2.2.3.1. La notion de biais.
La notion de biais suppose implicitement que chaque individu
valorise le bien sur la base d'une maximisation de l'utilité
conformément à la théorie du consommateur. Tout
écart à ce programme d'optimisation est alors
considéré comme un biais. C'est-à-dire comme une source
d'erreurs systématiques non aléatoires à minimiser.
Mitchell et Carson (1989) ont fait l'exposé des différents biais
alors que Hausman (1993) a fait la typologie des biais.
Ainsi on recense une gamme assez vaste de biais liés
à l'utilisation de la MEC pour l'évaluation d'actifs
environnementaux, à savoir : les biais liés à
l'échantillon, les biais inhérents au système de
questionnaire (biais d'enchère de départ, effet contexte), les
biais liés au comportement même des individus (biais
stratégiques, biais enquêteurs, bais hypothétiques), les
biais d'inclusion (effet d'envergure, effet d'ordre et effet de sous
additivité), les biais hypothétiques, et les biais d'ancrages.
Cumming et Taylor (1999), traitent de la minimisation du biais
hypothétique et Herriges et Shogren (1996) plaident pour un traitement
économétrique du biais d'ancrage. L'effet d'inclusion a
été largement abordé par Kaheman et Knetsch (1992). Les
travaux de Carson et Mitchell (1995), et Hanneman (1994) sont d'un grand apport
dans la typologie des biais d'inclusion. Le biais d'inclusion est lié au
fait que le CAP ne varie pas avec la taille du bien ; protéger un
millier ou 10 milles espèces rares n'auraient qu'un effet
négligeable sur la valeur donné. Dans le cas des zones humides,
la procédure d'agrégation aboutit à un effet des valeurs
anormalement élevées qui ne respectent pas la contrainte
budgétaire et constituent donc une surestimation du CAP. Dans une
étude consacrée à la protection des rivières
sauvages et pittoresques du Colorado, Sanders (1994) établit
empiriquement que le CAP unitaire diminue lorsque le nombre de rivières
protégées croit et devient nul dès qu'une dizaine de
rivières sont protégées. Mitchell et Carson (1989)
dressent une typologie de comportements stratégiques susceptibles
d'apparaître lors de la révélation du CAP. Pour le cas des
biais de l'enchère de départ, Fischhoff, Slovic et Lichtenstein
(1980), montrent que si les individus pensent qu'ils sont interrogés
à propos d'un actif naturel, l'actif doit certainement avoir une valeur
dans ce cas, ces individus vont donner une réponse qui ne correspond
à aucune modification de leur surplus.
L'effet contexte est dû au fait que la
manière dont les questions sont posées, a un effet substantiel
sur les supposées vraies valeurs de l'individu. Le biais
stratégique abordé pour la première fois
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Ononino Jean Charles
par Samuelson (1954), est relatif au fait que les individus
pensent par leurs réponses influencer la décision finale.
Dans le biais enquêteur, l'individu
interrogé donne une valeur supérieure à son CAP
réel pour faire plaisir à l'enquêteur et dans ce cas ce
dernier doit veiller à être neutre. Le biais
hypothétique provient de l'inaptitude des individus à
valoriser correctement leurs préférences du fait d'un
déficit d'information, du manque d'expérience ou de la
difficulté d'ordonner leur choix. Les effets d'ordre et de sous
additivités sont donc généraux et interviennent quand on
évalue plusieurs biens ou plusieurs projets. Ils sont dus à une
relation de substitution et à la décroissance de l'utilité
marginale. Un certain nombre de travaux mettent en évidence l'effet
d'envergure. Ils ont fait l'objet de critiques méthodologiques portant
sur le plan de sondage, la mise en oeuvre et le traitement des données
(Carson et Mitchell, 1995 ; Hanemann, 1994). Si par construction un
marché contingent ne peut fournir qu'une demande hypothétique, le
signe du biais associé est indéterminé. La seule
manière de contourner cette difficulté est de concevoir un
scénario aussi crédible et réaliste que possible. Ce qui
parait d'autant plus facile que l'on se limite à mesurer des valeurs
d'usage. Il y'a cependant des contextes où cela est difficile car les
individus réagissent de façon très émotive : risque
de pollution par exemple. Pour Kahneman et Knetsch (1992), les individus
attribuent une somme forfaitaire à la protection de l'environnement qui
est l'expression de la satisfaction morale de participer à une bonne
cause.
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