2.3.1. Les CAP nuls
Dans de nombreuses enquêtes d'évaluation
contingente, un pourcentage élevé de personnes interrogées
exprime un consentement à payer (ou à recevoir) égal
à 0 pour le bien ou service considéré. Parmi ces
réponses, on distingue les vrais zéros et les faux zéros.
L'analyse des motifs justifiant les refus de payer montre que les CAP nuls
observés concordent davantage à
33 Dachary Bernard J., `Une Évaluation
Économique Du Paysage : Une Application de La Méthode Des Choix
Multi-Attributs Aux Monts d'Arrée'.
46
Ononino Jean Charles
des réponses de protestation plutôt qu'à
de véritables valeurs nulles. En effet, seul est valable dans ce dernier
cas l'argument d'un touriste soumis au questionnaire qui légitime sa
réponse nulle par la saturation de sa contrainte
budgétaire34 : « mon budget de séjour ne me le
permet pas ». Ainsi, en accord avec Ami et Desaigues (2000), ce montant
nul correspond à un vrai zéro puisque l'intéressé
refuse de réallouer son budget de séjour pour faire face à
cette nouvelle dépense, les réserves naturelles étant pour
lui un bien de luxe.
Une des critiques fréquemment adressées à
la méthode d'évaluation contingente est la possibilité de
«réponses stratégiques». Les personnes
interrogées n'auraient pas intérêt à dévoiler
leur véritable consentement à payer dès lors qu'elles
anticipent l'utilisation qui sera faite de leur réponse. Si par exemple
elles anticipent que leur consentement à payer,
révélé servira de base pour calculer une taxe ou une
redevance supplémentaire, prélevée sur leurs revenus,
alors les personnes interrogées auront intérêt à
dévoiler un consentement à payer inférieur à leur
consentement à payer effectif. Les agents sont en effet incités
à se comporter en «passager clandestin», c'est-à-dire
qu'ils cherchent à profiter «gratuitement» d'un service qui
sera financé par les autres. Cette considération
stratégique conduit chaque agent interrogé à annoncer non
pas son véritable consentement à payer, mais un montant
inférieur, éventuellement nul, en escomptant que les autres
personnes interrogées annonceront un prix suffisamment
élevé pour que les pouvoirs publics offrent le supplément
de bien ou de service qui fait l'objet de l'enquête. Inversement, dans le
cas d'une indemnisation pour un dommage écologique par exemple, les
«enquêtés» seraient incités à
exagérer la compensation requise et ainsi à réclamer une
somme plus élevée. Malgré le bien-fondé de cette
critique, il existe peu de données empiriques quant à
l'importance de ce biais. Schneider & Pommerehne (1981), de même que
Marwell et Ames ( 1981 ), ont montré à partir
d'expérimentations sur l'offre de biens publics que l'effet
«passager clandestin», bien que systématique, était
généralement insignifiant et semble avoir été
exagéré par les économistes. Plusieurs expériences
portant sur la contribution volontaire à l'offre de biens publics ont
révélé de surcroît que les agents avaient en
réalité un comportement plutôt coopératif,
c'est-à-dire une tendance à contribuer au bien public
au-delà de leur niveau de paiement optimal (Keser, 1995). La
réalité du biais stratégique reste donc un sujet
très controversé, car il existe sur cette question un
désaccord profond entre la théorie et les observations
expérimentales.
34 Voltaire Louinord., `Méthode
d'évaluation Contingente et Evaluation Économique d'un Projet de
Réserves Naturelles Dans Le Golfe Du Morbihan (France).'
47
Ononino Jean Charles Conclusion
Parmi les méthodes de valorisation économique
couramment utilisées pour évaluer les actifs naturels non
marchands, c'est la méthode d'évaluation contingente (MEC) qu'on
a retenue dans le cadre de notre évaluation. Ses fondements
théoriques, les raisons justifiant son choix, les biais qui accompagnent
sa mise en oeuvre ont été débattus tout au long de ce
chapitre. Ce dernier a donc établi les fondements théoriques et
empiriques de l'exercice d'évaluation menée dans le cadre de la
présente recherche.
Chapitre 3 : approche méthodologique de
l'évaluation contingente du jardin de la place Charles Atangana de la
ville de Yaoundé
Après avoir présenté la
littérature liée à notre étude, ce chapitre est
centré sur l'approche méthodologique de la recherche et
caractéristique de l'échantillon. En effet, la
méthodologie peut être appréhendée comme
l'enchainement des étapes par lesquelles doit passer toute recherche.
Elle peut également se définir comme étant le processus de
contrôle de la qualité de la recherche scientifique (Evrad et
al.,1993). C'est la démarche empruntée pour résoudre un
problème posé. Il s'agit d'un schéma directeur faisant
apparaitre un lien logique entre le problème, les questions de
recherches, les données et les résultats obtenus.
Généralement, dans la méthodologie de recherche, on
développe les aspects touchant d'abord, la localisation de la recherche
et la procédure de sélection de l'échantillon, puis, la
collecte de données et l'analyse théorique des outils
statistiques utilisés. Elle présente les méthodes et
techniques qui ont permis de présenter, d'analyser et
d'interpréter les résultats obtenus au cours de notre recherche.
Ce chapitre est divisé en deux sections, une première sur la
présentation du cadre d'étude de la recherche, une
deuxième sur approche méthodologique adoptée.
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Ononino Jean Charles
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