Introduction Générale
La Conférence des Nations Unies sur l'environnement de
Stockholm en juin 1972, le rapport de Brundtland en 1987, la Conférence
des Nations Unies sur l'environnement et le Développement de Rio en juin
1992, encore appelé le Sommet de la Terre, le Sommet mondial pour le
développement durable de Johannesburg en Août 2002, ont
progressivement conduit à l'adoption du concept de développement
durable comme cadre de référence des politiques de
développement. Pour l'Organisation de Coopération et de
Développement Economiques (OCDE, 1996), la voie menant aujourd'hui
à un développement durable passe par une meilleure
intégration des facteurs économiques dans la prise de
décision relative à l'environnement. C'est suivant cette
dynamique qu'a émergé au XXe siècle, dans le
cadre de l'économie du bienêtre, la Méthode d'Evaluation
Contingente (MEC) dont l'objectif est de donner une valeur économique
aux biens qui à la base n'en ont pas. Inspirées des travaux de
Wantrup (1947), les premières applications de la méthode
d'évaluation contingente remontent aux années 1960. C'est surtout
dans la deuxième moitié des années 1970 que cette
technique d'évaluation s'est imposée comme une alternative viable
aux méthodes de révélation des préférences.
La démarche d'évaluation économique totale s'inscrit dans
le cadre de la science économique appelée « économie
du bien-être ». Pour ce courant, le marché est un parfait
révélateur des préférences, quelles qu'elles
soient.
1- Contexte
Raisonnant dans le cadre de l'économie
néoclassique et de l'économie du bien-être, une
économie environnementale est apparue au cours des années 1970,
proposant de considérer les ressources naturelles sous la forme d'actifs
naturels. Un modèle de gestion économique de la nature a ainsi
été conçu, qui permet d'arbitrer sur une base
monétaire entre les différentes options d'utilisation d'un
environnement donné. Les chercheurs qui se sont intéressés
à la problématique de l'évaluation économique des
biens et services environnementaux appartiennent à divers horizons
théoriques dont : l'économie (Dixon et Sherman, 1990),
l'écologie (Mermet, 1992), l'anthropologie (Milanesi, 2010) , et la
sociologie Champagne et Denis, 1992). Mobiliser la littérature ayant
touché la problématique de l'évaluation et de la
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Ononino Jean Charles
gestion durable des biens et services environnementaux
nécessite alors de prendre en compte divers courants de pensée
(dont le plus marquant est l'économie du bien-être).
L'économie du bien-être ayant pour pilier l'allocation optimale
des ressources dont dispose un agent économique, a trouvé un
champ fertile dans le cadre de la gestion des ressources naturelles et des
attributs environnementaux.
Les ressources naturelles et les attributs environnementaux
fournissent des flux de biens et services qui ont une valeur pour les humains.
Cependant, leurs usages ne peuvent être régulés par le
marché compte tenu de leur caractère de ressources communes. Les
propriétés de non rivalité et non exclusivité sont
en plus des caractères spécifiques aux biens publics. Du point de
vue de l'économie, la négligence de l'ensemble des flux des
actifs naturels dans le processus de décision est l'une des causes
principales de la dégradation de l'environnement et de l'exploitation
non durable des ressources naturelles. Les risques de disparition de ces actifs
sont liés à des causes d'ordres théorique et politique.
Sur le plan théorique, la mauvaise gestion et
l'utilisation inefficiente de ces ressources résultent du fait de
l'absence ou du mauvais fonctionnement du marché des actifs naturels.
Les conséquences sont l'absence de prix ou la formation d'un prix ne
reflétant pas la valeur économique exacte de la ressource. Le
marché, laissé à lui-même, ne peut dès lors
en aucun cas atteindre un équilibre économique optimal. Par
conséquent la continuité, de l'offre de services environnementaux
ne peut être correctement assurée dans le temps. Sur le plan
politique, les défaillances des politiques gouvernementales constituent
la cause de la dégradation de l'environnement. Les interventions
gouvernementales peuvent inciter les individus à accroître
l'utilisation des biens environnementaux. Elles peuvent être
menées au niveau macroéconomique ou à l'échelle
d'un secteur. Pour pallier ces défaillances, les autorités
publiques ont un rôle important à jouer dans la mise en oeuvre des
politiques environnementales. Elles doivent promouvoir un développement
durable intégrant une gestion optimale des ressources naturelles et la
protection de l'environnement. Dans cette perspective, les politiques publiques
sont appelées à s'inscrire dans une approche globale de
développement durable. Des efforts doivent être apportés
à la conciliation entre l'environnement et le développement.
Ainsi, trois principes fondamentaux sont recommandés pour parvenir
à une meilleure intégration des dimensions environnementales en
vue d'un développement durable susceptible de Parer aux effets
anthropiques nocifs sur l'environnement, y compris sur la biodiversité :
mettre en valeur les ressources naturelles, maintenir la biodiversité
pour les générations à venir, déterminer et
évaluer les coûts et les avantages générés
par les actifs naturels.
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Ononino Jean Charles
Les espaces verts de proximité constituent une
composante majeure des villes contemporaines. Ils sont justifiés par une
forte demande de la part des populations urbaines à titre d'usages
direct ou indirect. Leurs coûts de production et d'entretien
pèsent lourdement sur les budgets des administrations publiques à
différentes échelles. Parmi les grands travaux menés
à Yaoundé par le délégué du gouvernement
auprès de la communauté urbaine, figure en bonne place
l'aménagement des espaces verts. La ville de Yaoundé, capitale
politique du Cameroun, est traversée par une cinquantaine de parcs et
jardins publics administrés et gérés par la
Communauté Urbaine. Le parc de la place Charles ATANGANA en est un des
plus intéressants, compte tenu du nombre de visiteurs qu'il
reçoit en moyenne au quotidien. Il est situé en plein coeur de la
ville non loin du célèbre `'rondpoint poste centrale»
à côté du ministère des transports. Construit au
début de la décennie 2000, le parc s'étend sur une
superficie d'environ 1,5 hectare. Il est l'un des symboles forts de cette
conciliation entre les besoins d'un urbanisme croissant et l'attachement au
végétal. Etabli dans une zone marécageuse, la plantation
des arbres de la famille eucalyptus dans cet espace compte tenu des
propriétés de cette espèce (principalement forte
consommation en eau) s'est avérée être un choix
judicieux.
Même si les espaces verts contribuent à
l'embellissement de la ville, ils sont avant tout des lieux de détente,
d'évasion et même de rencontre pour les amoureux. Les espaces
verts sont aussi sollicités par les citadins à la recherche du
calme pour la lecture (c'est le cas de nombreux étudiants des
universités et grandes écoles de la ville). D'autres
catégories d'individus y sont aussi abonnées : les travailleurs
qui s'y retrouvent à leur instant de pause pour apprécier le
paysage et profiter de l'air frais offert par le microclimat régnant en
maitre sur le site. Les couples y viennent pour se balader et discuter ... La
plupart des personnes qui fréquentent les espaces verts de la capitale y
passent parfois des heures. La fréquentation des espaces verts par les
citadins incite la communauté urbaine à entreprendre de vastes
campagnes d'hygiène et de salubrité. D'un entretien avec le
responsable des parcs et jardins de la ville (communauté urbaine de
Yaoundé), il ressort que la gestion de l'espace vert Charles ATANGANA
coûte chaque année pas moins de 20 000 000 de francs CFA, de cette
même source il ressort que 5 agents y sont employés pour mener les
différents travaux d'entretien à savoir l'arrosage (plus intense
en saison sèche), le balayage (il se fait quotidiennement), la tonte de
la pelouse (une fois toute les deux semaines en saison des pluies et une fois
par mois en saison sèche), le réglage (il consiste à
abattre les arbres où la densité est importante et d'introduire
des arbustes où il en faut).
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Cependant, il est difficile de s'abstenir de relever le fait
que la place Charles ATANGANA souffre malheureusement
d'insécurité1 et les préférences des
usagers vis-à-vis de l'offre des services paysagers sont plus ou moins
négligées. Dans un tel contexte il sied de procéder
à une analyse cout-avantage permettant de proposer des solutions
capables de juguler ces différents manquements.
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