits à
intégrer de façon considérable dans leur mode de vie.
Autrement dit, leur manière de sentir, d'agir, et même de penser
visible dans leur comportement. Cette théorie des représentations
sociales nous a permis la compréhension des motivations profondes
liées à la réticence.
? La théorie de l'individualisme
méthodologique
Cette théorie énonce que :
Pour expliquer un phénomène social qui
conque que celui-ci relève de la démographie, de la science
politique, de la sociologie ou toute autre science sociale particulière,
il est indispensable de reconstruire les motivations des individus
concernés par le phénomène en question et
d'appréhender ce phénomène comme le résultat de
l'agrégation des comportements individuels dictés par ces
motivations21.
19 BOUDON Raymond, « l'individualisme
méthodologique dans les sciences sociales », dans P. BIRNBAU
et J. LEGA (eds) SUR l'individualisme. Cité par Philippe CORCUFF dans
les nouvelles sociologies, Paris, Nathan, 1995, P.16.
Les individus sont donc considérés comme des
atomes de base de l'analyse de processus sociaux et collectif envisagé
comme simple résultat des activités individuelles. Ainsi, ce sont
ces motivations qui intéressent le sociologue.
Les motivations des habitants de la Briqueterie à
Yaoundé sont inscrites des logiques propres à leurs sentiments
pris individuellement. Chacun participe à la construction des
réticences aux campagnes de soin et de santé gratuite en donnant
son avis propre puisé dans ses penchants et ses réflexions
personnelles. La théorie de l'individualisme méthodologique va
alors nous permettre de comprendre les raisons personnelles qui expliquent
leurs comportements de ces images autour des campagnes gratuites.
H/ Technique et collecte des données
Partant de la quête d'une bonne compréhension, la
sociologie s'appuie sur des instruments méthodologiques rigoureux lui
permettant d'accéder à des connaissances scientifiques des faits
sociaux. Ainsi, une technique de collecte de données a pour mission
d'adhérer à la réalité sociale à
étudier. Voilà les raisons pour lesquelles pour étudier
notre thème nous avons opté pour des techniques qualitatives de
collecte de données sur le terrain des phénomènes visibles
ou cachés pour la compréhension en profondeur. Henri
MENDRAS22, lui il pense que, une technique sociologique doit
être congruente avec la réalité sociale qu'elle essaie
d'étudier. Ainsi, pour recueillir les données relatives à
notre thème de recherche nous avons pris en compte la recherche
documentaire, l'observation directe et les entretiens.
Le choix de la méthode se trouve au coeur des
préoccupations du chercheur. La méthode permet d'aborder la
dimension empirique du travail de recherche. Madeleine GRAWITZ définit
la méthode comme « l'ensemble des démarches à
travers lesquelles une discipline cherche à atteindre les
vérités qu'elle poursuit, les démontre et les
vérifie »23.
Ce travail a été abordé selon une
approche qualitative inductive. La méthode qualitative
s'intéresse à la signification des phénomènes et
autorise une information riche et variée. L'auteur ici cherche à
comprendre mieux encore à décrire ce phénomène.
Elle est spécifiquement indiquée pour aborder cette étude.
Cette dernière vise en effet la description et la compréhension.
Il s'agit en d'autres termes de comprendre comment et pourquoi ces
22 MENDRAS Henri, Elément de
sociologie, Paris, Armand Colin. 1967. P 74.
23 GRAWITZ Madeleine, Méthodes des sciences
sociales, Paris, Dalloz, 11ème édition, 2001.
3
images autour des campagnes de soins et de santé
gratuits dans les aires- urbaines camerounaises notamment à
Yaoundé briqueterie.
L'approche qualitative permet alors l'obtention des
informations dans un secteur où rien n'est connu au sujet de
problème étudié et permet la contextualisation et
l'adaptation aux théories nouvelles et innovantes étant d'une
grande flexibilité. Les informations révélées lors
de recherches qualitatives donnent lieu à une analyse de contenu. Cette
méthode est appropriée lorsqu'il est question de rechercher des
informations de dégager les sens de ce qui est dit ou de ce qui est
contenu dans le discours en faisant des regroupements et des synthèses.
Comme l'explique QUIVY Raymond et CAMPENDHOUT Van Luc « le choix des
termes utilisés par le locuteur, leur fréquence et leur mode
d'agencement, la construction du `'discours `' et son développement
constituent des sources d'informations à partir desquelles le chercheur
tente de construire une connaissance »24.
L'analyse de contenu nous offre alors la possibilité de
traiter de manière méthodique des informations qui
présentent eu égard à notre objet d'étude un
certain degré de profondeur. WACHEUX25 identifie trois
états de l'analyse de contenu : la catégorisation,
l'inférence des significations du discours par des relations du type-
cause-à-effet et l'interprétation qui est déterminé
par les questions des recherches. Ceci du fait qu'un travail de recherche
sociologique exige des hypothèses de départ soient
confrontées aux réalités de terrain. Pour satisfaire cette
exigence à laquelle le sociologue ou encore le chercheur en sciences
sociales est astreint, nous avons utilisé dans le cadre de ce travail
trois techniques de collecte des données de terrain à savoir :
l'observation directe, l'observation documentaire et l'entretien.
I/ La technique qualitative
Pour mener cette étude, l'approche utilisée a
été essentiellement qualitative. Certes les approches
quantitatives ont permis de quantifier les phénomènes sociaux
pour leur apporter une certaine forme de compréhension comme le nombre
de cas de rejet à la vaccination contre le paludisme la rougeole, la
rubéole et même la poliomyélite. Mais une grande partie
échappe toujours à la quantification. C'est pourquoi la
méthode qualitative va nous a permis au travers l'observation directe de
comprendre la motivation se rapportant à ces images vis-à-vis des
campagnes de soin et de santé gratuits de ladite population.
? L'entretien
24 QUIVY Raymond, et Van Campenhoudt, Luc., Manuel
de recherche en science sociale, Paris Dunod, 1995.
25 WACHEUX Frédéric, Méthode
qualitative et recherche en gestion. Económica ,1996
L'entretien de recherche est « une forme de
communication établie entre deux personnes ayant pour but de recueillir
certaines informations concernant son objet précis » ou
encore, « un dispositif de face-à-face ou un enquêteur a
pour objectif de favoriser chez un enquêté la production d'un
discours sur un thème défini dans le cadre d'une recherche
».
L'entretien est alors une technique de collecte des
données en science sociale qui consiste en « une tête-
à- tête orale entre deux personnes»26.
Rodolphe GHIGLION et Benjamin MATALON27 nous
apprennent clairement trois différents types d'entretien : non directif
(ou libre), semi-directif et directif ou standardisé. Mais ce qui nous a
intéressé pour notre travail c'est l'entretien semi-directif.
Les arguments nécessaires qui ont fondé notre choix
se justifient par le fait que :
? L'enquêteur connait tous les thèmes sur
lesquels il doit obtenir des réactions de l'enquêté ;
? L'existence d'un schéma d'entretien ;
? Le questionnement est ouvert : la formulation et l'ordre des
questions sont fixées, mais l'enquêté peut répondre
autant qu'il désire.
? L'entretien semi-directif est approprié pour
approfondir comment et pourquoi ce regard complexe de la communauté
locale autour des campagnes gratuites
. Ce qui nous a permis de créer une atmosphère
de causerie systémique et systématique dans le but de comprendre
en profondeur les motivations qui se rapportent aux images et
représentations construites autour des campagnes de soi, et de
santé gratuits chez les résidents de la Briqueterie.
? L'entretien semi-directif
Pour Magali BOUDON, l'entretien est une des techniques les
plus fréquemment utilisées pour collecter les données
qualitatives.
« L'entretien est une discussion formelle entre un
interviewé et une personne choisie spécifiquement pour partager
cette instance conversationnelle et discursive. L'idéal de cette
discussion est de diversifier les profils. L'entretien se déroule sous
forme de conversation orientée vers un but.
26P. NDA, op.cit., p88.
27 GHIGLION Rodolphe et MATALON Benjamin, Les
enquêtes sociologiques. Théoriques et pratiques, Paris,
Armand colin, 1991. Page 11.
5
Ici, le sociologue pose certaines questions qui vont orienter
l'entretien. Cela lui permet d'obtenir plus précisément les
informations qu'il recherche ou qu'il cherche à connaitre. C'est une
méthode qui vise non seulement une plus grande efficacité en
termes d'échanges orientés, mais aussi permet de conserver
néanmoins la dimension qualitative.
Selon Robert WEIL et Jean Pierre DURAND28, cette
technique de l'entretien consiste à provoquer une conversation
réglée entre un enquêté et un enquêteur muni
des consignes et le plus souvent d'un guide d'entretien. Ce guide se
présente sous la forme d'une liste des questions ou thèmes, qui
doit obligatoirement être abordée au cours de l'opération,
soit spontanément (parce que l'enquêté en parle de
lui-même au cours de la séance), soit sur la demande expresse de
l'enquêteur.
? L'observation Documentaire
Dans son ensemble le document peut être
considéré comme tout objet matériel et immatériel
susceptible de porter une information. Il peut être écrit ou non
écrit.
De même, l'observation documentaire est une
méthode d'analyse rigoureuse des documents. Cette technique documentaire
renvoie à « toute source de renseignement déjà
existante à laquelle le chercheur peut avoir accès. Ces documents
peuvent donc être des sources sonores (disques), visuels (dessins)
audiovisuels (films), écrits ou des objets (insignes, vêtements,
monuments) »29.
Dans le cadre de cette étude, nous avons pu observer
des documents écrits tels que les livres, les articles, les revues, les
journaux, les rapports, les sites internet, les Mémoires etc. Nous
devons également insister sur les ouvrages généraux mais
avec un accent sur les ouvrages spécialisés. C'est ce qui
permettra de mieux circonscrire notre problématique de recherche.
La documentation demeure un préalable dans le processus
de recherche. C'est un véritable point commun chez plusieurs auteurs vu
son importance pour la réalisation d'un schéma scientifique.
Selon BEAUD Stéphane et FLORENCE Weber s'exprime au sens de la
pertinence de la documentation et la lecture en ces termes :
Vos lectures doivent vous permettre de nous poser les
premières questions ou plus exactement de poser des nouvelles questions
à une réalité sociale changeante elle-même.
Il
28 WEIL Robert et Jean Pierre DURAND, sociologie
contemporaine, Vigot, collection essentielle 1986.
29 N'da Paul. Méthodologie de la
recherche /, problématique à la discussion des
résultats. Edition université de côte d'ivoire,
Abidjan, 2002. P. 35.
6
vous faut préparer votre enquête
c'est-à-dire vos documenter pour divers types de lectures, vous
approprier un minimum de connaissances qui vous serons directement utiles.
30
Toujours dans cet ordre d'idée pour renchérir la
place centrale de la documentation chez le chercheur, CRIBIER François
et FELLER d'Elise nous également que :
La lecture d'une enquête par un autre chercheur
à l'époque même de la collecte même peut lui
permettre de voir les choses auxquelles l'auteur collecteur n'a pas
prêté attention. Pour l'auteur, une nouvelle lecture quelques
années plus tard conduit à un autre regard sur ce qui a
été dit parce que le temps et les questions qu'on pose se
déplacent. Enfin l'intérêt de ces enquêtes, la
richesse de ce qui a été observé dépasse souvent le
projet pour lequel elles ont été menées. De sorte qu'elles
pourront être utilisées pour étayer des
problématiques différentes voire inattendus.31
? L'observation directe
D'après FERREOL Giles, l'observation est la «
constatation d'un fait à l'aide des moyens d'investigation
appropriés »32. L'observation directe quant
à elle, technique d'enregistrement et de description est une
observation. Elle favorise l'accès et l'imprégnation
immédiate aux actes et même aux objets.
Selon ARBORIO Anne Marie et FOURNIER Pierre, «
l'observation sur le terrain porte d'abord sur les pratiques sociales qui
s'y déploient, qu'elles soient gestuelles ou
verbales».33De ce fait, la descente sur le terrain nous
permettra davantage de fouiller les informations relatives au facteur de
réticences motivées par le regard complexe de cette
communauté. Dans cet ordre d'idée, ce même auteur en
insistant sur l'importance de terrain pour le chercheur, il précise que
:
« Dans l'observation du sociologue, (...) c'est son
intention qui en fait sa spécificité : rechercher ce que la
pratique doit à l'immersion de son auteur dans le monde social et ce qui
nous dit de son fonctionnement. »34
30 BEAUD Stéphane et WEBER Florence, Guide
de l'enquête de terrain, Paris, la découverte. P 40
31 CRIBIER François et FELLER d'Elise, Projet de
conservation des données qualitatives des sciences sociales, Paris,
CNRS-EHESS, P. 13
32 GILES FERREOL ET PHILIPPE DEUBEL.
Méthodologie des sciences sociales. Paris, Armand colin.
Collection « cursus » 1993.
33 ARBORIO Anne Marie et FOURNIER Pierre, Les
enquêtes et ses méthodes. L'observation directe, Paris Armand
colin, 2005. P. 45.
34 ARBORIO Anne Marie et FOURNIER Pierre, opot cit.P
71
Cette technique permet au chercheur d'évaluer par
lui-même en même temps ce qu'il voit et observe très
méticuleusement. C'est pourquoi, s'intéressant à cette
observation, lui, il pense qu'il :
S'agit de rendre compte de pratique sociale, mettre
à jour ce qui les oriente, ce qui amène les acteurs à leur
donner telle forme. Cela passe par une présentation des dimensions
normatives du contexte pesant sur les pratiques et de la mobilisation des
ressources diverses que déploient les acteurs pour s'en rendre
maître ou pour s'en accommoder.35
L'observation directe ici nous a permis d'être le
photographe des phénomènes. D'après NZHIE ENGONO Jean
citant BERNARD Claude, « l'observateur doit être le photographe
des phénomènes. L'esprit de l'observateur doit être passif,
il écoute la nature et écrit sous sa dictée
».
Nous avons de ce fait parcouru de fond en comble le quartier
Briqueterie de Yaoundé afin de nous servir des instruments de collectes
des données pour recueillir des informations au sujet de ces images.
Cela nous a permis d'analyser en profondeur le fondement du rejet de la
promotion des campagnes de vaccination et de sensibilisation de soins et de
santé gratuits.
J/Technique d'échantillonnage
Par échantillonnage, il faut comprendre le nombre
restreint de personnes, minutieusement choisi pour apporter des informations
crédibles sur le sujet de l'enquête. En d'autres termes, c'est une
technique par laquelle le chercheur choisit une partie représentative de
la population pour déterminer les caractéristiques de l'ensemble
de la population à étudier. Il permet dans une recherche
d'obtenir les informations utiles à la compréhension du
phénomène étudié. De ce fait nous avons
jumelé l'échantillon théorique et l'échantillon
aléatoire.
? Echantillon théorique et
aléatoire
Pour mieux rendre compréhensible les réticences
de résidents de la Briqueterie nous avons opté pour
l'échantillon théorique et aléatoire. Ces techniques nous
ont permis de parcourir de façon pyramidale notre population cible.
C'est dans ce processus que nous avons parcouru la population
générale de ce quartier afin de sélectionner les
répondants de façon aléatoire.
35ARBORIO Anne Marie et FOURNIER Pierre, opot
cit.45
8
Ici, beaucoup de personnes portées à la critique
pourraient se poser la question de savoir qu'est la
représentativité d'un tel découpage au regard de
l'abondance des éléments susceptibles d'intervenir sur cette
problématique. L'échantillon théorique nous a servi
d'aller à la rencontre des décideurs ou des personnes ressources
susceptibles de donner les informations dans le domaine de la santé.
Quant à l'échantillon aléatoire, il a permis de
sélectionner les enquêtés de façon aléatoire
dans le quartier Briqueterie de Yaoundé. Mais cette opération
aléatoire ne doit pas être au sens strict, vu qu'il faut tenir
compte des strates sociales.
K/ Clarification des concepts
La clarification conceptuelle est entendue comme l'une des
parties préalables à toute investigation scientifique. Elle
permet au chercheur en science d'apporter des éclaircissements
nécessaires à la compréhension des mots clé lors
d'une recherche. Cela nous permet d'éviter les confusions et les
mauvaises interprétations des résultats de nos recherches.
C'est toujours en ce sens qu'Emile DURKHEIM dit :
Toute investigation scientifique porte sur un groupe
déterminé de phénomènes qui répondent
à une même définition. La première démarche
d'un sociologue doit donc être de définir les concepts dont il
traite(...) pour que l'on sache bien de quoi il est question c'est la
première et la plus indispensable condition de toute preuve de
vérification36.
Pour ce mémoire, les mots clés qui
nécessitent des clarifications sont les suivantes : ?
Campagne
C'est une « opération qui vise à
transmettre des nouvelles, des informations susceptibles de permettre aux
individus de prendre connaissance d'un fait »37 Autrement dit
c'est un ensemble d'opérations visant à transmettre de
nouvelle.
? Centre de vaccination agrée
Ces sont des formations sanitaires publiques et privées
reconnues par le gouvernement et qui sont autorisées à offrir des
prestations des soins en vaccination38.
36 DURKHEIM Emile, les règles de la
méthode sociologique, Paris, PUF, 1897, p. 34.
37 Monika SAJKOWSKA, Protéger les enfants
contre les châtiments corporels. Edition Conseil d'Europe. 2005.P15
38 BERNARD Bruno et Leticia VIGNEAU, l'export facile
pour les PME et PMI, Edition CCI, SA. 2000.P8
9
? Croyances étiologiques
Ces croyances constituent en des manières populaires ou
sociales de penser et de construire les symptômes, les causes, les modes
de prévention et de traitement des maladies.
? Médecine traditionnelle
Généralement opposée à la
médecine moderne, elle désigne une forme de médecine dite
ancienne, utilisée par les générations antérieures.
Tout peuple quel que soit son degré d'évaluation, connait ou a
connu la médecine traditionnelle. Au regard de ses usages, elle englobe
la naturopathie mais elle comporte une dimension mystique car elle utilise,
surtout en Afrique des canons, des initiés Exemple, les cauris, les
rites de purification, les sacrifices, ... Et, ses praticiens sont
appelés par des termes forts et révélateurs (Voyants,
Malan,).
? Représentations Sociales
Les représentations sociales sont nées du
concept sociologique des représentations collectives
énoncé par Emile Durkheim.
Selon Denise Jodelet, la représentation peut se
définir comme « une forme de connaissance, socialement
élaborée et partagée, ayant une visée pratique et
concourant à la construction d'une réalité comme un
ensemble social »39.
Du latin « repraesentare » le verbe
représenter signifie littéralement « rendre
présent ». Se représenter un objet désigne
cependant l'action de le rendre perceptible au moyen d'une image ou d'un
symbole, ce qui nous permet de concevoir la représentation comme une
symbolique dont le contenu se rapporte à un objet
représenté, nous comprenons aussi qu'il y'a pas de
représentation sans objet. Elle est représentation de quelque
chose d'après Jodelet. La représentation constitue donc une
forme de savoir du type social qui permet au sujet d'illustrer et de
s'approprier son objet.
Elle est cependant une expression sociologique de l'objet par
le sujet. Cet « aspect revoit au caractère constructif,
créatif, autonome de la représentation qui comporte une part de
re-construction, d'interprétation de l'objet et d'expression du sujet
». Jodelet 1989. Ceci renvoie à un acte par lequel le sujet se
rapporte immédiatement à l'objet. Elle devient alors comme un
système d'imprégnation de la réalité dont parle
Abric, 1994. Un peu plus loin, Jodelet réoriente ce concept en disant
que c'est « une forme de connaissance de
39Dénise JODELET, Les représentations
sociales. Paris, PUF, 2003. 454p.P 175
0
connaissance spécifique, le savoir de sens commun,
dont les contenus manifestent l'opération du processus n soin et
à la santé et développe des réticences.
? Vaccin.
C'est un médicament qui aide logiquement à
prévenir une maladie. Les vaccins aident l'organisme à produire
des anticorps. Ces anticorps sont administrés par injection ou par voie
orale. Le point sur les vaccins et la vaccination dans le
monde40. Bibliothèque de l'OM. Sheila Davez. 2004.
PLAN DU TAVAIL
Notre travail s'ouvre par une introduction
générale. Ensuite, deux axes de réflexions
réparties en quatre chapitres structurent notre développement. La
première partie de ce travail s'ouvre sur la promotion de soins et de
santé gratuits au Cameroun. Le premier chapitre de notre travail de
recherche s'intitule la politique de gestion des campagnes de soin et
santé au Cameroun.
S'agissant du deuxième chapitre de cette
première partie, il s'intitule, les stratégies pratiques de
campagnes de soins et de santé gratuits dans l'aire de santé de
la Briqueterie.
La deuxième partie de notre travail de recherche est
titrée, les représentations sociales des campagnes de soins et de
santé au Cameroun. Le troisième chapitre en même temps le
premier de la deuxième partie s'intitule, le regard des habitants de la
briqueterie. Nous avons aussi titré le quatrième chapitre de
notre devoir la conjoncture et la naissance des pistes de réticences aux
CSSG. Et, enfin nous avons terminé par une conclusion
générale.
Plan de localisation
Tout d'abord, il s'agit ici de la capitale politique du
cameroun, siège des institutions et/ ou des hautes décisions sont
prises comme le cas de la validation des campagnes de soins et de santé
gratuits. Bien évidemment, elles sont répandues partout dans le
triangle national
40 Sheila DAVEZ, bibliothèque de l'OM. 2004.
pour jouer en faveur de l'amélioration de la
santé des camerounais en servant de lutte plus précisément
contre les maladies évitables.
Secondairement, l'arrondissement de Yaoundé II qui
habite le quartier Briqueterie et l'un des grands arrondissements de la
capitale. Le quartier Briqueterie dans son
hétérogénéité sur tous les domaines
relèvent une population variée mais prédominée par
les venants du septentrion.
Troisièmement, sur le plan géographique, ce
quartier se limite au Nord par le quartier Messa, au Sud par le quartier
Bastos, à l'Est par le secteur Warda et à l'Ouest par le quartier
Tsinga. Il est traversé par des routes entrecroisées mais
beaucoup des rues et des couloirs étroits dont cette population
empreinte pour vaquer à leurs occupations. Des écoles, des
Eglises et des mosquées surtout sont présentes dans ce quartier.
La carte ci-dessous édifie davantage sa position.
Source : document des campagnes de santé
consulté au Centre de Santé PMI-Brique.
3
PREMIERE PARTIE :
PROMOTION DES CAMPAGNES DE SOINS ET DE SANTE GRATUITS AU
CAMEROUN
« Avant de parler des campagnes gratuites, il faut se
demander pourquoi organise t'-on les campagnes de soin et de santé
gratuits »41 Charles NSANGOU.
41 Dr NSANGOU Charles, entretien du 05/05/2018.
CHAPITRE I :
LA POLITIQUE DE GESTION DES CAMPAGNES DE SOIN ET
SANTE
GRATUITS AU CAMEROUN
La gratuité des soins est une activité
très importante pour assainir la couche non seulement vulnérable
mais aussi toute la couche sociale en cas de riposte à une
épidémie et bien d'autres maladies pandémiques. C'est une
activité qui vise à améliorer les conditions de vie de la
population par le biais de la réduction et le contrôle des
maladies évitables. Les CSSG permettent de « couvrir une
très grande cible »42. L'OMS en collaboration avec
le MINSANTE, qui met sur pied des unités de services de santé
telle que le PEV qui cherche à réduire l'incidence des
épidémies et d'éradiquer totalement d'autres qui nuisent
à la santé notamment infantile. La promotion des campagnes de
soin et de santé gratuits permet de renforcer l'immunité
collective chez les individus. C'est pourquoi il est nécessaire au
Cameroun d'organiser les campagnes de ripostes pour les cas des maladies comme
le tétanos et les campagnes de suivi pour réduire l'incidence des
maladies telles que la polio et bien d'autres. Ce faisant, notre chapitre I
présente la politique de gestion des campagnes de soins et de
santé gratuits à partir des campagnes, de l'historique et des
paramètres dans le cadre des soins de santé.
I- Historique et présentation des campagnes
gratuites au Cameroun
A partir de la seconde moitié du XIX ème
siècle, le monde connait une prodigieuse transformation qui se poursuit
encore de nos jours. Les savants dans leurs recherches ont multiplié des
découvertes et des inventions et celle-ci ont profondément
modifié la condition de vie de l'homme. C'est ainsi que LOUIS PASTEUR
découvre le microbe et les moyens de lutte comme le vaccin. Sa
découverte a permis la prévention des certaines maladies de la
petite enfance et les maladies évitables. D'où l'importance de
mettre sur pied des campagnes des vaccinations
généralisées et même gratuites de la population,
surtout « pour les enfants issus des familles les plus démunies
»43 ou encore des familles dont la précarité
est la chose la mieux partagée.
42 Dr NSANGOU Charles, PEV, entretien, du
05/05/2018.
43 Dr AYISSI NKO Georges, DLMEP, Entretien du
02/05/2018.
5
La population camerounaise est estimée à
vingt-cinq million d'habitants de nos jours d'après les
rapports statistiques du BUCREP, plus de 45% vivent dans les villes. De 1998
à nos jours l'espérance de vie a légèrement
baissé. Cette expérience de vie a quitté de 53ans à
49 ans chez les hommes et de 56ans à 53ans chez les femmes. L'indice de
développement humain classe le Cameroun à la 130ème place
avec un PIB toujours relativement faible. OKALLA Raphael et VIGOUROUX Alain
le44 précisent que l'économie camerounaise a subi
comme celle de tous les pays de la région les revers de la crise
économique mondiale. Les effets de cette dernière se sont
particulièrement aggravés en 1992 avec les opérations
« villes mortes », et les conséquences des plans
d'ajustements structurels conduits sur l'instruction du FMI. De ce fait, l'Etat
a dû faire des licenciements massifs dans les services privés et
même dans la fonction publique. La population dont l'emploi est
maintenue, le salaire était réduit à la baisse deux fois
de suite. La population s'est appauvrie pendant la période 1987-1996 et
la croissance retrouvée n'a pas encore effacé les signes de cette
pauvreté. Les salaires, de nouveau versés
régulièrement, sont restés faibles, et la mise en oeuvre
des réformes du système de santé ne peut être
effective que pour des zones bénéficiant d'aides
extérieures. Le Cameroun comme bien d'autres Etats africains sera
à la recherche des stratégies pour améliorer le
système de santé de sa population.
Il est à noter également que depuis 1990
plusieurs partis politiques sont autorisés à exercer leurs
activités dans le pays. La constitution du 18 janvier 1996 consacre le
principe de décentralisation avec l'organisation du pays en
collectivités décentralisées (régions et communes).
Chaque région est censée être compétente pour
organiser son développement économique, social, sanitaire,
éducatif, culturel et sportif. Cependant, certaines institutions
prévues par la constitution de 1996 n'ont pas encore été
mises en place.
C'est ainsi que des nombreuses reformes seront faites dans le
cadre d'améliorer la condition de santé. L'Etat Camerounais a
alors pensé rapidement de mettre en place plusieurs réformes du
système de santé en gardant comme cadre général le
développement des soins à partir de la promotion des campagnes de
soin et de santé gratuits. Cette politique attire les bailleurs de fonds
internationaux qui financeront des projets de développement sanitaire
dans toutes les régions du Cameroun.
Voilà pourquoi dans les années 1989, on assiste
à la mise sur pied d'une direction de la médecine
préventive pour améliorer la politique nationale de santé
partant de résolution
44 OKALLA Raphael et VIGOUROUX Alain, «
CAMEROUN : de la réorientation des soins primaire plan national du
développement », Article publié en Mars 2006.
6
internationale et des expériences nationales ou encore
de la population bénéficiaire. Inscrit dans un document
intitulé « déclaration nationale de la politique de soin
de santé primaire », elle est entrée en vigueur en
1993.
En plus, lors de la conférence d'Alma Ata en union
soviétique en septembre 1978, les représentants du gouvernement
et d'organismes non gouvernementaux, s'étaient fixés pour
objectifs « santé pour tous en l'an 2000 ». Pour y
parvenir, on devrait faire appel à toutes les ressources
médicales disponibles. La déclaration d'Alma Ata, pose alors les
bases historiques de la politique officielle. Elle encourage seulement les
méthodes efficaces sur la base d'expériences
médico-scientifiques. Cette déclaration va s'intéresser
beaucoup plus aux enfants car les plus jeunes représentent jusqu'ici la
cible importante. En Afrique par exemple, plus de 90% des 300 à 500
millions des cas de paludisme qui surviennent chaque année dans le monde
selon les estimations touchent des africains principalement des enfants de
moins de 5 ans, mais la plupart adopte déjà des meilleures
politiques de traitement par des campagnes gratuites que propose l'OMS. Depuis
1986 d'après le rapport de l'OMS, in the Health of the people:
African regional health report:
La plupart des pays africains réalisent des
progrès satisfaisants sur les maladies évitables de l'enfant. La
poliomyélite est en passe d'être éradiquée et la
couverture par la vaccination anti rougeoleuse atteint ou dépasse 37%
des pays de la région. Le nombre de décès de la rougeole a
diminué de près de 50% depuis 1999 et au cours de la seule
année 2005,75 millions d'enfants ont été vaccinés
contre cette maladie45.
C'est ce qui permet de voir sur le plan historique le travail
effectué et l'effort à fournir pour améliorer la
santé des jeunes enfants d'Afrique et au Cameroun en particulier.
De même, la vaccination et la sensibilisation, dans
l'optique de réduire et même d'éradiquer les maladies sont
aussi reconnues comme une des mesures les plus efficaces pour prévenir
la mortalité, la morbidité et les complications des maladies
infectieuses chez les enfants. D'après le rapport de l'OMS, on estime
qu'environ trois millions de décès sont évités
chaque année dans le monde grâce à la vaccination et
à la sensibilisation, on éloigne près de 750.000 enfants
de souffrir de sérieux handicaps physiques, mentaux ou neurologiques.
Dans les années 1974, l'OMS avait lancé un
programme de la vaccination mondiale connu sous le nom de Programme Elargi de
la Vaccination(PEV) comme l'une des méthodes
45 OMS, Rapport de l'OMS, in the health of the people:
African regional health report. 1986.
mieux encore des interventions en santé primordiale
pour s'éloigner davantage de la morbidité et la mortalité
infantile. Le Programme Elargi de la Vaccination a alors pour but de vacciner
les enfants, de faire disparaitre les maladies, les épidémies
dans la société.
En plus de l'amélioration de la santé et
particulièrement la santé infantile, la vision et la
stratégie mondiale élaborées par l'OMS pour l'Afrique
envisagent un monde dans lequel chaque enfant, adolescent et adulte dispose
d'un accès équitable aux services de vaccination. Elle recommande
également que l'on atteigne « un taux de couverture vaccinale
nationale d'au moins 90% dans tous les pays et d'au moins 80% dans chaque
district 46».
I-1 La santé et son fonctionnement
L'organisation du système de santé camerounais a
été définie à nouveau en 1989 par le
Ministère de la Santé Publique par le décret
N°89/011. Le Ministère de la Santé Publique est garant de la
conception et de la mise en oeuvre de la politique en matière de
santé. A ce titre, il élabore les stratégies de mise en
oeuvre de la politique de santé; assure l'organisation, le
développement et le contrôle technique des services et des
formations sanitaires publics et privés ; contrôle l'exercice des
professions des professionnels de la santé, assure la tutelle des ordres
professionnels correspondants et des organismes de santé publique ;
élabore et met en oeuvre le plan de formation des personnels en service
au Ministère de la Santé Publique ; concourt à la
formation et au recyclage permanents des personnels des corps de la
santé publique ; gère les établissements publics
sanitaires ; concourt à la promotion de la coopération en
matière de santé ; gère la carrière des agents
publics en service au Ministère de la Santé Publique ;
prépare la solde et les accessoires de solde desdits agents ; veille au
respect de la carte sanitaire nationale et à sa mise à
jour47
I-2 Les CSSG : une nécessité pour
réduire la mortalité et la morbidité
Après de nombreuses années des campagnes de
soins et de santé gratuits ininterrompues dans le monde, celles-ci sont
à la croisée des chemins. Grâce aux efforts des
gouvernements, les campagnes de soin et de santé gratuits aident chaque
années 2,5 millions d'enfants. Mais dans les pays en
développement, 30 millions de mineurs ne sont pas toujours
protégés et, parmi eux, 11 millions meurent tous les ans à
cause des maladies parfaitement évitables. Pour cela, WIILLIAM FOEGE
dira : « Je ne connais aucune autre initiative qui ait
46 5éme session du comité
régional de l'OMS 2006-2015.
47 Deuxième enquête sur le suivi des
dépenses publiques et le niveau de satisfaction des
bénéficiaires dans les secteurs de l'éducation et de la
santé au Cameroun. Rapport rincipal volet santé. Décembre
2010.
8
laissé un héritage aussi important à
l'humanité, avec ses effets aussi profonds et positifs que la
vaccination « »48.
Il continu en démontrant dans qu'elle mesure des
générations d'adultes en bonne santé doivent la vie
à la vaccination, qui les a protégés dans leur enfance
contre les maladies meurtrières.
Par ailleurs jusqu'à présent, d'après les
statistiques des Nations Unies et de l'UNICEF, 30 millions d'enfants ne sont
pas vaccinés avant leur premier anniversaire dans les pays en
développement. Plus de 900.000 enfants chaque année souffrent de
la rougeole (les enfants de moins de 5 ans).
Les enfants du monde entier notamment ceux des pays en
développement doivent bénéficier des avantages de la
science et de l'expérience acquise en matière de la quête
de l'amélioration du domaine de santé. L'OMS, l'UNICEF, le PLAN
et bien d'autres organismes du domaine de santé exerce pour la cause
favorable en l'amélioration de la condition de vie. Ces
différents partenaires en collaboration avec le Cameroun jouent en
faveur de réduction de la morbidité.
Ici la responsabilité généralisée
est de faire en sorte que les maladies telles que la polio, la rougeole, le
paludisme, la rubéole et autres épidémies infantiles
disparaissent. C'est ainsi qu'on va également comprendre que, le
problème de l'accès généralisé de soins et
de santé revêt jusqu'à nos jours une importance
primordiale, ceci notamment dans les pays du tiers-monde où le
problème réel lié au financement tend à exclure ou
encore à délaisser le domaine de soins de santé.
Ici, l'expérience de la mise sur pied d'un mouvement de
sensibilisation ou encore de vaccination mérite un examen attentif.
C'est ainsi que cette mesure devant permettre l'amélioration
s'accompagne d'un effort considérable d'accroissement de l'offre et
d'unification du secteur public de santé, contribuant à
l'état sanitaire de la population. C'est dans cette logique que la
nécessité de disposer de cadres de santé et la
réduction des personnels de l'assistance technique
étrangère à partir de l'indépendance, ont conduit
à la mise en place d'un vaste programme de formation non seulement
à l'intérieur du pays, mais aussi à l'étranger
grâce à des bourses d'études. Parallèlement, il
y'aura des constructions des structures sanitaires aussi bien publiques que
privées. C'est ainsi qu'à partir du début des
48 Dr FOEGE William, Religion and health of the
public: shifting the paradigm. Univers of Michigan 2010.
9
années 1980, guidées par des expériences
de santé communautaire et bien d'autres méthodes liées au
développement de la santé à l'instar des
conférences (Alma Ata, Bamako, Harare) le Cameroun a mis sur pied
plusieurs stratégies pour assurer le développement de la
santé primaire. Raphaël OKALLA et Alain VIGOUROUX précisent
en ces termes :
Le Cameroun a mis sur pied plusieurs réformes du
système de santé gardant comme cadre général le
développement des soins de santé primaire. Cette politique
attirera les bailleurs de fonds internationaux qui financeront des projets de
développement sanitaires dans des régions différentes,
contribuant par là une certaine balkanisation de l'organisation des
soins de santé dans le pays associé à un recul du
rôle de l'Etat. Trois étapes sont identifiables dans le processus
de réforme actuelle pour le renforcement du système de
santé de district : la préparation de la réorientation de
soins et de santé primaire (RSSP) ; la RSSP elle-même et le plan
national du développement sanitaire49.
Cet effort attire les bailleurs de fonds internationaux qui
financeront les projets de développement sanitaire. L'Etat camerounais
également va emboiter le pas en engageant pour le compte du plan de
transition (2017-2018), une somme de 30 milliards et 500 000 000 millions.
Cette somme débloquée devrait servir immédiatement
à « l'éradication totale de la poliomyélite
»50
Cela passe, a souhaité le ministre MAMA
FOUDA51 par la prise de conscience de l'importance de cette
opération, la conduite quotidienne des actions nécessite
l'interpellation de tous les acteurs. Mais l'argent manque. Le budget
prévisionnel de ce plan s'élève à près de
37,5 milliards FCFA l'Etat ne le finance qu'à la hauteur de 5,3
milliards. Le pays est donc fort dépendant du financement
extérieur, ce qui peut concomitamment affaiblir la vaccination de
routine. Face à ce manque de financement, les agents (pouvoirs publics)
en charge de lutte contre la poliomyélite doivent s'appuyer sur les
acquis de la mise en oeuvre du Programme Elargi de la Vaccination.
Pour le cas de la rougeole et la rubéole, ce sont des
maladies causées par des virus bien connus. La rougeole se manifeste par
la température élevée, un nez qui coule, une importance
toux et de la conjonctivite. Pour la rubéole, certaines personnes font
même la maladie sans s'en rendre compte. Mais ces deux maladies peuvent
avoir des conséquences dramatiques chez l'enfant et chez la femme
enceinte qui n'ont pas reçu de vaccin.
49 OKALLA Raphael et VIGOUROUX Alain, «
Cameroun : de la réorientation de soins de santé primaire au
plan nation de développement sanitaire ». Article
publié en Mars 2006
50 MAMA FOUDA André, Discours du ministre de la
santé. Jeudi 19 novembre 2015 à Yaoundé
51 . André MAMA FOUDA, Discours du ministre de
la santé. Jeudi 19 novembre 2015 à Yaoundé
30
D'après MAMA FOUDA, dans certains districts de
santé, on est passé de 40 décès causés par
ces maladies en 2014 à 74 cas en 2015 : « C'est dans l'objectif
de réduire la morbidité et la mortalité insupportable
à ces deux pathologie que le MINSANTE organise sur tout le territoire
une campagne de vaccination préventive avec le vaccin combiné
rougeole rubéole (RR) du 20 au 29 novembre 2015
»52.
Au Cameroun, l'introduction du Programme Elargi de la
Vaccination est également liée à une couche d'enfants
à risque qui comprend des enfants vivant dans des secteurs non
hygiéniques. Des disparités ont été
reportées dans les années 2015 avec respectivement 4,5% et 5,1%
dans la région du centre. Mais le Cameroun est aussi confronté
à des nombreuses d'autres épidémies comme le
choléra, la fièvre jaune, la rougeole, et bien d'autres.
I-3. État de lieu et politique de gestion
L'homme dans son milieu de vie, est confronté aux
problèmes de santé auxquels il tente d'apporter de solutions. Au
fur et à mesure que le nombre de réticence va croissant ou encore
se prolifère, les pays industrialisés développent des
nouveaux vaccins pour éradiquer les maladies naissantes. C'est ainsi que
:
La plus part du budget de l'Etat alloué à la
santé aculé entre 5,5 et7% depuis 2011 au Cameroun, alors la
déclaration d'Abuja préconise 15% des données
publiées par le MINSANTE .Dans le volet des ressources
financières la dépense totale de santé par habitant est de
3400fca/an .Le paiement direct des ménages (70%) étant par
ailleurs jugé « très élevé »S'agissant de
niveau de couverture en santé de la population, et selon les chiffres
officiels, seulement 6,46% de la population camerounaise est couverte par un
mécanisme de protection sociale en santé, la majorité ne
faisant d'aucune dispositif de protection du risque financier ,et continuant de
supporter les dépenses directes de santé à travers le
paiement personnel des soins. Le pays enregistre également une forte
fragmentation de la santé avec taux de mutualisation très faible
(2%), plusieurs dispositifs de gratuité et subventions
dédiés à des cibles ou des maladies spécifiques
mais avec une couverture très limitée53.
Ici nous constatons que ce département
ministériel fonctionne avec un budget relativement faible dans la mesure
où l'allocation des ressources se fait sur une base égalitaire.
Le MINSANTE explique que « 33% de ces dépenses sont
destinées aux fonctions administratives alors que 42% vont aux mutuelles
de la santé avec une redevabilité et une
5252 Journal Cameroun tribune du vendredi 20 novembre 2015.
Consulter le 15 mars 2018 au site Cameroon infos net.
53www. Cameroon info net. Cameroun tribune 30 janvier
2018
3
transparence faible »54. Ces
difficultés significatives vont permettre au gouvernement camerounais
soucieux de la santé de la population de multiplier des contrats avec
les bailleurs de fond pour bénéficier d'une couverture vaccinale,
la protection contre les infections microbiennes et surtout la lutte contre les
maladies infantiles.
La gravité du paludisme qui, sans cesse cause des
hécatombes en Afrique et au Cameroun a permis au gouvernement
c'est-à-dire le ministère de la tutelle de mettre sur pied
successivement des campagnes de distribution des moustiquaires
imprégné MILDA 2011 et en 2016, disons environ cinq ans
après. De ce fait, lors de la deuxième campagne nationale de
distribution, 12,350 millions de MILDA ont été mis à la
disposition des agents distributeurs pour couvrir l'étendue de chaque
région du territoire camerounais. Le ministre de la santé s'est
donc engagé à atteindre la couverture universelle des populations
afin de diminuer d'une manière significative la morbidité et la
mortalité dues au paludisme.
Le partage des moustiquaires ici fait preuve de l'effort du
gouvernement pour bannir le paludisme du triangle national car chaque
circonscription sanitaire bénéficie d'un nombre suffisant des
moustiquaires à distribuer à sa population.
I-4 Une mission de l'Etat camerounais pour sauvegarder le
bien être.
Tableau 1 : Tableaux d'arrimage des objectifs de la
stratégie sectorielle de la santé aux objectifs du
développement durable.
ODD liés à la santé
|
SSS (stratégie sectorielle de santé)
2015- 2027
|
ODD n°3.1 : d'ici à 2030, faire
passer le taux mondial de mortalité maternelle au-dessous de 70
pour 100 000 naissances vivantes.
|
Réduire la létalité hospitalière
et
|
ODD n°3.2 : d'ici à 2030,
éliminer les décès
|
communautaire des maladies
|
évitables de nouveaux nés et d'enfants de moins de
5
|
prioritaires transmissibles et
|
ans, tous les pays devant chercher à ramener la
|
non-transmissibles, la mortalité
|
mortalité néonatale à 12 pour 1 000
naissances vivantes au plus et la mortalité des enfants de moins de 5
ans à 25 pour 1 000 naissances vivantes au plus.
|
maternelle et infanto-juvénile.
|
ODD n°3.3 : d'ici à 2030, mettre fin
à l'épidémie de
|
Réduire l'incidence des maladies
|
SIDA, à la tuberculose, au paludisme et aux maladies
|
transmissibles à l'horizon 2027.
|
54 www.Cameroon info net. Cameroun tribune. 30 janvier
2018.
tropicales négligées et combattre
l'hépatite, les
maladies transmises par l'eau et autres maladies
transmissibles.
|
|
ODD n°3.4 : d'ici à 2030,
réduire d'un tiers, par la prévention et le traitement, le taux
de mortalité prématurée due à des maladies non
transmissibles et promouvoir la santé mentale et le bien-être.
|
Réduire l'incidence/prévalence des
principales maladies non-
transmissibles d'ici 2027.
Réduire létalité hospitalière et
communautaire des maladies
prioritaires transmissibles et non transmissibles, la
mortalité maternelle et infanto-juvénile.
|
ODD n°3.5 : Renforcer la
prévention et le traitement de l'abus de substances psychoactives,
notamment de stupéfiants et d'alcool.
|
Amener la population à adopter les comportements sains et
favorables à la santé d'ici 2027.
|
ODD n°3.6 : D'ici à 2030, assurer
l'accès de tous à des services de soins de santé sexuelle
et procréative, y compris à des fins de planification familiale,
d'information et d'éducation, et la prise en compte
de la santé procréative dans les
stratégies et programmes nationaux
|
Réduire les besoins non couverts en
planification familiale d'ici 2027
principalement chez les adolescents.
|
ODD n°3.8: Faire en sorte que chacun
bénéficie d'une couverture sanitaire universelle, comprenant une
protection contre les risques financiers et donnant accès à des
services de santé essentiels de qualité et à des
médicaments et vaccins essentiels sûrs, efficaces, de
qualité et d'un coût abordable.
|
Réduire les paiements directs des
ménages à travers une politique de financement
équitable et durable.
|
ODD n°3.10 : Appuyer la recherche et la
mise au point de vaccins et de médicaments contre les maladies,
transmissibles ou non
|
D'ici 2027, assurer le développement
de la recherche en santé et la
disponibilité d'une information sanitaire de
qualité pour une prise de décision basées sur les
évidences à tous les niveaux de la pyramide.
|
33
|
D'ici 2027, augmenter la disponibilité
des RTS
|
ODD n°3.11 : Accroître
considérablement le budget de la santé et le recrutement, le
perfectionnement, la formation et le maintien en poste du personnel de
|
de qualité dans 80% des structures sanitaires
|
santé.
|
(Districts de santé, DRSP, Directions techniques
centrales).
|
ODD n°3.12 : Renforcer les moyens dont
disposent
|
|
tous les pays, en particulier les pays en
développement, en matière d'alerte rapide,
de réduction des risques nationaux et mondiaux et de gestion des
risques sanitaires.
|
D'ici 2027, réduire les risques
survenus des maladies à
potentiel épidémique y compris les zoonoses dans au moins 90%
des districts.
|
Source : profil sanitaire analytique. Cameroun.
2018. p. 30.
L'analyse de tableau1 nous permet de comprendre des nouvelles
stratégies et des dispositions mises sur pied pour réduire ou
encore stopper la croissance de la morbidité au Cameroun. Cette mission
de l'Etat camerounais, a précisé Charles NSANGOU, « a
comme but principal de sauver les vies des jeunes Camerounais. En ce sens
l'Etat nous aide »55.
I-4-1. Les campagnes de soins gratuits et le programme
élargi de la vaccination.
Le Programme Elargi de la Vaccination (PEV) est un programme
mondial institué en 197456 pour la lutte contre les maladies
de l'enfance évitables par les programmes de vaccination. Il a pour but
principal, la réduction du taux de mortalité et morbidité
dues aux maladies évitables.
Conformément aux objectifs mondiaux fixés par
l'OMS, le Programme Elargi de la Vaccination a étendu son domaine
d'intervention aux activités de surveillance de la réduction et
d'éradication voire l'élimination de la maladie. Il permet la
mise oeuvre de plusieurs composantes telles que les vaccins, leur traitement et
même leur manipulation. Le PEV, dans le cadre de la mobilisation sociale
s'ouvre à la population dans l'ensemble pour traiter et surveiller les
épidémies. D'où « l'intervention de masse
»57 dont parle Georges AYISSI NKO
55 Dr NSANGOU, PEV, entretien du 05/05/2018.
56
www.PEV.au Cameroun. Mars 2014.
Consulté et téléchargé le 01/02/2018.
57 Dr AYISSI NKO, direction nationale de lutte
contre les épidémies et les pandémies. Entretien du 02 mai
2018. 57 Dr GEORGE NKO, DLMEP, entretien du 02/05/2018.
3
De nos jours le Programme Elargi de la Vaccination fait face
à des nouveaux défis tels que la réalisation
d'activité de vaccination supplémentaire ou campagnes gratuites
de masse (Journée Nationale de Vaccination) et le maintien des
couvertures vaccinales grâce à la stratégie d'Atteindre
Chaque District (ACD) ou aires de santé.
Le PEV au Cameroun a vu le jour en 197658.
Depuis le mois d'août 2002, ce programme fonctionne au niveau central
sous la responsabilité d'un groupe technique (GTC) rattaché au
cabinet du ministre de la santé publique. Ceci pour lui conférer
une bonne visibilité permettant d'avoir un impact positif sur l'atteinte
de ses objectifs.
a) Objectif du PEV dans le cadre d'éradiquer les
maladies évitables
Selon « la Vision et Stratégie pour la Vaccination
» (GIVS) le Programme Elargi de la Vaccination vise au plus tard en 2000
accroitre la couverture vaccinale.
En effet, les pays devront instaurer une couverture vaccinale
d'au moins 90% au niveau nationale d'au moins 80% dans tous les districts ou
entités administratives équivalentes.
Il vise également à réduire la
mortalité de la rougeole. A l'échelle mondiale, la
mortalité due à la rougeole devra diminuer de 90% par rapport au
taux de 2000. Au plus tard en 2015 il devrait maintenir la couverture vaccinale
prévue pour 2010 conformément à l'objectif fixé
aura été maintenue. Le PEV devrait réduire la
morbidité et la mortalité à l'échelle mondiale, les
mortalités infanto-juvéniles dues aux maladies à
prévention vaccinale auront diminué de deux tiers au moins par
rapport au taux des années 2000.
La population cible ici est constituée des «
enfants de zéro à onze mois puis les enfants de zéro
à cinq ans et les femmes »59 dans l'optique de
protéger les enfants contre le tétanos maternel, néonatal,
bref toutes les maladies évitables.
c) Mission du PEV dans les aires-urbains de
santé
Depuis sa création au Cameroun, le PEV vise à
réaliser des projets qui tournent autour de la réduction et de
l'éradication des certaines maladies notamment les
épidémies évitables. Il a comme objectif principal,
réduire la mortalité due aux maladies évitables du PEV et
autres maladies pour lesquelles on dispose de vaccins.
58 www.PEV au Cameroun. Mars 2014. Consulté et
téléchargé le 01/02/2018.
59 Dr NSANGOU, PEV, entretien du 05/05/2018.
35
Ici, il vise alors à assurer une couverture vaccinale
d'au moins 90% pour tous les antigènes du PEV, éradiquer
totalement la poliomyélite, éliminer le tétanos
néonatal, contrôler la rougeole et les autres maladies cible du
PEV. C'est que Charles NSANGOU reprécise que « la mission la
plus importante est aussi de veiller à la santé pour tous.
Puisque dans notre programme, déjà avec trois cas de rougeole, on
parle d'une épidémie. Et cela revient chaque trois
an»60.
I-4-2. La provenance et gestion des vaccins ; objet de
réticence à la briqueterie.
L'étude menée auprès des personnels de la
santé depuis le ministère de la santé publique
dégage le processus et les méthodes qui concourent autour de ce
projet. Il ressort de cette étude que l'estimation des besoins annuels
pour parvenir aux soins des résidents est faite à partir de la
méthode de la population cible. De ce fait, nombreux organismes
internationaux connus sous le nom des ONG-SANTE (Banque Mondiale, Unicef,
Plan...) interviennent avec un pourcentage considérable dans l'optique
de lutter contre les maladies évitables ainsi que l'appui de la nation
Camerounaise. Selon Charles NSANGOU,
Certains pensent que l'Etat camerounais
bénéficie les vaccins gratuitement alors que l'Etat paye. Il paye
chers ces vaccins. Cette année nous sommes à la fin du premier
trimestre et l'Etat est déjà à près de 3 milliards
uniquement pour cette année 2018. Avec cette dépense on risque
d'atteindre cinq milliard avant la fin d'année61.
Nous comprenons dès lors qu'en plus de l'offre
extérieure, l'Etat camerounais contribue pleinement pour l'achat et le
suivi de la santé de la population
Enfin, les campagnes de soins et de santé gratuits au
Cameroun sont avant tout une activité de masse qui consiste à
couvrir l'étendue du territoire sur la question de renforcement du
système de santé. Ces sont des activités de traitement
subdivisées en deux types. Nous avons énuméré les
campagnes de suivi et les campagnes de riposte.
I-4-3. Les types de CSSG au Cameroun.
a) La campagne de riposte au soin et à la
santé.
C'est une campagne conduite par le MINSANTE et L'OMS au sujet
des certaines maladies dont la morbidité est de grande envergure. Cette
campagne permet de faire disparaitre mieux encore, d'éliminer
radicalement ces maladies.
60 Dr NSANGOU, PEV, entretien du 05/05/2018.
61 Dr NSANGOU, PEV, entretien du 05/05/2018.
36
La campagne de riposte de soins et de santé porte
également une mission depuis le niveau mondial d'éradiquer les
épidémies très dangereuses, capable de faire mal à
l'humanité de façon considérable. C'est le cas de la
poliomyélite qui est une épidémie à
l'échelle mondiale. Et compte tenu de sa gravité et sa
capacité de détruire l'homme, la mission de l'OMS en
collaboration avec le MINSANTE est d'éradiquer ce fléau.
L'objectif d'éradication était prévu ici depuis 2010 et
d'après cette prescription, on ne devrait plus parler de la polio.
En effet, l'accomplissement d'éradication de la
poliomyélite fixé en 2010 n'a pas été
respecté. D'après Charles NSANGOU, c'est l'échec de
l'objectif de 2010 qui crée le prolongement d'une nouvelle mission,
celle d'atteindre 2015.
L'année 2015 était alors devenue décisive
pour l'éradication totale de cette maladie évitable. Cependant,
compte tenu des irrégularités, le poliovirus insiste et persiste
au sein des communautés. C'est la raison pour laquelle, grâce
à ces infirmités, le MINSANTE en collaboration avec l'OMS, est
obligé de prolonger la date jusqu'en 2020 pour atteindre cet
objectif.
Avec le cas de la rougeole qui est également une
maladie à haut risque de contamination, l'Etat s'insère
aussitôt dans le processus d'éradication de cette maladie. De ce
fait, cette campagne est organisée tous les trois ans pour
permettre de prévenir la rougeole chez les enfants, étant
donné que la rougeole fait partir des plus contagieuses des maladies
infectieuses. Selon Charles NSANGOU, « comme nous sommes en 2018 et
c'est l'année de l'épidémie de rougeole on aura l'autre en
2021. Présentement il y'a déjà des cas dans la
région septentrionale de notre pays »62.
L'alliance Etat, GAVI, L'UNICEF détiennent comme
priorité l'organisation et la diffusion. Ainsi, vivre avec ce genre
d'épidémie n'est pas favorable pour le Cameroun étant
donné que la population camerounaise est essentiellement jeune. C'est
une société de procréation accélérée.
Nous dit Georges NKO AYISSI : « prendre en compte tous les
dispositions nécessaires pour permettre à la couche
vulnérable et non vulnérable de parvenir à une
santé saine »63
62 Dr NSANGOU, PEV, entretien du 05/05/2018.
63 Dr George NKO AYISSI, DLMEP, entretien du
02/05/2018.
La campagne de riposte doit être un conditionnement dans
tous les pays afin d'éradiquer les maladies à haut risque. Car ce
sont ces épidémies qui créent la morbidité
très élevée.
Dans ce cas, le Cameroun soucieux de sa jeunesse qui,
d'après le dicton « fer de lance de la nation » doit
s'arrimer au processus de lutte contre les épidémies à
l'instar de poliovirus, la rougeole et bien d'autres. C'est ainsi que, pour le
Dr Charles NSANGOU du PEV, « la découverte d'un seul cas est
déjà un risque car la contamination est très
élevée » Ce sont des maladies qui se transmettent
souvent par voie aérienne lorsqu'une personne infectée tousse,
éternue ou postillonne puis on peut aussi parler des objets
contaminés, comme le cas de la rougeole.
La campagne de riposte demeure alors une meilleure
façon de se protéger contre la rougeole c'est la vaccination.
Alors bien tolérée et gratuite, la vaccination anti-rougeoleuse
(rougeole-oreillons-rubéole) doit déjà être
quasi-automatique chez le nourrisson. On devrait l'appliquer suivant le
calendrier de la vaccination auprès des enfants cibles.
De même la fièvre jaune également est une
maladie virale décrite pour la première fois au milieu du XVI
siècle au YUCATAN au Mexique. Son virus d'après les documents des
laboratoires est appelé virus amaril. C'est un arbovirus transmis par un
insecte vecteur tout comme le paludisme. C'est également une
endémique en Afrique centrale dont loge le triangle national. Cette
maladie (fièvre jaune) est susceptible d'augmenter le taux de
mobilité car elle est vraiment mortelle. Pour alors créer un
couloir de disparition à cette maladie, les études des grands
chercheurs en médecine ont facilité la réduction et le
contrôle de cette maladie.
En effet, la protection contre cette maladie mortelle passe
bien évidement par la vaccination compte tenu de son aspect très
dangereux, le gouvernement camerounais va multiplier les stratégies de
contrôle pour éradiquer ce fléau à travers cette
politique de gestion. Les campagnes de soin et de santé gratuits
arrivent dans l'optique de faire disparaitre la fièvre jaune
regardée sous l'angle d'un mal qui tue les enfants du Cameroun.
b) Les campagnes de suivie
Les campagnes de suivi ici s'enracinent autour du projet de
lutte contre les pandémies, les épidémies qui
créent la morbidité des enfants camerounais. Cette politique avec
la
38
stratégie de lutte à travers la campagne de
suivi, permet à la population locale de se déplacer pour aller
bénéficier la vaccination des enfants au niveau des sites
indiqués. Les sites indiqués ici peuvent être les centres
de santé, les hôpitaux et bien d'autres.
TOTCHUM64 indique l'importante liée à
cette pratique dans l'optique de suivre de façon permanente les
individus ou encore la couche populaire dans ce vaste quartier de la
Briqueterie.
La campagne de suivi donne à la population
l'accès aux soins suivant un mode d'administration soigneusement
établit par l'OMS à travers le PEV. Cette campagne
s'intéresse beaucoup plus à des maladies comme les tétanos
néonatals. Cette maladie a d'abord pour origine un bacille
tétanique (clostridium tetendi) anaérobie qui est
présent dans le sol et dont les pores peuvent pénétrer
dans l'organisme humain. Cette maladie, à l'image de la
diphtérique de tétanos produit une toxine qui passe par les voies
nerveuses pour atteindre la moelle épinière et le cerveau. Au
regard de la dangerosité de celle-ci, le gouvernement (le MINSANTE) va
construire les modes de lutte pour l'éradication mais qui passera par le
contrôle de celle-ci. De ce fait, l'Etat organise des campagnes de suivi
autour du cas. Le malade lui-même est appelé à se rendre
à l'hôpital pour suivre le traitement.
I-4-4. QUELQUES MALADIES VISEES PAR LES CSSG.
D'après Charles NSANGOU, « les campagnes de
soins et de santé gratuits que nous organisons ont pour but de couvrir
une très grande cible ». Ici on relève la rougeole, le
tétanos néonatal, la fièvre jaune, la poliomyélite.
Le paludisme quant à lui est sous la charge du programme nationale de
lutte contre le paludisme. C'est aussi une maladie donc les campagnes gratuites
ont une importance capitale pour assurer l'éradication.
a) Le paludisme dans le programme de CSSG quartier
briqueterie.
Le paludisme est une infection parasitaire transmise par les
moustiques du genre anophèle. Le paludisme, un parasite formé
d'une cellule unique qui se multiplie dans les globules rouges des êtres
humains ainsi que dans l'intestin des moustiques.
Le paludisme peut être humain pour quatre espèces
du parasite plasmodium à savoir : Paludisme falciparum, Paludisme vivax,
Paludisme auréole, Paludisme malaria
64AUBIN TOTCHUM., infirmier médical,
entretien du 22/05/2018. Centre de santé Briqueterie notre dame de la
merci.
39
Vous ne pouvez contracter le paludisme que par une
piqûre de moustique infecté ou par une personne infectée.
Le palu peut-être aussi transmis de la mère au foetus pendant la
grossesse. Comme nous précise Armand AUBIN,
Nombreux cas d'enfants malades ici dans notre centre de
santé sont des nourrissons victimes des transmissions des mères
aux enfants. Vu qu'elles-mêmes ne fréquentent
régulièrement les centres de santé. Surtout lors de la
grossesse qui est même un moment décisif pour se protéger y
compris le foetus65
Cette odieuse maladie se fait ressentir tout d'abord au niveau
de la fatigue et l'élévation de la température. Ces
premiers symptômes sont accompagnés par un appétit
médiocre, une diarrhée, des nausées et des vomissements,
des frissons, des sueurs, des migraines, des poussées de fièvre
forte, une pression artérielle basse courant des étourdissements
lors du passage à la position couchée,
l'anémie.
Selon la médecine moderne, pour traiter cette maladie,
nous devrons dans un premier temps procéder par la prise des
médicaments assignées par un agent du domaine. Les soins
intensifs ne sont pas en reste.
b) Fièvre jaune dans le programme des CSSG au
quartier Briqueterie.
Le virus de la fièvre jaune est transmis à
l'homme par la piqûre de moustique. Après une incubation d'une
semaine, la maladie débute typiquement avec fièvre, frissons,
douleurs musculaires maux de tête. Elle évoque alors une grippe,
une dengue ou un paludisme. La mort survient alors dans 50 à 80% des
cas, après une phase de délire, de convulsions, d'un coma. Toutes
les formes curables entrainent une immunité à vie. Il existe
aucun traitement spécifique contre la fièvre jaune. Hormis la
prévention par vaccination, les seules armes pour combattre la maladie
une fois qu'elle a été contractée, sans le repos la
réhydratation et l'administration de médicaments visant de
limiter la fièvre, les vomissements et la douleur
d) Poliomyélite dans le programme des CSSG au
quartier Briqueterie.
La poliomyélite est bien causée par une
infection appelée poliovirus. Avec des virus très contagieux, la
propagation de cette maladie passe par les nourritures et de l'eau
contaminée par les matières fécales ou encore les
excréments des personnes infectées. D'après le docteur
Charles NSANGOU,
65 Armand AUBIN TOTCHUM, infirmier médical,
entretiens du 22/05/2018. Centre de santé Briqueterie notre dame de la
merci.
0
« La transmission de la maladie d'une personne
à l'autre est très rapide. Cette transmission est faisable sans
apparition des symptômes sur la première c'est-à-dire la
personne contaminée »66.
Responsable de la paralysie du corps cette maladie
présente aussi des symptômes du type grippal. La personne atteinte
peut avoir un mal de gorge, de la fatigue, des nausées, de la
diarrhée, de la fièvre, des vomissements parfois.
Il n''existe pas jusqu'ici de traitement pour soigner la polio
en tant que telle. Mais on relève un traitement par l'alitement, la
prise d'analgésiques et l'utilisation des respirateurs portables.
Compte tenu des complications très
vérifiées au niveau du traitement, le Dr AYISSI NKO rassure
l'importance pour la hiérarchie de continuer dans la perspective de
lutte par les campagnes de prévention en ces termes :
« Les campagnes de vaccination sont
indéniables pour la protection surtout de la population
vulnérable. Cette population qui n'arrive pas à résoudre
les problèmes les plus élémentaires de façon
cordonnée »67
d) Le choléra dans le programme des CSSG au
quartier Briqueterie.
Connu sous le nom de maladie de saleté, le
choléra est une maladie qui provoque une diarrhée importante.
Cette maladie atteint facilement la Briqueterie à cause de
problème de l'insalubrité. Or avec la dangerosité de cette
maladie, elle est susceptible de provoquer le rejet de plusieurs litres de
selles par jours. Il se transmet très particulièrement par un
microbe bien présent dans les selles. Cette maladie grave, parfois
même mortelle, sera donc transmise par tous les objets souillés
par des déjections humaines. Ce péril pose un gros
problème dans les endroits où les conditions d'hygiènes ne
permettent pas d'isoler les selles loin des activités humaines, car il
existe de nombreuses maladies qui se passent par les selles
Pour traiter cette maladie, on doit emmener le patient
immédiatement à l'hôpital selon Charles NSANGOU «
c'est la meilleure solution en vue de son degré de contamination
»68.
I-4-4-1. Dispositions et méthodes des campagnes de
soins et de santé gratuits.
Les politiques de santé mises en place au Cameroun ont
obtenu des résultats non négligeables, mais très en
retrait des OMD après l'échec de la gratuité totale des
soins, mise
66 Dr NSANGOU Charles du PEV. Entrevue du 05 mai
2018.
67 Docteur NKO AYISSI Georges du DLMEP. Entrevue du 02
mai 2018.
68 Dr NSANGOU Charles, PEV. Entretien du
05/05/2018.
en place après les indépendances et celui de
l'initiative de Bamako qui n'est pas parvenue, la question de la
gratuité revient à l'ordre du jour. Celle-ci est donc
appuyée par les ONG sous forme de promotion. Pour en
bénéficier cela, les campagnes gratuites sont des
stratégies favorables en faveur de la population locale vu que la
précarité est prédominante dans cette
société.
Ainsi, le cadre mondial de suivi des maladies non
transmissibles constitue pour l'OMS une structure permettant à celle-ci
d'améliorer ses activités de renforcement des capacités
afin d'aider les pays non seulement à suivre l'ampleur des maladies
prioritaires et de leurs facteurs de risque69, mais aussi
à suivre et à évaluer les progrès accomplis en
appliquant certaines mesures pour endiguer l'épidémie
causées par ces maladies.
De ce fait, le PEV (programme élargie de vaccination) a
été mis sur pied au Cameroun dans les 80. Depuis lors, nombreuses
d'importances ressources ont été mobilisées aussi bien par
les autorités sanitaires (MINSANTE) que les partenaires pour relever les
couvertures vaccinales. Au plan national le ministère de la santé
publique partage dans les journaux télévisés et
écrits l'avenue des agents de santé qui vont d'ailleurs aller
dans les domiciles afin de prévenir et sensibiliser la population sur
l'importance de ces campagnes ou ces vaccinations. C'est ainsi que pour palier
à ces exigences le ministère de tutelle décentralise son
pour pouvoir afin de couvrir l'étendue du territoire national.
Dans les localités, les produits des campagnes de soins
et de santé vont arriver dans les centres sociaux de la santé ou
encore les antennes PMI (Protection Maternelle Infantile) avec les
modalités et les consignes précises venant du ministère.
Ce programme est coordonné par un médecin qui est en charge de
l'aire de santé globale. Car pour qu'un travail soit bien fait il doit
suivre une organisation assez rigoureuse. La délégation de
santé recouvre ici un vaste élément se trouvant en
interaction, regroupés au sein d'une structure régulée,
disposant d'un système de communication pour faciliter la circulation de
l'information et l'élaboration d'un travail serein. C'est ainsi que Mme
MBODO demande aux agents convoqués dans l'après-midi du 10
juillet 2017 en ces mots : « S'il vous plait, salut à tout le
monde. Merci d'être venu. Comme vous le savez bien, on va toujours
travailler en équipe et je veux un travail sérieux vu que les
contrôleurs passeront après nous »70.
69 Soixante septième assemblées de la
santé : Budget programme 2012-2013. Point 20.1 de l'ordre provisoire.
Appréciation de l'exécution ; rapport récapitulatif.
70 Mme MBODO, infirmière. Observation du
10/07/2018.
Cette précision de l'infirmière a pour effet de
contraindre les agents à s'y mettre à fond pour effectuer le
travail avec beaucoup de sérénité.
Le centre de santé en charge du programme des campagnes
gratuites comme le cas de PMI-briqueterie fait appel à des personnes
« qualifiées » pour la sensibilisation et la vaccination par
la suite. Selon MAURY,
Le chef du centre fait le recrutement des agents
sensibilisateurs et vaccinateurs et publie d'abord une liste de 60 personnes
avant la « formation » .Puis, en fin de journée après
la formation, les personnes retenues bénéficient d'une somme de
1000 francs CFA chacun comptant pour les frais de
formation.71
Nous comprenons ici que les responsables des aires de
santé arrivent à respecter les grandes lignes du projet de lutte
contre les maladies évitables dictées par les gouvernants du
secteur de santé.
Au terme du chapitre sommaire, il ressort que les campagnes de
soin et santé gratuits mises sur pied dans le but de lutter
considérablement contre les maladies évitables intègrent
plusieurs paramètres dans le cadre de son fonctionnement. L'Etat
camerounais à travers le MINSANTE mettra à la disposition de la
population des institutions de luttes contre les maladies notamment infantiles
avec la création de PEV et même la direction DLMEP qui
s'intéressent également à la santé de la population
camerounaise. Ces unités de santé contribueront de veiller sur la
question de santé en s'ouvrant à la population par des campagnes
de soins de santé gratuits.
71 MAURY, agent de sensibilisation. Entretien du
03/03/2018.
3
CHAPITRE II :
CHAPITRE II :LA STRATEGIE PRATIQUE DE LA VACCINATION
ET DE LA SENSIBILISATION DE SOIN ET DE SANTE
LA STRATEGIE PRATIQUE DE LA VACCINATION ET DE
LAGRATUITS
SENSIBILISATION DE SOINS ET DE SANTE
GRATUITS
Les campagnes de soins et de santé gratuits sont
devenues en générale un enjeu très important pour
l'amélioration de la santé des populations. Au Cameroun, ces CSSG
sont appréhendées avec diverses connotations. Or c'est dans le
souci de garantir la santé en luttant contre certaines
épidémies et pandémies que l'OMS à travers le
MINSANTE met sur pied ces campagnes. Pour couvrir le triangle national, il est
question de développer les stratégies au plan national,
régional et départemental. Chaque aire de santé
détient le monopole de l'organisation stratégique de sa zone. De
ce fait, ce chapitre intitulé la stratégie pratique de la
vaccination et de la sensibilisation nous présente l'ensemble de
méthodes organisationnelles et leurs effets chez les résidents du
quartier Briqueterie.
II. La formation des agents des campagnes de soins et
de santé gratuits.
Du latin « formatio » (action de former),
la formation ici est une sorte de mouvement par lequel on enseigne au groupe de
personnes convoquées une certaine disposition ou un ensemble de conduite
à tenir pour arriver à un but précis. Elle consiste
également à enseigner à un employé les
connaissances et les compétences nécessaires à
l'exécution de ses fonctions courantes. Mieux encore, c'est un ensemble
des mesures adoptées en vue de l'acquisition ou du perfectionnement
d'une qualification professionnelle pour les travailleurs afin d'effectuer des
travaux demandés. MAURY s'interroge de cette formation en nous
reprécisant que,
Le communiqué de cette formation qui se passe
d'ailleurs par le « réseau » relationnel c'est- à-dire
une convocation basée sur le lien de parenté, de famille ou
encore de service. Les personnes recensées dans ce cadre viennent
généralement de divers horizons (quartiers) et très peu
savent lire et/ou écrire le français qui est la langue la plus
utilisée à Yaoundé. Ici, compte tenu de l'espace
réduit au centre de santé PMI Briqueterie, les grandes campagnes
comme celles de lutte contre le paludisme sont déplacées vers
l'école publique d'EKOUDOU lors de la formation72. Elle
continue en disant :
Récemment en Mai/Juin 2016 dans le cadre de la
formation pour la distribution des moustiquaires (MILDA), nombreuses
étaient des personnes convoquées incompétentes dans la
mesure où lors des épreuves écrites certaines ne savaient
même pas écrire leur nom. Ces derniers étaient
épaulés par d'autres d'une manière ou d'une autre. Cette
formation va connaitre des inepties à cause de qualificatifs de certains
membres notamment ceux qui ne savent ni lire, ni
écrire73
Nous comprenons ici que ces personnes rassemblées dans
le cadre campagnes de lutte contre le paludisme notamment le partage des
moustiquaires sont alors soumises à des épreuves écrites
réparties en trois sections sous forme de (Question à Choix
Multiples) QCM en majorité et quelques-unes sous forme de (question
à réponse ouverte) QRO. Cette évaluation se solde par la
publication d'une liste des retenues. Ici, seules les personnes moins
« cotées » ou non insérées dans un bon
réseau sont victimes de l'élimination.74 ASKANDAR
révèle également que :
Lorsqu'on m'a dit que les campagnes des moustiquaires sont
tombées ; la période là j'étais encore en
troisième. Je suis parti voir le responsable pour qu'on
m'enregistre. Il a d'abord refusé après il a
accepté. Il a pris mon nom. Tout allait bien. Le jour de la
formation, je suis parti mais il fallait voir les
72 MAURY, agent de sensibilisation. Entretien du
03/03/2018
73 MAURY Opot cit
74 ASKANDAR, agent de sensibilisation. Entretien du
03/03/2018.
5
mamans. Même celle qui a de la peine à se
déplacer est là. Les autres ont même abandonné leur
marchandise pour venir jongler. J'étais tranquille vu qu'il y'avait mon
nom aussi sur la liste. Mais ce qui m'a d'abord surpris c'est qu'ils parlaient
majoritairement seulement en langue locale. Les groupes des bamouns à
part, les haoussas et les bétis.... A huit heures trente minutes
très précise, on a commencé à nous donner les
conseils. Moi particulièrement j'étais convaincu que je serais
parmi les retenus vu que je me voyais déjà ayant rempli beaucoup
de critères. Je vous assure j'ai même aidé beaucoup des
mamans là-bas à écrire. Mais par la fin on me dit que je
ne suis pas retenu. J'ai une fois compris que c'est le pays. On va faire
comment ? Quand je me suis rapproché un jour plutard auprès du
responsable, il m'a dit que je n'avais pas de CNI alors qu'il y'avait certains
qui n'avaient pas les CNI elles sont venues avec les cartes de leur soeur, les
autres qui travaillaient avec les cartes scolaire75.
Cette interview laisse comprendre que même la
sélection pour les campagnes gratuites est motivée par la fraude
et la corruption.
Ainsi, ces dernières reviennent le jour lendemain pour
exécuter le programme établit par le chef du centre.
Subdivisée en deux phases, la première phase des campagnes
consiste à former les agents mobilisateurs qui seront chargés de
parcourir toute la population cible pour sensibiliser. Puis la seconde qui
consiste à mettre sur pied des équipes de travail pratique.
Par ailleurs s'agissant des campagnes de sensibilisation et de
vaccination contre la polio, les mobilisateurs sont formés
généralement à la veille lors d'une séance
d'explication organisée par le chef du centre. Ici les agents
convoqués ont une demi-journée de formation. Durant ce temps, le
chef Mr Ousseni tient à expliquer à ses agents le
mécanisme du fonctionnement et les différentes tâches
à effectuer. Pour permettre la bonne compréhension, il soumet
à ses agents un tableau indiquant les conduites auxquelles ils seront
soumis. Par sa voix et son autorité, il insiste sur les marquages des
maisons les unes après les autres.
75 ASKANDAR, entretien du 11 Janvier 2018.
La photo ci-dessous fait éclairage de cette
formation.
Photo n° 1 : Tableau de formation
Source : photo prise le 21/07/2017 par
MOUNGOUM.
Dans le cas échéant les agents convoqués
sont appelés à une prise de connaissance certaine pour effectuer
leur travail assigné par le chef. Durant ce premier processus
d'apprentissage certains agents prennent des notes et d'autres observent tout
simplement sans rien écrire.
Photo n° 2 : Formation JNV
Source : photo prise le 21/07/2018. JNV par
MOUNGOUM.
Par ailleurs ces travaux élaborés
connaîtront des insuffisances au niveau du management sur tous les plans
car d'aucuns y sont justes pour négocier uniquement les « miettes
». La rigueur ou les travaux bien faits ne font pas surface dans leur
esprit.
C'est toujours dans cette même lancée que les
agents de vaccination contre la polio nous interpellent sur la question de la
sélection et de la gérance des campagnes de soins et de
santé gratuits. C'est ainsi que KATHY, la fille d'une des responsables
de l'air de santé (Briqueterie) nous donne les détails non
seulement sur la méthode mise sur pied mais plutôt une sorte
d'esclavage. Elle stipule que :
Nous sommes ici pour un passe-temps. Sinon même
l'argent qu'on nous donne est vraiment insignifiant. Imaginez-vous qu'on nous
donne 1000 francs CFA le jour de la formation. Or cette formation dure
généralement une demi-journée. Après cela
même, on perçoit généralement deux 2000 francs CFA
pas plus. C'est la somme que perçoit une camerounaise ayant
effectuée un travail difficile tout le long de la journée. On
commence à 08heures pour achever à 15heures. Ton argent de taxi y
compris la nourriture est dans cette somme. Alors nous aussi, on doit donc se
battre comme on peut. Franchement ils nous payent d'ailleurs mal. fl y'a pas un
encadrement normal et même valorisant76
Nous constatons ici que la formation donne l'impression de
quelques choses de rigueur et du sérieux. Mais à
l'intérieur il y'a des incompréhensions motivées par le
taux de paiement sensiblement faible. Les agents convoqués se plaignent
des sommes assez insignifiantes. Par ailleurs compte tenu du chômage, des
difficultés de toutes sortes y compris les moyens de distractions, ils
sont obligés de le faire. Ici, c'est la simple présence au
rendezvous qui est important pour gagner quelques choses même si c'est
moins motivant. Mille francs de frais de formation pour une demi-journée
y compris les frais de transport, puis deux milles francs par jour pour les
journées de travail de terrain ne justifient pas leur temps et leur
énergie dépensée. Alors, les agents convoqués sont
moins motivés du fait que l'argent qu'ils perçoivent à
partir même du jour de la formation n'est pas satisfaisant. Ces agents
sont là pour « remplir la formalité ».
II.1 Organisation stratégique des campagnes de soins
et de santé gratuits Cameroun.
a) Le porte à porte
Dans l'optique de couvrir le secteur de Yaoundé
briquèterie, la stratégie la plus utilisée ici c'est le
porte à porte. Cette technique consiste de partir à la rencontre
des gens là où ils sont ou encore dans leurs habitations. C'est
une façon très personnelle de répandre de l'information.
L'activité porte à porte sert à sensibiliser le public de
la façon la plus significative. Puisqu'il permet d'atteindre facilement
toute la couche sociale et veiller de fond en comble au dénombrement de
toutes les maisons et les « Sarés ». Alors ici, les
équipes sont
76 Kathy, entretien du 03/03/2018.
8
formées de façon de plus ou moins
aléatoire. On retrouve deux personnes par groupe lorsqu'il s'agit du
premier tour appelé phase de mobilisation et de
sensibilisation. C'est une phase dans laquelle le chef du comité Mr
Ousseni, attribue aux agents mobilisateurs et sensibilisateurs les
différentes taches à remplir sur le terrain. Dans ce cadre la
première personne est chargée du marquage au niveau des seuils
des portes et à l'entrée des Sarés ou des maisons. C'est
ce marquage que nous présente cette image.
Photo n° 3 : Opération de marquage de
maison
Source : 3- Photo prise le 03/03/2018 par
MOUNGOUM.
C'est ainsi que cette agente aura à sa disposition des
barres de craies de multiples couleurs comme le témoigne mademoiselle
MAURRY :
Je suis membre du comité des campagnes de soins et
de santé gratuits depuis trois ans. Mais ici compte tenu de mon effort
à bien faire, le patron me met toujours devant. Comme aujourd'hui, c'est
moi qui note sur le mur et les devantures des Sarés. Parlant des
infrastructures, il m'a donné et il donne toujours trois barres de
craies à chaque chef pour servir de notation même comme certaines
arrivent à voler pour offrir à leurs
enfants.77
Le constat ici est que les pouvoirs publics mettent à
la disposition des agents des infrastructures nécessaires qui permettent
de faire un travail méticuleux. Il est aussi à noter une
organisation en équipe et l'attribution de rôle dont chaque membre
doit jouer.
Puis la deuxième personne passe l'information
c'est-à-dire, elle pose le problème qui les amène et
explique ce qui va se passer par la suite quand ils reviendront. C'est ce
marquage de maisons après maisons qui permettra à la fin de
savoir si le secteur est couvert dans sa
77 MAURY, entretien du 03 mars 2018.
9
totalité. « Présentement avec la
session du 01 au 04 mars 2018 donc nous vivons à l'heure actuelle, la
notation ou l'indication du dénombrement est sous forme d'un code :
N°DE MAISON/SASNIM/2018/JNV »78.
b) Les établissements scolaires.
Le quartier Briqueterie est parsemé de quatre grandes
écoles primaires et maternelles. Ces écoles non seulement
assurent son but primordial qui est l'éducation des enfants, mais aussi,
elles servent des sites permettant de vacciner les enfants cibles. Dans ce
milieux, l'accessibilité semble favorable car les maîtres sont
conscients et arrivent à donner accès aux agents de faire leur
travail. C'est donc pourquoi nous explique Mr Ousseni FIFEN,
Le fait de commencer à travailler le jeudi est
stratégique. On commence les campagnes le jeudi avec la formation suivie
de vendredi qui est déjà le premier jour du travail parce que
nous devons d'abord aller dans les écoles, c'est le samedi et dimanche,
le jour de porte à porte. Voilà pourquoi nous partons
immédiatement dans les écoles. Les responsables des écoles
sont toujours informés avant notre départ79.
Ici nous comprenons que, aller sur le terrain à la
veille du week-end permet de rencontrer les élèves dans les
salles de classes puis dans le quartier pour ceux qui ne partent à
l'école.
De ce fait la descente sur le terrain ici est
coordonnée par le chef lui-même. Puis que de temps en temps, il
passe contrôler ou encore vérifier si le travail avance. Ici,
comme c'est encore les établissements scolaires on relève la
présence effective des superviseurs et des contrôleurs. Car les
écoles sont traversées par des routes bien bitumées de
part et d'autres sauf celle de l'école primaire et maternelle de
police.
Dans ce milieu, d'après YIPOU, « les maitres
et maîtresses des écoles dans cette localité de la capitale
politique sont ouverts et accessibles aux soins gratuits pour la plupart. Mais
quelques enseignantes arrivent toujours à présenter des
comportements des réticences »80. Madame Maimounati
explique dans cette entrevue :
Je ne suis ni réticente ni mauvaise, mais il y'a
certains parents qui viennent nous faire les problèmes ici qu'on a
laissé vacciner les enfants. De préférence je refuse
qu'ils entrent dans ma salle de classe. J'ai une petite fille au
troisième banc au nom de Salmata. Son père a failli me
créer les litiges au
78 MAURY, entretien du 03/30/2018.
79 Ousseni FIFEN, agent de santé communautaire.
Entretien du 01/03/2018.
80 Raphie YIPOU, agent sensibilisateur. Entretien du
03/03/2018.
50
quartier car son enfant était tombé malade
après la vaccination. Et, c'est à moi qu'il a pointé le
doigt accusateur. C'est qui est là c'est que selon moi tout ce qui vient
de l'Etat a encore un problème d'enracinement ici. Moi par exemple, je
n'ai pas des problèmes avec les campagnes de soins et de santé
gratuits. Je sais que c'est un moyen pour nous sortir des souffrances, des
maladies qui, des jours en jours évoluent dans notre
société. Mais alors, est-ce à moi de demander aux parents
de laisser vacciner leurs enfants ? Mes enfants se vaccinent et je ne suis pas
réfractaire aux campagnes gratuites au soin et à la santé
comme tu l'as bien intitulé.81
Ici, agir au niveau des écoles pose des
véritables problèmes chez la plupart des familles. Elles
n'apprécient pas cette méthode. Elles préfèrent le
porte-à-porte car cette méthode va lui permettre d'accepter ou
rejeter la vaccination selon sa conception. Madame MFOKOU également ne
cesse d'insister sur ce comportement qu'elle rejette avec sarcasme en ces mots
:
Plus d'une fois je suis allé faire des
problèmes à l'école à cause des vaccinations. Mon
problème n'est pas toujours la vaccination. Normalement, quand ils
arrivent les enseignants doivent nous avertir qu'ils viendront vacciner nos
enfants et surtout comprendre notre avis. Voilà pourquoi parfois quand
ils arrivent ici je coupe souvent ça tout court. Soit j'accepte soit je
refuse. Mais quand il passe sensibiliser ici puis aller attendre nos enfants
dans les écoles, je ne sais plus s'il faut dire à mon enfant de
ne pas aller à l'école ce jour-là ou pas. C'est une raison
pour laquelle je ne veux même pas entendre qu'on a vacciné mon
enfant à l'école. Mon enfant est très précieux pour
moi. 82
Nous relevons ici, l'inquiétude et la peur qui animent
les parents lorsque leurs progénitures sont vaccinées dans les
écoles. Pour elle, elles doivent juger et accepter avant qu'on ne touche
à leurs enfants.
Le poste fixe.
Les hôpitaux, les centres et districts de santé
sont les lieux par excellence qui permettent de vacciner et sensibiliser en
permanence les populations sur la question de la santé. La
création de ces institutions permet de mieux concourir à la
régulation du système de santé. Ces sont des
établissements de soins où un personnel soignant peu prendre en
charge des personnes malades ou victimes de traumatismes trop complexes pour
être traités à domiciles. Ces unités de soins
permettent également aux banques de vaccins lors des
81 Madame MAIMOUNATI, entretien du 27/01/2018.
82 Madame MFOKOU, entretien du 11 janvier 2018.
5
campagnes gratuites et aussi un lieu où l'Etat oriente
une stratégie de lutte permettant d'améliorer le système
de santé.
Le quartier Yaoundé-Briqueterie est couvert et
gouverner par deux hôpitaux et un centre social connu sous le nom de PMI
brique, siège de la vaccination et la sensibilisation sur la question de
la santé. L'hôpital de police et l'hôpital de la mission
catholique.
Photo n° 4 : Le centre de santé notre dame la
merci : paroisse de la briqueterie.
Source : photo prise par téléphone
le 09/05/2018 par MOUNGOUM.
Ce centre de santé créé dans l'optique de
protéger la société environnementale et d'ailleurs permet
à la population de s'approvisionner en médicament et en
qualité de soins. Il est également très important de noter
que ces centres de santé sont aussi les points fixes permettant la
vaccination hebdomadaire. Ici, les femmes enceintes et les mamans des «
tous petits » bénéficient des vaccins gratuits et même
des moustiquaires. L'infirmier ARMAND AUBIN TOTCHUM nous précise que :
« la vaccination hebdomadaire ici est gratuite. Elle est
supporté par l'Etat »83.
S'agissant de la condition à remplir, il suffit d'avoir
une fiche de compte. Cet infirmier nous dit également que : «
certes, la vaccination permanente ici dans ce centre permette de diminuer les
maladies évitables mais cette méthode n'est pas toujours efficace
en ce qui concerne le paludisme»84.
83 Armand AUBIN TOTCHUM, infirmier médical,
entretiens du 22/05/2018. Centre de santé Briqueterie notre dame de la
merci.
84 AUBIN Armand. Opot. Cit.
5
On comprend dès lors que, selon Armand AUBIN,
« ces méthodes et ces stratégies de lutte doivent
être revisitées et même contextualisées
85». Car cette population n'a pas non seulement la culture
de l'hôpital, mais aussi un problème sur la connaissance des
maladies qui nuisent leur environnement.
II-2. La campagne de soins et de sensibilisation.
a) La distribution des moustiquaires
imprégnées à longue durée d'action.
MILDA.
La stratégie de lutte contre le paludisme notamment le
partage ou la distribution des moustiquaires gratuites va permettre à la
population de Yaoundé Briqueterie d'entrer en possession des celles-ci.
Le MINSANTE va organiser les campagnes gratuites de distribution en mettant sur
pied les stratégies adéquates pour couvrir chaque secteur.
En effet, la couverture de cette localité passe par
l'entremise des équipes de sensibilisation, d'enregistrement, puis de
distribution un peu plus tard.
S'agissant de la mobilisation ici, les premières
personnes à descendre sur le terrain lors des échéances de
vaccination suivante, alertent déjà la population locale sur le
programme des campagnes gratuites qui surviendra. Il est question de convaincre
certaines personnes sous l'ordre du chef. Mr Ousseni FIFEN, « tient le
plus souvent à rappeler aux mobilisateurs et sensibilisateurs
d'être stricte en prenant des décisions fortes
»86.
Ici, après la formation, les agents convoqués
sont groupés deux à deux. Dans chaque groupe constitué, la
première personne détient le registre et l'autre chargé de
marquage.
Le détenteur du registre doit à son tour
recenser tous les habitants dans chaque ménage rencontré. De ce
fait, l'enregistrement d'après les exigences du ministère
nécessite la présence d'une Carte Nationale d'Identité
(CNI) un passeport ou un encore une quelconque pièce justificative de la
personne.
Les maisons ou encore les « Sarés »
enregistrées respectent le principe de l'organisation selon laquelle
chaque secteur ou sous- quartier devrait avoir un point ou encore un poste fixe
de distribution le jour venu.
C'est ainsi que dans ce vaste quartier de la capitale, le chef
du centre va donc subdiviser cette localité en sept parties pour couvrir
la zone. Nous pouvons noter entre autres
85 AUBIN Armand. Opot cit.
86 Mr Ousseni FIFEN. Agent de santé
communautaire chargé du programme de le vaccination (aire de
santé Yaoundé briqueterie.
la Briqueterie Est4 avec deux sites, la Briqueterie Est avec
un site, la Briqueterie Nord avec trois sites, la Briqueterie Sud avec deux
sites et la Briqueterie Ouest avec deux sites. Cette disposition d'après
le chef du centre permet à chaque localité de l'aire de
santé de Yaoundé-Briqueterie de partager les moustiquaires
à toutes les personnes préalablement enregistrées.
b) Les équipements des CSSG.
Le MINSANTE met toujours à la disposition des
unités sanitaires des infrastructures de services susceptibles
d'améliorer la condition du système de santé.
L'organisation des campagnes de soin et de santé
gratuits met en relief non seulement l'achat des vaccins et les
nécessaires pour la conservation mais aussi un dispositif financier pour
l'achat des craies de « marquages », des stylos, de « pointages
» tout en se rassurant que les agents sensibilisateurs seront
habillés en chasuble blanc/ jaune du MINSANTE.
Photo n° 5 : La journée nationale de la
vaccination : campagne de masse.
Source : 5- photo prise par
téléphone. JNV par MOUNGOUM.
d) Les produits de la vaccination et leur
conservation.
D'après TOTCHUN AUBIN, la mise à la disposition
des centres de santé de l'équipement adéquat montre
déjà l'envie observée au sein de l'Etat pour mieux
gérer les produits médicaux. « Je vois aussi les
équipes mobiles de vaccination avec des glacières contenant des
flacons. Or si vraiment la santé de la population n'était pas
d'une importance capitale, on ne devrait pas trop insister pour mieux garder
ces produits ».
Ce qui confirme que jusqu'ici dans ce centre de santé,
les mesures sont prises pour la bonne conservation des vaccins, bref de tous
les produits de la vaccination mis à la disposition des résidents
de la Briqueterie.
Photo n° 6 : Glacière de
conservation.
Source : 6- photo captée depuis le
téléphone. Campagne de 05 mars 2018 par MOUNGOUM.
Cette image nous présente le fond de la glacière
dont on observe dix flacons et cinq tubes. Cette glacière de
conservation de vaccins laisse apercevoir à l'intérieur un
côté réservé uniquement à la conservation du
bidon d'eau glacée. Cette eau glacée sert uniquement à
réguler ou conserver la température. Ce qui permet l'utilisation
des médicaments de bonne qualité en longueur de la
journée.
Photo n° 7 : Les médicaments : vitamines A et
mebendazole
Source : 7- Image captée par
téléphone. JNV du 01 au 05 Mars 2018 par MOUNGOUM.
55
Le souci du bien- être est à l'origine de cet
ensemble d'effort vraiment pour aider la population de
Yaoundé-briqueterie. Tout comme ailleurs, cette population
bénéficie d'un accompagnement c'est Àà- dire les
vitamines orales pour renforcer le système intérieur de
l'enfant.
II-3. L'information au centre des réticences et des
refus farouches de la vaccination et
de soin gratuit.
a) L'Information sur la santé.
L'on perçoit des phénomènes sociaux qui
méritent parfois une attention particulière et significative.
Parmi ceux-ci figure la communication. Car elle met constamment en contact les
membres d'un même groupe. Elle crée la solidarité et
renforce la cohésion sociale mais le conflit social n'est pas en reste.
Voilà pourquoi les dirigeants, l'élite en charge de la
santé ont pour souci permanent d'informer la masse pour transmettre des
nouvelles. Charles NSANGOU nous donne son avis en ces termes. « Les
dirigeants en charge de la santé doivent faire circuler l'information
sur la gratuité de soins avant d'envoyer les agents sur le terrain
»87.
La communication médiatique est partout et, avec les
nouvelles technologies, le mouvement n'est pas près de diminuer. Ainsi,
la communication médiatique dans des pays en développement doit
être des pignons d'appui pour permettre et faciliter l'accès
à toute amélioration. Pour ce faire, cet échange avec la
population permet de sensibiliser, d'informer et d'éduquer cette
dernière. Cette communication passe par l'apprentissage à la
population les données importantes dans la pratique quotidienne
vis-à-vis de leur santé.
S'agissant de l'action des médias proprement dit, les
chaines des radios, télévisions représentent des
unités fondamentales capables de booster les campagnes de soins et de
santé gratuits. Ils doivent être au centre pour permettre la
transmission de l'information à toute la population. Cette
représentativité est visible dans certaine chaine de radio
(amplitude FM) avec des spots publicitaires concernant l'usage de
MILDA.
Cependant, seuls les spots publicitaires ne garantissent pas
toujours l'acceptation de vaccinations et sensibilisations de la population sur
la question de la santé. Voilà pourquoi AYISSI NKO nous fait des
éclaircissements au sujet des difficultés de terrain à ces
termes :
87Dr Charles NSANGOU, PEV. Entretien du 05/05/2018.
56
Nous avons toujours voulu que les médias nous
aident dans le projet de santé pour tous. Je ne minimise pas leur effort
mais c'est encore trop bas. Le cas de refus observé vient du fait que
cette population n'est pas suffisamment informée au préalable.
Elle a du mal à cerner la pertinence du produit et même son
efficacité.88
Face à cette mission, nous pouvons dire que les medias
permettent à la communauté de connaitre des offres que propose
l'Etat dans le cadre d'améliorer la santé de sa population.
En plus, la sensibilisation sur la question de
l'hygiène de santé favorable pour lutter contre le paludisme
nécessite l'effort des médias. Ainsi, pour éduquer la
population de s'éloigner davantage de la saleté comme le
précise l'infirmier TOTCHUN : « on doit mettre sur pied non
seulement une équipe de services d'hygiène rigoureuse mais
l'accompagnement médiatique »89. Pour lui, ces
médias doivent alors s'appesantir sur les différentes formes et
les axes communicationnelles surtout celle de plaidoyer pour le bien-être
de tous, de changement de comportement pour prévenir les maladies.
La technologie de l'information et de la communication est
alors appelée à jouer un rôle très important dans le
secteur de la santé dans la mesure où elle doit permettre
notamment d'améliorer la diffusion de l'information.
Ici, pour Charles NSANGOU, ce n'est pas l'Etat qui doit courir
après les informations diffusées sur WhatsApp et autres. Si
« l'Etat avait bien organisé une équipe chargée
de l'information sur la question de la santé, les risques que courre la
population non vaccinée, on ne serait plus là
»90.
b) Les mobilisateurs de terrain.
Les campagnes de soins et de santé gratuits connaissent
des freins à partir de la formation des mobilisateurs. Charles NSANGOU
nous démontre que « les personnes formées pour qu'elles
acheminent les travaux ne le font pas bien. Si les mobilisateurs ne sont pas
compétents, ils ne vont pas mieux faire leurs travaux
»91. Ainsi la population locale étant surprise par
l'arrivée de personnes peu convaincantes dans leur parole restera
hostile au programme des CSSG.
88 Docteur NKO AYISSI George du DLMEP. Entrevue du 02
Mai 2018.
89 TOTCHUN AUBIN, infirmier du centre de santé
notre Dame de la Briqueterie, entretien du 22/05/2018.
90 Dr NSANGOU, PEV, entretien du 05/05/2018.
91 Dr NSANGOU, PEV, entretien du 05/05/2018.
5
En effet, lors de la formation dans les centres sociaux tels
que la PMI Briqueterie, les personnes convoquées sont majoritairement
les femmes plus précisément les femmes (ménagère,
et les vendeuses au bord de la route) tout près du centre. C'est le cas
de HALIMATOU qui dit que « les mères qui arrivent ici ne
connaissent même pas bien parler le français. Deuxièmement
tu leur demandes, c'est quoi la rougeole, elles ne savent pas. Et vous voulez
qu'on accepte comment. Non moi je ne suis pas motivée
».92
Cette déclaration vient confirmer la pensée ou
encore le point de vue de Charles NSANGOU sur le problème de la
transmission de l'information chez les mobilisateurs de terrain. Pour lui,
La population ou la communauté locale
bénéficiaire doit - être alertée d'abord au niveau
des médias, radio comme télévision ensuite par
l'organisation des colloques des séminaires dans chaque quartier pour
informer et enfin organiser une équipe constituée des personnes
qui maitrisent l'objectif des campagnes de soins et de santé gratuits
pour bien informer la population. C'est ce qu'on appelle ici le
porte-à-porte93.
L'analyse de cette intervention laisse comprendre que les
premiers obstacles dont les campagnes de soins et de santé gratuits sont
victimes se trouvent au niveau des méthodes de l'information. Il est bel
et bien à relever d'après ses interventions que la politique de
l'information et de la communication au sujet des campagnes de soins et de
santé gratuits gratuites mérite une attention
particulière.
c) Les media et mass média au service des
CSSG
A partir de sa définition étymologique partant
du latin « medium », ce vocable veut dire milieu,
intermédiaire et liaison. Alors le media désigne un
intermédiaire de type technologique d'après POCHR qui, selon
lui,
Les media...sont des objets techniques, si l'on voulait
simplifier à l'extrême, on pourrait dire que les media sont des
appareils ; c'est-à-dire des objets construits. Ils sont donc
artificiels d'abord comme des objets techniques qui servent
d'intermédiaire entre les hommes simplement, les médias ne sont
pas seulement des machines parmi d'autres ils sont des machines à
communiquer et leur spécificité. De ce fait les media sont
toujours, sous un certain angle des intermédiaires entre les hommes et
d'autres hommes.94
92 HALIMATOU, ménagère, entretien du
05/03/2018.
93 Dr NSANGOU, PEV, entretien du 05/05/2018.
94 Pocher la dictature des médias ? Paris,
Hatier, 1976. P 09
58
Par cette définition, nous pouvons retenir que les
media constituent d'après l'analyse d'AMOUGOU AKOA95. Cette
fonction du relais leur donne par conséquent une place importante dans
le processus de la communication sociale moderne. C'est ainsi qu'avec une
multitude de Radio et de Télévision au Cameroun, la population
locale n'arrive plus à cerner plus exactement le comportement positif
face aux diffusions des informations entre autres les campagnes de soin et de
santé gratuits au Cameroun.
Les mass médias d'une manière
générale est un moyen de communication de masse. Notons ici tout
d'abord que l'application des mass media tient ses origines depuis les Etats
Unies d'Amérique. Nous pouvons également dire que les mass media
sont des media qui s'adressent à plusieurs personnes ou plusieurs
individus à la fois. De ce fait le message est suivi par un ensemble
d'individus en même temps. D'après PORCHER
« Les mass-médias... sont des moyens massifs
de communication, ou, si l'on préfère qui peuvent toucher
à la fois un nombre considérable d'individus. Ce
phénomène est particulièrement clair lorsqu'il s'agit de
la radio et télévision. Un nombre infini, d'auditeur ou de
spectateurs peut ainsi être atteint-en même temps... Les
mass-médias sont capables d'arroser une immense population... pour
être mass-média, les media doivent s'adresser au moins
potentiellement à un publique massif ».
Ici, la conséquence immédiate de cette
caractéristique est l'uniformisation des consciences. L'effet de ces
unités informationnelles est à l'origine des réactions
diverses auprès de la population locale.
d) Les TIC dans la banalisation des CSSG.
Bien qu'une variété d'avantages découle
des médias (réseaux sociaux), les jugements
dépréciatifs sont aussi nombreux. On se rend compte à
partir de l'observation que toutes les informations diffusées dans ces
plates-formes touchent les potentiels récepteurs parfois sans remise en
cause chez la plupart. Les internautes du Facebook dans la plupart de temps
diffusent sur cette plate-forme les « dangers » du programme des
campagnes gratuites qui seront renforcées par les commentateurs
majoritairement constitués des profanes. Ces images et ces informations
peu crédibles vont pousser la population à se méfier
davantage des programmes de campagnes de soins et de santé gratuits.
95 AMOUGOU AKOA, mass media et monde rural : le
cas de radio « des canaux par lesquels les hommes communiquent
». Mémoire. 1985.
59
Dans les années 2016-2017, l'image diffusée sur
Facebook lors des campagnes de lutte contre la poliomyélite dont
j'étais agent vaccinateur avait suscité des critiques voire
d'insultes auprès des adeptes de Facebook lors des campagnes de lutte
contre la poliomyélite. Pour la plupart dans leurs commentaires, c'est
stupide de voir un jeune étudiant de sociologie se permettre
d'encourager les produits qui dégradent les enfants d'Afrique. Pour
eux, les blancs ont un seul objectif ; maintenir les noirs. L'image
commentée et détaillée dans ce tableau ci-dessous
démontre les différentes positions dont les adeptes du Facebook
prennent pour influer sur le public.
Tableau 2 : Tableau représentant la
réaction de quelques internautes Facebook au sujet des CSSG
Nom des commentateurs
|
Favorable
|
Défavorable
|
ISSAH Ndi
|
Non
|
Oui
|
AROUNA
|
Non
|
Oui
|
HALIMATOU
|
Oui
|
Non
|
YOUSSOUF
|
Non
|
Oui
|
ESTELLE
|
Non
|
Oui
|
SLEH
|
Oui
|
Non
|
ABDOULAYE
|
Non
|
Oui
|
Source : page, Facebook henry lumière.16/06/2017.
C'est ainsi qu'un membre important de cette plate-forme,
doctorant en faculté des sciences à l'université de
Yaoundé I va animer les commentateurs du réseau Facebook en
donnant immédiatement sa position au sujet de ces campagnes gratuites.
Voilà pourquoi il dira : «Il faut avoir peur de tout ce qui est
gratuit »96.
Cette thèse approuvée par beaucoup des
commentateurs a suscité même des querelles et aussi des
débordements sur la plate-forme Facebook. Et, les témoignages ici
laissent ressortir que les blancs développent les stratégies
d'anéantissement des noirs passant par les gouvernants. Pour eux les
agents de MINSANTE acceptent tous les produits venant de l'Europe contre une
forte somme d'argent pour faucher le pauvre noir. Au lieu de guérir, il
nous donne plutôt les maladies. ISSAH dira par la suite précise
que : « Nous sommes leurs cobayes, vu que leurs enfants sont
protégés en Europe ».
C'est ainsi qu'à partir de ces réactions, la
population de YaoundéÀBriquèterie va donc émettre
des étiquettes en s'opposant au programme des campagnes de soin et de
santé gratuits. Alors, l'image de la sensibilisation est ici
considérée comme une destruction des
96 Issah
ndi. www.facebook.com
(commentaire publié en 2012)
60
noirs. Les réseaux sociaux en font l'usage de
construire dans la mentalité des nombreux d'individus de la
localité de Yaoundé-briquèterie un rejet farouche.
La plate-forme WhatsApp également n'est pas en reste.
On relève également cette montée importante des diffusions
des images et même des caricatures qui décréditent les
campagnes de soin et de santé gratuits. Or dans celle-ci, certaines
personnes arrivent à déformer l'information et créent des
images et des interprétations dont eux-mêmes, ils sont
responsables. Ces images vont par la suite faire le tour des « crew
» et, les personnes beaucoup sensibles vont assimiler la pertinence
et croiront par la suite à ces messages des internautes. Madame Ewane,
l'une de femmes dynamiques de la Briqueterie Nord nous apporte des
éclaircissements à ce sujet :
Nos téléphones nous enseignent
déjà tout. Le monde est gâté. Même les gens
qui vous envoient ont leur intérêt là-dedans. Avant nous,
on nous mentait, on nous faisait consommer n'importe quoi. Aujourd'hui, c'est
impossible. Les amis nous informent sur Facebook et sur WhatsApp. Nous avons
également compris que les informations étaient très bien
masquées quand il y'avait pas WhatsApp. Maintenant nous sommes
sauvés. C'est la volonté de Dieu. C'est dans notre groupe
WhatsApp qu'on a véritablement appris les mascarades du gouvernement
pour réduire la montée et la croissance des individus. Ils nous
tuent à petit feu avec leurs produits des vaccinations. La jeunesse
d'aujourd'hui souffre de faiblesse sexuelle à cause de ces produits.
Avant nos parents sans ces produits arrivaient à bien vivre. C'est
pourquoi, à chaque fois qu'on m'envoie ces messages je transfert
directement à d'autres97.
Nous comprenons ici que les plates-formes WhatsApp, Facebook
et biens d'autres constituent de nos jours un déterminant dans le cadre
de la transmission de l'information et la communication. Les résidents
du quartier Briqueterie s'intéressent aux messages diffusés dans
ces plates- formes pour adopter les comportements de réticence. Ici, les
campagnes de soin et de santé gratuits sont taxées des produits
toxiques qui tuent et, ces produits sont à l'origine de nombreuses
maladies comme par exemples les faiblesses sexuelles. Pour tout dire ces
derniers pensent que ce qui est gratuit détruit plutôt les jeunes
enfants. Alors l'information captée dans les réseaux sociaux
(WhatsApp, Facebook...) arrive à convaincre ces individus et ils s'y
accrochent pour esquiver les campagnes de soins gratuits.
97 Madame Ewane. Entretien du 12 janvier 2018.
Arrivé au terme de ce chapitre, il ressort que la
stratégie pratique de la vaccination et de la sensibilisation de soins
et de santé gratuits révèle plusieurs types
d'organisations. Ces différentes méthodes
développées dans le but de couvrir cette localité ont
connu des obstacles divers liés à leur degré
d'entendement. L'information également placé au centre de
réticence a fait ressortir comment les médias et surtout les TIC
(WhatsApp, Facebook) contribuent au rejet des campagnes de soins et de
santé dans les aires de santé-urbaine camerounaise notamment
celui de la Briqueterie.
DEUXIEME PARTIE :
LES REPRESENTATIONS SOCIALES DES CAMPAGNES DE SOINS ET DE
SANTE GRATUITS AU CAMEROUN
63
CHAPITRE III :
LE REGARD DE LA POPULATION LOCALE
(Yaoundé-Briqueterie)
Le contenu des campagnes de soins et de santé gratuits
est lui-même multidimensionnel. En se focalisant sur les
représentations sociales des campanes de soins et de santé
gratuits, il se signale aussi des points de vue différents, parfois
divergents et motivés par la conception socioculturelle et même
sociopolitique. L'analyse scientifique s'intéresse dès lors aux
facteurs de réticence de soins et de santé gratuits. Ce chapitre
III de notre travail intitulé le regard complexe de la population locale
nous permet de comprendre les perceptions et les représentations aussi
bien les différentes sortes de stigmatisations autour de ces
campagnes.
Le regard complexe des résidents du
quartier-Briqueterie.
Du latin « complexus » qui signifie
ensemble de contenus inconscients. La notion a pu être utilisée
tant dans le domaine juridique, mathématique, chimique, psychologique
que linguistique et économique. Ce terme complexe veut dire «
contenir plusieurs idées, plusieurs éléments ».
C'est dans cette optique qu'on parlera d'un regard complexe, ou
d'idées complexes.
Dans la psychanalyse, cette notion « complexe
» est l'ensemble de représentations, d'affects et de
sentiments inconscients organisés selon une structure donnée,
liée à une expérience traumatisante vécue par un
sujet, et qui coordonne son comportement. Nous parlerons de ce fait de complexe
d'OEdipe tel développé par le psychanalyste SIGMUND
FREUD98. En plus, le complexe d'infériorité, qui selon
ADLER, est un sentiment d'infériorité dévalorisant
à l'égard de lui-même éprouvé par le
sujet.
Dès lors, ces variétés d'essais
définitionnelles du terme complexe scient bien
évidemment à notre étude sur le regard complexe de la
communauté locale au sujet des campagnes de soins et de santé
gratuits. Le développement des programmes et stratégies qui
permette de favoriser, d'améliorer, voire de consolider le comportement
de la population locale. Car le regard que porte cette dernière est
ancré dans les considérations profondément
98
WWW.complexe.com. Site
consulté le 05/05/2018.
6
motivées par des nombreuses croyances. C'est ainsi que
les sensibilisateurs et vaccinateurs vont rencontrer des difficultés sur
le terrain puisque l'accessibilité ici n'est pas aisée.
L'interrogation ou la recherche menée sur ce regard complexe nous permet
de comprendre les facteurs de réticences qui sont non loin liés
au niveau d'éducation, aux difficultés de transmission et de
compréhension, à la crainte des effets secondaires, à
l'existence d'une suspicion vis-à-vis de l'immunisation par le vaccin,
à l'existence des fausses croyances et même au niveau de
l'appartenance ethnique ou socioculturelle et sociopolitique.
Les habitants de Yaoundé-Briqueterie
profondément inclus dans les motivations diverses vont développer
les pensées de réticences relatives d'une part et farouches
d'autres part. La complexité devient du fait que pour certains, les
vaccins n'arrivent pas toujours à éradiquer les
épidémies. Bien au contraire les vaccins favorisent plutôt
l'émergence des nombreuses maladies. Pour d'autres c'est une politique
d'aliénation. Ces habitants vont ainsi dire qu'il y'a des maladies
d'autant plus redoutables que celles qu'on veut éradiquer. Les effets
secondaires ne sont pas épargnés. C'est le cas de Mme NGONO nous
détermine en ces termes :
Mon appréciation n'est pas favorable. Mon
appréciation ici n'est pas élogieuse pour les campagnes et les
sensibilisations dont vous parlez. Je vous assure que les bavardages des
médias, les campagnes que vous faites sont juste pour vous remplir les
poches et rien de plus. C'est juste parce qu'ils attendent un paiement qu'ils
viennent nous harceler pour vacciner nos enfants. Et, parfois c'est même
leur vaccin-là qui donne même les maladies à nos enfants.
C'est vraiment absurde. D'ailleurs est-ce que tu sais que c'est nous qui sommes
souvent responsable des effets secondaires ? Or comme ce qui leur
intéresse c'est leur argent, ils ont déjà pris et ils sont
partis. Alors c'est l'une des raisons qui m'agace et me tend les nerfs
lorsqu'arrivent chez moi. Je n'ai rien personnellement contre eux. Mais je ne
veux pas de leurs produits. Mes enfants, lorsqu'ils sont malades, je les
emmène à l'hôpital. Avec mes petits « sous »
j'arrive par la grâce de Dieu à m'en sortir. Je peux bien vivre
sans ces choses-là. Ce qui est d'ailleurs important à faire,
c'est baisser le coût des médicaments dans les hôpitaux et
non nous flatter ces campagnes gratuite 99
Nous constatons que la peur et l'incertitude constituent des
éléments de base du refus des campagnes de soins et de
santé gratuits. Cette population pense que c'est un réseau de
détournement de derniers publics. Les pouvoirs publics en charge de la
santé n'attribuent pas l''importance à sa population en tant que
telle. Proposer les campagnes de soins gratuits, c'est soit chercher à
les endormir soit à les fragiliser davantage.
99 Martine NGONO ménagère, entretien du
12/01/2018.
65
III. Perceptions et représentations des
CGSS.
Depuis les années 60 pendant lesquelles la plupart des
pays africains ont accédé à l'indépendance, le
constat est toujours amer. La famine par ici, les épidémies et
les pandémies par là. C'est un continent où la situation
sanitaire sociale est la plus préoccupante et la réalisation des
objectifs du millénaire pour le développement la plus lente
malgré l'effort déployé par l'OMS jusqu'ici dans ce
domaine. Les organismes internationaux en collaboration avec le
ministère de la santé publique vont mettre à la
disposition de la population une variété des campagnes de soins
et de santé gratuits. Ce programme qui sera perçu avec des
appréciations diverses en rapport avec leur position socioculturelle.
Or la priorité de l'OMS consiste à soutenir les
efforts des autorités sanitaires nationales et les systèmes
d'informations nationales de renforcer leurs principales responsabilités
y compris celle concernant les agents de services de santé. Concernant
la connaissance des campagnes de soins et de santé gratuits, la
population de Yaoundé-Briquèterie fait généralement
preuve d'une connaissance partielle de la maladie le plus souvent très
rapproché de celle de la médecine moderne ou conventionnelle mais
avec beaucoup de méfiance. Toutefois, au vu de la singularité des
populations urbaines en contexte africain, ces dernières pour la plupart
sont des « citadins qui sont des ruraux de coeur
»100, parmi lesquels on retrouve l'essence ou le substrat
du comportement de réticence. C'est ainsi que les individus de la
population de Yaoundé-Briqueterie perçoivent ces campagnes avec
un regard réifiant bourré de crainte et de peur. Alors, ANABA
explique que :
« Moi, en tant que chef de ce bloc, j'accepte
certains programmes de vaccination surtout pour servir d'exemple. Tu sais
qu'ici tout est politisé. Notre environnement est, je veux dire
gouverner par des personnes très peu sensibles aux problèmes
réels des autres. Mon fils, les campagnes que tu vois là, nous
acceptons parfois seulement. Mais laisse-moi te dire que je n'accepte pas tout.
Tu sais bien qu'ils déposent souvent certains des leurs produits
plutôt ici. Ce n'est pas pour autant dire que mes petits enfants
doivent en bénéficier »101.
Ici, le doute construit autour des campagnes de soins et de
santé gratuits ne galvanise pas les populations à les accepter.
C'est ainsi qu'il développe un regard mitigé pour refuser ces
offres.
100 Jean marc ELA. L'Afrique des villages, Paris, Kartala.
1986.
101 Chef ANABA. Entretien de 08/01/2018
Tableau 3 : Personnes interrogées et leur niveau
de vie
N°
|
Nom ou prénom du chef de famille ou
le/la représentant(e)
|
Revenu mensuel par ménage
|
Carnet régulier de santé
|
01
|
Halimatou Sadia
|
Au jour le jour
|
Inexistant
|
02
|
Mme Brigitte
|
80000 francs CFA
|
Inexistant
|
03
|
Mvondo Jean Paul
|
Au jour le jour
|
Inexistant
|
04
|
Oumarou Nour
|
Au jour le jour
|
Inexistant
|
05
|
Aminatou
|
60 000 francs CFA
|
Existant
|
06
|
Aboubakary Bello
|
Au jour le jour
|
Inexistant
|
07
|
Abdoul Karim
|
Au jour le jour
|
Inexistant
|
08
|
Mme Choîbou
|
75 000 à 80 000 francs le mois
|
Inexistant
|
09
|
Mohammadi
|
120 000 francs CFA
|
Inexistant
|
10
|
Anaba Carine
|
Au jour le jour
|
Inexistant
|
11
|
Mme Awawou
|
Au jour le jour
|
Inexistant
|
12
|
Djibrila Bouba
|
Au jour le jour
|
Inexistant
|
13
|
Imam Assan
|
Au jour le jour
|
Existant
|
14
|
Estelle
|
70 000 francs CFA
|
Inexistant
|
15
|
Christelle Abomo Onambele
|
Au jour le jour
|
Inexistant
|
16
|
Baba Sani
|
10 000 à 110 000 francs CFA
|
Inexistant
|
17
|
Fatimtou Bouba
|
Au jour le jour
|
Inexistant
|
18
|
Ngono Martine
|
Au jour le jour
|
Inexistant
|
19
|
Elisabeth flore
|
50 000 francs
|
Inexistant
|
20
|
Mfopou Abdou
|
Au jour le jour
|
Inexistant
|
21
|
Mme Mfokou
|
70 000 francs FCA environ
|
Inexistant
|
22
|
Ambassa Jean
|
Au jour le jour
|
Inexistant
|
23
|
Fokou
|
Au jour le jour
|
Inexistant
|
24
|
Mbida Arnaul
|
100 000 francs CFA
|
Inexistant
|
25
|
Papa Nana
|
Au jour le jour
|
Inexistant
|
26
|
Ousmanou Ali
|
Au jour le jour
|
Inexistant
|
27
|
Bernadette
|
Au jour le jour
|
Inexistant
|
28
|
Imam Aboubakari
|
Au jour le jour
|
Inexistant
|
29
|
Njikam Assan
|
Au jour le jour
|
Inexistant
|
30
|
Papa Yannick
|
220 000 francs CFA
|
Existant
|
6
Au regard de l'interview menée auprès de cette
population, l'on constate que c'est une population
hétérogène prédominée par un niveau de vie
relativement faible. Ces personnes interviewées de façon
aléatoire dans cette localité de Yaoundé donnent des
explications motivées par des raisons diverses au sujet des campagnes de
soins et de santé gratuits.
En plus la question de la santé ici reste un sujet
tabou lorsqu'on croit être en bonne santé. On y pense plus, on va
à l'hôpital si seulement et seulement si on est malade. D'ailleurs
d'après l'interview menée auprès de cette population le 11
Janvier 2018, Mme Mfokou nous fait comprendre que :
Ce sont les choses des blancs, je suis bien portante alors
je n'ai plus besoin de l'hôpital. Les temps sont durs, c'est difficile.
Et les médicaments sont également chers alors tu ne peux pas
prendre l'argent qui peut te servir à manger avec les enfants pour aller
donner cadeau au médecin soit disant, tu fais le bilan de santé.
C'est réserver aux « bobos ». Même quand on est malade
ici, on ne part pas directement à l'hôpital. C'est lorsque
ça devient critique ou bien grave avec la panique qu'on se
précipite102.
Nous comprenons dès lors que ces individus en
état de pauvreté ne vont à l'hôpital que lorsqu'ils
sont gravement malades. La vie est chère et les médicaments
aussi.
III-1. Situation actuelle et stigmatisation.
Malgré une multitude d'efforts déployés
par l'OMS et le MINSANTE pour améliorer la condition sanitaire de la
population, nombreux cas de réticence ont été
relevés à Yaoundé-Briqueterie. Ceci à cause des
considérations diverses. S'agissant du Programme Elargi Vaccination
(PEV), nombreuses ressources ont été mobilisées aussi bien
par les autorités sanitaires que les partenaires pour relever les
couvertures vaccinales. Malgré ces dispositions qui ont
été prises très tôt, la mise en oeuvre de ce
programme rencontre des problèmes dans notre pays
particulièrement dans cette localité de Yaoundé.
L'enquête menée sur le terrain démontre un taux
considérable des personnes réticentes pour des raisons
diversifiées et diversifiées
a) La rumeur sur les campagnes gratuites.
Le concept « rumeur » ici tire ses origines dans les
recherches en psychologie judiciaire. C'est à partir de 1902 que
l'allemand WILLIAM STERN103, expose le premier « protocole
expérimental» de la rumeur, c'est ainsi qu'il devient depuis
lors l'un des
102 Madame KONFOU, entretien du 27/01/2018.
103 STERN William, le temps des médias
interdits-numero1. Christian Delporte. 2003. P.226
68
exemples les plus classiques de la psychologie sociale et de
la sociologie. Ici, il s'agit juste de créer une chaine de sujets qui se
passent une idée ou une histoire de bouche à l'oreille, sans
droit à la répétition ou à l'explication ; à
la fin, on compare l'histoire racontée par le premier sujet et celle
racontée par le dernier ; naturellement, l'histoire est au mieux
tronquée, au pire déformée. La lecture de certains
psychologues (ALLPORT ET POSTMAN)104 dans les années 1947
fait ressortir trois processus complémentaires de la rumeur : le
processus de réduction avec la simplification du message initial, le
processus d'accentuation avec les opinions qui se tissent dans l'âme pour
persuader et en fin le processus d'assimilation. Ce dernier montre comment les
individus s'approprient les messages en fonction de leurs valeurs, croyances ou
émotions. Ce phénomène de sélection est à
l'origine de la déformation de la rumeur.
Dans la sphère communicationnelle, la
médiatisation de la rumeur s'effectue à partir d'un guide
d'opinion selon la théorie de la communication à double
étage dont parle Paul LAZARSFELD105. Ce guide influence les
personnes efficacement en mettant en jeu une de trois implications que nous
pouvons noter entre autres l'implication d'identification personnelle (la
rumeur concerne directement la personne), de valorisation de l'enjeu (la rumeur
est importante) et de capacité d'action (les personnes peuvent agir sur
cette rumeur).
On comprend dès lors que la plupart des rumeurs sont
produites fortuitement et ne sont pas les fruits d'un complot mais d'un
mensonge ou de paroles en l'air dont un groupe ou une société se
saisit, pour des raisons diversifiées et l'amplifiant ainsi. Ici c'est
une sorte de communication qui véhicule des informations officieuses. Le
principe de la rumeur est qu'elle est tenace, particulièrement si elle
touche au scandale : en général tout démenti n'est qu'un
pis-aller.
Pour tout dire jusqu'ici, la rumeur peut également
faire partie des techniques de manipulation de la population dans le cadre du
harcèlement moral, foncièrement puni par la loi. Cette rumeur
peut être lancée par une seule personne ou par des groupes dans le
cadre du harcèlement d'un réseau social ou de la
société en générale. C'est pour cette raison que la
population de Yaoundé-Briqueterie est plongée sous
l'inquiétude multiforme marqué par les « ont dit
». Pour elle, les campagnes de soin et de santé gratuits sont
un moyen efficace de fragilisation, d'aliénation, et même de
trouble car « on » leur a dit que les blancs ne veulent plus
la croissance démographique en Afrique. C'est pour eux un moyen de
baisser la
104 ALLPORT et POSTMAN, the psychology of rumeur :
Gordon w. Allport. Leo Postman. 1947.
105 LAZARSFELD Paul, Bulletin de psychologie. Groupe
d'étude de psychologie. 1955.
69
croissance démographique en Afrique et au Cameroun.
C'est la raison pour laquelle la demoiselle ESTHELLE mère d'une fillette
nous dit lors de notre entretien :
On raconte partout que le continent africain évolue
nuit et jour et les blancs, pour nous maintenir sous leur domination, inventent
ces campagnes pour réduire la fécondité. Je n'ai pas
besoin d'être expert. Rien n'est pour rien. Et, on dit aussi souvent que
les blancs diminuent notre intelligence à travers ces produits
destinés à notre utilisation. Ils sucent notre cerveau.
Même comme on ne peut pas les éviter, qu'ils attendent au moins
quand on est malade pour en finir avec nous. 106
Cette réaction de notre interviewée nous a
permis de comprendre ses raisons, ses motivations qui occasionnent la peur
mieux encore le refus des vaccinations lors des campagnes de soins et de
santé gratuits. Le phénomène de rumeur reste au centre de
refus car l'explication qui découle des motivations n'a pas une
portée scientifique. Cependant la croyance et la considération de
ces idées, de ces opinions fondent l'âme de cette population.
C'est ainsi le cas de Monsieur Omgba qui dit :
J'allais gifler un agent ici chez moi. Les histoires qu'on
dit que c'est empoisonné là. C'est ce qu'il trouve pour donner
à nos enfants ? Je leur ai dit que je ne cherche pas les
problèmes et que, également ils ne doivent pas me chercher les
problèmes. Les problèmes de santé, on ne blague pas avec.
Ce sont des mauvaises personnes. On m'a même dit qu'ils créent des
maladies pour nous107.
Les produits de la vaccination ont du mal à
intégrer ce quartier à cause du doute et de l'incertitude autour
de ces différents produits. La qualité et la composition de ces
produits sont inquiétantes. Dès lors ces résidents
deviennent fugaces en jugeant ces produits, des offres empoisonnées.
b) La gratuité des soins : une notion
ambiguë.
La gratuité des soins pour les patients a un coût
pour l'Etat et ses partenaires. Elle s'enracine dans le domaine public et doit
également être financée dans l'optique d'améliorer
ou de lutter contre les maladies évitables. D'après Charles
NSANGOU, « l'Etat paye ses vaccins. Et, ces vaccins coutent chers
»108 Il continu ses explications en disant :
Lorsqu'on parle de gratuité, cela ne concerne pas
l'Etat. C'est juste au niveau de la population. Ce n'est pas la gratuité
chez nous (l'Etat). Il est certes vrai
106 ESTHELLE, mère d'une fillette, entretien. 12
/10/2018.
107 Monsieur OMGBA, entretien du 27/01/2018.
108 Dr NSANGOU Charles. PEV. Entretien du 05/02/2018.
0
que nous payons une partie et nos partenaires à
l'instar de GAVI qui nous aide avec L'UNICEF au niveau de transport de vaccin.
Mais ici, c'est l'Etat qui dépense le plus. L'Etat a le gros morceau.
L'Etat dépense beaucoup d'argent chaque année pour les vaccins.
Sur douze vaccins dont on doit administrer par an, l'Etat à lui seul
paye six vaccins et les autres sont encore départagés entre
l'Etat et ses partenaires. 109
Ainsi, la demande d'une participation financière aussi
petite soit-elle, entrave l'accès aux soins des plus pauvres. L'aide de
soin gratuit n'est pas gratuite au niveau du haut (l'Etat) mais chez la
population bénéficiaire, Charles NSANGOU reprécise que
« les vaccins sont chers, très chers si bien que, si on demande
aux gens de bénéficier ces vaccins en donnant de l'argent
vraiment, ils ne vont pas le faire et c'est l'Etat qui perd ». 110
c) « Ce qui est gratuit est mauvais
».
Devenu un phénomène courant, les individus de la
population de Yaoundé-Briqueterie pensent que « ce qui est gratuit
est mauvais ». En effet, l'interprétation axée sur la
gratuité des soins vient du fait que, pour certains, le capitalisme a
envahi le monde. Tout le monde aspire à un bénéfice ou
encore à un gain après un acte. Pour eux, parler de
gratuité marque immédiatement une chose cachée dont les
gouvernants ne veulent pas dévoiler. Dans cette façon de voir,
FOKOU nous explique en basant sur sa conception du mot Dieu en disant :
Tous les bienfaits de Dieu Tout Puissant sont
conditionnés par l'injonction de la prière et des actes. Alors
combien de fois les hommes qui sont d'ailleurs des êtres de besoins ?
S'ils n'avaient rien à gagner ces soins gratuits ne devraient pas
exister. Pour tout dire, parler de soins gratuits c'est masquer ce que les
dirigeants refusent de dévoiler111.
La qualité des médicaments ici selon FOKOU est
également au centre du débat. Les interrogations sur son
efficacité et ses effets secondaires. De ce fait, on n'est toujours pas
loin du paradigme « tout ce qui est gratuit est mauvais ».
Il continu en disant :
Je suis bien contre les campagnes de soins et de
santé gratuits, J'ai mes raisons. D'abord, si la vie est chère au
Cameroun c'est la santé qui sera gratuite ? Encore moins les
vaccinations ? Non, ils savent ce qu'ils cherchent, ce qui les motive. Comme
ils savent qu'on se désintéresse de l'argent pour faire nos
enfants, est ce qu'ils ne sont pas en train de vouloir réduire
nos
109 Dr NSANGOU Charles. Idem
110 Dr NSANGOU Charles. Idem
111 FOKOU, le boutiquier de la brique, entretien 02/03/2018
capacités d'accoucher ? Et les vaccins par-ci
par-là. Tu peux me montrer un enfant rougeoleux ici ? Qu'ils nous disent
la vérité. C'est vraiment énorme.112
Les campagnes gratuites trouvent alors ici des obstacles du
fait de la gratuité, du fait des aides sans aucun conditionnement
financier.
III-2. Réticences face aux vaccins : la crainte des
effets secondaires.
Dans l'article « initiative citoyenne
»publié par Didier TARDE et EUDIER, l'analyse est que
« le nombre de compagnes vaccinales initiées en Afrique ces
dernières années soulèvent de nombreuses questions,
d'ordre à la fois médical et scientifique mais aussi d'ordre
légal et ethnique »113. C'est ainsi la raison pour
laquelle l'on verra à partir des prouesses scientifiques, une multitude
des nouveaux vaccins. Alors les objectifs de L'OMS et de L'UNICEF dans le cadre
du projet de stratégie mondiale de la vaccination
étaient d'étendre une couverture vaccinale sur toute la
population cible au plus tard en 2015. Cette ascension du programme de
vaccination et des campagnes de soins et de santé gratuits vont
générer des sentiments d'angoisse et de peur dans certaines
localités.
En effet, la population de la Briqueterie dans son
hétérogénéité développe de
réticence aux campagnes de soins et de santé gratuits en se
focalisant sur les effets secondaires. Pour les uns l'exemple le plus
récurrent est celui des comprimés Mectizan. Les effets
secondaires de ces médicaments arrivent le plus souvent à
détruire les enfants même les grandes personnes. Mais en ce moment
le suivi est pratiquement inexistant. Madame AWAWOU nous étaye en disant
:
On ne peut pas vacciner mes enfants tant que je suis
là. Ils peuvent le faire, bien sûr, à l'école mais
si je suis au courant j'irai chercher mes enfants. Mon dernier enfant, celui de
la maternelle, avait beaucoup souffert après être vacciné
par ces gens-là. Vraiment Monsieur, je n'aime même pas parler de
ça. Si on regarde bien, ils étaient plutôt venus donner la
maladie à mon enfant. Imaginez ! L'enfant qui, bien portant au
départ devient à la merci de toutes sortes de
maladies.114
Elle continue en ces termes en disant :
Comme tu me parles de la prise en charge gratuite.
Vraiment rien n'est gratuit si tu veux quelque chose de sérieux. Si tu
veux que ton enfant guérisse,
112 FOKOU, le boutiquier de la briqueterie, entretien
02/03/2018.
113 Dr TARDE Didier et EUDIER, initiative citoyenne.
PUF. Mars 2017.
114 AWAWOU, entretien du 18/01/2018
tu dois mettre la main dans la poche. Oui, la prise en
charge est gratuite, mais quel genre ? Ils se moquent
d'eux-mêmes115.
Nous constatons que la réponse aux besoins de
santé dans les situations d'urgence lors des campagnes de soins et de
santé gratuits développe lui-même son arme de destruction.
Nous relevons, ici, l'insatisfaction de personnes bénéficiaires
car les effets secondaires que provoque l'utilisation de ces médicaments
sont plus douloureux que la maladie elle-même.
III-3. Cause des résistances aux campagnes
gratuites.
On entend par cause ici, les motivations profondes à la
fois collectives et individuelles qui construisent le rejet des campagnes de
soin et de santé gratuits. Les origines des résistances à
la promotion des campagnes gratuites au soin et la santé sont
diversifiées. On distingue entre autres :
- Les causes individuelles.
- Les causes structurelles et conjoncturelles. -
Les causes collectives. a) Les causes
individuelles.
Les campagnes de soins et de santé gratuits venant de
l'OMS en collaboration avec le MINSANTE sont synonymes des moyens de rupture ou
d'élimination des maladies évitables. Mais ces campagnes
rencontrent des obstacles d'ordres individuels motivés par les raisons
propres à chaque conscience. Cette attitude de réticence
s'explique à travers la dissonance cognitive et la rationalité
limitée puis la limitation, source de modelage comportemental.
? Dissonance cognitive et rationalité
limitée.
En terme des représentations et d'idées, la
réticence aux campagnes de soin et santé gratuits ici est avant
tout la conséquence de la dissonance cognitive d'après FESTINGNE,
dit-il est difficile pour l'être humain d'accepter une chose et son
contraire, de faire siennes deux idées qui s'opposent. Cette tension
interne propre ici à la Briqueterie, vient du fait que les agents de
santé proposent les produits et les méthodes qui entrent en
contradiction avec leurs savoirs quotidiens. C'est ainsi que les individus de
ce quartier se retrouvent dans cet état psychologique tout à fait
désagréable et cherchent à s'échapper le plus
rapidement possible. Voilà pourquoi, DICQUEMAN, dit que : toutes
personnes agissant depuis de nombreuses années selon un certain nombre
de principes et valeurs profondément ancrées, aura donc
les
115 Madame AWAWOU, entretien du 18/01/2018.
3
grandes difficultés à là modifier, et
a spontanément tendance, à modifier à dénigrer de
nouvelles idées ou méthodes de
fonctionnement116
De ce fait, les résidents de la Briqueterie ont des
difficultés à intégrer les campagnes de soins gratuits que
proposent les pouvoirs publics pour améliorer leur état de
santé. Ceci se justifie par le fait que, ces individus mènent une
vie coordonnée ou légiférée par des nombreux
principes de base dont les coutumes sont responsables.
Alors cette dissonance cognitive s'exprime avec la
rationalité limitée, qui met à nu le caractère
inconscient de ces personnes et permettent d'affirmer et conforter leurs
idées ou leur système de pensée préétablis
vis-à-vis des campagnes de soins et de santé gratuits.
? Modelage comportemental.
S'agissant de modelage comportemental nous observons ici une
population dont les mobiles explicatifs du rejet des campagnes des soins
gratuits scie aux mêmes réponses. Elle s'impose ici en prenant
naissance en dehors de toute décision consciente et se manifeste par des
actions communes aux autres individus.
En effet, les individus de cette localité ont un
comportement bâtis à partir des valeurs culturelles qui leurs sont
propres. Pour cette raison, ils agissent conformément aux principes
traditionnels, communs, et respectent soigneusement les normes culturelles. Les
mobiles explicatifs des réticences partent du même fondement. Pour
DJIBRILA BOUBA parlant cette attitude, il dit : « je ne suis pas seul.
Mes frères savent qu'ils viennent juste pour nous nuire
»117.
Nous comprenons dès lors que les refus des campagnes de
soin et de santé gratuits tirent ses explications des interactions
quotidiennes qu'entretiennent ces individus.
b) Causes structurelles et conjoncturelles.
Les résistances aux campagnes de soins et de la
santé gratuite en matière structurelles et conjoncturelles sont
en générales de deux types à la Briqueterie : les facteurs
exogènes et endogènes.
116 DICQUEMAN Marguerite, bulletin de commission royale
d'histoire. Bruxelles. 1877. P.316.
117 DJIBRILA BOUBA, entretien du 05/03/2018.
? Les facteurs exogènes
Les facteurs exogènes correspondent aux
déterminants externes qui influencent les campagnes de soins et de
santé gratuits. Ces facteurs ne sont pas liés à ces
campagnes elles-mêmes, mais à l'environnement dans lequel elles
s'insèrent.
En effet, l'idée selon laquelle «
l'ingérence politique » touche le domaine sanitaire, d'aucuns se
disent que la « mainmise » occidentale sur le plan socio-politique et
même économique peut favoriser l'intoxication de la population
dans cette localité. Cette pensée les éloigne davantage de
soins et de santé gratuits. Car pour eux, la colonisation et le
néocolonialisme se développent partout.
C'est pourquoi, la vaccination et bien d'autres programmes
vont provoquer la résistance des individus de cette localité de
la capitale.
? Les facteurs endogènes
Les facteurs endogènes correspondent aux
caractéristiques intrinsèques du produit ou de service, ils
dépendent donc de la qualité du produit et ses
caractéristiques d'une part ; et de la pertinence du marketing pour
introduire le produit de soins et de santé de la population d'autre
part.
? L'ignorance
Ici on entend par ignorance, le fait de vivre sans
réflexion ni introspection et dominé par la mentalité
illusoire. Autrement dit, l'ignorance est un décalage entre la
réalité et une perception de cette réalité,
décalage qui est conséquence d'une croyance, d'un
préjugé, d'une illusion.
En effet la population de Yaoundé-Briqueterie est
majoritairement prédominée par des chefs de familles qui n'ont
pas un savoir certain sur la maladie comme le cas de la poliomyélite.
Les campagnes de soin et de santé gratuits notamment celle de la
poliomyélite qui revient chaque après six mois et pose un
problème sérieux aux populations bénéficiaires.
Cette population non seulement n'a pas de connaissance sur la maladie, les
causes et même les conséquences. Baba SANI nous étaye sa
pensée au sujet de la connaissance de la polio en ces termes :
Mon cher ami, je ne connais pas la polio. Alors que si tu
ne veilles sur tes enfants ils viendront les piquer peut-être chaque
trois mois ; ce n'est pas
5
normal. On parle dans les rumeurs qu'ils vont repasser.
J'ai déjà comme d'habitude laissé les consignes à
ma femme118.
De ce fait l'on constate que, la non maitrise de la maladie en
tant que telle représente un grand obstacle lié à
l'individu qui manque le savoir ou encore la connaissance des maux
fréquents et ses gravités. C'est pourquoi, à lire le
philosophe Matthieu RICARD, il nous dira que :
L'ignorance est une méprise accidentelle, un oubli
soudain qui ne change rien à la nature ultime mais une chaine
d'illusions, comme le cauchemar ne change rien au fait que l'on est
confortablement allongé dans le lit mais n'en peut engendrer une grande
souffrance mentale 119
Voilà alors pourquoi dans nos sociétés
caractérisées par un niveau d'éducation en construction
même dans sa capacité de diffusion des informations, la question
de rejet des campagnes de soins et santé gratuits trouve favorablement
son compte. Par ailleurs, la tâche est ardue particulièrement ici
à la Briqueterie ou la population arrive toujours à s'opposer
assez violemment. Ainsi plus récemment un mouvement d'hostilité
contre la vaccination s'est produit lors des dernières campagnes du 04
Mars 2018. C'est ainsi le cas « d'une femme qui a avorté avec
dernière énergie l'introduction des vaccins au sein de sa famille
accompagné des menaces, des violences si les agents insistent
»120.
La connaissance des personnes interrogées sur cette
appréciation de la population locale de la Briqueterie n'est pas
toujours satisfaisante. Cette population n'arrive pas à maitriser
l'utilité de la vaccination et de la sensibilisation administrées
par les pouvoirs publics. Car la connaissance de la maladie
elleÀmême reste a priori. La question de la prévention dont
rejette cette population peut aussi se justifier dans le cadre de l'ignorance
de la nécessité de ce programme d'après Charles
NSANGOU121. Le constat le plus observable et les pratiquants de la
religion traditionnelle sont exposée au refus. Ils sont nombreux
à rejeter le programme de la vaccination de soin et de santé
gratuits.
En plus, l'analyse faite, le niveau d'instruction des parents
détermine la réaction auprès des campagnes gratuites. Le
degré de compréhension reste relativement faible. Or dans ce
quartier, nous avons constaté que le nombre d'enfants par ménages
va très grandissant. L'écart de naissance rarement atteint un an
et demi. Influencées par la religion, les naissances
118 Baba SANI, couturier, interview du 12/01/2018.
119 Matthieu RICARD, le moine et le
philosophe.1997.
120 YIPOU, agente campagnes de soin et de santé gratuits.
Entretien du 03/03/2018.
121 NSANGOU Charles, PEV, entretien du 05/05/2018.
6
vont aller jusqu'à la ménopause. Et nous notons
également une prolifération des foyers traditionnels
polygamiques. Ici, le dit AHOUI dans : « Le refus de la vaccination
s'observe plus chez les non instruits que chez les instruits
».122
Alors, plus les parents sont éduqués, instruits,
mieux ils parviennent à maitriser les questions liées au
programme de soins et de santé. Ici au quartier Briqueterie, les femmes
sont moins instruites. A cause du phénomène de mariage
précoces et une maigre importance accordée à
l'école moderne, elles sont moins accessibles aux agents et provoquent
de réticences farouches. Ainsi, le respect absolu aux principes tels que
les coutumes, favorisent la position des réticences chez les femmes par
rapport aux hommes contre les campagnes de soins et de santé gratuits.
Comme le cas dont précise MAURY « on rencontre certaines femmes
Haoussa qui refusent de répondre aux questions tant que leurs maris ne
sont pas là ».
c) Causes collectives
Normes, rites et stéréotypes s'érigent en
système de valeurs. Ils déterminent pour les membres d'un groupe
(formel ou informel), ce qui est bien ou mauvais, ce qui est souhaitable ou
non, aussi bien au niveau des attitudes que des comportements, des avantages
recherchés, et des contraintes.
Les campagnes de soins et de santé gratuits doivent
donc tenir compte de ce système de valeurs qui caractérise le
groupe.
Ici, la population de la Briqueterie Nord regroupée
chaque soir autour des chefs de famille respectifs, arrive à communier
en assimilant les conseils venant de grand père en même temps chef
religieux. Celui-ci parle donne les conseils en tant que responsable de la
tradition arabo-musulmane. On relève ici l'indice de la
solidarité confondu au solidarisme. L'idée
développée ici est partagée par tous. C'est ainsi pourquoi
ils vont donner les mêmes réponses ou encore les réponses
semblables.
III-3-1. Les risques liés aux soins gratuits
Le facteur expliquant le taux de couverture vaccinale au sein
de cette communauté locale concerne le doute quant à
l'efficacité du vaccin à se prémunir de la rougeole et de
la rubéole par exemple. Même si les risques causés par les
vaccinations sont faibles, ils sont quand même vivement ressentis en
regard des bénéficiaires qui échappent à un public
averti. Dans notre société caractérisée par un
niveau d'éducation faible par rapport à d'autres
régions
122 AHOUI, l'organisation et management du
système de santé dans les pays en développement,
S.D.
du monde, les pouvoirs publics en collaboration avec le
MINSANTE développent l'art de convaincre pour l'acceptation du programme
des campagnes gratuites. Cependant la tâche demeure difficile car les
imaginations des acteurs et des considérations des certaines valeurs
vont creuser l'écart vis-à-vis des campagnes gratuites. Ceci
portant sur le fait que les seringues peuvent déjà contenir les
maladies et, l'endroit piqué gonfle souvent et cause les pus dans la
chaire. AMBASSA Jean de la Briqueterie Sud sur la question des campagnes de
soins et de santé gratuits laisse comprendre ceci :
Mon fils ! Ces blancs dont tu vois ne nous ont jamais
voulu du bien. Ils veulent nous anéantir. Même les instruments
qu'ils utilisent pour vacciner, pour vacciner nos enfants sont infectés.
Ils sont venus la fois dernière au mois de juillet. Ils m'ont
injecté mon petit-fils. J'avais utilisé une somme
considérable pour soigner l'épaule de mon petit-fils ou ils
avaient piqué. Ce n'est pas bien. Moi je peux encore accepter autres
choses de gratuit mais pas sur le domaine de la santé. La santé
c'est de l'or mon fils c'est très précieux. 123
Les complications post-vaccinales sont à l'origine de
nombreuses réticences. Certains parents ont du mal à concevoir le
fait que leurs enfants tombent malade après la vaccination.
a) La peur des vaccins
La peur, du latin 'payorem'', accusatif''
pavor ' « effroi, épouvante, crainte », c'est une
émotion qui accompagne la prise de conscience d'un danger, d'une menace.
C'est également une émotion ressentie généralement
en présence ou dans la perspective d'un danger ou d'une menace. C'est
une conséquence de l'analyse du danger et permet à un sujet de
fuir ou de le combattre
La crainte et la peur des injections représentent bien
un facteur de réticence pour les uns. Cette population très
proche de l'interprétation qui s'enracine dans la culture survalorise
incessamment non seulement la culture locale traditionnelle mais aussi leur
époque. La justification de l'industrialisation qui pollue
énormément la planète d'où l'arrivée de
certaines maladies n'est pas partagée par beaucoup. Voilà
pourquoi Oumarou SANI nous explique en disant :
Ces blancs créent les maladies chaque jour pour
après venir piquer nos enfants. Moi, j'ai pris une piqûre pour la
première fois il y a quelque mois à cause d'un accident. Sinon
jusqu'aujourd'hui, je ne peux pas parler de piqûre. En tant qu'une grande
personne je sens mal combien de fois un adolescent ?
123 AMBASSA Jean, interview du 12/01/2018.
8
Un enfant ? C'est incroyable. De grâce l'Etat doit
chercher à aider la population d'une manière autre que tout cela.
Ça ne vaut pas la peine124
Nous constatons ici que l'idée de peur et de danger se
construisent à partir des représentations, des pensées,
des imaginations que les gens font autour des campagnes gratuites. Ils
craignent non seulement les piqûres, mais aussi les médicaments
gratuits.
En ce sens, en psychologie COURBET125
définit la peur comme une réaction affective
évaluée négativement et provoquée par
l'identification d'une menace personnellement pertinente. Elle est
accompagnée, d'une part, des réactions psychologiques et d'un
niveau d'éveil, d'autres part, d'expériences et, enfin
d'expression corporelles, notamment faciale.
Ainsi, cette clarification face à la population de la
Briqueterie s'enracine autour conception et de leur perception. De ce fait,
cette communauté développe une attention particulière en
faisant ressortir deux qualités ou types de réponses au sujet des
CSSG. Une première s'orientant vers le traitement de danger et une
deuxième contrôlant le danger par un processus de
résolution de problème. Ici, plus la menace est forte mieux elle
s'écarte des offres des CGSS.
b) La désinformation
Nous relevons d'abord un critique ou un état critique
de recherche sur l'influence des campagnes de communication de santé
publique qui essayent ou qui tentent de modifier des attitudes de peur,
néfastes pour la santé de l'individu.
Le domaine de la santé représente un domaine
très sensible auquel l'information traitée dans ce secteur doit
nécessiter une attention très particulière. Ainsi que lors
des campagnes de lutte contre le choléra. Bien que le perilfécal
désigne le danger que représente les selles du point de vue de la
transmission des maladies infectieuses tel que le choléra, les agents de
campagnes de sensibilisation doivent tenir une explication de ladite maladie en
respectant d'une certaine manière l'idéologie religieuse en
rapport avec celle-ci. Nous pouvons partager le témoignage de Mr ABDOU
qui explique une menace à l'endroit de leur statut de musulman lors de
cette campagne :
Il y a quelques années les gens qui sont venus pour
les campagnes de lutte contre le choléra nous ont bien insulté.
Je vous assure, j'ai compris depuis ce jour-là que on nous
déteste en détestant même notre religion. Les
grands
124 OUMAROU SANI, entretien du 27/01/2018.
125 COURBET Gustave, sans peur et sans
reproche. Edmond Gurien de la carrière. 1891.
9
cadres qui sont des musulmans-là ne nous aident
pas. Sinon ils devraient avoir un langage normal pour nous. Pendant cette
campagne de lutte contre le choléra, ils ont organisé une petite
conférence à ce sujet. Soucieux de cette importance, je suis
parti. Mais j'étais déçu lorsque c'est un agent ou un
membre dont je ne me rappelle plus son nom, nous ont dit ouvertement que c'est
à cause de nous que prolifère. 126
Dans une colère absolue, il continu de
développer cette assertion ambigüe jusqu'aujourd'hui en disant :
Dire que nous faisons la maladie c'est dire que les
musulmans sont sales. Pour moi c'est l'atteinte à ma religion. Depuis ce
jour-là, je fais l'effort d'aller à l'hôpital quand mon
enfant est gravement malade. Moi je ne les considère même pas. Je
n'aime pas quand ils viennent chez moi, même ma femme sait
cela.127
Au terme de ce chapitre, il ressort que le regard porté
par les individus ou les résidents du quartier Briqueterie émane
des considérations diverses. La perception des campagnes de soins et de
santé gratuits est influencée par les rumeurs, la peur construite
par des individus dans leur interaction quotidienne. Cette perception de
gratuité de soins motivée par la désinformation et la
crainte des effets secondaires galvanisent la réticence. Par ailleurs le
rejet de ces campagnes demeure une énigme plus que ces résidents
vont à l'hôpital seulement quand ils sont gravement malade.
126 ABDOU, interview du 02/03/2018.
127 ABDOU, interview du 02/03/2018.
80
CHAPITRE IV :
LE JEU SOCIOCULTUREL DANS LES AIRES URBAINES DE SANTE
PRIORITAIRE : cas de la briqueterie.
La sensibilisation et la vaccination lors des campagnes de
soins et de santé gratuits comptent parmi les mesures de santé
publique efficace permettant de prévenir la mortalité et la
morbidité ainsi que les différentes complications des maladies
infectieuses. Par ailleurs les résidents du quartier Briqueterie
adoptent des comportements de réticences liés à des
considérations qui s'enracinent dans leurs modes de penser, de sentir et
d'agir. Ce chapitre consacré aux différents blocages, fait un
détaille sur les types de blocages qui structurent la mentalité
de ces individus.
IV. Blocages socioculturels
En ce qui concerne les représentations sociales de la
maladie et de la santé, la littérature est abondante au niveau
des motivations et les différentes formes de perception. Beaucoup a
été dit, cependant, les anthropologues s'accordent sur le fait
que ces représentations sont liées à la culture qu'E B
TYLOR définit dans primitive culture en 1871 :
la culture ou la civilisation, entendue dans son sens
ethnographique étendu, est un ensemble complexe qui comprend les
connaissances, les croyances, l'art, le droit, la morale, les coutumes, et
toutes les autres aptitudes et habitudes qu'acquiert l'homme en tant que membre
d'une société.128
Par conséquent, autant il y'a les cultures autant il
y'a des représentations de la maladie et le regard porté sur les
campagnes gratuites. On peut comprendre ici que, l'interprétation de la
maladie diffère d'une culture à l'autre. Ce qui est maladie ou la
cause d'une maladie dans une culture ne l'est pas dans l'autre, de même
que les symptômes de la maladie, qui ne sont pas communs aux cultures.
La socialisation et l'inculturation modèlent l'individu
face à tous les projets du développement. De ce fait, chaque
peuple définit ses maladies, sa façon de percevoir, ses
représentations liées aux campagnes de soin et de santé
gratuits.
128 TYLOR E.B, Primitive culture: Researches into the
development of mythology, philosophy, religion, language, art aund custom.
1973.
8
Pour A. KLEINMAN129, (1980) la maladie n'est pas
une entité intérieure au corps humain. C'est un modèle
explicatif. Le système médical est un système culturel, ce
qui signifie que la maladie est en rapport avec la culture une partie
intégrante du système. Et, la culture est un moyen de
compréhension de la maladie. La maladie est représentée
par ces acteurs par ces acteurs sociaux, les soignants et ces soignés
à travers une série d'activités interprétatives.
C'est ainsi la trilogie maladie C, maladie sociale, la souffrance.
Le Cameroun dans sa diversité culturelle comporte
environ plus deux cents soixante-dix (270) ethnies. Avec un taux de croissance
démographique très important tous ces dernières
années car, cette population est estimée aujourd'hui à
vingt-cinq million d'habitants. Elle en résulte de charge importante en
matière de sensibilisation sur la question de la santé. C'est
ainsi que l'Etat à travers les campagnes mondiales de santé
publique offrent d'importants projets de santé pour prendre soin de la
population camerounaise en ce qui concerne la santé, puis favorise une
meilleure compréhension des enjeux en la matière et mobilise les
communautés au niveau local afin d'agir pour un monde en meilleure
santé. Cependant compte tenu de la diversité culturelle des
individus du quartier Briquèterie, ces derniers vont refuser les
campagnes de soins gratuits de façon ouverte et même
stratégique dont les raisons proviennent des penchants culturels.
Ici, ces populations sont hétérogènes.
Elles vivent en communauté en clan pour la plupart. Ces individus
obéissent à des normes et aux valeurs du groupe. Les traditions
sont alors très présentes dans leur vie quotidienne et les
activités culturelles prennent une grande place dans leur vie. Ce qui
n'est pas une erreur dans la mesure où le professeur MBONJI
EDJENGUELE
Nos cultures ne sont pas exemptes de connaissances
scientifiques. Il faut donc les prendre en compte et non les balayer du revers
de la main pour les remplacer par celle que nous proposent les sciences
actuelles. Productrices des sciences, nos traditions sont capables d'assimiler
n'importe qu'elle autre connaissance rationnelle.130
C'est ainsi que la connaissance des personnes
interviewées sur les campagnes gratuites est encore faible. La
population ne maitrise pas et ne comprend donc pas l'utilité des
campagnes de soin et de santé gratuits. Ceci s'observe à travers
cette considération, les croyances de ces individus motivées par
le clan d'appartenance. L'entretien effectué laisse
129 Arthur KLEINMAN, psychiatre, proceedings. Volume 22. P.
762. Consulté le 01/05/2018 au www.culture et santé.
Cm.
130 MBONJI EdJenguèlè, les cultures de
développement en Afrique.PUY. 1998. P. 233-234.
8
comprendre que les campagnes gratuites sont un mode
d'aliénation. C'est une stratégie nouvelle qui ne valorise
aucunement les valeurs locales. C'est ainsi que la soeur de la cheftaine du
quartier Briqueterie Est4 Mme EVINA nous dit :
Je ne suis pas contre vous mais ces histoires
là...je ne vous comprends même pas. Mais je ne vois pas comment tu
n'as pas encore le discernement, sans te mentir mon fils. Les campagnes
répétées que vous faites là montrent vraiment votre
ignorance. Pour quoi vous faite seulement la publicité des choses des
blancs au détriment de vos produits locaux ? Alors que la bonne
médecine est africaine. Si vous vous n'êtes pas là pour le
paludisme c'est le cholera ; après cholera la rougeole. Attend c'est
n'est pas fini. Autrefois c'était la rubéole. Attend dis-moi ? La
rubéole c'est quoi ? Qui en souffre ici ? Voyez-vous que vous êtes
en train de tuer votre société avec ces histoires de campagnes
gratuites.131
La conception de la sensibilisation et même de la
vaccination sont entendues ici comme un marchandage des produits occidentaux.
Les africains ne valorisent pas leurs produits ; c'est pour le blanc qui est
bien.
a) Blocages spirituels
La croyance religieuse est au carrefour des comportements de
réticence sur tous les plans. C'est ainsi que pour certains habitants de
la Briqueterie à l'instar de cheik BOUBA Djibrila « la maladie
est une épreuve » ; il continu dans une interview en invoquant
DIEU communément appelé dans leur tradition religieuse «
Allah » en disant : « d'après le Hadith rapporté
par TIRMIDI, le croyant est sans cesse éprouvé dans sa personne,
dans sa progéniture et dans ses biens jusqu'à ce qu'il se rende
à Dieu, exempt de toute faute ». Toujours dans son discours il
précise que :
C'est par la maladie que Dieu nous apprécie. C'est
à l'occasion de ce grand événement de notre foi est mise
à l'épreuve et qu'elle révèle soit son
authenticité soit sa fausseté. Dieu nous met en garde, les
épreuves sont inéluctables et il faut s'y préparer afin de
ne pas être pris au dépourvu. Elles existent pour nous
éprouver. Pour tout dire ce qui va arriver arrive toujours. Mais sachez
seulement que seul Dieu est au contrôle et non ces histoires des
campagnes gratuites. Moi personnellement je me rends difficilement à
l'hôpital.132
Par la suite l'îman Hassan interrogé emboite le pas
en disant
131 Mme EVINA. Entretien du 18/01/2018.
132 Djibrila BOUBA.
83
Vos histoires des blancs-là ne servent à
rien. Il y a deux jours seulement que je suis resté ici on est venu avec
un enfant qui avait un violent maux de tête. Et cela survenait d'un
rêve nocturne. Or si franchement ils avaient appris les versets
coraniques qui préservent contre les rêves nocturnes, on ne serait
pas à ce stade. Je profite pour te dire que la protection, c'est dans
les versets coranique et non dans vos produits là. Mes enfants ne
prennent et ne prendrons jamais ce genre de produits. J'y veille
personnellement. Et, j'ai toujours demandé à ma femme de ne
jamais admettre ces gens-là dans ma maison.133
Photo n° 8 : Imam praticien au « MAKARANTAN
»
Source : 8- photo prise lors de
l'entretien du 18/01/2018 par MOUNGOUM.
Durant cet entretien la remarque primordiale est que la
réticence tire son origine dans la considération du pouvoir
spirituel de cette population. Il suffit d'ouvrir les mains vers le haut, la
solution est là. « L'enfant que vos voyez là, je le
soigne chaque matin, il était maladif mais ça déjà
grâce à mes prière »134. Dans cette
même réflexion, Mme Mbarga135elle nous précise
également que seul Dieu est au contrôle de tout.
En plus la bible déclare que JESUS CHRIST est venu sur
terre pour « guérir ceux qui avaient besoin de guérison
» JESUS est le fils de DIEU et il a le pouvoir et même la
capacité d'enclencher un processus de guérison et même de
guérir instantanément. Tout le monde le sait très bien que
nous pouvons guérir nos corps, nous donner un coeur nouveau et
transformer notre état d'esprit. Il guérit complétement
tous les aspects de notre vie, le corps, l'esprit et l'âme. Ici tu peux
suivre le chemin qui mène de la maladie à la santé en
arrêtant de faire ce
133 HASSAN. Entretien du 18/01/2018.
134 Iman guérisseur.
135 Madame BARGA, servante de l'Eglise (Mission Catholique de la
Briqueterie). 05/03/2018.
8
qui a pu te conduire à être malade, en suivant
les directives du docteur. Mais le plus important encore, c'est remettre ta vie
en Christ en disant avec la sérénité : « Cher
Jésus Christ, j'ai besoin de ta protection, et ta guérison
».
? Les rites et pratiques qui sauvent vie.
Suivant les prescriptions de l'ordre de la nature, l'enfant
vient au monde par accouchement. C'est l'action d'expulser l'enfant hors de
l'utérus. Ce phénomène permet à ce nouveau venu de
changer de monde. L'accueil chaleureux dont il bénéficie ici de
prime à bord est une panoplie des rites susceptibles de lui garantir une
meilleure vie et une bonne santé pour les restes de sa vie sur terre.
Ici, d'après Bernadette YOUSSOUFOU,
L'allaitement doit d'être maternel. Et on doit se
servir des rites traditionnels qui sauveront l'enfant par la suite et non les
vaccins, les moustiquaires et autres. Quand l'enfant est passé par tous
les rites et les pratiques de naissances, il ne peut même plus attraper
les maladies dont les campagnes gratuites viennent chercher à
éradiquer. Donc à la naissance, si on fait surtout absorber
à l`enfant des infusions des plantes aussi l'enfant n'aura aucun
problème. Même le paludisme va le voir et
passer.136
Nous constatons la place attribuée aux rites
traditionnelles est très importante dès la naissance. Ces
pratiques sont susceptibles de garantir la santé des enfants. C'est une
méthode de prévention la plus efficace et la plus durable.
b) L'interprétation complexe de la médecine
traditionnelle
Lors de la conférence d'Alma Ata de l'époque en
union soviétique au mois de septembre 1978, les représentants du
gouvernement et d'organismes non gouvernementaux, s'étaient fixés
pour objectifs « santé pour tous en l'an 2000 ». Pour
y parvenir, on devrait faire appel à toutes les ressources
médicales disponibles. La déclaration d'Alma Ata, pose alors les
bases historiques de la politique officielle, du programme de la
médecine traditionnelle, en facilitant le dialogue dans le
système traditionnel des soins et le système moderne d'assistance
sanitaire. Elle encourage seulement les méthodes jugées et
efficaces sur la base d'expérience médico-scientifique.
Cependant la population de la Briqueterie ne
s'intéresse pas vraiment à la lecture sérieuse et profonde
de cette thèse. Pour certains les blancs ont enfin compris que la
médecine traditionnelle avait raison. Mais au lieu de revenir venter les
plantes africaines et les écorces
136 BERNADETTE YOUSSOUFOU, entretien du 05/03/2018.
85
et apprendre mieux ici, ils continuent de tromper les noirs
avec les produits qui détruisent à petit feu les enfants
d'Afrique. PAPA Yannick, un patriarche de la Briqueterie Nord nous parle en ses
termes :
Si je ne suis pas encore mort jusqu'aujourd'hui, c'est
juste parce que j'ai toujours évité, fuis,
m'éloigné davantage des tout ce qui est produit de soins de votre
médecine soit disant moderne. Les comprimés que les gens de
campagnes de santé gratuites donnent après avoir injecté
ou déposé les gouttes de vaccins dans la bouche des enfants ne
sont pas plus efficaces les écorces noires. S'agissant même de la
vitamine, on n'arrive pas à les comprendre. Tu as l'enfant qui mange
bien mais on vient encore lui donner les vitamines pour dire que c'est la
science, mais fait attention. Ce n'est pas sérieux. Pour tous dire mes
petits enfants ne se vaccine pas n'importe comment.137
Ici nous comprenons que les produits chimiques fragilisent
plus les populations. Le refus ici vient du fait que ces populations ne
comprennent pas les raisons qui expliquent le fait que l'enfant n'est pas
malade et on vient les vacciner. Pour elles c'est une erreur, car les
écorces que leurs grands-parents ont laissées rendent plus fort
que les produits de la médecine moderne.
VI-1. Blocages sociopolitiques
Tout d'abord, l'une des premières
caractéristiques de la lutte institutionnelle contre diverses maladies
au Cameroun et dans plusieurs autres pays africains, était son
caractère vertical. Au Cameroun, un autre facteur a marqué
l'élaboration de la stratégie de lutte contre ces derniers vu que
la mise sur pieds réel des campagnes de soins et de santé
gratuits, notamment contre le SIDA coïncide avec la crise des
années 1992 au Cameroun. Ainsi tous les indicateurs économiques
entre 1985 et 1993 sont passés au rouge et le Cameroun était
appauvri pendant cette période avec des villes mortes. Cette crise va
profondément et considérablement marquer la vie politique dans la
gestion des campagnes des soins et de santé gratuits.
Ensuite, le constat est également que, de 1985 -1998
une succession très importante des présidents à la
tête de l'organe exécutif du programme laisse voir une
instabilité politique et une sorte de mangeoire pour les dirigeants.
C'est ainsi les appartenances sociopolitiques vont se manifester chez la
population de Briquèterie des interrogations diverses animées
d'une hostilité au sujet des campagnes de soins et de santé
gratuits. Cette micro société dans ses rapports avec la politique
connait des indifférences.
137 PAPA YANNICK, entretien du 05/03/2018.
86
Ainsi, d'aucuns pensent que la longévité au
pouvoir du chef de l'Etat camerounais et même sa réélection
perpétuelle au pouvoir deviennent pour eux une menace. Pour ceux-ci,
l'acceptation d'être inscrit dans un registre pour la sensibilisation ou
la vaccination est déjà une façon de voter pour le parti
au pouvoir sans se rendre compte. C'est la raison pour laquelle madame
Bernadette nous précise ici en ces termes :
Les campagnes gratuites pour la santé, ce n'est pas
mauvais. Ce qui est gênant c'est que vous demandez aux gens toutes les
informations sur eux et surtout leur numéro de Carte Nationale
d'Identité. C'est ce qui n'est pas claire. Si c'est vraiment gratuit
comme vous dites souvent, qu'est ce qui peut alors nécessiter
l'enregistrement de nos numéros d'identification ? Là, nous on
connait ce qui se cache derrière. D'ailleurs, j'ai même
constaté que la prolifération de ces campagnes sont toujours
à la veille des élections notamment les campagnes de lutte contre
le paludisme avec l'enregistrement pour les moustiquaires
imprégnées MILDA.138
L'enregistrement va donc connaître des
difficultés, des refus et même des réticences violentes
à cause des déclarations pareilles. Cette population pense
légitimement que les campagnes de soins et de santé gratuits qui
figurent à la veille des élections sont un moyen pour faire voter
involontairement le parti au pouvoir. De ce fait pour éviter de voter
contre sa volonté, on doit alors ici boycotter l'enregistrement surtout
s'il faut nécessairement le numéro de la Carte Nationale
d'Identité. C'est ainsi que, pendant les campagnes de soin et de
santé gratuits dans certains secteurs de cette localité on
rencontre des femmes très hostiles à toutes sortes de
négociations pareilles. Lors de la dernière campagne de lutte
contre la rougeole et la rubéole, nous avons rencontré les femmes
au niveau de la Briqueterie NORD qui refusaient le minimum de courtoisie, nous
stipule YIPOU : « mon mari n'est pas là ; je ne peux pas parler
si mon mari n'est pas là ; sortez de chez moi
»139 et elle appuyait en langue maternelle : «
dil lou,dil lou » assez sèchement accueilli, la
négociation devenait très difficile. Il fallait
immédiatement rejoindre la porte de peur d'une surprise
désagréable.
En fait avec la non maitrise du phénomène et
à cause de simple coïncidence, le rejet des MILDA était
lié au fait qu'en 2011, c'était à la veille des
élections et pour certains, pourquoi cela se répète en
2016 quand le président de la république réfléchit
pour son prochain mandat. Cela laisse croire à la majorité que
« les campagnes de soins et de santé gratuits veulent dire tout
simplement, voter gratuitement pour le parti au pouvoir ». Mr MVONDO
Jean Paul nous étaye en ces termes :
138 BERNADETTE YOUSSOUFOU, entretien du 05/03/2018.
139 YIPOU, agente de sensibilisation et de vaccination. Entretien
du 03/03/2018.
8
Je ne sais pas ce que vous cherchez au juste. Si
effectivement c'était les campagnes de soins et de santé gratuits
purement et simplement sans rien de cacher derrière, on ne devrait pas
attendre les moments des élections. C'est justement pour dire aux autres
qui sont naïfs que vraiment le gouvernement pense à vous. Alors
dès qu'ils vont descendre sur le terrain pour les meetings
électoraux les villageois seront facilement corrompus. Or ce jeu
politique qu'on administre dans le domaine de santé, je n'encourage pas.
Je suis contre les manigances. Pour conclure, les campagnes gratuites de soins
et de santé gratuits sont les moyens de domination systématique
surtout ici au Cameroun. En vérité, ils construisent combien
d'institutions hospitalières par an ? C'est nul. Ils doivent
plutôt baisser le frais des médicaments si vraiment ils veulent
aider.140
Alors pour ce dernier la simple coïncidence de certain
programme de santé avec l'année électorale
représente un danger pour la société car les campagnes de
soins et de santé gratuits ici sont présentes à temps
opportun pour aliéner psychologiquement les individus.
Secondairement, d'autres à l'instar de YOUCOUBOU
marié et père de sept enfants précise :
C'est la nouvelle stratégie de nous corrompre.
L'Etat met sur cette politique pour faire croire aux gens qu'il s'occupe bien
de sa population. Ils ont même des soins gratuits. Alors que ce sont les
conneries. Les gens du gouvernement peuvent toujours faire leur manigance sans
nous introduire. Regarder comment on souffre. Regarder comment on n'arrive pas
à bien se nourrir, se vêtir, payer la scolarité des
enfants. Ils laissent les vrais problèmes sans les résoudre pour
nous parler du programme des campagnes gratuites. Mais ce n'est pas bien. Je
suis contre ça, même si on me met devant la
télévision je vais donner mon point de vue. Moi, je n'ai pas
peur, les campagnes de ceci, de cela... ce n'est pas ça notre
problème. On vit mal.141.
Nous comprenons dès lors selon cette population que,
l'Etat corrompt la population par le biais des campagnes de soins et de
santé gratuits. Les pouvoirs publics se servent de l'occasion pour
décaisser l'argent au trésor et utiliser à des fins
personnelles.
VI-2. Les types de rejets contre les CGSS
Nous distinguons ici trois types de rejets des CSSG
auprès de la population de Yaoundé notamment du quartier
Briqueterie. Ces rejets sont classés comme suit :
140 Jean Paul MVONDO, entretien du 06/03/2018.
141 YACOUBOU, entretien du 12/01/2018.
88
a) Les rejets stratégiques.
? La tricherie
Entendu ici comme action de tromper, les populations de
Yaoundé Briqueterie développent des stratégies pour
contrer mieux encore éviter les vaccinations de leurs enfants. C'est
ainsi qu'ils procèdent par l'achat des marqueurs identiques que ceux du
MINSANTE. Ces derniers vont colorer les doigts de leurs enfants pour indiquer
que leurs enfants sont déjà vaccinés. Alors pendant la
descente sur le terrain les agents vaccinateurs vont rencontrer les enfants
avec les auriculaires déjà noircis. Se disant effectué par
les collègues, ils vont dont traverser ces derniers (ces enfants) sans
les vacciner. C'est d'ailleurs une stratégie très
récurrente en ce milieu. Mlle YIPOU, affirme également ici en ses
termes :
Ils sont tous comme ça. On vient les aider mais ils
nous mettent les bâtons dans les roues. On les a déjà trop
parlé. S'ils veulent ils acceptent c'est leur problème. En
vérité. Ici là, notre travail c'est de les aider. Alors
pour refuser le vaccin indirectement ils te montrent le doigt de l'enfant avec
déjà l'empreinte qui prouve que l'enfant est déjà
vacciné. Moi je ne force personne. Quand je vois comme ça je
passe. Mon problème c'est de percevoir le peu qu'on nous donne en fin de
journée. Dans ce cas on peut se balader un peu sur la rue et aller par
la suite s'asseoir quelques parts pour attendre 15h 00 minutes et aller
remettre. Journée pointée, c'est bon.142
Pour celle-ci, les habitants de la briqueterie refusent la
vaccination des leurs enfants, elles sont d'après cette dernière,
responsable de leur situation. Ici, ce qui est important c'est attendre l'heure
du dépôt pour aller se débarrasser des glaciers et autres.
Ceci à cause du fait que même le coté humanitaire n'est pas
présent chez ces agents et le manque de bon management.
Photo n° 9 : « Balade perd temps » sur
les rues de la briqueterie.
Source : 9- photo prise par
téléphone le 03/03/2018.JNV par MOUNGOUM.
142 Mlle YIPOU agente de vaccination de masse. Entretien du 21
/07/2017.
89
Cette image montre au claire le déplacement de deux
équipes qui, au lieu de s'infiltrer dans le quartier pour travailler, se
baladent aux abords des rues pour se plaire et par la suite irons s'asseoir
quelques part. L'une de composante de cette équipe nous donne ses
raisons :
Je ne vois pas mon intérêt d'insister sur des
personnes qui acceptent les vaccins malgré eux. D'ailleurs on souffre
pour avoir à peine 1500f ou 2000f la journée quand ils ont trop
fait. Moi je viens aussi ici parce que j'ai besoin d'argent pour satisfaire mes
besoins. Mine de rien on vient gérer et puis voir ce qu'on peut faire.
Mais en réalité ici, l'essentiel c'est d'être
présent pour passer en soirée confirmer la présence si
c'est même nécessaire.143
b) Les rejets ouverts
C'est ce qui se caractérise par la violence en acte et
en parole. Ici à la Briqueterie, nous avons rencontré ces
différentes réticences. Cette action de repousser ou de refus
entre dans le contexte socioculturel car ici nous avons observé la lutte
entre la tradition et la modernité. Le mythe des considérations
du blanc comme responsables des malheurs des noirs. Puis la question
d'adaptabilité avec les outils modernes de soin et de santé.
Plusieurs éléments constituent ces formes de rejets.
? La Bélonephobie
Entendue ici comme la peur des aiguilles, les victimes de la
bélonepobie sont nombreuses, et partagent en particulier une forte
aversion pour les aiguilles qui sont supposées les piquer. Prise de
sang, injection, de vaccin sont à l'origine des véritables
accès de terreur. Ces phobiques naturelles, sont aussi achmophobique,
puisqu'ils craignent les objets pointus qui traversent la peau (seringue).
En effet, généralement associé à
la phobie de la vue du sang ou hématophobie, la peur des piqures est
souvent motivée par la crainte qui provoque les réticences aux
campagnes gratuites au soin et à la santé. C'est pourquoi Mr
BOUBA nous parle de façon désintéressée en rejetant
les campagnes de soins et de santé gratuits. « Je ne veux pas
de vos piqures sur mes enfants. Donc je vous prie de retourner chez vous. Mes
enfants et moi, nous n'aimons pas ça. »
143 Rachida agente de vaccination de masse. Entretien du
21/07/2017.
90
Photo n° 10 : Un accueil
désintéressé
Source : photo prise par téléphone
le 21/07/2017 par MOUNGOUM.
Cette image présente un accueil irrégulier et
même désintéressée chez Bouba qui, pour lui, il y'a
rien qui fait mal comme la vaccination alors que ça ne soigne même
pas « si vous êtes venus pour ça sortez de chez moi
». Cette forme de rejet nous trouve l'essence dans sa conception et
ses imaginations. Ce dernier, couvert sous ce manteau de représentations
autour des campagnes de soins et de santé gratuits en occurrence la
vaccination nous dit :
Parfois j'accepte même les autres pratiques
(médicaments). Mais dès que j'attends le mot seringue, prise de
sang, piqûre, vaccin, injection, je refuse. Moi-même je n'aime pas
ça. Alors ce n'est pas mon enfant qui doit bénéficier. Je
prends toujours l'exemple sur moi car dès qu'on ne touche le
bras, les épaules ou autres et qu'on dit en même temps
piqûre me délire. Difficilement, on admet quand c'est l'unique
solution. Or avec les campagnes de soins et de santé gratuits, j'ai le
choix. D'ailleurs mes enfants ne sont pas malades par conséquent, je ne
peux laisser qu'on les vaccine.144
Il poursuit son discours en disant :
Ce n'est pas seulement la douleur qui fait peur mais aussi
les seringues, le fait d'imaginer inconsciemment comment cela rentre dans les
veines des enfants alors qu'en réalité, ils ne sont pas
malades145.
Une telle phobie représente un obstacle pour la
population de la Briqueterie face au programme élargie de vaccination,
voire les campagnes de soins et de santé gratuits. Car plusieurs examens
et traitements préventifs nécessitent des prises de sang. Et
la
144 Mr BOUBA. Entretien du 27/01/2018
145 Mr BOUBA. Entretien du 27/01/2018.
9
bélonephobie146 est bien entendu aussi
handicapante dans le cas d'analyses de dépistage ou de la
vaccination.
Photo n° 11 : Vaccination contre la rougeole et la
rubéole.
Source : photo prise par
téléphone, JNV contre la rougeole et la rubéole 2011 par
MOUNGOUM.,
Ici, on observe les pratiques de la vaccination
entourée de certains qui viennent uniquement voir et aller rapidement
soit cacher leurs enfants soit colorier les derniers doigts (auriculaires) de
leurs enfants pour éviter la vaccination.
VI-3. De L'utopie d'une éradication
Depuis le début des années 2000, un grand nombre de
pays Africains a procédé par des politiques d'exemption du
paiement dont on a appelé ici politique de gratuité de soins pour
sauver de vie à une catégorie de personnes.
En effet, ce vaste mouvement de réforme au niveau de la
gestion et du financement de la santé en Afrique et au Cameroun
s'inscrit dans une volonté plus importante qui tend à la
couverture vaccinale et la lutte contre les pandémies. C'est dans cet
ordre d'idée qu', AYISSI NKO nous apporte de l'éclairage en
précisant que :
C'est au vue de la situation de l'Afrique et le taux de
mortalité qui demeure sans cesse croissante dans les années 2000
qu'on est passée à l'effectivité de l'initiative de
BAMAKO. Notre projet (argent de santé) est d'abord centré sur la
couche vulnérable. Cette couche qui en manque le minimum. Ces
personnes-
146 Rachel BOUBA. Psychiatre au CHU de Nantes, mai 2012. Page
web
www.blénephobie.com,
consulté le 05/04/1/2018
9
là dont la vie est très difficile. Ce sont ces
personnes qui représentent notre première cible surtout en cas
des épidémies ; elles sont très
exposées.147
En plus la stratégie de lutte mise sur pied par les
équipes nationales en charge de lutte contre les épidémies
et les pandémies pèchent au niveau de la mise sur pied de
technique de lutte qui ne coïncide pas avec la réalité du
terrain. Le problème quotidien ou encore d'actualité qui se vit
dans la localité du quartier Briqueterie est loin d'être
résolu par la vaccination ou encore la distribution des
moustiquaires.
D'après TOTCHUM :
Ce n'est pas la vaccination qui pose problème.
Puisque la majorité des femmes notamment les femmes enceintes suivent
leur programme de vaccination ici dans ce centre. La population de cette
localité a plutôt un problème d'insalubrité et je
vois que la solution n'est pas les campagnes de vaccination. La solution doit
être d'abord une attirance au niveau de la propriété et ses
bienfaits148.
En effet les produits de la vaccination arrivent à
être acceptés pour beaucoup de personnes ici. Pour lui,
d'après son observation et en tant qu'agent de santé dans cette
structure, le PEV laisse auprès de chaque centre de santé et les
points fixes de la vaccination des produits ou des vaccins permanents. Ces
vaccins sont destinés aux enfants de 0 à 5 ans.
L'infirmière TOTCHUN témoigne que :
L'ETAT, pour mieux conserver les médicaments, a mis
à notre disposition des infrastructures telles que les
réfrigérateurs pour conserver les médicaments des
vaccinations de routine. Car si on utilise les réfrigérateurs
communs de l'hôpital, cela va gêner la conservation ou encore
baisser ou endommager certains produits, vu qu'on ouvre à tout
moment149.
Il nous rassure que : « les agents du MINSANTE en
charge des campagnes de soins et de santé gratuits ont aussi pour
mission de contrôler. Et là, ils passent de temps en temps toutes
les semaines pour vérifier si ces vaccins sont utilisés
»150.
Mais en dehors des vaccins de prévention contre la
polio, la rougeole / rubéole, la diphtérie et bien d'autres, la
population de Yaoundé Briquèterie concède un
problème lié à leur mentalité.
147 Dr Georges NKO AYISSI, DLMEP. Entretien du 02/05/2018.
148 Infirmier TOTCHUM, entretien du 22/05/2018.
149 Infirmier TOTCHUM, entretien du 22/05/2018
150 Infirmier TOTCHUM, entretien du 22/05/2018
93
Ainsi, les campagnes gratuites ne sont pas toujours gratuites
dont pensent beaucoup de personnes car l'Etat achète ses vaccins. Dans
les centres de santé et même dans les grands hôpitaux, l'on
observe des cas de comportements et des appréciations non conformes
à la règlementation en vigueur. L'infirmier THOTCHUN
répète que : Le vaccin de Bcg n'est pas toujours
respecté à cause du fait que le centre de santé de
Yaoundé Briquèterie enregistre moins de naissance or, pour qu'on
offre un flacon de BCG, il faut au moins dix enfants plus que un flacon
correspond à vingt doses.151
Nous comprenons dès lors que, pour utiliser le vaccin
de BCG il faut un certain nombre de naissance. Dans les centres de santé
ou les naissances ne sont pas importantes, les infirmiers rencontrent des
problèmes pour les octroyer car, en ouvrant un flacon pour une naissance
seulement, le reste ne servira plus à rien. Seules les campagnes de
soins permettront renforcer la santé de la couche sociale.
VI-4. Une réticence perpétuelle
Au quartier Briqueterie, certaines femmes interrogées
ne croient pas trop à la vulnérabilité des enfants de
zéro à cinq ans au sujet des maladies évitables dont nous
pouvons rappeler ici le paludisme, la fièvre jaune, la
poliomyélite, la rougeole, le cholera... D'après le docteur
AYISSI NKO :
Les premières années de la vie sont
déterminantes pour la suivie de l'enfant. Tout au long de ces
premières années, nos enfants sont vraiment exposés.
Puisque ces maladies nuisent gravement à la santé de ces
derniers. Elles peuvent les emmener à nous quitter si tôt.
L'immunité de l'enfant à la naissance, les conditions
d'hygiène, l'alimentation sont les facteurs très importants
à ne pas négliger car le respect et l'assurance de ces facteurs
sont susceptibles de promouvoir une meilleure santé de
l'enfant.152
Les femmes vivant dans cette localité rejettent les
campagnes de soin et de santé à cause de non maitrise des
conséquences que courent leurs progénitures en se
désintéressant ou en adoptant un comportement de réticence
vis -à -vis de campagnes de santé.
L'enquête auprès de BOUBA en ressort à ce
sujet que :
Je suis peu content de ce changement ou cette variation.
Ils veulent nous enterrer une fois. Mes enfants sont suivis traditionnellement
et ils ont moins de problème. Ce qui nous arrive aujourd'hui, c'est que
nous avons abandonné
151 Infirmier TOTCHUM, entretien du 22/05/2018
152 Dr AYISSI NKO G. DLMEP. Entretien du 02/05/2018.
9
nos traditions. Moi je fais toujours les scarifications
préventives à mes enfants. Mes enfants dès la naissance
sont protégés contre les sorciers. 153
La réticence de la population de la Briqueterie n'est
pas un leurre. C'est un phénomène observable et observé
dans cette localité. Pour certains il y'a pas de traits qui prouvent que
les campagnes gratuites au soin et à la santé peuvent
améliorer leur système de santé. Ils insistent sur la
récurrence des maladies qui gravitent autour de leur
microsociété. AMOMBO Rose, non loin du centre de santé PMI
brique porte à notre connaissance que : « chaque année
on vaccine mes enfants ici, mais ils sont toujours malades. Moi je vois que
c'est même leur affaire-là qui nous donne la maladie
»154 Elle continue en disant :
« Nous les grands-parents on part moins à
l'hôpital c'est juste parce que nous n'avons pas connu ces nouvelles
maladies. Je peux même dire que c'est votre vaccin qui fragilise
même les enfants et ils tombent malade »155 Toujours
dans cet état de colère elle ne s'abstient pas de nous dire que :
« moi, j'ai toujours depuis un temps demandé à mes
petits enfants de ne jamais ouvrir la porte quand ils entendent campagnes de
vaccination ».
VI-4-1. L'écho du paludisme à
Yaoundé Briquèterie.
Tout d'abord, d'après le rapport de l'OMS, près
de la moitié de la population africaine est exposée au risque de
paludisme. En 2015, on a enregistré environ deux cents douze
millions (212 000 000) de cas et quelque quatre cents vingt-neuf mille
(429 000) décès dus à cette maladie. Et, là,
l'Afrique subsaharienne représente toujours une proportionnalité
élevée.
Ainsi TOTCHUN Arnaud nous précise que, « dans
ce centre de santé, le paludisme est à la merci de presque toutes
les familles. C'est très élevé. En ce sens, les CGSS n'ont
pas d'effet ». Cela peut s'observer au niveau mondial d'après
les statistiques. En Afrique subsaharienne, un enfant meurt du paludisme toutes
les trois secondes (03s). C'est très dangereux pour l'humanité.
« La hiérarchie a bel et bien parlé du diagnostic test
jusque c'est officiel mais ce n'est pas encore présent .On attend
»156.
La statistique nationale approuve que, la mortalité sur
les vingt-un mille deux cents soixante-huit décès dont
on a enregistré, deux mille six cent trente- sept
étaient attribués au paludisme soit un taux de 12,4% en
2016. Ce taux d'après les membres du gouvernement connait une
amélioration.
153 BOUBA, maçon et chef de famille, entretien du
27/01/2018.
154 Rose AMOMBO, entretien du 11/01/2018.
155 Rose AMOMBO, entretien du 11/01/2018.
156 TOTCHUN AUBIN, infirmier de l'hôpital du centre de
santé de la briqueterie. (Mission catholique). Entretien du
22/05/2018.
95
Madame BODO reproche également le caractère de
l'insalubrité « la brique est sale »157
pour elle, même si on crée un comité de surveillance pour
assurer la mise oeuvre pratique de l'installation des moustiquaires chaque
nuit, cela ne vas pas résoudre le problème. « Le
problème ici ce sont les herbes partout. Les rigoles sales. Peut-on donc
rester en longueur de la journée à l'intérieur des
moustiques ? »158
En effet les propos de cette infirmière du centre
social PMI Brique nous assignent une orientation sur la question des
stratégies de lutte parlée plus haut. Il est donc
nécessaire de revoir les méthodes, les stratégies de
résolutions pour sauver des vies. Ici, la réticence ne concerne
pas que les profanes, les analphabètes mais aussi les personnes
instruites. Celles du domaine qui travaillent bien évidement sur le
terrain.
Si le Cameroun enregistre quatre mille décès
par an dont 70% d'enfants des enfants de zéro à cinq ans,
l'inquiétude va au-delà du profane. Mais ici à la brique,
l'on pense que les campagnes de santé gratuite proposées par
l'Etat sont plutôt un moyen d'aliénation visant plutôt la
recherche des intérêts personnels. C'est ce qui fait dire à
un habitant retraité de la briquèterie Mr OMGBA :
J'ai suivi la somme énorme déboursée
pour la lutte contre le paludisme. Au lieu de nous apporter les solutions
adéquates, il nous raconte l'histoire des moustiquaires MILDA. Moi
j'avais refusé cela. Ce sont des bandits. On souffre comme ça
c'est eux.159
Pour celui-ci, les campagnes de soins et de santé
gratuits sont un moyen pillage de fond de l'Etat en faveur de caisses
personnelles. Au lieu de sortir de l'argent pour aider la population en plein
souffrance, il vide de l'argent pour l'utiliser dans un domaine qui ne sert
vraiment pas à la nation.
157MBODO, infirmière. Directrice du centre de
santé PMI Briqueterie
158 MBODO, idem
159 OMGBA, entretien du 12/01/2018.
Photo n° 12 : L'insalubrité à la
briqueterie
Source : photo prise lors d'une enquête de
terrain. 03/03/2018 par MOUNGOUM.
Cette image présente une habitation entourée
d'herbes. Ces herbes sont susceptibles d'attirer les moustiques qui
s'infiltrent à l'intérieur de la maison. Et d'ailleurs,
l'extérieur de cette habitation est aussi cet espace qui
représente le lieu par excellence de jeux aux enfants jusqu'au coucher
du soleil. Les enfants seront donc contaminés par des piqures des
moustiques.
VI-2. Les conditions socioculturelles de la perception des
campagnes de soins et de santé gratuits.
Ici, les campagnes gratuites proposées par l'Etat sont
perçues comme essentiellement une dysfonction de leur manière de
penser et d'agir. On observe ici une incapacité ressentie par ces
individus au niveau du degré de leur entendement. Pour ceux-ci, c'est
à eux- mêmes de mesurer le degré de leur souffrance, de
leur statut et non l'Etat.
Les personnes malades ou susceptibles d'attraper les maladies
orientent leur trajectoire thérapeutique non seulement à partir
de leurs sentiments propres mais motivées par l'entourage qui peut
être ici la famille ou les proches. C'est pourquoi Mme ZENABOU Bello nous
explique :
Les produits de l'occident ne sont pas plus efficaces que
le remède de palu que ma voisine prépare. Ici nous on ne part pas
à l'hôpital n'importe comment.
9
Il y'a de cela trois jours ma dernière fille
était souffrante je n'ai pas attendu de midi à quatorze heures,
je lui ai donné deux verres et c'est passé.160
La majorité des parents interrogés ici à
la Briqueterie ont une vision réticente et reconnaissent beaucoup plus
la médecine traditionnelle dont ils pensent efficace. Ici c'est d'abord
l'Etat qui leur donne la maladie pour chercher à leur proposer les
produits toxiques par la suite. Ceci pour tuer les cellules dans leurs corps.
Alors dans cette localité de Yaoundé, on remarque sur le terrain
que les soins palliatifs ou encore le traitement des maladies à base de
l'absorption d'une potion issue des plantes médicinales, soit en bain
soit en humant sont une mesure appréciée. Celles-ci sont
accompagnées des sacrifices rituels.
160 Zenabou BELLO, entretien du 03/03/2018.
Au terme de ce chapitre, il ressort clairement que les
comportements de réticences construites autour des campagnes de soin et
de santé gratuits relèvent des habitudes (us et coutumes) rigides
qui rejettent les innovations scientifiques. Les pratiques locales, les rites,
les croyances de toutes sortes, sont à la base ou encore constituent des
éléments qui fondent les réticences. Là, les
populations de la Briqueterie adoptent des stratégies leur permettant
d'esquiver et même de fuir les agents de campagnes sur le terrain. Puis,
les menaces de l'environnement politique qui perturbent et limitent
également la pertinence du « pourquoi » des campagnes de soin
et santé gratuits dans cette localité de Yaoundé.
CONCLUSION GENERALE
00
Cette étude, intitulée « les
représentations sociales des campagnes gratuites de soins et de
santé gratuits dans les aires urbaines-camerounaises de santé
prioritaire. Le cas du quartier Briquèterie » a
été menée dans cette localité notamment tout
l'étendue de la Briquèterie. Son but était d'analyse et de
comprendre le « pourquoi » et le « comment » la
réticence vis-à-vis des CSSG dans cette aire de santé.
Dans ce sens il a été important de présenter les facteurs
déterminants images construites par cette population autour des CSSG
dans cet univers et son impact sur la question de la santé. Cependant,
avant cela, il a été nécessaire pour nous de vous rappeler
que notre effort a surtout visé à appréhender d'une part
les différentes perceptions développées par les individus
de cette localité et les images construites par ces derniers autour des
campagnes de soins et santé gratuits. Et d'autres part, de montrer
comment les résidents de la Briqueterie développent des mesures
de contournement pour éviter ces campagnes mises à leur
disposition.
Pour mieux saisir l'objet d'étude dans le cadre de
cette recherche, il est important de définir un fil conducteur devant
nous guider tout au long de notre étude. C'est dans ce sens que le
travail s'est structuré autour de la question suivante : quel est le jeu
des représentations sociales sur la dynamique et l'efficacité des
campagnes de soins et de santé gratuits chez les résidents du
quartier Briqueterie ? A la suite de cette question, trois autres questions
secondaires ont été formulées à partir de la
question secondaire de recherche. Quels sont les savoirs et les perceptions
voire les représentations construites par la population de la
Briqueterie au sujet des campagnes de soins et de santé gratuits ? Ces
interrogations sont formulées comme suit :
- Quelles sont les moyens de réticences ou de rejets du
programme des soins gratuits dans ce quartier ?
- Quelles sont les compétences des agents sensibilisateurs
et vaccinateurs convoqués ?
- Quelles sont les actions des représentations
médiatiques sur responsabilité de l'acceptation ou le rejet
à des campagnes de soins et de santé gratuits ?
Suivant, l'observation sociologique, nous sommes partis des
refus farouches et même stratégiques lors des campagnes de soins
et de santé gratuits observés sur le terrain. En termes de
réponse éventuelle nous pourrions considérer de
façon générale que le phénomène
récurrent de répulsion des campagnes de soins et de santé
gratuits est dû à des facteurs sociaux d'une part et d'autres part
à des facteurs culturels et anthropologiques lié aux
représentations et aux valeurs culturelles. Car les populations de la
Briqueterie ont du mal à
0
intégrer ou à accepter les campagnes de soins et
de santé gratuits ceci à cause de leurs mentalités, des
images captées des médias, des réseaux sociaux et les
incidences négatives engendrées par les effets secondaires des
médicaments gratuits.
Soulignons d'abord que cette hypothèse n'était
qu'une réponse provisoire à la question de départ
posée, et elle a été mise à l'épreuve par
des faits et des réalités du terrain sur lesquelles porte notre
étude. Car la santé au même titre que la sociologie
générale a pour but ultime de débusquer la
réalité sociale cachée derrière les apparences
sociales. Dans le cadre de cette étude, les données recueillies
via l'investigation sur le terrain ont permis d'arriver à des certitudes
dans ces trois hypothèses secondaires corollaires à celle-ci :
Premièrement, l'accès au bien-être de
cette population sur le plan sanitaire est la préoccupation fondamentale
de l'OMS qui, à travers le programme des campagnes de soins et de
santé gratuits cherche à relever l'espérance de vie dans
les différentes régions du globe notamment de l'Afrique. Mais
à cause de « l'ignorance » caractérisée
liée à l'indicateur socioculturel, la population de la
Briqueterie reste réfractaire aux programmes des campagnes de soins et
de santé gratuits car pour elle, ces programmes interviennent pour leur
donner soit de nouvelles maladies soit pour les exposer à la
stérilité. Cette affirmation péremptoire viendrait du fait
que pour certains les hommes tombent fréquemment malade de nos jours
comme affirme certain : « nos parents n'utilisaient pas ces produits
de la médecine moderne mais ils vivaient plus d'un siècle
». Dans ce tissu d'idées, les campagnes de soins et de
santé gratuits rencontrent des blocages et la tâche devient si
ardue à cause de leur adhésion à d'autres logiques. Comme
disait Voltaire : « l'ignorance a fait plus de mal à
l'humanité que toutes les religions»161
Deuxièmement les premières expériences
avec la prise des comprimés « Mectizan » avaient
provoqué des troubles sanitaires dans certaines familles de cette
localité. Par conséquent les campagnes gratuites viendraient
plutôt détruire les hommes au lieu de leur sauver la vie. En
effet, à cause des effets secondaires liés à la prise des
comprimés « Mectizan »162 qui servaient
plutôt de nettoyage dans l'ensemble du corps et qui déclenchait
aussi les symptômes cachés de certaines maladies, beaucoup de
personnes ont considéré cet acte comme un danger pour leur
santé et de deviennent réticent aux campagnes de soins et de
santé gratuits. Vu qu'ils n'ont pas la maitrise de ce programme et de
ses effets secondaires.
161-voltaire, étude sur l'histoire de
l'humanité : la philosophie du XVII et le christianisme. Paris
15éme boulevard Montmarte. 1806.
162- Programme de santé en Afrique 2000. Comprimé
3MG.
0
C'est ainsi que d'autres diront : « tout ce qui est
gratuit relève un danger »163. Les agents
vaccinateurs et sensibilisateurs en manquent la pertinence auprès de
cette population. Ce qui soulève un problème de compétence
des agents de terrain. Par conséquent ces informateurs et ces agents
semblent moins convainquant sur le terrain vu que le choix du mobilisateur
dépend du réseau relationnel et amical avec le responsable de
l'aire de santé de la Briqueterie. Les critères de
sélection pour la sensibilisation et la distribution des vaccins ne
respectent pas la loi de l'expertise.
Troisièmement les campagnes de soin et de santé
gratuits sont aussi considérées comme une promotion de
marchandage caché. Les réseaux sociaux en font l'usage de montrer
comment les blancs, à travers la médecine moderne cherchent
à exterminer le noir qui est même déjà entraine de
se découvrir. Dans cette affirmation brutale sur des plates-formes
WhatsApp, Facebook, beaucoup d'entre eux vont rejeter sans remise en cause
toute campagne gratuite liée à la santé que ce soit de
vaccination ou de sensibilisation.
Ainsi, de ce qui précède, il convient de dire
que toutes ces hypothèses ont été confirmées
à l'issue du traitement, de l'analyse et de l'interprétation des
données collectées sur le terrain. Les résultats de la
confrontation de nos trois hypothèses secondaires aux faits concourent
à corroborer le contenu de l'hypothèse principale qui indique que
: « le phénomène récurrent de répulsion des
campagnes de soins et de santé gratuits est dû à des
facteurs sociaux d'une part et d'autres part à des facteurs culturels et
anthropologiques lié aux représentations et aux valeurs
culturelles. Car les populations de la Briqueterie ont du mal à
intégrer ou à accepter les campagnes de soins et de santé
gratuits ceci à cause de leurs mentalités et les incidences
négatives engendrées par les effets secondaires ».
Pour mener à bien la vérification de ces
hypothèses et dans le souci d'avoir plus de lisibilité pour
comprendre les facteurs réels de la faible acceptation des campagnes de
soin et de santé gratuits à la Briqueterie. Nous avons
commencé par un travail de construction de notre objet sociologique qui
a consisté à analyser, à explorer et à mettre
à nu les différentes représentations construites autour
des campagnes de soin et de santé gratuits. C'est après avoir
construit notre objet d'étude sociologique qu'il nous a
été possible à l'analyse et à la
démonstration des comportements, des pratiques relatives aux rejets des
campagnes de soin et de santé gratuits. De ce fait, nous avons fait
recours aux modèles théoriques et techniques de collecte des
données.
163-Idem
03
Sur le plan théorique, pour vous faire comprendre de
fond en comble la réalité qui nous a intéressée,
nous avons mobilisé trois grilles d'analyse. Nous avons
évoqué entre autres la théorie culturaliste, la
théorie de représentation sociale et la théorie de
l'individualisme méthodologique.
Sommairement, la théorie culturaliste qui fait de la
culture un instrument ou l'élément déterminant et
explicatif présent dans la conduite d'un individu. Cette théorie
nous a permis de comprendre comment le poids de la culture favorise la
réticence aux produits de la médecine moderne. Comment le
rattachement profond à cette culture traditionnelle influe les CSSG.
Cette observation nous permis de mettre en évidence l'influence
prépondérante de la culture et des habitudes culturelles
d'éduction sur la personnalité de base. Cette grille de lecture
s'intéresse à la relation existante entre l'homme et la culture.
Elle nous a permis de montrer comment les campagnes de soins et de santé
gratuite aperçues comme l'innovation aliénante trouvent de la
peine à s'enraciner auprès des habitants de Yaoundé
Briqueterie. Dans ce quartier de la capitale, le poids de la religion, de la
tradition, de certaines croyances prend le dessus l'acceptation des CSSG. Cette
population est socialisée à partir du respect rigoureux des
normes et valeurs traditionnelles au détriment de toute autre
considération, s'il faut parler de la médecine moderne. Le
culturalisme cherche à rendre compte de l'intégration sociale de
ces individus et les mobiles explicatifs du comportement réfractaire aux
différentes campagnes de soins et de santé gratuits dans cette
localité.
Deuxièmement, nous avons également fait recours
à la théorie des représentations sociales. Cette
théorie a permis d'expliquer les motivations des images construites
autour des campagnes de soins et de santé gratuits partant de leur
appréhension personnelle et collective. La représentation sociale
est construite à partir de l'expérience quotidienne des acteurs
sociaux. S'il faut parler comme JODELET, c'est une « forme de
connaissance socialement élaborée et partagée ayant une
visée et concourant à la construction d'une réalité
commune à un ensemble social ».164Là, ces
représentations sociales sont donc un ensemble organisé
d'opinions, de croyances, d'attitudes se référant à un
objet ou à une situation. Elles se construisent à partir de leurs
expériences, leurs savoirs, leurs manières de penser qui se
réfèrent aux coutumes, la communication, la socialisation. Elles
sont ici considérées comme une interprétation qui doit
servir la compréhension des logiques et des croyances
développées par les acteurs sociaux sur les campagnes de soin et
de santé gratuits chez les résidents du
164 JODELET Denis. « Représentations sociales :
phénomènes concepts et théories » in Serge MOCOVICI :
psychologie sociale, Paris, PUF, 1984.
0
quartier Briqueterie. Voilà pourquoi ces
résidents ont rencontré des difficultés dans l'acceptation
des campagnes de soins et de santé gratuits. Car leur statut cognitif
leur permet d'appréhender les aspects de la vie ordinaire par un
recadrage de leur conduite à l'intérieur des interactions
sociales.
A travers ce courant, nous voulons montrer qu'il existe des
savoirs et des perceptions socialement construites qui constituent un obstacle
pour des campagnes de soins et de santé gratuits à
intégrer de façon considérable leur mode de vie. Autrement
dit, leur manière de sentir, d'agir, et même de penser visible
dans leur comportement. Cette théorie des représentations
sociales nous a permis la compréhension des motivations profondes
liées à la réticence.
Enfin, la théorie de l'individualisme
méthodologique. Nous avons pu détailler comment les individus
sont donc considérés comme des atomes de base de l'analyse de
processus sociaux et collectifs envisagés comme simple résultat
des activités individuelles. Ainsi, ce sont ces motivations qui
intéressent qui nous ont intéressé. Ainsi, Les motivations
des habitants de la Briqueterie sont inscrites dans des logiques propres
à leurs sentiments pris individuellement. Chacun participe à la
construction des réticences aux campagnes de soins et de santé
gratuite en donnant son avis propre puisé dans ses penchants et ses
réflexions personnelles. La théorie de l'individualisme
méthodologique nous a alors permis de comprendre les raisons
personnelles qui expliquent leurs comportements de réticences.
Au plan méthodologique, la recherche documentaire,
l'observation directe et les entretiens ont constitué la phase
importante de notre entreprise de collecte des données. L'approche
documentaire a permis l'accès aux informations relatives à la
conquête, à la saisie, et à la construction de notre objet
de recherche. Elle a été bien évidemment le point de
départ de notre travail de recherche. Ensuite, l'observation directe
nous a permis de démystifier les comportements, les attitudes et les
mentalités des acteurs sociaux en rapport avec la réticence des
campagnes de soins et de santé gratuits. Toutefois, les entretiens
semi-directifs, nous ont permis de recueillir des informations sur les
différents savoirs et les perceptions construites autour des campagnes
de soins et santé gratuits. Cette association d'éléments
méthodologiques ou encore de techniques de collecte a favorablement
contribué à une « vigilance
épistémologique 165» puis à un savoir
profond dans la production de ce travail de recherche. Nous avons
travaillé sur la base de l'échantillon théorique et
aléatoire. Par
165 Pierre BOURDIEU, le métier du sociologue, Paris, PUF,
2001.
échantillonnage, il faut comprendre le nombre restreint
de personnes, minutieusement choisi pour apporter des informations
crédibles sur le sujet de l'enquête. En d'autres termes, c'est une
technique par laquelle le chercheur choisit une partie représentative de
la population pour déterminer les caractéristiques de l'ensemble
de la population à étudier. Il permet dans une recherche
d'obtenir les informations utiles à la compréhension du
phénomène étudié. De ce fait nous avons
jumelé l'échantillon théorique et l'échantillon
aléatoire.
Pour mieux rendre compréhensible les réticences
de résidents de la Briqueterie nous avons opté pour
l'échantillon théorique et aléatoire. Ces techniques nous
ont permis de parcourir de façon pyramidale notre population cible.
C'est dans ce processus que nous avons parcouru la population
générale de ce quartier afin de sélectionner les
répondants de façon aléatoire.
Ici, beaucoup de personnes portées à la critique
pourraient se poser la question de savoir qu'est la
représentativité d'un tel découpage au regard de
l'abondance des éléments susceptibles d'intervenir sur cette
problématique. L'échantillon théorique nous a servi
d'aller à la rencontre des décideurs ou des personnes ressources
susceptibles de donner les informations dans le domaine de la santé.
Quant à l'échantillon aléatoire, il a permis de
sélectionner les enquêtés de façon aléatoire
dans le quartier Briqueterie de Yaoundé.
Sur le plan interdisciplinaire, ce travail souscrit sans
aucune réserve à l'exigence de l'interdisciplinarité.
Ainsi, en nous intéressant à une thématique qui peut
sembler à première vue de l'anthropologie de la santé,
nous avons voulu fonder notre lecture sur l'approche interdisciplinaire. Dans
cette logique, nous avons voulu dans ce cas vanter les mérites de
l'interdisciplinarité dans l'analyse et la compréhension de notre
sujet de recherche. Ce qui nous a permis de dépasser ou de sortir de
notre domaine strict de l'analyse pour aller fouiller les connaissances
complémentaires dans d'autres disciplines.
Cette étude a bien évidemment permis de
confirmer un certain nombre de connaissances déjà établies
sur la question des campagnes de soins et de santé gratuits en
générale. A travers ces savoirs, nous avons pu montrer comment
les images construites autour des campagnes de soins et de santé
gratuits dans les aires-urbaines camerounaises de santé prioritaire
constituent une menace pour certaines, d'où le comportement de
réticence lors de la période de sensibilisation et de
vaccination. Ce regard complexe au sujet des campagnes de soins et de
santé gratuits d'après le traitement des informations recueillies
sur le terrain s'enracine autour des obstacles réels au niveau de la
transmission de l'information, de crainte
des effets secondaires bref de l'« ignorance »
autour de ce projet chez la population ou les résident de ce
quartier.
L'analyse des différentes perceptions
développées par les acteurs révèlent des
disparités, des images, des lacunes qui seraient susceptibles d'entraver
la mise en oeuvre d'un programme des campagnes de soin et de santé
gratuits capable de couvrir toute la localité.
Il est important de rappeler que nous ne prétendons pas
être pionnier après avoir effectué une étude sur les
représentations sociales des campagnes de soins et de santé
gratuits, cette étude qui s'est inspirée de nombreux travaux de
recherche effectués dans le cadre de la santé, est une
contribution au renforcement de méthodes de mise en oeuvre des campagnes
de soins et de santé gratuits. D'une manière beaucoup
spécifique, cette étude vise à donner l'air nouveau au
système de mise en oeuvre d'un système efficace d'une part et
d'autres parts une amélioration au niveau de connaissance puis de
compréhension de la population sur la question des campagnes de soin et
de santé gratuits. Cette recherche nous a permis de mettre à nu
les facteurs déterminant les différents types de rejets ou encore
les réticences. En réalité ici, les difficultés
orchestrées par la mise en oeuvre des campagnes de soin et de
santé gratuits sont issues de manque de connaissance réelle de la
population sur l'origine, la qualité, le « pourquoi » de ces
produits dont elle doit bénéficier. Par ailleurs une bonne
étude de faisabilité nécessaire pour la bonne marche de ce
programme de gratuité de soin devrait prendre en compte tous les
composantes en s'intéressant à l'aspect culturel, politique,
économique et social. Vu que, compte tenu de
l'hétérogénéité de cette population aucun
élément ne devrait être négligé. Nous pouvons
déduire par-là que cette situation traduit l'effort limité
des pouvoirs publics. La lecture des informations captées notre terrain
de recherche nous permet de dire que l'Etat a encore jusqu'ici beaucoup de
mesures à prendre pour améliorer davantage la santé de sa
population. Par contre en dépit des efforts de l'OMS en collaboration
avec le MINSANTE par la mise à la disposition des populations
camerounais des campagnes de luttes contes les maladies évitables, on
relève toujours des cas ou encore des enfants non vaccinés et la
persistance des épidémies et les pandémies pour des
raisons diverses. Nous n'avons pas pu nier ce problème de gestion et de
maltraitance des agents vaccinateurs et sensibilisateurs qui, à leurs
tours vont travailler selon le degré de motivation.
Cependant, la mise en place d'une politique
générale de la programmation de campagnes de soins et de
santé gratuits apparait comme une pierre angulaire pour la construction
et l'amélioration de notre système de santé. Si nous nous
attelons sur la vulnérabilité et la précarité qui
s'observent dans ce quartier, les campagnes de soins et de
santé gratuits seront indéniables pour reculer
le taux de mortalité au Cameroun. Ici, l'Etat a encore d'efforts
à fournir. C'est pourquoi il est souhaitable que le ministère en
charge de la santé accentue les campagnes de sensibilisation et de
vaccination. Celles-ci passeront par la prise de conscience. Puis qu'il ne
suffit pas de venir annoncer et vacciner les enfants, mais informer les parents
sur l'origine, la qualité, le but, et même dire pourquoi c'est
gratuit.
Améliorer la santé de la population camerounaise
est une nécessité pour l'Etat. Les pouvoirs publics doivent
mettre à la disposition de ce domaine les moyens importants pour lutter
contre ces maladies évitables. Ces moyens doivent être repartis
d'une façon rigoureuse pour permettre aux agents de terrain d'exercer ou
de mener un travail sérieux. En effet, les agents de santé
présentent sur le terrain trouvent la rémunération
vraiment dérisoire, très faible. Là, mener à bien
un travail laborieux devient difficile. Alors il est important de revoir la
somme donc bénéficie chaque membre, agent sensibilisateur ou
vaccinateur lors des campagnes de soins et de santé gratuits. Les
pouvoirs publics en charge de la santé devraient organiser des
équipes de sensibilisations bien avant la période des campagnes.
Et, par la stratégie de porte- à- porte ces équipes
devront convaincre les populations par un dialogue en leur expliquant le
'pourquoi' 'des campagnes de soins en telle ou telle
période.
De même, la panique qui survient lors de
l'identification peut être dépassée par ces
stratégies de sensibilisation. La distribution des Moustiquaires
Imprégnées à Longue Durée d'Action (MILDA), pour
garder sa connotation de lutte contre le paludisme devrait avoir d'autres
paramètres de partages, c'est -à- dire la stratégie par
ciblage des maisons dont le refus de l'identification a été
enregistré pour les expliquer comment les campagnes de soins et de
santé gratuits sont apolitiques. Vu que, dans une société
où les habitants ont les connaissances, les savoirs, l'état
d'esprit ouvert, celles-ci applaudissent les prouesses de la science sans
réticence ou rejet non expérimenté.
En ce qui concerne les agents sensibilisateurs et vaccinateurs
de terrain, les pouvoirs publics doivent chercher ou encore à recruter
les personnes disponibles jouissant d'une bonne moralité et
travailleurs. Ces personnes recrutées devraient également
être capables de parcourir « maison après maison » les
localités distinctes comme le cas de la Briqueterie. Celles-ci devraient
être supervisées par les contrôleurs dynamiques. Ces
contrôleurs auront pour mission d'inspecter, de vérifier et
même de contribuer à l'explication de la pertinence des campagnes
de soins et de santé gratuits à cette population. Il serait
également louable que le MINSANTE prend attache avec les chefs de chaque
secteur de la Briqueterie afin qu'ils organisent des colloques de
sensibilisation et d'éducation. Cette démarche permettra
08
d'apprendre à cette population l'idée selon
laquelle les produits de santé dont les camerounais
bénéficient gratuitement ne sont pas gratuits ; l'Etat paye ses
vaccins et, c'est la population qui bénéficie de façon
gratuit vu qu'ils sont couteux. Dans cette circonstance de la pauvreté,
et avec la morphologie de ce quartier qui fait état de la
précarité, ces résidents non pas la possibilité
d'aller à l'hôpital faire un bilan de santé à cause
de manque de moyens financiers. La plupart y vont quand la maladie est
très grave.
En plus, cette étude sociologique, qui au départ
se voulait une contribution à la sociologie de la santé dans un
cadre plus large s'est vue s'étendre dans d'autres domaines de la
sociologie générale comme la sociologie de la connaissance. Nous
ne pouvons pas hésiter de dire également qu'elle s'ouvre aussi
dans le domaine la sociologie du travail.
A travers la sociologie de la connaissance, nous avons compris
que l'élaboration est influencée ici par des circonstances
sociohistoriques. La mise sur pied d'une stratégie laborieuse
d'apprentissage dans le but de connaitre clairement comment les gens
connaissent et pensent des campagnes de soin et de santé gratuits a
contribué à la réalisation de ce travail de recherche.
Plus que, comme le disait Emile DURKHEIM166, les
représentations collectives mettent la pression sur l'individu pour
s'assimiler aux normes morales et intellectuelles de la
société.
Pour ce qui est de la sociologie du travail, nous avons tout
d'abord questionné les rapports que tissent les agents sensibilisateurs
et vaccinateurs avec les responsables dans ces milieux lors des campagnes de
soins et de santé gratuits. Cette lecture a permis de voir comment le
« dedans » se déploie autour de la subjectivité
animée par des souffrances qui créent des tensions
cachées.
Jusqu'ici, de nombreuses difficultés ont
été rencontrées pendant cette recherche. Par ailleurs
celles qui sont nécessaires d'être évoquées
relèvent de celles qui ont véritablement constitué un
écueil à la saisie des données utiles pour cette
étude. En fait nous étions également victimes des
soupçons qui sont d'ailleurs fréquentes chez les chercheurs en
science sociales. Concrètement à la phase initiale de notre
travail de recherche, nous sommes apparus auprès des agents de
santé comme des espions, les personnes « de services secrets »
qui peuvent les nuire. La présentation d'une autorisation de recherche
dûment signée par le chef du département n'avait pas effet
en tant que tel. Cependant, certains agents de santé et
répondants sont restés distants et craintifs. Dans ce domaine
très sensible, il était important
166 Emile DURHKEIM, les formes élémentaires de
la vie religieuse, Paris, PUF, 1912. 647P
09
d'entrer en possession d'une autorisation de recherche
signée par André MAMA FOUDA, le MINSANTE. Ce processus a pris
également du temps.
En dépit de ces difficultés rencontrées,
et eu égard des efforts que nous avons fournis dans le but de rendre
sociologiquement compte des logiques qui sous-tendent un
phénomène aussi complexe que celui des représentations
sociales des campagnes de soins et de santé gratuits dans les aires
urbaines camerounaises de santé prioritaire, nous sommes bien loin de
que ce travail de recherche soit exempt de toute critique et nous ne pensons
pas avoir soulevé tous les aspects du sujet. On pourrait nous reprocher
à la lecture de cette recherche de n'avoir pas tenu compte des
fabricants ou encore de la composition de ces différents produits de
campagnes de soins et de santé gratuits. Nous pensons bien que ces
omissions n'enlèveront en aucun cas la pertinence de nos
résultats de recherche. Ici, les limites amendées à ce
travail, nous l'espérons, feront l'objet des travaux ultérieurs.
Vu que, Gaston BACHELARD167, nous a précisé que
l'esprit scientifique se construit comme une série d'erreurs
rectifiées et c'est en revenant sur un passé d'erreurs qu'on
trouve la vérité en un véritable repentir
intellectuel.
Très certainement nous pensons que ce document pourrait
servir pour une réflexion à l'amélioration des
stratégies de lutte contre les maladies évitables par des
campagnes de soin et de santé gratuits dans les aires-urbaines de
santé et aires de santé en générale dans toutes les
localités où les images campagnes de soins et de santé
gratuits provoquent de rejets ou de réticences.
.
167 Gaston BACHELARD, la formation de l'esprit
scientifique, paris, librairie philosophique, Vrin, 1999 (première
édition) : 1938, chapitre 1er.
BIBLIOGRAPHIE.
OUVRAGES METHODOLOGIQUES
· ABORRIO, Anne Marie et FOURNIER Pierre, les
enquêtes et ses méthodes. L'observation directe, Paris,
Armand Colin. 2005.
· BALANDIER, Georges, Sens et puissance «
Dynamique des sciences sociales » paris. PUF. 1986.
· BIAUD, Stéphane et WEBER, Florence, guide de
l'enquête de terrain, Paris, la découverte.
o Guide de l'enquête sur le terrain, produire et
analyser les données ethnographiques, 3ème
édition, Paris, la découverte.
· CAMPENHOUDT, VAN LUC, QUIVY Raymond, Avec la
collaboration de MARQUET JACQUES, Manuel de recherche en sciences sociales
,4éme édition, Paris Dunod 1995, 2006, 2011.
· CRIBIER., François et FELLER, D'Elise,
Projet de conservation des données qualitatives des sciences
sociales, Paris, CNRS- Ernest, 2009.
· BOURDIEU, Pierre, La reproduction de
l'idéologie dominante. In actes de la recherche, numéro 2-3
juin 1976.
· DURKHEIM, Emile, Les règles de la
sociologie sociologique. Paris. Puf 1895
· GILES, Ferrol et PHILIPPE, Deubel,
Méthodologie des sciences sociales. Paris, Armand Colin.
Collection « cursus ».1993.
· GHIGLION, Matalon et BENJAMIN, Rodolphe, Les
enquêtes sociologiques. Théoriques et pratiques, Paris Armand
Colin. 1991.
· GRAWITZ, Madeleine, Méthodes des sciences
sociales, Paris, Dalloz, 11ème édition, 2001.
· KHUN, Thomas, La réfutabilité en
science sociale : l'esquisse d'une théorie anarchiste
· MENDRAS, Henri, Elément de sociologie,
Paris, le harmattan .1967.
· -N'DA, Paul., Méthodologie de la recherche,
problématique à la diffusion des résultats, édition
université de côte d'ivoire, d'Abidjan, 2002.
· NZHIE, ENGONO Jean, Cent ans de sociologie, du
positivisme, « dogmatisme », à une approche
intégrée du social, PUY. Novembre 2001.
· OLIVIER, Lawrence, BEDARD, Guy et FERRON Julie,
l'élaboration d'une problématique de recherche : sources
outils et méthodes, Paris, le Harmattan, 2005.
· QUIVY, Raymond et Van Campenhoudt, Luc, Manuel de
recherche en science sociale, Paris, Dunod, 1985.
· TOURAINE, Alain, Pour la sociologie
édition, Paris, seuil, 1974.
· WEBER, Max, Theory of social and economic
organization, New York, Oxford university press, 1947, cité
d'après l'édition, Free Press Paperback, 1964.
· WACHEUX Frédéric, Méthode
qualitative et recherche en gestion. Económica ,1996
· ZIEGLER, Jean, Retournez les fusils ! : manuel de
sociologie d'opposition, édition, Seuil, 1980.
OUVRAGES GENERAUX
· ADAM, Philippe et HERZLICH Claudine, Sociologie de
la maladie et la médecine, Paris, Nathan, 1994.
· AKOUN, André et ANSART, Pierre,
Dictionnaire de sociologie, Paris, Seuil, 1999.
· BALANDIER, Georges, Sens et puissance «
Dynamique des sciences sociales » paris. PUF, 1986 (3ème
édition).
· BERGER, Peter et LUKMANN, Thomas, La construction
sociale de la réalité, Paris, Masson/ Armand Colin, 1992.
· BERTRAUX, Daniel, Les récits de vie :
perspective ethnosociologique, Paris, Nathan, 1997, collection 128.
· BOUDON, Raymond., introduction à la
sociologie, paris, Puf, 1944.
· CARRICABURU, Danièle et MENORET, Marie.,
Sociologie de la santé. Institution, professions et maladies,
Paris, Armand Colin, 2005.
· CORCUFF, Pierre., Les nouvelles sociologies,
Paris, Nathan, 1995.
· DUPONT, Yves., Dictionnaire des risques,
Paris, Armand Colin, 2003.
· ELA, Jean Marc,
- L'Afrique des villages, Paris, Karthala, 1986
- La ville en Afrique noire, Paris, Karthala, 1983.
- Quand l'Etat pénètre en brousse... les
ripostes paysannes à la crise, Paris, Karthala, 1990.
- Les innovations sociales et renaissance de l'Afrique
noire. Les défis du monde d'en- bas. Paris, Harmattan, 1998.
- Le cri de l'homme Africain. Questions aux recherches et
aux églises, Paris, Harmattan, 1993.
· FRANQUEVILLE, Alexis, Yaoundé, construire une
capitale, Paris, Orstom, 1976.
· GRAFMEYER, Yves et AUTHIER, Jean-Yves, Sociologie
urbaine, Armand colin, 2015. (Quatrième édition) collection.
« Tout le savoir ».
· JODELET, Denise, Les représentations
sociales, Paris, PUF, 2003.
· LEBARON, Frédéric, La sociologie de
A-Z : 250 mots pour comprendre, Paris, Dunod, 2009.
· MBONJI, Edjenguèlè, L'ethno
perspective ou la méthode du discours de l'ethno-Anthropologie,
PUY, 2005.
· MOSCOVICI, Serge., Etude de la
représentation sociale de la psychanalyse, Paris, PUF, 1960.
450p.
· NJOH MOUELLE, Ebénézer, De la
médiocrité à l'excellence. Essai sur la signification
humine du développement, Yaoundé, Clé, 1998.
· SIMON, Pierre-Jean, Histoire de la sociologie,
Paris, PUF, 1991.
· Voltaire, étude sur l'histoire de
l'humanité . la philosophie du XVIIIème siècle et le
christianisme, Paris 15ème, Montmartre, 1966.
· YAO ASSOGBA, ELA, Jean Marc, La sociologie et le
théologien africain en boubou, Montréal, Paris, le
Harmattan, 2009, collection. Etudes africaines.
OUVRAGES SPECIFIQUES.
· ANDRE, Christophe, Psychologie de la peur . crainte,
angoisse et phobie. 2004.
· BOUZEKO, Raymond, « discours et
représentations sociales dans la prévention du paludisme au
Cameroun . logique des discours, perception de la maladie et des pratiques des
populations » thèse de doctorat en sciences de
l'information et de la communication, université lumière,
León 2, présentée et soutenue publiquement le
24/11/2010.
· CARNAVALE, Pierre, et Mouchet Jean. « La
lutte anti vectorielle au Cameroun.
Passé-présent-avenir-Réflexion » in bulletin
sociologique putholexot, 94, 2bis, 2001, pp202-206.
· DELAMONICA, Pierre, La vérité sur
les vaccins : guide tous les vaccins. 2005
· FONTAINE, Michel, Santé, culture en Afrique
noire, une expérience au Nord Cameroun, Paris, Seuil, 1984.
· HENOCK YONGSI NGUENDO Blaise, Maternité et
santé . la question de l'accouchement à domicile au Cameroun,
2016.
· HOUETO, David, La promotion de la santé en
Afrique subsaharienne . Etat actuel des connaissances et besoins
d'actions. Promotion et éducation 2008.
· GUELLERNOU, Ives, Santé : une mission
médicale indienne offre gratuitement des soins auprès de 1000
patients indigents à l'hôpital Laquintinie de Douala.
-Sciences sociales et santé/ année
2003.
· GRUENAIS Marc Eric, Changer le système de
santé, le cas du Cameroun.1997.
· MALOOF Paul, maladie et santé dans la
société, PUF, 1991.
· P.R.B La jeunesse en Afrique subsaharienne,
donnée démographique sur la sexualité et de la production
.2001.
· GEORGE Pierre, « sociologie
géographique » in Gurvitch G (dir) traité de
sociologie, paris, PUF, Quadrige .2007.
· PICHARD, Eric, Beytout, Jean et al, « Manuel de
maladie infectieuse pour l'Afrique », paris John, libeyeurotext,
2002.
· ONGOLO ZOGO Pierre et al. Facteurs influençant
la persistance d nombre élevé d?enfants non o
incomplètement vaccinés à Douala et Yaoundé, 2016.
Rapport de recherche.
· RECSENS Olivia et Raul Didier, Vérité
sur les vaccins.2018.
· RIDDE Valery. L'initiative de Bamako 15 ans
après : un agenda inachevé. Health, nutrition and population
(HNP) discussion paper, the internnational bank, washington, DC 20433,
2004, page 54.
· TALL SCHALLER Christian, Les vaccins sont les
poisons. 2004.
· VALLAT Bruno, Histoire de la sécurité
sociale (1045-1967) l'Etat, l'institution et la santé, Economica
,2001.
· VERNAZZA-Licht Nicole, Société,
environnement, santé. 2013.
ARTICLES
· ABRIC, Jean Claude.,
- « L'étude expérimentale des
représentations sociales » in JODELET, Denise (dir), les
représentations sociales, PUF, 1999.
- « La recherche du noyau central et de la zone
muette dans les représentations sociales », in ABRIC
Jean-Claude méthode d'étude des représentations
sociales, Ramoudville Saint-Angne, Eris, 2003, p59-80.
· AUGE Marc, L'anthropologie de la maladie en
l'homme, vol 26, n°97, 1986.
· BEAUCHAMP Chantal, « fièvre d'hier,
paludisme d'aujourd'hui, vie et mort d'une maladie » in anale
Economies, sociétés, civilisations 43ème
année N°1, 1988. BELLAMY, Carol, Le progrès des
nations. Article de l?UNICEF 1999.
· DIDIER Bertrand, santé mentale et
problématique culturelle, cahier santé n°07, 1977.
· DONOSO Georges, Soin de santé
communautaire, chronique, OMS, n°3 mars Genève, 1998. MAREC LE
Joëlle, « l'usage et ses modèles : quelques
réflexions méthodologiques » in spirale Revue de
recherche en éducation, 2001, N°28, 2001 pp105-122.
· Jeune Afrique, L'intelligent. Numéro 2278
à 2286
· VELAQUEZ German et BOULET pascal, «
Mondialisation et accès aux médicaments. Les implications de
l'accord AD PIC/OMC in economie de la santé et médicaments,
série DAP n°7, OMS, 1997.
LES RAPPORTS
· BUCREP, Recensement général de la
population et de l'Habitat. 1976.voL III, fichier des villages et des
quartiers
· Cameroun 2001 : Politique, langue, économie et
santé. P. 172.2001
· Cinquième session du comité
régional de l'OMS 2006-2015. Deuxième enquête sur
le suivi des dépenses et le niveau de satisfaction. Les
bénéficiaires dans les secteurs de l'éducation et de la
santé au Cameroun. Rapport principal volet santé.
Décembre 2010.
· Couverture vaccinale et facteur associé
à la non complétude vaccinale des enfants de 12 à 23 mois
du district de santé Djongolo - Cameroun 2012. Pan Afr Mead en
2014,
· EDSC, enquête démographique et de
santé du Cameroun ,1998 et 2004.
· Etude démographique et santé au
Cameroun. DNDR. GPH. Direction nationale de la deuxième
générale de la population et de l'habitat. 1999.
· MINAT Nouvelle organisation administrative au
Cameroun 2004.
· MINPLAPDAT, ED MACRO international, INC, CALVERTON,
MARYLAND,
USA
· OMS, La sante sur des jeunes, un défi
espoir. Genève
· OMS, stratégie mondiale pour la santé
pour tous. D'ici l'an 2000. Génève OMS, série «
santé pour tous ». 1981.
· ONUSIDA. Statistique sur le SIDA dans le monde et en
Afrique.2007
· ONUSIDA. Améliorer l'accès aux soins
dans les pays en voie de développement : enseignement tirés de la
pratique des recherches des ressources des partenaires.
Genève.2003
· Organisation mondiale de la santé.
Déclaration ministérielle de Mexico pour la promotion de la
santé : faire place à l'équité des idées aux
actes. Cinquième conférence mondiale sur la promotion de la
santé, Mexico. 05 juin 2000.
· NLANDU-Tsasa Jean Corelis., Des soins gratuits
à la population au centre de santé Maman Mobutu. 31 juillet
2016.
· Ottawa. Organisation mondiale de la
santé. Charte d'Ottawa pour la promotion de la
santé. 21 novembre 1986.
·
· PNUD. Comment mondial sur le développement
humain. Programme des Nations pour le Développement. Paris
-Economica.1995.
> Rapport sur le développement humain au
Cameroun 2000.
6
> Civile et Développement, Rapport provisoire
actualisé.2000.
· Rapport mensuel D'activités des PEV
systématique. 2008.
· Société et santé : les femmes et
enfants en premier ligne. www.cmr
tribune.cm.
· UNICEF. Savoir pour sauver : un défi en
matière de communication.
1993.Wallinford.
LES THESES ET MEMOIRES
· MALLE Oumar, La gratuité des soins et ses
effets sociaux : entre le renforcement des capacités et du pouvoir
d'agir (empowerment) au Burkina Faso, Université de
Montréal, Juillet 2014.
· NGOUO DJOUMESSI Donald Yannick,
Représentations sociales et usages de la moustiquaire
imprégnée chez la population d'AHALA à Yaoundé :
une approche socio anthropologique de la lutte contre le paludisme.
Université de Yaoundé 1, Octobre 2015.Master en sociologie.
· SOCPA Antoine, Les pharmacies de rue dans l'espace
médical urbain Cameroun, Université de Yaoundé1,
thèse du 3ème cycle en anthropologie.
WEBOGRAPHIE
·
www.cmr-tribune.cm.
Société et santé : les femmes et enfants en premier ligne.
Consulté le 07/01/2018.
· www. National Planning/
cyl. Org. Cameroun plan action. 2014.
Programme élargi de vaccination au Cameroun. Rapport de
secrétariat, planification de la transition pour la poliomyélite.
Soixante dixième assemblées mondiales de la santé. Point
12.3 de l'ordre du jour provisoire. A 70/4 add.1 du 19 mai 2017.
· www. Programme de santé en Afrique 2000. Cm.
·
www. Cameroon. Infos. Net.
Cameroun tribune du vendredi 20 novembre 2015.
· www.pev et révision du plan stratégique
de la
communication. Com
· www.cmr
tribune.cm. Société et
santé : les femmes et enfants en premier ligne.
ANNEXES
8
ANNEXE 1
Travaux de recherche académique.
Guide d'entretien pour les responsables du
ministère de la santé publique
I- Renseignements généraux
- Nom et prénom
- Niveau d'étude
- Religion
- Date et lieu d'entretien
- Poste occupé
II- Déroulement de l'entretien
1-parlez-nous des campagnes gratuites
2- parlez-nous des stratégies favorables et des
difficultés rencontrées autour de la conception et la diffusion
du projet
IV- Etat de lieu de la promotion des campagnes
gratuites au soin et à la santé - Les stimulations du
projet (Etat camerounais ou les bailleurs de fonds)
- Votre opinion personnelle sur les campagnes gratuites au soin
et à la santé
V- Regard porté par les acteurs
institutionnels
- Au sujet de la politique de gestion humaine
- Au sujet de la politique de la prévention contre les
maladies et ripostes populaires - Autres perspectives de lutte
9
ANNEXE 2
Guide d'entretien pour les responsables ou personnels de
la délégation régionale de la
santé publique
V- Renseignements généraux
- Nom et prénom
- Niveau d'étude
- Religion
- Date et lieu d'entretien
VI- Déroulement de l'entretien
1-parlez-nous des campagnes gratuites
2- parlez-nous des stratégies favorables et des
difficultés rencontrées autour de la conception et la diffusion
du projet
VIII- Etat de lieu de la promotion des campagnes
gratuites au soin et à la santé - Les stimulations du
projet (Etat camerounais ou les bailleurs de fonds)
- Votre opinion personnelle sur les campagnes gratuites au soin
et à la santé
IX- Regard porté par les acteurs
institutionnels
- Au sujet de la politique de gestion humaine
- Au sujet de la politique de la prévention contre les
maladies et ripostes populaires - Autres perspectives de lutte
Merci pour votre collaboration
0
ANNEXE 3
Guide d'entretien pour les responsables de
PEV.
IX- Renseignements généraux
- Nom et prénom
- Niveau d'étude
- Religion .
- Statut matrimonial
- Date et lieu d'entretien le
- Profession
X- Historique de la structure
1- Dénomination de la structure
2- Mission de la structure
3- Objectif visé
XI- Déroulement de l'entretien
1- Parlez-nous des campagnes gratuites au soin et à la
santé.
2- Ces campagnes dites gratuites sont gratuites au Cameroun.
XII- Fonctionnement de la structure.
1- Service proposé et votre appréciation
portée sur les conditions de ces campagnes gratuites
2- Votre avis personnel de santé dans le cadre d'assurer
une bonne qualité de travail
3- Les éventuels les obstacles auxquels vous faites faces
quotidiennement dans
4- L'exercice des campagnes gratuites au soin et la santé
pour attendre les objectifs.
Merci pour votre collaboration
ANNEXE 4
Guide d'entretien pour les agents des
CGSS
XIII- Renseignements
généraux
- Nom et prénom
- Age
- Niveau d'étude
- Statut matrimonial
- Date et lieu d'entretien
XIV- Déroulement de l'entretien
1-parlez-nous des campagnes gratuites.
2- parlez-nous des stratégies favorables et des
difficultés rencontrées autour de la conception et la diffusion
des CGSS
XVI- Etat de lieu de la promotion des campagnes
gratuites au soin et à la santé - Les stimulations du
projet et son importance
- Votre opinion personnelle sur les campagnes gratuites au soin
et à la santé
XVII- Regard porté par les agents de santé
autour des CGSS
- Au sujet de la politique de gestion humaine et
financière autour du projet
- Au sujet de la politique de la prévention contre les
maladies et ripostes populaires - Autres perspectives de lutte
ANNEXE 5
Guide d'entretien pour la population cible
(bénéficiaire des campagnes gratuites au soin et à la
santé)
I- Renseignements généraux
1-présentation de l'enquêteur et de l'objet
d'entretien 2-Indentification de l'interviewé
a) Sexe
b) Age
c) Niveau d'étude
d) Niveau de vie
e) Nombres d'enfants
II- Entretien relatif au programme des campagnes
gratuites au soin et à la santé
- La connaissance sur les campagnes gratuites au soin et à
la santé
- Le regard porté sur les campagnes gratuites
- L'appréciation des produits mis à votre
disposition
- La qualité des services (comportement des agents)
- Les dispositifs personnels dans le cadre de votre suivi
médical
Merci pour votre collaboration
ANNEXE 6
Le tableau ci-dessous fait ressortir la liste des
personnes interrogées (population
bénéficiaire).
N°
|
Nom ou prénom du chef de famille ou
le/la représentant(e)
|
Activités
|
Date, lieu et
durée d'enquête
|
01
|
Halimatou Sadia
|
ménagère
|
05/03/2018. A son domicile. 45minutes
|
02
|
Mme Brigitte
|
ménagère
|
05/03/2018. A son domicile.30 minutes
|
03
|
Mvondo Jean Paul
|
Fonctionnaire retraité
|
06/03/2018. A son domicile. 30 minutes
|
04
|
Omgba
|
Forgeron
|
12/01/2018.A son service. 20 minutes
|
05
|
Aminatou
|
Enseignante vacataire
|
05/03/2018. A son domicile. 35minutes
|
06
|
Zenabou Bello
|
Conducteur des motos
|
03/03/2018. au carrefour Soya. 12 minutes
|
07
|
Abdoul Karim
|
Ingénieur
|
03/02/2018.A son domicile. 30 minutes
|
08
|
Mme maimounati
|
vendeuse
|
11/01/2018.A son service. 15 minutes
|
09
|
Mohammadi
|
Conducteur de moto
|
03/03/2018.Au carrefour Texaco école de police.
25 minutes
|
10
|
Anaba Carine
|
Vendeuse
|
03/03/2018. Chez elle. 35 minutes
|
11
|
Mme Aminatou
|
Ménagère
|
03/03/2018. Chez elle. 30 minutes
|
12
|
Djibrila Bouba
|
Maitre de l?école coranique
|
05/03/2018. Chez lui. 30 minutes.
|
13
|
Imam Assan
|
prédicateur
|
05/03/2018 à son domicile. 30 minutes
|
14
|
Estelle
|
Couturière
|
12/01/2018.A son service. 15 minutes
|
15
|
Christelle Abomo Onambele
|
Elève
|
12/01/2018.A son domicile. 30 minutes
|
16
|
Baba Sani
|
Couturier
|
12/01/2018.A son service.
|
17
|
Fatimtou Bouba
|
Ménagère
|
12/01/2018.A son domicile. 30 minutes
|
18
|
Ngono Martine
|
Ménagère
|
12/01/2018.A son domicile. 30 minutes
|
19
|
Elisabeth flore
|
Vendeuse de poissons braisés
|
02/03/2018 à son service, face PMI brique.
|
20
|
Mfopou Abdou
|
Mécanicien
|
02/03/2018 à son service. 25 minutes
|
21
|
Mme Mfokou
|
Commerçante et vendeuse
|
11/01/2018.A son domicile. 30 minutes
|
22
|
Ambassa Jean
|
Enseignant
|
12/01/2018.A son domicile. 35 minutes.
|
23
|
Fokou
|
Boutiquier
|
02/03/2018 à son service.
|
24
|
Mbida Arnaul
|
Pasteur
|
02/03/2018 à son domicile. 35 minutes
|
25
|
Papa Nana
|
Vendeur
|
12/01/2018.A son domicile. 30 minutes
|
26
|
Ousmanou Ali
|
Boucher
|
02/03/2018 à son service. 25 minutes
|
27
|
Bernadette
|
Policière
|
05/03/2018 à son domicile. 25 minutes
|
28
|
Imam Aboubakari
|
Enseignant coranique
|
05/03/2018 à son domicile. 20 minutes
|
29
|
Njikam Assan
|
Vendeur
|
05/03/2018 à son domicile. 25 minutes
|
30
|
Yipou
|
Etudiante
|
03/03/2018.
|
31
|
Askandar
|
Vendeur
|
11/01/2018 A son domicile. 52 min
|
32
|
Maury
|
Etudiante
|
03/03/2018 A son domicile. 40 minutes.
|
33
|
Ousseni
|
Agent
communautaire de
la santé, agent de mairie et chargé de
PEV à la Brique
|
22/05/2018 A son domicile. 35 minutes.
|
34
|
Awawou
|
Ménagère
|
18/01/2018 chez elle. 25 minutes
|
35
|
Bouba
|
Maçon
|
27/01/2018 chez lui. 28 minutes.
|
36
|
Papa Yannick
|
Chauffeur
|
12/01/2018. 33 minutes
|
Liste des cadres et des agents de santé
enquêtée
N°
|
Noms et prénoms
|
Profession
|
Date, lieu et durée d'entretien
|
01
|
Georges NKO AYISSI
|
DOCTEUR en médecine et vice-
Directeur. DLMEP
|
Le 02 /05/2018 à la
direction de lutte contre les maladies et les
épidémies. 35
minutes
|
02
|
Charles NSANGOU
|
DOCTEUR en médecine et chargé de mission au
PEV
|
05/05/2018 à son domicile au quartier
mini-ferme de Yaoundé. 33 minutes
|
03
|
Bodo épouse BOLO Géneviève
|
Infirmière, centre de santé PMI BRIQUE
|
Le 22/05/2018 à son service
|
04
|
Aubin TOTCHUN
|
Infirmier
|
Le 22/05/2018 à son service
|
05
|
Carine BONGA
|
Aide- soignante
|
22/05/2018 à son service
|
6
8
9
30
Université de Yaoundé 1
Faculté des Arts Lettres et
Sciences Humaine Département de Sociologie
Fiche de consentement éclairé
Sujet : « les représentations
sociales des campagnes gratuites au soin et à la santé au
Cameroun : le regard complexe de la communauté locale (Yaoundé-
briqueterie) ».
Introduction
Bonjour, mon nom est MOUNGOUM Mama Nourdi et
je suis étudiant à l'université de Yaoundé 1. Je
réalise actuellement une étude sur « les
représentations sociales des campagnes gratuites au soin et à la
santé au Cameroun : le regard complexe de la communauté locale
(Yaoundé-Briqueterie ». Cette investigation a pour but de
comprendre et d'expliquer les raisons pour lesquelles après les
fréquentes campagnes gratuites au soin et à la santé, on
enregistre toujours cas des réticences et même des refus
farouches. Les informations que vous nous fournirez permettront de mieux
appréhender les mobiles explicatifs du rejet des campagnes gratuites au
soin et à la santé
Vous faite partir des personnes qui pourraient participer
à cette étude. Ainsi, avec votre permission, j'aimerais qu'on
débatte sur ce thème sensible. Quelques-unes des
thématiques portent sur ce que vous pensez des campagnes gratuites au
soin et à la santé et sa conséquence sur la population
bénéficiaire. Alors retenez que nous ne sommes pas ici pour
porter des jugements sur vous ou sur votre façon de voir encore moins
votre comportement
Nous demandons votre permission pour enregistrer l'entretien.
Car, il est difficile de noter avec précision tout ce que vous allez
dire. A la fin de l'étude, vos réponses seront tenues strictement
confidentielles. Notre entretien durera maximum 30 minutes
Vous êtes d'accord pour répondre à cet
entretien ? Oui Non
Je certifie que l'enquêté(e) a été
informé de la nature et du but de l'étude et qu'il (elle) a
donné un consentement verbal pour participer à cette
étude
Signature de l'informateur
3
TABLE DES MATIERES
DEDICACE ii
REMERCIEMENTS iii
SOMMAIRE iv
ABREVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES v
LISTE DES PHOTOS vi
RESUME vii
ABSTRACT
viii
INTRODUCTION GENERALE 1
A/ Constat et présentation du sujet 2
B/ Problème 3
C/ Problématique 5
D/ Questions de recherche 7
E/ Objectif général 8
F/ Hypothèses de recherches 8
F/ Méthodologie 9
H/ Technique et collecte des données 12
I/ La technique qualitative 13
J/ Technique d'échantillonnage 15
K/ Clarification des concepts .18
PREMIERE PARTIE : PROMOTION DES CAMPAGNES DE SOIN ET
DE SANTE
GRATUITS AU CAMEROUN 23
CHAPITRE I : LA POLITIQUE DE GESTION DES CAMPAGNES DE
SOIN ET SANTE
GRATUITS AU CAMEROUN 24
I- Historique et présentation des campagnes gratuites au
Cameroun 24
I-1 La santé et son fonctionnement 27
I-2 Les CSSG : une nécessité pour réduire la
mortalité et la morbidité 27
I-3. État de lieu et politique de gestion 30
I-4 Une mission de l'Etat camerounais pour sauvegarder le bien
être. 31
I-4-1. Les campagnes de soins gratuits et le programme
élargi de la vaccination. 33
a) Objectif du PEV dans le cadre d'éradiquer les maladies
évitables 34
b) Mission du PEV dans les aires-urbains de santé 34
I-4-2. La provenance et gestion des vaccins ; objet de
réticence à la briqueterie. 35
33
I-4-3. Les types de CSSG au Cameroun. 35
a) Campagne de riposte au soin et à la santé.
35
b) Les campagnes de suivie 37
I-4-4. QUELQUES MALADIES VISEES PAR LES CSSG. 38
a) Le paludisme dans le programme de CSSG quartier briqueterie.
38
b) Fièvre jaune dans le programme des CSSG au quartier
briqueterie. 39
c) Poliomyélite dans le programme des CSSG au quartier
briqueterie. 39
d) Le choléra dans le programme des CSSG au quartier
briqueterie. 40
I-4-4-1. Dispositions et méthodes des campagnes gratuites
au soin et à la sante. 40
CHAPITRE II : LA STRATEGIE PRATIQUE DE LA VACCINATION ET
DE LA
SENSIBILISATION DE SOIN ET DE SANTE GRATUITS
43
II. La formation des agents des campagnes gratuites au soin et
à la sante. 44
II.1 Organisation stratégique des campagnes gratuites au
soin et à la santé au Cameroun. 47
a) Le porte à porte 47
b) Les établissements scolaires. 49
II-2. La campagne de soin et de sensibilisation. 52
a) La distribution des moustiquaires imprégnées
à longue durée d'action. MILDA. 52
b) Les équipements des CSSG. 53
c) Les produits de la vaccination et leur conservation. 53
II-3. L'information au centre des réticences et des refus
farouches de la vaccination et de soin
gratuit. 55
a) L'Information sur la santé. 55
b) Les mobilisateurs de terrain 56
c) Les media et mass média au service des CSSG 57
d) Les TIC dans la banalisation des CSSG. 58
DEUXIEME PARTIE :LES REPRESENTATIONS SOCIALES DES
CAMPAGNES DE SOIN
ET DE SANTE GRATUITS AU CAMEROUN 62
CHAPITRE III : LE REGARD DE POPULATION LOCALE
(Yaoundé briqueterie) 63
III. Perceptions et représentations des CGSS. 65
III-1. Situation actuelle et stigmatisation. 67
a) La rumeur sur les campagnes gratuites. 67
b) La gratuité des soins : une notion ambiguë. 69
c) « Ce qui est gratuit est mauvais ». 70
III-2. Réticences face aux vaccins : la crainte des effets
secondaires. 71
III-3. Cause des résistances aux campagnes gratuites.
72
a) Les causes individuelles. 72
b) Causes structurelles et conjoncturelles. 73
3
c) Causes collectives 76
III-3-1. Les risques liés aux soins gratuits 76
a) La peur des vaccins 77
b) La désinformation 78
CHAPITRE IV : LE JEU
SOCIOCULTUREL DANS LES AIRES DE SANTE-URBAINS : cas
de la briqueterie. 80
IV. Blocages socioculturels 80
a) Blocage spirituel 82
b) L'interprétation complexe de la médecine
traditionnelle 84
VI-1. Blocages sociopolitiques 85
VI-2. Les types de rejets contre les CGSS 87
a) Les rejets stratégiques. 88
b) Les rejets ouverts 89
VI-3. De L'utopie d'une éradication 91
VI-4. Une réticence perpétuelle 93
VI-4-1. L'écho du paludisme à Yaoundé
Briquèterie. 94
VI-2. Les conditions socioculturelles de la perception des
campagnes gratuites. 96
CONCLUSION GENERALE 99
BIBLIOGRAPHIE. 110
ANNEXES 117
TABLE DES MATIERES 132