3.3.2. Caractéristiques des
classes de hauteur des peuplements ligneux
La distribution des hauteurs est assez régulière
et le peuplement parait équilibré (Figure 8).La hauteur moyenne
des individus est de 4,68 #177; 0,2 m. Toutefois, le déséquilibre
proportionnel entre les deux premières classes contiguës ([0-0,5 m
[et [0,5-1m [) a été relativement faible avec un écart de
7,12%. La distribution du peuplement s'estompe à partir de la classe
[5,5-6 m [.Bien que la structure démographique globale des populations
juvéniles ait montré une régénération
moyenne, le peuplement n'est pas en équilibre en raison de la chute de
distribution à partir de la classe [3,5-4m [. Cette situation s'explique
par le fort taux de pertes d'individus à partir de cette dernière
classe. Nos résultats sont conformes à ceux de Béchir et
al. (2009) et Ouédraogo et al. (2008). Le faible taux
de représentativité des individus dans les classes
supérieures peut s'expliquer par la longue saison sèche, les
péjorations climatiques et les fortes pressions anthropiques (Gijsberg
et al., 1994).
Figure 8 : distribution des ligneux selon les classes de
hauteur
1 = [0-0,5 m[ ; 2 = [0,5-1m[ ; 3 = [1-1,5 m[ ; 4 =
[1,5-2 m[ ; 5 = [2-2,5 m[ ; 6 = [2,5-3 m[ ; 7 = [3-3,5 m[ ;
8 = [3,5-4 m[ ; 9 = [4-4,5 m[ ; 10 = [4,5-5 m[ ; 11 = [5-5,5
m[ ; 12 = [5,5-6 m[ ; 13 = > 6m.
Toutefois, la présence massive des rejets de souches
observée au niveau des classes inférieures [0-0,5m [ à [
2,5-3m [ est une forme d'adaptation et une stratégie de survie des
espèces soudaniennes et sahéliennes à la sécheresse
et aux pressions anthropiques (Néfabas et Gambiza, 2007). Il est aussi
important de souligner que les formes rabougries que présentent les
espèces ligneuses dans le lac sont dues à des
sévères broutages et émondages compte tenu de
l'intensification des activités agro-pastorales pratiquées dans
la zone.
3.3.3. Répartition des
principales espèces ligneuses par classe de diamètre
La figure 9 montre la répartition de l'ensemble des
espèces ligneuses selon les classes de diamètre. Toutes les
espèces ont présenté des classes de diamètre
significativement différentes. Avec un diamètre moyen de l'ordre
de 7,87 #177; 0,52 cm, la végétation ligneuse de la zone montre
un peuplement relativement équilibré bien qu'une forte proportion
(63,36 %) est représentée par des individus de diamètre
compris entre 0 et 5 cm c'est-à-dire des classes inférieures.
Figure 9. Répartition de l'ensemble des espèces
par classe de diamètre
Les peuplements d'Acacia nilotica, de Balanites aegyptiaca
etd'Hyphaene thebaica apparaissent plus (Figure 8, 9 et 10). La
régénération est bonne chez ces espèces qui se sont
distinguées des autres par une forte représentation des classes
de diamètre inferieures, traduisant une bonne dynamique de
reconstitution. En outre, les peuplements relativement stablesd'Acacia
nilotica et de Balanites aegyptiaca sont
caractérisés par leur bonne représentation dans toutes les
classes de diamètre. Ces espèces sont représentées
par des individus de gros et petits diamètres (Figure 8 et 9).
Figure 10. Répartition des individus d'Acacia
niloticapar classe de diamètre
Figure11. Répartition des individus de Balanites
aegyptiaca par classe de diamètre
Les courbes de répartition des peuplements
d'Hyphane thebaica et d'Acacia seyal ont à peu
près la même allure (Figure12 et 13). Les peuplements de ces deux
espèces ont montréun recrutement moyen dans les classes de
diamètres inférieurs [10-15m [et [20-25m [. Ils ont
été par contre très peu représentées dans
les classes de diamètres intermédiaires [25-30m [ à
[45-50m [ et complètement absentes dans les classes [50-55m[ jusqu'aux
classes supérieures à 75m.
Figure 12. Répartition des peuplements d'Hyphaene
thebaica selon les classes de diamètre
Figure13.Répartition des peuplements d'Acacia seyal
par classe de diamètre
L'absence d'individus appartenant aux classes de
régénération et aux classes supérieures est un
indice de perturbation en raison de leur surexploitation et de la pression
à laquelle se trouvent soumises ces deux espèces. En effet,
concernant Acacia seyal, des peuplements entiers sont parfois
systématiquement défrichés et se trouvent remplacés
par des champs de berbéré ou Sorgho de décrue.
Hyphaene thebaica paie en revanche les frais de l'utilisation de son
stipe dans la construction et la pression pastorale.Les résultats
obtenus montrent que les investigations floristiques effectuées dans la
zone méritent d'être approfondies. Cela corrobore l'assertion de
Adjanohoun (1964) selon laquelle : «le travail d'un botaniste n'est
jamais achevé ; il le complète ou le modifie durant toute sa
vie. Cela est plus vrai encore pour celui qui s'intéresse à la
flore peu connue des régions tropicales». Aussi, les travaux
d'inventaire restent-ils un outil indispensable pour révéler
l'existence des espèces (parfois nouvelles pour la science) avant leur
extinction due à l'amenuisement de leur habitat (Campbell et Hammond,
1989).
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