LA SYRIE
La relation franco-syrienne depuis 2000
Par Line Abd Rabbo
Dirigé par Meriem Mehadji
2
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
Résumé (Français):
La France et la Syrie sont deux pays qui ont connu une
relation irrégulière, avec beaucoup de hauts et de bas.
Historiquement, les deux pays étaient liés par le mandat
français sur la Syrie donné à la France par la SDN
(Société des Nations) après la Première guerre
mondiale. La relation franco-syrienne a dû faire face aux changements
géopolitiques mondiaux, aux différentes présidences
françaises, faisant objet de ruptures et de continuités pour
enfin basculer dans la crise syrienne qui va entièrement remodeler la
politique étrangère française à l'égard de
la Syrie.
Mots-clés:
Syrie, France, Liban, relations, ruptures, ONU (Organisation
des Nations Unies), UE (Union Européennes), MAE (Ministre des Affaires
étrangères), services de renseignements, guerre, paix, dialogue,
géopolitique, région, terrorisme, danger, crise, humanitaire,
réfugiés, politique, réformes, isolement,
ingérence, bilan, diplomatie, printemps arabe...
Title : The Syrian-French relations since year
2000.
Abstract:
France and Syria are two countries who have had a political
relationship filled with ups and down. Historically, the two countries were
linked due to the French mandate on Syria given to France by the League of
Nations after the First World War. The Syrian-French relationship had to face
many geopolitical changes, different French presidencies with breaks and
continuities before tragically shifting into the Syrian crisis that will
completely change the French foreign policy towards Syria.
Keywords:
Syria, France, Lebanon, relations, breaks, United Nations,
European Union, Foreign affairs minister, intelligence services, war, peace,
dialogue, geopolitical, region, terrorism, danger, crisis, humanitarian,
refugees, policy, isolation, interference, diplomacy, arab spring...
3
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
Remerciements
Dans un premier temps je voudrais remercier ma directrice de
mémoire Madame Meriem Mehadji, pour ses conseils de rédaction
précieux, sa patience, sa disponibilité, et son soutien qui m'ont
permis d'alimenter ma réflexion. Sa culture générale et sa
passion pour la matière est inspirante et constitue une source de
motivation pour beaucoup d'élèves.
Je remercie également l'équipe pédagogique
de l'école HEIP responsables de ma formation pour m'avoir assuré
une bonne base théorique, ainsi que notre directrice Madame LeBeguec
pour sa disponibilité et sa patience envers ses élèves.
Je tiens également à exprimer ma reconnaissance aux
personnes suivantes pour leur aide dans la réalisation de ce
mémoire :
Georges Malbrunot, écrivain et
journaliste français qui a accepté de me rencontrer afin de
discuter du sujet de mon mémoire et de me conseiller sur les
différents angles à aborder dans mon travail.
Mohammad Abou Dalleh, chargé d'affaires
au Consulat syrien en France, qui m'a ouvert les portes du Consulat afin que
j'effectue un stage très enrichissant qui nous a permis à
plusieurs reprises de discuter des relations franco-syriennes.
Mes camarades de classe, pour leurs
encouragements, leur conseils et leur aide afin qu'on puisse tous donner un
travail exemplaire.
Mes parents, pour leur soutien constant et leurs
encouragements tout au long de ma rédaction.
A tous ces intervenants, je présente mes remerciements,
mon respect et ma gratitude.
4
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
Table des matières
REMERCIEMENTS 3
TABLE DES MATIÈRES 4
INTRODUCTION 6
PREMIÈRE PARTIE : LA RELATION CHIRAC - ASSAD
10
CHAPITRE 1 : LE COACHING DE CHIRAC 11
La France soutient la modernisation syrienne 12
Des réformes dans l'éducation 13
Des réformes économiques et financières
14
CHAPITRE 2 : LA RUPTURE : L'AFFAIRE HARIRI 17
Le rapprochement franco-américain 18
Un assassinat sophistiqué et des accusations
arbitraires 20
CHAPITRE 3 : UNE RUPTURE PARTIELLE DES RELATIONS FRANCO-SYRIENNES
22
L'isolement de la Syrie 22
La Syrie, un pays incontournable pour les occidentaux
23
Instabilité et violences au Liban 26
DEUXIÈME PARTIE : UNE AMITIÉ
RETROUVÉE AVANT UN BASCULEMENT REMODELANT
RADICALEMENT LA RELATION FRANCO-SYRIENNE
(2008-AUJOURD'HUI) 28
CHAPITRE 1 : UNE TENTATIVE DE RELANCE DES RELATIONS
FRANCO-SYRIENNES 28
Une relation donnant-donnant 29
La lune de miel 30
CHAPITRE 2 : LE PRINTEMPS ARABE ET LA CRISE SYRIENNE DE 2011, UN
CHAOS DIPLOMATIQUE. 32
Le début de la fin 33
Une ingérence avouée ? 36
Un chaos interne 37
CHAPITRE 3 : UN CHANGEMENT RADICAL DE LA POLITIQUE
ÉTRANGÈRE FRANÇAISE À L'ÉGARD DE LA SYRIE
38
Le dossier syrien au Quai d'Orsay 38
La crise des réfugiés syriens et son impact sur
l'Europe 40
La situation actuelle des relations franco-syriennes
41
CONCLUSION 42
BIBLIOGRAPHIE 44
OUVRAGES 44
MALBRUNOT Georges ; CHESNOT Christian, Les Chemins de Damas.
Le dossier noir de la
relation franco-syrienne. Robert Laffont, Paris, 2014.
44
RAIMBAUD Michel, Les guerres de Syrie, Glyphe, 2019.
44
BELLIOT François, Guerre en Syrie, Volume 1, SIGEST,
2015-2016. 44
KLEIB Sami, SYRIE, Documents secrets d'une guerre
programmée, Les points sur les i,
2019. 44
GUINGAMP Pierre, Hafez El Assad et le parti Baath en Syrie,
L'Harmattan, 1996. 44
BELHADJ Souha ·l, La Syrie de Bachar Al Assad, Belin,
2013. 44
5
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ZISSER Eyal, Commanding Syria, I.B Tauris, 2007. 44
DONATI Caroline, L'exception syrienne, entre modernisation et
résistance, La
Decouverte, 2009. 44 FEUERSTOSS Isabelle, la Syrie et la
France. Enjeux politiques et diplomatiques, Paris,
L'Harmattan, 2013. 44 TANNOUS Manon-Nour, Chirac, Assad
et les autres, PUF (Presses universitaires de
France), 2017. 44
ARTICLES DE PRESSES 45
AYAD Christophe, BARTHE Benjamin,L'été
où la France a presque fait la guerre en Syrie,
Le Monde, 13 février 2014. 45
BAUCHARD Denis, France- Syrie : Une relation en dents de
scie, Boulevard Extérieur, 4
décembre 2017. 45 BOLTANSKI Christophe et JAUVERT
Vincent, Sarkozy et son ami Bachar Al Assad, Nouvel
observateur, 27 octobre 2011. 45
DAOU Marc, Sarkozy et Assad, une amitié
franco-syrienne contestée, France24, 09
décembre 2010. 45 LARROUTUROU Paul, Trente ans de
relations complexes entre les présidents syriens et
français, le Monde, Proche-Orient, 29 avril 2011.
45 NOUGAYREDE Natalie, La diplomatie française peut-elle se
reconstruire ?, Le Monde, 23
février 2011. 45 RIOLS Yves-Michel, Laurent Fabius
: s'allier avec Bachar al-Assad serait une impasse, Le
Monde, 2 octobre 2015. 45 Articles en arabe tirés
des archives du quotidien syrien Al Watan à Damas (exemple en
Annexe 3). 45
SITES WEB 45
https://www.senat.fr/ga/ga76/ga762.html
45
https://docassas.u-paris2.fr/nuxeo/site/esupversions/c01c878b-2226-40b1-
b5f0-15aa82d367ac?inline 45
https://www.vie-publique.fr/chronologie/chronos-thematiques/soixante-dix-ans-
relations-franco-syriennes.html 45
ANNEXE 1 46
ANNEXE 2 47
ANNEXE 3 48
ANNEXE 4 49
6
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Introduction
« L'humanité devra mettre un terme à la
guerre, ou la guerre mettra un terme à l'humanité » -
John Fitzgerald Kennedy (1919-1963)
« Le régime frappe à nouveau sur la ville
d'Alep et fait une centaine de morts et plusieurs blessés,
l'armée syrienne libre affronte l'armée du dictateur [...]
»
Combien de fois avons-nous entendu ces phrases à la radio
au réveil ?
La guerre frappe la porte syrienne en 2011, suite aux
événements du printemps arabe qu'ont fait tombé les
régimes d'Afrique du Nord (Egypte, Libye, Tunisie). La situation
humanitaire s'avère catastrophique, faisant de la Syrie le pays le plus
dangereux au monde.
Ce sujet me tient particulièrement à coeur car
j'ai moi même, fuit la guerre en 2012 afin de m'installer en France.
C'est un sujet que j'avais envie d'aborder depuis un moment, la France et la
Syrie sont les deux pays où je me sent chez moi. En parallèle de
mon stage dans le consulat syrien à Paris, le fait d'étudier dans
cette profondeur la relation entre ces deux pays m'aura
énormément enrichie. Néanmoins, j'ai rencontré
beaucoup de difficultés au cours de mes recherches, notamment sur la
question de la crise syrienne qui reste un sujet sensible qui peut etre
abordé et interprété de plusieurs manières
différentes. Les articles se contredisaient souvent mettant en avant des
positions et des avis complètement opposés. Par
conséquence, une recherche très longue a été mise
en oeuvre tout en prenant en compte la complexité du sujet qui à
mes yeux, peut être approfondi davantage.
La Syrie a une histoire unique dans sa région, c'est un
territoire de transition au carrefour de plusieurs mondes : la
Mésopotamie, la Méditerranée, l'Inde, l'Egypte, l'Asie
mineure... Damas fait partie des plus anciennes capitales du monde constituant
une mosaïque de religions et de croyances qui cohabitent depuis des
siècles.
7
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
La Syrie, en arabe Suriya, est situé sur la
côte orientale de la mer Méditerranée, avec des
frontières terrestres qui donnent sur Israël, la Jordanie, le
Liban, la Turquie et l'Iraq (Carte en annexe).
Elle a été sous tutelle de l'Empire Ottoman puis
sous mandat français donné par la Société des
Nations après la Première guerre mondiale en 1918.
La Syrie obtient son indépendance en avril 1947, et
enchaîne les dictatures militaires instables. Hafez Al Assad, ministre de
la défense à l'époque prend le pouvoir avec un coup d'Etat
en 1970 en évinçant le général Salah Jdid et
structure son pays en se basant sur un seul parti politique, le parti
Baas.
H.Kissinger sur Hafez Al Assad : « Aussi prudent que
passionné, aussi réaliste qu'imbu d'idéologie
».
Hafez Al Assad a réussi à faire de la Syrie une
puissance régionale incontournable sur le principe de primauté
absolue de l'Etat. Son culte de personnalité est omniprésent :
sur les billets, sur les murs des villes, dans la presse, dans les
bureaux...
Hafez Al Assad va consacrer une grosse partie du budget de
l'Etat au renforcement de l'armée (40%). La famille Assad devient un
réseau et une base stable dans le pouvoir, ce qui explique la succession
dynastique.
La maladie touche Hafez Al Assad vers la fin des années
90, et la question de la succession émerge d'une façon brutale.
Il va associer son fils ainé Bassel aux affaires de l'Etat. Bassel prend
en 1991 le commandement de la Garde présidentielle et se construit une
excellente réputation. Ses portraits étaient déjà
sur les murs des villes, le peuple syrien connaissait déjà son
prochain président.
Le 21 Janvier 1994, Bassel Al Assad meurt dans un accident de
la route et la question de succession est à nouveau ouverte. Parmi ses
frères et soeurs, Bachar Al Assad était l'enfant timide,
réservé, qui a choisi de faire des études d'ophtalmologie
à Londres.
Son père lui annonce qu'il lui succédera le 2
mars, il va donc l'entrainer et le préparer à prendre le pouvoir.
Hafez Al Assad meurt le 10 juin 2000 après trente ans au pouvoir.
8
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
La France et la Syrie ont de nombreux désaccords depuis
longtemps, principalement sur le conflit israëlo-palestinien. La Syrie
s'inscrit dans « le front du refus » 1 , c'est à dire qu'elle
refuse de normaliser ses relations avec Israël et soutien la
résistance palestinienne en finançant les groupes radicaux tel
que le Hezbollah et le Hamas.
Une partie du territoire syrien a été pris par
Israël, le Golan syrien fait encore aujourd'hui, l'objet d'une rancoeur
profonde envers l'Etat hébreu.
Néanmoins, on trouvait une forme de respect entre le
président français Jacques Chirac et Hafez Al Assad.
Chirac reconnaît que : « Pour insaisissable
qu'il fût, et à bien des égard durs et implacables, j'ai
toujours eu le sentiment de voir en Hafez Al Assad un homme de parole et un
interlocuteur sincère dans son désir de dialogue avec la
France2. »
Dès l'arrivée au pouvoir de Bachar Al Assad, la
France a misé sur sa capacité de leadership et l'avait
encouragé pour sa modernité et son ouverture d'esprit.
Il ne faut pas l'oublier, c'est la France qui a
fabriqué la Syrie moderne sous son mandat après la
Première Guerre mondiale, elle devrait donc avoir toutes les cartes en
mains pour comprendre le terrain syrien.
Le couple franco-syrien a connu une relation tumultueuse, avec
beaucoup de hauts et de bas, des rapprochements, des tensions, des
réconciliations, de l'hostilité, de la haine, mais surtout une
relation avec une curieuse continuité. Un « mouvement
sinusoïdal entre des phases positives et négatives »
semble être « la seule constante des relations
franco-syriennes » 3 .
La France et la Syrie ont toujours eu besoin l'un de l'autre,
la France constituait pour la Syrie une alternative à la domination
américaine, et la France ne peut pas mener une politique au Proche
Orient sans Damas.
1
2
Zakaria TAHA. Syrie. De Boeck, 2013, p. 66-68
Chemins de Damas, Georges MALBRUNOT, Christian CHESNOT, p. 17
3 Manon-Nour TANNOUS. Un bilatéralisme de levier : les
relations franco-syriennes sous les deux mandats de Jacques Chirac
(1995-2007)
9
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
Dans sa thèse, Manon-Nour Tannous, a
élaboré la notion de « bilatéralisme de levier
» pour décrire la relation franco-syrienne, entièrement
dépendante d'autres paramètres régionaux et
internationaux.
La tutelle que possède la Syrie au Liban lui est
chère, elle a toujours voulu garder un contrôle sur le territoire
libanais depuis la guerre du Liban dès années 70. Pour la France,
la souveraineté du Liban était cruciale.
Dès son arrivée à la présidence
française, Jacques Chirac compte nouer une relation avec la Syrie qu'il
sait incontournable. Bachar Al Assad, novice en politique avec une image de
réformateur arrive au pouvoir, et Rafic Hariri, le meilleur ami de
Chirac, devient chef du gouvernement au Liban en même temps. Une
opportunité en or s'ouvre à Chirac pour essayer d'aider le Liban,
sous tutelle syrienne, à obtenir sa souveraineté.
Ainsi, on se demandera : Comment la relation
franco-syrienne, avec toutes ses ruptures et continuités, a-t-elle
évoluée sous les mandats des différents présidents
français ? La diplomatie française a-t-elle bien
géré le dossier de la crise syrienne ?
Au cours de années 2000, une relation saine entre Assad
et Chirac s'établit (Première partie, Chapitre 1) avant de
laisser place à des événements majeurs qui viendront
changer la donne dans la région (Première partie, Chapitre 2). A
partir de là, la relation franco-syrienne dépendra
entièrement des réactions des deux présidents face
à ces événements. On observera une volonté
française d'isoler et d'affaiblir la Syrie après la complication
des événements au Liban en 2005 (Première partie, Chapitre
3).
Les relations ne reprennent qu'avec l'arrivée de
Nicolas Sarkozy qui sortira la Syrie de son isolement (Deuxième partie,
Chapitre 1) avant qu'elle ne sombre dans une guerre qui durera presque une
décennie où la relation entre Paris et Damas semble très
loin de se remettre sur ses pieds (Deuxième partie, Chapitre 2).
On essayera d'apporter une explication à cette relation
mouvementée qui finalement est le fruit des changements de politique
étrangère des différents présidents
français. On essayera par la suite de positionner la France dans la
crise syrienne afin de comprendre non seulement le déclenchement du
drame syrien, mais également la gestion du dossier syrien par la
diplomatie française (Deuxième partie, Chapitre 3).
10
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
Première Partie: La relation Chirac -
Assad
La relation entre le président français Jacques
Chirac et le président syrien Hafez Al Assad était pas plus
qu'une relation de respect. Après la mort du raïs syrien, Hafez Al
Assad, en 2000, on se demandait à l'Elysée si le président
français de l'époque, Jacques Chirac devait se présenter
aux obsèques. Beaucoup étaient réticents à
l'idée de la présence d'un président français aux
obsèques d'un dictateur au Proche Orient. Malgré cette
réticence4, Chirac s'envole pour Damas, étant le seul
président occidental aux obsèques, aux cotés du Hezbollah,
de Yasser Arafat5, et d'autres leaders arabes. Jacques Chirac et
Bachar Al Assad se rencontrent pour la première fois en 1999, à
l'Elysée, le jeune syrien n'avait aucun pouvoir dans le gouvernement
syrien et Chirac lui avait réservé un accueil digne d'un
véritable chef d'état. Son image à l'Occident était
une image d'un chef d'état jeune et moderne prêt à s'ouvrir
aux occidentaux.
Bachar Al Assad, contrairement à son père,
voulait se rapprocher de son peuple et suscite un espoir chez les syriens en
leur promettant des réformes politiques et économiques.
Face à cette ouverture d'esprit, Chirac estime que le
président syrien, encore novice en politique aura besoin d'aide pour
l'ouverture de son pays au monde entier (Chapitre 1). Le Liban était
sous tutelle syrienne depuis 1989, et Chirac voyait l'arrivée de Bachar
Al Assad comme une opportunité pour son ami Rafic Hariri, Premier
ministre libanais, vivant sous cette tutelle. Les relations entre Jacques
Chirac et Bachar Al Assad étaient sur une bonne voie et la Syrie
commençait à se moderniser et s'ouvrir au monde. Un
événement majeur en 2005 va interrompre les relations
franco-syriennes, voire les rompre, en partie. L'assassinat de Rafic Hariri va
entraîner chez Chirac une colère sans nom et les syriens seront
pointés du doigt les premiers. Chirac ne comptait pas laisser passer
l'assassinat de son ami Hariri comme si de rien n'était, il va tout
faire pour isoler diplomatiquement la Syrie, coupable aux yeux des
français (Chapitre 2).
4 «Polémique sur le déplacement de Jacques
Chirac à Damas», Les Echos, 24 juin 2000.
5 Connu sous «Abou Ammar», était un activiste et
homme d'Etat palestinien qui a lutté pour la cause de libération
palestinienne.
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
Chapitre 1 : Le coaching de Chirac
Bachar Al Assad effectue une visite officielle à Paris
en 2001 où il a été récompensé de la
légion d'honneur par Jacques Chirac.
Selon la Grande Chancellerie de la légion d'honneur :
« La remise de la Légion d'honneur à un chef d'État
étranger correspond à un usage diplomatique institué par
Napoléon lui-même. Dans ce cas, elle accompagne la politique
étrangère de la France et illustre l'existence de relations entre
les deux pays ».
Bachar Al Assad qui reçoit
la légion d'honneur par Jacques Chirac .
6
Rafic Hariri entretenait des bonnes relations avec son voisin
Bachar Al Assad, c'est lui qui encourage son ami français Chirac
à soutenir ce nouveau président syrien, tout comme il l'avait
encouragé pour aller aux obsèques de son père, Hafez Al
Assad.
Tout commençait bien entre Paris et Damas (1), Chirac
participait à l'ouverture et la modernisation de la Syrie à
travers une bonne relation diplomatique et des réformes
6 Source :
https://www.lemonde.fr/blog/filiu/2017/10/29/macron-assad-et-lhonneur-de-la-france/
11
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
(§2-3) qui vont permettre à Bachar Al Assad de
bien commencer son voyage en tant que chef d'état avant d'être
frappé par tous événements majeurs, l'occupation de
l'Irak, l'assassinat de Hariri et le plus grave, l'éclatement de la
crise syrienne en 2011.
La France soutient la modernisation syrienne
La France fut le premier et le seul pays occidental à
soutenir le programme réformateur en Syrie.
Chirac place la Syrie au coeur de sa politique
étrangère au Proche Orient et va créer des liens
privilégiés avec le nouveau président syrien, en endossant
un rôle de mentor, acceptant par là une demande qui lui avait
été faite par Hafez avant de mourir : « Bachar est comme ton
fils, tu devras donc le traiter comme tel ».
Bachar Al Assad, novice en politique, auprès de sa
femme Asma qui dégage un style entièrement occidental et
élégant donnaient une image très positive aux
occidentaux.
Jacques Chirac prend Bachar Al Assad, novice en politique,
sous son aile. Le système syrien était sous forte influence
baassiste7 avec une administration corrompue et un entourage
présidentiel identique à celui du père Al Assad. Chirac
estime que Bachar Al Assad aura besoin d'aide pour débloquer et
réformer ce système ancien.
Le président Chirac ne tarda pas à envoyer des
consultants administratifs, des professeurs, des banquiers et bien d'autres
cerveaux afin de soutenir les réformes syriennes.
Au début de son mandat, plusieurs prisonniers
politiques sont libérés, les uniformes militaires dans les
écoles sont supprimés, et le ministres de l'éducation
devient indépendant dans ses prises de décisions.
La liberté d'expression revenait petit à petit
dans le pays du Levant, des débats publics sont organisés, et un
journal satirique voit le jour : le Canard enchainé oriental
est lancé (Al Domari8) par un caricaturiste syrien.
Le président assistait souvent aux expositions du célèbre
caricaturiste Ali Ferzat et l'invitait parfois à critiquer
l'assemblée du peuple.
7 Le parti Baas (ou Baath) syrien date de 1947, c'est une
doctrine qui combine le socialisme arabe, la laïcité et le
nationalisme panarabe qui s'oppose à l'ingérence
étrangère dans les affaires intérieures.
8 Le caricaturiste est forcé à s'exiler en 2003
sous pression des services syriens
12
13
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
Le président syrien ne perd pas de temps et fait
revenir beaucoup de cadres et de professionnels éduqués en France
qui occuperont un poste important dans le pays comme par exemple Nibras el-
Fadel, ancien polytechnicien et énarque, qui devient conseiller
économique de Bachar al-Assad en 2003, ou encore Amer Moujtahed, cadre
francophone et francophile de la compagnie de téléphonie
Syriatel, qui devient secrétaire général du
gouvernement.
Bachar Al Assad avait une volonté forte de
réformer son administration, fortement basée sur le modèle
baassiste, mais ne voulait pas changer les fondements du régime. Oui
pour les réformes, non pour un changement, oui pour la modernisation
mais pas pour la démolition du modèle en vigueur dans le pays.
Bien qu'il soit enclin à la modernisation et aux réformes, il ne
tarda pas à faire face aux obstacles intérieurs et
extérieurs qui entravaient ses aspirations.
Des réformes dans l'éducation
Bachar Al Assad, fasciné par la prestigieuse
école française l'ENA, a demandé au président
français Chirac de construire une école similaire à Damas.
Il voulait construire en Syrie une école pour créer une
génération de haut fonctionnaires qui pourront participer aux
réformes du pays avec une administration solide. La directrice de l'ENA
à Paris, Marie -Françoise Bechtel s'en charge aussitôt de
la mission.
L'INA 9 ouvres ses portes pour la rentrée
universitaire de 2003 avec une cinquantaine d'étudiants suivant une
formation très similaire à celle dispensée en France
où sont enseignés le droit public, les relations internationales
et la finance publique. Ceci n'était encore jamais arrivé au
Moyen Orient.
Un master « droit des affaires internes et
internationales » a été créé grâce
à un partenariat entre l'Université Paris II et
l'Université de Damas. Ce diplôme a fait l'objet d'un soutien
financier du Sénat et du programme européen Tempus. Ce
master, ouvert en 2005, accueille chaque années entre 20 et 25
étudiants. Ceux-ci doivent disposer d'une licence de droit et
maîtriser la langue française.
9 l'Institut national d'administration, fondée en 2002,
est une école à Damas ayant pour mission de former des hauts
cadres de la fonction publique syrienne.
14
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
Plusieurs autres masters ont été ouverts :
« management-sécurité-environnement », «
restauration architecturale et urbaine », « informatique »,
« français langue étrangère », sachant que tous
les masters sont issus de partenariats entre des universités syriennes
et françaises.
Deux écoles françaises sont ouvertes en Syrie
dans la fin des années 90, le lycée français d'Alep et le
lycée Charles de Gaulle de Damas10, le lycée à
Damas est également nommé « L'Ecole française de
Damas » et enseigne le programme français de la petite section
à la terminale.
Ces deux établissements ont permis de conserver la
francophonie en Syrie. Les élèves étaient de
nationalités différentes, les élèves syriens se
mélangeaient aux élèves français, et les
francophones pouvaient également prendre des cours d'arabe.
Chaque année, le lycée français de Damas
organisait un événement pour fêter la francophonie
où les élèves faisaient des prestations en français
: des sketchs, des chansons, des poèmes, des danses... Le programme
enseigné étaient identique à celui enseigné en
France, ainsi que le système de notation et le déroulement des
examens.
Il y'avait, en 2015, environ un millier de français
demeurant en Syrie dont la plupart sont binationaux ou mariés avec des
personnes de nationalité syrienne.
L'établissement à Alep a fermé en 2012 et
a été en grande partie détruit à cause de la
guerre, l'établissement à Damas a vu la rupture de sa convention
avec le ministère de l'éducation en 2011 mais a réussi
à persévérer avec l'investissement des parents
d'élèves et reste aujourd'hui un lycée «
homologué » comme établissement français de
l'étranger.
Des réformes économiques et financières
Toujours à la demande de Bachar Al Assad, la France
gère les réformes financières afin de permettre au
gouvernement syrien de mieux gérer son budget et ses dépenses
publiques.
Paris envoie un conseiller en 2003, Bernard Pêcheur qui
propose d'unifier le budget de l'Etat en trois budgets différents : un
budget pour l'armée et les services de
10
https://www.lcdgdamas.fr
15
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
renseignements, un budget d'investissements, et un budget de
fonctionnement. Le conseiller propose également de créer une
direction du Trésor afin de pouvoir piloter la réforme bancaire
et ouvrir un département chargé de collecter l'impôt des
entreprises publiques. Bachar Al Assad approuve les conseils de Pêcheur
et décide de mener le projet afin de rééquilibrer le
budget syrien et avancer dans les réformes financières.
Après la mise en oeuvre du projet Pêcheur, les
résultats sont remarquables et ont permis un début
d'assainissement des finances publiques : l'impôt sur les
sociétés a été abaissé de 60 à 28% et
la collecte des impôts a été centralisée en 2006 et
la part des impôts dans les recettes budgétaires bondit de 10% en
2003 à 26% en 201111.
Après ce succès, la France n'hésite pas
à donner un coup de main dans d'autres grandes réformes telle que
la fin de la monopolisation bancaire qui a marqué la modernisation
syrienne.
Le parti Baas, depuis ses débuts, avait un
système bancaire monopolisé par l'Etat avec une organisation
vieillissante et archaïque qui remonte aux nationalisations de 1963. Le
siège de la Banque centrale syrienne, place des sept-fontaines à
Damas, est l'archétype de l'architecture soviétique des
années 50, un immeuble grisâtre en béton sinistre et
froid12.
L'économie syrienne ne disposait donc pas d'un
système de financement correct et il fallait moderniser le
système monétaire en urgence.
Les progrès ont vu le jour avec le coup de pouce de la
France qui a permis une ouverture au secteur privé et la mise en place
d'une régulation bancaire.
Plusieurs experts sont venus du ministère
français des Finances et du FMI (Fonds monétaire international)
pour dépoussiérer les méthodes archaïques.
Selon la conseillère économique et commerciale
à Damas, le taux d'investissements augmente et les opérations
monétaires et bancaires sont revues à la hausse, et le
marché de changes est réorganisé et le marché de
crédit, en particulier à la consommation, s'est notablement
développé sous l'impulsion des offres commerciales des
nouvelles
11
12
Les Chemins de Damas, Christian Chesnot, Georges
Malbrunot, p.86 Les Chemins de Damas, Christian Chesnot, Georges
Malbrunot, p. 86
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
banques. On a également pu constater un afflux en Syrie
de fonds en provenance des États du Golfe.
La progression dans la réforme du système
bancaire en Syrie rencontre toutefois quelques handicaps tels que : la lenteur
des réformes de la banque centrale qui doit notamment mettre en place un
marché de la dette, ou encore rémunérer les
dépôts, l'absence d'instruments de refinancement, l'importance des
transactions en espèces, et l'inexistence de financements en devises
étrangères.13
Afin de permettre une modernisation complète, il
fallait informatiser le système de gestion des opérations et
reconfigurer l'ensemble des circuits financiers, mais « cela signifiait
une transparence dans les transactions financières, et cela, le
régime syrien n'en voulait pas car ainsi, car on aurait soulevé
le couvercle sur les opérations de blanchiment, de corruption et de
financement du clan Assad. Donc pas question d'y toucher » annonce avec
regret un expert français affecté au siège de la banque.
En fin de compte, l'informatisation ne sera jamais mise en oeuvre.
Néanmoins, le président syrien Bachar Al Assad,
avec un coup de main français, atteint son objectif : briser le monopole
de l'Etat sur le système bancaire, réouvrir des
établissements privés ainsi qu'une Bourse de valeurs
inaugurée le 8 mars 2003. C'est ainsi que les banques voient le jour en
2004.
Le clan Assad contrôle les circuits financiers et
privés de l'économie syrienne et les hommes d'affaires
travaillent à leur service. On assiste alors à une
économie directement liée au pouvoir avec des banques
affiliés à des membres du clan Assad.
Plusieurs entreprises françaises ont investi en Syrie.
On peut citer, en particulier, Total, qui exerce sur place des activités
d'exploration/production. La compagnie aurait investi plus d'un milliard et
demi de dollars depuis son implantation en 1988. Dans le secteur
agro-alimentaire, les fromageries Bel produisent sur place des fromages fondus
et vise aussi les marchés voisins, en particulier le Liban et la
Jordanie. Parmi les autres entreprises françaises présentes sur
le marché, on notera le groupe de cigarettes Altadis, Alcatel, ou encore
Accor.
13 Site du Sénat :
https://www.senat.fr/ga/ga76/ga762.html
16
17
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
Cependant, la présence française sur place reste
encore insuffisante, les Syriens n'autorisaient pas les établissements
étrangers de détenir plus de 49% de leur capital, ceci bloquera
par la suite la tentation des banques étrangères à
s'implanter sur le marché syrien. Seules les banques, BEMO (Banque
européenne du Moyen Orient, dont crédit agricole est actionnaire)
et Saudi Fransi ont réussi à s'implanter en Syrie.
Bachar Al Assad était et est toujours entouré de
corrompus, comme son cousin Rami Makhlouf, il reconnait leurs escroqueries et
leur corruption. Le président a toujours été
également entouré de baassistes issus de l'ancien régime
de Hafez Al Assad, les ambitions du jeune président syrien à
l'ouverture du pays restent bloquées dans la corruption et dans l'ombre
d'un régime baassiste, archaïque et sévère. Pour
réformer correctement, le président syrien avait besoin de cadres
expérimentés syriens, or la plupart avaient fui le pays lors du
règne de son père. Comment remplacer les anciens cadres issus du
régime baassiste s'il n'y a pas des personnes compétentes et
modernes pour les remplacer ?
Ce qui ennuyait la France, c'était la lenteur des
réformes, elles étaient peu ou pas appliquées, Chirac
considérait cela comme un mauvais retour d'investissement et un moyen
pour le président syrien de renforcer son pouvoir. En effet, on peut
avancer sur une autre lecture, celle d'une éventuelle stratégie
du président syrien à faire des réformes pour enrichir son
clan et renforcer son pouvoir.
Chapitre 2 : La rupture : L'affaire Hariri
Pendant plusieurs années, le gouvernement syrien
exerçait un contrôle sur le territoire libanais qui limitait la
souveraineté du gouvernement de Beyrouth.
Rafic Hariri était un premier ministre libanais qui
entretenait une relation amicale très forte avec le président
français Jacques Chirac depuis les années 80. Chirac le
considérait comme un frère et l'ex-premier ministre libanais
racontait à son ami Chirac tout se qui se passait au Moyen Orient. Le
sentiment était réciproque, « Chirac, c'est mon meilleur
copain », confie le Libanais à l'une de ses collaboratrices peu de
temps avant sa mort.
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
« Entre la France et la Syrie, il y a Rafic Hariri qui
conseille en permanence Jacques Chirac sur tous les dossiers.
»14
Rafic Hariri est assassiné le 14 février 2005
à Beyrouth (2). Cet assassinat va faire basculer les relations
franco-syrienne dans une méfiance et un rapprochement
franco-américain (1) qui fera peur aux syriens.
Le rapprochement franco-américain
Avant l'assassinat, la Syrie se retrouvait encerclée de
dangers à partir de 2000, la géopolitique régionale
devenait alors inquiétante : A l'Est, les Etats Unis étaient
rentrés en Afghanistan suite aux événements du 11
septembre avant de se tourner vers l'Irak de Saddam Hussein en 2003. A l'Ouest,
la deuxième Intifada éclate et les négociations pour une
paix syro-israélienne sont complètement abandonnés. Pour
Bachar Al Assad, il était hors de question de laisser place à une
extension de l'intervention américaine sur les frontières
syriennes.
Chirac réussit à convaincre le président
syrien pour voter la résolution 1441 qui prévoit des inspections
instructives sur des sites irakiens controversés d'armes de destructions
massives15. Les américains finissent par intervenir en Irak
sans le vote au Conseil de Sécurité de l'ONU et les diplomaties
françaises et syriennes coopèrent. Dès lors, le
président syrien a fermé la frontière syro-irakienne.
Bachar Al Assad coopère, malgré la pression de américains
et livre des listes de djihadistes aux services américains et
arrêtent des combattants étrangers qui transitent par la Syrie. La
Syrie demande aux américains et britanniques de lui fournir des
équipements plus performants pour pouvoir mieux contrôler la
frontière irakienne, ils ne les obtiennent jamais. Les américains
se méfient du gouvernement syrien et semble jouer une partie du
poker.
14 Ibid., p. 79
15 Chemins de Damas, Christian CHESNOT, Georges MALBRUNOT,
p.100
18
19
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
En pleine crise irakienne, Dominique de Villepin16
livre un discours à l'ONU où il mentionne le retrait des troupes
syriennes du Liban, présentes depuis 25 ans sur le territoire libanais
à la demande du Liban en 197517.
Bachar Al Assad tombe des nues et ne comprend pas la position
de la France qui commençait à s'aligner aux Etats Unis. Chirac
voulait que « Bachar Al Assad accepte la présence et la
montée en puissance des américains au Moyen Orient comme une
nouvelle réalité géopolitique et d'agir en
conséquence et ne pas rester immobile pour pas s'isoler ».
Ces mots ont été prononcés par un
diplomate français envoyé par Chirac à Bachar Al Assad en
2003 pour essayer d'avoir des concessions sur le Liban. La réponse
d'Assad ne fut pas plus que des reproches vis-à-vis des
américains et se méfiait d'un complot franco-américain
pour qu'il fasse sortir ses troupes du Liban. Le président syrien refuse
d'agir en fonction des occidentaux, et la confiance commence à diminuer
entre Chirac et Assad avant de disparaitre complètement.
A l'époque, Emile Lahoud était le
président libanais, et Hariri, le premier ministre. Les deux ne
s'entendaient pas et partageaient de nombreux désaccords. Emile Lahoud
était proche de Bachar Al Assad mais son mandat touchait sa fin en 2004.
Faut-il renouveler le mandat d'Emile Lahoud quitte à changer la
constitution libanaise ? C'est le sujet sensible de l'époque.
Bachar Al Assad n'hésite pas à montrer à Chirac qu'il
reste maitre du Liban et va réussir à mettre un coup de pression
pour changer la constitution libanaise et prolonger le mandat Lahoud. La
conjoncture régionale subissait un changement géopolitique avec
l'arrivée des américains et leur projet de remodeler le Moyen
Orient et la Syrie se sentait encerclée de dangers potentiels.
Le choix de Damas était clair, il était inutile
de prendre des risques avec un nouveau président libanais dans un
paysage incertain et dangereux, et afin d'éviter les mauvaises
surprises, le président syrien préférait la prolongation
du mandat d'Emile Lahoud qui arrivait à maintenir un équilibre
dans un pays divisé entre plusieurs communautés qui se font la
guerre en permanence.
16 Ministre des affaires étrangères de la France
à l'époque
17 Guerre civile du Liban (1975-1990) qui oppose les palestiniens
aux chrétiens. L'ancien président syrien Hafez Al Assad envoie
des troupes syriennes à la demande du Liban pour mettre en échec
les ambitions progressistes des palestiniens étant donné que le
Liban manquait d'armée à l'époque.
20
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
A Paris, Chirac est furieux de ce qu'il considère un
« coup de force » sur le Liban et décide de parler avec son
partenaire américain George W. Bush qui devait se rendre en France pour
fêter le soixantième anniversaire du débarquement en
Normandie.
Chirac avait prévue de faire voter une
résolution à l'ONU (1559) pour retirer les troupes
étrangères du Liban avant même le coup de force de Bachar
Al Assad18. Chirac gagne la partie puisque les américains,
ainsi que les russes, acceptent d'aider les français, et la
résolution 1559 des Nations Unies est adoptée par le Conseil de
Sécurité le 2 septembre 2004, une défaite et une grande
déception pour la Syrie.
Rafic Hariri, est assassiné le 14 février 2005,
une grande partie de la communauté libanaise pointe du doigt le
gouvernement de Damas. Une grande manifestation est organisée à
Beyrouth, place des Martyrs pour réclamer la vérité sur
l'assassinat et demander le départ des troupes syriennes. Une autre
manifestation, plus petite, pro-syrienne était organisée avant
celle-ci, le 13 mars. Le Liban se fracture donc en deux camps : les
anti-syriens et les pros-syriens. Quelques jours plus tard, la Syrie annonce
son retrait du Liban après 25 ans d'occupation. Cet assassinat va
entrainer une rupture lourde de conséquences.
Un assassinat sophistiqué et des accusations
arbitraires
Le 14 février 2005, à 12h55, sous le
châssis du véhicule Mercedes 4x4 de Rafic Hariri, étaient
dissimulés l'équivalent de 300 kg de TNT, un puissant explosif
militaire qui explose lors du passage du convoi de l'ancien ministre devant
l'Hôtel Saint-Georges sur la corniche de Beyrouth.
Une explosion qui a provoqué vingt morts et un
cratère de 5 mètres de profondeur et 10 mètres de
diamètre.
Hariri se déplaçait dans un véhicule muni
de radar qui brouillait les mécanismes de mise à feu des
explosifs commandés à distance, les assassins devaient
posséder du matériel de contre-brouillage très
sophistiqué et d'une technologie très moderne.
18 Chirac reconnait dans ses Mémoires ayant
travaillé avec Hariri pour rédiger la résolution 1559 des
Nations Unies avant que ce texte n'aboutisse en 2004.
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
A l'époque, la Syrie n'avait pas les moyens pour
entretenir un tel assassinat avec des moyens militaires. A ce jour, aucune
preuve exacte sur le responsable de ce mystérieux kamikaze n'a
été relevée.
Après la mort de son ami, Jacques Chirac est
submergé de tristesse et de colère. Il demande très
rapidement l'envoi d'une équipe d'experts en explosifs de la DGSE
à Beyrouth.
Paris se rapproche de plus ne plus de Washington, les
intérêts franco-américains s'accordent sur le Liban et le
« Grand Moyen Orient démocratique ».
La conviction et l'accusation de Chirac a été
faite avant même que l'enquête commence : « La décision
a été prise par Assad. Toute autre hypothèse n'a pas de
sens »19 confit Chirac au président Bush lorsqu'il le
rencontre à Bruxelles le 25 février 2005.
A partir de ce moment là, il est hors de question pour
Chirac que le crime reste impuni, son objectif dès ce jour-là
n'était autre que d'affaiblir la Syrie.
Selon des sources diplomatiques citées par le
Washington Post, le président syrien avait promis, dans une lettre
envoyée dimanche à Washington, Londres et Paris, de poursuivre en
justice « sur la base de preuves concrètes » n'importe lequel
de ses concitoyens lié au meurtre de l'ex-Premier ministre
libanais20.
Le ministre de l'information syrien, Mahdi Dakhallah
déclare pour une émission sur France 2 :
« Ces accusations contre la Syrie c'est comme si on
nous accusait d'avoir assassiné John Kennedy, ce sont des accusations
qui frisent la bêtise parce que la Syrie n'a jamais recours à ce
genre de méthodes. »
Damas était affaiblie, surtout après le retrait
de ses troupes du pays de Cèdres, la prochaine étape pour Chirac
était d'enfoncer le clou et de réclamer au Nations Unies une
commission d'enquête internationale. Si les Nations Unies expose
publiquement la culpabilité de Bachar al-Assad, cela permettra
d'affaiblir davantage sa position et favorisera la chute du régime.
19
|
Les Chemins de Damas, Christian CHESNOT, Georges MALBRUNOT,
p.129
|
20Libération, Mort de Hariri, Damas
sommé de coopérer, Laurent MAURIAC
21
22
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
Un juge allemand, Detlev Mehlis, est à la tête de
l'enquête, il commence ses investigations à Beyrouth et commet
l'erreur d'affirmer qu'il a sollicité l'aide d'Israël dans les
investigations, Damas dénonce une politisation de l'enquête. Entre
temps, aucune évolution n'est observé à l'Elysée et
« la DGSE a rapidement vu qu'aucune preuve ne confondrait les Syriens
» confie un des responsables de la DGSE interviewé à
Beyrouth par le journaliste Georges Malbrunot.
En octobre 2005, le rapport de la commission d'enquête
internationale a été remis par le procureur allemand Detlev
Mehlis à Kofi Annan, et confirme les intuitions du chef de l'Etat
français et porte les accusations contre la Syrie21
malgré des maigres et une scène de crime « saccagée.
» 22
On se demande comment ce procureur a bien pu arriver à ses
fins.
Trois semaines après avoir rendu son rapport à
l'ONU, Melhis a insulté et menacé un proconsul syrien logé
au Liban et lui dit : « Écoutez, si vous pensez que vous pouvez
vous échapper, vous vous trompez, nous allons coincer l'argent de votre
famille partout dans le monde, à Dubai notamment. Vous n'aurez plus un
sou ! En revanche, si vous coopérez, si vous nous donnez juste un nom...
Un nom suffit, celui de quelqu'un qui a été impliqué
», mais hélas le proconsul syrien n'avait pas de nom à lui
donner...
Chapitre 3 : Une rupture partielle des relations
franco-syriennes
Chirac avait une volonté de faire descendre le
régime syrien aux enfers (1), mais une collaboration entre les services
de renseignements des deux pays est maintenue (2). Le Liban se retrouve dans
une instabilité sans fin accompagnée d'une escalade de violences
(3).
L'isolement de la Syrie
La capacité de nuisance de Chirac était
tellement importante qu'il était prêt à tout pour isoler
diplomatiquement la Syrie et l'affaiblir jusqu'à ce que le régime
tombe.
21 Jacques CHIRAC, op. cit., p. 511
22
|
Christian CHESNOT, Georges MALBRUNOT, Chemins de Damas, p.
142.
|
23
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
Alain Chouet, directeur général de la
sécurité extérieure, désigne cette vengeance par
une « dimension affective souvent excessive », et « nous conduit
parfois à des positions curieuses, pas toujours bien comprises ni dans
notre intérêt. » La mise à l'écart et
l'exclusion de la Syrie à cause d'une « politique
personnalisée » de Chirac aura des conséquences durables,
dont l'impact se mesure jusqu'aujourd'hui.
Après 2005, un durcissement est noté de la part
de la Syrie, encerclée de dangers, qui veut se montrer protectrice de
ses citoyens.
L'isolement de la Syrie et son éloignement des
français et des américains va également se traduire par un
rapprochement syrien encore plus fort de l'Iran pour lui permettre de garder sa
place au niveau international auprès de son allié régional
puissant après l'affaire Hariri qui a créé un
éloignement et une méfiance vis-à-vis des occidentaux. La
France va se trouver des nouveaux partenaires stratégiques dans la
région dont la Turquie, les pays du Golfe voire même l'Iran, mais
elle va néanmoins garder une relation spécifique avec la Syrie
basée notamment sur la lutte antiterroriste.
La Syrie, un pays incontournable pour les occidentaux
A partir de 2003, de nombreux jeunes français passaient
par la Syrie pour aller faire le djihad en Iraq contre les troupes
américaines, l'aide de la Syrie pour les surveiller et les capturer
était essentielle. Un grand nombre de djihadistes sont ensuite
envoyés en France pour leur jugement.
En 2008, la France de Nicolas Sarkozy intensifie la
coopération antiterroriste entre les deux pays.
Les services français relayaient à la CIA
américaine la bonne foi des services syriens dans la lutte
antiterroristes.
Certes les relations politiques et diplomatiques
étaient terminés entre Paris et Damas, mais les relations
économiques et culturelles étaient maintenues, malgré les
lobbys antisyriens du Quai d'Orsay, les écoles françaises en
Syrie étaient ouvertes, et la société françaises de
téléphonie Alcatel a maintenu sa coopération avec le
pouvoir syrien.
24
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
En effet, du matériel français, notamment des
systèmes d'écoutes est livré par des
sociétés privées françaises, le matériel
profitera également au Liban et sera utilisé pour d'autres
fins.
En 2009, le matériel français, chargé
à traqué les communications des « ennemis syriens » va
permettre le démantèlement d'un énorme réseau
d'espions pro-israéliens au Liban23, inutile de
préciser que ces livraisons de matériels suscitent un
mécontentement chez les autorités israéliennes.
La coopération entre les services secrets syriens et
français ont toujours bien fonctionné, notamment sur l'axe de la
lutte antiterroriste, même après l'assassinat de Rafic Hariri. Un
agent de la DCRI témoigne24 : « On continuait de faire
de la politique par le biais des services, et pas seulement dans la lutte
contre les djihadistes.
Les Syriens nous disaient : «Quand vous souhaiterez
revenir à la table des discussions, pas de problèmes, nous serons
là». »
L'aide des services syriens fut précieuse et
incontournable pour les français, mais les syriens ne le faisaient pas
gratuitement, en échange, ils voulaient la fin de l'isolement politique
après l'assassinat de Hariri.
Le président Bachar Al Assad, dans un entretien pour un
auteur dans le Figaro affirme qu'aucun contact entre les services de
renseignement sera repris tant que Paris n'aura pas changé sa politique
à l'égard de la Syrie : « Toute sorte de coopération,
qu'elle soit sécuritaire, militaire ou même économique, a
besoin d'un accord politique. Nous ne pouvons pas avoir une collaboration
sécuritaire avec n'importe quel Etat lorsque les intérêts
politiques sont en contradiction. »
Deux délégations, une de la DGSE et une de la
DCRI se dépêchent un mois plus tard à Damas pour essayer
d'avoir des concessions auprès de Ali Mamlouk25. Ils
étaient dupes de penser qu'ils pouvaient obtenir ce qu'ils voulaient
auprès de Mamlouk, les français demandaient une
coopération des services secrets syriens concernant les djihadistes et
après ils parleront politique.
23 Chemins de Damas, Georges MALBRUNOT, Christian CHESNOT,
p.164
24 Chemins de Damas, Georges MALBRUNOT, Christian CHESNOT,
p.176
25 Un responsable dans les services syriens, qui figure sur la
liste noire des Etats Unis et des Européens
25
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
Sauf que cette proposition ne plait pas à Ali Mamlouk,
il va donc poser des conditions : « On reprendra contact avec vous sans
problèmes, à partir du moment où vous rouvrez l'ambassade
et rétablissez les relations diplomatiques avec la Syrie, et il faut
également que la France agisse auprès de son partenaire saoudien
pour que ce dernier arrête de financer et d'envoyer en Syrie des armes et
des djihadistes.» La France ne pouvait pas se plier aux conditions de
Mamlouk.
En février 2010, à la demande du
président syrien, Ali Mamlouk va rencontrer, auprès du
vice-ministre des affaires étrangères syrien, Daniel Benjamin, le
coordinateur de la lutte antiterroriste américaine. Les
américains, toujours déployés en Iraq vont demander
à la Syrie de ralentir l'afflux des combattants étrangers qui
veulent aller faire le djihad en Iraq pour affronter les troupes
américaines. La Syrie accepte la requête américaine et
très peu de combattants réussissent à transiter par la
Syrie pour arriver en Iraq, le vice-ministre des affaires
étrangères syrien va demander une réduction des sanctions
américaines sur la Syrie afin que la Syrie ne soit plus sur la liste des
pays soutenant le terrorisme.
Au cours de l'année 2010, Damas va donc intensifier
cette diplomatie « sécuritaire »26 pour essayer de
sortir de son isolement. Les contacts vont s'établir également
avec la Grande Bretagne sur la lutte antiterroriste. La Syrie connait bien le
système terroriste et a eu beaucoup de succès concernant la lutte
antiterroriste parce qu'ils connaissent les différentes écoles et
les différentes fractions islamistes (wahhabites, salafistes,É),
ils peuvent distinguer la tendance religieuse d'un imam qu'avec sa façon
d'expliquer l'islam. Ali Mamlouk va convaincre ses homologues britanniques pour
leur apprendre à faire ces distinctions de différents courants
musulmans et leur expliquer la stratégie de lutte antiterroriste. En
échange, les syriens ont demandé à Londres du
matériel et des systèmes d'écoute sophistiqués.
Paris et Damas ont donc, dans le plus grand secret, pu
maintenir une relation de diplomatie «sécuritaire» entre leurs
services de renseignements respectifs, avant que la guerre éclate en
2011.
26 Georges MALBRUNOT, Christian CHESNOT, p.185
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
Instabilité et violences au Liban
Après l'assassinat de Hariri, une inquiétude et
une instabilité est observée chez les libanais qui s'en sortent
d'autant plus meurtris et divisés.
Au Liban, le 12 juillet 2006, un conflit éclate entre
les forces israéliennes et le Hezbollah, suite à la capture de
deux soldats israéliens par le Hezbollah. Les combats prennent fin aux
termes d'un accord négocié avec Israël et le Liban
après le vote d'une résolution de l'ONU. En 34 jours, la guerre
fait près de 1 400 morts, dont 1 200 côté libanais. On
observe un renforcement du Hezbollah et d'autres milices, ce qui va faire
plonger Beyrouth dans une vague de violences et d'explosions accompagnée
d'une instabilité politique et des divisions encore plus importantes
qu'auparavant.
Saad Hariri, fils de Rafic Hariri cherche très
certainement à venger son père, et Jacques Chirac le
reçoit à l'Elysée et s'engage à assurer sa
réussite en politique. Le 7 juin 2009, le camp anti-syrien dirigé
par Saad Hariri remporte les législatives et le 27 juin il est
nommé Premier ministre.
Evidemment, la famille Hariri et ses partisans libanais ont
accusé auprès de la France, les Etats Unis et la plupart des
occidentaux le gouvernement syrien dans l'assassinat de Rafic Hariri.
Pourtant, dès le début de son arrivée en
fonction, Saad Hariri va se rendre en Syrie pour une visite de deux jours
où il va être chaleureusement accueilli à Damas et va
serrer la main d'Assad afin de mettre le passé conflictuel
derrière eux et discuter des enjeux de la région pour une
amélioration des relations entre le Liban et son voisin.
27
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
Photo : Le Premier ministre libanais Saad Hariri accueilli par
le président syrien Bachar Al-Assad, le 19 décembre 2009,
à Damas.27
Cette poignée de main a eu lieu avant même que le
Tribunal spécial pour le Liban ne rende le verdict sur l'affaire Hariri.
Cette normalisation des relations entre la Syrie et le Liban peuvent
s'expliquer en partie par le rapprochement récent entre la Syrie et
l'Arabie Saoudite, un allié indéniable de Saad Hariri, qui lui
fait partie de la famille royale Saoudienne.
Certains estiment que l'Arabie Saoudite aurait choisi de se
rapprocher de la Syrie en 2009 pour l'éloigner de l'Iran, d'autres
estiment que le nouveau président américain Obama souhaite
reprendre le dialogue avec l'axe Syrie-Iran à travers l'Arabie
Saoudite.
En 2009, Bachar Al Assad et le roi Abdallah se rencontrent
plusieurs fois dans le contexte d'une conciliation entre pays arabe et pour
proposer des solutions au difficultés observées au Moyen Orient
telles que la situation politique au Liban, le dossier nucléaire en Iran
voire même le conflit israélo-palestinien.
Avec l'arrivée du président américain
Obama, du nouveau président Sarkozy en France, ainsi que le
rapprochement avec le Liban et l'Arabie Saoudite, la Syrie semble sortir de son
isolement, elle accepte le dialogue mais ne change pas sa politique
étrangère (soutien aux palestiniens, liens avec l'Iran et le
Hezbollah) et se montre comme l'élément stabilisateur de la
région.
27 Photo prise du site internet de rfi :
http://www.rfi.fr/contenu/20091219-poignee-main-historique-entre-bachar-el-assad-saad-hariri
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
Deuxième Partie: Une amitié
retrouvée avant un
basculement remodelant radicalement la
relation
franco-syrienne (2008-aujourd'hui)
L'arrivée de Nicolas Sarkozy à la
présidence française est un tournant majeur dans les relations
franco-syriennes qui reprendront de plus belle après l'accord de
Doha28 en 2008 avec une succession de rencontres entre les deux
présidents. Le 14 juillet, Bachar al-Assad assiste parmi d'autres chefs
d'État étrangers au défilé militaire du 14 juillet
à Paris, une visite fortement contestée par Laurent Fabius qui
estimait que le président Assad n'avait pas sa place au
défilé (Chapitre 1). Entre 2008 et 2010, Paris et Damas vivent
leur lune de miel, les relations commencent à d'autant plus se
stabiliser. Un mouvement nommé le printemps arabe29
frappe le Moyen Orient en 2011, la Syrie en est devenue victime et plonge dans
une guerre sanglante qui l'isole à nouveau avec un bilan diplomatique et
humanitaire lourd, avec des conséquences internes chaotiques (Chapitre
2).
Chapitre 1 : Une tentative de relance des relations
franco-syriennes
Kushner30 : « Le rôle de la Syrie est
primordial dans la région. »
Chirac, après son mandat souhaitait que le nouveau
président français, Nicolas Sarkozy garde une bonne relation avec
Saad Hariri, fils de Rafic Hariri.
28 Cet accord est négocié à la suite des
combats qui ont éclaté au Liban entre le 7 et le 14 mai 2008 en
raison de la crise politique provoquée par l'absence d'exécutif
depuis novembre 2007 et la fin de mandat d'Emile Lahoud.
29 Le terme « printemps arabe » désigne une
vague de révoltes dans les pays arabes, ce terme est comparé au
« printemps des peuples » de 1848. Ce sont des contestations
populaires qui dénoncent la dictature, la corruption et la
pauvreté. Le mouvement à commencé en Tunisie en 2010 avec
le renversement du président Zein Abdin, le président
égyptien fut renversé par la suite, puis le président
libyen Khaddhafi fut également renversé et tué. Les
révoltes commencent en Syrie en mars 2011.
30 Désigné ministre des affaires
étrangères et européennes par Sarkozy de 2007 jusqu'en
2010.
28
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
En effet, Sarkozy et Chirac ont reçu Saad Hariri
à l'Elysée et Hariri a déclaré que la discussion
avec les présidents français s'était très bien
passée.
Un premier pas dans les relations franco-syriennes est
observé lors de la visite de Sarkozy à Damas en Septembre 2008
(2).
Une rencontre s'est effectuée entre le président
syrien et français et leurs ministres des affaires
étrangères à Istanbul pour débattre sur la question
méditerranéenne (l'Iraq et les villes voisines).
L'invitation de Bachar al-Assad au 14 juillet marquait
également une rupture avec la politique vis-à-vis de Damas mise
en place par le précédent occupant de l'Élysée
(1).
Une relation donnant-donnant
Le président syrien Al Assad s'est mis d'accord avec
Claude Guéant31 et Jean David Levitte32 à
propos des élections libanaises qui devraient selon eux, se
dérouler librement selon les choix des citoyens libanais.
Le président Sarkozy et le président syrien
Bachar Al Assad étaient convaincus qu'avec leur coopération, ils
pourraient participer à une union libanaise afin que les libanais
puissent élire librement leur président en respectant la
constitution libanaise et sans intervention étrangère, par
conséquent une relation basée sur la bonne volonté de la
Syrie.
Le ministre des affaires étrangères de Sarkozy,
Bernard Kouchner avait promis de faire une visite à Damas si les
élections libanaises se passent comme prévus. Walid Moualem,
ministre des affaires étrangères syrien a lui aussi, promis
d'ouvrir une ambassade syrienne au Liban après l'élection du
président libanais ainsi que l'établissement de frontières
(ouvrir une ambassade au Liban sous entend une reconnaissance de la
souveraineté libanaise). Il considère que le rôle de la
Syrie est très important dans la région et par conséquent
très important au Liban.
31 Un haut fonctionnaire français et homme politique,
à l'époque ancien directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy.
32 Conseiller diplomatique des deux présidents, Chirac et
Sarkozy.
29
30
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
La Syrie choisit de coopérer et ouvre une ambassade
libanaise en Syrie et une ambassade syrienne au Liban.
Bernard Kouchner promettait une meilleure relation
franco-syrienne si et seulement si la Syrie ne met aucun obstacle dans le
déroulement des élections libanaises, selon lui, la France a
besoin de garantie. Selon des sources diplomatiques européennes,
personne n'est dupe, et tout le monde sait que la page du passé n'est
qu'à moitié tournée. La politique étrangère
de la France vis-à-vis de la Syrie dépendait toujours du Liban,
l'enfant gâté de la France.
On a vu dans la partie précédente que les
services de renseignements français et syriens coopéraient
malgré l'isolement dans lequel se trouvait la Syrie. Avec
l'arrivée de Sarkozy les relations entre les deux services secrets vont
se renforcer faisant place à une relation amicale rompue depuis quatre
ans.
La lune de miel
Bachar Al Assad dans un entretien avec France 3 :
« La Syrie est toujours ouverte au dialogue avec la
France et une coopération franco-syrienne dans la région serait
pertinente car les deux pays partagent les mêmes intérêts
que ceux du Moyen Orient, et l'Europe peut jouer un rôle important dans
la région à travers la France également. »
Il ajoute : « La présidence de Nicolas Sarkozy
insiste sur la paix au Proche Orient, et cela permet de relancer les relations
franco-syriennes dans une nouvelle ère grâce a une nouvelle
politique réaliste et pragmatique française. »
Nicolas Sarkozy a aussi déclaré dans un
entretien33 au quotidien syrien Al Watan que le chemin
menant à la paix au Proche-Orient passait par « la France et la
Syrie », lors de sa première visite en tant que chef d'Etat
occidental à Damas depuis cinq ans. « La Syrie est un grand pays
qui peut apporter une contribution irremplaçable au règlement des
problèmes au Proche-Orient. Il est essentiel qu'elle joue un rôle
positif dans la région », affirme Sarkozy.
33 Entretien tiré du journal quotidien Al Watan
syrien, rédigé par Waddah ABD RABBO, éditeur en chef,
publié le 3 juillet 2008
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
« C'est bien dans la voie de la coopération que je
vois l'avenir franco-syrien », souligne le président
français, qualifiant l'amitié entre les deux pays de «
richesse inestimable que nous devons à tout prix préserver.
» Les deux dirigeants ont profité de cette nouvelle entente pour
évoquer les dossiers chauds de la paix avec Israël et du
nucléaire iranien. Les négociations de paix entre la Syrie et
Israël étaient cantonnées à des discussions
indirectes parrainées par la Turquie, à Ankara. En ce qui
concerne la question nucléaire iranienne, une divergence est apparue
entre les deux présidents, l'un est hostile à l'arme
nucléaire iranienne, et l'autre estime que le Proche Orient devrait
être débarrassé de tout arme nucléaire (allusion
claire à Israël) et évidemment, le président syrien
ne souhaite pas perdre son allié stratégique de la région.
Sarkozy s'était rendu pour la première fois en Syrie en 1999 pour
y passer une semaine de vacances avec son ex-femme.
En 2008, il effectue une visite qualifiée de «
politique » à Damas, la première visite d'un
président occidental en Syrie depuis 2002. Il a été
reçu à l'aéroport par le ministre des affaires
étrangères syrien, Walid Moualem qui l'a accompagné au
Palais du peuple pour sa rencontre avec le président syrien Bachar Al
Assad.
Sarkozy était accompagné du chef de la
diplomatie française Bernard Kouchner et d'une importante
délégation économique. Le lendemain, le président
Sarkozy rend visite a la communauté française en Syrie au
Lycée Charles de Gaulle de Damas pour son inauguration.
Photo : Nicolas Sarkozy à l'Ecole française de
Damas, accompagné de sa délégation34.
34Photo prise par Ammar ABD RABBO, photographe
franco-syrien.
31
32
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
Lors de l'inauguration du lycée français de
Damas, Sarkozy ainsi que sa délégation étaient
accompagnés du ministre Bernard Kouchner, du ministre de
l'éducation syrien Ali Saad, de l'ambassadeur français à
Damas Michel Duclos et les membres de l'ambassade française.
Le président a fait un tour de l'établissement
et des salles de classe où le programme français est suivi
à la lettre par des professeurs de qualité. Le président
Sarkozy a adressé ses remerciements au gouvernement syrien pour
promouvoir la culture francophone en Syrie qui permet de maintenir des
relations culturelles entre les deux pays. Il a également ajouté
que la France soutient la Syrie au Golan et offrira son soutien
également dans les négociations syriennes et israéliennes
afin d'obtenir la paix entre les deux pays.
La France, la Syrie, la Turquie et le Qatar se
réunissent dans le cadre d'un sommet quadripartite regroupant les quatre
chefs d'états afin de discuter sur les problèmes de la
région et améliorer les relations économiques et
politiques entre les quatre pays.
Sarkozy était un très cher ami du Qatar, ainsi
que Bachar Al Assad, et les relations avec la Turquie étaient à
l'époque amicales, tout était en place pour retrouver la paix au
Proche Orient. Comment, trois ans plus tard, la Syrie a-t-elle plongé
dans la pire crise de son histoire ?
Chapitre 2 : Le printemps arabe et la crise syrienne de 2011,
un chaos diplomatique.
L'année 2011 sera l'année de terreur pour les
pays arabes qui traversent une vague de protestations et de révoltes qui
fait tomber les gouvernements autoritaires en place (1).
Plusieurs régimes sont tombés dans le nord de
l'Afrique (Egypte, Tunisie, Libye) mais après huit ans de guerre
acharnée, le régime syrien est toujours en place. La guerre en
Syrie a été en grande partie orchestrée par une
ingérence étrangère (2-3), mais le régime en place
avait des problèmes internes non-négligeables. La Syrie connait
aujourd'hui un isolement diplomatique sans précédant avec une
crise interne qui plonge le pays dans une crise économique, sociale,
politique qui semble impossible à résoudre (4).
33
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
Le début de la fin
Entre décembre et janvier 2011, Mohammed Bouazizi, un
jeune vendeur tunisien, proteste contre la saisie de sa marchandise par la
police à Side Bouzid en Tunisie. Cet événement
créer une vague de contestations qui se propage jusqu'à gagner
Tunis.
Le président, Zein ElAbidin Ben Ali, au pouvoir depuis
1987 s'enfuit et se réfugie en Arabie Saoudite. Un gouvernement
provisoire est mis en place en mars 2011 avec des nouveaux ministres.
La Tunisie est le seul pays arabe qui a parvenu à
établir une transition démocratique. Les tunisiens élisent
au suffrage universel, en décembre 2014, leur président Beji
Caïd Essessbi, mort le 25 juillet dernier.
Durant cette même période, en janvier 2011,
plusieurs manifestations se sont enchaînées en Egypte, la
première s'est tenu au Caire à Place de Tahrir pour
réclamer la chute du régime égyptien de Hosni Moubarak, en
pouvoir depuis 1981. Le président égyptien quitte le pouvoir un
mois plus tard, en février 2011 et le pouvoir est
transféré à l'armée. C'est le plus grand mouvement
populaire que l'Egypte ait jamais connu. L'Egypte connait entre 2011 et 2014
une parenthèse démocratique qui va très vite s'essouffler
lors de l'arrivée au pouvoir du président égyptien actuel
Al-Sissi qui va mener une répression sanglante contre les frères
musulmans et les islamistes du pays. L'Egypte a connu beaucoup d'attentats
djihadistes et reste aujourd'hui un pays instable.
En février 2011, les manifestations se multiplient en
Libye réclamant le départ du colonel Kadhafi, au pouvoir depuis
1969. La police libyenne mènent des répressions et en
conséquence l'ONU impose son embargo sur la Libye et en particulier sur
le clan Kadhafi et une résolution onusienne va autoriser le recours
à la force en mars 2011 pour la protection civile avec des frappes
aériennes contre les forces du gouvernement libyen. La coalition
internationale intervient militairement, les Etats Unis, le Royaume Uni ainsi
que la France vont bombarder l'armée de Kadhafi. Ces pays vont s'allier
avec des rebelles qui vont infiltrer et contrôler petit à petit
plusieurs zones jusqu'à arriver à Tripoli et encercler la
résidence du président Kadhafi, Tripoli est prise en août
2011. En octobre 2011, Kadhafi est capturé et tué près de
sa ville natale Syrte.
34
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
En Syrie, tout a commencé dans la ville au sud de la
Syrie, Daraa. Un chef dans les services de renseignements, Atef Najib est
accusé d'avoir kidnappé des enfants et leur avoir arraché
les ongles. Une manifestation de 50 à 75 personnes s'est
organisée dans la ville réclamant la démission du chef
Najib. Tous les vendredis après midi, une manifestation est
organisée, les tensions entre la police et les manifestants se
multipliaient, et les deux camps se lançaient des pierres et des pneus
brûlés, les manifestations étaient maladroitement et
sévèrement réprimées, la violence augmentait au fur
et à mesure des semaines.
Certains manifestants se sont armés, et de là,
les révoltes ont pris une tournure sanguinaire. Les appels à la
révolte se faisaient depuis la mosquée et les révoltes se
sont multipliés dans les villes pour faire chuter le régime de
Bachar Al Assad.
À qui profite de cette guerre ?
Il serait pertinent de rappeler que les frères
musulmans35 ont été durement réprimés
par Hafez Al Assad lors de leur coup d'Etat en 1980. Les frères
musulmans cherchaient sans doute la vengeance auprès d'un régime
qu'il leur est hostile. Le régime syrien « baassiste » ainsi
que l'irakien étaient fortement basés sur le modèle
soviétique, le modèle ennemi des Etats Unis. « A l'issue de
la première guerre d'Irak, Paul Wolfowitz, l'un des grands
prédicateurs de l'idéologie hégémoniste
américaine [É] confie au général Wesley Clark, ex
commandant en chef de l'OTAN : «Il nous reste cinq à dix ans pour
nettoyer ces vieux régimes parrainés par les Soviétiques
avant que la nouvelle hyper-puissance nous défie»36.
»
L'histoire de gazoducs et de pipeline n'est pas en
elle-même l'origine et l'élément déclencheur de la
guerre en Syrie, elle ne reflète qu'un détail, les enjeux de la
guerre sont des enjeux d'abord syriens puis le fruit d'une ingérence
étrangère.
Pour l'expliquer brièvement, en 2009, le Qatar propose
un pipeline de gaz naturel qui passerait par la Syrie et la Turquie pour
arriver en Europe.
35 Les frères musulmans, en arabe al-Ikhwân
al-Muslimûn, possède une idéologie islamique stricte
basés sur la société des frères musulmans
fondé en 1928 en Egypte, elle lutte contre l'emprise occidentale, elle
est considérée comme une organisation terroriste.
36Michel RAIMBEAU, Les Guerres de Syrie,
p.45
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
La Syrie refuse se projet et lance un projet en collaboration
avec l'Iraq et l'Iran pour faire profiter du gaz aux pays de l'Est et refuse
l'accès au Qatar et à l'Arabie Saoudite. Bien entendu, le pays
qui a accès aux gazoducs touche une somme importante de richesse.
Les pays qui ont été touchés par le
« printemps arabe » ont tous un terreau commun, ils sont propices aux
contestations avec la corruption, l'autoritarisme, la répression, un
déficit de libertés pour le peuple, voire la pauvreté ou
les inégalités.
Les monarchies pétrolières sont-ils des pays
démocratiques ? Pourquoi sont-ils épargnés de ces
mouvements révolutionnaires ? Ne sont-ils pas propices à la
contestation ?
En fin de compte, ce sont les pays à forte
identité nationale et moderniste qui sont visés : L'Egypte, la
Syrie, la Tunisie et la Libye.
Ce printemps arabe a-t-il été une
stratégie américaine pour le projet du Grand Moyen Orient ? Les
Etats Unis avaient-ils pour but d'affaiblir les pays arabes aux alentours
d'Israël pour les rendre incapables d'affronter l'Etat hébreu ou
avaient-ils pour but de sauver les peuples arabes des dictateurs pour les aider
à se démocratiser ? Ce sont deux façons de voir les
choses... Essayons de se rappeler des pays qui ont été victimes
d'ingérence étrangère (surtout américaine) l'Iraq,
la Libye, l'Afghanistan, le conflit israélo-palestinien... Les peuples
ont-ils été sauvés par les américains ? Soyons
réalistes, ces guerres n'ont fait que propager davantage le chaos dans
la région.
Pour revenir sur la Syrie, il s'avère que dans la
Ghoutta de Damas37 étaient cachés des tunnels
souterrains, tellement grands qu'on peut deviner qu'ils ont pas
été construits en quelques jours.
Ces tunnels servaient aux rebelles révolutionnaires
pour des passages clandestins, pour cacher des véhicules, des armes.
Par ailleurs, il faudrait clarifier et définir le mot
« rebelles » souvent utilisé dans les médias. Ce n'est
pas un mot facile à définir, les rebelles pour les médias
occidentaux sont considérés comme des manifestants
modérés, en réalité ce sont des personnes, parfois
syriennes mais pour la majorité de nationalités
étrangères qui auront infiltré la Syrie, sûrement
à travers ses frontières pour semer la révolte et
renverser le régime
37 Un oasis avec des grands champs qui entoure la capitale
35
36
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
autoritaire syrien. Ces rebelles sont soutenus par les
occidentaux et les monarchies pétrolières, ce point sera
éclairci tout à l'heure.
Une ingérence avouée ?
Roland Dumas, ancien ministre des Affaires
étrangères de l'ancien président français
Mitterand, témoigne en 201038 :
« C'est très simple, je me trouvais à
Londres pour des affaires et les interlocuteurs avec lesquels j'avais affaires
étaient Anglais [..]. Ils m'ont révélé tout de go,
sans précautions, qu'il se préparait une action en Syrie,
à partir de l'Angleterre, avec des Syriens, des gens du Proche Orient,
ils ne m'ont pas dit lesquels [...] ; cela avait pour but de renverser le
régime ; une fois pour toute il y'aurait la révolution, elle
serait violente et s'en prendrait au gouvernement de Bachar Al Assad, et elle
se déclenchera dans les mois prochains. [...] Les Anglais travaillent
pour les Américains depuis longtemps. D'autres éléments se
sont agrégés, notamment les pays arabes [...] Ils avaient tout
organisé, y compris le remplacement du président syrien [...]
»
En octobre 2017, le Cheikh Hamad Ben Jassem Al Thani (HBJ),
ancien premier ministre et ministre des affaires étrangères du
Qatar se livre dans un entretien avec une télévision
d'Etat39.
Selon HBJ, la Syrie était une proie des pays du golfe,
un plan qatari a été élaboré en coordination avec
la Turquie et les Etats Unis pour intervenir en Syrie. HBJ affirme que ces pays
ont soutenu les groupes armés (Al Nosra par exemple).
Il dit : « L'Arabie Saoudite et le Qatar s'occupaient
de l'armement, de l'entrainement et du financement, Tout était
distribué en passant par la Turquie et par les forces du CIA
américaine. Lorsque Al Nosra est apparue sur la liste des organisations
terroristes le soutien s'est arrêté. »
38Les Guerres de Syrie, Michel RAIMBAUD,
p.51
39 Entretien disponible sur Youtube en arabe sous-titré
anglais :
https://www.youtube.com/watch?
v=o9KASEc-RqM
37
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
Finalement, les puissances étrangères
auraient-elles diabolisé le régime syrien pour faire accepter la
nécessité de la guerre aux opinions publiques comme pour la
guerre d'Iraq en 2003 ?
Le président Bachar Al-Assad et son régime
autoritaire est-il réellement la cause du déclenchement de la
guerre ? Ou est-il celui qui aurait empêché l'expansion des
organisations terroristes dans la région ?
Il serait intéressant d'envisager une étude qui
porte sur l'instrumentalisation de la guerre, l'ingérence
étrangère et la désinformation des médias
occidentaux. Le livre Guerre en Syrie de François
Belliot40 dénonce le mensonge organisé des
médias et des politiques français.
Un chaos interne
Dès le début des mouvements en Syrie, les
syriens se retrouvent divisés entre les pro-Assad et les opposants au
régime syrien. Dans un pays composé de mosaïques de
religions qui cohabitent, des divisions religieuses et une differenciation
entre sunnite et chiite, chrétien et musulman commencent. A petite
échelle, les familles se divisent, les amitiés se rompent, et les
mentalités changent pour le pire.
Une inflation de 1000% frappe la pays avec des prix
multipliés par dix, et des salaires gelés. La pauvreté et
le chômage de masse augmentent de façon considérable.
Les futurs cadres, médecins, ingénieurs quittent
le pays pour trouver un avenir sûr ailleurs, les investisseurs fuient et
les entreprises ferment.
La corruption continue, et les injustices se creusent. Les
riches se sont enrichis et les pauvres se sont appauvris, à quelques
exceptions des personnes qui se sont enrichis avec la guerre.
Toutes les transactions se font en espèces, les
distributeurs ne fonctionnent pas depuis le début de la guerre. Le chaos
économique est tellement grave qu'il prendrait des années
à se résorber.
40 Homme de lettres, auteur de nombreux articles et
études sur le terrorisme fabriqué et les manipulations
médiatiques.
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
Diplomatiquement, la Syrie est isolée, plusieurs
ambassades occidentales ont fermées, mais le soutien des russes et du
Hezbollah vont sauver le régime syrien qui réussira à
rester en place et récupérer 90% de son territoire des
différentes factions terroristes.
Chapitre 3 : Un changement radical de la politique
étrangère française à l'égard de la Syrie
Nous savons qu'entre 2008 et 2010, Paris et Damas vivaient
leur lune de miel sous la présidence de Nicolas Sarkozy, tout bascule en
2011 lorsque la Syrie sombre dans son pire cauchemar. François Hollande
va renforcer la politique d'opposition au régime de Sarkozy (1) et va
participer aux cycles négociations qui échouent les uns
après les autres. Durant ce drame syrien, la France va devoir faire face
à d'autres problèmes internes qui vont toucher plusieurs pays
européens (2). Quelle est la situation actuelle des relations
franco-syriennes ? Cette rupture est-elle définitive ? (3)
Le dossier syrien au Quai d'Orsay
Lorsque les Etats Unis, l'Arabie Saoudite, la Turquie et le
Qatar (meilleur ami de Sarkozy) s'alignent contre le régime de Bachar Al
Assad, logiquement la France n'allait pas s'allier avec le régime syrien
(allié de l'Iran, du Hezbollah et de la Russie).
Le Quai d'Orsay estime que le régime syrien
était en train de « s'écrouler comme un château de
cartes et sa chute est pour très bientôt41. »
En 2012, François Hollande succède à
Sarkozy, et Laurent Fabius succède à Alain Juppé, ancien
ministre des affaires étrangères. Malgré ce changement, la
politique étrangère française à l'égard de
la Syrie reste identique.
41 Chemins de Damas, Georges MALBRUNOT, Christian CHESNOT,
p.310
38
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
Laurent Fabius est animé d'une haine sans limite envers
Bachar Al Assad, selon lui, il « ne mériterait pas d'être sur
cette terre42. » Désormais, l'objectif au Quai d'Orsay
est de trouver une solution politique pour une Syrie sans Bachar Al Assad.
La France de Hollande va faire de l'Arabie Saoudite, son
partenaire au Moyen Orient dans une lettre qu'il envoie au Roi Abdallah qui
confirme leur relation bilatérale. L'Arabie Saoudite, le pays avec le
moins de droits de femmes, où on décapite au sabre les
condamnés à mort en public, ce n'est pas important pour la France
qui s'en accommode facilement.
Pendant l'été 2012, Nicolas Sarkozy va
s'exprimer publiquement : « En Libye, j'ai pris mes responsabilités
et j'ai agi. François Hollande, lui, se dérobe et n'a pas le
courage de faire ce que j'ai accompli dans la crise libyenne43.
»
Face à cette agression, François Hollande va pas
se laisser faire et un règlement de compte commence entre la gauche et
la droite, et face aux paroles de Sarkozy, Hollande va d'autant plus renforcer
son soutien à l'opposition syrienne. Une importante aide
financière et médicale de la part de la France est livrée
à différents conseils révolutionnaires, un
équivalent de 1,5 millions d'euros.
La France refusait de négocier avec le régime
syrien, aucune communication était possible entre les services de
renseignements et la France était donc contrainte de négocier
avec les adversaires du régime pour des informations. Deux ans
après le début du drame syrien, Al Assad est toujours en place,
la France remet les pieds sous la table des négociations.
Plusieurs négociations sont organisés (en
Tunisie, à Genève, à Astana) mais un accord semble
impossible à atteindre, les partis campent sur leurs positions.
La France va continuer de se démener en
dénonçant le régime, en se heurtant au vétos russes
aux Nations Unies, et les Etats Unis vont petit à petit se
détacher du conflit.
Malheureusement, la France va se heurter à plusieurs
obstacles, le terrorisme combattu en Syrie par l'armée syrienne va
frapper la France, et l'immigration en masse des syriens va faire l'objet de
problèmes et de débats en Europe.
42 Chemins de Damas, Georges MALBRUNOT, Christian CHESNOT,
p.322
43 Chemin de Damas, Georges MALBRUNOT, Christian CHESNOT,
p.328
39
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
La crise des réfugiés syriens et son impact sur
l'Europe
« La Syrie est la crise humanitaire et de
réfugiés la plus importante de notre temps. Elle reste la cause
de souffrances pour des millions de personnes et devrait provoquer un
élan de soutien à travers le monde entier44.
»
La convention de Genève de 1951 définit le
réfugié étant : « toute personne qui, craignant
avec raison d'être persécutée du fait de sa race, de sa
religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain
groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a
la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se
réclamer de la protection de ce pays ».
Près de un million de syriens ont pris la courte route
pour aller se réfugier au Liban ou en Turquie, certains ont
réussi à avoir une vie aisée, et d'autres vivent dans des
camps de réfugiés dans des conditions épouvantables.
Envers les syriens, les libanais oscillent entre méfiance, exploitation,
indifférence et cohabitation.
Des milliers de syriens ont perdu la vie en mer en essayant
d'arriver en Union Européenne, et l'Europe connait une forte crise
migratoire en 2015 avec des réfugiés venant des pays
frappés par le terrorisme et la guerre tel que la Syrie (carte en annexe
2).
L'Europe a dû mettre en oeuvre des mesures de protection
et de contrôle des frontières afin de contenir les flux de
migrants. La grande majorité des migrants prenaient la route de la
Méditerranée orientale, c'est à dire traverser la mer de
la Turquie pour arriver en Grèce.
Les pays européens ne parviennent pas à se
mettre d'accord sur l'attitude à adopter et sur la répartition
des migrants dans les pays membres, certains pays sont hostiles aux flux
migratoires, d'autres sont favorables à un système de quotas. Des
accords ont été établis entre l'Europe et la Turquie afin
d'empêcher certains migrants d'arriver sur le continent européen.
La Grèce et l'Italie, du fait de leur position géographique ont
dû gérer énormément de demandes d'asile. L'Allemagne
reste le premier pays d'accueil des réfugiés en Europe, il
accorde l'asile à 445 000 réfugiés en 2016.
44 UNHCR, l'agence des Nations Unies pour les
réfugiés.
40
41
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
En France, l'opinion publique est en faveur de l'accueil des
migrants, François Hollande avait indiqué qu'il était
prêt à accueillir en 2015, 24 000 réfugiés sur deux
ans.
La photo de l'enfant syrien mort sur une plage en Turquie va
entrainer des manifestations dans plusieurs villes françaises pour
soutenir l'accueil des migrants en France. Seul le front national
français, présidé par Marine LePen, est
particulièrement sensible à l'accueil des migrants fuyant les
guerres.
La crise migratoire va susciter des débats en Europe,
notamment sur la sécurité en Europe, la présence de
l'Islam sur un continent chrétien, une méfiance envers les
syriens et d'autres nationalités va se former après les attentats
terroristes en France.
La situation actuelle des relations franco-syriennes
L'idée de faire chuter le régime syrien semble
devenir lointaine pour le gouvernement français. Le régime syrien
a récupéré la majorité de son territoire des mains
des terroristes avec une aide extérieure considérable venant de
la Russie, du Hezbollah, et une aide financière importante de l'Iran, le
grand chiite qui avait peur qu'un régime sunnite se mette en place pour
s'allier à l'Arabie Saoudite.
Le régime syrien et son allié russe sont devenus
les experts en terme de lutte anti-terroriste. Dans la région
syro-irakienne, la menace terroriste reste préoccupante, et le
terrorisme représente également un danger pour la France. Comme
nous l'avons vu dans la première partie, Nicolas Sarkozy
bénéficiait d'une coopération dite sécuritaire avec
les syriens en 2007, un interlocuteur important dans la région pour
lutter contre le terrorisme. Une relation franco-syrienne pourrait renaitre sur
la base de cette même coopération.
Avec l'arrivée de Macron à la présidence
française, celui-ci semble remettre l'ordre des priorités en
désignant le terrorisme islamique comme premier ennemi de la France, et
Bachar Al Assad l'ennemi de son peuple, l'objectif de le renverser ou le
remplacer n'est plus d'actualité, et les dialogues sont encore
figés car le cycle des négociations dans le cadre onusien reste
au point mort.
42
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
Conclusion
Ce mémoire avait pour ambition d'étudier
l'évolution irrégulière des relations franco-syriennes
sous les mandats des différents présidents français ainsi
que la gestion de la crise syrienne par la diplomatie française.
Il a fallu procéder avec un plan chronologique afin de
pouvoir comprendre les différentes ruptures et continuités
auxquelles ont dû faire face Paris et Damas.
Il convenait alors de s'intéresser à la
politique étrangère des trois présidents français,
Chirac, Sarkozy et Hollande qui ont mené chacun une politique
différente à l'égard de la Syrie. Bien entendu, une
politique étrangère est menée selon une adaptation
régulière des circonstances et de la géopolitique de la
région.
D'une part, les relations interétatiques vont
être soumises à des réactions relevant d'une dimension
personnelle, notamment le président Chirac qui s'est laissé
emporté par ses émotions dans sa politique
étrangère après l'assassinat de Hariri.
D'autre part, les relations entre les deux capitales vont
fortement dépendre de facteurs extérieurs, comme la
souveraineté libanaise et les dangers qui entouraient la région
(guerre d'Iraq, conflit isra`lo-palestinien, instabilités au Liban).
On a pu donc observé une véritable relation
sinusoïdale qui a réussi à maintenir une certaine
continuité avant de se rompre complètement après les
révoltes de 2011. Cette continuité est fortement basée sur
une coopération sécuritaire qui a fait l'objet d'une aide
considérable aux occidentaux en terme de lutte contre le terrorisme. Le
terrorisme est désormais un danger international qui touche
également les pays occidentaux, on pourrait donc envisager une reprise
des relations entre Paris et Damas sur un objectif similaire basé sur la
lutte contre le terrorisme.
Afin d'aborder la crise syrienne il a fallu
s'intéresser à différentes facettes du conflit, car il
existe aujourd'hui plusieurs version des faits qui expliquent le drame
syrien.
Il y'a ceux qui sont hostiles au régime de Bachar Al
Assad et tiennent à le renverser afin d'obtenir plus de
démocratie dans le pays, et il y'a ceux qui soutiennent le régime
car selon eux, il aurait permis de vaincre le terrorisme dans la région,
et puis il y'a ceux
43
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
qui sont indifférents, le sujet est donc à
prendre avec des pincettes. Grâce à des recherches approfondies,
le but de cette étude était finalement d'apporter une nouvelle
approche à ce conflit complexe, au mieux de l'éclaircir car il
reste incompris par beaucoup.
Une ingérence étrangère menée
principalement par les pays du Golfe et les Etats Unis est prouvée
aujourd'hui et abordée dans plusieurs ouvrages, elle s'est
essentiellement basée sur un processus qui consiste à convaincre
l'opinion publique de la nécessité de la guerre autour d'une
diabolisation de Bachar Al Assad. Plusieurs responsables diplomatiques
reconnaissent aujourd'hui que la personnalisation du débat autour de
Bachar Al Assad était une erreur45.
Le président Emmanuel Macron semble abandonner
l'objectif de renversement du régime syrien longtemps soutenu par
Hollande, et semble encore moins s'intéresser à une
éventuelle réconciliation entre les deux pays.
Aujourd'hui les ambassades sont toujours fermées en
Syrie, la situation économique et financière se dégrade de
jour en jour, un régime autoritaire est toujours en place, et la Syrie
semble encore loin de résoudre ses crises internes et de sortir de son
isolement international.
Cette recherche n'a porté que sur une région
limitée, celle de la Syrie. Elle pourrait être poursuivie et
enrichie par une étude sur la relation entre la Russie et la Syrie afin
de comprendre l'intérêt que possédait la Syrie
vis-à-vis du modèle soviétique et le soutien
indéniable apporté par les russes dans la guerre syrienne ; ou
bien par une étude sur la relation entre la Syrie et les pays du Golfe,
qui semble également être une relation en dents de scie.
45 Georges MALBRUNOT. «Syrie : le Quai d'Orsay commence
à reconnaître ses erreurs d'analyse». L'Orient indiscret,
Blogs du Figaro, 11 janvier 2017
44
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Bibliographie
Ouvrages
MALBRUNOT Georges ; CHESNOT Christian, Les Chemins de Damas.
Le dossier noir de la relation franco-syrienne. Robert Laffont, Paris,
2014.
RAIMBAUD Michel, Les guerres de Syrie, Glyphe, 2019.
BELLIOT François, Guerre en Syrie, Volume 1,
SIGEST, 2015-2016.
KLEIB Sami, SYRIE, Documents secrets d'une guerre
programmée, Les points sur les i, 2019.
GUINGAMP Pierre, Hafez El Assad et le parti Baath en
Syrie, L'Harmattan, 1996.
BELHADJ Souha ·l, La Syrie de Bachar Al Assad,
Belin, 2013.
ZISSER Eyal, Commanding Syria, I.B Tauris, 2007.
DONATI Caroline, L'exception syrienne, entre modernisation et
résistance, La
Decouverte, 2009.
FEUERSTOSS Isabelle, la Syrie et la France. Enjeux politiques
et diplomatiques, Paris, L'Harmattan, 2013.
TANNOUS Manon-Nour, Chirac, Assad et les autres, PUF
(Presses universitaires de France), 2017.
45
Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019
Articles de presses
AYAD Christophe, BARTHE Benjamin,L'été
où la France a presque fait la guerre en Syrie, Le Monde, 13
février 2014.
BAUCHARD Denis, France- Syrie : Une relation en dents de
scie, Boulevard Extérieur, 4 décembre 2017.
BOLTANSKI Christophe et JAUVERT Vincent, Sarkozy et son ami
Bachar Al Assad, Nouvel observateur, 27 octobre 2011.
DAOU Marc, Sarkozy et Assad, une amitié
franco-syrienne contestée, France24, 09 décembre 2010.
LARROUTUROU Paul, Trente ans de relations complexes entre les
présidents syriens et français, le Monde, Proche-Orient, 29
avril 2011.
NOUGAYREDE Natalie, La diplomatie française peut-elle
se reconstruire ?, Le Monde, 23 février 2011.
RIOLS Yves-Michel, Laurent Fabius : s'allier avec Bachar
al-Assad serait une impasse, Le Monde, 2 octobre 2015.
Articles en arabe tirés des archives du quotidien syrien
Al Watan à Damas (exemple en Annexe 3).
Sites Web
https://www.senat.fr/ga/ga76/ga762.html
https://docassas.u-paris2.fr/nuxeo/site/esupversions/c01c878b-2226-40b1-
b5f0-15aa82d367ac?inline
https://www.vie-publique.fr/chronologie/chronos-thematiques/soixante-dix-ans-relations-franco-syriennes.html
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Annexe 1
JORDANIE
TURQUIE
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Lattaquié
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Horns
LIBA
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Hermon
A DAMAS
I RAI{
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Cd 0
Source : Universalis.fr
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Annexe 2
r
4. Syrie
5. Guinée
7697
4 0 6113
I
2017 · 185 139 (3139)
2018 141472 (2 277)
2019 115 936` (352*)
Les nationalités les plus
représentées Nombre d'arrivées en Europe en
2018
1. Maroc 812751
3. Afghanistan CO 9 601
5. Pakistan L3 7 859
L'immigration en volume
· Arrivées (Décès
et disparitions de migrants)
2014 225 455 (3 538)
2015 1 032 408 (3 771)
2016 373 652 (5 096)
L'immigration
en Europe
Les pays qui accueillent le plus en Europe
Entre octobre 1015 et avril 1018, hors Italie et
Grèce
En nombre de migrants accueillis pour 1 million
d'hab.
1. Luxembourg 911,95
2. Finlande 359,14
3. Malte 353,16
4. Suède 301,18
6. Irlande 211,58
I
...15. France 75,23
SOURCES : UNHCR ET 01M. LP/INFOGRAPHIE AVEC LA CELLULE DATA.
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Annexe 3
Source : Article tiré du quotidien syrien Al Watan, le
titre : La Syrie et la France... vers une confiance nouvelle.
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Annexe 4
Chronologie des événements :
13 décembre 1945 : Evacuation
définitive des forces françaises et britanniques de la Syrie et
du Liban.
17 avril 1947 : Proclamation de
l'indépendance de la Syrie.
21 février 1977 : Voyage du ministre
des affaires étrangères français en Syrie M.Guiringaud
afin d'effectuer des entretiens avec Hafez Al Assad pour discuter des conflits
au Proche Orient : le ministre français approuve publiquement l'aide
apporté par la Syrie au gouvernement libanais.
4 septembre 1981 : Louis Delamare,
ambassadeur de France au Liban est assassiné à Beyrouth. Les
services de renseignement syriens sont pointés du doigt.
Novembre 1984 : François Mitterand,
président de la République française se rend en Syrie.
Octobre 1996 : Voyage de Chirac à
Damas pour discuter avec Hafez Al Assad pour établir un partenariat avec
la Syrie.
Juillet 1998 : Visite de Hafez Al Assad en
France afin qu'il apporte son soutien à une conférence de paix au
Proche-Orient.
10 Juin 2000 : Décès du
président syrien Hafez Al Assad. Chirac était le seul
président occidental aux obsèques.
Fin juin 2001 : Visite de Bachar Al Assad en
France, reçu à l'Hotel de Ville à Paris.
Février 2005 : Attentat explosif sur
la corniche à Beyrouth contre l'ex premier ministre libanais Rafic
Hariri.
Décembre 2007 : Nicolas Sarkozy est
prêt à reprendre les relations avec Damas sous conditions de
coopération avec le Liban.
14 Juillet 2008 : Bachar Al Assad assiste
auprès d'autres chefs d'Etats le défilé du 14 juillet
à Paris.
Septembre 2008 : Visite de Nicolas Sarkozy en
Syrie
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Juin 2011 : Plusieurs membres européens
du Conseil de Sécurité de l'ONU (y compris la France) condamnent
les violences en Syrie du régime, et la Russie et la Chine mettent leur
veto.
Novembre 2011 : Ambassadeur de France en Syrie
Eric Chevallier rappelé en France. Mars 2012 :
Fermeture officielle de l'ambassade de France en Syrie.
19 août 2014 : François Hollande
confirme son soutien à la rébellion syrienne démocratique
avec le financement des armes à l'armée syrienne libre (interview
pour le Monde).
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