Projet de Fin d'Etudes présenté pour
l'obtention du diplôme d'Ingénieur d'état en
Agronomie
Option : Ecologie et Management des Ecosystèmes
Naturels -EMEN
Etude des possibilités d'atténuation et
d'adaptation au changement climatique des riverains dans les zones
forestières et péri-forestières de Tiddas (Plateau
Central, Maroc).
Présenté et soutenu publiquement par M. Moatassim
Abderrahmane devant le
Jury composé par :
JURY
M.
|
Sehhar El Ayachi
|
Président
|
Professeur
|
IAV Hassan II
|
M.
|
Bouhaloua Mhammed
|
Rapporteur
|
Professeur
|
IAV Hassan II
|
M.
|
Ahlafi Zaki
|
Rapporteur
|
Ingénieur en chef
|
Expert forestier consultant
|
M.
|
Essaghi Salaheddine
|
Examinateur
|
Docteur
|
IAV Hassan II
|
Rabat, Février 2021
RÉSUMÉ
Le changement climatique fait partie intégrante de la
réalité mondiale qui menace sérieusement les ressources
naturelles de la planète. Conscient des effets néfastes de ce
phénomène, le Maroc a adhéré pleinement à
l'effort mondiale de lutte contre le changement climatique ; et par
conséquent il a adopté un certain nombre de stratégies en
vue d'en atténuer les effets.
L'étude concerne les zones forestières et
péri-forestières de Tiddas qui relèvent du plateau central
marocain, au climat semi-aride. Les modifications climatiques que subit
dernièrement la commune de Tiddas, compromettent tous les efforts de
développement. Ainsi, les productions agricoles sont réduites et
les populations rurales sont menacées par le spectre de la
pauvreté, ce qui est un prélude à l'exode rural. Pour
survivre, les populations accentuent la pression sur les ressources
forestières qui cause le déboisement et la dégradation des
terres par l'érosion.
Notre recherche porte sur l'Analyse des possibilités
d'atténuation et d'adaptation des communautés rurales de Tiddas
face aux risques des changements climatiques. Ainsi, nous avons analysé
le comportement social des usagers vis-à-vis des ressources naturelles
en vue de s'adapter aux effets de ces changements. La méthodologie
adoptée repose, au moyen d'un échantillonnage aléatoire,
sur les investigations de terrain qui entendent faire ressortir des actions
locales associées à la lutte contre le changement climatique.
Le traitement des données est effectué par le
biais de l'analyse factorielle des correspondances multiples (AFCM) au moyen du
logiciel SPSS. Les principaux résultats obtenus montrent que les
systèmes d'exploitation de l'espace est du type agro-pastoral ou
l'élevage extensif en constitue un pilier.
Malgré ses atouts, Tiddas possède de nombreuses
contraintes ; parmi lesquelles le climat semi-aride à faibles
précipitations, les sols dégradés et le couvert forestier
en matorral permettent de faibles rendements agricoles. L'élevage
extensif demeure la principale source de revenus dans la zone, est tributaire
des parcours naturels qui sont très dégradés.
Pour assurer le développement durable en harmonie avec
la conservation de la nature, il est indispensable de renforcer les
capacités des agriculteurs dans leurs systèmes d'exploitation
d'agroforesterie en vue d'adopter les bonnes pratiques agricoles prometteuses
de bons rendements et de conservation des eaux et sols, de trouver des
alternatives énergétiques pour diminuer la consommation du bois
énergie et de repenser les projets de reforestation
exécutés au niveau de la commune.
Mots clés : Forêt « Tiddas
», changements globaux, population locale, zone
péri-forestière, planification de la gestion, diagnostic
socioéconomique, Analyse de Composante Multiple, résilience,
agroforesterie, adaptation, Développement Durable, Maroc.
ABSTRACT
Climate change is an integral part of the global reality that
seriously threatens the planet's natural resources. Aware of the adverse
effects of this phenomenon, Morocco has fully embraced the global effort to
combat climate change and has therefore adopted a number of strategies to
mitigate its effects.
The study concerns the forested and periforested areas of
Tiddas, which are part of the Moroccan Plateau Central with a semi-arid
climate. The recent climate changes in Tiddas Township are compromising all
development efforts. Thus, agricultural production is reduced and rural
populations are threatened by the spectre of poverty, which is a prelude to the
rural exodus.
To survive, populations increase the pressure on forest
resources that causes deforestation and land degradation through erosion. Our
research focuses on the Analysis of Mitigation and Adaptation Opportunities for
Rural Tiddas Communities in the Face of Climate Change Risks. For example, we
analyzed the social behaviour of users towards natural resources in order to
adapt to the effects of these changes. The methodology adopted is based on
random sampling and field investigations to identify local actions associated
with the fight against climate change.
Data processing is performed through Multiple Correspondence
Factor Analysis (MFDA) using the SPSS software. The main results obtained show
that land-use systems are of the agro-pastoral type or extensive livestock
farming is a pillar of it.
Despite its strengths, Tiddas has many constraints, including
the semi-arid climate with low rainfall, degraded soils and forest cover in
matorral allow low agricultural yields. Extensive livestock farming remains the
main source of income in the area, is dependent on natural rangelands that are
severely degraded.
To ensure sustainable development in harmony with nature
conservation, it is essential to strengthen farmers' capacities in their
agroforestry farming systems in order to adopt good agricultural practices
promising satisfactory yields, water and soil conservation, to find energy
alternatives to reduce the consumption of wood energy and to rethink the
reforestation projects carried out at the municipal level.
Keywords: Tiddas Forest, global changes,
local population, peri-forest area, management planning, socio-economic
diagnosis, Multiple Component Analysis, resilience, agroforestry, adaptation,
Sustainable Development, Morocco.
DÉDICACES
Je rends grâce à Allah, le
Clément, le Miséricordieux pour m'avoir accordé la
santé, le courage, la détermination et la force nécessaire
pour accomplir ce travail malgré les circonstances
exceptionnelles liées au Covid-19.
Qu'il me soit permis de dédier ce modeste travail
à toutes les personnes qui me sont très chères,
particulièrement :
?À mes parents, qui m'ont toujours
éduqué dans la droiture, le respect, l'amour et la
persévérance, qui m'ont fait comprendre que seule la bravoure
mène au succès.
?À ma grand-mère pour son amour et ses
prières, que ce travail vous sert de réconfort.
?À mes camarades de promotion (50e), mes
professeurs et à tous les élèves ingénieurs de
l'IAV.
À vous, qui m'apportez des conseils sans cesse, Je
tiens à vous exprimer toute ma gratitude.
Que DIEU, le Tout Puissant nous accorde le
meilleur.
REMERCIEMENTS
Au terme de ce travail, nous tenons à exprimer notre
profonde gratitude et nos sincères remerciements à notre
professeur BOUHALOUA Mhammed qui a accepté d'encadrer nos travaux, pour
tout le temps qu'il nous a consacrés, ses directives précieuses,
ses contributions, ses implications et pour la qualité de son suivi tout
au long de la période de notre stage.
M. AHLAFI Zaki, a consacré de son temps précieux
malgré ses préoccupations, a corrigé ce document, nous a
fait profiter de son expérience de foresterie (IFN, Aménagement
de forêts) et a tracé de nouvelles orientations au document pour
une meilleure lecture, qu'il trouve ici l'expression de ma profonde estime.
Nous tenons aussi à remercier vivement M. BENGUEDOUR
Mustapha et Mme BELHOUARI Majdouline qui ont accepté de nous accueillir
au sein de la direction du développement forestier, et pour toutes les
informations qu'ils n'ont pas hésité à nous
communiquer.
Par ailleurs, nous rendons hommage aux gestionnaires locaux,
malgré les règles de confinement, nous ont aidé à
la réalisation de nos enquêtes et de nos entretiens en vue de
collecter toutes les informations essentielles au travail. Qu'ils trouvent ici
l'expression de ma profonde gratitude pour leurs disponibilités et leurs
précieux conseils.
Tout notre respect et nos remerciements vont vers les membres
du jury qui vont pleinement consacrer leur temps et leur attention afin
d'évaluer notre travail, qui espérons le sera à la hauteur
de leur attente.
Enfin, je remercie toutes celles et tous ceux qui, d'une
façon ou d'une autre, ont contribué à la
réalisation et la réussite de ce travail.
5
TABLE DES MATIÈRES
RÉSUMÉ I
ABSTRACT II
DÉDICACES III
REMERCIEMENTS IV
TABLE DES MATIÈRES 5
LISTE DES FIGURES 6
LISTE DES TABLEAUX 6
LISTE DES ANNEXES 7
LISTE DES ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES 8
INTRODUCTION GÉNÉRALE 9
CHAPITRE 1 : APERCU SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 12
1.1 LE CHANGEMENT CLIMATIQUE, UN DEFI PLANETAIRE 12
1.2 CHANGEMENT CLIMATIQUE EN MEDITERRANEE 14
1.3 IMPACTS DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR LE MAROC :
ENGAGEMENTS INTERNATIONAUX ET
STRATEGIES DE LUTTE 16
1.3.1 Impacts des changements climatiques sur le Maroc
16
1.3.2 Engagements internationaux du Maroc contre le
changement climatique 19
1.4 Conclusion 26
CHAPITRE 2. LE SECTEUR FORESTIER MAROCAIN ET LE CC : QUELLES
STRATEGIES DE
LUTTE ? 27
2.1 VULNERABILITES DU SECTEUR FORESTIER FACE AU CC 27
2.2 STRATEGIES NATIONALES POUR L'ATTENUATION DES CHANGEMENTS
CLIMATIQUES 31
2.3 CONCLUSION 34
CHAPITRE 3 : LES MILIEUX NATURELS ET HUMAINS DES ZONES
FORESTIERES ET PERI-
FORESTIERES DE TIDDAS 35
3.1 FORET DE TIDDAS ET SA BIODIVERSITE 35
3.1.1 Situation géographique, administrative et
juridique 35
3.1.2 Milieu Physique 36
3.1.3 Milieu bioclimatique 37
3.1.4 Biodiversité 39
3.2 MILIEU HUMAIN ET CHANGEMENT CLIMATIQUE 42
3.2.1 Tiddas un territoire agroforestier 42
3.2.2 Tourisme au niveau de la zone rurale de Tiddas
45
3.2.3 Conclusion 45
CHAPITRE 4 : MATÉRIEL ET MÉTHODE 47
4.1 RAPPELS DES OBJECTIFS ET RESULTATS ATTENDUS 47
4.2 Matériel 47
4.3 Approche méthodologique 48
4.3.1 Recherche exploratoire et revue bibliographique
49
4.3.2 Observation, collecte et traitement de données
49
4.3.3 Enquête auprès de la population
usagère 49
4.3.4 Traitements des données 52
CHAPITRE 5 : RÉSULTATS ET DISCUSSIONS 53
INTRODUCTION 53
5.1 ANALYSE DES RESULTATS OBTENUS 53
5.1.1 Diagnostic socioéconomique de la zone
péri-forestière de Tiddas 53
5.1.2 Caractérisation des ménages 54
5.1.3 Ménages et Exploitation forestière
58
5.2 REPONSES APPORTEES POUR ATTENUER LES EFFETS DU CHANGEMENT
CLIMATIQUE 61
5.2.1 Introduction 61
5.2.2 Les initiatives d'acteurs institutionnels 61
5.2.3 Les initiatives individuelles 70
5.2.4 Recommandations et perspectives d'avenir 75
5.2.5 Conclusion 79
CONCLUSION GÉNÉRALE 80
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 84
ANNEXES 95
6
LISTE DES FIGURES
Figure 1. Tendance actuelle du
réchauffement climatique dû aux activités humaines, par
rapport à la période 1850
- 1900 (GIEC, 2018). 13
Figure 2. Evolution de la superficie moyenne
incendiée des forêts au Maroc. 29
Figure 3. Situation générale de
la forêt Tiddas (DEFLCD, 2018). 35
Figure 4. Graphes des précipitations
moyennes mensuelles des stations étudiées. 37
Figure 5. Histogramme des températures
moyennes des stations étudiées. 38
Figure 6. Diagramme ombrothermique de
Bagnouls-Gaussen pour station Jemaat Moul Blad. 38
Figure 7. Diagramme Ombrothermique de
Bagnouls - Gaussen pour station Tiddas. 39
Figure 8. Diagramme ombrothermique de
Bagnouls-Gaussen pour Station Maaziz. 39
Figure 9. Quelques espèces animales
caractéristiques du milieu (DEFLCD, 2018) 41
Figure 10. Situation de la forêt de
Tiddas dans le BV de Bouregreg (DEFLCD, 2018). 48
Figure 11. Carte (modifiée) de
localisation des trois douars sur le Territoire de Tiddas. 51
Figure 12. Codage des variables
étudiées lors de l'analyse sur le logiciel SPSS. 56
Figure 13. Représentation graphique
des 40 ménages dans le plan principal. 57
Figure 14. Degré de pertinence des
variables sélectionnées. 57
Figure 15. Distribution de type de
ménages en fonction de l'exploitation forestière. 59
Figure 16. Carte des SBV et des Zones
prioritaires. 64
Figure 17. Distribution naturelle de l'aire
géographique du chêne-liège (Quercus suber). 99
Figure 18. Associations du chêne
liège. 100
Figure 19. Aire de répartition
naturelle de Thuya de berberie (Roloff et al., 2009). 101
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1. Aperçu sur les impacts du
changement climatique sur les cultures de blé et d'orge aux horizons
2020,
2050 et 2080. 18
Tableau 2. Mesures établies par
secteur pour l'atténuation des émissions de GES (Namas). 23
Tableau 3. Mesures établies pour
l'adaptation, la protection et la réduction de la
vulnérabilité. 24
Tableau 4. Principales espèces
animales de la forêt de Tiddas. 40
Tableau 5. Territoires de la forêt de
Tiddas. 43
Tableau 6. Douars usagers de la forêt
de Tiddas. 49
Tableau 7. Douars enquêtés.
51
Tableau 8. Modalités utilisées
lors de l'analyse sous SPSS. 55
Tableau 9. Récapitulatif des
modèles via AFCM. 55
Tableau 10. Mesures symétriques.
59
Tableau 11. Test du khi-deux. 60
Tableau 12. Travaux de reboisements de
protection dans la forêt de Tiddas 65
Tableau 13. Réservoir d'eau au niveau
du massif de Tiddas. 66
Tableau 14. Périmètres de
reboisement de la forêt de Tiddas. 68
7
LISTE DES ANNEXES
ANNEXE 1 : Lexique des principaux termes
utilisés 95
ANNEXE 2 : Ecosystèmes forestiers du
plateau central de subéraies et de tétraclinaies. 98
ANNEXE 3 : Questionnaire de l'enquête
sur les acteurs locaux (1/6). 103
ANNEXE 4 : Zone de la forêt de Tiddas
incluse dans le futur parc du plateau central. 109
ANNEXE 5 : Carte des expositions de la zone
d'étude. 110
ANNEXE 6 : Caractéristiques des
composantes socio-économiques. 111
ANNEXE 7 : Représentation graphique
des points de modalités 111
ANNEXE 8 : Distance de Ward |Chaîne des
agrégations. 112
ANNEXE 9 : Saisie des données et
création de la variable Type_ménage. 113
ANNEXE 10 : Répartition des
ménages par dissimilarité (Cluster). 114
ANNEXE 11 : Application de l'AFCM 115
ANNEXE 12 : Avant codages des variables (1/2)
116
ANNEXE 13 : Après codage des variables
quantitatives (conditions d'application de l'AFCM) (1/2). 118
ANNEXE 14 : Corrélations des variables
transformées (1/2). 120
8
LISTE DES ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES
ADS Agence de Développement Social
AFCM Analyse Factorielle des Correspondances
Multiples
AFAT Agriculture, Forêt et Autres
Utilisations des Terres
BV Bassin Versant
CAH Classification Ascendante
Hiérarchique
CESE Conseil Economique Social et
Environnemental
CC Changement climatique
CCDRF Centre de Conservation et du
Développement des Ressources Forestières
CCNUCC Convention-Cadre des Nations Unies sur
les Changements Climatiques
CITES Convention sur le Commerce International
des Espèces de faunes et de flores sauvages
menacées d'extinction
CNA Scénario inconditionnel
d'atténuation
CNRF Centre National de la Recherche
Forestière
DEFLCD Département des eaux et
forêts et de la lutte contre la désertification
DMN Direction de la Météorologie
Nationale
DPEFLCD Direction Provinciale des Eaux et
Forêts et de la Lutte Contre la Désertification
DREFLCD-RSK Direction Régionale des Eaux
et Forêts et de la Lutte Contre la Désertification de Rabat
Salé-Kénitra
FAO Food and Agriculture Organisation
FPNPC Futur Parc Naturel du Plateau Central
GES Gaz à Effet de Serre
GIEC Groupe d'experts intergouvernemental sur
l'évolution du climat
INRA Ministère de l'Equipement, du
Transport, de la Logistique et de l'Eau
MATE Ministère de
l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement
MEMEE Ministère de l'Energie,
des Mines, de l'Eau et de l'Environnement
METLE Ministère de
l'Equipement, du Transport, de la Logistique et de l'Eau
MDCE Ministère
délégué chargé de l'environnement
MOY Moyenne
PK Protocole de Kyoto
PNABV Plan National des Aménagements des
Bassins Versants
PNUE Programme des Nations Unies pour
l'Environnement
SAFBV Service des Aménagements des
Forêts et des Bassins Versants
SBV Sous Bassins Versants
SCV Systèmes de culture en
Semis direct sous Couverture Végétale
SPSS Statistical Package for the
Social Sciences
SNE Stratégie Nationale de
l'Eau
UICN Union Internationale pour la
Conservation de la Nature
UNCED United Nations Conference on
Environment and Development
UPB Unité Petit Bétail
UST Unité Socio-Territoriale
WWF Fonds mondial pour la
nature
ZFP Zone forestière et
péri-forestière
ZNP1 Zones de niveau de
priorité 1
ZNP2 Zones de niveau de priorité 2
9
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Le changement climatique fait partie intégrante de
réalité dont il est urgent de chercher à limiter les
impacts. Le Giec, (2013) a mentionné qu'à l'échelle de la
planète, il s'est déjà manifesté par une hausse des
températures de 0,75 °C en moyenne par rapport à 1860, par
l'élévation du niveau des mers de 1,8 mm/an depuis 1961 (3,1
mm/an depuis 1993) et par la recrudescence de phénomènes
météorologiques extrêmes à l'origine d'importantes
pertes humaines et matérielles (canicules, sécheresses, ouragans
et inondations).
Il est à prévoir que certains
écosystèmes seront incapables de s'adapter au rythme des
changements. La production alimentaire en souffrira, tout comme
l'approvisionnement en eau. Les changements climatiques survenus au cours des
dernières décennies du XXe siècle ont altéré
la diversité biologique. En effet, le réchauffement de certaines
régions de la planète a modifié la période de
reproduction de la faune et de la flore, le moment de migration des animaux, la
durée de la saison de végétation, la répartition
des espèces et la taille des populations, ainsi que la fréquence
des invasions et des épidémies. Les pays démunis ont du
mal à y faire face et sont les plus vulnérables.
Par ailleurs, depuis quelques décennies, les
forêts Méditerranéennes en général et
marocaines en particulier, sont au centre des débats à cause des
menaces qui pèsent sur leur existence. L'exploitation dont elles font
l'objet par les différents acteurs qui s'y interfèrent, est
fonction des intérêts, mais aussi de la durée dans laquelle
s'inscrit chaque type d'exploitation. Les ressources dont disposent ces
forêts sont depuis la nuit des temps, d'une utilité
multifonctionnelle pour la vie traditionnelle des populations locales.
Dans les forêts domaniales, la dégradation
résulte d'un ou plusieurs évènements de perturbations sur
une période donnée. Ces perturbations peuvent être de
natures diverses : exploitation forestière, prélèvements
de produits ligneux ou non-ligneux issus de la forêt, chasse, feux,
changements des conditions environnementales (suite à la fragmentation
forestière par exemple), etc. Ces perturbations varient en
intensité et en fréquence. Elles peuvent être ponctuelles
(exploitation forestière) ou quasi-permanentes (changements des
conditions environnementales ou chasse).
Les feux de forêt, la fragmentation due à
l'ouverture de terres agricoles, l'exploitation sélective du bois
d'oeuvre, la collecte de bois de feu pour la production de charbon de bois et
le pâturage sous couvert forestier sont les principales perturbations
responsables de la dégradation des forêts (Pinheiro et al.
2016).
L'exploitation sélective conduit également
à des transformations du couvert forestier, elle crée des
trouées d'exploitation, des pistes de débardage et de
débusquage. L'exploitation blesse des arbres, ce qui entraîne une
hausse de la mortalité des individus restants et contribue de
manière significative aux pertes de biomasse (Sist et al. 2014).
Ce travail présente une modeste contribution à
l'étude de ce problème et prend pour exemple particulier la
région de Tiddas où toute une population s'adonne aux pratiques
agroforestières pour survivre ; ce qui constitue la base de
l'économie locale.
Nous avons essayé d'étudier les
conséquences du changement climatique dans cette zone pour en tirer par
la suite des perspectives et de proposer des recommandations nécessaires
pouvant atténuer les effets néfastes de ce
phénomène.
10
Dans les zones forestières et
péri-forestières co-existent plusieurs groupements humains, ayant
chacun sa spécificité dans l'exploitation des ressources du
milieu., Cependant, les principaux problèmes grosso modo dont ils font
face concernent (Naggar M, 2003) :
? La faiblesse des revenus : Les
systèmes de production restent caractérisés par une
agriculture pluviale et un élevage extensif. Les difficultés
d'accès aux services socio-économiques et d'encadrement ont
placé la population rurale des zones forestières, dans une
situation de pauvreté et de précarité ;
? La dégradation des ressources
naturelles : Ce problème est lié essentiellement
à une forte densité démographique dans les zones rurales,
associée à la rareté des terres cultivables due à
l'importance du relief montagneux, cette situation se traduit par la mise en
culture des terres marginales et le défrichement de la forêt ;
? L'enclavement et le manque d'accès
à l'information : La forte marginalisation des populations
rurales est liée à leur faible organisation, mais surtout
à un appui insuffisant en matière d'encadrement, de formation et
d'information. L'insuffisance en infrastructure est considérée
comme un facteur limitant pour la valorisation des productions agricoles et
l'accès aux services particulièrement la santé et la
scolarisation.
La problématique de l'adaptation au changement
climatique dans le cadre de ce mémoire se pose en termes de gouvernance
locale. La lutte au changement climatique devrait se faire au niveau local
d'abord, car ce sont surtout les actions collectives des communautés qui
doivent répondre aux impacts des changements climatiques.
Ainsi, les populations rurales se trouvent selon les
années de plus en plus confrontées à des formes
climatiques extrêmes (irrégularités des
précipitations, sècheresses récurrentes, chutes de
grêle, inondations etc.), dont les impacts sont considérables.
Ceux-ci risquent, si rien n'est fait, de compromettre les moyens de subsistance
des petits agriculteurs. Par conséquent toute action de
développement qui se veut efficace et durable doit intégrer la
dimension du changement climatique.
L'adaptation au changement climatique doit se faire localement
et se baser sur les connaissances et pratiques locales. Celle-ci exige une
prise en compte de la vulnérabilité liée au risque et des
capacités d'y faire face.
Par ailleurs, l'élaboration des plans d'adaptation
permet aux communautés de mieux s'organiser en vue de faire face aux
enjeux complexes qui entourent la pauvreté. Ces plans s'inscrivent bien
évidemment dans la logique d'améliorer durablement les biens et
les moyens d'existence terre et production, eau et ressources aquatiques,
arbres et produits forestiers, faune, biodiversité et services
environnementaux.
Notre étude concerne l'Analyse de la
vulnérabilité et l'adaptation des communautés villageoises
face aux changements climatiques aux moyens d'enquêtes et d'entretiens
structurés. Elle s'inscrit dans la suite logique des études
antérieures effectuées par d'autres chercheurs dans ce
domaine.
Objectifs de recherche :
Notre recherche s'intéresse à l'organisation du
territoire, c'est-à-dire que nous voulons comprendre Comment
les acteurs locaux s'organisent-ils pour faire face aux défis
d'adaptation aux changements climatiques ? Cette question
générale est accompagnée des questions spécifiques
suivantes :
1) Examiner la documentation existante en vue
de comprendre et fournir un appui à la prise de décision dans
l'adaptation des communautés rurales des ZFP aux impacts du changement
climatique dans les territoires de Tiddas,
11
2) Passer en revue les principaux impacts du
changement climatique au Maroc et d'examiner les stratégies de lutte
élaborées par les pouvoirs publiques concernant les aspects
d'adaptation et d'atténuation du CC,
4) Effectuer une évaluation de la
vulnérabilité du CC et de l'intégration des
stratégies d'adaptation au niveau local,
5) Apprécier les formes de mobilisation des acteurs
locaux en vue de réduire la vulnérabilité face aux impacts
du changement climatique en milieu naturel,
6) Proposer des recommandations de développement local
afin d'intégrer les aspects du CC pour renforcer les capacités
d'adaptation et d'atténuation et de résilience au changement
climatique des communautés locales vulnérables.
Partant d'une méthodologie adéquate pour aboutir
à des propositions concrètes qui traduisent les véritables
préoccupations des communautés rurales, pour faire face aux
changements climatiques. Ces propositions synthétisées lors des
investigations peuvent faire l'objet d'un plan d'actions pour l'adaptation des
activités agro-sylvo-pastorales, l'atténuation des effets des CC
et la résilience des communautés vulnérables en vue
d'engranger le développement local durable et d'enrayer la
pauvreté.
Ainsi, notre travail est décliné en cinq (05)
chapitres :
Le premier étant dédié à la
définition des changements climatiques à l'échelle du
globe, de la méditerranée et du Maroc. Les impacts de ces CC
seront passées en revues et les engagements du Maroc pour lutter contre
ces phénomènes climatiques sont soulignés.
Le deuxième chapitre traite la notion de la
vulnérabilité du secteur forestier marocain et fait état
des principales initiatives et/ou stratégies adoptées par le
Maroc en vue de réduire les risques des changements climatiques.
Dans le chapitre 3, nous décrivons les
éléments du cadre physique de la zone d'étude. Il est
aussi question de relever les différentes composantes de ce milieu qui
sont utilisées par les populations locales.
Le quatrième chapitre concernent les questions de
recherche qui émergent de l'analyse des chapitres
précédents. Il présente aussi les caractéristiques
des données utilisées dans ce travail : sources, méthodes
de collectes et principales questions liées à leur
utilisation.
Enfin, le cinquième chapitre énumère et
commente les principaux résultats obtenus par cette étude ainsi
que les recommandations qui s'y rapportent.
12
CHAPITRE 1 : APERCU SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
1.1 LE CHANGEMENT CLIMATIQUE, UN DEFI PLANETAIRE
Les changements climatiques constituent aujourd'hui un
défi majeur auquel est confrontée l'humanité. Les
conséquences de ce phénomène sont multiples,
irréversibles et dépassent la capacité de réponse
des écosystèmes et des humains qui risquent d'être
altérés ou définitivement détruits. Le Maroc,
à l'instar de nombreux pays en développement, est fortement
atteint par ce phénomène et recense d'ores et déjà
maints effets au niveau national.
La Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements
Climatiques (CCNUCC) a été adopté en 1992. Elle marque la
base pour définir les moyens de stimuler un développement durable
au niveau mondial. A l'issue de cette Convention et du Protocole de Kyoto,
différentes initiatives et actions ont été mises en place.
Ces efforts demeurent néanmoins modestes par rapport à la marge
de manoeuvre restante.
Parmi les éléments saillants rapportés
par GIEC (2013) sur les incidences attendues des changements climatiques pour
le XXIème siècle (MDCE, 2014) :
·
Température : augmentation à la surface du globe
de plus de 1,5°C à la fin du siècle par rapport à
l'époque allant de 1850 à 1900, pour trois des quatre
scénarios de modélisation du climat futur
considérés ;
· Cycle de l'eau : les changements du cycle mondial de
l'eau ne seront pas uniformes. Le contraste des précipitations entre
régions humides et régions sèches ainsi qu'entre saisons
humides et saisons sèches augmentera, bien qu'il puisse exister des
exceptions régionales ;
· Elévation du niveau des mers : comprise selon
les scénarios entre 0,24 m et 0,30 m sur la période 2046-2065 par
rapport à 1986-2005 ;
· Cryosphère : poursuite de la diminution de
l'étendue et l'épaisseur de la banquise arctique, de même
que l'étendue du manteau neigeux de l'hémisphère Nord,
d'environ 7% à la fin du siècle ;
· Acidification des océans : augmentation pour
tous les scénarios. La baisse du pH varie en fonction de ces derniers
dans des intervalles allant de 0,06 à 0,32 ;
· Cycle de carbone : les concentrations
atmosphériques des gaz à effet de serre (GES) ont atteint 400 ppm
en 2013. Les 4 scénarios considérés prévoient une
amplification de l'accroissement des émissions cumulées de CO2
pour la période 2012-2020. La moyenne atteindra 990 GtCO2 pour le
scénario le plus optimiste, et 6180 GtCO2 pour le plus pessimiste.
Le changement climatique n'est qu'une composante de ce qu'il
est convenu d'appeler « changements globaux ». Cette composante pose
beaucoup de controverses jusqu'à ce jour entre les experts du domaine.
D'aucuns disent qu'on ne peut pas parler de changements climatiques sur une si
courte durée quoi qu'il y ait des variations constatées.
Selon le GIEC, le changement climatique s'entend d'une
variation de l'état du climat que l'on peut déceler (par exemple
au moyen de tests statistiques) par des modifications de la moyenne et/ou de la
variabilité de ses propriétés et qui persiste pendant une
longue période, généralement pendant des décennies
ou plus.
13
Il se rapporte à tout changement du climat dans le
temps, qu'il soit dû à la variabilité naturelle ou à
l'activité humaine.
Cette définition diffère de celle figurant dans
la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements Climatiques (CCNUCC),
selon laquelle les changements climatiques désignent des changements qui
sont attribués directement ou indirectement à une activité
humaine altérant la composition de l'atmosphère mondiale et qui
viennent s'ajouter à la variabilité naturelle du climat
observée au cours de périodes comparables. Le
réchauffement du système climatique est sans équivoque.
Figure 1. Tendance actuelle du
réchauffement climatique dû aux activités humaines,
par
rapport à la période 1850 - 1900 (GIEC, 2018).
D'après le GIEC (2013), l'augmentation de la
température globale moyenne a atteint 0,6 #177; 0,2 °C au cours du
XXe siècle. Il y a eu un recul
généralisé des glaciers hors des régions polaires.
La surface de la banquise a diminué de 10 à 15 % depuis 1950 dans
l'hémisphère Nord au printemps et en été. La
quantité de chaleur contenue dans les océans a augmenté
depuis la fin des années 1950 et le niveau moyen de la mer a
augmenté d'au moins 10 cm au cours du XXe
siècle.
GIEC développe aussi des scenarii possibles
d'évolution des émissions anthropiques pour établir des
projections des tendances climatiques à venir. Suivant ces scenarii, les
modèles climatiques estiment que d'ici à 2100, les concentrations
de CO2 dans l'atmosphère atteindront 540 à 970 ppm. La
température globale moyenne augmentera de 1,4 °C à 5,8
°C entre 1990 et 2100.
Le changement global est dû à l'augmentation des
concentrations des gaz à effet de serre (GES) dans l'atmosphère.
Ces GES ont toujours existé dans l'atmosphère de façon
naturelle car la vie n'est possible sur terre sans l'effet de serre qui assure
une température moyenne de 15°C au lieu de -19°C (GIEC,
2007).
Depuis l'avènement de la révolution
industrielle, les plus dangereux de ces gaz (CO2, CH4, NO2, etc.) ont connu une
augmentation exponentielle dont l'origine est loin d'être naturelle
(Cyrielle Den, 2007). Le CO2 est à lui seul responsable de plus de 50%
de l'augmentation de l'ensemble des GES.
Dans cette situation anormale où la concentration des
GES dans l'atmosphère est très élevée, seule une
petite partie du rayonnement terrestre réfléchi vers
l'atmosphère est absorbée par les GES et diffusée vers
l'atmosphère.
14
La plus grande partie du rayonnement est renvoyée vers
la basse atmosphère et la surface du sol, ce qui conduit à la
longue à un réchauffement de la basse atmosphère et de la
surface du sol. Les activités humaines restent les premières
causes de réchauffement, notamment celles relatives à la
consommation de combustibles fossiles pour des usages industriels et
domestiques, et à la combustion de la biomasse produisant des GES et des
aérosols qui affectent la composition de l'atmosphère.
En outre, le changement d'usage des terres, dû à
l'étalement urbain, aux activités agricoles et aux exploitations
industrielles des forêts, altère les propriétés
physico-chimiques et biologiques de la surface de la terre.
Ces changements anthropiques sont très rapides et par
conséquent menacent les écosystèmes souvent fragiles. En
effet, la déforestation continue, aggravée par l'exploitation
sans cesse croissante des forêts par les communautés rurales
(défrichement et mise en valeur) contribue à 20 à 25% de
la totalité des émissions de CO2 (PNUE, 2008). Ces pratiques de
grande envergure font perdre à la forêt son rôle de
séquestration du carbone, amplifiant la quantité de CO2 dans
l'atmosphère.
L'élevage ne fait pas exception et est
étroitement lié aux problèmes climatiques. Selon une
étude de la FAO (Steinfeld et al., 2006), l'élevage est
responsable de 18% des émissions globales de GES (65%NO2, 37%CH4,
5%CO2). Cette part de l'élevage est en presque totalité due au
système intensif qui nécessite le stockage de fourrage. Cette
culture fourragère nécessite de l'engrais, dont la production
s'accompagne d'émission de gaz. De plus, en aval, la conservation, la
réfrigération et le transport des produits finis émettent
également des gaz à effet de serre.
1.2 CHANGEMENT CLIMATIQUE EN MEDITERRANEE
De par la grande variété des habitats qu'il
comprend, le bassin Méditerranéen fait partie des hotspots
mondiaux de biodiversité. En effet, cette zone comprend de nombreux
habitats terrestres, montagnes, déserts et plaines, mais aussi des
biotopes marins et aquatiques d'eau douce. Les ressources dont disposent ces
forêts sont depuis la nuit des temps, d'une utilité
multifonctionnelle pour la vie traditionnelle des populations locales.
L'abus de l'exercice des droits d'usage reconnus dans les
forêts domaniales aux seuls riverains usagers mais dont le contrôle
est devenu de plus en plus difficile ; les défrichements en vue de
l'extension de terrains de culture ; le surpâturage des parcours
forestiers au point de compromettre parfois la
régénération des peuplements forestiers et d'appauvrir la
diversité biologique. Par ailleurs, les incendies et les attaques
parasitaires, dont la gravité est souvent liée aux conditions
climatiques et à l'état physiologique des peuplements forestiers
; à l'explosion démographique et les conditions de
pauvreté qu'elle génère, constituent les principales
causes de dégradation des ressources forestières.
Pour la région méditerranéenne, les
spécialistes du climat anticipent au cours du XXI?
siècle (PNUE/PAM-Plan bleu, 2009) :
? Une augmentation de la température de l'air de 2,2
C° à 5,1 C° pour les pays de l'Europe du Sud et de la
région méditerranéenne sur la période 2080 -2099
par rapport à la période 1980 - 1999.
? Une baisse sensible de la pluviométrie, comprise
entre -4 et -27 % pour les pays de l'Europe du Sud et de la région
méditerranéenne (alors que les pays du Nord de l'Europe
connaîtront une hausse comprise entre 0 et 16 %).
15
· Une augmentation des périodes de
sécheresse se traduisant par une fréquence élevée
des jours au cours desquels la température dépasserait 30
°C. Les évènements extrêmes de type vagues de chaleur,
sécheresses ou inondations pourraient être plus fréquents
et violents.
· Une hausse du niveau de la mer qui, selon quelques
études, pourrait être de l'ordre de 35 cm d'ici la fin du
siècle.
Les impacts du changement climatique sur l'environnement
méditerranéen concerneront particulièrement :
· L'eau, via une modification de son cycle du fait de la
hausse de l'évaporation et de la diminution des précipitations.
Cette question de l'eau sera centrale dans la problématique du
développement durable dans la région.
· Les sols, à travers
l'accélération des phénomènes de
désertification d'ores et déjà existants.
· La biodiversité terrestre et marine (animale et
végétale), via un déplacement vers le Nord et en altitude
de certaines espèces, l'extinction des espèces moins mobiles ou
plus sensibles au climat et l'apparition de nouvelles espèces.
· Les forêts, à travers une hausse du
risque d'incendie et des risques parasitaires.
Ces impacts amplifieront les pressions déjà
existantes sur l'environnement naturel liées aux activités
humaines.
Le changement climatique aura notamment des effets sur :
l'agriculture et la pêche (diminution des rendements),
l'attractivité touristique (vagues de chaleur, raréfaction de
l'eau), les zones côtières et les infrastructures (expositions
importantes à l'action des vagues, tempêtes côtières,
hausse du niveau de la mer et autres évènements
météorologiques extrêmes), la santé humaine (vagues
de chaleur), le secteur énergétique (alimentation en eau des
centrales, hydroélectricité et consommation accrue).
Les pays du Sud et de l'Est de la Méditerranée
apparaissent plus vulnérables au changement climatique que ceux de la
rive Nord. En effet, ils sont d'une part, plus exposés à
l'accélération de la désertification et de
l'aridité des sols, à l'augmentation de la raréfaction des
ressources en eau et, d'autre part, ils sont dotés de structures
économiques qui dépendent plus fortement des ressources
naturelles ainsi que de capacités techniques et financières plus
limitées pour mettre en oeuvre des options d'adaptation de grande
ampleur.
Les forêts de la région
méditerranéenne sont soumises aux changements environnementaux
depuis la nuit des temps. La géographie et l'emplacement de la
région en ont fait un environnement propice entre les biomes,
générant une biodiversité considérable.
La problématique de la déforestation contribue
au réchauffement climatique global de la planète Terre et est
responsable de plus de 10% des émissions de GES à présent
(Bellassen et al, 2008 ; Ozer, 2016). Elle nous fragilise contre les risques
naturels et constitue une cause majeure de la perte de ressources en eau et de
la biodiversité (WWF, 2019).
Les surfaces forestières mondiales sont passées
de 4 128 millions d'ha en 1990 à 3 999 millions d'ha en 2015 et
l'étendue totale des forêts au niveau de la planète est
passée de 31,6% à 30,6% durant cette période. On a donc
enregistré pour ces vingt-cinq ans une perte nette correspond à
129 millions d'ha de
? Son extension latitudinale, de 21°N au 36°N au
nord-ouest du continent africain, soit 15° de latitude, avec une grande
ouverture, à la fois, sur la Méditerranée au nord (550km),
et sur l'Océan
16
forêts (superficie à peu près
égale à la superficie du territoire de l'Afrique du Sud), ce qui
représente un taux annuel net de -0,13% (FAO, 2016).
Au fil du temps, les forêts se sont adaptées aux
pressions engendrées par le développement humain, créant
ainsi un équilibre socio-écologique complexe. Cependant, ces
pressions n'ont jamais été aussi extrêmes qu'elles le sont
aujourd'hui. Les changements globaux, compris comme le large éventail de
phénomènes mondiaux résultant de l'activité
humaine, affectent l'ensemble du bassin méditerranéen
(Doblas-Miranda et al. 2017).
1.3 IMPACTS DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR LE MAROC :
ENGAGEMENTS INTERNATIONAUX ET STRATEGIES DE LUTTE
1.3.1 Impacts des changements climatiques sur le
Maroc
Le Maroc, de par sa position géographique, son climat,
son littoral, entre autres, est fortement affecté par le changement
climatique et présente une vulnérabilité de plus en plus
croissante. Le réchauffement moyen global sur tout le territoire
estimé autour de 1°C, variabilité temporelle et spatiale des
précipitations avec une baisse significative oscillant entre 3% et 30%
selon les régions, accélération des
phénomènes extrêmes (notamment les sécheresses et
les inondations), tendance à la hausse des vagues de chaleur et à
la baisse des vagues de froid, élévation du niveau de la mer,
constituent les principaux phénomènes recensés au Maroc
durant les dernières décennies.
Cette vulnérabilité est accentuée par
différents facteurs dont la structure du tissu économique, le
niveau de conscience et de connaissance, le cadre légal, l'absence
d'approche adaptée par territoire, etc. Par ailleurs, le Maroc se situe
dans une zone de transition entre le climat tempéré et le climat
sous influence désertique et tropical.
Cette situation lui confère un climat varié et
contrasté et donc une grande vulnérabilité aux changements
climatiques, ce qui signifie aussi des conséquences et des incidences
souvent graves sur les écosystèmes forestiers nationaux.
Les climatologues marocains s'accordent sur le fait que les
changements climatiques sont déjà une réalité avec
une augmentation des températures moyennes annuelles de 1,0 à
plus de 1,8°C et une réduction des précipitations pouvant
atteindre les 30%, avec une baisse de 26% au Nord-Ouest du pays,
considérée depuis longtemps comme étant la zone la plus
humide du Maroc.
Parmi les aléas météorologiques,
conséquents des changements climatiques, figurent les tempêtes,
les gros orages, la grêle, les crues torrentielles, les inondations et la
sécheresse. Les risques qui en découlent sont variables selon les
régions, les années et les saisons et ils peuvent affecter
gravement les biens matériels et les vies humaines, de manière
directe, violente et subite ou de manière insidieuse.
Les incidences prévisibles du changement climatique
sur l'agriculture sont importantes, notamment en ce qui a trait aux besoins en
eau d'irrigation et les conséquences sur les rendements des principales
cultures vivrières et industrielles. Par ailleurs, des études sur
les effets du réchauffement climatique sur les écosystèmes
forestiers convergent vers un constat inquiétant, celui de la
disparition de certaines espèces et la migration d'autres vers des zones
plus accueillantes.
Les variations climatiques résultent de l'interaction
entre plusieurs facteurs dont les principaux sont :
17
Atlantique à l'ouest (plus de 3000km), et en marge du
plus grand désert chaud du monde : le Sahara au sud.
? La topographie qui crée des zones climatiques
fortement différenciées : les chaînes montagneuses de
l'Atlas (altitude moyenne 3000 m) constituent un obstacle aux vents dominants
créant une zone désertique au sud-est, et celles du Rif (altitude
moyenne 2000 m) forment une barrière à l'influence
méditerranéenne.
? Sa position géographique entre deux grands centres
d'action de la circulation générale atmosphérique :
l'anticyclone des Açores, obstacle à la trajectoire des
perturbations pluvieuses du front polaire, et la dépression
saharienne.
Les études nationales réalisées à
ce jour par la DMN (2007) ont montré que durant les quarante-cinq
dernières années, les régions qui étaient
classées sous climat humide et subhumide régressent au profit des
régions à climat semi-aride et aride ; en témoignent
l'augmentation de la température annuelle moyenne estimée
à 0,16°C par décennie et la baisse des précipitations
printanières de 47% à l'échelle nationale.
Les projections établies par la DMN (op, cil)
prévoient une augmentation des températures moyennes estivales de
l'ordre de 2°C à 6°C et la diminution de 20% en moyenne des
précipitations d'ici la fin du siècle. Ainsi, ces CC pourraient
exacerber les impacts suivants :
? Pénuries d'eau : le Maroc fait partie des pays
à pénurie hydrique avec moins de 1000 m3/hab./an, et devrait
après les années 2025 connaître une situation de
pénurie d'eau avec moins de 500m3/hab./an (Bedhri, 2000). Ces
évaluations ne tiennent pas compte des effets du changement climatique.
Si on intègre cet élément, l'évolution pourrait
être plus effrayante.
? L'augmentation de la température : Ce facteur
entraînera une élévation de l'évapotranspiration, et
donc, une diminution sur le plan quantitatif du potentiel hydrique du pays. De
point de vue qualitatif, l'élévation de la température de
l'air telle que prévue devra limiter le potentiel en oxygène des
eaux, et donc, diminuer leur capacité à dégrader les
éléments polluants. De plus, sur les zones côtières
la qualité des aquifères pourra être dégradée
par les intrusions salines.
Par ailleurs, l'agriculture reste le secteur à plus
grand risque. Avec une élévation forte de la température,
des sécheresses et des inondations le devenir de ce secteur sera
compromis. Le Maroc connaît une désertification importante, avec
des taux d'érosion hydrique particulièrement élevés
dans le nord et éolienne dans le sud.
Au-delà des différents scénarios
envisageables, l'impact du changement climatique sur l'agriculture marocaine se
manifesterait en premier lieu par la diminution de la disponibilité en
eau pour l'irrigation et par une baisse de la productivité agricole,
notamment celle des cultures pluviales.
Les sols perdraient de leur fertilité à cause
de la baisse de leur teneur en matière organique et sous l'effet de
l'érosion hydrique et éolienne.
La production animale connaitrait des situations de
détérioration corrélativement aux impacts négatifs
sur la production végétale. Les projections climatiques
réalisées indiquent que l'aridité augmenterait
progressivement en raison de la diminution de la pluviométrie et de
l'augmentation de la température. Cette augmentation de l'aridité
aurait des répercussions négatives sur les rendements agricoles
surtout à partir de 2030.
18
Toutes les zones agro-écologiques ne seraient pas
affectées de la même manière par les impacts du changement
climatique. Les cultures pluviales (C, D, E, F) subiraient les impacts les plus
importants. Ces nouveaux résultats vont dans le même sens que ceux
présentés dans la seconde communication nationale (SCN, 2010). En
outre, selon les scénarios RCP (Representative Concentration Pathways)
établis par le GIEC dans le 5e rapport
d'évaluation, la longueur de la période de croissance des
cultures céréalières diminuera de 30 jours à
l'horizon 2050 et de 90 jours à l'horizon 2090, par rapport aux
années 2010. La période de croissance, qui s'étale de
novembre à avril actuellement, se rétrécira aux mois de
novembre à mars à l'horizon 2050 et de janvier à mars
à l'horizon 2090. Le Tableau 1 donne un aperçu
sur les impacts attendus du changement climatique sur les rendements des deux
céréales (orge et blé) en conditions pluviales, aux
horizons 2020, 2050 et 2080.
Tableau 1. Aperçu sur les impacts du
changement climatique sur les cultures de blé et d'orge aux horizons
2020, 2050 et 2080.
2020
Les rendements enregistreraient une légère
baisse ne dépassant pas 5% selon A2 et 4% selon B2. Les besoins en eau
d'irrigation :
Les modèles annoncent des stress bien marqués
au niveau des Bassins Versants (BV) de Oum Errabia, Moulouya, Tensift et
Draa.
Blé Cependant, par rapports aux
apports actuels, les besoins futurs restent stationnaires.
2050
Le rendement du blé enregistrerait une tendance
à la baisse :
Le BV d'Oum Errabia subirait la plus importante
réduction avec 15% par rapport au rendement actuel.
Les autres BV enregistreraient une baisse de l'ordre de
10%.
Le blé nécessiterait un complément en
eau d'irrigation au niveau des BV de Oum Errabia, Bouregreg, Moulouya, Draa-Ziz
et Tensift.
|
|
2080
Le bilan hydrique du blé présenterait un
déficit qui toucherait les BV du Sebou et du Tensift.
La pratique du blé en irrigué
nécessiterait une mobilisation de +19 mm/an dans le Sebou et de +58
mm/an dans le Tensift selon le scénario A2.
Le scénario B2 donne +3 mm/an pour le Sebou et une
quantité supplémentaire de 45 mm pour le Tensift.
Orge
|
L'orge connaîtrait une légère variation
des rendements : une baisse ne dépassant pas 4% selon le scénario
A2 et une stagnation à une légère augmentation selon le
scénario B2
|
Le scénario A2 prévoit une chute des rendements
dépassant 10% sur les BV d'Oum Errabia, Loukkos, Moulouya, Sebou et
Tensift et un peu moins pour les autres BV.
Le scénario B2 annonce une baisse moins
sévère : Oum Errabia présente la projection la plus
défavorable avec une diminution de l'ordre de 10%.
|
Pour le scénario A2, on a à l'échelle
nationale une baisse de 28% dans les rendements, avec un maximum pour Oum
Errabia. B2 prévoit une diminution de moitié des taux de A2.
|
|
Source (SCN, 2010 ; El Hairech et al.,
2009).
Par ailleurs, le changement climatique a un impact certain
sur les écosystèmes forestiers qui jouent un rôle important
pour l'économie du pays et pour les populations rurales. Dans des
bioclimats saharien, semi-aride et aride, cela se traduit par un stress
hydrique sur la végétation, ce qui favorisera l'extension de la
désertification, et par conséquent, des déplacements
progressifs de peuplements vers le Nord, à la recherche de
fraîcheur et d'humidité.
Dans les bioclimats humides et subhumides, la tendance est
une évolution vers des bioclimats plus secs et la disparition de
certaines espèces forestières telles que, le Sapin de
Talasemtante, le cèdre de Tizi Ifri, le chêne liège de la
nappe numidienne, le cèdre de Ketama au Rif, le genévrier
thurifère du Haut Atlas. A ces disparitions, succèderaient des
espèces plus adaptées au stress hydrique comme le thuya, le
caroubier, le genévrier rouge, le pin d'Alep, le pistachier et le
genévrier rouge. En ce qui concerne, les impacts potentiels sur la
biodiversité, les effets des différentes formes de
dégradation et de déperdition qui affectent les
écosystèmes forestiers, sont particulièrement importants
dans les zones montagneuses. Or, ce sont ces zones qui concentrent la plus
grande biodiversité, raison pour laquelle elles sont, dans
19
leur majorité, classées « réserves
naturelles ». Au-delà de l'intérêt de
biodiversité et de son rôle dans la préservation du capital
génétique, plusieurs activités humaines en sont
dépendantes.
En outre, dans ces milieux particulièrement
vulnérables au changement climatique (littoral, zones humides, oasis et
montagnes), le risque d'extinction des espèces (voire des
communautés végétales) a augmenté de façon
significative en raison de problèmes migratoires et de
compétition interspécifique. L'interaction du CC avec
d'autres facteurs, notamment le changement d'utilisation du sol et la
surexploitation des ressources naturelles, pourrait affecter gravement la
biodiversité (dérégulation des chaînes trophiques et
suppression des gènes).
1.3.2 Engagements internationaux du Maroc contre le
changement climatique
Introduction
Le Maroc compte parmi les pays dynamiques sur le plan des
études et modélisations climatiques au sein de l'Organisation
Mondiale de la Météorologie. Il compte aussi plusieurs membres au
Groupe Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat.
En outre, le Maroc a adhéré à l'Accord
de Copenhague en soumettant au secrétariat de CCNUCC en janvier 2010,
une liste de mesures d'atténuation appropriées pour
atténuer ses émissions des GES de 42 %, par rapport aux
émissions projetées pour l'année 2030 selon un
scénario « cours normal des affaires » (CNA), qui ne pourra
être atteint qu'à la condition de recevoir un appui substantiel de
la communauté internationale.
Le Maroc s'engage également à atteindre un
objectif inconditionnel de 17 % par rapport aux émissions CNA en 2030,
en comptabilisant les activités de l'Agriculture, de la Forêt et
Autres Utilisations des Terres (AFAT). Ces objectifs de réduction de GES
seront réalisés grâce à des mesures prises dans tous
les secteurs de l'économie.
Afin d'honorer ses engagements dans le cadre de la CCNUCC et
le PK (Protocole de Kyoto), le Maroc a mis en place un dispositif national de
gouvernance climatique qui a la charge de coordonner les activités du
pays, liées aux changements climatiques, à l'échelle
nationales et internationales.
Ainsi, le Maroc adopte une stratégie de
développement sobre en carbone et coordonne les objectifs
d'atténuation de toutes les stratégies et tous les plans d'action
sectoriels, touchant notamment les domaines de l'énergie, de
l'agriculture, du transport, de l'eau, des déchets, des forêts, de
l'industrie, de l'habitat et des infrastructures à l'horizon 2030,
conformément à son Plan National de Lutte contre le
Réchauffement Climatique de 2009.
L'engagement du Maroc en matière de lutte contre les
effets du changement climatique a été récompensé.
Le Royaume occupe la première place en Afrique et dans le Monde arabe et
la 5ème place au niveau mondial, juste après la Suède,
selon l'indice de performance en matière de lutte contre le changement
climatique 2019, élaboré par les organisations non
gouvernementales ½Germanwatch½, ½NewClimate Institute½ et
½Climate Action Network International½.
La réussite de l'implémentation du plan climat
national à l'horizon 2030 nécessite de placer la question de
préservation des ressources hydriques et de la réduction de
l'empreinte écologique objet du PNRC au coeur de toutes les politiques
publiques, d'ériger la sécurité alimentaire au rang des
priorités stratégiques du Royaume et de mettre en place une
politique d'anticipation de l'ensemble des risques climatiques et de gestion
des catastrophes nationales.
20
? Engagement du Maroc au régime international
sur le changement climatique
Bien que le Maroc soit classé parmi les pays «
faibles émetteurs de GES », il reste vulnérable aux effets
du changement climatique, en raison de l'aridité de son climat. Il a
pris très tôt ses responsabilités en dessinant
progressivement les contours de sa propre vision, tout en se conformant aux
mesures entreprises au niveau global. A cet effet, le Maroc s'aligne
parfaitement aux obligations prévues par le cadre international sur le
changement climatique.
La Première et Seconde Communication Nationale
témoignent de son engagement dans le cadre de la CCNUCC, un engagement
confirmé et renforcé par la « Troisième Communication
Nationale du Maroc » (MDCE, 2016).
Ce processus sera couronné par l'élaboration en
2016 d'une Stratégie Nationale de Développement Sobre en Carbonne
et d'un Plan National d'Adaptation au Changement Climatique. Avec la mise en
oeuvre de tous ces chantiers, le Maroc aura ainsi respecté l'ensemble de
ses engagements vis-à-vis de la Convention Cadre des Nations Unies sur
les changements climatiques et des décisions des Conférences des
parties et s'apprête à déployer tous ses efforts pour
réussir l'organisation de la COP22 qui se veut une conférence du
lancement du processus d'opérationnalisation de l'accord de Paris.
De surcroît, le Maroc a lancé plusieurs
stratégies sectorielles volontaristes d'envergure intégrant la
dimension environnementale, et notamment celle du changement climatique, dans
des domaines clés de l'économie nationale (énergie,
transport, agriculture, tourisme, bâtiment, pêche, eau,
déchets, forêt, etc.). Cet engagement marque le début d'une
mutation vers une nouvelle politique climatique en
cohérence avec l'évolution socio-économique du pays.
Le Maroc a été l'un des premiers pays à
mettre en place une Autorité Nationale Désignée pour les
Mécanismes de Développement Propre, dans le cadre du Protocole de
Kyoto.
Le Maroc a également soutenu l'Accord de Copenhague en
notifiant au Secrétariat de CCNUCC (en janvier 2010), une liste de
Mesures d'Atténuation Appropriées au niveau National («
NAMAs ») qu'il compte mettre en oeuvre pour atténuer ses
émissions des GES à l'horizon 2020.
Nonobstant, la mise en oeuvre des différents projets
et mesures planifiés dans ce cadre demeure confrontée à
l'insuffisance des ressources financières au niveau national. L'appui de
la coopération internationale et la mobilisation des ressources
additionnelles sont cruciaux pour la mise en oeuvre de la Politique du
Changement Climatique au Maroc.
? L'organisation de la COOP 22 à
Marrakech
Pour souligner son engagement pour le climat, le Maroc a
abrité, en 2001 à Marrakech, la septième Conférence
des Parties, « COP 7 », qui a rendu opérationnel le Protocole
de Kyoto (PK) et a ratifié ce Protocole en 2002.
Par ailleurs, en participant activement au processus de
négociation ayant abouti à l'accord de Paris et en organisant de
nouveau la COP 22 à Marrakech en 2016, le Maroc affiche clairement sa
volonté de contribuer pleinement à l'effort mondial de recherche
de solutions durables aux effets du changement climatique.
Cette 22ème conférence internationale sur le
climat fait suite à la COP21 de Paris, au cours de laquelle des
avancées importantes ont été effectuées, notamment
l'engagement des gouvernements à maintenir l'augmentation de la
température moyenne mondiale en dessous de 2°C. La COP22 s'est
ouverte sur une bonne nouvelle : la ratification de l'Accord de Paris le 4
novembre 2016. Cette conférence était donc désignée
comme étant la conférence de « l'action, de l'innovation et
du partage de solutions ».
21
Par ailleurs, la conférence de Marrakech s'inscrit
dans la continuité des sommets mondiaux organisés par
l'Organisation des Nations Unies à la suite de l'adoption du Protocole
de Kyoto en 1974, qui engage les pays signataires à réduire leurs
émissions totales de gaz à effet de serre à un niveau
inférieur à 5% et ce sur la période allant de 2008
à 2025.
Repenser l'agriculture, notamment avec l'initiative «
Adaptation of African Agriculture (AAA) », regroupant 28 pays et visant
à aider les agriculteurs africains à faire face aux aléas
climatiques et au défi de la sécurité alimentaire à
travers une meilleure gestion des sols, de l'eau et des risques, constitue
parmi les autres objectifs un enjeu majeur opérationnel des aspects de
l'accord de Paris.
Bien que les résultats obtenus restent modestes sur
les financements internationaux, cette COP 22 contribué à la mise
au point par le Maroc d'une stratégie de développement durable
dite PCCM (MDCE, 2016) qui est au fait une mise à niveau du Plan
National de Lutte contre le Réchauffement Climatique
élaboré en 2009 (MDCE, 2009).
? Plan National de lutte contre le
Réchauffement Climatique » (PNRC)
La PCCM vient s'inscrire dans cette approche et
matérialise la réponse du Maroc aux Accords de Cancun. Elle
constitue un outil de coordination des différentes mesures et
initiatives entamées pour la lutte contre le changement climatique et se
veut un instrument politique structurant, dynamique, participatif et flexible
pour un développement à faible intensité de carbone et
résilient aux effets du changement climatique.
Si les tendances démographiques récentes se
poursuivaient jusqu'en 2030, la proportion des personnes âgées de
plus de 60 ans devrait plus que doubler en comparaison avec l'année 2004
(selon les projections réalisées par le Haut-Commissariat au
Plan). Vu sa fragilité et sa faible capacité d'adaptation
à la chaleur, cette tranche de population serait exposée à
des problèmes de santé lors d'épisodes de canicules et de
vagues de chaleur.
Plusieurs secteurs seront impactés, notamment
l'agriculture, en raison du stress hydrique, et l'aviculture. Le secteur de
l'eau fait actuellement face à des défis liés notamment
à l'accroissement de la demande, la raréfaction des ressources en
eau et la surexploitation des eaux souterraines. Une situation qui risque de
s'aggraver de plus en plus par le changement climatique, notamment en raison de
l'accentuation des phénomènes extrêmes tels que la
sécheresse et les inondations. L'économie du pays, étant
très dépendante des ressources en eau, de l'agriculture et du
littoral, serait fortement atteinte.
En outre, le Maroc subit les conséquences
régionales du changement climatique qui induisent la recrudescence des
flux migratoires, en l'occurrence en provenance de l'Afrique Subsaharienne.
Dans ce cadre, le Maroc oeuvre pour la régularisation de la situation de
plus de 52 000 immigrants illégaux à travers l'adoption d'une
stratégie intégrée et proactive qui accompagne
l'évolution socio-économique du pays (MDCE, op.cit.).
Le Maroc ambitionne de poursuivre ses efforts de lutte contre
le changement climatique dans le cadre d'une vision globale de
développement durable. L'objectif est d'assurer la transition vers un
développement faiblement carboné et résilient aux impacts
négatifs du changement climatique, aspirant à contribuer aux
efforts globaux de lutte contre ce phénomène.
Cette vision place donc la lutte contre le changement
climatique comme priorité nationale (Vision Nationale),
contrainte utilisée comme levier pour la construction d'une
économie verte au Maroc. Cette Vision Nationale vient guider l'action
publique dans toutes ses décisions, aux niveaux transversal et
22
sectoriel, national et local, de manière
cohérente et convergente, en tenant compte de l'interaction entre ces
multiples niveaux.
En concordance avec la Stratégie Nationale du
Développement Durable, la Vision Nationale se propose de capitaliser sur
les mesures et actions déjà mises en oeuvre pour dégager
un maximum de synergies. Et se veut un instrument flexible et dynamique, elle
est établie à l'horizon 2030, échéance retenue pour
la majorité des stratégies nationales sectorielles et
intersectorielles.
Axes stratégiques sectoriels d'atténuation
et d'adaptation
Conscient de l'urgence d'agir, le Maroc a adopté
très tôt une politique climatique qui vise l'atténuation
des émissions des GES, la réduction de la
vulnérabilité, l'anticipation des risques, l'adaptation de la
population, des secteurs économiques et des milieux naturels. Il est
prévu d'élaborer l'axe stratégique
d'atténuation comme une Stratégie de développement
à faibles émissions de carbone (Low Emission Development
Strategy - LEDS) à l'horizon 2015, qui prendra en
compte les Mesures d'atténuation appropriées au niveau national
(Nationally Appropriate
Mitigation Actions - NAMAs) couvrant
la majorité des secteurs économiques émetteurs de GES
(MDCE, op.cit.).
Le volet adaptation sera quant à lui
accompagné du développement du Plan National d'Adaptation
(National Adaptation Plan - NAP) visant à
identifier les activités prioritaires pour répondre aux besoins
urgents et immédiats d'adaptation au CC. Le schéma ci-dessous
présente un aperçu des principales mesures instaurées et
planifiées pour concrétiser la PCCM et donc le PNRC :
AXES STRATEGIQUES TRANSVERSAUX
? Renforcer le cadre légal et institutionnel ;
Amélioration de la connaissance et l'observation.
? Déclinaison territoriale.
? Prévention et réduction des risques.
? Sensibilisation, responsabilisation des acteurs et
renforcement des capacités.
? Promotion de la recherche de l'innovation et du transfert
technologique.
AXES STRATEGIQUES SECTORIELS : (PNRC°) Volet
Atténuation (Namas) :
Les mesures établies pour la réduction des
émissions des GES concernent les secteurs de l'énergie,
transport, industrie, déchets, agriculture, forêt et le
bâtiment. Les principales Mesures établies pour
l'atténuation des émissions de GES (Namas) ou les estimations du
potentiel d'atténuation des émissions pour les secteurs
concernés sont présentées ci-dessous (cf. tableau
2) :
Volet adaptation (NAP) :
La lutte contre le changement climatique appelle à
l'instauration d'actions visant principalement la réduction de la
vulnérabilité des secteurs économiques, des populations et
des milieux naturels et le renforcement de leurs capacités d'adaptation
aux contraintes climatiques.
Le Maroc a établi dans ce sens divers programmes et
stratégies pour les secteurs de l'eau, agriculture, pêche,
forêt et lutte contre la désertification, biodiversité,
santé, tourisme, habitat et l'urbanisme. Les mesures établies
pour l'adaptation et la réduction de la vulnérabilité sont
résumées dans le tableau ci-contre (cf. tableau
3) :
23
Tableau 2. Mesures établies par
secteur pour l'atténuation des émissions de GES (Namas).
Secteur d'activité Stratégies Mesures
établies pour l'atténuation des émissions de GES
(Namas)
Energie, Stratégie Energétique Nationale
établie à l'horizon 2030
|
Stratégie basée sur la promotion des
énergies renouvelables (ER) et l'économie d'énergie
à travers des mesures d'efficacité énergétique
(EE). Un récapitulatif des principaux objectifs fixés par cette
Stratégie est présenté ci-dessous : Transport, Industrie,
Déchets, Agriculture et Forêts.
|
|
|
Principaux objectifs :
V' La réduction des coûts logistiques et
l'accélération de la croissance du PIB,
V' La participation au développement durable
du pays à travers i) la réduction des émissions de
CO2 de l'ordre de 35% à l'horizon 2020 ; ii) la baisse du nombre de
tonnes transportés/km parcouru de 30% à l'horizon 2020.
|
Industrie, Pacte National pour l'Emergence
Industrielle (2009)
|
Le Pacte National pour l'Emergence Industrielle, entré
en vigueur en 2009, et de la 3ème édition des Assises de
l'Industrie tenue en février 2013, un contrat-programme pour l'industrie
chimie-parachimie a été signé et prévoit, entre
autres, des mesures relatives à i) la préservation de
l'environnement; ii) la rationalisation de l'utilisation des matières
premières, notamment par le recyclage et la valorisation des
déchets ; iii) la rationalisation de l'utilisation de l'énergie
spécialement à travers des mesures d'efficacité
énergétique et l'utilisation des énergies
renouvelables.
|
|
Déchets, Programme National des Déchets Ces
mesures concernent principalement :
Ménagers (PNDM) (2008)
· la
réhabilitation des décharges non-contrôlées ;
· la valorisation des émanations de méthane
des décharges ;
· la mise en place de filières de
recyclage-valorisation des déchets.
Agriculture, PMV Restructurer le secteur agricole et assurer sa
mise à niveau constituent les cibles du Plan Maroc Vert, lancé en
2008. La dimension
du changement climatique y est incorporée pour
l'amélioration de la résilience du secteur et
l'atténuation de ses émissions de GES. Concernant
l'atténuation des émissions des GES, et à travers la mise
en oeuvre de projets de changement et de gestion des terres dans le cadre du
PMV, la ligne de base est estimée à 61 773 196 TeqCO2 avec un
potentiel de réduction estimé entre 16 439 680
(scénario pessimiste) et 117 000 000 TeqCO2 (scénario ultime).
Forêt, i. Plan Directeur de Les Quatre stratégies
reflètent les efforts déployés en vue de renforcer la
préservation et la gestion durable des ressources forestières
Reboisement, lancé en 1994 et d'assurer une
atténuation des émissions de GES, il s'agit du :
ii. Plan Directeur pour la
· Plan Directeur de
Reboisement, lancé en 1994, visant l'atteinte d'un reboisement de 1,5
millions d'ha en 2030. Le potentiel
Prévention et la Lutte contre d'atténuation varie
entre 1 500 000 et 2 210 376 TeqCO2/an selon le scénario de
référence et peut atteindre 3 700 000
les Incendies TeqCO2/an en cas d'une mise en oeuvre d'une
stratégie REDD+.
ii. Stratégie de Lutte contre le
· Plan
Directeur pour la Prévention et la Lutte contre les Incendies de
forêts qui sera renforcé davantage dans le cadre du
scénario
Surpâturage REDD+, ce qui permettra un gain moyen en
termes de réduction des émissions d'environ 380 000 TeqCO2/an.
iv. Stratégie Nationale de Maîtrise
·
Stratégie de Lutte contre le Surpâturage, ciblant le
rétablissement de l'équilibre pastoral sur l'ensemble des terres
surpâturées
de l'Energie et qui permettra, selon les hypothèses,
une réduction moyenne des émissions variant entre 2 385 768
TeqCO2/an et 6 120 252
TeqCO2/an sur la période 2013-2030.
· Stratégie Nationale de Maîtrise de
l'Energie, prévue dans le cadre du scénario REDD+, permettant une
économie de bois énergie d'origine forestière
équivalente à 207 140 m3/an en moyenne. Cela correspond à
un potentiel de réduction des émissions de 227 855 TeqCO2/an.
(Source : MDCE, 2014)
24
Tableau 3. Mesures établies pour
l'adaptation, la protection et la réduction de la
vulnérabilité.
Secteur d'activité Stratégies Mesures
établies pour l'adaptation, la protection et la réduction de la
vulnérabilité.
Eau,
· Stratégie Nationale de l'Eau,
établie à l'horizon 2030 La préservation et la protection
des ressources en eau, du milieu naturel et des zones fragiles.
ü La réduction de la vulnérabilité
liée aux inondations et aux sécheresses.
ü La gestion de la demande et la valorisation de l'eau
par i) le programme d'économie d'eau en irrigation ;
ii) l'économie d'eau potable, industrielle et
touristique avec incitation à l'utilisation des pratiques
économes. iii) la gestion et le développement de
l'offre à travers 1) la construction de barrages pour
la mobilisation des eaux de surface ; 2) le transfert des
ressources en eaux brutes des bassins du Nord vers le Sud (800
Mm3/an) ;3) la mobilisation des ressources non
conventionnelles par la réutilisation des eaux usées
traitées, le captage des eaux de pluie, le dessalement de l'eau de mer
et la déminéralisation des eaux saumâtres.
ü La préservation et la protection des ressources
en eau, du milieu naturel et des zones fragiles.
ü La réduction de la vulnérabilité
liée aux inondations et aux sécheresses à travers :
i) les Travaux de protection contre les
inondations (PNI) ; ii) le Plan de gestion des
sécheresses par bassin hydraulique ; iii)
l'amélioration de la prévision
hydrométéorologique.
Agriculture, · Programme National d'Economie D'Eau en
Irrigation
· Stratégie agricole « Génération
Green 2020-2030 »
· Plan Maroc Vert (2008-2020)
· Programme de l'assurance agricole
|
Les Programmes ont pour but :
ü L'amélioration de la résistance du secteur
agricole face aux dérives climatiques.
ü La protection contre la dégradation des terres de
parcours et l'amélioration de la santé animale.
ü L'Atténuation de la contrainte hydrique et une
gestion conservatoire et durable des ressources en eau de l'agriculture
irriguée
ü Le renforcement de l'intégration du CC par les
institutions concernées.
ü Promouvoir des technologies de résilience au CC
auprès des agriculteurs bénéficiaires des projets pilier
II.
|
|
Pêche,
· Stratégie Halieutis (2009-2020)
Le Plan Halieutis vise une exploitation durable des ressources et une
réduction de l'empreinte écologique exercée à
travers :
ü La préservation de la biodiversité du
milieu marin et des espèces menacées.
ü La lutte contre la surpêche.
ü
Santé,
· Programme National d'Immunisation
· Plan National de Riposte contre les Bronchiolites Virales
Aiguës du nourrisson
· Plan national multisectoriel de santé mentale
20202030
· Politique Pharmaceutique Nationale
· Stratégie Nationale de Nutrition 2011-2019
Forêt,
· Stratégie Nationale de
Développement des Forêts
Urbaines et Périurbaines (2009)
· Plan d'Action Nationale de Lutte contre la
Désertification actualisé (PANLCD, 2012)
· Stratégie « Forêts du Maroc
2020-2030 »
· Plans climatiques régionaux (PCR)
Pour faire face aux menaces de pauvreté et du CC, les
Stratégies d'adaptation du Secteur de la Santé sont axées
sur :
ü La protection de la santé de la population face
aux impacts du changement climatique et la réduction des
inégalités devant les risques sanitaires.
ü La certification de l'éradication de la
poliomyélite, de maintenir l'élimination du Tétanos
Néonatal et d'éliminer la rougeole et contrôler le Syndrome
Rubéole Congénitale vers 2020.
ü L'amélioration du système de
surveillance épidémiologique.
ü Le renforcement de la résilience des
infrastructures sanitaires face aux évènements extrêmes.
ü La préparation des plans d'urgence et de
riposte.
ü Le renforcement des capacités des
professionnels en matière de CC.
ü La promotion de la recherche sur les impacts du CC sur
la santé.
ü L'information et la sensibilisation efficace des
différentes tranches de populations : décideurs, personnes
vulnérables, etc. La mise en place plusieurs plans,
stratégies et programmes qui ont eu une grande contribution dans le
maintien de la capacité adaptative des écosystèmes
naturels qui sont soumis à de multiples pressions naturelles et
anthropiques. La désertification qui affecte de grandes étendues
s'intensifie avec le climat aride. L'action de l'Etat a évolué
vers une planification territoriale intégrée traduite dans le
cadre PANLCD qui vise principalement à gérer durablement les
ressources naturelles en réduisant la pression humaine, à assurer
une meilleure connaissance des phénomènes de
désertification et de dégradation des terres.
La promotion des pratiques de pêche durable.
25
Biodiversité, · Stratégie Nationale de la
Conservation et de
l'Utilisation Durable de la Diversité Biologique (2004)
· Stratégie et Plan d'Action National de la
Biodiversité (2016-2020)
· Stratégie Nationale de la Gestion des Risques
des Catastrophes Naturelles (2020- 2030)
· Programme de développement des parcours et de
régulation des flux de transhumants
|
Le Maroc est caractérisé par une grande
diversité écologique qui est à l'origine de la
beauté et la richesse de ses paysages et milieux naturels. C'est en
effet l'un des piliers sur lesquels repose son développement
économique et social.
V' La protection de la diversité biologique
qui concilie entre réalités économiques et sociales et
besoins écologiques ; a pour objectifs :
V' La conservation et l'utilisation durable de la
biodiversité.
V' L'amélioration de la connaissance et la
promotion de la recherche scientifique.
V' La sensibilisation et l'éducation à
travers l'élaboration de programmes spécifiques et
destinés pour des populations-cibles. Nota : En 2013,
le PMV a lancé un programme visant le renforcement de l'adaptation des
mesures de conservation des sols et de la biodiversité par les petits
agriculteurs bénéficiaires des projets Pilier II.
|
|
Tourisme,
· Stratégie Touristique Nationale -
Vision 2020 La Stratégie Touristique Nationale - Vision 2020
a pour ambition de promouvoir un tourisme durable et de placer le
Maroc comme
destination de référence en matière de
développement durable sur le pourtour méditerranéen.
En matière de développement durable et de lutte
contre le cc, cette Vision est basée sur les orientations suivantes :
V' Assurer la préservation des ressources au
sens large incluant le patrimoine naturel et culturel, le patrimoine
matériel et immatériel.
V' Incorporer la durabilité dans les normes et
référentiels touristiques, dans la stratégie marketing.
Le pilotage et le suivi de la composante «
durabilité touristique » de la Vision 2020 s'appuie autour d'un set
d'Indicateurs de Développement Durable dans le secteur touristique,
permettant d'assurer la visibilité de la stratégie et une prise
en considération des impératifs de durabilité dans les
projets touristiques.
Urbanisme et Aménagement du Territoire,
|
· Initiative Nationale pour le Développement
Humain (INDH)
· Programme « villes sans bidonvilles
»
· Stratégie nationale de développement des
zones oasiennes et de l'arganier
· Stratégie Nationale de la Sécurité
Routière
· Stratégie portuaire nationale à l'horizon
2030
· Stratégie nationale de la sécurité
routière 2017-2026
· Plan route à l'horizon 2035
|
La réduction de la pauvreté et de la
vulnérabilité au cc a été la résultante de
la mise en oeuvre d'un ensemble de stratégies et de programmes de
développement humain, dont notamment :
- L'initiative Nationale pour le Développement
Humain (INDH). Avec sa phase III (2019-2023), elle
s'est engagée dans quatre programmes, portant sur le rattrapage des
déficits en infrastructures et services sociaux de base,
l'accompagnement des personnes en situation de précarité dont les
personnes âgées, malades ou en situation de handicap,
l'amélioration du revenu et l'inclusion économique des jeunes et
l'impulsion du capital humain des générations montantes.
- Le programme « villes sans bidonvilles »
pour l'éradication de bidonvilles dans 85 villes et communes
urbaines et l'amélioration des conditions de vie des ménages.
- La stratégie nationale de
développement des zones oasiennes et de l'arganier
adoptée en 2013 pour promouvoir un développement
inclusif et territorial des zones oasiennes et de l'arganier. Elle s'articule
autour d'un programme global de développement de ces zones prenant en
compte les niveaux économique, social, humain, culturel et
environnemental.
- La Stratégie Nationale de la
Sécurité Routière à l'horizon 2025.
- La stratégie portuaire nationale à
l'horizon 2030 : une nouvelle approche a été
adoptée, basée sur le concept de pôle portuaire qui
permettra à chacune des régions du Royaume de promouvoir ses
atouts, ses ressources et ses infrastructures et de bénéficier du
dynamisme économique engendré par les ports.
- Un Plan route à l'horizon 2035 : il
comprend des programmes de construction de routes et pistes rurales, la
poursuite du programme des voies express pour atteindre une longueur de 2 211
km en 2022 et 3 017 km à l'horizon 2030, ainsi que l'extension du
réseau autoroutier.
|
|
(Source : MDCE, op.cit.)
26
1.4 Conclusion
Au Maroc, le secteur de l'agriculture est
caractérisé par une grande diversité, son importance joue
un rôle central sur le plan économique et social du pays. Ce
secteur est, dans une grande proportion, basé sur la
céréaliculture et dépend des précipitations.
Cependant, l'aléa climatique a toujours
représenté une menace sérieuse et une contrainte
permanente pour le développement du secteur agricole. L'impact du
changement climatique se solderait par une réduction des rendements
céréaliers de 50% à 75% en année sèche et de
10% en année normale (Gommes et al., 2009 ; Ouraich and Tyner, 2014 ;
Balaghi et al., 2015).
En outre, le progrès agricole demeure aussi
entravé par le retard du développement rural, mesurable notamment
à l'importance des taux d'analphabétisme et de pauvreté et
par la faible diversification économique. Conscient de ces contextes et
considérations, la stratégie de développement agricole
intégré, qu'est « le Plan Maroc Vert » (PMV), s'est
tracée une nouvelle voie pour la modernisation de l'agriculture. Le PMV
se veut une stratégie agricole inclusive qui prend en compte l'ensemble
des territoires (montagnes, oasis, plaines et plateaux des zones semi-arides),
exploitations et filières. L'objectif stratégique est de
généraliser les projets de reconversion, d'intensification et de
diversification, en encourageant les investissements, et adoptant une approche
contractuelle avec l'ensemble des acteurs en vue d'une meilleure adaptation aux
changements climatiques.
Plusieurs stratégies (SPANB, SNE, Vision 2020,
PMV...), se veulent ambitieuses en termes de croissance des secteurs
(vulnérables) dans une dynamique de durabilité. Cependant,
certaines pratiques continuent toujours à être adoptées
sans observer ni les contraintes environnementales existantes ni les enjeux
climatiques futurs, surtout en ce qui concerne l'occupation des zones
écologiquement fragiles (littoral, oasis, etc.) et l'utilisation des
ressources rares.
Il serait donc judicieux de procéder, en ce
début de la phase de lancement des différentes stratégies
élaborées, à une réévaluation des mesures
envisagées afin que la composante changement climatique soit
intégrée en vue de rendre les secteurs (tourisme,
biodiversité, forêt, etc.) moins vulnérables à cet
enjeu et lui assurer, par conséquent, une durabilité sur le long
terme.
27
CHAPITRE 2. LE SECTEUR FORESTIER MAROCAIN ET LE CC :
QUELLES STRATEGIES DE LUTTE ?
Introduction
L'appellation « écosystèmes forestiers
» regroupe un ensemble d'habitats très diversifiés
constitués de peuplements de différentes natures, de
densités différentes, d'âges variables et plus ou moins
modifiés par l'homme. Ils s'étendant sur plus de 9 millions
d'hectares, représentent un enjeu stratégique pour le Royaume, et
constituent un espace multifonctionnel qui conditionne l'économie rurale
des populations usagères et riveraines.
D'ailleurs, les fonctions sociales, économiques et
environnementales remplies par les formations forestières sont
estimées à 17 milliards dirhams/ an.
En outre, la dimension écologique affirme le
rôle des forêts dans (1) la conservation de la
biodiversité, (2) la protection des sols et la
régulation du cycle de l'eau et (3) la lutte contre la
désertification. L'importance de ces fonctions et la gestion durable de
ces écosystèmes, où l'effet des changements climatiques
est très marquant, constituent une priorité nationale (CESE,
2020).
Les changements climatiques ont des effets néfastes sur
lesdits écosystèmes, qui malgré leur diversité,
sont très fragiles en raison de la pression humaine sur la ressource de
plus en plus importante. Ces effets sont observés sur tous types
d'écosystèmes marocains dont la subéraie, l'arganeraie, la
cédraie, la tétraclinaie, etc.
Les peuplements de thuya, ont connu une régression
sans commune mesure pour leur emploi en marqueterie. C'est ainsi, on constate
une dédensification et un éclaircissement important dû
notamment au phénomène d'exploitation irrégulière
(coupe illicite, extraction de souche pour la recherche de la loupe, etc.) dans
les régions d'extension du thuya et principalement dans le plateau des
Haha, le Plateau Central (les forêts de Tiddas et d'El Harcha). Dans les
parties orientales des Moyen et Haut Atlas marocains, les
écosystèmes des cédraies et juniperaies ont péri,
d'autres sont en voie de dépérissement sur de vastes
étendues (Et-tobi, 2006, 2007, 2008 ; Mhirit et al. ; 2008).
Par ailleurs, l'évaluation de la
vulnérabilité des écosystèmes forestiers reste une
phase essentielle pour l'adaptation, et l'atténuation des impacts des
CC. Elle pourrait être appréciée à travers l'ampleur
de la dégradation et le rythme de déforestation, l'apparition et
l'extension des dépérissements et les mortalités de
nombreuses essences, ainsi qu'à travers les caractéristiques du
contexte climatique du pays.
2.1 VULNERABILITES DU SECTEUR FORESTIER FACE AU CC
La situation du Maroc dans une zone de transition entre le
climat tempéré et le climat sous influence désertique et
tropical, lui confère un climat varié et contrasté et donc
une grande vulnérabilité aux changements climatiques, ce qui
signifie aussi des conséquences et des incidences souvent graves sur les
écosystèmes forestiers nationaux.
Dans les bioclimats humides et subhumides, la tendance est
une évolution vers des bioclimats plus secs et la disparition de
certaines espèces forestières telles que, le Sapin de
Talasemtante, le cèdre de Tizi Ifri, le chêne liège de la
nappe numidienne, le cèdre de Ketama au Rif, le genévrier
thurifère du Haut Atlas. A ces disparitions, succèderaient des
espèces plus adaptées au stress hydrique comme le thuya, le
caroubier, le genévrier rouge, le pin d'Alep, le pistachier et le
genévrier rouge (Ibid.).
La vulnérabilité des forêts aux incendies
et la gravité de ces incendies varient selon les régions. Ils
sont directement liés au type de végétation et notamment
du type de sous-bois.
28
La pêche dans les eaux continentales et l'aquaculture
relevant du domaine forestier seraient également touchées
(GIEC/IPCC, 2007). Les impacts découlant de la dégradation et de
la déperdition du tissu végétal forestier auraient des
conséquences sur la biodiversité, sur la productivité
forestière et sur le bien-être des populations riveraines.
Les principales manifestations de la
vulnérabilité de la forêt aux impacts du changement
climatique sont souvent évoquées en termes de dégradation,
dysfonctionnement et transformation des écosystèmes forestiers,
de santé et dépérissement des écosystèmes
forestiers, et des incendies de forêt :
? DÉGRADATION, DYSFONCTIONNEMENT ET
TRANSFORMATION DES ÉCOSYSTÈMES FORESTIERS :
En effet, suivant les constats de la FAO, au fur et à
mesure que la population mondiale et le revenu par habitant dans de nombreux
pays augmentent, les surfaces forestières diminuent. Cette augmentation
de la population et du revenu par habitant augmente la demande en production
agricole et alimentaire, et aussi une forte demande en produits et services
forestiers (FAO/PCF, 2018).
Plusieurs organismes et auteurs considèrent
l'agriculture comme le principal facteur de déforestation dans le monde
qui se fait beaucoup plus dans les pays du Sud. Associée à la
forte consommation de combustibles ligneux, elles conduisent à la
dégradation des forêts (Bellassen et al., 2008 ; FAO/PCF, 2018 ;
Lanly, 2003 ; WWF, 2019).
En réalité, il existe rarement une cause unique
de la déforestation et/ou de la dégradation des forêts
à un endroit donné ; c'est souvent une combinaison de plusieurs
facteurs (Bellassen et al., 2008).
? SANTÉ ET DÉPÉRISSEMENT DES
ÉCOSYSTÈMES FORESTIERS :
Le dysfonctionnements physiologique et écologique des
EF traduit une grande fragilité de l'écosystème forestier
et sa vulnérabilité aux attaques de différents agents
pathogènes.
Cela représente un danger pour la santé des
forêts et pour leur capacité à assurer leurs fonctions
essentielles (production et services environnementaux). Les attaques
parasitaires et phytopathologiques touchent principalement les pins, le
cèdre, le chêne-liège et les eucalyptus.
L'apparition des dépérissements du cèdre
date de l'été 2001 pour les forêts du Moyen Atlas. Et selon
les travaux sur le dépérissement du cèdre au Moyen Atlas
(Et-tobi et al., 2003, 2006 ; Et-tobi, 2006, 2008 ; Derrak et al., 2008 ;
HCEFLCD, 2006a, 2006b, 2006c), l'impact climatique apparaît nettement
à travers les 40% de surface atteinte de dépérissement et
de mortalité.
En effet, l'analyse bioclimatique et dendrochronologique du
cèdre de l'Atlas a permis de retracer l'évolution de la
croissance du cèdre depuis 1940 ainsi que l'évolution des
paramètres bioclimatiques dans les cédraies du Moyen Atlas. Cette
évolution conjointe se traduit par une concordance des chronologies
d'épaisseurs de cernes et des variations dans les paramètres
climatiques (bilan hydrique). (Et-tobi M., 2008). L'action combinée des
conditions édapho-climatiques et anthropiques se traduit par un impact
négatif sur la croissance du cèdre (Ibid.).
? INCENDIES DE FORÊT :
29
Figure 2. Evolution de la superficie moyenne
incendiée des forêts au Maroc.
(Source :
HCEFLCD, 2019).
La figure ci-dessus donne l'évolution du nombre
d'incendies et des surfaces affectées de 2004 à 2019. L'analyse
historique montre que la surface incendiée est en diminution.
Selon les chiffres statistiques relevés par le DEFLCD
en Juillet 2019, le pays a connu une réduction significative de la
superficie incendiée de 60% en comparaison avec la moyenne des dix
dernières années durant la même période, le taux
d'incendies par an a augmenté de 17%, le taux de la superficie moyenne
brûlée a diminué de 13% (3.372 à 2.928 ha/an) et le
taux de superficie moyenne brulée par incendie a, à son tour,
baissé de 31% (8 à 5,5 ha/incendie).
En effet, le Rif (Chefchaouen, Tanger, Tétouan,
Ouazzane, Larache) reste l'une des régions les plus touchées en
termes de superficie globale incendiée par an.
? IMPACT DU CHANGEMENT CLIMATIQUE SUR LA
BIODIVERSITÉ
Le dernier rapport national sur la biodiversité (MDCE,
2014) cite le changement climatique parmi les principales menaces et causes
d'appauvrissement de la diversité biologique (le coût
économique de ces impacts reste cependant difficile à
estimer).
L'enquête nationale sur l'état de conservation
des zones humides entre 2000 et 2010, montre que dans 51% des cas
étudiés, les évolutions observées sur les sites
sont liées au changement climatique.
Selon le même rapport, la moyenne annuelle des
coûts économiques additionnels de la perte de biodiversité
due au changement climatique est estimée à 300 millions de
dollars US pour l'année 2010. À l'horizon 2030, selon un
modèle intensif en carbone, couplé avec le changement climatique,
l'inaction fera passer ce chiffre à deux milliards de dollars. Les
conséquences de perte de biodiversité sur les populations sont
perceptibles à travers les exemples ci-après :
? Diminution du potentiel
végétal risque de compromettre la
sécurité énergétique. En effet, le bois de chauffe
et le charbon de bois assurent encore une grande partie de ces besoins en
milieu rural.
? Baisse du rendement agricole due
à une baisse de la fertilité des sols par
l'accélération de l'érosion éolienne et hydrique
liée en partie au déboisement mais aussi à des
phénomènes d'ensablement observés par exemple dans les
oasis du sud du pays.
30
? Détérioration de certains
services notamment la qualité de l'eau, ainsi que la
raréfaction des ressources halieutiques tel que le poisson peuvent
entrainer des carences nutritionnelles et occasionner des maladies.
? Augmentation des phénomènes
d'érosion en zones de montagne : Le phénomène
des inondations observé dans les vallées des Atlas s'explique en
partie par la perte des services de régulation de ces montagnes, qui
contribuent à la résorption des eaux de ruissellement.
Les services fournis par les écosystèmes de
montagne s'étendent bien souvent au-delà de leur zone
géographique et incluent l'équilibre hydrique, la
régulation du climat et la préservation des différentes
espèces de plantes et d'animaux.
Compte tenu de leur altitude, de leur inclinaison et de leur
exposition au soleil, les écosystèmes montagneux sont les
premiers à subir les effets des variations climatiques.
Les montagnes sont particulièrement sensibles au CC,
et nombreux sont les éléments (température,
précipitations, etc.) qui déterminent la répartition des
espèces dans ces régions. Les phénomènes
météorologiques extrêmes sont de plus en plus courants dans
les zones montagneuses.
? Réduction de la disponibilité des
ressources naturelles : Il paraît évident que la
réduction des espaces forestiers, des surfaces pastorales, de la
fertilité du sol, ... ne peuvent avoir que des conséquences
négatives sur la disponibilité des ressources naturelles et des
services que procurent ces écosystèmes (bois, sous-produits de la
forêt, céréales, légumes, unités
fourragères, cheptel, etc.).
Il paraît évident également qu'une
pénurie de ces produits ne peut se traduire sur le terrain que par une
diminution des recettes et des revenus pour les populations, moins de
journées et de postes de travail, plus de chômage, etc.
? Extension de la pauvreté :
La pauvreté est une cause de la dégradation des
ressources naturelles ; mais la pauvreté est également une
conséquence de l'ensemble de ces menaces, aussi bien celles «
naturelles » qu'anthropiques. C'est une question d'autant plus importante
que la population marocaine est essentiellement rurale et que, justement, c'est
dans ce milieu rural que sont concentrées les ressources
forestières et agricoles et, donc, les ressources naturelles constituant
le support des besoins de ces populations.
En effet, au Maroc, sur une superficie de 19 millions
d'hectares, plus de 17 millions sont dégradées. La baisse
prévue des ressources en eau, qui sont déjà dans une
situation de surexploitation importante, est évaluée en moyenne
entre 10 à 15% à l'horizon 2020. Ces dernières
années, les conséquences des inondations
répétées observées dans la région ont mis en
exergue l'extrême vulnérabilité des pays d'Afrique du Nord
et l'importance des conséquences sanitaires, économiques et
environnementales, ainsi que la faiblesse de leur capacité de
réponse.
La moyenne annuelle des coûts économiques
additionnels de la biodiversité dus au changement climatique a
été estimée à 300 millions de dollars US pour
l'année 2010. À l'horizon 2030, selon un modèle intensif
en carbone, couplé avec le changement climatique, l'inaction fera passer
ce chiffre à 2000 millions de dollars (DARA, 2012). Selon la même
source, le coût de l'inaction causera un déclin de la richesse
biologique et donc des services écosystémiques estimé
à $100 Millions à l'horizon 2030. La perte et l'érosion de
la diversité génétique, en particulier en ce qui concerne
les agriculteurs pauvres, est associée à la réduction de
la sécurité alimentaire, à une incertitude
économique accrue, à une plus
31
grande vulnérabilité aux parasites et aux
maladies, à la réduction des possibilités d'adaptation et
à une accélération de la perte de connaissances locales
sur diversité pour les générations futures.
Le rôle et l'importance des ressources biologiques dans
la vie quotidienne des populations permettent d'appréhender les
conséquences de la perte de biodiversité sur leur
bien-être. La diminution de la diversité biologique affecte et
continuera d'affecter négativement les secteurs de développement
si le processus de dégradation se maintient. L'affectation des moyens de
subsistance accentue le phénomène de pauvreté aux niveaux
rural et péri-urbain.
Par ailleurs, le Maroc enregistre une tendance à la
diminution, voire à l'éradication d'un certain nombre de maladies
: en particulier, les maladies cibles de la vaccination, mais aussi les
maladies à transmission hydrique, typhoïde et choléra en
tête, le trachome, la bilharziose, la lèpre et le paludisme.
Toutefois, le changement climatique aura des
répercussions directes et indirectes sur la santé humaine et sur
la santé animale. Les effets des phénomènes
météorologiques extrêmes et l'augmentation des maladies
infectieuses, telles que des incidences accrues de leishmaniose comptent parmi
les principaux risques à prendre en considération (Bounoua et
al., 2013).
2.2 STRATEGIES NATIONALES POUR L'ATTENUATION DES
CHANGEMENTS CLIMATIQUES
Le Maroc a entamé des actions de conservation des
ressources naturelles, l'eau et le sol principalement. Menées sous
l'égide des services forestiers et agricoles, lesquelles actions ont
permis de régler localement des problèmes de dégradation,
d'affronter des risques et menaces et de restaurer la qualité de
certains terrains.
Mais globalement, la menace de dégradation reste
présente ; les formes et les processus restent inquiétants qui
ont même parfois tendance à s'étendre et à
s'aggraver. Ainsi, le Maroc s'est doté, ces dernières
années, de nouvelles stratégies à portées
sectorielles pour atténuer l'effet de ces changements climatiques.
Depuis la signature de la Convention Cadre de Nations Unies
sur les Changements Climatiques en 1992, Il s'est engagé dans la lutte
contre le réchauffement climatique au niveau international, et a
ratifié le Protocole de Kyoto en 2002. Bien que faible émetteur
de gaz à effet de serre mais, en tant que pays aride et semi-aride, il
est fortement impacté par le réchauffement climatique.
Pour souligner son adhésion totale à
l'engagement pris en concert avec les autres nations, plusieurs plans,
stratégies et programmes, ont vu le jour récemment sur
l'environnement et le développement durable. Le processus de leur
élaboration a donné lieu à une réflexion
approfondie et holistique sur le diagnostic de la situation actuelle,
l'identification des contraintes, et la définition d'une nouvelle
approche de développement. (MDCE, 2016)
Certains de ces plans, stratégies et programmes ont
une portée sectorielle clairement affichée et d'autres visent
plutôt une mission horizontale de développement
intégré. Une troisième catégorie regroupe des
programmes transversaux s'inscrivant dans le cadre d'une politique de
résorption du retard dans les domaines sociaux et donnant un contenu
concret aux politiques de lutte contre la pauvreté. La
concrétisation de cette stratégie globale devait être
basée sur l'amélioration du niveau de vie des populations par la
mise en oeuvre des projets de développement agricoles
intégrés, la mobilisation des ressources en eau de surface
à travers l'édification de barrages et lacs collinaires,
l'aménagement et l'amélioration des parcours, la lutte contre
l'érosion hydrique et éolienne (ensablement), la conduite des
32
actions en mesure de permettre une meilleure conservation des
forêts et la création de parcs nationaux et des réserves
biologiques.
Parmi les plans et stratégies ayant une portée
rapprochée avec l'agriculture et les forêts, on peut citer :
? STRATEGIE NATIONALE DE L'EAU
Le Maroc a déployé de grands efforts dans la
mobilisation des ressources en eau, et ces efforts seront poursuivis par la
mobilisation de nouvelles ressources à grande échelle à
travers la construction de nouveaux grands et petits barrages, le transfert
Nord-Sud et la mobilisation des ressources en eau non conventionnelles. A cet
effet, la SNE prévoit la réalisation d'une cinquantaine de grands
barrages et 1000 petits barrages d'ici l'année 2030 ainsi que des
projets pilotes de captage des eaux de pluie pour mobiliser des ressources en
eau nouvelles.
Ainsi, la SNE prévoit l'accélération du
rythme de mise en oeuvre du programme national d'assainissement et
d'épuration des eaux usées, du Programme National de
Prévention et de Lutte contre la Pollution Industrielle, et du plan
national de gestion des déchets ménagers et assimilés.
En matière de préservation des eaux
souterraines, la stratégie prévoit la mise en place d'une gestion
durable à travers le renforcement du système de contrôle et
sanctions en cas de surexploitation, la limitation des pompages dans les nappes
et le programme de recharge artificielle des nappes (MEMEE, 2016).
? PLAN MAROC VERT (PMV)
Le Pilier II du PMV adopte une approche proactive de la
gestion des risques liés aux aléas climatiques, notamment la
sécheresse à travers le respect de la vocation des terres et la
diversification et l'intensification des activités agricoles. Les
mesures préconisées par cette stratégie telles que les
aides à l'investissement en matériel d'irrigation de
complément, le renforcement des capacités techniques des
décideurs et des producteurs.
Ainsi, des mesures d'accompagnement prévues, comme
l'assurance multirisque et les nouveaux produits du crédit agricole, ont
été développées dans le but de réduire et
d'intégrer les impacts de la variabilité climatique. Il est
certain que la mise en oeuvre de ces mesures progressivement avec le cumul
d'expériences et le réajustement continu permettra
d'atténuer les impacts négatifs du changement climatique.
? PROGRAMME FORESTIER NATIONAL (PFN)
Le département des Eaux et Forêts et à la
Lutte contre la désertification a élaboré le Programme
forestier national (PFN) qui trouve ses fondements dans les recommandations de
la Conférence des Nations-Unies pour l'Environnement et le
Développement (CNUED) en juin 1992. Ce programme est basé sur une
réflexion profonde et sur des études sectorielles
préparées par le HCEFLCD, durant les années 90.
Ces études ont été
synthétisées, complétées et mises en
cohérence pour élaborer une stratégie de
développement, à moyen et à long terme, du secteur
forestier. Parmi ces études on peut citer : les actes du colloque
national sur les forêts (MAMVA, 1996) ; l'Inventaire forestier national
(1994) ; Le Plan directeur de reboisement (1996) ; le Plan national
d'aménagement des bassins versants (1995), l'Etude sur les aires
protégées (1995), etc.
1) Appui et accompagnement du processus de LCD
: qui vise essentiellement le renforcement de l'environnement politique,
législatif et institutionnel ainsi que des capacités des
acteurs.
33
Le PFN, qui constitue un outil stratégique au service
de la foresterie nationale, trouve ses fondements dans trois approches :
patrimoniale, territoriale et participative. Il est destiné à
conduire et inverser le processus de dégradation de l'espace forestier
et se propose d'atteindre les objectifs prioritaires suivants 1)
la protection des sols et la régularisation des eaux ;
2) le développement socio-économique des
populations rurales ; 3) la protection de la
biodiversité ; 4) la production de bois pour
l'industrie et l'artisanat et la production de service pour les populations
urbaines.
Par ailleurs, la forêt marocaine constitue un
patrimoine riche et diversifié, soumise à de multiples pressions
naturelles et anthropiques et menacée par divers
phénomènes dont la désertification qui affecte de grandes
étendues et s'intensifie avec le climat aride. Pour faire face à
ces pressions, le Maroc a mis en place plusieurs plans, stratégies et
programmes qui ont eu une grande contribution dans le maintien de la
capacité adaptative des écosystèmes et leur
résilience, notamment :
· Plan Directeur de Gestion Conservatoire des Terres en
Zones Pluviales (1994) ;
· Plan Directeur des aires Protégées (1995)
;
· Stratégie de Développement des Terres de
Parcours (1995) ;
· Plan Directeur de Reboisement (1996) ;
· Plan National d'Aménagement des Bassins Versants
(1997) ;
· Plan Directeur de Lutte Contre les Incendies de
Forêts (2001) ;
· Stratégie Nationale de Surveillance et de Suivi de
la Santé des Forêts (2008) ;
· Stratégie Nationale de Développement des
Forêts Urbaines et Périurbaines (2009).
· PLAN D'ACTION NATIONALE DE LUTTE CONTRE LA
DESERTIFICATION (PANLCD)
L'action de l'Etat a évolué vers une
planification territoriale intégrée traduite récemment
dans le cadre du Plan d'Action Nationale de Lutte contre la
Désertification actualisé (PANLCD, 2012) qui vise principalement
à gérer durablement les ressources naturelles en réduisant
la pression humaine, à assurer une meilleure connaissance des
phénomènes de désertification et de dégradation des
terres.
Le PANLCD élaboré en juin 2001 pour renforcer
les efforts et la mobilisation des moyens pour la lutte contre la
désertification tout en intégrant les stratégies
d'éradication de la pauvreté dans les efforts de lutte contre la
désertification. Dans sa configuration actuelle, le programme est
éployé au niveau territorial, dans huit zones homogènes,
avec des interventions concrètes de terrain et des perspectives à
court et moyen termes arrêtées. La mise en oeuvre du programme
PAN-LCD comporte l'évaluation des projets et des mécanismes,
l'utilisation d'indices de sensibilité à la
désertification et à la dégradation des terres et un
dispositif de suivi-évaluation.
Par ailleurs, il y a lieu de noter que les principes retenus
pour ce plan d'action sont de privilégier les mesures susceptibles de
compléter les programmes sectoriels existants, de catalyser leur mise en
oeuvre et de promouvoir une véritable dynamique de développement
rural basée sur l'intégration, la territorialisation, le
partenariat et l'approche participative. Pour ce faire, les actions
préconisées en amont ou en aval concernent les domaines suivants
(Ghanam M., 2003) :
34
2) Appui aux initiatives génératrices des
revenus : Ce deuxième groupe d'actions a trait à
l'expérimentation de nouveaux modèles de développement
participatif et le développement de micro crédit pour le
financement de l'investissement local.
3) Actions de LCD et d'atténuation des effets de la
sécheresse : qui comprend, entre autres actions, le développement
intégré de zones forestières et péri
forestières pilotes, la création des forêts villageoises et
des rideaux de brise- vents ainsi que la promotion de la collecte des eaux
pluviales et des énergies renouvelables.
4) Renforcement des connaissances et des systèmes
d'observations : qui, enfin, regroupe des actions orientées vers
l'inventaire des ressources naturelles, le renforcement du réseau de
surveillance écologique, la mise en place d'un observatoire de la
sécheresse et le suivi - évaluation d'impacts des programmes.
2.3 CONCLUSION
Les principales manifestations de la
vulnérabilité de la forêt aux impacts du changement
climatique s'expriment sous forme de dégradation, dysfonctionnement et
transformation des écosystèmes forestiers par la perte de leur
richesse en biodiversité. Par ailleurs, on relève une nette
diminution de la santé voire le dépérissement des
écosystèmes forestiers fragiles, et une forte augmentation des
incendies de forêt.
La dégradation provient généralement de
la pression anthropique, des sécheresses prolongées ou d'attaques
parasitaires. Elle constitue un processus progressif induisant une diminution
de la productivité et de la valeur du capital forestier dans son
rôle de production, de biens et de services, de régulateur
écologique et de patrimoine génétique.
Le changement climatique et ses effets induits, en affectant
les écosystèmes forestiers, exigent une meilleure
compréhension de leur fonctionnement pour la mise en oeuvre de
politiques efficaces de gestion, d'autant que les changements comportementaux
des populations ont exacerbé ces bouleversements, entraînant une
désarticulation des systèmes de production et des fondements
sociétaux multiséculaires.
Du fait de son engagement international, le Maroc a
élaboré plusieurs stratégies et programmes, depuis la
signature de la Convention Cadre de lutte contre les changements climatiques de
RIO (1992) et la ratification du Protocole de Kyoto en 2002. Par ailleurs, les
mesures à entreprendre devraient s'adosser sur une approche
régionale dans une perspective de cogestion communautaire. Les
problèmes de gestion, de recherche et de conservation des ressources
naturelles et forestières devraient également s'inscrire dans une
triple dynamique de durabilité :
? Une durabilité institutionnelle :
les institutions en place suffisamment efficientes, un ancrage stable,
un mode de gestion des ressources transparent pour renforcer la confiance des
acteurs sur le long terme ;
? Une durabilité socio-économique : les
niveaux de contribution financière fixés de manière
efficace, l'environnement économique (structurel et conjoncturel)
commande une dynamique dans le terme (l'amélioration du niveau de vie
des populations par la mise en oeuvre des projets de développement
agricoles intégrés, création des activités
génératrices des revenus, etc.) ;
? Une durabilité environnementale :
l'état de la ressource et l'exploitation en mesure d'appuyer, sur le
long terme, la pérennité des investissements et la
stabilité des communautés bénéficiaires
(création de parcs nationaux et des réserves biologiques, la
promotion des énergies renouvelables, etc.).
35
CHAPITRE 3 : LES MILIEUX NATURELS ET HUMAINS DES ZONES
FORESTIERES ET PERI-FORESTIERES DE TIDDAS
3.1 FORET DE TIDDAS ET SA BIODIVERSITE
3.1.1 Situation géographique, administrative et
juridique
La forêt de Tiddas est située dans la
région du Plateau Central du Maroc plus précisément dans
la province de Khémisset. La limite sud de ce massif avoisine la
forêt de Bouregreg, la partie Est se rencontre la forêt d'El
Harcha, au Nord on rencontre la forêt de Sidi Laarbi et au Sud-Ouest se
trouve la forêt de l'Oued Grou (cf. figure 3).
Figure 3. Situation générale de
la forêt Tiddas (DEFLCD, 2018).
36
Sur le plan juridique, la forêt de Tiddas fait partie du
domaine privé de l'état marocain (PV de délimitation du
1er décembre 1923), dont la surface s'étend 3996 ha 09 ares 23 ca
dont 85 ha 38 ares répartis sur cinq enclaves. Pour ce qui est du
bornage, la forêt de Tiddas est constituée de 275 bornes
périmétrales, et de 28 bornes délimitant les cinq enclaves
dont leur surface varie de 48 ha. Par ailleurs cette superficie fut
réduite, par distraction pour utilité publique en 2015 à
3856,14 ha (DEFLCD, 2018).
Sur le plan forestier la gestion de la forêt de Tiddas
est assurée par les secteurs forestiers de Maaziz et de Tighza qui
relèvent du Centre de Conservation et du Développement des
Ressources Forestières (CCDRF) de Maaziz de la Direction Provinciale des
Eaux et Forêts et de la Lutte Contre la Désertification (DPEFLCD)
de Khémisset ; Direction Régionale des Eaux et Forêts et de
la Lutte Contre la Désertification de Rabat Salé-Kénitra
(DREFLCD-RSK).
Sur le plan administratif, le massif forestier de Tiddas est
situé intégralement dans la Commune Territoriale de Tiddas qui
relève du Caïdat de Tiddas, Cercle d'Oulmes ; Province de
Khémisset ; Région de Rabat- Salé-Kénitra.
3.1.2 Milieu Physique
? Types du sol
Les sols les plus dominants dans la forêt de Tiddas,
sont représentés par les lithosols et les régosols. Ce
sont des sols peu évolués, non climatiques, leur étendue
est plus vaste sur les schistes à passés quartzitiques et plus
réduite sur les granites, il s'agit essentiellement d'affleurements de
roches ou d'éboulis grossiers de versant. Ils sont très peu
profonds, on les trouve surtout dans les régions à forte
érosion (Ibid.).
? Géologie
Sur le plan géologique, la forêt de Tiddas qui
relève de la région du plateau central marocain repose sur les
formations géologiques communes sont constituées de grès,
conglomérats, calcaires et schistes, avec environ 60% de la surface
totale de la forêt. Ces formations se localisent
généralement dans la partie centrale et ouest du massif de Tiddas
et une portion se trouvant au Sud-est de cette forêt (DEFLCD,
op.cit.).
Les faciès de grès, conglomérats et
argiles rouges représentant environ 20 % de la superficie totale du
massif. On les retrouve au niveau de la partie Sud-est de cette forêt,
dans le sud de la commune rurale de Tiddas (DEFLCD, 2018). Enfin, la partie
Nord-est de la forêt de Tiddas, est constituée spécialement
de basalte dolérique qui couvre environ 20% de la surface totale du
massif.
? Géomorphologie
La région d'étude appartient au plateau central
marocain (Beaudet, 1969) limité à l'ouest par l'océan
Atlantique, à l'est par le Moyen Atlas, au nord par la plaine du Gharb
et au sud par le plateau des phosphates.
Le sous-bassin versant du Bouregreg est subdivisé en
quatre unités géomorphologiques majeures à savoir :
(1) la dépression orientale, (2) le
haut pays, (3) le palier intermédiaire et (4)
le palier inférieur. Dans cette structure, le plateau de Tiddas
s'encarte dans le palier intermédiaire qui constitue un palier entre les
reliefs culminants du haut pays et les étendues monotones de la basse
meseta (Ibid.).
? Topographie et expositions de la zone
d'étude
L'analyse de la topographie de la zone montre que de la
forêt évolue dans un milieu peu accidenté. Les classes de
pentes obtenues à partir de l'exploitation du modèle
numérique de terrain (MNT) (cf. annexe 5 qui illustre
ces expositions) se présentent comme suit :
37
? Pentes faibles (<5 %) :
sur une surface de 376 ha soit près de 9% de la surface de la
forêt.
? Pentes douces (5 à 10 %) : la classe
couvre environ 21% de la superficie de la forêt.
? Pentes moyennes (10 à 20 %) : sur
près 44% de la surface de la forêt.
? Pente raide (20 à 40 %) sur 25% du
territoire de la forêt.
? Pentes escarpées (> 40%) sur une
faible étendue soit près de 1% de l'étendue de la
forêt.
La carte des expositions a été obtenue suite
à une classification de MNT de la zone par l'outil de SIG (ArcGIS). Il
est intéressant de remarquer que les milieux naturels de Tiddas
constituent un lieu de prédiction du thuya notamment dans les versants
sud et sud-ouest ; on constate l'absence quasi-totale de cette essence. Cette
espèce thermophile, malgré sa plastique et sa
longévité à pratiquement disparue de cet espace sous
l'effet conjuguée de l'action de l'homme et de son troupeau (DEFLCD,
op.cit).
? Hydrographie
La forêt de Tiddas fait partie de deux bassins versants
: le bassin versant l'Oued Bouregreg et celui de l'Oued Grou, affluent
principal du Bouregreg. La plus grande partie de la forêt de Tiddas
relève du bassin versant de l'Oued Bouregreg avec une superficie de
2640 ha, soit 70% de la surface totale de la forêt.
Quant au bassin de l'Oued Grou, il occupe une superficie de 1076 ha soit
l'équivalent de 30% de la surface totale de la zone d'étude. Au
niveau du Bassin de l'Oued Bouregreg, se trouve le barrage Sidi Mohamed Ben
Abdellah qui est le principal pourvoyeur en eau potable des
agglomérations de Rabat et Casablanca. Un nouveau barrage de Tiddas est
en cours de construction.
? Le barrage Sidi Mohamed Ben Abdellah :
D'une capacité totale de 486 millions de m3 constitue une pièce
maîtresse de l'aménagement du bassin de Bouregreg ; il permet de
mobiliser près de 140 millions de m3 d'eau destinés
uniquement à l'alimentation en eau potable des agglomérations
urbaines de l'axe Rabat-Casablanca.
? Le barrage de Tiddas : la retenue du
barrage, située à 70 km au sud-ouest de Rabat, vise à
renforcer le potentiel en eau potable des régions de Rabat et de
Casablanca. Le barrage Tiddas permettra la mobilisation des eaux de surface
d'un bassin versant de 2170 km2 drainées par l'Oued Bouregreg et les
apports sont de 254 millions de m3. Ce barrage aura une capacité de
stockage, après réalisation, de 592 Millions de m3 et une hauteur
de 106 m.
3.1.3 Milieu bioclimatique
? Précipitations
Les données de précipitations recueillies au
niveau des stations qui encadrent la zone d'étude ne sont pas uniformes
et sont de l'ordre de 509 mm/an pour Tiddas, 446 mm/an Jemaat Moul Blad et 419
mm/an) pour Maaziz. Cependant, on peut noter que l'essentiel des
précipitations tombent entre Octobre et Mai et que le mois de
Décembre est le plus arrosé de la région.
P(mm)
Figure 4. Graphes des précipitations
moyennes mensuelles des stations étudiées.
(DREFLCD,
op.cit.).
Figure 6. Diagramme ombrothermique de
Bagnouls-Gaussen pour station Jemaat Moul Blad. (DEFLCD, op.cit.).
38
L'examen des graphes (cf. figure 4) de
précipitations moyennes mensuelles des trois stations
étudiées de la forêt de Tiddas montre que les plus faibles
données de précipitations sont enregistrées pendant la
période Juillet-Août et que près de 95% des
précipitations sont recueillies entre Octobre et Mai.
Cette variabilité dans le temps des
précipitations au niveau de la zone d'étude témoigne du
caractère méditerranéen que présente la
région du plateau centrale marocain. Toutes les stations
étudiées présentent une saison hivernale pluvieuse et une
saison estivale sèche ; caractéristique fondamentale du climat
méditerranéen (DEFLCD, 2018).
Ainsi, au niveau de l'ensemble des stations, le régime
pluviométrique saisonnier est du type HPAE et
près de 42% des précipitations annuelles sont recueillies en
hiver ; par contre le minimum des précipitations qui caractérise
la saison sèche est enregistré en été (près
de 2% des précipitations annuelles) (DEFLCD, op.cit.).
? Températures
Pour caractériser l'ambiance thermique du massif
forestier de Tiddas, les données provenant du site climatique
Climat-data.org ont
été exploitées. L'analyse de ces données montre que
les températures moyennes (T°C moy) pour les trois stations varient
de 8,3°C à 26,9°C.
La température maximale absolue (M°C) varie entre
33 et 34°C et elle est enregistrée entre le mois de juillet-Aout.
Alors que la température minimale absolue (m°C) varie entre 0,9 et
6,1°C et elle est enregistrée au mois de janvier.
T°C moy
y
30
20
10
0
J F M A M J JASON D
Tiddas Jemaat Moul Blad Maaziz
Figure 5. Histogramme des températures
moyennes des stations étudiées.
(DEFLCD, op.cit.).
? Diagramme ombrothermique de Bagnouls -
Gaussen
Afin d'étudier l'ambiance bioclimatique qui
règne au niveau de la forêt de Tiddas, on a fait recours à
la méthode de Bagnouls-Gaussen.
Aussi, par la voie de plantations artificielles,
l'introduction d'espèces comme l'Eucalyptus sidéroxylon,
l'Eucalyptus camaldulensis et le Pin d'Alep (Pinus
halepensis) (Ibid.).
39
100
|
|
45
|
|
P (MM)
|
80 60 40 20 0
|
|
40 35 30 25 20 15 10 5 0
|
T (°C)
|
J F M A M J J A S O N D
MOIS P (mm) T (°C)
Figure 7. Diagramme Ombrothermique de Bagnouls
- Gaussen pour station Tiddas.
(DEFLCD, op.cit.).
Figure 8. Diagramme ombrothermique de
Bagnouls-Gaussen pour Station Maaziz.
(DEFLCD, op.cit.).
D'après ces graphes, on déduit que la
période sèche va du mois de Mi-Avril à Octobre soit une
période de 6,5 mois pour la station de Jemaat Moul
Blad, elle s'étale sur cinq mois (Mai, juin, juillet, août,
septembre) pour la station de Tiddas et elle est de 6,5 mois allant de Mi-Avril
à Octobre quant à la station de Maaziz.
3.1.4 Biodiversité
? Végétation forestière
L'ensemble des structures pré-forestières
thermoméditerranéennes des vallées du Plateau Central et
de la meseta occidentale s'intègrent dans la sub-alliance
Pistacienion de l'Asparago-Rhamnion. Elles doivent leur
originalité à la présence de Pistacia atlantica,
Rhamnus lycioides sub sp, Rhus pentaphylla et Asparagus
altissimus et Tetraclinis articulata comme transgressives
(Fennane, 1988).
D'après cet auteur, le Pistacienion atlanticae
devait occuper une place très importante au Maghreb dans le
passé, vue la grande plasticité écologique du Betoum qui
en est l'élément le plus important.
Dans la forêt de Tiddas, les formations naturelles sont
représentées par le thuya de Berbérie (Tetraclinis
articulata), espèce remarquable dans la zone, mais elle occupe des
surfaces assez faibles dans la forêt (DEFLCD, 2017).
A côté de ces formations on rencontre des
formations arbustives assez étendues et représentées par
le Lentisque (Pistacia lentiscus), le doum (Chamaerops
humilis).
40
? Faune
Sur le plan faunistique, les principales espèces animales
présentes dans la zone de la forêt de Tiddas, sont
énumérées dans le tableau ci-après.
Tableau 4. Principales espèces animales
de la forêt de Tiddas.
Classe
|
Nom commun
|
Nom scientifique
|
Statut
|
Mammifères
|
Lièvre commun
|
Lepus capensis
|
Présent
|
Renard roux
|
Vulpes vulpes
|
Vulnérable
|
Sanglier
|
Sus scrofa
|
Peu menacée
|
Chacal
|
Canis aureus
|
Présent
|
Oiseaux
|
Corbeau brun
|
Corvus ruficollis
|
Nicheur
|
Perdrix gambra
|
Alectoris barbara
|
Nicheur sédentaire
|
Pigeon ramier
|
Columba palumbus
|
Nicheur sédentaire
|
Chardonneret élégant
|
Carduelis carduelis
|
Nicheur
|
Caille
|
Coturnix coturnix
|
Présent/Nicheur
|
Tourterelle
|
Falco tinnunculus
|
Nicheur sédentaire
|
Cochevis huppé
|
Galerida cristata
|
Présent/Nicheur
|
Amphibiens
|
Crapaud de Brongersma
|
Bufo brongersmai
|
Endémique
|
Reptiles
|
Caméléon commun
|
Chamaeleo Chamaeleo
|
Menacée
|
Source : (DEFLCD, 2018).
Figure 9. Quelques espèces animales
caractéristiques du milieu (DEFLCD, 2018).
41
? Quelques espèces animales rencontrées
dans la zone de la forêt de Tiddas :
Chardonneret (Carduelis carduelis)
Renard (Vulpes vulpes)
Perdrix (Alectoris barbara)
Lièvre (Lepus capensis),
Corbeau (Corvus ruficollis)
42
3.2 MILIEU HUMAIN ET CHANGEMENT CLIMATIQUE
Introduction
La commune de Tiddas connait depuis quelques années des
modifications climatiques qui compromettent de façon négative
tous les efforts de développement : les sécheresses
récurrentes, régime pluviométrique irrégulier
aggravé par une insuffisance pluviométrique. Pendant les
périodes estivales on assiste à des vents très chauds de
chergui liés à de fortes insolations qui réduisent
fortement les productions agricoles.
Ainsi, les populations rurales sont sérieusement
menacées par les effets néfastes de ces changements qui diminuent
les rendements agricoles qui ne satisfont pas la sécurité
alimentaire. Cette situation d'insécurité pousse les jeunes
ruraux à l'exode massif aux fins de fuir la pauvreté. Pour
survivre, les populations se rabattent sur l'exploitation des ressources
forestières par le parcours et les coupes de bois vifs, ce qui en
résulte une désorganisation des structures forestières
(matorralisation), et une dégradation par l'érosion des terres
sans abri du couvert végétal.
Par ailleurs, certaines études sur les impacts du
changement climatique prennent en compte l'adaptation des systèmes de
culture ou des populations. Les options d'adaptation disponibles en agriculture
pour faire face au changement climatique peuvent être classées en
quatre grandes catégories (Chuku et al., 2009) :
1) la gestion des revenus/actifs ; 2) les assurances et
programmes gouvernementaux ; 3) les pratiques de production des exploitations ;
4) le développement technologique.
En outre, de nombreuses options d'adaptation sont
déjà utilisées à l'échelle locale par les
agriculteurs marocaines. Ce sont généralement des pratiques de
production (gestion de l'eau, sélection de certaines
variétés, fertilisation), mais aussi des techniques de gestion
des revenus (diversification des revenus, migrations).
Cependant, dans la plupart des études sur l'Afrique du
Nord, l'adaptation n'est pas explicitement prise en compte. Dans certaines
études, la date de semis change chaque année, mais reste
fondée globalement sur la même technique de semis : cette attitude
est donc plus une adaptation à la variabilité interannuelle du
climat qu'au changement climatique (Müller et al., 2010).
D'autres simulent quant à eux le rendement de certaines
cultures avec et sans adaptation. Ils considèrent de nouvelles dates de
semis et d'hypothétiques variétés
améliorées. Les pertes de rendements futures sont ainsi
clairement limitées (Tingem et al., 2009). Dans le même ordre
d'idée, Butt et ses collègues présentent leurs
résultats conjointement sans adaptation et avec un ensemble d'options
d'adaptation théorique : options économiques, mélange de
cultures et variétés résistantes à la chaleur (Butt
et al., 2005). Là aussi, ces options augmentent clairement les
rendements futurs.
3.2.1 Tiddas un territoire agroforestier
La population de la Zone forestière et péri
forestière relevant des tribus ZAERS et BNI HKAM qui sont issues de la
tribu mère dite Beni Hkam, dont les origines remontent à la tribu
Beni Amklid issue des Sanhaja.
43
La tribu des Zaer fait partie de la commune Joumât Moul
Lablad dont certains douars sont situés à proximité de la
forêt de Tiddas et utilisent par coutume les parcours de la forêt
qui est exploitée surtout par les Beni Hkam avec 82% de forêt
(DEFLCD, 2018).
Par ailleurs, la population rurale de Tiddas est regroupée
en deux (02) Unités Socio-Territoriales (UST), à savoir le
groupement humain « Beni Hkam » et « Zaer ». Ces dits
groupements sont décrits dans le tableau suivant :
Tableau 5. Territoires de la forêt de
Tiddas.
Territoire (UST)
|
Douars (sous douars)
|
Superficie dans la forêt (ha)
|
Superficie hors forêt
|
Superficie totale (ha)
|
Beni Hkam
|
Ait amar, Ait Ali ou amar, Ait Laânzi, Ait Boubker, A.S.
Youssef, Ait Ghassan, Ait Hmane, Ait Krad, Ait laalam, Krarcha, Ait Brahim, Ait
salmane, Ait ali ou amar, Ait Mhamed, Ait Hmane
|
3098,84
|
19552,7
|
22651,54
|
Zaer
|
Lamnasra, Swalha, Oulad Amira, Ait laaroussi
|
702,30
|
4384,9
|
5087,2
|
|
Total
|
3856,14
|
23937,6
|
27738,74
|
Source : (DEFLCD, op.cit.). ?
Agriculture
Le secteur agricole occupe une place importante dans les
activités des ménages. Ceux qui ne pratiquent pas l'agriculture,
ont souvent cédé leurs parcelles aux bonnes potentialités
agricoles en métayage ou en fermage.
La SAU moyenne des deux territoires de Beni
Hkam et Zaer se caractérisent par des superficies importantes par foyer.
La SAU moyenne par foyer est très variable et s'étale sur 3
à plus de 20 ha. Ceci témoigne de la présence de deux
grandes classes d'exploitants agricoles : les petites exploitations et les
grandes exploitations. En outre, on peut noter que les principales
spéculations agricoles sont le blé tendre, blé dur et orge
qui occupe en moyenne respectivement, 40%, 30% et 25% au niveau des territoires
de la commune de Tiddas (Ibid.).
La pluie est globalement la variable explicative
première de la productivité des céréales, les
rendements plafonds en Bour sont de l'ordre de 30-50 qx/ha en cas de bonnes
années pluvieuses. Par contre, ces rendements peuvent tomber à
moins de 5 qx/ha (enquête, 2020), pendant les compagnes très
sèches et/ou en cas de crise économique tel le cas de cette
année de l'extension de la pandémie du COVID-19.
L'utilisation des intrants sous forme d'engrais engrais
fertilisants est courante au niveau des deux territoires où on
relève, par contre, l'abandon de la jachère d'une manière
générale.
L'Arboriculture constitue l'activité
indispensable pour le développement rural et la valorisation de
l'espace. Le caroubier et l'olivier constituent les arbres fruitiers le plus
abondants dans la région étudiée. Certes, l'amandier,
malgré son adaptabilité écologique, n'est pas encore
développé dans la zone.
Les rendements de l'olivier sont variables en fonction de
l'âge des arbres, des densités de plantation et des soins
culturaux. Le rendement en olive par arbre est de l'ordre de 50-100 kg/arbre
(Ibid.).
44
? Agroforesterie
Au sein du paysage agricole, les éléments
arborés offrent une grande diversité de produits (bois d'oeuvre
ou de chauffage, fruits, fourrages, etc.) et création d'habitat pour la
faune, microclimats, stabilité des sols (Fortier et al, 2010a, 2010b,
2011).
Les parcelles agroforestières constituent des zones de
refuges et assurent la fonction de corridors biologiques et de conservation de
la biodiversité et participent ainsi à la Trame Verte et Bleue
(Guyomard et al., 2013). Dans un contexte global, cette diversité de
fonction contribue aux stratégies d'atténuation et d'adaptation
de l'agriculture face aux changements climatiques. Cependant, les Techniques
Agro-Forestières (TAF) sont rarement adoptées dans la zone
d'étude e sont comme suit :
? Alignements d'arbres intra-parcellaires
Il s'agit d'association des arbres (olivier, jujubier
fruitier) aux grandes cultures (céréales, maïs,
fève...) ou aux prairies (fauche ou pâturage) qui constituent les
limites de propriété sont rares. L'agroforesterie de nouvelle
génération dont l'agencement intra-parcellaire des arbres qui
s'adapte à la mécanisation agricole est absente.
? Agroforesterie et maraichage
Ces systèmes associent les cultures
maraîchères (artichaud, radis, betterave, carotte, aubergine,
oignon, patate douce, etc.) aux arbres qu'ils soient fruitiers (abricotier,
caroubier, olivier, etc.) ou à vocation de production de bois
(eucalyptus, pin d'Alep, etc.), occupent un espace réduit.
? Pratique forestière
? Exploitation du bois
Les espaces forestiers de la zone produisent essentiellement
du bois de feu, qui, sont exploitées par les usagers pour satisfaire
leurs besoins domestiques. Les prélèvements effectués
varient en moyenne de 3 à 4 t/ménage/an (HCEFLCD, 2018),
proviennent de toutes les espèces ligneuses d'arbres et arbustes (thuya,
oléastre, lentisque, jujubier, arbousier, doum, sumac, etc.) qui sont
soumises à la même pression.
? Exploitation des Pam, et autres
En outre, la collecte du thym est pratiquée au niveau
de la zone pour les besoins domestiques des foyers et les personnes qui
pratiquent cette activité sont généralement pauvres ce qui
leur permet de dégager des revenus pouvant assurer un minimum de
conditions du bien-être. La collecte s'opère pendant deux mois
(avril et mai), et s'exerce souvent par arrachage à la main. Les
quantités moyennes récoltées annuellement sont de l'ordre
15 kg/personne/an ; soit 580 - 870 kg/an (DEFLCD, op.cit.).
? Exploitation des parcours
Le cheptel de la zone d'étude s'estime à 71 719
UPB dont les effectifs des ovins sont les plus dominants au niveau des deux
territoires de Beni Hkam et Zaer. Cependant, pour mieux valoriser la matorral,
les troupeaux de caprins dominent celui des ovins. (DEFLCD,
op.cit).
Ainsi, la charge réelle (Cr) imposée aux
parcours au niveau de la zone reste très élevée
(9,1 UPB/ha) vu les potentialités pastorales faibles
des faciès pastoraux de la zone (production moyenne estimée de
225 UF/ha/an). Compte tenu de la charge d'équilibre de 1UPB/ha/an, le
degré de surpâturage est de (91%) ce qui indique
un surpâturage important qui se traduit par une dégradation des
ressources sylvopastorales (DEFLCD, op.cit.).
45
3.2.2 Tourisme au niveau de la zone rurale de Tiddas
Le tourisme au Maroc est caractérisé par une
forte capacité à façonner l'espace et la
société aussi bien positivement que négativement. Les
variables flux touristiques qui se diffusent inégalement dans l'espace
marocain, la mobilisation de crédits importants qui vont s'investir au
niveau local et régional et l'intervention -autrefois directe et de plus
en plus indirecte- de l'Etat pour impulser les aménagements
régionaux marquent le pays et les Hommes de manière
hétérogène selon les régions touristiques
(BERRIANE, 2009).
Le tourisme a besoin de l'appui d'une économie
dynamique voire forte pour se développer, il requiert des ressources
humaines qualifiées et ouvertes aux réalités touristiques,
des moyens financiers colossaux, une infrastructure moderne et importante et
des mesures d'accompagnement strictes (réglementation, protection des
sites, sensibilisation des visités et des visiteurs) pour qu'il puisse
profiter aux populations rurales locales.
Par ailleurs, la ZFP objet d'étude fait partie de la
province de Khémisset aux potentialités touristiques naturelles
et culturelles remarquables. A ces potentialités, il faut souligner
l'existence de circuit spirituel, d'une multitude de troupes folkloriques et de
l'hospitalité de la population rurale.
On note par ailleurs que l'écotourisme est faiblement
représenté bien que le milieu possède des atouts naturels
pour le développement de cette activité. Cependant
l'achèvement de la construction du barrage de Tiddas au courant de 2021
va relancer l'activité écotouristique qui s'exprimera à
travers :
? La randonnée pédestre qui peut être
pratiquée sur des circuits de randonnée de 2 à 3 jours ; ?
La pêche sportive qui doit être développée sur le
barrage de Tiddas ;
? La promotion de la chasse touristique.
3.2.3 Conclusion
La ZFP de Tiddas jouit de conditions naturelles remarquables
(végétation spontanée, hydrologie, géologie, etc.),
elle lui permet de résister aux CC qui se manifestent par des
sécheresses récurrentes, régime pluviométrique
irrégulier, ce qui compromet tout effort de développement.
Les changements climatiques affectent drastiquement les
rendements agricoles, ce qui constitue une menace pour la
sécurité alimentaire. Cette situation d'insécurité
pousse les jeunes à l'exode massif aux fins d'échapper aux abus
qui contribuent à la pauvreté rurale.
Sur le plan humain, la population de Tiddas fait partie de la
tribu des Zaers qui relève de la commune Joumât Moul Lablad.
Certains de ses douars utilisent, par droit d'usage, la forêt de Tiddas
pour le pâturage des troupeaux et le ramassage de bois mort gisant. Par
ailleurs, cette population est regroupée en deux (02) Unités
Socio-Territoriales (UST), le groupement humain « Beni Hkam » qui
bénéficient d'une superficie totale de 22651,54 ha dont la
forêt couvre 3098,84 ha. L'UST de « Zaer » : 5087,2 ha avec
702,30 ha couverts de forêts.
L'agriculture et l'élevage pratiqués sont du
type extensif. Cependant, La SAU moyenne par foyer est variable et
s'étale sur 3 à plus de 20 ha. Les principales
spéculations agricoles sont dominées par les
céréales (blé tendre, blé dur et orge). Les
rendements sont assez faibles, du fait de l'irrégularité des
pluies, et ne dépassent guère 30-50 qx/ha en cas de bonnes
années pluvieuses et descendent à moins de
46
5 qx/ha. L'Arboriculture constitue une activité
privilégiée à Tiddas, dont l'Olivier et le caroubier
constituent les arbres fruitiers le plus abondants.
L'élevage pratiqué est du type extensif,
basé sur un cheptel estime à 71 719 UPB dont les caprins sont
dominants pour mieux titrer profit des formations de matorral. La charge
réelle (Cr) enregistrée de (9,1 UPB/ha) est
très élevée par rapport aux potentialités
pastorales offertes ce qui témoigne d'un surpâturage important
(91%) et donc une dégradation des ressources
sylvopastorales.
Sur le plan énergétique, la population puise ses
besoins par l'exploitation du bois (ramassage) soit en moyenne de 3 à 4
t/ménage/an qui proviennent du matorral constitué d'arbustes de
thuya, oléastre, lentisque, etc. En outre, la collecte familiale
des Pam, surtout le thym, est effectuée dans une proportion de
moyenne de 15 kg/personne/an. Le surplus est vendu dans les souks voisins.
Bien que la région jouisse de potentialités
touristiques naturelles et culturelles remarquables (paysages, Sibes, folklore,
etc.), l'activité écotouristique, pourvoyeuse de ressources
financières, reste très faible qu'il y a lieu de relancer pour le
développement local.
47
CHAPITRE 4 : MATÉRIEL ET MÉTHODE
4.1 RAPPELS DES OBJECTIFS ET RESULTATS ATTENDUS
L'ambition de cette recherche est de mieux appréhender
comment les acteurs locaux s'organisent-ils pour faire face aux défis
d'adaptation aux changements climatiques ?
Rappelons que les objectifs de l'étude consistent :
i) À passer en revue les principaux impacts du
changements climatique (CC) en Afrique du
Nord notamment au Maroc et
d'examiner les stratégies de lutte élaborées par les
pouvoirs publiques concernant les aspects d'adaptation et d'atténuation
du CC, d'ailleurs les études bibliographiques constituent une
étape indispensable et sont effectuées tout au long de
l'étude ;
ii) À une évaluation de la
vulnérabilité du CC et de l'intégration des
stratégies d'adaptation au
niveau local (zone forestière et
péri-forestière de Tiddas) ;
iii) À apprécier les formes de mobilisation des
acteurs locaux en vue de réduire la vulnérabilité
face
aux impacts du changement climatique en milieu naturel ;
iv) À proposer des recommandations d'actions de
développement local afin d'intégrer les
aspects du CC pour
renforcer les capacités d'adaptation et d'atténuation et de
résilience au changement climatique des communautés locales
vulnérables.
Les résultats attendus de cette recherche
présentant des intérêts pour l'action locale, seront
destinés à être valorisés à la fois
auprès des réseaux de chercheurs que des praticiens à
différentes échelles.
Les enseignements issus des investigations de terrains
alimenteront un questionnement des notions d'adaptation, de résilience
et de vulnérabilité des communautés locales au changement
climatique.
4.2 Matériel
Notre travail concerne l'ensemble de la zone forestière
et péri-forestière de la forêt de Tiddas. Ce choix
s'avère très représentatif par rapport aux divergences de
point de vue situation géographique, conditions climatiques et structure
de la végétation forestière.
La forêt Tiddas se situe dans le sous bassin versant du
Moyen Bouregreg et dont une partie (cf. annexe 4) se trouve
dans le futur Parc Naturel du Plateau Central (PNPC). Les paysans de la zone
périphérique bénéficiaient peu d'appuis techniques
financiers pour lutter contre la pauvreté.
Ainsi, cette zone (cf. figure 10) a
été retenue comme site pilote pour cette étude
principalement pour les raisons suivantes :
? Existence d'une population dont la pratique
agroforestière très ancrée qui dépend d'une
forêt à climat semi-aride assujettie à des
variabilités climatiques accentuées.
? Zone d'intervention bénéficiant des appuis des
institutions gestionnaires (Zalar Holding, CNRF, METLE, INRA, ADS, etc.).
48
Zone d'étude
Figure 10. Situation de la forêt de Tiddas
dans le BV de Bouregreg (DEFLCD, 2018). 4.3 Approche
méthodologique
Pour répondre aux objectifs, le déroulement des
investigations se feront selon les phases suivantes : i) Recherche exploratoire
de la documentation inhérente à la région
étudiée, ii) l'observation, collecte et traitement de
données.
49
4.3.1 Recherche exploratoire et revue bibliographique
Les études bibliographiques constituent une
étape indispensable de l'étude et sont effectuées tout au
long de l'étude. Ces sources écrites englobent des articles de
journaux et de revues, des rapports, des livres et de toute autre documentation
écrite nationale ou internationale (GIEC), (FAO) et de travaux
antérieurs dans le territoire.
Par ailleurs, les documents écrits et acquis au niveau
des services officiels notamment la Direction de Développement Forestier
à Rabat (DDF) nous étaient d'un secours. L'exploitation de la
revue de cette littérature pertinente pour mieux comprendre le
thème de l'adaptation au changement climatique et le contexte de la
gouvernance mondiale, nationale et locale. Les informations recueillies dans
ces documents ont été intégrées à une
description généralisée du contexte de notre recherche.
Elle nous a permis par ailleurs, d'avoir des connaissances préalables
nécessaires avant d'aller sur le terrain.
4.3.2 Observation, collecte et traitement de
données
Certaines données ont été
compilées à partir d'observation faites sur le terrain, on a
noté ce qu'on observait sur le terrain et qui nous semblait pertinent
comme indicateur clé pour la recherche.
Le but de cette étape est d'obtenir les informations
sur la zone d'étude pour une meilleure analyse des résultats.
Ainsi, la méthode des entretiens directs et parfois
téléphoniques avec les gestionnaires locaux sur l'état des
lieux, et les personnes influentes et/ou chefs des ménages au niveau
local pour obtenir les caractéristiques socio-économiques de
ladite zone.
4.3.3 Enquête auprès de la population
usagère
La population rurale qui exerce son droit d'usage de l'espace
forestier de Tiddas, relève de la commune rurale de Tiddas. Elle se
répartit sur huit (08) fractions à savoir : Ait Bouguimal, Ait
Boumeksa Beni Zoulit, Ait Babout, Mchichta-Ait Zaghou, Ait Mhamed, Beni Atta et
Zaer. Parmi ces fractions nous avons les trois (03) fractions (Zaer, Ait
Bouguimal, Ait Boumeksa), représentées par les douars limitrophes
de la forêt de Tiddas.
Les douars (usagers) qui entourent la forêt de Tiddas sont
représentés dans le tableau suivant :
Tableau 6. Douars usagers de la forêt de
Tiddas.
Fractions
|
Douars
|
Foyers
|
Habitants
|
Ait Bouguimal
|
Ait Omar
|
70
|
413
|
|
Ait Ali ou amar *
|
20
|
130
|
Ait Boumeksa
|
Ait Laânzi
|
93
|
564
|
|
Ait Boubker *
|
25
|
148
|
Zaer
|
Lamnasra
|
79
|
345
|
|
Oulad Amira*
|
23
|
115
|
Total
|
|
300
|
1715
|
*Source : (RGPH, 2014).
50
Les enquêtés de terrain sont menées
pendant la période du confinement total du
Pays. Cependant pour avoir une meilleure idée de la
réalité terrain, nous avons bravé l'interdiction et nous
nous sommes rendus sur le terrain. Notre visite s'est effectuée de
façon intermittente pendant 4 jours de manière à
procéder aux enquêtes et entretiens, bien que certaines
localités soient difficiles d'accès.
Par ailleurs, nous tenons à rendre hommage aux
gestionnaires locaux, malgré les règles de confinement, nous ont
aidé tout au long de la réalisation des enquêtes en vue de
collecter toutes les informations essentielles au travail.
Le critère principal de sélection des Douars
était le degré d'accessibilité : proche ou
éloigné, facile d'accès ou difficile d'accès. Ces
critères ont été définis notamment à partir
des entretiens avec les responsables de la commune de Tiddas. De ce fait les
douars Ait Omar, Ait laânzi et Lamnasra ont été choisis
pour notre étude afin de mener des enquêtes auprès des
usagers, de définir leurs modes d'utilisation et leurs incidences sur la
forêt.
En outre, en se référant aux études
antérieures de la zone de Tiddas (DEFLCD, RGPH, 2014) et les
informations recueillies auprès des personnes ressources. La population
locale est décrite comme suit :
· La classe des jeunes est importante au niveau de la zone
péri-forestière de Tiddas, dont l'âge entre 0-14 ans.
· La classe d'âge active, de 15 à 30 ans est
aussi importante.
· La population d'âge compris entre 30 et 60 ans est
peu considérable, malgré l'étendu de cette classe.
· La migration des hommes à l'extérieur de la
zone touche plus le territoire de Beni Hkam.
· Certains ménages continuent encore à
utiliser le matériau local dans la construction de leurs maisons. La
forêt demeure ainsi la principale source de ravitaillement en
matériaux de construction.
· L'unité territoriale « Zaer »
possède une faible densité de population, composée de 130
ménages dont le douar Lamnasra, représente plus de 50% du
total.
? Plan d'échantillonnage
La méthode d'échantillonnage probabiliste
adoptée est aléatoire et simple de manière à
réduire les erreurs des estimations. L'unité échantillon
est constituée de ménage ; elle a une probabilité connue
et non nulle d'être sélectionnée dans l'échantillon.
La méthode de collecte est une enquête directe au niveau des
ménages et des personnes ressources. Un ménage a
été considéré comme l'ensemble d'individus vivant
sous le même toit et ayant des dépenses quotidiennes communes. La
taille des échantillons des sous-populations (douars) est
déterminée comme suit :
Où :
|
n =
|
Nt2CV2
NEr2+t2CV2 (1)
|
n : taille de l'échantillon.
N : effectif total des ménages de
référence.
t : t de student dépend du n et du niveau
de confiance. &=5% t=2.
CV : coefficient de variation de la SAU (le
ratio de l'écart-type rapporté à la moyenne).
ER : Erreur relative maximale (Er=15%).
51
Tenant compte du coefficient de variation, de l'effectif total
des sous-populations et de la précision (marge d'erreur). Les
résultats obtenus sont représentés dans le tableau suivant
:
Tableau 7. Douars enquêtés.
Douars Nombre de
|
CV(SAU)
|
Taille de
|
Taux d'échantillonnage
|
ménages (N)
|
|
l'échantillon (n)
|
(f=n/N)
|
Lamnasra
|
79
|
25%
|
10
|
13%
|
Ait laânzi
|
93
|
38%
|
20
|
21,5%
|
Ait Amar
|
70
|
26%
|
10
|
14%
|
Total 242
|
-
|
40
|
17%
|
Par ailleurs, la figure n°11
représente la localisation des trois douars
précités, par rapport à la zone forestière de
Tiddas.
Figure 11. Carte (modifiée) de
localisation des trois douars sur le Territoire de Tiddas.
Source (DEFLCD, 2018).
52
? Collecte des données auprès de la
population locale.
Les données caractéristiques à collecter
portent sur : la production, les sources des revenus, taille du troupeau, le
niveau d'éducation, le genre et l'âge du chef de ménage, la
main d'oeuvre agricole ainsi que des questions relatives à l'adaptation
face aux risques des changements climatiques. Le questionnaire (cf.
annexe 3) a été conçu de manière à
répondre aux objectifs de l'enquête.
4.3.4 Traitements des données
Du fait de sa simplicité et fiabilité, l'analyse
statistique, ainsi, la saisie et le recodage des variables ont
été réalisés sous SPSS 21. Par ailleurs, Microsoft
Excel, Microsoft Word et Microsoft OneNote ont été indispensables
pour l'analyse des données (calculs statistiques, manipulation des
observations, exportation d'Excel vers SPSS, la rédaction et la prise
des notes).
53
CHAPITRE 5 : RÉSULTATS ET DISCUSSIONS
INTRODUCTION
Les changements climatiques sont inévitables et bien
que nous devions les freiner du mieux possible, nous devons aussi
prévoir des mesures qui nous permettrons de nous adapter. Le maintien
des arbres dispersés dans les paysages modifiés est un bon moyen
de faciliter l'adaptation aux changements climatiques (FAO,
op.cit.).
La gestion adaptative des forêts publiques devrait aussi
être mise en place afin d'assurer une gestion durable de celles-ci. Trois
approches sont à examiner pour adapter les forêts aux changements
climatiques : l'absence d'intervention, l'adaptation réactive et
l'adaptation planifiée. Malheureusement, la gestion actuelle
préfère en général la première approche ou,
dans la meilleure des hypothèses, la deuxième (FAO, 2010).
L'absence d'intervention signifie s'abstenir de toute interférence, les
objectifs et les pratiques de gestion étant fondés sur
l'hypothèse que la forêt s'adaptera tant bien que mal comme elle
l'a fait dans le passé.
L'adaptation réactive consiste en la prise de mesures
après les faits, à savoir la coupe de récupération,
les changements consécutifs à la perturbation dans les processus
industriels utilisés pour convertir le bois
récupéré, la mise à jour du plan d'exploitation, la
révision des niveaux de récolte autorisés et la
formulation de programmes de soutien socioéconomique pour les
localités touchées (Ibid.).
En revanche, l'adaptation planifiée prévoit la
redéfinition anticipée des objectifs et pratiques forestiers
étant donné les risques et les incertitudes liés aux
changements climatiques. Elle comporte des interventions
délibérées et préventives à
différents niveaux et à travers les secteurs.
On pourrait soutenir qu'une bonne gestion des forêts
comporte toujours l'adaptation planifiée. Cependant, la planification en
prévision de changements climatiques comprend une incertitude bien plus
prononcée, de nouveaux risques et la réduction
systématique des risques en réponse à des
événements prévus. Au niveau du peuplement, l'adaptation
planifiée signifierait la plantation d'une plus grande diversité
d'espèces ou de provenances, ou d'arbres améliorés pour
mieux résister à des facteurs de stress attendus (FAO,
op.cit.).
Au niveau de l'unité de gestion forestière, les
moyens d'adaptation pourraient comprendre des évaluations de la
vulnérabilité et une meilleure préparation aux
catastrophes. Enfin, la planification de la gestion des forêts ne peut
plus se fonder uniquement sur les trajectoires de la croissance et du rendement
au fil du temps. La surveillance intensive des forêts est un
élément fondamental de l'adaptation planifiée et exigera
probablement un surcroît de ressources techniques et humaines. La
surveillance peut donner rapidement l'alerte en cas de
dépérissement des forêts et d'attaque de ravageurs ou de
maladies, contribuer à réduire l'incertitude dans la
planification et minimiser les pertes (FAO, op.cit.).
5.1 ANALYSE DES RESULTATS OBTENUS
5.1.1 Diagnostic socioéconomique de la zone
péri-forestière de Tiddas
L'économie de Tiddas est intégrée dans un
système agro-sylvo-pastoral qui s'appuie sur les trois composantes
suivantes : les terres de culture, les parcours et la forêt. Les terres
de culture sont presque exclusivement réservées à la
céréaliculture dont la production est avant tout consacrée
à l'entretien du
54
bétail. Le niveau technique des travaux agricoles n'est
pas élevé et la production en céréales reste
très dépendante des variations climatiques. La trame
paysagère de la commune de Tiddas réserve encore une place
importante aux parcours qui sont très dégradés dont la
production fourragère dépend étroitement de la
pluviométrie (Aderghal et al., 2011).
L'agriculture est considérée comme
l'activité principale de tous les ménages interrogés ou
88% possèdent une activité secondaire en sus de l'agriculture.
L'élevage constitue l'activité secondaire la plus
pratiquée.
En effet, plus de 70% des ménages interrogés
possèdent un cheptel d'au composé par au moins un des trois types
de ruminants présents dans la région (ovin et caprin ou bovin).
Les modes de faire-valoir de la terre dans la zone d'étude sont le
faire-valoir direct et le métayage (Lkhoubza). Enfin, les
ménages sont formés en moyenne de 6 membres (#177;3) dont 3
actifs (#177;2) en moyenne dans l'agriculture.
Selon l'Annexe 13 (observations),
quatre-vingt pour-cent (80%) des ménages interrogés (cf.
échantillon) sont dirigés par des hommes. Près du
tiers des personnes interrogées (53%) ont reçu une
éducation formelle, correspondant pour la plupart au niveau primaire.
L'appartenance aux organisations favorise l'accès aux
moyens d'existence comme les équipements agricoles (charrue) ;
cependant, on constate que seuls trente-trois pour-cent (33%) des personnes
interrogées appartiennent à une organisation villageoise.
Les petits métiers et la commerce comme la collecte de
plantes aromatiques et médicinales et la pratique de l'apiculture sont
des activités génératrices de revenus d'appoint.
D'ailleurs, la collecte s'opère pendant deux mois (avril et mai) et la
vente des produits récoltés s'opère directement dans les
souks avoisinants sans intermédiation. Le gain obtenu constitue une
source supplémentaire pour subvenir aux besoins de survie.
La vente des PAMs principalement le thym soit en détail
aux consommateurs soit aux revendeurs et intermédiaires s'effectue dans
les souks hebdomadaires (Tnin Tiddas, Had Maaziz, Jmaat
Moul Lblad).
5.1.2 Caractérisation des ménages
L'appréciation du revenu agricole et d'élevage
annuels nets est effectuée sur la base des résultats des
entretiens auprès des personnes ressources. Dans l'évaluation des
revenus, on a distingué trois classes sociales : petit, moyen et grand
éleveur-agriculteur.
Par ailleurs, la méthode utilisée pour aboutir
à la caractérisation des ménages est l'Analyse Factorielle
des Correspondances Multiples (AFCM) qui permet d'étudier l'association
entre au moins deux variables qualitatives. En outre, avant d'effectuer l'AFCM,
une transformation des variables quantitatives en classe a été
effectuée. Pour faciliter la codification, trois (03) modalités
ont été choisies : faible, moyenne et élevée.
Le codage des variables et le récapitulatif de ces dits
modèles sont relatés dans le tableau n°8 et
9. Ainsi, la représentation graphique des points de
modalités figure dans l'Annexe 7.
55
Tableau 8. Modalités utilisées
lors de l'analyse sous SPSS.
Codes
|
Variables explicatives
|
Modalités
|
Genre_chef
|
Genre du chef
|
Femme=2
|
Homme=1
|
|
|
|
Oui=1
|
Non=2
|
|
Membop
|
Appartenance aux associations
|
1
|
2
|
|
Responsa_socia
|
Responsabilité sociale
|
1
|
2
|
|
Empru_credit
|
Aptitude à emprunter de l'argent
|
1
|
2
|
|
Posse_ruminant
|
Possession d'un cheptel de ruminant
|
1
|
2
|
|
Posse_charrue
|
Possession de charrue
|
1
|
2
|
|
|
|
Faible=1
|
Moyen=2
|
Elevé=3
|
Posse_parcelle_agri_cod
|
Possession de parcelles agricoles_cod
|
Métayage et/ou « khoubza »
|
Inf à 3
|
Sup à 4
|
Revenu_agri_annuel_dh_cod
|
Revenu agricole_cod
|
Inf à 9000 MAD
|
]9000 ;26000[
|
Sup à 26000 MAD
|
Revenu_elev_annuel_dh_cod
|
Revenu d'élevage_cod
|
Inf à 9500 MAD
|
]9500 ;20000[
|
Sup à 20000 MAD
|
Niv_educ_cod
|
Niveau d'éducation_cod
|
[0 ;3]
|
]3 ;5]
|
Sup à 5
|
N_actifsagri_cod
|
Nombre d'actifs agricoles_cod
|
Inf à 2
|
[3 ;5]
|
Sup à 5
|
Bovin_cod
|
Cheptel bovin_cod
|
Inf à 2
|
]2 ;6[
|
Sup à 6
|
En fonction du tableau n°8, les
modalités de la variable « Niveau d'éducation »
correspondent aux valeurs suivantes :
? Faible : 0= Néant, 1=
Préscolaire, 2= Primaire, 3= Secondaire collégial ; ?
Moyen : 4= Secondaire qualifiant, 5= Supérieur (licence) ;
? Elevé : 6= Supérieur
(doctorat).
Tableau 9. Récapitulatif des
modèles via AFCM.
Dimension
|
Alpha de Cronbach
|
Variance expliquée
|
Total (valeur propre)
|
Inertie
|
Pourcentage de variance expliquée
|
1
2 Total
Moyenne
|
.914
.679
.844a
|
6.385 2.680 9.065 4.533
|
.491 .206 .697 .349
|
49.116 20.616 69.132 34.866
|
a. La valeur Alpha de Cronbach moyenne est basée sur
la valeur propre moyenne.
D'après le tableau n°9, l'ensemble
des variables entrées ont dégagés deux facteurs
(Dimension 1 et 2) d'un total de plus de 69% qui est
jugé assez satisfaisant. Les résultats d'AFCM obtenus sur SPSS
sont repris dans les figures suivantes (12 ,13
et 14).
Ainsi, la CAH pourrait être utile pour ressortir une
éventuelle structure particulière (répartition des
ménages selon les activités agricoles et d'élevage). Cette
répartition figure dans l'Annexe 10.
Figure 12. Codage des variables
étudiées lors de l'analyse sur le logiciel SPSS.
56
57
Figure 13. Représentation graphique des
40 ménages dans le plan principal.
Figure 14. Degré de pertinence des
variables sélectionnées.
58
L'interprétation des résultats :
selon les figures et tableaux précédents, et en
s'appuyant sur les données existantes, on peut constater que les 40
ménages se répartissent sur l'ensemble du plan 1-2 (cf.
figure 13) où on observe, selon leurs profils, des groupes
distincts de ménages.
A gauche de l'axe 1, on trouve les
ménages à fortes vulnérabilités, dirigés
souvent par des chefs de famille vieillissants. C'est le cas notamment des
ménages 40, 11, 12, 29, 6, 8, 9, 5, 28, 2, 4, 34, 27, 31, 10, 33, 14, 1
et 7.
Ce sont aussi des ménages où le nombre d'actifs
est faible, ce qui les rend particulièrement vulnérables. Ils
sont la plupart du temps illettrés, avec de faibles revenus des
activités agricoles ou d'élevage. En effet, le revenu moyen par
personne montre qu'on est en présence d'une catégorie de personne
très pauvre avec environ (voire moins) 11MAD/j/personne, ce qui est
inférieur au seuil minimal de pauvreté conventionnellement
considéré de 12 MAD/j/personne. Ce type de ménage est
abondant surtout dans le douar Ait laânzi.
En haut de l'axe 2, on peut repérer
des ménages moyens (30, 19, 35, 17, 3, 32, 15, 16 et 13)
possédant un nombre moyen du cheptel de ruminants, et pratiquant
l'agriculture et l'élevage ainsi que des activités secondaires.
Leur cheptel bovin est faible, mais ils disposent d'un cheptel d'ovins et/ou de
caprins. Cette classe sociale possèderait un revenu moyen /j/personne de
l'ordre de 20 MAD.
A droite de l'axe 1, on trouve les
ménages (20, 22, 38, 21 et 39) ayant accès aux
différents moyens d'existence. Cette catégorie est
constituée par des ménages à revenu élevé.
Ils disposeraient également d'un nombre élevé en cheptel
ruminant d'ovins et de caprins.
Ces ménages sont également marqués par un
niveau d'éducation moyen ou élevé de leurs chefs. Cette
classe sociale se caractérise par un revenu moyen/j/personne assez
important, et qui leur permet de satisfaire aisément leur
bien-être et les moyens d'existence. Ce type de ménage se trouve
surtout dans le douar Ait Omar réputé par une activité
d'élevage relativement importante.
5.1.3 Ménages et Exploitation forestière
Le Test chi-deux permet de détecter la relation entre
deux variables qualitatives nominales (Catégorie de
ménages, exploitation forestière). En effet, le
coefficient de Phi et V Cramer donne une vision sur la force de cette relation.
Le calcul de ce coefficient et le résultat de la statistique descriptive
(tableaux croisés) sous SPSS entre les deux variables
étudiées sont représentés comme ci-après.
59
Figure 15. Distribution de type de
ménages en fonction de l'exploitation forestière.
D'après la figure n°15, la
majorité des ménages interrogés exploite les ressources
naturelles de la forêt Tiddas. En effet, la non-dépendance de
certains ménages vis-à-vis de ladite forêt s'est
justifiée par le fait qu'ils exploitent d'autres massifs forestiers plus
proches. C'est le cas notamment du douar Lamnasra dont certains habitants
préfèrent souvent exploiter la forêt Fatna (la plus proche)
au lieu de la forêt Tiddas.
Le faible revenu annuel des petits éleveurs et/ou
agriculteurs (catégorie 1), les met dans une situation de
dépendance vis-à-vis des ressources forestières (en bois
domestique). On remarque à ce propos, que l'utilisation du gaz butane
est souvent associée à la consommation de bois. La vulgarisation
des fours économes en bois énergie, à l'instar de ceux
distribués par l'administration forestière dans le Moyen Atlas,
pourrait réduire la pression exercée sur le milieu naturel.
Tableau 10. Mesures symétriques.
|
Valeur
|
Signification approximée
|
Phi
Nominal par Nominal
V de Cramer
Nombre d'observations valides
|
.626
.626
40
|
.000
.000
|
60
Tableau 11. Test du khi-deux.
|
Valeur
|
ddl
|
Signification asymptotique
(bilatérale)
|
Khi-deux de Pearson
Rapport de vraisemblance Association linéaire par
linéaire Nombre d'observations valides
|
15.659a 11.943 12.397 40
|
2
2
1
|
.000
.003
.000
|
a. 4 cellules (66.7%) ont un effectif théorique
inférieur à 5. L'effectif théorique minimum est de
.88.
D'après les tableaux n°10 et
11, le degré de signification est inférieur
à 1%, et le coefficient de V de Cramer dépasse 60%, on peut donc
conclure que la pratique de l'exploitation forestière est liée
fortement à la catégorie des ménages, dont le bois de feu
présente l'une des principales sources énergétiques de la
région. La consommation en butane des ménages s'est
développée au cours de cette dernière décennie et
contribue sans nul doute à réduire l'impact sur le milieu
naturel.
La consommation annuelle moyenne en bois de feu par
ménage est de 3 à 4 t/an. Elle est
déterminée par le total de consommations souvent distinctes l'une
de l'autre, à savoir, la cuisson des aliments, le chauffage, le bain et
le four à pain. La consommation totale par ménage diffère
d'une localité à l'autre et sensiblement d'un ménage
à l'autre au sein d'une même localité.
Par ailleurs, on note de faibles différences en
matière de consommation en fonction des saisons. Cependant, le pic de
consommation de bois correspond à la période hivernale ou le
froid sévit de 3,5 mois à 4,5 mois par an dans toute la zone de
la commune (HCEFLCD, 2018).
61
5.2 REPONSES APPORTEES POUR ATTENUER LES EFFETS DU
CHANGEMENT CLIMATIQUE
5.2.1 Introduction
Pour préserver et développer durablement son
patrimoine forestier, le HCEFLCD a adopté des stratégies et
programmes nationaux pour l'atténuation des changements climatiques. De
ce fait, il a réorienté et refondu sa politique sur la
construction de processus de développement durable dans sa dimension
multiple écologique, économique et socioculturelle. Ainsi,
l'ensemble des réflexions et d'études stratégiques d'appui
au développement durable des secteurs forestiers et agricoles ont abouti
à l'élaboration du Programme Forestier National (PFN) en
conformité avec l'Agenda 21 de la CNUED (Mhirit et al., 2010).
Le PFN constitue donc un outil stratégique de
développement durable du secteur forestier à l'horizon 2020. Il
définit les objectifs globaux et détaillés de la
stratégie, les programmes prioritaires opérationnels et les
actions prioritaires pour conduire le changement ; il précise aussi les
principales conséquences micro-économiques, juridiques,
constitutionnelles, financières et organisationnelles. En rupture avec
l'approche sectorielle technique et dans le cadre du PFN, le HCEFLCD a
engagé en 2004 un processus de planification opérationnel
territorialisé pour une période décennale (2005-2020).
La mise en place des principales mesures d'accompagnement du
PFN, constituent les leviers nécessaires pour permettre aux programmes
retenus de donner les résultats attendus. Ces mesures concernent les
premières actions mises en oeuvre en vue d'intégrer l'adaptation
au changement climatique dans la stratégie de gestion des
écosystèmes forestiers.
Par ailleurs, le département de l'Agriculture s'est
investi dans l'adoption de la stratégie de développement agricole
PMV qui va imprimer au secteur agricole une dynamique d'évolution
harmonieuse qui tient compte de ses spécificités. Cette
stratégie s'articule autour d'une approche globale qui repose d'ailleurs
sur deux piliers majeurs : l'agriculture moderne et solidaire.
L'objectif de l'agriculture solidaire étant de
développer une approche orientée vers la lutte contre la
pauvreté, par l'augmentation de manière significative le revenu
agricole des exploitants les plus fragiles, notamment dans les zones
périphériques. Parmi les impacts attendus de cette
stratégie, on citera la croissance, la mise à niveau et
l'augmentation du revenu agricole comme moteur de lutte contre la
pauvreté rurale, à la fois dans les campagnes, mais aussi dans le
périurbain défavorisé. Ces résultats ne sont
obtenus que par la mise en oeuvre d'importants moyens financiers et
institutionnels.
5.2.2 Les initiatives d'acteurs
institutionnels
? L'agriculture et les aléas
climatiques
Les effets de l'augmentation de la température sur
l'agriculture restent, à ce jour, peu perceptibles par rapport à
ceux de la pluviométrie et de sa rareté de plus en plus
marquée. Aussi on peut dire que l'agriculture marocaine est bel et bien
vulnérable aux changements climatiques et ce tant au
réchauffement apporté par ce changement qu'au manque d'eau que
cela entraîne. Les effets du climat et de ses aléas ont eu une
grande part dans les crises qu'a connues l'agriculture au Maroc ce dernier
siècle (Laouina, A. 2006).
Le secteur bour au Maroc soumis aux
aléas du temps se caractérise par un système
d'exploitation traditionnel et vivier avec une prédominance des
céréales qui occupent 57% de la SAU nationale ; et une
productivité faible par rapport à la main-d'oeuvre et aux
facteurs de production. Cette faible productivité est expliquée
par une utilisation limitée des nouvelles technologies à savoir
la mécanisation,
Le Maroc a accordé une importance particulière
à la mobilisation des ressources en eau à travers la construction
des barrages qui sont au nombre de 145 dont la capacité de stockage
atteint 18,67 milliards
62
les semences certifiées, engrais, les traitements
phytosanitaires et autres. Ces problèmes se répercutent sur le
niveau de vie des agriculteurs de ces régions qui représentent
90% de la population rurale.
A ce propos, Laouina, A. (2006) rapporte les cultures
pratiquées en bour subissent en plein fouet l'effet des
sécheresses et le rendement céréalier peut vaciller entre
17qx/ha pour une année de bonne pluviosité (1995-96) et 4 qx/ha
pour une année sèche comme la campagne (1994-95).
Les interventions de l'Etat à Tiddas pouvant s'inscrire
dans le registre de la lutte contre la désertification, concernent
l'ensemble des actions menées par les services de l'agriculture,
à travers la vulgarisation des bonnes pratiques agricoles, dans le cadre
de projets spécifiques ou à travers les tâches que leur
impose la fonction d'encadrement des agriculteurs d'une manière
générale. Ces interventions territorialement localisées au
niveau de l'espace d'une commune, envisagent le développement local
selon les mesures préconisées par l'agriculture solidaire du PMV
tels les aides à l'investissement en matériel d'irrigation de
complément, le renforcement des capacités techniques des
producteurs.
? Forêt : un secteur soumis à toutes
sortes de pressions
La forêt Marocaine dans son ensemble est sous
l'influence de plusieurs pressions qui peuvent être d'origine
anthropiques ou liées au climat et à ses aléas dans notre
région. La vulnérabilité de la forêt Marocaine sous
l'impact des pressions anthropiques peut être évaluée par
les dégâts causés par le surpâturage sur la
régénération naturelle des différentes essences :
la possibilité fourragère de la forêt est de 1,58 milliards
UF et la quantité totale annuelle d'UF prélevée par
cheptel en forêt est 2,5 fois la possibilité de la forêt.
Les coupes abusives de bois de feu et les élagages des branches d'arbres
au profit du bétail en périodes de sécheresse ne font
qu'aggraver la situation.
A ces pressions anthropiques sur la forêt s'ajoutent
celles liées aux changements climatiques qui sont observables. Elles ont
eu des conséquences visibles sur les massifs forestiers avec des
mortalités massives d'arbres sur pied, et une absence totale de jeunes
semis. Ceci confère à la forêt Marocaine le qualificatif
d'état statique qui est le stade ultime de l'équilibre
climatique.
Dans le domaine de la conservation des eaux et du sol,
initiée sous le Protectorat a été poursuivie après
l'indépendance. Les actions menées dans ce domaine par
l'administration forestière consistent en des reboisements de protection
et de production, qui sont à l'origine des plantations de pins et
d'eucalyptus qui constituent autant de boisements artificiels sur le domaine
public, sur les terres collectives et sur les terres melk. Ces actions
étatiques sont renforcées par le plan national de lutte contre la
désertification (1986) qui vise le maintien du potentiel forestier et
des équilibres naturels, la satisfaction des besoins prioritaires de la
population, la complémentarité entre la forêt et les
activités agricoles et l'amélioration des
écosystèmes pastoraux s'inscrivaient dans une dimension de lutte
contre la désertification (Aderghal & al, 2011).
? A. L'Aménagement de Bassin Versant outil de
conservation des eaux et sols
L'administration forestière a réalisé,
à travers les études de bassins versants et de plans de
développement des zones de montagne, des activités
agro-pastorales orientées essentiellement sur l'arboriculture rustique
(olivier, figuier, amandier), etc. ce qui permet à la fois de valoriser
les terres pauvres et assurer la défense et la restauration des sols.
Ainsi, elle concourt efficacement à maintenir les populations des zones
de montagne et freiner l'exode rural.
63
de m3. Dans son nouveau programme de renforcement de
l'approvisionnement en eau potable du milieu rural et d'irrigation pour la
période 2020-2027, il a prévu la construction de 20 nouveaux
barrages.
Les orientations du Plan Décennal 2014-2025 de la
DEFLCD-RSK, en ce qui concerne la zone d'étude, visent le
développement de la population locale compatible avec les
impératifs de conservation des ressources naturelles. Ainsi, un certain
nombre de travaux de restauration des sols ont été
programmés dans le cadre de l'aménagement du BV de l'oued
Bouregreg en général et de la région de Tiddas en
particulier, qui relève du sous bassin versant du moyen Bouregreg,
classé selon la priorité d'intervention 5 (cf.
encadré ci-bas et figure 16).
Le BV de Bouregreg (délimité entre les deux BV
d'Oued Grou et Oued Beht) est subdivisé en cinq sous bassins sur la base
de ces cinq principaux affluents : Oued Aguennour, bas et moyen Bouregreg,
Tabahahrt et Ksiksou. Les deux derniers sous-bassins occupent 52% de la
superficie totale du BV de Bouregreg. La hiérarchisation selon la
priorité d'intervention des Sous Bassins Versants (SBV) est
synthétisée comme suit :
Priorité 1 : SBV de l'oued Ksiksou. ;
Priorité 2 : SBV de l'oued Tabahahrt ;
Priorité 3 : SBV du bas Bouregreg ;
Priorité 4 : SBV de l'oued Aguennour ;
Priorité 5 : SBV du moyen Bouregreg.
64
Zone d'étude
Figure 16. Carte des SBV et des Zones
prioritaires.
Source (DREFLCD-NO, 2012).
Ces interventions de lutte contre l'érosion hydrique
ont concerné des traitements mécaniques (travaux d'installation
de murs de protection des berges contre les sapements et des travaux de
traitements mécaniques du réseau hydrographique) et des
reboisements de protection (cf. tableau 12).
65
Tableau 12. Travaux de reboisements de
protection dans la forêt de Tiddas.
Aménagement proposé
|
Superficie (ha)
|
% / forêt
|
Reboisement de protection
|
256
|
6,54
|
Reboisement de protection en forte densité
|
53
|
1,34
|
Entretien des reboisements
|
5
|
0,13
|
Total
|
314
|
7,96
|
Source (HCEFLCD, 2012).
Il est important de souligner que le domaine montagneux
souffre à la fois du sous-développement et de la
dégradation de son environnement en liaison avec la pression accrue sur
les ressources. L'intervention répressive ne peut régler le
problème de la dégradation des ressources naturelles, tant que
les problèmes économiques des populations ne sont pas
résolus et tant que des compensations équitables ne sont pas
proposées. Ainsi, la protection de la montagne ne peut être
réalisée que dans le cadre des progrès économiques,
une équité sociale et plus de solidarité
inter-régionale.
Pour atteindre le progrès économique, le PMV
doit nécessairement à travers l'agriculture solidaire (Pilier II)
renforcer la capacité des acteurs pour pouvoir produire mieux et
suffisamment, des productions de terroirs d'une forte valeur ajoutée.
Ces productions devraient être commercialisées, pour assurer une
rentabilité suffisante, et ce malgré l'exigüité des
terroirs.
L'amélioration des conditions de vie des populations
défavorisées par la mise en place d'équipements et de
services sociaux (habitat, écoles, assainissement, santé,
désenclavement, etc.) est à même de sensibiliser les
populations à prendre soin de leur environnement (Laouina, 2006).
? B. Sauvegarde de la forêt et la gestion
durable
B1. Aménagement des forêts du bassin
de Bouregreg et leur équipement
L'exploitation de la forêt, par la coupe de bois, le
parcours, etc., constituent des menaces importantes pour sa durabilité.
Pour garantir une gestion durable à cette forêt en vue de
satisfaire les besoins de la société rurale sans nuire à
sa pérennité, l'administration forestière a
procédé à l'aménagement de cette forêt.
Ainsi, la gestion durable de cette forêt est à même de
garantir la satisfaction des besoins dans des limites raisonnables des besoins
en énergie, parcours, dans le cadre de développement rural
intégré, etc. La gestion de la forêt de Tiddas est
facilitée par une infrastructure d'accès aux différents
massifs qui composent la forêt et la lutte contre les incendies de
forêts. Parmi les infrastructures on trouve un réseau de pistes
forestières qui facilite toutes les activités de mise en valeur
(reboisement, sylvicultures et exploitations), et d'intervention rapide en cas
de déclaration d'incendies. Ce réseau totalise une longueur 13
kilomètres environ, soit en moyenne 3,3 ml/ha (DEFLCD, 2012).
Bien que les tranchées Pare-feu sont des
infrastructures très importantes dans un massif forestier pour la lutte
contre les incendies de forêts, la forêt de Tiddas ne comporte
aucune tranchée. Ainsi, pour mieux prévenir et lutter contre les
sinistres et conserver la biodiversité, il est envisagé
l'ouverture de tranchées pare feu au courant de l'aménagement en
cours. Par ailleurs, le poste vigie situé dans la forêt de
66
Bouregreg lieudit Mouchène Harcha (X :427,848 ; Y
:321,691) remplit convenablement le rôle de surveillance des
sinistres dans la région.
Il est intéressant de signaler que la fréquence des
sinistres est rare ; toutefois on a enregistré en 2013 un incendie qui a
ravagé une étendue de près de 1000 m2.
Quant aux points d'eau existants, la forêt de Tiddas
dispose de deux réservoirs d'eau dont les informations sont
signalées dans le tableau suivant :
Tableau 13. Réservoir d'eau au niveau
du massif de Tiddas.
Secteur
|
Type
|
Coordonnées
|
Accès
|
Source
|
Etat
|
|
|
X
|
Y
|
|
|
|
Tighza/Maaziz
|
Oued
|
415177
|
329273
|
Piste
|
Oued
|
Moyen
|
Tighza/Maaziz
|
Oued
|
415806
|
326700
|
Piste
|
Oued
|
Moyen
|
Source : (DEFLCD, 2018).
Les maisons forestières qui abritent le personnel
forestier qui gère la forêt de Tiddas ; il existe quatre maisons
forestières qui pour un meilleur confort du personnel nécessite
des travaux d'entretiens annuels.
B2. Initiatives pour faciliter la participation
des parties prenantes
Les zones forestières connaissent ces dernières
décennies de grandes mutations par l'accroissement du cheptel qui
surexploite le milieu naturel. Une pression sans précédent se
fait sentir au niveau de la forêt, incluant coupes et surpâturage
qui portent préjudice à la couverture végétale
herbacée au sol qui n'a plus le temps d'accomplir le cycle
végétal jusqu'à la reproduction. La
régénération naturelle (in situ) par graines est
désormais chose impossible.
De ce fait, le renouvellement des essences forestières
autochtones constitue un défi majeur pour le gestionnaire forestier. Sur
le plan usage, la surface dédiée à la
régénération (reboisement), constitue une restriction
importante pour le parcours forestier. Ainsi, pour remédier à la
situation, et garantir la réussite de ce reboisement, l'état a
prévu une pour le manque à gagner, une subvention annuelle de 350
dhs l'hectare. Dans ce contexte, deux associations dites Groupements
sylvopastoraux sont créés au niveau de la forêt de Tiddas,
pour participer au fait pastoral et bénéficier de la subvention
annuelle accordée (cf. encadré ci-bas).
? Association Takmate : Crée en 2013
cette association regroupe 37 personnes. La
superficie mise en défens est de 400 ha reparti entre
les périmètres de Mcharta (100ha), Arkoudi1 (100ha), Arkoudi2
(100ha), et Arkoudi3 (100ha). L'association a déjà
bénéficié de la compensation en 2015 soit 100.000 dhs.
? Association Ain Lkheul : la superficie mise
en défens est de 300 ha repartis entre la forêt
de Tiddas (100 ha de pin d'Alep) et la forêt de
Bouregreg sur 200 ha de pin d'Alep. Cette association qui a été
créé en 2013 regroupe 30 adhérents et a
bénéficiée de 3 ans de compensation. Les sommes
perçues ont été reparties à hauteur de 1500 dhs par
bénéficiaire, le reste est utilisé comme frais de
fonctionnement de l'association.
Il y a lieu de souligner que ces reboisements constituent un
recours essentiel pour équilibrer l'offre et la demande en bois
énergie, et atténuer la dégradation des espaces forestiers
nationaux.
67
Ces initiatives sont capitales, pour faciliter la
participation des parties-prenantes qui, à travers leurs comités
représentatifs, peuvent participer à la planification des actions
de nature à gérer durablement les forêts. Par ailleurs, ces
deux associations renforcées par l'adhésion des populations
locales, sont appelées, si elles sont bien encadrées, à
constituer un cadre d'échange, d'apprentissage, de solidarité et
de bonne gouvernance, ce qui renforce d'avantage la cohésion sociale
pour faire face aux effets des changements climatiques.
Pour les prélèvements considérés
comme sociaux, il est nécessaire de trouver des solutions à la
pauvreté en prônant un développement rural
intégré. Sur le plan spatial, les forêts et leurs espaces
limitrophes doivent être traités de manière globale, en
valorisant de nouvelles activités, génératrices de
revenus, afin de limiter la pression sur la ressource (Laouina,
op.cit.).
B3. Développement de la Filière
Bois-énergie : Quelques mesures
Le droit forestier marocain garantit aux usagers de la
forêt la possibilité de bénéficier à titre
gratuit du bois mort gisant pour les besoins domestiques. Cependant, la
croissance démographique aidant, les besoins dépassent souvent
les possibilités réelles de la forêt et provoquent un
déséquilibre entre l'offre et la demande en bois. Si ce
système archaïque continue, la forêt sera soumise à la
rude épreuve de la surexploitation et pourra par la suite disparaitre
avec des conséquences désastreuses sur le milieu naturel et les
habitants.
Ce déficit est enregistré à
l'échelle du Maroc où la demande en bois au Maroc, comme source
d'énergie est supérieure à la production annuelle de la
forêt. En effet, la forêt produit environ 3,25 millions de tonnes
de bois par an alors que les besoins du monde rural (cuisson, chauffage) se
chiffrent à près de 6 millions de tonnes (DEFLCD, 2018).
Cette exploitation irrationnelle de coupe de bois durera tant
que si on ne mettra pas à la disposition des usagers, une source
d'énergie alternative au bois, accessible sur le plan financier, pour le
chauffage et la cuisson. L'économie d'énergie et de substitution
ne peut être obtenue que par le développement de l'utilisation
d'autres sources énergétiques renouvelables permettant
d'économiser la quantité de bois consommée. Dans ce sens,
la distribution des fours améliorés et adaptés aux
conditions locales et aux traditions de la région pour la
réduction de la consommation de bois de feu ; et l'introduction des
produits de substitution au bois par encouragement du recours à
l'utilisation de l'énergie solaire.
Par ailleurs, pour parvenir à équilibrer l'offre
et la demande (en milieu urbain et rural), la stratégie
bois-énergie 2015-2024 évaluée à 60 millions de
dirhams, prévoit la distribution de 60.000 fours améliorés
en vue de réduire la consommation du bois. Cette stratégie est de
nature à améliorer les conditions de vie de la population rurale
en matière d'hygiène et de santé, notamment pour la femme
rurale, qui a pris toujours la lourde charge de ravitaillement de la famille en
bois (Ibid.).
L'efficacité énergétique des fours
améliorés dépasse de 50% les fours utilisés
jusque-là. Ainsi, l'usage de ces fours améliorés
contribuera efficacement à conserver le patrimoine forestier. Cette
solution est renforcée par des opérations de reboisement à
l'horizon 2030, prévues dans le cadre de la stratégie «
Forêt du Maroc 2020-2030 » dans les douze
régions du Maroc. Ces reboisements sont estimés à 600.000
hectares et concernent de nombreuses espèces comme l'arganier, le thuya,
le caroubier, le cèdre, le chêne liège, le pin, le
chêne vert, l'eucalyptus et d'autre essences forestières (DEFLCD,
op.cit.).
Un programme est mis en place qui vise l'amélioration
de la gestion, la conservation et l'utilisation des écosystèmes
naturels de ce parc et de leur biodiversité. La participation des
populations locales à la
68
B4. Le reboisement outil de reconstitution des
milieux forestiers
La superficie reboisée de 479, 9 ha
constitue une part réduite du paysage de Tiddas. Le pin d'Alep
en constitue l'essence principale qui est plantée sur plusieurs
campagnes et cela depuis 2008 jusqu'à nos jours. Bien que le pin d'Alep
soit une essence robuste, le taux de réussite enregistré est
relativement faible (en moyenne de 40 %), en raison du manque de soins, de
suivi et des sècheresses consécutives (DEFCLC, 2018). Les
techniques de plantation respectent les principes de CES qui consistent en
l'ouverture des éléments de fossés. Le tableau
n°14 donne l'essentiel sur les superficies
plantées et les essences utilisées pour le reboisement.
Tableau 14. Périmètres de
reboisement de la forêt de Tiddas.
Périmètre Essence Superficie
réussie
(ha)
|
|
Mcharta Pin d'Alep, Eucalyptus Camal, Acacia
85
Tiddas Pin d'Alep 29
Mcharta Pin d'Alep 40
El-Koudi 3 Ain Lkheul
|
Pin d'Alep Pin d'Alep
|
40
30
|
|
El-Koudi 1,2 Pin d'Alep 7,5
Total 231,5
(Source : enquêtes CCDRF de
Maaziz).
B5. Le parc du plateau central et la conservation
des ressources naturelles
Afin d'assurer la conservation de la diversité
biologique du plateau central, le HCEFLCD a élaboré en 2005 un
projet de création du Parc Naturel dans la région du Plateau
Central (Oulmes-Tiddas-Rommani -Ezzhiliga) qui s'étale sur une
superficie de 42.654 ha. Son territoire englobe, en plus des trois communes
d'Oulmes, Ezzhiliga et Ain Sbit, la commune de Tiddas (2258,51 ha) (HCEFLCD,
2018).
Actuellement, une étude est en cours pour
l'élaboration du Plan d'Aménagement et de Gestion du Futur Parc
Natural du Plateau Central dont le but est d'allier les principes de
conservation aux principes de développement par la mise en place de
structures de gestion qui pourront servir de base à
l'amélioration des conditions socio-économiques de la
région. En effet, le parc constitue un pôle d'attraction pour le
développement de l'écotourisme et de la découverte de la
nature.
Il y a lieu de noter que la création de ce parc est
justifiée par l'existence d'une diversité biologique importante,
caractérisée par la présence d'espèces
endémiques rares et menacées de disparition (Lynx, Loutre,
Belette, ...). Par ailleurs, le parc offre des potentialités de
réintroduction de certains ongulés tels la gazelle de cuvier et
le mouflon. En effet, la zone du parc présente les conditions favorables
pour la protection et la conservation de cette gazelle qui existait auparavant
dans le secteur.
Sur le plan forestier, ce parc jouera un rôle important
dans la Conservation de la tétraclinaie menacée par l'action
multiple de l'homme et de ses troupeaux ; et l'écosystème
à chêne liège de montagne.
69
cogestion des ressources naturelles et le suivi de
l'évolution des écosystèmes constitue un gage de
réussite d'un tel programme.
En revanche, la protection des ressources naturelles et de la
biodiversité doit aller de pair avec la valorisation des sites
d'intérêt écologique par diverses activités comme
l'écotourisme, la production apicole biologique et labellisée
dans des espaces circonscrits hautement productifs.
70
5.2.3 Les initiatives individuelles
Introduction
Ce chapitre nous permettra de décrire, la
dégradation des ressources qui constituent le territoire de Tiddas qui
atteignent des stades très avancés du fait de leurs
surexploitation par les paysans et leurs troupeaux, ainsi que les initiatives
paysannes pour remédier à la situation.
L'utilisation des terres de la commune est
intégrée dans un système agro-sylvo-pastoral qui s'appuie
sur les terres de cultures, les parcours collectifs et la forêt. Cette
gestion de l'espace est soumise à de nombreuses contraintes. En effet le
climat de la région appartient à l'étage bioclimatique
semi-aride caractérisé par des fluctuations interannuelles
où la sécheresse peut intervenir à n'importe quel moment
du cycle de croissance des cultures. En général, deux types de
sécheresses sont observées : la première a lieu au
début du cycle du démarrage de la culture et qui, réduit
le nombre de plantes et le tallage et donc la quantité de biomasse
totale. La deuxième sècheresse, la plus fréquente, a lieu
à la fin du cycle ce qui affecte le remplissage des grains par l'effet
du déficit hydrique. Notons que cette fin de cycle est souvent
marquée par hautes températures qui caractérisent cette
période. Un troisième type de sécheresse est parfois
observé, il concerne le milieu du cycle. De même, la plupart des
sols rencontrés dans la région, sont pauvres en matière
organique, peu profonds et érodable, leurs capacités de
conservation de l'eau sont très limitées et sont par
conséquent peu favorables aux cultures en bour (Farhaoui I ; 2008).
Par ailleurs, la dégradation concerne la disparition de
l'étage arborée de la végétation et sa
matorralisation, et la réduction de la biodiversité. Cette
surexploitation des ressources est due principalement au surpâturage et
l'exploitation du bois qui dépasse les potentialités de
l'écosystème forestier, entraîne annuellement la
réduction du couvert forestier et la raréfaction des ressources
pastorales. Les sols, sont souvent mis à nu, et surtout ceux en pente
font exposés aux phénomènes d'érosion.
De même, les sols des zones arides, semi-arides par
suite de divers facteurs, parmi lesquels les variations climatiques, les
techniques culturales moins appropriées, et les activités
humaines sont appauvris en matière organique par divers types
d'érosion.
Cette dégradation a pour conséquences notamment
la diminution de la productivité agricole, la migration,
l'insécurité alimentaire, les dégâts apportés
aux ressources et aux écosystèmes de base et la perte de la
biodiversité du fait des changements subis par l'habitat (Farhaoui I ;
op.cit.).
Pour exploiter les terres de culture d'une façon
commode, les paysans ont mis en place des pratiques différentes de
gestion du système agraire, en relation avec la taille de
l'exploitation, la répartition spatiale des parcelles, la
disponibilité de la main d'oeuvre familiale. Ce système qui
constitue des prémices de lutte contre la dégradation et de
restauration de la fertilité des sols fait appel à la mise en
oeuvre des techniques de Conservation des Eaux et des Sols (CES). Parmi les
techniques utilisées : la rotation des cultures le parcours tournant sur
les parcelles sans trop les dégrader, l'installation des clôtures
biologiques (cactus) sur les parcelles en pente, etc. (Farhaoui I, op.cit.
; Aderghal & al,2011).
En outre, en sus de ces nombreuses options d'adaptation
utilisées pour améliorer la production (apport de fumure, gestion
de l'eau, sélection de certaines variétés), le paysan fait
appel aussi aux techniques de gestion en vue de diversifier ses revenus.
71
? Facteurs de dégradation des terres
La dégradation des terres dans la région de
Tiddas, peut être expliquée par l'intervention d'un certain nombre
de facteurs naturels et humains ayant modifié les conditions de
l'environnement. Les dégâts observés touchent, en premier
lieu, les agriculteurs de la région auxquels ces
phénomènes posent de réels problèmes.
Parmi les facteurs mis en cause, on cite les facteurs naturels
et humains. Parmi les facteurs naturels de la
dégradation des terres, le climat méditerranéen
caractérisé par un été chaud et sec et un hiver
doux et pluvieux constitue un facteur explicatif de la dégradation des
terres. Ainsi, le caractère brusque et violent de ses pluies automnales
leur procure un pouvoir érosif élevé ; les
sécheresses naturelles fréquentes exercent sur la
végétation une pression négative très importante et
réduit son rôle de protection contre l'érosion.
De même, on signale que la région de Tiddas est
constituée d'une topographie disséquée, un substrat
géologique formé de couches friables à dominance marneuse
vulnérables à l'érosion hydrique ou éolienne. Les
sols sont battants pauvres en matière organique qui offrent
également un cadre adéquat pour l'érosion hydrique et
éolienne. La pente des versants est aussi un élément
déterminant dans le problème de dégradation des terres
surtout ceux dont la pente de plus de 15% sont plus érodables.
Les facteurs anthropiques qui se manifestent principalement
par les techniques de labour, sont mis en cause dans la dégradation.
Ainsi, le labour parallèle aux lignes des pentes de versants favorise,
par l'ameublissement du sol, sa vulnérabilité au ruissellement.
Par ailleurs, l'usage du tracteur des terrains en pente cause en plus du
tassement, la formation d'une semelle de labour favorable également
à l'érosion.
Les manifestations de la dégradation des terres dans la
région de Tiddas prennent des aspects différentiels en fonction
des caractéristiques physiques de la région elle-même ou de
l'utilisation des terres par la population. Elles se manifestent dans les
formes d'érosion qui représentent actuellement un
phénomène majeur dans la région. Ces formes
d'érosion sont multiples et variées et participent plus au moins
activement à l'appauvrissement des sols avec des pertes en
productivité. Parmi ces formes on cite les griffes et les rigoles qui se
développent, essentiellement, sur les terrains de culture
fragilisés par le labour mais peuvent également, s'installer sur
des terres non travaillées mais sans couverture végétale.
Les ravines ont une forme plus accentuée que les rigoles et atteignent
des dimensions considérables qui ne sont plus effacées par le
labour.
? Les effets de la dégradation
La technique des labours et la gestion inappropriée des
terres cultivées et la pauvreté due aux faibles revenus des
exploitants, ont pour conséquence une dégradation qui se
révèle à travers les dégâts apportés
aux ressources et aux écosystèmes de base et la perte de la
biodiversité du fait des changements subis par l'habitat aussi bien au
niveau des espèces qu'au niveau génétique. Cette situation
se traduit par la diminution de la productivité agricole,
l'insécurité alimentaire, la migration, etc.
Les terres Bour en pente ont connu une forte
dégradation sous l'effet des facteurs liés au surpâturage ;
à la compaction du sol par le piétinement du bétail
nombreux, ce qui a pour conséquence la réduction de la
productivité des sols et leur exposition à l'érosion
hydrique. Signalons que cette baisse de la
72
productivité agricole n'est pas due uniquement à
la perte en sol, mais également et à la perte de nutriments par
détérioration de la fertilité.
La dégradation des terres sous l'effet de
l'agressivité des pluies conjuguées à une absence de
protection végétale, l'alternance de périodes
sèches et humides, la fragilité des formations géologiques
et l'action anthropique, provoquent des crues soudaines et violentes, ce qui
contribue à augmenter encore le volume et la charge solide de
l'écoulement et entraîner l'envasement des retenues des
barrages.
Face aux problèmes de dégradation des terres,
les paysans de la région développent des techniques de
restauration et conservation des terres agricoles pratiques dont les plus
utilisées sont : le labour isohypse, la rotation culturale et la
plantation fruitière (Aderghal, & al. 2011 ; Farhani, 2008 ; Roose,
E ,1994).
? Les stratégies de conservation des eaux et
des sols et les techniques appliquées Les techniques de CES
menées localement sont développées pour répondre
à des besoins précis (remédier à la
dégradation des terres, préserver les terres contre la
dégradation, gestion de la fertilité des terres, production des
produits alimentaire pour l'homme et les animaux) et permettre le
dépassement des conditions écologiques contraignantes
caractérisées en particulier par la rareté des ressources
naturelles, notamment les eaux et les sols.
Ces techniques, appliquées dans le cadre des
exploitations agricoles privées, relèvent d'une initiative
individuelle et s'inscrivent en même temps dans des modes d'organisation
institutionnelle, soit hérités des pratiques séculaires,
soit actuelles et relèvent de l'action de l'état ou du
déploiement du capital privé.
Deux types de techniques de CES sont en vigueur à
Tiddas parmi lesquelles, on cite (i) les techniques traditionnelles
développées dans la région à partir des pratiques
et des connaissances empiriques des paysans, et (ii) les techniques modernes
introduites par l'Etat dans le cadre de la mise en valeur des terres en bour au
Maroc (Farhaoui, op.cit.).
Nous distinguons entre 3 types de techniques de CES : les
techniques agronomiques, les techniques végétales et biologiques,
les techniques physiques.
La conservation des eaux et des sols dans Tiddas s'est
manifestée dans un premier temps par des pratiques agronomiques
autochtones visant à améliorer l'importance des quantités
d'eau stockées dans le sol.
Parmi les techniques empiriques utilisées, on cite
la rotation et l'assolement des cultures, le labour isohypse,
l'apport de fumier dans le sol et le billonnage isohypse...etc.
Sur le plan de l'efficacité environnementale, les
techniques agronomiques et végétales sont les techniques les plus
efficaces en matière de restauration des terres dégradées
et la conservation des terres contre la dégradation, car leurs
interventions se fait au niveau de la gestion de la fertilité de
terres.
a. Le labour isohypse
Le labour isohypse est utilisé, sur les versants
à différentes pentes, qui permet l'ameublement du sol en
profondeur sur 0-30 cm, l'enfouissement des résidus de récolte,
et facilite la préparation du lit de semence. Son but est de
réduire la densité apparente du sol et de briser les couches
compactées pour préparer le semis des cultures annuelles. Lors du
labour, le sol est retourné, ce qui entraîne son aération
et l'enfouissement des résidus de culture et des mauvaises herbes de
surface et donc favorise la minéralisation et la disponibilité
des éléments nutritifs pour les plantes. Par ailleurs,
l'ameublissement du sol en profondeur améliore l'infiltration de l'eau
et permet un bon développement racinaire assurant
73
ainsi une bonne croissance des plantes. Il est certain que le
labour dans le sens des courbes de niveau est avantageux en termes de
conservation des eaux, et des sols et des nutriments.
Mais étant donné que les terres soumises
à ce type de labour sont souvent en pente et composé de sols
fragiles, le phénomène de dégradation continue à
être présent de manière moins marqué que sur des
terres labourées dans le sens de la pente. Cette pratique a tendance
à disparaitre pour laisser la place à l'utilisation du tracteur
suite à l'acquisition des terres par des non paysans mais qui n'est pas
sans inconvénients pour la conservation des sols.
b. Apport de fumier dans le sol
L'apport de fumier dans le sol est l'une des techniques
agronomiques de CES utilisées par les paysans de la zone. Cette
technique consiste en l'enrichissement du sol par des quantités
importantes de fumier organique produit dans l'exploitation agricole. En effet,
l'incorporation du fumier dans le sol par enfouissement par labour permet de
garantir sa fertilité, assurer la cohésion de ses
éléments et empêcher in fine son érodabilité
par ruissellement après les pluies. L'avantage de l'emploi du fumier
naturel est d'enrichir le sol par la matière organique qui maintient la
cohésion des mottes et augmente le rendement.
c. Rotation culturale et assolement
Pour améliorer la productivité des terres bour
en pente les paysans pratiquent des rotations culturales qui font
succéder une sole de légumineuse aux céréales
réduisant ainsi la période de jachère. Mais au-delà
de l'intérêt économique, cette pratique à des effets
au niveau de la conservation des sols, la couverture continue du sol permet la
réduction des effets de pluies sur les sols nus. Sur une même
parcelle deux cultures permettent une couverture continue des sols, et par
là ils le protègent contre les risques d'érosion.
De ce fait, la pratique de la technologie de rotation
culturale contribue à la conservation de l'eau et à
l'amélioration de la structure du sol et de sa stabilité
structurale, en plus de l'accroissement de l'activité biologique. Elle a
également des effets positifs sur l'augmentation des rendements qui
atteignent en moyenne 25 qx /ha dans le blé tendre de rotation
blé/légumineuse, et 20qx/ha dans la monoculture d'orge et 19
qx/ha dans le blé tendre de rotation blé/maïs. On ne peut
donc qu'affirmer que cette technologie améliore la
sécurité alimentaire et assure l'autosuffisance des paysans.
Cependant, la pratique de la rotation, malgré ses effets
bénéfiques, n'est pratiquée que par les exploitations qui
dépassent 5 ha (5 à 15 ha) et qui intègrent
l'élevage et l'agriculture comme activités principales (Farhani,
op.cit.).
? Les techniques végétales ou biologiques
de conservation des eaux et des sols Des techniques
végétales de conservation des eaux et des sols sont
utilisées par les paysans à un niveau individuel et collectif. Il
s'agit de la confection des haies autour des parcelles, des plantations
fruitières et la végétalisation des ravines par des arbres
d'eucalyptus ou des cactus.
i. Les haies
Les haies sont une combinaison d'arbres ou d'arbustes
généralement plantés et entretenus pour constituer une
fermeture. Elles sont usuellement disposées en limites des parcelles
pour assurer la séparation des propriétés ou la protection
contre l'intrusion des animaux et des personnes. Selon leurs compositions, les
haies vives, composées d'espèces locales (cactus, laurier, thuya)
ou introduites (pins, eucalyptus, oliviers) et sont entretenue et
taillée soit touffues. Les agriculteurs appréciaient autrefois
ces haies pour leurs capacités à délimiter les parcelles,
et comme brise vent pour protéger les cultures et de l'érosion
également. De plus, elles ralentissent fortement l'érosion
hydrique des sols et favorisent par l'infiltration
74
de l'eau le long de leurs racines, l'alimentation des nappes
phréatiques et à limiter à la fois les risques et les
effets des phénomènes de sécheresses ou des
inondations.
ii. La correction biologique des ravines
Le paysan a depuis toujours eu le souci du danger que
présente le ravinement pour sa parcelle qui est souvent exiguë, et
a lutté contre ce phénomène par des opérations de
comblements ou de plantation d'arbres tels le figuier, le cactus, l'eucalyptus,
etc. Par cette technique, il réalise d'abord la correction du ravin et
donc la régularisation des écoulements, ensuite la
réduction du risque de dégradation des terres et l'amenuisement
des superficie cultivées.
iii. Les techniques physiques de conservation des eaux
et des sols
Les techniques physiques de CES rencontrées dans la
zone sont : les terrasses d'arboricultures, les murettes en pierres
sèches et les gabions sont des techniques modernes introduites à
une date récente par les paysans mêmes ou à la suite de
l'intervention des services techniques du ministère de l'agriculture
dans le cadre des programmes de mise en valeur bour (PMVB).
Conclusion
L'environnement physique de la région de Tiddas regorge
des signes de dégradation du milieu. La topographie est
disséquée ; le substrat géologique de la zone
constituée de couches friables à dominance marneuse, et le climat
semi-aride caractérisé par des orages violents et des
sècheresses récurrentes. Les sols sont battants et pauvres en
matière organique et offrent un cadre adéquat pour
l'érosion hydrique et éolienne.
En plus, la dégradation de ce milieu s'aggrave sous des
conditions socio-économiques caractérisées en particulier
par, la gestion inappropriée des terres agricoles, le surpâturage,
la pauvreté et des faibles revenus des exploitants.
Pour soutenir la fertilité de ces sols et
remédier à la dégradation de leurs terres, les paysans de
la zone apportent au fil du temps la confection des stratégies de
conservation des eaux et des sols. Ces stratégies appliquées dans
la région concernent des techniques agronomiques (rotation culturale,
labour isohypse, apport de fumier dans le sol), végétale ou
biologique (les haies, correction biologique des ravins, plantation
fruitière) et physique (murettes en pierres sèches, terrasses,
etc.).
La diversité des techniques de conservation des eaux et
du sol menés localement dans la région témoigne d'un
côté, d'une prise de conscience vis-à-vis de la
rareté des ressources et du risque qu'elles encourent, et de l'autre
côté, d'une richesse dans le savoir-faire paysan qui a pu
résister aux différentes crises qui ont secoué la
région. Certes, les observations de terrain montrent que la
réalisation de ces techniques de CES dans la région ne sont pas
suffisantes et restent très faibles et dispersées sur quelques
parcelles, mais les paysans, ne prêtent pas beaucoup d'attention à
leur entretien.
L'adaptation est donc intégrée dans la vie
paysanne. Les mesures sont justifiées par l'adaptation qui produisent
dans tous les cas, des bénéfices multiples et n'ont pas comme
seule finalité l'adaptation climatique.
Par ailleurs, les organismes de recherche et de vulgarisation
agricole sont amenés à associer les travaux de mise au point de
variétés résistantes au changement climatique aux efforts
d'amélioration des
75
5.2.4 Recommandations et perspectives
d'avenir
L'atténuation des effets des CC, exige la conservation
et le développement des ressources naturelles de la forêt de
Tiddas. Pour ce faire, il est indispensable de mettre en oeuvre un certain
nombre d'actions viables sur le plan écologique et socio-
économique et qui respectent les intérêts de la population.
Parmi les principales actions, en vue d'assurer un développement
harmonieux dans la zone étudiée, doivent être retenues :
? RENFORCEMENT DES CAPACITES ECONOMIQUES DES
POPULATIONS LOCALES
Le réchauffement du système climatique est sans
équivoque ; et les populations rurales ont pris conscience ses impacts
négatifs sur les ressources naturelles, sur les productions en
quantité et qualitatif, et sur l'espace rural. Le réchauffement
induira sans nul doute, des modifications des cycles de l'eau, une
dégradation des qualités des terres agricoles avec baisse de
fertilité des sols, une érosion de la biodiversité et
l'augmentation des risques parasitaires et sanitaires multiples, ce qui
menacera sérieusement leur existence.
Pour renforcer les capacités économiques des
populations locales et exercer un contrôle sur leur propre vie, les
pouvoirs publics doivent mettre l'accent sur le rôle capital des
compétences et des connaissances pour créer de nouvelles
possibilités économiques et d'emploi pour le monde rural et
particulièrement la frange de la population en situation de
précarité.
Pour être en phase avec les orientations
stratégiques du pays, qui visent l'amélioration du niveau de vie
des populations par la mise en oeuvre des projets de développement
agricoles intégrés, la mobilisation des ressources en eau de
surface, l'aménagement et l'amélioration des parcours, la lutte
contre l'érosion hydrique et éolienne (ensablement), la conduite
des actions en mesure de permettre une meilleure conservation de la nature.
Sur le plan agricole, l'adoption des pratiques
agroécologiques ouvre la voie à la restructuration
d'économies villageoises, basées sur une agriculture familiale,
écologique, et génératrice de revenus.
L'agroécologie permet ainsi aux paysans de sortir de la situation de
dépendance dans laquelle ils sont bien souvent enserrés.
Si l'on veut pratiquer une agriculture intelligente face aux
changements climatiques, l'une des principales exigences consiste en le
renforcement des capacités des agropasteurs à mettre en pratique
le savoir-faire ancestral et maitriser les techniques agricoles modernes
d'adaptation au CC.
Ces paysans pourraient en effet produire leurs propres
semences, et les réutiliser d'une année sur l'autre. Il en est de
même pour les engrais et les pesticides, qui pourraient être
élaborés gratuitement et de manière écologique
à partir de plantes disponibles localement. La mise en pratique de
l'agroécologie permet ainsi de revaloriser le travail paysan, en
priorisant la connaissance et la préparation des terres.
Certaines mesures complémentaires visant à
limiter dans une large mesure les incidences négatives du climat sur
l'agriculture et assurer une meilleure productivité locale. Pour cela,
il convient d'adapter les pratiques culturales au changement climatique en
cours et de former les agriculteurs aux nouvelles techniques et technologies
d'adaptation et d'atténuation.
76
rendements ; pour une meilleure sécurité
alimentaire. En effet, si les systèmes agricoles sont durables et
génèrent des revenus plus élevés améliorant
ainsi la conservation des sols et le captage de l'eau. Ainsi, la pression sur
les ressources naturelles à des fins de recherche de revenus
complémentaires (collecte et vente de bois de feu, etc.) sera
atténuée.
Par ailleurs, il est primordial de considérer la
participation et l'adhésion de la population locale comme acteur
principal de développement local et sa mise en oeuvre. Par cette
démarche, on est à même d'assurer la réussite de
tout projet in situ, et enclencher une dynamique favorable à un
développement durable en harmonie avec l'espace naturel.
Les agriculteurs sont ainsi intéressés à
adhérer à des organisations impliquées dans la gestion des
ressources naturelles. Cette participation constitue un cadre d'échange
pour renforcer d'avantage la cohésion sociale en vue de faire face aux
effets drastiques des changements climatiques.
? DEVELOPPEMENT DE LA FILIERE PAM
L'activité de collecte de PAM principalement le thym
est très faible. En effet, les personnes qui pratiquent cette
activité sont généralement pauvres ce qui leur permet de
dégager de maigres revenus qui ne peuvent assurer un minimum de
conditions du bien-être.
Vu l'importance de la filière dans la lutte contre
l'érosion et la désertification, de maintien de la
biodiversité, et de soutien de l'économie sociale, l'état
devrait appuyer le développement et la valorisation de la filière
de PAM. Ce soutien permettra la création d'emplois et une augmentation
des revenus des bénéficiaires, qui se traduiront par une
réduction de la pauvreté. Ces retombées profiteront aussi
bien aux populations locales, qu'aux acteurs économiques situés
en dehors de la zone.
Dans cette optique de développement, la gestion de la
filière des PAM peut être inscrite dans le contexte de
l'économie sociale et du commerce équitable, et doit être
conçue, élaborée et progressivement mise en oeuvre sous
forme de coopératives de producteurs, à créer en toute
urgence.
Par ailleurs, le développement de la filière PAM
peut se faire à travers l'amélioration de la productivité
et de la compétitivité de la filière thym et autres PAM
telles que la lavande, origan, etc. L'amélioration de l'offre des
services d'appuis, l'encadrement et de facilitation (informations agricoles,
infrastructures et de communication) ; et l'amélioration des
financements et de la gouvernance (HCEFLCD,2018).
? Régénération et
reconstitution des faciès à PAM (thym, lavande, etc.)
La régénération et reconstitution des
faciès des espèces de PAM (thym, lavande, etc.) doit se faire
à travers un programme prospectif de régénération,
les travaux de mises en repos végétatif et la mise en oeuvre des
bonnes pratiques d'exploitation des faciès. Aussi, la
réglementation de l'exploitation doit être instaurée avec
un appui considérable en termes de formation des différents
acteurs locaux (adhérents de coopératives, gestionnaires
forestiers, agents locaux de l'agriculture, etc.)
Pour une meilleure mise en oeuvre de cette politique de
développement, la participation de la population à tous les
stades de genèse de tout projet de développement local depuis son
identification, réalisation, jusqu'à sa gestion permanente
permettra de garantir le succès attendu.
? Valorisation du pistachier lentisque (Pistacia
lentiscus l.)
Le lentisque est un arbuste aux usages multiples ; il est
essentiellement exploité pour la résine qu'il secrète dans
ses tiges, on se sert également de ses feuilles, de son bois et de ses
fruits pour des usages alimentaires, domestiques ou médicinaux. Parmi
les produits, on trouve La résine ou « mastic », (4 à
5
77
kg par arbre) les feuilles (large éventail
d'utilisation), Le bois (menuiserie et en ébénisterie, bois de
chauffage ; charbon, etc.), les fruits et l'huile de lentisque.
La valorisation du pistachier lentisque est potentiellement
importante grâce à ses atouts en termes de biomasse, d'abondance
sur le terrain, de richesse en métabolites secondaires, essentiellement
les polyphénols et les flavonoïdes, d'effets antibactériens
et de faible toxicité en rapport avec l'absence d'alcaloïdes et
d'hétérosides cyanogénétiques ce qui
atténuerait l'effet de l'augmentation de la dose.
? DELOPPEMENT DE L'APICULTURE
L'activité apicole est une pratique exercée
depuis longtemps par les populations rurales que ce soit en cueillette ou en
élevage. Bien que les quantités de miel produites restent
très faibles, l'activité relative à l'apiculture est
prometteuse dans la région de Tiddas et les paysans sont conscients de
son poids sur l'économie de la région.
Ce secteur d'activité est fortement
rémunérateur et se heurte à un certain nombre de
contraintes qui limitent son développement. Il s'agit entre autres du
faible niveau technique de conduite apicole chez les paysans, l'absence de
groupements d'entraide (association, coopérative, etc.) et de soutien de
l'état.
Quant à la pratique du traitement des parasites
principalement la varoise est presque absente et se fait au moyen de
médicaments non adéquats qui endommagent souvent le cheptel
apicole et qui risquent de contaminer le miel. Les pouvoirs publics sont
appelés à contrôler et soutenir les prix de ces traitements
et leur mode d'utilisation par les services vétérinaires.
Par ailleurs, l'apiculture traditionnelle doit être
préservée pour mieux conserver le savoir local. Des actions
concrètes de préservation de ce savoir-faire traditionnel tout en
la structurant pour gagner en productivité, doivent être
prises.
Il est souhaitable aussi d'étendre le système
gouvernemental d'incitation et d'encouragement actuel de l'apiculture (Ruchette
de reines et matériel apicole) à des subventions d'aide à
la transhumance. Ce qui impliquerait sans doute un renforcement de la
production du miel à Tiddas.
Les actions de développement de l'apiculture doivent
offrir d'importantes possibilités d'installation de ruches et de
production de miel. Il s'agit en premier lieu de mettre à la disposition
d'un groupe d'apiculteurs (80 à 100 individus), des ruches modernes. De
ce fait, ces apiculteurs seront regroupés en coopératives avec le
matériel et les outils apicoles nécessaires à la conduite
des ruches mis à leur disposition moyennant un contrat d'exploitation
(DEFLCD, op.cit.).
? FILIERE BOIS DE FEU
Le bois de feu constitue l'une des principales sources
énergétiques de la région dont la consommation annuelle
moyenne varie de 3 à 4 t/ménage/an. Il provient à plus de
50% du bois prélevé sur les formations arbustives dont le couvert
et l'abondance au niveau de la forêt sont très importants. La
population de Zaer possède, en raison de la proximité de la
forêt avec des distances inférieures à 1 km, la
consommation en bois la plus élevée dans la région.
Les espaces forestiers de la zone produisent essentiellement
du bois de feu, qui, une fois mort gisant, est « ramassé » par
les usagers pour l'utilisation domestique. Tout l'espace est soumis à la
même pression sans distinction de la nature des espèces ligneuses
présentes (thuya, oléastre, lentisque, etc.).
78
La consommation de bois de feu comme source d'énergie
domestique est logiquement liée à sa disponibilité et ce,
indépendamment du revenu du ménage. Il demeure par sa
disponibilité, le combustible le plus utilisé dans
l'énergie domestique pour le chauffage, la cuisson, le bain, etc.
Parmi les facteurs influant la consommation de bois de feu, on
cite le froid dont, la période varie de 3,5 mois à 4,5 mois par
an dans toute la zone de la commune. Par ailleurs, la faiblesse des revenus des
ménages incite les ruraux à la consommation
énergétique issue des bois qui sont gratuits et à
portée de main. Cependant, on assiste actuellement à un
changement d'habitude, ou le gaz butane est utilisé comme source
alternative au bois, ce qui contribue à réduire la pression sur
le milieu naturel.
Des solutions forestières visant l'augmentation des
disponibilités de bois pour l'énergie sont proposées.
Elles font appel soit à une mobilisation accrue du potentiel des
formations naturelles existantes soit à la mise en place de nouvelles
ressources énergétiques. Ces deux types de solutions doivent
être appliquées simultanément compte tenu des
impératifs d'efficacité à terme aussi rapproché que
possible qui sont liés aux situations déficitaires de bois de
feu
L'amélioration de la productivité de ces
écosystèmes ne nécessite que des traitements relativement
simples de mises en défens et de sylviculture (plantation
d'espèces adaptées à croissance rapide, éclaircie,
élagage) qui peuvent aboutir à l'amélioration de la
productivité de formations forestières.
Mais, la complexité de ces actions réside dans
leur interaction avec les besoins croissants des populations concernant de
nouvelles terres de culture ou de parcours et dans l'indispensable
adhésion de ces populations.
L'action des forestiers doit s'effectuer en étroite
collaboration la population concernée quitte à l'intégrer
dans un processus dynamique qui viserait la cogestion ultérieure des
écosystèmes.
La diminution de la consommation en bois de feu ne peut
être obtenue que par le développement de l'utilisation d'autres
sources énergétiques renouvelables permettant d'économiser
la quantité de bois consommée. Dans ce sens, une économie
d'énergie et de substitution se base sur les options suivantes :
· La distribution des fours améliorés,
efficients et économes en bois ;
· La promotion des énergies renouvelables et de
l'efficience énergétique ;
· La promotion du gaz pour limiter la consommation du
bois-énergie ;
· Effort de protection et plantations nouvelles et
l'aménagement des parcours ;
· L'intégration des divers programmes relatifs aux
ressources et au développement sur le territoire ;
· Le reboisement avec des espèces endogènes
(Laouina, A., 2006).
? FILIERE -ECOTOURISME
La zone se caractérise par un potentiel
écotouristique important qui réside essentiellement dans les
paysages naturels avec des contrastes importants de point de vue formation
végétal, relief, vallées, oueds, et barrage de Tiddas (en
cours d'achèvement), etc. La présence des grottes naturelles
très peu explorées renforcent ce potentiel qui mérite
d'être valorisé à travers l'organisation des produits
touristiques à promouvoir.
L'organisation de cette activité et son
développement possèdent des avantages multiples qui permettent
à la population de profiter des retombées touristiques du site et
par conséquent améliorer leur niveau de vie. Ainsi, les emplois
générés, permettent de stabiliser les habitants et
atténuer le chômage et l'exode
79
et d'alléger par conséquent la pression sur les
ressources naturelles. La prise de conscience envers l'importance des richesses
écologiques du site sera plus que jamais stimulée.
La stratégie de développement du tourisme rural
doit identifier des produits attractifs afin de constituer un
intérêt suffisant pour motiver les touristes. Une identification
d'un ensemble des produits généralement attractifs telles
l'identification des sites naturels remarquables (paysage, grotte, faune,
flore, etc.) et les activités culturelles traditionnelles et modernes
dont souk, moussem, artisanat, manifestation folklorique, etc. Pour accompagner
cette stratégie, il y a lieu de mettre en place des équipements
et des services touristiques qui concerne l'hébergement, restauration,
guide etc.
Le renforcement des capacités des acteurs du tourisme
rural qui sont inexpérimentés est nécessaire. Il faut leur
assurer une formation professionnelle dans l'accueil et de guide pour une
meilleure valorisation du produit touristique rural susceptible d'être
mis en marché. Le séjour dans la zone touristique passe
obligatoirement par la création de structures d'accueil,
d'hébergement et de restauration. Ces structures constituent la base de
développement de cette activité pour recevoir et fixer le
visiteur sur place.
5.2.5 Conclusion
La mise en place des principales mesures d'accompagnement du
PFN, constituent les leviers nécessaires pour permettre aux programmes
retenus de donner les résultats espérés. Ces mesures
concernent les premières actions mises en oeuvre en vue
d'intégrer l'adaptation au changement climatique dans la
stratégie de gestion des écosystèmes forestiers. De
même l'adoption de la stratégie du PMV notamment l'agriculture
solidaire, va également imprimer au secteur agricole une dynamique
d'évolution harmonieuse qui tient compte de ses
spécificités.
L'environnement physique de la région de Tiddas abonde
en signe de dégradation du milieu liées aux
éléments physiques de la zone : topographie
disséquée, substrats géologiques friables, sols pauvres en
matière organique, climat semi-aride aux orages violents et aux
sècheresses récurrentes. En plus, La dégradation de ce
milieu s'aggrave par, la gestion inappropriée des terres agricoles, le
surpâturage et la pauvreté des exploitants.
Malgré les contraintes et limites qui entravent les
interventions des acteurs institutionnels, ces derniers ont investi massivement
dans des projets divers (agricoles, forestiers et aménagement de bassin
versant), et ont pu jouer un rôle remarquable dans l'adaptation des
agriculteurs face aux changements climatiques avec des activités
génératrices des revenus pour améliorer leur niveau de
vie.
Pour remédier à la dégradation de leurs
terres, les paysans de la zone ont adopté une panoplie de techniques de
conservation des eaux et du sol (agronomiques, biologiques et physiques), ce
qui témoigne d'un côté, d'une prise de conscience
vis-à-vis de la rareté des ressources et du risque qu'elles
encourent, et de l'autre côté, d'une richesse dans le savoir-faire
paysan qui a pu résister aux différentes crises qui ont
secoué la région.
Enfin, l'atténuation des effets des CC, exige la
conservation et le développement des ressources naturelles de la
forêt de Tiddas. Pour ce faire, il est indispensable de mettre en oeuvre
un certain nombre d'actions pertinentes tant sur le plan écologique et
socio- économique. Parmi les principales actions qui doivent être
retenues : le renforcement des capacités économiques des
populations locales, le développement des filières : Pam,
apiculture, bois de feu et écotourisme.
Bien que la zone forestière et
péri-forestière de Tiddas jouit de conditions naturelles
remarquables (nature, hydrogéologie, géomorphologie, etc.), elle
subit, à l'instar d'autres régions des modifications
80
CONCLUSION GÉNÉRALE
Comme nous l'avons dit en chapitre 1 de ce travail de
recherche, les changements climatiques constituent aujourd'hui un défi
majeur auquel est confrontée l'humanité. Les conséquences
de ce phénomène sont multiples, irréversibles et
dépassent la capacité de réponse des
écosystèmes et des humains qui risquent d'être
altérés ou détruits. Par sa position stratégique,
son climat, son littoral, son extension en latitude, entre autres, le Maroc est
sévèrement affecté par ces phénomènes et
présente une vulnérabilité de plus en plus croissante. Sa
situation de transition entre le climat tempéré et le climat
désertique et tropical ; le Maroc l'expose à une grande
vulnérabilité aux changements climatiques, avec des incidences
graves sur les écosystèmes forestiers et l'agriculture. Cet
impact sur l'agriculture manifeste par la diminution de l'eau d'irrigation et
par une baisse de la productivité agricole, surtout les cultures
pluviales. Avec la montée des températures, les sols vont devenir
plus secs. Les agriculteurs ne pourront dès lors plus cultiver ces sols.
La dégradation des sols se traduit par une baisse des nutriments et des
matières organiques, provoquant une baisse de l'efficacité et de
la fertilité. Les écosystèmes forestiers seraient
affectés par le stress hydrique, ce qui entrainerait l'extension de la
désertification, et engendrait un exode important des populations vers
le nord, à la recherche de la fraîcheur et de
l'humidité.
L'engagement international du Maroc en
matière de lutte contre les effets du changement climatique a
été couronné par l'implémentation du plan climat
national à l'horizon 2030 (PNRC) qui a placé la question de
préservation des ressources naturelles et de la réduction de
l'empreinte écologique au coeur de toutes les politiques publiques,
Il a adopté très tôt une politique
climatique qui vise l'atténuation des émissions des
GES, la réduction de la vulnérabilité,
l'anticipation des risques, l'adaptation de la population, des secteurs
économiques et des milieux naturels. Ainsi dans ses les
différentes stratégies adoptées, il a
procédé à une réévaluation des mesures
envisagées afin que la composante changement climatique soit
intégrée en vue de rendre les secteurs (tourisme,
biodiversité, forêt, etc..) moins vulnérables à cet
enjeu et lui assurer, par conséquent, une durabilité sur le long
terme.
Ainsi, le Maroc s'est doté, ces dernières
années, de nouvelles stratégies à
portées sectorielles pour atténuer l'effet de ces changements
climatiques. Il s'agit du PMV pour l'agriculture et du PFN pour les
forêts. Sachant la vulnérabilité de la petite
agriculture face au changement climatique, le département de
l'Agriculture a entrepris d'intégrer la composante changement
climatique dans l'agriculture solidaire (les projets Pilier II) du Plan Maroc
Vert. Cette intégration vise donc le renforcement des capacités
des petits agriculteurs pour s'adapter au changement climatique à
travers la dissémination des technologies appropriées qui sont
développées par la recherche agronomique nationale.
Par ailleurs, le Programme forestier national (PFN) qui
constitue l'outil stratégique de développement durable du secteur
forestier pour l'horizon (2020-2030), a défini les objectifs globaux et
détaillés de la stratégie, La mise en place des
principales mesures d'accompagnement du PFN, constituent les leviers
nécessaires pour permettre aux programmes retenus de donner les
résultats attendus. Ces mesures concernent les premières actions
mises en oeuvre en vue d'intégrer l'adaptation au changement climatique
dans la stratégie de gestion des écosystèmes forestiers.
En outre, plusieurs plans, stratégies et programmes à leur
tête, le PANLCD élaboré en juin 2001 a renforcé la
mobilisation des moyens pour la lutte contre la désertification tout en
intégrant les stratégies d'éradication de la
pauvreté dans les efforts de lutte contre la désertification.
Sur le plan pratique forestière, la
population puise ses besoins énergétiques par l'exploitation du
bois (ramassage) soit en moyenne de 3 à 4 t/ménage/an qui
proviennent du matorral constitué d'arbustes
81
climatiques qui se manifestent par des sécheresses
estivales récurrentes, régime pluviométrique
irrégulier, ce qui risque de réduire à néant les
efforts de développement.
La population de Tiddas fait partie de la tribu des Zaers et
Bni Hkam dont la tribu mère Bni Hkam est issue des Sanhaja. Cette
population des Zaer fait partie de la commune Joumât Moul Lablad dont
certains douars sont situés à proximité de la forêt
de Tiddas et utilisent par coutume les parcours de la forêt. La
forêt de Tiddas est exploitée surtout par les Beni Hkam avec 82%
de forêt (DEFLCD, 2018). Par ailleurs, la population rurale de Tiddas est
regroupée en deux (02) Unités Socio-Territoriales (UST), le
groupement humain « Beni Hkam » qui bénéficie d'une
superficie totale de 22651,54 ha dont la forêt couvre 3098,84 ha (Ibid.).
L'UST de « Zaer » : 5087,2 ha avec 702,30 ha de forêts.
Les principales manifestations de la
vulnérabilité de la forêt aux impacts du changement
climatique s'expriment sous forme de dégradation, dysfonctionnement,
conversion et transformation des écosystèmes forestiers par la
perte de leur richesse en biodiversité.
L'analyse des possibilités d'atténuation et
d'adaptation des communautés rurales de Tiddas face aux risques des
changements climatiques, nous amène à analyser le comportement
social des usagers vis-à-vis des ressources naturelles en vue de
s'adapter aux effets de ces changements pour proposer des recommandations
nécessaires pouvant atténuer les effets nuisibles de ce
phénomène.
Le changement climatique est un processus continu. Par
conséquent, la question n'est pas de savoir comment s'adapter à
un « nouveau » climat, mais de savoir comment et à quel
coût nous pouvons adapter nos sociétés à un climat
« sans cesse changeant ». L'adaptation doit donc être comprise
comme une politique de transition permanente sur le
très long terme. Un plan d'adaptation sur quelques années n'est
qu'une étape dans ce processus.
La recherche s'intéresse à l'organisation du
territoire, c'est-à-dire que nous voulons comprendre Comment
les acteurs locaux (institutionnels et la paysans) s'arrangent-ils
pour faire face aux défis d'adaptation aux changements climatiques ?
Les principaux résultats obtenus montrent que les
systèmes d'exploitation de l'espace est du type agro-sylvo-pastoral qui
s'appuie sur les terres de culture, les parcours et la forêt. Les terres
de culture sont presque exclusivement réservées à la
céréaliculture dont la production est avant tout consacrée
à l'entretien du bétail. La SAU moyenne par foyer est variable et
s'étale sur 3 à plus de 20 ha. Le faible niveau technique des
travaux agricoles et la faiblesse des intrants (engrais) font que la production
en céréales reste très dépendante des variations
climatiques et les rendements sont faibles. L'Arboriculture constitue une
activité privilégiée à Tiddas, dont l'Olivier et le
Caroubier constituent les arbres fruitiers le plus abondants. Certes,
l'amandier, malgré son adaptabilité écologique, n'est pas
encore développé.
La trame paysagère de la commune de Tiddas
réserve encore une place importante au parcours même si leur
état actuel est dégradé. En fait, les parcours subissent
les mêmes aléas que l'agriculture notamment, en cas d'année
sèche, leur production fourragère diminue.
L'élevage pratiqué est du type extensif,
basé sur un cheptel estime à 71 719 UPB dont les ovins sont
dominants et qui sont constitués principalement de caprins pour mieux
titrer profit des formations de matorral. La charge réelle (Cr) de
(9,1 UPB/ha) est très élevée par rapport
aux potentialités pastorales, ce qui témoigne d'un
surpâturage important (91%) qui se traduit par une
dégradation des ressources sylvopastorales.
82
divers (thuya, oléastre, lentisque, etc.). En outre, la
collecte des Pam surtout le thym est effectué pour les
besoins de la famille et une bonne partie est vendue dans les souks voisins (en
moyenne 15 kg/personne/an).
Bien que la région jouisse de
potentialités touristiques naturelles et culturelles
considérables (paysages, Sibes, folklore, etc.), l'activité
écotouristique reste très faible qu'il y a lieu de promouvoir
pour ses retombées financières nécessaires au
développement local.
Les effets néfastes des changements climatiques se
traduisent par une diminution des rendements agricoles, ce qui pèse de
lourdes menaces sur la sécurité alimentaire. Pour survivre, les
populations se rabattent sur l'exploitation des ressources forestières
par le parcours et les coupes de bois vifs ce qui en résulte une
désorganisation des structures forestières (matorralisation), et
une dégradation des terres sans l'abri du couvert végétal,
par l'érosion.
Pour réduire les effets du changement
climatique, les acteurs institutionnels ont joué un rôle
important dans l'adaptation des agriculteurs face aux CC avec des
Activités Génératrices des Revenus (AGR) pour augmenter
leur niveau de vie. Par ailleurs, l'exécution des programmes locaux
relevant de stratégies nationales de PMV et PFN auront des impacts
positifs sur la croissance, la mise à niveau et l'amélioration du
revenu agricole comme moteur de lutte contre la pauvreté rurale. Ainsi,
toutes les activités agro-pastorales contenues dans le cadre
d'aménagement de bassin Versant de Bouregreg (Sous bassin versant du
moyen Bouregreg.), sont axées sur développement des zones de
montagne. Elles sont orientées vers l'arboriculture rustique (olivier,
figuier, amandier, abricotier, etc.) qui permet à la fois de valoriser
les terres pauvres, d'assurer la Défense et la Restauration des Sols
(DRS) et de constituer un frein à l'accélération de
phénomène d'érosion. La lutte contre l'érosion
hydrique concerne les traitements mécaniques (des berges, du
réseau hydrographique) et biologiques par des reboisements.
L'Aménagement de la forêt de Tiddas et
son équipement en infrastructure permet de garantir une gestion durable
de cet espace forestier tout en assurant la satisfaction des besoins
dans des limites raisonnables en énergie, parcours de la population
rurale. Les reboisements de 479, 9 ha effectués
constituent le premier pas pour équilibrer l'offre et la demande en bois
énergie, stabiliser les sols érodés et pollués, et
atténuer la dégradation des espaces forestiers.
Le projet de création du Parc Naturel dans la
région du Plateau Central (Oulmes-Rommani) sur une superficie de 42.654
ha, vise à enrichir le réseau national des Sibes. Ce sanctuaire
de biodiversité qui allie les principes de conservation aux principes de
développement socio-économique sera à même de
concilier protection et valorisation des ressources naturelles par diverses
activités génératrices de revenus comme
l'écotourisme, la production apicole., etc.
Pour exploiter des terres de la commune, d'une façon
commode, les paysans ont mis en place des pratiques différentes de
gestion du système agraire, en relation avec la taille de
l'exploitation, le nombre et la répartition spatiale des parcelles, la
disponibilité de la main d'oeuvre familiale. Ce système constitue
des prémices de lutte contre la dégradation et
de restauration de la fertilité des sols par la rotation des cultures
(céréales, légumineuses, etc.) ; parcours tournants pour
fertiliser les sols, sans les dégrader, clôtures biologiques en
cactus sur les parcelles en pente (Aderghal & al, op.cit.).
Par ailleurs, les interventions des acteurs institutionnels
ont pu jouer un rôle remarquable dans l'adaptation des agriculteurs face
aux changements climatiques, avec des activités
génératrices des revenus pour diversifier les activités
des agriculteurs et augmenter leur niveau de vie, et ce malgré les
contraintes et limites qui entravent ces interventions.
83
Aussi, le processus de renforcement des capacités
permettra une amélioration des connaissances et compétences des
agriculteurs. En effet, la mise en place des organisations professionnelles
(Associations Takmate et Ain Lkheul) induit l'esprit de
travail collectif et renforce d'avantage la cohésion sociale pour faire
face aux effets des changements climatiques.
Les résultats auxquels nous avons abouti confirment que
le défi d'améliorer efficacement la mise en oeuvre de la gestion
durable des forêts restent un moyen efficace pour lutter contre les CC.
Tiddas a besoin, plus que jamais, de revoir son mode productif pour assurer une
sécurité alimentaire en choisissant un développement
raisonné en fonction du potentiel écologique mobilisable par le
système et en prenant en considération les contraintes
liées à la préservation de l'équilibre
environnemental et des impératifs de durabilité.
Enfin, l'atténuation des effets des CC, exige de mettre
en oeuvre un certain nombre d'actions viables sur le plan écologique et
socio- économique, parmi lesquelles on doit retenir :
? Le renforcement des capacités économiques des
populations locales.
? Développement de la filière Pam qui peut se
réaliser à travers i) Régénération et
reconstitution des faciès à PAM (thym, lavande, etc.) et la ii)
valorisation du pistachier lentisque (Pistacia lentiscus l.).
? Développement de l'apiculture.
? Développement de la filière bois de feu pour
augmenter la disponibilité de bois énergie et proposer des
scenarios alternatifs de butanisation et la promotion des énergies
renouvelables et de l'efficience énergétique.
? Développement de la FILIERE de l'écotourisme,
par la mise en valeur du potentiel touristique qui réside
essentiellement dans les paysages naturels et les barrages et qui mérite
d'être valorisé à travers l'organisation des produits
touristiques à promouvoir.
84
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ilit%C3%A9%20de%20cultiver%20la%20terre.
? Rapport de l'institut royale des études
stratégiques (IRES)
1. Actes de la rencontre du 27 mai 2019. Quel modèle de
développement pour le Maroc ?
2. La cinquième édition de l'étude sur la
réputation du Maroc dans le monde. 2019.
3. Rapport de l'enquête nationale sur le lien social au
Maroc. 2016.
4. Actes de la rencontre internationale du 10 mai 2016. Les
objectifs du développement durable : quelle concrétisation
à l'aune du changement climatique ?
5. Rapport stratégique ½Panorama du Monde dans le
monde½ : Pour un développement autonome de l'Afrique. 2018.
95
ANNEXES
ANNEXE 1 : Lexique des principaux termes
utilisés.
Le glossaire ci-dessous propose les définitions de
quelques termes spécifiques que les auteurs principaux
considèrent comme appropriées dans le contexte du présent
rapport.
(World Agroforestry Centre, 2012; DROUIN, C.
2012)
L'adaptation aux changements climatiques :
L'adaptation est définie comme le processus
d'ajustement aux systèmes naturels ou humains, ou qui ont lieu au sein
de ceux-ci, en réponse à des stimuli climatiques ou à
leurs effets, réels ou prévus, et qui atténuent les
dangers ou exploitent des possibilités avantageuses (GIEC, 2014b ;
CCNUCC, n.d.a).
L'atténuation :
L'atténuation est définie comme une intervention
humaine visant à réduire les sources ou renforcer les puits de
gaz à effet de serre (GES) et d'autres substances. Elle peut directement
ou indirectement contribuer à limiter les changements climatiques,
notamment par le biais de la réduction d'émissions de
matières particulaires pouvant directement altérer le bilan
radiatif (par exemple carbone noir) ou par le biais de mesures qui
contrôlent les émissions de monoxyde de carbone, d'oxydes d'azote,
de composés organiques volatils et d'autres polluants pouvant
altérer la concentration de l'ozone troposphérique, qui a des
effets indirects sur le climat (GIEC, 2014 ; CCNUCC, n.d.a).
Agroforesterie :
L'agroforesterie se définit comme un ensemble de
techniques d'utilisation des terres impliquant la combinaison d'arbres en plein
développement, soit avec les cultures agricoles, soit avec
l'élevage des animaux, soit avec les deux à la fois,
simultanément ou de façon séquentielle sur la même
unité de surface (BELIARD, 2015).
Agro-sylvo-pastoralisme :
Il s'agit d'une méthode d'agriculture qui concilie les
arbres, la production végétale et la production animale en vue de
favoriser la biodiversité.
Aléa :
(Hazard en anglais) est un phénomène
résultant de facteurs ou de processus qui échappent, au moins en
partie, au contrôle humain : inondation, cyclone, glissement de terrain,
éruption volcanique, séisme, tsunami. L'aléa ne devient un
risque qu'en présence d'enjeux humains, économiques et
environnementaux, possédant une certaine vulnérabilité
(fragilité).
Biodiversité :
Diversité biologique qui s'apprécie par la
richesse en espèces (microorganismes, végétaux, animaux)
d'un milieu, leur diversité génétique et les interactions
de l'écosystème considéré avec ceux qui l'entourent
(Petit Robert).
Bonne pratique :
Pratique qui fait consensus et qui est diffusée comme
modèle à suivre. Ensemble des capacités, des ressources et
des institutions d'un pays, d'un village, etc. qui lui permette de mettre en
oeuvre des mesures d'adaptation efficaces.
Capacité d'adaptation :
Le potentiel ou la capacité d'un système, d'une
région ou d'une communauté à s'adapter aux effets ou aux
impacts d'un facteur de changement d'écosystèmes, de secteurs
économiques, de systèmes humains.
Changement climatique :
La convention-cadre des Nations Unies sur les changements
climatiques (CCNUCC), dans son article premier, définit les changements
climatiques comme des "changements qui sont attribués directement ou
indirectement à une activité humaine altérant la
composition de l'atmosphère mondiale et qui viennent s'ajouter à
la variabilité naturelle du climat observée au cours des
périodes comparables".
96
Charge d'équilibre (Ce) :
Correspond à la charge que peut supporter un parcours
sans compromettre sa pérennité. Elle tient
compte de la production du potentiel actuel des parcours, elle
est égale au rapport entre la
production moyenne des parcours et les besoins du cheptel.
Charge réelle (Cr) :
Correspond à la charge imposée au parcours et
elle est égale au rapport entre le nombre d'unités
petit bétail et la superficie des parcours, tout en
sachant la durée de séjour (DS) est en moyenne de
6mois au niveau des parcours forestier de la zone
étudiée (Cr = (Nbre UPB/S) /DS).
Contouring :
Techniques culturales en sillons mises en oeuvre exclusivement
pour réduire le ruissellement et les
dégâts d'érosion (Roose, E., 1994).
Déforestation :
La déforestation est définie comme étant
la conversion de la forêt à d'autres utilisations des terres
(agriculture, pâturage, création de
réservoirs d'eau ou de centres urbains, etc.) ou réduction
importante et permanente du couvert forestier au-dessous du
seuil minimal de 10 % (FAO, 2012 ;
Lanly, 2003 ; WWF, 2019).
Effet de serre :
Phénomène naturel qui retient une partie du
rayonnement solaire dans l'atmosphère grâce à la
présence de gaz à effet de serre. Ce
phénomène contribue à l'élévation de la
température terrestre.
Les activités humaines renforcent ce
phénomène par leurs émissions massives de gaz à
effet de
serre (GES).
Evapotranspiration :
Phénomène d'évaporation et de
transpiration, émission de vapeur d'eau passant du sol, des nappes
liquides par évaporation et par la transpiration des
plantes, dans l'atmosphère (Petit Robert). Ce
phénomène contribue à l'humidification et
au rafraîchissement de l'air.
Faire-valoir direct :
Mode d'exploitation d'une propriété agricole,
où la terre est cultivée par le propriétaire
lui-même.
Fermage :
Terme qui désigne la location d'une exploitation
agricole.
Dans ce bail, le propriétaire loue l'exploitation
à un preneur (le fermier), lequel paye un loyer pour
avoir la possibilité de cultiver la terre.
Gaz à effet de serre :
Gaz naturellement présent dans l'atmosphère
participant au phénomène de réchauffement
climatique.
Ces gaz sont émis en grande quantité par les
activités humaines, conduisant à renforcer le
phénomène d'effet de serre et le
réchauffement. Les principaux gaz à effet de serre sont le
dioxyde
de carbone (C02) et le méthane (CH4).
GIEC :
Crée en 1988, le Groupe Intergouvernemental sur
l'Evolution du Climat est chargé de suivre
l'évolution scientifique du réchauffement
climatique.
Le GIEC produit régulièrement des rapports qui
confirment le rôle de l'action humaine dans le
réchauffement climatique et énoncent des
prévisions de l'ampleur de ce réchauffement.
Jachère :
La jachère peut se définir comme étant
une terre non ensemencée ou encore non cultivée pendant
une période de temps bien déterminé afin
de permettre la reconstitution de la fertilité du sol
(LOUPPE, 1998).
Labour isohypse :
Techniques culturales orientées selon les courbes de
niveau.
Longueur de la période de croissance
:
Période au cours de la saison agricole durant laquelle
les conditions de pluviométrie et de
température sont adéquates pour permettre la
croissance et le développement des cultures.
Métayage :
Le métayage est un mode de location de la terre entre
le propriétaire d'une parcelle et un locataire
ou métayer (celui qui prend en location) où il
n'y a aucun versement d'argent pour la location, mais
le partage de la récolte en deux parties égales
entre le propriétaire et le locataire.
97
Il faut signaler que dans certaines régions et à
certaines époques, on fait le partage d'une autre façon : «
deux tiers pour le propriétaire et un tiers pour le locataire »
(Dovonou-Vinagbe, 2017 ; Moyen, n.d.).
Multiséculaire :
Effritement de la solidarité en milieu rural ; crise de
l'autorité parentale (Yanon et Ndiaye, 2011). Pratiques
antiérosives :
Il s'agit de techniques culturales, selon les courbes de niveau,
mises en oeuvre exclusivement pour réduire le ruissellement et les
dégâts d'érosion.
Parc agroforestier :
Les parcs agroforestiers sont des terrains clos ou ouverts,
couverts d'arbres ou d'essences forestières entretenus par les
propriétaires et sur lesquels sont pratiqués de manière
intégrée des activités d'élevage et
d'agriculture.
Réchauffement climatique :
Phénomène de réchauffement dû à
l'augmentation massive de la concentration de gaz à effet de serre dans
l'atmosphère qui contribue à renforcer le phénomène
d'effet de serre. L'expression de « réchauffement climatique »
renvoie à la modification du climat d'origine
anthropique.
Résilience :
La capacité des systèmes sociaux,
économiques et environnementaux à faire face à un
événement, à une tendance ou à une perturbation
dangereuse, à réagir ou à se réorganiser de
façon à conserver leur fonction, leur identité et leur
structure essentielle tout en maintenant leur capacité d'adaptation,
d'apprentissage et de transformation (GIEC, 2014).
Risque :
Probabilité qu'un événement dommageable
survienne. Le risque résulte de la conjonction d'un aléa,
d'enjeux et de vulnérabilité. Le risque est construit
socialement, il s'agit d'un « danger qui a pris forme dans des
controverses, des textes, des dispositifs, des mobilisations et qui,
progressivement, s'est imposé comme problème touchant la
collectivité et appelant une intervention publique » (Claude
Gilbert).
Scénarios RCP :
RCP (pour Representative Concentration Pathway) sont quatre
scénarios de trajectoire du forçage radiatif jusqu'à
l'horizon 2300. Ces scénarios ont été établis par
GIEC pour son cinquième rapport, AR5 (IPCC Fifth Assessment Report).
Sylviculture :
Culture et entretien des forêts.
Urbanisation :
Conversion de terres à l'état naturel,
exploitées (à des fins agricoles, par exemple) ou non, en zones
urbaines ; le processus va de pair avec un exode rural, une proportion
croissante de la population venant s'installer dans des établissements
définis comme des « centres urbains ».
Vulnérabilité :
La propension ou bien la prédisposition à
être affecté négativement. La vulnérabilité
englobe une variété de concepts et d'éléments, y
compris la sensibilité ou la susceptibilité de nuisance et le
manque de capacité à faire face et d'adapter (GIEC, 2014).
98
ANNEXE 2 : Ecosystèmes forestiers du
plateau central de subéraies et de tétraclinaies.
La région méditerranéenne s'individualise
par de nombreuses originalités physiques et écologiques qui
confèrent à sa biodiversité une valeur patrimoniale
mondiale.
Le royaume du Maroc couvre une superficie de 710.850 km2 avec
500 km de côte méditerranéenne et 3000 km de côte
atlantique. Sa situation géographique et ses importantes chaînes
de montagnes, l'Atlas et le Rif, lui confèrent une grande
variété bioclimatique (humide à saharien) et une
importante diversité biologique : 4500 taxons dont 537 endémiques
(Hammoudi, 2002).
Les formations forestières naturelles, qui abritent
l'essentiel de cette biodiversité, couvrent plus de 9 millions
d'hectares y compris les nappes alfatières. La majorité de ces
formations se trouve dans des bioclimats aride et semi-aride.
Les essences feuillues (chêne vert, chêne
liège, chêne tauzin, arganier, etc.) représentent
près de 41 %, les nappes alfatières 35 %, les conifères 13
%. Le reste, soit 11 %, est formé d'essences diverses et de maquis
d'essences secondaires. Les boisements artificiels, pour leur part, couvrent
près de 520.000 ha ; les reboisements privés et collectifs en
représentent respectivement 9 % et 17 % (FAO, 2016).
Par ailleurs, d'autres rôles non négligeables
sont assurés par les espaces forestiers marocains sur le plan
environnemental et le bien-être de la population. Ils assurent la
protection des sols contre l'érosion et la préservation de sa
fertilité, la régulation du régime hydrique et la
défense des infrastructures de base (notamment routières). Ils
contribuent efficacement à la protection de barrages contre l'envasement
en améliorant ses retenues d'eau pour l'équivalent d'irrigation
de plus de 10.000 ha/an (FAO, op.cit.).
Cependant, les écosystèmes forestiers sont au
coeur du débat et de la problématique des changements climatiques
en raison de leur double rôle de puits et de sources de carbone.
Le changement des conditions d'humidité et des
régimes de perturbation constituent une préoccupation clé
du secteur forestier du plateau central et Rif ; il est probable que le
réchauffement des températures augmente la fréquence des
feux de forêt et agrandisse les zones d'activité des ravageurs
forestiers.
En effet, l'augmentation de perturbations telles que les
infestations d'insectes et les incendies pourraient entraîner de rapides
changements structuraux et fonctionnels des forêts.
En outre, les conséquences sociales et
économiques du changement climatique dépendront fortement de la
nature et du rythme du CC ; de la réaction des écosystèmes
forestiers ; de la sensibilité des autorités locales aux impacts
du changement climatique et des Stratégies et/ou Politiques
implantées en vue de réduire la vulnérabilité des
écosystèmes forestiers face au changement climatique ; de
l'évolution démographique et de la capacité d'adaptation
des collectivités concernées.
99
SUBERAIES
Les forêts méditerranéennes couvrent
environ 81 millions d'hectares (9,4% de la superficie forestière
mondiale) et sont constituées d'une mosaïque d'essences
forestières, principalement des feuillus (environ 60%) (MUGNOSSA et al.,
2000). La part des suberaies ne dépasse pas les 9%, soit une superficie
très restreinte de 2,7 millions d'hectares répartie autours de 7
pays : 33% au Portugal, 23% en Espagne, 1% en France, 10% en Italie, 15% au
Maroc, 21% en Algérie et 3% en Tunisie (ARONSON et al.,2009).
Le Maroc occupe ainsi le 4ème rang mondial.
Ces forêts produisent une grande quantité de liège (environ
300 millions de kg/an) dont 87% vient d'Europe (55% du Portugal, 28% d'Espagne,
1% de France et 3% d'Italie) et le reste de l'Afrique du Nord (4% du Maroc, 3%
de Tunisie).
Au Maroc, le chêne liège est d'une une superficie
de près de 400 000 ha, représente environ 15 % des
subéraies au niveau mondial. Cependant, la production totale du
liège n'atteint que 5 % environ de l'ensemble de la production mondiale.
Sur l'ensemble des subéraies, seuls 188.000 hectares sont effectivement
aménagés, soit 68 % environ.
La figure ci-dessous représente de façon
simplifiée la répartition zonale du chêne liège.
Figure 17. Distribution naturelle de l'aire
géographique du chêne-liège (Quercus suber).
Source : Houston Durrant et al. (2016).
La subéraie nationale s'étend depuis les plaines
du littoral atlantique jusqu'au Rif et au Moyen Atlas. Les principaux massifs
s'observent dans le Rif, le Moyen-Atlas, le Plateau Central et la Meseta
occidentale, alors que sa présence dans le Haut-Atlas est relativement
peu importante.
Les subéraies de la Maâmora et de Larache
représentent à elles seules 44% de la superficie totale. Les
subéraies aménagées du Moyen atlas couvrent de leur part
une superficie d'environ 28 261 ha (22%), dont la subéraie de Bab-Azhar
située dans le Moyen Atlas Oriental représente plus de 44%
(12.469 ha).
100
Par ailleurs, elles s'insèrent entre le niveau de la
mer et 1600 m, et occupent les plaines et les basses altitudes où les
substrats sont siliceux (sable, quartzite...), ce qui atténue d'une
manière non négligeable le nombre des espèces du
cortège floristique.
Les subéraies marocaines correspondent aux bioclimats
subhumide, humide et perhumide en variantes chaudes, tempérées et
fraiches et exceptionnellement, le semi-aride chaud et tempéré.
Dans les régions bien arrosées, les subéraies encore bien
conservées offrent un cortège dominé par des
Ericacées (Erica arborea) ou des Cistacées (Cistus
ladaniferus, Cistus Villosus) et des labiées
(Lavandula stoechas).
Ces paysages forestiers des zones humides ou subhumides sont
relayés, en zone moins arrosées comme dans le Mâamora et
les basses altitudes du Plateau central, par des écosystèmes au
sein desquels les structures sont beaucoup moins touffues. Lorsqu'il est encore
préservé, leur sous-bois est dominé en Mâamora par
Teline linifolia, Pistacia lentiscus, ou Thymelaea
lythroides, Pyrus mâamorensis (cf. figure
18). Ailleurs les cistacées l'emportent largement.
Teline linifolia Pistacia lentiscus Thymelaea
lythroides
Figure 18. Associations du chêne
liège.
Cependant, le phénomène fréquent de
dépérissement des peuplements de chênes liège est
observé pratiquement dans tous les pays producteurs de liège. Les
évaluations des causes du dépérissement sont variables
selon les auteurs. On peut d'une façon générale
considérer que le dépérissement des chênes
résulte de multiples interactions (Amandier, 2006).
Les principaux facteurs de prédisposition
associés au déclin des peuplements de chênes liège
se résument comme suit (BEN JAMAA et PIAZZETTA, 2006) :
· Délaissement des suberaies ;
· Exploitation intensive ;
· Agriculture céréalière ;
· Perturbation au niveau du sol (érosion, chimie du
sol, acidification) ;
· Utilisation de machines agricoles ;
· Pâturage intensif ;
· Déliègeage mal effectué.
101
TETRACLINAIES
Le Thuya de Maghreb dont le nom scientifique est le
Tetraclinis articulata (Vahl) Mast, a été décrit par Vahl
en 1791 sous le nom de Thuya articulata, puis il a été
reporté au genre Tetraclinis par Benth (1883) (Toumi, 2009). Elle est
appelée « Thuya de Maghreb » « Thuya de Berberie »
l'arbre de vie mauresque, en arabe on l'appelle « Araar Berhouch »
que l'on peut traduire par « le faux cyprès ».
Tetraclinis articulata est principalement une espèce
nord-africaine qui occupe des versants sud du pourtour
méditerranéen, où elle peut être
considérée comme endémique (Toumi et al., 2008a), si l'on
excepte les quelques populations européennes.
Cette essence n'atteint son plein développement que
dans le nord-ouest de l'Afrique, c'est-à-dire dans les pays du Maghreb,
d'où son appellation : Thuya de Maghreb. Il a une zone naturelle qui
couvre l'Afrique du Nord avec une superficie d'environ 1 million d'hectares
(Roloff et al., 2009).
L'aire de répartition (cf. figure 19)
englobe essentiellement le Maroc, avec quelques 566.000 ha actuels, notamment
depuis l'Anti-Atlas et la région d'Ifni-Agadir-Essaouira, les
pieds-monts et contreforts du Haut Atlas jusqu'au Moyen Atlas et les versants
du Rif, au littoral méditerranéen.
Peuplement de Tetraclinis articulata.
Figure 19. Aire de répartition
naturelle de Thuya de berberie (Roloff et al., 2009).
Tetraclinis articulata est une espèce très
polyvalente qui s'adapte bien à l'usage forestier (Baeza et al., 1991a y
b), c'est pour cela que plusieurs auteurs la recommandent pour la restauration
des écosystèmes semi-arides (Cortina, et al., 2004 ; Montoya,
1993 ; Ruíz de la Torre, 1996). La FAO (1989), elle aussi, recommande
son usage forestier dans les pays du Maghreb.
La reproduction ou la propagation de l'espèce moyennant
la production végétale passe essentiellement par la production
des plants en pépinière à partir des lits de semences qui
permettent une germination rapide et efficace.
102
La propagation en pépinière est la plus simple
et la plus rapide en termes de production, ce qui lui confère un
intérêt particulier, dans le sens où la
compréhension de l'influence des facteurs environnementaux qui affectent
la germination permet d'envisager la propagation de l'espèce avec une
certaine garantie de réussite (Herranz et al., 2002) :
a) Elle favorise une meilleure compréhension de la
phénologie de l'espèce en matière de prévision des
périodes les plus favorables pour l'installation des plantules dans la
nature (Lentz & Johnson, 1998) ;
b) Elle permet de connaitre la tendance des espèces
à constituer des banques édaphiques de semences à
caractère transitoire ou permanent (sensu Thompson & Grime, 1979),
en fonction de l'existence ou de l'absence des mécanismes de dormance
(Milberg, 1994 ; Washitani et al., 1997), quoique dans le cas de Tetraclinis,
de tels banques sont inexistants ;
c) Elle facilite l'obtention de la plante en
pépinière (Lentz & Johnson, 1998), ainsi que la
réalisation d'essais de la faculté germinative antérieurs
à la préservation des semences dans des banques de germoplaste
(Gómez-Campo, 1985 ; Cabello et al., 1998).
Certaines espèces peuvent causer des
dégâts limités à diverses parties de sa morphologie.
Toutefois, ces espèces ne se considèrent pas comme étant
des parasites spécifiques. Dans tous les cas recensés, on a
trouvé des espèces qui apparaissent associées à
d'autres cupressacées.
Le cas le plus connu est celui du lépidoptère
Pseudococcyx tessulantana Staudinger, 1870 (famille des Tortricidae, qui peut
se nourrir des graines de Tetraclinis articulata. Cette mite constitue le
principal parasite potentiel de cette plante dans la chaine de montagne de
Carthagène, étant donné qu'elle endommage 20 à 30%
du nombre total des graines (ce pourcentage peut varier avec les années
de sécheresse) (Templado, 1974).
On peut trouver également d'autres espèces
d'arthropodes qui endommagent le fruit, comme certains homoptères
cochenilles qui vivent sur la surface des fruits immatures.
Age
|
Masculin
|
Féminin
|
Total
|
< 14 ans
|
|
|
|
14 à 30 ans
|
|
|
|
30 à 60 ans
|
|
|
|
> 60 ans
|
|
|
|
Numéro du ménage :
Date d'entretien :
Unité Territoriale :
Douar :
Chef de ménage :
A. IDENTIFICATION
C. CARACTERISTIQUES SOCIO-ECONOMIQUES
3. Habitat et Distance : ? Habitat
:
2. Niveau d'éducation du chef du
ménage
ENéant
EPréscolaire EPrimaire
ESecondaire collégial
ESecondaire qualifiant
ESupérieur
5. Activité principale
EAgriculture EElevage
EPratique Forestière EAutre :
(définir)
1. Composition du ménage
v A la forêt :
v Au poste forestier :
v Au siège de la commune :
En dur : Semi-dur :
Terre : Pierre :
Autre :
QUESTIONNAIRE
ZFP de Tiddas et les changements climatiques
? Distance :
103
ANNEXE 3 : Questionnaire de l'enquête sur les
acteurs locaux (1/6).
104
ANNEXE 3 : suite (2/6).
C. AGRICULTURE
1. Nombre d'actifs dans l'agriculture :
2. Nombre de parcelles agricoles :
3. Surface agricole utile :
ElBour (ha) :
ElIrrigué (ha) :
Mode de faire-valoir : ElDirect
ElMétayage ElFermage
4. Quelles sont les cultures actuellement
pratiquées ?
ElBlé dur ElBlé tendre
ElOrge ElLégumineuses ElAutres : A citer
5. Revenu agricole moyen (sur 5ans) : (Dh)
6. Quelles sont les techniques et systèmes
pratiqués par les agriculteurs ? Cultures :
ElMonoculture ElCultures mixtes ElJachère ?
Commentaire et problèmes spécifiques
:
7. Description des pratiques agroforestières
(Assolement pratiqué, arboriculture, etc.)
8. Matériel agricole utilisé :
ElCharrue traditionnelle ElTracteur
ElMotoculteur
9. Quelles sont les techniques de gestion conservatoire
des eaux et sols (GCES) adoptées les agriculteurs ?
10. Appartenance aux associations agricoles
professionnelles
ElOui ElNon
Nom de l'association et objectif :
105
ANNEXE 3 : suite (3/6).
D. ELEVAGE
1. Possession d'un bétail familial :
ElOui ElNon
ElEquidés
Nature et nombre
ElCheval ElMulet :
ElAne :
ElRuminants
Nature et nombre : ElBovin : ... unités
ElOvins : ... unités
ElCaprins : ... unités
ElAutres :
2. Revenu d'élevage moyen (sur 5ans) :
(Dh)
3. Séjour en forêt du bétail et
saisonnalité :
El3mois ElHiver ElPrintemps
ElEté ElAutomne
El6mois ElHiver ElPrintemps
ElEté ElAutomne
ElAnnée entière
Supplémentation : ElOui
ElNon
Si OuiEl Période :
ElHiver ElPrintemps
ElEté ElAutomne
ElNature du supplément :
Nature des aliments
|
Animaux supp
|
Mois
|
Quantité Par Jour
|
Provenance
|
|
O
|
|
Achat
|
|
Prix U.
|
Orge
|
|
|
|
|
|
|
|
Fourrage vert
|
|
|
|
|
|
|
|
Fourrage sec
|
|
|
|
|
|
|
|
Paille
|
|
|
|
|
|
|
|
Son
|
|
|
|
|
|
|
|
Aliment industriel
|
|
|
|
|
|
|
|
|
4. Appartenance aux associations d'élevage ou
(groupements) ElOui ElNon
Nom de l'association et objectif :
(ANOC, groupements, ou autres)
Intérêt de l'adhésion :
106
ANNEXE 3 : suite (4/6).
5. Quelles difficultés rencontrez-vous au niveau de
votre collectivité avec l'élevage ? (Soins
vétérinaires, qualités des parcours, commercialisation des
produits issus de l'élevage, etc.)
E. APICULTURE
1. Est-ce que vous pratiquez l'apiculture ?
ElOui ElNon
V' Type : ElTraditionnelle
ElModerne
V' ElNombre de ruches : unités ElRendement
moyen de la ruche : .... (Kg)
Destinations : ..
ElConsommation propre ElVente :
V' Commerce : ... Ellocal Elsouk ElNom
du souk :
V' Est-ce que vous pratiquez la transhumance des ruches
? ElNon Si ElOui
V' ElPourquoi :
V' ElCommentaire : difficultés de
l'activité, maladies, savoir-faire local, parcours effectué pour
la transhumance, suggestions pour le développement de cette
activité.
F. AGROPASTORALISME et CHANGEMENTS
CLIMATIQUES
1. Quelles sont les contraintes/difficultés
qui se posent aux pratiques agropastorales à Tiddas ?
(Sècheresse, taille des troupeaux, mode de conduite, surexploitation de
l'espace, etc.)
2. Quelles actions proposez-vous pour remédier
à la situation et enclencher un développement durable ?
Propositions citoyennes et niveau d'engagement ?
Propositions pour les pouvoirs publiques : (ex : Renforcement des
capacités des paysans, Formation professionnelle, Octroi de
crédits, Octroi de subventions liés à la forêt,
Renforcement du partenariat avec l'administration forestière, etc.)
107
ANNEXE 3 : suite (5/6).
G. PRODUITS FORESTIERS RECOLTES
1. Evaluation quantitative des
prélèvements en produits non ligneux ; V' El
Collecte de PAM (Nature de la PAM et quantités
récoltés pour chaque campagne) :
V' ElThym : Kg ElLavande : Kg
El Champignons : Kg
V' Autres produits et quantités :
Commentaire : Que pouvez-vous dire de l'avenir
de cette activité ?
2. Evaluation quantitative des
prélèvements des produits ligneux
ElCharbon de bois : Quantité : Kg/
an
ElBois mort gisant : ElNature
des bois :
(Thuya, Oléastre, pistachier lentisque, etc.)
El Nom de la forêt pour
l'approvisionnement :
3. Nature d'utilisation du bois récolté et
quantité
Nature
de l'utilisation
|
Lieu de récolte (Forêt)
|
Quantité (T/an)
|
Période (Mois)
|
Cuisson
|
|
|
|
Chauffage
|
|
|
|
Bain
|
|
|
|
Autres
|
|
|
|
|
4. Autres sources d'énergie utilisées et
problèmes spécifiques : ElButane
V' But : ...ElEclairage, ...ElChauffage ou
ElCuisson
V' Quantité(/an) : ElPetite bouteille de
4kg Elunités/an : ElCoût (Dh) /unité :
ElGrande bouteille de 12kg Elunités/an : ElCoût
(Dh) /unité :
ElSolaire
V' But : ElEclairage, ElChauffage ou ElCuisson
ou Autre :
ElCoût (Dh) :
108
ANNEXE 3 : suite (6/6).
5. Avez-vous bénéficié d'un four
amélioré distribué par l'administration forestière
:
? Non Oui
? Si oui : Evaluation du coût et leur impact sur la
consommation en bois de feu ?
Commentaire :
|
109
ANNEXE 4 : Zone de la forêt de Tiddas
incluse dans le futur parc du plateau central.
Source (DEFLCD, op.cit.).
110
ANNEXE 5 : Carte des expositions de la zone
d'étude.
Source (BETAF; DEFLCD,
op.cit.)
111
ANNEXE 6 : Caractéristiques des composantes
socio-économiques.
Composantes
|
Dépenses moyennes
annuelles (MAD)
|
Recettes moyennes annuelles (MAD)
|
Bénéfice moyen annuel (MAD)
|
Production agricole
|
|
|
|
Production animale
|
|
|
|
Dépenses ménagères (butagaz,
etc.)
|
|
|
|
Total
|
|
|
|
Moyenne/mois (MAD)
Moyenne/personne (MAD)
ANNEXE 7 : Représentation graphique des points
de modalités.
112
ANNEXE 8 : Distance de Ward |Chaîne des
agrégations.
Etape
|
Regroupement de classes
|
Coefficients
|
Etape d'apparition de la classe
|
Etape suivante
|
Classe 1
|
Classe 2
|
|
Classe 1
|
Classe 2
|
|
1
|
32
|
35
|
.000
|
0
|
0
|
2
|
2
|
1
|
32
|
.000
|
0
|
1
|
5
|
3
|
13
|
30
|
.000
|
0
|
0
|
5
|
4
|
15
|
18
|
.000
|
0
|
0
|
7
|
5
|
1
|
13
|
.000
|
2
|
3
|
20
|
6
|
17
|
19
|
.002
|
0
|
0
|
7
|
7
|
15
|
17
|
.009
|
4
|
6
|
9
|
8
|
2
|
28
|
.023
|
0
|
0
|
24
|
9
|
14
|
15
|
.042
|
0
|
7
|
22
|
10
|
36
|
37
|
.099
|
0
|
0
|
27
|
11
|
29
|
31
|
.212
|
0
|
0
|
34
|
12
|
10
|
27
|
.337
|
0
|
0
|
18
|
13
|
3
|
7
|
.475
|
0
|
0
|
23
|
14
|
8
|
40
|
.645
|
0
|
0
|
16
|
15
|
9
|
24
|
.824
|
0
|
0
|
24
|
16
|
8
|
25
|
1.033
|
14
|
0
|
26
|
17
|
5
|
6
|
1.260
|
0
|
0
|
28
|
18
|
4
|
10
|
1.543
|
0
|
12
|
31
|
19
|
11
|
12
|
1.863
|
0
|
0
|
27
|
20
|
1
|
33
|
2.198
|
5
|
0
|
29
|
21
|
20
|
22
|
2.535
|
0
|
0
|
25
|
22
|
14
|
16
|
2.880
|
9
|
0
|
29
|
23
|
3
|
26
|
3.230
|
13
|
0
|
28
|
24
|
2
|
9
|
3.637
|
8
|
15
|
26
|
25
|
20
|
38
|
4.390
|
21
|
0
|
33
|
26
|
2
|
8
|
5.189
|
24
|
16
|
31
|
27
|
11
|
36
|
5.988
|
19
|
10
|
36
|
28
|
3
|
5
|
6.832
|
23
|
17
|
30
|
29
|
1
|
14
|
7.700
|
20
|
22
|
34
|
30
|
3
|
23
|
8.774
|
28
|
0
|
32
|
31
|
2
|
4
|
10.292
|
26
|
18
|
36
|
32
|
3
|
34
|
12.089
|
30
|
0
|
38
|
33
|
20
|
21
|
14.108
|
25
|
0
|
35
|
34
|
1
|
29
|
16.233
|
29
|
11
|
37
|
35
|
20
|
39
|
21.512
|
33
|
0
|
39
|
36
|
2
|
11
|
28.907
|
31
|
27
|
37
|
37
|
1
|
2
|
50.206
|
34
|
36
|
38
|
38
|
1
|
3
|
84.429
|
37
|
32
|
39
|
39
|
1
|
20
|
195.000
|
38
|
35
|
0
|
113
ANNEXE 9 : Saisie des données et création
de la variable Type_ménage.
114
ANNEXE 10 : Répartition des ménages par
dissimilarité (Cluster).
115
ANNEXE 11 : Application de l'AFCM.
116
ANNEXE 12 : Avant codages des variables (1/2).
117
ANNEXE 12 : suite (2/2).
118
ANNEXE 13 : Après codage des variables
quantitatives (conditions d'application de l'AFCM) (1/2).
119
ANNEXE 13 : suite (2/2).
120
ANNEXE 14 : Corrélations des variables
transformées (1/2).
121
ANNEXE 14 : suite (2/2).
122
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|
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|
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|
IAV Hassan II
|
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|
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|
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|
ÏíÓáÇ
|
í íÑÇÔÊÓÇ
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|
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|
áÓÇÑã
|
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|
ÏíÓáÇ
|
ÊÇÈÇÛáÇ
|
|
|
|
|
IAV Hassan II
ÉíÚíÈØáÇ
ÏÑÇæãáÇ
ÉÑÇÏÅ í
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ÍáÇÕ íÛ
ÇÕáÇ
ÏíÓáÇ
2021 ÑíÇÑÈ
ØÇÈÑáÇ