CONCLUSION, RECOMMANDATIONS ET PERSPECTIVES
Conclusion
L'étude conduite sur le cordon de sable brun du
littoral à l'Ouest de la ville de Cotonou a été
menée sur le site test du Laboratoire d'Hydrologie Appliquée
(LHA) avec la méthode de prospection géophysique Time Domain
Electromagnétism (TDEM). Les principaux résultats sont les
suivants :
- La profondeur moyenne du biseau salé par rapport
à la surface du sol est de 8 m en moyenne avec un front quasi-vertical
en bord de côte. Ce qui confirme, comme ça été dit
au début, que le contact eau douce/eau salée (biseau salé)
dans les sables bruns, ne devrait pas être aussi profond que l'a dit
Géohydraulique (1987), (21 à 81m).
- La lentille d'eau douce a 5 m d'épaisseur en moyenne
et a un fond assez plat, le front du biseau salé est presque vertical
à l'époque de notre prospection (Juillet).
- Sur la surface prospectée le volume d'eau douce
disponible est de 192 000 m3 pour une hypothèse de porosité
constante de 32% et de 576 000 m3 pour 48%. Cette estimation n'est
valable que pour la saison des pluies car la géométrie de la
lentille d'eau douce varie en fonction des précipitations et des
prélèvements selon Martin (1970). La porosité
considérée ici étant la porosité « totale
» et non la porosité « de drainage », le volume d'eau
estimée n'est pas forcement totalement mobilisable. Mais, pour des
gammes de porosité élevée comme dans notre cas, la
porosité de drainage pourrait être proche de la porosité
totale.
- La méthode géophysique TDEM utilisée
nous a permis de bien détecter le biseau salé sur le site choisi.
Par contre, il faudrait que le terrain sable + eau
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Etude de l'invasion saline dans l'aquifère côtier du
quaternaire : Application de l'électromagnétisme en domaine
temporel (TDEM) sur un site test à Togbin (Bénin)
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saumâtre ait au moins une épaisseur de 5 m pour
qu'il soit détectable par le TDEM selon la modélisation
synthétique faite.
- La topographie n'ayant pas été prise en compte
du fait du temps imparti pour l'étude, on peut avoir une marge d'erreur
de plus ou moins 0.5 à 1m par endoit sur les profondeurs et
épaisseurs déterminées.
Recommandations
Pour l'exploitation de l'eau douce sur le site, il est
indispensable de ne pas construire d'ouvrages exploités à gros
débit pour éviter les remontés d'eau salée. Il est
préférable de multiplier le nombre d'ouvrages qui seront
exploités à faible débit. Le type d'ouvrage peut aussi
bien être des puits busés que des forages à
motricité humaine. Ces ouvrages doivent être situés par
précaution dans le périmètre délimité pour
l'eau douce avec 1000 uS/cm (10 ohm.m) comme limite supérieure de
conductivité de l'eau et avec 32% de porosité. La profondeur des
ouvrages ne devrait pas dépasser à titre de précaution 6
mètres.
Perspectives et recherches
Une étude de suivi temporel de la variation du niveau
statique et de l'épaisseur de la lentille d'eau douce serait
indiquée pour avoir une estimation de cette variation en fonction des
saisons. Les résultats de cette étude pourrait permettre de
réglémenter les prélèvements en fonction des
saisons.
Une nouvelle étude sur le littoral à travers le
prélèvement, dans des fosses, de cylindres de densité
apparente est souhaitée pour avoir une porosité des
différents terrains et pour vérifier son éventuelle
variation spatiale.
Si une étude plus extensive doit se faire vers la
latitude des plateaux (au Nord) pour observer l'évolution de l invasion
saline, il faudra utiliser des boucles de
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Etude de l'invasion saline dans l'aquifère côtier du
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dimensions plus grandes et étudier les conditions de
prospection afin de choisir un dispositif de mesure adéquat pour cette
étude.
Pour les infrastructures (hôtels, restaurants, piscines
etc.) à venir dans le compte du projet de la route des pêches qui
demanderaient bien plus que les réserves qu'offre le milieu, une
étude pour vérifier la possibilité d'avoir de l'eau douce
dans les aquifères profonds (>100m) est envisageable. Ainsi, il
serait possible d'exploiter cet aquifère avec un dédit
certainement plus important que celui des puits. Autrement, une adduction d'eau
à partir des installations de la SONEB serait une solution
alternative.
A l'avenir, l'utilisation conjointe de technique de
prospection rapide (par exemple EM34) couplée à du TDEM pour
détecter les anomalies, permettrait une reconnaissance rapide des
ressources en eau douce du cordon littoral. La quantification de ces ressources
ne pourra se faire qu'avec l'application de la méthode de
résonance magnétique des protons (RMP), seule capable de
quantifier la quantité d'eau exploitable en présence. Cette
dernière sera en revanche aveugle pour déterminer la
salinité de l'eau. La complémentarité de la RMP avec les
méthodes de résistivité (par exemple les sondages TDEM ou
électriques) serait alors nécessaire.
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Etude de l'invasion saline dans l'aquifère côtier du
quaternaire : Application de l'électromagnétisme en domaine
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