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Les relations franco-syriennes depuis 2000


par Line Abd Rabbo
Hautes Etudes Internationales et Politiques (HEIP) - Relations Internationales et Politiques 2019
  

Disponible en mode multipage

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LA SYRIE

La relation franco-syrienne depuis 2000

Par Line Abd Rabbo

Dirigé par Meriem Mehadji

2

Abd Rabbo - Line - Syrie - 2019

Résumé (Français):

La France et la Syrie sont deux pays qui ont connu une relation irrégulière, avec beaucoup de hauts et de bas. Historiquement, les deux pays étaient liés par le mandat français sur la Syrie donné à la France par la SDN (Société des Nations) après la Première guerre mondiale. La relation franco-syrienne a dû faire face aux changements géopolitiques mondiaux, aux différentes présidences françaises, faisant objet de ruptures et de continuités pour enfin basculer dans la crise syrienne qui va entièrement remodeler la politique étrangère française à l'égard de la Syrie.

Mots-clés:

Syrie, France, Liban, relations, ruptures, ONU (Organisation des Nations Unies), UE (Union Européennes), MAE (Ministre des Affaires étrangères), services de renseignements, guerre, paix, dialogue, géopolitique, région, terrorisme, danger, crise, humanitaire, réfugiés, politique, réformes, isolement, ingérence, bilan, diplomatie, printemps arabe...

Title : The Syrian-French relations since year 2000.

Abstract:

France and Syria are two countries who have had a political relationship filled with ups and down. Historically, the two countries were linked due to the French mandate on Syria given to France by the League of Nations after the First World War. The Syrian-French relationship had to face many geopolitical changes, different French presidencies with breaks and continuities before tragically shifting into the Syrian crisis that will completely change the French foreign policy towards Syria.

Keywords:

Syria, France, Lebanon, relations, breaks, United Nations, European Union, Foreign affairs minister, intelligence services, war, peace, dialogue, geopolitical, region, terrorism, danger, crisis, humanitarian, refugees, policy, isolation, interference, diplomacy, arab spring...

3

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Remerciements

Dans un premier temps je voudrais remercier ma directrice de mémoire Madame Meriem Mehadji, pour ses conseils de rédaction précieux, sa patience, sa disponibilité, et son soutien qui m'ont permis d'alimenter ma réflexion. Sa culture générale et sa passion pour la matière est inspirante et constitue une source de motivation pour beaucoup d'élèves.

Je remercie également l'équipe pédagogique de l'école HEIP responsables de ma formation pour m'avoir assuré une bonne base théorique, ainsi que notre directrice Madame LeBeguec pour sa disponibilité et sa patience envers ses élèves.

Je tiens également à exprimer ma reconnaissance aux personnes suivantes pour leur aide dans la réalisation de ce mémoire :

Georges Malbrunot, écrivain et journaliste français qui a accepté de me rencontrer afin de discuter du sujet de mon mémoire et de me conseiller sur les différents angles à aborder dans mon travail.

Mohammad Abou Dalleh, chargé d'affaires au Consulat syrien en France, qui m'a ouvert les portes du Consulat afin que j'effectue un stage très enrichissant qui nous a permis à plusieurs reprises de discuter des relations franco-syriennes.

Mes camarades de classe, pour leurs encouragements, leur conseils et leur aide afin qu'on puisse tous donner un travail exemplaire.

Mes parents, pour leur soutien constant et leurs encouragements tout au long de ma rédaction.

A tous ces intervenants, je présente mes remerciements, mon respect et ma gratitude.

4

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Table des matières

REMERCIEMENTS 3

TABLE DES MATIÈRES 4

INTRODUCTION 6

PREMIÈRE PARTIE : LA RELATION CHIRAC - ASSAD 10

CHAPITRE 1 : LE COACHING DE CHIRAC 11

La France soutient la modernisation syrienne 12

Des réformes dans l'éducation 13

Des réformes économiques et financières 14

CHAPITRE 2 : LA RUPTURE : L'AFFAIRE HARIRI 17

Le rapprochement franco-américain 18

Un assassinat sophistiqué et des accusations arbitraires 20

CHAPITRE 3 : UNE RUPTURE PARTIELLE DES RELATIONS FRANCO-SYRIENNES 22

L'isolement de la Syrie 22

La Syrie, un pays incontournable pour les occidentaux 23

Instabilité et violences au Liban 26

DEUXIÈME PARTIE : UNE AMITIÉ RETROUVÉE AVANT UN BASCULEMENT REMODELANT

RADICALEMENT LA RELATION FRANCO-SYRIENNE (2008-AUJOURD'HUI) 28

CHAPITRE 1 : UNE TENTATIVE DE RELANCE DES RELATIONS FRANCO-SYRIENNES 28

Une relation donnant-donnant 29

La lune de miel 30

CHAPITRE 2 : LE PRINTEMPS ARABE ET LA CRISE SYRIENNE DE 2011, UN CHAOS DIPLOMATIQUE. 32

Le début de la fin 33

Une ingérence avouée ? 36

Un chaos interne 37

CHAPITRE 3 : UN CHANGEMENT RADICAL DE LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE FRANÇAISE À L'ÉGARD DE LA SYRIE 38

Le dossier syrien au Quai d'Orsay 38

La crise des réfugiés syriens et son impact sur l'Europe 40

La situation actuelle des relations franco-syriennes 41

CONCLUSION 42

BIBLIOGRAPHIE 44

OUVRAGES 44

MALBRUNOT Georges ; CHESNOT Christian, Les Chemins de Damas. Le dossier noir de la

relation franco-syrienne. Robert Laffont, Paris, 2014. 44

RAIMBAUD Michel, Les guerres de Syrie, Glyphe, 2019. 44

BELLIOT François, Guerre en Syrie, Volume 1, SIGEST, 2015-2016. 44

KLEIB Sami, SYRIE, Documents secrets d'une guerre programmée, Les points sur les i,

2019. 44

GUINGAMP Pierre, Hafez El Assad et le parti Baath en Syrie, L'Harmattan, 1996. 44

BELHADJ Souha
·l, La Syrie de Bachar Al Assad, Belin, 2013. 44

5

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ZISSER Eyal, Commanding Syria, I.B Tauris, 2007. 44

DONATI Caroline, L'exception syrienne, entre modernisation et résistance, La

Decouverte, 2009. 44
FEUERSTOSS Isabelle, la Syrie et la France. Enjeux politiques et diplomatiques, Paris,

L'Harmattan, 2013. 44
TANNOUS Manon-Nour, Chirac, Assad et les autres, PUF (Presses universitaires de

France), 2017. 44

ARTICLES DE PRESSES 45

AYAD Christophe, BARTHE Benjamin,L'été où la France a presque fait la guerre en Syrie,

Le Monde, 13 février 2014. 45

BAUCHARD Denis, France- Syrie : Une relation en dents de scie, Boulevard Extérieur, 4

décembre 2017. 45
BOLTANSKI Christophe et JAUVERT Vincent, Sarkozy et son ami Bachar Al Assad, Nouvel

observateur, 27 octobre 2011. 45

DAOU Marc, Sarkozy et Assad, une amitié franco-syrienne contestée, France24, 09

décembre 2010. 45
LARROUTUROU Paul, Trente ans de relations complexes entre les présidents syriens et

français, le Monde, Proche-Orient, 29 avril 2011. 45
NOUGAYREDE Natalie, La diplomatie française peut-elle se reconstruire ?, Le Monde, 23

février 2011. 45
RIOLS Yves-Michel, Laurent Fabius : s'allier avec Bachar al-Assad serait une impasse, Le

Monde, 2 octobre 2015. 45
Articles en arabe tirés des archives du quotidien syrien Al Watan à Damas (exemple en

Annexe 3). 45

SITES WEB 45

https://www.senat.fr/ga/ga76/ga762.html 45

https://docassas.u-paris2.fr/nuxeo/site/esupversions/c01c878b-2226-40b1-

b5f0-15aa82d367ac?inline 45

https://www.vie-publique.fr/chronologie/chronos-thematiques/soixante-dix-ans-

relations-franco-syriennes.html 45

ANNEXE 1 46

ANNEXE 2 47

ANNEXE 3 48

ANNEXE 4 49

6

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Introduction

« L'humanité devra mettre un terme à la guerre, ou la guerre mettra un terme à l'humanité » - John Fitzgerald Kennedy (1919-1963)

« Le régime frappe à nouveau sur la ville d'Alep et fait une centaine de morts et plusieurs blessés, l'armée syrienne libre affronte l'armée du dictateur [...] »

Combien de fois avons-nous entendu ces phrases à la radio au réveil ?

La guerre frappe la porte syrienne en 2011, suite aux événements du printemps arabe qu'ont fait tombé les régimes d'Afrique du Nord (Egypte, Libye, Tunisie). La situation humanitaire s'avère catastrophique, faisant de la Syrie le pays le plus dangereux au monde.

Ce sujet me tient particulièrement à coeur car j'ai moi même, fuit la guerre en 2012 afin de m'installer en France. C'est un sujet que j'avais envie d'aborder depuis un moment, la France et la Syrie sont les deux pays où je me sent chez moi. En parallèle de mon stage dans le consulat syrien à Paris, le fait d'étudier dans cette profondeur la relation entre ces deux pays m'aura énormément enrichie. Néanmoins, j'ai rencontré beaucoup de difficultés au cours de mes recherches, notamment sur la question de la crise syrienne qui reste un sujet sensible qui peut etre abordé et interprété de plusieurs manières différentes. Les articles se contredisaient souvent mettant en avant des positions et des avis complètement opposés. Par conséquence, une recherche très longue a été mise en oeuvre tout en prenant en compte la complexité du sujet qui à mes yeux, peut être approfondi davantage.

La Syrie a une histoire unique dans sa région, c'est un territoire de transition au carrefour de plusieurs mondes : la Mésopotamie, la Méditerranée, l'Inde, l'Egypte, l'Asie mineure... Damas fait partie des plus anciennes capitales du monde constituant une mosaïque de religions et de croyances qui cohabitent depuis des siècles.

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La Syrie, en arabe Suriya, est situé sur la côte orientale de la mer Méditerranée, avec des frontières terrestres qui donnent sur Israël, la Jordanie, le Liban, la Turquie et l'Iraq (Carte en annexe).

Elle a été sous tutelle de l'Empire Ottoman puis sous mandat français donné par la Société des Nations après la Première guerre mondiale en 1918.

La Syrie obtient son indépendance en avril 1947, et enchaîne les dictatures militaires instables. Hafez Al Assad, ministre de la défense à l'époque prend le pouvoir avec un coup d'Etat en 1970 en évinçant le général Salah Jdid et structure son pays en se basant sur un seul parti politique, le parti Baas.

H.Kissinger sur Hafez Al Assad : « Aussi prudent que passionné, aussi réaliste qu'imbu d'idéologie ».

Hafez Al Assad a réussi à faire de la Syrie une puissance régionale incontournable sur le principe de primauté absolue de l'Etat. Son culte de personnalité est omniprésent : sur les billets, sur les murs des villes, dans la presse, dans les bureaux...

Hafez Al Assad va consacrer une grosse partie du budget de l'Etat au renforcement de l'armée (40%). La famille Assad devient un réseau et une base stable dans le pouvoir, ce qui explique la succession dynastique.

La maladie touche Hafez Al Assad vers la fin des années 90, et la question de la succession émerge d'une façon brutale. Il va associer son fils ainé Bassel aux affaires de l'Etat. Bassel prend en 1991 le commandement de la Garde présidentielle et se construit une excellente réputation. Ses portraits étaient déjà sur les murs des villes, le peuple syrien connaissait déjà son prochain président.

Le 21 Janvier 1994, Bassel Al Assad meurt dans un accident de la route et la question de succession est à nouveau ouverte. Parmi ses frères et soeurs, Bachar Al Assad était l'enfant timide, réservé, qui a choisi de faire des études d'ophtalmologie à Londres.

Son père lui annonce qu'il lui succédera le 2 mars, il va donc l'entrainer et le préparer à prendre le pouvoir. Hafez Al Assad meurt le 10 juin 2000 après trente ans au pouvoir.

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La France et la Syrie ont de nombreux désaccords depuis longtemps, principalement sur le conflit israëlo-palestinien. La Syrie s'inscrit dans « le front du refus » 1 , c'est à dire qu'elle refuse de normaliser ses relations avec Israël et soutien la résistance palestinienne en finançant les groupes radicaux tel que le Hezbollah et le Hamas.

Une partie du territoire syrien a été pris par Israël, le Golan syrien fait encore aujourd'hui, l'objet d'une rancoeur profonde envers l'Etat hébreu.

Néanmoins, on trouvait une forme de respect entre le président français Jacques Chirac et Hafez Al Assad.

Chirac reconnaît que : « Pour insaisissable qu'il fût, et à bien des égard durs et implacables, j'ai toujours eu le sentiment de voir en Hafez Al Assad un homme de parole et un interlocuteur sincère dans son désir de dialogue avec la France2. »

Dès l'arrivée au pouvoir de Bachar Al Assad, la France a misé sur sa capacité de leadership et l'avait encouragé pour sa modernité et son ouverture d'esprit.

Il ne faut pas l'oublier, c'est la France qui a fabriqué la Syrie moderne sous son mandat après la Première Guerre mondiale, elle devrait donc avoir toutes les cartes en mains pour comprendre le terrain syrien.

Le couple franco-syrien a connu une relation tumultueuse, avec beaucoup de hauts et de bas, des rapprochements, des tensions, des réconciliations, de l'hostilité, de la haine, mais surtout une relation avec une curieuse continuité. Un « mouvement sinusoïdal entre des phases positives et négatives » semble être « la seule constante des relations franco-syriennes » 3 .

La France et la Syrie ont toujours eu besoin l'un de l'autre, la France constituait pour la Syrie une alternative à la domination américaine, et la France ne peut pas mener une politique au Proche Orient sans Damas.

1

2

Zakaria TAHA. Syrie. De Boeck, 2013, p. 66-68

Chemins de Damas, Georges MALBRUNOT, Christian CHESNOT, p. 17

3 Manon-Nour TANNOUS. Un bilatéralisme de levier : les relations franco-syriennes sous les deux mandats de Jacques Chirac (1995-2007)

9

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Dans sa thèse, Manon-Nour Tannous, a élaboré la notion de « bilatéralisme de levier » pour décrire la relation franco-syrienne, entièrement dépendante d'autres paramètres régionaux et internationaux.

La tutelle que possède la Syrie au Liban lui est chère, elle a toujours voulu garder un contrôle sur le territoire libanais depuis la guerre du Liban dès années 70. Pour la France, la souveraineté du Liban était cruciale.

Dès son arrivée à la présidence française, Jacques Chirac compte nouer une relation avec la Syrie qu'il sait incontournable. Bachar Al Assad, novice en politique avec une image de réformateur arrive au pouvoir, et Rafic Hariri, le meilleur ami de Chirac, devient chef du gouvernement au Liban en même temps. Une opportunité en or s'ouvre à Chirac pour essayer d'aider le Liban, sous tutelle syrienne, à obtenir sa souveraineté.

Ainsi, on se demandera : Comment la relation franco-syrienne, avec toutes ses ruptures et continuités, a-t-elle évoluée sous les mandats des différents présidents français ? La diplomatie française a-t-elle bien géré le dossier de la crise syrienne ?

Au cours de années 2000, une relation saine entre Assad et Chirac s'établit (Première partie, Chapitre 1) avant de laisser place à des événements majeurs qui viendront changer la donne dans la région (Première partie, Chapitre 2). A partir de là, la relation franco-syrienne dépendra entièrement des réactions des deux présidents face à ces événements. On observera une volonté française d'isoler et d'affaiblir la Syrie après la complication des événements au Liban en 2005 (Première partie, Chapitre 3).

Les relations ne reprennent qu'avec l'arrivée de Nicolas Sarkozy qui sortira la Syrie de son isolement (Deuxième partie, Chapitre 1) avant qu'elle ne sombre dans une guerre qui durera presque une décennie où la relation entre Paris et Damas semble très loin de se remettre sur ses pieds (Deuxième partie, Chapitre 2).

On essayera d'apporter une explication à cette relation mouvementée qui finalement est le fruit des changements de politique étrangère des différents présidents français. On essayera par la suite de positionner la France dans la crise syrienne afin de comprendre non seulement le déclenchement du drame syrien, mais également la gestion du dossier syrien par la diplomatie française (Deuxième partie, Chapitre 3).

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Première Partie: La relation Chirac - Assad

La relation entre le président français Jacques Chirac et le président syrien Hafez Al Assad était pas plus qu'une relation de respect. Après la mort du raïs syrien, Hafez Al Assad, en 2000, on se demandait à l'Elysée si le président français de l'époque, Jacques Chirac devait se présenter aux obsèques. Beaucoup étaient réticents à l'idée de la présence d'un président français aux obsèques d'un dictateur au Proche Orient. Malgré cette réticence4, Chirac s'envole pour Damas, étant le seul président occidental aux obsèques, aux cotés du Hezbollah, de Yasser Arafat5, et d'autres leaders arabes. Jacques Chirac et Bachar Al Assad se rencontrent pour la première fois en 1999, à l'Elysée, le jeune syrien n'avait aucun pouvoir dans le gouvernement syrien et Chirac lui avait réservé un accueil digne d'un véritable chef d'état. Son image à l'Occident était une image d'un chef d'état jeune et moderne prêt à s'ouvrir aux occidentaux.

Bachar Al Assad, contrairement à son père, voulait se rapprocher de son peuple et suscite un espoir chez les syriens en leur promettant des réformes politiques et économiques.

Face à cette ouverture d'esprit, Chirac estime que le président syrien, encore novice en politique aura besoin d'aide pour l'ouverture de son pays au monde entier (Chapitre 1). Le Liban était sous tutelle syrienne depuis 1989, et Chirac voyait l'arrivée de Bachar Al Assad comme une opportunité pour son ami Rafic Hariri, Premier ministre libanais, vivant sous cette tutelle. Les relations entre Jacques Chirac et Bachar Al Assad étaient sur une bonne voie et la Syrie commençait à se moderniser et s'ouvrir au monde. Un événement majeur en 2005 va interrompre les relations franco-syriennes, voire les rompre, en partie. L'assassinat de Rafic Hariri va entraîner chez Chirac une colère sans nom et les syriens seront pointés du doigt les premiers. Chirac ne comptait pas laisser passer l'assassinat de son ami Hariri comme si de rien n'était, il va tout faire pour isoler diplomatiquement la Syrie, coupable aux yeux des français (Chapitre 2).

4 «Polémique sur le déplacement de Jacques Chirac à Damas», Les Echos, 24 juin 2000.

5 Connu sous «Abou Ammar», était un activiste et homme d'Etat palestinien qui a lutté pour la cause de libération palestinienne.

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Chapitre 1 : Le coaching de Chirac

Bachar Al Assad effectue une visite officielle à Paris en 2001 où il a été récompensé de la légion d'honneur par Jacques Chirac.

Selon la Grande Chancellerie de la légion d'honneur : « La remise de la Légion d'honneur à un chef d'État étranger correspond à un usage diplomatique institué par Napoléon lui-même. Dans ce cas, elle accompagne la politique étrangère de la France et illustre l'existence de relations entre les deux pays ».

Bachar Al Assad qui reçoit

la légion d'honneur par Jacques Chirac .

6

Rafic Hariri entretenait des bonnes relations avec son voisin Bachar Al Assad, c'est lui qui encourage son ami français Chirac à soutenir ce nouveau président syrien, tout comme il l'avait encouragé pour aller aux obsèques de son père, Hafez Al Assad.

Tout commençait bien entre Paris et Damas (1), Chirac participait à l'ouverture et la modernisation de la Syrie à travers une bonne relation diplomatique et des réformes

6 Source : https://www.lemonde.fr/blog/filiu/2017/10/29/macron-assad-et-lhonneur-de-la-france/

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(§2-3) qui vont permettre à Bachar Al Assad de bien commencer son voyage en tant que chef d'état avant d'être frappé par tous événements majeurs, l'occupation de l'Irak, l'assassinat de Hariri et le plus grave, l'éclatement de la crise syrienne en 2011.

La France soutient la modernisation syrienne

La France fut le premier et le seul pays occidental à soutenir le programme réformateur en Syrie.

Chirac place la Syrie au coeur de sa politique étrangère au Proche Orient et va créer des liens privilégiés avec le nouveau président syrien, en endossant un rôle de mentor, acceptant par là une demande qui lui avait été faite par Hafez avant de mourir : « Bachar est comme ton fils, tu devras donc le traiter comme tel ».

Bachar Al Assad, novice en politique, auprès de sa femme Asma qui dégage un style entièrement occidental et élégant donnaient une image très positive aux occidentaux.

Jacques Chirac prend Bachar Al Assad, novice en politique, sous son aile. Le système syrien était sous forte influence baassiste7 avec une administration corrompue et un entourage présidentiel identique à celui du père Al Assad. Chirac estime que Bachar Al Assad aura besoin d'aide pour débloquer et réformer ce système ancien.

Le président Chirac ne tarda pas à envoyer des consultants administratifs, des professeurs, des banquiers et bien d'autres cerveaux afin de soutenir les réformes syriennes.

Au début de son mandat, plusieurs prisonniers politiques sont libérés, les uniformes militaires dans les écoles sont supprimés, et le ministres de l'éducation devient indépendant dans ses prises de décisions.

La liberté d'expression revenait petit à petit dans le pays du Levant, des débats publics sont organisés, et un journal satirique voit le jour : le Canard enchainé oriental est lancé (Al Domari8) par un caricaturiste syrien. Le président assistait souvent aux expositions du célèbre caricaturiste Ali Ferzat et l'invitait parfois à critiquer l'assemblée du peuple.

7 Le parti Baas (ou Baath) syrien date de 1947, c'est une doctrine qui combine le socialisme arabe, la laïcité et le nationalisme panarabe qui s'oppose à l'ingérence étrangère dans les affaires intérieures.

8 Le caricaturiste est forcé à s'exiler en 2003 sous pression des services syriens

12

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Le président syrien ne perd pas de temps et fait revenir beaucoup de cadres et de professionnels éduqués en France qui occuperont un poste important dans le pays comme par exemple Nibras el- Fadel, ancien polytechnicien et énarque, qui devient conseiller économique de Bachar al-Assad en 2003, ou encore Amer Moujtahed, cadre francophone et francophile de la compagnie de téléphonie Syriatel, qui devient secrétaire général du gouvernement.

Bachar Al Assad avait une volonté forte de réformer son administration, fortement basée sur le modèle baassiste, mais ne voulait pas changer les fondements du régime. Oui pour les réformes, non pour un changement, oui pour la modernisation mais pas pour la démolition du modèle en vigueur dans le pays. Bien qu'il soit enclin à la modernisation et aux réformes, il ne tarda pas à faire face aux obstacles intérieurs et extérieurs qui entravaient ses aspirations.

Des réformes dans l'éducation

Bachar Al Assad, fasciné par la prestigieuse école française l'ENA, a demandé au président français Chirac de construire une école similaire à Damas. Il voulait construire en Syrie une école pour créer une génération de haut fonctionnaires qui pourront participer aux réformes du pays avec une administration solide. La directrice de l'ENA à Paris, Marie -Françoise Bechtel s'en charge aussitôt de la mission.

L'INA 9 ouvres ses portes pour la rentrée universitaire de 2003 avec une cinquantaine d'étudiants suivant une formation très similaire à celle dispensée en France où sont enseignés le droit public, les relations internationales et la finance publique. Ceci n'était encore jamais arrivé au Moyen Orient.

Un master « droit des affaires internes et internationales » a été créé grâce à un partenariat entre l'Université Paris II et l'Université de Damas. Ce diplôme a fait l'objet d'un soutien financier du Sénat et du programme européen Tempus. Ce master, ouvert en 2005, accueille chaque années entre 20 et 25 étudiants. Ceux-ci doivent disposer d'une licence de droit et maîtriser la langue française.

9 l'Institut national d'administration, fondée en 2002, est une école à Damas ayant pour mission de former des hauts cadres de la fonction publique syrienne.

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Plusieurs autres masters ont été ouverts : « management-sécurité-environnement », « restauration architecturale et urbaine », « informatique », « français langue étrangère », sachant que tous les masters sont issus de partenariats entre des universités syriennes et françaises.

Deux écoles françaises sont ouvertes en Syrie dans la fin des années 90, le lycée français d'Alep et le lycée Charles de Gaulle de Damas10, le lycée à Damas est également nommé « L'Ecole française de Damas » et enseigne le programme français de la petite section à la terminale.

Ces deux établissements ont permis de conserver la francophonie en Syrie. Les élèves étaient de nationalités différentes, les élèves syriens se mélangeaient aux élèves français, et les francophones pouvaient également prendre des cours d'arabe.

Chaque année, le lycée français de Damas organisait un événement pour fêter la francophonie où les élèves faisaient des prestations en français : des sketchs, des chansons, des poèmes, des danses... Le programme enseigné étaient identique à celui enseigné en France, ainsi que le système de notation et le déroulement des examens.

Il y'avait, en 2015, environ un millier de français demeurant en Syrie dont la plupart sont binationaux ou mariés avec des personnes de nationalité syrienne.

L'établissement à Alep a fermé en 2012 et a été en grande partie détruit à cause de la guerre, l'établissement à Damas a vu la rupture de sa convention avec le ministère de l'éducation en 2011 mais a réussi à persévérer avec l'investissement des parents d'élèves et reste aujourd'hui un lycée « homologué » comme établissement français de l'étranger.

Des réformes économiques et financières

Toujours à la demande de Bachar Al Assad, la France gère les réformes financières afin de permettre au gouvernement syrien de mieux gérer son budget et ses dépenses publiques.

Paris envoie un conseiller en 2003, Bernard Pêcheur qui propose d'unifier le budget de l'Etat en trois budgets différents : un budget pour l'armée et les services de

10 https://www.lcdgdamas.fr

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renseignements, un budget d'investissements, et un budget de fonctionnement. Le conseiller propose également de créer une direction du Trésor afin de pouvoir piloter la réforme bancaire et ouvrir un département chargé de collecter l'impôt des entreprises publiques. Bachar Al Assad approuve les conseils de Pêcheur et décide de mener le projet afin de rééquilibrer le budget syrien et avancer dans les réformes financières.

Après la mise en oeuvre du projet Pêcheur, les résultats sont remarquables et ont permis un début d'assainissement des finances publiques : l'impôt sur les sociétés a été abaissé de 60 à 28% et la collecte des impôts a été centralisée en 2006 et la part des impôts dans les recettes budgétaires bondit de 10% en 2003 à 26% en 201111.

Après ce succès, la France n'hésite pas à donner un coup de main dans d'autres grandes réformes telle que la fin de la monopolisation bancaire qui a marqué la modernisation syrienne.

Le parti Baas, depuis ses débuts, avait un système bancaire monopolisé par l'Etat avec une organisation vieillissante et archaïque qui remonte aux nationalisations de 1963. Le siège de la Banque centrale syrienne, place des sept-fontaines à Damas, est l'archétype de l'architecture soviétique des années 50, un immeuble grisâtre en béton sinistre et froid12.

L'économie syrienne ne disposait donc pas d'un système de financement correct et il fallait moderniser le système monétaire en urgence.

Les progrès ont vu le jour avec le coup de pouce de la France qui a permis une ouverture au secteur privé et la mise en place d'une régulation bancaire.

Plusieurs experts sont venus du ministère français des Finances et du FMI (Fonds monétaire international) pour dépoussiérer les méthodes archaïques.

Selon la conseillère économique et commerciale à Damas, le taux d'investissements augmente et les opérations monétaires et bancaires sont revues à la hausse, et le marché de changes est réorganisé et le marché de crédit, en particulier à la consommation, s'est notablement développé sous l'impulsion des offres commerciales des nouvelles

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12

Les Chemins de Damas, Christian Chesnot, Georges Malbrunot, p.86 Les Chemins de Damas, Christian Chesnot, Georges Malbrunot, p. 86

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banques. On a également pu constater un afflux en Syrie de fonds en provenance des États du Golfe.

La progression dans la réforme du système bancaire en Syrie rencontre toutefois quelques handicaps tels que : la lenteur des réformes de la banque centrale qui doit notamment mettre en place un marché de la dette, ou encore rémunérer les dépôts, l'absence d'instruments de refinancement, l'importance des transactions en espèces, et l'inexistence de financements en devises étrangères.13

Afin de permettre une modernisation complète, il fallait informatiser le système de gestion des opérations et reconfigurer l'ensemble des circuits financiers, mais « cela signifiait une transparence dans les transactions financières, et cela, le régime syrien n'en voulait pas car ainsi, car on aurait soulevé le couvercle sur les opérations de blanchiment, de corruption et de financement du clan Assad. Donc pas question d'y toucher » annonce avec regret un expert français affecté au siège de la banque. En fin de compte, l'informatisation ne sera jamais mise en oeuvre.

Néanmoins, le président syrien Bachar Al Assad, avec un coup de main français, atteint son objectif : briser le monopole de l'Etat sur le système bancaire, réouvrir des établissements privés ainsi qu'une Bourse de valeurs inaugurée le 8 mars 2003. C'est ainsi que les banques voient le jour en 2004.

Le clan Assad contrôle les circuits financiers et privés de l'économie syrienne et les hommes d'affaires travaillent à leur service. On assiste alors à une économie directement liée au pouvoir avec des banques affiliés à des membres du clan Assad.

Plusieurs entreprises françaises ont investi en Syrie. On peut citer, en particulier, Total, qui exerce sur place des activités d'exploration/production. La compagnie aurait investi plus d'un milliard et demi de dollars depuis son implantation en 1988. Dans le secteur agro-alimentaire, les fromageries Bel produisent sur place des fromages fondus et vise aussi les marchés voisins, en particulier le Liban et la Jordanie. Parmi les autres entreprises françaises présentes sur le marché, on notera le groupe de cigarettes Altadis, Alcatel, ou encore Accor.

13 Site du Sénat : https://www.senat.fr/ga/ga76/ga762.html

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Cependant, la présence française sur place reste encore insuffisante, les Syriens n'autorisaient pas les établissements étrangers de détenir plus de 49% de leur capital, ceci bloquera par la suite la tentation des banques étrangères à s'implanter sur le marché syrien. Seules les banques, BEMO (Banque européenne du Moyen Orient, dont crédit agricole est actionnaire) et Saudi Fransi ont réussi à s'implanter en Syrie.

Bachar Al Assad était et est toujours entouré de corrompus, comme son cousin Rami Makhlouf, il reconnait leurs escroqueries et leur corruption. Le président a toujours été également entouré de baassistes issus de l'ancien régime de Hafez Al Assad, les ambitions du jeune président syrien à l'ouverture du pays restent bloquées dans la corruption et dans l'ombre d'un régime baassiste, archaïque et sévère. Pour réformer correctement, le président syrien avait besoin de cadres expérimentés syriens, or la plupart avaient fui le pays lors du règne de son père. Comment remplacer les anciens cadres issus du régime baassiste s'il n'y a pas des personnes compétentes et modernes pour les remplacer ?

Ce qui ennuyait la France, c'était la lenteur des réformes, elles étaient peu ou pas appliquées, Chirac considérait cela comme un mauvais retour d'investissement et un moyen pour le président syrien de renforcer son pouvoir. En effet, on peut avancer sur une autre lecture, celle d'une éventuelle stratégie du président syrien à faire des réformes pour enrichir son clan et renforcer son pouvoir.

Chapitre 2 : La rupture : L'affaire Hariri

Pendant plusieurs années, le gouvernement syrien exerçait un contrôle sur le territoire libanais qui limitait la souveraineté du gouvernement de Beyrouth.

Rafic Hariri était un premier ministre libanais qui entretenait une relation amicale très forte avec le président français Jacques Chirac depuis les années 80. Chirac le considérait comme un frère et l'ex-premier ministre libanais racontait à son ami Chirac tout se qui se passait au Moyen Orient. Le sentiment était réciproque, « Chirac, c'est mon meilleur copain », confie le Libanais à l'une de ses collaboratrices peu de temps avant sa mort.

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« Entre la France et la Syrie, il y a Rafic Hariri qui conseille en permanence Jacques Chirac sur tous les dossiers. »14

Rafic Hariri est assassiné le 14 février 2005 à Beyrouth (2). Cet assassinat va faire basculer les relations franco-syrienne dans une méfiance et un rapprochement franco-américain (1) qui fera peur aux syriens.

Le rapprochement franco-américain

Avant l'assassinat, la Syrie se retrouvait encerclée de dangers à partir de 2000, la géopolitique régionale devenait alors inquiétante : A l'Est, les Etats Unis étaient rentrés en Afghanistan suite aux événements du 11 septembre avant de se tourner vers l'Irak de Saddam Hussein en 2003. A l'Ouest, la deuxième Intifada éclate et les négociations pour une paix syro-israélienne sont complètement abandonnés. Pour Bachar Al Assad, il était hors de question de laisser place à une extension de l'intervention américaine sur les frontières syriennes.

Chirac réussit à convaincre le président syrien pour voter la résolution 1441 qui prévoit des inspections instructives sur des sites irakiens controversés d'armes de destructions massives15. Les américains finissent par intervenir en Irak sans le vote au Conseil de Sécurité de l'ONU et les diplomaties françaises et syriennes coopèrent. Dès lors, le président syrien a fermé la frontière syro-irakienne. Bachar Al Assad coopère, malgré la pression de américains et livre des listes de djihadistes aux services américains et arrêtent des combattants étrangers qui transitent par la Syrie. La Syrie demande aux américains et britanniques de lui fournir des équipements plus performants pour pouvoir mieux contrôler la frontière irakienne, ils ne les obtiennent jamais. Les américains se méfient du gouvernement syrien et semble jouer une partie du poker.

14 Ibid., p. 79

15 Chemins de Damas, Christian CHESNOT, Georges MALBRUNOT, p.100

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En pleine crise irakienne, Dominique de Villepin16 livre un discours à l'ONU où il mentionne le retrait des troupes syriennes du Liban, présentes depuis 25 ans sur le territoire libanais à la demande du Liban en 197517.

Bachar Al Assad tombe des nues et ne comprend pas la position de la France qui commençait à s'aligner aux Etats Unis. Chirac voulait que « Bachar Al Assad accepte la présence et la montée en puissance des américains au Moyen Orient comme une nouvelle réalité géopolitique et d'agir en conséquence et ne pas rester immobile pour pas s'isoler ».

Ces mots ont été prononcés par un diplomate français envoyé par Chirac à Bachar Al Assad en 2003 pour essayer d'avoir des concessions sur le Liban. La réponse d'Assad ne fut pas plus que des reproches vis-à-vis des américains et se méfiait d'un complot franco-américain pour qu'il fasse sortir ses troupes du Liban. Le président syrien refuse d'agir en fonction des occidentaux, et la confiance commence à diminuer entre Chirac et Assad avant de disparaitre complètement.

A l'époque, Emile Lahoud était le président libanais, et Hariri, le premier ministre. Les deux ne s'entendaient pas et partageaient de nombreux désaccords. Emile Lahoud était proche de Bachar Al Assad mais son mandat touchait sa fin en 2004. Faut-il renouveler le mandat d'Emile Lahoud quitte à changer la constitution libanaise ? C'est le sujet sensible de l'époque. Bachar Al Assad n'hésite pas à montrer à Chirac qu'il reste maitre du Liban et va réussir à mettre un coup de pression pour changer la constitution libanaise et prolonger le mandat Lahoud. La conjoncture régionale subissait un changement géopolitique avec l'arrivée des américains et leur projet de remodeler le Moyen Orient et la Syrie se sentait encerclée de dangers potentiels.

Le choix de Damas était clair, il était inutile de prendre des risques avec un nouveau président libanais dans un paysage incertain et dangereux, et afin d'éviter les mauvaises surprises, le président syrien préférait la prolongation du mandat d'Emile Lahoud qui arrivait à maintenir un équilibre dans un pays divisé entre plusieurs communautés qui se font la guerre en permanence.

16 Ministre des affaires étrangères de la France à l'époque

17 Guerre civile du Liban (1975-1990) qui oppose les palestiniens aux chrétiens. L'ancien président syrien Hafez Al Assad envoie des troupes syriennes à la demande du Liban pour mettre en échec les ambitions progressistes des palestiniens étant donné que le Liban manquait d'armée à l'époque.

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A Paris, Chirac est furieux de ce qu'il considère un « coup de force » sur le Liban et décide de parler avec son partenaire américain George W. Bush qui devait se rendre en France pour fêter le soixantième anniversaire du débarquement en Normandie.

Chirac avait prévue de faire voter une résolution à l'ONU (1559) pour retirer les troupes étrangères du Liban avant même le coup de force de Bachar Al Assad18. Chirac gagne la partie puisque les américains, ainsi que les russes, acceptent d'aider les français, et la résolution 1559 des Nations Unies est adoptée par le Conseil de Sécurité le 2 septembre 2004, une défaite et une grande déception pour la Syrie.

Rafic Hariri, est assassiné le 14 février 2005, une grande partie de la communauté libanaise pointe du doigt le gouvernement de Damas. Une grande manifestation est organisée à Beyrouth, place des Martyrs pour réclamer la vérité sur l'assassinat et demander le départ des troupes syriennes. Une autre manifestation, plus petite, pro-syrienne était organisée avant celle-ci, le 13 mars. Le Liban se fracture donc en deux camps : les anti-syriens et les pros-syriens. Quelques jours plus tard, la Syrie annonce son retrait du Liban après 25 ans d'occupation. Cet assassinat va entrainer une rupture lourde de conséquences.

Un assassinat sophistiqué et des accusations arbitraires

Le 14 février 2005, à 12h55, sous le châssis du véhicule Mercedes 4x4 de Rafic Hariri, étaient dissimulés l'équivalent de 300 kg de TNT, un puissant explosif militaire qui explose lors du passage du convoi de l'ancien ministre devant l'Hôtel Saint-Georges sur la corniche de Beyrouth.

Une explosion qui a provoqué vingt morts et un cratère de 5 mètres de profondeur et 10 mètres de diamètre.

Hariri se déplaçait dans un véhicule muni de radar qui brouillait les mécanismes de mise à feu des explosifs commandés à distance, les assassins devaient posséder du matériel de contre-brouillage très sophistiqué et d'une technologie très moderne.

18 Chirac reconnait dans ses Mémoires ayant travaillé avec Hariri pour rédiger la résolution 1559 des Nations Unies avant que ce texte n'aboutisse en 2004.

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A l'époque, la Syrie n'avait pas les moyens pour entretenir un tel assassinat avec des moyens militaires. A ce jour, aucune preuve exacte sur le responsable de ce mystérieux kamikaze n'a été relevée.

Après la mort de son ami, Jacques Chirac est submergé de tristesse et de colère. Il demande très rapidement l'envoi d'une équipe d'experts en explosifs de la DGSE à Beyrouth.

Paris se rapproche de plus ne plus de Washington, les intérêts franco-américains s'accordent sur le Liban et le « Grand Moyen Orient démocratique ».

La conviction et l'accusation de Chirac a été faite avant même que l'enquête commence : « La décision a été prise par Assad. Toute autre hypothèse n'a pas de sens »19 confit Chirac au président Bush lorsqu'il le rencontre à Bruxelles le 25 février 2005.

A partir de ce moment là, il est hors de question pour Chirac que le crime reste impuni, son objectif dès ce jour-là n'était autre que d'affaiblir la Syrie.

Selon des sources diplomatiques citées par le Washington Post, le président syrien avait promis, dans une lettre envoyée dimanche à Washington, Londres et Paris, de poursuivre en justice « sur la base de preuves concrètes » n'importe lequel de ses concitoyens lié au meurtre de l'ex-Premier ministre libanais20.

Le ministre de l'information syrien, Mahdi Dakhallah déclare pour une émission sur France 2 :

« Ces accusations contre la Syrie c'est comme si on nous accusait d'avoir assassiné John Kennedy, ce sont des accusations qui frisent la bêtise parce que la Syrie n'a jamais recours à ce genre de méthodes. »

Damas était affaiblie, surtout après le retrait de ses troupes du pays de Cèdres, la prochaine étape pour Chirac était d'enfoncer le clou et de réclamer au Nations Unies une commission d'enquête internationale. Si les Nations Unies expose publiquement la culpabilité de Bachar al-Assad, cela permettra d'affaiblir davantage sa position et favorisera la chute du régime.

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Les Chemins de Damas, Christian CHESNOT, Georges MALBRUNOT, p.129

20Libération, Mort de Hariri, Damas sommé de coopérer, Laurent MAURIAC

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Un juge allemand, Detlev Mehlis, est à la tête de l'enquête, il commence ses investigations à Beyrouth et commet l'erreur d'affirmer qu'il a sollicité l'aide d'Israël dans les investigations, Damas dénonce une politisation de l'enquête. Entre temps, aucune évolution n'est observé à l'Elysée et « la DGSE a rapidement vu qu'aucune preuve ne confondrait les Syriens » confie un des responsables de la DGSE interviewé à Beyrouth par le journaliste Georges Malbrunot.

En octobre 2005, le rapport de la commission d'enquête internationale a été remis par le procureur allemand Detlev Mehlis à Kofi Annan, et confirme les intuitions du chef de l'Etat français et porte les accusations contre la Syrie21 malgré des maigres et une scène de crime « saccagée. » 22

On se demande comment ce procureur a bien pu arriver à ses fins.

Trois semaines après avoir rendu son rapport à l'ONU, Melhis a insulté et menacé un proconsul syrien logé au Liban et lui dit : « Écoutez, si vous pensez que vous pouvez vous échapper, vous vous trompez, nous allons coincer l'argent de votre famille partout dans le monde, à Dubai notamment. Vous n'aurez plus un sou ! En revanche, si vous coopérez, si vous nous donnez juste un nom... Un nom suffit, celui de quelqu'un qui a été impliqué », mais hélas le proconsul syrien n'avait pas de nom à lui donner...

Chapitre 3 : Une rupture partielle des relations franco-syriennes

Chirac avait une volonté de faire descendre le régime syrien aux enfers (1), mais une collaboration entre les services de renseignements des deux pays est maintenue (2). Le Liban se retrouve dans une instabilité sans fin accompagnée d'une escalade de violences (3).

L'isolement de la Syrie

La capacité de nuisance de Chirac était tellement importante qu'il était prêt à tout pour isoler diplomatiquement la Syrie et l'affaiblir jusqu'à ce que le régime tombe.

21 Jacques CHIRAC, op. cit., p. 511

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Christian CHESNOT, Georges MALBRUNOT, Chemins de Damas, p. 142.

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Alain Chouet, directeur général de la sécurité extérieure, désigne cette vengeance par une « dimension affective souvent excessive », et « nous conduit parfois à des positions curieuses, pas toujours bien comprises ni dans notre intérêt. » La mise à l'écart et l'exclusion de la Syrie à cause d'une « politique personnalisée » de Chirac aura des conséquences durables, dont l'impact se mesure jusqu'aujourd'hui.

Après 2005, un durcissement est noté de la part de la Syrie, encerclée de dangers, qui veut se montrer protectrice de ses citoyens.

L'isolement de la Syrie et son éloignement des français et des américains va également se traduire par un rapprochement syrien encore plus fort de l'Iran pour lui permettre de garder sa place au niveau international auprès de son allié régional puissant après l'affaire Hariri qui a créé un éloignement et une méfiance vis-à-vis des occidentaux. La France va se trouver des nouveaux partenaires stratégiques dans la région dont la Turquie, les pays du Golfe voire même l'Iran, mais elle va néanmoins garder une relation spécifique avec la Syrie basée notamment sur la lutte antiterroriste.

La Syrie, un pays incontournable pour les occidentaux

A partir de 2003, de nombreux jeunes français passaient par la Syrie pour aller faire le djihad en Iraq contre les troupes américaines, l'aide de la Syrie pour les surveiller et les capturer était essentielle. Un grand nombre de djihadistes sont ensuite envoyés en France pour leur jugement.

En 2008, la France de Nicolas Sarkozy intensifie la coopération antiterroriste entre les deux pays.

Les services français relayaient à la CIA américaine la bonne foi des services syriens dans la lutte antiterroristes.

Certes les relations politiques et diplomatiques étaient terminés entre Paris et Damas, mais les relations économiques et culturelles étaient maintenues, malgré les lobbys antisyriens du Quai d'Orsay, les écoles françaises en Syrie étaient ouvertes, et la société françaises de téléphonie Alcatel a maintenu sa coopération avec le pouvoir syrien.

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En effet, du matériel français, notamment des systèmes d'écoutes est livré par des sociétés privées françaises, le matériel profitera également au Liban et sera utilisé pour d'autres fins.

En 2009, le matériel français, chargé à traqué les communications des « ennemis syriens » va permettre le démantèlement d'un énorme réseau d'espions pro-israéliens au Liban23, inutile de préciser que ces livraisons de matériels suscitent un mécontentement chez les autorités israéliennes.

La coopération entre les services secrets syriens et français ont toujours bien fonctionné, notamment sur l'axe de la lutte antiterroriste, même après l'assassinat de Rafic Hariri. Un agent de la DCRI témoigne24 : « On continuait de faire de la politique par le biais des services, et pas seulement dans la lutte contre les djihadistes.

Les Syriens nous disaient : «Quand vous souhaiterez revenir à la table des discussions, pas de problèmes, nous serons là». »

L'aide des services syriens fut précieuse et incontournable pour les français, mais les syriens ne le faisaient pas gratuitement, en échange, ils voulaient la fin de l'isolement politique après l'assassinat de Hariri.

Le président Bachar Al Assad, dans un entretien pour un auteur dans le Figaro affirme qu'aucun contact entre les services de renseignement sera repris tant que Paris n'aura pas changé sa politique à l'égard de la Syrie : « Toute sorte de coopération, qu'elle soit sécuritaire, militaire ou même économique, a besoin d'un accord politique. Nous ne pouvons pas avoir une collaboration sécuritaire avec n'importe quel Etat lorsque les intérêts politiques sont en contradiction. »

Deux délégations, une de la DGSE et une de la DCRI se dépêchent un mois plus tard à Damas pour essayer d'avoir des concessions auprès de Ali Mamlouk25. Ils étaient dupes de penser qu'ils pouvaient obtenir ce qu'ils voulaient auprès de Mamlouk, les français demandaient une coopération des services secrets syriens concernant les djihadistes et après ils parleront politique.

23 Chemins de Damas, Georges MALBRUNOT, Christian CHESNOT, p.164

24 Chemins de Damas, Georges MALBRUNOT, Christian CHESNOT, p.176

25 Un responsable dans les services syriens, qui figure sur la liste noire des Etats Unis et des Européens

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Sauf que cette proposition ne plait pas à Ali Mamlouk, il va donc poser des conditions : « On reprendra contact avec vous sans problèmes, à partir du moment où vous rouvrez l'ambassade et rétablissez les relations diplomatiques avec la Syrie, et il faut également que la France agisse auprès de son partenaire saoudien pour que ce dernier arrête de financer et d'envoyer en Syrie des armes et des djihadistes.» La France ne pouvait pas se plier aux conditions de Mamlouk.

En février 2010, à la demande du président syrien, Ali Mamlouk va rencontrer, auprès du vice-ministre des affaires étrangères syrien, Daniel Benjamin, le coordinateur de la lutte antiterroriste américaine. Les américains, toujours déployés en Iraq vont demander à la Syrie de ralentir l'afflux des combattants étrangers qui veulent aller faire le djihad en Iraq pour affronter les troupes américaines. La Syrie accepte la requête américaine et très peu de combattants réussissent à transiter par la Syrie pour arriver en Iraq, le vice-ministre des affaires étrangères syrien va demander une réduction des sanctions américaines sur la Syrie afin que la Syrie ne soit plus sur la liste des pays soutenant le terrorisme.

Au cours de l'année 2010, Damas va donc intensifier cette diplomatie « sécuritaire »26 pour essayer de sortir de son isolement. Les contacts vont s'établir également avec la Grande Bretagne sur la lutte antiterroriste. La Syrie connait bien le système terroriste et a eu beaucoup de succès concernant la lutte antiterroriste parce qu'ils connaissent les différentes écoles et les différentes fractions islamistes (wahhabites, salafistes,É), ils peuvent distinguer la tendance religieuse d'un imam qu'avec sa façon d'expliquer l'islam. Ali Mamlouk va convaincre ses homologues britanniques pour leur apprendre à faire ces distinctions de différents courants musulmans et leur expliquer la stratégie de lutte antiterroriste. En échange, les syriens ont demandé à Londres du matériel et des systèmes d'écoute sophistiqués.

Paris et Damas ont donc, dans le plus grand secret, pu maintenir une relation de diplomatie «sécuritaire» entre leurs services de renseignements respectifs, avant que la guerre éclate en 2011.

26 Georges MALBRUNOT, Christian CHESNOT, p.185

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Instabilité et violences au Liban

Après l'assassinat de Hariri, une inquiétude et une instabilité est observée chez les libanais qui s'en sortent d'autant plus meurtris et divisés.

Au Liban, le 12 juillet 2006, un conflit éclate entre les forces israéliennes et le Hezbollah, suite à la capture de deux soldats israéliens par le Hezbollah. Les combats prennent fin aux termes d'un accord négocié avec Israël et le Liban après le vote d'une résolution de l'ONU. En 34 jours, la guerre fait près de 1 400 morts, dont 1 200 côté libanais. On observe un renforcement du Hezbollah et d'autres milices, ce qui va faire plonger Beyrouth dans une vague de violences et d'explosions accompagnée d'une instabilité politique et des divisions encore plus importantes qu'auparavant.

Saad Hariri, fils de Rafic Hariri cherche très certainement à venger son père, et Jacques Chirac le reçoit à l'Elysée et s'engage à assurer sa réussite en politique. Le 7 juin 2009, le camp anti-syrien dirigé par Saad Hariri remporte les législatives et le 27 juin il est nommé Premier ministre.

Evidemment, la famille Hariri et ses partisans libanais ont accusé auprès de la France, les Etats Unis et la plupart des occidentaux le gouvernement syrien dans l'assassinat de Rafic Hariri.

Pourtant, dès le début de son arrivée en fonction, Saad Hariri va se rendre en Syrie pour une visite de deux jours où il va être chaleureusement accueilli à Damas et va serrer la main d'Assad afin de mettre le passé conflictuel derrière eux et discuter des enjeux de la région pour une amélioration des relations entre le Liban et son voisin.

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Photo : Le Premier ministre libanais Saad Hariri accueilli par le président syrien Bachar Al-Assad, le 19 décembre 2009, à Damas.27

Cette poignée de main a eu lieu avant même que le Tribunal spécial pour le Liban ne rende le verdict sur l'affaire Hariri. Cette normalisation des relations entre la Syrie et le Liban peuvent s'expliquer en partie par le rapprochement récent entre la Syrie et l'Arabie Saoudite, un allié indéniable de Saad Hariri, qui lui fait partie de la famille royale Saoudienne.

Certains estiment que l'Arabie Saoudite aurait choisi de se rapprocher de la Syrie en 2009 pour l'éloigner de l'Iran, d'autres estiment que le nouveau président américain Obama souhaite reprendre le dialogue avec l'axe Syrie-Iran à travers l'Arabie Saoudite.

En 2009, Bachar Al Assad et le roi Abdallah se rencontrent plusieurs fois dans le contexte d'une conciliation entre pays arabe et pour proposer des solutions au difficultés observées au Moyen Orient telles que la situation politique au Liban, le dossier nucléaire en Iran voire même le conflit israélo-palestinien.

Avec l'arrivée du président américain Obama, du nouveau président Sarkozy en France, ainsi que le rapprochement avec le Liban et l'Arabie Saoudite, la Syrie semble sortir de son isolement, elle accepte le dialogue mais ne change pas sa politique étrangère (soutien aux palestiniens, liens avec l'Iran et le Hezbollah) et se montre comme l'élément stabilisateur de la région.

27 Photo prise du site internet de rfi : http://www.rfi.fr/contenu/20091219-poignee-main-historique-entre-bachar-el-assad-saad-hariri

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Deuxième Partie: Une amitié retrouvée avant un

basculement remodelant radicalement la relation

franco-syrienne (2008-aujourd'hui)

L'arrivée de Nicolas Sarkozy à la présidence française est un tournant majeur dans les relations franco-syriennes qui reprendront de plus belle après l'accord de Doha28 en 2008 avec une succession de rencontres entre les deux présidents. Le 14 juillet, Bachar al-Assad assiste parmi d'autres chefs d'État étrangers au défilé militaire du 14 juillet à Paris, une visite fortement contestée par Laurent Fabius qui estimait que le président Assad n'avait pas sa place au défilé (Chapitre 1). Entre 2008 et 2010, Paris et Damas vivent leur lune de miel, les relations commencent à d'autant plus se stabiliser. Un mouvement nommé le printemps arabe29 frappe le Moyen Orient en 2011, la Syrie en est devenue victime et plonge dans une guerre sanglante qui l'isole à nouveau avec un bilan diplomatique et humanitaire lourd, avec des conséquences internes chaotiques (Chapitre 2).

Chapitre 1 : Une tentative de relance des relations franco-syriennes

Kushner30 : « Le rôle de la Syrie est primordial dans la région. »

Chirac, après son mandat souhaitait que le nouveau président français, Nicolas Sarkozy garde une bonne relation avec Saad Hariri, fils de Rafic Hariri.

28 Cet accord est négocié à la suite des combats qui ont éclaté au Liban entre le 7 et le 14 mai 2008 en raison de la crise politique provoquée par l'absence d'exécutif depuis novembre 2007 et la fin de mandat d'Emile Lahoud.

29 Le terme « printemps arabe » désigne une vague de révoltes dans les pays arabes, ce terme est comparé au « printemps des peuples » de 1848. Ce sont des contestations populaires qui dénoncent la dictature, la corruption et la pauvreté. Le mouvement à commencé en Tunisie en 2010 avec le renversement du président Zein Abdin, le président égyptien fut renversé par la suite, puis le président libyen Khaddhafi fut également renversé et tué. Les révoltes commencent en Syrie en mars 2011.

30 Désigné ministre des affaires étrangères et européennes par Sarkozy de 2007 jusqu'en 2010.

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En effet, Sarkozy et Chirac ont reçu Saad Hariri à l'Elysée et Hariri a déclaré que la discussion avec les présidents français s'était très bien passée.

Un premier pas dans les relations franco-syriennes est observé lors de la visite de Sarkozy à Damas en Septembre 2008 (2).

Une rencontre s'est effectuée entre le président syrien et français et leurs ministres des affaires étrangères à Istanbul pour débattre sur la question méditerranéenne (l'Iraq et les villes voisines).

L'invitation de Bachar al-Assad au 14 juillet marquait également une rupture avec la politique vis-à-vis de Damas mise en place par le précédent occupant de l'Élysée (1).

Une relation donnant-donnant

Le président syrien Al Assad s'est mis d'accord avec Claude Guéant31 et Jean David Levitte32 à propos des élections libanaises qui devraient selon eux, se dérouler librement selon les choix des citoyens libanais.

Le président Sarkozy et le président syrien Bachar Al Assad étaient convaincus qu'avec leur coopération, ils pourraient participer à une union libanaise afin que les libanais puissent élire librement leur président en respectant la constitution libanaise et sans intervention étrangère, par conséquent une relation basée sur la bonne volonté de la Syrie.

Le ministre des affaires étrangères de Sarkozy, Bernard Kouchner avait promis de faire une visite à Damas si les élections libanaises se passent comme prévus. Walid Moualem, ministre des affaires étrangères syrien a lui aussi, promis d'ouvrir une ambassade syrienne au Liban après l'élection du président libanais ainsi que l'établissement de frontières (ouvrir une ambassade au Liban sous entend une reconnaissance de la souveraineté libanaise). Il considère que le rôle de la Syrie est très important dans la région et par conséquent très important au Liban.

31 Un haut fonctionnaire français et homme politique, à l'époque ancien directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy.

32 Conseiller diplomatique des deux présidents, Chirac et Sarkozy.

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La Syrie choisit de coopérer et ouvre une ambassade libanaise en Syrie et une ambassade syrienne au Liban.

Bernard Kouchner promettait une meilleure relation franco-syrienne si et seulement si la Syrie ne met aucun obstacle dans le déroulement des élections libanaises, selon lui, la France a besoin de garantie. Selon des sources diplomatiques européennes, personne n'est dupe, et tout le monde sait que la page du passé n'est qu'à moitié tournée. La politique étrangère de la France vis-à-vis de la Syrie dépendait toujours du Liban, l'enfant gâté de la France.

On a vu dans la partie précédente que les services de renseignements français et syriens coopéraient malgré l'isolement dans lequel se trouvait la Syrie. Avec l'arrivée de Sarkozy les relations entre les deux services secrets vont se renforcer faisant place à une relation amicale rompue depuis quatre ans.

La lune de miel

Bachar Al Assad dans un entretien avec France 3 :

« La Syrie est toujours ouverte au dialogue avec la France et une coopération franco-syrienne dans la région serait pertinente car les deux pays partagent les mêmes intérêts que ceux du Moyen Orient, et l'Europe peut jouer un rôle important dans la région à travers la France également. »

Il ajoute : « La présidence de Nicolas Sarkozy insiste sur la paix au Proche Orient, et cela permet de relancer les relations franco-syriennes dans une nouvelle ère grâce a une nouvelle politique réaliste et pragmatique française. »

Nicolas Sarkozy a aussi déclaré dans un entretien33 au quotidien syrien Al Watan que le chemin menant à la paix au Proche-Orient passait par « la France et la Syrie », lors de sa première visite en tant que chef d'Etat occidental à Damas depuis cinq ans. « La Syrie est un grand pays qui peut apporter une contribution irremplaçable au règlement des problèmes au Proche-Orient. Il est essentiel qu'elle joue un rôle positif dans la région », affirme Sarkozy.

33 Entretien tiré du journal quotidien Al Watan syrien, rédigé par Waddah ABD RABBO, éditeur en chef, publié le 3 juillet 2008

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« C'est bien dans la voie de la coopération que je vois l'avenir franco-syrien », souligne le président français, qualifiant l'amitié entre les deux pays de « richesse inestimable que nous devons à tout prix préserver. » Les deux dirigeants ont profité de cette nouvelle entente pour évoquer les dossiers chauds de la paix avec Israël et du nucléaire iranien. Les négociations de paix entre la Syrie et Israël étaient cantonnées à des discussions indirectes parrainées par la Turquie, à Ankara. En ce qui concerne la question nucléaire iranienne, une divergence est apparue entre les deux présidents, l'un est hostile à l'arme nucléaire iranienne, et l'autre estime que le Proche Orient devrait être débarrassé de tout arme nucléaire (allusion claire à Israël) et évidemment, le président syrien ne souhaite pas perdre son allié stratégique de la région. Sarkozy s'était rendu pour la première fois en Syrie en 1999 pour y passer une semaine de vacances avec son ex-femme.

En 2008, il effectue une visite qualifiée de « politique » à Damas, la première visite d'un président occidental en Syrie depuis 2002. Il a été reçu à l'aéroport par le ministre des affaires étrangères syrien, Walid Moualem qui l'a accompagné au Palais du peuple pour sa rencontre avec le président syrien Bachar Al Assad.

Sarkozy était accompagné du chef de la diplomatie française Bernard Kouchner et d'une importante délégation économique. Le lendemain, le président Sarkozy rend visite a la communauté française en Syrie au Lycée Charles de Gaulle de Damas pour son inauguration.

Photo : Nicolas Sarkozy à l'Ecole française de Damas, accompagné de sa délégation34.

34Photo prise par Ammar ABD RABBO, photographe franco-syrien.

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Lors de l'inauguration du lycée français de Damas, Sarkozy ainsi que sa délégation étaient accompagnés du ministre Bernard Kouchner, du ministre de l'éducation syrien Ali Saad, de l'ambassadeur français à Damas Michel Duclos et les membres de l'ambassade française.

Le président a fait un tour de l'établissement et des salles de classe où le programme français est suivi à la lettre par des professeurs de qualité. Le président Sarkozy a adressé ses remerciements au gouvernement syrien pour promouvoir la culture francophone en Syrie qui permet de maintenir des relations culturelles entre les deux pays. Il a également ajouté que la France soutient la Syrie au Golan et offrira son soutien également dans les négociations syriennes et israéliennes afin d'obtenir la paix entre les deux pays.

La France, la Syrie, la Turquie et le Qatar se réunissent dans le cadre d'un sommet quadripartite regroupant les quatre chefs d'états afin de discuter sur les problèmes de la région et améliorer les relations économiques et politiques entre les quatre pays.

Sarkozy était un très cher ami du Qatar, ainsi que Bachar Al Assad, et les relations avec la Turquie étaient à l'époque amicales, tout était en place pour retrouver la paix au Proche Orient. Comment, trois ans plus tard, la Syrie a-t-elle plongé dans la pire crise de son histoire ?

Chapitre 2 : Le printemps arabe et la crise syrienne de 2011, un chaos diplomatique.

L'année 2011 sera l'année de terreur pour les pays arabes qui traversent une vague de protestations et de révoltes qui fait tomber les gouvernements autoritaires en place (1).

Plusieurs régimes sont tombés dans le nord de l'Afrique (Egypte, Tunisie, Libye) mais après huit ans de guerre acharnée, le régime syrien est toujours en place. La guerre en Syrie a été en grande partie orchestrée par une ingérence étrangère (2-3), mais le régime en place avait des problèmes internes non-négligeables. La Syrie connait aujourd'hui un isolement diplomatique sans précédant avec une crise interne qui plonge le pays dans une crise économique, sociale, politique qui semble impossible à résoudre (4).

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Le début de la fin

Entre décembre et janvier 2011, Mohammed Bouazizi, un jeune vendeur tunisien, proteste contre la saisie de sa marchandise par la police à Side Bouzid en Tunisie. Cet événement créer une vague de contestations qui se propage jusqu'à gagner Tunis.

Le président, Zein ElAbidin Ben Ali, au pouvoir depuis 1987 s'enfuit et se réfugie en Arabie Saoudite. Un gouvernement provisoire est mis en place en mars 2011 avec des nouveaux ministres.

La Tunisie est le seul pays arabe qui a parvenu à établir une transition démocratique. Les tunisiens élisent au suffrage universel, en décembre 2014, leur président Beji Caïd Essessbi, mort le 25 juillet dernier.

Durant cette même période, en janvier 2011, plusieurs manifestations se sont enchaînées en Egypte, la première s'est tenu au Caire à Place de Tahrir pour réclamer la chute du régime égyptien de Hosni Moubarak, en pouvoir depuis 1981. Le président égyptien quitte le pouvoir un mois plus tard, en février 2011 et le pouvoir est transféré à l'armée. C'est le plus grand mouvement populaire que l'Egypte ait jamais connu. L'Egypte connait entre 2011 et 2014 une parenthèse démocratique qui va très vite s'essouffler lors de l'arrivée au pouvoir du président égyptien actuel Al-Sissi qui va mener une répression sanglante contre les frères musulmans et les islamistes du pays. L'Egypte a connu beaucoup d'attentats djihadistes et reste aujourd'hui un pays instable.

En février 2011, les manifestations se multiplient en Libye réclamant le départ du colonel Kadhafi, au pouvoir depuis 1969. La police libyenne mènent des répressions et en conséquence l'ONU impose son embargo sur la Libye et en particulier sur le clan Kadhafi et une résolution onusienne va autoriser le recours à la force en mars 2011 pour la protection civile avec des frappes aériennes contre les forces du gouvernement libyen. La coalition internationale intervient militairement, les Etats Unis, le Royaume Uni ainsi que la France vont bombarder l'armée de Kadhafi. Ces pays vont s'allier avec des rebelles qui vont infiltrer et contrôler petit à petit plusieurs zones jusqu'à arriver à Tripoli et encercler la résidence du président Kadhafi, Tripoli est prise en août 2011. En octobre 2011, Kadhafi est capturé et tué près de sa ville natale Syrte.

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En Syrie, tout a commencé dans la ville au sud de la Syrie, Daraa. Un chef dans les services de renseignements, Atef Najib est accusé d'avoir kidnappé des enfants et leur avoir arraché les ongles. Une manifestation de 50 à 75 personnes s'est organisée dans la ville réclamant la démission du chef Najib. Tous les vendredis après midi, une manifestation est organisée, les tensions entre la police et les manifestants se multipliaient, et les deux camps se lançaient des pierres et des pneus brûlés, les manifestations étaient maladroitement et sévèrement réprimées, la violence augmentait au fur et à mesure des semaines.

Certains manifestants se sont armés, et de là, les révoltes ont pris une tournure sanguinaire. Les appels à la révolte se faisaient depuis la mosquée et les révoltes se sont multipliés dans les villes pour faire chuter le régime de Bachar Al Assad.

À qui profite de cette guerre ?

Il serait pertinent de rappeler que les frères musulmans35 ont été durement réprimés par Hafez Al Assad lors de leur coup d'Etat en 1980. Les frères musulmans cherchaient sans doute la vengeance auprès d'un régime qu'il leur est hostile. Le régime syrien « baassiste » ainsi que l'irakien étaient fortement basés sur le modèle soviétique, le modèle ennemi des Etats Unis. « A l'issue de la première guerre d'Irak, Paul Wolfowitz, l'un des grands prédicateurs de l'idéologie hégémoniste américaine [É] confie au général Wesley Clark, ex commandant en chef de l'OTAN : «Il nous reste cinq à dix ans pour nettoyer ces vieux régimes parrainés par les Soviétiques avant que la nouvelle hyper-puissance nous défie»36. »

L'histoire de gazoducs et de pipeline n'est pas en elle-même l'origine et l'élément déclencheur de la guerre en Syrie, elle ne reflète qu'un détail, les enjeux de la guerre sont des enjeux d'abord syriens puis le fruit d'une ingérence étrangère.

Pour l'expliquer brièvement, en 2009, le Qatar propose un pipeline de gaz naturel qui passerait par la Syrie et la Turquie pour arriver en Europe.

35 Les frères musulmans, en arabe al-Ikhwân al-Muslimûn, possède une idéologie islamique stricte basés sur la société des frères musulmans fondé en 1928 en Egypte, elle lutte contre l'emprise occidentale, elle est considérée comme une organisation terroriste.

36Michel RAIMBEAU, Les Guerres de Syrie, p.45

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La Syrie refuse se projet et lance un projet en collaboration avec l'Iraq et l'Iran pour faire profiter du gaz aux pays de l'Est et refuse l'accès au Qatar et à l'Arabie Saoudite. Bien entendu, le pays qui a accès aux gazoducs touche une somme importante de richesse.

Les pays qui ont été touchés par le « printemps arabe » ont tous un terreau commun, ils sont propices aux contestations avec la corruption, l'autoritarisme, la répression, un déficit de libertés pour le peuple, voire la pauvreté ou les inégalités.

Les monarchies pétrolières sont-ils des pays démocratiques ? Pourquoi sont-ils épargnés de ces mouvements révolutionnaires ? Ne sont-ils pas propices à la contestation ?

En fin de compte, ce sont les pays à forte identité nationale et moderniste qui sont visés : L'Egypte, la Syrie, la Tunisie et la Libye.

Ce printemps arabe a-t-il été une stratégie américaine pour le projet du Grand Moyen Orient ? Les Etats Unis avaient-ils pour but d'affaiblir les pays arabes aux alentours d'Israël pour les rendre incapables d'affronter l'Etat hébreu ou avaient-ils pour but de sauver les peuples arabes des dictateurs pour les aider à se démocratiser ? Ce sont deux façons de voir les choses... Essayons de se rappeler des pays qui ont été victimes d'ingérence étrangère (surtout américaine) l'Iraq, la Libye, l'Afghanistan, le conflit israélo-palestinien... Les peuples ont-ils été sauvés par les américains ? Soyons réalistes, ces guerres n'ont fait que propager davantage le chaos dans la région.

Pour revenir sur la Syrie, il s'avère que dans la Ghoutta de Damas37 étaient cachés des tunnels souterrains, tellement grands qu'on peut deviner qu'ils ont pas été construits en quelques jours.

Ces tunnels servaient aux rebelles révolutionnaires pour des passages clandestins, pour cacher des véhicules, des armes.

Par ailleurs, il faudrait clarifier et définir le mot « rebelles » souvent utilisé dans les médias. Ce n'est pas un mot facile à définir, les rebelles pour les médias occidentaux sont considérés comme des manifestants modérés, en réalité ce sont des personnes, parfois syriennes mais pour la majorité de nationalités étrangères qui auront infiltré la Syrie, sûrement à travers ses frontières pour semer la révolte et renverser le régime

37 Un oasis avec des grands champs qui entoure la capitale

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autoritaire syrien. Ces rebelles sont soutenus par les occidentaux et les monarchies pétrolières, ce point sera éclairci tout à l'heure.

Une ingérence avouée ?

Roland Dumas, ancien ministre des Affaires étrangères de l'ancien président français Mitterand, témoigne en 201038 :

« C'est très simple, je me trouvais à Londres pour des affaires et les interlocuteurs avec lesquels j'avais affaires étaient Anglais [..]. Ils m'ont révélé tout de go, sans précautions, qu'il se préparait une action en Syrie, à partir de l'Angleterre, avec des Syriens, des gens du Proche Orient, ils ne m'ont pas dit lesquels [...] ; cela avait pour but de renverser le régime ; une fois pour toute il y'aurait la révolution, elle serait violente et s'en prendrait au gouvernement de Bachar Al Assad, et elle se déclenchera dans les mois prochains. [...] Les Anglais travaillent pour les Américains depuis longtemps. D'autres éléments se sont agrégés, notamment les pays arabes [...] Ils avaient tout organisé, y compris le remplacement du président syrien [...] »

En octobre 2017, le Cheikh Hamad Ben Jassem Al Thani (HBJ), ancien premier ministre et ministre des affaires étrangères du Qatar se livre dans un entretien avec une télévision d'Etat39.

Selon HBJ, la Syrie était une proie des pays du golfe, un plan qatari a été élaboré en coordination avec la Turquie et les Etats Unis pour intervenir en Syrie. HBJ affirme que ces pays ont soutenu les groupes armés (Al Nosra par exemple).

Il dit : « L'Arabie Saoudite et le Qatar s'occupaient de l'armement, de l'entrainement et du financement, Tout était distribué en passant par la Turquie et par les forces du CIA américaine. Lorsque Al Nosra est apparue sur la liste des organisations terroristes le soutien s'est arrêté. »

38Les Guerres de Syrie, Michel RAIMBAUD, p.51

39 Entretien disponible sur Youtube en arabe sous-titré anglais : https://www.youtube.com/watch? v=o9KASEc-RqM

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Finalement, les puissances étrangères auraient-elles diabolisé le régime syrien pour faire accepter la nécessité de la guerre aux opinions publiques comme pour la guerre d'Iraq en 2003 ?

Le président Bachar Al-Assad et son régime autoritaire est-il réellement la cause du déclenchement de la guerre ? Ou est-il celui qui aurait empêché l'expansion des organisations terroristes dans la région ?

Il serait intéressant d'envisager une étude qui porte sur l'instrumentalisation de la guerre, l'ingérence étrangère et la désinformation des médias occidentaux. Le livre Guerre en Syrie de François Belliot40 dénonce le mensonge organisé des médias et des politiques français.

Un chaos interne

Dès le début des mouvements en Syrie, les syriens se retrouvent divisés entre les pro-Assad et les opposants au régime syrien. Dans un pays composé de mosaïques de religions qui cohabitent, des divisions religieuses et une differenciation entre sunnite et chiite, chrétien et musulman commencent. A petite échelle, les familles se divisent, les amitiés se rompent, et les mentalités changent pour le pire.

Une inflation de 1000% frappe la pays avec des prix multipliés par dix, et des salaires gelés. La pauvreté et le chômage de masse augmentent de façon considérable.

Les futurs cadres, médecins, ingénieurs quittent le pays pour trouver un avenir sûr ailleurs, les investisseurs fuient et les entreprises ferment.

La corruption continue, et les injustices se creusent. Les riches se sont enrichis et les pauvres se sont appauvris, à quelques exceptions des personnes qui se sont enrichis avec la guerre.

Toutes les transactions se font en espèces, les distributeurs ne fonctionnent pas depuis le début de la guerre. Le chaos économique est tellement grave qu'il prendrait des années à se résorber.

40 Homme de lettres, auteur de nombreux articles et études sur le terrorisme fabriqué et les manipulations médiatiques.

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Diplomatiquement, la Syrie est isolée, plusieurs ambassades occidentales ont fermées, mais le soutien des russes et du Hezbollah vont sauver le régime syrien qui réussira à rester en place et récupérer 90% de son territoire des différentes factions terroristes.

Chapitre 3 : Un changement radical de la politique étrangère française à l'égard de la Syrie

Nous savons qu'entre 2008 et 2010, Paris et Damas vivaient leur lune de miel sous la présidence de Nicolas Sarkozy, tout bascule en 2011 lorsque la Syrie sombre dans son pire cauchemar. François Hollande va renforcer la politique d'opposition au régime de Sarkozy (1) et va participer aux cycles négociations qui échouent les uns après les autres. Durant ce drame syrien, la France va devoir faire face à d'autres problèmes internes qui vont toucher plusieurs pays européens (2). Quelle est la situation actuelle des relations franco-syriennes ? Cette rupture est-elle définitive ? (3)

Le dossier syrien au Quai d'Orsay

Lorsque les Etats Unis, l'Arabie Saoudite, la Turquie et le Qatar (meilleur ami de Sarkozy) s'alignent contre le régime de Bachar Al Assad, logiquement la France n'allait pas s'allier avec le régime syrien (allié de l'Iran, du Hezbollah et de la Russie).

Le Quai d'Orsay estime que le régime syrien était en train de « s'écrouler comme un château de cartes et sa chute est pour très bientôt41. »

En 2012, François Hollande succède à Sarkozy, et Laurent Fabius succède à Alain Juppé, ancien ministre des affaires étrangères. Malgré ce changement, la politique étrangère française à l'égard de la Syrie reste identique.

41 Chemins de Damas, Georges MALBRUNOT, Christian CHESNOT, p.310

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Laurent Fabius est animé d'une haine sans limite envers Bachar Al Assad, selon lui, il « ne mériterait pas d'être sur cette terre42. » Désormais, l'objectif au Quai d'Orsay est de trouver une solution politique pour une Syrie sans Bachar Al Assad.

La France de Hollande va faire de l'Arabie Saoudite, son partenaire au Moyen Orient dans une lettre qu'il envoie au Roi Abdallah qui confirme leur relation bilatérale. L'Arabie Saoudite, le pays avec le moins de droits de femmes, où on décapite au sabre les condamnés à mort en public, ce n'est pas important pour la France qui s'en accommode facilement.

Pendant l'été 2012, Nicolas Sarkozy va s'exprimer publiquement : « En Libye, j'ai pris mes responsabilités et j'ai agi. François Hollande, lui, se dérobe et n'a pas le courage de faire ce que j'ai accompli dans la crise libyenne43. »

Face à cette agression, François Hollande va pas se laisser faire et un règlement de compte commence entre la gauche et la droite, et face aux paroles de Sarkozy, Hollande va d'autant plus renforcer son soutien à l'opposition syrienne. Une importante aide financière et médicale de la part de la France est livrée à différents conseils révolutionnaires, un équivalent de 1,5 millions d'euros.

La France refusait de négocier avec le régime syrien, aucune communication était possible entre les services de renseignements et la France était donc contrainte de négocier avec les adversaires du régime pour des informations. Deux ans après le début du drame syrien, Al Assad est toujours en place, la France remet les pieds sous la table des négociations.

Plusieurs négociations sont organisés (en Tunisie, à Genève, à Astana) mais un accord semble impossible à atteindre, les partis campent sur leurs positions.

La France va continuer de se démener en dénonçant le régime, en se heurtant au vétos russes aux Nations Unies, et les Etats Unis vont petit à petit se détacher du conflit.

Malheureusement, la France va se heurter à plusieurs obstacles, le terrorisme combattu en Syrie par l'armée syrienne va frapper la France, et l'immigration en masse des syriens va faire l'objet de problèmes et de débats en Europe.

42 Chemins de Damas, Georges MALBRUNOT, Christian CHESNOT, p.322

43 Chemin de Damas, Georges MALBRUNOT, Christian CHESNOT, p.328

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La crise des réfugiés syriens et son impact sur l'Europe

« La Syrie est la crise humanitaire et de réfugiés la plus importante de notre temps. Elle reste la cause de souffrances pour des millions de personnes et devrait provoquer un élan de soutien à travers le monde entier44. »

La convention de Genève de 1951 définit le réfugié étant : « toute personne qui, craignant avec raison d'être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ».

Près de un million de syriens ont pris la courte route pour aller se réfugier au Liban ou en Turquie, certains ont réussi à avoir une vie aisée, et d'autres vivent dans des camps de réfugiés dans des conditions épouvantables. Envers les syriens, les libanais oscillent entre méfiance, exploitation, indifférence et cohabitation.

Des milliers de syriens ont perdu la vie en mer en essayant d'arriver en Union Européenne, et l'Europe connait une forte crise migratoire en 2015 avec des réfugiés venant des pays frappés par le terrorisme et la guerre tel que la Syrie (carte en annexe 2).

L'Europe a dû mettre en oeuvre des mesures de protection et de contrôle des frontières afin de contenir les flux de migrants. La grande majorité des migrants prenaient la route de la Méditerranée orientale, c'est à dire traverser la mer de la Turquie pour arriver en Grèce.

Les pays européens ne parviennent pas à se mettre d'accord sur l'attitude à adopter et sur la répartition des migrants dans les pays membres, certains pays sont hostiles aux flux migratoires, d'autres sont favorables à un système de quotas. Des accords ont été établis entre l'Europe et la Turquie afin d'empêcher certains migrants d'arriver sur le continent européen. La Grèce et l'Italie, du fait de leur position géographique ont dû gérer énormément de demandes d'asile. L'Allemagne reste le premier pays d'accueil des réfugiés en Europe, il accorde l'asile à 445 000 réfugiés en 2016.

44 UNHCR, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés.

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En France, l'opinion publique est en faveur de l'accueil des migrants, François Hollande avait indiqué qu'il était prêt à accueillir en 2015, 24 000 réfugiés sur deux ans.

La photo de l'enfant syrien mort sur une plage en Turquie va entrainer des manifestations dans plusieurs villes françaises pour soutenir l'accueil des migrants en France. Seul le front national français, présidé par Marine LePen, est particulièrement sensible à l'accueil des migrants fuyant les guerres.

La crise migratoire va susciter des débats en Europe, notamment sur la sécurité en Europe, la présence de l'Islam sur un continent chrétien, une méfiance envers les syriens et d'autres nationalités va se former après les attentats terroristes en France.

La situation actuelle des relations franco-syriennes

L'idée de faire chuter le régime syrien semble devenir lointaine pour le gouvernement français. Le régime syrien a récupéré la majorité de son territoire des mains des terroristes avec une aide extérieure considérable venant de la Russie, du Hezbollah, et une aide financière importante de l'Iran, le grand chiite qui avait peur qu'un régime sunnite se mette en place pour s'allier à l'Arabie Saoudite.

Le régime syrien et son allié russe sont devenus les experts en terme de lutte anti-terroriste. Dans la région syro-irakienne, la menace terroriste reste préoccupante, et le terrorisme représente également un danger pour la France. Comme nous l'avons vu dans la première partie, Nicolas Sarkozy bénéficiait d'une coopération dite sécuritaire avec les syriens en 2007, un interlocuteur important dans la région pour lutter contre le terrorisme. Une relation franco-syrienne pourrait renaitre sur la base de cette même coopération.

Avec l'arrivée de Macron à la présidence française, celui-ci semble remettre l'ordre des priorités en désignant le terrorisme islamique comme premier ennemi de la France, et Bachar Al Assad l'ennemi de son peuple, l'objectif de le renverser ou le remplacer n'est plus d'actualité, et les dialogues sont encore figés car le cycle des négociations dans le cadre onusien reste au point mort.

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Conclusion

Ce mémoire avait pour ambition d'étudier l'évolution irrégulière des relations franco-syriennes sous les mandats des différents présidents français ainsi que la gestion de la crise syrienne par la diplomatie française.

Il a fallu procéder avec un plan chronologique afin de pouvoir comprendre les différentes ruptures et continuités auxquelles ont dû faire face Paris et Damas.

Il convenait alors de s'intéresser à la politique étrangère des trois présidents français, Chirac, Sarkozy et Hollande qui ont mené chacun une politique différente à l'égard de la Syrie. Bien entendu, une politique étrangère est menée selon une adaptation régulière des circonstances et de la géopolitique de la région.

D'une part, les relations interétatiques vont être soumises à des réactions relevant d'une dimension personnelle, notamment le président Chirac qui s'est laissé emporté par ses émotions dans sa politique étrangère après l'assassinat de Hariri.

D'autre part, les relations entre les deux capitales vont fortement dépendre de facteurs extérieurs, comme la souveraineté libanaise et les dangers qui entouraient la région (guerre d'Iraq, conflit isra`lo-palestinien, instabilités au Liban).

On a pu donc observé une véritable relation sinusoïdale qui a réussi à maintenir une certaine continuité avant de se rompre complètement après les révoltes de 2011. Cette continuité est fortement basée sur une coopération sécuritaire qui a fait l'objet d'une aide considérable aux occidentaux en terme de lutte contre le terrorisme. Le terrorisme est désormais un danger international qui touche également les pays occidentaux, on pourrait donc envisager une reprise des relations entre Paris et Damas sur un objectif similaire basé sur la lutte contre le terrorisme.

Afin d'aborder la crise syrienne il a fallu s'intéresser à différentes facettes du conflit, car il existe aujourd'hui plusieurs version des faits qui expliquent le drame syrien.

Il y'a ceux qui sont hostiles au régime de Bachar Al Assad et tiennent à le renverser afin d'obtenir plus de démocratie dans le pays, et il y'a ceux qui soutiennent le régime car selon eux, il aurait permis de vaincre le terrorisme dans la région, et puis il y'a ceux

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qui sont indifférents, le sujet est donc à prendre avec des pincettes. Grâce à des recherches approfondies, le but de cette étude était finalement d'apporter une nouvelle approche à ce conflit complexe, au mieux de l'éclaircir car il reste incompris par beaucoup.

Une ingérence étrangère menée principalement par les pays du Golfe et les Etats Unis est prouvée aujourd'hui et abordée dans plusieurs ouvrages, elle s'est essentiellement basée sur un processus qui consiste à convaincre l'opinion publique de la nécessité de la guerre autour d'une diabolisation de Bachar Al Assad. Plusieurs responsables diplomatiques reconnaissent aujourd'hui que la personnalisation du débat autour de Bachar Al Assad était une erreur45.

Le président Emmanuel Macron semble abandonner l'objectif de renversement du régime syrien longtemps soutenu par Hollande, et semble encore moins s'intéresser à une éventuelle réconciliation entre les deux pays.

Aujourd'hui les ambassades sont toujours fermées en Syrie, la situation économique et financière se dégrade de jour en jour, un régime autoritaire est toujours en place, et la Syrie semble encore loin de résoudre ses crises internes et de sortir de son isolement international.

Cette recherche n'a porté que sur une région limitée, celle de la Syrie. Elle pourrait être poursuivie et enrichie par une étude sur la relation entre la Russie et la Syrie afin de comprendre l'intérêt que possédait la Syrie vis-à-vis du modèle soviétique et le soutien indéniable apporté par les russes dans la guerre syrienne ; ou bien par une étude sur la relation entre la Syrie et les pays du Golfe, qui semble également être une relation en dents de scie.

45 Georges MALBRUNOT. «Syrie : le Quai d'Orsay commence à reconnaître ses erreurs d'analyse». L'Orient indiscret, Blogs du Figaro, 11 janvier 2017

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Bibliographie

Ouvrages

MALBRUNOT Georges ; CHESNOT Christian, Les Chemins de Damas. Le dossier noir de la relation franco-syrienne. Robert Laffont, Paris, 2014.

RAIMBAUD Michel, Les guerres de Syrie, Glyphe, 2019.

BELLIOT François, Guerre en Syrie, Volume 1, SIGEST, 2015-2016.

KLEIB Sami, SYRIE, Documents secrets d'une guerre programmée, Les points sur les i, 2019.

GUINGAMP Pierre, Hafez El Assad et le parti Baath en Syrie, L'Harmattan, 1996.

BELHADJ Souha
·l, La Syrie de Bachar Al Assad, Belin, 2013.

ZISSER Eyal, Commanding Syria, I.B Tauris, 2007.

DONATI Caroline, L'exception syrienne, entre modernisation et résistance, La

Decouverte, 2009.

FEUERSTOSS Isabelle, la Syrie et la France. Enjeux politiques et diplomatiques, Paris, L'Harmattan, 2013.

TANNOUS Manon-Nour, Chirac, Assad et les autres, PUF (Presses universitaires de France), 2017.

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Articles de presses

AYAD Christophe, BARTHE Benjamin,L'été où la France a presque fait la guerre en Syrie, Le Monde, 13 février 2014.

BAUCHARD Denis, France- Syrie : Une relation en dents de scie, Boulevard Extérieur, 4 décembre 2017.

BOLTANSKI Christophe et JAUVERT Vincent, Sarkozy et son ami Bachar Al Assad, Nouvel observateur, 27 octobre 2011.

DAOU Marc, Sarkozy et Assad, une amitié franco-syrienne contestée, France24, 09 décembre 2010.

LARROUTUROU Paul, Trente ans de relations complexes entre les présidents syriens et français, le Monde, Proche-Orient, 29 avril 2011.

NOUGAYREDE Natalie, La diplomatie française peut-elle se reconstruire ?, Le Monde, 23 février 2011.

RIOLS Yves-Michel, Laurent Fabius : s'allier avec Bachar al-Assad serait une impasse, Le Monde, 2 octobre 2015.

Articles en arabe tirés des archives du quotidien syrien Al Watan à Damas (exemple en Annexe 3).

Sites Web

https://www.senat.fr/ga/ga76/ga762.html

https://docassas.u-paris2.fr/nuxeo/site/esupversions/c01c878b-2226-40b1-

b5f0-15aa82d367ac?inline

https://www.vie-publique.fr/chronologie/chronos-thematiques/soixante-dix-ans-relations-franco-syriennes.html

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Annexe 1

JORDANIE

TURQUIE

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· AIep

z

Lattaquié

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4w Haind . SYRI E

Horns

LIBA

mont` Hermon

A DAMAS

I RAI{

U 54

Cd 0

Source : Universalis.fr

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Annexe 2

r

4. Syrie

5. Guinée

7697

4 0 6113

I

2017
· 185 139 (3139)

2018 141472 (2 277)

2019 115 936` (352*)

Les nationalités les plus représentées Nombre d'arrivées en Europe en 2018

1. Maroc 812751

3. Afghanistan CO 9 601

5. Pakistan L3 7 859

L'immigration en volume

· Arrivées (Décès et disparitions de migrants)

2014 225 455 (3 538)

2015 1 032 408 (3 771)

2016 373 652 (5 096)

L'immigration

en Europe

Les pays qui accueillent le plus en Europe Entre octobre 1015 et avril 1018, hors Italie et Grèce

En nombre de migrants accueillis pour 1 million d'hab.

1. Luxembourg 911,95

2. Finlande 359,14

3. Malte 353,16

4. Suède 301,18

6. Irlande 211,58

I

...15. France 75,23

SOURCES : UNHCR ET 01M. LP/INFOGRAPHIE AVEC LA CELLULE DATA.

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Annexe 3

Source : Article tiré du quotidien syrien Al Watan, le titre : La Syrie et la France... vers une confiance nouvelle.

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Annexe 4

Chronologie des événements :

13 décembre 1945 : Evacuation définitive des forces françaises et britanniques de la Syrie et du Liban.

17 avril 1947 : Proclamation de l'indépendance de la Syrie.

21 février 1977 : Voyage du ministre des affaires étrangères français en Syrie M.Guiringaud afin d'effectuer des entretiens avec Hafez Al Assad pour discuter des conflits au Proche Orient : le ministre français approuve publiquement l'aide apporté par la Syrie au gouvernement libanais.

4 septembre 1981 : Louis Delamare, ambassadeur de France au Liban est assassiné à Beyrouth. Les services de renseignement syriens sont pointés du doigt.

Novembre 1984 : François Mitterand, président de la République française se rend en Syrie.

Octobre 1996 : Voyage de Chirac à Damas pour discuter avec Hafez Al Assad pour établir un partenariat avec la Syrie.

Juillet 1998 : Visite de Hafez Al Assad en France afin qu'il apporte son soutien à une conférence de paix au Proche-Orient.

10 Juin 2000 : Décès du président syrien Hafez Al Assad. Chirac était le seul président occidental aux obsèques.

Fin juin 2001 : Visite de Bachar Al Assad en France, reçu à l'Hotel de Ville à Paris.

Février 2005 : Attentat explosif sur la corniche à Beyrouth contre l'ex premier ministre libanais Rafic Hariri.

Décembre 2007 : Nicolas Sarkozy est prêt à reprendre les relations avec Damas sous conditions de coopération avec le Liban.

14 Juillet 2008 : Bachar Al Assad assiste auprès d'autres chefs d'Etats le défilé du 14 juillet à Paris.

Septembre 2008 : Visite de Nicolas Sarkozy en Syrie

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Juin 2011 : Plusieurs membres européens du Conseil de Sécurité de l'ONU (y compris la France) condamnent les violences en Syrie du régime, et la Russie et la Chine mettent leur veto.

Novembre 2011 : Ambassadeur de France en Syrie Eric Chevallier rappelé en France. Mars 2012 : Fermeture officielle de l'ambassade de France en Syrie.

19 août 2014 : François Hollande confirme son soutien à la rébellion syrienne démocratique avec le financement des armes à l'armée syrienne libre (interview pour le Monde).






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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo