CONCLUSION
Notre réflexion visait à comprendre, à
travers une étude portant sur la complétude de l'échangeur
Pleyel, dans quelle mesure le caractère d'intérêt
général des opérations d'aménagement olympique
peut-il être critiqué à travers une lecture marxienne de
l'intérêt général en tant qu'intérêt de
classe.
Pour répondre à la problématique
formulée ci-dessus, nous avons premièrement effectué un
retour historique sur la notion d'intérêt général.
Ce retour nous a permis de saisir à quel point la notion, bien
qu'existante sous des appellations différentes, n'a jamais revêtu
de définition unique. En effet, alors même que
l'intérêt général a été
consacré juridiquement, de nombreuses critiques ont émergé
en remettant en cause la légitimité de l'Etat à
définir la notion de manière objective.
Au-delà des divergences conceptuelles opposant une
conception utilitariste et volontariste de l'intérêt
général, le débat sémantique autour de la notion a
aussi servi comme matière pour la pensée proudhonienne ou
marxienne.
La pensée marxienne a été le fondement de
notre questionnement sur l'intérêt général de
l'opération d'aménagement du système d'échangeur
Pleyel. En effet, alors que Marx critiquait la légitimité de
l'Etat dans sa définition de l'intérêt
général, notamment parce qu'il le concevait comme porteur de
l'intérêt d'une classe, son point de vue a permis de penser la
complétude de l'échangeur Pleyel comme l'usage des instruments
institutionnels étatiques dans un intérêt qui
différerait de celui des classes les moins favorisés. Parce
qu'effectivement, Chez Marx, l'intérêt général est
avant tout l'intérêt du prolétariat. Mais si notre
réflexion est intéressante, c'est avant tout parce qu'ici,
l'intérêt de classe ne réside pas dans la possession des
moyens de productions, mais dans l'utilisation des appareils étatiques
dans un intérêt autre que celui d'une classe à qui ne
profite pas l'intérêt général tel que pensé
par l'Etat.
Enfin, après avoir repensé la
légitimité de l'action publique et de l'intérêt
général de la complétude de l'échangeur Pleyel, le
dernier chapitre a été l'occasion de comprendre comme le projet
d'aménagement du système d'échangeur Pleyel exprime une
territorialisation de l'intérêt général. Alors que
cette territorialisation a conduit, tout en étant appuyée par les
actes de décentralisation, à l'émergence d'un
intérêt général local, nous avons pu constater en
quoi cette intérêt général local présentait
un certain nombre de limites, qui, elles, contribuent
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à l'identification des individus à un
intérêt général individuel. Cet intérêt
général individuel, par l'expérience individuelle de
l'injustice, devient alors un instrument de délégitimation de
l'intérêt général.
Si la question de l'intérêt général
semble aujourd'hui de plus en plus au coeur des débats, c'est en
réalité parce qu'elle témoigne de la crise
démocratique que traversent un grand nombre de démocratie
européenne.
Ainsi, tout l'intérêt d'une prochaine
réflexion serait alors de comprendre en quoi la crise de
l'intérêt général témoigne-t-elle des limites
de la démocratie.
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