MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA
RECHERCHE
|
REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE
|
|
|
Université Félix Houphouët BOIGNY
Union-Discipline-Travail
UFR des Sciences Juridique, Administrative et Politique
Année Académique : 2013 - 2014
MEMOIRE
EN VUE DE L'OBTENTION DU MASTER II DE DROIT
PUBLIC PRESENTE ET SOUTENU PUBLIQUEMENT PAR
OUAGA Bokoua Yao
Spécialité : Droit de l'environnement
et Droit du littoral
THEME :
LA PRESERVATION DE LA ZONE
CÔTIERE EN DROIT IVOIRIEN
Sous la Direction de:
Monsieur GADJI Yao Abraham
THE
Maître de Conférences Agrégé des
Facultés de Droit
LA PRESERVATION D
Directeur de Master 2 Recherche en Droit Public, UFR SJAP-UFHB
Directeur du Master 2 Professionnel en Droit des Contentieux, UFR
SJAP-UFHB
CÔTIERE EN DROIT IVOIRIEN
Directeur du Centre Africain de Droit Comparé de
l'Environnement (CADCE)
MEMBRES DU JURY:
Président:
Monsieur GADJI Yao Abraham
LA PRESERVAT
Maître de Conférences Agrégé des
Facultés de Droit
Ô
Suffragants :
Docteur TIEBLEY Yves Didier
Enseignant à L'UFR SJAP de l'Université
Félix Houphouët-Boigny
Docteur KOFFI Ozigre Privat TEME :
Enseignant à l'UFR SJAP de l'Université
Félix Houphouët-Boigny
THEME : LA PRESERVATION DE LA ZONE CÔTIERE EN DROIT
IVOIRIEN
2
(c) Copyright by Yao Bokoua OUAGA, 2014 Tous
droits réservés
L'Université n'entend donner aucune approbation ou
improbation aux opinions écrites dans le présent
mémoire.
3
Elles doivent être considérées comme
propres à leur auteur.
DEDICACE
DEDICACE
4
Au Créateur de l'Univers, qui a accompli en
Christ-Jésus, son plan parfait dans ma vie ;
A ma Mère Feue ZIOGBA KOUDOUHO Christine
qui a non seulement guidé les premiers pas de ma vie mais
était aussi la seule a véritablement me soutenir.
Malheureusement, elle s'en est allée le 08 Mai 2014, sans goûter
le fruit de ses durs labeurs car c'était son rêve ;
A mon Grand-frère BOKOUA OUAGA
Théodore, brillant élève de l'Ecole Militaire
Préparatoire Technique de Bingerville (EMPT),très tôt parti
l'année de mon succès au Baccalauréat série C
;
Au Pasteur GADJI Abraham et son
épouse Micheline GADJI;
Afin de leur apporter la preuve que la volonté est
mère de résultat et que la réussite est vraiment au bout
de l'effort ,
Je dédie ce mémoire de Master II en Droit,
couronnement des mois d'études et de recherches.
« Au commencement DIEU créa le ciel et la
terre. La terre était informeet vide ; il y avait des
ténèbres à la surface de l'abîme, mais l'Esprit
deDieu se mouvait au-dessus des eaux. Dieu dit que la lumière soit et la
lumière fut. (...) Dieu créa l'homme à son image. Il le
créa à l'image deDieu. Homme et femme il les créa. Dieu
les bénit et Dieu leur dit : Soyezféconds, multipliez-vous,
remplissez la terre et soumettez-la. Dominez surles poissons de la mer, sur les
oiseaux du ciel et tout animal qui rampesur la terre. (...) L'Eternel Dieu prit
l'homme et le plaça dans le jardind'Eden pour le cultiver
»1.
5
1Genèse chapitre 1, verset 1-3, 27-28,
chapitre 2, verset 15, Bible, Louis SEGOND, version la colombe
REMERCIEMENTS
6
REMERCIEMEN TS
Bien qu'elle figure au tout début d'un mémoire,
la page des remerciements est généralement la dernière
écrite par l'étudiant. Son élaboration est un moment
particulier, une parenthèse qui invite à regarder en
arrière, à se remémorer le chemin parcouru, les bons
moments comme ceux de doute et qui donne une saveur particulière au
travail accompli. On ne dira jamais assez combien un mémoire est un
apprentissage personnel singulier.
Aussi, au-delà de l'épreuve qui forme
l'étudiant chercheur, un mémoire constitue également un
exercice d'introspection par lequel son auteur se mesure et apprend à
mieux se connaître. Travail solitaire par excellence, la
préparation d'un Master 2 n'est cependant jamais réalisée
sans le concours, la confiance et la présence de certaines personnes.
Cette page est l'occasion de leur exprimer toute ma reconnaissance. Ainsi, nous
souhaitons vivement adresser nos sincères remerciements aux personnes et
structures suivantes qu'ils incarnent :
Nous remercions particulièrement notre Directeur de
mémoire, le Professeur Abraham GADJI, pour le simple
fait qu'il a accepté de nous encadrer. Mais aussi, pour sa très
grande disponibilité, son soutien constant, ses critiques forts
constructives et ses conseils avisés qui furent très
précieux pour nous tout au long de ces mois de recherche. Nous rendons
ici hommage à ses qualités humaines : très patient et
compréhensif, pédagogue et surtout grand homme, une
qualité non moins importante, qui a aussi affermi notre Foi et nous a
faire croire en nos capacités. La rigueur et la pertinence de ses
interventions se sont toujours révélées utiles voire
déterminantes pour l'aboutissement de ce mémoire. Il est un
Père pour nous .
Nous tenons ensuite à témoigner nos
sincères remerciements aux différentes institutions
notamment :
- Le Ministère de l'Environnement, de la Salubrité
Urbaine et du Développement Durable
- Le Ministère d'Etat, Ministère des Affaires
Etrangères
- Le Ministère de la Construction, du Logement, de
l'Assainissement et de l'Urbanisme
- La Direction Générale de la
Décentralisation et du Développement Local.
Nous remercions chaleureusement le Doyen et l'ensemble du
personnel de la Faculté de Droit. Ainsi que les Professeurs, les
Docteurs et doctorants des différentes Facultés de
l'Université Felix Houphouët-Boigny et à l'ensemble des
personnes rencontrées dans le cadre de ces pérégrinations,
notamment des milieux administratifs et académiques, pour leur accueil,
la mise à dispositions des données, ainsi que pour leurs
précieux éclairages.
Nos remerciements vont en outre aux honorables
enseignants-chercheurs, nos chers Maitres , qui ont bien accepté de
faire partie de ce jury de mémoire, pour leurs diverses
appréciations, remarques, et critiques dont le but est d'ameliorer cette
modeste contribution qui, loin d'être parfaite, tente de porter un regard
sur les actions menées sur le plan juridique dans la protection et la
mise en valeur de la zone côtière ivoirienne.
Enfin, il ne nous est pas souvent donné l'occasion de
remercier les personnes qui nous sont chères et qui ont une influence
sur nos pensées et plus généralement sur notre vie. Nous
tenons donc à adresser ici nos remerciements sincères aux membres
de ma famille (biologique mais en CHRIST aussi) qui ne liront sans doute jamais
ce mémoire (peut-être les remerciements) mais qui nous ont tous
encouragé et qui ont participé chacun à leur
manière à ce mémoire. Heureusement qu'ils n'auront
désormais plus à se préoccuper de savoir où en est
notre Mémoire mais plutôt la Thèse, DIEU le voulant !...
SIGLES ET ABREVIATIONS
7
SIGLES ET ABR EVIATION S
ANADER : Agence Nationale d'Appui au Développement Rural
ANDE : Agence Nationale de l'Environnement
APD : Aide Publique au Développement
APE : Accord de Partenariat Economique
BAD : Banque Africaine de Développement
BNETD : Bureau National d'Etudes et de Développement
CDB : Convention sur la diversité biologique
CDD : Commission pour le Développement Durable
CDI : Commission du Droit International
CEDEAO : Communauté Economique des Etats d'Afrique de
l'Ouest
CEDRE : Centre de Documentation, de Recherche et
d'Expérimentation sur les
Pollutions Accidentelles des Eaux
CELM : Cellule Environnement Littoral et Marin
CGILE : Centre de Gestion Intégrée du Littoral et
de l'Environnement
CIAPOL : Centre Ivoirien Anti-pollution
CIJ : Cour Internationale de Justice
CMB : Convention de Montego-Bay
CMED : Commission mondiale pour l'Environnement et le
Développement
CNRS : Centre National de la Recherche Scientifique
CNUED : Conférence des Nations Unies pour l'Environnement
et le Développement CNTIG : Centre National de
Télédétection et d'Information Géographique
COLREG : Collision Regulations
COP : Conférence des Parties
C.P.J.I : Cour Permanente de Justice Internationale
CRE : Centre de Recherches en Ecologie
CRIDEAU : Centre de Recherche Interdisciplinaire en Droit de
l'Environnement, de l'Aménagement et de l'Urbanisme
CRO : Centre de Recherches Océanologiques
CURAT : Centre Universitaire de Recherche en
Télédétection DPM : Domaine public maritime
8
FAO : Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et
l'agriculture
FEM : Fonds de l'Environnement Mondial
GIZC : Gestion intégrée des zones
côtières
IFREMER : Institut Français de Recherche pour
l'Exploitation de la Mer
MAB : Man And Biosphère
MARPOL : Convention internationale pour la prévention
de la pollution par les navires
MOU: Memorandum d'accord (memorandum of understanding)
OMI : Organisation Maritime Internationale
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations Unies
OSPAR : Convention pour la protection du milieu marine de
l'Atlantique Nord-Est
OUA : Organisation de l'Unité Africaine
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
PNUE : Programme des Nations Unies pour l'Environnement
PLU : Plan local d'urbanisme
POS : Plan d'occupation des sols
PNIE : Parc National des Îles Éhotilé
PNAE : Plan National d'Action pour l'Environnement
POLMAR : Pollution Maritime
POLLUMAR : Plan d'Intervention d'Urgence contre les Pollutions
Accidentelles en Mer, en
Lagune ou dans les Zones Côtières
PRCM: Programme Régional de Conservation de la zone
Marine en Afrique de l'Ouest
RGPH : Recensement Général de la Population et
de l'Habitat
SFI : Société Financière
Internationale
TIDM : Tribunal international du droit de la mer
UA : Union Africaine
UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africain
UICN : Union Internationale pour la Conservation de la
Nature
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Education, la
Science et la Culture
WWF : Fonds Mondial pour la Nature
ZPE : Zone de protection écologique
ZEE: Zone Economique Exclusive
9
SOMMAI RE
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE 11
PREMERE PARTIE : UN CADRE JURIDIQUE AMBIVALENT 24
CHAPITRE I : UNE EXISTENCE AVEREE DU CADRE 25
SECTION I : AU REGARD DES INSTRUMENTS JURIDIQUES 25
SECTION II : AU REGARD DES INSTITUTIONS NATIONALES 39
CHAPITRE II : UNE INSUFFISANCE PATENTE DU CADRE 48
SECTION I : LES INSUFFISANCES DE LA LEGISLATION 48
SECTION II : LES FAIBLESSES DU CADRE INSTITUTIONNEL 68
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE 80
DEUXIEME PARTIE : UN CADRE JURIDIQUE A PARFAIRE 81
CHAPITRE I : LE RENFORCEMENT DES INSTRUMENTS
JURIDIQUES
83
SECTION I : LA NECESSITE DE RENFORCER LES REGLES JURIDIQUES
RELATIVES A LA PROTECTON DE L'ESPACE MARIN
DU LITTORAL 83
SECTION II : LA MISE EN PLACE D'UNE NOUVELLE
STRATEGIE
D'INTERVENTION JURIDIQUE SUR LE LITTORAL 91
CHAPITRE II : L'AMELIORATION DU CADRE POLITIQUE 101
SECTION I : L'INTENSIFICATION DE LA
COOPERATION INTERNATIONALE DE LA CÔTE D'IVOIRE EN MATIERE DE
PROTECTION DU LITTORAL 101
SECTION II : LA PROMOTION DES STRUCTURES
ADMINISTRATIVES CHARGES DE LA PROTECTION DU LITTORAL
117
CONCLUSION GENERALE 131
«Tout texte (...) est toujours hautement discutable.
Tout ouvrage, même décisif, est troué d'insuffisances et
d'aveuglements»2.
10
2 BRAUD (Philipe.), Sociologie politique, LGDJ-EJA, Paris,
4ème édition, 1998, p. 6.
11
INTRODUCTION GENERALE
« L'homme doit constamment faire le point de
son expérience et continuer à découvrir,
à inventer, à créer et à avancer. Aujourd'hui,
ce pouvoir qu'à l'homme de transformer le milieu dans lequel il vit,
s'il est utilisé avec discernement, peut apporter à tous les
peuples les bienfaits du développement et la possibilité
d'améliorer la qualité de la vie. Utilisé abusivement,
ce même pouvoir peut causer un mal incalculable aux êtres humains
et à l'environnement »3.
Ce constat dressé par l'article 1 alinéa 3 de la
Déclaration de Stockholm sur l'environnement du 16 juin 1972
révèle combien de fois l'homme est à la fois coupable et
victime de la dégradation de l'environnement. Les conséquences
néfastes de ses activités se répercutent sur son propre
bien-être.
Indispensable à l'économie, au
développement, à l'urbanisation l'espace naturel ce bien rare,
fragile et précieux est menacé dans ses différentes
composantes, ses équilibres et dans sa durabilité. Ceci est
essentiellement dû, à la surexploitation
généralisée des ressources naturelles, ainsi qu'à
l'utilisation de certains processus de production et certains modes de
consommation inadéquats avec les équilibres et l'harmonie du
milieu naturel et le souci de la préservation des ressources
naturelles.
Toute la complexité de la protection du milieu naturel
et des espaces réside actuellement dans l'arbitrage entre les
impératifs de développement socio-économiques qui priment,
souvent, sur les préoccupations écologiques qui sont
placées dans un rang secondaire, notamment dans les pays en voie de
développement.
La conception traditionnelle des politiques publiques, visant
la protection des différents éléments naturels physiques,
tels que les forêts, l'eau ou les sols, va donc être
renforcée mais surtout intégrée dans les
nécessités de la production économique. Ainsi, un espace
naturel physique important constituant une partie importante de cette
protection, et constituant également un tremplin considérable au
développement économique, va se trouver inclus dans les
nécessités nouvelles de ce développement durable, il
s'agit du littoral.
L'Agenda 21 issu de la Conférence de Rio de 1992 sur
l'environnement et le développement apparaît à cet
égard comme une étape clé dans la cristallisation d'une
doctrine qui propose le dépassement de ce clivage à travers le
concept de Développement durable. Ce concept implique par rapport
à l'objet de la présente étude une gestion rationnelle et
intégrée de l'espace naturel avec notamment ses
différentes composantes terrestres et marines et en particulier la zone
côtière; c'est à dire une gestion qui, tout en satisfaisant
les besoins de consommation de cet espace et de ses ressources, doit tenir
compte des besoins des générations présentes, sans
compromettre ceux des générations futures4.
Les actions multiples entreprises par l'État ivoirien
en vue de protéger ses espaces marins et côtiers sont
motivées par des considérations diverses. Celles-ci, dans
l'ensemble, relèvent aussi bien de l'ordre économique
qu'écologique.
3Article 1 alinéa 3 de la Déclaration de
Stockholm sur l'environnement du 16 juin 1972.
4MIOSSEC (Alain), Géographie humaine des
littoraux maritimes, éditions SEDES, Paris, 1998, p. 12
12
Pour mieux appréhender et aborder l'étude de la
zone côtière en Droit ivoirien, il faudrait percevoir, et
définir les concepts du sujet. Mais avant, il conviendrait de donner un
bref éclairage sur l'évolution historique du droit ivoirien en
matièrede zone côtière. Aussi, une présentation du
champ géographique de l'étude s'avère nécessaire.
Cependant, Il ne suffit pas de traiter un thème mais de savoir si
celui-ci est un sujet d'actualité. Cet éclaircissement nous
permettra de mieux circonscrire le champ du sujet et son intérêt
afin de mettre en relief les raisons qui justifient la présente
étude . L'étude de la problématique sera l'occasion de
souligner les interrogations auxquelles nous entendons apporter des
réponses en vue de contribuer efficacement à la
matérialisation de la protection du littoral de la Côte d'Ivoire.
La réponse à la problématique obéira aux normes
méthodologiques en vigueur que nous ne traiterons pas dans cette
étude car réservé à la Thèse mais
débouchera plutôt sur l'annonce du plan .
Depuis quelques années, la Côte d'Ivoire dont le
modèle de développement avait été fondé sur
ses ressources agricoles (cacao, café et hévéa
principalement) connaît de profonds bouleversements. La situation de
conflit armé depuis 2002 a en effet renforcé le processus
déjà engagé de concentration des pôles de croissance
du pays dans la zone Sud littorale autour de l'exploitation
pétrolière off-shore. Sa capitale économique, Abidjan, qui
en constitue le point d'ancrage principal a connu depuis un demi-siècle
un développement exceptionnel, avec un rythme de croissance annuelle de
10 %, l'un des plus élevés au monde5. Cette croissance
a été provoquée non seulement par une évolution
démographique très rapide au niveau national, mais
également par une grande mobilité de la population, une forte
immigration étrangère, un exode rural intense et plus
récemment une forte migration des populations de la zone septentrionale
du pays fuyant la guerre pour le Sud sous contrôle
gouvernemental6.
La prise de conscience, exacerbée par la situation
actuelle, de l'existence d'un littoral fragile au potentiel écologique
et économique intéressant remonte au sommet de la Terre (1992)
par la mise en place d'un Plan National d'Action Environnemental (PNAE). Ce
PNAE s'est traduit par un premier livre blanc de l'environnement en Côte
d'Ivoire (1995) qui propose quatre actions prioritaires à mettre en
oeuvre sur le littoral : l'aide à la gestion, la lutte contre les
pollutions, la gestion de l'eau et la préservation de la
biodiversité.
Concrètement, c'est à la fin des années
1990 que la réflexion, initiée par le PNAE, démontre
l'opportunité de réintroduire la ressource littorale dans une
démarche globale qui s'amorce par des études consacrées
aux risques côtiers7, à l'économie des
pêches8 et du tourisme9, à la
pollution10 ou à l'élaboration de plans de
gestion11.
5 ZOGNOU (Théophile), La protection de l'environnement
marin et côtier dans le golfe de guinée, Thèse, Doctorat de
Droit, Université de Limoges, Décembre 2012, p384.
6Selon l'Institut National de la Statistique,
depuis le début de la situation de crise, le flux de migrants vers le
Sud du pays aurait probablement concerné 50 % des populations
résidant auparavant dans la zone Nord, soit près de 1,7 million
de personnes.
7HAUHOUOT (Célestin), Analyse et
cartographie de la dynamique du littoral et des risques naturels côtiers
en Côted'Ivoire. Doctorat de Géographie, Université de
Nantes. 2000, p. 35 et ss.
8KOFFIE-BIKPO (Céline Yolande), La
pêche artisanale maritime en Côte d'Ivoire : étude
géographique. Doctorat deGéographie, Université de Nantes,
1997, pp. 203-237.
9APHING-KOUASSI (N'dri Germain), Le tourisme
littoral dans le sud-ouest ivoirien, Thèse,
Géographie,Université de Cocody (Abidjan). 2001, p. 70 et ss.
10 AFFIAN (Kouadio), Approche environnementale d'un
écosystème lagunaire microtidal (la lagune Ebrié en
Côted'Ivoire) par des études géochimiques,
bathymétriques et hydrologiques. Contribution du S.I.G. et de
laTélédétection. Doctorat de Géographie,
Université d'Abidjan. 2003.
11KABA (Nasséré), et ABE (Jacques),
Plan de gestion de la zone côtière. Projet EG/RAF/92/G34,
contrôle de la pollution et préservation de la biodiversité
dans le Grand Ecosystème Marin du Golfe de Guinée, FEM. 1999.
13
Ces études sont réalisées dans le cadre
d'une collaboration entre les universités d'Abidjan (Côte
d'Ivoire) et de Nantes (France) établie dans les années 1980 et
qui se poursuit actuellement.
La démarche conduit ensuite, au niveau institutionnel,
à la création d'une Cellule de Gestion du Littoral,
rattachée au Ministère de l'Environnement, qui a
rédigé le second livre blanc s'appuyant sur un diagnostic du
littoral (2001-2002) et sur la préparation d'une stratégie de
gestion (2002-2003) au service des quatre enjeux majeurs identifiés en
Côte d'Ivoire : la consolidation et la traduction d'une volonté
politique ayant pour objectif la sauvegarde durable du littoral ;
l'organisation de l'occupation du littoral et des modalités
d'accès au foncier ; la protection et la mise en valeur raisonnée
et durable des ressources et des potentialités du littoral ; l'adoption
de comportements citoyens compatibles avec la gestion durable du littoral.
Le maniement des concepts est une étape primordiale et
décisive dans l'analyse d'un sujet. Le maniement du langage
dépend de la signification des mots employés. Toute signification
a pour objectif de cerner, de saisir le sujet afin d'en dégager la
portée réelle. La signification du concept d'« environnement
» paraît de ce point de vue importante parce qu'elle conditionne et
détermine la portée des règles juridiques destinées
à régir le domaine dans lequel s'inscrit notre thème.
Le concept d'environnement mais aussi les mots clés du
sujet connaissent une floraison de définitions. Il ne s'agit pas ici de
nous engager dans des démonstrations sémantiques qui
paraîtraient vaines pour notre travail, mais plutôt de mettre en
relief le contenu matériel de ces concepts afin de procéder
à une analyse dialectique de leurs relations.
Notre attention se portera exclusivement mais successivement
sur les notions de préservation et zone côtière.
La « préservation c'est l'action de
préserver : préservation de la nature (synonyme sauvegarde,
protection) »12.
Ainsi, préserver est définit comme :
- Garantir d'un mal, mettre à l'abri de quelque chose ;
synonyme : protéger, prémunir.
- Soustraire à l'altération, à la
destruction : préserver une espèce animale en voie de disparition
; il a pour synonymeSauvegarde.
En outre, la préservation13 de la nature est
une démarche qui vise à protéger la nature pour
elle-même, contre les effets néfastes de l'action des
sociétés, selon un principe biocentré d'une nature
en-dehors de l'homme. Cette approche "préservationniste", apparue
à la fin du XIXe siècle aux Etats-Unis, représente un
courant radical dominant jusque dans les années 1950. En réaction
à ce mouvement, le « conservationnisme » a proposé au
contraire de ne pas exclure l'homme des politiques de protection.
C'est pourquoi, l'article 192 de la Convention des Nations
unies sur le droit de la mer (CNUDM) du 10 décembre 1982
(ci-après Convention de MontegoBay ou CMB) dispose : « les
États ont l'obligation de protéger et préserver le milieu
marin ».
12C'est le sens que nous donne le Dictionnaire du
collège, 6è / 3è, LAROUSSE, p.1346.
13
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/preservation,
Publié le 09/10/2013 ; Pour compléter : Notion à la une
: protéger, préserver ou conserver la nature ?, Samuel
Depraz, 2013 ; Consulté le samedi 19 Avril 2014 à 19 h 30
14
Le Dr. TIEBLEY vient souligne une difference entre protection
et préservation au regard de l'analyse qu'il fait de l'article
précité. Selon lui, l'emploi cumulatif des termes «
protéger » et « préserver » pourrait
être perçu comme de la redondance. Pour lui, Il n'en est rien.
Qu'en réalité, il existe une différence - de degré
il est vrai - entre la protection et la préservation. Si le terme
« protection » paraît viser les mesures principalement
passives de lutte contre les différentes agressions subies par
l'environnement marin, le terme « préservation »
inclut nécessairement des mesures actives de la part des
États en vue d'éviter qu'il ne se détériore, ce
à l'égard de tous les facteurs de cette
détérioration14.
Considérant la CMB comme le fondement international de
la « protection et l'utilisation durable de l'environnement marin
»15,l'Agenda 21, dans son chapitre 17, appuie un tel
raisonnement et donne une interprétation large du devoir de
protéger et préserver le milieu marin prescrit par l'article 192
de la CMB.
Cette acception large du concept
protection/préservation du milieu marin rencontre, dit-il son
assentiment dans la mesure où les conséquences néfastes
des déversements de substances organiques ou chimiques dans le milieu
marin ne sont pas, à l'heure actuelle, toutes
appréhendées. Qu'il existe vraisemblablement des risques non
encore identifiés à ce jour.
En ce qui nous concerne, au regard de tout ce qui
précède, nous choisirons volontairement d'assimiler
préservation à protection.
La nature complexe de la zone côtière, notion aux
multiples visages non définie par le droit, rend cet espace
difficilement saisissable à l'échelle
internationale16.
Le terme « littoral » n'est apparu que tardivement
dans la langue française.
La notion de rivage, définie comme « le bord de la
mer ou d'un fleuve17 », lui ayant été
préférée jusqu'au XIXe siècle.
Le littoral trouve son origine sémantique dans le latin
littusqui signifie rivage, côte de la mer et par extension rive
d'un fleuve18. Cette difficulté à distinguer les deux
notions perdure aujourd'hui. En témoigne la définition du
littoral proposée par le dictionnaire Bordas de la langue
française : « rivage de la mer ». Ainsi, les mots rivage et
littoral ont, dans le langage courant tout au moins, un sens très
proche.
En langue anglaise, l'interface terre - mer est
désigné par le terme de coastal zone que l'on traduit
par zone côtière et qui s'emploie aujourd'hui largement dans la
littérature scientifique. D'autres vocables sont communément
employés pour définir ce milieu, comme ceux de façade
côtière - fascia costiera - ou d'aire
côtière - area costiera- très souvent
utilisés en langue italienne. Si certains auteurs considèrent que
le terme de zone côtière apparaît en français plus
restrictif que celui de littoral19 ou que coastal area
constitue une notion géographiquement plus large que celle de
coastal zone20, l'ensemble de ces expressions désigne un
même espace de bord de mer aux frontières imprécises.
14 Cf. SADELEER (Nicolas de) et BORN (Ch.), Vade-mecum sur le
droit international de la biodiversité, op.cit., p.187. Cité par
TIEBLEY (Yves Didier), La Côte d'Ivoire et la gestion durable des
ressources naturelles marines, Thèse Unique, Droit Public, 2010,
p.134
15Paragraphe 17.1
16 Réflexion de ROCHETTE (Julien), Le traitement juridique
d'une singularité territoriale : la zone côtière.
Étude en droit international et droit comparé franco-italien,
Thèse, Université de Nantes , Droit Public,
Université de Milan, Droit International, 10 Juillet 2007,
P.41
17 DE FERRIERE (C-J), Dictionnaire de droit et de pratique
contenant l'explication des termes de droit,Veuve Brunet, Paris,
1769.Cité par ROCHETTE (Julien), 2007,P.33
18 Dictionnaire latin-français, Gaffiot, 1992. Cité
par ROCHETTE Julien, 2007, P.33
19 BODIGUEL (M) (Sous la direction de), Le littoral,
entre nature et politique, L'Harmattan, 1997, p.11.
20 PNUE, Directives concernant la gestion
intégrée des régions littorales, avec une
référence particulière au bassin
méditerranéen, Rapports et études des mers
régionales No161, PAP/CAR (PAM-PNUE), Split, 1995,p.58.
15
Une étude sémantique des versions
française et anglaise de certaines conventions internationales confirme
d'ailleurs que ces termes sont utilisés comme synonymes. La CNUDM
utilise ainsi le terme coastline, traduit en français par
littoral21. La version française de la Convention sur la
protection du milieu marin et du littoral méditerranéen utilise
quant à elle le terme littoral à la fois comme synonyme de
coastalregion, coastal area et coastal zone22. En
outre, la version française de l'Agenda 21 traduit coastal area
tantôt par zone côtière23, tantôt par
littoral24. Il n'y a donc aucune cohérence dans la traduction
de ces textes à moins de considérer, ce que nous ferons, que ces
expressions sont synonymes.
De nombreuses études sont régulièrement
menées afin de définir et délimiter matériellement
le littoral. Toutefois, la perception de cet espace dépend avant tout de
la qualité de celui qui l'observe. Ainsi, pour le pêcheur à
pied ou le paludier, le littoral correspond au linéaire côtier, au
trait de côte. Du point de vue d'un gestionnaire de port ou d'un
économiste, le littoral comprend non seulement l'interface terre - mer
mais également l'arrière-pays, l'hinterland. Pour les
géographes, le littoral est généralement synonyme de
« côte », terme qui désigne la partie du continent
bordant la limite entre la mer et la terre25.
Si les caractéristiques physiques restent
déterminantes, le géographe ne peut cependant occulter le fait
que le littoral est avant tout un espace anthropique ; la relation homme -
nature est donc au coeur de la perception du système
littoral26, l'écosystème et le socio-système en
constituant les deux composantes indissociables27. Ainsi, «
géomorphologues et géographes ne proposent pas de limites
figées car le littoral est, par sa nature même, un espace
dynamique et mobile28 ».
Le naturaliste, pour lequel « le littoral correspond
à un ensemble de systèmes écologiques comprenant des
composantes biotiques et abiotiques29 », abonde en ce sens :
ainsi se refusera-t-il à toute délimitation du cadre
écosystémique qui « ne pourra être ni défini
par une distance mesurée, ni s'enfermer dans une superficie
préalablement imposée » puisque « fonction des
conditions locales de l'ensemble des facteurs biotopiques de
l'environnement30 ».
Zone de rencontre entre sept milieux31, le littoral
reste en définitive un espace difficile à définir en
raison des nombreuses composantes qui lui sont attachées. À cet
égard, la densification du droit sur le bord de mer n'a pas
résolu le problème de la définition juridique de la zone
côtière.
21 Articles 211-1, 211-17 et 221-1.
22 Articles 1-2, 2-2 et 4-3-e.
23 Articles 17-3, 17-6-i et 17-133.
24 Articles 17-37-c et 17-72.
25 PRATS (Y), « Vers une politique du littoral », AJDA,
20 décembre 1978, No spécial, p.601.
26 MARCADON (J), CHAUSSADE (J), DESSE (R-P), PERON (F),
L'espace littoral. Approche degéographie humaine, PUR, 1999,
pp.10-18.
27 DEBOUDT (P), MEUR-FEREC (C), RUZ (M-H), «
Définition et perception de l'espace littoral. Le pointde vue des
géographes » in DAUVIN (J-C) (Coord.), Gestion
intégrée des zones côtières : outils etperspectives
pour la préservation du patrimoine naturel, Patrimoines naturels, 57,
2002, p.35.
28 Ibidem.
29 BELLAN (G), BELLAN-SANTINI (D), DAUVIN (J-C), «
Définition et perception de l'espace littoral.Le point de vue des
naturalistes » in DAUVIN (J-C) (Coord.), Gestion intégrée
des zones côtières : outils etperspectives pour la
préservation du patrimoine naturel, Patrimoines naturels, 57, 2002,
p.42.
30 Ibidem.
31 Sol, eau, espaces aérien, terrestre et marin, socle
sous-marin, masse sous-marine.
16
Les systèmes juridiques nationaux ne proposent que
très rarement de définition juridique précise du
territoire littoral. Le plus souvent, le juriste procède d'une
démarche comparable à celle du géographe ou du naturaliste
: dès lors qu'il élabore des normes applicables à un
espace plus vaste que le simple rivage ou le domaine public maritime, il se
refuse à délimiter l'étendue exacte des interventions et,
par là même, à « fixer arbitrairement et
uniformément la profondeur du littoral à partir de la
côte32 ». Ainsi, la reconnaissance juridique de la
spécificité littorale ne requiert pas nécessairement une
définition précise de cet espace.
Le premier instrument juridique national s'attachant de
manière spécifique aux problématiques
côtières est le Coastal Zone Management Act,
adopté par le Congrès des
États-Unis le 27 octobre 1972. Né d'un rapport
commandé par le Président Nixon, le texte débute par une
déclaration politique proclamant - de manière assez visionnaire
il nous semble-la nécessité de préserver les ressources
littorales par l'adoption de plans de gestion spécifiques : « la
gestion, l'utilisation à des fins économiques, la protection et
le développement des zones côtières sont
d'intérêt national (...). La pression croissante a
entraîné la diminution de la ressource biologique marine, la
transformation constante et regrettable des écosystèmes, la
diminution des espaces accessibles au public, l'érosion
côtière (...). Les États doivent tenir compte du
réchauffement de la planète33 (...) ». Afin de
préciser le champ d'application de la loi, la section 304 propose une
définition de la zone côtière : il s'agit des « eaux
côtières (y compris le sol et le sous-sol) et des terres
adjacentes (y compris les eaux de surfaces et souterraines), fortement
influencées les unes par les autres, incluant les îles, les zones
de transition et intertidales, les prés salés, les zones humides
et les plages, s'avançant en direction du large à l'extrême
limite des eaux territoriales et, vers l'intérieur des terres, à
la limite des aires exposées à l'élévation du
niveau de la mer et dont le développement peut affecter la
qualité des eaux marines de façon directe et significative
». Ainsi, la limite maritime de la zone côtière est-elle fixe
et correspond à la limite des eaux territoriales. Côté
terre à l'inverse, le législateur américain se contente
d'une délimitation dynamique et imprécise, fondée sur les
interactions entre activités humaines et milieu aquatique. Si elle reste
variable puisque dépendante de chaque système juridique, cette
approche spatiale de la zone côtière constitue celle
communément admise par la plupart des institutions internationales d'une
part, par de nombreux systèmes juridiques nationaux d'autre part.
Les études menées par les institutions
internationales soulignent en effet la nature éminemment flexible de la
zone côtière. Écosystème et socio-système
doivent ainsi être appréhendés de manière dynamique,
sans qu'il soit nécessaire d'en définir préalablement et
arbitrairement les contours : la largeur d'un tel espace dépendra donc
directement de l'environnement local et des circonstances d'espèce.
Ainsi, les organisations internationales à vocation universelle et
régionale insistent-elles largement sur cette dimension
téléologique de la zone côtière : selon
l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la
culture (UNESCO) en effet, « la zone côtière est
constituée d'une double frange terrestre et marine aux influences
croisées » dont « la délimitation précise
dépend directement de la problématique posée
initialement34 ». De même, l'Organisation de
coopération et de développement économiques (OCDE)
considère que « les limites de la zone côtière
dépendent (...) de l'objectif visé » et doivent dès
lors « s'étendre vers l'intérieur des terres et vers la
mer
32 GODFRIN (P), « La loi du 3 janvier 1986 sur
l'aménagement, la protection et la mise en valeur dulittoral »,
AJDA, 1986, p.360.
33Coastal Zone Management Act, Section 302.
34 Commission océanographique
intergouvernementale, Guide méthodologique d'aide à la gestion
intégréedes zones côtières, Série des Manuels
et guides, No36, UNESCO, Paris, 1997, p.16.
17
aussi loin que l'exige la réalisation des objectifs du
programme de gestion35 ». Puisque « diverses de par leurs
fonctions et leurs formes », l'Organisation des Nations Unies pour
l'alimentation et l'agriculture (FAO) observe que les zones
côtières « ne se prêtent guère à des
définitions par délimitation spatiale stricte. Au contraire des
bassins versants, il n'y a pas de frontière naturelle précise
délimitant sans ambiguïté les zones
côtières36». En des termes d'une concision
remarquable, la Commission européenne synthétise en ces termes
une telle approche : « la zone côtière est une bande
terrestre et marine dont la largeur varie en fonction de la configuration du
milieu et des besoins de l'aménagement37 ».
Les différents travaux autour de la zone
côtière insistent donc sur le caractère flexible et
dynamique de cet espace. Pourtant, le littoral, zone naturelle, doit s'inscrire
dans la dimension politique, administrative et juridique de chaque État.
Pour cette raison, les droits nationaux s'appuient le plus souvent sur des
considérations administratives afin de circonscrire, sinon
délimiter, le périmètre de l'espace littoral. Les limites
de la zone côtière sont donc le plus souvent définies de
manière arbitraire, sur le fondement des limites de juridiction ou pour
des convenances administratives38. Côté mer, la zone
côtière - du moins l'intervention normative sur cet espace -
s'étendra sur l'ensemble des eaux territoriales
(États-Unis39) ou sur des espaces plus réduits,
délimités au regard des règles de la domanialité
publique (Espagne40), selon des considérations
géographiques (Algérie41) ou de manière
totalement arbitraire (Croatie42). Côté terre, la
limite de l'unité administrative littorale constitue le socle minimal
que les circonstances d'espèce peuvent étendre : c'est là
une exigence prônée par le modèle de loi sur la gestion
durable des zones côtières, élaboré par le
professeur Prieur pour le Conseil de l'Europe43, mais dont
l'application est souvent supplantée par l'utilisation de
critères géographiques (États- Unis44,
Croatie45, Algérie46).
35 OCDE, Gestion des zones côtières - Politiques
intégrées, Les Éditions de l'OCDE, Paris, 1993, p.24.
36 SCIALABBA (N) (Ed.), Integrated coastal management and
agriculture, forestry and Fisheries, FAOGuidelines, Environment and Natural
Resources Service, FAO, Rome, 1998, p.3.
37 Communication de la commission européenne au
conseil, Programme de démonstration surl'aménagement
intégré des zones côtières, février 1996.
38 POST (J.C.), LUNDIN (C.G.) (Eds.), Guidelines for
integrated costal zone management, EnvironmentallySustainable Development
Studies and Monographs Series No9, The World Bank, Washington D.C, 1996,
p.3.
39Coastal Zone Management Act, Section 304.
40Ley 22/1988 de costas, article 3-1.
41 En Algérie, la partie maritime du littoral englobe
l'ensemble des îles et îlots ainsi que le plateaucontinental : Loi
N°02-02 du 5 février 2002 relative à la protection et
à la valorisation du littoral, Journalofficiel de la République
algérienne démocratique et populaire No10 du 12 février
2002, article 7.
42 Ainsi, en Croatie, la zone régie par le
Règlement de 2004 correspond, côté mer, à une bande
marine de300 mètres : Règlement sur l'aménagement et la
protection de la zone littorale protégée, Journal officiel de
laRépublique de Croatie, 13 septembre 2004.
43 Conseil de l'Europe, Modèle de loi sur la
gestion durable des zones côtières, Sauvegarde de la natureNo101,
Éditions du Conseil de l'Europe, Strasbourg, 1999, article 1. Ainsi le
littoral doit-il inclure « auminimum tout ou partie des eaux territoriales
ainsi que le domaine public maritime de l'État et le territoiredes
communes riveraines des mers et océans » ; cet espace peut
être étendu « selon des nécessités
localesspécifiques de nature économique et/ou écologique
(...) ».
44 Aux États-Unis, la zone côtière
s'étend vers l'intérieur des terres jusqu'à la limite des
aires exposées àl'élévation du niveau de la mer et
dont le développement peut affecter la qualité des eaux marines
de façondirecte et significative : Coastal Zone Management Act, Section
304.
45 L'espace terrestre soumis au Règlement de
2004 concerne les îles ainsi qu'une bande terrestre d'unelargeur de 1.000
mètres : Règlement sur l'aménagement et la protection de
la zone littorale protégée, Journalofficiel de la
République de Croatie, 13 septembre 2004, article 2.
46 En Algérie, « le littoral englobe l'ensemble
des îles et îlots, le plateau continental ainsi qu'une bande
deterre d'une largeur minimale de huit cents mètres, longeant la mer et
incluant : les versants de collines etmontagnes, visibles de la mer et
n'étant pas séparés du rivage par une plaine littorale ;
les plaines littorales demoins de trois kilomètres de profondeur
à partir des plus hautes eaux maritimes ; l'intégralité
des massifsforestiers ; les terres à vocation agricole ;
l'intégralité des zones humides et leurs rivages dont une partie
sesitue dans le littoral à partir des plus hautes eaux maritimes tel que
défini ci-dessus ; les sites présentant uncaractère
paysager, culturel ou historique » : Loi N°02-02 du 5 février
2002 relative à la protection et à lavalorisation du littoral,
Journal officiel de la République algérienne démocratique
et populaire No10 du 12 février 2002, article 7.
18
Bien qu'employé dans le langage courant en de
nombreuses circonstances, le littoral ne semble pas couvrir une notion tout
à fait définie. Comme nous l'avons souligné, son
appréhension dépend largement de la qualité de celui qui
l'observe : aménageurs, scientifiques, économistes,
géographes ne perçoivent cet espace qu'au prisme de leurs
spécialités, lui déniant alors tout espoir de
définition et de délimitation univoques. Ces acteurs se
rejoignent pourtant sur un point : il est difficilement concevable d'envisager
le périmètre du littoral comme un espace fini. L'état
actuel du droit s'inscrit dans cette imprécision. Ainsi, lorsqu'il lui
reconnaît une spécificité à travers l'application de
dispositions juridiques particulières, le législateur
évite le plus souvent de proposer une définition précise
du littoral. Si le juriste ne se satisfait guère d'une notion dont les
contours ne lui sont pas clairement précisés, il convient
cependant d'en relativiser les conséquences47. Plus qu'une
notion juridique, le littoral apparaît donc avant tout comme une aire
d'influence au sein de laquelle des politiques particulières sont
menées afin d'en assurer une gestion pérenne.
Ainsi, l'espace littoral ne fait pas l'objet d'une
définition spécifique dans la réglementation en vigueur en
Côte d'Ivoire. La délimitation de cet espace devrait
s'apprécier à partir des limites du domaine public de
l'État plus particulièrement du domaine public maritime tel que
défini par le décret du 29 septembre 1928 portant
réglementation du domaine public et des servitudes d'utilité
publique en Côte d'Ivoire. Cependant, à défaut d'une
définition exacte et précise, les autorités
administratives donnent une approche définitionnelle du littoral au
regard de la réglementation domaniale héritée de la
France.
C'est pourquoi, la zone littorale serait
considérée comme faisant partie du domaine public selon la
réglementation domaniale. Il comprendrait le rivage de la mer plus 100
mètres de large à partir des plus hautes
marrées48.
Du point de vue spatial, on distingue en Afrique de l'Ouest,
une partie humide et côtière située au sud et une autre,
soudano-sahélienne qui est située au nord. L'Afrique occidentale
soudano-sahélienne est composée de pays tels que le Burkina Faso,
le Mali, le Niger, qui n'ont pas d'ouverture sur la mer. Cependant des pays
tels que la Mauritanie et le Sénégal, disposant chacun d'un
littoral, en font partie compte tenu du fait qu'ils sont également
traversés par le désert sahélien. Tous les pays de la
côte occidentale de l'Afrique sont situés dans le Golfe de
Guinée.
Treize pays sont situés le long de la côte de
l'Afrique de l'Ouest. Il s'agit notamment du Bénin, du Cap Vert, de la
Gambie, du Ghana, de la Guinée-Conakry, de la Guinée-Bissau, du
Libéria, de la Mauritanie, du Nigeria, du Sénégal, de la
Sierra Leone, du Togo et de la Côte d'Ivoire. Cependant, la
présente étude ne couvrira que la Côte d'Ivoire.
De manière plus concrète, l'exemple de la
France49, quoique pays de l'Union Européenne, sera
donné à plusieurs reprises tout au long de cette étude,
afin de démontrer les progrès effectués par ce pays en
matière de protection et de gestion de l'environnement marin et
côtier en comparaison avec les actions menées dans les pays de
l'Afrique de l'ouest.
Ainsi, nous présenterons de manière
générale la Côte d'ivoire et la zone d'étude, d'une
part. Et les caractéristiques de cette zone, d'autre part.
47 En ce sens voir : BECET (Jean-Marie), Le droit de
l'urbanisme littoral, PUR, 2002, p.45 ; MESNARD (A-H), « Le droit du
littoral » in BEURIER (J-P) (Sous la direction de), Droits maritimes,
Dalloz, 2006, p.526.
48 VoirAPHING-KOUASSI (N'dri Germain), op.cit. PP18-19
49 Il ne sera cependant pas procédé à une
description géographique de la France, ni à une
présentation descaractéristiques physiques de son environnement
marin et côtier car le lien qui doit être établi
concernesurtout les actions menées par ce pays sur le plan juridique.
19
La République de Côte d'Ivoire est située
en Afrique de l'ouest dans la zone intertropicale, dans le golfe de
Guinée.
Les États voisins de la Côte d'Ivoire sont le
Mali et le Burkina Faso au nord, le Ghana à l'est, la Guinée et
le Liberia à l'ouest. La République de Côte d'Ivoire
s'inscrit dans un carré dont les coordonnées sont de 2°30'
et 8°30' de longitude ouest, et 4°30' et 10°30' de latitude
nord.
L'environnement côtier ivoirien
caractérisé par un vaste système de lagunes50,
fait partie du grand écosystème marin du golfe de Guinée
qui s'étend de la Guinée Bissau au cape Lopez au Gabon. Il ne
représente qu'une petite partie de ce grand écosystème et
est situé en Afrique de l'Ouest. Il est délimité par le
cap des Palmes (Frontière avec le Libéria) à l'Ouest et
par le cap de Trois Pointes (au Ghana) à l'Est. La façade
maritime ivoirienne s'étend sur près de 566 km51 et
c'est l'un des littoraux les plus importants des pays situés dans le
Golfe de Guinée52. Le littoral ivoirien ainsi
identifié est limité au nord par la route côtière
à l'ouest d'Abidjan et la route de Noé en passant par
Alépé à l'Est. Dans la partie sud, il est
délimité par l'isobathe - 120 m.
Sa superficie est estimée à 23 253 km2, soit 7 %
de la superficie totale de la Côte-d'Ivoire qui est de 322 463
km253. Il regroupe, plus de 30% du potentiel humain. Selon
l'Institut National de la Statistique, depuis le début de la situation
de crise, le flux de migrants vers le Sud du pays aurait probablement
concerné 50 % des populations résidant auparavant dans la zone
Nord, soit près de 1,7 million de personnes.
Elle est divisée en trois secteurs :
- Le secteur ouest entre Tabou, Sassandra et Fresco (230 km),
orienté à 70°en moyenne, est une côte mixte (roches et
sables) dont les falaises atteignent directement l'océan, en alternance
avec les criques comme à Grand-Béréby, Monogaga et
San-Pedro;
- Le secteur centre entre Fresco et Abidjan (Port Bout) (190
km), orienté à 81° en moyenne, est interrompu, seulement,
par l'embouchure de Grand-Lahou (fleuve Bandama) et le canal artificiel de
Vridi;
- Le secteur est entre Abidjan (Port-Bouët) et
Frontière du Ghana (100 km) est orientée à 101° et
situé après le point de changement important de direction du
littoral survenant au niveau du « Trou Sans Fond » dans la baie de
Port-Bouêt. Il est caractérisé par une côte presque
rectiligne interrompue par l'intermittente passe de Grand-Bassam (embouchure du
Comoé) et la passe permanente d'Assinie54.
Cette zone présente des caractéristiques physiques,
mais aussi assez de particularités.
50LE LOEUFF (P.) ET MARCHAL (E.), Géographie
littorale. In: Environnement et ressources aquatiques en Côte D'Ivoire.
I-Le milieu marin. Paris, ORSTOM, 1993, P.15-22.
51Ministère de l'environnement, de la
salubrité urbaine et du développement durable, Atelier de
validation de la stratégie nationale de gestion de l'environnement
côtier 2016-2020, jeudi 11 décembre 2014, salle 24 de l'ENA sise
au II Plateaux, P.14 (voir le Dr. TIEBLEY pour precision)
52PNUE, Programme pour les mers régionales,
Synthèse sur les sources de pollution due aux activités
terrestres et qui affectent l'environnement marin, côtier et les eaux
douces continentales dans la région del'Afrique de l'Ouest et du Centre,
Rapports et études sur les mers régionales, n°171,
PNUE 1999, p. 32.
53 POTTIER (Patrick) et ANOH (Kouassi Paul), Dirs. ,
Géographie du littoral de Côte-d'Ivoire : éléments
de réflexion pour une politique de gestion intégrée.
CNRS-LETG UMR 6554 et IGT : Nantes - Abidjan, 2008, 325p, Les Cahiers
d'Outre-Mer [En ligne], 251 | Juillet-Septembre 2010, mis en ligne le 01
juillet 2013, consulté le 13 août 2014. URL :
http://com.revues.org/6097 ,
P.13
54Ministère de l'environnement, de la
salubrité urbaine et du développement durable, atelier de
validation de la stratégie nationale de gestion de l'environnement
côtier 2016-2020, op. cit. p.14 ;
20
Une très grande importance est accordée aux zones
côtières de l'Afrique occidentale. Réputées
très riches en ressources naturelles, elles constituent dans la plupart
des pays des habitats naturels pour des espèces animales et
végétales.
En Côte d'Ivoire55, les différents
écosystèmes de la zone côtière sont aussi bien les
mangroves, marais et marécages, les lagunes, les estuaires et les cours
inférieurs des fleuves et rivières, les forêts, les
écosystèmes marins que les écosystèmes
artificialisés (agricultures).
Beaucoup d'oiseaux, de mammifères, de reptiles,
d'insectes et d'espèces de poissons y vivent. Les 1200 km2 de lagune
fournissent un habitat pour de nombreuses espèces de poissons, et
servent de nurseries pour des espèces marines et côtières.
Elles constituent des sanctuaires importants pour des oiseaux locaux et
migrateurs. Sur le plan écologique, elles constituent des habitats pour
une gamme d'espèces d'animaux fouisseurs, notamment les crustacés
et mollusques et sont des abris et des lieux de résidence pour un
certain nombre de reptiles et d'oiseaux. Le paysage côtier ivoirien
comprend 366 km de plages de sable et 200 km de côtes rocheuses et
semi-rocheuses56.
Nous pouvons dire sans retenu que notre sujet est
d'actualité car il suffit de tendre les oreilles vers les médias
et le quotidien des riverains pour s'apercevoir que la situation du littoral
est alarmante.
On assiste aujourd'hui à une véritable «
explosion » des problèmes juridiques concernant le littoral, espace
rare et fragile, concurrentiel et surexploité.
En effet, en ce début du 21e siècle, les
divergences entre aménageurs et protecteurs de l'environnement existent
toujours. Mais leur poids dans les choix d'aménagement s'en trouve-t-il
accru ?
D'un côté, les débats57,
nombreuses manifestations publiques58et programmes de
recherche59témoignent toujours de cette montée en
puissance des préoccupations environnementales, jusqu'à
l'inscription dans des conventions et chartes nationales60de
nombreux concepts et principes récents (de prévention, de
précaution, gestion intégrée, développement
durable).
De l'autre, le littoral reste un espace toujours aussi
convoité par des activités et usages variés, nouveaux ou
non : sports d'eau, plaisance, énergie éolienne,
développement des ressources halieutiques (etc.), qui nécessitent
en permanence de nouveaux équipements, d'où
l'intérêt de vérifier la pertinence et l'impact de
procédures réglementaires pour la prise en compte de
l'environnement côtier.
55Ibidem
56République de Côte d'Ivoire,
Ministère du Logement du Cadre de Vie et de l'Environnement,
GrandEcosystème Marin du Golfe de Guinée, Côte d'Ivoire
-Profil environnemental de la zone côtière, CEDA,1997, p. 10-20,
on
http://www.globaloceans.org/country/cote/cote.pdf
57 Carrefours citoyens, réunions publiques,
débats publics, etc... En 1998, le colloque de l'IFSA souligne
l'apparition de nouveauxtermes tels que consultation, concertation,
négociation, information, communication, médiatisation,
transparence, dialogue,participation, proximité, accueil, écoute,
médiation, partenariat. Ce petit lexique est frappant par la
nouveauté de ces termes quiexprime l'émergence d'une nouvelle
mentalité, de nouvelles relations.
58 Par exemple en France, la Semaine du développement
durable, pilotée par le Ministère de l'écologie et du
développement durable et leSecrétariat d'Etat au
développement durable, en juin 2003 et 2004.
59 Par exemple en France, l'Action Concertée Incitative
engagée par le Ministère de la Recherche en 2004 sur le
thème « Sociétés et cultures dans le
développement durable » ; le programme MATE et Ademe «
Concertation, Décision, Environnement » de 1999 à 2001 (dont
le compte rendu était pour mars 2005).
60 Par exemple, le projet de loi constitutionnelle de Charte
de l'environnement n°992 adoptée par le Parlement le 27 juin
2003.
21
C'est pourquoi les géographes du littoral
n'hésitent pas à affirmer que « dans un pays comme la
Côte d'Ivoire où l'activité socio-économique est
fortement « littoralisée » et quelque fois «
maritimisée ». Il est en effet urgent que cette
problématique de l'environnement et de la gestion durable des espaces
littoraux soit traitée prioritairement »61.
Ces alertes ont eu écho favorable au niveau
étatique de sorte à constater ces cinq (5) dernières
années, de fortes initiatives.
La thématique des zones humides côtières
s'inscrit dans une réflexion déjà bien engagée par
des chercheurs contemporains sur le développement des littoraux dans le
monde et particulièrement dans le golfe de Guinée. Les travaux
à ce sujet sont légions aussi bien juridiquement que dans tous
les autres domaines scientifiques.
Dans notre démarche fondée sur l'étude de
la préservation de la zone côtière en droit ivoirien, nous
avons voulu faire oeuvre utile en apportant notre modeste contribution à
cette oeuvre.
En effet, la rareté des études juridiques
portant sur la zone côtière ivoirienne a pesé
essentiellement dans le choix du sujet que nous sommes vus proposer par notre
directeur de mémoire à l'occasion de cette recherche.
Objectivement,desétudes actuelles et qui restent d'ailleurs l'une des
premières,ontétéconsacréau droit du littoral dans
notre pays mais elles restent partielles puisque n'épuisant pas la
question. Cette insuffisancedoctrinale, que nous voulons modestement combler, a
conduit inévitablement au choix du sujet de cette étude.
En outre, on note qu'aucune recherche antérieure n'a
porté spécifiquementsur la question de la préservation de
la zone côtière en droit ivoirien. Dans l'Hexagone, M. PRIEUR
(Michel)62, mais aussi M. BECET (Jean-Marie) et MORVAN (Didier) ont
éloquemment exploré le sujet au point de l'avoir totalement
« asséché». En Afrique, particulièrement dans la
partie occidentale et centrale, M. KAMTO (Maurice) ainsi que Mme ASSEMBONI
OGUJIMI (Alida Nababoué) et M. ZOGNOU (Théophile) ont aussi
menés des réflexions sur la question. En Côte d'ivoire,
deux chercheurs ont jetés les jalons de l'étude sur le littoral.
C'est donc le lieu de leur rendre hommage puisque c'est à partir de
leurs travaux que nous avons peaufiné le nôtre, il s'agit de M.
TIEBLEY (Yves Didier) et M. DAKOURY (Jean-Claude).
Si notre étude associe étroitement la terre et
la mer, c'est donc logiquement que les réflexions de M.MAMBO Paterne
nous a été d'un grand secours car ses travaux traitent du droit
de l'urbanisme en Côte d'ivoire63.
Au-delà de cette évidence, on soulignera que le
choix de ce thème de réflexion repose sur diverses motivations
théoriques ou scientifiques mais surtout pratiques. Sans omettre les
motivations personnelles.
Le motif théorique ou scientifique du thème va
cristalliser notre ambition et justifier du coup l'intérêt de
cette étude.
En effet, on peut remarquer que toute étude
consacré à la zone côtière, a l'avantage d'enrichir
le monde universitaire de travaux actualisés, lorsqu'ils portent
particulièrement sur une question peu explorée par les chercheurs
africains en général, et ivoiriens en particulier. Au surplus, le
sujet tel que libellé, en mettant en évidence plusieurs
matières juridiques importantes- le droit de la mer, le droit maritime,
le droit de la décentralisation et de l'aménagement du
territoire, le droit de l'urbanisme, le droit de l'environnement et le droit
du
61 POTTIER (Patrick) et ANOH (Kouassi Paul), Géographie du
Littoral de Côte d'Ivoire, éléments de réflexion
pour une politique de gestion intégré, Coopération
Interuniversitaire Abidjan Cocody (Côte d'ivoire)/ Nantes (France) 2008,
P.18. 62Celui que les juristes de l'environnement nomment le «
Pape du Droit de l'environnement »
63La bibliographie sera consacrée à
leurs nombreux écrits
22
littoral64 pour ne citer que ceux-là-, ne
peut manquer d'intéresser la recherche scientifique. On n'ignore pas que
ces disciplines précitées sont essentielles même si le
droit du littoral n'est pas encore connu et développé en
Côte d'ivoire ; on insistera particulièrement sur l'importance du
droit de l'environnement et dans un moindre mesure le droit de l'urbanisme ,
qui se révèlent comme des « disciplines carrefours»
dont un des atouts est de « briser » les cloisons étanches
entre le droit public et le droit privé, puisqu'il puise à la
« sources » de ces deux branches juridiques
fondamentales65. Les règles qui président au droit de
l'environnement et au droit de l'urbanisme , empruntent aussi bien au droit
privé-droit civil, droit pénal, droit commercial... - qu'au droit
public - droit administratif, droit constitutionnel, droit international
public...- , sans denier à la discipline son autonomie de plus en plus
affirmée. Il en va de même avec les autres sciences humaines et
sociales : le juriste environnementaliste et urbaniste s'intéresse
à la statistique, aux sciences économiques, à la
géographie, à l'histoire, à l'anthropologie, à la
sociologie, à l'écologie, à la géologie, etc. le
droit de l'environnement se révèlent donc comme une discipline
juridique dotée d'un champ d'étude pluridisciplinaire.
Au plan de la pratique , l'intérêt de cette
rechercheréside au niveau de l'éclairage qu'il importe d'apporter
aux praticiens, notamment aux juristes de l'environnement , aux urbanistes et
aux architectes qui sont à amener à concevoir et à
réaliser la gestion, la protection et l'aménagement des
agglomérations urbaines du littoral.
Mais cette étude s'adresse également à un
public très diversifié : l'Etat, élus, responsables des
collectivités littorales particulièrement aux autorités
municipales ; mouvements associatifs ; dirigeants d'établissement public
ou d'organismes intervenant sur cet espace ; et/ou gérant des
activités maritimes ou littorales ; universitaires, étudiants,
spécialistes des problèmes de la domanialité et
d'environnement ; et, d'une manièregénérale, tous ceux qui
sont sensibilisés par les problèmes du littoral .
Enfin, nous nous sommes efforcés de donner à
cette étude une forme qui le rende accessible à tous les lecteurs
potentiels.
La prise en compte des questions environnementales et
l'aménagement de l'espace littoral sont les axes centraux de ce
mémoire. De nombreux travaux en géographie qui
s'intéressent à l'impact des aménagements sur
l'évolution des milieux côtiers font état du droit et de
son implication dans les processus d'évolution de l'espace.
S'intégrant parfaitement au concept de
Développement durable, l'aménagement des littoraux, plus
spécifiquement, celui des zones humides connaît une importance de
plus en plus grandissante.
Sur le plan interne, à la lecture, les textes
environnementaux se révèlent incomplets. Il existe aussi un vide
juridique qui est plutôt général en matière
d'environnement marin et côtier. Pour la plupart des cas, il se pose un
problème de disponibilité et d'effectivité des textes.
Face à une telle situation, c'est à juste titre
que l'on est amené à se poser un certain nombre de question,
à savoir si le dispositif juridique mis en place est approprié
pour assurer une véritable protection et une gestion de l'environnement
marin et côtier. Les instruments juridiques actuellement en vigueur
organisent-ils suffisamment la protection et la mise en valeur de cet espace ?
Une prise en compte des particularités de cette partie du territoire
n'est-
64 Cette dernière matière juridique semble
inexistante en Côte d'ivoire. Mais que non voir infra p.89
65 S'il est classique d'établir une
distinction orthodoxe, rigide et figée entre le droit public et le droit
privé, on admet de plus en plus aujourd'hui, que cette distinction n'a
plus une portée absolue.
23
elle pas indispensable dans l'édiction des textes?
Accorde-t-on vraiment une importance au milieu marin et côtier ?
Répondre de manière satisfaisante à
chacune de ces interrogations suppose que soit résolu, au
préalable, un certain nombre de questions.
Il convient d'abord de cerner les moyens juridiques, humains,
matériels et financiers mis en oeuvre à cet effet par
l'État ivoirien. Cet exercice permettra de se faire une idée de
l'importance qu'il accorde, au-delà des professions de foi, à la
question de la protection du littoral et de la conservation des ressources
naturelles qui s'y trouvent.
Il s'agit enfin d'identifier les acteurs et le type de
relations qui les unit dans la mise en oeuvre de la protection de la zone
côtière ivoirienne.
Comme on le voit, les clarifications qui seront
apportées aux différentes questions précitées
contribueront indéniablement à répondre à
l'interrogation fondamentale suivante :
L'État de Côte d'Ivoire gère et
protège-t-il juridiquement ses espaces marins et côtiers
conformément au principe du développement durable ?
L'hypothèse de travail de la présente
étude est bâtie autour de l'idée selon laquelle la
protection de la zone côtière présente un cadre juridique
assez ambivalent. C'est pourquoi nous lui apporterons une modeste
contributionpour une protection effective, sans pourtant épuiséla
question parce que le niveau d'étude qui nous permet de mener cette
réflexion ne peut que jeter les jalons sinon ouvrir la porte à
une véritable thèse. Le préalableétant de se
soumettre aux exigences de la soutenance.
Ainsi, la démonstration de notre hypothèse de
travail se fera en deux temps :
Dans une Première Partie, nous mettrons en relief
l'ambivalence du cadre juridique de préservation de la zone
côtière. Cette ambivalence se manifeste à travers une
existence avérée du cadre juridique. Ce cadre reste cependant
insuffisant.
L'existence avérée du cadre juridique de
préservation de la zone côtière est d'abord perceptible au
regard des instruments juridiques. On le verra à travers les instruments
juridiques internationaux mais aussi au regard de l'effort manifeste de
l'État ivoirien à protéger et gérer de
manière durable son milieu marin et côtier.
Ensuite, le cadre institutionnel de l'Etat ivoirienconfirmera
cette existence.
L'ambivalence va part la suite prendre forme à cause de
l'insuffisance manifeste décelée au niveau de ce cadre juridique.
Nous distinguerons ainsi les insuffisances de la législation
ivoiriennedes faiblesses du cadre institutionnel ivoirien.
La Deuxième Partie de ce travail sera l'occasion pour
nous de contribuer modestement à une protection effective du littoral
ivoirien d'où un cadre juridique à parfaire. Tout en nous
réservant de l'exhaustivité, il reste impérieux de
renforcer les instruments internationaux sans toutefois oublier de revigorer le
cadre politique.
D'abord, le renforcement de ces instruments devra prendre en
compte non seulement l'espace marin mais aussi l'environnement côtier.
C'est pourquoi, il serait nécessaire de renforcer, dans un premier
temps, les règles relatives à la pollution marine. Mais et
surtout de mettre en place une nouvelle stratégie d'intervention
juridique sur le littoral.
Nous ne pouvons pas nous permettre par la suite,
d'améliorer le cadre politique sans prioriser la coopération
ivoirienne en faveur du littoral. Si la crédibilité des
structures administratives reste problématique en Côte d'Ivoire
aujourd'hui, il serait plus qu'important de repenser celles en charge de la
protection du littoral.
24
PREMERE PARTIE :
UN CADRE JURIDIQUE AMBIVALENT
Le littoral, par ses composantes, constitue un système
complexe et dynamique. Certaines activités anthropiques, que ce soit au
niveau de laproduction ou de la consommation, peuvent déstabiliser ce
système. Au cours desdernières décennies, la croissance
économique et démographique exponentielle, lessources de
pollution de plus en plus nombreuses et dangereuses, ainsi quel`exploitation
excessive des ressources naturelles ont en effet accru, et de
façonalarmante, les pressions sur cet environnement fragile. La
problématique de sagestion constitue un défi planétaire
auquel l'humanité est confrontée.
Au niveau du littoral ivoirien, la prise de conscience de la
dégradation del`environnement est perceptible dès l'accession de
la Côte d'Ivoire à l`indépendance66. Elle se
manifeste soit par l`adhésion de l'Etat en question à des
conventions antérieures en matière de protection de
l`environnement soit par l`adoption de nouvelles conventions en la
matière.
Mais si « le mouvement écologique touche le
continent africain bien tardivement après laConférence de
Stockholm de 1972 et surtout à l'approche de la Conférence de Rio
de 199267», signalons quedans le Golfe de Guinée et
particulièrement en Côte d'Ivoire, la protection dele littoral
n`est pas une préoccupation récente.
En effet, avant la colonisation, l'homme ivoirien suivant ses
propres méthodes, protégeait déjà son
environnement. Les conventions internationales et les autres règles
édictées par les Etats sont venues trouver de solides
règles coutumières qui aujourd'hui encore restent très
importantes. Il y a donc plusieurs règles à appliquer. Cette
situation dans laquelle un cas d`espèce génère
l`intervention de plusieurs sources de droit susceptibles
d`application68 donne lieu à une pluralité de
systèmes de droit qu`Etienne Le Roy a baptisé de «
multijuridisme69». La zone côtière se
trouve ainsi à la croisée de plusieurs droits.
Nous ne développerons pas, dans ce présent
travail, la protection coutumière du littoral sûrement quand
l'occasion nous sera donnée, en Thèse de Doctorat, nous en ferons
une véritable analyse. Pour l'heure, ce qui nous intéresse c'est
le droit contemporain.
Ainsi, si on note une nette amélioration dans la
protection de ces espaces, le cadre juridique reste ambivalent en ce sens qu'il
offre deux aspects différents ou contradictoires de cette protection.
L'existence du cadre juridique de la protection quoique
avérée (Chapitre I) reste cependant insuffisante (Chapitre II).
Ce qui entrave les grandes avancées juridiques tendant non seulement
à la protection mais aussi à la gestion durable de
l'environnement marin et côtier et de leurs ressources.
66 La plupart de ces pays ont émergé sur le plan
international vers la moitié du 20ème siècle, notamment
après les indépendances.
67 M. KAMTO, Droit de l'environnement en Afrique,
EDICEF/AUPELF, Paris, 1996, p. 15.
68 N. ROULAND, « Le pluralisme juridique consiste dans
une multiplicité de droit en présence à
l'intérieurd'un même champ social ». op. cit. p. 84.
69 O. BARRIERE « De l'émergence d'un
droit africain de l'environnement face au pluralisme juridique », in
Laquête anthropologique d'un droit. Autour de la démarche
anthropologique d?E. LE ROY, Paris, dir. C.EBERHARD et G. VEMICOU, Karthala,
2006, p. 149.
25
CHAPITRE I : UNE EXISTENCE AVEREE DU CADRE ...
L'existence du cadre juridique de préservation de la
zone côtière ivoirienne est avérée. Il est vrai que
nous n'aborderons pas tous les aspects de cette existence puisse que nous nous
sommes parfois butés sur l'accès aux sources d'informations. Ce
qui a failli donner un goût d'inachevé à nos travaux. Mais
il nous semble que l'arsenal en notre possession est la plus importante. Ainsi,
nous présenterons dans notre analyse, cette existence au regard des
instruments juridiques (Section I). Mais et surtout au regard des institutions
ivoiriennes (Section II).
SECTION I : AU REGARD DES INSTRUMENTS JURIDIQUES
La ratification de différents instruments juridiques
internationaux (ParagrapheI) et l'élaboration d'instruments juridiques
nationaux (ParagrapheII) relatif au littoral, que donne d'observer l'Etat
ivoirien, traduit l'intérêt que porte ce pays à la
protection de sa zone côtière.
PARAGRAPHE I : LES INSTRUMENTS INTERNATIONAUX
La protection de l'environnement dans son grand ensemble est
l'oeuvre principale du droit international de l'environnement. Les
modalités de cette protection se trouvent très
généralement à l'intérieur des conventions
internationales signées et ratifiées par les Etats qui
procèdent par différentes approches pour la mise en oeuvre et la
réalisation des objectifs visés. Ces conventions se sont
avérées être les solutions et quelque fois des instruments
très efficaces pour la protection de l'environnement.
Ainsi dans le cadre de la protection du littoral ivoirien, une
place très importante sera accordée aux mécanismes
internationaux que sont les conventions traitant du littoral. Aussi
verrons-nous successivement les instruments internationaux que sont les
conventions internationales du droit international de l'environnement (A) et
les mesures africaines et communautaires en matière de protection de
l'environnement marin et côtier (B).
A- LES CONVENTIONS INTERNATIONALES DE PORTEE UNIVERSELLE
Il ne s'agira pas pour nous de faire ici une
présentation exhaustive des conventions universelles qui
protègent d'une façon quelconque le littoral ivoirien mais d'en
présenter quelques-unes des plus importantes et significatives.
Ces conventions internationales sont celles auxquelles l'Etat
de Côte d'Ivoire est partie et qui oeuvrent pour la protection de tous
les espaces littoraux des Etats membres.
On pourra ainsi citer , entre autres, la convention sur le
droit de la mer, la convention de Ramsar, la convention sur la diversité
biologique, la convention sur les changements climatiques, les conventions de
l'IMO et l'agenda 21 de la déclaration de Rio 1992.
26
1- La convention de MontegoBay sur le droit de la mer de
1982
Adoptée au cours de la troisième
Conférence des Nations Unies sur le droit de la mer, la CNUDM du 10
décembre 1982 s'inscrit dans une approche globale de protection du
milieu marin70.
Entrée en vigueur le 16 novembre 1994, la CMB
détermine le statut et le régime juridique international des
océans et des mers et constitue donc le cadre juridique dans lequel va
se situer l'aménagement intégré des zones
côtières. On l'a qualifié de « droit
cadre71 ».
L'un des apports majeurs de la CNUDM est d'avoir
proclamé l'obligation générale incombant aux États
« de protéger et de préserver l'environnement
marin72».
Le texte codifie également d'autres principes
généraux comme l'obligation de prendre des mesures pour
prévenir, réduire et maîtriser la pollution73,
l'interdiction de causer un préjudice à l'environnement d'un
tiers74...
L'adoption d'une approche globale de protection illustre le
changement de perspective et le dépassement de l'approche sectorielle et
fragmentée.
La CNUDM traite ainsi de l'ensemble des menaces pesant sur le
milieu marin75 .
Par ailleurs, l'État côtier dans la zone
économique exclusive ou la mer territoriale duquel a été
commise une infraction ayant causé ou risquant de causer des dommages
importants au littoral, peut « intenter une action, notamment ordonner
l'immobilisation du navire conformément à son droit
interne76». De même, les États conservent le droit
d'appliquer, au-delà de leur mer territoriale, des « mesures
proportionnées aux dommages qu'ils ont effectivement subis ou dont ils
sont menacés afin de protéger leur
littoral77».
Ainsi, l'espace littoral est-il appréhendé par
la CNUDM selon une double approche. En premier lieu, la Convention recommande
l'adoption de mesures particulières de protection de cet
espace78. En second lieu, la menace ou l'existence de dommages
causés au littoral justifie une réaction de l'État
côtier79. De plus, certaines dispositions de la Partie XII
peuvent fonder juridiquement les initiatives régionales de protection
des zones côtières.
L'adoption d'une approche régionale de GIZC devrait
ainsi contribuer à une amélioration de la lutte contre la
pollution tellurique, objectif fixé par l'article 207-1 de la Convention
: rationalisation du cadre administratif, obligation d'élaborer des
plans d'aménagement et d'utilisation de la zone côtière,
systématisation de l'étude d'impact pour certains projets de
travaux et d'activités, institution d'une zone
d'inconstructibilité près du rivage sont autant
d'éléments, propres à la GIZC, pouvant contribuer à
la réduction de ce type de pollution.
70 Signée à MontégoBay le 10
décembre 1982, la Convention entre en vigueur le 16 novembre 1994. La
Côte d'Ivoire signe la convention le 10 décembre 1982 et La loi
n°83-1429 du 30 Décembre 1983 a autorisé le Président
de la République à ratifier la Convention de 1982 sur le Droit de
la Mer. Cette Convention est entrée en vigueur le 26 mars 1984 à
l'égard de la Côte d'Ivoire.
La Convention a été complétée par
l'Accord sur les stocks chevauchant et les grands migrateurs, en vigueur depuis
le 11 décembre 2001. La République de Côte d'Ivoire a
ratifié l'Accord du 4 août 1995 sur les stocks chevauchants et les
stocks de poissons grands migrateurs, le 24 janvier 1996.
71 DUPUY (R.J.) et VIGNES (D.), Traité du nouveau droit
de la mer, économica, 1985, p.1006. Cité par PRIEUR (Michel) dans
l'environnement côtier, cours n°2, p.6.
72 Article 192.
73 Article 194, alinéa 1
74 Article 194 alinéa 2.
75 Article 207 à 212
76 Article 220-6.
77 Article 221-1
78 C'est le sens des articles 194-5 et 211-1.
79C'est le sens des articles 194-5 et 211-1.
27
Ainsi nous pouvons penser que la convention de MontegoBay
semble être l'instrument essentiel pour toute politique concernant
l'environnement marin et côtier. C'est donc à juste titre que
l'article 210 de la convention soit repris par la loi-cadre portant code de
l'environnement ivoirien en son article 80. Disposant que «
conformément aux dispositions spéciales des conventions
internationales ratifiées par la Côte d'Ivoire, sont interdits
l'immersion, l'incinération ou l'élimination par quelque
procédé que ce soit, des déchets dans les eaux
continentales et/ou maritimes sous juridiction ivoirienne ... ».
Ainsi on peut dire que la convention de MontegoBay oeuvre et
constitue un levier important de la protection du littoral ivoirien.
2- La Convention de RAMSAR
Les zones humides désignent tout élément du
continuum reliant l'environnement aquatique à
l'environnement terrestre80.
Espaces de transition, ces milieux se caractérisent par
une importante diversité géographique : les zones humides bordent
ainsi les eaux courantes - sources, ruisseaux, fleuves... - les eaux stagnantes
- mares, étangs, lacs... - et se rencontrent également en zone
littorale. D'un point de vue écologique, on distingue douze types de
zones humides parmi lesquels quatre concernent directement la zone
côtière : les baies rocheuses, les baies et estuaires moyens
plats, les grands estuaires, les lagunes et marais côtiers81.
Sur le plan linguistique, ces milieux font l'objet d'une diversité
terminologique impressionnante. Aux termes usuels de marais, marécage,
prairie humide, fondrière ou tourbier, s'ajoutent des expressions
locales telles que fagne dans les Ardennes, gâtine en Vendée,
marigot dans les pays tropicaux82. En zones littorales, on parlera
de maremme, marais salants, saline, vasière, slikke, schorre, lagune,
mangrove... L'ensemble de ces termes désigne un milieu
particulièrement riche du point de vue écologique dont la
perception négative a conduit, depuis la Rome antique jusqu'au XIXe
siècle, à une politique systématique de destruction
organisée par le pouvoir central lui-même.
La prise de conscience de leurs qualités et de leur
raréfaction intervient à partir de 1960. À cette date,
l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le Bureau
international de la recherche sur la sauvagine et le Conseil international pour
la préservation des oiseaux s'associent pour lancer le programme «
MAR83 » visant la préservation des zones humides.
80 TURNER (R. K), « Défaillances des politiques
dans la gestion des zones humides » in Les défaillances du
marché et des gouvernements dans la gestion de l'environnement. Les
zones humides et les forêts, OCDE, 1992, p.9.Cité par ROCHETTE
(Julien), op.cit., p.59
81 BERNARD (P), Comité
interministériel de l'évaluation des politiques publiques,
Premier Ministre, Commissariat général du plan, Les zones
humides, Rapport d'évaluation, La Documentation française, 1994,
pp.57-59. D'autres classifications sont possibles, comme celle qui recense
quatre grands types de zones humides : les vallées alluviales, les zones
humides de plaine intérieure, les massifs riches en tourbière
situés en montagne et les zones humides littorales : PIPARD (D), «
Les zones humides », Revue Générale des Collectivités
Territoriales, 2001, p.749. Cité par ROCHETTE (Julien), op.cit., p.59
82 BERNARD (P), Comité
interministériel de l'évaluation des politiques publiques,
Premier Ministre, Commissariat général du plan, Les zones
humides, Rapport d'évaluation, La Documentation française, 1994,
p.52.Cité par Rochette Julien, ibidem.
83 MAR représente les trois premières lettres du
mot désignant ce type de biotope en anglais (marsh), en français
(marais).
28
Au cours des années 1960, après le lancement du
projet, d'autres conférences84 ont lieu jusqu'à celle
de Ramsar (Iran), en 1971, au cours de laquelle dix-huit États signent
la Convention relative aux zones humides d'importance internationale.
L'objectif de la Convention est de protéger l'habitat
tout autant que les espèces qui en dépendent. Les zones humides
sont ainsi considérées comme une « ressource de grande
valeur économique, culturelle, scientifique et récréative,
dont la disparition serait irréparable ».
En matière de zones humides littorales, l'article 2-2
va au-delà de l'étendue d'eau marine n'excédant pas six
mètres en précisant que les sites Ramsar pourront « inclure
des zones de rives ou de côtes adjacentes à la zone humide et des
îles ou des étendues d'eau marine d'une profondeur
supérieure à six mètres à marée basse
». Une large partie de la zone côtière, dans ses composantes
terrestre et marine, entre donc dans le champ d'application de la Convention.
Ainsi, la protection établie par la Convention de Ramsar couvre-t-elle
les écosystèmes côtiers et marins tout autant que les
écosystèmes intérieurs.
La Convention de Ramsar ne pouvait occulter les zones humides
côtières tant ces sites ont une importance considérable,
d'un point de vue qualitatif comme quantitatif. Les Parties ont aujourd'hui
largement relié les problématiques de protection des zones
humides côtières et de GIZC85. En témoigne la
priorité donnée par le Plan stratégique Ramsar 2003-2008
à l'inscription de sites « côtiers et
marins86». En intégrant les zones humides
côtières dans leur champ d'intervention, les initiatives
régionales de protection des zones côtières peuvent donc
s'inscrire dans le cadre de la Convention de Ramsar et de ses orientations les
plus récentes.
La Côte d'Ivoire est signataire de cette convention. Sa
prescription majeure est qu'elle encourage la création d'aires
protégées côtières surtout pour celles qui
possèdent un caractère et une importance internationale. Elle est
donc en droite ligne de la disposition 194-5 de MontegoBay puisque la
création d'aires protégées côtiers est une des voies
pour la protection des écosystèmes délicats.
3- La convention sur la diversité biologique de
RIO de 1992
Adoptée officiellement à Nairobi le 22 mai 1992
et ouverte à signature lors du Sommet de Rio, la Convention sur la
diversité biologique (CDB) se caractérise par un champ
d'application extrêmement vaste. D'un point de vue matériel, le
texte s'attache, non plus à une protection particulière de
certaines espèces ou milieux, mais à la protection de la
diversité de la vie, c'est à dire « la variabilité
des organismes vivants de toute origine87».
La 2e Conférence des Parties à Djakarta a
adopté en novembre 1995 le fameux mandat de Djakarta88dans sa
décision II-10 sur la conservation et l'utilisation durable de la
diversité
84 DE KLEMM (C), CRETAUX (I), L'évolution
juridique de la Convention de Ramsar relative aux zones humides d'importance
internationale particulièrement comme habitats d'oiseaux d'eau, Bureau
de la Convention de Ramsar, Gland, 1995, 224p.
85Ramsar COP 8, Résolution VIII.4, Principes
et lignes directrices pour inscrire les questions relatives aux zones humides
dans la gestion intégrée des zones côtières (GIZC),
Valence, Espagne, novembre 2002, Annexe, point 14. Cité par ROCHETTE
(Julien), op.cit. , p.63
86Ramsar COP 8, Résolution VIII.25, Le Plan
stratégique Ramsar 2003-2008, point 10.1.3, Valence, Espagne, novembre
2002. Cette orientation a été confirmée lors de la
neuvième réunion ordinaire des Parties contractantes,
organisée à Kampala (Ouganda) en novembre 2005 : Ramsar, COP 9,
9e Session de la Conférence des Parties à la Convention sur les
zones humides (Ramsar, Iran, 1971), Rapport de la Conférence, Kampala,
Ouganda, 8-15 novembre 2005, 56p. Cité par Rochette Julien, ibidem
87 Article 2.
88 DE FONTAUBERT (A. Charlotte), biodiversity in the seas,
IUCN, environmentalpolicy and lawpaper n°32-1996. Cité par PRIEUR
(Michel), l'environnement marin, cours n°2, p.11.
29
biologique marine et côtière, après la
recommandation I/8 sur le même thème de l'organe subsidiaire
chargé de fournir des avis scientifiques techniques et technologiques
adoptée à Paris en septembre 1995.
Elle invite à la gestion intégrée des
zones marines et côtières qui, pour elle, semble être le
meilleur moyen pour s'attaquer au problème de l'incidence des
activités humaines sur la biodiversité côtière et
marine89.Tout comme le Cameroun, la Côte d'ivoire est
signataire de cette convention et a adopté le programme marin et
côtier de celle-ci. Et des stratégies de mise en oeuvre de cette
convention ont même été posées.
4- La Convention Cadre sur les Changements Climatiques de
RIO de 1992
Dès la fin du XIXe siècle, les travaux du
physicien irlandais John Tyndall (1820-1893) ont démontré qu'une
légère modification des constituants chimiques de
l'atmosphère pouvait susciter des effets climatiques importants. Plus
tard, le prix Nobel de chimie Svante Arrhenius (1859-1927) établira le
lien entre activités humaines, augmentation du taux de dioxyde de
carbone et élévation des températures. Toutefois, si des
études sont régulièrement publiées sur le sujet, la
préoccupation internationale en matière de changements
climatiques n'interviendra véritablement qu'à la fin du XXe
siècle. En 1988, l'Assemblée générale de l'ONU
déclare que le changement climatique constitue « une
préoccupation mondiale de l'humanité90». En 1990,
lors de la deuxième Conférence internationale sur le climat,
l'Assemblée crée un Comité intergouvernemental de
négociation pour une Convention cadre sur le changement climatique.
Adoptée le 9 mai 1992 à New York et ouverte à la signature
en juin à Rio, la Convention cadre des Nations Unies sur les changements
climatiques est entrée en vigueur le 22 mars 199491.
Le préambule de la Convention souligne que les
États ayant des zones côtières de faible
élévation sont particulièrement vulnérables aux
effets néfastes des changements climatiques. Les Parties se doivent donc
de préparer « en coopération, des plans appropriés et
intégrés pour la gestion des zones côtières».
Le développement d'initiatives de GIZC dans le cadre des
89Notes du Professeur PRIEUR(Michel), DICE,
environnement marin et côtier, p 11.Cité par NYOGOK (Serge)
Université de Limoges - Master II droit international et comparé
de l'environnement, 2008, note de bas de page 23 in
http://www.memoireonline.com/02/13/6941/La-protection-du-littoral-camerounais-au-regard-du-droit-international-de-l-
environnement.html#fn8
90Résolution de l'Assemblée
générale de l'ONU A/RES/43/53 du 6 décembre 1988,
Protection du climatmondial pour les générations présentes
et futures.
91La Côte d'ivoire a signé la
convention et y a adhéré le 24 Novembre 1994. La Convention a
été complétée par le protocole de Kyoto du 11
décembre 1997, auquel la cote d'ivoire est partie depuis le 23 Avril
2007, date du dépôt de son instrument de ratification. Aux termes
de son article 25, le protocole entre en vigueur 3 mois après sa
ratification par 55 États représentant 55% des émissions
de gaz à effet de serre en 1990. Suite au dépôt par la
Russie de son instrument de ratification le 16 novembre 2004, le protocole est
entré en vigueur le 16 février 2005. Pour une étude de la
Convention et du protocole, voir notamment : KISS (A), BEURIER (JP), Droit
international de l'environnement, Pedone, 2e Édition, pp.227-231 ; LANG
(W), SCHALLY (H), « La Convention cadre sur les changements climatiques :
un élément du bilan normatif du Sommet de la Terre », RGDIP,
1993, pp.321-337 ; LANOY (L), « Le changement climatique et les permis
d'émission négociables : analyse des dernières
avancées et perspectives pour les entreprises », Droit de
l'environnement, 2002, pp.65-70 ; LECLERC (S), « La Communauté
européenne et le protocole de Kyoto sur les changements climatiques
», RJE, 2001, pp.31-46 ; LONDON (C), « Nouveau millénaire,
nouveaux impératifs environnementaux », Droit de l'environnement,
No98, 2002, p.129-134 ; LONDON (C), « Le protocole de Kyoto : innovation
sur le plan du droit international en générale et du droit
international de l'environnement en particulier », LPA, 15 octobre 2001,
pp.4-10 ; MANSUX (V), « L'allocation des quotas d'émission de gaz
à effet de serre », Environnement, No8-9, 2004, pp.7-13 ; ROMI (R),
« Le protocole de Kyoto sur la protection de la couche d'ozone »,
LPA, 24 juin 1998, pp.9-13 ; ROUSSEAUX (S), « De la liberté
d'adaptation des entreprises face à la régulation juridique de
leurs émissions de gaz à effet de serre », Droit de
l'environnement, No122, 2004, pp.191-193 ;
30
systèmes de protection des mers régionales
s'inscrit donc dans le cadre juridique établi par la Convention.
5- Les conventions de l'International Maritime
Organisation (IMO)
L'organisation maritime internationale est une agence des
Nations Unies responsable de la sécurité en mer et la lutte
contre les pollutions. Elle a élaboré un grand nombre de
conventions et de protocole touchant de ce fait à l'environnement marin
et côtier.
Aucune de ces conventions n'aborde la question de la gestion
intégrée en raison de leur contenu sectoriel, mais elles sont
pour la plupart applicables aux espaces littoraux et servent à
protéger la côte et la mer des risques liés à la
navigation.
Les États doivent adopter des règles nationales
interdisant le rejet de déchets dans la mer, aussi bien territoriales
que la haute mer. Cela concerne aussi bien tout navire qui rejette dans ses
eaux territoriales, tout navire battant son pavillon qui rejette en haute mer
ou dans les eaux d'un autre État et tout navire chargeant des
déchets dans son territoire et les rejetant dans les eaux d'un autre
État ou en haute mer.
La Convention MARPOL92 de Londres du 2 novembre
1973 telle que modifiée le 17 février 1978 et à ce titre
en vigueur depuis le 2 octobre 1983 a deux annexes obligatoires sur la
pollution par les rejets d'hydrocarbures et de produits chimiques.
C'est l'État du port qui a l'obligation d'inspecter
les documents du navire entrant dans ses ports y compris en visitant le navire.
De plus, l'Etat du port doit mettre à disposition des navires des
facilités pour stocker les déchets d'hydrocarbures.
Il y a aussi des traités généraux sur la
responsabilité civile pour les dommages dus à des pollutions par
les hydrocarbures 93 et sur la création d'un fonds
international d'indemnisation94 .Ces deux conventions ont
été remplacées par deux protocoles du 27 novembre 1992
entrés en vigueur le 30 mai 1996.
6- L'Agenda 21 (chapitre 17 et chapitre 18) de la
Déclaration de Rio
La grande innovation de l'Agenda 21 de 1992 est d'avoir
abordé dans le même chapitre la protection des océans et
des mers avec la protection des zones côtières. La
Conférence de Rio consacre ainsi la nécessaire unité de
gestion de ce milieu fragile et met au premier plan, parmi les objectifs,
l'engagement des États riverains de réaliser une gestion
intégrée et un développement durable des zones
côtières et du milieu marin soumis à leur juridiction.
C'est le but du premier programme proposé95.
92 La République de Côte d'Ivoire a
ratifié la Convention MARPOL 73/78 au moyen de la loi n°87-776 du
28 juillet 1987. Elle a déposé l'instrument de ratification de la
Convention MARPOL 73/78 le 5 octobre 1987. La Convention MARPOL 73/78 est
entrée en vigueur à son égard le 5 janvier 1988.
93 Convention de Bruxelles du 29 novembre 1969,
ratifié par la cote d'ivoire le 21 Juin 1973 et entrée en vigueur
le 15 Juin 1975.
94 Convention de Bruxelles du 18 décembre 1971
entrée en vigueur le 16 Octobre 1978 ; la Côte d'Ivoire y a
adhéré le 5 Octobre 1987.
95 PRIEUR (Michel), l'environnement marin, cours
n°2, p.9.
31
En effet, Le Chapitre 17 de l'Agenda 21 est relatif à
la «Protection des océans et de toutes les mers - y compris les
mers fermées et semi-fermées - et des zones côtières
et protection, utilisation rationnelle et mise en valeur de leurs ressources
biologiques ».
Ainsi, l'Action 21 énumère quelques 2500
recommandations concernant les problématiques liées au
développement durable et protection de l'environnement. Aujourd'hui, le
programme Action 21 reste la référence pour la mise en oeuvre du
développement durable au niveau des territoires96. Et pour
marquer son importance, il fait obligation aux Etats de produire des rapports
sur le respect de ce cahier de charge97.
C'est ainsi qu'il aborde dans ses chapitres 17 et 18 la
protection des mers et des zones côtières. Particulièrement
dans le chapitre 17 est abordée la question de la protection des zones
côtières. Il y encourage et édicte des mesures dans la
protection des littoraux outre la gestion intégrée , tel que la
mise en place et l'effectivité des EIE pour ce milieu comme pour les
autres , demande des mesures de contrôle de l'activité humaine sur
les milieux comme le littoral qui en souffre énormément par le
contrôle et la réduction de la pression humaine, ou encore «
promouvoir l'élaboration et l'application de méthodes, telles que
les comptes de patrimoine naturel et la comptabilité écologique,
qui rendent compte des changements de valeur dus à l'utilisation des
zones côtières »98.
En termes de profit, c'est un capital qui offre des
possibilités de développement durable. Il combine dans ses
principaux domaines d'activité la gestion intégrée et le
développement durable des zones côtières, la protection du
milieu marin, l'utilisation durable et la conservation des ressources
biologiques marines tant dans les eaux intérieures qu'en haute
mer99.
B- LES INSTRUMENTS REGIONAUX AFRICAINS
Le droit de l'environnement Africain n'est pas resté en
marge de la protection de l'environnement en général et en
particulier des littoraux de ses pays. Il s'agira en ce qui nous concerne
d'étudier les modalités de protection édictés par
ces outils du droit régional Africain sans pour autant avoir la
prétention de faire une étude achevée de ces outils.
Nous axerons notre analyse sur celles qui ont
été ratifiés par la Côte d'ivoire et qui demeure les
plus importantes. Il s'agira donc du système d'Abidjan, la convention de
Bamako.
96LORACH (Jean-Marc), DE QUATREBARBES
(Étienne), avec la participation de CANTILLON (Guillaume), Le Guide du
territoire durable-l' agenda 21 pour les collectivités territoriales et
leurs partenaires, Pearson Education, 2002.
97Rapport du profil du Cameroun application
d'action 21, examens des progrès accomplis depuis la conférence
des nations unies sur l'environnement et le développement, 1997,
www.sommetjohannesburg.org/pays/frame-cameroun.html
98Agenda 21 chap. 17 alinéa (e)
99Dossier documentaire, Sommet mondial sur le
développement durable, Johannesburg 2002, Fiche n°17 : Mers et
océans
http://www2.environnement.gouv.fr/international/johannesburg2002/fich17.htm.Cité
par ASSEMBONI (Alida Nabobué), op.cit., p.29.
32
1- La convention WACAF du 23 Mars 1981 et ses protocoles
additionnels de 1981 et de 2012
L'une des institutions des Nations Unies, le Programme des
Nations Unies pour l'Environnement, à sa création en 1972, avait
désigné les océans comme un de ses domaines prioritaires
d'action. C'est ainsi que dans le but d'aborder les problèmes complexes
posés par la protection et la gestion de l'environnement marin, le
Conseil d'Administration du PNUE a opté pour une approche
régionale. En 1974, fut lancé le Programme pour les mers
régionales dont les principaux objectifs étaient la lutte contre
la pollution marine et la gestion des ressources marines et
côtières. Il apparaît donc clairement que le cadre
régional constitue le « domaine privilégié
d'action contre la pollution100 ».
Ainsi, un plan d'action pour la région de l'Afrique de
l'ouest et du centre a adopté la Convention relative à la
coopération en matière de protection et de mise en valeur du
milieu marin et des zones côtières de la région de
l'Afrique de l'Ouest et du Centre101.
Adoptés à Abidjan le 23 mars 1981, le Plan
d'action et la Convention relative à la coopération en
matière de protection et de mise en valeur du milieu marin et des zones
côtières de la région de l'Afrique de l'Ouest et du Centre
entrent en vigueur le 5 août 1984 dans l'ensemble des États
riverains de la région, de la Mauritanie à l'Afrique du
sud102.
Conduit par une unité de coordination, le
système régional oriente aujourd'hui ses actions autour de la
lutte contre l'érosion côtièreet la gestion
intégrée de l'espace littoral103. La zone
côtière est ainsi appréhendée par la Convention
cadre et sa gestion intégrée constitue un volet spécifique
du programme régional.
La Convention d'Abidjan est un corps juridique composé
de 31 articles. Elle constitue le cadre légal pour toute action
nationale et/ou régionale menée en coopération tendant
à la protection et au développement du milieu marin et des zones
côtières de la région. C'est un accord-cadre qui, au
même titre que toute convention internationale relative à
l'environnement marin, énumère, les sources de pollution marine
susceptibles d'être maîtrisées : pollution par les navires,
pollution due aux opérations d'immersion, pollution tellurique,
pollution résultant d'activités liées à
l'exploration et à l'exploitation du fond de la mer et pollution
d'origine atmosphérique et Trans atmosphérique. Elle
définit également les aspects de gestion de l'environnement marin
qui appellent des efforts de coopération : lutte contre l'érosion
côtière, création de zones marines spécialement
protégées, lutte contre la pollution marine en cas de situation
critique, évaluation des incidences des activités sur
100 Voir LUCCHINI (L.) et VOELCKEL (M.), « Les Etats et
la Mer » Documentation française, 1978, p.402, Cité par
FALICON(Michel), La protection de l'environnement marin par les Nations Unies,
Programmed'Activités pour les mers régionales, Publications du
CNEXO, Rapports économiques et juridiques, n°9,1981, p.10.
101Conformément à la
Résolution 2997 de l'Assemblée Générale des Nations
Unies, le PNUE a été créé pour centraliser l'action
en matière d'environnement et réaliser la coordination dans ce
domaine entre les organisations des Nations-Unies. Le conseil d'administration
du PNUE a défini qu'il existe actuellement dix zones maritimes
régionales pour lesquelles des plans d'action ont été
déjà adoptés ou sont à l'élaboration. Voir
dans ce sens, PNUE convention relative à la coopération en
matière de protection et de mise en valeur du milieu marin et des zones
côtières. Nations Unies 1981, n°7, p.3.Cité par
DAKOURI(Jean-Claude), op.cit., p27.
102Afrique du Sud, Angola, Bénin, Cameroun,
Congo, Côte d'Ivoire, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée
Bissau,Guinée Conakry, Guinée Équatoriale, Libéria,
Mauritanie, Namibie, Nigeria, République Démocratique duCongo,
Sao Tomé et Principe, Sénégal, Sierra Léone,
Togo.
103PNUE-WAF, Septième
rencontre des Parties contractantes à la Convention relative à la
coopération enmatière de protection et de mise en valeur du
milieu marin et côtier de la région ouest africaine,
Libreville,Gabon, 22-23 mars 2005, Programme de travail 2005-2007 pour la
Convention d'Abidjan,UNEP(DEC)/WAF/CP.7/6/F, 2005, Orientation
Stratégique 6 : Promouvoir l'approche écosystémique pourla
gestion intégrée.Cité par ROCHETTE (Julien), op.cit.,
p.75
33
l'environnement marin et côtier, développement
durable et gestion intégrée des zones côtières.
Quant au Protocole, il vise spécifiquement à
combattre ou à répondre de façon opérationnelle aux
situations critiques en mer, de même qu'à coordonner les
activités y relatives, dans chacun des gouvernements des Etats qui sont
Parties contractantes. Il définit les situations critiques pour le
milieu marin comme étant tout incident ou événement dont
la conséquence est une pollution importante ou une simple menace
imminente de pollution importante du milieu marin et des zones
côtières par les hydrocarbures104.
2- La Convention de Bamako
La convention de Bamako sur l'interdiction d'importer en
Afrique des déchets dangereux et sur le contrôle des mouvements
transfrontières et la gestion des déchets dangereux produits en
Afrique a été adoptée le 31 janvier 1991. La Côte
d'ivoire l'a signé à cette même date mais elle est
entrée en vigueur le 9 juin 1994.
Elle est adoptée dans le sillage de celle de Bâle
du 22 Mars 1989, convention à laquelle la Côte d'ivoire est
également partie105. Elle épouse les recommandations
de Lomé IV qui prescrivaient déjà l'interdiction directe
ou indirecte de mouvements des déchets des pays CEE (art 39) vers les
ACP.
La convention de Bamako dans ses principes 6 ,7 et 12
respectivement affirment la nécessité d'éviter les rejets
de substances toxiques dans les systèmes naturels tels que les mers et
les zones côtières. L'art 4(2) interdit le déversement de
déchets dangereux dans les eaux intérieures. L'incidence que
pourrait avoir de tels déversements est incommensurable sur ces milieux
et sur les vies animales végétales voire humaines. Les exemples
sont légions le long des côtes africaines106.
PARAGRAPHE II : LES INSTRUMENTS NATIONAUX
Les moyens mis en oeuvre par l'Etat de Côte d'ivoire
pour la protection de son littoral prennent des formes diverses. Des
instruments de protection sont de plusieurs natures ; ainsi ils peuvent prendre
la forme d'instruments de gestion et de planification de l'environnement, tout
comme ils peuvent être ceux de la planification et de
l'aménagement territoriale ; mais la protection est d'abord du fait de
la constitution, loi fondamentale et plus encore du code de l'environnement
ivoirien. Sans omettre les textes légaux et règlementaires
spécifiques que nous verrons.
Aussi serons-nous amenés, dans un souci de
méthodologie, à regrouper ces instruments. Ainsi, nous aurons
à analyser les instruments aux champs d'application
générales, d'une part, et ceux aux champs d'application
spécifiques, d'autre part.
104 Voir ASSEMBONI (Alida Nabobuè) op.cit., pp.31-34. ;
ZOGNOU (Théophile), op.cit., pp .32-35
105La Côte d'Ivoire a ratifié la
convention de Bâle le 09 juin 1994. Elle est donc membre des deux
conventions ; mais il faut rappeler que celle de Bamako a plus d'impact au
niveau continental dans la mesure où les pays africains insatisfaits de
la lettre de Bâle qui traite exclusivement des réductions des
mouvements transfrontières de déchets dangereux ont, sous
l'égide de l'OUA ratifiés Bamako qui elle interdit totalement
tout mouvement transfrontière de déchets dangereux en Afrique.
106Le cas de Douala à la fin des
années 1990 et au début des années 2000, une
épidémie de gale s'était répandue. Et cela
était dû au déversement de déchets toxiques dans les
eaux du Wouri d'après de folles rumeurs et quelques médias locaux
de l'époque. L'histoire du Probo Koala en Côte d'Ivoire reste
encore dans la mémoire collective.
34
A- LES INSTRUMENTS AUX CHAMPS D'APPLICATION GENERALES
La constitution et le code de l'environnement constitueront
pour nous les instruments aux champs d'application générales.
1- La Constitution
La plupart des pays de l'Afrique occidentale
côtière ont pris conscience de l'importance de la protection de
l'environnement et de ses ressources. La première consécration de
la protection de l'environnement est constitutionnelle107.
En effet, le droit de l'homme à un environnement sain
est consacré par les lois fondamentales de ces pays, quoique diversement
formulé. Au Togo, la Constitution dispose que « Toute personne
a droit à un environnement sain. L'Etat veille à la protection de
l'environnement108».
En Côte d'Ivoire, la constitution est la loi
suprême, la loi fondamentale, celle qui a autorité sur tous les
autres textes normatifs. Le texte constitutionnel actuellement en vigueur en
Côte d'Ivoire est la constitution du 1er aout 2000 qui fonde
la deuxième république. A la différence de la
première, elle affirme les droits et devoirs du citoyen de façon
explicite. Et une avancée importante est effectuée par le
constituant, avec la reconnaissance du droit à un environnement sain
pour tous (article 19) et l'affirmation du devoir de protection de
l'environnement et de promotion de la qualité de la vie (article
28)109.
Le droit à l'environnement sain est consacré par
l'article 33 du code de l'environnement qui dispose : « toute personne a
le droit fondamental de vivre dans un environnement sain et
équilibré... ». Il apparait que toute personne vivant en
Côte d'Ivoire a le droit d'ester en justice en vue d'obtenir du juge que
ce droit soit respecté. A cet effet, le code de l'environnement fait
obligation au juge, lorsqu'il statue, de « prendre notamment en
considération, l'état de connaissances scientifiques, les
solutions adoptées par les autres pays et les dispositions des
instruments internationaux ».
Cette consécration du droit de l'environnement
dénote la volonté du constituant et du législateur
d'accorder plus de place au droit en matière de protection de
l'environnement contrairement à ce qui a été
auparavant.
107ASSEMBONI (Alida Nabobuè), op.cit., p34.
108 Article 41 de la Constitution de la IVème
République, adoptée par référendum le 27 septembre
1992 etrévisée par la loi n°2002-029 du 31 décembre
2002.Cité par ASSEMBONI (Alida Nabobuè).
109TOURE (Guétondé), La politique
de l'environnement dans les capitales africaines, éditions
Literaturverz, 2006. , Cité par
KOMENAN (Brou Germain Alexis Edoh), Université
Catholique de l'Afrique de l'Ouest/Unité Universitaire d'Abidjan,
Maitrise, 2009.
35
2- Le Code de l'environnement
Le code de l'environnement représente la
première tentative du gouvernement de créer un cadre
légal, intégré, intersectoriel pour gérer les
défis nationaux en matière d'environnement110.
Ce Code repose sur une loi-cadre qui fixe les principes
fondamentaux dans les divers aspects du droit de l'environnement111.
Aussi examinerons-nous ce code de l'environnement ivoirien à travers ses
objectifs et son dispositif de protection.
En 1996, le Parlement de la République de Côte
d'Ivoire a adopté la loi n°96-766 du 3 octobre 1996 portant code de
l'environnement. Celui est composé de six (VI) titres et 113
Articles.
En vertu de l'article 2 de cette loi, les objectifs visés
sont essentiellement :
La protection des sols, des sous-sols, des sites, des
monuments et paysages nationaux, des formations végétales, la
faune et la flore et particulièrement les domaines classés, les
parcs nationaux ; l'établissement des principes fondamentaux
destinés à gérer, à protéger l'environnement
contre toutes les formes de dégradations afin de valoriser les
ressources naturelles, de lutter contre toutes les sortes de pollutions et
nuisances ; l'amélioration des conditions de vie des populations dans le
respect avec l'équilibre du milieu ; la création des conditions
d'une utilisation rationnelle et durable des ressources naturelles pour les
générations présentes et futures ; la garantie à
tous les citoyens d'un cadre de vie écologiquement sain et
équilibré ; et la restauration des milieux endommagés.
Le dispositif de protection de la loi-cadre de 1996 est
explicite quant à la protection et la gestion de l'environnement puisque
ces nombreux articles évoquent des instruments et outils de protection
forts intéressants.
L'article 55 du code montre clairement la volonté de
l'Etat de Côte d'Ivoire de s'engager résolument dans la protection
de son environnement en général donc de son littoral en
particulier.
C'est pourquoi de manière expresse, l'article dispose
que : « l'Etat s'engage à : faire de l'environnement et de sa
protection une politique globale et intégrée ; prendre toutes
dispositions appropriés pour assurer ou faire assurer le respect des
obligations découlant des conventions et accords internationaux auxquels
il est parti. »
Cette loi-cadre également contient des dispositions
préventives et pénales pour une bonne gestion de
l'environnement.
Au titre des mesures pénales, des sanctions sont
prévues aux contrevenants aux lois établies. Elles visent
à condamner tous ceux, personnes physiques et/ ou morales, favorisant la
destruction du milieu naturel. Toutes ces dispositions sont contenues dans le
chapitre II du titre V, dans les articles 88, 91 et 97.
Le principe du pollueur payeur figure au nombre des mesures
pénales, que l'on peut retrouver à l'article 35.5 du titre III et
qui dispose que « toute personne physique ou morales dont les
110Anonyme, Côte d'Ivoire : Profil
environnemental de la zone côtière ; CEDA-MLCVE, 1997,
58p.
111Pr. KAMTO (Maurice), Droit et
Politiques Publiques de l'Environnement au Cameroun, Yaoundé,
CERDIE, Avril 1992,
www.wagne.net/ecouox/ecod3/dossier1.htm.
Cité par NYOGOK (Serge), op.cit.
36
agissements et /ou les activités causent ou
susceptibles de causer des dommages à l'environnement es soumise
à un texte et/ou une redevance. Elle assure, en outre, toutes les
mesures de remise en état ».112
B- LES INSTRUMENTS SPECIFIQUES
Les textes légaux et réglementaires ainsi que
les outils juridiques constituent les instruments spécifiques de notre
étude.
1- Les Textes légaux et
réglementaires
Sur le plan interne, on note l'existence de plusieurs textes
juridiques qui ont un rapport avec la zone côtière soit de
manière expresse, soit de manière implicite tout en n'omettant
pas le principe du développement durable. Il serait fastidieux de les
retracer intégralement dans le cadre du présent mémoire.
Il n'empêche que certains textes juridiques retiendront beaucoup plus
notre attention113.
Loi N°98-755 du 25 Décembre 1998 portant code de
l'eau ;
Loi N°61-349 du 9 Novembre 1961 portant institution d'un
code de la marine marchande ;
Loi N°77-926 du 17 Novembre 1977 portant
délimitation des zones marines placées sous juridiction nationale
de la république de côte d'ivoire ;
Loi °86-478 du 1er juillet 1986 relative à
la pêche ;
Loi n°88- 651 du 7 juillet 1998 protection de la
santé publique et l'environnement contre les effets des déchets
industriels toxiques et nucléaires et des substances nocives ;
Le décret n°98-42 du 28 janvier 1998 portant
organisation du plan d'urgence de lutte contre les pollutions accidentelles en
mer, en lagune et dans les zones côtières s'attelle à
réduire drastiquement voire éliminer les conséquences
néfastes des pollutions accidentelles pour le milieu marin.
Décret n°97-678 du 3 décembre 1997 portant
protection de l'environnement marin et lagunaire contre la pollution ;
Décret du 5 mars 1921, du 25 mai 1955 portant
règlementation du domaine public ; Décret du 19 mars 1921 sur la
police et la conservation des eaux ;
Décret N°98-43 du 28 janvier 1998 relatif aux
installations classées pour la protection de l'environnement ;
Arrêté N°556 MECV du 27 février 2002
portant création d'une unité de police pour la constatation et la
répression des infractions à la législation relative
à la protection de l'environnement marin, lagunaire et du littoral ;
112ANOH (KouassiPaul) et POTTIER (Patrick), op.cit.,
pp265 - 269 113TIEBLEY (Yves Didier), op.cit., p.27
37
ArrêtéN°90/PMMD/CAB du 21 octobre 2011
portant création du comité interministériel de lutte
contre l'érosioncôtière ;
Arrêté n° 31 MPA/DPML du 16 septembre 1983
prohibant la pêche au chalut à moins d'un mille des côtes
;
Arrêtéinterministériel MINESUDD/MT relatif
à la collaboration des services du ministère en charge de
l'environnement et du ministère en charge des transports en
matière de contrôle des installations classées pour la
protection l'environnement, et de protection de l'environnement marin et
lagunaire ;
ArrêtéN°505 du 13 octobre 2010 portant
modalités d'occupation et d'exploitation du domaine publique maritime,
lacustre et Fluvio- lagunaire de l'Etat.
Ces textes touchent plus exactement à la zone
côtière et reste jusqu'à ce jour les seules qui puissent
protéger de manière spécifiques cette partie du territoire
ivoirien.
2- Les autres outils de protection et de politique de
gestion
La mise en oeuvre de la politique environnementale s'effectue
au moyen de certains outils juridiques. Il est vrai que ces outils ne sont pas
spécifiques à la zone côtière, parce que concernant
le pays entier. Mais ils prennent en compte cette zone. C'est ce que nous
montrerons dans les lignes qui suivent à travers l'analyse des
instruments de gestion et de planification environnementales. Il existe bien
des outils dans d'autres domaines mais l'insuffisance des informations dues
à la difficulté d'accès ne nous permettent pas d'en dire
plus.
Ainsi, en effet, le long du littoral côtier ivoirien,
des liens cruciaux existent entre la pauvreté, la conservation des
ressources, la dégradation de l'environnement et la
sécurité alimentaire. Ainsi, dans le souci d'une gestion
intégrée et durable de sa zone côtière, enfin
d'assurer l'intégrité environnementale de sa zone
côtière et par la même occasion renverser la tendance
négative de l'érosion côtière face aux effets du
changement climatique, la Côte d'Ivoire a développé des
plans stratégiques dont les principaux sont les suivants :
Le plan de développement des pêches et de
l'aquaculturequi a été adopté en 2009;
Le Livre Blanc du Littoral de Côte d'Ivoire
réalisé en 2004 propose une stratégie
pour la gestion des côtes qui met l'accent sur les questions
foncières, sur la pollution, sur l'établissement d'un encadrement
institutionnel pour gérer le littoral, et sur l'éducation de la
population. Les défis présentés par le changement
climatique, pourtant, ne sont pas suffisamment traités ce document.
Le plan national d'action pour l'environnement
(PNAE)est un instrument de gestion inspirée de la tradition
bien ancrée de la planification dans les pays
africains.114
Invention africaine, qui vit ses premières applications
à Madagascar, Ile Maurice, et Lesotho à la fin des années
1980 sous le vocable PNAE115.
114 TIEBLEY (Yves Didier), Introduction au Droit de
l'environnement, Cours, Master I, ISAD, 2013-2014, p.25.
115Plan national d'action pour l'environnement.
Nombre de pays africains et même du Nord l'adoptèrent sous des
appellations différentes telle est le cas du PNGE au Cameroun.
Adopté par la Côte d'ivoire en 1997, le PNAE est l'une des
réponses des autorités compétentes à la
nécessité de protéger l'environnement. C'est un document
technique non juridique qui fixe les orientations fondamentales du territoire
qu'il couvre. Document technique non juridique, le PNAE fournit un cadre
cohérent de politiques, stratégies et actions spécifiques
permettant une gestion rationnelle de l'environnement, et partant un
38
En effet, l'acuité des problèmes
environnementaux liés à la gestion du littoral justifie
l'élaboration d'un programme spécifique d'intervention
menée par la Côte d'ivoire116.
Toutefois, ce programme nécessite une structuration
nouvelle en vue de son amélioration.
Le profil environnemental de la
zonecôtièreivoiriennea été
élaboré en 1997 dans le cadre de ma mise en oeuvre du projet
grand écosystème marin du golfe de guinée.
L'établissement du profil littoral de côte
d'ivoire a conduit à conforter un ensemble de connaissances de base
indispensables pour appréhender dans sa globalité
multidisciplinaire la notion d'environnement marin littoral, à
comprendre et évaluer les évolutions naturelles ou
provoquées des systèmes côtiers, à élaborer
des démarches de gestion prédictives de ces
écosystèmes et des aménagementsconçus pour leur
exploitation rationnelle.
Il était prévu un plande mise en oeuvre qui
suivrait ce profil à soumettre à l'approbationdu gouvernement
d'alors. Malheureusement nous n'avons pas eu sa connaissance. Alors que ce plan
national de gestion des zones côtières devrait constituer
l'instrument véritable de gestion du littoral ivoirien. Sûrement
que c'est ce qui est appelé Stratégie nationale de gestion de
l'environnement côtier et plans d'actions 2015-20120.
S'agissant de stratégies,Il n'existait
pas véritablement de stratégie de gestion intégrée
pour une gestion intégrée et durable de l'environnement
côtier.
Mais depuis le jeudi 11 novembre 2014, le Ministère de
l'Environnement, de la Salubrité Urbaine et du Développement
Durable (MINESUDD) a pu se doter d'un document de Stratégie et
Plan du Programme Nationale de Gestion de l'Environnement Côtier
qui va couvrir la période de 2015 à 2020 et regroupe
l'ensemble des projets et activités programmés pour permettre
à la Côte d'Ivoire de parvenir à une gestion
intégrée et durable de la zone côtière dans leur
aménagement.
Le but de cette stratégie est de mettre en place un
cadre adéquat pour la gestion intégrée et durable de
l'environnement côtier afin de sauvegarder les intérêts
économiques du pays et assurer une protection des biens et des personnes
contre les risques littoraux.
La vision de la Stratégie Nationale de Gestion
l'Environnement Côtier (SNGEC) est telle que « A l'horizon 2020, la
gestion de la zone côtière de la Côte d'Ivoire est
assurée efficacement et durablement ».
Certains domaines sont dotés de plan, notamment la
lutte contre les pollutions accidentelles, le contrôle de la pollution
due au déballastage en mer.
Pour la protection de l'environnement marin contre des
activités menées aussi bien sur terre qu'en mer, il existe une
stratégie en matière d'eau usée domestique et d'effluents
industriels qui reposent sur l'épuration avant déversement dans
la lagune. Cependant, les équipements d'épuration mis en place ne
sont plus fonctionnels.
développement durable. Il constitue une
révolution dans la manière de conserver, de développer
durablement et de protéger l'environnement et le littoral par la
conception des actions programmées réalisables avec une certaine
prévisibilité(Voir Pr. KAMTO(Maurice), op.cit., 1996 p. 85).
116Les actions qui seront entreprises ou
renforcées concernent : L'acquisition et la gestion de l'information sur
la bande littorale ; La lutte contre l'érosion côtière ; la
lutte contre la pollution des hydrocarbures ; les travaux d'aménagement
intégrant l'assainissement des plages, la protection des sites
touristiques et l'amélioration des conditions de vie des populations
côtières.
Ces actions conduiront à d'autres actions plus
spécifiques qui sont entre autres : réalisation de la carte
topographique de la bande littorale de la Côte d'ivoire ;
établissement d'un système d'information environnementale de la
zone , basé sur des références géographiques ;
établissement d'une base de données hydro-bioclimatiques pour des
stations côtières ; estimations des modification de la
qualité des eaux qu'entrainent les déversements des eaux
usées agricoles et urbaines et les effets des crues ...;
39
Aucune stratégie n'est disponible pour la
préservation et l'utilisation écologiquement rationnelle
d'écosystèmes fragiles. Il y a des actions ponctuelles
destinées à favoriser la restauration des
écosystèmes de mangrove sur lesquelles les pressions anthropiques
sont importantes117.
SECTION II : AU REGARD DES INSTITUTIONS NATIONALES
La conférence de Stockholm en 1972 a été
le point de départ de l'intérêt de la Côte d'Ivoire
pour la protection de l'environnement. Par la suite, la gestion de
l'environnement a été confiée successivement à
plusieurs départements : secrétariat d'Etat à la
protection de la nature, ministère de l'environnement, commission
nationale pour l'environnement. Depuis le 14 Novembre 1991, un ministère
est chargé de l'environnement. Du fait de cette discontinuité et
des modifications incessantes dans les structures en charge de l'environnement,
plusieurs ministères s'y sont intéressés. Ainsi, sur un
total de 36 ministères ,13 se sont impliqués dans la protection
et la gestion de l'environnement. Mais c'est le ministère du logement,
du cadre vie et de l'environnement qui était chargé de la
conception et de la mise en oeuvre de la politique environnementale du
gouvernement d'alors118.
Ainsi, pour mieux appréhender l'intervention des
institutions nationales en matière de protection du littoral, nous
présenterons d'abord,les institutions aux champs d'application
globalepour ensuite, analyser les institutions de champ d'application
spécifique au littoral.
PARAGRAPHE I : LES INSTITUTIONS AUX CHAMPS D'APPLICATION
GLOBALE
Ce sont les organes qui ont vocation à régir et
protéger tous les milieux y compris celui du littoral. Ils sont
constitués essentiellement du Ministère en charge de
l'environnement (A) et des diverses autres structures étatiques (B).
A- LE MINISTERE CHARGE DE L'ENVIRONNEMENT, DE LA
SALUBRITE URBAINE ET DU DEVELOPPEMENT DURABLE (MINESUDD)
L'importance du rôle joué par les organismes
gouvernementaux en matière d'environnement marin et côtier varie
selon les pays.
Dans la plupart des pays de la région ouest africaine,
les textes environnementaux octroient de larges pouvoirs aux ministres
chargés de l'environnement 119.C'est l'exemple au
Togo120, au Bénin121 , au
Sénégal122 .La Côte d'ivoire, n'est pas
restée en marge de ces larges pouvoirs.
117 Voir la stratégie nationale de gestion de
l'environnement côtier, p.49
118Anonyme,Côte d'Ivoire : Profil
environnemental de la zone côtière ; CEDA-MLCVE, 1997, 58p
119ASSEMBONI (Alida Nabobuè),La protection
et la mise en valeur de l'environnement marin et côtier en Afrique de
l'Ouest et du Centre à travers le système juridique d'Abidjan,
UICN, droit et politique de l'environnement, n°69 .
120Article 1er, al. 2 du décret
n°2001-203/PR du 19 novembre 2001 portant attributions et organisation du
Ministère de l'environnement et des ressources forestières; les
attributions et l'organisation du ministère ont été
redéfinies par le décret n°2005-095/PR du 4 octobre 2005 qui
consacre les dispositions des articles 1 et 2 du code de l'environnement.
Source: site Web du Réseau d'échange d'information chimique au
Togo (REIC-Togo):
http://jp1.estis.net.
121Article 1, al. 1 du décret
n°2003-072 du 05 mars 2003 portant attributions, organisation et
fonctionnement du Ministère de l'Environnement Article 1er, al. 2 du
décret n°2001-203/PR du 19 novembre 2001 portant attributions et
organisation du Ministère de l'environnement et des ressources
forestières; les attributions et l'organisation du ministère ont
été redéfinies par
40
Ainsi, le ministère de l'environnement reste
l'institution fondamentale et principale de protection de l'environnement. Il
est la pierre angulaire de la protection du littoral au niveau des organes
oeuvrant dans ce sens.
A côté de lui, un autre ministère reste
assez important en matière de protection du littoral, il s'agit du
ministère de la construction et de l'urbanisme.Nous nous en apercevrons
à travers les attributions et l'Organisation de ces deux
ministères.
1- Des attributions du Ministère de
l'Environnement de la Salubrité Urbaine et du Développement
Durable (MINESUDD)
C'est à partir du Décret123 portant
attributions des Membres du Gouvernement que nous analyserons les
différentes missions du ministère susmentionné.
Selon l'Article 24 du décret portant attributions des
membres du gouvernement, le MINESUDD124 est chargé de la mise
en oeuvre et du suivi de la politique du Gouvernement en matière de
protection de l'environnement et de développement durable.
A ce titre, et en liaison avec les différents
départements ministériels intéressés, il a
l'initiative et la responsabilité des actions suivantes:
Au titre de l'Environnement: Planification et
contrôle de la politique en matière d'environnement, (...) ;
Protection et mise en valeur des écosystèmes aquatiques,
fluviaux, lagunaires et littoraux et des zones humides ; (...) ; Contrôle
des installations classées pour la protection de l'environnement ;
Coordination de la gestion des risques naturels majeurs ;
Au titre de la Salubrité Urbaine
:Lutte contre les nuisances et les pollutions à Abidjan
et dans les villes de l'intérieur en déployant la brigade de
salubrité urbaine ; Renforcement et réalisation des
infrastructures de gestion des ordures ménagères et des
déchets privés sur tout le territoire national ; Elaboration de
textes en matière de propreté (schéma directeur de la
collecte des ordures ménagères, guide de gestion des
déchets) ; (...) ; Sensibilisation et éducation de la population
à la protection et à l'amélioration de leur cadre de vie
.
A la suite de ses attributions, il s'agira pour nous de voir
comment estorganiser le MINESUDD.
le décret n°2005-095/PR du 4 octobre 2005 qui
consacre les dispositions des articles 1 et 2 du code de l'environnement.
Source: site Web du Réseau d'échange d'information chimique au
Togo (REIC-Togo):
http://jp1.estis.net.
122Article 1, al. 1 du décret
n°2003-072 du 05 mars 2003 portant attributions, organisation et
fonctionnement du Ministère de l'Environnement, de l'Habitat et de
l'Urbanisme, remplacé par un autre décret présidentiel du
5 janvier 2005. Voir le texte du décret de 2003 sur le site officiel du
gouvernement béninois:
http://www.gouv.bj/ministeres/mehu/decret.php;
Voir également les attributions du ministère de l'environnement
dans Eco Citoyen, Bulletin d'informations et d'analyses du ministère de
l'environnement, de l'habitat et de l'urbanisme, n°22 avril-juin 2005, p.
7.
123 Décret n° 2012-625 du 06 juillet 2012
124 Voir le site du MINESUDD pour les attributions aussi :
http://www.environnement.gouv.ci/missions.php,
consulté le Lundi 25 Septembre 2014 à 14 h.
41
2- Le cadre organisationnel du MINESUDD
La protection de la zone côtière ressortit
principalement à la compétence du ministère de
l'environnement, de la salubrité urbaine et de développement
durable (MINESUDD) organisé par décret125.
De manière générale, tous les
ministères ont la même organisation et cela peut se constater
à travers l'article premier de tous les décrets portant
organisation des ministères126.
Ainsi, l'examen du cadre organisationnel du MINESUDD se fera
à travers le décret qui leur confère les attributions
susmentionnées.
Il s'agira pour nous, dans cette analyse, de montrer les
« portes »127 de cette institution. Qui est-ce qui
s'occupent particulièrement de la protection du littoral ? C'est donc au
coeur de l'organigramme de ce ministère que nous pourrons repérer
le service qui a la tâche de s'occuper de la protection du littoral.
Après analyse du décret organisant le
ministère, nous sommes aperçus qu'il existe un service
compétent en matière de protection du littoral.
Il est bon de rappeler que le décret de 2011 organisant
le MINESUDD, lui donne deux directions générales. Ainsi, le
chapitre IV du décret qui organise ses directions dispose en son article
14 : « pour la coordination de ses activités, le ministère
de l'environnement et développement durable dispose de deux directions
générales : la Direction Générale de
l'Environnement (DGE) et la Direction Générale du
Développement Durable (DGDD).
Une étude approfondie montre que c'est la direction
générale de l'environnement qui a la plénitude des
questions liées au littoral ivoirien. Ainsi, l'article 15 du même
décret, nous donne les missions et organisations de la Direction
Générale de l'Environnement (DGE). Au titre donc de
l'organisation, l'article 15 dispose que la Direction Générale de
l'Environnement (DGE) comprend trois directions et un service de suivi de
programmes nationaux.
C'est ce dernier service, qui a en charge la vie de la zone
côtière ivoirienne. Ainsi, selon l'article 19, le service de suivi
des programmes nationaux est chargé de la coordination de cinq
programmes nationaux. Les questions du littoral sont donc l'affaire du
programme national de gestion de l'environnement côtier.
L'article 19 de ce décret en son dernier alinéa
dispose que chaque programme national A son mode de fonctionnement propre et
est organisé par arrêté.
Voici, ainsi, le service ministériel de la protection
du littoral en côte d'ivoire parmi les nombreux et multiples services
ministériels qui font l'ossature du MINESUDD.
En plus de mettre sur pied le Programme National de Gestion de
l'Environnement Côtier ( PNGEC) au sein du MINESUDD, les autorités
ivoiriennes conscientes des enjeux colossaux
125 Décret n°2011-432 du 30 novembre 2011 portant
organisation du ministère de l'environnement et du développement
durable (MINEDD)
126En guise d'exemple, le MCLAU dispose en son Article
1er : pour l'exercice de ses attributions, le ministère de la
construction, de l'urbanisme et de l'habitat dispose, outre son cabinet, de
services rattachés au cabinet, d'une inspection générale,
de directions générales, de directions centrales et de services
extérieurs qu'il est chargé d'organiser par arrêté.
127Mot utilisé dans le jargon administratif pour signifier le
bureau ou les services qui ont compétence, cité par NGOYOK
op.cit.
42
qui se jouaient quant à la protection du littoral, ont
aussi pour une plus grande efficacité, créé d'autres
structures étatiques. Enfin, étant donné que
l'environnement coûte cher, la loi-cadre de 96 a créé des
fonds financiers pour aider à la protection de l'environnement en
général.
B- LES AUTRES STRUCTURES ETATIQUES
D'autres structures non moins importantes interviennent dans
la gestion et la protection du littoral. Ainsi, nous verrons dans notre
analyse, La Commission Nationale du Développement Durable (CNDD) et les
fonds pour l'environnement.
1- La Commission Nationale du Développement
Durable (CNDD)
Pour répondre aux problèmes de coordination
entre les diverses institutions ou ministères impliqués
directement ou indirectement dans la gestion des ressources environnementales
et naturelles, et pour formuler la stratégie nationale de
développement durable, le gouvernement ivoirien a envisagé depuis
1993, après le sommet de Johannesburg, la création de la
commission nationale du développement durable (CNDD), regroupant 200
structures avec 60 représentants128.
Elle devrait par ailleurs, promouvoir la participation des
populations et émettre des avis sur toute politique ou stratégie
susceptible d'affecter les dimensions environnementales du développement
durable129.
L'environnement coûte cher a-t-on coutume de dire et
pour aider à pallier cet état de fait, le gouvernement a mis sur
pied un fonds financier pour l'environnement.
2- Les Fonds pour l'environnement
Des organismes rattachés à d'autres structures
étatiques permettent la gestion financière de l'
environnement.il s'agit, notamment
du fonds national de l'environnement (FNDE) et du fonds national de l'eau
(FNE).
Il s'agit ici de les présenter dans un premier temps et
ensuite dans un second temps d'examiner le modus operandi de ces institutions
dans le cadre de la protection du littoral.
a- Le FNDE130
Le Fonds National de l'Environnement (FNDE) a
été créé et organisé par le décret
n°98-19 du 14 janvier 1998. Il est placé sous la tutelle technique
du ministère chargé de l'environnement et sous la tutelle
économique et financière du ministère chargé de
l'économie et des finances.
128HALLE (Birgit) et BRUZON (Véronique), Profil
Environnemental de la Côte d'ivoire, rapport final, Commission
européenne,AFG Consult, Belgique, 128p, p53
129HALLE (Birgit) et BRUZON (Véronique), op.
cit.p49
130TIEBLEY (Yves Didier), introduction au Droit de
l'environnement, Cours Master I, ISAD, 2014, p.16.
43
Aux termes de l'article 2 du le décret n°98-19 du
14 janvier 1998, le fonds a pour objet de soutenir financièrement la
politique de l'Etat relative à la protection et à la restauration
de l'environnement et des ressources naturelles.
De façon plus spécifique, l'article 5 du
décret dispose que le Fonds est utilisé pour régler tout
ou partie des dépenses afférentes aux opérations relatives
à la protection de l'environnement, en particulier : au contrôle
des installations classées ; au contrôle des études
d'impact environnemental ; Au suivi de la qualité des milieux
récepteurs (air, eau, sol) ; à la mise en place et au
fonctionnement d'un réseau de réserve biologique ; à la
conservation des espèces animales et végétales
protégées et de leurs biotopes (biodiversité) ; à
la conservation des sites et monuments protégés ; à la
lutte contre la pollution de l'air, de l'eau et du sol ; à
l'éducation, à la formation et à la sensibilisation
environnementale ; à l'aide de l'Etat aux opérations de
collectes, de recyclage et de traitement des déchets urbains et
industriels.
Au niveau du FNDE, il est prévu que les ressources soient
constituées par le budget de l'Etat et les produits de la taxe de
contrôle et d'inspection des installations classées, de la taxe
d'examen des EIE, de la taxe environnement sur les navires de mer et
pétroliers en escale en Côte d'Ivoire, de l'écotaxe, de la
redevance de contrôle de la mise en conformité des
véhicules automobiles aux normes antipollution et du produit des taxes
et redevances créées en application du principe
"pollueur-payeur". Le FNDE sert à régler les dépenses
afférentes aux opérations relatives à la protection de
l'environnement, particulièrement, au contrôle des installations
classées et des EIE, au suivi de la qualité des milieux
récepteurs (air, eau et sol), à la mise en place et au
fonctionnement d'un réseau de réserves biologiques, à la
conservation des espèces animales et végétales
protégées, à la conservation des sites et monuments
protégés, à la lutte contre la pollution de l'air, de
l'eau et du sol, à l'éducation, à la formation et à
la sensibilisation environnementale131.
b- Le Fonds National de l'Eau132
Le Fonds National de l'Eau (FNE) a été
créé par le décret n°87-1472 du 17 décembre
1987. Il est alimenté, notamment, par une surtaxe sur la vente de l'eau,
une taxe de drainage additionnelle à l'impôt foncier et une taxe
d'exploitation des captages privés dans les nappes souterraines.
Placé sous l'autorité du Ministre de
l'économie et des finances, le fonds est destiné :
- Au remboursement des emprunts contractés par l'Etat
pour financer les opérations hydrauliques humaines et d'assainissements
;
- Au règlement des dépenses relatives à
l'entretien des réseaux d'assainissement.
À la suite de la présentation et de l'examen de
ces fonds, nous constatons que ceux-ci essayent de protéger non pas de
manière individuelle le littoral mais dans le sens global
l'environnement.
131HALLE (Birgit) et BRUZON (Véronique),
op.cit. , p61
132 TIEBLEY (Yves Didier), introduction au Droit de
l'environnement, Master I, ISAD, 2014, p.17.
44
PARAGRAPHE II : LES INSTITUTIONS DE CHAMP
D'APPLICATION SPECIFIQUE AU LITTORAL
Comme précédemment souligné la protection
du littoral ivoirien concerne principalement les autorités
environnementales en premier lieu.
C'est ainsi que dans le cadre de la protection du littoral, il
a été mis en place des agences gouvernementales avec des missions
touchant aussi à la protection du littoral.
A- LES ORGANISMES ETATIQUES
Nous analyserons successivement le centre ivoirien
anti-pollution (CIAPOL), organe principal et ensuite les autres organes tels
que le centre de recherche océanographique (CRO) et le Centre National
de Gestion de l'Information et de Données Océanographiques de
Côte d'Ivoire (CNDO-CI).
1- Les organismes interministériels de
protection de l'environnement marin et côtier
Plusieurs organismes interministériels de protection
de l'environnement ont été créés. La denomination
de ses institutions montre déjà l'implication réelle en
faveur de la zone côtière 133 . Ce sont donc : La cellule de
coordination des aires protégées de la route côtière
; Le comité interministériel pour la protection de
l'environnement de la route côtière Grand-Lahou - Sassandra ; Le
comité consultatif des pêches ; Le comité national de la
salubrité ; Le comité national de l'hygiène publique ; Le
groupe de travail sur l'érosion côtière à
Port-Bouët.
Il apparait donc qu'aux nombres des institutions nationales
oeuvrant pour la protection du littoral ivoirien, les organismes
interministériels y jouent un rôle majeur et l'importance de ces
organismes est encore démontrée par la qualité de leurs
travaux.
2- Le CIAPOL134, organe spécifique
d'exécution
Le Centre Ivoirien Antipollution est une structure sous
tutelle du ministère de l'environnement, de la salubrité urbaine
et du développementdurable. elle reste l'organe d'exécution de
tous les projets liés au littoral contrairement au programme national de
l'environnement côtier, qui est lui est un organe de réflexion.
Son Historique et ses Missions135 nous permettent
de comprendre le rôle qu'il joue dans la protection de l'environnement
marin et côtier.
Le Ministère de l'Environnement, de la Salubrité
Urbaine et du Développement Durable depuis son plan d'action 2013 a
inscrit en priorité la lutte efficace contre la pollution sous toutes
ses formes tant à Abidjan que partout en Côte d'Ivoire.
De ce fait, le Centre ivoirien Antipollution a
été enjoint par le MINESUDD de prendre les dispositions
nécessaires afin de régler de façon efficace et
définitive l'équation des problèmes
133Anonyme, Côte d'Ivoire : Profil
environnemental de la zone côtière ; op.cit.
134
http://www.ciapol.ci/index.php/presentation
, consulté le Dimanche 28 septembre 2014 à 20h 30
135Les missions originelles du CIAPOL sont
définies par le décret n° 91-662 du 9 octobre 1991 portant
création d'un établissement public à caractère
administratif (EPA) dénommé « Centre ivoirien antipollution
» (CIAPOL) et déterminant ses attributions, son organisation et son
fonctionnement.
45
très récurrents de pollution et de
préservation du cadre de vie de la population ivoirienne en
général mais de celle du littoral en particulier.
Ainsi, la priorité est accordée aujourd'hui
à trois (3) grandes actions dont l'exécution incombe au CIAPOL
qui ne ménage aucun effort pour la réalisation de cet
objectif.
Le Dr. TIEBLEY, dans son analyse sur les missions du CIAPOL,
observe qu'à vrai dire, l'objectif assigné au CIAPOL dans le
cadre du Plan POLLUMAR est ambitieux. Malheureusement, les moyens
alloués au CIAPOL ne sont pas à la hauteur de cette ambitieux
objective. Pour lui, il s'agit là indéniablement des limites qui
entravent la réalisation satisfaisante du Plan Pollumar136
.
B- LES ORGANISMES PARA-PUBLICS, ORGANISMES DE
RECHERHCES
La Côte d'Ivoire regorge de plusieurs structures
para-publiques en matière d'environnement. Ces organes sont
majoritairement mais, aussi pour les plus importantes, des organes de
recherche. Nous mettrons l'accent sur deux structures que sont le CRO et le CRE
qui agissent spécifiquement sur les questions de la zone
côtière.
1- Le Centre de Recherche Océanographique
(CRO)137
C'est à travers sa création et ses missions que
nous analyserons cette structure. Notons depuis des années, elle abrite
une autre structure agit également sur le littoral, le Centre national
de gestion de l'information et de données océanographiques de
Côte d'Ivoire (CNDO-CI).
a- Création et misions
Initialement service Océanographique, crée par
arrêté du Ministère de l'Agriculture du 14 mars 1960, Le
(CRO), Centre de Recherches Océanologiques est érigé en
Etablissement Public National (EPN) à caractère Administratif par
le Décret N° 91.646 du 09 octobre 1991.
Le CRO a pour mission essentielle d'effectuer des recherches
nécessaires à :
La connaissance de l'environnement aquatique en vue de sa
préservation et de sa protection ; La mise en oeuvre d'une exploitation
et d'une gestion rationnelle des ressources aquatiques naturelles.
A ce titre, il est chargé :
De promouvoir toute technologie et dispositif qui concourent
au développement par la valorisation du milieu aquatique,
D'assurer l'information scientifique et technique dans les
différents milieux sociaux, professionnels et culturels
concernés,
De contribuer à la formation, à la recherche et par
la recherche,
De réaliser pour le bénéfice des
partenaires extérieurs publics ou privés, des recherches, des
productions, des expertises ou des conseils dans les domaines de sa
compétence.
136 TIEBLEY (Yves Didier), op.cit., p280
137
http://www.nodc-cotedivoire.org/fr/cro/130-presentation-du-cro,
consulté le Dimanche 28 septembre 2014 à 21h 30
46
En ce qui concerne son implantation, le siège du CRO
est situé à Abidjan, Treichville 29, rue des Pêcheurs aux
abords de la zone portuaire avec 2,6 ha.
Aussi, le Centre dispose d'un Bureau du Port où il joue
un rôle important. En effet, créé dans le cadre du
partenariat avec l'IRD il représente l'Observatoire des thonidés
de l'Atlantique tropical, ressources dont l'exploitation est un pilier du
fonctionnement du Port de Pêche d'Abidjan.
Le bureau du port participe à la mise à jour
régulière des bases de données internationales sur les
thonidés et espèces associées gérées par la
Commission Internationale de la Conservation des Thonidés (ICCAT).
Il contribue ainsi à la réglementation
basée sur les captures et les tailles des espèces
exploitées.
b- Le CNDO-CI138 , structure annexée au
CRO
Le Centre National de Gestion de l'Information et de
Données Océanographiques de Côte d'Ivoire connu sous le
sigle CNDO-CI est abrité par le centre de recherches
océanologiques (CRO) d'Abidjan. Ce Centre créé en 1958 fut
géré jusqu'en 1992 par l'institut français de recherche:
l'ORSTOM . Tous les aspects de l'océanographie y sont
étudiés.
Pour un bon fonctionnement du CNDO-CI un rapatriement des
données sauvegardées par son tuteur (ORSTOM) se fait
actuellement.
Le CRO, qui abrite le CNDO-CI a pour mission d'effectuer les
recherches nécessaires à la connaissance de l'environnement
aquatique en vue de sa préservation et de sa protection, a la mise en
oeuvre d'une exploitation et d'une gestion rationnelle des ressources
aquatiques naturelles, celles-ci pouvant être renouvelables ou non,
vivantes ou minérales.
Les objectifs visés par le CNDO-CI sont au nombre de 9. Ce
sont :
Echanger l'information dans le domaine océanologique ;
créer un réseau de collaborateurs de centre de documentation ;
créer un réseau de fournisseurs de documents ; créer un
répertoire des scientifiques ; créer un service de diffusion de
l'information ; créer un bulletin d'information ; développer et
enrichir la base de données régionale; collecter, archiver,
diffuser, les données régionales; collecter, archiver, diffuser
les données régionales sous forme d'images satellitaires aux
utilisateurs, collecter et archiver (cataloguer) les données non
publiées du système " Medi".
2- Le Centre de Recherche en Ecologie
(CRE)139
Le Centre de Recherche en Ecologie (CRE) est situé au
quartier Biafra-Treichville (Abidjan), à l'avenue 5, derrière le
commissariat du 29 ème arrondissement.
138
http://www.nodc-cotedivoire.org/fr/about-nodc/80-nodc-overview,
consulté le Dimanche 28 septembre 2014 à 22h 30.
139
http://www.parcnationaltai.com/partenaires/128.html,
consulté le Dimanche 28 septembre 2014 à 23h 00
47
Il a été créé par application du
décret n° 96-613 du 09 Août 1996 portant réforme de
l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, dans le cadre
de la restructuration et de la redynamisation de la Recherche Ecologique et
Environnementale. Il est fonctionnel depuis le 24 septembre 1998 à la
suite du forum des acteurs et utilisateurs des produits de l'environnement.
Le CRE résulte de la fusion de l'Institut d'Ecologie
Tropicale (IET), des Stations de Recherche Ecologique de Lamto (Taabo) et de
Taï.
La vision que le CRE se donne est d'être une institution
de recherche et de formation capable de soutenir la gestion durable de
l'environnement en Côte d'Ivoire.
La mission principale du CRE est d'organiser, coordonner,
conduire les activités de recherche sur les écosystèmes et
les ressources naturelles, en particulier dans les aires
Protégées (Parcs, Réserves, forêts classées)
et les sites sacrés.
Au regard de tout ce qui précède, sans toutefois
prendre le risque d'établir trop tôt unbilan, il est
justifié de reconnaître qu'en Côte d'ivoire, tant sur le
plan juridique qu'institutionnel, des efforts ont été
déployés en vue de protéger et de gérer au
mieuxl'environnement marin et côtier, ainsi que leurs ressources.
Mais ces efforts sont encore limités. En effet, de tout
ce qui précède, il ressort quedes insuffisances sont apparues
tant sur le plan juridique qu'institutionnel.
C'est donc à raison que l'on est en mesure d'affirmer
que malgré lesefforts fournis, malgré les objectifs ambitieux
poursuivispar l'Etat, malgré l'existence avérée du cadre
juridique en vigueur en matière de protectionet de gestion du littoral,
il demeure insuffisant.
Insuffisant car n'ayant non seulement pas couvert toutes les
formes de dégradation, maisn'ayant non plus envisagé tous les
moyens de protection et de gestion.
CHAPITRE II : UNE INSUFFISANCE PATENTE DU CADRE
La protection de l'environnement marin et côtier est
traitée de façon inégale dans les législations des
pays de la sous-région du Golfe de Guinée. ceux-ci ne lui
prêtent pas une attention égale sur le plan juridique. Les droits
nationaux de quelques pays offrent un arsenal juridique assez fourni en la
matière, alors que ceux de beaucoup d`autres Etats restent assez
sommaires sur la question.
On aurait pu espérer trouver dans les conventions de
caractère universel ainsi que les instruments juridiques
régionaux précédemment examinés des ressources
juridiques suffisantes pour combler ces lacunes ou ces inconsistances. Force
est de constater que la plupart des Etats concernés ne prennent pas
toujours les mesures d'application des conventions internationales auxquelles
ils sont parties140.
En quoi consisteront donc les insuffisances de la protection
juridique du littoral ivoirien ? En fait il s'agira pour nous dans cette partie
de notre analyse, de faire un examen, sans forcémentprétendre
à l'exhaustivité, des causes et des raisons de tout ce qui
relativise la protection juridique de notre littoral.
Nous ferons le constat des faiblesses ou insuffisances du
cadre juridique qui se retrouvent surtout au niveau de la pratique interne,
c'est-à-dire qu'il y a un problème d'application et d'utilisation
des instruments à dispositions qu'ils soient internationaux ou
nationaux. Ou encore de simples redistributions de compétences comme
nous le verrons par la suite semblent être quelques unes des raisons de
cette effectivité relative.
Il nous a semblé important d'aborder la question sous
l'angle tel que l'on l'a pris dans la Première Partie de notre travail
à savoir les plans juridique, institutionnel et financier.
Ainsi examinerons-nous les insuffisances de la
législation (SECTION I) ainsi que les faiblesses des acteurs
institutionnels et financiers (SECTION II) pour ne citer que ceux-là
principalement.
SECTION I : LES INSUFFISANCES DE LA LEGISLATION
Ne serait-ce pas cet arsenal juridique international mal
intégré qui atténuent l'efficacité de la protection
du littoral ivoirien ? Les manques ou les lacunes juridiques, parfois
juridictionnelles font de la protection du littoral une protection souvent
inappropriée ou encore insuffisante.
La première remarque qui peut être exposée
est que la législation en question n'est pas celle qui découle
des traités et conventions internationales et régionales mais
plutôt celle interne. Ce qui en fait une protection juridique dont le
contenu peut sembler quelque peu vidé et qui induit comme corollaire une
gestion intégrée inachevée.
Ainsi, l'insuffisante intégration des normes
internationales (Paragraphe I) et les carences législatives
etrèglementaires (Paragraphe II) que cela induit sont à la base
du retard qu`accuse ce pays dans la protection de l`environnement marin et
côtier.
48
140 ZOGNOU(Théophile), op.cit., P.180
49
PARAGRAPHE I : UNE INSUFFISANTE INTEGRATION DES NORMES
INTERNATIONALES DE PROTECTION DES ZONES COTIERES141
L`insuffisante intégration des textes internationaux en
droit interne suppose que l'Etat n'a pas intégralement respecté
l'obligation relative à l'introduction des engagements pris sur le plan
international dans son ordre juridique interne (A). Dans notre cadre
d'étude, il s'agit d'une insuffisante introduction dans notre droit
national des mesures juridiques mises en place par les textes internationaux,
ce qui n'est pas sans conséquences sur les efforts fournis par l'Etat de
Côte d'Ivoire dans la protection du littoral. Cette insuffisante
intégration se manifeste visiblement en droit pétrolier ivoirien
(B).
A- L'OBLIGATION D'INTEGRATION DES NORMES
INTERNATIONALES
L'obligation faite à la Côte d'Ivoire
d'intégrer ou d'introduire dans son ordre juridique interne les
traités internationaux est une règle fondamentale établie
par le droit international. Cela implique une mise en place nationale de
mécanismes visant non seulement à ratifier les traités et
les conventions auxquels elle est Partie contractante, mais aussi à les
rendre effectivement applicables.
1- La règle posée par le droit
international
L'application d`un traité dépend avant tout de
sa ratification, sa transposition et l`efficacité du contrôle
juridictionnel mis en place. Traditionnellement, le terme «
application » est la notion consacrée en droit pour
désigner l'opération consistant à donner effet à un
traité, à une disposition de celui-ci, à une
décision142. Ce terme a été
entériné par la Convention de Vienne de 1969 sur le droit des
traités qui dispose que « tout traité en vigueur lie les
parties et doit être exécuté par elles de bonne foi
». Il s'agit d'un principe fondamental du droit des traités
qui a été énoncé, celui de «
pactasuntservanda»143 .
L'exécution de bonne foi et le respect de cette
règle sont intimement liés pour constituer deux aspects
complémentaires d`un seul principe, celui de l`exécution des
traités. Ce principe d'exécution de bonne foi des obligations
conventionnelles impose l'introduction dans l'ordre juridique interne des
traités, qui établissent des droits et des obligations pour tous.
Cette introduction permet aux normes conventionnelles de s'imposer
effectivement comme n`importe quelle autre norme du droit interne,
vis-à-vis non seulement de toutes les autorités étatiques,
gouvernementales, administratives, à tous les échelons possibles,
mais aussi des particuliers. C`est une étape qui se révèle
très importante puisqu'elle constitue le point de départ de la
future mise en oeuvre des normes internationales dans l'ordre juridique
interne.
Au niveau régional, Même si on admet, par exemple
que la Convention d'Abidjan a prévu des dispositions en ce sens, elle
est cependant restée très évasive sur l'obligation pour
les Etats Parties de prendre des mesures visant à introduire dans leurs
législations respectives les normes établies dans le cadre
régional.
141 Cf. ASSEMBONI (Alida Nabobuè), op.cit., p194 - 208 et
ZOGNOU (Théophile), op.cit. p180 - 190
142 Dictionnaire de la terminologie du droit international,
Paris, Sirey, 1960, p. 47.
143 Article 26 section 1 : respect des traités du chapitre
III : respect, application et interprétation des traités de la
convention
50
Elle s'est en effet simplement contentée de
développer les modalités de signature, de ratification,
d'acceptation, d'approbation et d'adhésion à la Convention et aux
Protocoles ainsi que celles de leur entrée en vigueur à
l`égard des Etats144. On constate ici une trop grande
liberté d`action laissée aux Etats désireux
d`adhérer ou non au système juridique d`Abidjan. Une telle
situation qui apparaît comme un laisser-aller occasionné par ce
système juridique n'est pas sans effet sur les modalités
d'application des textes.
On estime certes qu'il existe un côté applicatif
et un autre interprétatif dans la pratique des Etats Parties
contractantes à un traité145.
Si la Côte d'Ivoire a bien voulu poser des règles
de droit international, elle doit prendre des mesures nécessaires pour
que les dispositions internationales puissent produire des effets sur le plan
interne. La manière dont l'Etat intègre ou applique le texte
conventionnel est essentiel car elle permet de déceler la portée
des droits et obligations véhiculés par celui-ci, ainsi que son
intention. L'interprétation du texte se révèle très
importante puisqu`elle s'apparente souvent à la mise en application.
En effet, en droit des traités, l'exécution
d'une obligation internationale constitue de la part de l`Etat
l'interprétation de la volonté qui réside derrière
la règle dont elle est issue146.
L'obligation faite aux Etats Parties d'exécuter un
traité de bonne foi, est en effet parfois difficile à cerner
surtout lorsque les normes conventionnelles sont ambiguës.
Les Parties contractantes peuvent, par des rédactions
appropriées, réduire la portée de leurs engagements, soit
qu'elles énoncent leurs obligations en termes suffisamment flous pour
pouvoir jouer de cette ambiguïté au mieux de leurs
intérêts, soit qu'elles se réservent la possibilité
de se délier de leurs engagements dans certaines circonstances.
En effet, les Etats peuvent très aisément jouer
sur la distinction entre les obligations posées par le texte
conventionnel, à savoir les obligations de résultat et les
obligations de comportement147.
Les traités peuvent annoncer en des termes très
vagues les résultats à atteindre, ou à l`inverse, fixer
avec beaucoup de précision le comportement que doivent suivre les
Parties. En outre, notamment en matière de protection de
l'environnement, certaines dispositions peuvent avoir un caractère
évolutif et progressivement imposer aux Parties une adaptation de leur
comportement dans la mise en oeuvre du traité148.
L'interprétation des dispositions de la Convention
d'Abidjan ainsi que de ses protocoles pourrait aboutir à l'affirmation
selon laquelle ils imposent des obligations de comportements aux Parties
contractantes. Ils n'apportent cependant pas de précision sur
l'obligation faite aux Parties contractantes d'intégrer leurs
dispositions sur le plan interne, encore moins sur les effets produits en droit
par le non-respect de ladite obligation. Cette obligation imposée
à tout Etat lié sur le plan international à un
traité, comporte à son égard un certain nombre
d'implications dont l'importance mérite également d'être
relevée.
144 Les articles 26 à 29 de la Convention d'Abidjan.
145 DISTEFANO (G.), « La pratique subséquente des
Etats Parties à un traité », AFDI 1994, p.43.Cité par
ZOGNOU (Théophile),op.cit.,
146 Ibid., p.44. Cela fait dire à l'auteur de cette
affirmation qu'il n'existe en réalité qu'une différence de
degrésentre la pratiqueapplicative d'un traité par les Etats
Parties et la pratique subséquente comportantl'interprétation du
traité.
147 Les obligations de résultat sont plus
contraignantes dans la mesure où les Parties contractantes doivent
atteindre un objectif préalablement fixé. Les obligations de
comportement sont moins rigoureuses car elles imposent seulement aux parties
d`adopter certaines attitudes.
148Cf. Arrêt de la CIJ, 25 septembre 1997,
Affaire du Projet GABCIKOVO-NAGYMAROS (Hongrie/Slovaquie), Recueil 1997, p.
7.
51
2- Les implications diverses de l'obligation
d'intégration du droit international
L'obligation relative à l'introduction des normes
juridiques internationales dans l`ordre juridique interne implique pour les
Etats Parties à une convention internationale, la mise en place sur le
plan interne de mesures concernant leur application. Cette démarche en
Côte d'Ivoire se révèle, en définitive, encore
médiocre pour ce qui est du littoral. En effet, non seulement elle n`a
pas ratifié certaines conventions, mais en plus, la mise en oeuvre
nationale de celles ratifiées n`est pas satisfaisante.
De manière générale, l'introduction des
textes juridiques internationaux dans l`ordre juridique interne obéit
à une procédure spécifique. D'après le
système traditionnel généralement adopté par les
Etats, l'introduction d`une norme juridique internationale, ou de
manière globale, l'introduction d'un traité dans l'ordre interne
est subordonnée à l'accomplissement par l'autorité
étatique d'un acte juridique spécial. La forme et la nature
juridique de cet acte varient suivant les systèmes nationaux. En
règle générale deux thèses sont en présence.
La première estime qu'il faut une réception spéciale du
traité dans l'ordre juridique interne avant qu'il reçoive valeur
de droit positif ; la seconde considère que la simple formalité
de ratification suivie de publication dans le journal officiel devrait en
principe suffir149.
En Côte d`Ivoire mais aussi en Guinée et au Togo,
la loi fondamentale disposent que « les traités ou accords
régulièrement ratifiés ou approuvés, ont dès
leur publication, une autorité supérieure à celle des
lois, sous réserve, pour chaque accord ou traité, de son
application par l'autre partie150 ».
Dans tous les cas, en vertu de ces dispositions, la Côte
d'ivoire comme tous les autres de la sous-région entendent bien
évidemment se conformer à la réglementation internationale
en vigueur. Il est aussi important de relever que ces pays ont pour le moins
respecté cette procédure d`introduction des traités
internationaux en droit interne. Telle est le cas du Togo qui a
procédé de la manière suivante : la Convention d`Abidjan a
été ratifiée par la loi n°8317 du 20 juin 1983. Les
instruments de ratification ont été postérieurement
déposés au secrétariat de la convention le 16 novembre
1983. Le texte est entré en vigueur dans ce pays le 6 août 1984 et
il a été publié par décret n°84-9 du 2 janvier
1984. Quant au premier Protocole signé le 23 mars 1981, il a
été ratifié par la loi n°83-16 du 20 juin 1983 et
publié par décret n°84-8 du 2 janvier 1984151.
Pour la quasi-totalité des pays de l'Afrique de
l'Ouest, le traité est introduit dans l`ordre interne par la seule
publication. Or, pour être véritablement applicable, un
traité doit contenir des dispositions suffisamment précises et
pouvoir s'inscrire dans des structures dites d'accueil, qui soient juridiques,
financières d'ordre interne
La Côte d'ivoire, Partie à la Convention et aux
Protocoles d'Abidjan se doit de prendre les mesures nécessaires, rendant
effectives sur le plan national, les normes établies par les textes
régionaux. Pourtant cela est bien loin d'être le cas.
149Cf. DAILLIER (Patrick) et PELLET (Alain), Droit
international public, 8ème édition, Paris, LGDJ, 2009, pp. 43-
48
150 Article 87 de la Constitution ivoirienne du 1er
Août 2000 ; 79 de la Constitution guinéenne et 140 de la
Constitution togolaise.
151 JORT (Journal Officiel de la République du Togo) du
16 février 1984, pp. 111-117 ; V. également Recueil des
principaux textes relatifs à la protection de l'environnement au Togo,
mis à jour par la Direction de la Protection et du Contrôle de
l'exploitation de la Flore (D.P .C.E.F), 1993, p. 159.
52
En effet l'absence de précision dont souffrent les
textes d'Abidjan, notamment en ce qui concerne l'obligation de prendre les
mesures d'introduction des dispositions internationales, n`est pas sans
conséquences pour l'Etat. Cette obligation, bien que relativement suivie
par ces Etats, l'a été de manière très
insuffisante. La principale conséquence qui en a découlé
est que leurs textes nationaux sont affectés par les lacunes d`Abidjan,
conséquence qui se manifeste par une carence en matière
législative et réglementaire. Nous le verrons en droit
pétrolier ivoirien.
B- LA MANIFESTATION DE CETTE INSUFFISANTE INTEGRATION EN
DROIT PETROLIER IVOIRIEN152
Conformément à sa signification, la gestion
durable des ressources pétrolières de la Côte d'Ivoire
suppose de la part des autorités compétentes qu'elles veillent
à ce que les ressources pétrolières ou, à
défaut, les revenus pétroliers profitent également aux
générations à venir d'ivoiriens. Elle suppose
également que l'extraction des gisements n'altère pas
considérablement la configuration de l'écosystème marin
ambiant.
Cependant, le Code pétrolier du 29 août 1996 et
son décret d'application du 19 septembre 1996 n'intègrent pas les
deux pans du concept de gestion durable, moyen efficace de la protection du
littoral. En d'autres termes, de la conciliation du développement et de
la protection d'une part, de la solidarité intertemporelle d'autre part,
seul le premier volet est clairement pris en compte par la législation
pétrolière. Le second, en revanche, semble omis.
La législation pétrolière recèle
en son sein des dispositions qui attestent de la volonté du
législateur de gérer durablement les ressources
pétrolières offshore de la République de
Côte d'Ivoire. Cependant, la gestion durable, au vu des textes, n'a pas
totalement été menée à son terme. Cette affirmation
est loin d'être excessive si l'on s'en tient à la
définition du principe de développement durable telle qu'elle
ressort de la Déclaration de Rio du 13 juin 1992. Ce principe, au regard
de la Déclaration de Rio de 1992 revêt un contenu global tandis
que le droit pétrolier donne à ce principe un contenu partiel.
1- Le contenu global du principe du développement
durable en droit international de l'environnement
Le principe du développement durable recouvre un
diptyque qui est d'une part, la conciliation des exigences du
développement durable avec celles de l'environnement et d'autre part, la
conciliation des intérêts des générations actuelles
avec celles des générations futures, encore appelée
solidarité intergénérationnelle.
a- La conciliation du développement avec
l'environnement
Le couple développement/environnement n'est pas apparu
ex nihilo dans la Déclaration de Rio de 1992. En
réalité, la conciliation du développement et de
l'environnement a été esquissée dans la Déclaration
de Stockholm de 1972 avant d'être confirmée dans la
Déclaration de Rio de 1992.
152 Réflexion de TIEBLEY (Yves Didier), op.cit. , p223
53
En effet, à la Conférence des nations unies sur
l'environnement153, une déclaration a été
adoptée. Elle comporte 26 principes parmi lesquels les principes 4, 8,
10, 13 et 14 se distinguent par la conciliation qu'elles opèrent entre
développement économique et protection de l'environnement. Cette
conciliation devrait être perceptible dans divers domaines de
l'activité économique154.
La conciliation développement économique -
protection de l'environnement avec prééminence du premier peut
paraître surprenant au regard des pressions énormes
exercées sur la biosphère par les activités
économiques. Cela peut même être interprété
comme un recul si l'on considère la croisade
écologique155menée par un groupe de pays
industrialisés, notamment la Suède, qui initia le 3
décembre 1968, à l'Assemblée Générale des
Nations Unies (A.G.N.U), une résolution réclamant la convocation
d'une conférence mondiale sur l'environnement humain qui se tiendrait
à Stockholm en 1972156.
Cependant, la prééminence du
développement économique ne devrait pas surprendre. Elle marque
la prise en compte des réticences des pays en voie de
développement qui, rappelons-le, constituaient la majorité des
États participants à la Conférence de Stockholm. Les
objections formulées par les États en développement
reposent sur trois idées : le sous-développement constitue la
première et la pire des pollutions ; l'environnement est un «
luxe des pays riches » et ceux-ci qui ont fondé leur
développement sur l'emploi de techniques polluantes ne peuvent imposer
au monde en développement le recours à des techniques «
propres » dont le coût risque considérablement
d'entraver le processus de développement ; d'autant plus que les pays
industrialisés demeurent, et de beaucoup, les gros pollueurs de la
planète157.
Le Professeur KAMTO rapporte la méfiance voire
l'hostilité manifestée par les pays africains à la veille
et pendant la Conférence de Stockholm. Il cite d'ailleurs un
délégué africain qui affirma : « Notre pollution,
c'est la misère » et un autre qui n'hésita pas à
déclarer : « Let me die polluted »158.
La conciliation du développement économique avec
la protection de l'environnement a ensuite, été confirmée
dans la Déclaration de Rio de 1992. La Conférence des Nations
Unies sur l'environnement et le développement (CNUED), réunie
à Rio de Janeiro du 3 au 14 juin 1992159, se présente
comme la continuité de celle de Stockholm de 1972.
153Qui s'est tenue du 5 au 16 juin 1972 à
Stockholm (au Danemark) a été la première enceinte
d'envergure universelle au sein de laquelle 113 États participants ainsi
que de nombreuses ONG ont réfléchi sur les incidences
néfastes du développement
sur l'environnement naturel et humain.
154Il s'agit notamment de la planification
économique (Principes 4 et 14), de l'amélioration de la
qualité de la vie (Principe 3), de la stabilité des prix et de la
rémunération adéquate pour les produits de base et les
matières premières (Principe 10) et de la gestion rationnelle des
ressources naturelles (Principe 13). Le paragraphe 6 du préambule de la
Déclaration de Stockholm rappelle d'ailleurs de manière opportune
: « Nous sommes à un moment de l'histoire où nous devons
orienter nos actions dans le monde entier en songeant davantage à leurs
répercussions sur l'environnement ». Cette volonté de
protéger l'environnement revêt des modalités diverses.
Celle-ci peut consister notamment en l'obligation faite
à l'homme de sauvegarder et de gérer avec sagesse « le
patrimoine constitué par la faune et la flore sauvages et leur habitat
» (Principe 4). Dans les pays en développement, le Principe 10
fait de la stabilité des prix et la rémunération
adéquate des produits de base et des matières premières,
deux conditions « essentielles » à la gestion
équilibrée de l'environnement. Il ajoute d'ailleurs : «
les facteurs économiques devant être retenus au même titre
que les processus écologiques ».
156 Il s'agit de la Résolution 2398 (XXIII)
157 Cf. DAILLIER (Patrick) et PELLET (Alain), Droit international
public, 8ème édition, Paris, LGDJ, 2009, pp.1235-1236.
158 KAMTO (Maurice), Droit de l'environnement en Afrique, Vanves,
Ed. AUPELF/UREF, 1996, pp.32-33.
159 Le paragraphe 3 de la Déclaration de Rio sur
l'environnement et le développement proclame cette continuité
lorsqu'il proclame : « Réaffirmant la Déclaration de la
Conférence des Nations Unies sur l'environnement adoptée à
Stockholm le 16 juin 1972, et cherchant à assurer le prolongement ...
».
54
Selon une partie de la doctrine, cette situation aboutirait
inéluctablement à la « subordination » de la
protection de l'environnement au développement économique et
notamment à la loi du marché en conférant à la
croissance économique et à l'ensemble du système
économique libéral « une nouvelle
légitimité écologique »160.
b- La solidarité intertemporelle
Le concept de solidarité
intergénérationnelle est le second volet du diptyque
développement durable. Elle traduit l'idée selon laquelle
l'exploitation des ressources naturelles à quelque fin que ce soit ne
saurait se faire uniquement dans l'intérêt des
générations actuelles des habitants de ce monde. Les
générations actuelles sont tenues de léguer aux
générations à venir un patrimoine de ressources
égal ou supérieur à celui qui leur est échu.
La solidarité intergénérationnelle est un
concept, à l'origine, présent dans le régime international
des espaces qui a été repris par les Déclarations de
Stockholm et de Rio.
En effet, l'expression « espaces »
désigne dans la présente étude, l'étendue,
parfois illimitée, qui échappe partiellement ou
entièrement à la souveraineté des États. De
manière concrète, les espaces soumis à un régime
international sont la mer, les canaux et les fleuves internationaux, l'air et
l'espace extra-atmosphérique161. Le régime
international de la mer (particulièrement de la Zone internationale des
fonds marins ou la «Zone») et de l'espace
extraatmosphérique retiendront notre attention.
La «Zone» tout comme l'espace
extra-atmosphérique ont été érigés par le
droit international en patrimoine commun de l'Humanité (PCH). La CMB
définit la Zone comme « les fonds marins et leur sous-sol
au-delà des limites de la juridiction nationale » (article
1er).
La Zone désigne donc le lit et le sous-sol des fonds
marins de la haute mer. Le terme « ressources » recouvre
« toutes les ressources minérales solides, liquides ou gazeuses
in situ qui, dans la Zone, se trouvent sur les fonds marins ou dans leur
sous-sol, y compris les nodules polymétalliques » (article 133
§ a).
L'espace extra-atmosphérique et les corps
célestes qui s'y trouvent ont été érigés
en
PCH par l'article 1 § 1er du traité sur l'espace
du 27 janvier 1967. Selon l'article 1 § 1er précité,
« l'exploration et l'utilisation de l'espace
extra-atmosphérique, y compris la Lune et
Le contenu de certains principes traduit clairement cette
continuité. Les principes 4 et 25 s'inscrivent dans cette mouvance. La
particularité de ces deux Principes tient à la conciliation
qu'ils opèrent entre le développement économique et la
protection de l'environnement. Le Principe 4 énonce : « Pour
parvenir à un développement durable, la protection de
l'environnement doit faire partie intégrante du processus de
développement et ne peut être considérée
isolément ».
Contrairement à la Déclaration de Stockholm, la
Déclaration de Rio ne subordonne pas formellement la protection de
l'environnement à la réalisation du développement
économique et social. Cependant, l'analyse du Principe 4 laisse
apparaître la primauté du développement sur la protection
de l'environnement. En effet, selon ce principe, « la protection de
l'environnement doit faire partie intégrante du processus de
développement ... ». En d'autres termes, la protection de
l'environnement est incluse dans le développement.
160 Cf. PALLEMAERTS (Marc), « La Conférence de Rio
: grandeur ou décadence du droit international de l'environnement
», BDI, 1995, n°1, p.183. Ce point de vue est partagé par le
professeur GUTWIRTH qui écrit : « Le processus de globalisation,
(...) et l'émergence d'une «société
postindustrielle» ouvrent peu de nouvelles perspectives. Ces
évolutions renforcent les processus du capitalisme, comme la
privatisation, (...) et la concurrence. Face à ces forces, le paradigme
dudéveloppement durable avec ses attentes écologiques,
socioéconomiques, démocratiques et culturelles ne
représente qu'un piètre parti ». Il ajoute : « Dans la
pondération des intérêts entre la «protection de
l'environnement» et « développement économique»,
le principe du développement durable risque de donner la priorité
à la croissance économique . . . Le développement durable
pourrait n'être autre chose qu'une mise en scène de «la
rencontre du pot de fer et pot de terre» ».
Cf. GUTWIRTH (Serge), « Trente ans de théorie du
droit de l'environnement : concepts et opinions », article publié
dans la revue Environnement et Société, n°26, Normes et
Environnement, 2001, pp.5-17.
161 Le régime international de chacun des espaces
sus-énumérés a été étudié de
manière détaillée par les professeurs Patrick DAILLIER et
Alain PELLET. Cf. DAILLIER (Patrick) et PELLET (Alain), Droit international
public, 8ème édition, Paris, LGDJ, 2009, pp.1087-1216.
55
les autres corps célestes, doivent se faire pour le
bien et dans l'intérêt de tous les pays, quel que soit le stade de
leur développement économique ou scientifique ; elles
sont l'apanage de l'humanité toute entière
».
L'Accord du 18 décembre 1979 régissant les
activités des États sur la Lune et les autres corps
célestes, en son article 4 § 1er, fait de l'exploration et de
l'utilisation de la Lune l'apanage de toute l'humanité. L'article 11
§ 1er de la Convention ci-dessus érige la Lune et ses ressources en
PCH. L'analyse des dispositions ci-dessus consacrées au PCH fait
ressortir deux volets qui sont la solidarité interspatiale162
d'une part et la solidarité intertemporelle de l'autre.
Cette dernière est expressément affirmée
par l'article 4 § 1er de l'Accord du 18 décembre 1979
régissant les activités de l'État sur la lune et les
autres corps célestes. Selon cette disposition, « il est
dûment tenu compte des intérêts de la
génération actuelle et des générations futures ...
».
La solidarité intergénérationnelle, quant
à elle, est implicitement affirmée en matière
d'exploitation de la Zone et de ses ressources. En effet, l'Humanité ne
se limite pas au présent mais se projette sur l'avenir en englobant les
générations futures. Les générations actuelles sont
tenues de transmettre intact le Patrimoine commun aux générations
futures, héritières légitimes, en tant que faisant partie
intégrante de l'Humanité163.
La solidarité intergénérationnelle
constitue, au vu de ce qui précède, un des deux volets du concept
de PCH. Elle est également incluse dans le principe du
développement durable qui, lui-même, est repris dans les
Déclarations de Stockholm (1972) et de Rio de Janeiro (1992).
En effet, la solidarité
intergénérationnelle se retrouve dans divers passages des
Déclarations de Stockholm et de Rio. D'abord, dans la Déclaration
de Stockholm, le concept de solidarité
intergénérationnelle apparaît implicitement ou
explicitement aussi bien dans le préambule que dans le dispositif du
texte.
Le préambule de la Déclaration de Stockholm, en
son § 6, énonce : « En approfondissant nos connaissances
et en agissant plus sagement, nous pouvons assurer, à
nous-mêmes et à notre postérité, des
conditions de vie meilleures dans un environnement mieux adapté aux
besoins et aux aspirations de l'humanité ». Un peu plus loin,
le même paragraphe, ajoute :
« Défendre et améliorer l'environnement
pour les générations présentes et à venir
est devenu pour l'humanité un objectif primordial ...
».
Aussi, le principe 5 par exemple, procède à un
couplage du principe de gestion rationnelle avec les concepts de la
solidarité interspatiale et de solidarité intertemporelle. En
effet, le principe 5 prévoit que « les ressources non
renouvelables du globe doivent être exploitées de telle
façon qu'elles ne risquent pas de
s'épuiser164et que les avantages retirés de
leur utilisation soient partagés par toute
l'humanité165».
162 La solidarité interspatiale transparaît de
l'article 140 de la CMB. Selon cette disposition, la Zone et ses ressources
doivent être exploitées dans l'intérêt de tous les
peuples indépendamment de leur niveau de développement et de leur
situation géographique par rapport à la mer. La solidarité
interspatiale se perçoit également à l'article 1
alinéa 1er du traité sur l'espace du 27 janvier 1967 qui
prévoit que l'exploration et l'utilisation de l'espace
extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps
célestes, doivent se faire pour le bien et dans l'intérêt
de tous les pays quel que soit le stade de leur développement
économique ou scientifique. L'article 4 alinéa 1er de l'Accord du
18 décembre 1979 régissant les activités des États
sur la lune et les autres corps reprend presque textuellement l'exigence
contenue dans l'article 1 alinéa 1er précitélorsqu'il
dispose que l'exploration et l'utilisation de la Lune . . . se font pour le
bien et dans l'intérêt de tous les pays, quel que soit leur
degré de développement économique ou scientifique.
163 DÉGNI-SÉGUI (René), « Les
nouveaux concepts du droit de la mer et leurs implications », Annales de
l'Université d'Abidjan, tome VIII, 1988, p.124.
164 Principe de la gestion rationnelle.
165 Solidarité interspatiale et solidarité
intertemporelle.
56
La Déclaration de Rio, elle aussi, proclame la
volonté des participants à la Conférence de Rio de
promouvoir la solidarité intergénérationnelle. Il est vrai
que la Déclaration de Rio est moins prolixe à ce sujet que celle
de Stockholm, il n'empêche que le Principe 3 énonce que «
le droit au développement doit être réalisé de
façon à satisfaire équitablement les besoins relatifs au
développement et à l'environnement des
générations présentes et futures ».
Au regard de ce qui précède, il devient
évident que les deux déclarations précitées
traitant du développement durable lui attribue un contenu global, un
contenu qui englobe le diptyque environnement/développement d'une part
et la solidarité intergénérationnelle de l'autre. Il n'en
est pas ainsi en Côte d'Ivoire où la législation
pétrolière privilégie visiblement un volet du concept de
gestion durable au détriment de l'autre. Il en résulte un contenu
partiel qu'il convient d'analyser.
2- Le contenu partiel du concept de gestion durable en
droit pétrolier ivoirien
La législation pétrolière ivoirienne
comporte des dispositions qui opèrent la conciliation des
activités de reconnaissance, de recherche et d'exploitation
pétrolière offshoreavec la protection du milieu marin
environnant. Visiblement, cette législation pétrolière
prend en compte les préoccupations environnementales. En revanche, elle
est muette sur la question relative à la gestion des gisements
d'hydrocarbures au profit des générations futures d'ivoiriens. Il
est possible d'affirmer, à ce sujet, qu'il y a une omission du concept
de solidarité intergénérationnelle.
a- La prise en compte des préoccupations
environnementales
Cette prise en compte se traduit par le recours à
certains principes du droit de l'environnement parmi lesquels le principe
pollueur-payeur et le principe de prévention se démarquent
nettement.
D'abord en ce qui concerne Le recours au principe
pollueur-payeur, le Code de l'environnement en son article 35.5 donne au
principe pollueur-payeur le contenu suivant : « Toute personne
physique ou morale dont les agissements et/ou les activités causent ou
sont susceptibles de causer des dommages à l'environnement est soumise
à une taxe et/ou à une redevance. Elle assume, en outre, toutes
les mesures de remise en état ».
À la lueur de la définition du principe
pollueur-payeur, on peut affirmer que le législateur ivoirien entend lui
conférer deux fonctions : une fonction redistributive et une fonction
curative166.
166Le principe pollueur-payeur assume quatre
fonctions : une fonction d'intégration économique
(lerecours au principe pollueur-payeur en vue de prohiber les aides
d'État tendant à financer les investissementsanti-pollution) ;
une fonction redistributive(la rétrocession aux
pouvoirs publics d'une partie desbénéfices que les pollueurs
tirent de leurs activités) ; une fonction curative
(réparation intégrale des dommagessubis par les victimes
au moyen de la responsabilité civile) ; une fonction
préventive (l'adoption denormes anti-pollution et surtout des
redevances . . . devrait « inciter le pollueur à prendre
lui-même aumoindre coût les mesures nécessaires pour
réduire la pollution dont il est l'auteur »). Cf. SADELEER (Nicolas
de), Les principes du pollueur-payeur, de prévention et de
précaution : essai sur la genèse et la portée juridique de
quelques principes juridiques du droit de l'environnement,
Bruxelles,Bruylant/AUF, 1999, 437 p ; pp.65-70
57
La fonction redistributive découle de
l'assujettissement du pollueur au paiement d'une taxe et/ou d'une redevance. La
fonction curative, quant à elle, est contenue dans la remise en
état des lieux pollués ou endommagés167.
Le Code pétrolier ivoirien, pour sa part,
privilégie l'approche dualiste de la fonction curative assignée
au principe pollueur-payeur. L'article 64 § 2 du Code pétrolier
dispose :
« Le titulaire d'un contrat pétrolier est tenu
de réparer tous dommages(...), que ces dommages soient de son fait ou de
celui de ses sous-traitants ... ».
Il est donc clair que le législateur ivoirien a eu recours
au principe pollueur-payeur.
Quant à l'approche dualiste de la fonction curative qui
lui est assignée, elle transparaît de l'article 64 § 2 in
fine qui dispose : « A défaut de
réparation, l'indemnité doit
correspondre à la valeur du dommage causé ».
De quelle réparation s'agit-il en la matière ?
D'une réparation matérielle ? Ou d'une réparation
pécuniaire ? En d'autres termes, d'une réparation au sens propre
? Ou d'une réparation au sens figuré ? D'une remise en
l'état ? Ou de l'octroi de dommages-intérêts aux victimes
?
L'emploi des termes « réparation »
d'une part et « indemnité » d'autre part, nous
conduit à penser que le législateur a entendu conférer au
premier terme le sens de remise en l'état. Ce n'est qu'à
défaut de la remise en l'état (réparation stricto
sensu) que le pollueur se verra contraint de verser des
dommages-intérêts aux victimes. Celles-ci sont de natures
diverses.
Il peut s'agir de l'État ivoirien, des
collectivités publiques infra-étatiques et des personnes morales
ou physiques de droit privé. Cette acception large du mot «
victimes » découle du fait que la loi elle-même ne
procède à aucune distinction en la matière ; et il ne nous
appartient pas de distinguer là où la loi ne distingue pas.
Il est vrai que l'article 64 tel que rédigé ne
saurait être appliqué dans le seul cadre du contentieux de
l'environnement. Il peut aussi servir dans le cas classique du contentieux
civil168.
Quoi qu'il en soit, la disposition sus-étudiée
traduit la prise en compte du principe pollueur-payeur par le Code
pétrolier. La préoccupation environnementale se manifeste
également par le recours au principe de prévention.
Quant à la manifestation du principe de
prévention, elle se perçoit à travers : l'exigence d'une
étude d'impact environnemental (EIE)169 ; l'exigence d'un
plan d'abandon des gisements lors de la cessation de l'exploitation de ceux-ci
(article 34 § 2 et 37 du Code pétrolier)170 ;
167 Il importe à ce niveau de faire la remarque
suivante : la fonction curative, contrairement au point de vuedu professeur De
SADELEER, ne saurait se limiter à la responsabilité civile du
pollueur. Il est vrai que cemécanisme juridictionnel permet aux victimes
d'obtenir la condamnation du pollueur à des dommages
intérêtsvoire la cessation de l'activité
génératrice de pollution, mais il est limité au regard de
son approcheanthropocentrique. En d'autres termes, si le pollueur n'endommage
pas un bien, il lui sera loisible de continuerà exercer son
activité pourtant dommageable pour le milieu naturel, rescommunis.
Dès lors, la remiseen l'état, décidée par voie
administrative ou par voie juridictionnelle, constitue indéniablement le
moyenapproprié par lequel les pouvoirs publics obtiendront plus ou moins
le rétablissement du statu quo ante.
168À titre de comparaison, le contentieux civil
nigérian nous fournit des illustrations survenues lors
desopérations sismiques préalables à l'exploitation
pétrolière on shore : Seismographic Service Ltd v. Onokpasa;
Seismographic Service v. Akporuovo ; Seismographic Service v. Ogbeni. Dans ces
différentes affaires,les victimes ont demandé réparation
pour les opérations de prospection sismique (lors des activités
dereconnaissance) qui ont provoqué respectivement les
dégradations subies par les bâtiments des riverains duchamp
pétrolier, les dégradations des biens ménagers, les
préjudices corporels subis par les riverains du faitdu bruit excessif et
des vibrations intenses consécutives à ces opérations. Cf.
EBEKU (S.A. Kaniye), «Judicial Attitudes to Redress for Oil-related
Environmental Damage in Nigeria », RECIEL, Vol.12, Issue 2,Oxford,
Blackwell Publishing, 2003, p.203.cité par TIEBLEY (Yves
Didier),op.cit.,p230.
169Article 34 § 2 du Code pétrolier et
article 24 alinéa 3 du décret d'application du 19 septembre
1996
170 L'extraction du pétrole nécessite le
creusement de puits qui permettront d'accéder au gisement situé
dansle sous-sol du plateau continental Il peut arriver que pétrole
s'échappe de manière incontrôlée et abondantedes
roches sédimentaires qui l'emprisonnent et pollue le milieu marin
environnant. Cette éruption incontrôléeest appelée
blow-out. Pour éviter que les têtes de puits sous-marins ne
constituent des points d'éruption,il importe de les combler après
la cessation de l'exploitation de
58
Il n'empêche que la mise en oeuvre de ces
différentes exigences légales vise à prévenir aussi
bien les marées noires provoquées par les éruptions
incontrôlées d'hydrocarbures que la destruction de
l'écosystème à l'entour consécutive à
l'utilisation des techniques industrielles nuisibles à la protection de
l'environnement.
La législation pétrolière ivoirienne
intègre indéniablement des préoccupations
environnementales traduisant par cet état de chose sa vocation à
réaliser le principe du développement durable. En revanche, cette
législation se caractérise par une absence ou, au mieux, par une
allusion sommaire aux intérêts des générations
futures d'ivoiriens. On note par ce fait une omission du concept de
solidarité intergénérationnelle en droit pétrolier
ivoirien.
b- L'omission du concept de solidarité
intergénérationnelle
Cette omission est décelable à travers la
vocation actuelle de la législation pétrolière. En
d'autres termes, la législation pétrolière ne
prévoit pas de sanctuariser une portion du plateau continental au profit
des générations à venir d'ivoiriens. Au contraire,
l'analyse de la législation pétrolière -
particulièrement le titre VII du Code pétrolier - laisse
apparaître des préoccupations essentiellement
pécuniaires.
D'abord, en ce qui concerne la non sanctuarisation d'une
portion du plateau continental ivoirien, Rationetemporis, le législateur
ivoirien a opté pour une exploitation des gisements pétroliers au
bénéfice quasi-exclusif des générations actuelles
d'ivoiriens. En effet, le Code pétrolier ivoirien ne comporte aucune
disposition qui prévoie expressément l'obligation pour les
autorités compétentes de réserver certains champs
pétrolifères au profit des générations à
venir d'ivoiriens. Il est vrai que le régime juridique du plateau
continental ivoirien, dépendance du domaine public
étatique171, le met à l'abri de toute appropriation
par une tierce personne. Mais les principes de l'inaliénabilité
et de l'imprescriptibilité, à eux seuls, ne sauraient suffire
à assurer la conservation des gisements pétroliers au profit des
générations futures d'ivoiriens. En effet, ces principes ne
limitent pas le droit de contracter des autorités compétentes
ivoiriennes.
Tout au plus, permettent-ils de préserver
l'intégrité du plateau continental contre tout empiètement
ou tout démembrement préjudiciable à l'État de
Côte d'Ivoire. Par contre, les hydrocarbures contenus dans le sous-sol du
plateau continental ne jouissent pas du régime juridique protecteur du
domaine public étatique. Aussi, les autorités compétentes
peuvent-elles conclure autant de contrats pétroliers qu'elles estiment
nécessaires aux fins de l'exploitation des gisements offshore
d'hydrocarbures. Le risque inhérent à cette grande
liberté d'action est l'exploitation intensive et simultanée de
tous les blocs pétrolifères du plateau continental ivoirien pour
le profit immédiat et exclusif des générations
actuelles.
Visiblement, les préoccupations essentiellement
pécuniaires ont prévalu sur toute autre considération.
Quant à la prépondérance des
considérations financières, l'absence de garde-fous juridiques
contre les risques d'exploitation incontrôlée des gisements
pétroliers offshore se perçoit à
la plate-forme pétrolière. Cette mesure
estrendue d'autant plus nécessaire que les dommages causés par
les éruptions de pétrole peuvent être
extrêmementgraves et multiformes : dommages à l'environnement
marin ; dommages subis par l'État de contrôlede l'installation
offshore (dépenses de lutte contre la pollution, frais d'information
nationale et internationale,. . . ) ; dommages causés à d'autres
États riverains ; dommages touchant des tiers vivant de la mer
:pêcheurs, ostréiculteurs, hôteliers, collectivités
locales gérant des stations balnéaires (pertes de taxes
perçuessur les touristes).Cf. BOLLECKER-STERN (Brigitte), «
À propos de l'accident d'Ekofisk : problèmes posés par la
pollutionprovoquée par les installations de production
pétrolière offshore », AFDI, 1978, p.776.
171 En vertu de l'article 37 du Code de l'environnement.
59
travers l'analyse du Code pétrolier ivoirien et de son
décret d'application du 19 septembre 1996.
D'une part, les dispositions relatives à la
reconnaissance, la recherche et l'exploitation des hydrocarbures s'inscrivent
plutôt dans une perspective d'exploitation maximale des ressources
pétrolières. En effet, l'article 39 du décret
d'application du Code pétrolier685 manifeste cette volonté
étatique à travers l'octroi par le Gouvernement d'un
crédit d'investissement en zone marine profonde686 en vue d'encourager
les opérations pétrolières dans cette partie de la mer
placée sous souveraineté nationale. De même, l'État
de Côte d'Ivoire peut décider, dans le contrat de concession, de
consentir des exemptions totales ou partielles de la redevance à la
production ... en vue de promouvoir les opérations
pétrolières en République de Côte d'Ivoire,
notamment dans les zones marines profondes (article
69 alinéa 3).
D'autre part, certaines dispositions du Code pétrolier
visent à accroître les revenus tirés des activités
pétrolières. À ce sujet, le contenu du chapitre premier du
titre VII du Code pétrolier est fort éloquent. En effet,
l'article 66 du Code pétrolier assujettit les titulaires de contrats
pétroliers au « paiement des impôts, taxes et redevances
... tels qu'ils sont déterminés dans le Code
général des Impôts ... ». Les articles suivants
du titre chapitre premier du titre VII, intitulé « des
dispositions fiscales », s'inscrivent toujours dans la perspective de
percevoir des recettes fiscales en vue de renflouer les caisses de
l'État. Ainsi, les demandes d'attribution, de renouvellement, de
cession, de transmission ou de renonciation de contrats pétroliers et
des autorisations en dérivant sont soumises au paiement de droits fixes
dont les montants et modalités de règlement sont
déterminés dans le cadre de la loi de finances (article 67). En
outre, les titulaires de titres pétroliers sont soumis au paiement de
droits d'enregistrement (article 76.2), d'une redevance superficiaire (article
68), d'une redevance mensuelle proportionnelle à la production (article
69) sans omettre leur assujettissement à l'impôt direct sur les
bénéfices industriels et commerciaux à raison des
bénéfices nets qu'ils retirent de l'ensemble de leurs
activités de recherche et d'exploitation d'hydrocarbures (article
70).
Il importe ici de lever toute équivoque. La
volonté de l'État ivoirien de percevoir des revenus à
raison des opérations pétrolières menées sur son
plateau continental n'est pas condamnable en soi. Au contraire.
Cependant, cette volonté éclipse toute autre
considération, notamment celle de préserver les droits des
générations à venir d'ivoiriens. Cette rupture
d'égalité est déplorable.
La réalisation du principe de développement
durable, du moins de gestion durable, en droit ivoirien nécessite qu'on
recherche des solutions qui permettent de remédier aux insuffisances de
la législation pétrolière.
Cela ne pourra se faire que lorsqu'on aura montré les
carences législatives et règlementaires qui existent en
matière d'environnement marin et côtier.
PARAGRAPHE II :DES CARENCES LEGISLATIVES ET
REGLEMENTAIRES EN MATIERE D'ENVIRONNEMENT MARIN ET COTIER
L`insuffisance des lois en matière de protection des
espaces marin et côtier en Côte d'Ivoire comme dans la plupart des
pays de la sous-région du Golfe de Guinée est due d`une part
à l`entrée assez tardive dans le vocabulaire et dans les moeurs
du mot environnement.
En outre cette carence découle aussi du non-respect de
l`obligation d`intégration des normes juridiques internationales en
droit interne comme nous l'avons vu plus haut.
60
Parfois, l`insuffisante internalisation des obligations
auxquelles l'Etat ivoirien est lié sur le plan international crée
en terme législatif et réglementaire un vide juridique. Parfois
aussi, ce sont les lacunes dont souffrent certains textes juridiques
internationaux qui affectent le cadre juridique interne lorsque l'Etat les
intègre dans sa législation. Non seulement les obligations faites
aux Etats ne sont pas respectées sur le plan interne, notamment du fait
que la procédure légale de traduction des normes juridiques
internationales en droit interne est relativement suivie, mais aussi, parce que
le système juridique des Parties contractantes souffre de graves lacunes
en ce qui concerne la mise en place de la législation et de la
réglementation en matière d`environnement marin et
côtier172.
Aussi est-il important de préciser que nous axerons
notre analyse sur les mécanismes de lutte contre les pollutions
pélagiques et d'aménagement côtier. Ainsi les insuffisances
du mécanisme de lutte contre les pollutions pélagiques
résultent entre autre de l'inadaptation des règles de
réparation civile contre les pollutions pélagiques avec un
caractère peu dissuasif des règles classiques de la
responsabilité civile à l' égard des pollueurs. Par
ailleurs, nous exposerons les carences des instruments juridiques en
matière d'aménagement côtier.
A- LE CARACTERE PEU DISSUASIF DES REGLES CLASSIQUES DE
LA RESPONSABILITE CIVILE A L'EGARD DES POLLUEURS
La réparation civile des dommages causés par les
pollutions pélagiques comporte deux grandes catégories de
règles juridiques : d'une part, les règles de
responsabilité civile relevant du droit interne des États, et
d'autre part les règles de responsabilité prévues par les
conventions internationales pertinentes173.
En retenant la première cause suscitée comme
objet de notre réflexion, il serait bon de remarquer que l'inadaptation
des règles de réparation civile est perceptible à travers
le caractère peu dissuasif des règles classiques de la
responsabilité civile à l'égard des pollueurs.
Ainsi le droit commun de la responsabilité civile tel
qu'il se présente, ne permet pas d'inciter efficacement les pollueurs
à s'abstenir d'effectuer les rejets d'hydrocarbures ou d'autres
substances polluantes dans le milieu marin. En effet, l'analyse des
règles de réparation civile permet de relever d'une part, des
entraves à l'indemnisation satisfaisante des victimes de marées
noires et d'autre part, l'institution involontaire d'un droit de polluer.
1- Les entraves à l'indemnisation satisfaisante
des victimes de pollution marine
Ces entraves sont de deux ordres : les unes ont trait, d'une
part, aux difficultés énormes liées à
l'établissement de la preuve et d'autre part, à l'obstacle
né des caractères du dommage indemnisable.
172ZOGNOU (Théophile), op.cit., p187
173 Au niveau des normes internationales, notre attention se
portera sur la convention de Bruxelles du 29 novembre 1969 portant sur la
responsabilité civile pour les dommages dus à la pollution par
les hydrocarbures telle que modifiée par le Protocole du 27 novembre
1992 ; sur la convention de Bruxelles du 18 décembre 1971 portant
création d'un Fonds international d'indemnisation pour les dommages dus
à la pollution par les hydrocarbures (FIPOL) telle que modifiée
par le Protocole du 27 novembre 1992. Notre analyse portera également
sur la Convention internationale du 3 mai 1996 sur la responsabilité et
l'indemnisation pour les dommages liés au transport par mer des
substances nocives et potentiellement dangereuses (SNPD).
61
D'abord, en ce qui concerne les difficultés
énormes liées à l'établissement de la preuve, elles
consistent pour les victimes à prouver, d'une part, la faute du pollueur
et, d'autre part, le lien de causalité entre la faute et le
préjudice subi. Ces deux éléments à prouver (en sus
de celui tenant aux caractères du dommage indemnisable qui sera
traité plus bas) constituent les conditions (cumulatives) de mise en
oeuvre de la responsabilité civile délictuelle. Cependant, la
réunion de ces trois conditions n'est pas du tout facile.
En effet, pour la preuve de la faute du pollueur, elle
commande que la victime établisse dans le chef du pollueur qu'il a eu
l'« attitude d'une personne qui par négligence, imprudence ou
malveillance ne respecte pas...son devoir de ne causer aucun dommage à
autrui »174. Or il est évident que le plus souvent,
les victimes de marées noires ou autres pollutions marines ne se
trouvaient pas à bord des navires ou des plates-formes
pétrolières ayant effectué les rejets d'hydrocarbures.
Dans de telles conditions, comment peuvent-elles, sans difficultés
énormes, arriver à établir que le pollueur, quel qu'il
soit, a soit violé le standard du bonus pater familias soit
qu'il a intentionnellement choisi de procéder à des rejets
d'hydrocarbures dans le milieu marin ?
L'affaire de l'Amoco-Cadiz est fort instructive sur
les difficultés que pourraient rencontrer les victimes à ce
sujet. En effet, l'État français, une des parties demanderesses
au procès intenté devant les tribunaux américains dans
l'affaire précitée, n'est parvenu à retenir la
responsabilité de la société Standard Oil que par le
recours à la procédure du
discoveryayant court en droit
américain175. A en croire un auteur, « la
procédure du discoveryaméricaine s'est
révélée d'une redoutable efficacité. Elle a permis,
chose impensable devant une juridiction française, de
révéler l'existence d'un document interne(...). La
révélation de ce comportement a été le tournant du
procès »176.
Il est évident que les victimes de marées noires
ne pourront pas toujours accéder à des informations capitales
internes à l'entreprise gérante ou propriétaire du navire
ou de l'installation offshore qui a causé la pollution. A moins
que cette entreprise n'accepte, d'elle-même, de fournir aux victimes les
documents administratifs, techniques ainsi que toutes autres informations qui
établissent sa négligence ou sa malveillance177.
En somme, il s'agira d'attendre que le pollueur fournisse
à ses victimes les informations qu'elles n'auraient pu se procurer par
elles-mêmes. Bien entendu, ces informations capitales permettront aux
victimes d'obtenir du juge la condamnation du pollueur à leur verser
des
174 GUILLIEN (Raymond) et VINCENT (Jean) (dir.), Lexique des
termes juridiques, 12e édition, Dalloz, 1999, pp.244-245.
175 La procédure du discoveryest une
procédure d'investigation avant tout examen de l'instance au fond, qui a
pour objet de soumettre chaque partie à l'obligation rigoureuse de
révéler ses sources d'information, de documentation et de
témoignage . . . qui ont un rapport avec le litige. Cette
procédure se déroule sous le contrôle du juge. Chaque
élément probatoire du dossier est examiné de
manière contradictoire de même qu'il est fait obligation aux
témoins et experts de subir une sorte de contre-interrogatoire
systématique (ou «cross-examination») . . . Cette
procédure expose tout plaideur qui refuse de communiquer ou de
témoigner, à des sanctions sévères pouvant
entraîner le rejet de sa demande ou l'approbation pure et simple de la
demande émanant de l'adversaire. Cf. NDENDÉ (Martin), «
L'affaire de l'Amoco Cadiz . . . Quatorze ans de bataille juridique »,
Collection Espaces et Ressources Maritimes, n°6, Editions PEDONE, janvier
1992, pp.11-12.
176 FONTAINE (Emmanuel), Les sinistres de l'Amoco-Cadiz et du
Tanio : comparaison de deux expériences, Communication au colloque du
CMI à Gênes (21 - 25 septembre 1992).
177 L'inexistence de la procédure du Discovery en droit
français aurait dû, selon le Dr. TIEBLEY que nous partageons
d'ailleurs, déterminer le juge à ne pas exiger de la commune de
Mesquer qu'elle rapporte la preuve de la faute des sociétés
TOTAL, propriétaire de la cargaison ayant pollué les côtes
de ladite commune. Surtout, lorsqu'on tient compte du fait que celle-ci n'a
nullement contribué à la survenue du naufrage de l'Erika. La Cour
d'appel de Rennes, dans son arrêt du 13 février 2002, estime :
« Considérant qu'il n'est pas établi que les
sociétés Total, intimées, ont commis . . . des fautes
à l'origine directe de la pollution subie par la commune de Mesquer . .
. ». Cf. Cour d'appel de Rennes, 13 février 2002, Commune de
Mesquer c/ SA Total Raffinage Distribution, Société Total
International Ltd, RJE, n°1, 2003, p.59.
62
dommages-intérêts. Avouons qu'un tel
scénario est très improbable, pour ne pas dire impossible.
Les aléas ci-dessus traduisent en filigrane les
difficultés inhérentes à l'institution de la
responsabilité pour faute. Ce type de responsabilité civile ne
permet pas d'indemniser de manière automatique et satisfaisante les
victimes de pollution marine. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle le
professeur André TUNC a suggéré la suppression de la
responsabilité civile basée sur la faute, en tout cas pour les
accidents de la circulation178. Nous sommes tout comme le Dr.
TIEBLEY179 d'avis qu'il serait avantageux de lui substituer la
responsabilité objective du pollueur surtout dans le cas d'un «
accident unilatéral », un accident dû à la seule
négligence du pollueur.
En sus des difficultés relevées ci-dessus, il
convient de mentionner celle qui découle du lien de causalité
à établir entre la faute et le préjudice subi par la
victime. Nous remarquerons à ce propos que s'il est aisément
possible d'identifier l'auteur d'une pollution pélagique accidentel et
massive, il demeure, en revanche, difficile de déterminer les auteurs de
rejets opérationnels180.
La question est de savoir combien de ces dégazages ou
rejets opérationnels ont donné lieu à des actions en
réparation ? Et même en cas d'action en responsabilité, les
victimes sont-elles assurées d'obtenir gain de cause ?
La difficulté que nous voulons faire ressortir à
travers cette seconde interrogation est celle qui tient à la
quasi-impossibilité matérielle pour les victimes d'établir
le lien de causalité entre les rejets opérationnels
effectués en mer et les dégâts causés à la
conchyliculture, aux activités économiques effectuées au
bord des mers, aux aires protégées ...
En outre, il peut s'écouler un long laps de temps avant
que le préjudice n'apparaisse, temps pendant lequel la majeure partie
des preuves s'estompera. De lors, la victime ne pourra pas établir que,
par exemple, la maladie qui le ronge provient de la consommation de poissons
contaminés par le déversement d'hydrocarbures dans le milieu
marin.
En Afrique, singulièrement au Nigeria, certaines
affaires judiciaires ont mis en évidence l'obstacle que constitue pour
les victimes l'établissement du lien de causalité avant toute
indemnisation des préjudices survenus à celles-ci. Ces affaires
ne concernent pas à proprement parler la pollution marine par les
hydrocarbures ou les activités pétrolières
offshore.
Elles portent plutôt sur l'exploration
pétrolière on shore. Néanmoins, la teneur des
décisions rendues par la Cour Suprême du Nigeria nous situe sur
les difficultés énormes rencontrées par les victimes dans
l'établissement du lien de causalité (`causal
connection') entre les préjudices subis par elles et les
activités incriminées. Dans les affaires Seismographic
Service Ltd v. Onokpasa, Seismographic Service Ltd v. Akporuovo,
Seismographic Service Ltd v. Ogbeni181, les victimes
ont, dans chaque cas, intenté une action en réparation contre le
Seismographic Service Ltd en vue d'être
dédommagées pour les dégradations subies par leurs
178TUNC (André), La sécurité
routière. Esquisse d'une loi sur les accidents de la circulation, Paris,
Dalloz,1966 ; et TUNC (André), « Les problèmes contemporains
de la responsabilité civile délictuelle »,
RevueInternationale de Droit Comparé, 1967, p.757. Cité par FAURE
(Michael), L'analyse économique du droitde l'environnement, Bruxelles,
Bruylant, 2007, p.87. 179TIEBLEY (Yves Didier), op.cit. , p263
180 À ce sujet, un rapport préparé par le
US Academy of Sciences en 1990 pour l'Organisation maritime
internationale (OMI) établissait que 568.800 tonnes d'hydrocarbures
s'étaient répandues en mer durant l'année 1989. De cette
quantité déversée, seules 114.000 étaient le
résultat de déversement accidentel. En d'autres termes, la plus
grande partie des rejets d'hydrocarbures (soit 80% du total des rejets) a
été volontairement effectuée.Cf. KRISTAKIS
(Théodore), « L'exemple du contrôle exercé par l'OMI
dans le domaine de la pollutionmarine », in IMPERIALI (Claude) (dir.),
L'effectivité du droit international de l'environnement :
contrôlede la mise en oeuvre des conventions internationales, Paris,
Economica, 1998, p.157.
181EBEKU (S.A Kaniye), « Judicial Attitudes to
Redress for Oil-related Environmental Damage in Nigeria», RECIEL, Vol.
12,
Issue 2, Oxford, Blackwell Publishing, 2003, p.203.Cité
par TIEBLEY (Yves Didier), Ibidem.
63
bâtiments, leurs biens ménagers, ou pour les
préjudices corporels subis par elles-mêmes du fait du bruit
excessif et des vibrations intenses provoquées par les opérations
de prospection sismique.
Ensuite, la seconde difficulté à laquelle sont
confrontées les victimes de marées noires est celle du
préjudice indemnisable. En effet, le préjudice pour être
indemnisable doit présenter les caractères suivants : il doit
être direct, certain et actuel.
De ces trois caractères permettant d'identifier le
préjudice indemnisable, le caractère direct est celui qui est
source de difficulté majeure pour les victimes. En effet, un
préjudice est considéré comme direct lorsqu'il provient de
la faute commise par l'auteur de l'acte dommageable. En faisant une application
littérale de ce critère, il apparaît que le
préjudice subi par ricochet ne serait pas indemnisable. Cette situation
appelle de notre part une remarque.
En effet, il est difficilement compréhensible que la
victime par ricochet d'une pollution pélagique ne puisse obtenir
réparation pour le préjudice subi nonobstant le fait qu'elle
n'ait pas contribué à la survenance de celui-ci. En nous
référant au principe fondamental selon lequel « celui
qui cause un dommage à autrui doit le réparer », nous
avons la conviction que l'obligation de réparation mise à la
charge de l'auteur d'un acte dommageable ne saurait être circonscrite au
préjudice direct.
Dès lors, le caractère indirect du
préjudice subi ne devrait pas constituer, à notre avis, un
obstacle dirimant à la réparation civile de celui-ci. Notre point
de vue est d'ailleurs conforté par le FIPOL dans l'affaire
Braer182. En effet, à la suite de l'échouage
du pétrolier libérien Braerau large des îles
Shetlands en janvier 1993, le Comité exécutif du FIPOL a
accepté d'indemniser une large panoplie de victimes
indirectes183.
''184.
Selon le Comitéexécutif, «the loss
allegedly suffered by the [abovementioned] claimants should be considered as
damage caused by contamination, since these activities were an integral part of
the fishing activities in the affected area
En substance, le Comité exécutif du FIPOL convient
que les pertes alléguées par les plaignants devraient être
considérées comme ayant été causées par la
pollution dès lors que leurs activités étaient une part
intégrante des activités de pêche menées dans
l'espace affectée (par cette pollution).
Comme on peut le constater, les conditions de mise en oeuvre
de la responsabilité classique du pollueur ne sont pas favorables aux
victimes de pollution pélagiques. Pis, les règles de la
responsabilité civile classique instituent involontairement un droit de
polluer au profit des transporteurs maritimes de substances polluantes et des
opérateurs pétroliers offshore.
2- L'institution involontaire d'un droit de
polluer
182Le Braer était un
pétrolier libérien avec une cargaison d'environ 84.700 tonnes de
pétrole brut. Ce navirea connu une panne de machine au sud des
îles Shetlands en janvier 1993. A cause de cette panne et desmauvaises
conditions météorologiques, le navire s'échoua et perdit
presque toute sa cargaison.
183Au titre des victimes
indirectes, furent indemnisées : une unité de réparation
d'équipements de pêche à lasuite de la baisse de son
chiffre d'affaires due à la mesure d'interdiction de la pêche
prise par le gouvernementbritannique ; un plongeur qui ne pouvait pas continuer
de mener ses activités de maintenance des filetsde pêche et des
cages de saumon ; un fabricant de glace dont le volume des ventes avait
baissé à la suite dela destruction des stocks de saumon vivant
dans la zone contaminée et la suspension des activités de
pêchedans la zone d'interdiction de pêche ; un fabricant de coffres
servant au transport de saumon ; une personnephysique dont l'activité de
subsistance consiste en la collecte des abats de saumon dans la
zoned'interdiction de pêche. Cf. BRANS (H.P. Edward), « The Braer
and the Admissibility of Claims for PollutionDamage under the 1992 Protocols to
the Civil Liability Convention and The Fund Convention », Env.Liability,
1995, p.65.
184 ibidem.
64
Cette aberration découle d'une part, du but
assigné au droit de la responsabilité civile et d'autre part, de
la nature du dommage indemnisable.
D'abord, pour l'aberration découlant du but
assigné au droit de la responsabilité civile, disons que la
reconnaissance involontaire d'un droit de polluer au profit des auteurs de
pollutions pélagiques découle de la nature même du droit
civil. En effet, ce droit ne permet pas d'obtenir une indemnisation
intégrale de la victime. Une indemnisation intégrale signifierait
que la situation de la victime serait la même avant et après
l'accident, une fois les dommages-intérêts octroyés
à celle-ci185.
Or il est bien établi que le droit de la
responsabilité civile (tel qu'il se présente en France et,
corrélativement, en République de Côte d'Ivoire) a un but
« correctif ». En d'autres termes, les
dommages-intérêts versés par l'auteur d'une pollution ne
sauraient excéder le préjudice causé. Cette situation
découle du fait que les juristes accordent plus d'importance au
rôle compensatoire de la responsabilité civile186.
Il est vrai que certains juristes n'écartent pas le
rôle dissuasif de la responsabilité civile760187. Il
n'empêche que les normes régissant l'indemnisation des victimes
d'un dommage mettent l'accent sur le désintéressement des
personnes ayant subi un préjudice imputable à une tierce
personne. Cette conception de la responsabilité civile diffère de
celle des économistes qui ont tendance à privilégier son
rôle dissuasif188.
Le but « correctif » assigné
à la responsabilité civile, à notre avis, ne contribue pas
à « assagir » les pollueurs éventuels. Par
exemple, un transporteur maritime de substances polluantes peut procéder
à une analyse coûts-bénéfices de la pollution qu'il
projette189.
Il en résulte qu'il est très avantageux pour lui
de polluer. A titre d'exemple, un exploitant d'une plate-forme
pétrolière pourrait choisir délibérément de
ne pas prendre les mesures nécessaires en vue de prévenir les
déversements en mer de quantités incontrôlées
d'hydrocarbures (pollution accidentelle ou blow-out).
Dans ce cas de figure, le pollueur ne table plus sur une
quelconque faiblesse de la probabilité de découverte ;
l'installation pétrolière offshore ayant la
particularité d'être fixe. Il tablerait plutôt sur le peu
d'engouement des victimes éventuelles pour les longues et
coûteuses actions en justice surtout lorsque les inconvénients et
les incertitudes d'une action en justice excèdent les indemnités
que les victimes percevront190. Et dans l'hypothèse où
une telle action serait
185 OGUS (Anthony) et FAURE (Michael), Économie du droit :
le cas français, Paris, Éditions PanthéonAssas, 2002,
p.124.
186 FAURE (Michael), L'analyse économique du droit de
l'environnement, Bruxelles, Bruylant, 2007, p.89.Paradoxalement, le juriste (!)
Guido CALABRESI de l'École de Droit de l'Université de Yale aux
États-Unis fut, bien avant les économistes, le premier auteur
à étudier la fonction dissuasive de la
responsabilitécivile. Cf. CALABRESI (Guido), The Costs of Accidents. A
Legal and Economics Analysis, New Haven,Yale University Press, 1970.
Cité par FAURE (Michael), L'analyse économique du droit
del'environnement, op.cit, p.90.
187 Le professeur André TUNC écrit à ce
sujet: « L'indemnisation de la victime est, elle aussi, une
fonctionfondamentale de la responsabilité: on ne peut en douter. La
responsabilité doit à la fois décourager lescomportements
antisociaux et assurer l'indemnisation de ceux qui seraient victimes d'un tel
comportement».Cf. TUNC (André), La sécurité
routière. Esquisse d'une loi sur les accidents de la circulation, Paris,
Dalloz,1966, n°170. Cité par le Professeur Michael FAURE dans son
livre intitulé L'analyse économique du droitde l'environnement,
op.cit, p.88.
188 Une différence importante entre l'approche
juridique et l'approche économique de la responsabilitécivile est
que les économistes considèrent l'approche juridique comme une
approche ex post. Cela signifie que le juriste s'intéresse uniquement
à la responsabilité civile après que l'accident est
intervenu . . . Dans l'analyse économique de la responsabilité
civile, les règles de droit ont une fonction importante ex ante pour la
réduction des dommages. Cette approche ex ante signifie que les
règles de la responsabilité civile ont pour objectif d'inciter
les parties (l'auteur du dommage et la victime !) à prendre des mesures
de précautions pour prévenir les accidents. Cf. FAURE (Michael),
L'analyse économique du droit de l'environnement,op.cit, p.89.
189 Pour de plus amples informations sur
l'analyse coûts-bénéfices opérée par le
délinquant, consulterl'ouvrage des professeurs OGUS (Anthony) et FAURE
(Michael), Économie du droit : le cas français,op.cit,
pp.125-132.
190 Parfois un auteur d'accident peut échapper à
une action indemnitaire parce que le préjudice, quoiqu'important, est
réparti de manière éparse parmi les victimes. Par
conséquent, le préjudice subi par chaquevictime est si infime
qu'elles n'ont pas intérêt à un procès. Cf. FAURE
(Michaël), L'analyse économiquedu droit de l'environnement, op.cit,
p.220.
65
entreprise et sa responsabilité civile engagée,
le pollueur dispose des ressources financières nécessaires pour
désintéresser la partie adverse. Les paradoxes découlant
du droit de la responsabilité civile sont également dus à
la nature du dommage indemnisable.
Quant à l'aberration liée à la nature du
dommage indemnisable, le préjudice indemnisable est celui qui
revêt une nature économique, c'est-à-dire qui est
évaluable en termes monétaires. Par contre, les aspects touchant
aux échanges biologiques entre les différents
éléments altérés de la nature ne sont pas pris en
compte dans la fixation du montant des dommages-intérêts. Dans
l'affaire des Boues Rouges, des pêcheurs de Bastia, en France,
ont intenté une action en responsabilité contre la
société Montedisonpour les produits toxiques
déversés dans le milieu marin. Cet acte de pollution a
entraîné une « perte incontestable de la biomasse
»191.
Dans sa décision, le tribunal de grande instance (TGI)
de Bastia a accédé à la demande des pêcheurs de la
prud'homie de Bastia en leur octroyant des dommages-intérêts
calculés sur la base des prises de poissons qu'ils auraient pu effectuer
n'eût été la survenance de la pollution.
Par contre, les dégâts d'ordre écologique
n'ont pu être chiffrés afin de les internaliser dans le coût
de la pollution192. Il s'ensuit que les
dommages-intérêts mis à la charge de la
société Montedisonont été
inévitablement inférieurs à leur montant réel.
L'analyse ci-dessus nous conduit à dire que les
règles de la responsabilité civile sont peu protectrices du
milieu marin et des victimes humaines contre les actes de pollution marines
pélagiques. Dans le pire des cas, elles instituent une permission de
polluer dès lors que le pollueur est financièrement capable de
dédommager les victimes de pollution.
Les conventions internationales relatives à la
réparation des dommages résultant de pollutions pélagiques
ne sont pas exemptes de toute critique. Elles présentent aussi des
faiblesses qu'il importerait d'analyser. Mais qui serait volontairement
écarté pour un souci de méthodologie.
B- LES CARENCES DES INSTRUMENTS JURIDIQUES EN MATIERE
D'AMENAGEMENT COTIER ET DE PROTECTION DU LITTORAL
La Côte d'ivoire semble partager les mêmes
problèmes avec la plupart des autres pays africains à l'instar du
Cameroun dont les carences des instruments juridiques en matière
d'aménagement côtier découle d'un dispositif juridique
fragmentaire qu'on aurait pu croire révolu avec la loi-cadre de 1996.
Mais visiblement les réalités sont les mêmes confirmant
ainsi ce que pensait le Pr. KAMTO lorsqu'il déclarait que « ce
qu'il convient d'appeler le droit camerounais de l'environnement se
caractérise en effet par un éparpillement normatif tenant non
seulement à sa fragmentation sectorielle, mais aussi, sur un plan
général, au pluralisme du système juridique camerounais
»193. Aussi, les carences découlent de la non
spécification des textes en matière de protection du Littoral et
la vétusté de certains instruments.
191 LITTMANN (Marie-José) et LAMBRECHTS (Claude),
« La spécificité du dommage écologique »,
inSFDE, Le dommage écologique en droit interne, communautaire et
comparé, Actes du colloque organisé les21 et 22 mars 1991
à la faculté de droit, d'économie et de gestion de Nice
Sophia-Antipolis, Paris, Économica,1992, p.51.
192 A ce sujet, un des considérants du jugement rendu
par le TGI de Bastia le 4 juillet 1985 se présentecomme suit : «
que les experts ont précisé qu'il s'agit là d'un des
problèmes les plus complexes del'écotoxicologie marine . . . que
l'extrême diversité des organismes marins n'a pas permis aux
experts dedire ce qui était tolérable de ce qui ne l'était
pas en fonction de chacun d'eux . . . ». Cité par LITTMANN(M.J) et
LAMBRECHTS (C.), in « La spécificité du dommage
écologique . . . », op.cit, p.51.
193Pr. KAMTO, Op.cit., Avril 1992
66
1- Des dispositions juridiques fragmentaires
Comme nous l'avons évoqué un peu plus haut,
à l'instar des autres pays, le littoral ivoirien ne souffre pas de vide
juridique, il n'est pas dépourvu de réglementation. Le droit du
littoral ivoirien est constitué d'un ensemble de dispositions
fragmentaires en dehors de la loi-cadre de 96, qui sont à rechercher
dans des textes spécifiques qui touchent au domaine public maritime, aux
aménagement et planification territoriale, à l'urbanisme, aux
mines et énergies, à la réglementation de certaines
activités, à la lutte contre certains types de pollution et
à la protection de l'environnement en général, etc.
Ainsi par exemple, nous pouvons remarquer que les textes sur
l'urbanisme et la construction n'assurent qu'une protection limitée du
littoral. En effet, ces outils peuvent être utilisés comme des
instruments pour limiter ou même empêcher l'urbanisation des
certaines zones côtières. Néanmoins dans la pratique, les
documents d'urbanisme se préoccupent très peu, ou pas du tout, de
la protection du littoral194.
En outre, les textes sur la domanialité publique
n'assurent qu'une protection très limitée. Prenons en exemple les
critères restrictifs de délimitation du domaine public maritime
sur lesquels il se fonde, sont largement dépassés. Ou encore les
principes d'inaliénabilité et d'imprescriptibilité sur
lesquels s'appuie la domanialité, sont souvent mis en échec par
les autorisations temporaires d'occupation systématiquement
renouvelées et qui se transforment en occupation de fait du littoral.
De même la législation sur les lotissements peut
être en principe, utilisée comme moyen pour protéger les
zones sensibles. Ainsi, on pourrait subordonner l'octroi des autorisations de
lotir et de construire à l'obligation de respect de l'environnement, du
moins textuellement. Toutefois, le problème de l'environnement est
rarement évoqué puisque ces autorisations sont souvent
délivrées sur la base de critères purement urbanistiques
(conformité ou non avec les documents d'urbanisme).
On peut également invoquer les textes
réglementaires sur les établissements dangereux, incommodes et
insalubres qui soumettent ce type d'activité à un régime
d'autorisation préalable et autorise l'administration à suspendre
l'établissement s'il a des effets dangereux sur la santé
publique. Ces textes ne visent pas directement à protéger
l'environnement et le milieu physique mais plutôt la santé des
populations. Pour assurer la protection des zones côtières la
loi-cadre de 96 ne prévoit aucun mécanisme immédiatement
opérationnel et se contente de renvoyer à d'autres dispositions
législatives et réglementaires. C'est malheureusement le propre
des lois-cadres.
Il faut tout de même dire que cette fragmentation en soi
n'est pas qu'uniquement négative puisqu'elle traduit aussi non seulement
l'implication de nombres d'administration mais plus encore le souci d'une
protection large du littoral ivoirien, globale, d'ensemble marquant ainsi la
transversalité qui doit être de mise pour une approche
intégrée de la protection du littoral. Les véritables
problèmes se trouvant être ceux du trop-plein de dispositions
concernant le littoral mais qui n'ont pas de réels applicabilité
pour moultes raisons.
194Au Cameroun par exemple, le SDAU, juin 1986, du
littoral nord et Sud Ouest ne font mention nulle part des préoccupations
environnementales des zones concernées, on n'y fait qu'une description
physique ; et leurs recommandations n'abordent quasiment pas le volet
environnemental.
67
Il s'agira ici pour nous de remettre en cause la substance des
textes législatifs et réglementaires concernant la protection du
littoral ivoirien et de leurs instruments. Ce sera un examen des textes que
nous aborderons de manière différente et où nous
présenterons les lacunes quant à la protection dans leurs
économies au travers du caractère global non spécifique
des textes et de la vétusté des instruments.
2- La non spécification des textes en
matière de protection du littoral et la caducité de certaines
politiques
A l'exception des textes internationaux et régionaux,
aucun texte législatif ou réglementaire du droit interne ivoirien
n'a spécifiquement tenu compte de la protection du littoral. Tous les
textes y relatifs sont des textes à la compétence globale
c'est-à-dire qui régissent la protection de l'environnement dans
son ensemble et non de façon particulière ou spécifique le
littoral.
La loi-cadre de 1996 déjà ne définit
nulle part dans son texte ce qu'elle entend par littoral lorsqu'on
perçoit les appréhensions qui peuvent naître quant à
sa définition (géographique / physique ou environnementale ?) ;
elle en aborde la mesure mais se contente plus de disposer dans un sens large,
la protection du littoral puisqu'elle penche plus pour l'environnement marin et
spécifiquement s'intéresse plus au problème des
pollutions, des mesures à prendre. On peut tirer une triple
leçon, malgré la pertinence et le caractère
révolutionnaire de ce texte à savoir que: la loi-cadre
visiblement ne se penche que sur les problèmes de pollution, de
domanialité et de responsabilité semblant ainsi occulter les
autres problèmes tout autant importants dont a à faire face le
littoral comme ceux de l'érosion côtière195 ou
encore de la destruction et disparition des mangroves, des
phénomènes de retraits de côte, de la surexploitation des
ressources côtières, les ravages du tourisme196, la
pression urbaine et démographique...
En outre, elle semble les avoir laissés aux
administrations dites concernées d'en trouver solution, mais
malheureusement nous ne percevons pas la pertinence ni des textes et ni de
leurs applications vu que nombres de difficultés censés
être tranchées ou résorbées par celles-ci se posent
toujours avec acuité comme celui de la pression urbaine et
démographique et d'autres encore.
Enfin, la gestion intégrée qui se voudrait
être si l'on la résume de manière simpliste une gestion
sectorielle dans une gestion globale avec une double approche consultative et
participative, a encore du chemin avant de voir sa totale effectivité
dans le cadre du littoral puisque celui-ci dans les textes ivoiriens n'est
principalement encore conçu que comme milieu annexe du milieu marin, ce
qui est là l'occasion pour en ajuster l'importance par un changement
conceptuel, politique et de gestion.
La deuxième analyse ou remarque qu'il conviendrait de
faire, après la question de la non spécification, c'est celle de
la caducitéde certaines politiques et instruments.
195« Nous avons ainsi pu établir que, ce
littoral...subit des changements indéniables...ceci à cause des
phénomènes d'engraissement et d'amaigrissement de la plage... Il
y a donc... rétrécissement des aires de plaisance des
touristes... la vitesse d'érosion à ces endroits est
estimée à 13,9 cm par an ...La moyenne de déplacement de
la ligne du rivage sur l'ensemble des zones se situant autour de 17 cm par an
au rivage de Kribi».,Tonye, Fangue, Akono, Ozer, « Estimation de la
vitesse de recul de la ligne du rivage par télédétection
sur le rivage kribien, Cameroun », p. 35. Cité par NGOYOK,
op.cit.
196« Beaucoup de pays ont payé 1 lourd tribut
lorsqu'il se sont rendus compte du grand déséquilibre entre les
capacités réelles des sites et l'afflux des arrivants.»
déclarait le Pr. Paul Tchawa en août 2004,Cité par NGOYOK,
op.cit.
68
En effet, cette vétusté peut être
abordée sous un double angle, celui de l'obsolescence des instruments
techniques de la protection du littoral et des politiques nationales.
D'abord, en ce qui concerne les instruments techniques, le
constat malheureusement est fait et claire : la volonté des
autorités compétentes est mise à mal puisqu'il n y a pas
de traduction au niveau des actes ; bon nombre d'instruments techniques qui
sont constitués pour la plupart par les documents techniques de la
planification urbaine et de l'aménagement du territoire ne sont plus
d'actualités, ils ne sont plus de toute jeunesse et souffrent d'un
manque d'actualisation. Quelques cas devraient nous en donner la
compréhension : sinon comment expliqué que le territoire en
général n'a pas eu de plan d'aménagement
réactualisé ?
Aussi, Aucun plan d'aménagement du littoral n'a jamais
été mis au point du moins réaliser. L'absence d'un
schéma directeur d'aménagement du littoral, l'inexistence d'un
programme intégré de gestion des zones côtières sont
les signes d'une carence notoire de la législation.
Quant à la caducité des politiques, quelques
fois, elle est en phase avec celle des instruments puisque les textes qui les
mettent sur pied ne sont pas eux-mêmes d'une certaine jeunesse; il
s'agirait juste de dire ici que certains des instruments ne sont pas
d'actualités ce qui en obère la praticité et la
réalité et qui en conséquence rend la protection du
littoral inopérante.
Nous citerons le cas du PNAE non révisé. En
fait, ce plan a été conçu pour la période 19962010.
Le PNDS n'est pas en reste puise qu'elle devrait couvrir la période
1996-2005. Pareil pour la DSRP proposé en 2002 qui n'a même pas
été adopté. Enfin, il serait légitime de tenir
rigueur aux initiateurs du livre blanc du littoral de la Côte d'Ivoire
(gestion intégré de l'espace littoral) produit en
2004197.Ce dernier reste un outil essentiel pour la protection du
littoral.
Au nombre des limites de la protection du littoral ivoirien,
en plus des problèmes juridiques, il y a aussi des faiblesses
institutionnelles et financières.
SECTION II : LES FAIBLESSES DU CADRE INSTITUTIONNEL
Le champ d'organisation dans le domaine de l'environnement
reste marqué par la pluralité des structures créées
soit à l'occasion de l'application de la politique de l'environnement
soit dans le cadre des conventions internationales. Le réseau
organisationnel en matière d'environnement est à la fois dense,
complexe et peu cohérent. Il est utile de noter qu'à
côté des organisations internationales à vocation
générale telles que l'ONU et ses organes
spécialisés, se retrouvent juxtaposées des structures
propres aux conventions internationales en matière d'environnement,
notamment les conférences des parties, les secrétariats des
conventions198.
Les politiques nationale en matière d'environnement en
général n'échappe pas à ce réseau
organisationnel puisse que directement influencer par tout ce qui se fait au
plan international. Ainsi, les imperfections du cadre normatif et
institutionnel recèlent des conséquences dans la mise en oeuvre
nationale des politiques environnementales. La Côte d`ivoire, à
l'instar des pays africains, font les frais de ces incohérences comme en
témoigne les faiblesses de son cadre institutionnel.
197HALLE (Birgit) et BRUZON (Véronique), Profil
Environnemental de la Côte d'ivoire, rapport final, Commission
européenne,AFG Consult, Belgique, 128p, p60
198 Voir GADJI (Abraham), Thèse de Doctorat,
Université de Limoges, 2007, p175
69
Cet éparpillement du réseau institutionnel
(PARAGRAPHEI) fragilise l'application de la politique globale de protection de
l'environnement malgré l'argumentaire de la spécialisation. Ce
qui entraîne la multiplicité des institutions. Mais aussi ces
faiblesses s'expliquent par les limites du contrôle des activités
pouvant endommager le littoral (PARAGRAPHEII).
PARAGRAPHE I : L'EPARPILLEMENT DES INSTITUTIONS
NATIONALES COMPETENTES
En Côte d'Ivoire, la protection de l'environnement
incombe à diverses structures administratives. Il en sera ainsi pour la
protection de la zone côtière.
En effet, le mécanisme de protection du milieu marin se
caractérise par un éparpillement des institutions nationales
compétentes. Cette situation annihile substantiellement
l'efficacité escomptée des mesures de protection.
Aussi, Cet éparpillement résulte de la
diversité des institutions étatiques compétentes (A) et
l'absence de coordination institutionnelle (B).
A- LA DIVERSITE DES INSTITUTIONS ETATIQUES IMPLIQUEES
La gestion de l'environnement marin, eu égard à
son caractère transversal, fait intervenir plusieurs ministères.
L'Administration publique ivoirienne chargée de gérer et/ou
protéger le milieu marin est protéiforme. Cette Administration se
répartit en une pluralité de départements
ministériels eux-mêmes ayant sous leur tutelle ou leur direction
une diversité d'organes techniques199.
Ainsi, le littoral devient le lieu où interviennent
plusieurs départements ministériels selon la ligne de partage
classique entre la mer pour la marine marchande et les travaux public, et la
terre pour l'urbanisme, l'agriculture, l'industrie, les transports.
Le cadre institutionnel relatif à l'environnement et
à la protection de la nature en Côte d'Ivoire se
caractérise par une multiplicité d'intervenants et par des
restructurations récurrentes.
Les institutions s'occupant des questions environnementales se
retrouvent pratiquement dans tous les ministères ; une situation qui
provoque des chevauchements, des lacunes de compétences et la confusion
par rapport aux mandats et responsabilités.
L'instabilité institutionnelle amoindrit
l'efficacité des actions et empêche le suivi efficace des
programmes.200
Historiquement c'est le ministère en charge de
l'environnement qui avait principalement la mission de gérer et
protéger l'environnement et donc le littoral. La
spécificité et transversalité des problèmes
environnementaux ont nécessité une approche globale ou toutes les
composantes de la société dans son ensemble sont
mobilisées pour une protection efficiente. Mais au lieu de mieux les
résoudre, cette approche participative favorisant la multiplicité
des intervenants dans la protection alourdit plutôt le processus.
199Il s'agit notamment du Centre ivoirien
antipollution (CIAPOL), l'Agence nationale de l'environnement (ANDE), le Fonds
nationale de l'environnement (FNDE) et l'Office ivoirien des parcs et
réserves (OIPR) placés sous la tutelle du Ministère de
l'environnement des Eaux et Forêts ; de l'Office nationale de la
protection civile (ONPC) relevant de la tutelle du Ministère de
l'Intérieur ; du Centre de recherche océanologique (CRO)
placé sous la tutelle du Ministère de l'Enseignement
Supérieur ; la Police maritime, une direction du Ministère des
Transports. Cité par TIEBLEY (Didier Yves), op.cit. , p49
200 HALLE (Birgit) et BRUZON (Véronique), op.cit. ,
128p, p53
70
1- Des distributions de responsabilités trop
larges aux autres autorités ministérielles
Hormis les Ministère de l'environnement et de
l'urbanisme, la gestion et la protection du milieu marin et côtier
incombent à plusieurs départements
ministériels201. Cette multitude d'intervenants pose un
réel problème de coordination. Ainsi pèle mêle on
peut citer comme départements ministériels compétents sur
le littoral et sa protection :
Le Ministère de l'intérieur intervient dans la
mise en oeuvre du Plan POLLUMAR ;
Aussi, le Ministère de l'intérieur se voit
être concerné en raison de l'implication des collectivités
territoriales et locales (Communes, Districts,...) qui en dépendent. La
décentralisation confère, de plus en plus, un rôle
prépondérant aux collectivités locales et territoriales en
matière de gestion de l'environnement mais plus spécifiquement
aux collectivités littorales.
Le Ministère de l'Agriculture dont l'un des objectifs
est de parvenir à une pratique raisonnée de l'agriculture
respectueuse de l'environnement a créé en son sein une
Sous-Direction de l'environnement en 2003. Depuis fin 2005, cette entité
administrative a démarré ses activités. Des structures
sous tutelle comme l'ANADER (Agence Nationale d'Appui au Développement
Rural) mènent des actions de vulgarisation des bonnes pratiques
agricoles et d'encadrement des populations rurales. Elle bénéfice
du soutien du LANADA (Laboratoire National d'Appui au Développement
Agricole) qui possède sept laboratoires thématiques (Pathologie
animale, Eco toxicologie, Hygiène alimentaire, Analyse des semences,
Aquaculture, Nutrition Animale, Insémination artificielle).
Le Ministère de l'Industrie dispose d'une Sous-Direction
"Environnement" chargée de la sensibilisation des entreprises pour
l'utilisation des technologies moins polluantes. Le Ministère a la
tutelle du LANEMA (Laboratoire National d'Essais, de Métrologie et
d'Analyses) pour assurer le suivi des émissions des industries.
Le Ministère des mines et de l'énergie qui
délivre les permis d'exploration et d'exploitation des ressources
pétrolières offshore ; aussi contrôle
l'exploration minière et des hydrocarbures. La direction de
l'énergie est chargée de l'électrification rurale et des
énergies renouvelables. Le Ministère et des Ressources Animales
Halieutiques est chargé entre autres de la gestion et du suivi des
ressources halieutiques. Aussi, il délivre les autorisations de
pêche en mer ;
Le Ministère de la Recherche Scientifique intervient
dans le secteur de l'environnement au travers des structures de recherche
placées sous sa tutelle.
En outre, le Ministère de l'Enseignement
Supérieur est impliqué dans la problématique de la gestion
de l'environnement côtier et marin à travers ses
universités, centres et instituts de recherches et ses laboratoires dont
les champs de compétences touchent les problèmes visés par
les conventions. Rattachés pour la plupart aux Unités de
Formation et de Recherches (UFR), ces centres, instituts et laboratoires
existent au plan national.
Le Ministère des Infrastructures Economiques :
gère les infrastructures et le domaine public de l'Etat. La Direction de
l'Hydraulique Humaine de ce Ministère s'occupe de l'alimentation des
populations en eau potable, de la collecte des données et des mesures
hydrologiques. Des sociétés d'Etat comme les Ports d'Abidjan et
de San Pedro sont sous la tutelle du Ministère des Infrastructures
Economiques.
201 Voir Décret n° 2012-625 du 06 juillet
2012portant attributions des Membres du Gouvernement de la république de
Côte d'ivoire.
71
La Direction de la Météorologie Nationale
(DMN/SODEXAM) collecte les données climatologiques. Ses relations avec
les structures sous régionales lui donne un rôle dans l'Organe
National de Coordination de la Convention pour la Lutte contre la
Désertification.
Le Ministère des affaires étrangères est
chargé du suivi de la procédure de ratification des accords et
traites internationaux, de leur mise en application et de leur conservation. Il
est donc clair que tous traités, accords ou instruments en rapport avec
le littoral leur sera soumis.
Les Ministères, comme celui de la famille, de la femme
et de l'enfant ; de la culture et de la francophonie ; de la promotion des
jeunes, enfin de la communication entreprennent tous des actions qui ont des
impacts plus ou moins importants en matière de gestion
environnementale.
En définitive, la protection du littoral et même
de l'environnement est le théâtre d'intervention d'un grand nombre
d'acteurs qui débouche quelque fois sur un cafouillage quant à
qui fait quoi. L'on ne sait finalement qui est compétent, ce que
confirmera le Pr. KAMTO lorsqu'il dit « à l'éclatement
normatif correspondait une fragmentation institutionnelle qui soulevait et
soulève encore entre autres problèmes celui des conflits de
compétence dus aux chevauchements des missions »202 .
2- Une implication massive des organisations dans la
gestion du littoral
Le mouvement des ONG et associations apparaît
relativement récents en Côte d'Ivoire. Il a commencé dans
les années 90 avec la récession économique créant
des conditions de vie plus difficiles. Depuis 1999, l'éclosion des ONG
est plus forte dans la mesure où après le Coup d'Etat de 1999, la
modification de la constitution a conduit à une sorte de mobilisation
sociale.
Dans le domaine de l'environnement, il existe une centaine
d'ONG en grande partie organisée en réseaux. Environ 80 ONG
constituent la FEREAD (Fédération des Réseaux des ONG et
Associations de l'Environnement) et 40 autres sont en train de créer une
union des associations partenaires d'un programme PNUD ; programme qui finance
les micro-projets environnementaux des ONG locales.
Il existe une volonté politique d'associer la
société civile et, de plus en plus, les ONG participent au
dialogue politique.
Malheureusement, cet éparpillement des institutions
nationales compétentes est source de
dysfonctionnement dû à l'absence de coordination
entre les différents services administratifs.
B- UNE FAIBLESSE DE COORDINATION INSTITUTIONNELLE
À la diversité institutionnelle relevée
ci-dessus correspond une fragmentation des compétences dévolues
aux ministères et autres organismes impliqués dans la protection
et la gestion des ressources naturelles marines.
Le MINESUDD est confronté à d'importantes
difficultés institutionnelles : les rôles, tâches et
missions par rapport aux autres ministères ne sont pas bien
clarifiés.
202Voir Pr. KAMTO (Maurice), Droit de
l'environnement en Afrique, Edicef, 1996, p 266, p. 105.
72
Aussi, Les restructurations quasi - permanentes de la plupart
des Ministères empêchent le développement de
"mémoires" institutionnelles. Cette situation rend extrêmement
difficile l'intégration transversale des aspects environnementaux et la
création d'une vision commune.
Il n'existe pas, à l'heure actuelle, en Côte
d'Ivoire, une structure unique, transversale, chargée de la gestion et
de la protection de l'environnement marin et côtier.
En effet, la commission nationale du développement
durable (CNDD) a été mise en place en février 2005 et le
coordonnateur nommé en novembre 2005. La CNDD était
rattaché en ce moment, au cabinet du ministre chargé de
l'environnement, des eaux et forêts au lieu d'un rattachement au cabinet
des Ministres comme initialement prévu. Du fait de problèmes
multiples (financier et organisationnel), cette structure n'était pas
encore opérationnelle. Aucune réunion de concertation entre les
divers ministres n'avait encore été tenue. De plus, les multiples
réorganisations nécessitent un remplacement de 25% des membres
nominé, ces derniers ayant aujourd'hui une autre
fonction203.
Ainsi, l'exploitation des ressources halieutiques incombe au
ministère de la production animale et des ressources halieutiques. La
prospection et l'exploitation des ressources pétrolières
offshore ressortissent à la compétence du
ministère des mines et de l'énergie. La lutte contre la pollution
pélagique relève de la compétence de la police maritime,
une direction du ministère des transports. La lutte contre la Pollution
d'origine tellurique relève de la compétence du Service
d'inspection des installations classées (SIIC), une structure
placée sous l'autorité du ministère de
l'environnement204.
L'émiettement des structures relevé ci-dessus
entraîne, malheureusement, une incohérence dans l'action des
services administratifs concernés205.
Cette situation, soulignons-nous, n'est pas spécifique
à la Côte d'Ivoire. Elle se rencontre également dans
d'autres États. Le phénomène n'est pas seulement
circonscrit aux services administratifs chargés de protéger le
milieu marin et côtier. Il concerne plutôt l'ensemble des services
administratifs ayant des compétences en matière
environnementale.
Au niveau africain, le professeur Maurice KAMTO souligne,
à juste titre d'ailleurs, que « l'incohérence des
institutions classiques ... vient de l'absence de coordination dans un contexte
de pluralisme structurel accentué. Il en résulte, d'une part, un
manque de vision globale des problèmes et une absence d'articulation des
solutions, d'autre part, une
203 HALLE (Birgit) et BRUZON (Véronique), op.cit., p53
204 Le décret n°98-43 du 28 janvier 1998 relatif
aux installations classées pour la protection del'environnement
répartit les champs de compétence entre, d'une part, les
installations classées relevant ducivil et les installations
classées de l'État affectées à la Défense
nationale, d'autre part. Selon l'article 22 dudécret n°98-43 du 28
janvier 1998, le Service d'inspection des installations classées (SIIC)
est placé sousl'autorité du ministère de l'environnement.
L'inspection des installations de l'État affectées à la
Défensenationale relève de la compétence du
ministère de la Défense en vertu de l'article 23 du même
décret. Cité par TIEBLEY (Didier Yves), op.cit. , p50
205 À titre d'illustration, nous mentionnerons
l'intervention du docteur Alphonse DOUATY, ministre de laproduction animale et
des ressources halieutiques, au cours d'une édition du « Grand
Journal » de la Radio télévision Ivoirienne (RTI)
1ère chaîne. L'intervention du ministre DOUATY a été
diffusée le vendredi 25avril 2009, au journal de 20 heures. Dans cette
interview accordée à la journaliste Awa Tabitha EHOURA,le
ministre DOUATY déplorait le manque de synergie entre la Marine
marchande, la Police maritime et laDirection des pêches. Il a
révélé que l'action non concertée de ces structures
étatiques influe négativementsur l'efficacité de la lutte
contre le pillage des ressources halieutiques des eaux côtières de
la République deCôte d'Ivoire.Le ministre a également mis
en relief, dans le quotidien Fraternité Matin, les avantages d'une
action concertéeponctuelle entre les services administratifs en
matière de surveillance active des pêcheries maritimes dela
République de Côte d'Ivoire. Il a commenté que cette action
administrative concertée a permisl'arraisonnement, aux larges de San
Pedro, de deux bateaux de pêche : le « Toty» immatriculé
au Nigeriaavec un équipage coréen et le « Match 2»
immatriculé à Takoradi au Ghana, avec un équipage chinois.
Leministre a souligné que le bateau immatriculé au Ghana a
été saisi pour nécessité d'enquête. Des
soupçonspèseraient sur ce navire à propos de l'incident
qui s'est soldé par la disparition de quatre agents de la policemaritime
le 10 mars 2009.Cf. KOUADIO (Théodore), « Pêche
illégale : Deux bateaux étrangers saisis à San Pedro
Fraternité Matin », in Fraternité Matin, n°13.328,
mercredi 15 avril 2009, p.8. Cité par TIEBLEY (Didier Yves), op.cit. ,
p51
73
dispersion des moyens de fonctionnement, la dilution du
pouvoir de décision et donc une certaine inertie de l'administration
face à des problèmes qui appellent des réactions rapides
»206.
En République Française, le Doyen Michel PRIEUR
constatait également un phénomène de dispersion des
services administratifs compétents en matière environnementale.
Il écrit à ce sujet : « Dans les années 1960, les
responsabilités administratives en matière d'environnement
étaient partagées entre six ministères principaux,
compétents pour l'hygiène et l'aménagement du milieu
»207.
Enfin, la lenteur administrative générale
(signature des décrets et arrêtés par les ministères
concernés) empêche la mise en oeuvre de certaines activités
pour une meilleure participation de la population (exemple de
l'arrêté inter - ministérielle concernant les
comités locaux de gestion)208.
PARAGRAPHE II : LES LIMITES DU CONTROLE DES ACTIVITES
POUVANT ENDOMMAGER LE LITTORAL
Il s'agit ici de montrer les faiblesses, qui sont de sources
diverses, des organes chargés du contrôle du littoral et de
l'ensemble des activités qui s'y exercent. Aussi lorsqu'on parle des
limites au niveau du contrôle, il serait question d'un aspect important
de la pratique de la protection du littoral celui du contrôle.
Précisons déjà qu'il n'existe pas
à proprement parler de structure de contrôle spécifique au
littoral ; et qu'ensuite malheureusement l'action de contrôle des organes
qui en sont chargés souffre de quelques maux qui limite la protection du
littoral et dont il faille en soulever les raisons. Nous aborderons donc cette
analyse l'absence de contrôle des autorités environnementales(A),
qui est sans doute, liée à un véritable problème de
finances. Enfin, à cela, peut s'ajouter le problème de la base de
données (B).
A- L'ABSENCE DE CONTROLE DES AUTORITES
ENVIRONNEMENTALES
Nous verrons d'une part l'absence de contrôle des rejets
polluants dans les eaux côtières.
Et d'autre partla cause de l'absence de contrôle qui se
résumerait en la vétusté ou l'absence d'infrastructures
adéquates.
1- L'absence de contrôle des rejets polluants dans
les eaux côtières
Les manifestations de l'absence de contrôle se
perçoivent à travers les rejets de déchets liquides dans
les eaux marines et la transformation insidieuse des plages en dépotoirs
d'ordures.
D'abord, il est à noter que les rejets de
déchets liquides non traités créent des pollutions
aquatiques.
206 KAMTO (Maurice), Droit de l'environnement en Afrique,
op.cit., p.106. Cité par TIEBLEY (Didier Yves), op.cit. , p51
207 Cf. PRIEUR (Michel), Droit de l'environnement, 4ème
édition, Paris, Dalloz, 2001, n°170-172, pp.151-152 Cité par
TIEBLEY (Didier Yves), ibidem.
208HALLE (Birgit) et BRUZON (Véronique),
op.cit., p57
74
En effet, la pollution aquatique est perceptible dans les
lagunes, surtout dans la lagune Ébrié. Certaines lagunes ou
parties de lagunes (baies de la lagune Ébrié) montrent des signes
de pollution caractérisées par le phénomène
d'eutrophisation et périodiquement par des morts massives de poissons.
Les pollutions aquatiques proviennent de deux sources principales à
savoir les eaux usées d'origine industrielle209 et celles
d'origine domestique.
Le problème des rejets des eaux usées d'origine
industrielle se pose essentiellement à
Abidjan. Les pollueurs potentiels sont concentrés dans
cette ville où ils représentent 65% de toutes les industries du
pays. Sur 224 pollueurs, 40 unités sont considérées comme
les principales sources préoccupantes. Elles rejettent 224.000 kg/j de
DCO210.
Les eaux usées industrielles insuffisamment
traitées contiennent des composés nocifs, des germes
pathogènes, des résidus chimiques, des solides dissous et en
suspension, des matières organiques, les graisses et les
huiles211.
Les effets de ces pollutions varient de l'eutrophisation et de
l'épuisement de l'oxygène à la détérioration
de la condition sanitaire, la contamination des écosystèmes, la
dégradation des habitats, la bio-accumulation des composés
toxiques dans la chaîne trophique, des mortalités massives de
poissons et à la perte de la biodiversité.
Les pollutions du milieu lagunaire par les eaux usées
domestiques sont dues au faible taux de raccordement des ménages au
réseau d'assainissement. Les baies de Cocody et du Banco deviennent sur
leurs marges des cloaques nauséabonds durant la saison sèche.
Actuellement, la qualité du milieu lagunaire au niveau de la ville
d'Abidjan est jugée impropre à tout usage si l'on devait se
conformer aux recommandations (normes indicatives) de l'OMS212.
La communication entre la lagune Ébrié et
l'océan Atlantique au moyen du canal de Vridi fait des eaux maritimes
côtières le réceptacle final des déchets
liquides.
Hormis les eaux lagunaires et côtières marines
qui reçoivent les eaux usées industrielles et domestiques, les
plages ivoiriennes sont de plus en plus, insidieusement, transformées en
dépotoirs d'ordures.
En outre, la transformation insidieuse des plages en
dépotoirs d'ordures apparait comme l'une des manifestations de cette
absence de contrôle.
En effet, avant la crise, le taux de collecte des
déchets avoisinait 60% et le total collecté pour Abidjan
s'élevait à 683.000 tonnes213. Actuellement, le taux
de collecte est largement inférieur avec la venue d'environ d'un million
de déplacés.
Les quartiers non desservis ou mal desservis sont pour
l'essentiel des quartiers à faible niveau de vie et les zones d'habitat
spontanés difficiles d'accès pour les engins de collecte740.
Les zones d'habitation précaire de la commune de
Port-Bouët, le long du rivage de l'océan Atlantique, sont en proie
à ce phénomène. En effet, les zones d'habitation
précaire s'étalant de l'embouchure du canal de Vridi à
celles baptisées « Anani » via «
Derrière Wharf », « Adjouffou » et
« Gonzagueville » se caractérisent par la pollution
multiforme de leurs plages. On y décèle des déchets tels
que les matières plastiques, les chaussures usées, les morceaux
de
209 Actuellement, l'usine BLOHORN de la multinationale
UNILEVER est la seule unité industrielle quitraite ses effluents avant
de les déverser dans la lagune. Cf. Ministère de l'Environnement,
des Eaux etForêts, Profil national actualisé sur la gestion des
produits chimiques en Côte d'Ivoire, Abidjan, janvier2008, p.48.
210 Ministère du Logement, du Cadre de vie et de
l'environnement/Grand Écosystème Marin du Golfe deGuinée,
Côte d'Ivoire : Profil environnemental de la zone côtière,
Centre pour l'environnement et le développementen Afrique (CEDA), 1997,
p.43.
211 Ibidem
212 Concentrations < 1000 coliformes fécaux ou
streptocoques fécaux par 100 ml.
213 Une étude du Centre de recherches
océanologiques (CRO) publiée en 1993 indique que, d'après
lesdonnées fournies par le personnel du Ministère de
l'Environnement, de la Construction et de l'urbanisme(MECU), la production de
déchets solides ménagers excédait 550.000 tonnes par an,
soit 0,60 kg par personneet par jour. Elle indique également que le taux
de collecte était de l'ordre de 75%, ainsi 140.000tonnes environ
d'ordures ménagères n'étaient pas collectées. Cf.
Centre de recherches océanologiques,Évaluation quantitative et
qualitative des effluents et des polluants : cas de la Côte d'Ivoire et
de la villed'Abidjan, avril 1993, p.40.
75
bouteille ou de verre polis par le ressac de la mer, les
matières d'emballage d'origine végétale telles que les
« feuilles d'attiéké », les entrailles des
poissons évidés, les épluchures de banane, de manioc
etc.
En outre, la plage sert de lieu d'aisance aux riverains et il
n'est pas rare que le visiteur porte malencontreusement son regard sur des
matières fécales à l'air libre. Á cela, il convient
d'ajouter l'écoulement sur la plage d'eaux douteuses provenant des rares
petites bâtisses qui servent de toilettes et de lieux
d'aisance214. Il est à remarquer que l'action du ressac de la
mer empêche la conservation en mer des déchets que les riverains y
déversent. De même, les déchets solides introduits en mer
par le biais de la lagune Ébrié sont rejetés sur le rivage
de la mer.
2- Les causes de l'absence de contrôle
La recrudescence des pollutions liquides et solides du milieu
marin et du plan d'eau lagunaire est due essentiellement à une
catégorie de causes qui a trait aux infrastructures nécessaires
à la mise en oeuvre des normes déterminant les seuils de rejets
polluants autorisés. Mais le manque de volonté des
autorités compétences rendent difficile la mise en oeuvres de ces
normes. Ainsi, d'une part, on remarque la vétusté ou l'absence
d'infrastructures adéquates et d'autre part, le manque de volonté
des autorités.
a- La vétusté ou l'absence
d'infrastructures adéquates
Depuis la crise qui a secoué notre pays, une grande
partie de l'infrastructure du suivi environnemental sur le terrain est
détruite dans les zones sous contrôle des forces nouvelles : les
bases des parcs nationaux, l'équipement de surveillance sur le terrain
et l'ensemble des véhicules de service.
Les suivis réguliers des installations classées
ou des différentes exploitations et l'analyse de la qualité des
eaux sont devenus des cas exceptionnels215.
Le laboratoire mobile, dont l'état est inconnu,
indispensable pour le suivi de la qualité des eaux, reste dans la zone
occupée. Les autres laboratoires destinés à l'analyse des
pollutions datent des années 90 et ne permettent plus un suivi
adéquat. Seul le BNETD, grâce à son statut particulier d'un
bureau d'étude autonome rattaché à la Primature,
fonctionne à un niveau opérationnel très
élevé. Grâce aux engagements avec les partenaires
privés et publiques au niveau international, le BNETD semble moins
touché par les événements.
b- Le manque de volonté des
autorités
Le manque de volonté ou le laxisme de certaines
autorités qualifiées parfois de complicité mettant
à mal le contrôle environnemental est aussi du fait de la
lisibilité des actions de contrôle : comment penser au vu des
exemples que le personnel et les brigades d'inspection n'aient pas encore fait
le constat des manquements, tares/erreurs et des atteintes de l'environnement
littoral par des structures industrielles ? De plus alors que nous
n'ignorons
214 Cette situation n'est pas spécifique à la
Côte d'Ivoire. Elle se retrouve le long des côtes africaines.
Unexemple des plus frappants à cet égard est celui de Lagos au
Nigeria et ses huit (8) millions d'habitants dontles conditions de vie
constituent un grave danger pour la santé publique avec des plages et
des lagunes quiservent de toilette. Cf. Nouvelles du PNUE, « Mer ou
dépotoirs ? Combien de déchets allons-nous encoredéverser
? », avril 1988, Dossier n°20, p.12. Cité par KAMTO (Maurice),
Droit de l'environnement enAfrique, op.cit, p.262.
215HALLE (Birgit) et BRUZON (Véronique),
op.cit., p57
76
pas le pouvoir de l'information216, le pouvoir de
persuasion de la publicité ou des médias, pourquoi des
communications / dénonciations n'ont pas été faites de ces
cas pour contraindre ceux-ci à adopter des mesures pouvant ralentir ou
stopper les dommages causés au littoral.
En outre, les communes littorales sembleraient mal
informées sur les taxes qu'elles pourraient percevoir en vue de la
protection de l'environnement comme la taxe sur la salubrité.
Par ailleurs, le principe "pollueur-payeur" (article 35.5),
n'aurait jusqu'à maintenant jamais été appliqué en
Côte d'Ivoire. Aucune structure n'aurait payé d'amende
conformément aux dispositions pénales du Code de l'Environnement
(articles 88 à 110), l'explication étant la sensibilisation
plutôt que la répression.217
Ce questionnement peut nous aider à saisir toute
l'ampleur des propos du PDG d'une importante société
pétrolière qui déclarait dans le Wall Street Journal que
« les pays en développement couraient le risque de
décourager les investisseurs s'ils insistaient pour l'application des
normes écologiques rigoureuses »218.
Aussi, Aucun cas de poursuites juridiques de violations des
réglementations et normes environnementales n'est connu en Côte
d'Ivoire. En plus, il existe une persistance de manque de volonté
politique d'appliquer certaines lois telles la loi N°98-750 du 23
décembre 1998 relative au domaine foncier rural ou le décret
N°94-368 du 1er juillet 1994, relatif à la réforme
forestière, les deux en vigueur bien avant la crise.219
En définitive, il apparaît que les eaux
côtières et les plages de la République de Côte
d'Ivoire sont fortement dégradées par les pollutions liquides et
solides provenant des activités anthropiques menées sur la terre
ferme.
Et pourtant, un dispositif juridique existe qui vise à
lutter contre ces pollutions marines massives et chroniques. Cette situation
déplorable s'explique surtout par l'absence de contrôle des rejets
polluants effectués dans les eaux côtières. Les structures
étatiques chargées de veiller au respect des seuils de pollutions
autorisées se trouvent, dans l'incapacité matérielle de
s'acquitter de leur tâche. Il en résulte que le respect des seuils
de pollution autorisés est effectivement laissé au bon vouloir
des entités industrielles concernées.
B- LE SEMPITERNEL PROBLEME DES FINANCES ET DE BASE DE
DONNEES
C'est probablement le problème majeur de la protection
du littoral ivoirien, le problème des finances car comme nous le savons,
l'environnement que ce soit dans son exploitation en termes de revenu d'une
part et de protection proprement dite de l'autre coûte très cher.
Et lorsqu'en plus s'y rajoute les problèmes de base de données,
la remise en cause de la pertinence de la protection du littoral
n'apparaît pas comme exagérée.
Nous aborderons donc dans cette analyse la
problématique financière et le problème de la base de
données.
216L'information participe à l'éducation
et à la sensibilisation du public ; elle renseigne et accroît les
connaissances du public. L'information est un outil indispensable à la
prise de décision. L'information environnementale est une pierre
angulaire dans le domaine de gestion de l'environnement ; elle permet d'obtenir
les indicateurs du l'environnement et du développement.
217HALLE (Birgit) et BRUZON (Véronique), op.cit., p62
218 NGUIFFO(S.), DJIRAIBBE(D.), BALLANDE(H.),
oléoduc Tchad- Cameroun : « le risque et les
nuisances pour les populations africaines, les bénéfices pour les
compagnies pétrolières occidentales », 2000,
www.amisdelaterre.org/Les-risques-et-les-nuisances-pour.html
, cité par NYOGOK (Serge), op.cit. ,
219Ibidem P57
77
1- Le sempiternel problème des
finances
Pour mener à bien les activités de protection de
l'environnement en général et celui du littoral en particulier
contenues dans les différents programmes du PNAE, la Côte d'Ivoire
compte à la fois sur la mobilisation de ressources financières
internes et externes du Fonds National de l'Environnement (FNDE). Les revenus
internes sont fournis au travers du budget de l'Etat et des recettes propres
constituées des taxes (sur les EIE, ordures, navires, inspections des
installations classés).
Le financement extérieur au travers de la
coopération internationale reste, du fait de la crise qu'a connu le
pays, presque inexistant. La contribution du budget de l'Etat pour
l'environnement, tournant autour de 0,8% (Communication du Ministère du
Plan et de Développement) du budget national, demeure très
maigre. Elle illustre le manque d'une réelle volonté politique
d'accorder une place prioritaire au littoral.
Le fonctionnement minimal n'est pas assuré par les
ressources nationales et le budget pour l'année 2006 à cette
période était inexistant.
Les capacités et moyens du MINESUDD et de ses jeunes
structures rattachées (ANDE, CIAPOL, OIPR) sont très faibles et,
depuis la crise, le degré de fonctionnement de celles-ci a baissé
jusqu'au niveau d'effondrement de la fonction publique.
Le FNDE est approuvé par le gouvernement, mais il
existe certaines réserves, notamment pour l'écotaxe, au niveau
des bailleurs de fonds et les entrées financières du fonds sont
actuellement très faibles.220
L'action de contrôle des services en charge du
contrôle et des normes soufrerait surement d'un sérieux
problème de finances avec des conséquences assez importantes pour
les missions de protection du littoral. Le MINESUDD, il faut le rappeler
à l'une des plus petite enveloppe budgétaire du gouvernement, ce
qui peut aussi dénoter l'échelle de considération qui lui
est accordé. Ce qui montre une véritable contradiction lorsqu'on
sait que le gouvernement ivoirien s'est engagé résolument dans la
protection juridique du littoral.
Ainsi, en Afrique dans le rapport notamment camerounais sur le
développement durable de juin 1997, il est écrit en page 52 qu'il
y a « manque des moyens financiers pour répondre aux exigences
» et que « l'acquisition des moyens surtout financiers est
indispensable pour mettre en oeuvre cette stratégie » ; les
mêmes conclusions sont faites en Côte d'Ivoire dans des
études menés sur le littoral et les attentes de ce
côté sont toujours aussi pareilles.
Aussi « il est donc nécessaire de pouvoir mobiliser
la contribution de l'Etat mais aussi celles de la coopération
internationale multiforme et du secteur privé »221 car
corollaire de cette « paupérisation », le fonctionnement et le
rayonnement de ces services sont limités et ne peuvent donc se
déployer en totalité puisque les moyens font défaut, et en
conséquence c'est la protection du littoral qui en pâti.
Certaines communes ont élaboré leur plan de
développement et aussi un profil environnemental mais sont
freinées dans la mise en oeuvre de leurs projets par manque de
ressources financières. En plus, les communes ne sont pas
préparées dans leurs nouvelles responsabilités sur les
ressources naturelles: les réglementations sont souvent ignorées
et le niveau de sensibilisation demeure très faible.
L'exécution de leurs programmes est conditionnée
au financement externe par les bailleurs de fonds.
220 HALLE (Birgit) et BRUZON (Véronique), op.cit. P61
221NGUIFFO(S.), DJIRAIBBE(D.), BALLANDE(H.), op.cit.,
p57
78
Les capacités administratives et organisationnelles de la
plupart des ONG demeurent bien limitées et ne permettent que rarement de
répondre aux appels d'offre des bailleurs de fonds. Mais
l'échange entre les différentes structures
fédératrices reste très faible comme elles sont
concurrentes sur les ressources financières disponibles. Enfin, les ONG
nationales restent encore au stade embryonnaire en matière
d'autofinancement.
En outre, Les activités de recherche sont actuellement
réduites à cause des problèmes financiers de
l'Etat222.
2- Le problème de la base de
données
Il apparaît comme un corollaire du problème
financier. Le problème à ce niveau est celui de l'absence d'une
véritable base de données traitées et prête pour les
utilisateurs de quelque nature qu'ils soient et dont il faut assurer la
constitution223 ; cette absence pourrait aussi s'analyser en un
manque d'information fiable et de structures spécialisées en ce
qui concerne la formation dans les diverses composantes de l'environnement
comme celle du littoral, et dans le traitement de base de données.
Aussi « les difficultés d'accès à
l'information à cause de l'absence ou de l'insuffisance des sources, de
l'insuffisance ou de la mauvaise gestion des données, du manque de
données spécifiques aux domaines très diversifiés
couverts par l'environnement224 » comme le littoral peuvent
faire cruellement défaut et entacher le contrôle efficace de la
protection de ladite zone.
De plus, la constitution d'une base de données
réactualisée sur l'ampleur de toutes les atteintes et leurs
dommages sur le littoral et son environnement nécessitent des
dispositions financières dont ne disposent pas très souvent les
organes de contrôle et même de gestion
compétents225 comme nous l'avons montré plus haut.
Les moyens faisant défauts, il est donc normal que les
contrôles faits par ceux qui en ont la charge soient rendues difficiles
sur le littoral. Généralement par contre les industries
installées sur le littoral en disposent mais ne mettent pas très
souvent partie / totalité de cette base de donnée / informations
à la disposition des missions de contrôles.
Voilà qui peut expliquer pourquoi le Cameroun avait
adhéré à des programmes et projets de constitution de base
de données environnementale tel que le Programme Régional de
Gestion de l'Information Environnementale (PRGIE) qui concerne la gestion de
l'information environnementale dans les pays du Bassin du Congo (Afrique
Centrale) à savoir : collecter et constituer des informations et
données valides, standardisées et
géoréférencées pour gérer de façon
durable les ressources naturelles dans la zone du projet. Les méthodes
pratiquées étant celles de l'archivage, la
télédétection, la cartographie et les statistiques. Ce
projet devant à terme fournir des bases de données susceptibles
de garantir une gestion durable des ressources de la zone d'implantation
concernée et dont le littoral camerounais espérons-le en
bénéficiera. Sa réelle mise en oeuvre serait toujours
attendue226.
222HALLE (Birgit) et BRUZON (Véronique),
op.cit. , p56
223« Les informations statistiques existent... mais
celles-ci ne sont pas encore classées dans un canevas pour la
comptabilité environnementale car elles ne prennent pas en compte les
problèmes liés à l'environnement. ». Voir
NGUIFFO(S.), DJIRAIBBE(D.), BALLANDE(H.), op.cit., p. 51
224Ibidem, p52
225Comme l'évaluation des pollutions
industrielles faite par le PNGE au Cameroun qui n'a pu avoir lieu que
grâce à l'appui du PNUD et l'appui technique de l'ONUDI (Octobre
1995).
226NYOGOK (Serge Olivier Nyom),op.cit
79
Néanmoins elle témoigne d'une situation
relativement commune dans la sous-région du Golfe de Guinée,
vis-à-vis de la géomatique. La Côte d'ivoire ne reste donc
pas en marge.
En effet, la plupart des projets sont pilotés (ou ont
été initiés) par l'assistance étrangère
européenne et menés sur un laps de temps
généralement court, révélant une situation commune
dans les pays africains227. L'objectif du SIG est rarement
défini par les partenaires africains, qui en sont pourtant les
utilisateurs principaux, si ce n'est par des critères normatifs du genre
" aider à la gestion ", " au transfert des connaissances ", " favoriser
les échanges ". Il apparaît que les SIG mis en oeuvre sont
essentiellement utilisés pour leur capacité de stockage et de
représentation de l'information géographique, et très peu
pour leurs apports en termes d'analyse et de simulation.
Ensuite, cette application, à un stade de son
implantation, souffrent d'une carence généralisée en
données géospatiales, qui quand elles existent, sont rarement
définies par des critères de qualité et/ou difficiles
d'accès du fait de la rétention d'information au niveau
individuel, de l'absence de réglementation pour les échanges de
données et de coordination transfrontalière pour la normalisation
des données au niveau régional.
L'offre de formation étant insuffisante non seulement
dans le domaine de la géomatique mais aussi et surtout dans celui des
sciences de l'environnement, les projets de recherche sont souvent
pilotés par des organismes étrangers en collaboration (ou pas)
avec les partenaires nationaux. Il résulte de cette situation des
difficultés d'appropriation des résultats des recherches et des
données qui en découlent par les organismes du Sud.
Que pouvons-nous retenir de tout ce qui précède,
sinon principalement la quasi permanence du problème financier que ce
soit au niveau de la possession qu'au niveau de l'organe qui est censé
en assurer la charge, des difficultés de mise en oeuvre des outils de la
protection, la faiblesse de l'outillage interne juridique de la même
protection ainsi que la multitude d'intervenants dans la gestion/protection du
littoral qui en altère la réalité et des
difficultés de contrôle des activités sur le littoral. Mais
on retient aussi le dynamisme des brigades d'inspections environnementales qui
par leurs inspections de quelques unités pouvant polluer notre littoral
manifeste une réelle volonté de s'occuper de cette protection.
227 NWILO (P.C)., GIS applications in coastal management: a
view from the developping world. In BARTLETT et SMITH: GIS for coastal zone
management. CRC Press, Londres, 2004, pp. 181-194.cité par ZOGNOU
(Théophile), Op.cit. , p386
80
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
Malgré son âge relativement ancien, le droit du
littoral et côtier est encore à ses débuts en Côte
d'ivoire. En effet, né depuis 1981, bien avant mêmel'adoption de
la grande convention internationale sur le droit de la mer, ce droit met du
temps à démarrereffectivement.
Cependant, le jeune Etat de Côte d'Ivoire a fourni des
efforts louables pourdisposer des moyens juridiques nécessaires leur
permettant de protéger et de gérer sa zones côtière,
tant au regard des instruments juridiques internationaux et nationaux que des
institutions nationales.
Mais ces moyens sont encore limités. En effet, de tout
ce qui précède, il ressort quedes insuffisances sont apparues
tant sur le plan juridique qu'institutionnel.
Au regard donc de tout ce qui précède et
à l'issue de cette première partie, nous pouvons entoute
quiétude nous avancer à établir un premier bilan. En
effet, la protection juridique du littoral ivoirien, loin de
paraîtreinefficace, présente un bilan mitigé. D'une part,
on remarque autant d'efforts pourdemeurer dans la conformité des
prescriptions du droit international universel del'environnement marin, d'autre
part, ces efforts sont entravés par les limites
jusqu'àprésent relevées.
Si les mesures juridiques mises en place par les textes
environnementaux souffrent denombreuses insuffisances, il en est de même
dans leur mise en oeuvre. En effet, la mise enoeuvre des mesures de protection
et de gestion du littoral est très complexe rendant ainsi la situation
encore plusdifficile.
C'est pourquoi, il faudra parfaire ce cadre (DEUXIEME PARTIE).
DEUXIEME PARTIE : UN CADRE JURIDIQUE A PARFAIRE
81
DEUXIEME PARTIE :
UN CADRE JURIDIQUE A PARFAIRE
82
L'effectivité228 indique le degré de
convenance entre les objectifs visés et le comportement effectif des
groupes cibles. Elle se jauge aux impacts auprès de ces
derniers, c'est-à-dire à leur changement de comportement effectif
à la suite des prestations229 que leur fournissent
les entités et personnes chargées de mettre en oeuvre une
tâche publique (par exemple des décisions, des contrats, des actes
matériels, des actes de planification, etc.). L'effectivité
s'apprécie selon différents indicateurs qui varient selon le type
de norme à exécuter : le degré de mise en oeuvre, le
degré d'observation (pour les obligations), le degré
d'utilisation (pour les droits) ou le degré d'attention (pour les
mesures de persuasion)230.
En résumé, on peut dire avec Charles De
VISSCHER, qu'une norme juridique est effective ou non selon qu'elle se
révèle « capable ou non de déterminer chez les
intéressés les comportements recherchés
»231. En d'autres termes, c'est la bonne
réceptivité de la norme juridique par son destinataire qui
détermine son effectivité. Mais une loi peut aussi être
effective, c'est-à-dire appliquée et suivie tout en étant
parfaitement inefficace232.
Hans KELSEN233, considère invalide en tant
que norme un énoncé normatif qui ne serait jamais
appliqué. Affirmer qu'une norme vaut ou est valable, n'équivaut
pas simplement à constater le fait qu'elle est appliquée et
suivie effectivement.
Une législation ou politique non effective ne peut donc
pas être efficace. Rappelons toutefois que l'efficacité
désigne usuellement le caractère de ce qui produit l'effet
attendu. Il équivaut également dans le langage courant à
la capacité de produire le maximum de résultats avec le minimum
d'efforts ou de moyens234. Pour qu'elle le soit, il faut qu'elle
existe réellement.
Dans notre souci de contribuer modestement à la
protection juridique de la zone côtière les moyens à
utiliser doivent être effective et dynamiques pour répondre aux
caractéristiques de ces milieux. En Côte d'Ivoire où les
zones côtières subissent actuellement de plein fouet les
conséquences des problèmes maritimes tels que pollutions,
pêche trop intensive, dégradation écologique, trafic de
drogues et délits contre l'environnement, il faut impérativement
renforcer les instruments juridiques (CHAPITRE I) pour combattre ces
problèmes.
Dans la majorité des Etats côtiers africains,
cette altération du littoral fait augmenter la pauvreté. C'est un
cercle vicieux, dont ils ne peuvent sortir seuls. Aussi, la morosité
économique aggrave encore plus cette situation. C'est pourquoi une
amélioration du cadre politique (CHAPITRE II) s'avère
nécessaire afin de garantir une meilleure protection de notre
littoral.
228 Sur histoire de ce concept en sociologie du droit, voir
LASCOUMES (P.); SERVERIN (E.), « Théories etpratiques de
l'effectivité du droit », in : Droit et
société no 2, 1986, p. 101ss.
229 BUSSMANN, KLOTI, KNOEPFEL (éd.) 1998 n'utilisent
malencontreusement que l'anglicisme output enfrançais.
230 Groupe de travail « évaluation législative
» 1991, p. 15; BUSSMANN, KLOTI, KNOEPFEL (éd.) 1998, p.97.
231 DE VISSCHER(C.), Les effectivités du droit
international public, Pédone, Pairs, 1967, p. 18.
232 Pour une étude approfondie voir ZOGNOU
(Théophile), op.cit., pp.210-213
233 KELSEN (Hans), Théorie pure du droit, 2e
éd. Fr., Dalloz, Paris, 1962.
234 Définition du ROBERT. ; Voir aussi MADER, «
Evaluation législative : pour une analyse empirique des effets de la
législation », Payot,Lausanne, 1985. p. 55 ss ; Groupe de
travail "Evaluation législative" 1991 ; MOOR 1996, p. 640, 643ss ;
PERRIN 1997, p. 69 ; BUSSMANN, KLOTI, KNOEPFEL (éd.), Politiques
publiques : évaluation, Economica,Paris, 1998, p. 65ss (qui reprend la
triade efficacité, effectivité, efficience en la ventilant plus
précisément dansle cycle des politiques publiques) ; Pour la
France, voir MONNIER (E.), Evaluation de l'action des pouvoirspublics, 2e
éd., Economica, Paris, 1992, p. 131 ; Conseil scientifique de
l'évaluation, 1996. Pour les référencesdans la
littérature américaine, voir les remarques critiques de BUSSMANN,
KLOTI, KNOEPFEL (éd.) 1998, p.64s.
83
CHAPITRE I : LE RENFORCEMENT DES INSTRUMENTS
JURIDIQUES
On l'a vu, dans la première partie de cette
étude, il a été justifié qu'en Côte d'Ivoire,
tant sur le plan juridique qu'institutionnel, des efforts ont été
déployés en vue de protéger et de gérer au mieux la
zone côtière, ainsi que ses ressources.
Mais ces efforts sont encore limités. C'est donc
à raison que l'on a été en mesure d'affirmer que
malgré les efforts et les objectifs ambitieux poursuivis par l'Etat,
malgré l'existence avérée du cadre juridique en vigueur en
matière de protectionet de gestion du littoral, il demeure insuffisant
car n'ayant non seulement pas couvert toutes les formes de dégradation,
maisn'ayant non plus envisagé tous les moyens de protection et de
gestion.
Que faut-il faire dans ce cas ? La réponse est simple,
couvrir toutes les formes de dégradations et envisager tous les moyens
de protection et de gestion par le renforcement les instruments juridiques
déjà existants. Il nous semble vrai que ce travail ne peut se
faire dans le cadre de ce mémoire qui demande que soit simplement jeter
les jalons d'une véritable réflexion sur le sujet. C'est
pourquoi, nous allons proposer des solutions relatives aux insuffisances
décelées dans la précédente partie. Nous mettrons
donc l'accent sur les règles juridiques relatives à la protection
l'espace marin du littoral (Section I). Mais en plus, afin de rendre plus
effective cette protection, il est plus que nécessaire de mettre en
place une nouvelle stratégie d'intervention juridique sur le littoral
(Section I).
SECTION I : LA NECESSITE DE RENFORCER LES REGLES
JURIDIQUES RELATIVES A LA PROTECTON DE L'ESPACE MARIN DU LITTORAL
Les espaces marins sous souveraineté ou juridiction de
l'État ivoirien recèlent des richesses naturelles
indéniables. L'exploitation des ressources halieutiques et des
hydrocarbures du plateau continental ivoirien procure des revenus assez
importants à l'État ivoirien235.
Cependant, les ressources naturelles marines - renouvelables
ou non - courent le risque d'un épuisement rapide consécutif
à une exploitation intensive et anarchique. Plus concrètement,
les ressources pétrolières du plateau continental ivoirien
devraient être gérées d'une manièrequi prenne en
compte les intérêts des générations futures
d'ivoiriens. Il ne s'agit pas pourle législateur ivoirien de faire du
suivisme mais plutôt de tenir compte d'une nécessité
découlantde certaines considérations juridiques. En effet,
l'État de Côte d'Ivoire est tenud'appliquer intégralement
un des principes fondamentaux du droit international del'environnement contenu
dans les Déclarations de Stockholm et de Rio. Le principe 5 de la
235 La production nationale de produits halieutiques est
passée de 71.000 tonnes à 70.000 tonnes et respectivementde 35
milliards de F CFA à 2002 à 2003. La part du secteur halieutique
par rapport au PIB agricoleest de 1,3%. Enfin, cette part est 0,3% du PIB
total. Cf. Ministère de la production animale et des
ressourceshalieutiques/Direction des productions halieutiques/Service des
statistiques et de la documentation, Annuairedes statistiques des productions
halieutiques, 2003, p.15.
En 2005, la contribution de la pêche au PIB était
de 34,2 millions $US soit 0,2% contre 49,6 millions $USsoit 0,3% en 2004 pour
la branche production. En termes de volume, la production ivoirienne de
produitshalieutiques était estimée à 43.532 tonnes en
2005. Sur la période 2000-2005, les débarquements ont
régulièrementbaissé, passant de 81.523 tonnes (2000)
à 43.532 tonnes (2005) soit une diminution de 47%.Au niveau des emplois
directs, la pêche génère environ 70.000 emplois directs
(pêcheurs, fumeuses, commerçants,fabricants et réparateurs
d'équipements, etc. .) et fait vivre près de 400.000 personnes.
Cf. FAO,Profil de pêche de la Côte d'Ivoire 2007, FID/CP/CIV,
Janvier 2008, pp.23, 5 et 26.
84
Déclaration de Stockholm236 oblige
d'ailleurs les États à exploiter les ressources non renouvelables
d'une manière qui ne méconnaisse pas, entre autres, le droit des
générations àvenir. Dès lors, la législation
pétrolière ivoirienne devrait être
réaménagée pour intégrer leconcept de la
solidarité intergénérationnelle.
Mais en même temps, la découverte du
pétrole dans les eaux nationales a fait augmenter lenombre de
multinationales pétrolières dans le pays. Les risques de
pollutionont malheureusement augmenté du fait aussi du nombre croissant
de navirespoubelles. La protection des écosystèmes devient plus
délicate. La faune et la floresont plus que jamais menacées
à cause de la surexploitation et de la nonrestauration du littoral. Les
populations riveraines sontmenacées par les épidémies qui
ont leurs causes dans la pollution par les hydrocarbures notamment par le
pétrole. Les effets sociaux sont eux aussiconsidérables
d`où l`urgence du renforcement des moyens existants.
Concrètement, nous démontrerons pourquoi il est
nécessaire dereformer le Code pétrolier
ivoirien en faveur des générations futures
(Paragraphe I). Mais aussi de renforcer le mécanisme de
réparation des pollutions marines (Paragraphe II).
PARAGRAPHE I : LA REFORMATION DU CODE PETROLIER
IVOIRIEN237EN FAVEUR DES GENERATIONS FUTURES
Cette modification pourrait se faire dans deux directions :
d'une part, réaliser des « blocs »
pétrolifères protégés et d'autre part,
restreindre temporairement les pouvoirs de l'autorité compétente
en matière de concession des blocs pétrolifères.
A- LA CREATION DE « BLOCS » PETROLIFERES
RESERVES
La question des blocs pétrolifères
réservés soulève deux problèmes tenant d'une part
à la superficie de ces blocs et d'autre part à la nature
juridique de l'instrument qui les institue.
1- La superficie des « blocs »
pétrolifères réservés
L'institution de tels blocs répond à un objectif
précis : soustraire temporairement une partie du plateau continental
ivoirien à toute exploitation pétrolière. Cette mesure
d'interdiction provisoire constituera une application du concept de
solidarité intergénérationnelle. Il s'agira
concrètement pour les autorités compétentes ivoiriennes de
déterminer certains blocs pétrolifères dont l'exploitation
ne sera possible qu'à l'expiration d'une période de temps
clairement définie. Deux variantes pourraient être
examinées dans cette optique :
- Les autorités compétentes pourraient soit
délimiter une étendue compacte de blocs
pétrolifères équivalant au 1/10 de la superficie totale du
plateau continental au profit des générations futures ;
- Soit réserver le 1/10 de chaque bloc
pétrolifère concédé et à concéder au
profit des générations futures d'ivoiriens. Dans cette
deuxième variante, les portions réservées du plateau
continental seraient éparses, et non pas compactes comme dans la
première.
Il convient néanmoins de remarquer que la mise en
oeuvre de la deuxième variante est délicate.
236 Selon ce principe 5, « les ressources non
renouvelables du globe doivent être exploitées de telle
façonqu'elles ne risquent pas de s'épuiser et que les avantages
retirés de leur utilisation soient partagés par
toutel'humanité».
237 Voir TIEBLEY (Yves Didier), op.cit., p233
85
En effet, les sociétés pétrolières
explorant et exploitant le plateau continental ivoirien- à l'image des
autres sociétés commerciales - ont principalement voire
exclusivement pour objectif la réalisation de bénéfices
commerciaux. Il est peu probable qu'elles soient sensibles aux accents
philanthropiques contenus dans le concept de solidarité
intergénérationnelle d'autant plus que la réalisation de
ce concept pourrait entraver leurs objectifs commerciaux. Dans ce cas, les
autorités compétentes ivoiriennes pourraient recourir à
une parade qui consisterait à permettre l'exploitation intégrale
des blocs pétrolifères concédés quitte à
destiner le 1/10 des revenus perçus par l'État de Côte
d'Ivoire sur chaque bloc à un fonds d'affectation spéciale de
revenus pétroliers dont l'utilisation ne serait possible qu'à
l'expiration d'une période de temps déterminée.
2- La nature juridique de l'instrument instituant la
mesure de limitation
De prime abord, une loi stricto sensu, en
l'occurrence le Code pétrolier, pourrait constituer l'instrument
approprié instituant cette limitation. Ce choix résulte du fait
que le Code pétrolier - une loi formelle - est hiérarchiquement
supérieure au décret qui autorise l'occupation privative du
plateau continental ivoirien. Par conséquent, la violation du Code
pétrolier (tel qu'amendé) par le décret constitue une
illégalité et est, de ce fait, censurable par le juge de
l'excès du pouvoir.
Cependant, cette protection législative comporte une
faille dans la mesure où le chef de l'État - autorité
juridiquement compétente pour délivrer les autorisations de
reconnaissance, de recherche d'hydrocarbures et pour conclure les contrats
pétroliers - peut légiférer dans le domaine de la loi au
moyen d'ordonnances238.
Il importe alors d'explorer d'autres voies plus protectrices
des intérêts des générations à venir
d'ivoiriens.
Une première voie serait d'inscrire l'obligation de
préserver les blocs pétrolifères réservés
dans un instrument juridique qui ait suffisamment de force pour s'imposer aussi
bien au législateur qu'au pouvoir exécutif. Dans ce sens, deux
possibilités sont envisageables :
- soit insérer l'obligation de préserver les
blocs pétrolifères réservés dans la Constitution.
Dans ce cas, la révision de la disposition constitutionnelle relative
à ces blocs ne sera définitivement acquise qu'à l'issue
d'un vote référendaire en ce sens ;
- soit insérer cette obligation dans un texte
législatif dont la modification serait subordonnée à deux
votes en ce sens à la majorité qualifiée des 3/4 des
membres du parlement. Le délai entre ces deux votes pourrait être
fixé à douze mois.
Cette dernière précaution vise à obtenir
des parlementaires une plus grande sérénité dans
l'appréciation de la levée de protection juridique des blocs
pétrolifères réservés. Cette suggestion pourrait
paraître surréaliste à certaines personnes. Pour notre
part, elle constitue plutôt l'appréciation, à sa juste
valeur, de la solidarité intergénérationnelle.
Il serait utopique d'espérer atteindre une gestion
durable des ressources pétrolières off shoreen comptant
seulement sur la bonne volonté des autorités chargées de
délivrer les titres pétroliers239.
238 En vertu de l'article 75 de la Constitution du 1er août
2000 de la république de Côte d'ivoire.
Dans cette hypothèse, le chef de l'État serait
donc juridiquement fondé à prendre des dispositions
dérogatoires à celles du Code pétrolier (loi stricto
sensu) sans pour autant commettre une illégalité surtout
lorsque le parlement viendrait à approuver une telle ordonnance à
l'expiration du délai prévu par la loi d'habilitation.
De même, une majorité parlementaire peu sensible
à la solidarité inter- générationnelle en
matière de gestion des ressources pétrolières peut
modifier juridiquement, pour une raison ou une autre, toute disposition en ce
sens.
239 En effet, ces autorités peuvent être fortement
tentées, au regard de la hausse des cours de pétrole et dans une
optique de rentabilité financière à court terme,
d'autoriser l'exploitation des gisements situés dans les blocs
pétrolifères réservés.
86
Il apparaît donc nécessaire non seulement de
poser le principe de la limitation des pouvoirs des autorités nationales
compétentes en matière de concession de blocs
pétrolifères mais aussi de déterminer clairement
l'étendue de cette limitation temporaire.
B- LA LIMITATION TEMPORAIRE DES POUVOIRS DE CONCESSION
DES BLOCS PETROLIFERES
La gestion durable des ressources pétrolières
suppose, on l'a vu, que les pouvoirs de l'autorité concédante
soient partiellement limités dans le temps. La période de
cinquante (50) années nous paraît raisonnable. Ce choix ne
résulte pas du hasard mais correspond plutôt au nombre maximum
d'années pendant lesquelles un opérateur pétrolier est
légalement habilité à occuper privativement un champ
pétrolifère240.
Il importe cependant de remarquer que les gisements existants
ne sont pas tous entrés en production. Il s'avère que la mesure
d'interdiction temporaire précitée risque de se prolonger
au-delà de la période légale des cinquante ans au regard
de cette situation. En d'autres termes, tant que les gisements actuels seront
en production, l'exploitation des blocs réservés ne sera pas
possible.
À l'inverse, s'il arrivait que les gisements actuels
s'épuisent rapidement à la suite d'une exploitation intensive ou
anarchique, la mesure d'interdiction continuerait à s'appliquer ; et ce,
au profit des générations à venir d'ivoiriens lesquels ne
devraient en aucun cas pâtir des choix erronés
opérés par les autorités actuelles.
La matérialisation du concept de solidarité
intergénérationnelle suppose aussi l'adoption de mesures d'ordre
institutionnel. Celles-ci pourraient se traduire par la refonte des fonds
d'affectation spéciale de revenus pétroliers241.
PARAGRAPHE II : LE RENFORCEMENT DES MECANISMES DE
REPARATION
La notion de dommage écologique caractérise une
atteinte à l'environnement, indépendamment de ses
répercussions sur les personnes et sur les biens. La question de la
réparation de ce dommage a longtemps été
négligée. Les polices administratives de l`environnement visent
essentiellement la prévention du dommage ; si elles envisagent sa
réparation, c'est principalement sous la forme de la remise en
état. Lorsque la question de la réparation est portée
devant le juge, l'absence de caractère personnel du préjudice
écologique fait obstacle à sa reconnaissance.
240 En effet, la période de cinquante années
résulte de l'addition du nombre d'années que durent la
reconnaissance d'hydrocarbures, la recherche d'hydrocarbures et l'exploitation
pétrolière proprement dite.
Selon l'article 11 alinéa 2, l'autorisation de
reconnaissance d'hydrocarbures est valable pour un (1) an renouvelable une
seule fois, soit deux (2) ans maximum. L'autorisation de recherche
d'hydrocarbures est de sept (7) ans maximum ou de neuf (9) ans dans les zones
marines profondes (article 22 alinéa1 du Code pétrolier).
L'exploitation pétrolière proprement dite couvre
une période de vingt-cinq (25) ans renouvelables pour une période
maximale de dix (10) ans (article 32 alinéa 2 du Code pétrolier),
soit un maximum de 35 ans.
Dès lors la période maximale d'occupation privative
d'un bloc pétrolifère est de : 2 ans + 9 ans + 35 ans = 46
ans.
On peut présumer que cette période de quarante-six
(46) ans augmentée de quatre (4) ans (soit cinquante (50) ans)
correspond à celle à l'issue de laquelle un gisement
pétrolier exploité, théoriquement, s'épuise. Donc,
ce n'est qu'après épuisement des gisements pétroliers
actuellement exploités que l'on pourrait entreprendre l'exploitation des
gisements situés sur des blocs pétrolifères
réservés.
241 Pour une étude approfondie sur cette question voir
TIEBLEY (Yves Didier), op.cit., p233
87
En France le jugement rendu le 16 janvier 2008242,
par le tribunal de grande instance de Paris dans l'affaire du naufrage de
l'Erika a souvent été commenté comme une reconnaissance
« inédite » du préjudice écologique.
Si, tant dans l`office du juge que dans l'activité du
législateur français, la notion de dommage écologique
semble être d'actualité, en Côte d'Ivoire, elle reste
invisible dans les instruments de protection du littoral. Ce qui constitue un
frein à la réparation effective des dommages à cet
environnement. Il convient de formuler des propositions pour améliorer
et, si nécessaire, compléter les dispositifs existants de
réparation des dommages au littoral du pays. Cet exercice suppose
nécessairement la reconnaissance et la consécration dans la loi
du préjudice écologique.
Parallèlement, la solvabilité du responsable
pourrait passer, à moyen terme, par la souscription obligatoire de
garanties financières et l'engagement de la responsabilité des
sociétés-mères.
En outre, les populations riveraines sont menacées par
les épidémies qui ont leurs causes dans la pollution par les
hydrocarbures et notamment par le pétrole. Les effets sociaux sont eux
aussi considérables d'où l'urgence du renforcement des moyens
existants.
Ainsi, ce renforcement passe à notre sens par rendre
plus effective la prise en charge du préjudice écologique (A).
Sans oublier évidemment le durcissement de la législation
pénale en renforçant la responsabilité pénale en
matière de pollution (B).
A- RENDRE LA PRISE EN CHARGE DU PREJUDICE ECOLOGIQUE PLUS
EFFECTIVE
De manière générale, la notion de dommage
écologique demeure encore l'objet de discussion de plusieurs courants
doctrinaux243. En Afrique de l'Ouest, aucun débat juridique
n`a malheureusement jamais été soulevé sur la question de
la détermination du dommage écologique, ni dans le cadre de la
Convention d'Abidjan, ni dans le cadre de la législation des Etats
Parties notamment la Côte d'Ivoire. Cela explique le vide qui existe en
matière de responsabilité civile et de réparation du
préjudice écologique dans cet Etat. Mais ce vide juridique doit
impérativement être comblé pour répondre à
l'urgence d'une protection du littoral ivoirien et surtout contribuer à
l'amélioration de la réparation des dommages causés
à cet environnement sensible.
Le droit ivoirien de l'environnement doit permettre
aujourd'hui une prise en compte des conséquences des atteintes à
l'environnement marin et côtier puisqu'aux préjudices personnels
et subjectifs classiques causés via l'environnement à
l'homme s'ajoutent des préjudices causés directement à
l'environnement en tant que tel. Une inscription dans les lois de l'Etat
ivoirien du préjudice écologique consacrerait une notion
jusque-là uniquement prétorienne. Au vu de l'importance
considérable des enjeux juridiques, économiques et sociaux
sous-tendus par la réparation des atteintes à cet environnement,
il faudra non
242Trib.cor. Paris 16 janvier 2008, JCP
2008, II, 10053, note B.PARANCE; JCP 2008, I, 126 étude
par LECOUVIOUR (Karine) ; Dr.envir. 2008, n°156, Dossier
spécial Erika p.15 à 25; Rev.sc.crim. 2008, p.
344, obs. J-H.ROBERT. C.A Paris, 30 mars 2010, JCPG, 19 avril 2010, n°432,
note LE COUVIOUR (Karine). Le 25 septembre2012, la Cour de cassation, dans sa
formation plénière a confirmé (sur avis non conforme de
l'avocat général)toutes les condamnations, dont celle de Total,
dans cette affaire. Elle est même allée plus loin en jugeant que
legroupe pétrolier était redevable des dommages et
intérêts. V. Arrêt numéro 3439 du 25 septembre 2012,
Chambrecriminelle, Pourvoi numéro : 10-82.938.
243 Voir PRIEUR(Michel), op. cit. pp. 1051- 1052,
pour plus de précisions concernant tous les courants
doctrinauxfrançais sur le concept de dommage écologique.
88
seulement donner une définition opérationnelle
du dommage, mais également clarifier dans ces lois, l'ampleur des
conséquences dommageables susceptibles d'être
réparées. Une nomenclature244 unique mais ouverte des
préjudices réparables pourra être l'instrument
indiqué pour clarifier le domaine de la responsabilité tel
qu'établi par la Convention d'Abidjan et garantir les principes de
réparation intégrale et de sécurité juridique en
matière environnementale sans toutefois remettre en cause les principes
de l'indépendance des juges et de l'individualisation de la
réparation.
La nomenclature est un outil de nature à permettre
à toutes les parties intéressées de tenir le même
discours, d'avoir une connaissance exacte et commune de chaque catégorie
de préjudice. Le dialogue entre personnes et professionnels d'univers,
voire de pays (si tant est que la nomenclature trouve des relais à
l'étranger) différents gagnera donc à son existence. Pour
que cette nomenclature soit opérationnelle, sa mise en oeuvre doit
reposer sur une connaissance approfondie et préalable de l'état
de l`environnement marin et côtier de la Côte d'Ivoire. En effet,
dans le cas de pollutions accidentelles, il est en l'état actuel des
connaissances, souvent difficile de mesurer l'importance de l'atteinte et
d'identifier la mesure de réparation pertinente. La nomenclature incite
en ce sens, à approfondir la connaissance de la riche diversité
biologique du littoral ivoirien.
Sur le plan juridique, la liste souhaitée permettra au
juge de mieux identifier les préjudices réparables et donc d'une
part de statuer plus rapidement245 et d`autre part de mieux motiver
sa décision quant à la réparation du préjudice
né d`une atteinte de la zone côtière du pays. Tout en
permettant de tenir compte des particularités des cas d`espèces,
elle contribuera à l`homogénéisation de la jurisprudence
en matière de réparation des préjudices nés
d'atteintes à cet environnement, et à une plus grande
prévisibilité des préjudices pris en considération.
Elle constitue ainsi un outil au service de la sécurité juridique
et une garantie de l'égalité de traitement des justiciables
(qu'ils soient du côté des intérêts
lésés ou des personnes responsables).
En permettant d'identifier clairement les différents
chefs de préjudice susceptibles d`ouvrir droit à
réparation, et ce faisant en diminuant le double risque de vide ou de
redondance indemnitaire, la nomenclature serait tout à la fois le
vecteur d'une plus grande transparence et cohérence des principes de la
réparation et le gage du respect du principe de la réparation
intégrale246. La nomenclature participera ainsi de l'objectif
de l'article 15 de la convention d'Abidjan consistant à assurer
« la réparation ou l'indemnisation rapide et adéquate
des dommages résultant de la pollution dans la zone d'application de la
convention ».
D'un autre point de vue, la nomenclature pourra nourrir et
consolider l'argumentation des parties, en permettant notamment à
celles-ci de justifier leurs demandes de réparation sur une base claire
et objective et de veiller à ce qu'aucun poste de préjudice ne
soit ni oublié ni invoqué de manière redondante. Parce
qu'elle détaille les différents préjudices susceptibles
244 Schématiquement, la nomenclature se présente
comme une typologie de préjudices structurée autour de
ladistinction entre d'un côté les préjudices traditionnels
causés à l'homme via l'environnement
(préjudicesqualifiés de « subjectifs ») et de l'autre,
les préjudices causés à l'environnement (préjudices
qualifiésd'? « objectifs »). Classé dans l'une ou
l'autre catégorie, chaque préjudice est nommé et
défini précisément, avecle double souci d'éviter
les redondances entre préjudices et d'éventuels vides
indemnitaires.
245 La nomenclature permettra de faciliter le travail des
magistrats chargés de statuer sur des litiges relatifs à
laréparation d'atteintes à l'environnement. Tout en conservant
leur liberté d'appréciation, ceux-ci pourront en effetutilement
se référer à cet outil pour identifier quels sont les
préjudices réparables, ce qui permettra
d'accélérerles procédures de réparation et, par
là même, de réduire le délai pendant lequel les
atteintes à l'environnementperdurent. Pour plus de précision sur
la question voir : L. NEYRET, G. Martin, Nomenclature des
préjudicesenvironnementaux, LGDJ, 2012, 434 p.
246 Dans le sens de sa contribution au respect du principe de
réparation intégrale, la nomenclature pourraits'avérer
utile pour minimiser le risque que ne soit demandé à un
exploitant de réparer plusieurs fois un mêmepréjudice,
qu'elle contribue à clarifier les règles du recours subrogatoire
des tiers payeurs pour les sommesversées en cas d'atteintes à
l'environnement, ou encore qu'elle permette d'harmoniser les mesures de
réparationprononcées par le juge d'un côté et par
l'autorité administrative compétente ( l'exemple de
l'autorité portuaire auCameroun) de l'autre.
89
d'être réparés, cette nomenclature pourra
également faciliter la détermination des personnes justifiant
d`un intérêt à agir en justice.
Pour les exploitants dont l'activité présente un
risque pour le milieu marin et côtier du pays,
l'existence dans la loi d`une liste clairement définie des
dommages à cet environnement, participera d'une meilleure connaissance
de l'étendue de leurs obligations de prévention et de
réparation des atteintes à ces écosystèmes. Les
éclairant sur la nature de leurs risques et leur permettant d'en
anticiper les conséquences financières, la nomenclature les
aidera notamment à affiner le champ de leur couverture assurantielle.
Pour les assureurs, une clarification et une harmonisation du
champ des préjudices réparables en cas d'atteintes à
l'environnement marin et côtier sera un outil déterminant au
service de l`opération d'assurance, qu'il s'agisse de faire le
départ entre les risques assurables et les risques inassurables ou de
commercialiser des produits assurantiels adaptés aux différents
préjudices réparables. Cette prise en charge du dommage
écologique devra enfin conduire les autorités nationales à
imposer une assurance pour couvrir tout dommage à l'environnement marin
et côtier dans le pays. L'assurance financière de la
responsabilité environnementale constitue la manière la plus
efficace, voire la seule à notre sens, de garantir la réparation
effective des dommages.
B- RENFORCER LA RESPONSABILITE PENALE EN MATIERE DE
POLLUTION
Le procès fleuve suite au naufrage de l'Erika a mis en
évidence l'importance du droit pénal en matière de
sauvegarde de l`environnement247. Or, la mise en oeuvre de la
responsabilité pénale du groupe pétrolier était
loin d'être évidente248. Tirant les leçons de
cet événement, les pays européens249 ont
majoritairement revu leur législation pénale afin de mieux
protéger leur littoral contre la pollution250.
Notre pays, qui à l'époque n'était pas
majoritairement un Etat pétrolier, devrait de ce fait renforcer sa
législation pénale en tenant compte de sa
spécificité nationale et surtout pour mettre fin à
certains comportements dans ce pays où l'on rencontre le plus grand
nombre de navires poubelles.
247 Chacun garde en mémoire les images de la terrible
marée noire provoquée par ce pétrolier battant pavillon
maltais qui coula le 12 décembre 1999 au large des côtes du
Finistère. Tenant compte du jeu de déplacement des pouvoirs qui
s`était opéré au fil des années, le jugement rendu
le 16 janvier 2008 dans cette affaire par le Tribunal correctionnel de Paris a
permis de rétablir l`ordre des responsabilités des
différents acteurs intervenus dans la chaîne du transport maritime
d`hydrocarbures. La société Total S.A. a été
reconnue coupable du délit de pollution des mers.
248 Affaire Erika op. cit.
249 Depuis le naufrage de l'Erika et du
Prestige, le dispositif pénal français applicable aux
pollutions des mers a été modifié à trois reprises
dans le sens d'un renforcement de la répression : par la loi n°
2001-380 du 3 mai 2001 relative à la répression des rejets
polluants des navires, JO n° 104 du 4 mai 2001, par la loi n°
2004-204 du9 mars 2004, dite loi Perben II portant sur l'adaptation de la
justice aux évolutions de la criminalité, JORF n°59 du 10
mars 2004 et enfin par la loi n° 2008-757 du 1eraoût 2008 relative
à la responsabilité environnementale et à diverses
dispositions d'adaptation au droit communautaire dans le domaine de
l'environnement, promulguée et publiée au Journal Officiel
n°0179 du 2 août 2008.
250 Le Code de l`environnement français distingue
désormais aux articles L.218-11 et L.218-19 deux types de rejets
illicites d`hydrocarbures à partir des navires susceptibles de toucher
le milieu marin : les rejets volontaires en infraction aux règles de la
convention internationale pour la prévention de la pollution par les
navires faite à Londres le 2 novembre 1973, dite convention MARPOL, et
les rejets involontaires consécutifs à un accident de mer, par
référence à la convention de Bruxelles du 29 novembre 1969
sur l`intervention en haute mer en cas d`accident entraînant ou pouvant
entraîner une pollution par hydrocarbures. Mais ces conventions ont
été adoptées il y a plusieurs décennies et
s`avèrent aujourd`hui insuffisantes.
90
Les sanctions pénales prises dans le cadre de
cerenforcement souhaité dans le pays, en raison de la fonction
dissuasive attachée aux peines d`amendes ou d`emprisonnement,
traduiraient avec plus de force la désapprobation de la
société face aux comportements des « voyous de la
mer»251 responsables de dégazages sauvages ou bien
d`insupportables marées noires. Elles participeraient à la
prévention des dommages causés au littoral, renforçant la
cohérence des mesures législatives existantes
jusque-là.
Concrètement, l'épicentre de la
responsabilité pénale devra se concentrer toujours autour du
navire-pollueur mais le cercle des personnes pénalement responsables
pourra s'élargir. Traditionnellement, cette responsabilité est
canalisée sur le capitaine ou le responsable à bord. Ce
renforcement pourrait améliorer le système en étendant le
champ d'application des incriminations. Dans ce cas elles pourront viser de
façon générale différentes personnes physiques et
morales sans distinguer entre les rejets volontaires et involontaires
d'hydrocarbures.
Ainsi, ce renforcement pourrait prévoir par exemple la
responsabilité pénale des personnes morales dès lors que
le rejet illicite d'hydrocarbures a été commis pour le compte de
celle-ci par un de ses organes ou représentants. Après
l'élargissement du cercle des personnes responsables, la reforme pourra
également renforcer considérablement les peines applicables.
Ainsi incriminant les pollutions intentionnelles par hydrocarbures,
c'est-à-dire celles qui contreviennent aux interdictions posées
par l'annexe I de la convention MARPOL relative aux contrôle des rejets
d'hydrocarbures252, le législateur ivoirien devra durcir les
sanctions sur la base de la nature et de la taille du navire. Suivant cette
réforme, le législateur ivoirien pourra enfin envisager une peine
complémentaire qui peut s'avérer efficace : la
sanction-réparation. Le juge répressif pourrait donc ordonner aux
pollueurs des mers de faire remettre en état les zones
côtières qu'ils ont dégradées, à titre de
sanction. Cette approche qui n`existe pas encore dans notre législation
constituerait une innovation et un instrument efficace pour la
sécurité de la zone côtière de la Côte
d'ivoire.
La réponse pénale aux pollutions marines offre
d`intéressantes perspectives, notamment grâce à la
consécration du dommage écologique pur comme critère de
répression. L`environnement est en effet pleinement devenu au fil des
réformes de ces dernières années une valeur
pénalement protégée. Mais encore faut-il que ces
réformes puissent être applicables et réellement
appliquées.
251 BUCHET (Christian): Les voyous de la mer, Ed. Ramsay, Paris
2003.
252 La convention MARPOL envisage des zones spéciales
MARPOL correspondant à des mers
particulièrementvulnérables telles que la
Méditerranée, la Manche, la mer Baltique ou la mer Noire, et des
zones de droitcommun. Par exemple, dans le cadre du droit commun, les rejets en
provenance des espaces à cargaison despétroliers
(navires-citernes) sont interdits, sauf s'ils respectent certaines conditions
très strictes, notammentd'éloignement des côtes. De
même les rejets des cales de la tranche des machines de ces
navires-citernes sontinterdits, sauf si le navire fait route, qu'il utilise un
matériel de filtrage des hydrocarbures et que la teneur enhydrocarbure
ne dépasse pas un seuil déterminé. Pour plus de
détails sur les règles applicables, cf. GUIHAL (D.), Droit
répressif de l'environnement, Économica, 3ème
édition, 2008, pp. 360-361.
91
SECTION II : LA MISE EN PLACE D'UNE NOUVELLE STRATEGIE
D'INTERVENTION JURIDIQUE SUR LE LITTORAL
La protection du littoral nécessite une conciliation
entre les exploitations et la rationalisation des exploitations de toutes
sortes qui peuvent s'y faire. M. KACEMI Malika dira « les fortes
interactions qui existent entre ces activités253 et
l'environnement côtier impliquent un aménagement rationnel et
respectueux qui réussisse à concilier les domaines
économiques et écologiques »254.
Il est donc indispensable dans la volonté et dans
l'action , en plus du renforcement proposer dans la Section I, de repenser la
stratégie d'intervention sur le littoral quel que soit les acteurs
concernés entrant ainsi dans le cadre général de la
gestion intégrée que la Côte d'ivoire essaie avec plus ou
moins de succès d'atteindre.
Il s'agirait de la mise en place d'une nouvelle
stratégie qui se focaliserait sur une nouvelle politique
législative, car comme nous le savons, le littoral est un milieu
stratégique pour le développement économique de la
Côte d'ivoire et si l'on pense pouvoir le protéger c'est en tenant
compte de ses potentialités d'où ce changement de
stratégie.
Ainsi, il serait impérieux d'élaborer ou de
redéfinir les instruments de planification et d'aménagement en
faveur de la zone côtière (Paragraphe I). Mais plus utile encore,
et ce, au regard des expériences réussies ailleurs, il serait
nécessaire d'adopter une loi dédiée à la protection
du littoral ivoirien (Paragraphe II).
PARAGRAPHE I : L'ELABORATION ET/OU LA REDEFINITION DES
INSTRUMENTS DE PLANIFICATIONET D'AMENAGEMENT EN FAVEUR DE LA ZONE
COTIERE
Le constat est clair, certains des outils de gestion et
protection que nous avons étudié sont soit assez
inopérants, obsolètes, souffrent de problèmes de mise en
oeuvre etc. Il ne s'agit donc pas de faire une critique simple de l'arsenal de
protection mais d'y apporter une modeste contribution afin de rendre effective
la protection de ce littoral. Cela passe donc par une stratégie
d'aménagement et de planification durable (A) mais aussi par la mise en
place et la multiplication des aires marines protégées (B).
A- UNE STRATEGIE D'AMENAGEMENT ET DE PLANIFICATION
DURABLE255
Pour bien gérer un espace et assurer sa
durabilité, il faut d'emblée planifier et rationaliser son
aménagement. Il est certain que l'apport des instruments
d'aménagement est indiscutable,dans
253Les différentes activités qui
s'exercent sur le littoral.
254in « protection du littoral algérien
entre politique et pouvoir locaux : le cas d'Arzew »,
résumé,
www.vertigo.uqam.ca/no/7
no3/art 22vol7no3/frame article.html
255 JOUINI (Ezzedine), la protection de l'environnement
côtier en Tunisie, Master, droit de l'environnement et de
l'urbanisme, 2005, faculté de droit et des sciences
politiques, Tunis, voir le lien :
http://www.memoireonline.com/12/07/740/m
protection-environnement-cotier-tunisie40.html
92
la tache d'évaluation en amont des impacts
environnementaux des activités polluantes et des ouvrages sur les
espaces côtiers.
1- La mise en oeuvre de la stratégie à travers les
documents d'urbanisme
Ainsi, les modes d'aménagement et de planification
ayant dominé les choix stratégiques sur ces espaces se sont
orientés vers le développement des secteurs économiques
clé à savoir le tourisme, l'industrie et l'agriculture.
Par ailleurs, cette approche innovante a tenté et dans
un souci d'atténuer les impacts directs et indirects de l'implantation
des unités industriels et touristiques sur les côtes, de
poursuivre un aménagement respectueux de l'environnement. En effet, la
localisation des zones industrielles et touristiques et des installations
portuaires doit prendre en considération l'équilibre
écologique et la qualité du milieu dans ces zones fragiles. Un
diagnostic sur l'état de l'environnement côtier
révèle une situation de dégradation engendrée par
les phénomènes d'érosion et de pollution qui ne cesse de
s'accroître par l'effet d'un aménagement irrationnel .Par
ailleurs, les documents d'urbanisme vont désormais, constituer
l'instrument privilégié pour la mise en oeuvre d'une
stratégie de protection durable. « Par ailleurs, les schémas
directeurs et les plans d'occupation des sols doivent prévoir des
coupures d'urbanisation ou des espaces naturelles... »256.Les
plans d'aménagement et d'urbanisme sont les documents d'urbanisme
réglementaire par excellence, ils constituent des outils pertinents pour
le maintien des équilibres écologiques et biologiques des
côtes. Les autorités publiques locales sont tenues de faire
respecter les normes environnementales contenues dans les documents
d'urbanisme. « Il est évident, donc, qu'en matière
d'urbanisme sur le littoral la décentralisation s'arrête
théoriquement là où commence la protection de
l'environnement, les communes sont donc, limitées dans leurs choix
concernant l'exploitation du littoral. Et il ne peut être porté
atteinte à l'état naturel du rivage de la mer...
»257 .
La première solution à conseiller, dans la mise
en oeuvre de cette stratégie de protection, surtout aux côtes
encore non aménagées ou très faiblement occupées
.C'est la délimitation du DPM.,opération déjà
réalisée en Tunisie. Mais l'effort à déployer quant
à la distance à garder par rapport au rivage de la mer ou comme
il est recommandé d'instituer des coupures d'urbanisation
présentent des remèdes efficaces à la situation fortement
dégradée des espaces côtiers.
2- L'aménagement des espaces naturels
protégés
Pour permettre une véritable valorisation du littoral
et des zones côtières,il est nécessaire qu'un travail de
reconquête et de réhabilitation soit entrepris dans les espaces
naturels qui présentent une richesse biologique et paysagère.
Ceci peut être réalisé par la mise en place des
256ROMI (Raphael) «Droit et administration de
l'environnement» P .342 257 Ibidem
93
instruments de planification et d'aménagement
adéquats, la création des zones sensibles littorales des espaces
naturels à protéger répond, comme il a été
analysé précédemment, à des exigences
d'intérêt national tenant à leur mission de protection de
la nature côtière et à celle d'amélioration des
conditions de vie des citoyens dans les zones côtières. Par
ailleurs, cette tendance vers une approche nouvelle de la gestion de l'espace
côtier et de sa valorisation économique et sociale en tant que
patrimoine naturel à protéger, doit préalablement prendre
en considération les exigences des intérêts locaux car ces
espaces sont institués sur des portions du territoire où les
populations locales notamment les pêcheurs, les plaisanciers, et les
usagers du domaine public maritime,... ont acquis certains droits (pêche,
aquaculture, activités de plaisance...).
Ainsi, ne sont autorisées sur ces espaces sensibles que
les aménagements qui peuvent avoir pour objet la conservation ou la
protection de ces espaces et ces milieux. En effet,les plans
d'aménagement urbain doivent classer les parcs , réserves marines
et tout espace naturel côtier en interdisant toutes les opérations
d'aménagement qui portent atteinte à l'équilibre de son
écosystème et ses paysages .
Ils ressentent dans l'interdiction de certaines
activités ou dans la délimitation des zones à l'usage
public et la création de ces espaces (parcs marins, réserves
marines, sites culturels ou archéologiques à protéger)
comme un gel du territoire et ont l'impression d'être les victimes d'une
injustice puisqu'ils font seuls les frais d'une opération
destinée à protéger le capital nature du pays.
C'est pourquoi, l'implication de la population et du citoyen
dans la gestion de ces espaces côtiers fragiles est une condition
nécessaire pour solutionner les conflits d'intérêts des
différents intervenants et acteurs publics et privés. Ceci ne
peut être atteint qu'à travers la consécration juridique
d'une large concertation et d'un processus participatif. Or, le droit de la
gestion des zones côtières en Côte d'ivoire se
démarque de cette schématique puisqu'il se caractérise par
la marginalisation du rôle des associations et par l'exclusion des
populations locales dans la prise des décisions dans ces espaces
sensibles,seuls en principe peuvent être installés des
équipements légers nécessaires à leur mise en
valeur ou à leur ouverture au public. Heureusement que l'Etat a compris
qu'il faut les associer.
Par ailleurs, les documents d'urbanisme et de planification
doivent prendre en considération l'intérêt
écologique et paysager de ces espaces côtiers rares et
sensibles.
B- LA MISE EN PLACE ET MULTIPLICATION DES AIRES MARINES
PROTEGEES
Les aires marines protégées (AMP) sont des zones de
protection à statut variable.
Elles abritent les richesses naturelles mondiales et
jouissent, à ce titre, d`une haute valeur symbolique. Le Congrès
mondial de la conservation258 en donne la définition suivante
: « Tout espace intertidal259 ou infratidal ainsi que ses
eaux sus-jacentes, sa flore, sa faune et ses
258 Congrès mondial de la conservation 13-23 octobre 1996
Montréal, Canada. Voir les résolutions et recommandations sur le
site :
http://cmsdata.iucn.org/downloads/wcc
1st french.pdf; voir aussi Le congrès mondial des aires marines
protégées, Geelong - Australie - 24 au 28 novembre 2005, p.2 sur
le site :www.uicn.fr/IMG/pdf/UICN France - enseignements de
Geelong.pdf
259 Intertidal désigne la zone côtière
entre la basse mer moyenne et la pleine mer moyenne, espacealternativement
couvert et découvert par les marées. Infratidal désigne un
substrat continuellement émergé.
94
ressources historiques et culturelles que la loi ou
d'autres moyens efficaces ont mis en réserve pour protéger en
tout ou en partie le milieu ainsi délimité ». La
fonction initiale des AMP consistait à protéger et «
mettre sous cloche » un site remarquable, unique par sa
biodiversité et son esthétique, et dans une moindre mesure, par
son patrimoine culturel. Mais cette vocation première que nous pourrions
qualifier de « contemplative », était le fruit d`une
représentation scientifique assez fragmentaire de la gestion de la
nature, aujourd`hui largement dépassée260.
La coopération internationale est ici fondamentale,
surtout dans les rapports nord-sud. La mise en place et la multiplication des
aires marines protégées au cours des vingt dernières
années261, apparaît comme l`un des fruits de cette
reprise de conscience environnementale amorcée lors de la
conférence des Nations Unies de Stockholm, le 16 juin 1972.
Elle serait par conséquent, un outil indispensable
à la protection de l'environnement marin et côtier. C'est pourquoi
l'état et les collectivités devraient donc se mobilisées
pour la création de grand réseaux nationaux d'aires marine
protégées.
1- Un outil indispensable à la protection de
l'environnement marin et côtier
Les groupes de pression environnementaux relayés par
des responsables politiques et des écologistes militent intensivement
pour la généralisation de la création d`aires marines
protégées (AMP) censées couvrir à terme 20 à
30% de la surface maritime.
Ce mouvement général a trouvé son
expression dans les recommandations du Sommet Mondial pour le
Développement Durable de Johannesburg (2002) relayé par le
Congrès sur les Parcs de Durban (2003) avec la recommandation
d`établir avant 2012 un système mondial de réseaux d`aires
protégées marines et côtières.
L`expression détaillée de ces recommandations
souligne les objectifs assignés à ces aires, la nécessaire
association de tous les « porteurs d`enjeux », y compris les
communautés locales, aux différentes étapes (de la
conception au partage des avantages) par des processus de participation et met
ainsi en lumière la démarche juridique de la gouvernance.
a- Les objectifs des aires marines
protégées
Les AMP figurent aujourd`hui parmi les outils les plus
pertinents de protection de l`environnement marin et côtier, de
conservation de la biodiversité marine et de gestion des ressources
naturelles. Au-delà de cet enjeu écologique, les AMP sont
considérées comme des sphères territoriales
cohérentes susceptibles de participer à des degrés divers
au développement des populations vivant à proximité de la
zone protégée et au-delà. L`amélioration des
conditions de vie des résidents et le maintien de leurs activités
sont indissociables de la garantie de ressources marines et
côtières pérennes.
260 La principale évolution des AMP, depuis les
années 1970, est la forte expansion du nombre de territoires
classés et leur élargissement inévitable à des
espaces occupés et utilisés par l`homme. La prise en compte de la
dimension socio-économique des AMP est relativement récente et
intervient timidement au début des années 1980 dans le sillage du
programme sur l'Homme et la Biosphère de l'UNESCO, qui est un instrument
novateur. Ce dernier cherche à développer un réseau
mondial d`aires protégées, tout en considérant l'Homme
comme partie intégrante de son environnement et non plus exclu des
schémas classiques de préservation.
La réflexion autour de la thématique des aires
protégées s'appuie sur les travaux des instances internationales
de protection de l'environnement. L'aspect récurrent des grands
problèmes environnementaux suppose une action concertée et
multilatérale.
261 Plus 1300 AMP sont recensées à l'heure
actuelle à travers le monde et la majorité d'entre elles sont
situées dans les pays du « sud ».
95
Dans les années à venir, au regard de la
conservation de la diversité biologique et de son utilisation durable,
le cheminement de la Côte d'Ivoire aura évolué de
manière à réaliser sa vision globale de la
diversité biologique qui est la suivante :
« À l'horizon 2025, la diversité
biologique de la Côte d'Ivoire sera gérée de manière
durable, en vue de l'équilibre des écosystèmes, de
l'amélioration de la qualité de vie des populations actuelles et
de la préservation de l'héritage des générations
futures, en tenant compte de la dynamique sous-régionale et des
dimensions régionale et mondiale ».262
C'est pourquoi , la conservation de la diversité
biologique en relation avec la gestion des Eaux et des Zones Humides a pour
unique objectif d'améliorer la gestion des eaux et des zones humides par
des orientations portants sur l'amélioration des connaissances,
l'exploitation rationnelle et le renforcement des capacités relatives
à la gestion des eaux et des zones humides263.
b- Le cadre juridique régissant les aires marines
protégées
Dans l'ensemble des pays Méditerranéens,
notamment du sud264 et ceux du Golfe de Guinée, on constate
l`absence d`un cadre juridique spécifique aux aires marines
protégées. Le statut juridique de ces dernières se
retrouve, de manière systématique, au sein des dispositions
relatives aux aires protégées. C'est le cas de la Côte
d'ivoire265 qui est un état-membre de l'Organisation maritime
internationale (OMI)266. Cette organisation a contribué
à l'écriture et à la mise en oeuvre de plusieurs
conventions internationales de portée mondiale, dont plusieurs ont un
intérêt pour la protection d'aires marines.
Elle propose d'ailleurs, depuis le début des
années 2000 la mise en place d'un concept « d'Aire marine
particulièrement sensible » (AMPS) reconnaissant l'importance
écologique de zones d'intérêt majeur afin que les
transporteurs maritimes les évitent ou prennent des précautions
particulières à l'égard de leur
biodiversité267.
En plus, les réformes les plus récentes semblent
opter pour un cadre spécifique.
La politique des aires marines protégées
menée par le Canada est dans ce contexte la plus séduisante. Le
gouvernement du Canada a adopté une loi sur les océans en 1997
qui fournit lecadre de gestion de la mer. En 2005, le gouvernement a
lancé son Plan d'action pour les océans et la mise en place d'un
réseau fédéral canadien d'aires marines
protégées. Le gouvernement canadien a ainsi diversifié ses
outils de protection du milieu marin, à partir detrois programmes
principaux :
- Les zones de protection marines établies pour
protéger et conserver les habitats importantspour les poissons et les
mammifères marins, les espèces marines menacées, les
élémentsuniques et les zones de forte productivité
biologique ou de grande biodiversité.
- Les réserves marines de faune créées
pour protéger et conserver les habitats de diversesespèces
sauvages y compris les oiseaux migrateurs et les espèces
menacées.
262MINISTERE DE L'ENVIRONNEMENT ET DU CADRE DE VIE,
Stratégie Nationale de conservation et d'utilisation durable de la
diversité biologique de la Côte d'Ivoire, consultable sur le site
:
https://www.cbd.int/doc/world/ci/ci-nbsap-01-fr.pdf
263 Ibidem
264 Voir le site :
http://www.aires-marines.fr/Documentation/Dossier-de-presse-Aires-marines-protegees-de- Mediterranee/Dossier-de-presse-Aires-marines-protegees-de-Mediterranee-10-2013
P.14
265Loi n° 2002-102 du 11 février 2002
relative à la création, à la gestion et au financement des
parcs nationaux et des réserves naturelles. Cette loi est
téléchargeable sur :
http://ci.chm-cbd.net/implementation/loi-code-decrets-et-textes-sur-lenvironnement/loi-2002-102.pdf
266 Supra P.50
267
http://fr.wikipedia.org/wiki/Aire
marine prot%C3%A9g%C3%A9e
96
- Les aires marines nationales de conservation
créées pour protéger et conserver des exemples
représentatifs du patrimoine naturel et culturel marin du Canada pour
permettreau public de connaître et d'apprécier ce patrimoine.
La Côte d'ivoire devrait alors, en fonction du contexte
national, s'interroger sur l'opportunité
d'un cadre juridique unique et spécifiques aux aires
marines protégées à l'instar de la Tunisie qui s'est
doté d'une Loi relative aux aires marines et côtières
protégées268.
La loi devrait viser à la préservation de la
nature et de la biodiversité dans les milieux marins et côtiers et
à l'utilisation de leurs ressources naturelles dans le cadre du
développement durable, et ce, par la création d'aires marines et
côtières protégées.
Au sens d'une telle loi on pourrait entendre par les aires
marines et côtières protégées : les espaces
désignés par la loi, en vue de protéger les milieux
naturels, la flore, la faune, les écosystèmes marins et
côtiers présentant un intérêt particulier d'un point
de vue naturel, scientifique, instructif, récréatif, ou
éducatif ou qui constituent des paysages naturels remarquables devant
être préservés.
2- Le devoir de mobilisation de l'Etat et des
collectivités locales pour la création de grands réseaux
d'aires marines protégées
Des recherches récentes montrent que les diverses AMP
sont liées et s`étendent sur des distances considérables.
Les conséquences de ces phénomènes sont telles que des
mesures de protection limitées à une seule aire seraient
inefficaces car elles ne tiendraient pas compte des liens très
serrés entre ces deux écosystèmes. En effet,
au-delà de la volonté politique de protéger de grands
espaces marins se posent les problèmes de la protection et de la
multiplication des petites aires marines protégées.
Trop souvent, elles n`occupent qu'une superficie
dérisoire et rendent inefficace toute mesure de protection. En pratique,
cela signifie que les aires marines protégées doivent être
organisées en réseaux et que l'Etat qui les met en place se doit
de collaborer avec les autres acteurs.
L'amélioration de la politique de l'Etat de Côte
d'ivoire en faveur d'aires marines protégées passe d'abord par la
mobilisation de tous les acteurs concernés par la mer et ensuite par un
certain nombre de mesures à mettre en oeuvre dans le cadre des Plans
Nationaux d'Actions pour la biodiversité marine. Les plans nationaux
d'actions seront une application des stratégies nationales de
développement durable et des stratégies nationales de
biodiversité qui malheureusement ne consacrent que peu de place à
la mer alors que celle-ci constitue une source de développement
considérable avec l'une des plus grandes biodiversités de la
planète.
Il existe par ailleurs une prise en compte variable de la
problématique d`implicationde la population dans le processus de
création des aires protégées par les pays de la
sous-région. De manière générale, la Guinée
Bissau269 est souvent citée comme le pays le plus
avancé en la matière.
La Côte d'ivoire pourrait, à partir de ces
exemples concrets, réfléchir à l`introduction de certains
mécanismes dans son ordre juridique interne.
268Loi n° 2009-49 du 20 juillet 2009, relative
aux aires marines et côtières protégées, consultable
sur :
http://faolex.fao.org/docs/pdf/tun93196.pdf
269 D.OUADÉ, 2008 - PIanos de Gestâo dos dois
parques: PNO e PNMJVP. Bissau, UICN. D. QUADÉ, 2008 -Projet politique et
fonctionnement juridique d'une aire marine protégée. La
Réserve de biosphère de l'archipelBolama Bijagos.
CONSDEV Document de travail /\VP4/0S, Bissau, UICN/Université de
Perpignan, 44 p.
97
Aujourd`hui, ce qui semble manquer dans ce domaine, ce n`est
pas tant les mécanismes d`implication des populations dans la gestion
des aires marines protégées mais la reconnaissance officielle de
leurs rôles au sein de la norme juridique interne. Par exemple, seuls le
Gabon270 et la Guinée Bissau271 reconnaissent de
manière formelle la place et le rôle des comités de gestion
dans le processus de gestion des aires protégées. Il serait alors
judicieux que l'Etat de Côte d'ivoire envisage, selon les modes
d'implication des populations mis en place, unereconnaissance plus formelle du
rôle des populations dans la gestion des aires marines
protégées.
C'est donc dans ce cadre de l'implication des acteurs à
l'appropriation de la notion d'Aires Marines Protégées que le
Ministère de l'Environnement, de la Salubrité Urbaine et du
Développement Durable a organisé un Atelier à l'attention
des populations, des collectivités territoriales et des ONG, le Mercredi
27 Août 2014 à Aboisso. Cet Atelier a permis d'informer et de
sensibiliser les parties prenantes au concept d'Aires Marines
Protégées, en vue de leur adhésion aux projets de
création d'Aires Marines Protégées en Côte d'Ivoire.
Le réseau ivoirien d'Aires Protégées estimé
à 2 millions d'hectares, soit 6, 5% du territoire national,
représente un bon échantillon des écosystèmes du
pays. Cependant, il ne couvre pas le domaine marin qui regorge pourtant une
biodiversité importante nécessaire à la vie des
populations272.
Heureusement que les populations côtières ont,
pour leur part, marqué leur engagement à accompagner ce processus
de création des Aires Marine Protégées. Ainsi, pour NANAN
ADOUA Kakou, Chef du Village d'Eplemlan/Sous-préfecture d'Adiaké,
participant à cet atelier : « Ce sont les aspects
socioéconomique et culturel qui suscitent notre intérêt.
Tout ce qui peut nous permettre d'avoir un pan de développement nous
intéresse ». Au cours de cet atelier plusieurs présentations
suivies d'échanges ont permis aux populations, aux collectivités
locales et aux représentants des ONG intervenant dans ce domaine,
d'être formés sur le concept d'Aires Marines
Protégées, ainsi que leur apport dans la gestion durable de
l'environnement et des ressources halieutiques.
A partir de là, il faudra donc qu'un cadre juridique en
faveur des aires marines protégées afin de leur donner toutes
leur place dans la protection du littoral.
Mais il semble qu'au-delà des législations
sectorielles, ce serait un véritable renouveau législatif si de
manière globale une loi venait à régir tout le littoral.
D'où la nécessité d'adopter une loi dédié
à la protection du littoral ivoirien.
PARAGRAPHE II : LA NECESSITE D'ADOPTER UNE LOI DEDIEE A
LA PROTECTION DU LITTORAL IVOIRIEN
Il est bien connu que nul autre que le droit dans son grand
ensemble et le législatif en particulier peut mieux protéger un
milieu naturel comme le littoral. La difficulté avec notre pays est
qu'il n'existe pas de règles juridiques à défaut d'un
corpus pertinent qui entoure le littoral dans son ensemble. C'est cela qui nous
fait penser que la Côte d'ivoire dans sa protection de son littoral doit
rajouter un élément juridiquement pertinent dans son
ordonnancement et qui se matérialiserait par la promulgation d'une loi
spécifique à ce milieu qu'on pourrait appeler loi relative
à l'aménagement et la gestion durable du littoral. Ainsi, est-
270 BOUKAMBA MAVANDJI(H.), 2003, Contribution à
l'étude de la problématique économique del'exploitation et
de la préservation des forêts. Mémoire pour l'obtention du
diplôme d'administrateurEconomique et Financier, IEF, Libreville, p.
34.
271D. QUADÉ, 2008, op. cit., p. 39
272 Voir le site du MINESSUD, Atelier National sur la
biodiversité marine
http://www.environnement.gouv.ci/actualite.php?rd=199
98
il bon de résumer ce qui pourrait être le
contexte ou l'exposé des motifs de cette loi (A) et lui proposer un
contenu (B).
A- LE CONTEXTE DE CETTE LOI OU EXPOSE DES MOTIFS
Comme nous l'avons montré et démontrer dans la
première partie de notre travail, la cote d'ivoire est dotée d'un
cadre juridique protecteur de son littoral mais celui reste insuffisant.
En effet, l'absence de textes spécifiques en
matière de protection du littoral est un réel problème de
l'exploitation abusive des ressources. A l'exception des textes internationaux
et régionaux, aucun texte législatif ou réglementaire du
droit interne ivoirien ne régit le domaine du littoral. Tous les textes
qui pourrait y référer sont des textes aux compétences
globale pour certains, c'est -à- dire qui régissent la protection
de l'environnement dans son ensemble, et pour d'autres textes ne prennent en
compte qu'une partie du littoral et non de façon particulière le
domaine du littoral.
Compte tenu de la fragilité du littoral et de sa
vulnérabilité face aux effets négatifs des changements
climatiques d'une part, et la nécessité d'un développement
économique et social d'autre part, la cote d'ivoire se doit de relever
le défi d'une gestion intégrée du littoral ? Il s'agit
d'assurer l'équilibre entre son exploitation et sa protection, pour que
le littoral conserve son intégrité et ses fonctions essentielles
de lieu de résidence, de production et de divertissement. Cet espace
exigu à une grande importance commerciale (accès à la
navigation, exploitations touristiques, installations industrielles et
portuaires). A la fois zone de peuplement humain et réservoir
d'activités économiques, le littoral abrite un patrimoine
environnemental varié comprenant flore et faune, paysage et sites
naturels tels que les falaises, dunes et zones humides.
Pour cela, les autorités compétentes doivent
prendre toutes les mesures nécessaires , y compris la validation et
l'encadrement des initiatives des populations et acteurs de proximité ,
pour prévenir, réduire, combattre et maitriser leurs effets
dommageables dans la zone du littoral. Cela exige une politique qui
nécessite d'importants moyens organisationnels, dont l'instrument
législatif est la quintessence.
C'est fort de ce constat que l'état de cote d'ivoire
devrait prendre l'engagement d'élaborer et d'adopter une loi qui
pourrait être un instrument de codification d'une gestion
intégrée des zones côtières en complément des
autres codes déjà existants. Heureusement que une initiative
avait été déjà prise dans ce sens et cela c'est
confirmé par un atelier de validation d'un avant-projet de loi sur le
littoral ivoirien qui s'est tenu à la caisse de retraite par
répartition avec épargne de l'union monétaire ouest
africain (CCRRAE-UMOA) au plateau - Abidjan les 27 et 28 novembre 2014 . Le
thème de cet atelier organisé par le ciapol était
intitulé : « protection du littoral ivoirien : urgence pour
l'adoption d'une loi ».
99
B- LE CONTENU DE LA LOI
C'est à travers les buts recherchés ou les
objectifs et les champs d'application que nous pourrons comprendre le contenu
de cette loi.
1- Buts recherchés
Les buts devraient refléter une volonté de
développement durable : Innovation : "la mise en oeuvre d'un
effort de recherche et d'innovation portant sur les particularités et
les ressources du littoral" ; Préservation de l'environnement :
"la protection des équilibres biologiques et écologiques, la
lutte contre l'érosion, la préservation des sites et paysages et
du patrimoine" ; Pérennité d'une économie aquatique
: "la préservation et le développement des activités
économiques liées à la proximité de l'eau, telles
que la pêche, les cultures marines, les activités portuaires, la
construction et la réparation navales et les transports maritimes" ;
Pérennité d'une économie non aquatique : "le
maintien ou le développement, dans la zone littorale, des
activités agricoles ou sylvicoles, de l'industrie, de l'artisanat et du
tourisme".
C'est dans ce sens d'ailleurs que le présent
avant-projet de loi qui vise a doter la cote d'ivoire d'une loi relative
à l'aménagement et à la gestion durable du littoral a
été orienté avec pour objectifs de :
Mettre en place un cadre pour l'aménagement durable du
littoral ; Maintenir les équilibres environnementaux, préserver
l'intégrité des sites des paysages et luter contre
l'érosion côtière ; Preserver et développer les
activités économiques maritimes, telles que les pêches, les
activités portuaires, la construction et la répartition navale,
les transports maritimes ; Maintenir et développer les activités
sylvicoles, industrielles, artisanales et hôtelières ;
Réaffirmer sans équivoque le principe pollueur-payeur qui
consacre la prise en charge par le responsable, du cout des mesures
nécessaires ainsi que les frais générés par la
participation des acteurs locaux à la réhabilitation des sites en
cas de pollution.
L'avant-projet pourrait être structuré en huit
chapitres :
Le premier chapitre pourrait traiter des dispositions
générales, des définitions, du champ d'application et des
principes généraux de protection du littoral ; Le chapitre 2
traitera des instruments de protection du littoral ; Le chapitre 3 quant lui
pourrait se pencher sur la gestion intégré du littoral, aborder
les obligations des acteurs du littoral et parler des structures de gestion
à mettre en place ; Le chapitre 4 traitera de l'aménagement et la
valorisation du littoral ; Le chapitre 5 pourrait voir les mesures de
protection ; Le chapitre 6 pourrait traiter des dispositions préventives
et pénales. Il parle des agents chargés de la constatation des
infractions et du recours à la force publique ou à la justice ;
Le chapitre 7 lui parlera des dispositions transitoires ; Enfin le chapitre 8
sera réservé aux dispositions finales.
100
2- Le Champs d'application
La loi littorale est la manifestation de la volonté
d'une gestion intégrée dudit milieu et symbolise la prise de
conscience au niveau le plus élevé de la question du littoral
parce que, celle-ci ne fait pas l'objet d'une attention particulière et
la mise sur pied d'une telle loi aurait donc l'avantage de regrouper autour
d'un même texte toutes les dispositions fragmentaires et éparses y
relatives, toutes autant qu'elles concernent le littoral. L'adoption de ce type
de loi par nombre de pays tel que la France avec la loi n° 86-2 du 3
janvier 1986 ou encore e ceux qui l'ont en projet (pays du pourtour de la
Méditerranée) ne peut laisser perplexe et permet de comprendre
déjà l'enjeu stratégique de cette loi. Elle marque la
nouvelle tactique, fondée sur une gestion intégrée des
zones côtières, dans un cadre législatif et
institutionnel.
Comment l'amélioration de la protection du littoral
peut-elle être faite ?
Donnons la parole au rapport Marocain de la cellule du
littorale273de juillet 2006 qui nous parait très explicite
sur la question et dit qu'elle :
« crée une contrainte réglementaire que les
autres intervenants institutionnels doivent prendre en considération
dans les projets qui touchent le littoral », en énonçant
« les principes de base qui doivent régir la politique de mise en
valeur et de protection du littoral qui concilie entre les
intérêts des usagers et l'intérêt
général » toute en s'assignant « 4 objectifs majeurs :
la protection des équilibres naturels et des sites sensibles ; le
contrôle des activités économiques qui doivent
nécessairement être installées à proximité du
littoral; la promotion d'une politique de dépollution des sites
déjà gravement atteints par les rejets domestiques, touristiques
et industriels, l'amélioration des conditions d'accès à la
mer » . Elle devra en plus « définir les dispositions
réglementaires et procédurales liées aux mécanismes
et aux instruments de mise en oeuvre de la politique de gestion
intégrée des zones côtières. Elle devra fournir une
base juridique au Schéma National de Mise en valeur du littoral et aux
schémas régionaux de protection et ... préciser les
structures de mise en oeuvre et de coordination de la politique de gestion
intégrée du littoral. »
Aussi dans le cadre de la résolution du problème
de la coordination elle devra en particulier : « clarifier la
répartition des compétences entre les différents
départements ministériels qui interviennent dans la gestion du
littoral » ; elle devra encore renforcer la présence du MINESUDD
« dans les différentes commissions qui instruisent les plans
d'occupation des sols et les commissions qui délivrent les autorisations
de lotir et de construire pour des projets à proximité du
littoral, en lui accordant le droit de donner des avis préalables »
; et finalement créer l'organe « nationale de protection du
littoral tout en précisant ses missions, ses attributions, ses
structures administratives », ses modalités de fonctionnement
etc
Ce rapport semble si clair dans ses propositions qu'il nous
paraît opportun que la Côte d'ivoire s'approprie ses dispositions
concernant la loi littorale, et surtout mette tout en oeuvre pour que ce ne
soit pas un instrument de plus qui fera partie de l'ordonnancement juridique et
qui finirait dans un coffre. D'où la nécessité de garantir
son application effective.
En plus du renouveau législatif qu'il faille mettre en
oeuvre par l'adoption d'une loi dédiée au littoral, il faut aussi
pour la protection du littoral en Côte d'ivoire penser à
l'amélioration du cadre politique.
273Rapport Marocain de la cellule du littorale de
juillet 2006, p. 37-40
101
CHAPITRE II : L'AMELIORATION DU CADRE POLITIQUE
On pourrait entendre par cadre politique l'ensemble des
politiques et stratégies mise en oeuvre par les pouvoirs publics pour
atteindre des objectifs définies. Ainsi, fasse aux insuffisances
constatées et décelées, il revient aux pouvoirs publics de
repenser ce cadre politique et cela passe par la prise en compte de la
coopération internationale.
SECTION I : L'INTENSIFICATION DE LA COOPERATION
INTERNATIONALE DE LA CÔTE D'IVOIRE EN MATIERE DE PROTECTION DU
LITTORAL
Les instruments internationaux ont tous pour finalité
le développement d`une coopération intellectuelle internationale,
indispensable en effet pour assurer leur efficacité. Cette
coopération repose tantôt sur une obligation de portée plus
générale, tantôt sur une obligation spécifique,
selon le degré de précision des instruments.
Dans ce cadre-là, les organismes ont également
acquis une telle importance que leurs initiatives, tout en
précédant celles des Etats, les doublent, les complètent
ou participent à leur mise en oeuvre.
La Côte d'ivoire soucieuse de la protection de son
littoral devra donc multiplier les coopérations intellectuelles en
faveur de ce littoral.
Mais ces coopérations intellectuellesdevraient se
caractériser en une coopération scientifique (Paragraphe I) d`une
part. A la base de cette démarche, il devrait y avoir une mobilisation
financière d`autre part (Paragraphe II) pour la soutenir.
PARAGRAPHE I : DU DEVELOPPEMENT DE LA COOPERATION
SCIENTIFIQUE
Tout en incitant au développement des recherches sur un
plan national, le droit international a ici pour objet d'encourager la
coopération en la matière. Bien entendu, dans la mesure où
les activités scientifiques ne peuvent être menées dans un
cadre strictement national, la coopération intellectuelle a
précédé les instruments internationaux274.
La conscience de sa nécessité avait en effet
conduit très tôt les scientifiques à amorcer une
coopération, bien souvent informelle. Les instruments internationaux
viennent la renforcer et devraient contribuer à la rendre plus
régulière, plus systématique. Il s`agit là,
essentiellement, de favoriser la coordination des recherches, par des
programmes communs. Cette coopération contribue à assurer une
mise en oeuvre plus effective des conventions, tout d`abord en les fondant sur
des connaissances meilleures et plus précises et en leur permettant
d`évoluer pour prendre en compte ces dernières.
Elle a ainsi une dimension prénormative. Puis, en
représentant un profit pour l'Etat de la Côte d'ivoire, elle
favorise une plus large participation aux instruments.
Les programmes non gouvernementaux réalisent en fait
l`essentiel de cette coordination. Sur le plan gouvernemental, les actions
consistent, outre la recherche proprement dite, à financer des actions
privées, organiser la coordination et le récolement des
données.
274 Cf. en 1928 la création par les scientifiques de
l'Office international de documentation et de corrélation pourla
protection de la nature. Voir à ce sujet R. BOARDMAN, International
Organization and the Conservation of Nature, Indiana Press, 1981, pp. 32 et ss.
Cité par ZOGNOU (Théophile), op.cit., P.377
102
Pour l'essentiel, nous envisagerons ici la coopération
sur le plan intergouvernemental (A) et la coopération sur le plan non
gouvernemental (B).
A- DE LA COOPERATION SUR LE PLAN INTERGOUVERNEMENTAL
La coordination des recherches sur la conservation de la
nature qui favorise la réalisation d`atlas et de banques de
données internationales et requiert des investissements relativement
coûteux et lourds en personnel, a amené très tôt les
Etats dont ceux du Golfe de Guinée à chercher à
coopérer en la matière275. Les instruments de
protection de l`environnement marin et côtier appellent la Côte
d'ivoire à collaborer dans ce domaine particulier276. La
volonté de disposer d`informations fiables, pour établir des
instruments efficaces, est à l`origine de cette coopération.
Des instruments non contraignants se révèlent,
à ce titre, aussi utiles que des conventions. Ce principe très
présent également dans l`Agenda 21, signifie que la
coopération, par voie d`accords bilatéraux ou
multilatéraux est indispensable pour limiter, prévenir,
réduire et éliminer les atteintes à l`environnement marin
et côtier et leurs ressources. L'Action 21 insiste
particulièrement sur la nécessité de renforcer la
coopération scientifique internationale, l`interdisciplinarité,
l`indépendance de la communauté scientifique internationale. Elle
reflète le souhait de placer la science au service d`un
développement durable, par une amélioration de
l`évaluation scientifique à long terme, le renforcement des
capacités scientifiques, etc.277.
La Convention d`Abidjan relève « la
nécessité devant laquelle (les Parties Contractantes) se trouvent
de coopérer afin de pouvoir maintenir, grâce à une approche
coordonnée et globale, un rythme de développement soutenu sans
nuire à l'environnement »278. Les obligations en
matière de coopération sont déclinées dans la
Convention d`Abidjan en trois axes.
Le premier axe porte sur la coopération en
matière de gestion environnementale. La Convention d`Abidjan
reconnaît que la coopération entre les Parties contractantes est
un moyen adapté de parvenir à la réalisation des objectifs
de protection et de mise en valeur du milieu marin et des zones
côtières de la région. Elle préconise la conclusion
d`accords bilatéraux ou multilatéraux, régionaux et
sous-régionaux, sous réserve de leur adéquation avec ses
dispositions et le droit international. En matière de lutte contre la
pollution (qui est l`un des enjeux marqués de la Convention), les
Parties Contractantes ont pour obligation de prendre toutes les mesures
appropriées pour mettre fin aux situations critiques
génératrices de pollution, et de réduire ou
d`éliminer les dommages qui en résultent279. Cette
obligation a un double corollaire, d`une part, l`exigence d`informer toute
autre partie contractante qui risque
275En 1913, ils créaient la Commission
internationale consultative pour la protection de la nature. Celle-ci
étaitchargée de la collecte, la classification et la publication
des données relatives à la protection internationale de lanature.
La Première Guerre mondiale a balayé cette institution, dont la
première assemblée générale ne s'estjamais tenue.
R. BROADMAN, International Organization and the conservation of nature, op.
cit., pp. 29-30.Cité par ZOGNOU (Théophile), op.cit., P.393
L'accent est mis encore aujourd'hui sur la
nécessité d'un renforcement de la coopération
scientifiqueintergouvernementale. 276 La coopération est présente
dans la convention sur la diversité biologique (article 5) ; dans
l'ensemble desconventions sur les mers régionales et dans la convention
sur le droit de la mer (ainsi selon l'article 197 lacoopération est une
obligation pour protéger le milieu marin).
277Action 21, A/CONF.151/26/rev. 1, chapitre 31, p.
209 et s. et chapitre 35, p. 22 et s.
278Préambule de la Convention d'Abidjan.
279Article 12 de la Convention d'Abidjan.
103
d`être touchée par cette situation critique, et
d`autre part, la détermination des responsabilités, la
réparation et l`indemnisation des dommages résultant de la
pollution.
Le deuxième axe porte sur le renforcement de la
coopération technique (volet que nous développerons dans le
paragraphe 2 de cette section). La gestion des espaces marins est
extrêmement complexe car elle met en connexion une gamme variée de
ressources, de menaces et d`enjeux. Toute politique marine adaptée doit
donc reposer sur des bases scientifiques solides servant de soubassement
à la détermination des stratégies d`action et politiques
de régulation. La Convention d`Abidjan s`inscrit dans ce paradigme en
mettant en relief la « nécessité d'adopter, du fait du
manque de renseignements scientifiques sur la pollution des mers dans la
région de l'Afrique de l'Ouest et du Centre, un programme de recherche,
de surveillance et d'évaluation soigneusement planifié
»280. A cet effet, les Parties Contractantes sont
invitées à procéder à des échanges de
données et renseignements scientifiques en matière de
surveillance et d`évaluation de la pollution, à élaborer
des programmes d`assistance technique en vue de la gestion rationnelle de
l`environnement marin et côtier de la région281. Cet
aspect a connu un certain succès durant les décennies 80-90 avec
la conduite sur le terrain de plusieurs programmes de recherches sur le milieu
et les écosystèmes marins et côtiers de la
région282.
Le dernier axe porte sur le renforcement des politiques
nationales en matière de gestion environnementale. Parce que la gestion
des questions marines se passe en partie dans le cadre national -espace de
souveraineté par excellence- la Convention a pour finalité
d`élaborer des directives techniques et normes de régulation dont
l`objectif est de réduire au maximum l`impact néfaste que
pourraient avoir des projets nationaux sur la région. Elle encourage la
coordination des programmes nationaux de recherche et de surveillance des
menaces pouvant affectées la région, la mise en réseau des
instituts et centres nationaux de recherche, l`inclusion de mesures
d`évaluation des impacts sur l`environnement dans le cadre de
développement des zones côtières. L`objectif final est en
filigrane l`harmonisation des politiques nationales aux fins de la bonne
exécution des obligations contractées en vertu de la Convention
d`Abidjan283.
Les instruments de protection de l`environnement ont
également prévu la coopération technique afin de permettre
aux pays les moins avancés d`édicter des règles juridiques
efficaces.
B- DE LA COOPERATION SUR LE PLAN NON GOUVERNEMENTAL
Nous commencerons ici par évoquer le soutien de la
science à la protection du littoral puis nous verrons comment est
menée cette coopération sur le terrain.
280Préambule de la Convention d'Abidjan.
281Article 14 de la Convention d'Abidjan.
282Ces programmes ont porté sur des
thématiques telles que le contrôle de l'érosion
côtière en Afrique del'Ouest et du Centre (WACAF/3) ;
l'identification, l'établissement et la gestion des aires
spécialement protégéesdans la région de l'Afrique
de l'Ouest et du Centre (WACAF/8) ; la distribution et le statut des
mammifères(WACAF/9) ; et la planification de la gestion
intégrée des bassins versants et de la zone côtière
(WACAF/11).
283Article 4 alinéa 3 de la
Convention d'Abidjan.
104
1- L'incitation à la recherche scientifique pour une
protection efficace du littoral
Il existe une multitude de questions liées à la
gestion et à la politique qui posent une vaste gamme d`exigences
à la science, telles que : de nouvelles recherches fondamentales et
appliquées; des études de base et des observations/une
surveillance des changements systématiques ; l`analyse et
l`interprétation des données ; l`évaluation des effets ;
la prévision de tendances.
Si la recherche n`aborde pas ces questions, la science
appliquée à la solution de problèmes pratiques
particuliers reste fragmentée et dépourvue de cadre
cohérent. Dans ce contexte, le Système mondial d`observation des
océans (SMOO), ainsi que d`autres systèmes mondiaux d`observation
(par exemple le système mondial d`observation du climat (SMOC), le
Système mondial d`observation de la terre (SMOT) et le Programme
International Géosphère-Biosphère (IGBP) sont
particulièrement importants.
A la base de la gestion des zones côtières, il y
a une compréhension des interactions entre systèmes
socio-économiques et systèmes naturels. Par conséquent, il
pourrait se révéler utile en côte d'ivoire de
procéder à des recherches sur les fonctions écologiques
(par exemple, des études sur la « capacité de charge »,
les effets de retour), la dynamique des ressources (par exemple, distinguer
entre la variabilité naturelle des ressources renouvelables et les
changements causés par l`activité humaine), la recherche
appliquée (par exemple, mettre au point des programmes de surveillance
efficaces et peu onéreux), les aspects socioéconomiques,
l`économie et les questions institutionnelles.
L`intégration de ces questions dans un cadre analytique
global national qui combine l`évaluation des pratiques humaines, des
effets sur l`ensemble de l`écosystème et des options au niveau
d`un bassin de drainage (par exemple, les bassins fluviaux, les zones
côtières et les eaux côtières adjacentes), devrait
constituer l`objectif ultime de tout programme intégré de gestion
des zones côtières.
Dans la sous-région du Golfe de Guinée,
l`eutrophisation à grande échelle et omniprésente demeure
une préoccupation, notamment dans le cadre de l`augmentation des
nuisances causées par les floraisons d`algues dans les zones
côtières. Il existe d`importantes incertitudes sur le statut
régionaldes récifs de corail. Il nous semble que la Côte
d'ivoire n'y a pas encore pensé.
La plupart des récifs n`ont jamais été
étudiés par des scientifiques et il y a un manque sensible
d`information. Les récifs les plus accessibles aux scientifiques sont
aussi ceux qui sont les plus susceptibles de souffrir d`effets anthropiques.
Par conséquent, il se pourrait que l`ampleur de la dégradation
des récifs au niveau de la Côte d'ivoire soit
sous-estimée.
Il n`existe pas d`indicateurs généralement
acceptés pour la santé écologique des récifs et on
ne dispose que de peu d`informations sur l`échelle temporelle et
géographique de leur variabilité naturelle. Les scientifiques
sont encore loin de comprendre les effets de l`augmentation anthropique des
arrivées d`éléments nutritifs dans les
écosystèmes des récifs de corail. Les informations de base
dignes de foi manquent, ce qui n`est pas sans conséquences pour
l`équilibre des récifs de corail.
Par ailleurs, une amélioration des données et
des informations est nécessaire pour la gestion actuelle des
pêcheries en côte d'ivoire par la formulation de politiques, la
conception de plans
105
de gestion, la mise en oeuvre de ces plans et le
contrôle de leur mise en oeuvre. La science associée à
l`évaluation des stocks et au contrôle des effets globaux des
pêcheries sur l`intégrité des écosystèmes
marins n`est manifestement pas adéquate284. Les
mécanismes de reconstitution de stocks de poissons réduits
à la suite de leur exploitation commerciale sont mal compris dans
presque tous les pays régionaux et en particulier en Côted'Ivoire.
Il faut faire des recherches pour aider à formuler des objectifs, des
cibles et des contraintes biologiques visant à protéger la
pêche sur les espèces non ciblées. La recherche dans le
domaine socio-économique, économique et sociologique devrait
être combinée avec la recherche biologique en vue de la
formulation d`objectifs de gestion.
Les « grands écosystèmes marins
» (GEM) ont fait l`objet de propositions et d`une promotion agressive
au cours des dix dernières années ; ils ont été
présentés comme des unités susceptibles d`être
gérées pour l`environnement marin et côtier.
Bien que la conception sous-jacente des GEM ait
été élaborée d`un point de vue théorique
dans un certain nombre de publications, et que la notion soit introduite dans
un certain nombre de programmes, sa mise sur pied doit encore être
vérifiée de manière scientifique et rigoureuse. Les
connaissances sont très nettement insuffisantes en ce qui concerne les
espèces qui habitent les océans, notamment celles qui sont
à l`intérieur ou au-dessus des grands fonds.
Aussi, le changement prévu au niveau mondial,
l`incidence du changement climatique en particulier en Côte d'Ivoire,
pose un certain nombre de problèmes qui exigent une analyse
scientifique. Les conséquences potentielles d`une augmentation des
températures ambiantes et des modifications du niveau des mers pour
l`abondance des espèces et la composition des écosystèmes,
la redistribution dans l`espace des ressources des pêcheries et les
mutations dans la productivité des zones marines et
côtières ne sont que quelques-uns des sujets qui exigent des
recherches scientifiques. Les effets potentiels d`une modification de
l`intensité des rayons ultraviolets peuvent affecter les ressources
marines et doivent être étudiés.
2- L'organisation de rencontres scientifiques sur les zones
côtières
Les institutions internationales organisent fréquemment
des colloques internationaux réunissant des scientifiques, et ayant
trait à l`environnement marin et côtier. De telles réunions
favorisent en effet la coordination des recherches sur le plan international et
la définition de stratégies de protection et de gestions
cohérentes.
Ainsi, en mars 1990, se tenait en Ouganda un «
Atelier sur les oiseaux aquatiques et l'aménagement des zones
humides en Afrique ».
Une manifestation importante a aussi été
organisée en Italie, à Grado, en février 1991, portant sur
« La gestion des zones humides méditerranéennes au
XXIème siècle ».
Lors du dernier Congrès Mondial des Aires
Protégées, tenu à Durban (Afrique du Sud), du 8 au 17
septembre 2003285, les orientations préconisées
privilégient la cogestion et l`approche
écosystémique286(déjà adoptée par
la CDB).
284 Le caractère inadéquat des bases
scientifiques de la gestion des pêcheries est illustré par des
programmes degestion pour plusieurs espèces visant à gérer
des écosystèmes plutôt qu'à cibler des organismes.
Les interactionsentre les prédateurs et leur proie sont encore mal
comprises et les variations observées dans les stocks de poissons ainsi
que dans les résultats des pêcheries sont encore amplifiées
par l'absence d'équilibre quicaractérise les environnements des
écosystèmes locaux les plus vastes.
285 Les actions de la francophonie dans le secteur de la
protection des ressources naturelles ont été traduites parla
création en 1988 de l'institut de l'énergie et de l'environnement
de la Francophonie (IEPF) basé au Québecdans le but de contribuer
« à
106
Cette dernière est censée réconcilier les
« sciences-dures » (biologie, physique, chimie,
mathématiques...) avec les « sciences molles »
(anthropologie, sociologie, histoire, droit, économie...) et les unir au
coeur d`une même « philosophie de gestion
»287. La démarche écosystémique est
un postulat à dominante scientifique, fondé sur le travail des
chercheurs et leur connaissance des milieux naturels et Durban a
été une occasion donnée aux scientifiques pour aider les
décideurs à agir.
L'Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) organisa du 14
au 15 juin 2001 à Yaoundé au Cameroun les quatrièmes
journées scientifiques de son Réseau Droit de l'environnement.
Les instruments et les pratiques favorisant ou entravant la mise en oeuvre du
droit international de l`environnement dans le droit national étaient au
centre de ces quatrièmes journées scientifiques, sujet important
dans un contexte dominé par le principe de souveraineté des
Etats.
Au cours des XIème Journées Scientifiques du
Réseau Télédétection de l`Agence Universitaire de
la Francophonie tenues à Antananarivo, (Madagascar) du 3 au 7 novembre
2008, il avait été question des méthodes de la
télédétection et de leur impact sur la protection des
zones côtières. Quatre ans plutôt lors des Xème
journées du même réseau tenues à Ottawa, Canada du
24 au 29 mai 2004, les participants avaient travaillé sur le milieu
côtier et les ressources halieutiques. Il ressort de ces journées
que la télédétection permet de surveiller, gérer et
réhabiliter les zones côtières, en fournissant des
données spatiales à fréquence élevée, utiles
pour la prise des mesures de protection.
Le World Bank CoralreefTargetedResearch Program, quant
à lui, organise très souvent des conférences scientifiques
avec pour objectif de fournir aux gestionnaires de ressources récifales
les meilleures données scientifiques sur la façon dont les
récifs s`adaptent aux changements climatiques et aux activités
humaines et de permettre une collaboration entre les pays
développés et ceux en voie de développement pour traiter
le problème à l`échelle globale.
L`objectif de ces rencontres est de comprendre les facteurs
qui déterminent la vulnérabilité et la résistance
des écosystèmes marins et côtiers à une série
de stress afin d`aider les décideurs à concilier leur protection
avec les besoins directs et indirects des différents usagers de ces
milieux. Autrement dit, l`expertise, fruit de ces rencontres scientifiques, est
utilisée par les gouvernements.
Dès lors, la coopération en vue de
préserver les écosystèmes marins, lieux de reproduction et
de croissance de ces ressources halieutiques, s'avère indispensable.
L'État de Côte d'Ivoire, sans doute conscient de
cet enjeu, privilégiera davantage la coopération internationale
en vue de protéger sa zone côtière en participant à
ces rencontres scientifiques organisées par les institutions
internationales.
la formation et au renforcement des capacités des
différentes catégories d'acteurs dedéveloppement des pays
de l'espacefrancophone dans les secteurs de l'énergie et de
l'environnement pour ledéveloppement durable; au développement de
partenariat dans les secteurs de l'énergie et de l'environnementpour le
développement durable ». (
http://www.iepf.org/iepf/index.php).
286 Cette assemblée se réunit tous les dix ans
sous l'égide de l'UICN, elle fait un bilan critique de la situation
desaires protégées mondiales et définit les objectifs
prioritaires de la décennie.
287 « ...basée sur l'application des
méthodologies scientifiques appropriées focalisées sur les
niveaux del'organisation biologique qui comprend les processus et les
interactions essentiels des organismes et de leurenvironnement. L'approche
écosystémique reconnaît que les humains sont une composante
à part entière desécosystèmes »,
Conférence des parties à la CDB, janvier 1998.
107
Il devient évident que la Côte d'ivoire cherchera
à améliorer sa coopération scientifique pour valoriser ses
acquis. Mais la coopération scientifique ne reste pas la seule à
améliorer. Si la protection de l'environnement en général
mais plus particulièrement celle des zones côtières coutent
cher288 , il serait plus qu'important d'améliorer la
coopération économique et financière.
PARAGRAPHE II : L'AMELIORATION DE LA COOPERATION
ECONOMIQUE ET FINANCIERE
La question est ici celle du « partage des charges »
liées à la protection de l`environnement marin et côtier.
Celle-ci entraîne des coûts financiers importants, qu`il s`agisse
d`entretenir des sites, de renoncer à exploiter une zone, de lutter
contre la pollution, ou contre l`érosion côtière. Si ces
charges reviennent d`abord et principalement à l`Etat territorial, des
mécanismes de solidarité ont été mis en place dans
la mesure où les richesses en biodiversité ne vont pas toujours
de pair avec les richesses économiques. Comme le développement de
la coopération scientifique, celui de la coopération
économique et financière permet d`assurer une meilleure
effectivité aux instruments de protection. Cette coopération est
d`abord un élément fondamental des incitations à la
participation et à la ratification.
Indépendamment de cela, elle favorise une meilleure
application de ces instruments et confère même indirectement un
certain droit de regard aux bailleurs de fonds sur cette application. En cela,
elle peut bien être qualifiée de moyen de promotion du droit. Les
mécanismes de solidarité sont mis en oeuvre dans un cadre
nord-sud, que ce soit sur le plan universel ou régional.
A- DE L'APPROPRIATION DES MECANISMES DE SOLIDARITE SUR LE
PLAN UNIVERSEL PAR LA COTE D'IVOIRE
La question de la coopération économique et
financière dans un cadre nord-sud en matière de protection du
littoral doit être replacée dans le contexte plus
général de la Conférence de Rio sur l`environnement et le
développement. Nous ne reviendrons pas ici sur la question, fort
complexe, des liens entre environnement et développement. Il convient
seulement de rappeler que le sous-développement et l`endettement sont
fortement responsables de la dégradation du littoral dans les pays en
développement289 et donc en Côte d'ivoire.
L`urbanisation incontrôlée, la forte
concentration démographique dans les zones côtières, les
changements des pratiques agricoles, ont un impact considérable sur la
santé de la zone côtière en Côte d'ivoire. Il
appartient aux mécanismes internationaux d`aide au développement
de soutenir la mise en place de politiques respectueuses de ces
écosystèmes fragiles. Les mécanismes financiers ad hoc
encouragent une telle évolution, tandis que la prise
288L'Etat français avait octroyé une
somme de 30 millions de dollars en 1996 pour ses missions. Information portant
la note 141donnée dans son mémoire par NYOGOK, op.cit.voir
http://www.memoireonline.com/02/13/6941/m
La-protection-du-littoral-camerounais-au-regard-du-droit-international-de-l-environnement42.html
289 Voir par exemple J.D. SHILLING, ?Réflexions sur la
dette et l'environnement?, Finances et développement,juin 1992, p. 28 et
s.
108
en compte des exigences environnementales dans les programmes
d`aide au développement s`améliore, sans être pour autant
encore parfaite.
La Côte d'ivoire ne doit donc pas rester en marge du
respect des procédures des mécanismes financiers ad hoc si elle
souhaite bénéficier efficacement de cette coopération.
1- L'appel au respect des procédures des
mécanismes financiers ad hoc pour une coopération efficace et
bénéfique
Par mécanismes financier ad hoc, nous entendons ici des
mécanismes ayant pour objet de protéger l'environnement et
particulièrement les écosystèmes marin et côtier. Il
s'agit traditionnellement des fonds environnementaux. Plus récemment,
une technique novatrice a été expérimentée, celle
des échanges dette-nature.
a- Des fonds environnementaux
Les différents fonds290 mis en place pour
favoriser l`application des instruments de protection sont
complétés à présent par un mécanisme plus
général, le fonds pour l`environnement mondial. Les
mécanismes qui trouvent leur origine dans les instruments de protection
de l`environnement marin et côtier et plus généralement de
la nature, ne sont pas dotés de sommes très importantes et
n`apportent souvent qu`une faible assistance. Il faut par conséquent
remplir les conditions définies pour être éligible.
L`éligibilité d`un projet à ce type de financement est
susceptible de catalyser des financements bilatéraux et internationaux.
A travers leurs mises en place, c`est donc plutôt un effet
d`entraînement qui est recherché.
D'abord, en ce qui concerne le fonds du patrimoine mondial de
l'UNESCO, l`article 13.1 de la Convention du patrimoine mondial stipule que
« le Comité du patrimoine mondial reçoit et
étudie les demandes d'assistance internationale formulées par les
États parties à la présente Convention en ce qui concerne
les biens du patrimoine culturel et naturel situés sur leur territoire,
qui figurent ou sont susceptibles de figurer sur [les Listes indicatives et la
Liste du patrimoine mondial]. Ces demandes peuvent avoir pour objet la
protection, la conservation, la mise en valeur ou la réanimation de ces
biens ». Le Préambule souligne qu`une assistance collective
doit être octroyée pour protéger les sites du patrimoine
culturel et naturel. À cette fin, un Fonds pour la protection du
patrimoine mondial, culturel et naturel, a été institué
par les articles 15 à 18 de la Convention.
Les contributions au Fonds sont versées par les
États parties à titre obligatoire ou volontaire. L`assistance
internationale est prélevée sur ce Fonds et complète
l`action engagée par l`État partie pour sauvegarder les sites du
patrimoine mondial. Elle soutient, mais en aucun cas ne saurait se substituer
à l`action de l`État partie291.
Il est néanmoins bon de rappeler que la
législation sur le patrimoine, dans un certain nombre de cas, a
été adoptée lors de l`époque coloniale et ne
reflète pas nécessairement les spécificités de la
région. De plus, des stratégies efficaces pour un
développement durable fondé sur une conservation holistique des
sites et de l`environnement font souvent défaut.
290 Voir, pour un approfondissement, la réflexion de
ZOGNOU (Théophile), op.cit. , PP.408-412
291 Article 25 de la Convention du patrimoine mondial de
l'Unesco.
109
Trop fréquemment le patrimoine est perçu comme
un obstacle au développement et d'une façon ou d'une autre en
opposition au processus de modernisation.
Afin de renforcer la coopération avec l'UNESCO et
continuer de bénéficier des financements, la Côte d'ivoire
devra actualiser et harmoniser sa législation sur le patrimoine pour
être en cohérence avec les procédures de financement ;
soumettre sa liste indicative et les dossiers de proposition d`inscription
chaque année.
Elle doit également créer et/ou mettre en oeuvre
les comités nationaux du patrimoine mondial, en valorisant la
complémentarité et les synergies avec les comités
nationaux du programme de l'Homme et de la Biosphère (MAB).
Pour être éligible rappelons également que
les Etats doivent s`acquitter de leur contribution, ce qui n`est pas toujours
le cas pour la majorité des Etats du Golfe de Guinée. Au titre de
contribution pour l`année 2012 quelques Etats292 seulement
(Nigéria, Ghana, Guinée, Guinée Bissau, Gabon) sont
à jour, la cote d'ivoire cumulant encore des arriérés sur
plusieurs années.
Elle doit par conséquent se mettre à jour dans
leur cotisation pour assurer une coopération efficace avec le fonds du
patrimoine mondial de l`UNESCO. La sensibilisation générale
à la Convention du patrimoine mondial doit enfin être
organisée non seulement dans la sous-région du Golfe de
Guinée mais sur tout le continent sous les auspices de l`UA afin de
drainer des ressources suffisantes pour la préservation du milieu marin
et des zones côtières du continent.
b- Des échanges dette-nature
L`échange dette-nature fait partie de différents
types d`arrangements financiers conclus pour apporter une solution à la
double crise dont souffrent la plupart des pays en développement, celle
de la dette et de la crise écologique.
En échange du rachat d`une partie de sa dette, le
gouvernement du pays concerné prend des engagements écologiques.
Au lieu de troquer une partie de la dette contre une participation dans le
capital d`une entreprise locale, comme c`est souvent le cas dans le cadre des
opérations plus classiques de conversion de la dette en d`autres types
d`actifs, l`acquéreur la transforme en une créance du pays
débiteur-monnaie ou titre et en fait don à un fonds de protection
de l`environnement.
La Bolivie a été le premier Etat à
participer à un tel échange en 1987, qui a permis la protection
de 2 millions d`hectares de forêts293. Ce type
d`opérations, en ce qu`il vise principalement la préservation ou
la restauration des sites sensibles du point de vue écologique, et par
là surtout des zones humides ou des forêts tropicales, peut, en
complément des fonds environnementaux, favoriser la protection des aires
marines et côtières protégées et notamment la
biodiversité.
Jusqu'à présent, il semblerait qu'il n'y aurait
pas encore eu d'échanges dette/nature ou de programmes de
réduction de dettes pour l'environnement en côte d'ivoire,
quoiqu'il y ait eu quelques conversions en faveur d'activités de
développement.
292
http://whc.unesco.org/fr/fonds-du-patrimoine-mondial/
293 Une fondation privée américaine acheta
l'équivalent de 650.000 dollars de dette commerciale, pour 15% de sa
valeur faciale, soit 100.000 dollars. En échange de l'annulation de ce
montant, le gouvernement bolivien aconstitué un fonds de 250.000 dollars
en monnaie nationale pour la préservation de la nature. Une ONG locale
aété constituée pour gérer le programme de
protection. A. COMOLET, ?Echange dette-nature : d'une pierre deux coups?, Le
Monde Diplomatique - Manières de voir, ?La planète à sac?,
1990, p. 45.
110
Bien qu'il existe des dettes bilatérales et
commerciales susceptibles d'être échangées et que des
opérations aient été proposées dans un certain
nombre de pays, aucune n'a effectivement abouti pour les raisons suivantes :
Les gouvernements de la sous-région éprouvent des
difficultés à mobiliser les fonds de contrepartie pour les
conversions de dettes de manière générale, même
lorsque celles-ci ont été proposées par des
créanciers bilatéraux pour l'annulation des prêts de l'aide
publique au développement294. Nous nous sommes
interrogés sur le cas de la côte d'ivoire.
Normalement, dans le cadre d'une conversion de dettes, un des
avantages pour le pays débiteur est que l'obligation liée
à la dette extérieure est transformée en une obligation
intérieure. La conversion de dettes pour l`environnement implique
l`annulation de la dette extérieure d`un pays en développement en
échange d`un financement en monnaie locale destiné à la
conservation de la nature et/ou à la protection de l`environnement de ce
pays.
Au sein du MINESUDD, la capacité technique de proposer
des échanges dette/nature serait assez limitée.
Mais soulignons que les ressources issues des échanges
dette/nature malgré le montant de l`assiette peuvent toujours être
utiles pour la protection des écosystèmes marin et côtier
du pays. Alors, la Côte d'ivoire devra chercher à renforcer sa
capacité technique pour proposer ces échanges dans le cadre par
exemple du Club de Paris ou de la coopération bilatérale.
Elle devra aussi mobiliser des fonds de contrepartie pour les
projets environnementaux à réaliser afin d`assurer non seulement
le succès des opérations mais aussi une certaine
efficacité à cette coopération.
L`aide publique au développement n`est consacrée
que pour 4% à la protection de l`environnement. En revanche, pour 70%,
elle finance la mise en place d`activités (infrastructures, agriculture,
industrie) potentiellement dommageables, en particulier pour les zones
côtières ou les zones humides295. Il n`est aucunement
question de remettre en cause cette répartition. Mais, dans ces
conditions, il est clair que les effets les plus favorables sont à
attendre d`une meilleure prise en compte de la dimension environnementale dans
les programmes d`aide au développement non environnementaux.
2- La réorientation de l`aide publique au
développement
Bien que l`aide multilatérale ne représente que
30% de l`aide publique au développement, c`est essentiellement sur elle
que portera l`analyse, en raison de l`insuffisance de la documentation sur
l`aide bilatérale296. Les instruments internationaux
protecteurs contribuent significativement à orienter l`aide
bilatérale au développement dans leur champ d`application,
294 Par exemple, la France dans le cas du Fonds Libreville pour
les pays à revenu intermédiaire.
295 Elle atteint la somme de 55 milliards par an. 0.04%
financent la conservation des zones humides. P.DUGAN, Y. PIROT, ?Development
assistance and the Ramsar convention?, Procès-verbaux de la
cinquièmesession de la Conférence des Parties contractantes
à la convention de Ramsar, Kushiro, Japon, 9-16 juin 1993,vol. II,
Ateliers de la Conférence, W.G.C.5.4 (Rév.), annexe 3, p.
291.Cité par ZOGNOU (Théophile), Op.cit., P.414
296 Nous n'abordons pas non plus, pour les mêmes
raisons, les financements privés et les investissements dansles pays en
développement, qui sont cependant essentiels. Leur caractère
très décentralisé et l'absence
d'étudesynthétique sur le sujet rendrait toute analyse
délicate. Il est certain cependant que les ONG jouent là aussi
unrôle très important. Le montant de leurs financements et
investissements dans ces pays représentait en 1993 unesomme égale
à 10% de l'aide publique au développement. G. CORCELLE, ?20 ans
après Stockholm : laConférence des Nations Unies de Rio de
Janeiro sur l'environnement et le développement : point de départ
ou aboutissement ? ?, op. cit. p. 116.
111
même si le résultat est loin d`être
satisfaisant297. Quant à l`aide multilatérale, une
réorientation ressort de celle qui est fournie aussi bien par les
institutions à vocation universelle, que par les institutions
régionales.
a- Les actions des institutions internationales en faveur du
milieu marin et des zones côtières
Pendant longtemps il ne s`est établi aucun lien entre
l`aide au développement et la protection de l`environnement. Bien au
contraire, les pourvoyeurs d`aide ont financé quelques fois, en toute
bonne conscience, des projets dont on mesure aujourd`hui seulement les
conséquences écologiques désastreuses (usines chimiques,
exploitations forestières, minières, etc.).
C`est seulement dans les années 1970 qu`on a
observé le « premier verdissement »298,
encore bien timide, des organismes bilatéraux et multilatéraux
d`assistance au développement. Il est la résultante de la
poussée conjuguée, d`une part de l`opinion publique et des
politiques des pays occidentaux, notamment des Etats-Unis où
l`Environment Policy Act venait d`être voté, d`autre part de
l`impact de la Conférence de Stockholm de 1972.
Le principe 25 de la Déclaration de Stockholm demandait
d`ailleurs aux Etats de « veiller à ce que les organisations
internationales jouent un rôle coordonné, efficace et dynamique
dans la préservation et l'amélioration de l'environnement
». Par la suite, les alertes sur un amenuisement de la couche d`ozone
et une exposition accrue aux rayons ultraviolets nocifs dûe à de
fortes concentrations de chlorofluorocarbone dans l`atmosphère, les
décharges de déchets dangereux en mer et dans les pays en voie de
développement, la destruction massive des forêts ont
accentué l`intérêt de ces institutions pour la protection
de l`environnement, en révélant la portée globale ou
transnationale des effets des agressions sur la nature. En 1980, les neuf
principaux organismes multilatéraux signaient une déclaration
commune établissant les principes environnementaux qu`ils s`engageaient
à suivre. La prise en compte des préoccupations environnementales
par les institutions d`aide au développement n`est donc pas très
ancienne.
La Banque Mondiale fait désormais de la protection de
l`environnement un des piliers de sa politique d`aide au développement.
Elle a pris un virage important dans cette direction en 1987 sous la houlette
de Barber Conable, son Président de l`époque, après le
Rapport Brundtland publié la même année. La Banque estime
que la lutte contre la pauvreté et la protection de l`environnement sont
au coeur de sa mission qui est de contribuer à l`amélioration des
conditions de vie dans les pays en développement, membres de
l`institution.
Le principal objectif de la Banque à cet égard
est d`élaborer des programmes permettant la conception et la mise en
oeuvre de stratégies de développement respectueuse de
l`environnement dans les pays bénéficiaires de son assistance.
En effet « La Banque inclut l'environnement dans le
dialogue avec ses emprunteurs et (tient) compte des résultats de ce
dialogue dans ses stratégies de prêts aux pays
»299.
297Cf. par exemplel'assistance du gouvernement
hollandais envers la Mauritanie pour la protection del'aire
protégée du banc d'Arguin, dans le cadre de la mise en oeuvre de
la Convention de Ramsar.
298 Voir F. FALLOUX et L. TALBOT, Environnement et
développement. Crise et opportunité en Afrique,Maisonneuve et
Larose/ACCT, 1992, p. 335.
299 La Banque Mondiale et l'environnement, Rapport
d'activité, Exercices 91, p. 79.
112
Ainsi par exemple, la Banque a exprimé clairement son
intention de refuser de financer tout projet comportant l`évacuation de
déchets toxiques vers les pays tiers.
S`agissant particulièrement de la sous-région du
Golfe de Guinée300, la Banque accorde depuis quelques
années une place croissante à l`intégration des
considérations écologiques dans le développement
économique et social.
La Banque a par ailleurs aidé presque tous les pays de
la sous-région à mettre au point des plans d`action
environnementale (PNAE), plans qui pour tous les Etats côtiers,
intègrent la problématique du milieu marin et des zones
côtières. Allant dans ce sens la Banque a courant 2009, fait un
don à la Côte d`Ivoire de 2.540 millions de dollars destiné
aux aires protégées. Par ce don, la Banque mondiale comme dans
d`autres pays de la sous-région entend renforcer la gestion durable de
la faune et de l'habitat du parc national de la Comoé par le
renforcement de la capacité de l'Office ivoirien des parcs et
réserves (OIPR), l'élaboration et la mise en oeuvre d'un plan
participatif pour les parcs, etc. D`après Madani, représentant
local de la Banque, «La signature de ce don pour la protection des
aires protégées démontre l'engagement de la Banque
mondiale et du gouvernement ivoirien à renverser la tendance de
l'exploitation abusive des ressources naturelles et à les
préserver pour les générations à
venir»301.
L`intégration progresse en fait lentement. En revanche,
il est plus facile de financer quelques projets environnementaux. La Banque a
réorienté de manière significative ses financements en
faveur de la biodiversité, en particulier des forêts, des zones
humides302. Des aides parfois spectaculaires sont accordées
pour la protection de l`environnement. Il en est de même du
PNUD303. L`établissement d`une zone protégée,
au titre d`un instrument de protection de la nature, contribue à
l`allocation de financements par ces institutions.
b- Les actions des institutions régionales: Le cas du
Groupe de la Banque africaine de développement (BAD)
Deux groupes d'institutions financières
régionales agissent dans le domaine de l`environnement dans la
région du Golfe de Guinée. L'un est africain : il s'agit de la
Banque africaine de développement (BAD) ; l'autre européen : ce
sont les instruments de financement de la coopération ACP-CEE.
A ces institutions il convient de relever l`apport de l`UA (l`Union
africaine). Mais nous ne traiterons ici, et ce volontairement que du cas de la
BAD qui nous semble visible et lisible.
300 Signalons que la politique environnementale de la Banque
couvre tous les pays de cette région, pays qui sontconfrontés
à plusieurs problèmes, notamment la dégradation de
l'environnement marin et côtier, l'érosioncôtière, la
destruction des forêts, et les problèmes urbains exacerbés
par la croissance rapide des villes.
301 V. République de la Côte d'ivoire, 4ème
rapport national sur la convention sur la diversité biologique, 2009.
http://www.cbd.int/doc/world/ci/ci-nr-04-fr.doc.
302 Cf. C. REES, « Le rôle de la Banque mondiale
dans le domaine de la conservation de la diversitébiologique »,
Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu
naturel de l'Europe, Comitépermanent, Quatorzième réunion,
20-24 mars 1995, doc. T-PVS(94) 14, p. 114.
303 Le Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD) est le principal organisme d'aide dusystème
des Nations Unies. Organe central de financement, de planification et de
coordination de l'assistancetechnique pour l'ensemble du système, il
fournit une aide non remboursable pour la formation de personnel et lamise en
valeur des ressources naturelles. Le PNUD a assisté plusieurs pays du
Golfe de Guinée dans laplanification et l'amélioration du cadre
juridique et institutionnel national en matière d'environnement.
113
La Banque africaine de développement (BAD)
créée à Khartoum (Soudan) le 4 août 1963, le Fonds
africain de développement (FAD) institué à la IXe
assemblée annuelle de la BAD tenue à Lusaka (Zambie) en juillet
1973, et le Fonds spécial du Nigeria créé par un accord
signé entre la Banque et le Gouvernement du Nigeria en février
1976 forment ce qu`il est convenu d`appeler le Groupe de la BAD. Cependant, ces
trois institutions demeurent juridiquement des entités autonomes.
L`année 1985 marque un tournant dans l`évolution
de la prise de conscience environnementale du Groupe de la Banque. C`est cette
année-là qu`un spécialiste de l`environnement a
été nommé et rattaché au Département central
des projets de la Banque. Deux ans plus tard, en 1987, une Division de
l`environnement et de la politique sociale était créée au
sein dudit département avec une équipe réduite. Par
ailleurs, un Secrétariat pour la Dimension environnementale du
Développement (abrégé EDDS en anglais) a été
établi sous le patronage conjoint de l`office des Nations Unies pour la
zone soudano-sahélienne (abrégé UNSO en anglais), la
Banque mondiale et la BAD, et logé au sein de cette dernière sous
la direction d`une personnalité africaine.
Le rôle de la Division de l`Environnement et de la
Politique sociale de la BAD est de coordonner tout le travail technique et les
procédures relatives à l`environnement dans les programmes de la
Banque, d`élaborer des directives et procédures pour
l`évaluation de l`environnement et les études d`impact des
projets financés par la Banque, de donner des conseils techniques au
département des programmes par pays, à l`équipe
chargée de l`étude des projets et aux pays membres de la
région sur les questions environnementales, d`élaborer des
programmes de formation et d`accroître l`expertise en matière
d`étude des projets sur ces questions. La direction a
complété l`étude de la Politique de l`environnement de la
Banque304 et l`a soumise au conseil des Gouverneurs en
décembre 1989.
Les objectifs du document de Politique environnementale de la
Banque sont d`évaluer l`état de l`environnement sur le continent
et l`assistance aux pays membres des groupes régionaux de la Banque dans
l`identification des principaux problèmes environnementaux.
La BAD a ainsi aux côtés d`autres institutions
telles que le PNUD, l`ONUDI, le FEM, la FAO, l`UNESCO, apporté son appui
à plusieurs pays côtiers du Golfe de Guinée (au
départ : Côte d`Ivoire, Togo, Bénin, Nigeria et Cameroun),
dans un projet régional de restauration environnementale. Il s`agit du
projet du Grand Ecosystème Marin du Golfe de Guinée (PGEMGG),
plus connue en anglais sous l`appellation " The Gulf of Guinea Large Marine
Ecosystem (GOG-LME) Project ".
Il s`agit, à ce jour, du plus vaste projet
régional de protection marine en Afrique. Coordonné sur le plan
technique par l`Organisation des Nations Unies pour le Développement
Industriel (ONUDI), le projet vise à restaurer et à
protéger durablement les ressources naturelles, en particulier la
qualité de l`écosystème marin des pays du Golfe de
Guinée. En clair, ce projet doit doter ces pays des mesures et des
moyens propres à lutter contre les pollutions, à contrer
l`érosion côtière305, à préserver
la flore marine côtière (telle que les forêts de mangrove)
qui favorise la protection, l`alimentation et l`éclosion de la faune
marine. Ces actions permettront d`accroître la quantité de
poissons disponibles et de procurer un environnement côtier plus vivable,
améliorant ainsi les conditions de vie de plus de 150 millions
d`habitants.
304 Voir ADG, ADF, Environmental Policy Paper, adopté
en juin 1990, imprimé en 1991, 56 p. Cité par ZOGNOU
(Théophile), op.cit., P.420
305L'érosion côtière fait
disparaître 50 mètres de terres chaque année dans certaines
zones du Golfe de Guinée (Benin, Togo).
114
Au cours de la première phase du projet
débutée en 1995, les principaux partenaires scientifiques,
gouvernementaux et non-gouvernementaux ont abouti à un consensus sur les
voies et moyens de restaurer l`environnement côtier, notamment les
dommages causés à la mangrove et la lutte contre l`érosion
côtière. Puis, en janvier 1998, le symposium international tenu
à Abidjan sur ce projet a permis d`adopter le plan de la deuxième
phase, qui vise à restaurer la qualité des eaux
côtières, reconstituer les stocks de poissons et autres ressources
vitales. Environ 350 scientifiques, techniciens et gestionnaires des
ressources, des cinq pays du Golfe de Guinée (mentionnés plus
haut) participent activement au projet, avec l`appui financier de l`ONUDI, du
FEM, du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), de
l`Organisation des Nations Unies pour l`Agriculture et l`Alimentation (FAO), de
la Banque Africaine de Développement (BAD), de l`Organisation des
Nations Unies pour l`Education, la Science et la Culture (UNESCO), de la Banque
Mondiale, de l`Administration nationale des Océans et de
l`Atmosphère (NOAA)des
Etats Unis d`Amérique.
De façon générale la BAD se dit
disposée à fournir l`assistance technique nécessaire
à tous les projets qui assurent la promotion d`un développement
conforme aux exigences de l`environnement306.
C'est donc pour la Côte d'ivoire le moment de
s'approprier ces mécanismes de solidarité universel de
manière prioritaire en respectant les procédures mis en place par
ces mécanismes financiers ad hoc car comme nous l'avons
démontré l'aide publique au développement a
été réorientée.
Il serait souhaitable que des initiatives soient prises au
plus tôt. Mais envisager un autofinancement de la protection du littoral
pourrait réduire leur dépendanceextérieure en terme de
financement de la protection de l`environnement.
B- VERS L'AUTOFINANCEMENT DE LA PROTECTION DU LITTORAL
IVOIRIEN
Très peu d'argent est consacré à la
protection des zones côtières dans les pays couverts par la
Convention WACAF. Les ressources mobilisées sont très souvent des
subventions des organismes et institutions étrangères, ressources
du reste limitées dans le temps. Afin de combler ce déficit
financier et d'être viable sur le long terme, il faudra une plus grande
compréhension, à tous les niveaux, des coûts et
desbénéfices fournis par cet environnement, un engagement
à long terme de la part des Etats régionaux à travers le
renforcement de l`assise financière de la Convention d`Abidjan. Ce qui
serait avantageux pour la cote d `ivoire parce qu'il serait mieux de
dépendre d'une organisation dont on fait partie et qui regroupe des pays
avec lesquels nous vivons les mêmes réalités que de tous
attendre de l'extérieur. Mais cela n'empêche de
réfléchir sur la mise en place de
mécanismesd`autofinancement fiables propres à nos besoins et
réalités ivoiriennes.
306 Voir Le Groupe de la BAD, Information de base. Structure,
Politiques, Organisation, Initiatives, 1992, p. 44.
115
1- Le renforcement de l'assise financière de la Convention
d'Abidjan
La fameuse maxime populaire « L'argent est le nerf de la
guerre », traduit bienl'assentiment selon lequel le succès de
toutes initiatives se mesure à l'aune desmoyens mobilisés pour
les mettre en oeuvre. C'est pourtant le point qui a le plus faitdéfaut
à la Convention d'Abidjan, contribuant dès lors à
relativiser la portée de sesinitiatives et à restreindre son
engagement en faveur de la réalisation de ses objectifsstatutaires.
A l'origine, le principe retenu était qu'après
l'assistance financière initiale apportéepar le système
onusien, les gouvernements de la région WACAF se devaient d'assumer
eux-mêmes la responsabilité financière de la Convention
régionale ainsi instituée307. Le mécanisme de
financement créé à cet égard fut le Fonds
Régional d'Affectation Spéciale (FAS) alimenté par les
contributions des Etats, suivant une répartition proportionnelle
déclinée en quatre catégories : Catégorie 1 :
contribution égale à 3,72% du budget total (Angola, Bénin,
Cameroun, Cap Vert, Congo, Gambie, Guinée, Guinée Bissau,
Guinée Equatoriale, Libéria, Mauritanie, Sao Tomé-et-
Principe, Sénégal, Sierra Léone, Togo) ; Catégorie
2 : contribution égale à 4,90% du budget total (Gabon,
ex-Zaïre) ; Catégorie 3 : contribution égale à 6,16%
du budget total (Côte d'Ivoire, Ghana) ; et Catégorie 4 :
contribution égale à 22% du budget total (Nigéria).
Cette architecture financière n'a pas
empêché la Convention de se trouver en situation de
difficultés financières qui ont érodé ses
capacités d'action. A titre d'exemple, et en prenant pour base de
référence la période 1982 - 1989, aucun des Etats membres
n'était à jour en ce qui concerne le versement de ses
contributions.
Onze Etats n'avaient procédé à aucun
versement (Angola, Cameroun, Cap-Vert, Guinée Equatoriale,
Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, Mauritanie, Sao
Tomé-et- Principe, Sierra Léone, ex-Zaïre). Les autres pays
étaient à des niveaux de versement variable : de l'ordre de 80%
pour la Côte d'ivoire à près de 5% pour le Nigéria,
ce qui représentait un taux général de contributions de
l'ordre de 16% (566009 USD versées sur 3407350 USD
escomptées)308.
En 2004, les Parties contractantes à la Convention
d'Abidjan ont décidé d'effacer les arriérés
accumulés en espérant que cela constituerait la base d'un nouvel
élanfinancier. Dans le cadre du processus de revitalisation en cours,
les Parties onténuméré en mai 2008 un ensemble de
recommandations financières en vued'asseoir la santé
financière de l'organisation, à savoir :
a) de renoncer à tous lesarriérés
existants qui ont été accumulés à la date de
novembre 2007. Ceci permettraaux pays de prendre un nouveau départ par
rapport à leur obligation financière et àleur engagement
vis-à-vis de la Convention ;
b) de payer un montant symbolique égalau moins
à 10% du total des arriérés accumulés à la
date de novembre 2007 en plusdu paiement diligent par les pays de leurs
contributions au programme de travail pour l`année 2008 ;
c) que les pays qui ont payé leur contribution
évaluée ou une partie decelle-ci devraient faire un paiement en
déduisant le montant déjà payé ;
307 PNUE, « Plan d'Action pour la protection et la mise
en valeur du milieu marin et des zones côtières de larégion
de l'Afrique de l'Ouest et du Centre », Rapport et études des mers
régionales, n° 27, 1983, partie VDispositions institutionnelles et
financières.
308 PNUE, « Rapport de réunion »,
sixième Réunion du Comité Directeur de l'environnement
marin de l'Afriquede l'Ouest et du Centre, Dakar (23-24 janvier 1989), Document
UNEP(OCA)/WACAF/IG.2/3, 24 janvier 1989,Annexe VI 'Contributions au Fonds
d'affectation spéciale pour la période 1982 - 1989'.
116
d) que lesfuturs paiements doivent se faire par rapport
à la contribution évaluée selon lesconditions
approuvées en 1983309.
Si de telles recommandations visent à régler
unproblème essentiel qui a longtemps miné la Convention, à
savoir la question desarriérés des contributions, elles ne posent
pas pour autant les bases de la pérennitéfinancière de
l'organisation dans le futur. Les Etats parties à cette Convention
sedevront à cet effet de réfléchir à un nouveau
mode de financement susceptibled'accompagner la mise en oeuvre de son programme
d'activités. Les instruments decoopération EU/ACP et le NEPAD qui
offrent une occasion de financement doiventpar exemple faire l`objet
d`explications dans les Etats pour une exploitationbénéfique. Les
recettes provenant de l`exploitation du domaine public maritime de
larégion peuvent également contribuer à financer les plans
d`action de la Convention.
A l'analyse, il apparaît que la Convention d'Abidjan est
l'une des conventions sur lesmers régionales les moins
développées. En dépit de l'élan initial qui
s`était manifestélors de son adoption, elle n'a pas réussi
à s'imposer comme l'instrument de référencedevant orienter
les politiques nationales en matière de gestion du milieu marin et
deszones côtières de la région. Cette léthargie ne
lui a pas permis de se singulariser pardes initiatives concrètes et
visibles sur le terrain, lesquelles auraient sûrement permisson ancrage
dans le quotidien des populations et dans l`agenda des Etats de
larégion. Elle s`est par conséquent trouvée
suppléée sur le terrain par diversesinstitutions qui ont
assuré - avec des résultats relatifs - la tâche de
protection et degestion de l'environnement marin et côtier dans l'espace
régional alors qu`une bonnegestion des revenus
générés par cet environnement pourrait conduire à
sonautofinancement.
Il serait temps, à travers cette étude, de faire
comprendre à l'Afrique mais particulièrement à la
région couverte par la convention WACAF qu'elle a un bel instrument en
sa possession. Nous pensons, et c'est véritablement notre contribution,
que les états partis devraient revitaliser sinon renforcer l'assise
financière de la convention afin de lui donner une place de choix et
forcer le respect des institutions internationales. Car, sans toutefois verser
dans `'l'afro - centrisme», l'a-t-on bien appris, « la main qui
donne, c'est cette même main qui ordonne ». C'est pourquoi, la
Côte d'ivoire, puisque c'est ici qu'elle a vu le jour, devrait user de
son leadership pour mobiliser les autres Etats afin d'apporter une fraicheur
financière à la convention qui couvre l'une des parties les plus
riches des littoraux du monde.
2- La mise en place des mécanismes d'autofinancement
La crise financière qui secoue actuellement les pays
développés va se traduireinéluctablement par la diminution
de l`aide publique au développement fournie parles donateurs, aussi bien
bilatéraux que multilatéraux. L'assèchement des capitaux
va amener les pays riches à être plus exigeants envers les
récipiendaires de cetteaide dans l`utilisation des dons au
bénéfice de la lutte contre la pauvreté et donc pourla
protection de l`environnement. La Côte d'ivoire ne peut
doncéchapper à ce paradigme qui pourrait se traduire par la
dégradation accélérée de son littoral. Elle doit
donc anticiper le choc que peut créer l`arrêt ou
laréduction des aides.
Signalons déjà que les mécanismes
traditionnels definancement, (tels que les subventions des bailleurs de fonds
et les programmesd`ONG, les subventions budgétaires du gouvernement
et
309 PNUE, « Rapport de la première Réunion
du Bureau de la Convention d'Abidjan relative à la Coopérationen
matière de Protection et de Mise en Valeur du Milieu Marin et des Zones
Côtières de la Région de l'Afriquede l'Ouest et du Centre
», Dakar (10 mai 2008), Document UNEP(DEPI)/WAF/BUR.1/F, avril 2008.
117
les frais d'utilisation) sontsouvent de durée
limitée et rendent donc difficile la planification des investissementset
des actions de gestion sur le terrain à long terme. Pour mieux assurer
unfinancement durable des frais de fonctionnement et d`investissement, il
devientsouhaitable de mettre en place des mécanismes pour assurer un
niveaud`autofinancement indépendant.
La déclaration de Rio signée lors du sommet de
la terre en 1992, établit que lesautorités nationales
devraient s'efforcer de promouvoir l'internalisation des coûts de
protection del'environnement et l'utilisation d'instruments économiques,
en vertu du principe selon lequel c'est lepollueur qui doit, en principe,
assumer le coût de la pollution...» Le principe
d`internalisation doit encourager les réformes macro-économiques
et institutionnelles dans les pays en développement donc en Côte
d'ivoire, comme les Réformes Fiscales Ecologiques310 que le
GTZ311 encourage déjà dans plusieurs pays : Benin,
République Démocratique du Congo, Gabon, Ghana. Si ces
réformes sont conduites en attirant explicitement l`attention sur les
impacts environnementaux induits par le développement, nul doute que les
revenus générés serviront à l`autofinancement de
l`environnement et donc du milieu marin et des zones côtières.
Cela conduit également à l`idée que les
préoccupations environnementales doivent être
intégrées aux préoccupations économiques et
sociales, comme le veut le concept de développement durable. Un
système definancement durable efficace devra toutefois s`appuyer sur
plusieurs mécanismes etapproches, car la diversification des sources de
financement sera une garantieessentielle pour le financement durable à
long terme.
Mais avant, si nous voulons parer au plus presser, il serait
souhaitable, aux regards des autres domaines qui se sont dotés d'un
fonds assez particulier, que le littoral ait un fonds qui lui est
dédié vu son importance. Cela permettrait une véritable
efficacité dans la résolution des conflits mais aussi des
dommages de tous ordres. Encore que c'est ce milieu qui génère
plus de revenu à l'Etat avec ses nombreuses activités
économiques que nous avons étudiées en introduction de ce
mémoire.
SECTION II : LA PROMOTION DES STRUCTURES
ADMINISTRATIVES CHARGES DE LA PROTECTION DU LITTORAL
Aussi pertinentes qu'elles soient, les règles de droit
ne produisent pas, par elles-mêmes, les effets qu'on en attend. Leur
efficacité dépend le plus souvent des moyens de contrôle
mis en oeuvre par les parties pour en assurer le respect. Les règles de
protection de l`environnement n`échappent pas à cette
réalité. Or, dans en Côte d'ivoire, les règles de
protection de l`environnement marin et côtier souffrent d`un cruel
déficit de contrôle, les institutions chargées
d'opérer ces contrôles n'exerçant pas toujours les
compétences que leur reconnaissent les instruments nationaux et
internationaux relatifs au littoral ratifiés par la Côte d'ivoire.
Leur efficacité s`en trouve donc affectée.
Les différents textes relatifs à la protection
de la zone côtière prévoient, globalement, deux types de
mécanismes de mise en oeuvre de leurs dispositions : les
mécanismes non juridictionnels et les mécanismes
juridictionnels.
310 Les Reformes Fiscales Ecologiques (RFE) sont promues par
le Comité d'aide au développement (CAD) del'OCDE. Voir OECD DAC
(2003), Working Party on DevelopmentCo-operation and Environment, Scoping
Workshop on «Reducingpovertythroughenvironmental fiscal reform
(EFR)», OCDE: Paris, (disponible en ligne:
http://www.sourceoecd.org/environment/9264026576)
et OCDE DAC (2005) La Réforme Fiscale Ecologique axée sur la
réduction de la pauvreté, OCDE: Paris. Disponible en ligne:
http://www.oecd.org/dataoecd/32/32/35050955.pdf
; Cité par ZOGNOU (Théophile), op.cit., P.432
311 Voir GTZ, Environmental Fiscal Reform and National Forest
Policies, 2005. GTZ la Deutsche GesellschaftfürTechnischeZusammenarbeit
est l'agence de coopération technique allemande pour le
développement). Cité par ZOGNOU (Théophile), op.cit.,
P.432
118
Les mécanismes non juridictionnels consistent
essentiellement en des procédures administratives non contentieuses que
peuvent par exemple mettre en oeuvre la cote d'ivoire et consistent
concrètement en des mesures que peuvent prendre directement les services
techniques du ministère en charge de l'environnement ou d'autres
ministères pour des questions relevant de leurs compétences
respectives. Ces mesures peuvent revêtir la forme de décisions
d'interdiction ou de suspension d'une activité jugée dangereuse
pour l`environnement; elles peuvent également consister en des amendes
de police en réparation d'un dommage limité à
l'environnement portuaire, en des saisies et confiscations de produits ou
denrées obtenus en infraction aux dispositions environnementales ou en
une transaction consécutive à une atteinte à
l'environnement, lorsque son auteur est disposé à trouver un
arrangement à l'amiable avec l'autorité administrative
compétente, tandis que les mécanismes internationaux de
contrôle mis en oeuvre dans le cadre des conventions peuvent parfois
aboutir à l'arrêt des financements. Mais dans l'un comme dans
l'autre cas on relève de nombreuses insuffisances312.
Sur le plan juridictionnel, malgré tous les actes de
délinquance écologique qui se traduisent très souvent par
le déversement des déchets industriels directement dans la mer,
l`occupation anarchique de la zone côtière, la pêche
illégale dans les eaux de la région, la pollution
fréquente de la mer et des zones côtières par les
hydrocarbures, on observe encore une certaine tolérance administrative.
Les tribunaux sont rarement saisis. Le déversement en 2006 à
Abidjan par le navire Probo Koala affrété par la
société Trafigura des déchets toxiques, causant la mort
d'au moins 17 personnes et l'intoxication de plus de 100 000
autres313, illustre bien cette attitude. La catastrophe est
soldée par un arrangement à l'amiable alors que la Convention
d`Abidjan était applicable314.
312 On a pu constater que les Etats agissent « selon
qu'il leur convient » et « dans la mesure du possible »,
ce qui altère la portée de la norme et compromet la
réalisation des objectifs poursuivis. On a aussi remarqué que le
« législateur » international, aux termes des conventions
récentes, a institué un contrôle préventif pour
éviter toute violation de la norme, pour en assurer le respect et la
promotion .voirC.IMPERIALI, « Introduction générale »,
in L?effectivité du droit international de l?environnement, Ed.
Economica, 1998, p.9.. Il s'agit en fait d'un contrôle
systématique fait par les organes conventionnels dont les techniques et
procédures s'inscrivent largement dans un système de rapports qui
dans le Golfe de Guinée reste insuffisant et insusceptible d'obliger les
Etats régionaux à respecter leurs obligations conventionnelles.
Malgré l'institution des Comités scientifiques et techniques
notamment dans la plupart des conventions ratifiées par les Etats du
Golfe de Guinée telles la Convention sur la Diversité Biologique,
la Convention sur les changements climatiques et même la Convention
d`Abidjan, les résultats escomptés sont bien loin d`être
atteints. De plus, en dépit du suivi réactif que peut impliquer
ce contrôle (enquête et inspection), il s'avère
difficile d'en admettre l'efficacité. L'aboutissement des
procédures est facultatif et se heurte au consentement préalable
de l'Etat. En outre, si malgré tout le contrôle s'opère, la
mise en oeuvre des conclusions et recommandations repose sur le dialogue, la
négociation et la conciliation. Ibid. p. 13..
313 Chiffres issus de sources officielles ivoiriennes et
repris par des observateurs internationaux (ex : Rapporteur spécial des
Nations unies sur les déchets toxiques, Organisation mondiale de la
santé, Bureau de la coordination des affaires humanitaires - OCHA). Ces
chiffres ont toujours été contestés par TRAFIGURA qui a,
dans le cadre de la procédure engagée au Royaume-Uni,
appelé en 2009 des experts à étudier la question ;
à l'issue de leur étude, ils ont déclaré ne pas
pouvoir faire de lien direct entre le déversement et l'exposition
auxdéchets toxiques à Abidjan, et les morts et blessures graves
constatées en Côte d'Ivoire.
314 A Douala au Cameroun, l'usine de savonnerie C.C.C
(Complexe chimique du Cameroun), qui constitue l`une des plus anciennes
unités industrielles de la ville, a toujours déversé des
déchets liquides dans un canal qui rejoint le lit du Wouri, grand fleuve
qui se déverse en mer (contenant des crevettes, des silures dits
sacrés) entraînant régulièrement la mort de dizaines
de milliers d`espèces marines. Pourtant, aucune procédure
judiciaire n'a jamais été engagée à l'encontre de
ladite usine. De même, la CIMENCAM (Cimenterie du Cameroun),
implantée dans la zone industrielle de Bonabérie, continue de
déverser des déchets liquides dans le même fleuve Wouri,
sans jamais avoir non plus été inquiétée par une
quelconque procédure judiciaire. Et encore, même les coupes
abusives de bois de mangrove et les feux de brousse, pourtant pénalement
répréhensibles, ne font quasiment pas l'objet de poursuites
pénales. De nombreux établissements classés se
créent et fonctionnent en méconnaissance de la
réglementation relative aux établissements.
119
Cette amélioration s'analyserait sur un double angle
à savoir l'amélioration des moyens d'intervention des structures
administratives et la nécessité de la mise en place d'un
organisme chargé de la gestion du littoral.
PARAGRAPHE I : L'AMELIORATION DES MOYENS D'INTERVENTION
DES STRUCTURES ADMINISTRATIVES
On observe en effet une certaine impunité qui montre les
limites des mécanismes juridictionnels à assurer une protection
efficace de la zone côtière du pays. Il devient par
conséquent impératif de réorienter ou plutôt de
redéfinir les mécanismes conventionnels de contrôle et le
pouvoir des institutions d`une part (A) et renforcer la responsabilité
pour une protection efficace du littoral d`autre part (B).
A- LA REDEFINITION DES MECANISMES DE CONTROLE ET DES
POUVOIRS DES INSTITUTIONS
Ilest vrai que le droit de l`environnement souffre de sa
complexité et de sa nature révolutionnaire qui implique un
réel changement de comportement de la part de ceux qui ont longtemps cru
que protéger l`environnement était « l'affaire de
quelques naturalistes et autres marginaux »315. Toutefois,
précisément parce qu`il ne va pas dans le sens des habitudes des
citoyens, le droit de l`environnement exige une action volontariste des
pouvoirs publics pour lui assurer un minimum d`efficacité. Cela suppose
que ces pouvoirs publics jouent pleinement leur rôle, notamment en
organisant des contrôles préventifs et, le cas
échéant en rendant effective les sanctions. En Côte
d'ivoire, il s`agira surtout de réorienter les mécanismes de
contrôle mis en place dans le cadre de la protection de la zone
côtière, mais aussi de renforcer les capacités des
institutions en charge de ce contrôle.
1- La réorientation des mécanismes de
contrôle
Les procédures de contrôle de l`application des
textes ne débouchent pas, généralement, sur une
condamnation des Etats « fautifs », mais sur une assistance à
leur mise en oeuvre, qu`elle soit financière, technique ou juridique.
Bien plus, les moyens de sanctionner le non-respect proprement dit sont peu
nombreux. Lorsqu`ils existent, ils ont une valeur dissuasive et sont
destinés en réalité à prévenir les
manquements. Cette politique que nous pouvons qualifier de paternaliste est
certainement à l`origine de la dégradation continue de notre
littoral. Il devient impératif d`exhorter le gouvernement à
activer et renforcer son contrôle.
En effet, les lois et les règlements sont faits
généralement pour prescrire, ordonner ou interdire. On peut dire
que la législation sur le milieu marin et les zones
côtières vise normalement ces mêmes objectifs. Mais, la
question qui se pose est celle de l`efficacité des textes juridiques.
Pour cette raison la loi doit prévoir en même temps les moyens de
son application. A ce propos, Catherine BERGEAL estime que « nombreux
sont les textes, surtout parmi ceux qui créent des droits ou des
garanties nouvelles, dont l'application nécessite la
315 M. KAMTO, Droit de l'environnement en Afrique op. cit. ,
p.16.
120
mise en place de moyens pratiques supplémentaires
en personnel ou en argent. Or trop souvent, ces moyens font défaut et
des textes soigneusement élaborés ne peuvent être
adoptés, ou même, ce qui est beaucoup plus praticable, restent
lettre morte, parfois durant de longues années
»316. C`est pourquoi, il est souhaitable que la
législation sur le littoral prévoit non seulement les
mécanismes de contrôle administratif des utilisations de ces
espaces mais aussi ceux de la validité des autorisations et permis
d`exploitation des ressources.
En outre, certaines dispositions du texte doivent assurer,
d`une part la protection des droits acquis par voie administrative ou
légalement, et de l`autre, prévoir les possibilités
d`exercer des recours contre certaines décisions administratives ou
même contre les procédures mises en oeuvre. En plus, on peut noter
que des sanctions administratives et pénales sont nécessaires
à la bonne application de la loi. Toutefois, l`usage excessif des
sanctions paraît contre-productif par rapport aux objectifs de gestion
durable de cet environnement et de ses ressources qui requièrent
nécessairement la participation de tous les acteurs. Cela ne veut pas
dire qu`il faut négliger les sanctions, mais il s`agit de
privilégier une démarche visant à prévenir la
survenance des tensions autour de la protection et la gestion de ces
écosystèmes. Compte tenu des usages multiples des zones
côtières, les infractions aux dispositions réglementaires
seront constatées par procès-verbal notifié au
contrevenant par les officiers et agents de police judiciaire, les agents et
fonctionnaires assermentés et commis à cet effet par les
ministres chargés de l'environnement, de l'urbanisme et de l`habitat, de
l'agriculture et de l'élevage, etc. Par contre, nous pensons que cette
démarche a peu de chance de déboucher sur des sanctions pour des
raisons liées au manque de personnel qualifié et de moyens
logistiques. En plus, les logiques sociétales africaines
privilégient beaucoup plus les arrangements en lieu et place des
sanctions. La précarité des agents de l`État
chargés de la protection des ressources naturelles pousse aussi ceux-ci
à tolérer certaines infractions en contrepartie d`une faveur
financière ou par l`évocation des liens sociologiques notamment
le clan, la tribu, l`ethnie, etc.317.
Dans le contexte ivoirien, pour rendre effective les
réglementations de gestion des ressources naturelles, celles-ci pourront
renforcer les pouvoirs des autorités coutumières qui auront pour
charge de constater certaines infractions et ce en complément des agents
relevant de l`État.Aussi, l`adoption des conventions locales permettra
de créer les conditions pour une adhésion des
bénéficiaires à travers les engagements auxquels ils
auront librement souscrit.
Un autre volet indispensable à l`objectif de protection
effective de la zone côtièreivoirienne est celui de la
redynamisation institutionnelle qui se résume à l'octroi de
moyens aux institutions pour assumer leurs responsabilités.
2- L'octroi de moyens aux institutions pour assumer leurs
responsabilités
L'efficacité des textes relatifs à la protection
de la zone côtière en Côte d'ivoire est fragilisée
par le faible poids des institutions en charge de leur application. En effet,
ces services disposent souvent de trop peu de pouvoirs et de moyens pour faire
face à la forte pression à laquelle ils sont soumis, notamment
dans les cités côtières où l`urbanisation est
incontrôlée et où les dangers de pollutions sont palpables
pour cette zone. Aucune action durable de
316 BERGEAL (Catherine), rédiger un texte normatif,
loi, décret, arrêté, circulaire, Berger-Levrault, Paris,
décembre2008, p. 179.
317D`ailleurs, même en France, Le Conseil
d`État constatait que pour certaines législations techniques,
« les infractions sont insuffisamment relevées par les agents
chargés de leur contrôle et, lorsqu'elles le sont, font souvent
l'objet d'un classement sans suite du parquet ou bien d'une indulgence des
tribunaux pour des infractions considérées comme secondaires ou
mal appréhendées en raison de leur technicité. Les
sanctions pénales sont, par ailleurs inadaptées aux infractions
commises en raison de leur caractère déshonorant » Cf.
BERGEAL (Catherine), op.cit. P 201.
121
sauvegarde et de mise en valeur de ce milieu n`atteindra ses
objectifs en Côte d'ivoire tant que la grande majorité des
services qui en ont la charge resteront aussi passifs. Ces services ont
manifestement besoin d`être renforcés d`un point de vue
institutionnel, humain et opérationnel, pour être à la
hauteur de leurs missions. Pour l`essentiel il sera question ici du
renforcement du pouvoir des institutions en charge de la zone
côtière.
Comme on a eu l`occasion de le remarquer, les institutions
tant nationales qu`internationales jouent un rôle très important
dans la mise en oeuvre des règles juridiques prescrites par les
conventions internationales et les textes nationaux législatifs et
réglementaires. L`intervention de ces institutions est cependant
limitée compte tenu de l`étendue et de la portée des
pouvoirs qui leur sont conférés. Ces limites sont essentiellement
relevées dans l`exercice de leur pouvoir de contrôle de la mise en
oeuvre des normes juridiques.
De manière générale, les institutions
publiques jouent un rôle primordial aussi bien dans la mise en place des
règles juridiques de protection et de gestion de l`environnement que
dans leur application effective. Elles doivent veiller au respect des
règles édictées et pouvoir sanctionner les
administrés qui violent lesdites règles. Cependant, si dans le
pays, les organes publics rencontrent d`énormes difficultés dans
l`exécution de leurs tâches, cela est fondamentalement dû au
fait que leur politique interne en matière d`environnement marin est
inefficiente et inefficace. C`est la raison pour laquelle plusieurs approches
de solutions sont possibles pour remédier à ces manquements.
Pour que l`administration publique (centrale,
déconcentrée et décentralisée) puisse effectivement
jouer le rôle qui lui incombe, elle devrait pour commencer, se doter de
personnels compétents en matière d`environnement. Pour cela, il
est important, voire nécessaire, qu`elle dispose au niveau le plus haut
de compétences en matière juridique et de gestion administrative.
La maîtrise des procédures permet, en effet, de mieux
bénéficier des possibilités offertes : lignes
budgétaires, procédures de recrutement, etc. Les servicesde
protection de l`environnement marin et côtier doivent également
veiller à ce que les normes existantes soient efficaces et en
adéquation avec les réalités du terrain. Par la suite, ils
doivent formuler des propositions concrètes permettant
d`améliorer le cadre juridique existant, lorsque cela s`avère
nécessaire. Une telle expertise peut s`acquérir par la pratique.
Des formations internes dans les ministères pourraient cependant
s`avérer d`une plus grande efficacité.
En ce qui concerne spécifiquement l`environnement marin
et côtier, un contrôle plus poussé devrait être
exercé à tous les niveaux du mécanisme de protection. Pour
les moyens de prévention par exemple, les autorités qui
délivrent les autorisations pour le démarrage d`activités
à risques devront en premier lieu s`assurer de l`effectivité de
la réalisation d`études d`impacts sur le milieu marin et les
zones côtières et en second lieu exercer un contrôle sur le
contenu du rapport produit. Elles devront être en mesure d`interdire la
réalisation des activités entrant dans le cadre de la mise en
oeuvre du projet, lorsqu`elles jugent les résultats des études
d`impact non conformes aux normes environnementales.
Par ailleurs, afin de permettre aux services administratifs
d`exécuter leurs tâches dans le respect des textes juridiques, des
solutions devraient être trouvées aux problèmes
posés par le manque de ressources financières dont souffrent le
pays. L`affectation de fonds publics à la recherche environnementale,
à la réalisation de projets environnementaux, la lutte contre la
corruption dans les services publics, la promotion de la participation de tous
les acteurs de développement, la lutte contre la pauvreté, sont
autant de propositions de solutions pour sortir de la situation dans laquelle
se trouvent ces institutions de droit interne. Il faudrait surtout mener des
réflexions à tous les niveaux, réflexions censées
aboutir à la réalisation d`activités susceptibles de
générer des fonds (au niveau étatique et local) afin de
doter les services d`une certaine autonomie financière.
122
A coté de la redéfinition des mécanismes
de contrôle des structures déjà existantes, il est
nécessaire de créer un organe chargé de la gestion du
littoral qui pourrait voir le jour en même temps que la loi sur le
littoral proposer plus haut.
B- LA NECESSITE DE CREER UN ORGANE CHARGE DE LA GESTION DU
LITTORAL
La nécessité d'une nouvelle politique de
protection et de conservation s'impose dans la mesure où le littoral est
un milieu fragile, mais doté de ressources importantes donc source
d'actions et de pressions importantes, et dont les moyens de protection
à dispositions sont incomplets.
Aussi la création d'un organe sur le modèle
français tel que le Conservatoire du littoral du 10 juillet 1975, ou
encore tunisien comme l'agence de protection et de l'aménagement du
littoral de 1995318ou anglais tel que le National trust
britannique319peut juguler cette difficulté. Dans quelle
mesure cet organe peut résoudre ces problèmes ? Pour
répondre à cette question inspirons nous des missions et des
caractéristiques du conservatoire français qui va d'un constat
simple : « il est apparu que c'est en contrôlant les terrains de
bord de mer que l'on pourrait tout à la fois les protéger , les
aménager, et les mettre en valeur »320.
Récemment, le Président Giscard a rappelé
la raison principale qui l'a encouragé à créer le
conservatoire : « J'étais à la fois consterné et
inquiet d'une urbanisation envahissante et incontrôlée et d'une
spéculation immobilière dénuée de scrupule
»321. En effet, le littoral est actuellement l'objet de
toutes les convoitises. On oublie d'ailleurs que cela n'a pas toujours
été le cas ; Yves Luginbülh, au XVIIIème
siècle décrivait ainsi le littoral : « le littoral est
un lieu d'horreur, c'est le lieu du déluge, le contraire du calme et de
la tranquillité, c'est le bord du gouffre, des abysses, c'est le lieu
des apparitions des monstres de la mer, c'est le lieu du rejet des
excréments de la mer, le lieu des rapts, des pirates, c'est le lieu de
l'antihygiénisme qui se manifeste à travers les récits des
marins dans le mal de mer, les épidémies dans les navires
»322.
Cette création est probablement une des conditions sine
qua non pour que le littoral ne « meurt » pas. C'est une
réalité, il faut que la Côte d'ivoire par ses
autorités emprunte ce chemin. Ce serait l'institution de
référence pour la gestion et la protection du littoral.
Il serait en outre un organisme de coordination et d'impulsion
promouvant une gestion partenariale, adaptative et évolutive. Entre
autres rôles323 il pourrait :procéder à
l'élaboration des différents instruments et veiller à leur
exécution,coordonner les décisions gouvernementales en
matière de gestion du littoral et même s'assurer que les
ministères ajustent leurs actions respectives quant à la
protection du littoral, coordonner les actions
318JOUINI (Ezzeddine), « la protection de
l'environnement côtier en Tunisie », faculté de droit et des
sciences politiques de Tunis, voir
http://www.memoireonline.com/12/07/740/m_protection-environnement-cotier-tunisie0.html
319RAYNAL (Florence), « le conservatoire du
littoral : une vue imprenable sur la mer » p 3, articles `'label France",
www.diplomatie.gouv.fr/fr/actions-france
830/environnement-1042/environnement-developpement durable
320YELLES (N.), 1997, Espaces
protégés et tourisme de nature sur le littoral atlantique
français, stratégies et enjeux, thèse de
géographie, Paris, p.380
321 Lettre de Valéry Giscard d'Estain relative au
35ème anniversaire du conservatoire du littoral, 8 septembre 2010
322 ROULETTE (Loïc), le conservatoire du littoral :
analyse juridique, Master II « Droit Maritime et des Transports »,
2010/2011,Faculté de droit et de science politique d'Aix en Provence,
P.8
323Rapport de la cellule du littoral Marocain,
2006, p.6,
www.matee.gov.ma/publication/dwn/littoral/littoral_final.pdf.
Cité par NYOGOK(Serge), op.cit.
123
publiques et privées qui touchent le
littoral,surveiller et de protéger le milieu marin et s'assurer d'une
gestion rationnelle de la zone côtière en développant
à la fois la réglementation et le partenariat,chercher à
concilier de manière réaliste les objectifs de la gestion
intégrée du littoral avec les capacités des institutions
locales impliquées et des groupes d'intérêts locaux ou
communautaires , faire valoir son expertise partout où besoin se ferait
sentir surtout pour les populations et leurs élus locaux dans l'exercice
de leurs compétences sur le littoral (ce qui signifie qu'il doive
être constitué d'experts multidisciplinaires comme le sont les
interactions sur le littoral).
Une telle institution serait un moyen de résoudre les
problèmes de l'aménagement et l'occupation désinvolte des
sols. Les rivages et les mangroves du Littoral ivoirien qui sont en voie de
disparition pourraient ainsi profiter du génie écologique du
conservatoire c'est-à-dire des opérations de restauration et de
conservation afin de cicatriser les sites et composantes du littoral qui sont
endommagés. La Côte d'ivoire pensons-nous serait bien
inspiré de prendre exemple sur le modèle de ce conservatoire qui
a fait des émules dans le monde entier par sa mise en place mais aussi
par l'expertise qu'elle exporte, conscient que c'était là un
formidable outil de protection du littoral, bien que préalablement et en
amont doit être réglé la question du financement car cette
opération peut être très chère.
A la lumière du rôle que peut avoir un tel organe
où le constat d'une meilleure protection est fait, il est assez logique
de penser que le renforcement des structures administratives en charge de la
protection du littoral doit être complété ou suivie par
celui de la gestion proprement dite où la protection serait encore plus
évidemment mise en exergue ceci facilitant et améliorant la
qualité et l'effectivité de ladite protection.
PARAGRAPHE II :L'ADOPTION D'UNE APPROCHE
MULTISECTORIELLE ET INTEGREE DE LA ZONE COTIERE IVOIRIENNE
Les zones côtières constituent un espace
géographique à l`interface terre/mer324.
Dès lors, ces écosystèmes subissent une
double intervention, celle générée par les
activités en mer et celle développée à partir du
littoral ou sur le littoral mais qui ont un impact sur le milieu
marin325. Ces zones revêtent une importance stratégique
pour la Côte d'ivoire. Un pourcentage appréciable de la population
ivoirienne y a élu domicile.
Les zones côtières sont particulièrement
exposées aux risques, aggravés par les effets éventuels du
changement climatique. L`éventualité d`une
élévation du niveau des mers accroît la probabilité
de survenue de marée de tempête326, augmente le risque
d`érosion et d'inondations côtières, accentue la
pénétration d`eau salée vers l`intérieur des terres
et menace davantage les zones tampons naturelles telles que les zones humides.
Des secteurs importants
324 DROBENKO(B.), « La domanialité publique : les
risques et la GIZC », Vertigo - la revue électronique en
Sciences de l'environnement [En ligne], voir le lien :
http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:http://vertigo.revues.org/10230
325Ibid.
326 La marée de tempête est une
élévation anormale du niveau de la mer. Elle est provoquée
conjointement par laforte baisse des pressions au centre du cyclone et par
l'intensité des vents à la périphérie de l'oeil,
qui repoussel'eau à l'avant du cyclone. L'élévation du
niveau de la mer dépend fortement de la configuration du littoral, de
latopographie des fonds marins et du déplacement relatif du cyclone par
rapport à la côte. Les marées de
tempêtereprésentent un danger pour les personnes et les biens
implantés en bordure de mer, à très basse altitude. La
hausse du niveau de la mer peut avoir comme conséquence de ralentir
l'écoulement des rivières, et donc de provoquer des inondations
à l'intérieur des terres.
124
pour les zones côtières tels que le tourisme, la
pêche et l`agriculture sont parmi les plus vulnérables aux
changements climatiques possibles. La vulnérabilité des
systèmes humains et naturels327 s`est accrue en raison des
projets incessants d`aménagement et de constructions dans les environs
immédiats du littoral, du manque d`espace pour faire face à
l`élévation du niveau de la mer328 et du
déficit chronique de l`équilibre sédimentaire.
Dans ce contexte, la gestion intégrée des zones
côtières s`avère décisive ; c`est un moyen de
répondre aux problèmes posés par la densification
croissante des activités humaines sur cet environnement. Ce concept de
GIZC, initialement développé par le monde scientifique, sur la
base du constat que seule une approche systémique permettrait de prendre
en compte la complexité du littoral, tant au plan physique(interface
terre-mer) qu`au plan de gestion et de la gouvernance329, a acquis
une reconnaissance institutionnelle au Sommet de la Terre de Rio de Janeiro en
1992 avec l` « Agenda 21 » qui dans son action 17 appelle à
généraliser la gestion intégrée des zones
côtières, problématique également soulevée
par les conventions sur les mers régionales dans une logique de
protection cohérente de l`environnement marin.
A- UNE SOLUTION : LA GESTION INTEGREE DES ZONES
COTIERES
La gestion intégrée des zones
côtières, dont les définitions peuvent varier330
mais dont les principales caractéristiques sont reconnues et
établies331, est un processus continu, proactif et adaptable
de gestion des ressources et des territoires fragiles que sont les zones
côtières332. Elle ne peut plus rester au stade du
discours ni même à l'échelle micro-territoriale, elle
s`impose comme un processus « inéluctable »333de
recomposition du territoire côtier impliquant une coopération
internationale et interrégionale accrue ainsi qu'une nouvelle approche
de l'exercice du pouvoir. Elle est recommandée par la Convention de
Ramsar334 et par le sommet de la terre Johannesburg qui a fait de la
gestion de l'eau une priorité mondiale pour le développement
durable335. Comme l'énonce le chapitre 17 de l'Agenda 21,
plan d`action mondial pour le 21 e siècle : « Le milieu marin,
y compris les océans, et toutes les
327 Cette réflexion apparaît dans plusieurs
rapports d'expertise de niveau national ou international comme parexemple dans
les rapports du 5th Global Forum on Oceans, Coasts, and Islands, May 3-10,
2010, Unesco, Paris.
Elle est très marquée dans les rapports produits
par l'Union européenne. Cf. notamment la Communication de laCommission
des Communautés européennes, Rapport au Parlement
européen et au Conseil : évaluation de lagestion
intégrée des zones côtières (GIZC) en Europe,
Bruxelles, 7 juin 2007, COM (2007) 308 final.
328 Pour des estimations précises cf. P. A. PIRAZZOLI,
« L'élévation récente du niveau de la mer et
lesprévisions pour le XXIe siècle », Actes du colloque
d'Arles, 12-13 octobre 2000, sur « Le changement climatique et les
espaces côtiers. L'élévation du niveau de la mer : risques
et réponses ». Textes réunis par Roland PASKOFF. pp.
10-13.
329 On peut évoquer ici la multitude des fonctions, des
secteurs d'activité concernés et les décideurs agissant le
plus souvent sans concertation, alors que les effets de leurs décisions
se superposent et interagissent.
330 La gestion intégrée des zones
côtières est indifféremment désignée par les
expressions : approche intégrée des zones côtières,
aménagement intégré des zones côtières ou
gestion intégrée des côtes.
331 Cf. LOZACHMEUR (Olivier), La consécration du
concept de gestion intégrée des zones côtières en
droit international, communautaire et national. Thèse de doctorat,
Université de Nantes, 2004, 837 p
332 Cf. Secrétariat de la Convention de Ramsar,
Gestion des zones côtières, Manuels pour l'utilisation
rationnelle des zones humides, 3e édition, 2007, p. 26.
333 M. PRIEUR, « Conclusion : Rapport de synthèse
sur la gestion intégrée des zones côtières »,
VertigO - La revue électronique en sciences de l'environnement,
Hors-série 5/mai 2009, mis en ligne le 28 mai 2009, p. 3. ULR :
http://vertigo.revues.org/index8428.
334 V. Résolution VIII.4 de la Convention et son
annexe. La Convention de Ramsar a produit un guide déclinantles «
principes et lignes directrices pour inscrire les questions relatives aux zones
humides dans la gestionintégrée des zones côtières
», visant à « aider les Parties à faire en sorte que le
rôle, les valeurs et les fonctionsdes zones humides côtières
soient bien pris en compte par tous ceux qui sont responsables de
l'élaboration et dela mise en oeuvre de la gestion
intégrée des zones côtières dans leur pays
».
335Manuel pour l'utilisation rationnelle des zones
humides (Ramsar, 3éme édition, 2007, 32 pages) et Manuel 10 :
« Gestion des zones côtières » (Ramsar 3ème
édition, 2007, 54 pages).
125
mers, et les zones côtières adjacentes, forme
un tout et constitue un élément essentiel du système
permettant la vie sur Terre. »336 avant d'ajouter que la
protection et la mise en valeur des mers et océans et des zones
côtières supposent de nouvelles stratégies de gestion
notamment au niveau national.
Dans cette perspective, une approche globale de la gestion du
littoral et de la zonemaritime doit inclure les zones situées en amont
du littoral et du bassin fluvial, étantdonné que les pratiques de
gestion dans chacun de ces systèmes peuvent produiredes effets dans la
zone aval.
Une planification et une gestion simultanée de
toutesles activités sectorielles permettent donc d`atteindre des
bénéfices collectifs plusimportants en terme de
développement durable que les plans sectoriels séparés
etindépendants les uns des autres. Il est bien entendu
nécessaire, tant pour laplanification que pour la gestion, de
déterminer précisément les espaces concernés car la
surface couverte peut être considérable. Ainsi, en passant de
l`aménagementdes zones côtières à leur gestion
intégrée, on regroupe non seulement les espacesconcernés
mais aussi les aspects physiques, biologiques et humains et les
objectifséconomiques, sociaux et environnementaux. Il convient cependant
d`ajouter que lagestion intégrée des zones côtières
ne remplace pas les gestions sectoriellespréexistantes mais elle les
complète et améliore leur capacité notamment enfacilitant
leur coordination.
Cependant, le véritableconcept de gestion
intégrée est né lors du Sommet de Rio de Janeiro, et
correspondaux recommandations de l`Agenda 21, Action 17, pour le littoral.
Ainsi, la gestionintégrée de ces écosystèmes
consiste en des orientations politiques et des mécanismes de gestion.
Les interrelations entre les trois systèmes sont doncreconnues en vue de
la protection de l'environnement et du développement
socioéconomique,ceci afin d'assurer les bases du développement
durable.
Par ailleurs, une mise en oeuvre efficace de la GIZC passe par
la coopération desnombreuses instances de réglementation de
l`aménagement du littoral entre elles etégalement avec des
intervenants du secteur privé. Leurs intérêts peuvent
être cependant contradictoires. Ces démarches globales visent
avant tout à améliorer laqualité de vie des populations
qui dépendent des ressources côtières, tout enmaintenant la
diversité biologique et la productivité des
écosystèmes. L'éliminationde la pauvreté est donc
un objectif important de la gestion intégrée des
zonescôtières.
Dans ce sens, la politique actuellement menée en
Côte d'ivoire doit évoluer ; trop sectorielle, elle ne
répond pas aux objectifs de gestion intégrée deszones
côtières.
1- La nécessité d`une approche
opérationnelle de la gouvernance des zones côtières
Pour que le processus de GIZC atteigne ses objectifs, l'Etat
doit incorporer deux approches qui conduisent à déterminer des
principes degouvernance à plusieurs échelles et dans divers
domaines. Ces deux approchessont l`interdépendance et
l'intégration, auquel il faut ajouter l`approche
participative.L`intégration est généralement
définie comme un processus d`unification, ou encoreune manière de
rassembler des éléments pour qu'ils forment un tout
cohérent337. Elle se décline en plusieurs
dimensions338. Classiquement, il est envisagé
336§ 17.1, Agenda 21.
337 Cf. B. CICIN-SAIN, 1993, op.cit., p. 23 et A. UNDERDAHL,
« Integrated marine policy. What ?Why ?How ? » Marine
Policy, July 1980, pp. 159-169. Cité par ZOGNOU (Théophile),
op.cit. p 332
338 Cf. S. CAUDAL-SIZARET, La protection
intégrée de l'environnement en droit public français,
Thèse dedroit, Université Jean Moulin, Lyon III, 735 p ; ROCHETTE
(Julien), 2007, op.cit. pp. 44 et suiv.
126
l'intégration verticale, c'est-à-dire entre
institutions et niveaux administratifs d'un même secteur, et horizontale,
ce qui signifie une intégration entre divers secteurs d'un même
niveau administratif. La GIZC s`intéresse aux liens entre les
activités sectorielles. De même elle doit conduire à
décloisonner les administrations porteuses de vision sectorielle pour
replacer la gestion des zones côtières dans un contexte
économique et social complet. L'intégration doit également
s'opérer sur le plan politique par des stratégies et plans
d`aménagement adaptés ainsi que sur les plans spatial et
temporel.
L'intégration entre les éléments
terrestres et marins des zones côtières est un aspect essentiel de
la démarche GIZC qui rejoint l'importance de coordonner les plans
d`'action à différentes échelles spatiales pour
éviter les contradictions. Ces instruments de gestion et de
planification doivent être guidés par une gestion scientifique
intégrée, ce qui signifie qu'il faut envisager les connexions
entre les disciplines339 ainsi que des transferts de connaissances
scientifiques pour les rendre accessibles et utilisables par l`ensemble des
décideurs et des utilisateurs.
L'intégration temporelle vient compléter cette
démarche en assurant la coordination des plans et programmes à
court, moyen et long terme. Elle permet également d`envisager la gestion
des zones côtières dans la perspective de préserver ce
patrimoine commun dans l`intérêt des générations
futures340. Enfin, l'intégration fonctionnelle suppose une
harmonisation du travail des organes de gestion et l'intégration
systémique se fonde sur la prise en compte de toutes les interactions et
questions liées à la gestion des zones côtières.
L'approche intégrée de la gestion des zones côtières
correspond bien à la mise en oeuvre du principe des
responsabilités communes mais différenciées qui conduit
les États à assumer leur responsabilité environnementale
à l'égard de leurs citoyens et de l'ensemble de la
Communauté internationale.
L'interdépendance, quant à elle, apportera
à la Côte d'ivoire une dimension complémentaire qui
amène à considérer l`environnement « extérieur
» c'est-à-dire à prendre en compte l'environnement
global341 et tous les éléments, facteurs,
mécanismes qui conduisent à entraver le développement
durable. La GIZC participe à la mise en oeuvre d`une sorte de
partenariat mondial défini lors du Sommet de Rio en 1992 et en cela elle
est, dès l`origine, ancrée dans cette approche qui lie
environnement et développement, crises environnementales et
système commercial international, développement équitable
et qualité de vie des populations342...
L`interdépendance peut se concevoir à plusieurs
niveaux du local au global et renvoie nécessairement à des
responsabilités partagées en matière de gestion des zones
côtières dans un environnement mondialisé, où les
choix de développement comme les orientations de gestion
environnementale des États et de leurs collectivités ont des
répercussions pour l'ensemble de la Communauté humaine et pour la
biosphère.
339 Cf. B. CICIN-SAIN, R. KNECHT, Integrated coastal and
ocean management : concepts and practices,Island Press, Washington, 1998,
pp. 43-46. Cité par ZOGNOU (Théophile), op.cit. p 333
340 Ce que prévoit le §3 du Préambule du
Protocole relative à la GIZC de la Méditerranée : «
Considérant que leszones côtières constituent un patrimoine
naturel et culturel des peuples de la Méditerranée qu'il convient
depréserver et d'utiliser judicieusement au profit des
générations futures ». Voir également l'article 5b
qui évoquela préservation des zones « pour le
bénéfice des générations présentes et
futures ».
341 Cf. J. V. NORMA, S. REGINA, Axelrod (eds), The Global
Environment. Institutions, Law and Policy,Earthscan, London, 1999.
Cité par ZOGNOU (Théophile), op.cit. p 333
342 Cf. B. CICIN-SAIN, 1993, op.cit., pp. 13 etsuiv.
127
2- La nécessité d`une participation
accrue des communautés locales au processus de GIZ
La participation est présentée à la fois
comme une condition de réussite et un objectif de la GIZC343.
Elle s`entend aussi bien de la participation des communautés locales et
du public que de l`ensemble des échelons décisionnels. «
La GIZC devrait incorporer une double approche, de la base vers le sommet
et du sommet vers la base pour garantir que les intérêts de tous
les acteurs soient pris en compte au moyen de processus consultatifs et
participatifs locaux tout en créant en même temps, un
environnement juridique et réglementaire favorable à la mise en
oeuvre effective du processus de GIZC »344. On peut
rappeler que la notion de participation au développement n`est pas tout
à fait nouvelle au contexte africain. Elle était
déjà vulgarisée au début des années 1960
avec l`accession des États africains à la souveraineté.
Ainsi, les notions d`animation rurale, d`éducation populaire, de
promotion humaine et de développement communautaire renvoyaient à
la participation des acteurs dans les stratégies de lutte contre la
pauvreté du tiers monde.
Néanmoins, on note qu'en Côte d'ivoire, la
participation des communautés dans le mécanisme de gestion des
zones côtières demeure limitée du fait d'un système
encore embryonnaire et mal intégré. Nous pouvons noter que la
participation effective des populations est nécessaire dans un contexte
de dégradation accélérée des
écosystèmes côtiers. C`est ainsi que, «
l'implication des communautés dans la gestion part du postulat selon
lequel les exploitants d'une ressource sont aussi ses gestionnaires. Elle peut
cependant revêtir des modalités variées
»345. En conséquence, la démarche
participative exige d` « éviter toute hiérarchisation
implicite des besoins, d'autant plus que les individus et les groupes ont tous
leurs priorités et leur propre conception de leurs besoins
»346.
D'un point de vue pratique, la démarche à suivre
dans notre pays, consistera à opérer une rupture
méthodologique avec les interventions directives par lesquelles les
décideurs imposent des solutions aux bénéficiaires. Il
s'agira ici, bien de favoriser l`apparition et le développement des
mécanismes efficaces notamment la confiance indispensable à
l`avènement d`une gestion de nature communautaire. Pour atteindre cet
objectif, « la négociation est alors une procédure
destinée à initier la transformation des usagers de la ressource
en titulaires patrimoniaux... »347. Ensuite, les
étapes les plus importantes de la construction de cette démarche
participative passent par « le diagnostic, la mobilisation des acteurs
concernés, la proposition d'un éventail de solutions, la
discussion et l'accord sur une proposition commune de solutions,
l'adhésion à un plan pour la mise en pratique des propositions
..., pour simplifier, la négociation peut être coopérative
ou distributive »348.
Nous pouvons noter que, dans la pratique, l`inventaire et la
connaissance des besoins et des ressources représentent une
priorité pour tout projet de développement. Ainsi, il consistera
pour les communautés d`effectuer « un inventaire correct de
leurs besoins et ressources dans un esprit de bonne collaboration
»349.
343 C. MEUR-FEREC, « La GIZC à l'épreuve du
terrain : premier enseignements d'une expérience française.
»,
Développement durable et territoires [En
ligne], Varia, mis en ligne le 28 septembre 2007, URL :
http://developpementdurable.revues.org/4471
.
344 Cf. Manuels Ramsar pour l'utilisation rationnelle des zones
humides. Gestion des zones côtières, 2007, op.cit., pp. 28-29.
345 A. COLY, A. NIANG, mobilisation paysanne et gestion de
l'eau, in administrer l'environnement en Afrique, KARTHALA, Paris, 1999, p.
278.
346 J. GALTUNG, Il faut manger pour vivre...controverses sur
les besoins fondamentaux et le développement?,Paris, PUF, 1980, p.
80.
347 H.GILLIARD, vers une gestion durable des ressources en
eau, in ?les Cahiers du CRIDEAU??, N°6, PULIM, Limoges, 2002, p. 41.
348Ibid.
349A. COLY et A. NIANG, op.cit, p. 279.
128
De ce fait, les bénéficiaires doivent comprendre
qu`il n`y a pas de piège derrière ceprocédé, mais
tout simplement il permettra de mieux connaître les potentialités
et lesbesoins pour les mettre au service des populations elles-mêmes et
ce grâce à unebonne planification. De cette manière, la
participation de la population se manifesteraau niveau de la planification des
besoins et des ressources. Les plans localementétablis offrent
l`avantage d`être plus conformes aux réalités des
populations quiprennent la décision à la base. Les populations
seront représentées dans lemécanisme de prise de
décision à travers « les communautés rurales qui
centralisent et diffusent l'information de gestion les concernant
»350.
L`information constitue une variable déterminante de la
participation en éclairant les choix avant la prise de décisions.
Ceci se rapproche de la position de Maurice KAMTO pour qui, la participation et
l`information se « combinent pour faire du droit de l'environnement un
droit de conciliation, un droit consenti plutôt qu'imposé
»351. En somme, la diffusion de l`information est la
dernière activité qui mettra les populations au courant de la
décision.
L`élaboration d`un plan local de gestion
intégrée des zones côtières implique donc
nécessairement de tenir compte du principe de participation. Le
développement de la participation constitue en elle-même une
alternative à la « crise des modèles traditionnels de
l'action publique »352. C`est pourquoi, les pouvoirs
publics doivent créer les conditions favorables à la
participation des acteurs des zones côtières en facilitant la mise
en place des organes de décisions notamment des commissions locales de
gestion de ces zones côtières.
B- LA MISE EN PLACE ET LE RENFORCEMENT DU SYSTEME DE GESTION
DE L'INFORMATION ENVIRONNEMENTALE DE LA ZONE COTIERE DE CÔTE D'IVOIRE
La complexité des zones côtières rend
leurs gestion et sauvegarde difficiles. Elles requièrent uneinformation
de bonne qualité et actualisée pour aider à prendre les
bonnes décisions. Ceci donneune importance particulière à
la gestion de l'information dans la prise de décision sur les zones
côtières. Le SGIE peut intervenir en tant qu'outil d'appui au
développement durable d'un littoraldonné.
Un SGIE pourrait être considéré
succinctement comme un ensemble de donnéesgérées par un
système unique, dont le but est une meilleure compréhension et
uneintégration pertinente de la dynamique des phénomènes
naturels, humains, culturels et socioéconomiques de l'espace en
question. Il est conçu pour répondre et soutenir
l'aménagement, lagestion et le développement de ces zones
sensibles.
Par ailleurs, le SGIE pourrait refléter un des
principes sous-jacents de la gestion intégrée des zones
côtières (GIZC). Il seraitinterdisciplinaire, transversal et
faciliterait l'intégration desdonnées de natures et de sources
complexes. De ce fait, il serait considéré de plus en plus comme
un outil clé dans la préparation, la livraison et le suivi des
programmes GIZC ainsi quede toute autre action ou programme relatif à la
gestion et à la mise en valeur de ces espacesparticuliers.
350 COLY (A.) et NIANG (A.),op.cit, p. 279.
351NOUROUDINE (G.) et ASSEMBONI(Alida),
L'accès à l'information et la participation du public à la
prise dedécisions publiques en droit africain de l'environnement, in M.
PÂQUES et M. FAURE, La protection de l'environnement au coeur du
système juridique international et du droit interne, acteurs, valeurs et
efficacité,Bruylant, Bruxelles, 2003, p. 259.
352 HUBERT(G.), la participation à l'échelle des
bassins versants, in J-C. OLIVA, B. TASSIN, D. THEVENOT,
G. BARRAULT, Eau dans la ville et développement durable,
Presses Ponts et Chaussées, Paris, 2002, p. 117.
129
Si certains pays industrialisés profitent pleinement de
l'apport de la science notamment pour l'aide à la gestion de la zone
côtière, les pays en développement en général
et ceux du Golfe de Guinée en particulier rencontrent à l'instar
de la Côte d'ivoire, des difficultés liées à des
conditions politiques, institutionnelles et humaines moins
favorables353. Pour certains354, le SGIE à l'image
des systèmes d`information géographique (SIG)355
pourraient des technologies coûteuses qui confinent les pays du Sud dans
une dépendance accrue en termes de technologies, de formation et de
connaissances vis-à-vis des pays du Nord.
Pour réaliser cet objectif, une coopération avec
les institutions du Nord pourrait concerner l'étude de
faisabilité du SGIE à réaliser, de manière à
faire émerger les questions, les besoins, les motivations et à
prendre la mesure des contextes sociaux, politiques, institutionnels sans
lesquels la pérennité du SGIE ne pourrait être garantie. Le
renforcement des compétences des acteurs nationaux dans le domaine des
sciences de l'environnement étant le seul garant de l'appropriation et
de l'autonomie des SGIE mis en oeuvre sur un objectif à long terme de
GIZC, les projets menés par l'assistance étrangère
devraient intégrer dès leur conception des acteurs du Sud, en
proposant des accueils d'étudiants dans des formations universitaires de
troisièmeCycle (au Nord) et en réalisant, si besoin, des
formations techniques sur les sites (au Sud).
Ils devraient aussi, dans tous les cas, s'engager à
restituer non seulement les données produites sous une forme utilisable
de manière à constituer progressivement un " patrimoine " de
connaissances mobilisables par les acteurs du Sud mais aussi le matériel
nécessaire à leur utilisation et à leur mise à
jour.
La Côte d'ivoire devrait se lancer dans une telle
initiative et il nous semble qu'elle avait déjà embrassé
cette voie lorsque nous nous en tenons au rapport provisoire du projet sur la
conception et réalisation d'une base de données centrale et d'un
système de gestion de l'information environnementale de la zone
côtière de côte d'ivoire356.
353 Y.BAUDOUIN, « L'aide aux PVD du continent africain en
matière de système d'information géographique :quelques
réalités ». Revue Internationale de Géomantique
n°6, 1996, pp. 93-126.D. MOUAFO, Systèmes d'information
géographique, aménagement et planification urbaine en Afrique
:évolution, enjeux et perspectives. Revue Internationale de
Géomatique n° 10, 2000, pp.213- 239. P.C. NWILO, GIS applications
in coastal management: aviewfrom the developping world. In Bartlett et Smith:
GIS for coastal zone management. CRC Press, Londres, 2004, pp.
181-194.Cité par ZOGNOU (Théophile), op.cit., P.381
354 C.E. DUNN, P.J. ATKINS et J.G. TOWNSEND, GIS for
development: a contradiction in terms? Area 29(2)1997, pp. 151-159. Cité
par ZOGNOU (Théophile), op.cit., P.381
355 Un SIG est un ensemble organisé de matériels
informatiques, de logiciels, de données géographiques et
depersonnel capable de saisir, stocker, mettre à jour, manipuler,
analyser et présenter toutes formes
d'informationsgéographiquement référencées .
356 Dr. COULIBALY (Naga) et Mme DRO (Cassandre), rapport
provisoire, conception et réalisation d'une base de données
et d'un système de gestion de l'information environnementale de la zone
côtière de Côte D'ivoire, février 2015, P.87
CONCLUSION DE LA 2E PARTIE
130
Dans notre souci de contribuer modestement à la
protection juridique de la zone côtière les moyens à
utiliser doivent être effective et dynamiques pour répondre aux
caractéristiques de ces milieux. En Côte d'ivoire où les
zones côtières subissent actuellement de plein fouet les
conséquences des problèmes maritimes tels que pollutions,
pêche trop intensive, dégradation écologique, trafic de
drogues et délits contre l`environnement, il fallu faire
impérativement des propositions pour renforcer les instruments
juridiquespour combattre ces problèmes d'une part.
D'abord, nous devons mettre l'accent sur les règles
juridiques relatives à la protection l'espace marin du littoral. Mais en
plus, afin de rendre plus effective cette protection, il est plus que
nécessaire de mettre en place une nouvelle stratégie
d'intervention juridique sur le littoral.
Aussi, il serait impérieux d'élaborer ou de
redéfinir les instruments de planification et d'aménagement en
faveur de la zone côtière. Mais plus utile encore, et ce, au
regard des expériences réussies ailleurs, il serait
nécessaire d'adopter une loi dédiée à la protection
du littoral ivoirien.
Mais d'autre part, une amélioration du cadre politique
s'avère nécessaire afin degarantir une meilleure protection de
notre littoral.
En effet, comme nous l'avons expliqué, le cadre
politique est l'ensemble des politiques et stratégies mise en oeuvre par
les pouvoirs publics pour atteindre des objectifs définies. Ainsi, fasse
aux insuffisances constatées et décelées, il revient aux
pouvoirs publics de repenser ce cadre politique et cela passe par la prise en
compte de la coopération internationale.
.
CONCLUSION GENERALE
131
La préservation de la zone côtière
ivoirienne offre un panorama contrasté, à l`image d`un paysage
complexe fait de pics et de plaines. Il apparaît d`abord enrichi par
l`apport des grandes conventions de protectionde la nature et des ressources
naturelles, dont certaines sont d`ailleurs le produit desleçons
tirées des modèles juridiques expérimentés, depuis
1933357, en Afriquemême. Ces instruments y ont introduit des
concepts et des techniques dont la miseen oeuvre notamment régionale et
nationale ne pourra que renforcer la protection de ce milieufragile et de ses
ressources.
Au terme de cette étude, est-on véritablement en
mesure d'affirmersi le dispositif juridique mis en place est approprié
pour assurer une véritable protection et une gestion de l'environnement
marin et côtier ivoirien ? Les instruments juridiques actuellement en
vigueur organisent-ils suffisamment la protection et la mise en valeur de cet
espace ? Si une prise en compte des particularités de cette partie du
territoire est-elle indispensable dans l'édiction des textes? Ou encore
accorde-t-on vraiment une importance au milieu marin et côtier ?
La réponse à toutes ces interrogations n'est pas
simple car autant elle est affirmative,autant elle est négative. En
d'autres termes, la réponse est mitigée. Mitigée parce que
letour d'horizon de tous les points qui ont été
développés tout au long de cette étude
laisseapparaître aussi bien l'existence avérée que les
insuffisances du cadre juridique dans le sens de la protection et de la mise en
valeur de la zone côtière.
Pour remédier à tous les problèmes
soulevés dans la présente étude, plusieurs solutionsont
été proposées. De manière assez brève, elles
consistent à mettre nécessairement enplace un cadre juridique qui
soit vraiment approprié à la protection de la zone
côtière conformément au développement durable car si
les problèmesrecensés danscette partie sont similaires à
ceux observés ailleurs, la manière de les combattre
doitrépondre à ses spécificités. La mise en place
de mécanismes de contrôle de l'applicationdes textes et qui
puissent veiller à l'application effective desdits textes s'avère
aussinécessaire. Le renforcement des attributions et des
compétences des institutions chargéesde la mise en oeuvre des
normes juridiques, l'harmonisation effective du droit et de lapolitique de
l'environnement marin et côtier dans notre pays, la
coopérationeffective pour une protection et une gestion
intégrées de l'environnement marin et côtieret enfin
oeuvrer dans le sens de la mise en place et le
357 C'est en 1900, avec la Convention adoptée à
Londres que des règles relatives à la mise en placed'instruments
de mise en oeuvre de la protection de l'environnement naturel sont
dédiées pour la première fois àl'Afrique. Elle
sera, un tiers de siècle plus tard, remplacée par une
deuxième Convention de Londres de 1933.
Les deux instruments ont la caractéristique de
s'appliquer à l'Afrique sous domination coloniale. Ils
créentcependant, en faveur de son environnement naturel, des instruments
techniques qui se généraliserontprogressivement par leur
application à d'autres régions (comme par exemple à
l'Amérique par la Convention deWashington de 1940), à la
protection mondiale et nationale. La Convention de Londres de 1933 fait
aujourd'huifigure de «grand ancêtre». Elle a d'ailleurs disparu
au profit d'une convention moderne, la Convention d'Algerde 1968 sur la
protection de la nature et des ressources naturelles, élaborée
sous l'égide de l'OUA, applicable àl'Afrique indépendante,
elle-même révisée à Maputo au Mozambique le 11
juillet 2003.
132
renforcement du système de gestion de l'information
environnementale sont autant d'approches de solutions auxproblèmes qui
ont été soulevés durant la réalisation de la
présente étude.
Il faudra surtout se rendre à l'évidence qu'il
ne suffit pas seulement de proposer desapproches de solution pour
résoudre tous les problèmes qui se posent dans cette partie du
pays. Le plus important est d'être en mesure de dire que lesdestinataires
des diverses critiques et des propositions de solutions sont prêts
à en tenircompte afin d'améliorer la qualité desactions
menées dans le respect des dispositionsconventionnelles relatives
à la protection et à la mise en valeur de la zone
côtière.
En définitive, pour répondre concrètement
à toutes les questions posées dans le cadre decette étude,
l'on arrive à la conclusion selon laquelle le droit relative à la
zone côtière en Côte d'ivoire est encore à un stade
primaire. Théoriquement, il semble exister depuis plusieurs
décennies mais dans la réalité, il est encore à ses
débuts. Pour pouvoirparler de l'existence effective de ce droit, il ne
faut véritablement que peu de choses. Le point de départ
réside dans la réelle volonté de l'Etatde faire du droit
de l'environnementmarin un élément fondamental dans la protection
et la mise en valeur de la zone côtière. Les véritables
problèmes doivent être ciblés. Des réflexions
doiventêtre menées en vue de les résoudre. Accorder une
importance capitale aux instrumentsjuridiques devrait figurer dans les mesures
envisagées dans la résolution des problèmesciblés.
Heureusement que le ministère de l'environnement, de la salubrité
et du développement durable par l'entremise du centre ivoirien
antipollution est en train réussir ce coup358.
Dans la recherche de solutions à ses problèmes,
la Côte d'ivoire ne doit rienattendre de l'extérieur car
étant les mieux placés pour appréhender les
problèmesauxquels ils sont eux-mêmes confrontés. Pour y
parvenir, les autorités doivent faire jouer un rôle à tous.
C'est la condition fondamentale à laquelle ils pourrontatteindre les
objectifs qu'ils se fixent et surtout aboutir à la mise en place et
à la mise enoeuvre effective des règles juridiques qu'ils
établissent en matière de protection et degestion de la zone
côtière.
L'on ose croire qu'avec un minimum de bonne volonté, il
nous sera possible dans notre pays d'y parvenir, même si cela doit
prendre du temps. L'essentiel est de pouvoiraffirmer que l'on a pu oeuvrer de
manière à ce que le droit de l'environnement marin etcôtier
existe et soit véritablement effectif, à l'instar de ce qui se
fait sur d'autrescontinents359.
358 Depuis le 25 février 2015, le service juridique du
centre ivoirien antipollution est en mission de prospection à
l'intérieur de pays pour la tenue dans les jours prochains de l'atelier
régional de sensibilisation et d'information des pollutions des villes
du littoral. Les villes cibles sont Assinie ,Dabou et San-Pedro.
359 A ce sujet, il fut observer que la cote d'ivoire qui a
hérité de l'ordonnancement juridique de la France et qui s'est
toujours mis à jour de l'actualité juridique n'a pas pu
s'apercevoir et saisir cet instrument existant en France depuis 1986. En plus
les pays comme l'Algérie, le Maroc et même à coté de
nous le Sénégal ont pu se doter de cet instrument qui a selon le
pays une dénomination particulière.
BIBLIOGRAPHIE
133
I- OUVRAGES
A- OUVRAGES GENERAUX
BRAUD (Ph.), Sociologie politique, LGDJ-EJA, Paris,
4ème édition, 1998,
CARREAU (Dominique), Droit international,
7ème édition, PEDONE, Paris, 2001, 688 p.
COMBACAU (Jean) et SUR (Georges), Droit international
public,
5èmeéditionMontchrestien, Collection
Domat - Droit public, Paris, 2001, 815 p.
DAILLIER (Patrick) - FORTEAU(Mathias) -PELLET (Alain), Droit
International Public, 8ème édition, L.G.D.J., Paris, 2009, 1722
p.
DÉGNI-SÉGUI (René), « Les nouveaux
concepts du droit de la mer et leurs implications », Annales de
l'Université d'Abidjan, tome VIII, 1988, p.124.
DUPUY (Pierre-Marie), Droit international public,
8ème édition, Précis Dalloz, Paris, 2006, 811
p.
KAMTO (Maurice), Droit de l'environnement en Afrique,
EDICEF/AUPELF, Paris 1996, 416 p.
KISS (Charles-Alexandre) et BEURIER (Jean-Pierre), Droit
international de l'environnement, 3 ème édition, PEDONE, Paris
2004, 503 p.
LAVIEILLE (Jean-Marc), Droit international de
l'environnement,2 ème édition mise à jour, Coll. Le droit
en questions, édition ELLIPSES, Paris, 2004, 192 p.
PRIEUR M., « Droit de l'environnement »,
Précis Dalloz, 6è édition, 2011, p. 831. RIVERO Jean et
WALINE Jean, Droit administratif, DALLOZ, Paris, 1994, 482 p.
ROMI (Raphael), Droit et administration de l'environnement,
Montchrestien, 6e édition,2007,647p.
ROMI (Raphael), Droit de l'environnement, Montchrestien,
7ème édition, 2010, 640 p.
SERY (B.), Ne pas perdre le Nord, EDUCI, Collections
Mémoires et Documents, Abidjan, 2005, pp. 14-15.
134
B- OUVRAGES SPECIAUX
ADAM (K. S.),Vers une gestion intégrée de la
zone côtière du Golfe de Guinée.Document cadre, ONUDI,
1998, 173 p.
BECET (Jean-Marie), Le Droit de l'urbanisme littoral, PUR, 2002,
P.253
BECET (Jean-Marie) et LE MARVAN (Didier) (Sous la direction
de), Le droit du littoral et de la mer côtière, Ed. Economica,
1991, 342p.
CALDERARO (Norbert), Droit du Littoral, Collection
l'actualité juridique, Ed. Le Moniteur, Paris 1993, 672 p.
CHEROT (Jean-Yves) et ROUX (André) (Sous la direction
de), Droit méditerranéen de l'environnement, Centre
d'études et de recherches internationales et communautaires,
Université Aix-Marseille III, Faculté de droit et de science
politique, Economica, Paris, 1988, 191 p.
DAUVIN (Jean-Claude), Gestion intégrée des zones
côtières : Outils et perspectives pour la préservation du
patrimoine naturel, Publications Scientifiques du Muséum National
d'Histoire Naturelle,(M.N.H.N.),Paris 2002, 346p.
DEJEANT-PONS (Maguelonne), La Méditerranée en
droit international de l'environnement, Préface de Alexandre-Charles
KISS, Centre d'études et de recherches internationales et
communautaires, Université Aix-Marseille III, Faculté de droit et
de science politique, ECONOMICA, Paris, 1990, 374 p.
FALICON (Michel), La protection de l'environnement marin par
les Nations-Unies; Programme d'Activités pour les mers
régionales, Publications du CNEXO, Rapports économiques et
juridiques, n°9, 1981, 136 p.
GHEZALI (Mahfoud), Gestion Intégrée des Zones
Côtières, l'approche statutaire de la zone Côte d'Opale,
Edition de l'Université du littoral Côte d'Opale, 2000, 280p.
GRAF VITZTHUM (Wolfgang) et IMPERIALI (Claude) (Sous la
direction de), La Protection régionale de l'environnement marin:
Approche européenne (Préface de Martin BANGEMAN), ECONOMICA,
1992, 232 p.
KABLAN (N. H. J.) et POTTIER (P.) ,la problématique de
la Gestion Intégrée des Zones Côtières (GIZC) en
Côte d'Ivoire in Géographie du littoral de Côte d'Ivoire :
éléments de réflexion pour une politique de gestion
intégrée, 249 À 274.
LACAZE (Jean-Claude.), La dégradation de
l'environnement côtier, Conséquences écologiques,
Préface de François RAMADE, Ed. MASSON, Paris, 1993, 149 p.
LACAZE (Jean-Claude), La pollution des mers, Ed. DOMINOS
Flammarion, Paris, 1996, 127 p.
135
LANGAVANT (Emmanuel.), Droit de la mer, Tome 1 : Cadre
institutionnel et milieu marin (Océanologie - pollution) Ed. CUJAS,
1979, Paris 211 p.
LANGAVANT (Emmanuel), Droit de la mer, Tome IV : Le droit des
richesses marines, Cujas, Paris, 1985, 344 p.
OCDE, Gestion des zones côtières, Politiques
intégrées, OCDE Paris, 1993, 142 p.
MORAND-DEVILLER (Jacqueline), Droit de l'urbanisme, 9e
édition-Dalloz-2014
POTTIER (Patrick) et ANOH (Kouassi Paul), Géographie du
Littoral de Côte d'Ivoire, éléments de réflexion
pour une politique de gestion intégré, Coopération
Interuniversitaire Abidjan Cocody (Côte d'ivoire)/ Nantes (France) 2008,
P.
SADELEER (Nicolas de), Les principes du pollueur-payeur, de
prévention et de précaution : essai sur la genèse et la
portée juridique de quelques principes juridiques du droit de
l'environnement, Bruxelles, Bruylant/AUF, 1999, 437 p ;
SADELEER (Nicolas de) et BORN (Ch-H.), Vade-mecum sur le droit
international de la biodiversité (Europe-Afrique), Bruxelles, CEDRE,
2003, 338 p ;
II- THÈSES ET MÉMOIRES
ABE (Jacques), Contribution a la connaissance de la morphologie
et de la dynamique sédimentaire du littoral ivoirien (cas du littoral
d'Abidjan) : essais de modélisation en vue d'une gestion rationnelle,
Thèse d'Etat, option Océanologie, Université d'Abidjan
Cocody, UFR-STRM, 2005, 336p. + Annexes
ACOUETEY (Covi), La lutte contre les pollutions
transfrontières : cas du Togo et duBénin, Mémoire de DEA
en droit et politique de l'environnement, Université de Lomé,
Togo, 20002001, 76 p.
AFFIAN (K), Approche environnementale d'un
écosystème lagunaire microtidal (la lagune Ebrié en
Côte d'Ivoire) par des études géochimiques,
bathymétriques et hydrologiques. Contribution du S.I.G. et de la
Télédétection. Doctorat de Géographie,
Université d'Abidjan, 2003, 225 p.
APHING-KOUASSI (N'dri Germain), Le tourisme littoral dans le
sud-ouest ivoirien, Thèse, Géographie, Université de
Cocody (Abidjan). 2001, p. 70 et ss.
AGBA (Eyou), Le Droit international de l'environnementet le
Togo, thèse de doctorat en droit public, option droit de
l'environnement, soutenue à Limoges le 31 janvier 2005, 375 p.
AHIYA (Barakpété), La gestion participative de
l'environnement au Togo, Mémoire de DEA en droit et politique de
l'environnement, Faculté de droit, Université de Lomé,
Avril 2001, 91 p.
ANOH (Kouassi Paul), Contribution à l'étude du
réseau de distribution des ressources halieutiques marines en Côte
d'Ivoire, Thèse 3 ème cycle, Géographie, Université
de Cocody, 10 décembre 1994, 266 p ;
136
ASSEMBONI (Alida), Urbanisation et environnement en Afrique,
le cas du Togo, Mémoire de troisième cycle pour l'obtention du
DEA en Droit et Politique de l'environnement, Université de Lomé,
Année 1998-1999, 60 p.
ASSEMBONI-OGUNJIMI (Alida Nababoué), Le droit de
l'environnement marin et côtier en Afrique occidentale, cas de cinq pays
francophones, Thèse de doctorat en Droit public, Université de
Limoges, Université de Lomé, sous la direction de Pr. Michel
PRIEUR, 2006, 577p.
BINI (Kouassi Roland), Lotissement comme outil d'urbanisation
en cote d'ivoire - le cas d'Abidjan, Travaux de Fin d'Etudes, Cycle
Ingénieur des Travaux Publics, Institut National Polytechnique
Félix Houphouët-Boigny, 2007.
CLIMANLO (Jérôme Coulibaly), les
intermédiaires du transport maritime de marchandises en droit ivoirien,
thèse dactylographiée et soutenue publiquement pour l'obtention
du doctorat de droit privé, Nice, 3 Avril 1987.
DAKOURI (Jean-Claude), le droit maritime international et le
transport des hydrocarbures, Doctorat, Maastricht university, 19
décembre 2011,
ETOGA (G. Y. L.), La gouvernance de la biodiversité
marine et côtière dans le Golfe deGuinée, Etudes et
Thèse du programme de Formation Nations Unies/Nippon Foundation of Japan
; Division des affaires maritimes et du droit de la mer bureau des affaires
juridiques,nations unies New York ; Université de Nice Sophia Antipolis
; 2009, 191 p.
FERRARI (François), La protection de l'environnement et
des ressources naturelles dans la région de la mer Baltique,
Thèse de doctorat de droit soutenue le 9 mai 1995,Université de
Paris-I - Panthéon Sorbonne, publiée en 1997 par les
éditions PressesUniversitaires du Septentrion, 487 p.441
FOMETE TAMAFO (Jean Pelé), Le droit international de
l'environnement marin en Afrique occidentale et centrale, Université de
Yaoundé, 1990, 284 P.
GADJI (Abraham), Libéralisation du commerce
international et protection de l'environnement, Thèse unique, Droit
Public, Limoges, 2007, P.724
GIBRIL (Nouroudine), la procédure d'étude
d'impact, une contribution à la gestion de l'environnement au Togo,
Mémoire de troisième cycle pour l'obtention du DEA en Droit et
Politique de l'environnement, Université de Lomé, Année
1997-1998, publications du CERDIA, collection « Chacun pour tous »,
Presses de l'UB, Lomé, janvier 2003, 103 p.
HAUHOUOT (Célestin), Analyse et cartographie de la
dynamique du littoral et des risques naturels côtiers en Côte
d'Ivoire. Thèse doc. Unique Univ. Nantes, 2000, 289 p.
KHODJET EL KHIL (Lila,) La pollution de la mer
Méditerranée du fait du transport maritime de marchandises,
Régime juridique mis en place et mis en oeuvre par les Etats, Presses
universitaires d'Aix-Marseille, 2003, 556 p.
137
KOFFI BIKPO (Cécile Yolande), La pêche artisanale
maritime en Côte d'Ivoire (Étude géographique),
Thèse unique, Géographie, Université de Nantes, 1997, 327
p ;
MAMBO (Paterne), Droit et ville en Afrique noire francophone :
étude de la décentralisation des compétences d'urbanisme
dans la république ivoirienne, Thèse, droit public, 4 novembre
2008, 502p.
QUEFFELEC ( Betty), La diversité biologique : outil d`une
recomposition du droit international de la nature - l`exemple marin -,
Thèse de Doctorat en droit public, Université de Bretagne
Occidentale, Ecole doctorale de Sciences de la mer, Centrede droit et
d`économie de la mer, 2006, 512 p.
LE TACON (Mathieu), Droit pénal et environnement,
Mémoire de DEA Droit des Affaires, Université des Sciences
sociales de Toulouse I, Année universitaire 1998-1999, 102p.
ROCHETTE (Julien), Le traitement juridique d'une
singularité territoriale : la zone côtière. Étude en
droit international et droit comparé franco-italien, Thèse,
Université de Nantes , Droit Public, Université de Milan, Droit
International, 10 Juillet 2007,810p
TIEBLEY (Yves Didier), La Côte d'ivoire et la gestion
durable des ressources naturelles marines, Thèse Unique, Droit Public,
2010, 134 p
TIEBLEY (Yves Didier), Réflexion sur les instruments et
techniques juridiques de lutte contre les pollutions marines dues a
l'exploitation off-shore et au transport maritime des hydrocarbures,
Mémoire, DEA de droit et politique de l'environnement, Université
de Lomé, faculté de droit, 11 juin 2004 .
VALET (Régis), Le rejet opérationnel
d'hydrocarbures par les navires, Mémoire de 3ème cycle
pour l'obtention du DESS de « Droit des transports maritimes »,
Université de droit, d'économie et des sciences d'Aix-Marseille,
Faculté de Droit et des Sciences politiques, Centre de droit maritime et
des transports, Année 1999-2000, 88 p.
WALLIS (Emmanuelle), Approche de la réparation des
dommages de pollution causés par les hydrocarbures : Le FIPOL,
Mémoire, Master II, Droit maritime et des transports, Université
de droit, d'économie et des sciences d'Aix-Marseille, 2007, 88 p.
YAO (Kouassi Aimé), Dynamique d'exploitation et
approche de gestion intégrée des aires protégées :
cas du parc national des îles éhotilé, Thèse pour le
Doctorat unique de Géographie, 18 Janvier 2011, Université de
Cocody - Abidjan,
ZOGNOU (Théophile), La protection de l'environnement
marin et côtier dans le Golfe de guinée, Thèse, Doctorat de
Droit, Université de Limoges, Décembre 2012, 384p.
III- 138
ACTES DE COLLOQUE ET JOURNÉES
D'ÉTUDES
MINISTERE de l'environnement, de la salubrité urbaine
et du développement durable, Atelier de validation de la
stratégie nationale de gestion de l'environnement côtier
2016-2020, jeudi 11 décembre 2014, salle 24 de l'ENA sise au II
Plateaux, P.14
OCDE, Problèmes de la pollution transfrontière,
Compte rendu d'un séminaire sur Les aspects économiques et
juridiques de la pollution transfrontière, tenu à l'OCDE en 1972,
OCDE, Paris, 1974, 328 p.
PRIEUR (Michel ) (Sous la direction de), La mise en oeuvre
nationale du droit international de l'environnement dans les pays francophones,
Actes des troisièmes journées scientifiques du Réseau
Droit de l'environnement de l'Agence Universitaire de la Francophonie (AUF),
Yaoundé, Cameroun, 14-15 juin 2001, PULIM, CRIDEAU, Limoges, août
2003, 579 p.
Société Française pour le Droit de
l'Environnement (Section Grand-Ouest), Centre de Droit et d'Economie de la Mer,
Droit de l'environnement marin, Développements récents, Actes du
colloque organisé les 26 et 27 novembre 1987 à la Faculté
de Droit et des Sciences Economiques de Brest, Collection Droit et Economie de
l'environnement, Ed. Economica, Paris 1988, 402 p.
Société Française pour le Droit de
l'Environnement, Le dommage écologique en droit interne, communautaire
et comparé, Actes du colloque organisé les 21 et 22 mars 1991
à la faculté de droit d'économie et de gestion de Nice
Sophia-Antipolis, par la SFDE, Economica, Paris, 1992, 254 p.
Société Française pour le Droit de
l'Environnement, La protection du littoral, 2 ème colloque de la SFDE,
Bordeaux, 6, 7, 8 octobre 1977, Collection droit et économie de
l'environnement, Publications périodiques spécialisées,
463p.
Société Française pour le Droit
International, Régionalisme et universalisme dans le droit international
contemporain, Actes du colloque de Bordeaux, Ed. PEDONE, Paris, 1977, 358
p.437
Université de Limoges, Faculté de droit et des
sciences économiques, CRIDEAU-CNRS/INRA, CIDCE, Vers un nouveau droit de
l'environnement? Actes de la réunion mondiale des juristes et
associations de droit de l'environnement, Limoges, 2003, 736 p.
IV- RAPPORTS, AVIS, ÉTUDES,
RECHERCHES
ABE (Jacques) et KABA (Nasséré), 1997 -
Côte d'Ivoire, Profil Environnemental de la Zone Côtière.
Ed. CEDA, Bénin; 87 p.
BLIVI (Adoté), Erosion côtière dans le
golfe de Guinée en Afrique de l'Ouest: exemple du Togo,
Université de Lomé, Faculté des Lettres et des Sciences
Humaines, Département de Géographie, Centre de Gestion
Intégrée du Littoral et de l'Environnement,9p.
139
JOHNSON (Dodé), BLIVI (Adoté), HOUEDAKOR (Koko),
KWASSI (Abla), SENA (Noumonvi), « Le littoral du Togo : données et
gestion intégrée », CGILE (Centre de Gestion
Intégrée du Littoral et de l'Environnement), Université de
Lomé, 2001, 13 p.
KABA (Nasséré), et ABE (Jacques), Plan de
gestion de la zone côtière. Projet EG/RAF/92/G34, contrôle
de la pollution et préservation de la biodiversité dans le Grand
Ecosystème Marin du Golfe de Guinée, FEM. 1999.
HALLE (Birgit) et BRUZON (Véronique), Profil
Environnemental de la Côte d'ivoire, rapport final, Commission
européenne, AFG Consult, Belgique,2006, 128p,
MESNARD (A. H.), LOZACHMEUR (O.) , « Définition et
perception de l'espace littoral, le point de vue de juristes », in Gestion
intégrée des zones côtières : outils et perspectives
pour la préservation du patrimoine naturel, Paris, 2002
MIOSSEC (A.), La gestion de la nature littorale en France
Atlantique. Etude comparative (Royaume-Uni, Pays-Bas, Espagne, Etats-Unis).
Thèse de Doctorat, Université de BretagneOccidentale,
Département de Géographie, Brest, Tome 1 : 469 p.
PASKOFF (R.), Les littoraux, impact des aménagements
sur leur évolution. 2è éd. Masson, Paris, 1993, 256 p.
PNUE, Directives concernant la gestion intégrée
des régions littorales avec une référence
particulière au bassin méditerranéen, Rapports et
études des mers régionales n° 161, PNUE, 1995, 78 p.
PNUE, Programme pour les mers régionales, «
Synthèse sur les sources de pollution due aux activités
terrestres et qui affectent l'environnement marin, côtier et les eaux
douces continentales dans la région de l'Afrique de l'Ouest et du
Centre», Rapports et études sur les mers régionales,
n°171, PNUE 1999, 126 p.
PNUE/PAM, Pour une bonne pratique de gestion des zones
côtières en Méditerranée, Programme d'Actions
Prioritaires, Split ,Croatie, 2002,40p.
PNUE, Rapport du Directeur exécutif du Programme des
Nations Unies pour l'environnement, Mise en oeuvre des activités entrant
dans le cadre de la Convention relative à la coopération en
matière de protection et de mise en valeur du milieu marin et des zones
côtières de la région de l'Afrique de l'Ouest et du Centre
(Convention d'Abidjan); Septième réunion des Parties
contractantes, Libreville (Gabon), 22-23 mars 2005, février 2005, 10
p.
PRIEUR (Michel), Modèle de loi sur la gestion durable
des zones côtières ; Sauvegarde de lanature, n°101,
éditions du Conseil de l'Europe, Strasbourg, 1999.
REPUBLIQUE du BENIN, Ministère de l'Environnement de
l'Habitat et de l'Urbanisme, Grand Ecosystème Marin du Golfe de
Guinée, « Profil de la zone côtière du Bénin
», CEDA (Centre pour l'environnement et le développement en
Afrique) 1997,67p.
REPUBLIQUE TOGOLAISE, Rapport National du Togo à la
septième Conférence des Parties (COP7 RAMSAR) sur la mise en
oeuvre de la Convention de Ramsar relative aux zones humides d'importance
internationale, Application de la Convention de Ramsar en
140
général et du Plan stratégique Ramsar,
1997-2002, en particulier, durant la période écoulée entre
le Rapport national préparé en 1995 pour la COP6 Ramsar et le 30
juin 1998, 1999, 11 p.
DE RICHEMONT (Henri), Rapport d'information établi au
nom de la mission commune d'information chargée d'examiner l'ensemble
des questions liées à la marée noire provoquée par
le naufrage du navire « Erika », de proposer les améliorations
concernant la réglementation applicable et de définir les mesures
propres prévenir de telles situations ; Tome 1 ; N°441
-Sénat, Session ordinaire de 1999-2000, 218 p.
UNESCO, Etude de la géologie marine de l'Afrique de
l'Ouest et du Centre, Edité par E.-F.CHNUKOV et A.SUZYUMOV, Rapports de
l'Unesco sur les sciences de la mer, Unesco, Paris 1999, 155 p.
V-ARTICLES
ASSEMBONI-OGUNJIMI (Alida), « La pollution marine au Togo
par l'usine de phosphate de Kpémé », in Droit et
Environnement, Bulletin du Réseau Droit de
l'environnementdel'AgenceUniversitairedelaFrancophonie,n°10,juin2004,pp.5-8.
ASSEMBONI-OGUNJIMI (Alida), « Le contentieux de
l'environnement marin devant le Tribunal International du Droit de la Mer
», in REDE, n°3/2004, pp. 255-265.
ASSEMBONI (Alida) et GIBRIL (Nouroudine), «
L'accès à l'information et la participation du public à la
prise de décisions publiques en droit africain de l'environnement»
in La protection de l'environnement au coeur du système juridique
international et du droit interne, Acteurs, valeur et efficacité, Sous
la direction de Michel PAQUES et Michael FAURE, Ed. BRUYLANT, Bruxelles, 2003,
pp. 257- 292.442
BEER-GABEL (Josette), « Conventions régionales
relatives à la lutte contre la pollution des mers : Panorama des
conventions régionales », Jurisclasseur Environnement, 12 juillet
1999, version CD ROM remise à jour de janvier 2004, Fasc. 632.
BEURIER (Jean-Pierre), « Droit international de la mer
», Livre 2, in Philippe Jean HESSE, Jean-Pierre BEURIER, Patrick
CHAUMETTE, Yves TASSEL, André- Hubert MESNARD et Robert REZENTHEL,
Droits maritimes, Tome 1 : Mer, navire et marins, Ed. JURIS SERVICE, Paris
Lyon, 1995, pp. 77- 149.
BOUSQUET (Bernard), « Définition et identification
du littoral contemporain » RJE 1990 /4, pp. 451-468.
CAILLOSSE (J.), « Qui a peur du droit littoral », in
RJE 1993 /4, pp. 513-530.
CALDERARO (Norbert), « La protection de l'environnement dans
les espaces
remarquables et les espaces proches du rivage », RJE
numéro spécial 1997 : Les dix ans de la loi littoral, p.
53-61.
141
CAUDAL (Sylvie), « Les conditions juridiques de la
gestion intégrée de l'environnement», in Université
de Limoges, Faculté de droit et des sciences économiques,
CRIDEAU-CNRS/INRA, CIDCE, Vers un nouveau droit de l'environnement? Actes de la
réunion mondiale des juristes et associations de droit de
l'environnement, Limoges, 2003, p.149-163.
DAUVIN (J-C.) et AL., La préservation du patrimoine
naturel littoral dans le processus de la gestion intégrée des
zones côtières : Eléments de réflexion pour
l'élaboration d'un projet et perspectives, Revue d'Ecologie (La Terre et
la Vie), 59 (1-2), 2004, pp. 49-56.
DEJEANT-PONS (Maguelone), « Les conventions du Programme
des Nations Unies Pour l'Environnement, relatives aux mers régionales
», AFDI 1987, p. 689-718.
DOUAY (Claude), « Le droit de la mer et
préservation du milieu marin », in Publications de la Revue
Générale de Droit International Public, Nouvelle série,
n°39 : Le nouveau droit de la Mer, sous la Direction de Michel VIRALLY,
Ed. PEDONE, Paris 1983, pp. 231-267.
DUPUY (Pierre-Marie), « La responsabilité
internationale de l'Etat du fait de l'atteinte à l'environnement
marin»,in Droit de l'environnement marin, Développements
récents, pp. 5160.
FALL (Ibrahima), « La coopération interafricaine
en matière de pollution du milieu marin et des zones
côtières à la lumière de la Convention d'Abidjan et
de ses protocoles » in Revue Juridique et Politique Indépendance et
Coopération, le Caire 20-27 novembre 1982, ACCT, Ed. IDIENA, 1982, Le
Vésinet, p. 275-186.
FAURE (Michael G.), « Vers un nouveau modèle de
protection de l'environnement par le droit pénal », REDE 1/2005,
mars 2005, pp. 3-19.
GHEZALI (Mahfoud) et DAUVIN (Jean-Claude), « Gestion
intégrée du littoral dans la perspective d'un
développement durable», in Gestion intégrée des zones
côtières : Outils et perspectives pour la préservation du
patrimoine naturel, Sous la coordination de Jean-Claude DAUVIN, Publications
Scientifiques du Muséum National d'Histoire Naturelle (M.N.H.N.), Paris
2002, p. 227-288.
HUET (André), « Le droit pénal
international de la pollution marine » in, Droit de l'environnement marin,
Développements récents, pp.333-350.
HUGLO (Christian), Etudes d'impact écologique-
Introduction générale, février 1992, in Juris-classeur
environnement, version CD ROM, Fasc. 190, paragraphe 8.
HUGLO (Christian), « Etudes d'impact écologique:
Contenu et responsabilité », in Juris-classeur environnement,
version CD ROM, Fasc. 190-2, paragraphe 2.
HUGLO et LEPAGE, « L'étude d'impact
écologique suivant la loi du 10 juillet 1976 » ; Gazette du Palais
1978, doctrine n°2, p. 524-546.444
142
IFREMER Environnement, « Eolien offshore : l'importance
des études d'impact» article publié par la revue Chambre et
Sénat, numéro 39, septembre 2003, éléments
recueillis par Jean-Philippe Biron.
IJLSTRA (Ton), « Vers une approche régionale
planifiée et concertée des usages de la mer »,in La
protection régionale de l'environnement marin, Approche
européenne, (Préface de Martin BANGEMAN), Sous la direction de
Wolfgang GRAF VITZTHUM et Claude IMPERIALI, ECONOMICA, 1992, pp. 127-145.
IMPERIALI (Claude), « L'adaptation aux
particularités des mers régionales européennes », in
La protection régionale de l'environnement marin: Approche
européenne, pp. 17-28.
IMPERIALI (Claude), « Le contrôle de la mise en
oeuvre des conventions internationales », in L'effectivité du droit
international de l'environnement, contrôle de la mise en oeuvre des
conventions internationales, Préface de Alexandre KISS, ECONOMICA,
Paris, 1998, pp. 722.
JAWORSKI (Véronique), « La répression
pénale des marées noires », communication
présentée lors de la Conférence sur le Thème «
Sécurité maritime et marée noire » le
18décembre2002à l'Université Robert SCHUMAN de Strasbourg,
disponible sur le site Web du journal des accidents et des catastrophes.
LE CORNEC (Erwan), « Loi Littoral: Définitions,
Applicabilité, Contrôle » Juris-Classeur Environnement
n°2-1996, Fasc., 510-10.
LITTMANN-MARTIN (Marie José), « La
répression de la pollution marine en droit interne » In Droit de
l'environnement marin, Développements récents, pp.351-377.
LITTMANN-MARTIN (Marie-José), « La protection
pénale de l'environnement» 20 juillet 2001, Juris-Classeur
Environnement, version 2005 remise à jour, Fasc. 505.
PRATS (Y), « Vers une politique du littoral », AJDA, 20
décembre 1978, No spécial, p.601.
PRIEUR (Michel), « L'évolution juridique de la
gestion intégrée des zones côtières dans le bassin
méditerranéen », Revue roumaine de droit de l'environnement,
n°1- 2003, pp. 83-98.
PRIEUR (Michel), « Information et participation du public
en matière
d'environnement, influence du droit international et
communautaire », in La protection de l'environnement au coeur du
système juridique international et du droit interne, Sous la direction
de Michel PAQUES et Michael FAURE, Ed. BRUYLANT, Bruxelles, 2003, p. 293317.
PRIEUR (Michel), « Incertitude juridique, incertitude
scientifique et protection de l'environnement» in, Incertitude juridique,
incertitude scientifique, Actes du Séminaire de l'Institut
fédératif «Environnement et Eau » tenu à Limoges
le 5 avril 2002, Publications des Cahiers du CRIDEAU n°3, PULIM, Limoges,
2000, pp. 9-15.
PRIEUR (Michel), « le droit à l'information en
matière environnementale: présentation de la Directive 90/313/CEE
du 7 juin 1990 », in Le droit à l'information en matière
143
d'environnement dans les pays de l'Union Européenne,
Etude de droit comparé, Sous la direction de Michel PRIEUR, PULIM,
Limoges, 1997, p. 9-13.446
REHBINDER (Eckart), « Rapport général
», in Le dommage écologique en droit interne, communautaire et
comparé, Actes du colloque organisé les 21 et 22 mars 1991
à la faculté de droit d'économie et de gestion de Nice
Sophia-Antipolis, par la SFDE, ECONOMICA, Paris, 1992, pp. 109-121.
REMOND-GOUILLOUD (Martine), « La réparation du
préjudice écologique », Juris-classeur environnement, Fasc.
1060, version CD-ROM remise à jour en 2005.
VII- RECUEILS DE TEXTES
Recueil francophone des textes internationaux en droit de
l'environnement, version CD-ROM, Volume 1, 1996.
BAUDELAIRE (Charles), « L'Homme et lamer»,
Poème n°XIV - Extrait de son recueil Les fleurs du mal,
publié à Paris en 1861.
BIBLE, Louis SEGOND, version la colombe
VIII- DICTIONNAIRES
QUILLET, Dictionnaire de la langue française, K-P, Paris
1975.
LAROUSSE, Dictionnaire,Pratique, Dictionnaire du français
au quotidien, Paris 2003. LAROUSSE Dictionnaire du collège, 6è /
3è, p.1346.
ROBERT (Paul), Dictionnaire alphabétique et analytique
de la langue française « Le Petit Robert »,
Société du Nouveau Littré, Paris, 1976, p. 1072
GUILLIEN (Raymond) et VINCENT (Jean) (Dir.), Lexique des
termes juridiques, 12e édition, Dalloz, 1999, pp.244-245.
IX- PERIODIQUES, JURISCLASSEUR, REVUES, JOURNAUX
Espaces et ressources maritimes (Collection) n°11- 1997.
Espaces naturels (Revue des professionnels des espaces
naturels), n°9-janvier 2005. JEUNE Afrique L'intelligent, 8 mars 2005.
LAMY Environnement, L'eau : Eaux marines ; Etudes 574, 576,
578, et 580, juin 1996.
REVUE EUROPEENNE DE DROIT DE L'ENVIRONNEMENT (REDE)
n°3/2004, n°1/2005.
144
REVUE GENERALE DE DROIT INTERNATIONAL PUBLIC, Nouvelle
série, n°39.
Revue Juridique de l'Environnement (RJE) 1976/3-4 ; 1979/1 ;
1979/2 ; 1982/4 ;1993/ 4.449 VERTIGO - La revue en sciences de l'environnement
sur le Web,Vol.3, n°3, Décembre 2002.
X- JURISPRUDENCE
CPJI, 1923, Affaire du Vapeur « WIMBLEDON », Recueil
A.I.
SENTENCE Arbitrale de 1941, Affaire de la Fonderie de TRAIL
entre les Etats-Unis et leCanada.
CIJ, arrêt du 9 avril 1949, Affaire du détroit de
Corfou, arrêt sur le fond.
CIJ, Affaire de la délimitation maritime entre le
Sénégal et la Guinée BISSAU, Sentence arbitrale du 31
juillet 1989 et ordonnance du 8 novembre 1995.
CIJ, arrêt 25 septembre 1997, Affaire relative au Projet
Gabcikovo-Nagymaros(Hongrie c/ Slovaquie)
CIJ, arrêt du 10 octobre 2002, Affaire de la
frontière terrestre et maritime entre leNigeria et le Cameroun,
Rôle général n°94.
TIDM de Hambourg, arrêt du 4 décembre 1997 Affaire
du navire « SAIGA », rôledes affaires n°1.
XI- SITES WEB
http://www.poetes.com/baud/bmer.htm
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/preservation,
http://www.francophonie-durable.org/documents/colloque-ouaga-a5-prieur.pdf
. http://civ.abidjan.net/
http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/afrique/cotiv.htm
http://www.globaloceans.org/country/cote/cote.pdf
http://www.memoireonline.com/02/13/6941/La-protection-du-littoral-camerounais-au-regard-du-droit-international-de-l-environnement.html#fn8
http://www.environnement.gouv.ci/missions.php
http://www.ciapol.ci/index.php/presentation
http://www.nodc-cotedivoire.org/fr/cro/130-presentation-du-cro
TABLE DES MATIERES
145
AVERTISSEMENT 3
DEDICACE 4
EPIGRAPHE 5
REMERCIEMENTS 6
SIGLES ET ABREVIATIONS 7
SOMMAIRE 9
INTRODUCTION GENERALE 11
PREMERE PARTIE : UN CADRE JURIDIQUE AMBIVALENT 24
CHAPITRE I : UNE EXISTENCE AVEREE DU CADRE ... 25
SECTION I : AU REGARD DES INSTRUMENTS JURIDIQUES 25
PARAGRAPHE I : LES INSTRUMENTS INTERNATIONAUX 25
A- LES CONVENTIONS INTERNATIONALES DE PORTEE
UNIVERSELLE
25
1- La convention de MontegoBay sur le droit de la mer de 1982
26
2- La Convention de RAMSAR 27
3- La convention sur la diversité biologique de RIO de
1992 28
4- La Convention Cadre sur les Changements Climatiques de RIO de
1992 29
5- Les conventions de l'International Maritime Organisation
(IMO) 30
6- L'Agenda 21 (chapitre 17 et chapitre 18) de la
Déclaration de Rio 30
B- LES INSTRUMENTS REGIONAUX AFRICAINS 31
1- La convention WACAF du 23 Mars 1981 et ses protocoles
additionnels de
1981 et de 2012 32
2- La Convention de Bamako 33
PARAGRAPHE II : LES INSTRUMENTS NATIONAUX 33
A- LES INSTRUMENTS AUX CHAMPS D'APPLICATION GENERALES 34
1- La Constitution 34
2- Le Code de l'environnement 35
146
B- LES INSTRUMENTS SPECIFIQUES 36
1- Les Textes légaux et réglementaires 36
2- Les autres outils de protection et de politique de gestion
37
SECTION II : AU REGARD DES INSTITUTIONS NATIONALES 39
PARAGRAPHE I : LES INSTITUTIONS AUX CHAMPS
D'APPLICATION
GLOBALE 39
A- LE MINISTERE CHARGE DE L'ENVIRONNEMENT, DE LA
SALUBRITE URBAINE ET DU DEVELOPPEMENT DURABLE (MINESUDD) 39
1- Des attributions du Ministère de l'Environnement de la
Salubrité Urbaine et
du Développement Durable (MINESUDD) 40
2- Le cadre organisationnel du MINESUDD 41
B- LES AUTRES STRUCTURES ETATIQUES 42
1- La Commission Nationale du Développement Durable
(CNDD) 42
2- Les Fonds pour l'environnement 42
a- Le FNDE 42
b- Le Fonds National de l'Eau 43
PARAGRAPHE II : LES INSTITUTIONS DE CHAMP
D'APPLICATION
SPECIFIQUE AU LITTORAL 44
A- LES ORGANISMES ETATIQUES 44
1- Les organismes interministériels de protection de
l'environnement marin et
côtier 44
2- Le CIAPOL, organe spécifique d'exécution 44
Son Historique et ses Missions nous permettent de comprendre le
rôle qu'il joue
dans la protection de l'environnement marin et côtier.
44
B- LES ORGANISMES PARA-PUBLICS, ORGANISMES DE RECHERHCES 45
1- Le Centre de Recherche Océanographique (CRO) 45
a- Création et misions 45
b- Le CNDO-CI , structure annexée au CRO 46
2- Le Centre de Recherche en Ecologie (CRE) 46
CHAPITRE II : UNE INSUFFISANCE PATENTE DU CADRE 48
SECTION I : LES INSUFFISANCES DE LA LEGISLATION 48
PARAGRAPHE I : UNE INSUFFISANTE INTEGRATION DES
NORMES
INTERNATIONALES DE PROTECTION DES ZONES COTIERES 49
147
A- L'OBLIGATION D'INTEGRATION DES NORMES INTERNATIONALES 49
1- La règle posée par le droit international 49
2- Les implications diverses de l'obligation
d'intégration du droit international51
B- LA MANIFESTATION DE CETTE INSUFFISANTE INTEGRATION
EN
DROIT PETROLIER IVOIRIEN 52
1- Le contenu global du principe du développement durable
en droit
international de l'environnement 52
a- La conciliation du développement avec l'environnement
52
b- La solidarité intertemporelle 54
2- Le contenu partiel du concept de gestion durable en droit
pétrolier ivoirien 56
a- La prise en compte des préoccupations
environnementales 56
b- L'omission du concept de solidarité
intergénérationnelle 58
PARAGRAPHE II :DES CARENCES LEGISLATIVES ET
REGLEMENTAIRES EN
MATIERE D'ENVIRONNEMENT MARIN ET COTIER 59
A- LE CARACTERE PEU DISSUASIF DES REGLES CLASSIQUES DE LA
RESPONSABILITE CIVILE A L'EGARD DES POLLUEURS 60
1- Les entraves à l'indemnisation satisfaisante des
victimes de pollution marine 60
2- L'institution involontaire d'un droit de polluer 63
B- LES CARENCES DES INSTRUMENTS JURIDIQUES EN MATIERE
D'AMENAGEMENT COTIER ET DE PROTECTION DU LITTORAL 65
1- Des dispositions juridiques fragmentaires 66
2- La non spécification des textes en matière de
protection du littoral et la
caducité de certaines politiques 67
SECTION II : LES FAIBLESSES DU CADRE INSTITUTIONNEL 68
PARAGRAPHE I : L'EPARPILLEMENT DES INSTITUTIONS
NATIONALES
COMPETENTES 69
A- LA DIVERSITE DES INSTITUTIONS ETATIQUES IMPLIQUEES 69
1- Des distributions de responsabilités trop larges aux
autres autorités
ministérielles 70
2- Une implication massive des organisations dans la gestion du
littoral 71
B- UNE FAIBLESSE DE COORDINATION INSTITUTIONNELLE 71
PARAGRAPHE II : LES LIMITES DU CONTROLE DES ACTIVITES POUVANT
ENDOMMAGER LE LITTORAL 73
148
A- L'ABSENCE DE CONTROLE DES AUTORITES
ENVIRONNEMENTALES 73
1- L'absence de contrôle des rejets polluants dans les
eaux côtières 73
2- Les causes de l'absence de contrôle 75
a- La vétusté ou l'absence d'infrastructures
adéquates 75
b- Le manque de volonté des autorités 75
B- LE SEMPITERNEL PROBLEME DES FINANCES ET DE BASE DE
DONNEES 76
1- Le sempiternel problème des finances 77
2- Le problème de la base de données 78
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE 80
DEUXIEME PARTIE : UN CADRE JURIDIQUE A PARFAIRE 81
CHAPITRE I : LE RENFORCEMENT DES INSTRUMENTS JURIDIQUES 83
SECTION I : LA NECESSITE DE RENFORCER LES REGLES
JURIDIQUES
RELATIVES A LA PROTECTON DE L'ESPACE MARIN DU LITTORAL 83
PARAGRAPHE I : LA REFORMATION DU CODE PETROLIER
IVOIRIENEN
FAVEUR DES GENERATIONS FUTURES 84
A- LA CREATION DE « BLOCS » PETROLIFERES RESERVES 84
1- La superficie des « blocs »
pétrolifères réservés 84
2- La nature juridique de l'instrument instituant la mesure de
limitation 85
B- LA LIMITATION TEMPORAIRE DES POUVOIRS DE CONCESSION
DES BLOCS PETROLIFERES 86
PARAGRAPHE II : LE RENFORCEMENT DES MECANISMES DE
REPARATION 86
A- RENDRE LA PRISE EN CHARGE DU PREJUDICE ECOLOGIQUE
PLUS EFFECTIVE 87
B- RENFORCER LA RESPONSABILITE PENALE EN MATIERE DE
POLLUTION 89
SECTION II : LA MISE EN PLACE D'UNE NOUVELLE
STRATEGIE
D'INTERVENTION JURIDIQUE SUR LE LITTORAL 91
PARAGRAPHE I : L'ELABORATION ET/OU LA REDEFINITION DES
INSTRUMENTS DE PLANIFICATIONET D'AMENAGEMENT EN FAVEUR DE
LA ZONE COTIERE 91
A- UNE STRATEGIE D'AMENAGEMENT ET DE PLANIFICATION
DURABLE 91
1- La mise en oeuvre de la stratégie à travers les
documents d'urbanisme 92
149
2- L'aménagement des espaces naturels
protégés 92
B- LA MISE EN PLACE ET MULTIPLICATION DES AIRES MARINES
PROTEGEES 93
1- Un outil indispensable à la protection de
l'environnement marin et côtier 94
a- Les objectifs des aires marines protégées 94
b- Le cadre juridique régissant les aires marines
protégées 95
2- Le devoir de mobilisation de l'Etat et des
collectivités locales pour la création
de grands réseaux d'aires marines protégées
96
PARAGRAPHE II : LA NECESSITE D'ADOPTER UNE LOI DEDIEE A
LA
PROTECTION DU LITTORAL IVOIRIEN 97
A- LE CONTEXTE DE CETTE LOI OU EXPOSE DES MOTIFS 98
B- LE CONTENU DE LA LOI 99
1- Buts recherchés 99
2- Le Champs d'application 100
CHAPITRE II : L'AMELIORATION DU CADRE POLITIQUE 101
SECTION I : L'INTENSIFICATION DE LA COOPERATION INTERNATIONALE
DE LA CÔTE D'IVOIRE EN MATIERE DE PROTECTION DU LITTORAL
101
PARAGRAPHE I : DU DEVELOPPEMENT DE LA COOPERATION
SCIENTIFIQUE 101
A- DE LA COOPERATION SUR LE PLAN INTERGOUVERNEMENTAL 102
B- DE LA COOPERATION SUR LE PLAN NON GOUVERNEMENTAL .. 103
1- L'incitation à la recherche scientifique pour une
protection efficace du
littoral 104
2- L'organisation de rencontres scientifiques sur les zones
côtières 105
PARAGRAPHE II : L'AMELIORATION DE LA COOPERATION
ECONOMIQUE
ET FINANCIERE 107
A- DE L'APPROPRIATION DES MECANISMES DE SOLIDARITE SUR
LE
PLAN UNIVERSEL PAR LA COTE D'IVOIRE 107
1- L'appel au respect des procédures des mécanismes
financiers ad hoc pour
une coopération efficace et bénéfique 108
a- Des fonds environnementaux 108
b- Des échanges dette-nature 109
2- La réorientation de l`aide publique au
développement 110
a- Les actions des institutions internationales en faveur du
milieu marin et des
zones côtières 111
150
b- Les actions des institutions régionales: Le cas du
Groupe de la Banque
africaine de développement (BAD) 112
B- VERS L'AUTOFINANCEMENT DE LA PROTECTION DU LITTORAL
IVOIRIEN 114
1- Le renforcement de l'assise financière de la
Convention d'Abidjan 115
2- La mise en place des mécanismes d'autofinancement
116
SECTION II : LA PROMOTION DES STRUCTURES
ADMINISTRATIVES
CHARGES DE LA PROTECTION DU LITTORAL 117
PARAGRAPHE I : L'AMELIORATION DES MOYENS D'INTERVENTION
DES
STRUCTURES ADMINISTRATIVES 119
A- LA REDEFINITION DES MECANISMES DE CONTROLE ET DES
POUVOIRS DES INSTITUTIONS 119
1- La réorientation des mécanismes de
contrôle 119
2- L'octroi de moyens aux institutions pour assumer leurs
responsabilités 120
B- LA NECESSITE DE CREER UN ORGANE CHARGE DE LA GESTION
DU LITTORAL 122
PARAGRAPHE II :L'ADOPTION D'UNE APPROCHE
MULTISECTORIELLE ET
INTEGREE DE LA ZONE COTIERE IVOIRIENNE 123
A- UNE SOLUTION : LA GESTION INTEGREE DES ZONES COTIERES 124
1- La nécessité d`une approche
opérationnelle de la gouvernance des zones
côtières 125
2- La nécessité d`une participation accrue des
communautés locales au processus
de GIZ 127
B- LA MISE EN PLACE ET LE RENFORCEMENT DU SYSTEME DE GESTION DE
L'INFORMATION ENVIRONNEMENTALE DE LA ZONE
COTIERE DE CÔTE D'IVOIRE 128
CONCLUSION DE LA 2E PARTIE 130
CONCLUSION GENERALE 131
BIBLIOGRAPHIE 133
I- OUVRAGES 133
A- OUVRAGES GENERAUX 133
B- OUVRAGES SPECIAUX 134
II- THÈSES ET MÉMOIRES 135
III- ACTES DE COLLOQUE ET JOURNÉES D'ÉTUDES 138
IV- RAPPORTS, AVIS, ÉTUDES, RECHERCHES 138
V-ARTICLES 140
VII-
151
RECUEILS DE TEXTES 143
VIII- DICTIONNAIRES 143
IX- PERIODIQUES, JURISCLASSEUR, REVUES, JOURNAUX 143
X- JURISPRUDENCE 144
XI- SITES WEB 144
TABLE DES MATIERES 145
|