REPUBLIC OF CAMEROON Peace - Work -
Fatherland ******** MINISTRY OF
HIGHER EDUCATION ********
REPUBLIQUE DU CAMEROUN Paix - Travail -
Patrie ******** MINISTERE DE
L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ******** UNIVERSITE DE
YAOUNDE II ******** FACULTE DES SCIENCES
JURIDIQUES ET POLITIQUES ******** DEPARTEMENT DE
DROIT PUBLIC COMPARE ********
THE UNIVERSITY OF YAOUNDE
II ******** FACULTY OF LAW AND
POLITICAL SCIENCES ******** DEPARTMENT OF COMPARATIVE
PUBLIC LAW ********
LA REGIONALISATION DU MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA
SECURITE INTERNATIONALES. ETUDE APPLIQUEE AU CONFLIT EN
REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
Mémoire présenté et soutenu
publiquement le 22 novembre 2018 en vue de l'obtention du diplôme de
Master Recherche en Droit public
Par :
MENEHOUL KOBALE Chrisogone Ignace
Sous la direction de Monsieur le Professeur Alain
ONDOUA
JURY :
Président : Monsieur Bernard-Raymond GUIMDO
DONGMO
Agrégé de Droit et de Science politique,
Professeur Titulaire des Universités
Vice-Doyen, chargé de la Scolarité et du Suivi
des Etudiants
Rapporteur : Monsieur Alain ONDOUA
Agrégé des Facultés de Droit, Professeur
Titulaire de Droit public
Membre du Département de Droit public
comparé
Membre : Monsieur Bertrand EDOUA BILONGO Ph.
D en Droit public
Moniteur
Année universitaire 2016-2017
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
AVERTISSEMENT
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page i
L'Université de Yaoundé II n'entend
donner ni approbation, ni improbation aux opinions émises dans ce
mémoire ; celles-ci doivent être
considérées comme propres à leur
auteur.
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
DEDICACE
À la mémoire de mon père et de ma
mère, pour la vie.
À mon oncle ZIGUÉLÉ Martin et mes tantes
MBOUNG-PILÉ Marie Sonia Angéline et MAÏDE GOUM
Béatrice Ernestine, pour le soutien et les sacrifices consentis.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page ii
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page iii
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
REMERCIEMENTS
Nos remerciements vont à l'endroit de tous ceux qui
nous ont apporté leur soutien au cours de la réalisation de cette
étude ; aucun mot ne saurait exprimer, à sa juste valeur, notre
reconnaissance à votre égard. Nous pensons
particulièrement :
- À Monsieur le Professeur Alain
ONDOUA qui, en dépit de ses diverses occupations, a bien voulu diriger
ce travail et nous fournir quelques documents nécessaires pour sa
réalisation. Ses observations et conseils, ses encouragements parfois
inattendus, et surtout sa très distinguée rigueur scientifique
ont été d'une précieuse utilité dans le
perfectionnement et la finalisation de ce mémoire. La crainte de ne pas
être à la hauteur de ses attentes, par rapport à un tel
sujet dont la vastité et la complexité peuvent faire consensus,
s'est avérée déterminante en se plaçant devant nous
comme un défi à relever ;
- Aux Enseignants de la Faculté des
Sciences Juridiques et Politiques de l'Université de Yaoundé II
que dirige Monsieur le Doyen, le Professeur Magloire ONDOA, pour les
encouragements et la transmission du savoir depuis le premier Cycle ;
- Au Centre de recherche et d'Etude en Droit
International et Communautaire (CEDIC) que dirige Madame le Professeur Nadine
MACHIKOU, pour avoir bien voulu nous accueillir dans le cadre de la
présente recherche en nous offrant sa bibliothèque ;
- À toute l'équipe de la
Bibliothèque de l'Université de Yaoundé II qui a mis
à notre disposition la documentation sollicitée durant nos
travaux de recherche ;
- À Monsieur l'Ambassadeur Adolphe
NAHAYO, Représentant du Secrétaire général de la
CEEAC en RCA, Chef du Bureau de Liaison, au Docteur Francesco SARACENO, du
Département des affaires politiques de la Mission des Nations Unies en
RCA, à Monsieur NKILI MBIDA Eugène Pascal Parfait, Attaché
au Parquet Général près la Cour d'Appel du Littoral
chargé du contentieux administratif et à mon Frère dans la
Science Joffre AGAPAMAKO, dont les échanges ont contribué
à améliorer la qualité de ce travail ;
- À la famille PAMBELA de
Yaoundé, Monseigneur Miguel Àngel NGUEMA BEE et Mademoiselle
Marielle Edwige KAMNADJI, pour les déterminants bienfaits ;
- À tous mes parents qui, en plus de
supporter mes absences et parfois mon indifférence durant ces
années d'étude, n'ont ménagé aucun effort pour
m'apporter un soutien multiforme ;
- À Messieurs Cyrille Séverin
KOYO, Pascal SORONHOUL et Mademoiselle Léopoldine ENAMA MVILONGO, pour
le soutien multiforme et les encouragements constants.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page iv
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
RESUME
La situation en République Centrafricaine (RCA), depuis
le 10 décembre 2012, date marquant le début de l'insurrection de
la coalition rebelle « SELEKA », a été
considérée comme une menace contre la paix et la
sécurité internationales. Pour cette raison, différents
acteurs se sont résolus à y mettre un terme, dans le respect du
droit international pertinent en vigueur.
Il y a eu l'intervention, d'une part, de la Communauté
Economique des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC) d'abord et celle de l'Union
Africaine (UA) ensuite, conformément au Chapitre VIII de la Charte des
Nations Unies ; et d'autre part, l'intervention de l'Organisation des Nations
Unies (ONU).
Ainsi, l'enjeu principal dans le cadre de cette étude
est de déterminer la relation qui existe entre CEEA-UA et ONU dans le
cadre du maintien de la paix et de la sécurité en RCA.
Il ressort de nos analyses que la relation entre ces acteurs
est duale. Dès lors, notre point de vue se décline en deux
parties principales : d'une part, CEEAC-UA, sous-traitants de l'ONU dans le
cadre du maintien de la paix et de la sécurité en RCA et d'autre
part, CEEAC-UA, partenaires de l'ONU dans le cadre du maintien de la paix et de
la sécurité en RCA.
Au demeurant, la prise en charge d'un conflit armé
interne comme celui de la RCA ne devrait forcément pas connaître
l'intervention de l'ONU ; celle-ci pouvant se limiter au niveau de la CEEAC, le
cas échéant, l'UA. Et pour y parvenir, un renforcement et une
rationalisation des ressources de ces organismes régionaux (ressources
humaines, matérielles...) s'avèrent importants.
Mots clés : Maintien de la paix et de
la sécurité - Organismes régionaux - ONU - Sous-traitance
- Partenariat - Conflit en RCA.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page v
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
ABSTRACT
The situation in the Central African Republic (CAR) since
December 10th 2012, marking the start of insurgency of the rebel « SELEKA
» coalition, has been seen as a threat to international peace and
security. For this reason, different actors have come together to put an end to
it, in accordance with the relevant international law in force.
There was the intervention, on the one hand, of the Economic
Community of Central African States or ECCAS and then the African Union or AU,
in accordance with Chapter VIII of the United Nations (UN) Charter; and on the
other hand, the intervention of the UN.
Thus, the main issue in this study is to determine the
relationship between ECCAS-AU and United Nations peacekeeping and security in
CAR.
Our analyzes show that the relationship between these actors
is dual. Therefore, our opinion is divided into two main parts : on the one
hand, ECCAS-AU, subcontractors of the UN in the framework of peacekeeping and
security in CAR and on the other hand, ECCAS-AU, partners of the UN in the
framework of peacekeeping and security in CAR.
Moreover, the handling of an internal armed conflict such as
the case of CAR should not necessarily have the intervention of the UN ; this
can be limited at the level of ECCAS, where appropriate, the AU. And to achieve
this, strengthening and rationalizing the resources of these organizations
(human resources, material resources...) is important.
Key words : Peacekeeping and security - Regional
organizations - UN - Subcontracting - Partnership - Conflict in CAR.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page vi
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
TABLE DES SIGLES, ACRONYMES ET ABREVIATIONS
-AAPS : Architecture
Africaine de Paix et de
Sécurité
-AFDI : Annuaire
Français de Droit
International
-AFRI : Annuaire
Français des Relations
Internationales
AGNU : Assemblée
Générale des Nations
Unies
-AJIL :
American Journal of
International Law
-Aff. : affaire
-art. : article
-art. cit. : article cité
-ASJP : Air and
Space Power Journal
-AUF : Agence Universitaire
de la Francophonie
-C. : contre
-CADEG : Charte Africaine de
la Démocratie, des Elections et de la
Gouvernance
- CADHP : Charte Africaine
des Droits de l'Homme et des
Peuples
-CANI : Conflit Armé
Non-International
-CCEG : Conférence des
Chefs d'Etat et de
Gouvernement
CEDEAO : Communauté
Economique des Etats de
l'Afrique de l'Ouest
-CEEAC : Communauté
Economique des Etats de
l'Afrique Centrale
-CEMAC : Communauté
Economique et Monétaire de
l'Afrique Centrale
-CER : Communauté
Economique Régionale
-Cf. : Conférer
-CIJ : Cour Internationale
de Justice
-CIRGL : Conférence
Internationale pour la Région des
Grands Lacs
-CMP : Commission Mouvement
de Population
-CNT : Conseil National de
la Transition
-Coll. : Collection
-CPS : Conseil de Paix et de
Sécurité (de l'Union Africaine)
-COPAX : Conseil de Paix et
de Sécurité de l'Afrique
centrale
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page vii
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
- CPJI : Cour Permanente de
Justice Internationale
-CPS : Conseil de Paix et
Sécurité
-DDR (R) : Désarmement
Démobilisation
Réinsertion/Réintégration
(Rapatriement)
-DIP : Droit International
Public
-dir. : sous la direction de
-Doc. : document
-DUDH : Déclaration
Universelle des Droits de
l'Homme
-éd. : édition
-EPIL: Encyclopedia of
Public International
Law
-FACA : Force Armée
Centrafricaine
-FDS : Force de
Défense et de
Sécurité
-FSI : Force de
Sécurité Intérieure
-FOMAC : Force
Multinationale de l'Afrique
Centrale
-FOMUC : Force
Multinationale en Centrafrique
-HCR : Haut-Commissariat
(des Nations Unies) pour les Réfugiés
-Idem : même
-IGAD : Intergovernmental
Authority on Development (Autorité
intergouvernementale pour
le développement)
-In : dans
-IRIC : Institut des
Relations Internationales du
Cameroun
-LGDJ : Librairie
Générale de Droit et de
Jurisprudence
-MICOPAX : Mission du
Conseil de Paix et de
Sécurité de l'Afrique
Centrale
-MINUSCA : Mission Multidimensionnelle
Intégrée des Nations
Unies pour la Stabilisation
en Centrafrique
-MISCA : Mission
Internationale de Soutien à la
Centrafrique (sous conduite africaine)
-N° : numéro
- NAP : Note d'Analyse
Politique
-NU : Nations Unies
-OMP : Opération de
Maintien de la Paix
-ONG : Organisation Non
Gouvernementale
-ONU : Organisation des
Nations Unies
-Op. cit :Opus citatum
(ouvrage cité)
-OTAN : Organisation du
Traité de l'Atlantique
Nord
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page viii
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
-OUA : Organisation de
l'Unité Africaine
-p. : page
-par. : Paragraphe
-PDI : Personne
Déplacée Interne
-pp. : pages
PNUD : Programme des Nations
Unies pour le Développement
-PUF : Presses
Universitaires de France
-RCA : République
Centrafricaine
-RCADI : Recueil des Cours
de l'Académie de Droit
International de la Haye
-RDC : République
Démocratique du Congo
-RES. : Résolution
-RGDIP : Revue
Générale de Droit
International Public
-RJPPF : Revue Juridique et
Politique des Pays
Francophones (anciennement RJPIC,
Revue Juridique et
Politique Indépendance et
Coopération)
-RIDC : Revue Internationale
de Droit Comparé
-RIDE : Revue Internationale
de Droit Economique
-RSS : Réforme du
Secteur de Sécurité
-SADC : Southern
African Development
Community (Communauté de développement
de
l'Afrique australe)
-SDN : Société
Des Nations
-SFDI : Société
Française de Droit
International
-SG : Secrétaire
Général
-SODECA : Société de
Distribution d'Eau en
Centrafrique
-Supra : Ci-dessus
-TPIR : Tribunal
Pénal International pour le
Rwanda
-TPIY : Tribunal
Pénal International pour l'ex
Yougoslavie
-Trad. : traduit
-UA : Union Africaine
-UE : Union
Européenne
-UNESCO : United
Nations Educational,
Scientific and Cultural
Organization (Programme
des Nations Unies pour l'éducation scientifique et
culturelle)
-UNICEF : United
Nations International
Children's Emergency
Fund (Fonds des Nations
Unies pour l'enfance)
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page ix
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
-UPC : Unité de Police
Constituée
-URSS : Union des
Républiques Socialistes
Soviétiques -Vol. : volume
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page x
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE 1
PREMIERE PARTIE : CEEAC-UA, « SOUS-TRAITANTS »
DE L'ONU DANS LE
CADRE DU MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SECURITE EN RCA
26
CHAPITRE I : LA DIMENSION NORMATIVE DE LA SOUS-TRAITANCE
ONU-
CEEAC/UA DANS LE CADRE DU CONFLIT EN RCA 29
SECTION I : L'ONU ET L'ETABLISSEMENT DE LA SOUS-TRAITANCE AVEC LA
CEEAC/UA DANS LA PRISE EN CHARGE DU CONFLIT CENTRAFRICAIN . 30
SECTION II : LA CEEAC/UA ET L'ACCEPTATION DE LA
SOUS-TRAITANCE DE
L'ONU DANS LA PRISE EN CHARGE DU CONFLIT CENTRAFRICAIN 39
CHAPITRE II : LA DIMENSION SUBSTANTIELLE DE LA
SOUS-TRAITANCE ONU-
CEEAC/UA DANS LE CADRE DU CONFLIT EN RCA 54
SECTION I : L'USAGE PAR LA CEEAC ET L'UA DES MODES DE RPD POUR LA
RESOLUTION DU CONFLIT EN RCA, DANS LE RESPECT DE LA CHARTE DES
NU 55
SECTION II : L'USAGE PAR LA CEEAC ET L'UA DE LA COERCITION POUR
LA RESOLUTION DU CONFLIT EN RCA, DANS LE RESPECT DE LA CHARTE DES
NU 68
DEUXIEME PARTIE: CEEAC-UA, « PARTENAIRES » DE
L'ONU DANS LE
CADRE DU MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SECURITE EN RCA
81
CHAPITRE I : LES EXPRESSIONS THEORIQUES DU PARTENARIAT
CEEAC/UA-
ONU DANS LE CADRE DU CONFLIT EN RCA 84
SECTION I : LES EXPRESSIONS ONUSIENNES, DES INSTRUMENTS
JURIDIQUES IMPERSONNELS, APPLICABLES PAR DEDUCTION AU CAS
CENTRAFRICAIN 85
SECTION II : LES EXPRESSIONS CEEAC/UA, DES INSTRUMENTS JURIDIQUES
IMPERSONNELS, APPLICABLES PAR DEDUCTION AU CAS CENTRAFRICAIN
96
CHAPITRE II : LES EXPRESSIONS PRATIQUES DU PARTENARIAT
CEEAC/UA-
ONU DANS LE CADRE DU CONFLIT CENTRAFRICAIN 111
SECTION I : L'INTERVENTION CONSOLIDATRICE DE L'ONU AU MOMENT DE
LA PRISE EN CHARGE DU CONFLIT CENTRAFRICAIN PAR LA CEEAC/UA .. 112
SECTION II : L'INTERVENTION FACILITATRICE DE LA CEEAC ET DE L'UA
DEPUIS LA PRISE EN CHARGE DU CONFLIT CENTRAFRICAIN PAR L'ONU . 123
CONCLUSION GENERALE
|
139
|
ANNEXES
|
.143
|
BIBLIOGRAPHIE
|
144
|
TABLE MATIERES
|
....155
|
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 1
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
INTRODUCTION GENERALE
Le 20ème siècle écoulé apparait au
regard de l'histoire de la société internationale comme la
période la plus mouvementée, tant les risques d'effondrement et
de destruction étaient palpables et indubitables. D'une part, les
rapports conflictuels directs entre les Etats ont entrainé d'impensables
atrocités et affligé à l'espèce humaine une
déshumanisation inédite, notamment avec l'avènement des
deux guerres mondiales. Cette situation déplorable a donné
naissance, par la signature du « Traité de Versailles1
», à la Société des Nations (SDN)2.
D'autre part, les rapports conflictuels indirects parmi lesquels figurent les
nombreuses crises politiques en Europe, en Asie et en Amérique de 1947
à 1962 baptisées « la guerre froide » avec
l'affrontement par Etats interposés des deux grandes puissances d'alors,
Union des Républiques Socialistes et Soviétiques (URSS)
versus Etats-Unis d'Amérique, ont fortement marqué le
20ème siècle. La société internationale souffrira
cette ambiance délétère, cette tension justifiée,
à tort ou à raison, par des idéologies politiques et
économiques opposées des Etats-Unis d'Amérique, bloc
capitaliste et libéral, et de l'URSS, bloc communiste et socialiste.
L'on parlera même de « bipolarisation du monde »
symbolisée par la construction du mur de Berlin en 1961 divisant la
capitale allemande.
Bien que la SDN, ayant permis la pose de la première
pierre d'un édifice de sécurité à dimension
internationale, notamment ses actions en faveur de la paix3, le
monde n'a pas été à l'abri d'une deuxième guerre
plus grave et plus meurtrière que la première. A la
différence de celle-ci, parfois qualifiée de guerre
européenne, la seconde guerre sera véritablement mondiale au
regard de la participation de tous les continents. Ainsi, au lendemain de
cette
1 Le Traité de Versailles est un
traité de paix signé le 28 juin 1919 en France entre l'Allemagne
et les Alliés au rang desquels le Royaume uni, la République
française, les Etats-Unis, le Royaume d'Italie et l'Empire du Japon
à l'issue de la Première Guerre mondiale. Ce Traité
annonça la fin la création de la SDN et détermina les
sanctions prises à l'encontre de l'Allemagne.
2La Société des Nations était
une organisation internationale introduite par le traité de Versailles
en 1919, lui-même élaboré au cours de la Conférence
de paix de Paris (janvier 1919 - août 1920), dans le but de conserver la
paix en Europe après la première Guerre mondiale. Les objectifs
de la SDN comportaient le désarmement, la prévention des guerres
au travers du principe de sécurité collective, la
résolution des conflits par la négociation et
l'amélioration globale de la qualité de vie. Basée
à Genève, dans le Palais Wilson puis le Palais des Nations, elle
est remplacée en 1945 par l'Organisation des Nations Unies.
3Pour un survol sur les quelques succès de
la SDN en matière de paix, voir le lien
http://fr.wikipedia.org/wiki/Soci%C3%A9t%C3%A9_des_Nations#Ses_succ.C3.A8s,
consulté le 30 juin 2017.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 2
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
seconde guerre mondiale qui sonne conséquemment le glas
de la SDN, les Vainqueurs4 ont exprimé leur volonté
d'instaurer un système de sécurité collective durable et
efficace par l'adoption de la « Charte des Nations Unies » le 26 juin
1945, lors de la Conférence de San Francisco. Son entrée en
vigueur le 24 octobre de la même année a scellé la
création de l'ONU avec les mêmes objectifs que la défunte
SDN, mais avec des pouvoirs et des moyens d'intervention plus
accrus5. Ainsi, la création de l'ONU est perçue, non
seulement comme le parachèvement de l'évolution du Droit
international ayant édifié une structure plus solide, capable
d'encadrer l'usage de la force par les Etats, mais également comme
l'origine d'un « contrat social » au sein de la société
internationale. Cependant : « Dans le cadre de la mission
première de l'ONU, qui est d'assurer la paix et la
sécurité internationales, il est nécessaire et souhaitable
de soutenir les initiatives prises aux niveaux régional et sous
régional (...). C'est nécessaire parce que l'organisation n'a ni
les moyens ni les compétences requises pour régler tous les
problèmes pouvant surgir (...)6 ». Avant
d'entreprendre une quelconque démarche dans le cadre de cette
étude portant sur « La régionalisation du maintien
de la paix et de la sécurité internationales. Etude
appliquée au conflit en République Centrafricaine
», il sera judicieux de faire, prima facie, certaines
précisions méthodologiques. Celles-ci ont trait aux cadres
conceptuels (I) et opératoires ou substantiels (II) de
l'étude.
I- Cadre conceptuel de l'étude
Dans cette rubrique constituant l'élément
annonciateur de notre démarche, il sera question de ressortir le
contexte du sujet (A), faire des
précisions terminologiques (B), une délimitation
(C), l'état de la question ou revue de la
littérature (D) et montrer l'intérêt de
l'étude (E).
A- Contexte du sujet
Le conflit centrafricain, connaissant l'intervention
d'organisations (sous) régionales mais également de l'ONU,
résulte d'un contexte socio-politique (1) et juridique
(2).
4 Ensemble des pays Alliés victorieux de la
Première Guerre mondiale.
5 Lire par exemple GERBET (Pierre), GHEBALI (Victor-Yves) et
MOUTON (Marie-Renée), Le rêve d'un ordre mondial. De
la SDN à l'ONU, Paris, Imprimerie nationale, 1996, 498 p. ;
MOREAU-DEFARGES (Philippe), « De la SDN à l'ONU
», Pouvoirs, 2004/2 n° 109, pp. 15-26.
6 Document des Nations Unies A/52/871 et
S/1998/318, Les causes des conflits et la promotion d'une paix et d'un
développement durables en Afrique : Rapport du Secrétaire
général [Koffi ANNAN], New York, 13 avril 1998, paragraphe
41.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 3
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
1- Contexte socio-politique
Située au coeur du continent africain, la RCA
s'étend sur une superficie de 623 000km2. Elle a connu une histoire
politique marquée par de nombreux coups d'Etat qui ont fragilisé
le pays tout en inscrivant cette ancienne colonie française,
indépendante le 13 août 1960 dans un cycle infernal
d'insécurité et d'instabilité. Elle dispose d'une
population de 4,5
millions d'habitants7. Classée parmi les
pays en voie de développement, elle partage près de 4000
kilomètres de frontière avec ses pays voisins comme le Congo
Brazzaville et la République Démocratique du Congo (RDC) au Sud,
les deux Soudans à l'Est, le Tchad au Nord et le Cameroun à
l'Ouest. La RCA est subdivisée en 7 régions, 16
préfectures, 62 sous-préfectures et 177 communes.
Ce pays est victime de contre coup de l'instabilité
politique de certains pays voisins avec comme conséquence l'infiltration
des groupes armés, la circulation d'armes
légères8 etc. De même, la RCA s'est
illustrée au cours de la dernière décennie par une spirale
des crises militaro-politiques dont la dernière de 2012 s'était
soldée par un putsch en 2013.
A la tête de l'Etat depuis 1993, le président
Ange Félix Patassé est renversé le 15 mars
2003 par le général BOZIZE, par la suite
celui-ci organise en 2005 les élections présidentielles et
législatives qu'il remporte et se voit réélire pour un
second mandat en janvier 2011. Sur le plan politique et sécuritaire, le
pays connait depuis 2005 une série de troubles dans le nord-est du pays.
Divers groupes politico-militaires sont à l'origine de nombreux actes de
violences, affrontements et rebellions, entre 2007 et 2011, des Accords de paix
sont signés progressivement entre les rebelles et le gouvernement afin
d'engager des programmes de désarmement, de démobilisation et de
réinsertion, mettre un terme à l'instabilité
régnant dans le pays et rétablir le dialogue national.
Cependant, s'estimant lésée par l'application
partielle de ces Accords, une coalition des groupes rebelles
dénommée « SELEKA9 », c'est-à-dire
alliance, composée des miliciens armés, décide de prendre
le pouvoir. Le 24 mars 2013 le président BOZIZE alors au pouvoir depuis
10 ans, a été évincé. Le chef de cette
rébellion, Michel DJOTODIA, s'autoproclame président et constitue
un nouveau gouvernement composé d'opposants, des membres de la
rébellion et de la société civile. Depuis la prise du
pouvoir par cette coalition, on assiste à une multiplication et
intensification des violations des droits de l'homme et du Droit
International
7 UNFPA/RCA, recensement de 2012.
8 Amnesty International, Rapport sur la situation
des droits de l'Homme en Centrafrique, octobre 2011.
9 Il s'agit d'un concept Sango qui est la langue
nationale de la RCA.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 4
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
Humanitaire (DIH) ; des exactions qui sont commises par les
membres de cette rébellion et par les milices connues sous le nom de
« ANTIBALAKA10 » qui se sont constituées en
autodéfense pour riposter aux attaques perpétrées par les
membres de cette coalition au pouvoir.
Les exécutions extrajudiciaires, les disparitions
forcées, les arrestations et détentions arbitraires, les actes de
torture, les violences sexuelles sur la personne des femmes et des enfants, les
viols, le recrutement et l'emploi des enfants et les attaques contre les civils
se sont multipliés dans le pays. La situation politique et sociale s'est
fortement dégradée conduisant à de nombreux
déplacements des populations civiles. Durant cette période, le
pouvoir en place n'avait pas le contrôle du territoire. Cette
incapacité de gérer la destinée de l'Etat centrafricain a
engendré des conséquences humanitaires désastreuses et
mettait le peuple centrafricain à la merci de la nature obligeant
l'intervention de différentes organisations ; c'est l'objet du contexte
juridique de l'étude.
2- Contexte juridique
L'ONU a pour but principal le « maintien de la paix
et de la sécurité internationales11 ». Cette
mission a été confiée par la Charte au Conseil de
sécurité12 qui dispose, pour ce faire, d'une
série de mécanismes. Ainsi, en cas de « menace contre la
paix, de rupture de la paix et d'acte d'agression », le Chapitre VII
de la Charte prévoit la possibilité pour le Conseil de prendre
des mesures dont le respect s'impose aux Etats13.
Les efforts de l'ONU en vue d'apaiser les relations
interétatiques au regard du contexte mondial tendu ne seront pas vains
car, progressivement, plusieurs foyers de tension vont s'éteindre
grâce à des actions menées sous son égide. La
société internationale va connaitre ainsi une nouvelle ère
d'espérance, de paix relative surtout au regard des relations
interétatiques.
Toutefois, s'il est vrai que les risques de conflits
internationaux ont baissé, il en va différemment des rapports
internes dans les Etats. Ceux-ci sont caractérisés par des crises
de tous ordres qui finissent par des conflits armés pour la plupart. Et
l'Afrique n'en est point de reste. La question des conflits armés sur ce
continent constitue donc un véritable « casse-
10 Il s'agit également d'un concept Sango, qui
signifie littéralement Anti-machettes. Ceux-ci s'estiment
immunisés contre d'éventuels coups de machettes qu'ils
recevraient de la part de leurs ennemis de la SELEKA.
11 Article 1 (1) de la Charte des Nations Unies.
12 Idem article 24.1.
13 D'après l'article 25 de la Charte des Nations Unies
: les Membres de l'Organisation conviennent d'accepter et d'appliquer les
décisions du Conseil de sécurité conformément
à la présente Charte».
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 5
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
tête » aussi bien pour les acteurs
locaux14 qu'internationaux15 qui s'y intéressent,
même s'il faut remarquer que des approches de solution n'ont pas
manqué.
En effet, vu la persistance de la crise centrafricaine avec
des effets regrettables comme les violations des droits humains et autres, une
Mission (la MICOPAX ou Mission du Conseil de Paix et Sécurité en
Afrique Centrale) placée sous l'autorité de la CEEAC a
été créée et déployée en
Centrafrique.
Le 5 décembre 2013, désireux d'endiguer la crise
humanitaire et des droits de l'homme, le Conseil de sécurité des
Nations Unies (NU) a adopté la résolution 2127 (2013) autorisant
l'élargissement et le renforcement du mandat de la MICOPAX et sa
transformation en une Force dirigée par l'UA, la Mission Internationale
de Soutien à la Centrafrique (MISCA). Il faut remarquer qu'elle a
été soutenue par un corps expéditionnaire français,
l'« Opération Sangaris16», qui avait pour mandat de
rétablir l'ordre public et de protéger la population civile.
Face à la précarité de l'intervention des
troupes sous conduite de l'UA et à l'ampleur des violations et exactions
commises par les groupes armés présents sur le sol centrafricain,
le Secrétaire Général (SG) des NU évoque un risque
de génocide ; c'est ainsi que le Conseil de sécurité
décide de créer la Mission Multidimensionnelle
Intégrée des Nations-Unies pour la stabilisation de la
Centrafrique (MINUSCA)17 en adoptant la résolution 2149 du 10
avril 2014. Le contexte, tant bien socio-politique que juridique étant
relevé, il faudrait tenter d'expliquer quelques notions contenues dans
le thème.
B- Précisions terminologiques
Le professeur Luc SINDJOUN affirmait que la définition
des concepts est un « pré requis analytique18 ». Et
donc, il nous faut d'abord définir, les termes contenus dans le sujet
(1), et ensuite le sujet lui-même
(2).
14 On peut citer l'organisation panafricaine (OUA-Union
Africaine), les organisations sous régionales (CEDEAO, CEEAC, SADC,
IGAD, Ligue arabe), les ONG africaines, les dirigeants, les populations...
15 On peut noter l'ONU, l'Union européenne, les Etats
occidentaux, les ONG internationales, les institutions financières
internationales, les médias étrangers... Sur la question lire
ASSOUGBA (Jacob), Les acteurs internationaux dans la crise ivoirienne,
Paris, L'Harmattan, 2014, 532p.
16 L'opération Sangaris est le nom d'une
opération militaire de l'armée française en RCA du 5
décembre 2013 au 31 octobre 2016. C'était la 7e
intervention militaire française depuis l'indépendance du
pays.
17 CARAYANNIS (Tatiana) et LOMBARD (Louisa),
Making Sense of the Central African Republic, Londres, Coll. Zed
Books, 2015, p. 46.
18 Cours de Relations internationales, non
publié. Consulté le 15 juin 2017 sur URL : http// :
www.google.fr
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 6
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
1- Définition des termes du sujet
Nous clarifierons ici les termes régionalisation
(a), maintien de la paix et de la sécurité
internationales (b) et conflit (c).
a- Régionalisation
Le Grand Larousse définit la
régionalisation comme « un transfert aux régions, de
compétences qui appartiennent au pouvoir central19». Au
sens du Dictionnaire de Droit international public, il s'agit d'«
un processus relatif à une région, qualificatif
appliqué principalement à des accords ou organismes regroupant
plusieurs Etats de même région20. »
Toutefois, le concept de régionalisation ou du fait régional
revêt des visages divers. Phénomène polymorphe en Droit
international, il se prête mal à des classifications
rigides21. Cette polymorphie se révèle lorsque l'on
tente d'appréhender la notion de région. La région est un
concept pour le moins énigmatique et aucune discipline scientifique ne
peut en livrer un concept proprement objectif ; chacune retient sa propre
définition ou ses définitions22.
Pour le professeur Stéphane DOUMBE-BILLE, la
régionalisation doit être analysée comme « une
tentative de s'adapter aux nécessités auxquelles un groupe
d'Etats doit faire face, par rapport auxquelles ceux-ci construisent des
finalités particulières, dans le respect du droit international
général. Ces finalités l'entrainent, selon les
spécificités en cause, à présenter des visages
multiples, ordonnées autour d'une double préoccupation dont l'une
est plus classique et l'autre plus ambitieuse23. » Dans un
premier cas, le professeur estime que la régionalisation peut en effet
emprunter la voie d'une simple coordination des fonctions étatiques.
Elle constitue alors le « degré zéro » du rapprochement
régional, les principes de fonctionnement demeurant profondément
marqués par les caractères traditionnels de la
souveraineté et de la coopération interétatique. Telle est
d'ailleurs encore aujourd'hui la forme la plus courante de la
régionalisation du droit international public, à travers le cadre
d'organisations internationales régionales, qu'elles soient
fermées ou ouvertes24.
Dans le second cas, celui-ci pense que la
régionalisation s'engage dans une coopération plus
avancée, plus renforcée, qui « oblige » les Etats
à des abandons de souveraineté, afin de
19 Le Grand Larousse, Paris, Cedex, 2015.
20 SALMON (Jean) (dir.), Dictionnaire de droit
international public, Bruxelles, Bruylant/AUF, 2001, p 959.
21 GAUTRON (Jean-Claude), « Le fait régional dans
la société internationale », dans SFDI,
Régionalisme et universalisme dans le droit international
contemporain, Paris, Pedone, 1976, p. 7 ; VIRALLY (Michel),
L'Organisation mondiale, Paris, A. colin, 1972, p. 294.
22 De manière générale, voir NYE (Joseph),
International Regionalism, Boston, Little, Brown and Co., 1968.
23 DOUMBE-BILLE (Stéphane) (dir.), La
régionalisation du droit international, Bruxelles, Bruylant, 2012,
pp 15-
16.
24 Idem.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 7
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
mettre en avant un nouveau sujet qui les résume
à travers le caractère intègre de leur coopération.
Cette seconde forme ne conduit pas pour autant à la disparition des
Etats qui la constituent mais la superposition des régimes à
laquelle elle n'est pas sans difficulté ni ambiguïté sur la
nature statutaire de la construction de l'oeuvre. Elle n'en apparait pas moins
ambitieuse dans la volonté, peut-être fantasmatique, de
création de nouvelles entités de caractère
supra-étatique25.
Toutefois, la régionalisation désignée
dans le cadre de ce travail indique un phénomène, une dynamique
de conjugaison d'efforts ou d'uniformisation de compétences, dans le
respect du Droit international applicable, entre au moins deux entités
étatiques regroupées au sein d'une organisation à l'effet
de faire face aux problèmes de différents ordres et natures qui
se posent ou s'imposent dans leur sphère.
b- Maintien de la paix et de la sécurité
internationales
Le substantif maintien vient du verbe maintenir qui, selon le
dictionnaire Larousse de poche, veut dire « tenir stable dans
la même position ou le même état26. ».
De ce fait, le maintien implique la quête d'un statut quo d'une
situation donnée ou d'un état qui, dans le présent
travail, est la paix et la sécurité internationales.
Pour le professeur Gérard CORNU, la paix renvoie
à la « situation d'un Etat qui n'est en guerre avec aucun autre
ou qui ne l'est pas avec un autre déterminé, que cette situation
résulte d'un traité de paix ou de la seule prolongation d'un
état de non-agression.27 ». Mais cette
définition ne semble pas suffisante, pour avoir relevé seulement
l'absence de guerre entre Etats, alors que la guerre peut également
avoir lieu dans l'Etat ; d'où préférence de retenir la
conception selon laquelle la paix est l'absence de guerre ; elle est le «
... mythe fondateur de la société internationale
régularisée28».
Divers auteurs traitent du maintien de la paix sans s'attarder
ou inclure le mot sécurité. Par exemple, les professeurs Raymond
GUILLIEN et Jean VINCENT définissent le maintien de la paix comme un
« ensemble d'opérations sans caractère coercitif
décidées par le Conseil de sécurité des Nations
Unies en vue d'exercer une influence modératrice sur des
éléments antagonistes29. ». Et pour le
professeur Jean SALMON, le maintien de la paix se présente comme une
« action consistant à faire perdurer un état de paix,
spécialement lorsque celui-ci
25 Ibidem.
26 Dictionnaire Larousse de poche,
www.edition-larousse.fr.2012.
27 CORNU (Gérard), Vocabulaire juridique,
11e éd, Paris, PUF, 2015, p. 729.
28 SUR (Serge), Relations internationales,
Paris, Montchrestien, 2000, p 290.
29 GUILLIEN (Raymond) et VINCENT (Jean) (dir.),
Lexique des termes juridiques, 14ème éd.,
Paris, Dalloz, 2003, p. 75.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 8
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
est menacé » ou une « action
concrète menée sur le terrain des Nations Unies pour maintenir la
paix dans un territoire30. » En tout état de cause,
l'évocation du maintien de la paix requiert la considération
implicite de la sécurité qui est entendue, respectivement par le
Dictionnaire encyclopédique et le Dictionnaire de droit
international public comme « la situation dans laquelle quelqu'un
ou quelque chose n'est exposée à aucun danger. » et
comme « ..., l'état d'une personne qui se sent ou se croit
à l'abri d'un danger31. »
En effet, le maintien de la paix et de la
sécurité internationales peut être entendu comme la «
prévention, la limitation, la modération et la cessation des
hostilités entre ou au sein des Etats grâce à
l'intervention d'une tierce partie organisée et dirigée à
l'échelle internationale, faisant appel à du personnel militaire,
policier et civil pour restaurer la paix32. ».
En l'espèce, le maintien de la paix et de la
sécurité internationales devra être compris comme un
procédé à travers lequel un acteur de renommée
internationale intervient pour faire face aux nécessités d'ordre,
fut-il, politique, économique, sécuritaire, social ou culturel
dans un milieu donné.
c- Conflit
Le conflit est généralement perçu comme
une situation d'affrontement entre sujets antagonistes. Cette définition
est suffisamment large pour inclure toutes sortes de conflits allant des
disputes de ménage aux guerres. Selon TRAN VAN Minh, « la
notion de conflit est une terminologie qui met en concurrence plusieurs termes
: conflit, litige, différend, crise,
30 SALMON (Jean) (dir.), op. cit., p. 799.
31 Ibid., p 1023.
Par ailleurs, Il existe une diversité des formes de
sécurité au rang desquelles la sécurité juridique,
la sécurité de l'Etat, la sécurité des personnes,
des biens, des moyens de transport dans les relations internationales, la
sécurité des relations contractuelles et la
sécurité internationale proprement dite. Cette dernière
renferme en son sein :
La sécurité collective qui est un système
par lequel une collectivité d'Etats conclut, en vue de prévenir
l'emploi de la force contre l'un d'entre eux, des engagements de
règlement pacifique des différends aux termes desquels chacun
pourra bénéficier, sous forme d'actions communes, de la garantie
de l'ensemble de la collectivité ;
La sécurité de la navigation maritime qui est un
ensemble de règles et mesures arrêtées par les Etats et les
OI ayant pour objet de définir les règles minimales auxquelles
sont soumis les navires et leurs équipages et d'assurer dans de bonnes
conditions de sécurité la circulation maritime.
32 TESSIER (Manon), « Qu'est-ce que le
maintien de la paix ? », in Paix et sécurité
internationales, Canada, IQHEI, Décembre 1999, information
tirée sur internet au www.Iqhei.Ulaval.Ca/default.asp ,
consulté le 30 juillet 2018.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 9
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
tension, antagonisme, situation...
33». Cette variabilité dans l'usage des termes est
susceptible de créer une certaine confusion, d'où la
nécessité de les disséquer et les distinguer.
Premièrement, le conflit se distingue de la crise. Pour
le politologue américain ZARTMAN William, le conflit est le premier
stade de la crise. Alors que celui-là renvoie « Au litige qui
sous-tend les heurts entre les belligérants, celle-ci désigne le
passage actif des hostilités armées34».
C'est une phase critique dans l'évolution du conflit ; « le
conflit précède donc la crise35 ».
Deuxièmement, la Charte de l'ONU utilise les notions de
différend et de situation sans toutefois préciser leur
portée. Le professeur CHAUMONT Charles, après avoir
inventorié les différents cas d'utilisation des deux concepts,
conclut que le différend a un caractère subjectif alors que la
notion de situation serait objective36. Dans son arrêt du 30
aout 1924 sur l'affaire Mavrommatis, la Cour Permanente de Justice
Internationale (CPJI) définit le différend international comme un
« désaccord sur un point de droit ou de fait, une
contradiction, une opposition de thèses juridiques ou
d'intérêts entre deux Etats37». Bien que
restrictive, cette définition se rapproche de celle du conflit.
Troisièmement, il importe de faire la différence
entre le conflit et les termes de tension interne et de trouble
intérieur. Ce sont des situations de basse intensité n'ayant pas
encore atteint le stade de conflit armé38.Ces situations ne
présentent pas l'intensité et l'organisation militaire,
nécessaire caractéristique du conflit armé.
Le terme conflit est défini comme une «
hostilité, lutte entre groupes sociaux, entre Etats, n'allant pas
jusqu'au conflit armé et sanglant, que l'on oppose souvent à la
guerre politique militaire39». Lorsque la conduite de
cette hostilité ou lutte est faite par les armes, le
33 TRAN VAN (Minh), « Les conflits », in
Encyclopédie juridique de l'Afrique, tome 2, Dakar, Nouvelles
éditions africaines, 1992, pp. 311-340.
34 ZARTMAN (William), La résolution des
conflits en Afrique, Paris, L'Harmattan, 2000, p. 14.
35 Ibid.
36 Cf. CHAUMONT (Charles), La
sécurité des Etats et la sécurité du monde,
Paris, L.G.D.J, 1948, 158 p.
37 Aff. des Concessions Mavrommatis en
Palestine, arrêt du 30 août 1924 CPJI. Série A n°2
p. 11.
38 Pour une analyse sur le sujet, voir Pietro
VERRI, Dictionnaire international des conflits armés, CICR,
Genève, 1988. Sur cette question, voir EIDE (Alain) « Troubles
et tensions intérieurs » dans UNESCO (éd.), Les
dimensions internationales du droit humanitaire, Paris/Genève, 1986, pp.
279 ss. ; MOMTAZ (Djamchid). « Les règles humanitaires
minimales applicables en période de troubles et de tensions internes
», RICR, vol.80, 1998, pp.487 ss.
39 BOUTHOUL (Gaston), Traité de
sociologie. Les guerres, éléments de polémologie,
Paris, édition Fayard 1951, p. 35.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 10
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
conflit devient armé et s'apparente ainsi à une
véritable guerre qui est perçue comme « Un acte de
violence dont le but est de forcer l'adversaire à exécuter notre
volonté40 ».
Dans le langage courant, le mot « guerre » est
souvent employé pour désigner les situations qui ne correspondent
pas au « concept juridique » du même nom. Au sens du Droit
international, la guerre est un procédé de contrainte avec emploi
de la force qui comprend obligatoirement deux aspects : un aspect militaire et
un autre interétatique. La guerre est une lutte armée avec
intention de guerre. En tant que telle, elle se distingue de la
rétorsion et des représailles pacifiques qui excluent le recours
aux armes et des représailles armées qui s'exercent sans
intention de guerre41.
Utilisant les concepts de « conflit armé »
pour expliquer le phénomène de guerre, la professeure Rosemary
ABI-SAAB dit, quant à elle, que ces termes impliquent l'existence
d'hostilités entre les forces armées
organisées42. Les hostilités sont comprises comme les
opérations de guerre ou l'état de guerre lui-même. «
Un conflit armé existe chaque fois qu'il y a recours à la
force armée entre Etats ou un conflit armé prolongé entre
les autorités gouvernementales et des groupes armés
organisés ou entre de tels groupes au sein d'un Etat43.
».
Le conflit armé peut être international ou non en
raison de la nature des belligérants en présence. Lorsqu'il
oppose des entités étatiques, mieux encore lorsqu'il y a
confrontation armée entre Etats même si l'état de guerre
n'est pas proclamé44, il s'agit d'un Conflit Armé
International (CAI) ou d'une guerre interétatique. Mais, « Est
réputé CANI [« Conflit Armé Non International
»], tout conflit qui se déroule sur le territoire d'un Etat,
entre ses forces armées et des forces armées dissidentes ou des
groupes armés organisés qui, sous la conduite d'un commandement
responsable exerce sur une partie de son territoire un contrôle tel qu'il
leur permette de mener des opérations militaires continues et
concertées et d'appliquer le droit international établi par ce
type de conflit45».
Cette définition permet, au regard de la
réalité des faits sur le terrain, de conclure sur la nature du
conflit en RCA ; évidemment il s'agit d'un CANI.
40 CLAUSEWITZ (Carl Von), De la guerre,
(1832), (trad.) MURAWIEC (Laurent), éd. Librairie Académique
Perrin, 1999.
41 DAILLIER (Patrick), FORTEAU (Mathias) et PELLET (Alain),
Droit international public, 8è édition, Paris, LGDJ,
2009, p 709.
42 ABI-SAAB (Rosemary), Droit humanitaire et conflits
internes, Origines et évolution de la réglementation
internationale, Paris, Pedone, 1986, p. 69.
43 Tadic 1995, Chambre d'Appel du TPIY, affaire
n° IT-94-1-AR72 § 70.
44 SALMON (Jean) (dir.) op. cit. p. 233.
45Voir l'article 1 du Protocole additionnel II de 1977
aux conventions de Genève de 1949.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 11
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
Dans le cadre de cette recherche, la notion du conflit doit
être entendue comme la manifestation d'actes d'opposition entre au moins
deux parties en présence pour des motifs avoués ou non, et lors
desquels chacune d'elles peut emprunter un ou des moyen (s) selon sa
convenance.
2- Définition du sujet
La régionalisation du maintien de la paix [« et de
la sécurité internationales »] désigne, en
générale, l'implication des organisations ou organismes
régionaux dans le maintien de la paix et de la sécurité au
sein de leur aire de compétence46. Elle s'appuie avant tout
sur le Chapitre VIII47 de la Charte des NU et est encouragée
par plusieurs textes des instances dirigeantes de l'ONU comme l'Agenda pour
la paix de février199248 et le Supplément
à l'Agenda pour la paix de 199549. A ces documents, on
peut ajouter toutes les résolutions de l'Assemblée
Générale des Nations Unies (AGNU)sur L'étude
d'ensemble de toute la question des opérations de maintien de la paix
sous tous leurs aspects et toutes les déclarations sur le
renforcement de la coopération entre l'Organisation des Nations Unies et
les accords ou organismes régionaux dans le domaine du maintien de la
paix et de la sécurité internationales.
Spécifiquement, « La
régionalisation du maintien de la paix et de la sécurité
internationales. Etude appliquée au conflit en RCA »,
assimilable à un essai sur la construction d'un ordre sécuritaire
régional, est un sujet pratique50 du droit international
public, même si teinté quelque peu du droit
communautaire51.
En effet, la prise en charge régionale des conflits
apparaît nécessaire pour pallier les difficultés de l'ONU
au moment où les besoins en paix à l'échelle mondiale et
plus particulièrement en RCA ont explosé.
46 TRAORE (Bakary), « La
régionalisation du maintien de la paix en Afrique depuis le début
des années 90 : Enjeux, Contraintes et défis à relever.
», Université de Cocody, Abidjan Côte d'Ivoire, p 61. Article
non publié, consulté sur
www.google.fr le 25 juin 2017,
fichier PDF.
47 Le Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies
traite des `'Accords régionaux».
48 Ce Rapport du SG adressé au CSU reconnaît que
les organisations régionales peuvent contribuer à
l'accomplissement des fonctions de diplomatie préventive, de maintien de
la paix, de rétablissement et de consolidation de la paix. Cela peut
alléger la tâche du CSNU et créé un sentiment de
participation, de consensus et démocratisation en ce qui concerne la
gestion des conflits.
49 Ce rapport de 1995 précise davantage les
différentes formes de la coopération entre l'ONU et les
organisations régionales à savoir la consultation, l'appui
diplomatique et opérationnel, le codéploiement d'effectifs et les
opérations conjointes.
50 Un sujet pratique dans la mesure où,
à cause de l'objet de cette étude qui est le conflit en RCA, il
sera question de faire de développement fortement atténués
de théories.
51 En parlant de « teinté du droit
communautaire », allusion est faite au droit communautaire CEEAC.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 12
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
L'implication des organisations régionales dans ce
domaine traditionnellement réservé à l'ONU ressemble
à une sorte de délégation de pouvoir52 de la
part du Conseil de sécurité. Elle se fait de plus en plus, depuis
la fin de la guerre froide dans une espèce de collaboration avec l'ONU,
et a l'avantage d'alléger la tâche du Conseil de
sécurité et d'éviter les accusations d'interventions
extérieures des grandes puissances53. On note
également l'expérience historique et une culture commune des
Etats propres à faciliter la solution du conflit54.
Créées à l'origine pour des motifs plus
qu'économiques, elles se sont rendu compte, au fil des années,
que leurs pays membres ne pouvaient connaître un développement
économique harmonieux et intégré sans que des conditions
minimales d'une paix à l'échelle sous régionale ne soient
assurées55. Pour ce faire, elles ont transformé en
profondeur leurs chartes respectives en y intégrant le maintien de la
paix et la possibilité de déployer des forces de paix sous
régionales. En effet, conscients des problèmes rencontrés
par certaines entités régionales dans la résolution des
conflits, plusieurs pays ont conçu des programmes pour développer
les capacités de certaines organisations régionales en
matière de maintien de la paix. Il y a, par exemple, les programmes
américain et français56 avec pour principal objectif
d'appuyer les efforts desdites organisations régionales dans la
résolution de leurs conflits. En tout état de cause, le travail
ne saurait se faire sans une délimitation.
C- Délimitation de l'étude
La thématique délimite par elle-même les
bornes de la recherche envisagée. La délimitation est l'action de
délimiter ; c'est-à-dire « déterminer les limites de
quelque
52 TRAORE (Bakary), art. Cit. p 61.
53 MILLET-DEVALLE (Anne Sophie), « L'évolution des
opérations de maintien de la paix
Afrique » in Arès, Vol XX - N° 50,
Fasc. 1, Janvier 2003, consulté sur
www.upmfgrenoble.fr/espaceeurope/publication/ares/50/millet.pdfle
20 juin 2017
54 Cependant dans certains cas, comme le note le Corps Commun
d'inspection, dans son rapport de 1994, la proximité géographique
et l'expérience historique peuvent avoir des effets négatifs sur
la capacité de médiation de l'organisation régionale.
Ainsi, les parties à un conflit voient dans une mission onusienne,
l'expression de la préoccupation de la communauté internationale
et, partant, un soutien impartial au règlement du conflit. (Voir
A/50/571, Rapport sur le partage des responsabilités en
matière de maintien de la paix entre l'Organisation des Nations Unies et
les organisations régionales, consulté sur :
www.unjiu.org/data/reports/1995/fr95_04.pdf).
Voir également COULON (Jocelyn) et LIEGEOIS (Michel), (2010)
Qu'est-il advenu du maintien de la paix ?, L'avenir d'une tradition,
Etude préparée pour l'Institut Canadien de la Défense et
des Affaires Etrangères,
www.cdfai.org.Consulté le 20
juin 2017.
55 TRAORE (Bakary), art. Cit. p 62.
56 Pour un inventaire de tous les programmes de renforcement
des capacités africaines de maintien de la paix, se
référer à BERMAN (Eric) et SAMS (Katie), 2000,
Peacekeeping in Africa : Capabilities and Culpabilities, Genève,
United Nations publication, 540 p. ou encore à Michel LIEGOIS, «
L'appui international au renforcement des capacités africaines de
maintien de la paix : Trop de médecins autour du patient ? »,
Guide du maintien de la paix 2011, 2011, pp. 183-200.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 13
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
chose57 ». Elle se fera ainsi à deux
niveaux : d'une part la délimitation spatiale et temporelle (1)
et d'autre part la délimitation matérielle
(2).
1- Délimitation spatiale et
temporelle
L'espace géographique sur lequel s'appliquera la
présente étude est le territoire de la RCA. Ce pays est
désigné en raison de la nature complexe qui caractérise la
situation conflictuelle en cours ; mais également à cause de son
histoire, depuis l'indépendance, très mouvementée,
meublée de dictatures, de coups d'Etat, de mutineries militaires et
d'interventions extérieures58. La RCA représente
(actuellement) un front d'urgence d'intervention au coeur de l'Afrique centrale
et aussi un pôle d'alerte maximale pour la recherche des conditions
d'émergence d'une société capable de construire un
vivre-ensemble59.
Le sujet dont nous avons la charge d'étudier part du 10
décembre 2012, date marquant le début du conflit entre le
gouvernement de la RCA et la Séléka à nos jours. Il faut
relever que fin 2012 a été une année
particulièrement sanglante pour la RCA ; mais également depuis
cette date, il y a eu une série d'interventions d'organisations
incomparable dans le passé.
2- Délimitation matérielle
Du point de vue matériel, il s'agit de
considérer dans ce travail toutes les dispositions et actions
entreprises par la CEEAC et l'UA, dans la limite de leurs compétences,
dans le but de mettre un terme au conflit en RCA. Cette étude fait donc
appel essentiellement au droit international60, mais
également au droit communautaire61, tous deux relatifs au
règlement des différends et au maintien de la paix ; elle tient
aussi compte des normes et institutions ayant valeur et compétence de
légitimer l'intervention de ces organisations (sous) régionales
en Centrafrique car il est question de relations entre organisations à
dimension (sous) régionale et organisation à dimension
universelle. Il s'agit, d'une part, d'une opération de paix et d'autre
part, d'une opération dont l'action est menée en vue de
définir et d'étayer les mécanismes propres à
raffermir la paix afin d'éviter non seulement la montée en
puissance du conflit mais également la reprise des hostilités.
Par conséquent, ne sauraient être prises en compte toutes
57 Dictionnaire de Français Le Robert,
France, Malesherbes, 2012, p 113.
58 KHABURE (Louise), « Des
sociétés prises au piège, conflits et enjeux
régionaux : Tchad, République Centrafricaine, Soudan, Soudan du
sud », ACORD /CCFD, Terre solidaire, 2014 », p. 62.
59 AKINDES (Francis), « Les transitions
démocratiques à l'épreuve des faits, réflexions
à partir des expériences des pays d'Afrique noire francophone
», Rapport introductif n°3 symposium de Bamako des 6 et 8 nov. 2005,
p. 619.
60 Droit de l'ONU et de l'Union Africaine.
61 Droit de la CEEAC.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 14
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
actions menées dans un autre but que celui de
rétablissement de la paix. Il convient cependant de faire l'état
de la question traitée, c'est-à-dire analyser les travaux ayant
été publiés dans des thématiques plus ou moins
proches de la nôtre.
D- Revue de la littérature
Elaborer une revue de la littérature permet de faire
l'état de la question traitée. Il s'agit d'un tour d'horizon de
la doctrine relative au domaine de l'étude entreprise de sorte que l'on
puisse situer celle-ci dans la continuité de ce qui a été
déjà traité, ou tout simplement appréhender son
originalité et sa nouveauté.
La littérature sur la régionalisation du
maintien de la paix et de la sécurité internationales est d'une
abondance telle qu'entreprendre une réflexion sur le sujet
paraîtrait inutile et manquer d'ambition d'autant que les auteurs de
cette littérature sont d'une notoriété reconnue et
confirmée. Alors que reste-t-il à écrire sur la
régionalisation du maintien de la paix et de la sécurité
internationales qui ne l'est déjà ? Cette interrogation somme
toute légitime semble manquer d'objectivité dès que le
regard de l'observateur devient profond et qu'il se place au-dessus des a
priori et de l'afro pessimisme ambiant. En effet ce sujet, objet
d'études scientifiques pour le juriste62, demeure pour la
science lato sensu un objet de questionnement. D'autant plus qu'il
n'existe pas de domaine de recherche scientifiquement épuisé, le
mérite du scientifique est de savoir placer son étude dans un
angle sinon nouveau, au moins attrayant et de réveiller un débat
que tous croyaient clos63 ».
D'abord, dans son article « Le fait régional
institutionnel dans l'ordre juridique international64 », la
professeure Laurence BOISSON DE CHAZOURNES commence par affirmer que dans
l'ordre juridique international, la coopération revêt divers
visages. L'un d'eux consiste en la création d'organisations
internationales qui existent désormais en grand nombre et sous des
formes variées. Leur raison d'être, leur mode de fonctionnement,
leurs activités sont au coeur de la réflexion contemporaine sur
ce que l'on dénomme désormais la gouvernance internationale. Elle
poursuit en faisant un constat selon lequel le nombre sans cesse croissant
d'organisations universelles et régionales, les chevauchements de
compétences entre organisations, les articulations nécessaires
à établir entre une activité et une autre est au
62 FAU-NOUGARET (Matthieu), « L'Afrique
est-elle un objet d'études scientifiques pour le juriste ? »
Communication présentée lors du Colloque international de
Brest sur « L'Afrique en discours. Lieux communs et
stéréotypes de la crise », Brest, 7-9 octobre 2010.
Consulté sur
www.google.fr le 21 février
2017.
63 TAWA (Netton Prince), « Interventions
internationales et résolution des conflits en Afrique noire : Bilan et
perspectives », NAP n°12, août 2013, pp. 1-9.
64 BOISSON DE CHAZOURNES (Laurence), « Les relations
entre organisations régionales et organisations universelles »,
RCADI, Vol. 347, 2011, pp. 101-136.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 15
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
coeur des préoccupations d'une meilleure gouvernance.
Pour elle en effet, les relations entre organisations universelles et
organisations régionales méritent une attention
particulière.
La même auteure poursuit dans « Les relations entre
l'ONU et les organisations régionales dans le domaine du maintien de la
paix et de la sécurité internationales65 » que le
domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales
est marqué de relations prégnantes entre l'ONU et les
organisations régionales. Elle rappelle même qu'un Chapitre
spécifique de la Charte, le Chapitre VIII, est consacré à
ces relations. Mais elle signale que celui-ci ne permet toutefois pas
d'appréhender ces relations dans leur ensemble. D'autres dispositions et
la pratique qui s'en est suivie font place à d'autres types de
relations.
L'élaboration du Chapitre VIII de la Charte constitue
donc le point de départ de toute analyse doctrinale et de la pratique
à en croire la professeure. Pour elle, l'efficacité et le
pragmatisme sont privilégiés dans les relations de
coopération entre l'organisation universelle et les organisations
régionales sans que beaucoup d'importance soit attachée aux
conséquences normatives de ces actions.
L'évolution du cadre juridique de coopération
entre l'ONU et les organisations régionales dans le domaine de la paix
et de la sécurité a permis l'émergence d'approches
(migration du régionalisme vers le chapitre VII de la Charte, essai de
contournement du monopole du Conseil de sécurité quant au recours
à la force armée, modèles hybrides de coopération
entre l'ONU et les organisations régionales, etc.).
Ensuite, dans l'ouvrage collectif, Les organisations
internationales et les conflits armés66 sous la
direction du professeur Madjid BENCHIKH, les différents intervenants y
offrent une analyse critique qui demeure tout autant d'actualité avec
les NU au centre de leurs interventions.
Le professeur François RIGAUX remonte dans son analyse
jusqu'à la crise de Crimée (1854-1855). Il fait état de
l'intensité des conflits et donc de leurs conséquences sur la vie
humaine pour aboutir à la spécificité des conflits actuels
qui sont essentiellement internes avec parfois une tendance à
l'internationalisation. Selon lui, l'action des organisations internationales
dans ces conflits accroît cette tendance notamment lorsqu'elles
délèguent les opérations militaires comme ce fût le
cas dans le golfe. Le rapport général du professeur
65Idem. pp.238-347.
66 BENCHIKH (Madjid) (dir.), Les organisations
internationales et les conflits armés, actes du colloque
international organisé par l'école doctorale du droit de
l'Université de Cergy Pantoise les 12 et 13 mai 2000,
Paris-Budapest-Torino, L'Harmattan, 2000, 208p.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 16
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
Madjid BENCHIKH67 complète cette
étude en s'attardant plus sur le concept d'intervention pour
apprécier les conditions de légitimité et de
légalité de cette action des organisations internationales.
Le professeur Patrick DAILLIER68 quant à
lui, centre sa contribution sur la question de la sécurité pour
présenter le concept de sécurité collective avec les
limites de l'aptitude des organisations régionales à recourir
à la force pour rétablir la paix et la sécurité
régionales.
Dans un ouvrage collectif, L'effectivité des
organisations internationales : mécanismes de suivi et de
contrôle69sous la direction des professeurs Jean-Marc
SOREL, Hélène RUIZ-FABRI et SICILIANOS; dans les conclusions
générales, le professeur Constantin STEPHANOU affirme que la
prolifération des mécanismes de suivi est liée à
l'accroissement des activités des organisations internationales. Bien
plus encore, sous l'influence de l'opinion publique, les Etats recourent de
plus en plus à celles-ci pour promouvoir leurs objectifs en
matière de politique étrangère. Il signale aussi que la
dernière décennie du XXe siècle se caractérise par
la mise en oeuvre des mesures coercitives impliquant l'emploi de la force en
vue du rétablissement de la paix conformément aux dispositions du
Chapitre VII de la Charte des NU. En absence d'une structure militaire propre,
l'ONU a dû recourir à l'Organisation du Traité de
l'Atlantique Nord (OTAN) pour faire face aux « menaces contre la paix
». Cette contribution est pertinente dans la mesure où l'auteur
démontre qu'il ne suffit pas seulement, pour ces organisations, de
mettre en place des mécanismes de maintien de la paix et de la
sécurité internationales, mais qu'il faudrait aussi les
mécanismes de suivi et de contrôle.
Dans un essai, Le rôle et la contribution de de
l'ONU dans la résolution pacifique des conflits en Afrique. Cas de
l'Afrique Centrale70, le professeur Médard NZE EKOME
commence à l'origine des OMP qui consistaient à déployer
sous le commandement de l'ONU des militaires des différents pays pour
contenir et régler les conflits armés. Cette pratique a
évolué pour mieux répondre à la nature et aux
besoins spécifiques de chaque conflit. De 1948 à 1988 a-t-il dit,
l'ONU a entrepris quinze OMP. Bien plus, l'Afrique est le continent où
les forces de maintien de la paix ont été le plus
déployées au cours de ces dernières années.
Toutefois, l'auteur se pose des questions à propos de
l'efficacité et du succès de ces opérations quant au
règlement pacifique de ces conflits. Sans pour autant faire l'apologie
de
67 BENCHIKH (Madjid) (dir.), op. cit.pp.
19-60.
68 Ibid., pp. 61-84.
69 SOREL (Jean-Marc) et al. (dir.),
L'effectivité des organisations internationales : mécanismes
de suivi et de contrôle, Athènes-Paris, Pedone, 2000, pp. 329
et ss.
70 NZE EKOME (Médard), Le rôle et
la contribution de de l'ONU dans la résolution pacifique des conflits en
Afrique. Cas de l'Afrique Centrale. Essai, Editions Mare et Martin,
Londres, Géodif, 2009, 317p.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 17
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
l'ONU, l'ouvrage du professeur Médard NZE OKOME tente
de mettre en relief la contribution de cette dernière dans le maintien
de la paix et la sécurité en Afrique Centrale.
Dans son article « Le rôle des organisations
régionales dans le maintien de la paix et de la sécurité
internationales71 », le professeur Michel LIEGEOIS s'efforce de
cerner l'activité croissante des organisations régionales dans le
maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Après un rapide rappel des débats qui ont présidé
à la fondation de l'ONU, une revue de l'évolution de
l'architecture internationale de sécurité permet de mesurer
l'importance des changements intervenus en, un peu plus, d'un
demi-siècle.
Pour le général de division VIJAY KUMAR Jetley
dans « Le maintien de la paix par des organisations
régionales72», après avoir rappelé
brièvement l'histoire des organisations régionales, pense avec
malheur que leur modus operandi d'exécution de missions qui
relèvent de l'ONU reste une zone floue pour la plupart des temps. Et,
poursuit-il, pour mieux comprendre les forces régionales, il est
essentiel d'être familiarisé avec le rôle joué par
les organisations régionales dans le maintien de la paix, en particulier
quant à la nature et à l'ampleur de l'intervention des forces
régionales, aux formes de coopération entre ces dernières
et l'ONU, ainsi qu'aux avantages et aux inconvénients de l'emploi de
forces régionales comparé au recours à l'ONU.
Dans « RCA. Crises et guerres civiles. Essai non encore
concluant pour l'Architecture Africaine de Paix et de Sécurité
(AAPS) de l'UA73 », le professeur Alain FOGUE TEDOM
démontre que la recherche de solutions africaines aux multiples conflits
qui déchirent le continent est encore loin de porter les
résultats à la hauteur des défis. Comme en
témoignent l'histoire récente de la RCA, l'échec de l'OUA
a fait en sorte que dès 2002 l'UA a lancé l'ambitieux chantier de
l'AAPS.
L'AAPS découle de la mise en application de la
réforme du Chapitre VIII de la Charte de l'ONU sur les « Accords ou
organismes régionaux ». Elle combine les principes de
subsidiarité et de suppléance, et poursuit l'objectif de doter le
continent d'une réelle capacité en matière de
prévention, de gestion et de consolidation de la paix. Plus de dix-huit
ans après
71 LIEGEOIS (Michel), « Le rôle des
organisations régionales dans le maintien de la paix et de la
sécurité internationales », Coll. Géopolitique et
résolution des conflits, n°9, in Gaëlle PELLON et
Michel LIEGEOIS, Les organisations régionales et la
sécurité en Europe - Vers une régionalisation de la
sécurité ? Bruxelles, P.I.E. Peter Lang, 2010, pp. 53-75.
72 KUMAR JETLEY (Vijay), « Le maintien de la
paix par des organisations régionales », ASPJ Afrique et
Francophonie, Vol. 1, 3ème trimestre 2010, pp. 24-33.
73 FOGUE TEDOM (Alain), « RCA. Crises et
guerres civiles. Essai non encore concluant pour l'Architecture Africaine de
Paix et de Sécurité (AAPS) de l'UA », Revue
géopolitique, Yaoundé, 22 février 2015, pp. 1-8 .
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 18
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
son entrée en vigueur le 25 mai 2004, le professeur
remarque que l'AAPS a eu, avec les crises et guerres civiles centrafricaines et
notamment la seconde guerre qui a ébranlé le pays, l'occasion de
démontrer son efficacité ; malheureusement, conclut l'auteur, le
principe de subsidiarité sur lequel elle repose n'a pas bien
fonctionné.
Dans son mémoire intitulé L'intervention de
la CEEAC dans le conflit en RCA74, monsieur Arsène
Stéphane ZINDI est arrivé à la conclusion selon laquelle
l'étude de l'intervention de CEEAC dans la crise centrafricaine permet
de constater que cette action s'inscrit dans une dynamique à la fois
régionale et universelle. Il remarque qu'en effet, depuis les
indépendances des années 1960, l'Afrique a connu plus d'un
conflit armé et des pertes énormes. Il poursuit qu'heureusement,
les Etats et les gouvernants africains sont conscients du fait que ces conflits
armés constituent un obstacle majeur à la promotion de la paix,
de la sécurité et de la stabilité régionales.
Enfin, le docteur Patrice GOURDIN dans son écrit «
République Centrafricaine : géopolitique d'un pays
oublié75 » montre que la RCA constitue un cas
géopolitique particulier ; carrefour enclavé au coeur de
l'Afrique, elle ne manque pas de ressources. Mais certains de ses malheurs
découlent, en partie, d'un héritage colonial et d'une mal
gouvernance. Il convoque en l'espèce les propos de l'ancien premier
ministre centrafricain et leader du parti politique Mouvement de
Libération pour le Peuple Centrafricain (MLPC) monsieur Martin ZIGUELE
selon lesquels : « le premier mal de l'Afrique (...) est la mauvaise
gouvernance et la gabegie ». Selon lui, les Chefs d'Etats africains
« n'ont pas su gérer les territoires des Etats
hérités de la colonisation (...) ont laissé sombrer en
déliquescence, faute de conscience nationale et de préparation
».
Poste de vigie stratégique durant la guerre froide, la
RCA a perdu tout intérêt pour les puissances occidentales
après l'effondrement de l'empire soviétique et devint un lieu
d'affrontement d'ambitions régionales, où des acteurs
illégaux prospèrent. Pour le docteur, le sort peu enviable de
l'Oubangui Chari suscita le sobriquet de « cendrillon de l'empire ».
L'instabilité politique de la RCA, poursuit l'auteur, son naufrage
économique, l'instrumentalisation régionale et
l'indifférence internationale témoignent de l'absence du «
prince rédempteur ». Le docteur termine en disant qu'on ne saurait
mieux résumer la
74 ZINDI (Arsène Stéphane),
L'intervention de la CEEAC dans le conflit en République
Centrafricaine, Mémoire de Master-Recherche en Droit public,
Université de Yaoundé II, 2013-2014, 142p.
75 GOURDIN (Patrice), « République
Centrafricaine : géopolitique d'un pays oublié », article de
presse, publié dans le journal en ligne Taka parler News,
n° 64, 21 juin 2015. Consulté le 09 juillet 2017.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 19
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
situation de la RCA et que, voilà probablement pourquoi
le monde « oublie » et risque d'oublier encore pour longtemps la
RCA.
Toutefois, même s'il faut se satisfaire de l'ensemble
des écrits de ces différents auteurs, de la professeure BOISSON
DE CHAZOURNES au docteur GOURDIN en passant par les professeurs FOGUE TEDOM et
NZE OKOME, qui seront d'une grande utilité tout le long de cette
étude, une chose, nous semble-t-il, n'a été prise en
compte par aucun d'eux sinon de façon approfondie ou singulière :
la contextualisation de l'étude sur la régionalisation du
maintien de la paix et de la sécurité internationales sous le
fondement du Chapitre VIII de la Charte, et avec une prise en compte
concomitante de divers acteurs. En tout état de cause, les derniers
professeurs n'étaient pas loin de « combler notre soif »,
(...) tant mieux ! Qu'il s'agisse du professeur NZE OKOME ou FOGUE TEDOM, une
seule organisation a été prise en compte (ONU d'une part, et UA
d'autre part) ; et le premier auteur a traité d'ailleurs de toute une
sous-région (Afrique centrale).
La particularité de cette étude ou alors son
originalité résidera dans le fait que nous donnerons, à
partir, aussi bien des actes que des faits juridiques conséquents, notre
point de vue (suivi d'une démonstration) sur la relation qui existe
entre un certain nombre d'organisations internationales dans le cadre du
processus de règlement d'un CANI. A ce titre, même si parfois nous
serons amenés à faire des développements quelque peu
théoriques, le plus important de la démarche consistera à
transposer régulièrement ces considérations
(théoriques) à notre objet d'étude qui est le conflit en
RCA. Quoi qu'il en soit, cette étude a un intérêt qui ne
saurait être mis de côté.
E- Intérêt de l'étude
Cette étude se justifie par la détermination de
son intérêt. Ce dernier peut être perçu tant sur un
plan purement scientifique (1), que pratique
(2).
1- Intérêt scientifique
Le thème abordé dans le cadre de cette recherche
peut être édifiant sur le double plan juridique et politique.
Au plan juridique, le sujet offre le cadre (normatif)
régissant le lien existant les organismes régionaux et l'ONU en
matière de maintien de la paix et de la sécurité
internationales. Ainsi par exemple, l'on peut connaitre les compétences,
les marges de manoeuvre voire les « privilèges ? »
accordés par le texte onusien à ces organisations dans le domaine
mentionné ci-haut. Mais ce sujet offre l'occasion aussi de connaitre ou
de découvrir les obligations qui s'imposent à ces organisations
ou alors de façon plus technique, le régime
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 20
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
de leurs attributions. Il va de soi que l'exercice de ces
« pouvoirs » (des organisations) appellerait à un
régime de responsabilité que quiconque gagnerait à
connaitre.
Et au plan politique voire géostratégique, un
tel sujet permettrait de connaitre les contours ou les « arcanes »
d'une communautarisation ou simplement d'une (sous) régionalisation du
maintien de la paix et de la sécurité. Les raisons peuvent
être d'ordre économique (le Conseil de sécurité
gagnerait à laisser ces organisations financer elles-mêmes les
éventuelles opérations militaires), d'ordre social ou
sociologique (du fait de la proximité géographique, linguistique
ou culturelle, ces organisations sauraient mieux comprendre le conflit et ainsi
en rechercher les solutions idoines). Les raisons peuvent enfin être
d'ordre stratégique (la recherche de l'efficacité, de
l'efficience mais aussi un automatisme dans le cadre des interventions).
Toutefois, ce travail pourrait être une contribution théorique
à l'étude de la diplomatie du maintien de la paix et de la
sécurité internationales, évidemment illustrée par
le cas centrafricain.
2- Intérêt pratique
De manière très concrète, ce travail peut
être intéressant à plus d'un titre !
D'abord à l'endroit du public en général
; il permettrait de s'approprier l'étude du droit conventionnel car il
s'agit, en réalité, de l'interprétation d'un texte
international notamment la Charte des Nations Unies en son Chapitre
VIII traitant « des accords ou organismes régionaux ». C'est
donc dire qu'une telle étude permet de connaitre ou de découvrir
l'articulation entre organisations (sous) régionales et Conseil de
sécurité au sujet du maintien de la paix et de la
sécurité internationales, la place qui est respectivement la leur
et à la limite, les différents mécanismes mis en place par
ces organisations pour prendre en charge le conflit en RCA. Toujours est-il
que, la connaissance de ces mécanismes reste indispensable pour tous
ceux qui s'intéressent aux droits de l'homme, aux relations
internationales, au DIP et plus encore à l'action humanitaire et au
maintien de la paix à l'échelle nationale, (sous)
régionale ou alors universelle.
Et ensuite, au bénéfice des différents
acteurs ou organismes (sous) régionaux et même internationaux en
particulier, cette étude permettrait de s'approprier ou d'évaluer
la diplomatie du maintien de la paix et de la sécurité
internationales, tant il est vrai que le développement économique
ne peut se réaliser effectivement que dans un environnement de
sécurité et de stabilité des Etats membres d'une part, et
l'engagement accru des pays limitrophes dans un conflit frontalier ; lequel
conflit peut avoir des effets pervers ou
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 21
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
secondaires, et même compromettre le processus
d'intégration (sous) régionale. Quid du cadre
opératoire ou substantiel de cette étude ?
II- Cadre opératoire de l'étude
L'objectif de cette partie consiste, dans un travail de
recherche, à dégager la problématique
(A), l'hypothèse (B), le processus
méthodologique (C) et la structuration du plan
(D).
A- Problématique
La problématique est un ensemble d'hypothèses,
d'orientations, de problèmes envisagés dans une théorie ou
recherche. Selon le professeur Michel BEAUD, la problématique se
définit comme « l'ensemble construit, autour d'une question
principale, des hypothèses de recherche et des lignes d'analyse qui
permettront de traiter le sujet choisi76 ».
De ce qui précède, la question qui se pose dans
le cadre de cette étude aurait bien pu porter, soit sur les
mécanismes (leur identification) régionaux de prise en charge du
conflit centrafricain, soit sur le rôle ou la contribution des
organisations (sous) régionales sur des questions relatives au maintien
de la paix et de la sécurité en RCA ; soit alors plus
directement, sur le type de rapports existant entre les acteurs
précités et l'ONU dans le domaine du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Mais la première question ne
paraît pas englobante et ne fait, par exemple, aucune allusion à
la problématique de maintien de la paix et de la sécurité
internationales ; et les autres, quant à elles, méritent
d'être formulées de façon plus rigoureuse. La
régionalisation, étant un phénomène de
délégation de pouvoirs, elle se rapporte principalement à
l'articulation ou à la relation entre les différents acteurs en
présence (d'une part les délégataires qui sont les
organismes régionaux et d'autre part le délégant qui est
l'ONU) en matière de maintien de la paix et de la sécurité
internationales ; cela pour deux raisons : d'abord, le maintien de la paix et
de la sécurité internationales est relève de la
compétence de l'ONU77 (c'est par nécessité
qu'elle transfère quelque peu ladite compétence à d'autres
acteurs dont les organismes régionaux). Et ensuite, il existe une «
clause » de compatibilité de buts et de principes78
entre ces différents acteurs dans le domaine indiqué.
Considérant ce qui précède, la question centrale que nous
retenons
76 BEAUD (Michel), L'art de thèse, Paris, La
Découverte, 2006, p.55. 77Cf. article 1er par. 1
de la Charte.
78 Lire sur cette question l'article 52 par. 1 de la
Charte.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 22
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
est la suivante : Quelle est la relation entre
CEEAC-UA79 et ONU80 dans le cadre du maintien de la paix
et de la sécurité en RCA ? A travers cette question,
l'on tentera de déterminer la relation qui existe entre ces
différents acteurs dans le domaine mentionné en RCA. Des pistes
de réponse (à cette question) s'annoncent dès lors
importantes.
B- Hypothèse de recherche
Une hypothèse est « une proposition de
réponse à la question posée qui tend à formuler une
relation entre les faits justificatifs81 ». Il s'agit
d'une réponse provisoire à l'interrogation soulevée par la
problématique et que l'on doit soit confirmer, soit infirmer.
Ainsi dans le cadre de notre problématique portant sur
la relation entre la CEEAC-UA et l'ONU dans le cadre de la prise en charge du
conflit centrafricain, deux constats peuvent, avant tout, se faire.
D'abord, il est de la charge principale du Conseil de
sécurité de l'ONU, et donc de l'ONU de maintenir la paix et la
sécurité en RCA82. Toutefois, il y a eu d'initiatives
de paix et de sécurité essentiellement régionales (CEEAC
et UA) dans le strict respect de l'article 52 (2) qui établit que :
« les Membres des Nations unies qui concluent ces accords ou constituent
ces organismes doivent faire tous leurs efforts pour régler d'une
manière pacifique, par le moyen desdits accords ou organismes, les
différends d'ordre local (...). » Tout de même, l'Union
africaine n'avait pas entrepris d'action coercitive via la MISCA avant
d'avoir l'autorisation
79 Beaucoup d'organisations (la CEMAC et l'Union
Européenne par exemple) se sont impliquées dans le processus du
maintien ou du rétablissement de la paix en RCA. Mais comme il sera vu
dans les développements qui porteront sur la définition ou
l'identification des organismes régionaux, toutes ne sont cependant pas
reconnues comme organismes régionaux au sens du Chapitre VIII de la
Charte car n'ayant pas, à côté d'autres critères,
une compétence en matière de maintien de la paix et de la
sécurité ou simplement une structure politique et militaire.
C'est pour cette raison que nous retenons et traiterons exclusivement, dans le
cadre de cette étude, de la CEEAC et de l'UA, car organismes
régionaux par excellence au regard du Chapitre VIII (notamment
quelques-uns de leurs organes qui s'avèreront utiles). Aussi, celles-ci
disposent de structures militaires aptes à intervenir en cas de conflit
armé ; et d'ailleurs la RCA est membre de ces organisations.
80 Même si les autres organes de l'ONU
peuvent agir dans le domaine du maintien de la paix et de la
sécurité internationales, nous ne ferons référence
qu'à ceux qui nous paraîtront plus utiles dans le cadre de cette
étude. Il y a par exemple l'Assemblée générale, le
Secrétariat, et beaucoup plus le Conseil de sécurité qui,
on peut le vérifier à travers l'article 24 (1) de la Charte, a la
responsabilité principale en la matière sus
évoquée, agit au nom de l'ONU ; et plus est, celui (qui est) en
première ligne au regard des initiatives concernant la situation
sécuritaire en RCA. En parlant de l'ONU d'une manière
générale dans la formulation de cette question, nous avions voulu
conserver une certaine rigueur technique ou de la logique ; car il (nous)
semble moins indiqué de mettre en relation des organisations (qui ont
chacune une personnalité juridique) à un organe d'une
organisation qui, lui, en est dépourvu.
81 GRAWITZ (Madeleine), Méthodes des
sciences sociales, 10e éd., Paris, Dalloz, Coll. «
Précis Droit public. Science politique », 1996, p. 102.
82 Ce propos est tenu dans la compréhension
déductive de l'article 24 (1) de la Charte des Nations unies qui dispose
que : « Afin d'assurer l'action rapide et efficace de l'Organisation, ses
Membres confèrent au Conseil de sécurité la
responsabilité principale du maintien de la paix et de la
sécurité internationales et reconnaissent qu'en s'acquittant des
devoirs que lui impose cette responsabilité le Conseil de
sécurité agit en leur nom. ».
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 23
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
du Conseil de sécurité conformément
à l'article 53(1) qui dispose que : « (...). ..., aucune action
coercitive ne sera entreprise en vertu d'accords régionaux ou par des
organismes régionaux sans l'autorisation du Conseil de
sécurité ; (...) ».
Et ensuite, l'Union africaine a fait valoir son droit de
recourir (en dernier ressort) au Conseil de sécurité pour la
gestion de la crise centrafricaine ; c'est ce qui a été effectif
avec le déploiement de la MINUSCA. Ce qu'il convient de relever est que,
malgré la présence de l'ONU, les organismes régionaux
n'ont pas totalement « démissionné » de leur fonction.
Ces dernières sont restées présentes aux
côtés de la MINUSCA dans le respect de certains textes, tant
onusiens qu'africains traitant de la coopération entre eux dans le
domaine de la paix et de la sécurité.
C'est donc dire, au regard de ce qui précède que
la relation entre CEEAC/UA et ONU dans le cadre du maintien de la paix
et de la sécurité en RCA est duale. En plus de
l'hypothèse, il y a la méthodologie de cette étude qu'il
faut relever.
C- Méthode de l'étude
« Le problème de la méthode est au
coeur de toute oeuvre scientifique. Comment y aller ?83».
C'est par cette préoccupation que le doyen Maurice KAMTO situe
l'importance de la démarche dans l'élaboration d'un travail
scientifique.
Le souci (ici) est de savoir comment restituer une analyse
(faite) sur notre thème d'étude ou procéder à sa
démonstration. Et pour atteindre les objectifs fixés et avoir une
esquisse de solution, une démarche s'impose. En effet, tout est dans la
méthode qui doit être considérée comme «
l'ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une
discipline cherche à atteindre les vérités qu'elle
poursuit, les démontre, les vérifie84.» Tout
de même, comme l'indique le professeur Jean Louis BERGEL, la
méthode est conçue comme un enchaînement raisonné de
moyens en vue d'une fin, plus précisément comme la voie à
suivre pour parvenir à un résultat85. L'on comprend
donc que la démarche qui va guider la recherche doit être
associative ou intégrative. Il s'agit dans ce cas de se consacrer
à l'analyse des différents textes selon les questions
recensées dans la matière. Mais il faudrait également
intégrer des analyses consacrées à d'autres approches dont
la comparaison des expériences en la matière.
83 KAMTO (Maurice), Pouvoir et droit en Afrique
noire, essai sur les fondements du constitutionnalisme dans les Etats d'Afrique
noire francophone, Paris, LDGJ, Coll. Bibliothèque africaine et
malgache, 1987, p. 47.
84 GRAWITZ (Madeleine), op. cit., p.351.
85 BERGEL (Jean Louis), Méthodologie
juridique, Paris, PUF, 2001, p. 17.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 24
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
Ce sont donc des explications et interprétations (des
textes) qui vont constituer l'essentiel de la démarche ou méthode
adoptée ici ; c'est tout l'objet de la méthode juridique ou
positivisme juridique. Cependant, il va falloir envisager une méthode
additive (à la première), dans le but d'affermir et de parfaire
la compréhension du contenu de la thématique ; c'est tout l'objet
de la méthode comparative.
On ne peut parvenir à une détermination de
relations entre CEEAC/UA et ONU dans la résolution du conflit en RCA
sans avoir procédé à un examen des textes de ces
différentes organisations.
Consistant concrètement en une explication ou une
signification, cet examen des textes correspond à ce qu'il convient
d'appeler la méthode exégétique86 ou
l'« École de l'exégèse87 ».
Il s'agit en général de procéder à une analyse qui
se rattache soit à l'esprit, soit à la lettre du texte. C'est
tout le domaine de la dogmatique où les règles textuelles sont
essentiellement retenues comme des dogmes ou des opinions catégoriques
du droit auxquels il ne faut pas déroger. En l'espèce, nous
essayerons d'analyser, de comprendre mais aussi « d'interpréter
» les textes juridiques qui fondent le lien entre la CEEAC, l'UA et l'ONU
dans le cadre du maintien de la paix et de la sécurité en RCA.
Toutefois, la casuistique qui est une composante du positivisme juridique
renvoyant à l'analyse des décisions de justice rendues par les
juridictions compétentes sur une question donnée ne sera pas
utile dans le cadre cette étude ; la rareté, sinon l'inexistence
des décisions de justice en la matière permet de s'en
convaincre.
Les réflexions menées dans le droit contemporain
s'accommodent de plus en plus d'une exigence de comparaison, pour affirmer
l'identité des ordres juridiques par rapport à d'autres.
Dès lors, il n'est pas proscrit de recourir à la méthode
comparative, bien que l'intitulé de la recherche délimite
déjà son cadre géographique. Cette méthode va
permettre de savoir si le lien qui existe entre la CEEAC, l'UA et l'ONU dans le
cadre du maintien de la paix et de la sécurité en RCA est une
spécificité ou simplement une généralité. En
l'espèce, nous allons recourir, principalement, à
l'expérience de la CEDEAO en la matière. La méthode
étant révélée, il convient de structurer le
travail.
86 GUESSELE ISSEME (Pierre Lionel, L'apport de
la Cour Suprême au droit administratif camerounais, Thèse de
doctorat en Droit public, Université de Yaoundé II, 2010, p.
56.
87 TERRE (François), Introduction
générale au droit, 6ème éd., Paris,
Dalloz, 2003, p. 435.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 25
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
D- Structuration du plan
Les développements qui ont précédé
permettent de se faire définitivement une opinion sur la relation qui
existe entre la CEEAC, l'UA et l'ONU dans le cadre du maintien de la paix et de
la sécurité en RCA. En effet, même si d'une part, ces
organismes régionaux sont des « sous-traitants » de l'ONU
(Première partie), d'autre part ils sont ses «
partenaires » (Seconde partie).
PREMIERE PARTIE : CEEAC-UA, « SOUS-TRAITANTS
» DE L'ONU DANS LE CADRE DU MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SECURITE EN
RCA
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 26
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 27
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
Le terme sous-traitant désigne celui qui, dans la
sous-traitance88, est chargé par l'entrepreneur principal de
l'exécution de tout ou partie du contrat d'entreprise89
(...).
Cette définition permet de faire la précision
selon laquelle est considéré comme sous-traitant dans la
présente étude, un élément X qui, de par ses
actions, se rend quelque peu dépendant sinon instrument d'un
élément Y. A ce titre, ledit élément Y, en tant que
donneur d'ordres, jouit d'une plénitude dans l'organisation, le
fonctionnement et le contrôle des activités dudit
élément X.
Les relations entre organisations universelles et
régionales sont présentes dès les premiers
linéaments de l'édification d'un système universel de
sécurité collective au sortir de la première guerre
mondiale, avec la création de la SDN. Il y avait la volonté pour
certains de voir la logique universaliste primer et pour d'autres qu'un
équilibre puisse être trouvé dans la répartition des
compétences entre la SDN et les organisations régionales. Ces
divergences (entre universalisme et régionalisme) se sont
également manifestées au moment de la création de l'ONU et
au cours de son existence90.
Conscients donc de l'ambiguïté du Pacte de la SDN
quant au règlement des relations entre les organismes régionaux
et la SDN, les vainqueurs de la seconde guerre mondiale, en rédigeant
l'Acte constitutif de la nouvelle organisation, avaient prévu une
compétence exclusive du Conseil de sécurité en
matière de maintien de la paix et de la sécurité
internationales. Selon leur proposition, les arrangements régionaux sont
dépendants du (seul) Conseil de sécurité ; et le demeurent
davantage quant à l'adoption de mesures coercitives91. Et
cette situation plus claire, depuis 1945, de dépendance, mieux encore de
« sous-traitance » entre arrangements ou organismes régionaux
et ONU dans le cadre du maintien de la paix et de la sécurité n'a
pas changé. L'articulation aujourd'hui des actions pour la paix et la
sécurité, soient-elles, de la CEEAC ou de l'UA et de l'ONU en RCA
permet de s'en convaincre.
88 C'est une opération par laquelle un
entrepreneur, dit principal, confie à une autre personne
l'exécution de tout ou partie d'un travail.
89 CORNU (Gérard), op. cit., p.
984.
90 Voir ORUE Y ARREGUI (José Ramon), « Le
régionalisme dans l'organisation internationale », Recueil des
cours, tome 53 (1935), pp. 1-95 ; YEPES (Jesus Maria), « Les accords
régionaux et le droit international », Recueil des
cours, tome 71 (1947), pp. 227-344 ; SABA (Hanna),
« Les accords régionaux dans la charte de l'ONU », Recueil
des cours, tome 80 (1952), pp. 635-720 ; VILLANI (Ugo), « Les
rapports entre l'ONU et les organisations régionales dans le domaine du
maintien de la paix », Recueil des cours, tome 290 (2001), pp.
225-436.
91 KODJO (Edem) et GHERARI (Habib), « Article 52 »,
dans COT (Jean-Pierre), PELLET (Alain) et FORTEAU (Mathias) (dir.), La
Charte des Nations Unies : commentaire article par article, 3e éd.,
Paris, Economica, 2005,
tome II, p. 1369. Voir aussi WOLF (Joachim), « regional
Arrangements and the un charter », dans Rudolf BERNHARDT (dir.),
Encyclopaedia of Public International Law (EPIL), Amsterdam, north
Holland, 1993, vol. V, pp. 91-100, p. 92; GOODRICH (Leland Matthew), «
regionalism and the united nations », Columbia Journal of
International Affairs, vol. 3, 1949, p. 8.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 28
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
Cette première partie permet de questionner les
différentes dimensions92 de la sous-traitance qui existe
entre CEEAC/UA et ONU dans le cadre du maintien de la paix et de la
sécurité en RCA. En effet, il y a une double dimension à
considérer ; si la première est normative (Chapitre
I), la seconde elle, est substantielle (Chapitre
II).
92 Il faut entendre par dimensions, les variances ou
les déclinaisons de cette relation de sous-traitance.
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
CHAPITRE I :
LA DIMENSION NORMATIVE DE LA SOUS-TRAITANCE ONU -
CEEAC/UA DANS LE CADRE DU CONFLIT EN
RCA
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 29
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 30
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
Dans l'après-guerre froide, le concept du maintien
(régional) de la paix sous les auspices du Conseil de
sécurité de l'ONU est devenu de plus en plus courant. Les
conflits inter et intra-étatiques n'ont épargné
pratiquement aucune région du monde, ce qui a obligé l'ONU
à élaborer difficilement de nombreuses initiatives de paix
simultanément. Le cadre opérationnel et le niveau de ressources
existants de l'ONU ne lui auraient également pas permis d'accorder en
même temps toute son attention à toutes les régions du
monde en proie à des conflits93.
S'il est relativement clair qu'en en transférant une
sorte de compétences aux organismes régionaux (à travers
des dispositions de la Charte) dans le cadre de la prise en charge des conflits
(sous) régionaux l'ONU établit avec ceux-ci une relation de
sous-traitance, il faut voir comment cela s'est passé ou a pu se passer
(formellement parlant) avec la CEEAC et l'UA dans le cas
centrafricain94 (Section I) ; et comment celles-ci
ont accepté ladite relation de sous-traitance95
(Section II).
SECTION I : L'ONU ET L'ETABLISSEMENT DE LA
SOUS-TRAITANCE AVEC LA CEEAC/UA DANS LA PRISE EN CHARGE DU CONFLIT
CENTRAFRICAIN
La réaction de la majorité des participants
à la Conférence de San Francisco face à l'élan
universaliste du maintien de la paix d'une certaine opinion fut très
hostile. Les Etats latino-américains souhaitaient préserver
l'autonomie du système régional panaméricain
renforcé par l'Acte de Chapultepec adopté en 194596.
De plus, il a été mis en avant que la
93 Il s'agit de l'interprétation des propos de Monsieur
Kofi ANNAN, alors Secrétaire Général de l'ONU, contenus
dans l'extrait de son rapport intitulé Les causes des conflits et la
promotion d'une paix et d'un développement durables en Afrique, 13
avril 1998.
94 La transposition peut paraître brutale et
le développement du paragraphe suivant (Paragraphe I) moins utile dans
le cadre de cette étude, du fait de son caractère beaucoup plus
théorique. Mais comme il sera vu plus tard de par la
compréhension (approfondie) de certains intitulés, la
démarche consiste à mettre en avant des textes pouvant être
compris comme des fondements juridiques de cette relation dite de
sous-traitance, soient-ils de près ou de loin liés, applicables
ou transposables dans le cadre du conflit centrafricain).
95 La démarche ici n'est pas
fondamentalement différente de celle de la première section.
Seulement, en l'absence (à notre connaissance) de (s) document (s)
spécifique (s) édictés par la CEEAC ou l'UA et dont
l'interprétation peut prêter à une acceptation de prise en
charge par sous-traitance du conflit en RCA, il sera question (en parlant de
l'acceptation de cette relation de sous-traitance par la CEEAC et l'UA) de
mettre en avant des dispositions contenues dans les textes de base de ces
organisations transposables ou valables à cet effet.
96 L'Acte de Chapultepec (résolution adoptée le
6 mars 1945) établissait pour la première fois le principe de la
solidarité continentale contre un acte d'agression par un Etat
quelconque. En cela il prônait l'idée d'une légitime
défense collective au niveau régional. Voir aussi les
observations de BOWETT (Derek), Self-defence in International Law,
Manchester, Manchester University Press, 1958, p. 213.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 31
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
subordination totale des accords régionaux au Conseil
concernant le recours à des mesures coercitives pourrait conduire
à la paralysie du système de maintien de la paix et de la
sécurité internationales chaque fois qu'une des grandes
puissances exercerait son droit de veto97. De ce fait, un compromis
incorporant les objections et doléances sur l'autonomie relative des
organismes régionaux et sur le contournement d'un possible blocage au
sein du Conseil, sans abandonner la primauté relative de
l'universalisme, a été recherché98. La formule
retenue met l'accent, d'un côté, sur les modes (régionaux)
de règlement pacifique des différends.
Ainsi, si le Chapitre VIII de la Charte peut être
perçu dans cette étude comme la norme générale
d'établissement de la sous-traitance ONU-CEEAC/UA99 dans la
gestion du conflit en RCA (Paragraphe I), la résolution
2127 (2013) du Conseil de sécurité sur la situation en RCA elle,
est perçue comme norme spécifique100
(Paragraphe II).
PARAGRAPHE I : Le Chapitre VIII de la Charte, norme
générale d'établissement de la sous-traitance ONU-CEEAC/UA
dans la gestion du conflit en RCA L'élaboration du Chapitre
VIII de la Charte constitue le point de départ de toute analyse
doctrinale et de la pratique101. C'est en quelque sorte une
référence pour les Etats et les acteurs institutionnels dans
leurs discussions concernant les relations entre institutions universelles et
institutions régionales dans le domaine de la paix et de la
sécurité.
Ce Chapitre qui constitue la base « constitutionnelle
» de l'intervention de la CEEAC et de l'UA dans la résolution du
conflit centrafricain laisse transparaître les figures
(A) et les critères (de validité)
(B) de cette sous-traitance.
A- Les figures de la sous-traitance dans le Chapitre
VIII
L'article 52 enjoint les organismes régionaux et donc
la CEEAC et l'UA de régler pacifiquement les différends
(1) tandis que l'article 53 lui, confère un pouvoir
d'utilisation et/ou d'autorisation au CS sur ces organismes régionaux en
matière de coercition (2).
97 BEBR (Gerhard), « regional organizations : A united
nations Problem », AJIL, vol. 49, 1955, pp. 169-170.
98 SALMON (Jean), « Les accords régionaux dans les
travaux préparatoires de la Charte des Nations Unies (San Francisco
1945) », dans Jorge CARDONA LLORENS (dir.), La ONU y el mantinimiento
de la paz en el siglo XXI, Valencia, Tirant lo Blanch, 2008, pp.
405-416.
99 Cette formulation trouve son fondement dans la
compréhension extensive du Chapitre VIII, étant entendu que la
CEEAC et l'Union Africaine sont aussi des organismes régionaux.
100 Norme spécifique parce que cette résolution
concerne clairement et uniquement la situation en RCA.
101 BOISSON DE CHAZOURNES (Laurence), art. cit., p.
238.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 32
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
1- L'article 52 ou injonction donnée aux
organismes régionaux en vue d'un Règlement Pacifique des
Différends (RPD)
La notion de règlement pacifique des différends
couvre les moyens diplomatiques, institutionnels et juridictionnels,
bilatéraux ou multilatéraux, qui facilitent la résolution
des différends entre Etats102. Le paragraphe 2 de l'article
52 prévoit le devoir des Etats de régler de manière
pacifique au niveau régional leurs différends d'ordre local
« avant de les soumettre au Conseil de sécurité ». Dans
la même logique, le Conseil de sécurité est invité
à encourager le règlement pacifique régional, pouvant
renvoyer ces différends auxdites organisations (par. 3) sous la
condition du respect des articles 34 et 35 de la Charte portant sur le droit du
Conseil d'enquêter et le droit des Etats de saisir le Conseil de ces
différends (par. 4). Les différents paragraphes de l'article 52
mentionnent à plusieurs reprises les compétences du Conseil de
sécurité qui, généralement, a le pouvoir de traiter
les différends « dont la prolongation est susceptible de menacer le
maintien de la paix et de la sécurité internationales »
(Chapitre VI).
La CIJ a aussi souligné la possibilité d'un
certain chevauchement entre les négociations au niveau régional
et le droit des organes onusiens d'exercer leurs fonctions respectives dans le
domaine de la paix et de la sécurité
internationales103. L'idée est qu'il n'y a pas deux
compétences concurrentes, mais plutôt une situation de
coopération fondée sur l'aide mutuelle et la
complémentarité, avec en arrière fond une idée
d'efficacité104.
Quoi qu'il en soit, le Secrétaire
général, dans son Supplément à l'Agenda pour la
paix repousse, quant à lui, l'idée d'un partage à
parité des tâches entre l'ONU et les organismes régionaux
en soulignant le principe de la primauté des NU105. Ce qui
confirme et renforce la thèse de la sous-traitance évoquée
plus haut ; laquelle donne d'ailleurs doit au Conseil de sécurité
d'utiliser et/ou d'autoriser les organismes régionaux à des fins
précises.
102 EIDE (Asbjorn), « Peace-Keeping and Enforcement by
regional organizations », Journal of Peace Research, vol. 3,
1966, pp. 125-144, passim.
103 Affaire des Activités militaires et
paramilitaires au Nicaragua, op. cit., p. 440, par. 106 (« la cour
considère que l'existence même de négociations actives
auxquelles les deux Parties pourraient participer ne doit empêcher ni
le Conseil de sécurité ni la cour d'exercer les fonctions
distinctes qui leur sont conférées par la Charte et par le Statut
») (l'italique est de nous).
104 Rapport annuel du Secrétaire
général sur l'activité de l'Organisation, doc.
A/46/1, 13 septembre 1991, p. 4, où le secrétaire
général de l'ONU observe qu'on ne peut pas déduire de
l'article 52 une hiérarchie d'instances ou une graduation de celles-ci.
Dans la même logique, l'Assemblée générale souligne
le rôle complémentaire des organismes régionaux en
matière de règlement pacifique des différends, doc.
A/RES/49/57, 9 décembre 1994, par. 2.
105 Supplément à l'Agenda pour la paix, op.
cit., par. 88, al. b).
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 33
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
2- L'article 53 ou consécration du pouvoir
d'utilisation et/ou d'autorisation des organismes régionaux par le
Conseil de sécurité
Alors que l'article 52 est une disposition de texture «
régionaliste », l'article 53 revêt plutôt une texture
« universaliste106 », (...). Au-delà de la clause
contre les Etats ex-ennemis (article 53, paragraphe 1 (dernière phrase)
et paragraphe 2, de la Charte), l'article 53 prévoit deux types
d'engagement des accords et organismes régionaux en matière
d'action coercitive : celles-ci sont soit utilisées par le
Conseil de sécurité pour la mise en oeuvre des mesures
coercitives prises par ce dernier (art. 53, par. 1, premier alinéa),
soit autorisées par le Conseil à entreprendre une action
coercitive (art. 53, par. 1, deuxième alinéa). Dans le premier
cas, c'est le Conseil qui décide de l'utilisation de la force et
délègue le pouvoir d'exécution à un organisme
régional. Selon certains auteurs, celui-ci devient alors, de
manière informelle, un organe subsidiaire du Conseil107. Dans
la deuxième situation, le Conseil de sécurité donne une
autorisation aux organisations régionales, celles-ci décidant
ensuite de manière discrétionnaire de recourir ou non à la
force108. Dans ce cas, les forces régionales
autorisées n'utilisent pas les emblèmes de l'ONU et elles sont
financées de manière autonome, et non par le budget de
l'ONU109.
Cette double modalité d'activation de l'article 53 et
de mise en oeuvre des mesures coercitives consacre clairement la subordination
des organisations régionales au Conseil de sécurité ; et
les critères de validité ne sont pas du reste.
B- Les critères (de validité) de la
sous-traitance dans le Chapitre VIII
Un critère est ce qui sert de base à un
jugement110. Il peut également être défini comme
ce qui sert à distinguer, dans une chose, le vrai du faux ; c'est la
caractéristique à laquelle on se réfère ou sur
laquelle on se base pour choisir, classer, sélectionner quelque
chose.
106 BOISSON DE CHAZOURNES (Laurence), art. cit., p.
264.
107 RESS (Georg) et BRÖHMER (Jürgen), « Article
53 », dans SIMMA, et al. (dir.), The Charter of the United
Nations : A Commentary, 2e éd., oxford, oxford university Press,
2002, p. 860 (par. 1) ; le terme « informel » est utilisé pour
clarifier qu'il ne s'agit pas ici d'organes établis par les organes
principaux de l'ONU ; voir KELSEN (Hans), The Law of the United Nations. A
Critical Analysis of Its Fundamental Problems, Londres, Stevens, 1964, p.
326, où il observe que « [r]egional organisations may act as organs
of the united nations ».
108 Sur la marge discrétionnaire, voir les observations
de GAJA (Giorgio), « use of Force... », « responsabilité
des Etats et/ou des organisations internationales en cas de violations des
droits de l'homme : la question de l'attribution », dans SFDI, La
soumission des organisations internationales aux normes internationales
relatives aux droits de l'homme, Paris, Pedone, 2009, p. 42.
109 Voir la distinction similaire faite par SICILIANOS
(Linos-Alexandre), « L'autorisation par le Conseil de
sécurité de recourir à la force : une tentative
d'évaluation », RGDIP, tome 106, 2002, p. 19, dans le
cadre de l'évolution de la pratique concernant le Chapitre VII de la
Charte.
110 Dictionnaire Le Robert, op. cit.,p. 100.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 34
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
De ce qui précède, deux critères sont
retenus pour la validité de la relation de sous-traitance entre
organismes régionaux et l'ONU : le premier est celui de la
compatibilité aux buts (1), et le second, la
compatibilité aux principes (2) des Nations Unies.
1- Le critère de compatibilité aux buts
des Nations Unies
L'article premier de la Charte établit les buts des NU
qui sont les suivants :
« 1. Maintenir la paix et la sécurité
internationales et à cette fin : prendre des mesures collectives
efficaces en vue de prévenir et d'écarter les menaces à la
paix et de réprimer tout acte d'agression ou autre rupture de la paix,
et réaliser, par des moyens pacifiques, conformément aux
principes de la justice et du droit international, l'ajustement ou le
règlement de différends ou de situations, de caractère
international, susceptibles de mener à une rupture de la paix »
;
« 2. Développer entre les nations des relations
amicales fondées sur le respect du principe de l'égalité
de droits des peuples et de leur droit à disposer d'eux-mêmes, et
prendre toutes autres mesures propres à consolider la paix du monde
» ;
« 3. Réaliser la coopération
internationale en résolvant les problèmes internationaux d'ordre
économique, social, intellectuel ou humanitaire, en développant
et en encourageant le respect des droits de l'homme et des libertés
fondamentales pour tous, sans distinctions de race, de sexe, de langue ou de
religion » ;
« 4. Etre un centre où s'harmonisent les efforts
des nations vers ces fins communes ».
Il a été suggéré que seuls
seraient éligibles au titre du Chapitre VIII les organisations ayant
compétence dans le domaine du règlement pacifique des
différends relatifs au maintien de la paix et de la
sécurité internationales111. Cette condition, bien que
rigide112, est confirmée par l'attitude de la CIJ dans
l'affaire de la Frontière terrestre et maritime entre le Cameroun et
le Nigéria. En l'espèce, la CIJ a rejeté la
qualification d'organisation régionale pour la Commission du Bassin du
Lac Tchad après avoir constaté que la Commission « n'a
toutefois pas pour fin de régler au niveau régional des affaires
qui touchent au maintien de la paix et de
111 DE WET (Erika), « The relationship between the
security council and regional organizations during Enforcement Action under
chapter VII of the united nations charter », NJIL, vol. 71, 2002,
p. 7.
112 L'intervention de la CEDEAO au Liberia en 1993 est une
illustration de la possibilité pour une organisation régionale
spécialisée en matière économique d'agir dans le
cadre du Chapitre VIII.
Les compétences d'une organisation sont susceptibles
d'évoluer, notamment en s'affirmant dans le domaine de la paix et de la
sécurité.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 35
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
la sécurité internationales »
113. Ce critère est accompagné d'un autre qu'il
convient de présenter.
2- Le critère de compatibilité aux
principes des Nations Unies
L'article 2 de la Charte stipule que l'ONU et ses Membres,
dans la poursuite des buts énoncés à l'article 1, doivent
agir conformément aux principes suivants :
« 1. L'Organisation est fondée sur le principe de
l'égalité souveraine de tous ses Membres » ;
« 2. Les Membres de l'Organisation, afin d'assurer
à tous la jouissance des droits et avantages résultant de leur
qualité de Membre, doivent remplir de bonne foi les obligations qu'ils
ont assumées aux termes de la présente Charte » ;
« 3. Les Membres de l'Organisation règlent leurs
différends internationaux par des moyens pacifiques, de telle
manière que la paix et la sécurité internationales ainsi
que la justice ne soient pas mises en danger » ;
« 4. Les Membres de l'Organisation s'abstiennent, dans
leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à
l'emploi de la force, soit contre l'intégrité territoriale ou
l'indépendance politique de tout Etat, soit de toute autre
manière incompatible avec les buts des Nations Unies » ;
« 5. Les Membres de l'Organisation donnent à
celle-ci pleine assistance dans toute action entreprise par elle
conformément aux dispositions de la présente Charte et
s'abstiennent de prêter assistance à un Etat contre lequel
l'Organisation entreprend une action préventive ou coercitive »
;
« 6. L'Organisation fait en sorte que les Etats qui ne
sont pas Membres des Nations
Unies agissent conformément à ces principes
dans la mesure nécessaire au maintien de la paix et de la
sécurité internationales » ;
« 7. Aucune disposition de la présente Charte
n'autorise les Nations Unies à intervenir dans des affaires qui
relèvent essentiellement de la compétence nationale d'un Etat ni
n'oblige les Membres à soumettre des affaires de ce genre à une
procédure de règlement aux termes de la présente Charte ;
toutefois, ce principe ne porte en rien atteinte à l'application des
mesures de coercition prévues au Chapitre VII ».
La lecture des dispositions qui précèdent permet
de comprendre que si la CEEAC et l'UA sont dans cette relation de
sous-traitance avec l'ONU dans la prise en charge du conflit
113 Frontière terrestre et maritime entre le
Cameroun et le Nigéria (Cameroun c. Nigéria), arrêt
sur les exceptions préliminaires du 11 juin 1998, CIJ Recueil
1998, pp. 306-307, par. 67.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 36
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
en RCA, c'est par ce que celles-ci partagent les principes et
les buts de l'ONU évoqués ci-haut.
Toutefois, il faut noter que ces critères de
compatibilité aux buts et principes de l'ONU sont appliqués de
manière très flexible, même s'ils paraissent constituer en
dernier ressort et à l'aune de la pratique la condition minimale
à satisfaire114. La résolution 2127 (2013) vient
spécifier les développements qui précèdent.
PARAGRAPHE II : La résolution 2127 (2013) du
Conseil de sécurité, norme spécifique
d'établissement de la sous-traitance ONU-CEEAC/UA dans la gestion du
conflit en RCA La Charte stipule que : « (...). ..., aucune
action coercitive ne sera entreprise en vertu d'accords régionaux ou par
des organismes régionaux sans l'autorisation du Conseil de
sécurité115. ».
Le mandat donné à la MISCA, pour une
période initiale de douze mois, par la résolution 2127 (2013) du
Conseil de sécurité sur la situation en RCA est de prendre des
mesures appropriées en vue de protéger les populations civiles
(A) et restaurer l'autorité de l'Etat
(B). A- Un mandat de protection des populations
civiles
Au même titre que l'ONU, les organisations
régionales sont des acteurs de protection des populations civiles et des
droits de l'homme dans leur sphère de compétence. Avec l'ensemble
des structures qui composent leur système, elles peuvent être
considérées comme de véritables puissances dans le domaine
humanitaire.
Les dimensions de la protection des civils dans le cadre de la
MISCA sont, d'une part, la fourniture d'aide humanitaire (1),
et d'autre part, la protection contre les atteintes aux droits de l'homme
(2).
1- La fourniture d'aide humanitaire
Dans sa résolution, le Conseil de
sécurité confie à la MISCA des missions humanitaires. Ces
missions sont relatives à l'acheminement de l'aide humanitaire ainsi que
l'assistance sociale aux populations en détresse. Elle porte
essentiellement sur la livraison et l'approvisionnement (eau, nourriture,
équipements sanitaires), la surveillance des mouvements des
réfugiés et la sécurisation des convois de l'aide.
D'ailleurs à propos de l'action humanitaire, le Conseil
de sécurité, dans sa résolution, « exige de
toutes les parties au conflit, en particulier les anciens
éléments de la Séléka,
114 BOISSON DE CHAZOURNES (Laurence), art. cit., p.
249.
115 Cf. article 53 paragraphe 1, deuxième phrase.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 37
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
qu'elles ménagent aux organisations humanitaires et
à leur personnel l'accès sans délai, sûr et sans
entrave aux zones où se trouvent les populations dans le besoin, afin
qu'ils puissent leur apporter rapidement l'aide humanitaire nécessaire,
dans le respect des principes directeurs des Nations Unies relatifs à
l'aide humanitaire, dont la neutralité, l'impartialité,
l'humanité et l'indépendance dans la fourniture de l'aide
humanitaire116 ».
C'est dans cette logique que la MISCA escorte de nombreux
convois humanitaires dont certains depuis la frontière
centrafricano-camerounaise vers la capitale Bangui et vers les provinces pour
la distribution, aux populations touchées, des denrées
alimentaires et autres. La fourniture de l'aide humanitaire est suivie de la
protection contre les atteintes aux droits de l'homme.
2- La protection contre les atteintes aux droits de
l'homme
La protection des droits de l'homme est au coeur du
système des NU117. La présence de cette organisation
en RCA est, en partie, liée aux atteintes aux droits de l'homme dont la
protection incombe (également) à la communauté
internationale, au nom de la « responsabilité de protéger
». Il est donc de la responsabilité de la MISCA de protéger
les populations civiles contre les tortures, mais également contre les
violences sexuelles.
En ce qui concerne la protection contre les tortures, une
convention stipule que : « Tout Etat partie prend des mesures
législatives, administratives, judiciaires et autres mesures efficaces
pour empêcher que des actes de torture soient commis dans tout territoire
sous sa juridiction. Aucune circonstance exceptionnelle, quelle qu'elle soit,
qu'il s'agisse de l'état de guerre ou de menace de guerre,
d'instabilité politique intérieure ou de tout autre état
d'exception, ne peut être invoquée pour justifier la
torture118 ».
Pour assurer la protection des populations contre les
tortures, le Conseil de sécurité autorise la MISCA à
prendre les mesures appropriées, de manière à
répondre mieux aux attentes de celui-ci et aux besoins des
centrafricains.
Et pour ce qui est de la protection contre les violences
sexuelles, la Déclaration universelle des droits de l'homme mentionne
que les droits de l'homme et les libertés fondamentales sont universels
et garantis pour tous. Les OMP, et pas moins la MISCA, devraient donc
évoluer dans le respect des droits de l'homme tout en essayant de faire
avancer ceux-ci à travers la mise en oeuvre de leur mandat. La MISCA est
investie du mandat de
116 Cf. S/RES 2127 (2013), p. 11.
117 PETIT (Yves), Droit International du maintien de la
paix, Paris, LGDJ, 2000, p.51.
118 Article 2 alinéas 1 et 2 de la convention contre la
torture, et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou
dégradants, 10 décembre 1984.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 38
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
protéger les populations contre les violences
sexuelles, davantage les femmes et les enfants car ce sont ceux-ci qui sont les
plus touchés par les groupes armés, et qu'il faut
également restaurer l'autorité de l'Etat.
B- Un mandat de restauration de l'autorité de
l'Etat
Pour que la paix devienne une réalité en RCA, il
faudrait d'emblée que l'autorité de l'Etat soit rétablie.
C'est le problème majeur des Etats fragiles qui est celui de
l'affirmation de leur autorité sur l'ensemble du territoire national.
L'Etat centrafricain qui fait face à ce défi
serait comblé par la présence de la MISCA dont la
stratégie visant à restaurer son autorité se fait en
mettant l'accent sur deux volets à savoir : d'une part, le volet
institutionnel (1), et d'autre part le volet
sécuritaire (2).
1- Le volet institutionnel
Ce volet repose sur la conviction que pour être
pérenne, la paix doit être fondée sur un socle
institutionnel solide et cohérent propre à assurer le
fonctionnement régulier de l'Etat, à garantir une bonne
gouvernance119. En d'autres termes, ce volet participe de la
définition et de l'étaiement des structures propres à
raffermir la paix et ainsi éviter la reprise des hostilités. Il
touche aux domaines législatif et administratif de l'Etat car il est
fréquent de constater qu'au lendemain des conflits armés, les
textes législatifs, voire les constitutions, de même que les
structures administratives de l'Etat, portent la marque d'une accumulation de
négligences ou de manipulations politiques, contiennent des dispositions
discriminatoires et peu conformes aux normes internationales en matière
de droits de l'homme. A cette faiblesse, s'ajoute le fait que la plupart des
agents de l'Etat n'ont parfois ni les capacités, ni les moyens
nécessaires pour appliquer les textes légaux en vigueur, que
l'appareil judiciaire et le système pénitentiaire ne disposent
plus de ressources nécessaires à leur fonctionnement.
Pour redonner vie aux institutions centrafricaines, l'ONU a
donné mandat à la MISCA de favoriser et soutenir l'extension
rapide de l'autorité de l'Etat sur l'ensemble du territoire national,
notamment en apportant un appui au redéploiement de l'administration,
demande aussi aux autorités de transition de continuer de s'employer
à restaurer l'autorité de l'Etat dans les provinces, notamment en
rétablissant l'administration de l'appareil judiciaire et du
système de justice pénale dans l'ensemble du pays, avec l'appui
de la communauté internationale; aider les institutions publiques
centrafricaines, notamment au moyen d'une assistance technique, à se
119 MENEMENIS (Alain), « L'assistance constitutionnelle
et administrative comme condition de la restauration de l'Etat », in
DAUDET (Yves) (dir.), Les Nations Unies et la restauration de l'Etat,
Paris, Pedone, 1995, pp. 41 et ss.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 39
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
donner les moyens de leur mission administrative première
et d'assurer des services de base à la population. Mais pour que les
institutions soient opérationnelles, la sécurité
s'avère capitale. 2- Le volet sécuritaire
Dans l'exécution de son mandat, la MISCA rencontre
d'énormes problèmes de sécurité qui rendent
impératif l'établissement d'un volet sécuritaire. Ce volet
est justifié par le fait que son intervention est avant tout
destinée à prendre de mesures nécessaires en vue du
rétablissement ou du maintien de la paix, autrement dit des mesures
déployées dans un contexte conflictuel qu'elle s'attèle
à résoudre ou à en mettre fin. Si la
sécurité est bien l'une des premières conditions de la
stabilité de l'Etat, ses politiques doivent être
considérées comme l'une des pièces centrales de la
politique centrafricaine120.
Afin d'assurer la sécurité, la MISCA est
autorisée à user de tous les moyens nécessaires pour
s'acquitter de son mandat dans les limites de ses capacités et de ses
zones de déploiement, à apporter un soutien adéquat, en
coordination avec les autorités de transition, et compte tenu des
risques sur le terrain, pour que soit assurée la sécurité
des principales parties prenantes nationales, notamment des membres du
Gouvernement de transition.
La MISCA est également autorisée à
saisir, confisquer et détruire activement, selon qu'il conviendra, les
armes et les munitions des éléments armés, y compris les
milices et les groupes armés non étatiques, qui refusent de
déposer les armes ou qui ne l'ont pas fait. La MISCA doit coordonner
davantage ses opérations avec celles de la Force régionale
d'intervention créée par l'Union Africaine pour lutter contre
l'Armée de résistance du Seigneur, et doit échanger des
informations pertinentes avec celle-ci et les organisations non
gouvernementales engagées dans la lutte contre la menace que
représente l'Armée de résistance du Seigneur. La relation
de sous-traitance étant créée, les organismes
régionaux n'y sont pas restés indifférents.
SECTION II : LA CEEAC/UA ET L'ACCEPTATION DE LA
SOUS-TRAITANCE DE L'ONU DANS LA PRISE EN CHARGE DU CONFLIT
CENTRAFRICAIN
Les rédacteurs de la Charte ont
délibérément renoncé à donner une
définition précise de la formule « accords ou organismes
régionaux » telle qu'elle figure au chapitre VIII121.
120 DOUI WAWAYE (Jérémie Augustin), La
sécurité, la fondation de l'Etat centrafricain : contribution
à la recherche de l'Etat de droit, Thèse de doctorat en
droit public, Université de Bourgogne, mars 2012, p. 26.
121 MOMTAZ (Djamchid), « La délégation par
le Conseil de sécurité de l'exécution de ses actions
coercitives aux organisations régionales », AFDI, volume
43, 1997, p. 107.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 40
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
L'un des critères de définition avancé
est celui de la proximité géographique entre les Etats membres
d'une organisation régionale122. A ce propos, la proposition
de l'Egypte lors de la Conférence de San Francisco était la
suivante : « seront considérés comme accords
régionaux les organisations permanentes, groupant dans une région
donnée plusieurs pays qui, en raison de leur situation
géographique, de leur communauté d'intérêts ou de
leurs affinités linguistiques, historiques ou culturelles, prennent
ensemble la responsabilité de régler pacifiquement tout
différend susceptible de s'élever entre eux, et de maintenir la
paix et la sécurité dans leur région, ainsi que de
sauvegarder leurs intérêts et favoriser le développement de
leurs relations économiques et culturelles123. » La
proposition égyptienne, considérée à la fois
superflue et restrictive, fut rejetée par vote124.
De l'avis du SG, l'absence d'une définition
précise par le Chapitre VIII de la Charte de la notion d'accords ou
organismes régionaux a facilité la tâche de l'ONU dans son
effort en vue de développer la coopération avec les organisations
régionales dans le domaine du maintien de la paix125.
Aujourd'hui, la pratique est plus riche et l'approche de l'ONU
flexible. En se basant sur l'idée d'efficacité, l'ONU peut
considérer comme organisation régionale une institution qui lui
paraît être capable de résoudre un conflit ou de contribuer
à sa résolution. C'est ainsi qu'au cours de la guerre civile qui
ensanglanta le Libéria, elle n'hésitera pas à
entériner la mise en oeuvre par une organisation régionale
d'intégration économique, la CEDEAO, de l'embargo sur les armes
à destination de ce pays, décidé par cette
Organisation126.
Qu'il s'agisse en effet de la CEEAC ou de l'UA, la relation de
la sous-traitance établie par l'ONU, et telle que
présentée plus-haut, acceptée tant bien explicitement
(Paragraphe I) que tacitement (Paragraphe II)
s'applique indirectement127 au cas centrafricain.
122 BOUTROS-GHALI (Boutros), Contribution à
l'étude des ententes régionales, Paris, Pedone, 1949, p.
101.
123 UNCIO, vol. XII, pp. 854-855 et 859-860.
124 Supr., pp. 708 et 860.
125 Cf. Discours de clôture du Secrétaire
Général de l'ONU Boutros Boutros-Ghali au Congrès du droit
international public organisé à l'occasion du cinquantenaire de
l'Organisation du 13 au 17 mars 1995. « Le droit international comme
langage des relations internationales », Kluwer Law International The
Hague/London/Boston 1996, p. 599.
126 Rés. 788 du 9 novembre 1992 et Rés. 813 du
26 mars 1993. Cf. « Regional Peace Keeping and International Enforcement.
The Liberian Crisis ». Edited by WELLER (Marc), Cambridge, Cambridge
University Press 1994, XXV + 465 p.
127 Même si ces textes n'indexent pas Etat précis,
ils sont applicables de droit à la RCA, du fait de son appartenance
à ces organisations.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 41
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
PARAGRAPHE I : Une acceptation explicite, applicable
indirectement au cas centrafricain
Par acceptation explicite de la relation de sous-traitance
(entre CEEAC-UA et ONU dans le domaine du maintien de la paix et de la
sécurité), il faut entendre la consécration, mieux encore
l'approbation ou l'appropriation, en des termes clairs et précis de
ladite relation considérée dans des instruments juridiques
conséquents.
C'est d'ailleurs de cette acceptation que l'on traitera, qu'il
s'agisse de la CEEAC (A) ou alors de l'UA
(B).
A- L'acceptation explicite par la CEEAC
Instituée par traité à Libreville au
Gabon en octobre 1983, la CEEAC est une organisation internationale
(initialement) de promotion de développement économique et social
de ses Etats membres, mais aussi une organisation dont le but est
d'améliorer les conditions de vie des peuples de ces Etats
membres128.
Comptant (à ce jour) onze membres dont l'Angola, le
Burundi, le Cameroun, le Gabon, la Guinée équatoriale, la RCA, la
République du Congo, la RDC, le Rwanda, le Sao Tomé-et-Principe
et le Tchad, la CEEAC est également créée en vue de la
création des structures régionales pouvant progressivement
aboutir à un Marché commun.
Considérant d'autres motifs129 qui
s'imposent plus tard et dont l'un est la paix qui constitue un facteur
décisif dans la réalisation des objectifs de la
CEEAC130, les Chefs d'Etat de ladite organisation décident
d'instituer le Conseil de Paix et de Sécurité en Afrique centrale
(COPAX) en signant un Protocole à cet effet à Malabo en
Guinée équatoriale le 24 février 2000. Le COPAX est
l'organe de concertation politique et militaire des Etats membres de la CEEAC,
en matière de promotion, de maintien et de consolidation de la paix et
de la sécurité131.
Ainsi en plus des articles 26132 et
31133 du dispositif du Protocole relatif au COPAX qui
présagent une forme d'assujettissement, l'on peut constater davantage
les ingrédients d'une acceptation de la relation de sous-traitance avec
l'ONU dans le domaine de la paix et de
128 Cf. préambule (paragraphe 1er) du
Traité instituant la CEEAC.
129 Ibid, i, j, l, m, n, o, p.
130 Ibid, h. Voir aussi Préambule de
la Décision N° 001 Y/FEV/25/1999 relative à la
création d'un mécanisme de promotion, de maintien et de
consolidation de la Paix et de la Sécurité en Afrique
Centrale
131 Article 2 du Protocole relatif au COPAX.
132 La FOMAC est mise en oeuvre sur décision de la
Conférence à la demande de l'ONU.
133 La République Gabonaise fait enregistrer auprès
de l'ONU le Protocole relatif au COPAX.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 42
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
la sécurité internationales (essentiellement)
aussi bien dans les dispositions de l'article 3 (1) que dans
celles de l'article 4 (2).
1- Les ingrédients de l'acceptation explicite
dans l'article 3 du Protocole relatif au COPAX
L'article 3 du Protocole relatif au Conseil de Paix et de
Sécurité de l'Afrique Centrale, traitant des principes du
COPAX, consacre une kyrielle de principes'34 qui ne sont point,
à l'esprit, différents des dispositions de l'article 2 de la
Charte des NU ; et le principe le plus fidèlement repris dans le
Protocole est celui de l'égalité souveraine des Etats
(paragraphe a).
Le principe d'égalité souveraine des Etats est
évoqué dans la Charte des NU, et également dans le
Protocole COPAX. Ce principe constitue l'essence de l'ordre international, pour
la double raison qu'il garantit la liberté du « vouloir politique
et idéologique » de l'Etat et interdit de part et d'autre toute
interférence d'autrui dans les choix de celui-ci'35 et la
violation de son intégrité territoriale et de son unité
nationale ; ce sont d'ailleurs les sens des paragraphes b et d
de l'article 3 du Protocole considéré. Pour mieux cerner la
notion, il convient de l'éclater en définissant d'une part le
vocable principe, et d'autre part la souveraineté.
Du latin principium, principe veut dire ce qui vient
en premier, à l'origine. D'un point de vue juridique, le mot revêt
plusieurs déclinaisons'36. Le principe est une norme
générale ; c'est également une règle juridique
établie par un texte en des termes assez généraux
destinée à inspirer diverses applications ou s'imposant avec une
autorité supérieure.
La souveraineté implique traditionnellement un pouvoir
suprême au sens où il ne saurait être soumis à aucune
instance, interne ou externe qui puisse être considérée
comme supérieure à lui'37. Et donc « Dans
l'ordre international ... affirmer de l'Etat qu'il est souverain signifie qu'on
ne trouve au-dessus de lui aucune autorité dotée à son
égard d'une puissance légale : la souveraineté
internationale se définit négativement comme la non-soumission
à une autorité supérieure, le fait de n'être le
sujet (au sens d'assujetti) d'aucun
134 Il y a, au total, dix principes et dont les moins utiles
(essentiellement pour motif de similarité de sens les uns aux autres)
vont de e à j.
135 BEN ACHOUR (Rafâa) et LAGHMANI (Slim) (dir), Droit
international et droits internes, développements récents,
Colloque des 16, 17 et 18 avril 1998 sur « Les nouveaux aspects du droit
international », Paris, A. Pedone, 1998, p. 72.
136 CORNU (Gérard), op. cit., p. 706.
137 SALMON (Jean), « Quelle place pour l'Etat dans le
droit international aujourd'hui ? » RCADI, tome 347, 2010, p.
21.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 43
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
sujet (au sens de personne juridique)138.
». En conséquence, le principe de l'égalité
souveraine des Etats traduit le droit de ceux-ci à
l'autodétermination, c'est-à-dire la compétence exclusive
pour choisir leur régime politique, économique et social,
organiser leur ordre juridique interne et bénéficier du principe
de la non-intervention des puissances étrangères dans ses
affaires intérieures ou extérieures139. Mais, comme le
Professeur Jean SALMON, que reste-t-il au juste de nos jours des pouvoirs de
l'Etat ?
Ce qu'il convient de retenir est qu'en réaffirmant leur
« attachement aux principes consacrés par la Charte de
l'Organisation des Nations Unies140, (...) ... »,
les Etats membres de la CEEAC, mieux encore la CEEAC elle-même en
tant qu'organisme régional, s'inscrit dans la « dynamique de
prestation d'allégeance » ou simplement, reconnait qu'en tant que
de besoin, sera un sous-traitant de l'ONU. L'article 4 du Protocole relatif au
COPAX exprime également cette acceptation.
2- Les ingrédients de l'acceptation explicite
dans l'article 4 du Protocole relatif au COPAX
En dehors de l'objectif consacré au paragraphe
k141 qui prête à une originalité
conceptuelle, les autres objectifs se rattachent substantiellement aux quatre
buts de l'ONU notamment ceux consacrés aux paragraphes b et
d qui consistent respectivement à « entreprendre des
actions de promotion, de maintien et de consolidation de la paix et de la
sécurité sous régionales ; » et «
réduire les foyers de tensions et prévenir
l'éclatement de conflits armés ».
Qu'il s'agisse de l'ONU ou de la CEEAC, l'on peut constater
une similarité du mode opératoire dans le cadre de la prise en
charge des conflits armés internes ; le cas saillant est celui du
déploiement des missions de maintien de la paix plus connues sous le
concept Opérations de Maintien de la Paix (OMP). En effet, bien que
n'étant pas explicitement exprimé dans la Charte, ce concept est
défini dans le contexte international comme une opération
internationale non-coercitive des Nations Unies réalisée par des
contingents nationaux volontaires, décidée par le Conseil de
sécurité ou l'Assemblée générale, et
138 COMBACAU (Jean) et SUR (Serge), Droit international
public, op. cit. p. 236.
139 SALMON (Jean), op. cit., p. 23.
140 « Phrase introductive » de l'article 3 du
Protocole relatif au Conseil de Paix et de Sécurité de
l'Afrique Centrale.
141
« Coordonner l'action des pays membres dans leur lutte
contre le phénomène de l'immigration clandestine »
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 44
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
consistant en l'observation ou l'interposition lors d'un
différend, pour sauvegarder ou garantir la paix sur le territoire d'un
Etat qui a donné son consentement à
l'opération142.
Et pour le professeur Maurice FLORY, les OMP sont «
... toutes opérations militaires et paramilitaires qui sont
organisées sous la pression de la nécessité, faute de
pouvoir mettre en oeuvre les mécanismes de l'article 43 et parfois faute
de pouvoir s'appuyer sur des décisions du Conseil de
sécurité143. ».
Mais ce qui doit davantage retenir l'attention se trouve au
tout début de cet article 4 du Protocole relatif au COPAX. L'on peut
apercevoir, dans la formulation de la phrase introductive, l'expression «
Sans préjudice des attributions du Conseil de sécurité
de l'ONU ... ». Cette expression est une marque de reconnaissance de
l'autorité du Conseil de sécurité
voire de son imperium en matière de maintien
de la paix et de la sécurité internationales ; quoi de plus clair
à renforcer la thèse de la sous-traitance normativement
consacrée et acceptée. La CEEAC n'est cependant pas le seul
organisme régional à accepter d'entrer dans cette relation,
l'Union africaine également.
B- L'acceptation explicite par l'Union Africaine
L'Union africaine est une organisation d'Etats africains dont
l'Acte constitutif a été signé le 11 juillet 2000 à
Lomé au Togo et entré en vigueur le 9 juillet 2002 à
Durban en Afrique du Sud, en application de la déclaration de Syrte du 9
septembre 1999144. Elle a remplacé l'Organisation de
l'Unité Africaine145 (OUA).
Ses objectifs sont d'oeuvrer à la promotion de la
démocratie, des droits de l'homme et du développement à
travers l'Afrique, surtout par l'augmentation des investissements
extérieurs par l'intermédiaire du Nouveau partenariat pour le
développement de l'Afrique (NEPAD)146.
L'on peut constater, respectivement dans les dispositifs de
son Acte constitutif (1) et Protocole relatif à la
création du Conseil de Paix et de Sécurité (CPS)
(2), les ingrédients
142 SALMON (Jean) (dir.), Dictionnaire du droit international
public, op. cit., p. 779
143 FLORY (Maurice), « L'ONU et les opérations de
maintien de la paix », AFDI, 1965, p. 446.
144 Il s'agit de la Déclaration que les Chefs d'Etats
membres de l'Union ont adoptée lors de la quatrième session
extraordinaire de leur Conférence à Syrte, en Grande Jamahiriya
arabe libyenne populaire socialiste, et par laquelle ils ont
décidé de créer l'Union africaine, conformément aux
objectifs fondamentaux de la Charte de l'Organisation de l'Unité
Africaine (OUA) et du Traité instituant la Communauté
économique africaine.
145 L'OUA était une organisation interétatique,
créée et présidée par l'empereur Hailé
SELASSIE en 1963 et dissoute en 2002 dont les buts n'étaient pas
fondamentalement différents de ceux de l'Union africaine.
146 Le NEPAD est un programme qui considère que la paix
et la démocratie sont des préalables indispensables au
développement durable.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 45
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
d'une acceptation de la relation de sous-traitance
établie par l'ONU en matière de maintien de la paix et de la
sécurité internationales.
1- Une acceptation exprimée dans le dispositif
de l'Acte constitutif de l'UA
En donnant naissance à l'Union Africaine,
l'Organisation régionale continentale, l'Acte constitutif, lui assignait
en même temps comme objectif la promotion de la paix et de la
sécurité en Afrique. Plus que partout ailleurs, il faut en
convenir, les questions de paix, de sécurité et de
stabilité, hier comme aujourd'hui demeurent significativement une
préoccupation importante sur ce continent147.
L'on peut le lire dans l'article premier alinéa 3 de la
Charte des NU, l'un des buts des NU est de « réaliser la
coopération internationale (...).
Ce n'est pas différent, en tout cas dans le fond, de ce
qui est « repris » dans l'article 3 paragraphe « e » de
l'Acte constitutif de l'UA (les objectifs de l'Union sont « favoriser
la coopération internationale, en tenant dûment compte de la
Charte des Nations Unies (...) ;... ». Et les NU, dans les articles
et paragraphe considérés, comptent réaliser cette
coopération internationale « ... en résolvant les
problèmes internationaux d'ordre économique, social,
intellectuel..., » ; c'est ce qu'a dûment tenu compte
l'UA dans la consécration du paragraphe « j » («
promouvoir le développement durable aux plans économique,
social et culturel, ainsi que l'intégration des économies
africaines ». Il faut le dire, le Protocole relatif à la
création du CPS de l'UA n'est pas du reste dans cette dynamique
d'acceptation.
2- Une acceptation exprimée dans le dispositif
du Protocole relatif à la création du CPS de
l'UA
Le CPS est un organe de décision permanent pour la
prévention, la gestion et le règlement des conflits ; il
constitue un système de sécurité collective et d'alerte
rapide, visant à permettre une réaction rapide et efficace aux
situations de conflit et de crise en Afrique et est appuyé par la
Commission, un Groupe des sages, ainsi que par un système continental
d'alerte rapide, une force africaine prépositionnée et un Fonds
spécial148.
A côté des autres principes149, le CPS
affirme être « guidé par les principes
énoncés dans ... la Charte des Nations Unies ... » en
particulier a) « le règlement pacifique des différends
et
147 NTWARI (Guy-Fleury), L'Union africaine et la promotion
de la paix, de la sécurité et de la stabilité en Afrique,
Thèse de Doctorat de droit international et relations
internationales, Université Jean Moulin-Lyon 3, 2014, p. 1.
148 Article 2 paragraphes 1 et 2 du Protocole relatif
à la création du CPS.
149 b. la réaction rapide pour maîtriser les
situations de crise avant qu'elles ne se transforment en conflits ouverts ;
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 46
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
des conflits ; » et j) « le droit de
l'Union d'intervenir dans un Etat membre (...) dans certaines
circonstances graves ... »
Il est évident que le règlement
organisé150 ou pacifique d'un litige ne saurait
être obtenu au moyen du recours à la menace ou de l'utilisation
des armes, interdit, sauf dans des situations exceptionnelles, par la Charte
des NU autant que par le droit international africain en
général.
Le règlement pacifique des différends et des
conflits, un des principes sacro-saints de l'ONU puis de l'UA, est un ensemble
de mécanismes offerts aux Etats afin de régler leurs oppositions
sans recourir à la force et porter atteinte à la paix et à
la sécurité internationales. Par « règlement »,
il faut entendre la fin définitive d'un contentieux151. Cela
semble présupposer une solution agréée par les
parties152 ou une décision obligatoire et
définitive153. Dans ses Chapitres VI et VII,
consacrés au maintien de la paix et de la sécurité
internationales par exemple, la Charte des NU opère une distinction
fondamentale entre i) le règlement pacifique des différends qui,
s'ils demeureraient sans solution, mettraient en danger cette paix et
sécurité (Chapitre VI) ; et ii) les mesures de contrainte,
économiques, militaires ou autres, consécutives à une
menace de la paix, à une rupture de celle-ci ou à un acte
d'agression (Chapitre VII), que ces actes soient ou non la conséquence
d'un différend préalable (comme cela fut le cas des
opérations entreprises contre l'Irak à la suite de l'invasion du
Koweït, dont l'Irak revendiquait le territoire). Quoi qu'il en soit ces
extraits d'instruments juridiques,
c. le respect de l'état de droit, des droits
fondamentaux de l'homme et des libertés, le respect du caractère
sacré de la vie humaine, ainsi que du droit international humanitaire
;
d. l'interdépendance entre le développement
socio-économique et la sécurité des peuples et des Etats
;
e. le respect de la souveraineté et de
l'intégrité territoriale des Etats membres ;
f. la non-ingérence d'un Etat membre dans les affaires
intérieures d'un autre Etat membre ;
g. l'égalité souveraine et
l'interdépendance des Etats membres ;
h. le droit inaliénable à une existence
indépendante ;
i. le respect des frontières existant au moment de
l'accession à l'indépendance ;
j. le droit de l'Union d'intervenir dans un Etat membre sur
décision de la
Conférence dans certaines circonstances graves,
à savoir les crimes de guerre, le génocide, les crimes contre
l'humanité, conformément à l'Article 4(h) de l'Acte
constitutif ;
k. le droit des Etats membres de solliciter l'intervention de
l'Union pour restaurer la paix et la sécurité,
conformément à l'Article 4(j) de l'Acte constitutif.
150 CAFLISCH (Lucius), « Le règlement pacifique
des différends internationaux á la lumière des
bouleversements intervenus en Europe centrale et en Europe de l'est »,
in Anuaro español de derecho internacional, N ° 9, 1993,
p. 18.
151 CAFLISCH (Lucius), « Cent ans de règlement
pacifique des différends interétatiques », in Collected
Courses of the Hague Academy of international Law, The Hague Academy of
international Law, Vol. 288, 2001, p. 268.
152 Idem.
153 Idem.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 47
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
soient-ils de l'UA ou de la CEEAC, témoignent de leur
acception de la relation de sous-traitance avec les NU, et ce même de
façon tacite.
PARAGRAPHE II : Une acceptation tacite, applicable
indirectement au cas
centrafricain
Une acceptation est dite tacite lorsqu'elle n'est pas
clairement exprimée ; elle requiert donc de ce fait pour la
compréhension, un effort intellectuel et une analyse pointus,
suffisamment poussés et rigoureux. Les préambules sont les cadres
par excellence d'expression de cet état de choses.
Dans les actes juridiques « géniteurs »,
aussi bien de la CEEAC (A) que de l'UA (B),
l'on peut se prêter à cet exercice pour assortir des
ingrédients d'une acceptation de la relation de sous-traitance entre les
organismes et l'ONU en matière de maintien de la paix et de la
sécurité internationales.
A- La CEEAC et l'acceptation tacite de la relation de
sous-traitance
Par la décision n° 001/CCEG/IX/99 prise le 26 juin
1999 à Malabo, les Chefs d'Etat et de Gouvernement de la CEEAC
intègrent le COPAX au sein de l'organisation en cause aux fins de
veiller au renforcement de la coopération dans les secteurs de la
prévention des conflits, de l'alerte rapide, des OMP, de la lutte contre
les crimes transfrontaliers, le terrorisme international, la
prolifération anarchique et le trafic illicite des armes, des munitions,
des explosifs et de tous les éléments connexes154.
En agissant au nom de la CEEAC, le COPAX accepte ladite
relation de sous-traitance en faisant référence d'abord à
la Charte des NU en général ou acceptation
systémique155 (1), et ensuite à
quelques résolutions en particulier ou acceptation
orientée156 (2).
1- La référence à la Charte des
Nations Unies ou acceptation systémique
Le mot référence, venant du verbe (se)
référer, devra dans le cadre de cette étude, être
compris comme un acquiescement, une adhésion ou une admission, avec la
particularité d'être implicite ou tacite.
En se « référant à la charte de
l'Organisation des Nations Unies (O.N.U), notamment ses chapitres VI, VII et
VIII157[dont un aperçu général sur chacun
d'eux a été donné dans les développements
précédents], ... », la CEEAC manifeste par déduction
son consentement à
154 Article 6 (a) du Protocole relatif au COPAX.
155 En parlant de l'acceptation systémique, l'on veut
faire à tout le système des Nations Unies.
156 Une acceptation orientée du fait de la
précision ou de la mise en avant exhaustive de quelques
résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies.
157 Préambule (b) du Protocole relatif au COPAX.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 48
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
être liée par le « contrat » de
sous-traitance unilatéralement rédigé par l'ONU dans le
domaine du maintien de la paix et de la sécurité en RCA.
La Charte des NU ou constitution158 de
l'ONU, d'une part, décrit ses principaux organes et leurs règles
de fonctionnement, d'autre part, énonce un certain nombre de
règles de conduite dont le respect par les Etats membres assurerait la
paix et la sécurité internationales.
Le Chapitre VI de la Charte des NU, traitant du «
règlement pacifique des différends » est essentiel au
dispositif du système de sécurité de l'ONU et au coeur de
l'esprit de la Charte. Il définit le rôle du Conseil de
sécurité en matière de prévention des conflits dans
le cadre d'une action non coercitive reposant sur le consentement des parties
en présence.
Les actions menées en vertu du Chapitre VI concernent
la médiation, l'enquête et l'établissement des faits. Le
Chapitre VI ou « chapitre de la paix »159 se
situe avant le Chapitre VII ou « chapitre de la guerre
»160 car les rédacteurs de la Charte
entendaient privilégier le règlement pacifique des conflits, mais
n'ont pas manqué de penser à un éventuel échec de
ce mécanisme161.
Le Chapitre VII de la Charte des NU traite des conditions de
l'action du Conseil de Sécurité « en cas de menace contre la
paix, de rupture de la paix et d'actes d'agression ». Il définit
les conditions du recours à la force par les NU et confie au seul
Conseil de sécurité l'autorité de sa mise en application.
Il est le « Chapitre de l'exception, de la contrainte et de la
rétorsion collective et progressive162 » car il est
dérogatoire par rapport à certains principes établis par
la Charte comme le non recours à la force dans les relations entre Etats
(article 2 [4]) et la non-ingérence dans les affaires intérieures
d'un Etat (article 2 [7]) ; et est au centre du mécanisme coercitif
prévu par la Charte en 1945.
Et le Chapitre VIII de la Charte des NU reconnait l'existence
des organismes régionaux, leur confère un rôle dans le
maintien de la paix et de la sécurité internationales et
définit le cadre de leurs relations avec l'ONU.
158 EISEMANN (Pierre Michel), « Charte des Nations Unies
(1945) »,
www.universalis.fr,
consulté le 4 août 2018 Par ailleurs en tant que constitution,
l'auteur estime que la Charte n'a guère évolué depuis
1945. Et lui de poursuivre, seules trois révisions mineures sont
intervenues en 1963, en 1965 et en 1971, pour tenir compte de l'accroissement
du nombre des Etats membres.
159 Ce Chapitre est ainsi qualifié au motif que ses
différentes dispositions ne laissent percevoir aucune idée d'un
recours à la force pour le règlement d'un conflit.
160 Considération dans le sens opposé du
raisonnement supra.
161 NOVOSSELOFF (Alexandra), « Chapitre VI », in
Réseau de recherche sur les Opérations de Paix (ROP),
www.opérationspaix.net,
consulté le 4 août 2018.
162 NOVOSSELOFF (Alexandra), « Chapitre VII », in
ROP,
www.opérationspaix.net,
consulté le 4 août 2018.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 49
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
La référence à quelques
résolutions du Conseil de sécurité permet également
de mettre en lumière ce type d'acceptation.
2- La référence à quelques
résolutions du Conseil de sécurité des NU ou acceptation
orientée
La résolution est, d'une manière
générale, un texte adopté de manière formelle par
un organe d'une organisation internationale, par une conférence
internationale, ou une association internationale, quelle que soit sa
portée juridique au fond163 . En l'espèce, les
résolutions du Conseil de sécurité des NU sont des textes
de différentes portées, adoptés par celui-ci et ayant une
valeur juridique contraignante164.
Adoptée par le Conseil de sécurité des NU
à sa 3927ème séance le 16 septembre 1998, la
résolution 1196, en substance, impose des embargos sur les armes en
Afrique. Et pour s'assurer de la mise en oeuvre effective de ces mesures, le
Conseil, en application de la première hypothèse consacrée
à l'article 53 de la Charte des NU, utilise les organismes
régionaux et dont la CEEAC à travers le COPAX qui est l'organe
central en matière de paix et sécurité à cet effet.
C'est, en tout état de cause, la conclusion que l'on peut tirer
respectivement des paragraphe 4 et 5 de la résolution
considérée lorsque le Conseil de sécurité «
Encourage les présidents des comités165 (...)
à ... établir des canaux de communication avec les organisations
et organismes ... sous-régionaux, (...), en Afrique, (...), afin
d'améliorer la surveillance des embargos sur les armes; » et «
Réitère [sa] demande ... [aux] organisations ..., de fournir aux
comités pertinents du Conseil de sécurité des informations
sur les violations éventuelles des embargos sur les armes qu'il a
imposés ».
Et la résolution 1197 du 18 septembre 1998,
adoptée par le Conseil de sécurité des NU à sa
3928e session n'apparaît pas moins comme le dressement d'un
« certificat de satisfecit » envers les organismes régionaux
pour les initiatives dans le cadre de la paix et de la sécurité
collectives. L'on peut se convaincre de cette affirmation en faisant recours
aux paragraphes 6, 7 et 8 de la résolution en question.
Dans le premier, le Conseil de sécurité «
Note avec satisfaction les diverses initiatives lancées ... pour
améliorer la capacité de l'Afrique à participer aux
composantes militaire, de police,
163 SALMON (Jean) (dir.), Dictionnaire de droit international
public, op. cit., p. 993.
164 Article 25 de la Charte des NU : « Les Membres de
l'Organisation conviennent d'accepter et d'appliquer les décisions du
Conseil de sécurité conformément à la
présente Charte. ».
165 Il s'agit des comités du Conseil de
sécurité crées par résolution dudit Conseil
à l'occasion de l'imposition de ces embargos.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 50
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
humanitaire et autres composantes civiles des
opérations de maintien de la paix, ... ». Dans le deuxième,
il « Accueille avec satisfaction la proposition de la CEDEAO de
créer un conseil des anciens au sein de son Mécanisme pour la
prévention, la gestion et le règlement des conflits, le maintien
de la paix et la sécurité, afin de faciliter les efforts de
médiation, ... ». Et dans le troisième, il « Se
félicite de la création au sein de l'OUA d'un bureau de liaison
des NU pour l'action préventive, ... ».
Certes, le Conseil de sécurité a eu à se
féliciter de telles initiatives, mais il n'a surtout pas manqué
de faire prima facie, une sorte d'observation en «
Réaffirmant qu'il a la responsabilité principale du maintien de
la paix et de la sécurité internationales en vertu de la Charte
des Nations Unies166 ». S'agit-il d'un hasard que
cette phrase se retrouve en première position alors que dans nombre
d'autres de ses résolutions il n'en est point le cas ? Il est à
penser la négative car ces initiatives ont toutes un lien direct avec la
responsabilité principale du Conseil de sécurité
d'où importance ou obligation de le rappeler ; quoi de plus convenir
à la thèse de la sous-traitance. L'UA s'inscrit également
dans cette logique d'acceptation tacite.
B- L'UA et l'acceptation tacite de la relation de
sous-traitance
En tant qu'organisation internationale167, l'UA
partage le cadre et « certains éléments de droit commun
des organisations internationales168 », parmi lesquels le
régime des compétences. C'est en cela que l'on peut se rendre
compte de son acceptation (par référence) dans son
préambule relatif au CPS en tant que sous-traitant de l'ONU en
matière de maintien de la paix et de la sécurité
internationales de façon générale au départ
(1), et de façon sui generis à la fin
(2).
1- Une acceptation initialement
générale
C'est en « Considérant ... la Charte des
Nations unies169 ; » que les Chefs d'Etat et de
Gouvernement des Etats membres de l'Union africaine ont convenu de la
création du Conseil de Paix et de Sécurité. Le CPS de l'UA
a vu le jour grâce à l'attachement des dirigeants
166 Confère première phrase du préambule de
la résolution 1197 (1998) sur la situation en Afrique.
167 Selon le Professeur Georges ABI-SAAB, «
[l]'expression organisation internationale » évoque à
l'esprit deux choses différentes : on peut entendre par la
manière dont la société internationale est
organisée, c'est-à-dire l'agencement et les structures
institutionnelles de cette société en général ; on
peut également désigner par ce terme une organisation
internationale donnée ; c'est-à-dire une entité ou une
institution spécifique ». (Voir ABI-SAAB (Georges), « La
notion d'organisation internationale : essai de synthèse », in
ABI-SAAB (Georges) (dir.), Le concept d'organisation
internationale, UNESCO, 1980, p. 9.) C'est le dernier sens qui est
évidement retenu ici.
168 COMBACAU (Jean) et SUR (Serge), Droit international
public, 10ème éd., Paris, LGDJ-Montchrestien,
2012, p. 708.
169 Lire premier motif établi dans préambule du
Protocole relatif à la création du CPS de l'UA.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 51
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
africains à la question de la paix, de la
sécurité et de la stabilité tant à
l'intérieur de leurs frontières que dans leurs
sous-régions. Ils sont convaincus que la sauvegarde de la
stabilité et de la paix à l'intérieur des
frontières de leurs Etats représente un défi multiforme,
sensibles aux questions socio-économiques et aux troubles
militaro-politiques. Ceci signifie en filigrane que pour vivre en paix dans un
Etat, deux conditions doivent être impérativement réunies :
la première consiste à offrir à ses concitoyens les
chances d'une vie sociale équilibrée, et la seconde est attenante
aux postulats de la bonne gouvernance ou gouvernance
démocratique170.
Cette formulation figurant au premier rang dans le Protocole
en présence serait digne de ce qu'il convient d'appeler le «
respect de la préséance en droit administratif interne
d'élaboration des actes officiels ». Il s'agit à la
vérité de faire allusion à la théorie kelsenienne
selon laquelle la Constitution est la norme suprême de l'Etat et à
laquelle toutes les autres doivent être conformes sous peine
d'invalidité. Et si nous devons donc partir de l'hypothèse selon
laquelle la Charte des NU est une « constitution universelle »
(l'article 103 de la Charte des NU établit d'ailleurs la primauté
des obligations issues de la Charte sur toutes autres obligations
internationales conventionnelles qui peuvent lier les membres de l'Organisation
des NU), il sera plus aisé de connaître l'une des raisons pour
lesquelles cette phrase est ainsi positionnée dans le Protocole relatif
à la création du CPS de l'UA. Le développement qui
précède a de quoi traduire objectivement le lien de subordination
qui existe entre l'UA et l'ONU. Au final, cette acceptation est exprimée
de façon sui generis.
2- Une acceptation finalement sui
generis
Il convient de dire que c'est en « Ayant à
l'esprit les dispositions de la Charte des Nations unies conférant au
Conseil de Sécurité la responsabilité principale du
maintien de la paix et de la sécurité internationales, ainsi que
celles relatives au rôle des accords et organismes régionaux dans
le maintien de la paix et de la sécurité
internationales171... » que les Chefs d'Etat et de
Gouvernement des Etats membres de l'UA ont convenu de créer le CPS. En
effet, deux observations peuvent se faire à ce niveau : la
première concerne la responsabilité du Conseil de
sécurité en matière de maintien de la paix et de la
sécurité internationales, et la seconde, le rôle des
organismes régionaux.
Selon la Charte de l'ONU, c'est au Conseil de
sécurité que revient la responsabilité principale quant au
maintien de la paix et de la sécurité internationales. Celui-ci
réagit au cas
170 GBENENOUI (Gervais Anselme), Le rôle du Conseil
de Paix et de Sécurité de l'Union africaine dans la
prévention et la résolution des conflits en Afrique : analyse
appliquée au cas du Darfour, mémoire de Maîtrise en
droit public, Université de Bangui, 2006,
www.memoireonline.com,
consulté le 6 août 2018.
171 Lire quatrième motif disposé dans le
Préambule relatif à la création du CPS de l'UA.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 52
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
par cas aux crises qui surgissent dans le monde et dispose
d'une série d'options. Ainsi par exemple « en cas de menace
contre la paix, de rupture de la paix ou d'acte d'agression », le
Chapitre VII de la Charte prévoit la possibilité pour le Conseil
de prendre des mesures dont le respect s'impose aux Etats (contrairement aux
autres organes qui prennent des décisions juridiquement non
contraignantes). Cette malléabilité a permis la création
de régimes de résolution très variés et
spécifiques à chaque situation. Le Conseil de
sécurité peut décider d'établir une OMP en adoptant
une résolution qui définit le mandat et les effectifs de la
mission ; il peut également prolonger ou modifier le mandat de cette
mission ou y mettre fin, selon qu'il juge approprié.
Le Chapitre VIII de la Charte des NU définit clairement
le rôle des organismes régionaux qui sont appelés à
intervenir à deux niveaux : le RPD et l'action coercitive.
La Charte confère un rôle central172
aux organismes régionaux en ce qui concerne le RPD entre Etats ou dans
l'Etat. En revanche, elle confère un rôle
subsidiaire173 à ceux-ci lorsqu'il s'agit d'une action
coercitive.
172 DELICE (Catherine), « Chapitre VIII », in
ROP, mis en ligne sur
www.operationspaix.net en
2006 et révisé le 23 août 2011, consulté le 6
août 2018.
173 Idem.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 53
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
CONCLUSION DU CHAPITRE I
En définitive, deux considérations majeures
doivent être retenues dans le cadre de ce chapitre consacré
à « LA DIMENSION NORMATIVE DE LA SOUS-TRAITANCE ONU-CEEAC/UA DANS
LE CADRE DU CONFLIT EN RCA ». La première consiste à dire
que l'ONU a érigé174 unilatéralement
une espèce de « contrat administratif175 » à
dessein de lier les organismes régionaux (dont la CEEAC et l'UA)
à elle dans le cadre du maintien de la paix et de la
sécurité en RCA.
En parlant de la sous-traitance entre ONU et CEEAC/UA, il faut
dire que celle-ci est d'ailleurs d'origine ancienne ou simplement
congénitale (du fait de la perception des ingrédients de cette
relation dans la Charte des Nations Unies) ; elle ne fait qu'être mise
effectivement en oeuvre ou réaffirmée dans le cadre du conflit en
RCA. Et la seconde consiste à affirmer que ce « contrat
administratif » qui a effectivement été « signé
» et donc accepté par celles-ci (CEEAC et UA, de par leurs
différents textes de base) ne les laisse pas moins apparaître
comme de véritables sous-traitants de l'ONU, ce qui est confirmé
dans le cadre de la prise en charge du conflit centrafricain. Mais qu'en est-il
de la dimension substantielle de cette sous-traitance ?
174 Ce verbe, quoi que moins adéquat, est
utilisé pour montrer le degré de l'impérium de l'ONU en la
matière considérée.
175 Il s'agit d'une « métaphore juridique »
consistant à montrer le caractère légal de cette relation
de sous-traitance.
CHAPITRE II : LA DIMENSION SUBSTANTIELLE DE LA
SOUS- TRAITANCE ONU - CEEAC/UA DANS LE CADRE DU CONFLIT
EN RCA
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 54
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 55
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
Dans un contrat de sous-traitance ou une
externalisation176, le véritable objectif recherché
est l'efficacité ou simplement la maximisation du profit ; il en est de
même dans la pratique des Nations Unies. Si en régionalisant le
maintien de la paix et de la sécurité internationales, l'ONU a
fait une « concession » de ses compétences originelles, l'on
ne saurait résister à l'envie de penser et de conclure qu'il
s'agit à la vérité d'une stratégie pour la
recherche de l'efficacité, et donc de résultat.
Par dimension substantielle de la sous-traitance, il faut
sous-entendre la valeur ajoutée apportée par les organismes
régionaux dans le processus de résolution du conflit
centrafricain du fait de l'observation ou de l'application effective de la
« règlementation onusienne » conséquente.
Dans l'optique de résoudre le conflit centrafricain, la
CEEAC et l'UA ont d'abord fait usage des modes de RPD (Section
I) avant de recourir à la force (Section II),
dans le respect de la Charte177.
SECTION I : L'USAGE PAR LA CEEAC ET L'UA DES MODES DE
RPD POUR LA RESOLUTION DU CONFLIT EN RCA, DANS LE RESPECT LA CHARTE DES NU
A l'instar de l'ONU et des autres organisations régionales et
à la suite de l'OUA178, l'UA et la CEEAC font du
règlement pacifique des conflits un véritable cheval de bataille.
A cet effet, elles ont mis au point comme l'ONU toute une panoplie de moyens de
règlement pacifique des conflits entre Etats ou en leur sein, qui vont
de la négociation diplomatique au règlement judiciaire, en
passant par le règlement arbitral, les bons offices, la
médiation, la conciliation et l'enquête internationale et qui
entrent dans le cadre par exemple de l'APSA179. Parmi ces moyens de
règlement pacifique des conflits, la médiation apparaît
comme le moyen
176 Nom donné dans le jargon des affaires à une
stratégie économique en forte croissance consistant, pour un
opérateur économique, à confier à un ou plusieurs
autres entrepreneurs telle ou telle des activités ordinairement
intégrées dans une même entreprise afin de profiter au
maximum des ressources extérieures du marché ; définition
tirée dans CORNU (Gérard), Vocabulaire juridique, op.
cit., pp. 442-443.
En l'espèce, le « maximum de ressources... »
dont il s'agit devra être assimilé au but fondamental de l'ONU qui
est celui de maintenir la paix et la sécurité dans le monde ;
c'est pour cela qu'elle a, dans le Chapitre VIII de la Charte,
procédé à une « décentralisation » ou une
« concession » de ses compétences.
177 Il d'agit, en ce qui concerne les modes de RPD, des Chapitres
VI et VIII, et de la procédure établie dans l'article 53 (1) de
la Charte.
178 Sur les initiatives de l'OUA en matière de
règlement pacifique des différends internationaux, voir BEDJAOUI
(Mohammed), « Le règlement pacifique des différends
africains », AFDI, Vol. 18, 1972, pp. 85-99 ; BALDE (Hassatou),
« Le bilan de l'OUA dans le domaine du maintien de la paix et de la
sécurité en Afrique », Groupe d'Etudes des Questions de
Paix et de Sécurité Internationales (GEQPSI), février
2003, 14 p. ; ZARTMAN (William), La résolution des conflits en
Afrique, Paris, L'Harmattan, 1990, 269 p.
179 L'APSA est le nouveau dispositif de maintien de la paix et
de la sécurité en Afrique, mis en place sous l'égide de
l'UA. Pour une vue d'ensemble sur l'APSA, voir FAU-NOUGARET (Matthieu) et
IBRIGA (Luc Marius) (dir.), L'Architecture de paix et de
sécurité en Afrique. Bilan et perspectives, Paris,
L'Harmattan, 2014, 312 p.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 56
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
le plus prometteur qui jouit de la faveur des Etats africains
et des organisations africaines et qui semble même s'imposer comme le
moyen de règlement de droit commun en Afrique180. Elle est
définie comme un « mode de règlement pacifique
non-juridictionnel des différends internationaux [ou nationaux]
consistant, pour une tierce partie à un différend, de son
propre chef, à la demande des parties en litige ou sous mandat d'une
organisation internationale, à accompagner les parties dans la recherche
d'une solution amiable au litige, en facilitant leurs négociations, en
leur proposant des pistes de solution, sans pour autant leur imposer de
solution181. ».
L'UA, tout comme des Communautés Economiques
Régionales (CER) telles la CEDEAO, l'IGAD ou autres n'hésitent
pas souvent à désigner un Chef d'Etat pour servir de
médiateur dans différents conflits qui minent le continent. Il en
était exactement le cas pour le conflit centrafricain où le
Président Denis SASSOU N'GUESSO, de la République du Congo, a
été désigné par ses pairs comme Médiateur
international182. Cette médiation a permis d'une part,
à la CEEAC d'obtenir des parties au conflit la conclusion des Accords
politiques (Paragraphe I) ; ce qui n'a pas non plus
empêché, d'autre part, l'UA d'infliger des sanctions qui ont
poussé les acteurs à tout mettre en oeuvre en vue retrouver la
légitimité sur le plan international (Paragraphe
II).
PARAGRAPHE I : La CEEAC et la conclusion des Accords
politiques entre les parties
au conflit
Un accord est, généralement, défini comme
une entente entre des personnes. Il est appréhendé comme «
la rencontre des volontés en vue de produire l'effet de droit
recherché par les parties183 ». Transposé en
Droit international public, le vocable accord s'assimile à
180 Sur l'importance de la médiation en Afrique, voir l
LOPES (Danie), « Médiations politiques africaines `'par le
haut». Analyse empirique et essai de théorisation »,
Perspectives internationales, N° 3/Janvier-Juin 2013, 16 p.
181 ZAKANE (Vincent), « Médiation et
règlement pacifique des conflits en Afrique : analyse théorique
», Revue CAMES/SJP, n°001, 2017, p. 245.
182 La Médiation Internationale dirigée par Son
Excellence Denis SASSOU NGUESSO, Président de la République du
Congo, Médiateur de la crise centrafricaine, appuyée par Monsieur
BOUBEYE MAÏGA, Représentant de la Présidente de la
Commission de I`UA et Monsieur Abdoulaye BATHILY, Représentant
Spécial du SGNU pour l'Afrique Centrale, a été mise en
place Iors de la Concertation des Chefs d'Etat et de Gouvernement de la CEEAC,
en marge du 23ème Sommet Ordinaire de I'UA, tenu à
Malabo en Guinée Equatoriale le 27 juin 2014, sur la situation en
RCA.
183 Lexique des termes juridiques, 24è
éd., op. cit., p.12.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 57
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
bien d'autres expressions184 telles que convention,
traité, protocole, pacte, charte, statut, modus vivendi...
La pratique révèle que ces expressions, en Droit
international, sont « interchangeables et sont souvent
employées en tant que termes génériques185
». Le critère commun à ces expressions est la manifestation
de la volonté.
L'accord politique est un compromis signé entre les
protagonistes à un conflit, sous la supervision d'un médiateur ou
d'un facilitateur186. Dans la présente étude,
l'expression « Accord politique » concerne les accords de paix dont
l'objectif est de mettre fin à la phase active des combats dès
lors que les rapports intra étatiques sont menacés par
l'intervention d'un conflit armé.
Si autrefois, l'option militaire était
privilégiée comme solution de règlement du conflit, la
perspective aujourd'hui s'inscrit dans la dynamique des accords politiques qui
constituent un moyen plus utile pour éviter toute solution militaire.
Ainsi en RCA, sous les auspices de la CEEAC deux Accords ont
été conclus : d'une part l'Accord signé par les parties
à Libreville et dénommé Accord de Libreville et
qui peut être considérée comme l'expression d'une
volonté de prévenir le conflit187
(A), et d'autre part celui signé à Brazzaville
et dénommé Accord de Brazzaville qui, lui, peut
être compris l'expression d'une volonté de régler le
conflit188 (B).
A- L'Accord de Libreville, expression d'une volonté
de prévention du conflit
L'« Accord politique de Libreville sur la
résolution de la crise politico-sécuritaire en RCA189
» a été conclu et signé le 11 janvier 2013 par les
parties aux négociations ci-après désignées :
l'opposition démocratique, les mouvements politico-militaires
non-combattants et la coalition SELEKA.
184 Dans son arrêt du 1er juillet 1994 (affaire de
la délimitation maritime et des questions territoriales entre Qatar et
Bahreïn), la CIJ a observé "qu'un accord international peut se
présenter sous des dénominations diverses".
185 DAILLIER (Patrick), FORTEAU (Mathias) et PELLET (Alain),
Droit international public, 8ème édition,
op. cit., p. 136.
186 EHUENI MANZAN (Innocent), Les accords politiques dans
la résolution des conflits armés internes en Afrique, op.
cit., p. 35.
187 L'on parle d'une volonté de prévenir le conflit
parce qu'en janvier 2013, le conflit centrafricain n'a pas encore
véritablement éclaté, il était loin de toucher
toutes les villes de la RCA. En plus de cela, les autorités de
l'époque avaient, chacune en ce qui la concerne, une
légitimité au plan, soit national, soit international. Il
était donc possible d'éviter un conflit aux conséquences
très fâcheuses.
188 En juillet 2014, il y a déjà eu changement
anticonstitutionnel de gouvernement en RCA, le conflit s'est propagé sur
toute l'étendue du territoire. Il était donc question de chercher
des moyens de le régler ; c'est pour cette raison que cet Accord de
Brazzaville a été conclu.
189 Telle est la formulation du titre de cet Accord.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 58
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
Cette volonté de prévention du conflit peut
être perçue aussi bien dans le préambule
(1) que dans le dispositif (2) de cet
Accord.
1- Une volonté de prévention perceptible
dans le Préambule de l'Accord de
Libreville
Considérant les dispositions pertinentes de la Charte des
NU, de l'Acte constitutif de l'UA et du Protocole relatif au COPAX de la CEEAC
sur la condamnation des changements anticonstitutionnels de Gouvernement et la
doctrine africaine des valeurs partagées ; Vivement
préoccupées par l'évolution de la situation
politico-sécuritaire en RCA ; Conscientes de la nécessité
du dialogue pour l'instauration de la paix durable et la sécurité
sur l'ensemble du territoire national ;
Se fondant sur l'Accord de Paix Global (APG) de Libreville du
21 juin 2008190 et les recommandations du Dialogue Politique
Inclusif (DPI) du 20 décembre 2008 ;
Résolues à renforcer l'Etat de droit, la bonne
gouvernance économique, politique et sociale ainsi que le respect des
droits de l'homme et des libertés fondamentales.
C'est ce que l'on peut (pour l'essentiel) lire dans le
Préambule de cet accord qui, de facto, en constitue le
fondement politique.
Ainsi à travers ce Préambule, l'on peut
constater d'une part l'attachement des parties aux actes ou instruments
juridiques qui vont dans le sens de la paix, et d'autre part leur
volonté de prévenir un conflit aux conséquences
(éventuellement) désastreuses. Le dispositif de cet Accord
renseigne davantage sur cette volonté des parties d'aller vers la
paix.
2- Une volonté de prévention perceptible
dans le dispositif de l'Accord de Libreville Le dispositif de l'Accord
de Libreville est constitué au total de quatre titres et de 21
articles.
Le titre premier traite de la « gestion du pouvoir »
en prévoyant le maintien en fonction du Président de la
République (François BOZIZE) jusqu'au terme de son mandat en
190 Il s'agit d'un accord signé entre le Gouvernement
centrafricain et deux mouvements politico-militaires à savoir l'Union
des Forces Démocratiques pour le Rassemblement (UFDR) et l'Armée
Populaire pour la Restauration de la Démocratie (APRD).
Les points forts de cet accord sont entre autres la
confirmation de l'engagement des parties à respecter le cessez-le-feu,
la promulgation d'une loi d'amnistie générale à l'endroit
des militaires, des combattants et des civils des mouvements
politico-militaires APRD et UFDR pour les crimes et délits poursuivis
devant les juridictions nationales centrafricaines à l'exception des
crimes relevant de la compétence de la Cour Pénale Internationale
(CPI), la réhabilitation dans leurs droits des militaires centrafricains
radiés pour des faits liés à la rébellion et
fonctionnaires civils de l'APRD et de l'UFDR dans leur formation et corps
d'origine.
Il faut également signaler que l'AGP de Libreville
constitue la somme des Accords parcellaires signés entre le gouvernement
et l'UFDPC le 2 février 2007 à Syrte en Libye, le 13 avril 2007
avec l'UFDR à Birao (une ville de la RCA) et le 9 mai 2008 à
Libreville avec l'APRD.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 59
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
2016 avec impossibilité de se représenter aux
élections pour un autre mandat (article 1er). Tout de
même, l'article 2 de l'Accord institue un Gouvernement d'Union Nationale
; ce qui implique la prise en compte de chacune des entités
présentes aux négociations.
Le titre deuxième de l'Accord confie la
responsabilité de la sécurité individuelle et collective
des personnes et des biens aux Présidents de la République, du
Comité du Suivi de l'Accord191, à la CEEAC et la
MICOPAX.
Le titre troisième qui s'intitule « Des garanties
sur la bonne foi des acteurs » établit, en substance, des mesures
de décrispation de la crise qui vont de la libération des
personnes arrêtées en relation avec la crise sécuritaire
(article 14) à la dissolution des milices sur l'ensemble du territoire
national (article 15).
Et le quatrième titre (Dispositions finales)
défend aux parties tout recours à la force pour le
règlement de leurs différends. Comme alternative, il leur demande
de recourir à l'arbitrage du Comité de Suivi et si
nécessaire, à la Conférence des Chefs d'Etat de la
CEEAC.
Même si aucune précision n'a été
faite sur le calendrier ou l'échéance de la mise en oeuvre du
présent Accord, il n'y aurait pas de raison de penser que cette
démarche ne participe pas au rétablissement de la paix. Mais
l'Accord de Libreville n'a pas été le seul conclu dans le cadre
des initiatives pour la restauration de la paix en RCA.
B- L'Accord de Brazzaville, expression d'une volonté
de règlement du conflit
Dénommé « Accord de cessation des
hostilités en République Centrafricaine », l'Accord dit de
Brazzaville a été signé le 23 juillet 2014 entre les
ex-Séléka, les anti-Balaka et quatre autres groupes
armés192.
Des ingrédients de cette volonté de
règlement de conflit sont perceptibles aussi bien dans l'historique de
cet Accord (1) que dans son contenu (2).
1- Des ingrédients d'une volonté de
règlement du conflit perceptibles dans l'historique de l'Accord de
Brazzaville193
Sur invitation du Président Denis SASSOU-N'GUESSO,
Médiateur international sur la crise en RCA, un Forum s'est tenu
à Brazzaville, République du Congo, du lundi 21 au
191 Il s'agit du Président Dénis SASSOU
N'GUESSO.
192 Il s'agit de Révolution et Justice (RJ) de monsieur
Armel SAYO, du Mouvement de Libération Centrafricaine pour la Justice
(MLCJ) de monsieur Abakar SABONE, de l'Union des Forces Républicaines
(UFR) de monsieur Florian N'DJADDER BEDAYA et de l'Union des Forces
Républiques Fondamentales (UFRF) de monsieur Dieu-bénit
GBEYA-KIKOBET.
193 Cette histoire est retracée en partie,
conformément aux lettres ou à l'esprit du Communiqué
final du forum de réconciliation nationale inter-centrafricain de
Brazzaville (21-23 juillet 2014).
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 60
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
mercredi 23 juillet 2014, à l'effet d'obtenir une
cessation des hostilités en Centrafrique, prélude à un
nouveau processus de dialogue politique, et de réconciliation nationale
en RCA. Ce forum a vu la participation de hauts responsables des Etats et des
organisations internationales194 et des responsables des parties
à la crise195.
Le Forum s'est ouvert par une cérémonie
solennelle au palais des Congrès de Brazzaville, ponctuée par des
allocutions des représentants de I'UA, des NU, de la CEEAC, du Chef
d'Etat de la Transition, puis du discours d'ouverture du Président de la
République du Congo, Médiateur.
De manière unanime, les différents orateurs ont
souligné la nécessité et l'urgence pour la RCA de faire
taire les armes et de retrouver la paix et la sécurité, à
travers ce nouveau processus de dialogue et de réconciliation nationale
dont Brazzaville ne constitue que la première étape.
Les intervenants ont également rappelé que le
Forum de Brazzaville ne constitue que la première étape d'un
processus politique qui se poursuivra en RCA, par l'organisation des
consultations populaires dans toutes les préfectures196, et
du Forum de réconciliation nationale à Bangui197.
Les participants ont ensuite relevé le fait que le
Forum de Brazzaville n'a pas pour ambition de se substituer au peuple
centrafricain ou de lui imposer une quelconque volonté, mais de
l'accompagner vers une sortie de crise durable et consensuelle,
conformément aux conclusions de la Concertation des Chefs d'Etat et de
Gouvernement de la CEEAC, tenue à Malabo le 27 juin 2014 et de la
5ème Réunion du Groupe International de Contact
(GlC-RCA), tenue à Addis-Abeba le 7 juillet 2014.
Par la suite un représentant de la communauté
centrafricaine en République du Congo a lu une motion de soutien au
Forum de Brazzaville.
Enfin, la cérémonie a été
clôturée par l'adoption et la lecture solennelle d'un Code de
Bonne Conduite ayant régi les négociations.
Après la cérémonie d'ouverture, les
pourparlers se sont poursuivis par un huis-clos entre la Médiation
Internationale et les différentes parties à la crise. Cette phase
était
194 Lire le communiqué susmentionné pour
décliner l'identité de chacun de ces hauts responsables.
195 Il s'agit du gouvernement de la Transition, du CNT, de la
Cour Constitutionnelle de la Transition, des partis politiques, des mouvements
politico-militaires, de la société civile, de la plate-forme
religieuse, des groupes armés, des opérateurs économiques
et du mouvement syndical.
196 Il y a au total seize préfectures en RCA.
197 Ce forum dit Forum National de Bangui aura
effectivement lieu du 4 au 11 mai 2015.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 61
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
l'occasion pour certains acteurs de décliner leurs
revendications et de faire des propositions concrètes sur la sortie de
crise.
En conséquence, les parties prenantes ont signé
un Accord de Cessation des Hostilités dont le dispositif contient des
ingrédients d'une volonté de régler le conflit
centrafricain.
2- Des ingrédients d'une volonté de
règlement de conflit perceptibles dans le contenu de l'Accord de
Brazzaville
L'Accord de cessation des hostilités concerne non
seulement l'arrêt immédiat des combats entre belligérants
comme le veut l'article premier dudit Accord, mais aussi la fin de toutes les
campagnes de haine et de violence. L'on peut se convaincre de cette
dernière clause en lisant les paragraphes 4 et 6 de l'article 2 de cet
Accord. Ils stipulent respectivement que la cessation des hostilités
implique « L'arrêt et l'abstention de toutes actions et
incitations de nature à nuire aux efforts visant à faire valoir
l'esprit de fraternité et de concorde nationale ; » et «
La cessation par les parties de toute propagande, discours de haine et de
division fondées sur l'appartenance religieuse, tribale ou partisane.
Les parties mettent fin aux actes, d'intolérance et aux campagnes
médiatiques susceptibles de provoquer la confrontation politique ou
religieuse. ».
Aussi, les parties s'engagent à s'impliquer dans le
processus global de réconciliation nationale qui se poursuivra en RCA,
à s'abstenir immédiatement d'entraver la libre circulation des
personnes et des biens sur l'ensemble du territoire, ainsi que le travail des
forces nationales et internationales dans l'exécution de leurs mandats
donnés par les différentes résolutions des NU (article 3
paragraphe b).
Il faut souligner in fine que la diplomatie de la
CEEAC a été déterminante dans le processus de
résolution du conflit centrafricain, mais elle n'a pas
empêché l'UA de réagir également.
PARAGRAPHE II : Les sanctions de l'UA et la mise en
oeuvre des actions par les acteurs centrafricains en vue du
rétablissement d'une légitimité au plan international
Depuis les deux décisions d'Alger de 1999 jusqu'à
l'adoption de la Charte africaine de la démocratie, des
élections et de la gouvernance198(CADEG) le 30 janvier
2007, en passant par la Déclaration sur le cadre pour une
réaction de l'OUA face aux changements
198 Charte africaine de la démocratie, des
élections et de la gouvernance, 30 janvier 2007, Document officiel,
CADHP, 8e session (entrée en vigueur : 15 février 2012).
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 62
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
anticonstitutionnels de gouvernement199 de
2000, l'Acte constitutif de l'UA et le Protocole relatif à
la création du CPS de l'UA de 2002, l'UA a fait du rejet des
changements anticonstitutionnels de gouvernement son cheval de bataille.
Il faut le souligner, il est impossible de s'accorder sur une
définition de la sanction si l'on ne part pas de la même
prémisse quant à la conception du droit et notamment de la place
de la sanction dans cette conception200. En effet, si l'on part de
la conception selon laquelle la sanction est une condition d'existence du
droit, que le droit est « un ordre de contrainte201
», on arrivera à une définition de la sanction comme
étant la contrainte matérielle destinée à
éviter la violation d'une règle de conduite, une contrainte qui
constitue le fondement du caractère obligatoire de cette
règle202. Par contre, une autre définition de la
sanction émerge si l'on se range du côté des auteurs qui
considèrent la sanction comme une garantie de l'effectivité du
droit, un « moyen extérieur d'en assurer la
positivité203». En tout état de cause, constitue
une sanction, au sens juridique et strict du terme, « les
réactions à un fait illicite tendant à garantir le respect
des règles d'un ordre juridique et entreprises à la suite d'une
décision d'un organe social qui constate l'atteinte à la
règle et décide des moyens pour y mettre fin204.
»
L'importance du mécanisme de rejet par l'UA des
changements anticonstitutionnels de gouvernement réside dans le fait que
ces derniers « constituent l'une des causes essentielles
d'insécurité, d'instabilité, de crise et même de
violents affrontements en Afrique205 ».
C'est alors qu'à la suite du changement
anticonstitutionnel intervenu en RCA le 24 mars 2013, l'UA a imposé des
sanctions aussi bien à l'encontre de l'Etat, lesquelles s'apparentent
à une manoeuvre tendant à contenir le conflit par le
haut206, des protagonistes du conflit (A)
qu'à celle des individus, lesquelles sanctions s'inscriraient dans la
même dynamique
199 Organisation de l'Unité africaine,
Déclaration sur le cadre pour une réaction de l'OUA face aux
changements anticonstitutionnels de gouvernement, AHG/Decl. 5 (XXXVI)
(2000) [Déclaration de Lomé de 2000].
200 TEHINDRAZANARIVELO (Djacoba Liva), Les sanctions des
Nations Unies et leurs effets secondaires. Assistance aux victimes et
voies juridiques de prévention, Paris, PUF, 2005, p. 23.
201 KELSEN (Hans), « Théorie
générale du droit international public. Problèmes choisis
», RCADI, tome 42, 1932, p. 193.
202 TEHINDRAZANARIVELO (Djacoba Liva), idem.
203 BOURQUIN (Maurice), « Règles
générales du droit de la paix », RCADI, tome 35,
1931-I, p. 202.
204 TEHINDRAZANARIVELO (Djacoba Liva), op. cit., p.
30.
205 Lire sur ce point un des passages du préambule de
la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la
gouvernance signée en 2007 et en vigueur depuis le 15
février 2012. CADEG, supra note 1 à la p 1.
206 En parlant de manoeuvre tendant à contenir, par le
haut, le conflit, l'on veut faire allusion à l'Etat (centrafricain) en
tant que personne dont la place en droit international est fortement
importante, prioritaire.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 63
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
précédente, à la différence de
procéder par le bas207, des protagonistes du conflit
(B) conformément aux instruments juridiques pertinents
de l'UA « en vue de parvenir à la restauration intégrale
de la légalité208 », et donc de restaurer la
paix.
A- La sanction à l'encontre de l'Etat, manoeuvre
tendant à contenir le conflit par le
haut
Dans le communiqué de presse du 25 mars 2013, la
Présidente de la Commission de l'UA alors madame le docteur Nkosazana
DLAMINI-ZUMA a souligné que « la prise du pouvoir par la force
constitue une violation caractérisée de ...la CADEG209
ainsi que des décisions de l'UA sur le rejet absolu du recours à
la rébellion armée pour faire valoir des revendications
politiques210. ».
C'est pour cela qu'en réaction, la sanction dont il
convient de voir la consistance (1) et le caractère
(2) a été imposée contre l'Etat
centrafricain.
1- La consistance de la sanction : Une suspension des
droits de participation de l'Etat centrafricain aux activités de
l'UA
L'article 25 paragraphe premier de la CADEG établit que
« Si le CPS constate qu'il y a eu changement anticonstitutionnel de
gouvernement dans un Etat partie, et que les initiatives diplomatiques ont
échoué, il prend la décision de suspendre les droits de
participation de l'Etat partie concerné aux activités de
l'Union... ».
C'est dans ce sens qu'après une réunion
d'urgence tenue le 25 mars 2013 dans la matinée, « Le Conseil
décide de suspendre immédiatement la participation de la RCA
à toutes activités de l'Union211... ».
Mais il convient de souligner que, même si la sanction
contre la RCA suite au changement anticonstitutionnel de 2013, consiste
uniquement en une suspension aux activités de l'Union, cet Etat est
« tenu de continuer à honorer ses obligations vis-à-vis
de l'Union, en
207 Nous mettons, ici, en avant l'individu en tant que personne
dont la place en droit international est
relativement importante, « subsidiaire » lorsque nous
parlons de manoeuvre tendant à contenir, par le bas, le conflit.
208 Cf. Communiqué de presse de l'UA sur la situation
en RCA (25 mars 2013).
209 La CADEG énumère dans son article 28 les
hypothèses de changement anticonstitutionnel de gouvernement qui sont :
1) Tout putsch ou coup d'Etat contre un gouvernement démocratiquement
élu ; 2) Toute intervention de mercenaires pour renverser un
gouvernement démocratiquement élu ; 3) Toute intervention de
groupes dissidents armés ou de mouvements rebelles pour renverser un
gouvernement démocratiquement élu ; 4) Tout refus par un
gouvernement en place de remettre le pouvoir au parti ou au candidat vainqueur
à l'issue d'élections libres, justes et régulières
; 5) Tout amendement ou toute révision des Constitutions ou des
instruments juridiques qui porte atteinte au principe de l'alternance
démocratique.
210 Il s'agit notamment de la Décision sur la
prévention des changements anticonstitutionnels de gouvernement et le
renforcement de la capacité de l'UA.
211 Lire le Communiqué final du CPS sur la situation
en RCA.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 64
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
particulier celles relatives au respect des droits de
l'homme212. » parce que l'Union, après tout, «
maintient [« toujours »] ses relations diplomatiques et
prend toutes initiatives afin de rétablir la démocratie dans
ledit Etat partie213. ». Cette sanction se distingue par
son caractère.
2- Le caractère de la sanction : une sanction
juridiquement contraignante
D'une manière générale, la sanction
recouvre deux éléments : « tout d'abord, une règle
juridique qui impose à ses destinataires un certain comportement ;
deuxièmement, la violation de la norme par un sujet de
droit214 ». La sanction serait alors les conséquences
qui découlent de ces violations. Dans un système juridique
donné, il s'agit de « l'effet prévu par le droit à la
suite de la violation d'un devoir, d'une prescription215 », ou
encore « la réaction spécifique de l'ordre juridique
à une violation du droit... la conséquence attachée par le
droit à un tel manquement216 ». Ces effets ou
conséquences peuvent prendre la forme de mesures consistant « soit
[en] une obligation de faire ou de ne pas faire, soit [en] la
déchéance d'un droit. La force n'intervient... qu'au bout du
compte, sous forme d'exécution forcée217 ». Le
but de ces mesures est de mettre fin à la violation du droit, en
exerçant sur l'auteur de cette violation une forte pression pour que
celui-ci y renonce. Elles tendent de ce fait à assurer le respect des
règles. Ainsi, « Sanctions are not intended to be directly
repressive or punitive as it is generally stated, but rather
«coercive». The reacting State or organization does not primarily
wish to «punish» the State for a wrongful act already completed but
to coerce it into putting an end to the continuing situation resulting from
this initial action... The aim then is to exert a sufficiently strong pressure
on the offending State so that continuing to suffer the measures applied
against it represents a higher cost than putting an end to its wrongful
behavior218 ».
C'est donc dire que le caractère coercitif
non-militaire mais contraignant219 de cette mesure de
réaction de l'UA prévue à cet effet constitue ainsi un des
traits essentiels d'une
212 Article 25(2) de la CADEG.
213 Note supra, (2).
214 MONACO (Riccardo), « Cours général de
droit international public », RCADI, Vol. 125, 1968-III, p.
314.
215 MORAND (Charles-Albert), « La sanction »,
Archives de philosophie du droit, Vol. 35, 1990, p. 304.
216 VIRALLY (Michel), « Panorama du droit international
contemporain. Cours général de droit international public »,
Hague Academy of International Law (HAIL), Vol. 184, 1983-V, p.
312.
217 MORAND (Charles-Albert), « La sanction », art.
cit., p. 305.
218 COMBACAU (Jean), « Sanction », Encyclopedia of
Public International Law (EPIL), Vol. 9, 1986, p. 339.
219 Deux dispositions de l'article 7 du Protocole relatif
à la création du CPS de l'UA permettent de soutenir la
thèse du caractère juridiquement contraignant de cette sanction
du CPS. D'abord, le point (2) de cet article stipule que « Les Etats
membres *de l'Union+ reconnaissent qu'en s'acquittant de ses devoirs au terme
du présent Protocole, le Conseil de paix et de sécurité
agit en leur nom. ». Et ensuite le point (3) confirme mieux
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 65
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
sanction et permet de la différencier des autres formes
de réaction à l'illicite car, en tant que moyen de dissuasion, la
sanction n'implique pas nécessairement et automatiquement l'utilisation
de la contrainte matérielle, c'est-à-dire la force. D'ailleurs,
l'UA n'a pas imposé de sanction seulement à l'encontre de l'Etat
centrafricain.
B- La sanction à l'encontre des individus, manoeuvre
tendant à contenir le conflit
par le bas
L'UA s'est dotée d'un arsenal normatif
considérable en matière de condamnation et de rejet des
changements anticonstitutionnels de gouvernement. Cet arsenal s'est
principalement développé dans la deuxième moitié
des années 1990 comme une réaction ferme de l'OUA puis de l'UA
contre les coups d'État220. La Déclaration de
Harare221 de 1997, ou mieux la position unanime de l'OUA
condamnant le coup d'État perpétré en Sierra Leone contre
le président démocratiquement élu (Ahmad TEJAN KABBAH),
marque la volonté des dirigeants africains de promouvoir l'accession au
pouvoir par des moyens démocratiques en rapport avec la
légalité constitutionnelle des États222.
À la suite de l'initiative de la CEDEAO - un embargo
décrété contre le gouvernement anticonstitutionnel - avec
l'appui des NU et surtout grâce à la campagne militaire
menée par l'Economic Community of West African
cet état de chose en affirmant que « Les Etats
membres [de l'Union] conviennent d'accepter et d'appliquer les décisions
du Conseil de paix et de sécurité, conformément à
l'Acte constitutif. ».
220 À titre illustratif, l'Afrique a connu entre 1990
et 2013 plus ou moins vingt coups d'État et ce, sans compter les
tentatives des coups d'État qui sont également nombreuses. Par
contre, en prenant uniquement en considération l'Afrique francophone -
car les coups d'État ont plus concerné cet espace que d'autres -
il a été observé qu'entre 1990 et 2009, environ quinze
coups d'États ont été perpétrés dans cette
partie du continent africain. Dans d'autres États comme les Comores, la
Guinée-Bissau ou la RCA (dont le dernier coup d'État remonte au
24 mars 2013), la Mauritanie, le Niger, les coups d'État s'y sont
réalisés à deux reprises au cours de la même
période et à intervalle très rapproché. Si nous y
ajoutons les coups d'État fomentés à Madagascar et au Mali
en 2012 et qui n'ont pas été pris en compte dans l'étude
précitée, le nombre s'accroît davantage.
221 Conférence intergouvernementale des ministres sur
les politiques linguistiques en Afrique, Déclaration de Harare,
21 mars 1997, en ligne : <
http://ocpa.irmo.hr/resources/docs/Harare_Language
_Declaration-fr.pdf> [« Déclaration de Harare
»].
222 La Déclaration de Harare ne figure pas
parmi les décisions et déclarations adoptées lors de la
33e session de la Conférence des Chefs d'État et de
gouvernement tenue à Harare du 2 au 4 juin 1997. Et pourtant cette
Déclaration (position commune) est entourée de beaucoup
d'éloges comme la première pierre à l'édifice du
rejet des changements anticonstitutionnels en Afrique. Elle est rappelée
par ailleurs par la Conférence de l'Union (des chefs d'État et de
gouvernement) dans la Déclaration de Lomé lors de la 36e
session tenue du 10 au 12 juillet 2000. À l'ONU, l'innovation introduite
par cette position de l'OUA fut positivement accueillie : « Cette position
unanime des pays africains représente sans aucun doute un tournant dans
l'histoire moderne de l'Afrique [...]. Cela indique bien qu'il existe une
position africaine unanime nouvelle, qui s'est concrétisée, face
au coup d'État militaire sur le continent ». Intervention de Nabil
ELARABY, alors représentant de l'Égypte à l'ONU, au cours
de la session du Conseil de sécurité adoptant les sanctions
contre la Sierra Leone, cité par TEHINDRAZANARIVELO (Djacoba Liva),
« Les sanctions de l'Union africaine contre les coups d'État et
autres changements anticonstitutionnels de gouvernement : potentialités
et mesures de renforcement », Annuaire Africain de Droit International
(AADI), Vol. 12, 2004, pp. 255-308.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 66
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
States Cease fire Monitoring Group
(ECOMOG)223, le président démocratiquement élu
a été réinstallé au pouvoir au début du mois
de mars 1998. Cette volonté constitue le prolongement des obligations
des Etats membres découlant des instruments des droits de l'homme en
général et particulièrement de la Charte africaine des
droits de l'homme et des peuples224 prescrivant le mode
d'accession au pouvoir225.
Pour la RCA, les sanctions ci-après ont
été envisagées et adoptées contre des dirigeants de
la SELEKA : des restrictions de voyage constitueraient une atteinte «
volontariste » et relativement justifiable au principe de la
liberté de mouvement (1) et le gel des avoirs qui, lui,
une atteinte « volontariste » et relativement justifiable au principe
de la libre disposition des richesses (2).
1- Des restrictions de voyage, une atteinte «
volontariste » et relativement justifiable au principe de la
liberté de mouvement
La liberté de circulation226 constitue dans
le contexte actuel de globalisation un instrument essentiel par lequel se
matérialisent les politiques d'intégration régionale
à travers le monde, et dont le modèle le mieux achevé
à ce jour est celui de l'UE227. Si ce modèle
d'intégration a été suivi dans le cadre de l'ASEAN et du
MERCOSUR qui sont essentiellement des espaces de libre-échange, la CEMAC
ainsi que la CEDEAO, également l'UA ont fait du principe de la
libre-circulation des personnes un objectif prioritaire pour la marche vers
l'intégration des Etats qu'elles regroupent.
223 Lire sur ce point notamment Suyash Paliwal, « The
Primacy of Regional Organizations in International Peacekeeping : The African
Example » (2010) 51 V J Int'l L 185, spécialement à la p 210
*Paliwal+.
224 Charte africaine des droits de l'homme et des
peuples, 27 juin 1981, 1520 RTNU 218 (entrée en vigueur : 21
octobre 1986) [CADHP].
225 L'article 13 (1) de la Charte africaine des droits de
l'homme et des peuples dispose que : « [t]ous les citoyens ont le
droit de participer librement à la direction des affaires publiques de
leur pays, soit directement, soit par l'intermédiaire de
représentants librement choisis ». CADHP, ibid,
art 13 (1). Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques
de 1966, en son article 25 précise et amplifie la portée de
l'article 13 (1) de la CADHP : « Tout citoyen a le droit et la
possibilité, sans aucune des discriminations visées à
l'article 2 et sans restrictions déraisonnables: a) De prendre part
à la direction des affaires publiques, soit directement, soit par
l'intermédiaire de représentants librement choisis; b) De voter
et d'être élu, au cours d'élections périodiques,
honnêtes, au suffrage universel et égal et au scrutin secret,
assurant l'expression libre de la volonté des électeurs; c)
D'accéder, dans des conditions générales
d'égalité, aux fonctions publiques de son pays ». Pacte
international relatif aux droits civils et politiques, 19 décembre
1966, 999 RTNU 171, art 25 (entrée en vigueur : 23 mars 1976)
[PIDCP+. Ces dispositions sont complétées par le droit
à l'autodétermination prévu à l'article 20 (1) de
la CADHP et à l'article premier du PIDCP. Ces
dispositions procèdent également de l'article 21 de la
Déclaration universelle des droits de l'homme, Rés AG
217 (III), Doc. off AGNU, 3e sess, supp n° 13, Doc
NU A/810 (1948) [DUDH].
226 Cette liberté est consacrée dans la
Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et la CADHP respectivement
aux articles 13 et 12.
227 ZOGO NKADA (Simon-Pierre), « La libre circulation des
personnes : réflexions sur l'expérience de la C.E.M.A.C et de la
C.E.D.E.A.O », Revue Internationale de Droit Economique (RIDE),
2011/1, tome XXV, p. 2.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 67
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
Droit inhérent à tout individu au sens du droit
naturel tel que le définit notamment John LOCKE228, la
liberté de circulation n'est autre chose que la faculté qu'a tout
être humain de se mouvoir à l'intérieur de l'espace de
juridiction de l'Etat dont il est ressortissant. Il s'agit concrètement
de cette faculté physique de l'individu de se déplacer à
l'intérieur du territoire national, s'y fixer, le quitter et le
retrouver à son gré ; c'est donc une sorte de
sûreté229 que l'Etat ou les organisations
régionales aménagent à l'individu.
Dès lors même si la libre circulation des
personnes est une prérogative inhérente à toute personne
bénéficiant du statut du citoyen d'un Etat ou d'une organisation
communautaire, cette prérogative peut être retirée en cas
d'entrave au droit national ou communautaire en vigueur230. C'est ce
qui a été fait dans le dernier cas par l'UA dans le cadre de la
crise centrafricaine. En effet, le CPS a frappé d'interdiction de
voyager sept membres de la mouvance SELEKA dont son chef Michel DJOTODJA, qui a
renversé François BOZIZE le président
démocratiquement élu. Il convient de rappeler que ces
restrictions de voyages ne constituent pas l'unique sanction qui a
été imposée.
2- Le gel des avoirs, une atteinte « volontariste
» et relativement justifiable au
principe de la libre disposition des
richesses
« Pour atteindre leurs fins, tous les [«
individus »] peuvent disposer librement de leurs
richesses231... » ; telle est la consécration qui
est faite par le PIDESC sur le principe de la libre disposition des richesses
et donc des avoirs financiers et ressources économiques. Mais cet
instrument juridique n'en demeure cependant pas le seul, car la
Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (DUDH) en a
également fait mention dans son article 22 en ces termes «
Toute personne... est fondée à obtenir la satisfaction des
droit économiques... ».
S'il s'avère que ce droit fasse partie des droits
fondamentaux de l'homme, il existe également un régime de
sanction diversement consacré par les ordres juridiques nationaux ou
communautaires. L'on peut se convaincre de cette affirmation en lisant
l'article 25 paragraphe 7 de la CADEG qui dispose que « La
Conférence peut décider d'appliquer d'autres formes de
228 Reprenant à leur compte la conception de
l'école dite « jusnaturaliste », LOCKE dans son Essai sur
le gouvernement civil tout comme ROUSSEAU dans son contrat social
s'attachent à découvrir le droit naturel dans la nature
primitive de l'homme antérieure à l'apparition de toute
société, donc avant le pacte social qui la fonde.
229 ZOGO NKADA (Simon-Pierre), Idem.
230 L'article 12 (2) de la CADHP stipule que « Toute
personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans
son pays. Ce droit ne peut faire l'objet de restrictions que celles-ci sont
prévues... ».
231 Article 1 (2) du Pacte International relatif aux
Droits Economiques, Sociaux et Culturels(PIDESC), adopté par
l'Assemblée générale des NU le 16 décembre 1966 et
entré en vigueur le 3 janvier 1976.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 68
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
sanctions à l'encontre des auteurs de changement
anticonstitutionnel de gouvernement, y compris des sanctions économiques
». Cette possibilité a été mise en oeuvre en
RCA, car à la suite du coup d'Etat, le CPS a décidé de
geler les fonds, autres avoirs financiers et ressources économiques de
quelques membres de la SELEKA concourant, d'une manière ou d'une autre,
au maintien du statu quo anticonstitutionnel et qui font obstacle aux
efforts de l'UA et de la CEEAC visant à restaurer l'ordre
constitutionnel.
Pour assurer le plein effet à ses sanctions
(restrictions de voyage et gel des avoirs), l'UA a demandé dans un
communiqué à « tous les Etats-membres de prendre les mesures
requises pour isoler totalement les auteurs du changement anticonstitutionnel
en RCA ». Même si la question de la productivité de ces
sanctions demeure pendante, il ne faut pas désespérer de son
objectif qui est celui de contribuer à restaurer l'ordre constitutionnel
et donc la paix en RCA. Mais qu'en est-il de l'usage de la coercition par la
CEEAC et l'UA ?
SECTION II : L'USAGE PAR LA CEEAC ET L'UA DE LA
COERCITION POUR LA RESOLUTION DU CONFLIT EN RCA, DANS LE RESPECT DE LA CHARTE
DES
NU
La RCA a vu se succéder, depuis le coup d'Etat de 2012
et pour la première fois de son histoire depuis l'indépendance,
des Missions (sous) régionales de maintien de la paix d'une envergure
sans précédent232. Toutefois, il faut mentionner que
le déploiement desdites Missions de maintien de la paix s'est fait,
chacun en ce qui concerne l'organisation responsable, dans le respect des actes
juridiques ou alors du droit international conséquent.
Ainsi, la résolution 2127 (2013) du Conseil de
sécurité des NU a autorisé le déploiement de la
MISCA sous conduite de l'UA conformément à l'exigence de
l'article 53 paragraphe 1 de la Charte des NU (Paragraphe II)
qui elle-même remplaçait une mission déjà sur place,
la MICOPAX ou Mission de maintien de la paix de la CEEAC (Paragraphe
I).
PARAGRAPHE I : La MICOPAX ou Mission de paix de la
CEEAC
La MICOPAX n'est pas la première Mission sous
régionale de paix en RCA. En effet en 1996, le président
élu de la RCA Ange-Félix PATASSE est menacé par une
série de mutineries au sein des Forces Armées Centrafricaines
(FACA), qui l'amenèrent à demander l'intervention de
l'armée française. A partir de cette crise, l'instabilité
devient
232 En moins d'une année (2013-2014), deux missions de
paix africaines se sont succédées avec chacune un effectif de
plus de mille (1000) hommes.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 69
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
progressivement chronique dans le pays. En réponse donc
à cet état de choses, la CEMAC met en place pour la
première fois, en décembre 2002, la Force Multinationale en
Centrafrique (FOMUC) avec pour mandat d'assurer la sécurité du
Président PATASSE, restructurer les forces armées et surveiller
le travail des patrouilles mixtes le long de la frontière avec le
TCHAD.
Mais pour des raisons de légitimité
(internationale), d'harmonisation et de cohérence avec les dispositions
du Chapitre VIII de la Charte des NU, de l'Acte constitutif de l'UA et du
Protocole COPAX, le transfert d'autorité de la CEMAC (FOMUC) à la
CEEAC (MICOPAX), avec un mandat notablement plus étendu233,
est intervenu le 12 juillet 2008 sur décision des Chefs d'Etat et de
gouvernement réunis à Brazzaville le 30 octobre 2007 pour un
mandat de consolidation de la paix : on parle de MICOPAX 1.
Ce n'est qu'en 2013 (le 18 avril, après le renversement
du régime du président François BOZIZE), lorsque la CEEAC
organise un sommet extraordinaire à N'Djamena au cours duquel
l'élection de Michel DJOTODIA à la présidence a
été reconnue234, que les Chefs d'Etat de la
Communauté ont fait la promesse de déployer mille cinq cent
(1500) soldats au sein de la MICOPAX en renfort aux cinq cent (500)
déjà présents (dans le cadre de la MICOPAX 1) et de doter
la mission d'un mandat adéquat en vue d'accompagner les efforts du
gouvernement de transition pour la paix : on parle de MICOPAX 2.
Si le mandat de la MICOPAX 1 a été
modifié en 2013 pour permettre à celle-ci de faciliter le suivi
de l'application du cessez-le-feu et des décisions de l'Accord politique
de Libreville (A), la MICOPAX 2 elle, a joué un
rôle déterminant dans le développement du processus
politique (B).
A- La MICOPAX 1 et la facilitation du suivi de
l'application du cessez-le-feu et des décisions de l'Accord politique de
Libreville235
Les principales missions de la MICOPAX 1 portent d'une part
sur l'appui à la cessation des hostilités et au
rétablissement de la sécurité et de l'ordre
publics236, et d'autre
233 Cf. Décision N°02/CEEAC/CCEG/XIII/08 du 12
juin 2008 portant mandat de la Mission de Consolidation de la Paix du
Conseil de Paix et de Sécurité de l'Afrique Centrale en
République Centrafricaine (MICOPAX 1), notamment ses articles 1, 5
et 6.
234 La CEEAC, à l'issue du sommet extraordinaire de ses
Chefs d'Etat, a jugé impossible de reconnaitre la
légitimité du Président DJOTODIA après le putsch et
a demandé qu'un collège élu par les forces vives de la
Nation doit être à la tête de la transition pour jouer le
rôle de l'exécutif et choisir le président de la transition
qui ne doit pas excéder 18 mois. Michel DJOTODIA approuve ces
conclusions et annonce la création d'un Conseil Nation de la Transition
(CNT) ou pouvoir législatif qui l'élira le 13 avril au poste de
Président, donnant ainsi une certaine légitimité au
nouveau régime.
235 Tel est l'intitulé de la décision N°
002/CEEAC/CCEG/13 du 11 janvier 2013.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 70
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
part sur l'appui aux opérations humanitaires, la
protection des civils et des institutions internationales237.
En tout état de cause, la particularité de cette
Mission peut se voir à travers ses modalités d'action. En effet,
la MICOPAX 1 est autorisée à faire usage de la force minimale en
cas de nécessité opérationnelle, ce qui serait une mesure
spécifique de garantie sécuritaire dans ce travail de
facilitation (1) et à prendre toutes les mesures
nécessaires pour s'acquitter de ses tâches en
général, et du suivi de l'application du cessez-le-feu et des
décisions de l'Accord politique de Libreville en particulier, ce qui
serait une mesure générale de garantie sécuritaire dans ce
travail de facilitation (2).
1- Le droit de la MICOPAX 1 à l'usage de la
force, mesure spécifique de garantie
sécuritaire dans le rôle de facilitation
du suivi de l'Accord de Libreville
D'après l'article 6 alinéa 1 de la
décision n° 02/CEEAC/CCEG/13, « la MICOPAX 1 est
autorisée, en cas de nécessité opérationnelle,
notamment lorsqu'elle ne peut accomplir autrement sa mission ou pour
protéger des vies humaines sous la menace imminente d'une agression
physique ou d'une attaque armée, de faire usage de la force minimale
conformément aux règles d'engagement annexée à la
présente décision ».
Le recours à la « force minimale » est
entendu comme l'obligation de ne pas utiliser une intensité de force
supérieure à celle suffisante pour atteindre l'objectif
opérationnel ou de légitime défense ; et l'usage de la
force minimale comprend en l'espèce l'emploi des armes ou de la force
armée et toute mesure coercitive susceptible de limiter la
liberté et les droits des personnes y compris la force meurtrière
représentant le degré extrême de l'emploi de la
force238.
En effet, il s'agit de la base des règles d'engagement
et de comportement à appliquer par la force MICOPAX dans le cadre de sa
mission d'application du cessez-le-feu décidée par l'Accord
politique de janvier 2013.
Il est entre autres autorisé de faire usage de la force
minimale pour se défendre contre une intrusion dans les zones sous
contrôle de la force de paix ; ou pour faire relâcher le(s)
personnel(s) des navires, aéronefs, véhicules ou installations
pacifiques après avoir été
236 Article 7 (1) de la décision N°
02/CEEAC/CCEG/13 portant mandat de suivi de l'application du cessez-le-feu et
des décisions de l'Accord politique de Libreville par la Mission du
Conseil de Paix et de Sécurité de l'Afrique Centrale en
République Centrafricaine (MICOPAX 1).
237 Article 7 (2), décision Supra.
238 Cf. Directive sur les règles d'engagement et de
comportement de la MICOPAX 1, annexée à la décision
précitée.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 71
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
occupés, retenus ou capturés etc.239.
Mais il est par contre interdit de faire usage de la force pour empêcher
que ne s'échappent la ou les personnes retenues, détenues par ses
soins240. La liberté de moyens reconnue à la MICOPAX 1
pour l'accomplissement de sa mission complète ledit droit à
l'usage de la force minimale.
2- La liberté de moyens de la MICOPAX 1, mesure
générale de garantie sécuritaire dans le rôle de
facilitation du suivi de l'Accord de Libreville
Au sens de l'article 6 alinéa 2 de la décision
des Chefs d'Etat de la CEEAC de 2013, « la MICOPAX 1 peut prendre
toutes les mesures nécessaires, dans la limite de ses capacités
pour s'acquitter de ses tâches, en étroite coopération avec
les missions internationales déployées en RCA » ; ce
qui implique une appropriation de la coutume internationale dans le cadre des
OMP.
Ainsi suivant les différentes circonstances
susceptibles de se présenter sur le terrain, les règles
d'engagement de la MICOPAX 1 sont les suivantes : le droit international et le
droit de la guerre, la légitime défense et la
nécessité militaire.
D'abord, tout le personnel de la MICOPAX 1 est tenu de
respecter les dispositions pertinentes du droit international humanitaire et du
droit de la guerre, y compris le devoir d'obéissance à un acte
manifestement illégal. Il doit également faire tout ce qui est en
son pouvoir pour veiller à ce que les parties belligérantes se
conforment à ces obligations. Ensuite, le personnel de la MICOPAX 1 doit
faire usage de la légitime défense qui est un droit naturel des
individus et des unités à se défendre face à une
attaque241, dans le respect de certaines conditions notamment
lorsque l'usage de la force est le seul moyen de défense et la
nécessité de se défendre doit être réactive
et immédiate. Enfin, toutes les fois que la situation
opérationnelle le rend indispensable, le personnel ou les unités
de la MICOPAX 1 peuvent faire usage limité de la force pour
défendre les positions qu'ils occupent ou les populations
exposées à des attaques.
En outre, le contrôle de la zone de
responsabilité opérationnelle est effectué en
coopération avec les parties au conflit et la MICOPAX 1 doit faire
preuve de persuasion, mais aussi de fermeté pouvant aller jusqu'à
l'usage de la force minimale pour imposer le respect du
239 Idem.
240 Idem.
241 Idem.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 72
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
cessez-le-feu et des décisions de l'Accord politique de
Libreville242. Après cette première mission de paix de
la CEEAC, il y a une seconde qui a joué un rôle important.
B- La MICOPAX 2 et le développement du processus
politique
« Il n'y a pas d'avenir dans ce pays sans
démocratie, il n'y a pas de démocratie sans élections, il
n'y a pas d'élections sans sécurité243
». L'objectif ici est d'appuyer la mise en place d'une administration
électorale pour la préparation et la gestion du cycle
électoral en conformité avec les standards internationaux
auxquels la RCA a adhéré ; ce qui faciliterait un retour à
la légalité constitutionnelle (1), et le processus de
réconciliation (2).
1- L'appui au retour à la
légalité constitutionnelle, désir de reconstruction d'un
Etat de droit
La MICOPAX 2, conformément à son mandat, a
apporté un appui considérable au retour à l'ordre
constitutionnel en RCA après le coup d'Etat du 24 mars 2013. La
stratégie que la MICOPAX 2 a utilisée pour appuyer la RCA
à retrouver la légalité constitutionnelle et la paix
était surtout l'appui à la médiation, à la
négociation et l'appui technique et financier. Il a apporté une
assistance technique et financière à l'ANE (Autorité
Nationale des Elections) dans la préparation et l'organisation de
l'échéance électorale de 2015. Il y a par exemple eu une
formation à l'endroit des formateurs nationaux de l'ANE et les
coordonnateurs des bureaux électoraux régionaux de l'assistance
électorale intégrée qui a été
essentiellement axée sur les aspects pratiques et la maîtrise du
remplissage des documents électoraux, pour s'assurer que les formateurs
nationaux soient à même de mieux restituer la formation au niveau
des démembrements de l'ANE. La MICOPAX 2 a également
accompagné les efforts du gouvernement centrafricain et de la
société civile en vue de réaliser et de favoriser la
création d'un cadre politique propice à la paix et au
développement.
L'on peut ainsi déduire que l'objectif de la MICOPAX 2
est aussi de rapprocher l'administration des administrés pour une
participation accrue des populations, en particulier des femmes et des jeunes,
à la gestion des affaires publiques. La réconciliation nationale
est un aspect également important ; un appui à ce niveau
s'impose.
242 Idem.
243 Propos de l'Ambassadeur des Etats-Unis en RCA,
communiqué de presse, PNUD, Bangui, le 02 février 2016.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 73
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
2- L'appui au processus de réconciliation
nationale, désir de reconstruction d'une cohésion
sociale
Dans ce processus de paix en Centrafrique, les citoyens
centrafricains de leur part doivent ménager de grands efforts pour
favoriser ceux des partenaires internationaux. Le dialogue et la concertation
devraient être une constante dans les relations entre les centrafricains,
favorisant un paysage social et politique serein afin de consolider les efforts
fournis par la CEEAC à travers la MICOPAX 2 et d'autres partenaires
internationaux.
La MICOPAX 2 a soutenu l'avancée du dialogue
intercommunautaire entre les populations centrafricaines. Il s'agit d'un signal
très fort en vue de la cohésion et de la réconciliation,
et qui est le résultat d'efforts conjoints des responsables locaux, des
autorités nationales et des autres partenaires244. Cette
activité matérialise une réelle cohabitation pacifique et
donne à ces bénéficiaires l'opportunité d'avoir un
travail et un revenu pour favoriser leur réinsertion et contribuer
à la stabilisation de la communauté.
Les autorités centrafricaines et la MICOPAX 2 ont pris
des mesures pour promouvoir la réconciliation et la
réintégration en particulier en faveur des personnes à
risque et notamment des jeunes. Le Ministère de la réconciliation
nationale, en étroite collaboration avec cette mission de paix, s'est
attaché à mettre en place des mécanismes locaux de
médiation. Au niveau national, la MICOPAX 2, en étroite
coordination avec le PNUD et avec le financement du Fonds pour la consolidation
de la paix, a apporté son concours à la mise en oeuvre de la
stratégie de réconciliation nationale. Dans le cadre de la
réintégration et de la réconciliation, la MICOPAX 2 et
l'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) ont aidé des
éléments de l'ex-Séléka cantonnés dans leurs
camps à Bangui à se réinstaller volontairement dans leurs
communautés d'origine ou dans des communautés de leur choix.
Même si les efforts des MICOPAX n'ont pas été
négligeables dans le processus de paix en RCA, l'UA a
décidé d'envoyer une mission sous autorité.
PARAGRAPHE II : La MISCA ou Mission de paix de l'UA
Dans le cadre des efforts qu'elles déploient pour faire
face aux défis sécuritaires que connait la RCA, la CEEAC et l'UA
sont convenues de renforcer les effectifs de la MICOPAX et de la transformer en
une Mission africaine. Dans le prolongement de ces efforts, le CPS de l'UA a
autorisé, le 19 juillet 2013, le déploiement de la MISCA ;
déploiement qui a été
244 PNUD, Ambassade de France en RCA...
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 74
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
entériné le 5 décembre 2013 par le
Conseil de sécurité des NU par l'adoption de la résolution
2127.
Si grâce à la MISCA la protection des civils, le
rétablissement de la sécurité et de l'ordre public et la
création de conditions propices à une aide humanitaire aux
populations a été rendue plus ou moins effective
(A), il n'en demeure pas moins pour la stabilisation du pays
et la restauration de l'autorité de l'Etat (B).
A- Le rôle déterminant de la MISCA sur le
plan de la protection des civils, du rétablissement de la
sécurité et de l'ordre public et de l'aide humanitaire
Depuis son déploiement, la MISCA a mené nombre
d'activités dans le cadre de la mise en oeuvre de son mandat tel que
déterminé par le Conseil de sécurité des Nations
Unies245. Les activités entreprises, qui concourent à
la réalisation de l'état final recherché de la Mission tel
qu'articulé dans le concept stratégique imposent d'aborder
distinctement le volet protection des civils et rétablissement de la
sécurité et de l'ordre public (1) et la
création de conditions propices à une aide humanitaire aux
populations (2).
1- Le volet protection des civils et
rétablissement de la sécurité et de l'ordre public
En vue d'assurer une protection adéquate des populations
civiles, la MISCA a mis en place un dispositif spécifique à
Bangui, fondé sur la sectorisation de la ville. Les contingents et les
Unités de Police Constituées (UPC) qui y sont
déployés conduisent des patrouilles régulières,
tant motorisées que pédestres. Ces patrouilles ont lieu de jour
comme de nuit. Il s'agit, ce faisant, d'assurer une présence effective
non seulement sur les grands axes, mais également à
l'intérieur des différents quartiers.
L'objectif de ce dispositif est de dissuader et de
prévenir les attaques contre les civils, les actes de pillage et autres
actes criminels. Il s'agit aussi d'intervenir, au besoin par la force, pour
mettre fin à des activités de nature à perturber l'ordre
public et à mettre en danger la population civile. La MISCA a ainsi
sauvé plusieurs vies humaines, interpelé nombre de pillards et
empêché la destruction d'habitations, d'édifices publics et
religieux, ainsi que de biens246. Il en fut ainsi de domiciles de
responsables gouvernementaux et de mosquées, notamment dans le
3ème arrondissement.
Le déploiement de la MISCA à l'intérieur
du pays concourt également à la protection de la population
civile et au rétablissement de la sécurité et de l'ordre
public. Les actions entreprises dans ce cadre incluent des patrouilles
régulières, l'interpellation d'individus armés
245 Premier rapport intérimaire de la Commission de l'UA
sur la situation en RCA et les activités de la MISCA.
246 Rapport op. cit., paragraphe 28.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 75
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
ou commettant des crimes et la protection des biens des
populations civiles. Entre autres exemples, à Bossangoa, et en
réaction aux menaces que les anti-balaka faisaient peser sur la
population musulmane, la MISCA a déployé, à partir du 23
janvier 2014, des éléments du contingent tchadien pour assurer
leur sécurité. Le 16 février 2014, la MISCA, à la
demande du Haut-Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés
(UNHCR) et du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), a
protégé un convoi de 28 femmes et de 119 enfants se rendant de la
localité de Féré à celle de Sibut247.
D'une façon générale, la MISCA protège les
différents camps de déplacés à l'intérieur
du pays.
L'action de protection des populations civiles s'étend
également aux populations étrangères que leurs
Gouvernements ont décidé d'évacuer en raison de la
dégradation de la situation sécuritaire consécutivement
aux incidents du début du mois de décembre 2013. C'est ainsi que
la MISCA a escorté des ressortissants du Cameroun, du Mali, de la
Mauritanie, du Nigéria, du Sénégal et du Tchad qui
désiraient rejoindre leurs pays respectifs. Quelquefois, cet appui a
été apporté sur demande, cependant que d'autres fois, la
MISCA a elle-même pris l'initiative pour protéger des populations
civiles étrangères en danger. Dans le cadre des escortes
régulières de convois sur le corridor qui relie Bangui à
la frontière camerounaise, les unités de la MISCA ont, à
plusieurs reprises, assuré la protection de populations
étrangères qui souhaitaient quitter la RCA. Il faut rappeler que
ce volet ne demeure, cependant, pas le seul.
2- Le volet création de conditions propices
à une aide humanitaire aux populations En restaurant la
sécurité à travers le territoire centrafricain, avec
l'appui de l'opération Sangaris, la MISCA crée aussi des
conditions propices à l'acheminement de l'aide humanitaire aux
populations dans le besoin. De façon plus spécifique, et dans le
cadre de la sécurisation du corridor qui relie Bangui à la
frontière camerounaise, la MISCA a escorté des dizaines de
camions appartenant au Programme Alimentaire Mondial (PAM) et des dizaines
d'autres appartenant à des ONG et qui transportaient de l'aide
humanitaire aux populations affectées par la crise en RCA. Par ailleurs,
la facilitation de l'assistance humanitaire prend la forme de la protection de
sites de personnes déplacées et celle de lieux de refuge ou les
personnes se sentant menacées viennent passer la nuit. Un abri de refuge
dénommé « Sanctuaire de l'Espoir » a été
inauguré le 12 février 2014, dans le 5ème arrondissement
de
247 Idem, par. 29.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 76
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
Bangui, pour recevoir la nuit tous ceux qui se sentiraient
menacés. La sécurité des lieux est assurée par les
éléments de la MISCA.
Enfin, la MISCA facilite les mouvements des agences
humanitaires souhaitant se rendre à l'intérieur du pays. Au cours
de la période sous examen, la MISCA a apporté protection à
nombre de personnels humanitaires. De même, elle a protégé
des personnalités de passage. La stabilisation du pays et la
restauration de l'autorité de l'Etat est un volet également
important.
B- Le rôle déterminant de la MISCA dans
la stabilisation du pays et la restauration de l'autorité de
l'Etat
Il faut disséquer l'aspect stabilisation du pays
(1) de l'aspect restauration de l'autorité de l'Etat
(2).
1- L'aspect stabilisation du pays
L'action de la MISCA s'agissant de cet aspect de son mandat
s'articule autour de deux axes principaux. Premièrement, la MISCA assure
la protection des responsables de la transition, y compris le chef de l'Etat,
le Premier ministre et d'autres membres du Gouvernement, le Président du
CNT et, à sa demande, Mme Catherine SAMBA-PANZA, à
l'époque où elle occupait les fonctions de Maire de Bangui. Cette
protection est nécessaire à l'accomplissement de leurs fonctions
par les responsables de la transition et au redémarrage rapide de
l'appareil étatique.
Et deuxièmement, la MISCA assure la protection de
plusieurs édifices publics et autres points sensibles. Les points
névralgiques de la capitale (palais présidentiel, sièges
de ministères, radio et télévision nationale, banques,
sociétés de télécommunication,
établissements hôteliers, commerces, etc.) sont entièrement
sous la protection de la Mission. La MISCA protège également la
Maison d'arrêt de Bangui depuis sa réouverture le 14
février 2014. À ce sujet, et grâce à la vigilance du
contingent rwandais de la MISCA, la Mission a déjoué, le 23
février 2014, une tentative d'évasion de dirigeants du groupe
anti-balaka qui avaient été interpelés par la MISCA lors
d'une opération conduite le 15 février 2014 dans le quartier de
Boye-Rabe, à Bangui248. Au total, environ 700 militaires et
policiers sont affectés à ces tâches de protection
statique. Ce dispositif, s'il a l'inconvénient de fixer au sol un
effectif significatif, est essentiel dans la phase actuelle au regard des
capacités limitées des forces de sécurité
centrafricaines. La stabilisation progressive de la situation permettra
à la
248 Ibid, par. 32.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 77
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
MISCA de réduire les points de garde fixe et d'avoir
une présence plus dynamique dans les quartiers et en dehors de la
capitale. L'on peut aussi se convaincre de ce rôle déterminant de
la MISCA en abordant l'aspect restauration de l'autorité de l'Etat.
2- L'aspect restauration de l'autorité de
l'Etat
L'appui à la restauration de l'autorité de
l'Etat inclut le contrôle par le Gouvernement de transition de ses
sources de revenu. À cet égard, l'action de la MISCA a
porté sur la levée, au besoin par la force, des barrages
illégaux établis par des groupes armés sur le corridor
reliant Bangui à la frontière camerounaise et la
sécurisation de cette voie vitale pour l'économie centrafricaine.
En effet, la situation d'insécurité qui prévalait le long
de cette voie et les prélèvements illicites opérés
par les bandes armées avaient eu pour effet de réduire
considérablement le trafic sur le corridor et de priver le Gouvernement
des taxes douanières et autres qui devaient être
prélevées au profit du Trésor public sur les marchandises
et autres biens à destination de la RCA. Depuis le 18 janvier 2014, la
MISCA a mis en place un dispositif d'escorte au profit des camions empruntant
le corridor. Celui-ci opère les lundi, mercredi et vendredi de la
frontière camerounaise à Bangui et les mardi, jeudi et samedi de
Bangui à la frontière camerounaise. Plus de 1 000 camions ont
été escortés, dans les deux sens, au profit d'agences
onusiennes et d'ONG, de Sangaris, de commerçants et d'autres
acteurs249.
Dans le même temps, la MISCA a encouragé le
Gouvernement centrafricain à travailler à la mise en place d'un
système de collecte des taxes douanières et autres à
travers un guichet unique à Douala, au Cameroun. Un tel système
permettrait également d'assurer la transparence dans la gestion des
ressources financières et d'accroitre les revenus dont le Gouvernement a
désespérément besoin pour assumer ses fonctions
régaliennes. De même, le Représentant spécial de la
Présidente de la Commission a recommandé au Premier Ministre
d'engager des démarches auprès des autorités camerounaises
pour examiner avec ces dernières les modalités du
désengorgement rapide du port de Douala des cargaisons destinés
à la RCA et empruntant le corridor sécurisé par la
MISCA.
249 Ibid, par. 38.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 78
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
CONCLUSION DU CHAPITRE II
En somme, il convient de noter que la sous-traitance entre
l'ONU et les organismes régionaux, notamment la CEEAC et l'Union
Africaine, dans le cadre du maintien de la paix et de la sécurité
en RCA a porté, après tout, des fruits. La mise en oeuvre des
mécanismes politico-diplomatiques par la CEEAC et l'UA tel que vivement
exigé dans la Charte des Nations Unies a permis respectivement d'obtenir
la signature d'une série d'Accords politiques entre les parties en
conflit, et la mise en oeuvre (par celles(ci) des actions participant au retour
à l'ordre constitutionnel dans cet Etat. Tout de même, l'option
pour la coercition via les différentes Missions de paix sous
conduite, d'abord de la CEEAC (MICOPAX) et ensuite de l'Union Africaine (MISCA)
ont véritablement et positivement impacté dans le processus de
paix en Centrafrique. On peut noter par exemple le désengorgement,
grâce à un recours à la force par ces différentes
Missions, des villes, remplies de barrières illicites installées
par les milices armées.
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 79
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 80
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
En même temps que l'ONU transfère aux
organisations régionales et donc à la CEEAC et l'UA, via
le Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, des compétences
pour agir en matière de maintien de la paix et de la
sécurité internationales, elle les enjoint de régler, par
des mécanismes pacifiques, les différends d'ordre local ; et au
besoin, celles-ci ne pouvant recourir à la force, sauf dans les
hypothèses où elles doivent être utilisées ou
autorisées par elle.
En dépit de cette vraisemblable relation de
sous-traitance, les organismes régionaux
considérés, se fondant sur cette disposition, et paradoxalement
encouragés en cela par l'ONU250, se sont dotés des
mécanismes, davantage, de règlement pacifique des
différends.
La Charte de l'OUA du 25 mai 1963 avait, en effet par exemple,
prévu, parmi ses principes, le règlement pacifique des
différends, par voie de négociations, de médiation, de
conciliation et d'arbitrage251, ainsi que l'établissement
d'une Commission de médiation, de conciliation et d'arbitrage (CMCA)
dont la composition et les conditions de fonctionnement devaient être
fixées par voie de protocole252. Et cette « devise
» a été réintroduite dans l'Acte constitutif de
l'UA253, « version renouvelée de l'OUA », le
Protocole relatif à la création du CPS de l'UA254 et
le Protocole relatif au Conseil de Paix et de Sécurité de
l'Afrique Centrale255.
En tout état de cause, les initiatives
régionales africaines de maintien de la paix et de la
sécurité méritent d'être encouragées et
saluées car, malgré leur jeune âge en la
matière, et surtout des moyens régulièrement
limités, elles réussissent parfois à régler ou
prévenir de conflits internes256. C'est approximativement le
cas pour l'UA et la CEEAC qui ont tant bien que mal tout mis en oeuvre ou
continuent même, par diverses manières, pour tenter de
régler le conflit centrafricain depuis le coup d'Etat de 24 mars 2013.
Mais il reste à traiter du partenariat organismes régionaux - ONU
dans le cadre de la résolution de ce conflit centrafricain.
250 Dans sa résolution 199 (1964), le Conseil de
sécurité des Nations Unies avait exprimé, lors de la grave
crise du Congo, sa profonde conviction que l'OUA « doit pouvoir aider,
dans le cadre de l'article 52 de la Charte des Nations Unies, à travers
une solution pacifique à tous les problèmes et différends
affectant la paix et la sécurité sur le continent africain
».
251 Art. 3, paragraphe 4 de la Charte de l'OUA.
252 L'article 19 de la Charte de l'OUA prévoyait, en
effet, la création d'une Commission de médiation, de conciliation
et d'arbitrage (CMCA).
253 Article 4 (e) de l'Acte constitutif de l'UA.
254 Article 4 (a) du Protocole relatif à la
création du CPS de l'UA.
255 Article 3 (c) du Protocole relatif au COPAX
256 Allusion faite à l'expérience de la CEDEAO dans
la probable crise post-électorale en Gambie en 2016.
SECONDE PARTIE : CEEAC-UA, « PARTENAIRES »
DE L'ONU DANS LE CADRE DU MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SECURITE EN
RCA
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 81
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 82
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
Un partenaire est une personne qui participe avec d'autres
à des négociations pour la défense de ses
intérêts257. Aussi simple qu'elle paraît, cette
définition met en avant une certaine subjectivité, un certain
« égocentrisme » du fait de l'initiative ou de l'action
unilatérale en vue de la maximisation d'un profit non collectif.
Peut-être il faudrait définir au pluriel. Les partenaires sont des
personnes publiques ou privées (Etats, entreprises) qui entretiennent
des relations économiques ou/et politiques suivies et unissent leurs
efforts dans la poursuite d'un objectif commun258. Si cette
définition apparaît plus pertinente que la première du fait
d'avoir mis en exergue au moins deux parties et surtout le caractère
commun ou collectif de l'objectif poursuivi, une composante qui nous
paraît chère est cependant absente : l'autonomie.
C'est pourquoi dans le cadre de cette étude, les
partenaires doivent être compris comme des personnes physiques ou morales
entre autres Etats, organisations etc. qui, jouissant chacune d'une autonomie
effective, et dans un climat de respect mutuel, décident d'une
manière ou d'une autre d'orienter ou de conjuguer leurs efforts, et se
soutenir en vue de la réalisation d'une activité
d'intérêt collectif. Cela implique qu'il n'existera pas
forcément une hiérarchie de jure.
« ...L'ONU ne peut s'occuper de tous les conflits et
de toutes les menaces de conflits dans le monde. Les organisations
régionales ou sous régionales ont ... un avantage comparatif qui
leur permet de jouer un rôle directeur dans la prévention et le
règlement de différends et d'aider l'ONU à les
circonscrire259 », tout de même « les
Nations Unies et le reste de la communauté internationale peuvent
[sans difficulté] déléguer des envoyés
spéciaux, organiser des négociations et dépenser des
milliards de dollars dans des opérations de maintien de la paix,
[« mais »] rien de tout ceci ne va résoudre les
conflits si la volonté politique et la capacité sont inexistantes
ici-même en Afrique260 ». Ces propos des SG des NU
n'ont pas moins le mérite de sonner comme un appel, sinon la
nécessité d'un partenariat entre les organismes régionaux
et l'ONU en matière de maintien de la paix et de la
sécurité internationales.
257 CORNU (Gérard), Vocabulaire juridique, op.
cit., p.740.
258 Ibidem.
259 Document des Nations Unies A/50/711 et S/1995/911,
Amélioration de la capacité de prévention des conflits
et du maintien de la paix en Afrique : Rapport du Secrétaire
général [Boutros BOUTROS-GHALI], New York, 1er novembre
1995, paragraphe 4.
260 Discours du Secrétaire général de
l'ONU, Kofi ANNAN, à l'Assemblée des Chefs d'État et de
Gouvernement de l'Union africaine, Maputo, Mozambique, 10 juillet 2003.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 83
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
En tout état de cause, les organisations africaines
régionales et sous-régionales ont un important rôle
à jouer dans la promotion de la paix et de la sécurité sur
le continent. Les forces régionales africaines tendent à mieux
comprendre l'histoire de la région et ont, par conséquent, une
claire perception des causes premières des conflits
locaux261. En outre, les parties au conflit considèrent
parfois les forces venant de l'extérieur comme étrangères
à la situation, alors qu'une force régionale pourrait être
vue différemment et avoir ainsi plus de chances de
succès262.
L'objectif de cette partie est de mettre en exergue les
différents caractères de ces expressions du partenariat entre la
CEEAC/UA et l'ONU dans le cadre du maintien de la paix et de la
sécurité dans le monde en général, et en RCA depuis
le changement anticonstitutionnel de 2013 en particulier. En effet, qu'il
s'agisse de l'ONU ou des organismes régionaux considérés,
l'on peut clairement voir les expressions263 tant théoriques
(Chapitre I) que pratiques (Chapitre II) de
ce partenariat CEEAC/UA-ONU dans le cadre du conflit en RCA.
261 VIJAY KUMAR (Jetley), « Le maintien de la paix par
des organisations régionales », ASPJ Afrique &
Francophonie, 3ème trimestre 2010, p. 29.
262 Idem.
263 Etant polysémique, ce mot doit ici être entendu
comme symptômes ou signes révélateurs.
CHAPITRE I :
LES EXPRESSIONS THEORIQUES DU PARTENARIAT CEEAC/UA -
ONU DANS LE CADRE DU CONFLIT EN
RCA
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 84
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 85
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
La conclusion de la deuxième guerre mondiale
s'accompagna d'un sentiment général de fin des troubles et des
conflits qui annonçait un âge d'or de paix. Ce fut peut-être
une des raisons pour lesquelles on ne trouve dans la Charte de l'ONU
nouvellement créée aucune mention de « maintien de la
paix264 ». L'ONU ne prévoyait alors pas qu'elle devrait
un jour intervenir dans un endroit quelconque pour rétablir une
situation. Cette euphorie ne dura toutefois pas longtemps car, à la
suite de la décolonisation, l'ONU se vit assaillir de demandes d'aide
dans des points chauds du monde entier.
Le fait que les ressources dont disposait l'ONU
n'étaient jamais suffisantes pour satisfaire la demande donna naissance
à de nombreuses initiatives régionales265. Ces
initiatives entreprirent de résoudre des problèmes épineux
locaux par elles-mêmes ou sous l'égide de l'ONU. Cette logique
traduit à bien des égards l'interaction ou mieux le partenariat
qui se noue entre l'ONU et ses organismes régionaux en matière de
maintien de la paix mondiale.
S'il s'avère qu'il existe une relation partenariale
entre l'ONU et les organisations régionales en général et
la CEEAC et l'UA en particulier dans le cadre du processus de résolution
de la crise centrafricaine considérée, il sied de
présenter les expressions de celui-ci par chacune de ces organisations ;
d'abord au niveau de l'ONU (Section I), et ensuite au niveau
de la CEEAC et de l'UA (Section II). Il faut noter qu'il
s'agit, parlant de ces expressions, des instruments juridiques impersonnels
(leur caractère) et dons applicables par déduction au cas
centrafricain
SECTION I : LES EXPRESSIONS ONUSIENNES DU PARTENARIAT
ONU-CEEAC/UA, DES INSTRUMENTS JURIDIQUES IMPERSONNELS, APPLICABLES PAR
DEDUCTION AU CAS CENTRAFRICAIN
Par expressions onusiennes (du partenariat), l'on entend (la
mise en avant de) différents textes élaborés à
l'initiative de l'ONU en générale et quelques-uns de ces organes
en particulier pour traiter de la question du partenariat. Certes, ces textes
n'ont pas un lien direct ou strict avec la question du conflit centrafricain
(du fait de leur portée générale) mais deux raisons
principales permettent de les mettre en avant dans le cadre de cette
étude. D'abord, l'exclusivité de ces textes concerne les
organismes (sous) régionaux et donc la CEEAC puis l'UA. Et ensuite en
raison de l'appartenance de la RCA à ces organisations, il
s'avère que, par
264 VIJAY KUMAR (Jetley), art. cit., p. 24.
265 Idem.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 86
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
déduction, ils peuvent (ces textes) lui être
(indirectement) applicables (également à tous les autres Etats
membres de ces organisations).
Le système des NU est constitué de six organes
principaux266 auxquels ont été ajoutés au fil
du temps divers organismes, institutions et programmes267 ayant une
vocation plus spécifique. Il y a l'Assemblée
générale, le Conseil de sécurité, le Conseil
économique et social, le Conseil de tutelle, la Cour internationale de
justice et le Secrétariat. Le Conseil de sécurité
(Paragraphe I), le Secrétariat et l'Assemblée
générale (Paragraphe II) paraissent davantage
importants pour la présentation de ces expressions.
PARAGRAPHE I : Le Conseil de sécurité et
les expressions du partenariat
Composé de quinze membres dont cinq
permanents268 pourvus du droit de véto269 et dix
élus à titre de membres non permanents pour une durée de
deux ans270 (renouvelés par moitié tous les ans), le
Conseil de sécurité peut faire des recommandations ou prendre des
mesures appelées résolutions qu'il juge nécessaires et qui
engagent l'ONU pour l'accomplissement de sa responsabilité principale de
maintien de la paix et de la sécurité internationales.
C'est en vertu de ce pouvoir qu'il a adopté les
résolutions 1631 (2005) et 2033 (2012) sur le partenariat,
respectivement entre lui et les organisations régionales
(A) et les organisations régionales et sous
régionales (B) dans le domaine du maintien de la paix
et de la sécurité internationales ; lesquelles résolutions
sont respectivement assimilables à un « édit » sur un
partenariat moins solide et structuré, et au produit d'un satisfecit et
d'une volonté de consolidation du partenariat ONU-organismes
régionaux.
266 Article 7 (1) de la Charte.
La Charte prévoit, dans le second paragraphe du
même article, la possibilité de création des organes
subsidiaires qui se relèveraient nécessaires.
C'est ainsi que l'on a, par exemple, comme organes
subsidiaires du Conseil de sécurité le Tribunal Pénal
International pour le Rwanda (TPIR), le Tribunal Pénal International
pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) ; et comme organes subsidiaires de
l'Assemblée générale le Conseil des droits de l'homme des
Nations Unies ou la Commission du Droit International (CDI).
267 L'UNICEF, l'OMS, le FMI, le PNUD en sont des
illustrations.
268 Il s'agit des principales puissances alliées dans
l'entre deux guerres mondiales dont la Chine, les Etats-Unis d'Amérique,
la France, le Royaume-Uni et la Russie.
269 Il s'agit d'un droit accordé uniquement aux cinq
membres permanents de ce Conseil, qui leur permet de bloquer toute
résolution ou décision, quelle que soit l'opinion majoritaire du
Conseil.
Les cinq membres permanents exercent ce droit quand ils votent
négativement, mais une abstention ou une absence n'est pas
considérée comme un veto.
Pour les votes concernant les questions de procédure,
le droit de veto ne peut être exercé, ce qui permet ainsi au
Conseil de pouvoir débattre d'un projet de résolution même
s'il est fort probable qu'un des cinq y mette son veto.
270 Article 23 (2) de la Charte.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 87
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
A- Résolution 1631 (2005), « édit »
sur un partenariat moins solide et structuré
Les résolutions des Nations Unies sont l'expression
formelle de l'opinion ou de la volonté des organes qui les adoptent.
Adoptée par le Conseil de sécurité à sa
5282ème séance, le 17 octobre 2005 à New York,
la résolution 1631 a un cadre formel et un cadre substantiel. Si le
premier peut être considéré comme le reflet à
demi-teinte de la thèse sus-évoquée (1),
le second, lui, n'est pas moins le reflet explicite de cette même
thèse (2).
1- Le cadre formel de la résolution 1631(2005),
reflet à demi-teinte de la thèse du
partenariat moins solide et structuré
ONU-organisations régionales
Une décision prise dans le Document final du Sommet
mondial271 de 2005, une invitation lancée alors en 1993
et un constat par rapport au rôle des organisations régionales
dans le cadre du maintien de la paix et de la sécurité
internationales constituent, principalement, les considérations sur la
base desquelles la résolution 1631 (2005) a été
adoptée.
Le Conseil s'est dit satisfait de la décision prise
dans le Document final du Sommet mondial de créer une commission de
consolidation de la paix, et dit attendre avec intérêt sa mise en
place comme un moyen important de coopération et de contact entre le
Conseil de sécurité et les organisations régionales pour
la consolidation de la paix et le redressement après les
conflits272.
Le Conseil a rappelé l'invitation qu'il a lancée
en janvier 1993 aux organisations régionales afin qu'elles
améliorent la coordination avec l'ONU et en outre la Déclaration
de décembre 1994 de l'Assemblée générale sur le
renforcement de la coopération entre l'ONU et les accords ou organismes
régionaux (A/RES/49/57), la séance qu'il a consacrée au
thème « Le Conseil de sécurité et les organisations
régionales face aux nouveaux défis à la paix et à
la sécurité internationales », tenue le 11 avril 2003 sous
la présidence mexicaine du Conseil, et
271 Le Sommet mondial de 2005 qui s'est tenu du 14 au 16
septembre 2005 au siège de l'ONU à New York était un
sommet de suivi du Sommet du Millénaire des Nations Unies qui a abouti
à la Déclaration du Millénaire sur les Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD).
Des représentants, y compris de nombreux dirigeants,
des 193 Etats membres de l'Organisation se sont réunis pour ce que les
Nations Unies ont décrit comme « une occasion unique de prendre des
décisions audacieuses dans les domaines du développement, de la
sécurité, des droits de l'homme et réforme des Nations
Unies ». C'est alors à la fin dudit sommet de 2005 que le contenu
d'un document, connu sous le nom de Document final du Sommet mondial a
été approuvé par les délégations
présentes. Pour plus d'informations, consulter A/RES/60/1.
272 S/RES/1631 (2005), paragraphe 10 du préambule.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 88
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
le débat qu'il a tenu le 20 juillet 2004, sous la
présidence roumaine du Conseil, sur la coopération entre l'ONU et
les organisations régionales dans les processus de
stabilisation273.
Le Conseil a souligné la contribution croissante
qu'apportent les organisations régionales en coopération avec
l'ONU qui peut utilement compléter l'action menée par
l'Organisation en matière de maintien de la paix et de la
sécurité internationales274. Il faut se
référer au cadre substantiel de cette résolution pour la
comprendre davantage.
2- Le cadre substantiel de la résolution
1631(2005), reflet explicite de la thèse du partenariat moins solide et
structuré ONU-organisations régionales
Dans le cadre de la résolution 1631 (2005) portant sur
le partenariat entre l'ONU et les organismes régionaux en matière
de maintien de la paix et de la sécurité internationales, le
Conseil de sécurité a fait deux importantes
déclarations.
La première concerne son attachement au renforcement de
ce partenariat. Pour cela, il « Se déclare résolu
à prendre les mesures appropriées pour renforcer la
coopération entre l'ONU et les organisations régionales (...) en
vue de maintenir la paix et la sécurité internationales,
(...)275 ».
Et la seconde concerne son désir pour une
institutionnalisation des rencontres. A cet effet, il « Se
déclare disposé à tenir des réunions
régulières avec les chefs des organisations régionales (
...) afin de renforcer l'interaction et la coopération avec ces
organisations dans le domaine du maintien de la paix et de la
sécurité internationales, en faisant en sorte que ces
réunions coïncident, autant que possible, avec les réunions
de haut niveau que l'ONU tient avec les organisations régionales et
autres organisations intergouvernementales afin d'améliorer
l'efficacité de la participation et d'assurer la
complémentarité des ordres du jour quant aux questions de
fond276; ».
Par ailleurs, le Conseil de sécurité tient
vraisemblablement à cette relation de partenariat au point de
recommander une meilleure communication entre l'ONU et les organisations
régionales, notamment par l'intermédiaire d'attachés de
liaison et la tenue de consultations à tous les niveaux
pertinents.277 Une autre résolution plus inclusive vient
compléter les expressions théoriques de ce partenariat.
273 Ibid, paragraphe 4.
274 Ibid, paragraphe 7.
275 S/RES/1631 (2005), paragraphe 1 du dispositif.
276 Ibid, paragraphe 7.
277 Ibid, paragraphe 8.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 89
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
B- Résolution 2033 (2012), produit d'un
satisfecit et d'une volonté de consolidation du partenariat
ONU-organismes régionaux
Les résolutions des Nations Unies, en particulier,
comprennent généralement deux parties distinctes : le
préambule et le dispositif. Le préambule expose les
considérations sur la base desquelles une décision est prise, une
opinion est exprimée ou des directives sont données. Et le
dispositif énonce quant à lui l'opinion ou la décision ou
la décision de l'organe dont émane la résolution.
Il faut s'approprier la théorie ci-haut en mettant en
avant le préambule de cette résolution (adoptée par le
Conseil de sécurité à sa 6702e séance,
le 12 janvier 2012) en tant que « lieu » d'expression de satisfecit
sur le partenariat ONU-organismes régionaux (1), et son
dispositif en tant que révélateur de la volonté de
consolidation de ce partenariat (2).
1- Le préambule de la résolution
2033(2012), « lieu » d'expression du satisfecit sur le partenariat
ONU-organismes régionaux
Les articulations du préambule de la résolution
2033 (2012) se retrouvent essentiellement entre reconnaissance d'importance des
organisations régionales, notamment de l'UA, et sous régionales
pour un partenariat dans le domaine considéré et dressement d'un
bilan et perspectives par rapport au partenariat entre l'Organisation et les
organismes pertinents.
En ce qui concerne la reconnaissance d'importance de ces
organismes, l'on peut percevoir tour à tour : le rappel, par le Conseil,
des déclarations de son président qui soulignent combien il
importe d'établir des partenariats efficaces entre l'ONU et les
organisations régionales, en particulier l'Union Africaine,
conformément à la Charte des NU et aux textes pertinents des
organisations régionales et sous-régionales278 ; la
réaffirmation selon laquelle la coopération avec les
organisations régionales et sous-régionales pour ce qui concerne
le maintien de la paix et de la sécurité peut améliorer la
sécurité collective279 ; la considération selon
laquelle les organisations régionales sont bien placées pour
appréhender les causes des conflits armés du fait de leur
connaissance de la région qui peut être utile à la
prévention ou au règlement de ces conflits280 et la
mise en avant de l'intérêt qu'il y aurait à
278 S/RES/2033 (2012), préambule, paragraphe 1.
279 Ibid. paragraphe 3.
280 Ibid. paragraphe 4.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 90
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
nouer des partenariats efficaces avec les organisations
régionales et sous-régionales, afin de pouvoir intervenir
dès le début des différends ou dès qu'apparaissent
de nouvelles crises281.
Et en ce qui concerne le dressement d'un bilan et perspectives
; le Conseil, en constatant d'une part, des progrès
accomplis282 (la contribution croissante de l'UA aux initiatives
tendant à régler les conflits sur le continent, ses initiatives
de paix conduites par l'intermédiaire des organisations
sous-régionales283 et celle du Bureau des Nations Unies
auprès de l'UA (BNUUA) au renforcement de la coordination et de la
coopération entre l'ONU et l'UA284), et d'autre part des
imperfections dans le cadre de ce partenariat (difficile acquittement efficace
par les organisations régionales, notamment l'UA, de leurs mandats en
matière de maintien de la paix et de la sécurité
régionales285), considère qu'il importe de renforcer
les moyens des organisations régionales et sous-régionales en
matière de prévention des conflits, de gestion des crises et de
stabilisation au lendemain de conflits286. Qu'est-ce qui est dit
dans le dispositif de cette résolution ?
2- Le dispositif de la résolution 2033(2012),
révélateur de la volonté de consolidation du partenariat
ONU-organismes régionaux
Les articulations plus pertinentes du dispositif de la
résolution 2033 (2012) sont comprises entre prière, demande et
décisions.
D'abord, le Conseil de sécurité prie le
Secrétaire général (de l'ONU) de tenir des consultations
étroites avec l'Union Africaine et les CER, ainsi qu'avec des
partenaires internationaux, sur les questions liées à la paix et
à la sécurité en Afrique, en particulier dans le cadre de
la prévention et du règlement des conflits.287
Ensuite, il demande au BNUUA de poursuivre ses efforts visant
à renforcer la coopération entre le Secrétariat de
l'Organisation des NU et la Commission de l'UA, y compris dans le domaine de la
médiation. A cette occasion, il souligne qu'il importe
d'accélérer la mise en oeuvre, en étroite consultation
avec les autres partenaires internationaux, du Programme décennal
ONU-Union Africaine de renforcement des capacités de l'UA de 2006 qui
est principalement axé sur la paix et la sécurité, en
particulier la mise en
281 Ibid. paragraphe 5.
282 Ibid. paragraphe 10.
283 Ibid. paragraphe 8.
284 Ibid. paragraphe 14.
285 Ibid. paragraphe 12.
286 Ibid. paragraphe 11.
287 S/RES/2033 (2012), dispositif, paragraphe 9.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 91
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
place de l'AAPS, à titre de contribution importante
à la prévention des conflits sur le continent
africain288.
Enfin, il décide, en consultation avec le CPS de l'UA,
de mettre au point de nouveaux moyens de renforcer les relations entre les deux
Conseils, notamment en accroissant l'efficacité des réunions
consultatives annuelles, en tenant des consultations en temps opportun et en
organisant des missions sur le terrain conduites en collaboration par les deux
Conseils, selon qu'il conviendra, en vue d'élaborer des cadres et des
stratégies cohérentes, au cas par cas, pour faire face à
des situations de conflit en Afrique289.
Il se porte garant en décidant également
d'assurer le suivi des communiqués des réunions consultatives
annuelles des deux Conseils, notamment dans le cadre du Groupe de travail
spécial sur la prévention et le règlement des conflits en
Afrique290. Le Secrétariat et l'Assemblée
générale et de l'ONU, ayant également
compétence291 en matière de maintien de la paix et de
la sécurité internationales, ont produit ou adopté des
textes traitant du partenariat avec les organismes régionaux.
PARAGRAPHE II : Le Secrétariat,
l'Assemblée générale et les expressions du
partenariat
Le Secrétariat est l'un des organes principaux de
l'ONU. Ayant à sa tête un Secrétaire général
nommé par l'Assemblée générale sur recommandation
du Conseil de sécurité292, celui-ci peut, dans le
prolongement des articles 98293 et 99294,
présenter ou produire des textes en rapport aux stratégies pour
le maintien de la paix et de la sécurité internationales : c'est
à ce titre qu'il y a eu ce qu'on appelle couramment les Agendas pour la
paix et qui sont entre conception « brute295 » et
conception « nette296 » d'un partenariat ONU-organismes
régionaux (A).
288 Ibid, paragraphe 11.
289 Ibid, paragraphe 17.
290 Ibid, paragraphe 18.
291 Il s'agit d'une compétence subsidiaire.
292 Charte des Nations Unies, art. 97.
293 Le Secrétaire général agit en cette
qualité à toutes les réunions de l'Assemblée
générale, du Conseil de sécurité, du Conseil
économique et social et du Conseil de tutelle. Il remplit toutes autres
fonctions dont il est chargé par ces organes. Il présente
à l'Assemblée générale un rapport annuel sur
l'activité de l'Organisation.
294 Le Secrétaire général peut attirer
l'attention du Conseil de sécurité sur toute affaire qui,
à son avis, pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de la
sécurité internationales.
295 L'on parle de conception brute pour justifier le
caractère moins précis du régime juridique de ce
partenariat ONU-organismes régionaux.
296 Le terme conception nette est utilisée pour
traduire le caractère plus précis du régime juridique de
ce partenariat, notamment leurs formes.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 92
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
Seul des organes principaux de l'ONU au sein duquel tous les
Etats Membres sont représentés297 et disposent d'une
voix298, l'Assemblée générale « peut
discuter toutes questions ou affaires rentrant dans le cadre de la
présente Charte ou se rapportant aux pouvoirs et fonctions de l'un
quelconque des organes prévus dans la présente
Charte299 ... ». C'est à ce titre qu'elle a
adopté la résolution A/RES/55/22 relative au partenariat entre
l'ONU et la CEEAC qui est entre développement
rationnalisé300 d'un partenariat et développement d'un
partenariat avec une organisation précise301
(B).
A- Le Secrétariat et les Agendas pour la paix :
entre conception « brute » et conception « nette » d'un
partenariat ONU-organismes régionaux
Le mot Agenda n'est pas fondamentalement distinct de celui
utilisé dans le langage courant. Carnet où l'on inscrit jour par
jour ce que l'on doit faire302, l'agenda de l'ONU est un document
dans lequel sont formulées des recommandations, des stratégies
dans le cadre du maintien de la paix et de la sécurité dans le
monde.
Si d'une part l'Agenda pour la paix de 1992 est
considéré comme la conception « brute » de ce
partenariat ONU-organismes régionaux (1), d'autre part,
le Supplément à l'Agenda pour la paix de 1995 est
considéré comme la conception « nette » de ce
partenariat (2).
1- L'Agenda pour la paix de 1992, conception
« brute » du partenariat ONU-organismes régionaux
Le 31 janvier 1992, le Conseil de sécurité tient
sa première réunion au niveau de Chefs d'Etat et de Gouvernement
avec pour thème « La responsabilité du Conseil de
sécurité en ce qui concerne le maintien de la paix et de la
sécurité internationales ». A l'issue de cette
réunion, les membres du Conseil de sécurité invitent alors
« le Secrétaire général à élaborer une
étude et des recommandations sur le moyen de renforcer la
capacité de l'Organisation dans les domaines de la diplomatie
préventive, du maintien et du rétablissement de la paix, et
297 Charte des Nations Unies, op. cit., art. 9 (1).
298 Ibid, art. 18 (1).
299 Ibid, art. 10.
300 Le terme développement rationnalisé est
utilisé en raison de la méthode procédurale de
l'Assemblée générale. Cette dernière s'est d'abord
rassurée de la compatibilité des activités de la CEEAC aux
buts et aux principes des Nations Unies (en étudiant le Traité
d'institution de celle-ci) avant de développer le lien de partenariat
avec elle.
301 Il s'agit de la CEEAC.
302 Dictionnaire de français Le Robert, op.
cit., p. 10.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 93
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
sur la façon d'accroître son efficacité
dans le cadre des dispositions de la Charte303 ». C'est ainsi
que le Secrétaire général, Boutros Boutros-Ghali, et ses
services vont rédiger en 1992 « Agenda pour la paix : diplomatie
préventive, rétablissement de la paix, maintien de la paix
», ce que l'opinion appellera l'Agenda pour la paix de 1992.
Le septième point de l'Agenda pour la paix de 1992
aborde la question de la « coopération [ou partenariat] avec les
accords et organismes régionaux304 ».
Après avoir passé en revue les succès
enregistrés grâce à l'intervention des organismes
régionaux305, le Secrétaire général fait
l'« apologie », reconnait l'importance de ceux-ci (« ... de
nouvelles chances s'offrent à nous [ONU], les accords et
organismes régionaux peuvent [nous] rendre de grands
services306 » et affirme sans détour que «
les accords et organismes régionaux possèdent dans de
nombreux cas un potentiel qui pourrait contribuer à l'accomplissement
des fonctions examinées dans le présent rapport : diplomatie
préventive, maintien de la paix, rétablissement de la paix et
consolidation de la paix après les conflits307. » ;
quoi de plus pour confirmer les expressions théoriques du partenariat
qui existe entre ces acteurs. Quelques années plus tard, un autre Agenda
a été mis à jour.
2- Le Supplément à l'Agenda pour la
paix de 1995, conception « nette » du partenariat ONU-organismes
régionaux
Le « Supplément à l'Agenda pour la paix :
Rapport de situation présenté par le Secrétaire
général à l'occasion du cinquantenaire de l'Organisation
des Nations Unies » ou Supplément à l'Agenda pour la
paix est publié le 25 janvier 1995308.
« Le propos n'est pas ici de revoir l'"Agenda pour la
paix", (...) [mais] d'appeler l'attention sur certains secteurs dans
lesquels ont été rencontrées des difficultés
imprévues, ou prévues en partie seulement, et où il
importe que les États Membres prennent les "décisions difficiles"
dont je faisais mention il y a deux ans et demi de cela309.
». L'approche du cinquantenaire de l'ONU devrait inciter à une
réflexion nouvelle sur les échecs de la
303 S/23500 : Note du Président du Conseil de
sécurité à la suite de la réunion au Conseil au
niveau des chefs d'Etat ou de gouvernement, New York, 11 février
1992.
304 A/47/277 - S/24111 : Agenda pour la paix - Rapport
présenté par le Secrétaire général en
application de la déclaration adoptée par la Réunion au
sommet du Conseil de sécurité le 31 janvier 1992, New York,
17 juin 1992, 26p., p. 19.
305 Ibid, paragraphes 62-63.
306 Ibid, paragraphe 63.
307 Ibid, paragraphe 64.
308 A/50/60/ - S/1995/1 : Supplément à
l'Agenda pour la paix - Rapport de situation présenté par le
Secrétaire général à l'occasion du cinquantenaire
de l'Organisation des Nations Unies, New York, 25 janvier 1995, 25p.
309 Ibid, paragraphe 6, p. 3.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 94
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
première moitié des années 90 et les
efforts communs à entreprendre pour mieux gérer les crises.
Dans ce Supplément, le SG reconnait les limites de
l'Organisation dans la résolution des conflits intra-étatiques
où le consentement des parties est précaire et où
l'effondrement des institutions de l'Etat est total. Par exemple, « l'ONU
ne tient pas à assumer la responsabilité du maintien de l'ordre.
Elle ne peut pas non plus imposer une nouvelle structure politique ou de
nouvelles institutions nationales. Elle peut seulement aider les factions en
présence à faire l'effort nécessaire et commencer à
coexister de nouveau310. ». C'est ce qui, cette fois, aurait
poussé le SG à préciser davantage les différentes
formes de coopération entre l'ONU et les organisations
régionales311. On en dénombre cinq au total : a) la
consultation, b) l'appui diplomatique, c) l'appui opérationnel, d) le
codéploiement et e) les opérations conjointes.
C'est sans doute l'une des raisons pour lesquelles la docteur
Alexandra NOVOSSELOFF appréhende le Supplément à l'Agenda
pour la paix comme « un retour aux réalités du monde
interétatique312 ». L'Assemblée
générale n'est pas du reste dans cette démarche de
relation partenariale.
B- L'Assemblée générale et la
résolution A/RES/55/22 : entre développement rationalisé
d'un partenariat et développement d'un partenariat avec une organisation
précise
Adoptée par l'Assemblée générale
à sa 55e session le 11 janvier 2001, la résolution
A/RES/55/22 s'inscrit dans le cadre de la diplomatie de cet organe (onusien)
à s'affirmer de par les traditionnelles résolutions du Conseil de
sécurité, le plus souvent de portée
générale. Ainsi, l'Assemblée générale
exprime l'intérêt qu'il y à coopérer avec des
organismes régionaux de l'envergure de la CEEAC.
Il faut montrer les symptômes du développement
d'un partenariat rationnalisé dans le Préambule de cette
résolution (1) avant de faire le similaire exercice
dans son Corps, en ce qui concerne la marque du partenariat avec une
organisation précise (2).
310 A/50/60/ - S/1995/1, op. cit., paragraphe 14.
311 Ibid, paragraphe 86.
312 NOVOSSELOFF (Alexandra), « Agenda pour la paix
», ROP, 2010, consulté le 19 août 2018 sur
www.operationspaix.net .
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 95
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
1- Le Préambule de la résolution
A/RES/55/22 et les symptômes du développement rationalisé
d'un partenariat
Dans le préambule de la résolution de 2001,
l'Assemblée générale a pris le soin de rappeler quelques
textes initiés ou non par l'ONU. Il s'agit d'abord de « l'acte
constitutif de la Communauté économique des États
d'Afrique centrale313 [sic]», ensuite d'un Rapport du
Secrétaire général de l'ONU, enfin d'une
Déclaration.
S'agissant du premier texte, elle dit avoir à l'esprit
l'acte fondateur de cette Communauté qui a pour but le
développement économique de sa sous-région, la promotion
de la coopération économique et la création d'un
marché commun314. Mais par-delà, elle s'est
félicitée de la volonté des Chefs d'Etat de cet espace
à créer un mécanisme de la prévention, de la
gestion et du règlement des conflits315.
Le rapport du Secrétaire général sur
« Les causes des conflits et la promotion d'une paix et d'un
développement durables en Afrique316 » dont
l'Assemblée générale dit avoir à l'esprit et qui
lui a été présenté317 et au Conseil de
sécurité318, contient des recommandations relatives
à l'appui que l'ONU doit offrir aux initiatives régionales et
sous-régionales et au renforcement de la coordination entre celle-ci et
lesdites organisations régionales et sous-régionales en
matière de prévention des conflits et de maintien de la paix.
Enfin, l'Assemblée générale n'a pas
oublié la Déclaration du Millénaire319 du 8
septembre 2000, notamment son chapitre VII qui s'intitule «
Répondre aux besoins spéciaux de l'Afrique320 ».
Le Corps de cette résolution exprime mieux ce qui est contenu dans son
préambule.
313 En dehors de la déclinaison non fidèle du
sigle CEEAC, le terme utilisé par les rédacteurs de la norme
créatrice de cette Communauté est « TRAITE INSTITUANT LA
COMMUNAUTE ECONOMIQUE DES ETATS DE L'AFRIQUE CENTRALE (C.E.E.A.C) ».
314 A/RES/55/22, préambule, par. 1.
315 Ibid, par. 5.
316 A/52/871 - S/1998/318.
317 A/52/871.
318 S/1998/318.
319 A/RES/55/2.
320 Les Chefs d'Etat ou de Gouvernement ont
décidé ici d'encourager toutes initiatives régionales ou
sous-régionales allant dans le sens de la prévention des
conflits, de la stabilité politique et du financement régulier
des OMP menées sur le continent.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 96
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
2- Le Corps de la résolution A/RES/55/22 et la
marque d'un partenariat avec une organisation précise
Constatant que la CEEAC et l'ONU poursuivent les mêmes
buts et objectifs dans le cadre de leurs activités321,
l'Assemblée générale a adressé une série de
demandes au Secrétaire général, et a également pris
une décision.
En ce qui concerne les demandes, l'Assemblée
générale a d'abord dit au SG de prendre toute mesure voulue en
vue d'établir [un partenariat] entre l'ONU et la CEEAC322.
Ensuite, elle a demandé au SG d'apporter un soutien de l'Organisation
dans tous les domaines qui entreront dans le cadre du partenariat entre le
système des NU et la CEEAC, particulièrement en ce qui concerne
le renforcement des structures de la Communauté et la réalisation
de ses objectifs relatifs à la paix, à la sécurité,
à la démocratie et aux droits de l'homme, de manière
à faciliter le fonctionnement du Mécanisme d'Alerte Rapide en
Afrique Centrale (MARAC) comme moyen de prévenir les conflits
armés323. Enfin, elle a demandé au SG de lui
soumettre, à sa 56e session, un rapport sur l'application de
la présente résolution324.
Et pour ce qui est de la décision, celle-ci consiste
pour l'Assemblée générale d'inscrire à l'ordre du
jour provisoire de sa 56e session la question intitulée
« [partenariat] entre l'Organisation des Nations Unies et la
Communauté économique des États d'Afrique
centrale325 ». Si ces différents documents onusiens
constituent de signes théoriques inéluctables et
révélateurs de la relation de partenariat qui existe entre l'ONU
et les organismes régionaux en matière de maintien de la paix et
de la sécurité internationales, d'autres documents, cette fois
d'origine (sous) régionale, vont dans le même sens.
SECTION II : LES EXPRESSIONS DU PARTENARIAT CEEAC/UA-ONU,
DES INSTRUMENTS JURIDIQUES IMPERSONNELS, APPLICABLES PAR DEDUCTION AU CAS
CENTRAFRICAIN
Les expressions théoriques du partenariat CEEAC/UA-ONU
sont concernent essentiellement les textes édictés, soit par la
CEEAC, soit alors par l'Union Africaine dans le cadre de leur entendement de la
relation du partenariat avec les Nations Unies en matière de maintien de
la paix et de la sécurité internationales. Si ces textes sont de
portée générale et
321 A/RES/55/22, dispositif, par. 1.
322 Ibid. par. 2.
323 Ibid. par. 4.
324 Ibid. par. 8.
325 Ibid. par. 9.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 97
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
donc « militent » pour tous les Etats membres de
chacune des organisations considérées, l'on peut
considérer qu'ils sont applicables, de jure et par
déduction, dans le cadre de la prise en charge du conflit centrafricain.
Il existe donc un lien indirect entre ces textes et la question du conflit en
République en Centrafricaine.
Différentes expressions théoriques sur ce
partenariat existent au niveau de ces organismes régionaux. L'on peut
s'en convaincre d'abord au niveau de l'UA (Paragraphe I) et
ensuite au niveau de la CEEAC (Paragraphe II).
PARAGRAPHE I : Les expressions théoriques du
partenariat au niveau de l'Union Africaine
« Expression institutionnelle d'une
coopération régionale renforcée326 »,
l'UA, mieux encore son Acte constitutif consacre expressément, en son
article 5, l'existence de neuf (9) organes : (a) la Conférence de
l'Union, (b) le Conseil exécutif ; (c) le Parlement panafricain ;
(d) la Cour de justice ; (e) la Commission; (f) le
Comité des représentants permanents ; (g) les Comités
techniques spécialisés; (h) le Conseil économique, social
et culturel; (i) les institutions financières327.
Quelques-uns de ces organes, notamment la Conférence
(A) et la Commission (B) de l'Union
retiendront notre attention pour l'illustration des expressions
théoriques de ce partenariat.
A- La Conférence de l'Union et les expressions du
partenariat
Il s'agit de « l'organe suprême de l'Union
» et il « est composée des Chefs d'Etat et de
Gouvernement ou de leurs représentants dûment
accrédités328 ».
A la lecture simultanée de l'article 9329 de
l'Acte constitutif et du Règlement intérieur330
portant sur ses pouvoirs et attributions, on remarquera que la
Conférence dispose de larges
326 NTWARI (Guy-Fleury), L'Union africaine et la promotion
de la paix, de la sécurité et de la stabilité en Afrique,
op. cit., p. 82.
327 En vertu du Protocole sur les amendements à
l'Acte constitutif de l'Union africaine, cette énumération
sera complétée par l'insertion du Conseil de paix de
sécurité comme Organe de l'UA.
328 Acte constitutif de l'Union africaine, article 6,
para. 1 et2.
329 Sur le pouvoir de définition des politiques communes
de la Conférence de l'Union.
330 Doc. UA, Règlement intérieur de la
Conférence de l'union adopté lors de la Première
Session Ordinaire de la Conférence de l'Union tenue à Durban
(Afrique du Sud) en juillet 2002 (Cf. Doc. UA/Conf. de l'Union,
Décision sur la période intérimaire,
Assembly/AU/Dec.1(I), p. 1) et amendé depuis, lors de la Huitième
Session ordinaire tenue à Addis-Abeba (Ethiopie) en janvier 2007 (Cf.
Doc. UA/Conf. de l'Union, Décision sur les amendements
proposés aux Règlements intérieurs de la Conférence
de l'Union, du Conseil exécutif, du Comité des
Représentants permanents ainsi qu'aux Statuts de la Commission -
Doc. EX.CL/298 (X).
Assembly/AU/Dec. 146 (VIII), p. 1).
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 98
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
pouvoirs administratifs ou ce que l'on peut encore
considérer comme une fonction gouvernementale331.
C'est vraisemblablement en vertu de cette fonction sinon de ce
pouvoir que cette Conférence ait pris la Décision sur le
douzième rapport du Comité des dix sur la Réforme du
Conseil de sécurité des Nations Unies332 qui
révèle un partenariat institutionnalisé
(1) mais également la Déclaration sur le
Rapport du Conseil de Paix et de Sécurité sur ses
activités et l'Etat de la paix et de la sécurité en
Afrique333 qui sonne comme l'appel à la
reconsidération d'un partenariat préétabli
(2).
1- Décision Assembly/AU/Dec.485(XXI) ou «
révélation » d'un partenariat
institutionnalisé
Réunis à Addis-Abeba en Ethiopie les 20 et 21
mai 2013 à l'effet d'une session ordinaire, les Chefs d'Etat et de
Gouvernement de l'Union Africaine ont demandé aux Représentants
permanents africains du Comité des dix auprès des Nations Unies
de participer aux négociations intergouvernementales en cours sur la
réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies, de
continuer à assurer la liaison avec les autres Représentants
permanents africains auprès des Nations Unies, et également de
poursuivre le dialogue avec les autres États membres ainsi qu'avec les
groupes d'intérêt sur le processus de réforme, en vue de
défendre, d'appuyer et de promouvoir la position africaine commune. Il
convient de signaler que cette demande a été faite après
avoir pris note de l'évolution des négociations
intergouvernementales sur la réforme du Conseil de
sécurité des NU, en particulier des réunions de haut
niveau du Comité des dix chefs d'État et de gouvernement aux
niveaux des ministres des Affaires étrangères et des
Représentants permanents, tenues à Freetown en Sierra
Leone334. La Conférence a, en outre, invité la
Commission de l'Union à faciliter davantage les activités des
Représentants permanents africains du Comité des dix
auprès des Nations Unies concernant les négociations
intergouvernementales sur la réforme du Conseil de
sécurité des Nations Unies et les consultations connexes à
ce sujet335.
331 Selon Ignaz SEIDL-HOHENVELDERN, «
[d]éjà en droit interne, il est souvent malaisé de
distinguer les fonctions gouvernementales des fonctions administratives. Ces
frontières sont encore moins nettes dans le droit des organisations
internationales ». Voir la section 3 : rédigée par
SEIDL-HOHENVELDERN (Ignaz), « Les organes administratifs », in
DUPUY (R-J) (dir.), Manuel sur les organisations internationales / A
Handbook on International Organizations. Martinus Nijhoff Publishers,
1998, pp. 89-292.
332 Assembly/AU/Dec.485(XXI).
333 Assembly/AU/Decl. 1/(XXI).
334 Assembly/AU/Dec.485(XXI), 1.
335 Ibid, 9.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 99
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
Ce qu'il convient de retenir, en plus du fait que des parties
africaines et « parties onusiennes » s'inscrivent dans une dynamique
régulière de discussion en vue de cadrer leurs efforts pour faire
face aux questions de maintien de la paix et la sécurité dans le
monde, est l'aspect institutionnel de cette relation partenariale
révélée par la décision considérée.
En effet, dans le but de rendre plus fluide leurs visions quant aux causes des
conflits et stratégies à mettre en oeuvre pour les régler,
l'ONU et l'Union Africaine ont décidé de créer dans leurs
services réciproques des bureaux spécifiques à cet effet.
C'est ainsi que l'on a par exemple le BUNUUA et le Bureau de l'UA auprès
des Nations Unies. Mais il n'en est pas tout, une Déclaration de la
Conférence de l'Union s'inscrit aussi dans cette dynamique de
révélation de ce partenariat.
2- Déclaration Assembly/AU/Decl. 1/(XXI) ou «
révélation » de l'appel à la reconsidération
d'un partenariat non institutionnalisé
La Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement a
souligné, lors de la vingt et unième session ordinaire, «
la nécessité de construire un partenariat innovant, flexible,
concret et équilibré avec les partenaires internationaux, en
particulier avec les Nations Unies336... ».
Ce désir a été exprimé
préalablement à l'examen de l'état de la paix et de la
sécurité sur le continent et les mesures à prendre pour
accélérer la réalisation de l'objectif d'une Afrique sans
conflits, sur la base du rapport du Conseil de paix et de
sécurité sur ses activités et l'état de la paix et
de la sécurité en Afrique337. Aussi, la
Conférence a-t-elle noté la nécessité
d'accroître le niveau de financement au sein du continent pour marquer
l'appropriation et le leadership de l'Afrique, ainsi que les défis qui
se posent dans l'établissement de partenariats novateurs et flexibles
avec les Nations Unies et d'autres parties prenantes338. En
attendant, pour sa part, elle s'engage à augmenter
considérablement sa contribution au Fonds pour la paix, pour permettre
à l'Afrique de s'approprier pleinement de la promotion de la paix, de la
sécurité et de la stabilité sur le continent en demandant
à la Commission de lui présenter des propositions
concrètes y compris sur le transfert de contributions statutaires du
budget ordinaire de l'Union audit Fonds pour la paix 339. Quid
de la Commission ?
336 Ibid, 6.
337 Assembly/AU/Decl. 1/(XXI), par. 1.
338 Ibid, Par. 4. 339Ibid, 5.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page 100
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
B- La Commission de l'Union et les expressions du
partenariat
Si l'Acte constitutif, par une disposition
laconique340, semble figer la Commission dans un rôle de
secrétariat de l'UA, les Statuts de la Commission341 en
confirmant et en détaillant ce rôle342, semblent
néanmoins élargir ses attributions en comparaison à celles
de l'ancien Secrétariat général de l'OUA343.
En réalité, la mesure de la portée de
cette distinction et de la légitimité
intégrative344 de cet organe ne peut être
appréhendée de façon immédiate qu'à travers
l'analyse de la condition juridique de son dirigeant345. En
l'occurrence, il s'agit de celui que les Statuts de la Commission
confèrent la qualité de « Chef exécutif de la
Commission et d'Ordonnateur de la Commission346 ».
Cet état de choses dans le cadre de cette étude
peut se vérifier à travers le Rapport du Président de la
Commission de l'Union du 9 janvier 2012347 où il y a la
manifestation du désir d'une cohérence dans le partenariat entre
deux organisations (1) et le Rapport de la
340 Il s'agit de l'Article 20 de l'Acte constitutif.
341 Adoptés lors de la 1ère session de la
Conférence de l'Union (Voir Doc. UA/ Conf. de l'Union,
Décision sur la période intérimaire,
Assembly/AU/Dec.A-5 (I)). Publiés dans la RADIC vol. 13 (2005)
(« African Legal Materials - Documents juridiques africains », pp.
177-188).
342 Ce sont les attributions qualifiées par le
Professeur SALL de « mémoire » ou encore de «
notariale dans la mesure où elles consistent à suivre la vie
de l'Organisation, à recueillir les volontés des Etats membres
qui ont en main la destinée de celle-ci, dans les nombreuses
circonstances où ces volontés sont amenées à
s'exprimer ». SALL (Alioune), « Le Secrétaire
général de l'OUA et le Président de le Commission de
l'Union africaine : Etude comparative », in Revue juridique et
politique des pays francophones, 2010, n°4, pp. 443- 485., pp.
447-448. De manière concrète, il s'agit des compétences
énumérées à l'article 3, para. 2 des Statuts de la
commission de l'UA, aux litera e), j), k), l), o), u), y).
343 Pour le Professeur BOURGI, « la Commission fait
figure de symbole des nouvelles orientations de l'Union et de la volonté
de rompre avec les modes d'organisation et de fonctionnement du
Secrétariat général de l'OUA » BOURGI (Albert),
« L'Union africaine entre les textes et la réalité
», AFRI, Vol. 5, janvier 2004, p. 332.
344 Selon le Professeur SALL, la situation de la Commission
« (...) dans le cadre de l'UA, pourrait donc constituer une sorte
d'instrument de mesure du progrès accomplis dans la voie de la
supranationalité, c'est-à-dire des sacrifices de
souveraineté consentis par les Etats à l'occasion de la
substitution de l'OUA par l'UA ». Voir SALL (Alioune), art.
cit., p. 459.
345 En effet, on peut étendre le raisonnement du
tribunal administratif de l'Organisation Internationale pour le Travail (OIT)
dans l'affaire Tévoédjrè, quant au statut du chef
d'exécutif d'une organisation internationale, qu'il soit
dénommé Président, Directeur général,
Secrétaire général, etc. En l'espèce, ce tribunal
devait considérer que « [l]e Directeur général
[du BIT] joue dans l'Organisation un rôle auquel nul ne peut se
comparer ». Tribunal administratif de l'OIT, affaire
Tévoédjrè, jugement n°580, 20 décembre
1983, Rec. 1983, para. 13, b).
346 Cf. l'article 7 des Statuts de la Commission de l'UA. Pour
le Professeur SALL, la dénomination « chef exécutif de la
Commission » paraît maladroite. Selon lui, « ce
président n'est pas dans une situation d'exécutant des
volontés de la Commission (...) ». V. SALL (A.), art.
cit.,., p. 446.
347 PSC/PR/2. (CCCVII), CPS, 307ème
Réunion, Addis-Abeba, 9 janvier 2012.
Ce Rapport s'intitule Rapport du Président de la
Commission sur le partenariat entre l'Union Africaine et les Nations Unies dans
le domaine de la paix et de la sécurité : vers une plus grande
cohérence stratégique et politique.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 101
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
Présidente de la Commission de l'Union du 23 septembre
2013348 où, cette fois, ce désir (de cohérence)
est renouvelé (2).
1- Rapport du Président de la Commission de
l'Union du 9 janvier 2012, manifestation du désir d'une cohérence
dans le partenariat entre deux organisations
Grosso modo, ce rapport est articulé ainsi
qu'il suit : d'abord un rappel historique sur le partenariat UA - NU, ensuite
un état des lieux, enfin des recommandations.
Il est rappelé qu'au cours des dernières
années, les NU et l'UA ont reconnu la nécessité de
promouvoir leur coopération et leur collaboration. C'est ainsi qu'en
novembre 2006, Koffi ANNAN, alors SG des NU, et Alpha Oumar KONARE, alors
Président de la Commission de l'UA, ont signé la
Déclaration sur le renforcement de la coopération Nations
Unies-Union africaine : Cadre pour le Programme décennal de renforcement
des capacités de l'UA. L'objectif de la Déclaration est
d'accroître la coopération entre les deux organisations et de
renforcer l'interaction entre le système des Nations Unies dans son
ensemble, d'une part, l'UA, ses organisations régionales et sous
régionales et le Nouveau Partenariat pour le développement de
l'Afrique (NEPAD), de l'autre, afin de mieux contribuer au relèvement
des défis auxquels le continent africain est
confronté349.
Le rapport indique que les relations, d'une part, entre le la
Commission de l'UA et le Secrétariat des NU, et d'autre part, entre le
CPS et le Conseil de sécurité des NU ont enregistré des
progrès considérables350.
La Commission et le Secrétariat des NU coopèrent
à travers de nombreuses modalités, y compris une interaction
quotidienne au niveau opérationnel, des consultations, à chaque
fois que de besoin, entre le Commissaire à la Paix et à la
Sécurité et d'autres membres de la Commission, d'une part, et
leurs homologues des Nations Unies, de l'autre. Et le Président de la
Commission de l'UA affirme même d'ailleurs qu'« À
[son] niveau, [il] maintien[t] un contact
régulier avec le Secrétaire général sur les
questions nécessitant [leur]implication et attention
personnelles, en plus de réunions à Addis-Abeba, à New
York et ailleurs, chaque fois que possible351 ». Ce
rapport ajoute que, sur le terrain, l'UA et les NU ont
348 PSC/AHG/3. (CCCXCVII), CPS, 397ème Réunion au
niveau des Chefs d'Etat et de Gouvernement, New York, 23 septembre
2013.
Ce Rapport s'intitule Rapport de la Présidente de la
Commission sur le partenariat Union Africaine - Nations Unies :
l'impératif d'une plus grande cohérence.
349 Ibid, 4.
350 Ibid, 104.
351 Ibid, 60.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page 102
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
considérablement intensifié leur
coopération. Les Bureaux de Liaison et missions de l'UA dans les pays en
situation de conflit ou de post-conflit interagissent quotidiennement avec
leurs homologues des Nations Unies. Le niveau de consultation et de
coordination sur le terrain est significatif de la façon dont l'UA et
les Nations Unies pourraient mieux conjuguer leurs efforts et avantages
comparatifs respectifs dans la quête de la paix, de la
sécurité et de la stabilité en Afrique352.
Le CPS et le Conseil de sécurité ont
établi des liens étroits. Depuis 2007, ils ont tenu cinq
réunions consultatives, alternativement à Addis-Abeba (16 juin
2007, 16 mai 2009 et 21 mai 2011) et à New York (17 avril 2008 et 9
juillet 2010). Le partenariat entre les deux Conseils est fondé sur la
reconnaissance du fait que la réussite d'une action collective
nécessite une coopération efficace entre les deux
organes353. Toutefois, le rapport relève que les
progrès significatifs réalisés dans les relations entre
les deux organisations ne doivent pas nous faire perdre de vue que beaucoup
reste à faire354.
Ainsi, le rapport établit que la voie à suivre
Vers une convergence stratégique355 du partenariat
UA - ONU est : (i) approfondissement du partenariat stratégique sur la
base du Chapitre VIII, (ii) renforcer le dialogue sur les principes qui
sous-tendent le partenariat, (iii) une consultation plus structurée
entre le Conseil de sécurité et le CPS, (iv) renforcer
l'interaction entre les Présidents du Conseil de sécurité
et du CPS, (v) tenir des consultations ad hoc entre le Conseil de
sécurité et le CPS, (vi) un rôle plus important pour
l'Assemblée générale, (vii) résoudre la question
doctrinale concernant le déploiement des soldats de la paix et (viii)
établir des liens plus étroits dans le domaine de la
consolidation de la paix. Et dans le rapport, les principes en vue d'une
plus grande cohérence politique356 dans le partenariat
avec l'ONU sont : le soutien à l'appropriation et à la
définition des priorités par l'Afrique, une application souple et
novatrice du principe de subsidiarité, le respect mutuel et
l'adhésion au principe des avantages comparatifs, une division du
travail reposant sur la complémentarité. Ce désir de
cohérence est renouvelé dans le Rapport de 2013.
352 Idem.
353 Ibid, 42.
354 Ibid, 106.
355 Ibid, IX, p. 31.
356 Ibid, VIII, p. 28.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 103
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
2- Rapport de la Présidente de la Commission de
l'Union du 23 septembre 2013, renouvellement du désir d'une
cohérence dans le partenariat entre deux organisations
D'abord ce Rapport de la Présidente de la Commission de
l'Union africaine, alors madame Nkosazana DLAMINI ZUMA, est soumis en
application du paragraphe 6 de la Déclaration Assembly/AU/Decl.1 (XXI)
sur le Rapport du Conseil de Paix et de Sécurité de l'UA sur ses
activités et l'état de la paix et de la sécurité en
Afrique, adoptée par la 21ème session ordinaire de la
Conférence de l'Union, tenue à Addis-Abeba, les 26 et 27 mai
2013. Dans cette déclaration, la Conférence a souligné la
nécessité de bâtir un partenariat novateur, flexible,
orienté vers l'action et équilibré avec les partenaires
internationaux, en particulier les Nations Unies. Pour atteindre cet objectif,
la Conférence a demandé au Conseil de tenir une réunion au
sommet, afin d'examiner le partenariat avec les NU à la lumière
des difficultés rencontrées récemment sur la situation au
Mali et d'autres questions liées à la paix et à la
sécurité sur le continent, dont la RCA357.
Il convient de rappeler que « le partenariat avec les
Nations Unies dans le domaine de la paix et de la sécurité est
l'un des plus proéminents358. ». Dans
l'accomplissement de son mandat, et comme prévu dans le Protocole
relatif à la création du CPS, cet organe a noué des
relations avec le Conseil de sécurité des Nations Unies.
Ensuite, rappelant fondamentalement les mêmes principes
d'une plus grande cohérence politique359 contenus dans le
précédent Rapport360, la Présidente de la
Commission a recommandé des mesures suivantes361 dans le
cadre du partenariat UA - NU : (1) interprétation flexible et novatrice
du Chapitre VIII, (2) renforcer les consultations entre le CPS et le Conseil de
sécurité, (3) consultations plus étroites entre le
Secrétariat des Nations Unies et la Commission de l'UA et (4) traiter de
façon systématique et effective la question du financement
prévisible, durable et flexible des opérations de soutien
à la paix conduites par l'UA avec le consentement du Conseil de
sécurité.
Enfin, la Présidente de la Commission a fait
l'observation suivante « Des progrès significatifs ont
été enregistrés dans le partenariat entre les deux
organisations. Beaucoup n'en reste pas moins à faire. Il importe que
l'UA et les Nations unies intensifient leurs efforts
357 Ibid, 1.
358 Ibid, 2.
359 Ibid, II, p. 2.
360 Cf. Supra, note
88.
361 PSC/AHG/3. (CCCXCVII), op. cit.,
23.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page 104
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
pour que ce partenariat soit renforcé, sur la base
d'une lecture créative du Chapitre VIII de la Charte des Nations unies,
de la reconnaissance du rôle essentiel de l'UA et du fait que le soutien
des Nations Unies à l'UA s'agissant du maintien de la paix et de la
sécurité internationales est une partie intégrante de la
sécurité collective telle que définie par la Charte des
Nations Unies362. ». Si ces différents textes de
l'Union africaine sont des manifestations déterminantes cette relation
partenariale qui existe entre elle et l'ONU, il existe un autre acteur
également qui en manifeste, la CEEAC.
PARAGRAPHE II : Les expressions théoriques du
partenariat au niveau de la CEEAC L'article 7 du Traité
instituant la CEEAC établit au nombre de cinq les institutions de la
Communauté. Il s'agit de (a) la Conférence des chefs d'Etat et de
gouvernement, (b) le Conseil des ministres, (c) la Cour de justice, (d) le
Secrétariat général et (e) la Commission consultative. Il
faut noter que l'avènement du COPAX par la Décision des Chefs
d'Etat et de Gouvernement de Yaoundé du 25 février 1999
était l'occasion de créer quelques instances363 pour
la mise en oeuvre de son Protocole de création. Il y a la
Conférence des Chefs d'Etat, le Conseil des ministres et la Commission
de défense et de sécurité ; le Secrétariat
général.
En tout état de cause, qu'il s'agisse des institutions
établies par le Traité instituant la CEEAC ou des instances du
COPAX, il n'y a pas fondamentalement, sinon aucune distance du point de vue
leurs attributions ou compétences. L'on a par exemple, d'une part, le
Conseil des ministres du COPAX qui peut exercer tout mandat que lui donne la
Conférence des Chefs d'Etat. Rappelons que la Conférence des
Chefs d'Etat est l'institution suprême de la
Communauté364, c'est elle qui juge l'opportunité de
décider et de conduire toute initiative contribuant à la
consolidation ou au rétablissement de la paix et de la
sécurité à l'intérieur de la Communauté ou
à ses frontières365. La Déclaration du
Président du Conseil des ministres du 22 octobre 2002 au Conseil de
sécurité des NU que l'on peut appeler « Déclaration
d'octobre 2002, acte 1 » traduirait cet état de choses
(A). Et d'autre part, le Secrétariat
général de la CEEAC qui est la principale administration
exécutive de la Communauté366. A cet effet, il a pour
mission entre autres de promouvoir les programmes de développement et
les projets communautaires367. C'est ce qui aurait conduit le
Secrétaire général adjoint de cette
362 Ibid, 25.
363 Cf ; article 7 du Protocole COPAX, op. cit.
364 Article 8 (a) du Protocole COPAX et article 8 (2) du
Traité CEEAC.
365 Article 9 paragraphe 1 du Protocole COPAX.
366 Article 20 (1) du Traité CEEAC.
367 Ibid, (d).
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 105
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
Communauté à faire la Déclaration du 22
octobre 2002 au Conseil de sécurité des NU qu'il convient
d'appeler « Déclaration d'octobre 2002, acte 2 »
(B).
A- Le Conseil des ministres de la Communauté et
la « Déclaration d'octobre 2002, acte 1368
»
C'est lors de la 4630e session du Conseil de
sécurité des NU, tenue à New York le 22 octobre 2002 et
dont l'ordre du jour adopté porte sur le « Renforcement de la
coopération entre le système des Nations Unies et la
région de l'Afrique centrale pour le maintien de la paix et de la
sécurité » que le Président de ce Conseil, alors
monsieur BELINGA EBOUTOU Martin, Représentant du Cameroun auprès
de l'ONU, invite le Président du Conseil des ministres de la CEEAC,
alors monsieur Rodolphe ADADA à « prendre la place à la
table du Conseil et à faire sa déclaration ».
Cette déclaration contient à la fois des aspects
rétrospectifs qui, pour l'essentiel, constituent le récit d'une
évolution positive de la situation sécuritaire en Afrique
centrale, du fait de ce partenariat CEEAC-ONU (1) et
perspectifs qui traduisent le désir du renforcement du partenariat
CEEAC-ONU face au défi de la stabilité en Afrique centrale
(2) qu'il faut mettre en lumière.
1- Les aspects rétrospectifs de la
Déclaration, récit d'une évolution positive de la
situation sécuritaire en Afrique centrale du fait du partenariat
CEEAC-ONU Le Ministre des affaires étrangères, de la
coopération et de la francophonie du Congo, alors Président du
Conseil des ministres de la CEEAC a rappelé qu'il y a moins de deux
mois, du 26 au 30 août 2002, s'est tenue à Bangui (RCA), la
dix-huitième réunion ministérielle du Comité
consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de
sécurité en Afrique centrale, un instrument au service de la
diplomatie préventive qui vient de célébrer son
dixième anniversaire. Il a affirmé que la réunion de
Bangui a fait le constat d'une évolution plutôt positive de la
situation géopolitique et de sécurité dans la
sous-région. Cela, selon lui, grâce notamment à la bonne
volonté des parties au conflit, à diverses médiations tant
sous régionales qu'internationales et surtout à une réelle
prise de conscience de la part de la plupart des acteurs.
Estimant que les actions de consolidation de la paix en
Afrique centrale, par exemple, l'élaboration des programmes nationaux
avec l'assistance de la communauté internationale,
368 Cf. Lettre datée du 22 octobre 2002
adressée au Président du Conseil de sécurité par le
Représentant permanent du Cameroun auprès de l'Organisation des
Nations Unies (S/2002/1179), Nations Unies, Conseil de
sécurité, S/PV.4630, 57e année,4630e
séance, New York, Mardi 22 octobre 2002, pp. 2-30, pp. 13-14, et 15.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page 106
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
qui permettent de redonner confiance à toute une frange
de la population qui a besoin de se réinsérer dans la vie civile
revêtent aujourd'hui un caractère prioritaire. A ce sujet et
à titre illustratif, il a rappelé l'expérience
vécue par son propre pays, la République du Congo :
« Un programme a (...) été mis en
oeuvre avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD)
qui a donné des résultats encourageants (...). Huit mille neuf
ex-miliciens ont bénéficié d'une assistance à la
réinsertion dans le cadre d'un objectif qui visait au départ 10
000 ex combattants. Onze mille cent quatorze armes et munitions ont
été collectées ; une cérémonie dite «
Flamme de la paix » a été organisée en vue de la
destruction de ces armes. Près de 1,8 milliards de francs CFA ont
été engagés dans l'exécution de quelque 2 609
microprojets. (...) il y a encore environ 25 000 ex-miliciens recensés
qui attendent de bénéficier de ces programmes369
». Qu'est-ce qu'il faut dire des aspects perspectifs de cette
Déclaration ?
2- Les aspects perspectifs de la Déclaration,
désir du renforcement du partenariat CEEAC-ONU face au défi de la
stabilité en Afrique centrale
« Au nom de la CEEAC, je sollicite le renforcement du
concours de la communauté internationale, représentée ici
par le Conseil de sécurité, pour la mise en oeuvre de toutes les
initiatives concrètes destinées à consolider la paix et la
stabilité dans une zone appelée à jouer un rôle
majeur sur la scène internationale en raison de ses immenses
potentialités370. ». Telle est la perspective de
portée générale faite par le Président en exercice
de la CEEAC pendant cette déclaration.
Mais d'autres perspectives de portée spécifique
n'ont pas été mises du reste. Il s'agit par exemple de son
souhait selon lequel la Mission des NU (en Angola, créée le 15
août 2002 par le Conseil de sécurité) et d'autres
initiatives de la communauté internationale répondent à
l'appel lancé à Bangui par le Comité consultatif permanent
des Nations Unies sur les questions de sécurité en faveur des
actions de consolidation de la paix en Angola, telles que la
démobilisation et la réinsertion des ex-combattants, la
reconstruction et le relèvement économique de ce pays. Le
même appel a été lancé en faveur de la RDC
où, pour la première fois depuis des années, des lueurs
d'espoir d'un retour à la paix se dessinent, avec notamment le retrait
des troupes étrangères et les négociations pour un
dialogue inclusif.
« C'est également vers l'ONU et les autres
partenaires bilatéraux que [la CEEAC se tourne] pour la mise en oeuvre
d'un volet essentiel du communiqué publié à Libreville, le
2
369 Ibid, p. 13 et 14.
370 Ibid, p. 15.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 107
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
octobre 2002, à l'issue du sommet sur la situation
prévalant entre le Tchad et la RCA, à savoir le
déploiement de la force interafricaine d'observation le long de la
frontière entre ces deux pays, qui ont décidé de
normaliser leurs relations. [La CEEAC] ne doute pas de l'intérêt
que l'ONU saura accorder à cette démarche que [la CEEAC]
m[è]n[e] au nom de [sa] sous-région371. ».
Le Secrétaire général adjoint de la CEEAC a aussi fait une
Déclaration.
B- Le Secrétariat général de la
Communauté et la « Déclaration d'octobre 2002, acte
2372 »
C'est également lors de la 4630e session du
Conseil de sécurité des NU, tenue à New York le 22 octobre
2002 pour le même motif que le précédent que le
Président de ce Conseil invite le Secrétaire
général adjoint de la CEEAC, alors monsieur COSME Nelson à
« prendre la place à la table du Conseil et à faire sa
déclaration ».
Cette Déclaration peut être comprise à
travers son double objet : le premier qui est fondamental est une demande de
renforcement des liens de coopération entre la CEEAC et l'ONU
(1) ; et le second qui est complémentaire, concerne la
présentation de l'architecture de paix et de sécurité de
la CEEAC (2).
1- L'objet fondamental de la Déclaration :
demande de renforcement des liens partenariaux entre la CEEAC et l'ONU en
matière de maintien de la paix et de la
sécurité
« Nous demandons (...) le renforcement de nos liens
par une coopération accrue entre nos deux institutions. Nous devons pour
cela instaurer une coopération de proximité. Et pour que ce soit
possible, il nous faudra réduire ensemble la distance qui sépare
New York et Libreville, et cela, en renforçant les activités de
notre Communauté par des appuis concrets à travers les structures
et les différents départements de l'Organisation des Nations
Unies et la contribution et l'assistance de l'ensemble de la communauté
internationale373. ».
Cette demande a été faite après avoir
présenté et montré l'intérêt qu'il y a
à renforcer les initiatives de paix dans la sous-région Afrique
centrale. A ces effets, le Secrétaire général adjoint
affirme que la CEEAC, espace connu pour ses potentialités et qui
s'étend sur les 11 pays de l'Afrique centrale, est un espace
perturbé ; et que certains parmi ces États ont connu plusieurs
décennies de conflit (par exemple, le cas de l'Angola). C'est donc,
selon lui, une des
371 Idem, p. 14.
372 Lettre datée du 22 octobre 2002 adressée
au Président du Conseil de sécurité par le
Représentant permanent du Cameroun auprès de l'Organisation des
Nations Unies (S/2002/1179), op. cit., pp. 6-9.
373 COSME Nelson, Lettre datée du 22 octobre 2002
adressée au Président du Conseil de sécurité par le
Représentant permanent du Cameroun auprès de l'Organisation des
Nations Unies (S/2002/1179), op. cit, p. 9.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 108
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
raisons pour lesquelles cette Communauté se sent
concernée par les questions de paix et de sécurité et les
questions d'après conflit. Par ailleurs, il ajoute que la position
stratégique qui est offerte à notre sous-région la place
dans une situation charnière entre l'Afrique du Nord et l'Afrique
australe d'une part, et entre l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique de l'Est,
d'autre part. C'est dire que la paix et la sécurité de notre
sous-région conditionnent la stabilité de toutes les autres
sous-régions, et donc de tout le continent.
Aussi au nom de la CEEAC, le Secrétaire
général adjoint a demandé à l'Organisation des
Nations Unies de soutenir les programmes de développement des pays qui
ne sont pas directement affectés par les guerres et d'initier des
programmes de financement, de désarmement, de démobilisation, de
réinsertion, de réintégration et de réinstallation
des ex combattants dans des pays qui sont en situation post conflit. Si l'objet
fondamental cette Déclaration est important à connaitre, il en
est de même pour son objet complémentaire.
2- L'objet complémentaire de la
Déclaration : présentation de l'architecture de paix et de
sécurité de la CEEAC
« Le COPAX constitue l'élément
principal de l'architecture de paix et de sécurité en Afrique
centrale ; c'est un mécanisme de prévention, de maintien et de
consolidation de la paix et de la sécurité au niveau
régional374 ». Le COPAX est doté de trois
instruments dont la mise en oeuvre progressive nécessite
particulièrement l'appui de la communauté internationale,
déclare le Secrétaire général adjoint.
Monsieur COSME Nelson se réfère à la
Commission de défense et de sécurité, qui, dit-il, est
chargée d'examiner toutes les questions administratives, techniques et
logistiques de maintien de la paix en Afrique centrale et d'en évaluer
les besoins. Cette force, qui est donc le deuxième instrument du COPAX,
poursuit-il, est constituée de contingents nationaux interarmées,
de police, de gendarmerie et de modules civils des États membres de la
CEEAC, en vue d'accomplir des missions de paix, de sécurité et
d'assistance humanitaire.
Le Mécanisme d'Alerte Rapide en Afrique centrale
(MARAC), marque-t-il, est un instrument d'observation, de surveillance, de
prévention des crises et des conflits dans notre sous-région, et
c'est l'instrument chargé de la collecte et de l'analyse de tous les
événements de la sous-région aux fins de déclencher
des alertes. Pour son fonctionnement, il ajoute, le MARAC dispose d'une
structure centrale dont le siège, à Libreville, a
été gracieusement mis à notre disposition par la
République gabonaise.
374 Ibid, p. 7.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page 109
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
Enfin, le Secrétaire général adjoint dit
se référer au Pacte d'Assistance Mutuelle (PAM), l'instrument qui
engage les États à se prêter mutuellement assistance pour
leur défense contre toute menace d'agression ou toute agression
armée, au réseau de parlementaires de l'Afrique centrale,
prélude au Parlement sous-régional et au Centre
sous-régional des droits de l'homme et de la démocratie en
Afrique centrale, dont le siège est à Yaoundé
(Cameroun)375.
375 Ibid, p. 8.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page 110
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
CONCLUSION DU CHAPITRE I
Dans le cadre des expressions théoriques du partenariat
entre CEEAC/UA et ONU dans le cadre de gestion du conflit centrafricain, il
faut dire que les différents textes, entres autres Résolutions,
Décisions, Agendas, Rapports ou Déclarations, mis en avant ;
même si certains sont loin d'être juridiquement contraignants voire
« signifiants », et même édictés de façon
« unilatérale » témoignent, néanmoins sur la
forme ou dans le fond, qu'il y a une reconnaissance ou considération de
telle ou telle autre organisation (UA, CEEAC ou ONU) comme partenaire en
matière de maintien de la paix et de la sécurité ; et
c'étaient là les ambitions de ce chapitre. Même si aucun
contrat formel n'a été signé par ces acteurs dans le cadre
de la prise en charge du conflit survenu en RCA, les différents textes
mis en avant permettent de penser, dans une certaine mesure, qu'il est le cas.
Il reste maintenant à démontrer qu'ils le sont également
à travers des actions ou dans la pratique.
CHAPITRE II :
LES EXPRESSIONS PRATIQUES DU PARTENARIAT CEEAC/UA -
ONU DANS LE CADRE DU CONFLIT EN
RCA
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 111
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page 112
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
Pour paraphraser la professeure TERCINET376,
l'amplification du partenariat entre les organismes régionaux et l'ONU
en matière de maintien de la paix et de la sécurité dans
le monde en général, et en RCA en particulier, ne semble pas
constituer un phénomène réversible. Si en principe, la
CEEAC et l'UA revendiquent de jouer chacune, à travers leurs
architectures de paix et de sécurité respectives, le rôle
d'« Organisation de première instance » en matière de
maintien de la paix et de la sécurité dans leur espace
géographique, celles-ci ne perdent pas de vue la nécessité
de donner un effet pratique à leur partenariat patiemment construit avec
l'Organisation mondiale, et chargée, en vertu de la Charte, d'exercer
à titre principal le maintien de la paix et de la sécurité
internationales. Il s'agit concrètement de mettre en mouvement une
complémentarité active et palliative à certains
égards, des insuffisances, et des organismes régionaux, et aussi
de l'ONU.
Précisément dans le cadre du processus de
résolution du conflit centrafricain, deux principales tendances
émergent : d'une part, l'on observe que l'ONU a été et
demeure « au chevet » des organismes régionaux à
travers son intervention dont le but, en réalité, est de
consolider377 les acquis enregistrés en RCA grâce aux
initiatives de la CEEAC et de l'UA (Section I) ; et
inversement d'autre part, la CEEAC et l'UA ont été et demeurent
utiles à l'ONU à travers, également, leur intervention
(depuis le déploiement de la MINUSCA) dont le but n'est pas moins celui
de faciliter378 les tâches à la Mission de celle-ci
(Section II).
SECTION I : L'INTERVENTION CONSOLIDATRICE DE L'ONU AU
MOMENT DE LA PRISE EN CHARGE DU CONFLIT CENTRAFRICAIN PAR LA CEEAC ET
L'UA
La consolidation de la paix est un concept courant dans la
doctrine onusienne. Elle « ... comprend un éventail de mesures
visant à réduire le risque de retomber dans un conflit,
376 TERCINET (Josiane), « Régionalisme et
internationalisme : une conciliation difficile en matière de maintien de
la paix », in Le maintien de la paix et de la sécurité
internationales, Recueil d'études de Josiane TERCINET, Bruxelles,
Bruylant, 2012, p. 447.
377 Cette formulation trouve, en partie, son fondement dans la
compréhension du paragraphe 36 de la résolution 2149 (2014) du
Conseil de sécurité des NU sur le déploiement de la
MINUSCA. En effet, ce paragraphe dispose que le Conseil de
sécurité « Prie en outre la MINUSCA d'apporter son
assistance, dans la limite de ses ressources et de son mandat, aux efforts
politiques déployés par l'Union africaine et la CEEAC à
l'appui de la transition, une fois achevé le transfert d'autorité
de la MISCA à la MINUSCA ; ».
378 Deux considérations sont importantes pour justifier
cette pensée. D'une part, l'ONU ne dispose pas de Forces en attente pour
un quelconque déploiement sur le terrain ; par contre dans le cadre du
conflit centrafricain, il y a la MISCA ou Forces de l'UA/CEEAC qui est
déjà sur place ; leur intégration dans la Mission de l'ONU
facilite la constitution des troupes. Et d'autre part, l'initiative africaine
pour la paix en Centrafrique (que l'on étudiera plus tard) est une
oeuvre « parallèle » (étant entendu que
l'avènement de la MINUSCA met en principe fin à toute autre
intervention d'organismes régionaux) mais dont les ambitions vont dans
le sens de celles de la MINUSCA : restaurer la paix en RCA. Ce qui peut donc
être perçu comme une oeuvre de facilitation dans la
réalisation de l'objectif de l'ONU en RCA.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 113
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
par le renforcement, à tous les niveaux, des
capacités nationales de gestion de crise, et à établir les
fondations d'une paix et d'un développement
durables...379 ».
Si l'ONU est intervenue en RCA dans le but de consolider les
progrès ou acquis enregistrés grâce aux initiatives de la
CEEAC et de l'UA, cette intervention s'est faite, initialement, de façon
indirecte via l'UNICEF et le PNUD qui sont des interlocuteurs divers
(de l'ONU en RCA) et à qui une mission d'appui multiforme a
été confiée (Paragraphe I) et,
actuellement sinon finalement, de façon directe à travers la
MINUSCA qui devient l'unique interlocuteur (de l'ONU en RCA) avec une mission
d'appui également multiforme (Paragraphe II).
PARAGRAPHE I : Une intervention initialement indirecte
via l'UNICEF380 et le PNUD
L'UNICEF ou le Fonds des Nations Unies pour l'enfance est une
agence à d'obédience humanitaire de l'ONU381, et dont
l'objectif est d'améliorer les conditions de vie des hommes et en
particularité celles des enfants dans les pays du tiers-monde.
Concrètement, il « oeuvre avec d'autres[structures] en
vue de surmonter les obstacles dont la pauvreté, la violence, la maladie
et la discrimination qui jalonnent le cheminement de
l'enfant382 ». Et le PNUD, lui, est un programme des
Nations Unies dont le rôle est d'aider les pays en développement,
en leur fournissant des conseils mais également en plaidant leur cause
pour l'octroi des dons.
Ces différentes structures onusiennes ont
considérablement contribué à la consolidation de la paix
en RCA qu'il convient de les étudier différemment : d'abord
l'UNICEF (A), et ensuite le PNUD (B).
A- Le rôle non négligeable de l'UNICEF dans
la consolidation des acquis de la CEEAC/UA383 en RCA
La crise centrafricaine, qualifiée de « crise
oubliée384 », a atteint un paroxysme, lorsque les
rebelles Séléka ont envahi le pays, provoquant des pertes en vies
humaines et des déplacements massifs.
379 ONU - Bureau d'appui à la consolidation de la paix,
« La consolidation de la paix et l'ONU », consulté sur
http://www.un.org/fr/peacebuilding/pbso/pbun.shtml
le 26 août 2018.
380 United Nations
International Children's
Emergency Fund.
381 Elle est créée par l'Assemblée
générale le 11 décembre 1946.
382 ARIAS (Marta), DELALOYE (Romaine) et TORRES (Sandy) «
L'UNICEF ou la déconstruction critique de la documentation d'une
organisation travaillant avec les enfants », Séminaire sur
l'enfant travailleur, analyse de l'UNICEF, p.3.
383 Tout le développement qui concerne cette partie est
tiré essentiellement du « Les enfants dans la crise en
République centrafricaine. Un rapport d'activités à quatre
mois », de l'UNICEF, Mai 2014, 27 p.
384 GOURDIN (Patrice), « République centrafricaine :
géopolitique d'un pays oublié », art. cit.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page 114
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
Si les initiatives régionales ont eu une incidence dans
la contention de cette crise, la réponse de l'UNICEF l'a
été également à plus d'un titre : d'abord en ce qui
concerne l'approvisionnement en eau et l'assainissement (1),
et ensuite en ce qui concerne la promotion de l'hygiène et
l'accès à une éducation de qualité
(2).
1- UNICEF, un facilitateur en terme
d'approvisionnement en eau et
l'assainissement
Depuis la fin du mois de décembre 2013, malgré
des défis logistiques majeurs et l'insécurité persistante,
l'UNICEF a fourni un appui crucial, notamment des matériels
indispensables au traitement de l'eau, à SODECA (Société
de Distribution d'Eau en Centrafrique), la Société nationale
d'approvisionnement en eau, pour réhabiliter et étendre les
réseaux existants à Bangui la capitale, à d'autres villes
du pays comme Bossangoa, Bouar et Bambari385.
L'UNICEF s'emploie également à acheminer l'eau
par camion-citerne aux sites des personnes déplacées qui n'ont
pas accès au réseau local d'approvisionnement en eau. En outre,
il collabore avec le Gouvernement pour réhabiliter les pompes à
eau en zone rurale, et en a rétabli l'accès pour environ 15 000
personnes à Bambari et Bossangoa. Au total, suite aux efforts de
l'UNICEF et de ses partenaires, plus de 201 000 personnes dans des sites de
personnes déplacées à Bangui, Bossangoa et Bouar ont
reçu de l'eau potable, et 130 000 autres personnes ont reçu des
articles de première nécessité, comme des bidons et du
savon386. Cette agence de l'ONU concentre son attention sur les
sites de personnes déplacées à haut risque et fortement
peuplés. Ses efforts sont axés sur la construction, l'entretien
et la vidange de latrines pour les hommes, les femmes et les enfants
concernés qui vivent sur ces sites, principalement à Bangui et
Bossangoa. A la fin du mois de décembre, plus de 104 000 personnes ont,
de nouveau, accès à l'assainissement grâce à la
construction de latrines par l'UNICEF et ses partenaires387. La
promotion de l'hygiène et l'accès à une éducation
de qualité occupent aussi une place de choix dans l'agenda de l'UNICEF
en RCA.
2- UNICEF, un promoteur dans le cadre de
l'hygiène et de l'accès à une éducation de
qualité
Afin de s'assurer que les communautés ont reçu
des informations sur les comportements à adopter pour rester en bonne
santé et se protéger contre les maladies,
385 « Les enfants dans la crise en République
centrafricaine. Un rapport d'activités à quatre mois »,
op. cit., p. 6.
386 Idem.
387 Idem.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 115
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
l'UNICEF a associé la distribution d'articles d'urgence
à des messages soulignant l'importance du lavage des mains avec du
savon. Grâce à des campagnes de porte-à-porte, des groupes
de discussion et des messages de communication de masse, l'UNICEF et ses
partenaires ont touché plus de 130 000 personnes à Bangui,
Bossangoa, Bouar, Bambari et Kaga Bandoro afin de les sensibiliser à une
bonne hygiène, autant d'informations capitales à l'approche de la
saison des pluies388.
Malgré une insécurité et des
difficultés logistiques omniprésentes, l'UNICEF et ses
partenaires ont mis en place 118 espaces temporaires d'apprentissage et de
protection des enfants proposant des activités éducatives et de
loisirs adaptées à leur âge, ainsi que des services de
protection de l'enfance, afin de garantir la continuité de
l'éducation pour plus de 23 000 enfants dans les sites de personnes
déplacées de Bangui et Bossangoa. L'UNICEF a apporté des
fournitures éducatives et s'est chargé de la formation des
enseignants pour ces espaces, qui offrent également un soutien
psychosocial, des compétences nécessaires à la vie
courante et des initiatives de consolidation de la paix dans un environnement
d'apprentissage sûr. L'UNICEF a atteint 23% des enfants ciblés
pour l'accès à l'éducation, mais seulement 6% des enfants
ciblés ont reçu une éducation de qualité, car les
parents ont toujours peur d'envoyer leurs enfants à l'école
à cause de l'insécurité 389.
L'UNICEF appuie le Ministère de l'éducation dans
ses efforts pour faire revenir les enseignants et les élèves
à l'école en fournissant le matériel d'apprentissage, en
effectuant le suivi du nombre d'écoles ouvertes, en collaborant avec le
PAM sur un programme de repas scolaires et en préparant la formation et
la mise en place de cours de rattrapage dans les régions où la
sécurité le permet390. Le PNUD n'est pas du reste dans
cette logique de consolidation de la paix en RCA, mieux encore, des acquis de
la CEEAC/UA.
B- Le rôle central du PNUD dans la consolidation des
acquis de la CEEAC/UA en
RCA
Présent en RCA depuis 1976, c'est dans un contexte
complexe et (encore) fragile, que le PNUD a continué à soutenir
ce pays dans les domaines qui concernent le développement humain et le
retour à la paix pendant et après les efforts de la CEEAC et de
l'UA. Partant des leçons apprises au cours de ce cycle, les orientations
du PNUD en appui à la RCA, approuvées par son Conseil
d'Administration se sont accrues.
388 Idem.
389 Ibid, p. 8.
390 Idem.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page 116
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
C'est ainsi qu'en redéfinissant ses
références afin de donner une signification plus tangible
à ses actions, il a appuyé les efforts de la CEEAC/UA à
travers la promotion des droits de l'homme (1) et le soutien
à la relance de la justice (2).
1- Un rôle central dans le cadre de la promotion
des droits de l'homme
Depuis le début de démocratisation de la vie
politique amorcé en 1993, un souffle nouveau a été
constaté notamment en ce qui concerne l'exercice et la jouissance des
droits et libertés fondamentaux. Ainsi, cette mutation de la
société centrafricaine s'est accompagnée d'une
réelle prise de conscience du respect des principes universels des
droits de l'homme391. Elle a suscité une grande mobilisation
des différentes couches de la société centrafricaine et
ses partenaires392 qui se sont impliqués dans de vastes
campagnes de sensibilisation, d'information, de formation et de vulgarisation.
Nonobstant cette prise de conscience généralisée et
quelques progrès significatifs, la protection effective des droits de
l'homme reste encore insuffisante avec cette crise qui a entrainé une
violation massive des droits humains, d'où la nécessité de
renforcer cette protection393.
Le PNUD a développé un projet dans le domaine de
la lutte contre les graves violations de droits de l'homme et la protection des
communautés, notamment les groupes vulnérables. Les
activités inscrites dans ce projet394 sont axées sur
certaines tâches : appuyer la mise en oeuvre des activités de
sensibilisation de la société civile sur ses droits et le
monitoring de droits de l'homme ; appuyer la mise en place des
mécanismes locaux de gestion de conflits ; appuyer les activités
de renforcement des autorités administratives locales, notamment
préfectorales et sous-préfectorales, pour prévenir et
gérer les conflits au niveau local ; assurer l'intégration des
questions de violences basées sur le genre et le sexe.
En collaboration avec le ministère de la justice, le
PNUD a organisé, les 15 et 16 avril 2015, un atelier sur « Les
droits de l'homme et la Sécurité pénitentiaire
». L'objectif de cet atelier était de contribuer à
l'harmonisation et à l'amélioration des pratiques relatives
à la gestion de la sécurité des espaces
pénitentiaires dans la perspective d'un meilleur respect des droits de
l'homme. La justice est l'un des secteurs les plus importants dans un Etat de
droit, quoi qui justifierait le soutien de PNUD à ce niveau.
391 KOZANGUE (Bientin Ernest), L'intervention de l'ONU
dans la restauration de la paix en RCA, op. cit., pp. 96 et
97.
392 On peut citer entre autres société civile,
formations politiques, médias, PNUD, UNICEF, MINUSCA, HCR UNESCO etc.
393 KOZANGUE (Bientin Ernest), op. cit., p. 97.
394 Voir PNUD, « Projet d'Appui à la lutte contre
les violations des droits de l'homme et à la relance de la justice
centrafricaine », sur
www.procurement-notices.undp.org.,
consulté le 26 août 2018.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 117
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
2- Un rôle central dans le cadre du soutien
à la relance de la justice
Le PNUD a appuyé le gouvernement centrafricain à
se doter d'un ensemble d'instruments juridiques permettant de régir les
rapports politiques et sociaux, et de consolider l'Etat de droit. Il est
à noter que dans la décision 2005/1 du 28 janvier, le Conseil
exécutif du PNUD a approuvé des nouvelles règlementations
qui permettent au PNUD de mettre en oeuvre dans leur totalité les
procédures communes d'élaboration de programmes de pays ou plan
d'action du programme de pays sous l'appellation du Groupe des Nations Unies
pour le Développement (GNUD)395. Pour cela, le PNUD a
engagé un important chantier visant à renforcer le
développement humain.
Le projet engagé par le PNUD se concentre sur deux axes
: l'appui institutionnel en vue de renforcer les capacités du
système judiciaire pour formuler des orientations stratégiques
permettant d'avoir une bonne réponse à la situation de crise et
l'appui communautaire en vue de renforcer la sécurité et la
protection des communautés, particulièrement pour les groupes
vulnérables. La géographie de mise en oeuvre du projet est
tributaire de la situation sécuritaire et est revue
périodiquement.
Le PNUD a apporté un support substantiel en
matière de réorganisation des structures de la police et de la
gendarmerie nationales (trois commissariats de police remis en état avec
le soutien de celui-ci). Le PNUD a également contribué au
financement des traitements des policiers et des gendarmes. Dans le but de
consolider les efforts de la CEEAC/UA en matière de maintien de la paix
et de la sécurité en RCA, l'ONU n'est pas intervenue que de
façon indirecte.
395 Il s'agit d'une dynamique de synergie collective de toutes
les agences du système des Nations Unies.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 118
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
PARAGRAPHE II : Une intervention finalement directe via
la MINUSCA396
Dans les principales lignes de son mandat qui concernent la
protection des civils et le soutien aux efforts de stabilisation de la RCA,
mieux encore de consolidation des acquis enregistrés, tour à
tour, par la CEEAC puis l'UA, la Réforme du Secteur de
Sécurité (RSS) constitue une composante essentielle pour la
MINUSCA.
C'est alors qu'elle va appuyer, non seulement les programmes
concernant, d'un côté, le Désarmement,
Démobilisation et Réintégration ou DDR, et de l'autre, la
Réduction de la Violence Communautaire, communément
appelée Community Violence Reduction ou CVR, ce qui peut
être appréhendé comme une stratégie fondamentale de
construction rationnelle et technique d'un environnement sécuritaire
sûr et stable (A), mais également la
Réforme du Secteur de la Sécurité ou RSS, ce qui est
appréhendé une stratégie complémentaire
(B).
A- La MINUSCA et l'appui aux programmes DDR et CVR397,
stratégie
fondamentale de construction rationnelle et technique
d'un environnement sécuritaire sûr et stable
Le Conseil de sécurité des Nations Unies, par la
résolution 2397 (2017), a assigné à la Section DDR le
mandat d'appuyer le gouvernement centrafricain à élaborer et
mettre en oeuvre les programmes de DDR et de CVR. Ces programmes sont des
aspects essentiels des efforts visant à créer un environnement
sûr et stable dans lequel les processus de reconstruction peuvent
s'amorcer. Cela peut comporter la fourniture d'une assistance technique, la
sécurisation des sites de désarmement et de cantonnement et, ou
la collecte et la destruction d'armes, de munitions et d'autres
matériels rendus par les anciens combattants.
396 Le Conseil de sécurité des Nations Unies a
mis en place la Mission multidimensionnelle intégrée de
stabilisation des Nations Unies en République centrafricaine (MINUSCA)
par la résolution 2149 du 10 avril 2014. Le 15 septembre 2014, la
responsabilité des opérations militaires en RCA a
été transférée de la MISCA à la MINUSCA. Un
an après, par la résolution 2217 adoptée le 28 avril 2015,
le Conseil de sécurité a réaffirmé son engagement
à sauvegarder la souveraineté, l'indépendance,
l'unité et l'intégrité du territoire centrafricain et a
décidé de proroger le mandat de la MINUSCA jusqu'au 30 avril 2016
en autorisant le déploiement d'un effectif de 10.677 hommes.
Cette prorogation d'un an est intervenue au moment où
la MINUSCA était officiellement déclarée pleinement
opérationnelle en présence de monsieur Hervé LADSOUS,
Secrétaire général adjoint et chef du Département
des OMP des NU.
Le mandat de la MINUSCA vise essentiellement la protection des
populations civiles et le soutien aux efforts de stabilisation. Information
tirée sur
www.un.org, le 26 août 2018.
Il convient également de préciser que la MINUSCA
n'est pas la première Mission des Nations Unies en RCA. Il y avait la
Mission des Nations Unies en RCA ou MINURCA le 27 mars 1998 et la Mission des
Nations Unies en RCA et au Tchad ou MINURCAT le 15 mars 2009 dans la
préfecture de VAKAGA.
397 Nous tenons pour source principale, dans le cadre de ce
développement, la Section DDR de la MINUSCA à travers le lien
https://minusca.unmissions.org/ddr
consulté le 26 août 2018.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page 119
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
Nous verrons d'abord ce qui s'agit du DDR comme point de
départ de cette stratégie (1), puis ce qui
s'agit du CVR en tant que point d'achèvement de ladite stratégie
(2).
1- L'appui de la MINUSCA au programme
DDR398 comme point de départ
La Section DDR a posé les bases de ses programmes et
projets avec le gouvernement de transition. Elle était activement
présente pendant le Forum de Bangui en mai 2015 et a contribué
à l'élaboration du premier texte qui a servi de base à
l'Accord de Bangui sur les principes de DDRR et d'intégration dans les
corps en uniforme de l'Etat.
Par ailleurs, la Section a facilité la création
du Comité Consultatif et de Suivi (CCS), composé de
représentants de 14 groupes armés reconnus par le gouvernement,
de représentants de la société civile, d'experts nationaux
et internationaux. Le CCS est un cadre politique pour discuter de toutes
questions relatives au DDRR. La Section continue à soutenir le
gouvernement actuel, en particulier l'Unité d'Exécution du
Programme National de Désarmement, Démobilisation,
Réintégration et Rapatriement (UEPNDDRR).
La Section a conçu et mis en place le Programme
pré-DDR qui a démarré en octobre 2015 et a pris fin en
juin 2017. C'est un programme innovant car la RCA est le premier pays où
les Nations Unies ont mis en oeuvre un tel programme comme phase
préparatoire du Programme National de DDRR et en tant qu'outil essentiel
pour la sécurité et la stabilisation au niveau communautaire.
A travers ce programme, la Section a soutenu les combattants
souhaitant quitter les groupes armés avant le lancement officiel du
Programme National de Désarmement, Démobilisation,
Réintégration et Rapatriement (PNDDRR). Il a offert à ceux
qui ont accepté de déposer volontairement des armes des
alternatives au recours à la violence [(Cash for Work, et
Activités Génératrices de Revenus (AGR)]. Ce sont au total
4324 bénéficiaires dont 737 femmes qui ont participé
à ce programme.
Le Pré-DDR a contribué à l'instauration
d'un climat sécuritaire favorable à la tenue des élections
présidentielle et législatives en 2016, à la
réduction de la violence et de la criminalité des
localités399, à la relance des activités
économiques à travers les fonds injectés dans les projets
des bénéficiaires et à l'instauration de la paix et de la
cohésion sociale.
398 Le DDR est un programme qui consiste à recueillir
des armes auprès des personnes en uniformes, autres que les membres de
l'armée nationale. Cette activité fait appel à la bonne
foi des parties signataires de l'accord de paix sur lequel elle se fonde ; elle
suppose le rassemblement et le cantonnement des combattants, voire leur
rapatriement s'il existe des éléments étrangers dans les
forces des groupes armés, la mise en place de programmes de gestion des
armes, c'est-à-dire leur stockage en lieu sûr et leur
élimination définitive.
399 Il s'agit notamment de Bangui, Bria, Kaga-Bandoro, Bambari,
Bouar, N'délé, Bossangoa et Birao.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page 120
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
La Section a par ailleurs appuyé la mise en oeuvre du
projet pilote du PNDDRR. A la volonté du Président de la
République, en vue de créer un climat de confiance entre le
gouvernement et les groupes armés, le projet pilote DDR a
été lancé à Bangui le 30 août 2017 pour 440
éléments issus de 12 groupes armés. La phase de
désarmement/démobilisation s'est déroulée à
Bangui et dans les villes de Bouar, Paoua, Bambari, Kaga-Bandoro, Birao et Koui
et a permis la collecte de 309 armes, 499 explosives de guerre et 7257
munitions. La question de la réduction de la violence communautaire a
aussi été prise en compte par la MINUSCA.
2- L'appui de la MINUSCA au programme CVR comme point
d'achèvement
La Section a également développé les
programmes de CVR qui incluent une composante de désarmement avec la
collecte des armes. Ces programmes sont concentrés dans des zones ayant
une activité accrue des groupes armés ou milices et des violences
intra-communautaires. Ils ont pour but de lutter contre la prolifération
des milices et le recrutement par les groupes armés ; de permettre aux
ex-combattants ou membres des milices de réintégrer la vie
civile. Ils représentent un des mécanismes clés pour
appuyer les accords locaux de paix ainsi que les autres efforts engagés,
y compris le renforcement des capacités dans le domaine de la
résolution de conflits locaux, la protection des civils, la collecte
d'armes et la prévention contre la violence. Les programmes CVR
fournissent des opportunités économiques aux jeunes enclins
à la violence et aux communautés auxquelles ils appartiennent.
Lancé officiellement en 2016, l'objectif de ce projet
était de prendre en charge, à Bangui notamment, les groupes
d'autodéfense au PK5, les ex-Séléka des trois camps de
Bangui, les Anti-Balaka et des membres de leurs communautés. Il visait
au total 3000 bénéficiaires. Dans ses activités, le projet
a inclus la formation professionnelle, la cohésion sociale et le
renforcement des mécanismes de dialogue communautaire. Six ONG ont
formé les bénéficiaires dans les options telles que la
soudure, la mécanique, la menuiserie, la maçonnerie,
l'électricité, la conduite automobile, le commerce,
l'informatique et la couture. L'Organisation des NU pour l'alimentation et
l'agriculture a pris en charge les filières relatives à
l'agriculture et à l'élevage.
Depuis novembre 2017, la Section a lancé des programmes
CVR étendus à sept localités400. Ces programmes
ont jusqu'à présent mobilisé plus de 5 000
bénéficiaires (au moins 20% de femmes), composés
d'éléments associés aux groupes armés et de membres
de
400 Il s'agit de Bouar, Berberati, Kaga Bandoro, Batangafo,
Bambari, Bria et Bangassou.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 121
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
la communauté. Dans son intervention directe à
travers la MINUSCA, l'ONU appuie les autorités nationales à
restructurer les forces de défense et de sécurité.
B- La MINUSCA et l'appui à la
RSS401, stratégie complémentaire de construction
rationnelle et technique d'un environnement sécuritaire sûr et
stable
L'insécurité est généralement
reconnue comme l'un des principaux vecteurs d'instabilité. La RCA est
particulièrement confrontée à cette problématique
de la fragilité de l'Etat, ce qui n'est pas sans conséquence pour
sa défense et sa sécurité nationales. Le gouvernement
centrafricain n'est pas en mesure d'assurer la sécurité
intérieure, ni de défendre sa souveraineté. Les
institutions étatiques, et notamment les services sécuritaires de
l'Etat doivent être renforcés pour être en mesure de
s'autogérer.
C'est pourquoi une dynamique d'abord limitée au plan
national avec des conseils et assistances stratégiques et techniques
d'une part (1) et ensuite une autre étendue au plan
international, avec une coordination de l'assistance technique internationale
et des activités de formation d'autre part (2)
s'avèrent capitales de manière à développer les
capacités de l'Etat centrafricain à assurer sa propre
défense et sa propre sécurité ; ce que fait
évidemment depuis et maintenant la MINUSCA.
1- Des conseils et assistances stratégiques et
techniques, une dynamique limitée au plan national
D'abord, la MINUSCA fournit des conseils stratégiques
et techniques aux autorités centrafricaines pour mettre en oeuvre la
Stratégie Nationale de Réforme du Secteur de la
Sécurité, en étroite coordination avec la mission de
formation de l'Union européenne en RCA (EUTM-RCA) ; l'objectif
étant de veiller à la cohérence du processus de
réforme, notamment par une répartition claire des
responsabilités entre les FACA et les Forces de Sécurité
Intérieure (FSI), tout en appuyant les acteurs centrafricains pour
exercer leur contrôle démocratique sur le secteur de la
sécurité.
Elle aide les autorités centrafricaines à
élaborer une méthode pour la vérification préalable
des éléments des forces de défense et de
sécurité (FACA, police et gendarmerie) comme un préalable
indispensable au respect des droits de l'homme, du droit international et du
droit interne afin que les auteurs de violations graves aient à en
répondre, qu'il s'agisse de membres des Forces de Défense et de
Sécurité (FDS) ou d'éléments des groupes
armés
401 Nous tenons ici pour principale source la Section RSS de
MINUSCA, à travers le lien
https://minusca.unmissions.org/reforme-du-secteur-de-la-securité,
consulté le 26 août 2018.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page 122
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
démobilisés, au moment d'envisager leur
intégration dans les institutions du secteur de la
sécurité.
Ensuite, la MINUSCA joue un rôle de premier plan dans
l'appui fourni aux autorités centrafricaines pour la mise en oeuvre du
plan national de développement et de renforcement des capacités
des forces de sécurité intérieure, en particulier en ce
qui concerne les structures de commandement et de contrôle et les
mécanismes de supervision, et coordonner l'assistance internationale
à cet égard.
Enfin, la MINUSCA aide le gouvernement centrafricain à
mettre au point un système d'incitation pour la formation des forces de
police et de gendarmerie et pour la sélection, le recrutement, la
vérification préalable et la formation de policiers et de
gendarmes, avec l'appui de donateurs et de l'équipe de pays des Nations
Unies, en tenant compte de la nécessité de recruter des femmes et
dans le plein respect de la politique de diligence voulue en matière de
droits de l'homme appliquée par l'ONU. La MINUSACA a vocation à
coordonner aussi l'assistance technique internationale et les activités
de formation en RCA.
2- Une coordination de l'assistance technique
internationale et des activités de formation402, une
dynamique étendue au plan international
La MINUSCA coordonne la fourniture de l'assistance technique
et les activités de formation entre les partenaires internationaux
présents en RCA, en particulier avec la Mission de Formation de l'Union
Européenne en République Centrafricaine (EUTM-RCA), afin
d'assurer une répartition claire des tâches dans le domaine de la
RSS, dans l'intérêt des FACA et des FSI centrafricaines
(particulièrement la police et la gendarmerie).
La MINUSCA en coordination avec l'EUTM et d'autres partenaires
internationaux soutient aussi les efforts du gouvernement centrafricain en vue
de définir un concept de reploiement immédiat et à long
terme des FACA, de la gendarmerie, de la police et des autres Forces publiques
dans le cadre du Rétablissement et de l'Extension de l'Autorité
de l'Etat (RESA) en vue d'un transfert progressif des responsabilités de
sécurité aux appareils de sécurité nationale.
Depuis 2016, l'appui de la MINUSCA est focalisé sur la
mise en place d'un cadre juridique et institutionnel cohérent à
travers la finalisation et l'adoption de la politique de
402 A ce jour, il existe deux acteurs internationaux sur le
territoire centrafricain, menant des activités de formation aux FDS. Il
y a la Force de l'Union européenne et une délégation
russe, sur autorisation du Conseil de sécurité des Nations
Unies.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 123
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
sécurité nationale et le plan de
développement des FSI, condition essentielle mais pas suffisante d'un
cadre institutionnel et juridique respectueux des droits de l'homme et sensible
aux perspectives du genre. Une stratégie nationale RSS a
été adoptée par le gouvernement en mars 2017, afin
d'impulser des réformes au sein des comités sectoriels suivants :
défense, sécurité intérieure, justice et
administration pénitentiaire, douanes, eaux et forêts,
communication, contrôle démocratique et renseignements.
En outre, la MINUSCA met un accent particulier sur la
promotion de la responsabilité et de l'efficacité, y compris
à travers l'amélioration des inspections et la
ré-opérationnalisation de la justice militaire. Le Tribunal
Militaire Permanent de Bangui (TMP) a tenu sa première session
pénale d'après-crise du 12 au 15 décembre 2017,
après quatre années d'inactivité. La présence de
l'ONU en Centrafrique n'a pas empêché à la CEEAC ou
à l'UA d'y demeurer et de continuer à intervenir, surtout dans
l'optique de faciliter l'oeuvre de paix de la MNUSCA ou Mission de l'ONU.
SECTION II : L'INTERVENTION FACILITATRICE DE LA CEEAC ET
DE L'UA DEPUIS LA PRISE EN CHARGE DU CONFLIT CENTRAFRICAIN PAR L'ONU
Au cours des années écoulées, les organismes
régionaux considérés, dans leurs efforts pour
réaliser leur vision d'un continent libre, paisible et
prospère403, ont noué divers partenariats ; et le
partenariat avec les NU dans le domaine de la paix et de la
sécurité, rappelons-le, est l'un des plus importants. Par
exemple, la Commission de l'UA et le Secrétariat des NU travaillent en
collaboration et se consultent régulièrement sur les questions
d'intérêt commun ; c'est dans cette perspective qu'ils ils ont mis
en place des mécanismes institutionnels comme le Desk-to-Desk
(rencontre entre points focaux), qui regroupent respectivement les hauts
responsables et les fonctionnaires des deux organisations, chargés de
questions spécifiques.
En l'espèce, il faut constater que ces organismes et
l'ONU coordonnent étroitement leurs efforts dans la recherche d'une
solution au conflit en RCA depuis le changement anticonstitutionnel de
gouvernement qui a eu lieu le 24 mars 2013. La preuve en est que, malgré
la transformation de la MISCA en MINUSCA, l'UA et la CEEAC sont restées
présentes pour faciliter, d'une manière ou d'une autre,
l'atteinte de l'objectif de la MINUSCA. Leur intervention s'effectue de la
façon suivante : initialement, de façon directe
403 Cf. Rapport de la Présidente de la Commission de
l'UA sur Le partenariat Union africaine - Nations Unies :
l'impératif d'une plus grande cohérence, op. cit., par.
2.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page 124
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
et en nature (Paragraphe I), et finalement,
de façon indirecte et en industrie à travers l'initiative
africaine pour la paix et la réconciliation en RCA (Paragraphe
II).
PARAGRAPHE I : Une intervention initialement directe et
en nature
C'est suite à la montée de la violence, depuis
le coup d'Etat de 2013, que la MISCA, sous conduite de l'UA, s'est
déployée en République centrafricaine à partir du
19 décembre 2013 après autorisation du Conseil de
sécurité des Nations Unies. Elle a succédé à
la MICOPAX ou Mission de la CEEAC.
Ce sera le 15 septembre 2014 qu'elle va, à son tour,
céder la place à la MINUSCA ou Mission des Nations qui aura, en
principe, la responsabilité de tout mettre en oeuvre pour consolider les
actions antérieures de la CEEAC et de l'UA.
Ce qu'il convient de dire est que la CEEAC et l'UA ont
joué un rôle, pas le moindre, dans la mise en place ou la
structure de la MINUSCA. Cela est perceptible à travers la participation
des contingents (sous) régionaux à la Mission de l'ONU
(A) même si les moyens substantiels mis à leur
disposition étaient primitivement limités
(B).
A- La participation des contingents (sous) régionaux
à la Mission de l'ONU
Les premières contributions africaines aux OMP
remontent au début des années 60, à l'occasion du
déploiement de l'Opération des Nations unies au Congo
(ONUC)404. Près d'une dizaine de pays du continent avaient
accepté de fournir des troupes militaires à l'ONU, pour sa
première mission en terre africaine. Un demi-siècle plus tard, ce
sont plus d'une quarantaine d'Etats africains qui ont, au moins une fois,
pourvu l'organisation en personnel militaire pour ses opérations de
paix. Ainsi, au 30 juin 2013, 40% des 91 200 Casques bleus
déployés à travers le monde provenaient de pays africains,
faisant du continent, le deuxième pourvoyeur humain de l'ONU
après l'Asie405.
Si en RCA, il existe bien des troupes africaines dans la
MINUSCA ou Mission de l'ONU, l'on peut, cependant, relever la dimension
exclusivement CEEAC (1) et confondue CEEAC/UA
(2) des troupes de la MINUSCA, pour traduire l'importance de
cette contribution.
404 TRAORE (Bakary), « La contribution africaine au maintien
de la paix onusien : enjeux et dessous d'un
engagement croissant », Note d'Analyse du Groupe de
Recherche et d'Information sur la Paix et la sécurité
(GRIP), Bruxelles,30 août 2013, p. 2.
405 Idem.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 125
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
1- La dimension exclusivement CEEAC des troupes de la
MINUSCA
Il faut, d'emblée, signaler que dans le cadre de la
MICOPAX 1, ce sont, au total, 681 éléments qui ont
été déployés en RCA406, et
répartis comme suit : d'abord, 500 militaires dont 14 proviennent du
Cameroun, 117 du Congo Brazzaville, 138 du Gabon, 113 de la RDC et 112 du Tchad
; ensuite 21 gendarmes dont tous proviennent de la RDC, 125
éléments de police dont tous provenaient du Cameroun ; enfin 31
militaires observateurs provenant de quelques 8 pays de la CEEAC. Mais le
Secrétariat général de la CEEAC a procédé
à la modification du mandat de la MICOPAX le 11 janvier
2013407 suite à la signature de l'Accord de cessez-le-feu
entre le gouvernement centrafricain et la coalition Séléka
à Libreville le même jour pour inclure le suivi dudit Accord.
Fin octobre 2013, après le sommet des Chefs d'Etat et
de gouvernement de la CEEAC, tenu à N'Djamena au Tchad, l'effectif de la
MICOPAX 1 a été revu considérablement à la hausse
pour d'ailleurs devenir MICOPAX 2 et ainsi faire face aux divers défis
sécuritaires qui se posaient. La MICOPAX 2 était composée
de 2694 éléments dont 500 militaires sont originaires du
Cameroun, 500 militaires et 173 policiers de la République du Congo, 500
militaires et 180 policiers du Gabon, 200 militaires de la Guinée
équatoriale et 610 militaires et 31 policiers du Tchad. Outre la mission
d'appui à la cessation des hostilités et au rétablissement
de la sécurité et de l'ordre public, la MICOPAX 2 a vocation de
donner un appui aux opérations humanitaires, à la protection des
civils et des institutions internationales.
En effet, c'est l'essentiel de ces troupes de la Mission de la
CEEAC408 qui, à l'appel du Conseil de
sécurité409 ont contribué, sinon
facilité, de par leur acceptation de participer à la Mission
onusienne, la fourniture des quelques 10 677 hommes actuellement
présents en RCA410. Toutefois, il y a eu une fusion, plus
tard, des forces CEEAC/UA pour la mise en place de la MINUSCA.
406 Information tirée du document «
Présentation MICOPAX », disponible en fichier PDF sur
www.operationspaix.net,
consulté le 27 août 2018.
407 Voir Décision N° 2/CEEAC/CCEG/13.
408 Le Tchad, la RDC et le Congo Brazzaville ont successivement
retiré leurs troupes.
409 Cf. Résolution 2149 (2014).
410 L'objectif de l'ONU, tel que défini dans la
résolution 2149 (2014) du Conseil de sécurité, est
d'atteindre un effectif total de 12000 hommes dans le cadre de la MINUSCA.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page 126
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
2- La dimension confondue CEEAC/UA411 des
troupes de la MINUSCA
Le Conseil de paix et de sécurité de l'Union
Africaine a tenu une réunion (la 385ème) le 19 juillet
2013 à Addis-Abeba, sur la situation en République
centrafricaine. Après avoir exprimé sa profonde
préoccupation face à la situation sociale, économique et
humanitaire qui y prévaut, décide, sur la base du concept
d'opérations joint au rapport de la Présidente de la Commission,
d'autoriser le déploiement, pour une période initiale de six
mois, de la MISCA, qui aura un effectif total de 3 652 personnels, dont 3 500
personnels en uniforme (2 475 pour la composante militaire et 1 025 pour la
composante de police) et 152 civils, dont les éléments
constitutifs centraux seront les contingents servant au sein de la MICOPAX, en
vue de contribuer à : (i) la protection des civils et à la
restauration de la sécurité et de l'ordre public, à
travers la mise en oeuvre de mesures appropriées, (ii) la stabilisation
du pays et à la restauration de l'autorité de l'État
centrafricain, (iii) la réforme et la restructuration du secteur de la
défense et de la sécurité, et (iv) la création de
conditions propices à la fourniture d'une assistance humanitaire aux
populations dans le besoin412.
En outre, le CPS demande à la Commission de poursuivre
ses consultations avec le Secrétariat général de la CEEAC
pour finaliser tous les aspects de la transition de la MICOPAX à la
MISCA, qui doit prendre effet à compter du 1er août
2013413.
Quelques mois plus tard lors de sa 408ème
réunion le 13 décembre 2013 tenue encore à Addis-Abeba, et
pour un même motif similaire au précédent
(détérioration continue de la situation sur le
terrain)414, décide d'autoriser une augmentation temporaire
de la force de MISCA dont l'effectif pourrait s'élever jusqu'à
six mille (6.000) personnels en uniforme, précisant que cette
augmentation fera l'objet d'une revue dans une période de trois (3)
mois, à la lumière de l'évolution de la situation et les
besoins sur le terrain, et sur la base d'un rapport qui doit être soumis
par la Présidente de la Commission.
Les effectifs militaires de la MISCA s'élevaient
à 5 401415, répartis comme suit : Burundi (850),
Cameroun (515), République du Congo (863), RDC (836), Gabon (490),
Guinée équatoriale (202), Tchad (814) et Rwanda (850). Quant aux
effectifs de police, ils
411 Il s'agit, à la réalité, de traiter
de la MISCA qui est la somme arithmétique des troupes issues des
différentes sous-régions d'Afrique.
Il ne sera pris en compte que les Etats dont informations
(venant de l'UA) ont été données par rapport à
leurs contributions en termes de troupes.
412 PSC/PR/COMM.2(CCCLXXXV), par. 6, p. 1.
413 Ibid, par. 7.
414 PSC/PR/COMM.2(CDVIII), par. 3, p. 1.
415 Cf. premier Rapport intérimaire de la Commission de
l'UA sur La situation en RCA et les activités de la MISCA, par.
20, 10 mars 2014.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 127
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
s'élevaient à 640 personnels fournis par le
Cameroun (320), la République du Congo (136), le Tchad (34), la RDC
(149) et le Gabon (1). La MISCA dispose également d'un Centre conjoint
des opérations (CCO), avec un effectif intégré de 9
personnels : civils (3), militaires (4) et police (2). La composante civile
substantive de la MISCA compte 34 éléments. Conformément
à la prière416 du Conseil de
sécurité des NU, ces troupes ont intégré la
MINUSCA, ce qui n'a et ne demeure pas inutile dans la constitution ou la mise
en place de cette Mission onusienne. Pour autant, l'on ne saurait perdre de vue
que l'audace manifestée et l'ambition affichée par la CEEAC ou
alors l'UA sont apparues inversement proportionnelles avec les moyens dont elle
dispose.
B- Des moyens substantiels primitivement417
limités
Compte tenu de leur relative « jeunesse », et
partant des systèmes en construction, il n'est guère
étonnant que la CEEAC ou l'UA se soit très vite heurtée
à des difficultés opérationnelles. Le diagnostic
général posé par la Présidente de la Commission de
l'UA indiquant que l'UA avait fait « face à de sérieuses
contraintes en termes de ressources, de logistique et de capacités, qui
ont empêché les opérations déployées sur le
terrain de remplir pleinement leurs mandats et d'atteindre tous leurs
objectifs418 » ne saurait être, objectivement, mis
en discussion.
En pratique, l'exécution des Missions de paix de l'UA
en général, et celle de la MISCA particulièrement, a mis
en évidence des limites substantielles qui sont principalement de deux
ordres : d'un côté il s'agit des limites logistiques et techniques
(1) et de l'autre, des limites financières
(2).
1- Des limites d'ordre logistique et
technique
Il faut relever en premier lieu les difficultés
logistiques constitutives au premier plan des lenteurs du déploiement
des Missions de l'UA.
L'UA a montré ses capacités limitées en
termes de transport, d'équipement419 et de formation des
contingents. Les délais de mise sur pied d'une Mission de paix sont
apparus parfois considérables et de fait ne correspondent pas à
l'évolution de la situation sur le terrain de
416 Cf. S/RES/2149 (2014), par. 22, p. 9.
417 Référence veut être faite ici aux
difficultés éprouvées, essentiellement, par la MISCA en
son temps.
418 Doc. UA, Premier Rapport intérimaire de la
Commission de l'Union africaine sur la situation en République
centrafricaine et les activités de la Mission Internationale de Soutien
à la Centrafrique sous conduite africaine, 22p., par. 10.
419 Il faut noter que les Etats-Unis ont apporté un
soutien logistique direct en termes de transport stratégique,
d'équipement et de communications. L'Algérie s'est engagée
à soutenir le transport stratégique (Cf. Premier Rapport
intérimaire de la Commission de l'UA sur la RCA et les activités
de la MISCA, op. cit., par. 24).
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 128
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
déploiement. Pour se convaincre du peu qui puisse
être, il faut se référer à l'échéance
entre la décision du déploiement de la MISCA et sa mise en oeuvre
effective.
La décision du déploiement de la MISCA a
été adoptée le 13 juillet 2013420, et ce ne
sera que le 19 décembre 2013 ou 5 mois plus tard qu'il y a effectivement
eu transfert d'autorité entre la MICOPAX et celle-ci. Mais il ne s'agit
pas d'une spécificité dans les jus de l'UA. Car,
même dans le cas de la MIAB ou Mission africaine au Burundi, le
chronogramme de déploiement et de conduite de l'opération, tel
qu'il avait été envisagé421 a connu des retards
dans sa mise en oeuvre, entrainant de fait un décalage de 6 mois sur
tout l'ensemble du calendrier d'exécution422. Il ne serait
donc pas un crime de penser que finalement c'est une tendance dans la pratique
de l'UA, que quelques mois séparent la décision autorisant le
déploiement d'une Mission de paix et son début
d'exécution.
En second lieu, les limites techniques ont trait à la
conduite des Missions de l'UA, c'est-à-dire, une fois que celles-ci sont
déployées. Ici il convient de braquer les feux principalement sur
la question des effectifs, tant sur le plan quantitatif que qualitatif.
A l'égard du premier aspect, l'on pourrait reproduire
les observations précédemment formulées en ce qui concerne
le déploiement. Toutefois, il convient de mentionner plus
spécifiquement le cas de l'élargissement du cadre
opérationnel d'une Mission de l'UA en cours d'exécution. Sous cet
angle de vue, l'on peut observer que d'un côté, l'accroissement du
mandat soulevait la question de la capacité de mobilisation de
l'Organisation pour combler les déficits constatés en termes de
personnels militaires.
Dans le cas de l'AMISOM ou African Mission in
Somalia, le Président de la Commission indiquait ainsi qu'«
en dépit du travail remarquable abattu par l'AMISOM et des
420 Cf. PSC/PR/COMM.2(CCCLXXXV), op. cit.
421 Selon les données fournies par certains auteurs, le
déploiement progressif de la MIAB devait se dérouler ainsi:
«9-17 April 2003: Arrival of advance elements in Bujumbura; 27 April
2003: Establishment of mission headquarters; 1 May 2003: Transition from the SA
Protection Support Detachment (SAPSD) to AMIB; 18 May 2003: Arrival of 11
advance-element personnel from Ethiopia; 25 May 2003: Establishment of the
Muyange excombatant assembly area in Bubanza Province2; 26 May 2003: Arrival of
11 advance-element personnel from Mozambique; 1 June 2003: Establishment of an
integrated headquarters». Voir BOSHOFF (H.), VERY (W.) and RAUTENBACH
(G.) «The Burundi Peace Process From civil war to conditional peace»,
in ISS Monograph Series, n°171, 2010, p. 53.
422 Comme on a pu le faire observer dans le cas de l'AMIB
« (...) contribution from Ethiopia and Mozambique arrived as late as
October 2003. The delay was largely attributed to lack of adequate funding and
ground preparation at time». JENG (A.), Peacebuilding in the
African Union : Law, Philosophy and Practice, Cambridge, Cambridge
University Press, 2012, p. 222.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page 129
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
améliorations enregistrées dans les zones
où la Mission est déployée, les effectifs actuels sont
trop limités pour accomplir effectivement le mandat de la
Mission423 ».
Et sur le plan qualitatif, c'est le niveau de formation des
armées africaines qui est apparu problématique ; et plus
particulièrement leurs aptitudes à exécuter efficacement
les taches requises dans le cadre des Missions de paix. Or, il faut le
rappeler, sans que cela emporte totalement et définitivement conviction,
quelques soldats des contingents de la RDC, du Tchad ou du Congo ont
été régulièrement accusés de violer des
enfants. Mais un autre cas semble plus pertinent. Dans le cas de l'AMISOM, il
faut noter que la charnière principale de sa composante militaire repose
sur les soldats de l'armée ougandaise. Or, dans l'affaire des
Activités armées sur le territoire du Congo, la CIJ
avait considéré, « au vu du dossier », «
(...) qu'il existe des éléments de preuve crédibles
suffisants pour conclure que les troupes des UPDF[Uganda People Defense
Forces] ont commis des meurtres, des actes de torture et d'autres formes de
traitement inhumain à l'encontre de la population civile, qu'elles ont
détruit des villages et des bâtiments civils, qu'elles ont
manqué d'établir une distinction entre cibles civiles et
militaires et de protéger la population civile lors d'affrontements avec
d'autres combattants, qu'elles ont incité au con it ethnique et (...)
qu'elles ont été impliquées dans l'entraînement
d'enfants soldats et qu'elles n'ont pris aucune mesure visant à assurer
le respect des droits de l'homme et du droit international humanitaire dans les
territoires qu'elles occupaient424 ». Il faut dire que ces
limites sont dues, en partie, au manque de ressources financières que
disposent ces organismes.
2- Des limites d'ordre financier
Il s'agit des limites les plus importantes car
révélatrices d'une dissociation entre les objectifs ambitieux
assignés aux OSP et les moyens propres dont dispose l'Organisation. En
effet, dans le cas de la MISCA, le budget estimé pour son
déploiement durant sa première année était de 500
millions de dollars. Et pour espérer atteindre ce montant, une
Conférence d'appel de fonds a dû être organisée par
l'UA. C'est alors que pendant cette Conférence, et avec le soutien des
Nations Unies, près de 314 millions de dollars, correspondant à
des apports financiers et en nature, ont été mobilisés
auprès des pays et institutions suivantes : Afrique du Sud, Canada,
Côte d'Ivoire, États-Unis, Éthiopie, Gambie, Japon,
Luxembourg,
423 Doc. UA/CPS, Communiqué.
PSC/PR/Comm.(XXVIII), 28ème réunion du Conseil de Paix et de
Sécurité, le 28 avril 2005, 4p. ; para. 3, p. 1.
424 Activités armées sur le territoire du
Congo (République démocratique du Congo c. Ouganda), arrêt,
C.I.J. Recueil 2005, para. 211, p. 241.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page 130
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
Nigeria, Norvège, CEEAC et UE ; la contribution de
cette dernière constituant une partie substantielle des ressources
financières mobilisées425.
Toutefois, l'insuffisance des ressources propres et la tardive
concrétisation des promesses de financement avaient entravé le
déploiement des contingents nécessaires à la mission. La
solution proposée dans un premier temps par l'UA consistait à ce
que les Etats contributeurs de troupes soient responsables
financièrement des deux premiers mois de déploiement, en
attendant le remboursement par l'UA, et avec la garantie que cette
dernière assumera la charge par la suite. A l'épreuve des faits,
il en a résulté que le déploiement du bataillon burundais
de 850 hommes n'a été accéléré et
mené à bien entre le 12 et le 20 décembre 2013, que
grâce au soutien des États-Unis ; il en était
différent du bataillon mécanisé rwandais car, ce n'est que
plus tard, entre le 16 et 28 janvier 2014, que les 850 hommes ont
été, toujours grâce aux Etats-Unis426.
Toutes ces limites ont fait l'objet d'un constat lucide, dont
l'expression la plus nette peut être identifiée dans le Rapport du
Président de la Commission de janvier 2007, préconisant le
lancement de l'AMISOM. Dans ses lignes générales, il en ressort
que l'Organisation est empreinte d'un volontarisme presque
messianique427, mais qui n'est pas dénué de
lucidité à la fois sur la difficulté de la tâche
à accomplir428 et quant à ses propres limites
opérationnelles429. Ce qui ferait que l'UA a dû opter
pour une intervention, finalement, indirecte et en industrie avec l'initiative
africaine pour la paix et la réconciliation en RCA.
425 Cf. Premier Rapport Intérimaire de la Commission de
l'Union Africaine sur la situation en République Centrafricaine et les
activités de la Mission Internationale de Soutien à la
Centrafrique sous conduite Africaine, op. cit, par. 24.
426 Idem.
427 Selon le Président de la Commission «
l'Union africaine ne peut abdiquer ses responsabilités envers la
Somalie et trahir la confiance de son peuple. L'Union africaine est la seule
organisation vers laquelle le peuple somalien peut se tourner dans
l'immédiat, alors qu'il s'emploie à se relever de
décennies de violence et de souffrances inouïes. Nous avons un
devoir et une obligation de solidarité envers la Somalie. En outre,
l'amélioration des perspectives de paix et de réconciliation
durables en Somalie aura une incidence positive considérable sur
l'ensemble de la Corne de l'Afrique, une région qui a été
et est toujours durement affectée par le fléau des conflits et de
l'instabilité ». Doc. UA/CPS, Rapport du Président
de la Commission sur la Situation en Somalie. PSC/PR/2 (LXIX),
69ème réunion du Conseil de paix et de sécurité, le
19 janvier 2007, 12p. ; para. 37, p. 11.
428 C'est avec lucidité que le Président de la
Commission avait relevé que « les difficultés
liées à une opération en Somalie, un pays qui est
resté sans gouvernement central pendant les 16 dernières
années et où la sécurité reste précaire, ne
peuv[ai]ent être sous-estimées ». Doc. UA/CPS,
Rapport du Président de la Commission sur la situation en Somalie.
PSC/PR/2 (LXIX), 69ème réunion du Conseil de paix et de
sécurité, le 19 janvier 2007, 12p., para. 36, p. 11.
429 En déployant l'AMISOM, l'Organisation, par la voix
du Président de la Commission, parait bien « conscient[e]
des limites de la Commission en ce qui concerne sa capacité à
gérer des opérations de soutien à la paix de grande
échelle, ainsi que l'a clairement montré l'opération de
l'AMIS ». Doc. UA/CPS, Rapport du Président de la
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 131
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
PARAGRAPHE II : L'initiative africaine pour la paix
et la réconciliation en RCA ou une intervention finalement
indirecte et en industrie
Depuis le retour à la légalité
constitutionnelle, le 30 mars 2016, avec l'élection du Président
de la république430, la RCA s'est résolument
engagée sur la voie du retour à la paix, de la restauration de
l'autorité de l'Etat, de la réconciliation et de la justice, du
relèvement économique et de la reconstruction de l'Etat.
La présence de la Mission de maintien de la paix des
NU, la MINUSCA, qui a pris la relève de celle de l'UA, la MISCA, a
certes joué un rôle important dans la stabilisation du pays, la
défense des institutions démocratiques et la protection des
civils. Cependant, les groupes armés continuent à se
déployer sur de vastes régions et parfois même à se
renforcer, menaçant ainsi l'ensemble du territoire national et l'amorce
d'un véritable processus de réconciliation nationale dans le
pays.
En dépit de la volatilité de la situation
sécuritaire sur une bonne partie du territoire national, le
Président TOUADERA a formulé une politique de « main tendue
» à tous les Centrafricains et a appelé ses «
Frères africains » et les « Amis de la RCA » à
soutenir le peuple centrafricain dans cette démarche431.
« C'est en réponse à cet appel et dans
l'optique de traduire dans les faits la solidarité africaine avec le
gouvernement et le peuple centrafricain qu'est née l'initiative
africaine432 ». Cette initiative africaine, signée
par différents chefs de délégation433, et qui
vise notamment le gouvernement centrafricain et les groupes armés
affiliés au processus DDRR434 établit, d'un
côté, des objectifs et principes directeurs qui façonnent
le cadre opérationnel orienté vers une gestion consensuelle et
structurée du conflit (A), et de l'autre, des
thématiques qui constituent une initiative tendant manifestement
à une éducation à l'entrepreneuriat et à la
citoyenneté (B).
Commission sur la situation en Somalie. PSC/PR/2
(LXIX), 69ème réunion du Conseil de paix et de
sécurité, le 19 janvier 2007, 12p. ; para. 36 ; pp. 10-11.
430 Au cours de cette échéance électorale
qui a connu la participation de plus d'une vingtaine de candidats, c'est le
professeur Faustin-Archange TOUADERA qui a été
déclaré définitivement vainqueur, après un second
tour qui l'a opposé avec monsieur Anicet-George DOLOGUELE.
431 Lire sur ce point, Discours du Président TOUADERA
à l'occasion de son investiture, Bangui, 30 mars 2016.
432 Feuille de route pour la paix et la
réconciliation en République centrafricaine, Libreville, 17
juillet 2017, 12p., 1.3, p.2.
433 Le SG de la CEEAC, le Commissaire Paix et
Sécurité de l'UA, les ministres des affaires
étrangères de la RCA, Angola, du Congo, du Gabon, le ministre de
la sécurité publique du Tchad et le SG de la Conférence
Internationale pour la Région des Grands Lacs (CIRGL).
434 Ibid, 4.2, p.7.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page 132
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
A- Les objectifs et principes établis dans
l'initiative africaine : façonnage d'un cadre opérationnel
orienté vers une gestion consensuelle et structurée du conflit
Il faut démarquer les objectifs (re) fixés à
atteindre et qui sont ambitieux dans cette initiative (1) de
ses principes directeurs (re) pris et qui, eux, sont relativement convenus dans
la pratique du RPD (2).
1- Une (re)fixation ambitieuse des objectifs à
atteindre
L'initiative de l'UA en RCA a pour objectif
général de promouvoir le dialogue entre le gouvernement
centrafricain et les groupes armés qui ont intégré le
Comité Consultatif et de Suivi du DDRR en vue de parvenir à un
Accord de paix et de réconciliation. Elle vise aussi à
créer les conditions favorables à un désarmement complet,
au renforcement de l'ordre constitutionnel et démocratique
incarné par le Président de la République et
l'Assemblée nationale issus des élections populaires de 2015 et
2016, à l'implication volontaire des groupes armés dans la
dynamique inclusive de construction nationale435.
Toutefois, les résultats ou objectifs
spécifiques attendus dans le cadre des efforts de paix contenus dans la
Feuille de route de l'UA permettent d'inclure les éléments
suivants436 : (a) l'accord sur les modalités pratiques de
mise en oeuvre des conclusions pertinentes du Forum de Bangui de 2015, autant
en matière de la reconnaissance et de traitement égal de toutes
les composantes de la Nation centrafricaine qu'en ce qui concerne le
développement socio-économique équitable afin de
réduire les disparités entre les différentes
régions du pays ; (b) la mise en oeuvre du processus DDRR dans le cadre
des travaux de la Coordination du DDRR/RSS, des Comités Techniques et du
CCS dans lequel siègent les 14 groupes armés. Ces actions qui
vont se baser sur les principes de fraternité, de justice, de
l'inclusion et de cohésion nationale, s'articuleront autour de la
démobilisation volontaire et de l'intégration des membres
éligibles des éléments des groupes armés dans les
structures sécuritaires et socio-économiques appropriées
de l'Etat et de la société centrafricaine ; (c) le
développement des conditions politiques et de sécurité
propices au renforcement de l'autorité de l'Etat et au
déploiement des structures administratives sur l'ensemble du territoire
national ; (d) l'établissement d'un mécanisme de mise en oeuvre
de l'accord et du suivi des actions sur le terrain en cohérence avec les
structures étatiques établies et l'accompagnement technique et
logistique nécessaire de la communauté africaine et international
et la mise en oeuvre des mécanismes de justice transitionnelle pour
renforcer le processus de réconciliation nationale,
435 Ibid, 2.1, p. 5.
436 Ibid, 2.2, p. 5.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 133
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
en prenant en compte les victimes et en valorisant les outils
endogènes de réactivation du vivre-ensemble dans les
communautés locales. A côté de ces objectifs ambitieux, des
principes directeurs relativement convenus dans la pratique du RPD ont
été (re)pris.
2- Une (re)prise des principes
directeurs437 relativement convenus dans la pratique du
RPD
En vue de favoriser un climat apaisé nécessaire
pour la conduite réussie du processus de dialogue, les parties prenantes
de la crise centrafricaine s'engagent à se conformer aux principes
directeurs suivants : (a) le respect de la Constitution de la RCA du 30 mars
2016 et la légitimité des institutions démocratiques du
pays ; (b) l'engagement à promouvoir le dialogue constructif, de bonne
foi et dans un esprit de compromis en mettant en exergue l'intérêt
national au-dessus de toute autre considération, le respect de
l'unité nationale et de l'intégrité du territoire de la
RCA ; (c) l'engagement de garantir le succès d'un dialogue
structuré avec les groupes armés, à travers la mise en
oeuvre des conclusions pertinentes du Forum de Bangui ; (d) la reconnaissance
que la violence, la force et l'usage des armes ne constituent pas la solution
aux nombreux défis auxquels fait face la RCA et, par conséquent,
l'engagement à privilégier une solution pacifique des
revendications de quelque nature que ce soit ; (e) la prise en compte de la
présomption d'innocence de tout individu soupçonné de
commettre des crimes graves tant qu'il n'aura pas été jugé
coupable par une juridiction compétente en la matière ; (f)
l'engagement de l'Etat à assurer la protection de tout individu dument
mandaté par l'une des parties pour participer au processus de paix dans
les différentes structures mises en place afin de faciliter la
sérénité des travaux et (g) la reconnaissance que
l'impunité n'a jamais constitué une solution durable aux crises
récurrentes en RCA et l'engagement à respecter la lutte contre
les violations des droits humains et du droit international humanitaire et
à l'examen de toutes les options pertinentes à cet égard,
notamment celles tirées du complexe conceptuel de la justice
transitionnelle. Pour une appropriation nécessaire de ces objectifs et
principes directeurs, des thématiques ont été
inscrites.
B- Les thématiques établies dans le
cadre de l'initiative africaine : une initiative tendant manifestement à
l'éducation à l'entrepreneuriat et à la
citoyenneté
De façon synthétique et non
exhaustive438, les sujets de discussion s'articulent autour des
thématiques suivantes : d'une part, les questions politiques et
socio-économiques, et
437 Ibid, 3, pp. 6 et 7.
438 Ibid, 7.1, p. 9.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page 134
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
d'autre part, les questions sécuritaire, humanitaire,
judicaire et de réconciliation. Les premières traduisent cette
éducation à l'entrepreneuriat (1) et les
secondes, l'éducation à la citoyenneté
(2).
1- Une éducation à l'entrepreneuriat de
par les questions politiques et socio-économiques retenues
Les chefs de délégation de l'initiative
africaine considérés ont retenu cinq points à ce sujet. Le
premier concerne le relèvement des conclusions pertinentes du Forum de
Bangui et des mesures concrètes pour leur mise en oeuvre, notamment les
questions d'inclusion, de participation politique et de représentation
équitable des différentes régions et communautés
dans les appareils d'Etat. Les chefs de délégation remarquent
toutefois, qu'il y a des préfectures qui, aujourd'hui, continuent de
jouir d'une accalmie propice à des actions de développement. Il
est indispensable, selon eux, que le gouvernement investisse dans ces
régions et apporte cette prime à ceux qui ont
préservé la paix et la concorde sociale. Ils estiment qu'en
opérant un tel ajustement dans la distribution de ses efforts, le
gouvernement offrira les raisons de croire en la paix à ces populations.
Ainsi en plus de faire de la ville de Bambari un modèle de retour de
l'autorité de l'Etat, le gouvernement centrafricain propose à ses
partenaires des actions vigoureuses de soutien aux efforts de
développement dans les préfectures.
Les autres points, sans être détaillés,
concernent respectivement les réformes en matière de
décentralisation administrative pour un développement
équitable et équilibré des régions, le
mécanisme de réglementation et de protection de la transhumance,
et le statut des anciens Chefs d'Etat. A ces questions, s'ajoutent bien
d'autres.
2- Une éducation à la citoyenneté
de par les questions sécuritaire, humanitaire, judiciaire et de
réconciliation439 soulevées
Les questions de sécurité et de défense
en RCA sont de celles principalement abordées par les différents
acteurs, aussi bien nationaux qu'internationaux.
Pour les chefs de délégation de l'initiative
africaine, l'accent est mis, d'abord, sur le programme DDRR et l'adoption des
mesures concrètes, pour sa mise en oeuvre sur la base des acquis
enregistrés, et intérimaires durant la période de mise en
oeuvre du DDRR (y compris la constitution d'unités de
sécurité de proximité) ; ensuite sur le mécanisme
de redéploiement
439 Ibid, B et C, p. 10.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 135
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
graduel des FDS à travers le pays ; enfin sur les
principes de mise en oeuvre du programme de RSS.
Pour ce qui concerne la question humanitaire et sans en dire
davantage, les initiateurs africains de la paix et de la réconciliation
en RCA comptent prendre des mesures socio-sécuritaires pratiques pour un
retour volontaire des réfugiés et des personnes
déplacées. Il en est de même pour la justice dont la
réparation pour les victimes est un point crucial et les
mécanismes de justice transitionnelle et de réconciliation
nationale.
Il s'avère important de noter que le processus de
dialogue initié par ces acteurs africains est facilité et
coordonné par un « Panel de facilitation » dont ils
en font tous partie. Ce Panel qui agit collégialement sous la direction
du Représentant désigné de l'UA440 a pour
mission principale de convoquer et présider la plénière
des rencontres avec les parties prenantes, modérer et faciliter les
discussions et compromis.
Le Panel de facilitation est accompagné du
Comité technique qui « assure le secrétariat de la
facilitation441 ».
440 Ibid, 5.2, p. 8.
441 Ibid, 5.4, p. 8.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page 136
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
CONCLUSION DU CHAPITRE II
En définitive, dans les expressions pratiques du
partenariat entre la CEEAC/UA et l'ONU dans le cadre du maintien de la paix et
de la sécurité en RCA, deux choses doivent être mises en
avant. La première concerne l'intervention de l'ONU en RCA au moment
où la prise en charge du conflit qui a éclaté dans ce pays
était relevait de la compétence des organismes régionaux
considérés, c'est-à-dire la CEEAC et l'Union Africaine. Et
la seconde concerne l'intervention de la CEEAC/UA dans le processus de
résolution du conflit centrafricain depuis le déploiement de la
Mission de l'ONU.
Pour la première, cette intervention s'est faite dans
le but de consolider les « succès » de la CEEAC et de l'UA. Et
pour la seconde, cette intervention a eu lieu dans l'optique de faciliter la
réalisation de l'objectif de la MINUSCA qui est de restaurer la paix et
la sécurité en RCA.
CONCLUSION DE LA SECONDE PARTIE
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 137
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 138
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
Depuis quelques décennies, les organismes
régionaux sont devenus des acteurs importants sinon, de facto,
capitaux en matière de maintien de la paix et de la
sécurité. Cette « (re)naissance régionale »,
pour paraphraser les auteurs Eric BERMAN et Katie SAMS442, ne
devrait pas moins découler la (re)prise de conscience des dangers
sécuritaires graves qui menacent leur sphère, et pourquoi pas, de
la « réticence » de l'ONU à se retrouver
impliquée dans la résolution des conflits dont elle connait moins
ou pas les origines. Ce qui contribuerait à pousser l'ONU à
développer ou construire une relation de partenariat avec ceux-ci, bien
qu'elle soit, de jure, la responsable (principale) en matière
de maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Le conflit qui a éclaté en République
Centrafricaine depuis le changement anticonstitutionnel du 24 mars 2013 et qui,
dans l'optique de sa résolution, a vu l'intervention d'une série
d'organisations internationales est un bel exemple pour se convaincre de
l'idée selon laquelle les organismes régionaux, notamment la
CEEAC et l'UA sont des partenaires de l'ONU. En effet qu'il s'agisse des
organismes régionaux considérés ou de l'ONU, chaque
acteur, et à sa manière, laisse entrevoir les marques ou
expressions de cet état de chose. Et c'est ainsi que l'on relève
les deux caractères de ces expressions du partenariat : d'une part des
expressions théoriques, et d'autre part des expressions pratiques.
Les expressions théoriques renvoient aux initiatives
d'élaboration des textes, de quelque nature, portée ou
caractère que ce soit, de ces différents acteurs dans le cadre du
maintien de la paix et de la sécurité dans le monde en
général, et en RCA en particulier. On a par exemple, de la part
de l'ONU ou de la CEEAC/UA, des résolutions, décisions, rapports
ou déclarations qui, de par leurs intitulés ou substances,
témoignent de la relation de partenaires qui existe entre ces
entités.
Et les expressions pratiques quant à elles, renvoient
aux initiatives concrètes ou actions entreprises par ces organisations
en vue de l'atteinte de l'objectif, à elles, commun qui est la
pacification de la RCA. C'est ainsi que l'ONU, pour sa part, est intervenue
dans le but de consolider les acquis enregistrés par la CEEAC et l'UA ;
et ces dernières, à leur tour également, ont pris des
dispositions en vue de faciliter l'accomplissement de la mission de l'ONU en
RCA.
442 BERMAN (Eric) et SAMS (Katie), « Le maintien de la
paix en Afrique », in Forum du
désarmement, Vol. 3, 2000, p. 24.
CONCLUSION GENERALE
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page 139
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page 140
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
Autrefois considéré comme un espace paisible, le
continent africain est devenu, depuis quelques décennies, « la
zone stratégique la plus déstabilisée de la
planète443 ». Comment sortir de cette
instabilité chronique et de la guerre civile qui guettent en permanence
derrière le rideau pour parvenir à une stabilité et un
développement durables, et donc préserver la paix mondiale ?
C'est à l'ONU que revient, en principe, la charge de répondre
à cette question ; c'est elle qui a la responsabilité
(principale) de maintenir la paix et la sécurité
internationales.
Devant les besoins grandissants en matière de maintien
de la paix, il ne peut être évident que l'ONU parvienne à
prendre concomitamment en charge tous les conflits survenant dans le monde,
d'où nécessité sinon exigence de décentraliser
cette fonction ; et les rédacteurs de la Charte des Nations Unies ont eu
la sagesse de le faire dans le Chapitre VIII qui traite des accords ou
organismes régionaux.
Aucune définition sur la notion d'organismes
régionaux n'a été donnée par la Charte.
Malgré quelques premières réticences par rapport à
des regroupements d'Etats sans cohérence géographique
évidente (Ligue des Etats Arabes) ou à des alliances militaires
(OTAN), il a été très vite admis de considérer tout
type d'association comme pouvant prendre des mesures en vue du maintien de la
paix et de la sécurité internationales. C'est le
Secrétaire général Boutros Boutros-Ghali, dans son
Agenda pour la paix, qui a donné une définition
très large en estimant que « les associations ou entités
en question peuvent être des organisations créées par un
traité, avant ou après la fondation de l'Organisation des Nations
Unies, ou bien des organisations régionales de sécurité et
de défense mutuelles, ou encore des organisations destinées
à assurer le développement régional d'une façon
générale ou sur un aspect plus spécifique. Ce peut
être encore des groupes créés pour traiter d'une question
particulière, qu'elle soit politique, économique ou sociale,
posée au moment considéré ». Mais la seule
condition tient au respect des deux principes incontournables
énoncés dans l'article 52 : règlement pacifique d'affaires
pouvant être traitées dans un cadre régional ; respect des
buts et principes des Nations Unies.
D'une part au regard déjà de cette
définition, l'on peut aisément attribuer à la CEEAC et
à l'UA les statuts d'organismes régionaux. Mais concernant ce
dernier critère (respect des buts et principes des NU), les textes
constitutifs des organisations régionales considérées
précisent régulièrement que l'une ou l'autre organisation
est créée en vertu du
443 BONIFACE (Pascal) : « Afrique,
de l'ingérence à l'indifférence », Le
Figaro, 16 mai 2000.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 141
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies. Ils contiennent
également des assurances quant à l'intention de chacune de ces
organisations de respecter les buts et principes des Nations Unies : c'est ce
qui contribue fondamentalement à affirmer, au terme de cette
étude dont l'enjeu était de déterminer la relation
existant entre la CEEAC, l'UA et l'ONU dans le cadre de la résolution du
conflit centrafricain que ces organismes sont des sous-traitants de l'ONU. Et
cela pourrait, in globo, trouver comme élément de
justification le fait que l'ONU, de par le nombre de ses Etats membres,
apparaît comme le parachèvement de l'histoire du droit
international ayant édifié un système de
sécurité collective plus solide et plus vieux.
D'autre part, cette étude permet de remarquer que la
CEEAC et l'UA, de par leur fonction en matière de promotion, de maintien
et de consolidation de la paix et de la sécurité, contribuent
significativement à conférer aux nouveaux rapports panafricains
et bien au-delà une dimension et une visibilité aussi
essentielles qu'importantes dans la galaxie des organisations internationales.
Leurs aptitudes, reconnues, à déployer des Missions de maintien
de la paix, la substance des textes initiés par eux ou par l'ONU
notamment les concernant sont autant de raisons, en filigrane, qui permettent
d'affirmer qu'elles sont des partenaires de l'ONU. Cela est d'ailleurs
conforté dans le cadre du processus de résolution de la crise
centrafricaine où la CEEAC et l'UA jouent, à ce jour, un
rôle important aux côtés de la Mission de l'ONU la MINUSCA,
présente depuis le 15 septembre 2014 et dont l'objectif principal est de
consolider les progrès enregistrés grâce à leurs
actions.
En tout état de cause, si cette relation de
sous-traitance semble s'enraciner déjà et surtout est de droit,
celle du partenariat par contre n'est pas claire et achevée, elle est en
construction.
Cependant, les actions menées par la MINUSCA
jusque-là ne semblent pas toujours répondre aux attentes de la
population, ou au moins contenir véritablement la crise ; la
résurgence quasi régulière d'affrontements des
groupés armés qui ont placé le pays à la
trainée du processus de paix permet de s'en convaincre.
De ce qui précède, les démarches
d'instauration d'une paix et d'un développement durables en RCA doivent
être initiées et renforcées, d'abord, par les
autorités centrafricaines, et éventuellement par les organismes
(sous) régionaux ou internationaux, l'ONU particulièrement
ensuite.
En ce qui concerne les autorités centrafricaines, un
éventail d'actions concertées et coordonnées à tous
les niveaux peut être relevé. Il y a par exemple, la
nécessité d'une redistribution équitable des ressources,
la justice sociale, une décentralisation effective, la
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page 142
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
mise en place d'une politique d'équilibre
régional pour permettre à toutes les régions d'être
représentées dans les institutions publiques.
Au niveau régional ou sous régional, les
principales limites des Missions de paix étant relevées,
plutôt que de déployer une Mission de paix de l'ONU qui requiert
beaucoup de ressources financières, et aux bilans parfois
mitigés, celle-ci gagnerait à injecter de ressources en vue du
renforcement et du réajustement rigoureux des mécanismes de
maintien de la paix. Si, de toutes les organisations sous régionales
africaines, « la CEDEAO est celle qui a fait le plus pour mettre sur
pied une force de maintien de la paix solide444... »,
c'est peut-être parce que de ressources conséquentes ont
été mises en avant ou alors il y a une réelle
volonté politique de la part des chefs d'Etat et de gouvernement de
cette sous-région. Et l'histoire le témoigne à travers la
capacité de cette organisation à contenir ou à
prévenir parfois de conflits. Une stratégie sous régionale
de sécurisation des frontières devrait être
envisagée pour pérenniser la paix, non seulement en RCA, mais
également dans toute la sous-région.
A ce niveau également, les Nations Unies et la CEEAC/UA
devraient redoubler d'efforts pour promouvoir une interprétation souple
et novatrice du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies. Il est important
que les trois institutions aient une compréhension et une
appréciation partagées des principes et de l'esprit du Chapitre
VIII.
Et en ce qui concerne la MINUSCA, une mise en oeuvre effective
et totale de son mandat permettrait d'améliorer la situation
sécuritaire sur le terrain. L'on espère qu'avec les
régulières prorogations de son mandat, celle-ci finira par
achever effectivement le processus de paix enclenché.
444 BERMAN (Eric) et SAMS (Katie), « Le maintien de la paix
en Afrique », art. cit., p.26.
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
1- Charte des Nations Unies, extraits relatifs à l'objet
de la présente étude.
2- Protocole relatif à la création du Conseil de
Paix et de Sécurité de l'Union Africaine.
3- Protocole relatif au Conseil de Paix et de
Sécurité de l'Afrique Centrale.
ANNEXES
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 143
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page 144
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
BIBLIOGRAPHIE
I- MANUELS ET OUVRAGES GENERAUX
> CHAUMONT (Charles), La sécurité des Etats
et la sécurité du monde, Paris, LGDJ,
1948, 158p.
> COMBACAU (Jean) et SUR (Serge), Droit international
public, 10ème éd., Paris,
LGDJ-Montchrestien, 2012, 821p.
> COMBACAU (Jean) et SUR (Serge), Droit international
public, 9e édition, Paris,
Montchrestien, 2012, 820p.
> DAILLIER (Patrick), FORTEAU (Mathias) et PELLET (Alain),
Droit international
public, 8ème édition, Paris,
LGDJ, 2009, 1709p.
> DUPUY (Pierre-Marie) et KERBRAT (Yann), Droit
international public, 10ème
édition, Paris, Dalloz, 2010, 919p.
> SUR (Serge), Relations internationales, Paris,
Montchrestien, 2000, 703p.
> TERRE (François), Introduction
générale au droit, 6ème éd., Paris,
Dalloz, 2003, 517p.
II- OUVRAGES SPECIALISES
> ABI-SAAB (Rosemary), Droit humanitaire et conflits
internes. Origines et évolution de la réglementation
internationale, Paris, Pedone, 1986, 280p.
> BENCHIKH (Madjid) (dir.), Les organisations
internationales et les conflits armés, actes du colloque
international organisé par l'école doctorale du droit de
l'Université de Cergy Pantoise les 12 et 13 mai 2000,
Paris-Budapest-Torino, L'Harmattan, 2000, 208p.
> BERMAN (Eric) et KRATIE (Sam), Peacekeeping in Africa :
Capabilities and culpabilities, Genève, United Nations publication,
2000, 540p.
> BOUTHOL (Gaston), Traité de sociologie, Les
guerres, éléments de polémologie, Paris, Fayard,
1951, 550p.
> BOUTROS-GHALI (Boutros), Contribution à
l'étude des ententes régionales, Paris, Pedone, 1949,
247p.
> CARAYANNIS (Tatiana) et LOMMBARD (Louisa), Making
sense of the Central African Republic, Londres, Coll. Zed Books, 2015,
384p.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 145
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
> CLAUSEWITZ (Carl Von), De la guerre,
(1982), (trad. MURAWIEC Laurent), éd. Librairie Académique,
Perrin, 1999, 364p.
> DOUMBE-BILLE (Stéphane) (dir.), La
régionalisation du droit international, Bruxelles, Bruylant, 2012,
418p.
> GERBET (Pierre) et al., Le
rêve d'un ordre mondial. De la SDN à l'ONU, Paris, Imprimerie
nationale, 1996, 498p.
> NZE EKOME (Médard), Le rôle et la
contribution de de l'ONU dans la résolution pacifique des conflits en
Afrique. Cas de l'Afrique Centrale. Essai, Editions Mare et Martin,
Londres, Géodif, 2009, 317p.
> PETIT (Yves), Droit International du maintien
de la paix, Paris, LGDJ, 2000, 216p. > SOREL (Jean-Marc)
et al. (dir.), L'effectivité des organisations
internationales : mécanismes de suivi et de contrôle,
Athènes-Paris, Pedone, 2000, 330p.
> TEHINDRAZANARIVELO (Djacoba Liva), Les
sanctions des Nations Unies et leurs effets secondaires. Assistance aux
victimes et voies juridiques de prévention, Paris, PUF, 2005, 563p.
> ZARTMAN (Ian William), La résolution des
conflits en Afrique, Paris, L'Harmattan, 2000, 498p.
III- THESES ET MEMOIRES
A- THESES
> EHEUNI MANZAN (Innocent), Les accords
politiques dans la résolution des conflits armés internes en
Afrique, Thèse de doctorat en Droit public, Université de la
Rochelle, 2011-2012, 718p.
> GAZIBO (Kadidiatou), La
régionalisation de la paix et de la sécurité
internationales post-guerre froide dans le cadre de la CEDEAO : la construction
d'un ordre sécuritaire régional, entre autonomie et
interdépendance, Thèse de doctorat en Science politique,
Université Paris 1-Panthéon Sorbonne, 2013, 408p.
> NTWARI (Guy-Fleury), L'Union africaine et la
promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité en
Afrique, Thèse de Doctorat de droit international et relations
internationales, Université Jean Moulin-Lyon 3, 2014, 588p.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page 146
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
B- MEMOIRES
> KOZANGUE (Bientin Ernest), L'intervention de l'ONU
dans la restauration de la paix en RCA, Mémoire de Master-Recherche
en Droit public international et communautaire, Université de
Yaoundé II, 2014-2015, 163p.
> NKOUROU ETOUNDI (Bernard), Accords de paix et la
résolution des conflits armés internes : le cas
Centrafricain, Mémoire de Master-Recherche en Droit public
international et communautaire, Université de Yaoundé II,
2013-2014, 131p.
> OULINGA (Axel Privat), La protection des populations
civiles dans les conflits armés non-internationaux. Cas de la RCA,
Mémoire de Master-Recherche en Droit public international et
communautaire, Université de Yaoundé II, 2014-2015, 152p.
> ZINDI (Arsène Stéphane), L'intervention
de la CEEAC dans le conflit en République Centrafricaine,
Mémoire de Master-Recherche en Droit public, Université de
Yaoundé II, 2013-2014, 142p.
IV- ARTICLES ET CONTRIBUTIONS
> AKINDES (Francis), « Les transitions
démocratiques à l'épreuve des faits, réflexions
à partir des expériences des pays d'Afrique noire francophone
», Rapport introductif n°3 symposium de Bamako des 6 et 8 nov. 2005,
pp. 580-619.
> BEBR (Gerhard), « regional organizations : A united
nations Problem », AJIL, vol. 49, 1955, pp. 166-184.
> BERMAN (Eric) et SAMS (Katie), « Le maintien de la
paix en Afrique », Forum du désarmement, Vol. 3, 2000, pp.
24-34.
> BOISSON DE CHAZOURNES (Laurence), « Les relations
entre organisations régionales et organisations universelles »,
RCADI 2011, Vol. 347, pp. 83-406.
> BOURGI (Albert), « L'Union africaine entre les
textes et la réalité », AFRI, Vol. 5, janvier 2004,
pp. 327- 344.
> BOURQUIN (Maurice), « Règles
générales du droit de la paix », RCADI, tome 35,
1931-I, pp. 5-232.
> CAFLISCH (Lucius), « Cent ans de règlement
pacifique des différends interétatiques », in Collected
Courses of the Hague Academy of international Law, The Hague Academy of
international Law, Vol 288, 2001, pp. 245-272.
> COMBACAU (Jean), « Sanction », Encyclopedia
of Public International Law (EPIL), Vol. 9, 1986, pp. 337-339.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 147
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
> DE WET (Erika), « The relationship between the
security council and regional organizations during Enforcement Action under
chapter VII of the united nations charter », NJIL, vol. 71, 2002,
pp. 1-37.
> EIDE (Adélaïde), « Troubles et tensions
intérieurs », dans UNESCO (éd.), Les dimensions
internationales du droit humanitaire, Paris/Genève, 1986, pp.
279-295.
> EIDE (Asbjorn), « Peace-Keeping and Enforcement by
regional organizations », Journal of Peace Research, vol. 3,
1966, pp. 125-144.
> FLORY (Maurice), « L'ONU et les opérations de
maintien de la paix », AFDI, 1965, pp. 402-446.
> FOGUE TEDOM (Alain), « RCA. Crises et guerres
civiles. Essai non encore concluant pour l'Architecture Africaine de Paix et de
Sécurité (AAPS) de l'UA », Revue
géopolitique, Yaoundé, 22 février 2015, pp. 1-8.
> GAUTRON (Jean-Claude), « Le fait régional
dans la société internationale », dans SFDI,
Régionalisme et universalisme dans le droit international
contemporain, Paris, Pedone, 1976, pp. 3-44.
> GOURDIN (Patrice), « République
Centrafricaine : géopolitique d'un pays oublié », Taka
parler News, Géopolitique 21 juin 2015, p. 1-8.
> KELSEN (Hans), « Théorie
générale du droit international public. Problèmes choisis
», RCADI, tome 42, 1932, pp. 182-311.
> KHABURE (Louise), « Des sociétés
prises au piège, conflits et enjeux régionaux : Tchad,
République Centrafricaine, Soudan, Soudan du sud », ACORD /CCFD,
Terre solidaire, 2014 », pp. 62-64.
> KODJO (Edem) et GHERARI (Habib), « Article 52
», dans COT (Jean-Pierre), PELLET (Alain) et FORTEAU (Mathias) (dir.),
La Charte des Nations Unies : commentaire article par article, 3e
éd., Paris, Economica, 2005, tome II, pp. 13671402.
> LIEGEOIS (Michel), « L'appui international au
renforcement des capacités africaines du maintien de la paix : Trop de
médecins autour du patient ? », Guide du maintien de de la
paix, 2011, pp 183-200.
> LIEGEOIS (Michel), « Opérations de paix : la
question de la régionalisation », dans Jocelyn COULON (dir.), Guide
du maintien de la paix 2005 (Montréal : Athéna/CEPES, 2004), pp.
17-33.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 148
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
> LIEGEOIS (Michel), « Le rôle des organisations
régionales dans le maintien de la paix et de la sécurité
internationales », Coll. Géopolitique et résolution des
conflits, n° 9, in Gaëlle PELLON et Michel LIEGEOIS, Les
organisations régionales et la sécurité en Europe - Vers
une régionalisation de la sécurité ? Bruxelles,
P.I.E. Peter Lang, 2010, pp. 53-75.
> MENEMENIS (Alain), « L'assistance constitutionnelle
et administrative comme condition de la restauration de l'Etat », in
DAUDET (Yves) (dir.), Les Nations Unies et la restauration de l'Etat,
Paris, Pedone, 1995, pp. 20-47.
> MILLE-DEVALLE (Anne-Sophie), « L'évolution
des opérations de maintien de la paix en Afrique », in
revue Arès, n°50, Vol. XX, février 2003, pp
11-25.
> MOMTAZ (Djamchid), « Les règles humanitaires
minimales applicables en période de troubles et de tensions internes
», RICR, Vol. 80, 1998, pp. 487-495.
> MOMTAZ (Djamchid), « La délégation par le
Conseil de sécurité de l'exécution de ses actions
coercitives aux organisations régionales », AFDI, volume
43, 1997. pp. 105-115.
> MONACO (Riccardo), « Cours général de
droit international public », RCADI, Vol. 125, 1968-III, pp.
93-336.
> MORAND (Charles-Albert), « La sanction »,
Archives de philosophie du droit, Vol. 35, 1990, pp. 293-312.
> MOREAU-DEFARGES (Philippe), « De la SDN l'ONU
», Pouvoirs, 2004/2, n°109, pp. 15-26.
> RESS (Georg) et BRÖHMER (Jürgen), «
Article 53 », dans SIMMA, et al. (dir.), The Charter of the
United Nations : A Commentary, 2e éd., oxford, oxford university
Press, 2002, pp. 795-880.
> SALL (Alioune), « Le Secrétaire
général de l'OUA et le Président de le Commission de
l'Union africaine : Etude comparative », RJPPF, 2010, n°4,
pp. 443-485.
> SALMON (Jean), « Quelle place pour l'Etat dans le
droit international aujourd'hui ? » RCADI, tome 347, 2010, pp.
9-78.
> SALMON (Jean), « Les accords régionaux dans les
travaux préparatoires de la Charte des Nations Unies (San Francisco
1945) », dans Jorge CARDONA LLORENS (dir.), La ONU y el mantinimiento
de la paz en el siglo XXI, Valencia, Tirant lo Blanch, 2008, pp.
405-416.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page 149
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
> TAWA (Netton Prince), « Interventions
internationales et résolution des conflits en Afrique noire : Bilan et
perspectives », NAP n°12, août 2013, pp. 1-9.
> TERCINET (Josiane), « Régionalisme et
internationalisme : une conciliation difficile en matière de maintien de
la paix », in Le maintien de la paix et de la sécurité
internationales, Recueil d'études de Josiane TERCINET, Bruxelles,
Bruylant, 2012, pp. 431-448.
> TESSIER (Manon), « Qu'est-ce que le maintien de la paix
? », in Paix et sécurité internationales, Canada,
IQHEI, Décembre 1999, information tirée sur internet au
www.Iqhei.Ulaval.Ca/default.asp , consulté le 30 juillet 2018.
> TRAN VAN (Minh), « Les conflits », in
Encyclopédie juridique de l'Afrique, tome 2, Dakar, Nouvelles
éditions africaines, 1992, pp. 311-340.
> TRAORE (Bakary), « La contribution africaine au
maintien de la paix onusien : enjeux et dessous d'un engagement croissant
», Note d'Analyse du Groupe de Recherche et d'Information sur la Paix
et la sécurité (GRIP), Bruxelles,30 août 2013, pp.
2-16.
> TRAORE (Bakary), « La régionalisation du
maintien de la paix en Afrique depuis le début des années 90 :
Enjeux, contraintes et défis relever », Université de
Cocody, Abidjan, pp. 1-88.
> VIJAY KUMAR (Jetley), « Le maintien de la paix par
des organisations régionales », ASPJ Afrique &
Francophonie, 2010, pp. 24-33.
> VILLANI (Ugo), « Le rôle des organisations
régionales dans le maintien de la paix », Recueil des
cours, Vol. 290, 2001, pp. 324-391.
> VIRALLY (Michel), « Panorama du droit international
contemporain. Cours général de droit international public »,
Hague Academy of International Law (HAIL), Vol. 184, 1983-V, pp.
9-382.
> WEHBERG (Henry), « La guerre civile et le Droit
international », RCADI, Vol. 63, 1938, pp. 1-119.
> ZAKANE (Vincent), « Médiation et
règlement pacifique des conflits en Afrique : analyse théorique
» Revue CAMES/SJP, n°001, 2017, pp. 243-268.
> ZOGO NKADA (Simon-Pierre), « La libre circulation
des personnes : réflexions sur l'expérience de la C.E.M.A.C et de
la CEDEAO », RIDE, 2011/1, tome XXV pp.113-136.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page 150
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
V- DICTIONNAIRES ET OUVRAGES METHODOLOGIQUES A-
DICTIONNAIRES
> CORNU (Gérard), Vocabulaire
juridique, 11e édition, Paris, PUF, 2015, 1101p.
> Dictionnaire de la terminologie du droit international, Paris,
Sirey 1960, 755p. > Dictionnaire français Le
Robert, Paris, Malesherbes, 2012, 631p.
> GUILLIEN (Raymond) et VINCENT (Jean) (dir.),
Lexique des termes juridiques,
14ème éd., Paris, Dalloz, 2003, 812p.
> Hachette, Paris, 1813p.
> Le Grand Larousse, Paris, Cedex, 2015, 2110p.
> LOROT (Pascal) (dir.), Dictionnaire de la
mondialisation, Paris, Ellipses, 2001, 496p. > SALMON (Jean)
(dir.), Dictionnaire de droit international public, Bruxelles,
Bruylant, 2001, 1198p.
> VERRI (Pietro), Dictionnaire du droit
international des conflits armés, Genève, CICR, 1988,
147p.
B- OUVRAGES METHODOLOGIQUES
> BEAUD (Michel), L'art de la thèse,
Paris, La découverte, 2006, 202p.
> BERGEL (Jean-Louis), Méthodologie
juridique, Paris, PUF, 2001, 123p.
> BOUTILLIER (Sophie) et al., Méthodologie
de la thèse et du mémoire. Conseils pratiques et exemples,
Paris, Studyrama, 2001, 303p.
> GRAWITZ (Madeleine), Méthodes des
sciences sociales, 10e éd., Paris, Dalloz, Coll. «
Précis Droit public. Science politique », 1996, 379p.
> KALIKA (Michel), Le mémoire de
Master, 3ème édition, Paris, DUNOD, 2008, 210p.
> N'DA (Pierre), Méthodologie et guide pratique du
mémoire de recherche et de la thèse de doctorat, Paris,
L'Harmattan, 2007, 240p.
VI- TEXTES JURIDIQUES A- TEXTES NATIONAUX
> Charte constitutionnelle de la Transition (RCA), 18
juillet 2013. > Constitution de la République
Centrafricaine, 30 mars 2016.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 151
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
B- TEXTES SUPRANATIONAUX
1- Traités
> Charte des Nations Unies, 26 juin 1945.
> Déclaration Universelle des Droits de
l'Homme, 10 décembre 1948.
> Charte de l'Organisation de l'Unité
Africaine, 25 mai 1963.
> Pacte international relatif aux droits civils et
politiques, 16 décembre 1966.
> Pacte international relatif aux droits
économiques, sociaux et culturels, 16 décembre
1966.
> Charte Africaine des Droits de l'Homme et des
Peuples, 28 juin 1981.
> Traité instituant la CEEAC, 18 octobre
1983.
> Protocole relatif au Conseil de Paix et de
Sécurité de l'Afrique Centrale, 24 février
2000.
> Acte constitutif de l'Union Africaine, 11 juillet
2000.
> Protocole relatif à la création du Conseil
de Paix et de Sécurité de l'Union africaine,
09 juillet 2002.
> Charte Africaine de la Démocratie, des Elections
et de la Gouvernance, 30 janvier
2007.
2- Résolutions, Décisions et
Déclarations
2.1- Résolutions (ONU)
+ Résolution adoptée par
l'Assemblée générale
> Résolution A/RES/55/22 relative à la
coopération entre l'ONU et la CEEAC, 11
janvier 2001.
+ Résolutions adoptées par le
Conseil de sécurité
> Résolution S/RES/1196(1998) sur la situation
en Afrique, 16 septembre 1998.
> Résolution S/RES/1197(1998) sur la situation
en Afrique, 18 septembre 1998.
> Résolution S/RES/1631(2005) sur la
coopération entre l'ONU et les organisations
régionales pour le maintien de la paix et de la
sécurité internationales, 17 octobre
2005.
> Résolution S/RES/2033(2012) sur la
coopération entre l'ONU et les organisations
régionales et sous-régionales aux fins du maintien
de la paix et de la sécurité
internationales, 12 janvier 2012.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page 152
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
> Résolution S/RES/2121(2013) sur la situation en
République Centrafricaine, 15
novembre 2013.
> Résolution S/RES2127(2013) sur la situation en
République Centrafricaine, 5
décembre 2013.
> Résolution S/RES/2149(2014) sur la situation en
République Centrafricaine, 10 avril
2014.
2.2- Décisions
+ Décision de l'Union Africaine
> Décision Assembly/AU/Dec.485(XXI) de la
Conférence de l'Union sur le douzième Rapport du Comité
des dix sur la réforme du Conseil de sécurité des Nations
Unies, 26 et 27 mai 2013.
+ Décisions de la CEEAC
> Décision N°02/CEEAC/CCEG/XIII/08 portant mandat
de la Mission de Consolidation
de la Paix du Conseil de Paix et de Sécurité de
l'Afrique Centrale en République Centrafricaine (MICOPAX 1), 12 juin
2008.
> Doc. CEEAC, Décision N° 02/CEEAC/CCEG/13 portant
mandat de suivi de l'application du cessez-le-feu et des décisions de
l'Accord politique de Libreville par la Mission du Conseil de Paix et de
Sécurité de l'Afrique Centrale en République
Centrafricaine (MICOPAX 1), 11 janvier 2013.
2.3- Déclarations
+ Déclaration de l'Union Africaine
> Déclaration Assembly/AU/Decl. 1/(XXI) de la
Conférence de l'Union sur le Rapport du CPS sur ses activités et
l'état de la paix et de la sécurité en Afrique, 26 et 27
mai 2013.
+ Déclarations de la CEEAC
> « Déclaration d'octobre 2002,
acte 1 » du Conseil des ministres de la Communauté sur le «
Renforcement de la coopération entre le système des Nations Unies
et la région de l'Afrique centrale pour le maintien de la paix et de la
sécurité », 22 octobre 2002.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 153
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
> « Déclaration d'octobre 2002, acte 2
» du Secrétariat général de la Communauté sur
le « Renforcement de la coopération entre le système des
Nations Unies et la région de l'Afrique centrale pour le maintien de la
paix et de la sécurité », 22 octobre 2002.
3- Rapports
+ Rapports de l'ONU
> Rapport annuel du Secrétaire
général sur l'activité de l'Organisation, septembre
1991.
> Agenda pour la paix, Diplomatie préventive,
rétablissement de la paix, maintien de la paix . · Rapport
présenté par le Secrétaire général en
application de la déclaration adoptée par la Réunion au
sommet du Conseil de sécurité le 31 janvier 1992, juin
1992.
> Supplément à l'Agenda pour la paix
. · Rapport de situation présenté par le
Secrétaire général à l'occasion du cinquantenaire
de l'Organisation des Nations Unies, janvier 1995.
> Amélioration de la capacité de
prévention des conflits et du maintien de la paix en Afrique . ·
Rapport du Secrétaire général, novembre 1995.
> Les causes des conflits et la promotion d'une paix et
d'un développement durables en Afrique . · Rapport du
Secrétaire général, avril 1998.
> Les enfants dans la crise en République
centrafricaine. Un rapport d'activités à quatre mois, mai
2014.
> Rapport du Projet Mapping documentant les violations
graves du droit international des droits de l'homme et du droit international
humanitaire commises sur le territoire de la République centrafricaine
de janvier 2003 à décembre 2015, mai 2017.
+ Rapports de l'Union Africaine
> Rapport du Président de la Commission sur la
Situation en Somalie, janvier 2007.
> Rapport du Président de la Commission sur le
partenariat entre l'Union Africaine et les Nations Unies dans le domaine de la
paix et de la sécurité . · vers une plus grande
cohérence stratégique et politique, janvier 2012.
> Rapport de la Présidente de la Commission sur
le partenariat Union Africaine - Nations Unies : l'impératif d'une plus
grande cohérence, 23 septembre 2013.
> Premier rapport intérimaire de la Commission
de l'UA sur la situation en RCA et les activités de la MISCA, mars
2014.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page 154
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
+ Rapport d'Amnesty International
> Rapport sur la situation des droits de l'Homme en
Centrafrique, octobre 2011.
+ Rapport de la Banque Mondiale
> Rapport sur la RCA, avril 2015.
VII- JURISPRUDENCES
+ Jurisprudence de la CPJI
> Affaire des concessions Mavrommatis en Palestine
(Grèce c. Royaume-Uni), arrêt du
30 août 1924, série A n°2.
+ Jurisprudences de la CIJ
> Affaire des activités militaires et
paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci
(Nicaragua c. Etats-Unis d'Amérique), arrêt
du 26 novembre 1984.
> Affaire de la frontière terrestre et maritime
entre le Cameroun et le Nigéria
(Cameroun c. Nigéria), arrêt (sur les
exceptions préliminaires) du 11 juin 1998.
> Affaire des activités armées sur le
territoire du Congo (République Démocratique du
Congo c. Ouganda), arrêt du 19 décembre
2005.
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 155
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
TABLE DES MATIERES
AVERTISSEMENT i
DEDICACE ii
REMERCIEMENTS iii
RESUME et Mots clés .iv
ABSTRACT et Keys words v
TABLE DES SIGLES, ACRONYMES ET ABREVIATIONS vi
SOMMAIRE .x
INTRODUCTION GENERALE ..1
PREMIERE PARTIE : CEEAC-UA, « SOUS-TRAITANTS » DE
L'ONU DANS LE
CADRE DU MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SECURITE EN RCA 26
CHAPITRE I : LA DIMENSION NORMATIVE DE LA SOUS-TRAITANCE ONU
-
CEEAC/UA DANS LE CADRE DU CONFLIT EN RCA 29
SECTION I : L'ONU ET L'ETABLISSEMENT DE LA SOUS-TRAITANCE AVEC
LA
CEEAC/UA DANS LA PRISE EN CHARGE DU CONFLIT CENTRAFRICAIN
30
PARAGRAPHE I : Le Chapitre VIII de la Charte, norme
générale d'établissement de la sous-
traitance ONU-CEEAC/UA dans la gestion du conflit en RCA 31
A-Les figures de la sous-traitance dans le Chapitre VIII 31
1-L'article 52 ou injonction donnée aux organismes
régionaux en vue d'un Règlement
Pacifique des Différends (RPD) 32
2-L'article 53 ou consécration du pouvoir d'utilisation
et/ou d'autorisation des organismes
régionaux par le Conseil de sécurité
33
B-Les critères (de validité) de la
sous-traitance dans le Chapitre VIII 33
1-Le critère de compatibilité aux buts des
Nations Unies 34
2-Le critère de compatibilité aux principes des
Nations Unies 35
PARAGRAPHE II : La résolution 2127 (2013) du Conseil de
sécurité, norme spécifique
d'établissement de la sous-traitance ONU-CEEAC/UA dans
la gestion du conflit en RCA 36
A-Un mandat de protection des populations civiles 36
1-La fourniture d'aide humanitaire 36
2-La protection contre les atteintes aux droits de l'homme
37
B-Un mandat de restauration de l'autorité de l'Etat
38
1-Le volet institutionnel 38
2-Le volet sécuritaire 39
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page 156
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
SECTION II : LA CEEAC/UA ET L'ACCEPTATION DE LA
SOUS-TRAITANCE DE
L'ONU DANS LA PRISE EN CHARGE DU CONFLIT CENTRAFRICAIN 39
PARAGRAPHE I : Une acceptation explicite, applicable
indirectement au cas centrafricain 41
A-L'acceptation explicite par la CEEAC 41
1-Les ingrédients de l'acceptation explicite dans
l'article 3 du Protocole relatif au COPAX 42
2-Les ingrédients de l'acceptation explicite dans
l'article 4 du Protocole relatif au COPAX 43
B-L'acceptation explicite par l'Union Africaine 44
1-Une acceptation exprimée dans le dispositif de l'Acte
constitutif de l'UA 45
2-Une acceptation exprimée dans le dispositif du
Protocole relatif à la création du CPS de
l'UA 45
PARAGRAPHE II : Une acceptation tacite, applicable
indirectement au cas centrafricain 47
A-La CEEAC et l'acceptation tacite de la relation de
sous-traitance 47
1-La référence à la Charte des Nations
Unies ou acceptation systémique 47
2-La référence à quelques
résolutions du Conseil de sécurité des NU ou acceptation
orientée
|
..49
|
B-L'UA et l'acceptation tacite de la relation de sous-traitance
|
50
|
1-Une acceptation initialement générale
|
50
|
2-Une acceptation finalement sui generis
|
51
|
CONCLUSION DU CHAPITRE I
|
53
|
CHAPITRE II : LA DIMENSION SUBSTANTIELLE DE LA SOUS-TRAITANCE
ONU -
CEEAC/UA DANS LE CADRE DU CONFLIT EN RCA 54
SECTION I : L'USAGE PAR LA CEEAC ET L'UA DES MODES DE RPD POUR
LA
RESOLUTION DU CONFLIT EN RCA, DANS LE RESPECT LA CHARTE DES NU
55
PARAGRAPHE I : La CEEAC et la conclusion des Accords
politiques entre les parties au
conflit 56
A-L'Accord de Libreville, expression d'une volonté de
prévention du conflit 57
1-Une volonté de prévention perceptible dans le
Préambule de l'Accord de Libreville 58
2-Une volonté de prévention perceptible dans le
dispositif de l'Accord de Libreville 58
B-L'Accord de Brazzaville, expression d'une
volonté de règlement du conflit 59
1-Des ingrédients d'une volonté de
règlement du conflit perceptibles dans l'historique de
l'Accord de Brazzaville 59
2-Des ingrédients d'une volonté de
règlement de conflit perceptibles dans le contenu de
l'Accord de Brazzaville 61
PARAGRAPHE II : Les sanctions de l'UA et la mise en oeuvre des
actions par les acteurs
centrafricains en vue du rétablissement d'une
légitimité au plan international 61
A-La sanction à l'encontre de l'Etat, manoeuvre tendant
à contenir le conflit par le haut 63
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 157
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
1-La consistance de la sanction : Une suspension des droits de
participation de l'Etat
centrafricain aux activités de l'UA 63
2-Le caractère de la sanction : une sanction juridiquement
contraignante 64
B-La sanction à l'encontre des individus, manoeuvre
tendant à contenir le conflit par le bas 65
1-Des restrictions de voyage, une atteinte « volontariste
» et relativement justifiable au
principe de la liberté de mouvement 66
2-Le gel des avoirs, une atteinte « volontariste » et
relativement justifiable au principe de la
libre disposition des richesses 67
SECTION II : L'USAGE PAR LA CEEAC ET L'UA DE LA COERCITION POUR
LA RESOLUTION DU CONFLIT EN RCA, DANS LE RESPECT DE LA CHARTE DES NU
68
PARAGRAPHE I : La MICOPAX ou Mission de paix de la CEEAC 68
A-La MICOPAX 1 et la facilitation du suivi de l'application du
cessez-le-feu et des décisions
de l'Accord politique de Libreville 69
1-Le droit de la MICOPAX 1 à l'usage de la force, mesure
spécifique de garantie sécuritaire
dans le rôle de facilitation du suivi de l'Accord de
Libreville 70
2-La liberté de moyens de la MICOPAX 1, mesure
générale de garantie sécuritaire dans le
rôle de facilitation du suivi de l'Accord de Libreville
71
B-La MICOPAX 2 et le développement du processus politique
72
1- L'appui au retour à la légalité
constitutionnelle, désir de reconstruction d'un Etat de droit
..72
2-L'appui au processus de réconciliation nationale,
désir de reconstruction d'une cohésion
sociale ..73
PARAGRAPHE II : La MISCA ou Mission de paix de l'UA 73
A-Le rôle déterminant de la MISCA sur le plan de la
protection des civils, du rétablissement
de la sécurité et de l'ordre public et de l'aide
humanitaire 74
1-Le volet protection des civils et rétablissement de la
sécurité et de l'ordre public 74
2-Le volet création de conditions propices à une
aide humanitaire aux populations 75
B-Le rôle déterminant de la MISCA dans la
stabilisation du pays et la restauration de
l'autorité de l'Etat 76
1-L'aspect stabilisation du pays 76
2-L'aspect restauration de l'autorité de l'Etat 77
CONCLUSION DU CHAPITRE II 78
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE 79
DEUXIEME PARTIE: CEEAC-UA, « PARTENAIRES » DE L'ONU
DANS LE CADRE
DU MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SECURITE EN RCA 81
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL
KOBALE Chrisogone Ignace Page 158
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
CHAPITRE I : LES EXPRESSIONS THEORIQUES DU PARTENARIAT
CEEAC/UA -
ONU DANS LE CADRE DU CONFLIT EN RCA 84
SECTION I : LES EXPRESSIONS ONUSIENNES DU PARTENARIAT
ONU-CEEAC/UA, DES INSTRUMENTS JURIDIQUES IMPERSONNELS, APPLICABLES PAR
DEDUCTION AU CAS CENTRAFRICAIN 85
PARAGRAPHE I : Le Conseil de sécurité et les
expressions du partenariat 86
A-Résolution 1631 (2005), « édit » sur un
partenariat moins solide et structuré 87
1-Le cadre formel de la résolution 1631(2005), reflet
à demi-teinte de la thèse du partenariat
moins solide et structuré ONU-organisations
régionales 87
2-Le cadre substantiel de la résolution 1631(2005), reflet
explicite de la thèse du partenariat
moins solide et structuré ONU-organisations
régionales 88
B-Résolution 2033 (2012), produit d'un satisfecit et d'une
volonté de consolidation du
partenariat ONU-organismes régionaux 89
1-Le préambule de la résolution 2033(2012), «
lieu » d'expression du satisfecit sur le
partenariat ONU-organismes régionaux 89
2-Le dispositif de la résolution 2033(2012),
révélateur de la volonté de consolidation du
partenariat ONU-organismes régionaux 90
PARAGRAPHE II : Le Secrétariat, l'Assemblée
générale et les expressions du partenariat 91
A-Le Secrétariat et les Agendas pour la paix : entre
conception « brute » et conception
« nette » d'un partenariat ONU-organismes
régionaux 92
1-L'Agenda pour la paix de 1992, conception « brute
» du partenariat ONU-organismes
régionaux .92
2-Le Supplément à l'Agenda pour la paix de
1995, conception « nette » du partenariat ONU-
organismes régionaux 93
B-L'Assemblée générale et la
résolution A/RES/55/22 : entre développement rationalisé
d'un
partenariat et développement d'un partenariat avec une
organisation précise 94
1-Le Préambule de la résolution A/RES/55/22 et les
symptômes du développement rationalisé
d'un partenariat 95
2-Le Corps de la résolution A/RES/55/22 et la marque d'un
partenariat avec une organisation
précise .96
SECTION II : LES EXPRESSIONS DU PARTENARIAT CEEAC/UA-ONU, DES
INSTRUMENTS JURIDIQUES IMPERSONNELS, APPLICABLES PAR DEDUCTION
AU CAS CENTRAFRICAIN 96
PARAGRAPHE I : Les expressions théoriques du partenariat
au niveau de l'Union Africaine
97
A-La Conférence de l'Union et les expressions du
partenariat 97
1-Décision Assembly/AU/Dec.485(XXI) ou «
révélation » d'un partenariat institutionnalisé 98
2-Déclaration Assembly/AU/Decl. 1/(XXI) ou «
révélation » de l'appel à la
reconsidération
d'un partenariat non institutionnalisé 99
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page 159
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
B-La Commission de l'Union et les expressions du partenariat
100
1-Rapport du Président de la Commission de l'Union du 9
janvier 2012, manifestation du
désir d'une cohérence dans le partenariat entre
deux organisations 101
2-Rapport de la Présidente de la Commission de l'Union
du 23 septembre 2013,
renouvellement du désir d'une cohérence dans le
partenariat entre deux organisations 103
PARAGRAPHE II : Les expressions théoriques du
partenariat au niveau de la CEEAC 104
A-Le Conseil des ministres de la Communauté et la
« Déclaration d'octobre 2002, acte 1 »105
1-Les aspects rétrospectifs de la Déclaration,
récit d'une évolution positive de la situation
sécuritaire en Afrique centrale du fait du partenariat
CEEAC-ONU 105
2-Les aspects perspectifs de la Déclaration,
désir du renforcement du partenariat CEEAC-
ONU face au défi de la stabilité en Afrique
centrale 106
B-Le Secrétariat général de la
Communauté et la « Déclaration d'octobre 2002, acte 2 »
107
1-L'objet fondamental de la Déclaration : demande de
renforcement des liens partenariaux
entre la CEEAC et l'ONU en matière de maintien de la
paix et de la sécurité 107
2-L'objet complémentaire de la Déclaration :
présentation de l'architecture de paix et de
sécurité de la CEEAC 108
CONCLUSION DU CHAPITRE I 110
CHAPITRE II : LES EXPRESSIONS PRATIQUES DU PARTENARIAT
CEEAC/UA -
ONU DANS LE CADRE DU CONFLIT EN RCA 111
SECTION I : L'INTERVENTION CONSOLIDATRICE DE L'ONU AU MOMENT
DE LA
PRISE EN CHARGE DU CONFLIT CENTRAFRICAIN PAR LA CEEAC ET L'UA
112
PARAGRAPHE I : Une intervention initialement indirecte via
l'UNICEF et le PNUD 113
A-Le rôle non négligeable de l'UNICEF dans la
consolidation des acquis de la CEEAC/UA
en RCA ..113
1-UNICEF, un facilitateur en terme d'approvisionnement en eau
et l'assainissement 114
2-UNICEF, un promoteur dans le cadre de l'hygiène et de
l'accès à une éducation de qualité
114
B-Le rôle central du PNUD dans la consolidation des
acquis de la CEEAC/UA en RCA 115
1-Un rôle central dans le cadre de la promotion des
droits de l'homme 116
2-Un rôle central dans le cadre du soutien à la
relance de la justice 117
A-La MINUSCA et l'appui aux programmes DDR et CVR,
stratégie fondamentale de
construction rationnelle et technique d'un environnement
sécuritaire sûr et stable 118
1-L'appui de la MINUSCA au programme DDR comme point de
départ 119
2-L'appui de la MINUSCA au programme CVR comme point
d'achèvement 120
B-La MINUSCA et l'appui à la RSS, stratégie
complémentaire de construction rationnelle et
technique d'un environnement sécuritaire sûr et
stable 121
Mémoire de Master Recherche en Droit public,
présenté et soutenu publiquement par MENEHOUL KOBALE Chrisogone
Ignace Page 160
La régionalisation du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Etude appliquée au conflit en
République Centrafricaine
1-Des conseils et assistances stratégiques et
techniques, une dynamique limitée au plan
national ..121
2-Une coordination de l'assistance technique internationale et
des activités de formation, une
dynamique étendue au plan international 122
SECTION II : L'INTERVENTION FACILITATRICE DE LA CEEAC ET DE
L'UA
DEPUIS LA PRISE EN CHARGE DU CONFLIT CENTRAFRICAIN PAR L'ONU
123
PARAGRAPHE I : Une intervention initialement directe et en
nature 124
A-La participation des contingents (sous) régionaux
à la Mission de l'ONU 124
1-La dimension exclusivement CEEAC des troupes de la MINUSCA
125
2-La dimension confondue CEEAC/UA des troupes de la MINUSCA
126
B-Des moyens substantiels primitivement limités 127
1-Des limites d'ordre logistique et technique 127
2-Des limites d'ordre financier 129
PARAGRAPHE II : L'initiative africaine pour la paix et la
réconciliation en RCA ou une
intervention finalement indirecte et en industrie 131
A-Les objectifs et principes établis dans l'initiative
africaine : façonnage d'un cadre
opérationnel orienté vers une gestion
consensuelle et structurée du conflit 132
1-Une (re)fixation ambitieuse des objectifs à atteindre
132
2-Une (re)prise des principes directeurs relativement convenus
dans la pratique du RPD 133
B-Les thématiques établies dans le cadre de
l'initiative africaine : une initiative tendant
manifestement à l'éducation à
l'entrepreneuriat et à la citoyenneté 133
1-Une éducation à l'entrepreneuriat de par les
questions politiques et socio-économiques
retenues .134
2-Une éducation à la citoyenneté de par
les questions sécuritaire, humanitaire, judiciaire et de
réconciliation soulevées 134
CONCLUSION DU CHAPITRE II 136
CONCLUSION DE LA SECONDE PARTIE 137
CONCLUSION GENERALE 139
ANNEXES 143
BIBLIOGRAPHIE 144
TABLE DES MATIERES 155
|