CONCLUSION
23
Au terme de notre chapitre, il est fort de constater que le
commerce extérieur affecte alors durablement la croissance par plusieurs
canaux différents. D'abord par l'accumulation du capital humain et les
effets d'apprentissage dans les secteurs exportateurs en expansion provoque la
baisse des coûts moyens et multiplie la variété des
produits. Ensuite par la diffusion internationale du progrès technique
permet aux pays en développement de bénéficier de
transferts de technologie à moindre coût. Et enfin, la pression
concurrentielle sur les marchés extérieurs incite aux gains de
productivité. Cependant, le commerce extérieur, par les
opportunités accrues d'échanges qu'il offre, peut être un
facteur décisif dans la croissance (Grossman et Helpman, 1991).
24
CHAPITRE II :
RELATION THEORIQUE ENTRE LE COMMERCE EXTERIEUR ET LA
CROISSANCE ECONOMIQUE
INTRODUCTION
La croissance économique mondiale a toujours
été accompagnée d'un accroissement encore plus fort des
échanges depuis le début du XIXe siècle, à
l'exception de la période 1913-1949, marquée par deux guerres
mondiales et la Grande dépression. Les études modernes des
échanges et de la croissance tendent à démontrer les
points qui lient le commerce mondial et la croissance (OMC, 1999).
Les importations et les exportations d'un pays constitue ses
échanges commerciaux avec l'extérieur. Autrement dit, c'est le
commerce international. Ce dernier s'appuie ensuite sur des théories
solides visant à soutenir à son tour la croissance
économique sur le long terme. C'est pour cela que François
Perroux définit la croissance économique comme «
l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d'un
indicateur de dimension, pour une Nation, le produit net en termes réels
». Les précurseurs de la science économique ont mis l'accent
sur la possibilité d'une croissance par l'intermédiaire des
échanges commerciaux. Ainsi, les éléments commerciaux
c'est-à-dire les exportations et importations ont leurs effets sur la
croissance économique. C'est pour cela que je commence ma
démarche par la présentation des théories relatives au
commerces extérieur et la croissance pour déterminer les lien
théorique et empirique entre les échanges et la croissance
économique,
La première partie de l'analyse est consacrée
à une revue théorique mettant en exergue la relation entre le
commerce extérieur et la croissance économique. Il sera question
pour moi de la présenter leurs théories afin de déterminer
les effets de ces échanges sur la croissance. La seconde section est la
présentation des travaux antérieurs sur la relation entre le
commerce et la croissance.
25
SECTION I : THEORIES METTANT EN EXERGUE LA RELATION
ENTRE LE COMMERCE EXTERIEUR ET LA CROISSANCE ECONOMIQUE
Cette revue de la littérature va me permettre
d'étudier les liens théoriques et empiriques entre le commerce
international et la croissance économique notamment au Cameroun. Par la
suite, grâce à la fusion entre la théorie de la croissance
endogène et la nouvelle théorie du commerce international, les
travaux furent concentrés sur les voies d'influence du commerce
extérieur sur la croissance économique.
I-1 LES ETUDES THEORIQUES SUR LE LIEN ENTRE LE
COMMERCE EXTERIEUR ET LA CROISSANCE ECONOMIQUE
Dans son ouvrage sur la richesse des Nation en 1776, Smith
affirme que le commerce extérieur génère des effets
positifs sur l'économie dans son entièreté. La
théorie smithienne du commerce extérieur est en faveur du
libre-échange et la libre compétition internationale. Pour lui,
le libéralisme est bénéfique pour les économies.
A la suite de Smith, plusieurs économistes et
chercheurs ont commencé à analyser les relations possibles
existant entre le commerce international et la croissance économique. Au
cours de la période des années soixante, les dirigeants
étaient préoccupés par la recherche et la création
des conditions de bien-être meilleur et l'atteinte des objectifs
économiques notamment une croissance économique soutenable et
durable. Théoriquement admis comme une variable importante de la
croissance économique, la question est de savoir si un pays devrait
mettre en oeuvre des politiques stimulant à la fois les exportations et
les importations ou se focaliser sur une des deux pour impacter positivement
sur la croissance.
L'examen de la relation entre libéralisation
commerciale et croissance économique a été jusqu'à
récemment fait dans le cadre du traditionnel modèle de Ricardo
(1817), Heckscher-Ohlin (1977). Selon ce modèle, le commerce
extérieur conduit à une augmentation de la production. Cela est
dû au fait que le pays procède désormais, après son
commerce, à une allocation plus efficiente de ses ressources en se
basant sur le principe des avantages comparatifs.
Dans le contexte néoclassique, le commerce
extérieur peut bien avoir un effet sur le taux de croissance à
long terme si elle génère un effet stimulateur de la technologie.
Cependant, comme l'ont souligné Erik et Ulasan (2013), ni le
modèle traditionnel de
26
Ricardo-Heckscher-Ohlin ni le modèle
néoclassique de la croissance ne fournit un cadre théorique
unifié et univoque validant l'hypothèse selon laquelle les
échanges extérieurs stimulent le progrès technologique.
Les études théoriques n'ayant pas réussi
à trancher si le commerce extérieur contribue ou non à la
croissance économique, les différents travaux empiriques sur le
sujet ont, par contre, aboutit à des résultats similaires
où l'effet du commerce est généralement favorable à
la croissance.
Pour sa part, Edwards (1998) a tenté de mesurer la
relation entre le commerce extérieur et la croissance de la
productivité. Il conclut en l'existence d'une relation solide entre les
indicateurs des échanges commerciaux et la croissance des facteurs. La
principale contribution de l'auteur au débat sur la relation entre la
libéralisation des échanges et la croissance économique
est d'ordre méthodologique.
I-2 LES ETUDES EMPIRIQUES SUR LE LIEN ENTRE LE
COMMERCE ET LA CROISSANCE ECONOMIQUE
Durant les années 70, la plupart des travaux empiriques
utilisaient des régressions en coupe transversale sur un ensemble de
pays. La plupart de ces études ont établi une relation positive
entre le commerce extérieur et la croissance économique.
Frankel et Romer (1999) utilisent une méthode à
variables instrumentales incluant des caractéristiques
géographiques, et confirment que le commerce extérieur des
produits agricoles a un effet important et significatif sur la croissance
économique.
Ouermé Mady (2009) dans son document de synthèse
intitulé l'effet des importations et les exportations des produits
agricoles sur la croissance du Burkina a trouvé dans son modèle
que les exportations des produits agricoles contribuent positivement à
la croissance et les importations des produits agricoles contribuent
négativement et donc un résultat final ambigu. Pour ce qui est de
cette étude, la méthode de Ouermé sera
améliorée en incluant les IDE et en faisant les importations des
produits agricoles et les exportations des produits agricoles une seule
variable (degré d'ouverture). Contrairement à la théorie
les études empiriques s'accordent dans leur ensemble qu'il y a un effet
positif du commerce extérieur sur la croissance économique.
27
Plusieurs économistes [Harisson (1996) et Edwards
(1998) ...] utilisent les exportations ou les importations des produits
agricoles pour mesurer l'effet du commerce extérieur sur la croissance
économique. Ainsi, pour tenir compte de l'ensemble des canaux par
lesquels le commerce extérieur peut affecter la croissance
économique, leur effet positif a été
démontré par plusieurs auteurs comme Lee (1995) par exemple.
Cela montre que le commerce des produits agricoles, surtout
pour les pays en voie de développement a un effet positif et
significatif sur leur croissance économique. Un tel effet passe par les
deux canaux suivants : premièrement, les exportations des produits
agricoles permettent aux pays en voie de développement d'obtenir des
devises pour financer les importations des produits agricoles et la dette d'un
côté et incitent les entreprises exportatrices à être
compétitives, en utilisant une meilleure technologie, pour pouvoir se
faire une place dans le marché international des produits agricoles.
Cette technologie peut, par ailleurs, se diffuser vers les entreprises non
exportatrices et améliorer ainsi leur productivité.
Deuxièmement, les pays en voie de développement disposent d'un
niveau négligeable en R&D. Le commerce leur permet d'accéder
au savoir et aux connaissances étrangères plus
particulièrement par le biais de l'importation des produits agricoles
étrangers nécessaires dans le processus de leur production tels
que les biens d'équipement et les biens intermédiaires. (Legrand,
2008).
Dans la même optique, Winters (2004) a examiné la
littérature existante sur le commerce des produits agricoles et la
croissance économique et a conclu que les exportations et les
importations favorisent cette dernière. Il s'est également
intéressé à la façon dont le commerce
extérieur et la croissance économique sont liés à
travers la mise en oeuvre d'autres politiques notamment la lutte contre la
corruption. Le commerce des échanges des produits agricoles avec le
reste du monde peut réduire ce phénomène. En effet, les
pays qui commercent davantage avec les marchés extérieurs des
produits agricoles sont susceptibles d'être confrontés à un
examen plus approfondi de leurs institutions (Manwa et Wijeweera, 2016).
La majorité des travaux des années 80 et 90
examinant les effets possibles du commerce extérieur sur la croissance
économique ont essuyé une avalanche de critiques. A titre
illustratif, Greenaway (1993) adopte une vision sceptique sur l'effet du
commerce extérieur sur la croissance économique. L'auteur
argumente qu'une grande partie du travail entrepris précédemment
ont utilisé des méthodes imparfaites dépourvu d'un
cadre
28
analytique apparent, cohérent et univoque. De plus, le
commerce extérieur reste encore tributaire d'incohérences
définitionnelles et conceptuelles des échanges à travers
les différents aspects des travaux ; ceci rend quasi impossible la
construction d'indicateurs de mesure agrégés et fiables des
distorsions commerciales (Greenaway, 1993).
Dans ce même sens, la contribution la plus citée
est probablement celle de Rodriguez et Rodrik (2000). Dans une étude
empirique sceptique, les auteurs concluent en une relation non concluante entre
le commerce extérieur et la croissance économique. Ils proposent
également une critique de la littérature existante sur la
question. En effet, dans leur critique sur les travaux de Edwards (1998) qui a
d'ailleurs étudié le lien du commerce extérieur et la
croissance économique en utilisant neuf (09) indicateurs alternatifs de
la libéralisation commerciale, Rodriguez et Rodrik (2000) ont conclu
qu'il y avait une absence de relation robuste entre le commerce
extérieur et la croissance économique. Ils ont
discrédité un nombre considérable d'autres travaux
(Ben-David, 1993 ; Lee, 1993 ; Harrison, 1996 ; Wacziarg, 2001).
Dollar et Kraay (2004), en se basant sur les travaux de
Srinivasan et Bhagwati (1999) ont examiné les effets du commerce
extérieur sur la croissance. Ils ont choisi un tiers (1/3) des pays en
développement en raison de l'augmentation de la part du commerce dans
leur PIB à prix constant sur vingt ans passé et également
en raison de la réduction de leur tarif et qui ont connu un
accroissement graduel de leur croissance économique. Les
résultats ont mis en évidence une forte corrélation entre
les variations de la croissance des dix (10) années et les changements
observés dans le volume des échanges commerciaux. Pour leur part,
Wacziard et Welch (2003) ont repris les travaux de Sachs et Warner (1995) en
utilisant une nouvelle base de données sur les indicateurs du commerce
extérieur. Les résultats obtenus supportent l'existence des
effets positifs et robuste du commerce des produits agricoles sur la croissance
économique. Calderón, Fajnzylber et Loayza (2004) ont
trouvé des résultats similaires à ceux de Dollar et Kraay
(2004).
Pour leur part, Dufrenot et Mignon (2010) ont appliqué
l'approche de régression quantile pour tester l'hypothèse
«Commerce des produits agricoles et Croissance». Ils ont abouti
à la conclusion selon laquelle aussi bien à court et qu'à
long terme, les effets du commerce extérieur des produits agricoles sur
la croissance économique dans les pays à faibles taux de
croissance sont plus élevés que dans les pays à fort taux
de croissance. De plus, à partir de l'utilisation des variables
instrumentales sur les données de panel, Brückner
29
et Lederman (2012) ont eux aussi analysé les effets du
commerce extérieur des produits agricoles sur la croissance
économique pour 41 pays d'Afrique subsaharienne. Pour les pays
concernés, le commerce extérieur des produits agricoles a
entraîné une croissance à court et long terme
d'après les résultats des estimations des auteurs.
En synthèse, la littérature sur la relation
entre le commerce extérieur et la croissance économique n'est pas
univoque ni sur le plan théorique ni sur le plan empirique. Plus encore,
cette relation varie selon les critères ou les indicateurs
utilisés, l'approche méthodologique employée et les
caractéristiques des pays concernés.
SECTION II : PRESENTATION DES TRAVEAUX ANTERIEUR
SUR LA RELATION ENTRE LE COMMERCE EXTERIEUR ET LA CROISSANCE
ECONOMIQUE
II-1 EFFETS DES EXPORTATIONS SUR LA CROISSANCE
ECONOMIQUE
Plusieurs concepts et arguments théoriques ont
été développés pour expliquer comment le commerce
en général peut contribuer au développement
économique d'un pays.
En effet, alors que la théorie du commerce
extérieur mettait l'accent sur les conditions et les avantages de la
spécialisation internationale, les théories mercantilistes,
reprises par les keynésiens, s'intéressent essentiellement au
rôle que peuvent jouer les exportations en tant qu'instrument de la
politique économique, en particulier pour assurer le plein-emploi.
Pour le courant mercantiliste fonde le développement
économique doit se baser sur l'enrichissement par le commerce
(exportations de biens) et l'accumulation des métaux précieux au
détriment des autres nations (fermer les frontières aux
importations) alors que pour Keynes (1936), pour relancer une économie
par la demande, l'exportation peut apparaître comme un moyen plus
sûr de redynamiser la production, et en conséquence l'emploi en
exportant le chômage.
Cependant des critiques sont apparues depuis l'époque
du mercantilisme de la part des économistes classiques que sont Adam
Smith et David Ricardo, qui prônent le libre-échange. En effet,
Adam (1776) affirme qu'un pays doit se spécialiser dans la production
des biens, pour lesquels il bénéficie d'un avantage absolu,
c'est-à-dire une efficience
30
supérieure à celle d'un autre pays mesuré
par un coût unitaire inférieur et exportant le surplus de ces
biens produits afin d'accroître sa richesse, ce qui condamne un pays qui
n'en dispose à acheter de l'étranger et à vivre en
autarcie. C'est Ricardo (1817) qui lèvera cette contrainte dans sa
théorie du commerce international en affirmant que pour
bénéficier des gains à l'échange, un avantage
absolu dans la production n'est pas nécessaire mais qu'un avantage
comparatif suffit.
Hecksher (1919) et Ohlin (1933), ont prolongé
l'approche ricardienne en énonçant que chaque pays participant au
commerce international, se spécialise dans la production et
l'exportation d'un bien qui utilise intensément un facteur dont il est
relativement abondamment doté. La spécialisation stimule la
compétitivité et favorise la réalisation des
excédents commerciaux qui assurent le financement des importations des
biens d'équipement, vecteurs de croissance et de la hausse des revenus,
conformément à l'analyse libérale.
A cet effet, plusieurs autres contributions ont montré
que l'abondance et/ou la dépendance aux produits de base et aux
ressources naturelles ont un effet négatif sur le taux de croissance.
L'un des cas connus est désigné par de nombreux auteurs par MDD
ou « malédiction des matières » ou de maladie
hollandaise assimilée au développement par essor des exportations
de produits primaires.
La maladie hollandaise, peut empêcher la stimulation de
la croissance économique par l'entrée massive de devises, pour
les pays bénéficiant d'une forte hausse de leurs exportations de
produits primaires. La hausse des exportations de matières
premières entraîne précisément, des
élévations du taux de change réel et l'inflation.
L'explication de ce paradoxe est qu'en favorisant l'accélération
de l'inflation intérieure et en provoquant, de la sorte, la hausse du
taux de change réel, la forte progression des exportations des produits
primaires nuit également à la compétitivité et,
dès lors, à la rentabilité des autres exportations.
Pour Deutsch et Ecksteind, (1961) une baisse des exportations
peut réduire le taux de croissance économique ou
l'accroître. Cette baisse peut s'expliquer par la « loi du commerce
extérieur décroissant », selon laquelle, si le revenu d'un
pays augmente au-delà d'un certain seuil, le commerce extérieur
représente une proportion de plus en plus faible du revenu national, en
raison de l'élasticité-revenu élevée de la demande
de services qui sont moins commercialisables que les biens mobiles. Si la loi
n'est pas établie il est difficile
31
d'imaginer une croissance exponentielle d'une composante de
revenu entraînant elle-même une croissance exponentielle du
revenu.
De nombreuses études historiques et contemporaines ont
été réalisées en vue de saisir le rôle des
exportations sur la croissance économique. La littérature
économique récente a apporté plus d'éclaircissement
sur la relation entre les exportations et la croissance économique que
la littérature historique.
L'analyse des travaux économétriques
menés par Tamaschke en 1980 à propos des Etats de Victoria et des
Nouvelles Galles du Sud montre que les exportations des produits agricoles
contribuèrent de façon significative directement au PIB de ces
deux Etats et de celui de l'Australie en général. Au sens de la
première condition de Kuznets on peut admettre que les exportations de
produits agricoles constituent un secteur moteur (l'impulsion autonome et la
contribution directe à la croissance). Ce rôle moteur n'est
cependant évident que si on ajoute les effets indirects : les effets de
liaison découlant des moyens de transport et des chemins de fer
principalement.
Dans son étude sur le commerce extérieur et la
croissance économique en France et en Grande-Bretagne, Kindle berger
(1961) souligne que les exportations des produits agricoles peuvent stimuler la
croissance ou la ralentir. Ce ralentissement peut provenir de la « loi du
commerce extérieur décroissant ».
Abdelkader Sid (1988) montre que l'Egypte et le Chili n'ont
pas pu bénéficier d'un développement harmonieux
grâce à leurs avantages comparatifs en produits agricoles à
l'expansion du secteur agricole (principalement le blé) pour le chili et
pour l'Egypte (principalement le coton) contrairement au Costa Rica
(principalement le café). Ces deux premiers pays ne sont pas
arrivés à développer une industrie manufacturière
efficace à cause de la faible qualification de la main d'oeuvre, de la
faiblesse des capitaux provenant des pays plus développés et une
corruption accrue des dirigeants.
Examinant la relation de corrélation entre la
croissance économique et les exportations, Michaely (1977) et Balassa
(1978) ont utilisé à cet effet le coefficient de
corrélation de rang de Spearman. En effet, pour un premier ensemble de
pays « non-développés » sur la période
1950-1973, Michaely trouve un coefficient de 0.38, significatif au seuil de 1%.
Pour un autre groupe de 23 pays à revenus (prix constants de 1972)
supérieur à 300 $, il trouve un coefficient de 0.523, par contre
pour les pays les moins
32
développés de cet échantillon il trouve
un coefficient quasi nul et conclut que la croissance économique d'un
pays est impactée par les exportations qu'à partir d'un seuil de
revenus.
S'inspirant des études antérieures [Michaely
(1977) ; Balassa (1978) ; Tyler (1981)], Feder construisit deux fonctions de
production, une pour le secteur d'exportation agricole et l'autre pour le
secteur domestique pour tenir compte des externalités d'exportation pour
un échantillon de 31 pays dont 19 sont définis comme pays
semi-industrialisés et 22 marginalement semi industrialisés au
sens de Chenery (1980) sur la période 1964-1973. Les résultats de
son estimation en coupe transversale montrent que l'augmentation des
exportations des produits agricoles agit positivement sur l'augmentation du
PIB. Il confirme le fait que la productivité des facteurs dans le
secteur des exportations des produits agricoles est supérieure à
celle du secteur domestique et que ce différentiel n'est dû qu'aux
externalités. Mais RAM (1987) vérifie la robustesse et la
fiabilité de cette estimation en coupe transversale. Il estime ce
modèle en série temporelle et trouve que le modèle n'est
stable ni dans le temps ni dans un groupe des pays.
Rodrigue (1987) étudiant 19 pays de l'OCDE (Allemagne
de l'Ouest, Belgique, Canada, Danemark, Espagne, États-Unis, Finlande,
France, Grèce, Irlande, Italie, Japon, Norvège,
Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède, Suisse et
Autriche.), de 1966 à 1983, à partir des tests en coupe
instantanée, affirme que la croissance des pays de l'OCDE semble avoir
été stimulée de façon significative à la
fois par le taux de croissance des exportations des produits agricoles et par
celui des investissements. En ce qui concerne la contribution des exportations
agricoles en général, un accroissement d'un point de pourcentage
dans leur croissance est associé à une expansion de 0.15 point de
pourcentage dans la croissance du PIB. Ce résultat est comparable
à ceux qu'a obtenus Balassa (1985) pour un groupe de 43 pays en voie de
développement, pour lesquels chaque point de pourcentage de croissance
dans les exportations est associé à 0.15-0.22 point de
pourcentage d'accroissement dans le taux de croissance du PIB.
Wei (1993) utilise deux bases de données à un
niveau urbain : la première comprend 434 villes pour la période
1988-1990, la seconde, 74 villes pour 1980-1990 pour analyser l'effet des
exportations des produits agricoles sur la croissance des villes chinoises et
l'effet de diffusion. Wei observe que leur croissance a été
tirée par les exportations agricoles pendant la période 1980-1990
et par l'investissement étranger pendant la période 19881990.
33
Erfani (1999) a examiné la relation entre la
performance des exportations des produits agricoles et celle de la croissance
économique entre 1965 et 1995 dans plusieurs pays d`Asie et
d`Amérique Latine. Le résultat a montré une relation
positive et significative entre ces deux variables. L`étude a
avancé aussi des hypothèses selon lesquelles l'exportation des
produits agricoles va entraîner une croissance économique
forte.
Pour Emery, 1967 ; Michaely, 1977 et Zamfir 2016 en Afrique
subsaharienne. Ces auteurs ont fait une étude en Afrique centrale,
australe, de l'ouest et de l'est ont démontré que les
exportations des produits agricoles ont un effet négatif sur la
croissance économique dans ces sous-régions.
Vohra (2001) a étudié la relation entre les
exportations des produits agricoles et celle de la croissance économique
pour l'Inde, le Pakistan, les Philippines, la Malaisie et la Thaïlande de
1973 à 1993. Le résultat a indiqué que l'exportation des
produits agricoles a un impact significatif sur la croissance économique
si un pays atteint un certain seuil de développement.
Lezona (2005) a tenté d'analyser l'impact des
exportations des produits agricoles sur la croissance économique du
Congo sur la période 1972-2002 à partir d'un modèle
économétrique (modèle à correction d'erreur) qui
prend en compte, aussi bien, les effets de court terme et de long terme. Les
résultats obtenus de l'estimation révèlent que les
exportations des produits ont une influence positive mais non significative sur
la croissance économique.
De même, Subasat (2002) a analysé les liaisons
empiriques entre l'exportation des produits agricoles et la croissance
économique pour les pays en développement. L'analyse a
montré que les pays plus orientés vers les exportations
agricoles, comme les pays à revenu moyen voient leur croissance
économique augmenté plus vite que les pays relativement faibles
en termes d'exportation. L'étude a montré aussi que la promotion
des exportations des produits agricoles n'entraine pas forcement des impacts
significatifs sur la croissance économique, notamment dans les pays
à faible revenu.
Akilou (2009) étudiant l'effet de l'instabilité
des exportations des produits agricoles sur la croissance économique du
Togo de 1960 à 2005, trouve qu'à court terme, les exportations
ont un effet positif sur la croissance économique au seuil de 10%.
34
Samirina et Adamson (2013) ont examiné la relation
entre exportations des produits agricoles et croissance économique au
Madagascar. L'analyse économétrique sur la
période sous-revue montre qu'un accroissement de l'exportation de 10%
entraîne une croissance économique de 0.95%.
Plusieurs autres études ont été
réalisées et ont prouvé que l'effet des produits agricole
sur la croissance peut être négatif et que des pays comme le
Nigéria, la Côte d'Ivoire, le Ghana, etc. exportateurs de produits
agricoles ont pu être victimes du syndrome hollandais. Cependant d'autres
travaux empiriques récents ont relativisé les conclusions portant
sur l'effet des exportations de produits agricoles sur la croissance
économique. En effet, Mehlum et al. (2006), Snyder (2006),
Brunnschweiler (2008) ont montré que l'effet des produits agricoles sur
la croissance n'est pas forcément négatif, mais dépend de
la qualité des institutions. Ainsi, si les pays ont
développé de bonnes institutions, la dépendance aux
produits agricoles facilite la croissance économique. Par ailleurs,
Stijns (2005), Brunnschweiler et Bulte (2009) et Lederman et Maloney (2008)
suggèrent que les résultats de régression sur la
croissance qui montrent un effet négatif des produits agricoles ne sont
pas robustes aux changements de spécification du modèle et/ou
à la définition de la dépendance aux produits
agricoles.
Michaely (1977) a étudié la corrélation
entre une variable de croissance des exportations des produits agricoles et une
variable de croissance des revenus. L'objectif de ce type d'étude
était de montrer la supériorité en termes de croissance
d'une politique de promotion des exportations des produits par rapport à
une politique de substitution des importations des produits agricoles. Ainsi,
à partir d'un échantillon de 41 pays en développement pour
la période (1950-1973), Michaely (1977) trouve un coefficient de
corrélation de Spearman de 0,38 significatif à 1% entre le taux
de croissance de la part des exportations des produits agricoles dans le
produit national brut (PNB) et le taux de croissance du PNB par tête.
Toujours dans l'intérêt de souligner l'importance
des exportations des produits agricoles dans le processus de la croissance,
Honoré Lezona (2005) a fait une étude pour analyser l'impact des
exportations des produits agricoles sur la croissance économique sur la
période 1972-2002 au Congo. Cette étude prend en compte les
principales réformes économiques et sectorielles entreprises au
Congo Brazzaville. Il a ainsi été amené à mettre en
relief les facteurs favorables de la croissance économique, par le biais
des exportations
35
des produits agricoles, et notamment, à déceler
les obstacles qui freinent cette croissance. En ce qui concerne la
méthode d'analyse utilisée, elle consiste à estimer un
modèle de croissance qui fait recours à la fois, à la
théorie du commerce international et à une fonction de
production. Six variables (PIB par tête, formation brute du capital fixe,
termes de l'échange, exportations pétrolières,
exportations agricoles et instabilité politique) ont été
utilisées dans ce modèle économétrique
(modèle à correction d'erreur) qui prend en compte, aussi bien,
les effets de court terme et de long terme. Les résultats obtenus de
l'estimation révèlent que les exportations
pétrolières et les exportations agricoles ont une influence
positive mais non significative sur la croissance économique. Par
contre, l'instabilité politique pèse négativement sur les
performances économiques. Seynabou Diallo (2001) avait observé
des résultats similaires en faisant une étude intitulée
« Exportation et croissance économique au Sénégal :
Une analyse empirique ». De l'ensemble de ce qui précède
nous pouvons retenir que les exportations des produits agricoles constituent
une source importante de la croissance économique.
Par ailleurs, l'autre variable explicative de la croissance
que je vais prendre en compte dans ce cadre reste les importations. Elle fera
l'objet d'étude de la partie suivante
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