Chapitre 4. Discussion
4.1. Effet de l'altitude sur la diversité
spécifique
La diversité spécifique (diversité alpha)
la plus élevée a été observée dans la
parcelle située à 2000 m d'altitude et la plus faible à
2500 m d'altitude (indice de Shannon et de Fisher alpha). Mangambu (2013), a
trouvé que la richesse spécifique des Ptéridophytes est
élevée (94 à 111 espèces) entre 1700 et 2600 m
d'altitude, moyenne (70 à 83 espèces) à l'étage de
la forêt submontagnarde située entre 1250 et 1700 m et très
faible à l'étage afro-subalpin (22 à 44
espèces).
Les parcelles situées à 2000, 2100 et 2600 m
d'altitude montrent une bonne répartition des individus au sein des
espèces présentes (voir indice d'équitabilité de
Piélou). Une faible répartition est remarquée au sein des
parcelles se trouvant à 2400 m et à 2500 m, ce qui serait un
signe d'une tendance de mono dominance. Nous remarquons des fluctuations de la
richesse spécifique au sein des parcelles ; à l'exemple de celle
située à 2100 m où l'effet combiné des
perturbations endogène et exogène paraît être
à la base de la baisse de diversité spécifique.
Les parcelles situées à 2500 et 2600 m
connaissent une baisse sensible de diversité spécifique qui
pourrait être due au fait que la température, un facteur important
dans la distribution des espèces, diminue sous l'effet de l'altitude.
Elle baisse de 0,5 à 0,6° C à chaque élévation
de 100 m d'altitude et induit ainsi des variations dans la
végétation, sur la diversité (Lenoir, 2009 en France) et
même sur la biomasse (Raich et al. 2006, cités par Markku
et Muller, 2012)
De ce fait, nous constatons que les valeurs d'indices de
Shanon et Fisher alpha diminuent progressivement au fur et à mesure que
l'altitude augmente. Cependant, au sein de la parcelle située à
2300 m d'altitude, on observe une augmentation remarquable de la
diversité (Indice de Ficher) qui pourrait être liée
à d'autres facteurs écologiques.
Plusieurs études ont montré que la richesse
spécifique décroit quand l'altitude augmente. D'après la
recherche menée par Mwanga Mwanga et al. (2014), dans les
forêts de montagne du PNKB et de la forêt communautaire de
Rwaga-Nirindja, la diversité spécifique des Rubiaceae
diminue au fur et à mesure que l'on monte en altitude. La
même tendance avait été constatée par Wabika en
2009, Balezi (2013) et Mangambu et al. (2013) respectivement sur la
distribution des Bryophytes, celle des champignons lignivores (Hymenochaetales)
et des
Du point de vue distribution des espèces suivant
l'altitude, nous avons remarqué que certaines espèces dont
Macaranga neomildbraediana, Polyscias fulva, Sericostachys scandens
et
46
Ptéridophytes et leurs alliées dans la partie de
haute altitude du PNKB. Balezi (2013) et Mangambu et al. (2013) ont
montré que, à part l'altitude, d'autres facteurs comme la
température, l'habitat, la nature des substrats et la pente contribuent
à la variation de la diversité spécifique dans la haute
altitude.
Nous avons remarqué que les Rubiaceae (6,6
%), Urticaceae (5,8 %), Fabaceae (4,1 %), Acanthaceae
(3,3 %), Aspleniaceae (3,3 %), Asteraceae (3,3 %),
Euphorbiaceae (3,3 %), Malvaceae(3,3 %) et Meliaceae
(3,3 %) sont les familles les mieux représentées. Ceci
corrobore bien l'idée selon laquelle, les familles écologiquement
les plus diversifiées dans la zone tropicale sont : Rubiaceae
Apocynaceae, Euphorbiaceae, Fabaceae, Asteraceae, Meliaceae, Moraceae
(Masumbuko, 2015).
En se basant sur la similarité suivant des
données binaires (diversité béta) entre les parcelles,
nous remarquons la formation de deux blocs distincts (algorithme de Simpson).
Cet algorithme fait le regroupement des parcelles à partir duquel nous
constatons un groupe formé de deux parcelles situées à
2500 et 2600 m d'altitude et un autre plus grand, formé des parcelles
situées notamment à 2000, 2100, 2200, 2300 et 2400 m d'altitude.
La similarité entre les parcelles formant le premier groupe est de 54 %
et pour les parcelles du second groupe, elle est de 41 %. Ces deux grands
groupes sont similaires à 34 %.
Selon Hakizimana (2012), quand la similarité est
supérieure ou égale à 50 %, cela signifie que les
affinités floristiques entre les groupements comparés sont
importantes. Dans le cas contraire c'est-à-dire quand la
similarité est inférieure à 50 %, cela montre que chaque
groupement individualisé constitue une unité relativement
distincte des autres.
De ce fait, nous constatons que les deux blocs formés
à partir de la similarité entre les parcelles avec les
données d'incidence forment deux unités différentes. Le
groupe formé par P 2500 et P 2600 possède une certaine
similarité tandis que l'autre groupe (P 2000, P 2100, P 2200, P 2300 et
P 2400) regorge des parcelles relativement distinctes des autres. Il y a lieu
de croire que les parcelles se trouvant à 2500 et 2600 m tendent
déjà à la formation afro subalpine. Parmi les
espèces qui ne paraissent qu'à 2500 et 2600 m on peut citer
Agauria salicifolia, Ficalhoa laurifolia, Myrica salicifolia, Erica
arborea,...qui font partie des espèces caractérisant
l'étage afro subalpin.
47
Xymalos monospora sont présentes à
toutes les tranches d'altitude. Ces espèces sont dites à large
distribution. La recherche de Mwanga Mwanga et al., (2014) a
démontré qu'il existe certaines espèces des Rubiaceae
telles que Pavetta rwandensis, Psychotria mahonii,
Virectaria major, Tricalysia anomala var. montana,
Chassalia subochreata, Galiniera saxifraga et Otiophora
pauciflora qui se trouvent présentes à toutes les tranches
d'altitudes. Les espèces qui résultent de cette catégorie
dans ce travail sont différentes de celles trouvées par
Mwanga-Mwanga (2014) parce que lui a mené sa recherche sur les
Rubiaceae uniquement.
4.2. Effet de l'altitude sur la densité d'arbres
à l'hectare.
Selon Wyatt-Smith (1960) et Arnot (1934), cités par
Fournier et Sasson en 1983, il y a un plus grand nombre de tiges à
l'unité de surface sur les crêtes que sur les pentes ou bas de
pentes en Malaisie. Cependant, ils expliquent que la tendance à
l'augmentation du nombre de tiges en fonction de l'altitude, si elle existe,
reste assez faible.
Nos résultats montrent que le nombre de pieds d'arbres
augmente au fur et à mesure que l'altitude augmente. La densité
moyenne des arbres au sein de nos parcelles est de 702 tiges/ha. Un
écart considérable est constaté entre le nombre
inférieur d'individus observé à P 2000 (324 pieds
d'arbres) et le nombre maximal d'individus observé à P 2600 (1252
pieds d'arbres).
Cirimwami (2013) a remarqué qu'à Uma (Province
Orientale) il n'y a pas de différence significative du point de vue
densité d'arbres à l'hectare. Ceci parce qu'il n'y a pas
d'écart importante (p = 0,26) entre les tranches altitudinales
inférieure (500 à 600 m d'altitude) et supérieure (650
à 750 m d'altitude).
4.3. Effet de l'altitude sur la structure
diamétrique
Boyemba (2011) explique que les conditions environnementales
ont une influence déterminante sur la structure diamétrique. Elle
résulte de l'interaction entre les processus de croissance et les
processus démographiques.
Selon Feeley et al. (2007), cités
Hounkpèvi et al. (2011), lorsque, dans les peuplements
naturels, la fréquence de tiges à faible diamètre (jeunes
individus) est inférieure à celle des individus de grand
diamètre (individus âgés), des changements négatifs
en abondance de la population sont à craindre.
48
Les résultats de Balezi et al., 2010 montrent
un nombre élevé d'arbres dans les classes de diamètre
inférieures (47,05 % pour la classe de 10-20, 26,47 % pour celle de
20-30, 5,88 % pour celle de 30-40 et 2,94 % pour celle de 40-50) et une faible
proportion pour les classes de diamètre supérieures (seulement
17,64 % pour les classes allant de 50 à 120).
L'analyse des résultats de cette étude nous a
montré que le nombre de tiges à faible diamètre est trop
élevé (soit 89,4 % pour les classes de diamètre d'arbres
à DBH < 40 cm) que celui d'arbres à gros diamètre (10,4
% pour les classes de diamètre d'arbres à DBH > 40 cm). Ce
nombre devient de plus en plus élevé au sein des parcelles
situées à 2500 et 2600 m d'altitude.
D'après Ray (1971) cité par Fournier et Sasson
(1983), dans le sud-ouest du Nigeria, c'est seulement sur des crêtes
élevées et étroites que les peuplements sont bas et sans
gros diamètres.
Selon Mangambu (2013), en milieu non perturbé, le
nombre d'arbres et arbustes à DBH ? 50 et ? 30 diminue sensiblement de
l'étage sub montagnard à l'étage afro-subalpin. Le nombre
d'arbres et arbustes à DBH ? 10 varie faiblement.
Après analyse des résultats, nous avons
remarqué qu'au sein de P 2000 se trouve quelques individus des classes
de diamètre supérieures (allant de 90 à 200) dont le
nombre diminue avec l'augmentation de l'altitude. Mais également nous
avons constaté qu'à la parcelle située à 2000 m le
nombré d'arbres à faible diamètre est faible par rapport
à celui trouvé à 2500 et 2600 m d'altitude.
49
|