V.1- Le contexte et la justification du projet
L'éventail médiatique du Burkina Faso
est en cours d'élargissement depuis plus de deux
décennies. Pour ce qui nous concerne, on dénombrait en 2015
environ 31 radiodiffusions télévisuelles privées et 02
radiodiffusions télévisuelles publiques (étatiques)
à Ouagadougou et Bobo-Dioulasso avec des antennes relais dans 29
provinces (sur 45)75. Quant aux télévisions
privées, près de 75% d'entre elles sont
situées dans les deux grandes villes également. Certaines d'entre
elles ont aussi des relais dans plusieurs provinces. En 2017,
l'avènement de la TNT a permis à 14 chaînes de
télévision (pour un début) d'émettre sur
toute l'étendue du territoire national sans avoir recours
à des signaux hertziens. Cela signifie que ces chaînes sont
accessibles à plus de 86% de la population burkinabè
vivant en milieu rural, constituant la population d'agriculteurs actifs
du pays.
Cependant force est de constater que les programmes
des télévisions n'intéressent pas cette
population majoritaire. En effet, les contenus sont des sujets
qui s'adressent aux citadins. Pourtant l'agriculture est une source
inépuisable de matières premières pour les
télévisions qui voudraient en faire une
spécialité. Aux dires de Hamadou LOUGUE, journaliste qui
s'intéresse aux questions agricoles à la
RTB-télé des Hauts-Bassins, « des résultats de
recherches sur le secteur, des innovations et des informations capitales sont
disponibles et peuvent meubler les grilles de programme des
télévisions ». Mais le handicap est
l'orientation que chaque télévision se donne. Elles
préfèrent aller vers les événements qui sont
immédiatement rentables, tout en oubliant que l'agriculture est
d'ailleurs le secteur le plus rentable car elle contribue à
environ 40% du PIB national. Selon Jacob SANOU, chercheur à
l'INERA de Farako-bâ, « quand vous allumez la
télé, vous constatez qu'elle n'est pas faite pour les
agriculteurs. Alors, on devrait inverser les choses. Je verrai bien un
journal parlé conduit par un journaliste-agriculteur. Pour parler de la
situation pendant la compagne agricole, pourquoi ne pas faire un
journal parlé de l'agriculture et animé par des agriculteurs et
des techniciens de l'agriculture ? 76 »
Si l'agriculture est prise en compte par les
télévisions dans leurs programmes, nous ne doutons pas de
l'augmentation de leur audience sur le territoire et plus
précisément dans les zones les plus reculées. Sur
le plan économique, nul besoin de dire que c'est la
publicité qui finance les médias.
75 Conseil supérieur de la Communication, Liste des
médias audiovisuels par typologie, Ouagadougou, 28 avril 2015, p.
16 à 34.
76 Jacob SANOU, chargé de recherche à
l'INERA de Farako-bâ, entretien réalisé le
02/07/2018 à Bobo-Dioulasso.
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Yamnoma Geoffroy ZONGO - Université
Senghor - 2019
Pourtant c'est la forte audience qui attire les
annonceurs vers les médias. Au-delà donc du fait
qu'elles contribuent à la vulgarisation des pratiques agricoles
innovantes, à la conscientisation, à la
sensibilisation des acteurs du secteur et à l'essor d'une
agriculture plus dynamique et moderne, les télévisions se feront
de bonnes recettes grâce à la notoriété qu'elles
auront partout dans le pays. C'est pourquoi, nous nous donnons le devoir de
proposer trois émissions sur l'agriculture. Chacune d'elle va meubler la
grille de programme de trois télévisions dont la capacité
de couverture géographique va au-delà même
des frontières burkinabè. Il s'agit de la
télévision nationale (RTB-télé) et des
deux télévisions privées BF1 et Burkina Info qui couvrent
toute l'étendue du territoire national et sont
accessibles sur les bouquets Canal+ et Nerwaya ainsi que sur des médias
numériques en ligne comme YouTube.
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