II.2. MÉTHODES D'ETUDE
Pour atteindre les objectifs, les méthodes
adoptées au cours de ce travail de recherche se divisent en deux, sur le
terrain et en laboratoire. Le travail sur site a consisté à
étudier les différents types d'habitats de la zone d`étude
suivi de la collecte les spécimens et enfin à enquêter la
population locale sur l'utilisation des plantes. Le travail en laboratoire est
axé sur l'étude morphologique, suivant la méthode de
Capuron (1957), des échantillons collectés qui sont
comparés ensuite avec les données des herbaria détenteurs
de spécimens d'Acanthaceae malagasy qui sont les herbaria de Tsimbazaza
(TAN) et de California Academy of Sciences (CAS) de San Francisco. Les
spécimens absents au CAS ont été empruntés au
Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris.
II.2.1. Travaux sur le terrain
Les travaux de terrain se divisent en deux étapes
à savoir, les enquêtes et l'étude des habitats et les
collectes de spécimens d'Acanthaceae rencontrés. Toutes ces
investigations ont été faites dans les zones de collectes
mentionnées sur la carte 4 ci-dessous où sont aussi situés
les sites de relevé lors des inventaires.
a. Enquêtes ethnobotaniques
Des enquêtes ont été faites auprès
de la population riveraine de la zone d'étude pour avoir les
informations sur les plantes, en particulier par rapport à leurs
utilisations. Deux types d'enquêtes ont été menés,
l'entrevue individuelle et l'entretien par groupe avec, pour les deux, une
fiche à questionnaire ouvert élaborée au préalable
(Annexe 1). La première, individuelle, est une enquête-discussion
où aucune prise de notes n'est faite car la transcription des
données obtenues est réalisée plus tard en aparté.
La deuxième méthode est menée au niveau de certains
villages situés sur les axes d'inventaire auprès de groupe de
personnes qui ont l'habitude d'aller dans la forêt et qui connaissent
bien les plantes, en particulier les Acanthaceae. Après le regroupement
par groupe, certaines personnes clés sont approchées
séparément par `visite à domicile'.
Au cours de l'étude, au moins une personne, par village
a été interviewée. En tout, 30 personnes ont
été enquêtées. Elles se répartissent en 10
personnes au niveau de la partie humide, 10 dans la zone de transition et 10
dans la partie sèche.
Matériels et méthodes
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Matériels et méthodes
b. Prospection écologique des habitats de
la zone d'étude
A chaque site de relevé, une observation minutieuse de
l'habitat a été faite pour avoir les informations sur la
préférence écologique des espèces. Les
caractéristiques écologiques, à savoir la physionomie et
les espèces dominantes, de tous les écosystèmes de la zone
d'étude, de la forêt jusqu'à la savane ont
été relevées. Quant ce fut possible, des groupements
végétaux ont été identifiés.
L'étude de l'habitat des espèces d'Acanthaceae a
concerné les différents facteurs écologiques suivants,
à savoir la subdivision climatique, l'altitude, l'ouverture du milieu,
ainsi que le type de sol où se développe la plante.
Au cours de la présente étude, la
délimitation des régions climatiques de Cornet (1974)
était prise en considération. La zone d'étude se divise en
trois parties qui sont les parties humides à l'Est, de transition au
centre et sèche à l'Ouest. Le choix même de cette zone
d'étude a été conditionné par trois conditions
climatiques différentes mais dans un espace restreint. En effet,
l'existence de la faille pluviothérmique mentionnée par cet
auteur offre bien des habitats différents où pourrait être
vérifiée la problématique mentionnée en
introduction.
L'analyse des altitudes des sites de relevé est ensuite
entreprise par la prise des coordonnées
géoréférencées des endroits de collecte à
l'aide d'un GPS. Trois altitudes, couramment considérées comme
limites de végétation en botanique, ont été
choisies ici, à savoir, zéro, 400m et 800m. Ainsi, l'analyse de
la repartition des espèces d'Acanthaceae a tenu compte de trois gammes,
basse altitude de 0 à 400m, moyenne de 400 à 800 et haute pour
une altitude au-delà (ANGAP, 2001).
L'étude du facteur `ouverture du milieu' a
concerné l'évaluation de la proportion de la surface du sol qui
serait recouvert si on y projetait verticalement les parties aériennes
des plantes. Ce facteur est obtenu à l'aide de la «Charte pour
l'estimation visuelle des rapports de surface» d'Emberger et al.,
(1983) qui fût adaptée aux différents types de milieu car
les Acanthaceae se trouvent en majorité en strate basse :
- Recouvrement > 75% : milieu fermé ;
- 50% < Recouvrement < 75% : milieu semi ouvert ;
- Recouvrement <50% : milieu ouvert.
L'étude du sol était faite à travers sa
couleur et sa texture pour avoir une idée sur le type du milieu
où se trouve chaque plante. Sont choisis, au cours de cette
étude, les trois types de sol les plus fréquents dans la zone qui
sont les sols noirs de forêt (sol ferralitique peu evolué et
humifère), sols alluvionnaires (sableux de couleur roux) et un sol
calcaire (sol ferrugineux sur calcaire) (CIRAD et al., 2002, De la
Roche 1958, Majmundar, 1961).
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Matériels et méthodes
c. Inventaire biologique
Des missions de collecte ont été
organisées dans la zone d'étude. Suivant les informations
figurées au niveau des étiquètes d'herbier, telle que la
localisation de la collecte, on sait que les Acanthaceae se trouvent dans des
milieux ouverts, hypothèse à vérifier au cours de la
présente étude. Un itinéraire, au niveau des voies
d'accès, est alors défini suivant ces indications pour faire les
reconnaissances et les collectes.
La collecte a été faite en suivant les
réglementations systématiques en vigueur pour pouvoir
entreprendre une étude morphologique de chaque plante afin de les
identifier et pour pouvoir proposer la clé de détermination
partielle des Acanthaceae de la zone d'étude, objectif de cette
étude. Les parties de la plante collectées concernent, selon le
cas, des fleurs, des fruits, des feuilles, des tiges et de la racine. Pour les
plantes de petite taille, l'individu entier est collecté. Chaque fois
que c'est possible pour une plante observée, la collecte est faite au
minimum en quatre exemplaires conformément aux règlements en
vigueur à Madagascar. Une part est déposée au TAN et les
restes sont envoyés aux herbaria partenaires.
Chaque échantillon a fait l'objet d'une première
description, sur place avec une loupe portative avant de le mettre sous presse
herbier. Au cours de cette observation, les caractères qui ne sont plus
visibles sur les herbiers sont munitieusement notés ; ce sont le port,
les aspects de l'appareil végétatif et la couleur.
La méthode de confection des herbiers suit celle de
Bridson et Forman (1992). Les spécimens ont été
arrimés dans des papiers journaux puis pressés et
séchés directement sur terrain ou imbibés d'alcool avant
un séchage ultérieur. Par la suite, les spécimens sont
montés pour être déposés à l'herbarium de
Tsimbazaza. Des échantillons de fleurs, de feuilles et de fruits ont
été mis dans une boîte contenant du gel de Silice quand les
spécimens présents dans la nature le permettaient pour conserver
le matériel génétique pour une étude
ultérieure d'ADN. Des collections photographiques de toutes les
espèces recensées et de leurs habitats respectifs ont
été faites.
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