REPUBLIQUE DU NIGER
MES/R/I
UNIVERSITE ABDOU
MOUMOUNI DE NIAMEY
Faculté des
Lettres et Sciences Humaines
Département de
Géographie
Milieux et Sociétés des Espaces
Arides et Semi-arides :
Aménagement-Développement
Identification des zones à risque de
déficit de production fourragère par l'usage des images
satellites dans la zone pastorale de la région de Tahoua
Option : Aménagement et Gestion des Ressources
Naturelles
Mémoire de Master
Directeur : Pr Moussa Moussa
IBRAHIM
Président : Pr Yamba
BOUBACAR
Présenté par : IBRAHIM
Saddi Assesseur : Dr
Faran Maiga OUMAROU
Année académique 2013-20TABLE DES MATIERES
TABLE DES MATIERES
2
TABLE DES ILLUSTRATIONS
4
TABLE DES PHOTOS
4
INTRODUCTION
5
CHAPITRE I :
7
CADRE THÉORIQUE ET
METHODOLOGIQUE
7
1.1 Contexte et Justification
7
1 .2 Revue de littérature
8
1. 3 Définition des concepts
11
1.4 Problématique
12
1.5 Hypothèses
14
1. 6 Objectifs
14
1.6.1 Objectif général
14
1.6.2 Objectifs spécifiques
14
2. Matériel et méthode
15
2.1 Matériel
15
2.2 Approches théoriques et
méthodologiques
15
2.2.1 Approche
télédétection
15
2.2.2 Approche géographique de la gestion
des risques de déficit
16
1.9 Méthodologie
17
2.2.3 Recherche documentaire
17
2.2.4 Délimitation de la zone d'étude
et cartographie
18
2.2.5 Estimation de la biomasse approche de la
Direction du Développement Pastoral
18
2.2.6 Estimation de la biomasse approche
Télédétection (traitement des images)
20
2.2.6.1 L'Indice de Végétation de
la Différence Normalisée (NDVI)
20
2.2.6.2 La Productivité de
matière sèche (DMP)
22
2.2.6.3 L'Indicateur de production de la
végétation (VPI)
22
2.2.7 Technique et outils de collecte des
données
23
1.11 Validation des cartes
23
1.12 Traitement et analyse des
données
23
CHAPITRE II :
24
PRÉSENTATION DE LA ZONE D'ETUDE ET
DES FACTEURS DE RISQUES
24
2.1 Localisation de la zone
d'étude
24
2.2 Caractéristiques physiques
26
2.2.1 Le climat
26
2.2.2 Les ressources en eau
27
2.2.3 La géomorphologie
27
2.2.4 La végétation :
27
2.3 Caractéristiques
socio-économiques
28
2.3.1 Milieu Humain
28
2.3.2 Les activités économiques
28
2.3.3 L'élevage
29
2.3.4 Le commerce
29
2.3.5 Tourisme et artisanat
30
CHAPITRE III :
31
3. RESULTATS ET DISCUSSIONS
31
3.1 Résultats
31
3.1.1 : Estimation de la biomasse
approche DDP
31
3.1.1.1 Situation des pâturages par site
d'observation au sol.
31
3.1.1.2 Eléments de bilan
33
3.1.1.3 Production fourragère
34
3.1.1.4 La composition floristique des
pâturages
34
3.1.1.5 Bilan fourrager de la zone
35
3.1.1.6 Les feux de brousse
35
3.1.1.7 Mouvement des animaux
36
3.1.2 ESTIMATION DE LA BIOMASSE APPROCHES
TELEDETECTION
37
3.1.2.1 Analyse de l'évolution du front
de végétation à travers le NDVI
37
3.1.2.2 Etat global de la
végétation par l'usage du VPI campagne pastorale 2013.
40
3.1.2.3 Analyse de la production de la biomasse
2000 - 2013 à travers la DMP.
42
3.2 Piste de gestion du disponible
fourrager
46
3.3 DISCUSSIONS
47
CONCLUSION PARTIELLE
49
CONCLUSION GENERALE
50
BIBLIOGRAPHIE
52
Table des figures
Figure 1: Schéma de la
méthodologie globale
16
Figure 2: Illustration du dispositif des
placeaux
18
Figure 3: Localisation de la zone
d'étude
25
Figure 4: Carte des isohyètes du
Niger 1968 - 2000
26
Figure 5: Zones névralgiques aux
feux de brousse: Source (DPNE), 2011.
36
Figure 6: Emergence de la
végétation mois de
Juin........................................................................39
Figure 7: Emergence de la
végétation mois de Juillet..
39
Figure 8: Emergence de la
végétation mois
d'Août............................................................39
Figure 9: Emergence de la végétation mois
de Septembre.
39
Figure 10: Indice de la productivité
de la végétation mois de Juillet 2013
41
Figure 11: Indice de la productivité
de la végétation mois d'Août 2013.
41
Figure 12: Indice de la productivité
de la végétation mois de Septembre 2013.
41
Figure 13: Carte de la production moyenne
de la biomasse 2000-2013
43
Figure 14: Carte d'élévation
zone pastorale de la région de Tahoua.
43
Figure 15: Répartition par zone de
la production de la matière sèche.
Erreur ! Signet non
défini.
TABLE DES
ILLUSTRATIONS
Tableau 1: Rendement moyen par site
d'observation au sol campagne 2013.
32
Tableau 2: Répartition par zone et
par hectare de la production de la matière sèche.
44
TABLE DES
PHOTOS
Photo 1: Zone à production moyenne
de la biomasse à Didiga.
33
Photo 2: Production faible de la biomasse
sur le glacis à Kaou.
33
Photo 3 : Graminées au Sud -Est
d'Ibeceten.
34
INTRODUCTION
Pays sahélien situé au coeur de l'Afrique
Occidentale, le Niger est dans son ensemble un territoire à vocation
agro-sylvo-pastorale. Avec 177307707 habitants en 2012(INS, 2014), cette
population est à 80,2% rurale (SDR 2003) avec comme principale
activités l'agriculture et l'élevage. Ce dernier contribue pour
12% au PIB (SDR 2003). L'importance du sous-secteur fait de l'élevage un
outil privilégié de lutte contre la pauvreté. Cependant
les potentialités des ressources naturelles base de satisfaction des
besoins fondamentaux de la population dans la zone pastorale connaissent une
évolution régressive du fait des différentes contraintes
notamment climatiques (PDC/Tchintabaraden 2010-2014).
Malgré son importance économique, sociale et
culturelle fondamentale, le pastoralisme reste une activité
précaire. L'élevage est pratiqué par près de 87% de
la population active soit en tant qu'activité principale, soit comme
activité secondaire après l'agriculture (Revue du secteur de
l'élevage au Niger Février 2010). Les éleveurs connaissent
les circuits de transhumance. Ils ont également un système
traditionnel d'information qui leur permet la gestion des ressources
pastorales.
Les ressources pastorales naturelles connaissent une grande
variabilité à cause surtout des effets conjugués de
plusieurs facteurs (sécheresses, déforestation,
surpâturage, organisation défectueuse de l'occupation de l'espace
pastoral, etc.). Ce sont ces facteurs qui expliquent en partie la
dégradation rapide et continue dudit potentiel. Or, on sait que les
populations rurales du Niger et particulièrement les groupes pastoraux
sont tributaires des ressources naturelles pour satisfaire leurs besoins
fondamentaux. Malgré un environnement naturel marqué par un
régime climatique à pluviométrie faible, et une tendance
à l'aridité, la zone pastorale de la région de Tahoua
renferme un potentiel important de bétail.
En milieu pastoral, le mode d'habitat dispersé donne
l'impression d'unités de résidences parsemées dans un
vaste espace sans aucune fluidité dans la communication. Or, à
suivre de près les décisions des éleveurs relatives
à la gestion du fourrage, on constate que les informations circulent. A
cet effet les spécialistes ont le devoir de leur fournir des
informations adaptées. C'est pourquoi il est nécessaire
d'identifier les zones à risque de déficit de production
fourragère. L'application de ce principe implique un effort continu de
communication entre les différents usagers afin de faciliter
l'accès aux ressources pastorales. C'est dans cette optique que chaque
année un dispositif est mis en place par les services techniques pour le
suivi et l'évaluation des ressources pastorale. Il offre des
informations sur l'état de la biomasse, les sources d'abreuvement du
cheptel, les mouvements et la concentration des animaux. Les
procédés utilisés pour l'estimation de la biomasse par ces
services techniques demandent assez de temps. C'est pourquoi la
télédétection semble être la mieux indiquée
pour le suivi de la biomasse dans la zone. En effet l'usage des images
satellites permet d'apprécier l'état et la répartition
spatiale des ressources fourragères dès avant l'arrêt des
pluies, et les populations ont donc la possibilité d'envisager
précocement les mesures à prendre pour limiter les risques
d'éventuelle pénurie. Il est donc nécessaire de faire un
suivi de la production fourragère par des produits d'information
dérivés de l'imagerie spatiale pour le besoins de la population
dans la zone. En effet la télédétection constitue
un atout précieux pour la collecte l'analyse et la représentation
des informations sur la disponibilité du fourrage. Chaque année,
la prospection ou le renseignement pour la transhumance oblige les populations
locales à rechercher explicitement des informations. Elle n'est pas une
simple recherche de trajectoires, c'est en même temps la recherche de
zones où le troupeau pourra séjourner durablement. Le
présent travail s'articule autour de trois chapitres :
· le premier chapitre présente le cadre
théorique et comprend le contexte de l'étude, la revue de la
littérature, la problématique, les hypothèses les
objectifs, et l'approche méthodologique.
· le second sur le milieu physique et humain.
· enfin le troisième chapitre présente les
résultats et discussion ayant permis de tirer la conclusion
générale et de formuler des perspectives de recherche.
CHAPITRE I :
CADRE
THÉORIQUE ET METHODOLOGIQUE
1. Cadre théorique
Dans ce chapitre, il sera abordé les différents
aspects qui permettront de mieux cerner le contexte et la justification du
choix du thème avant de présenter la revue de littérature.
Ensuite il sera nécessaire de dégager d'abord la
problématique, poser les hypothèses, les objectifs de
l'étude, définir les concepts clés et en fin la
méthodologie de l'étude.
1.1
Contexte et Justification
Au Niger, l'agriculture et l'élevage procurent des
moyens de survie de la population. Cependant, les productions
fourragères globalement faibles combinées à une
organisation défectueuses de l'occupation de l'espace pastoral
expliquent en partie la dégradation rapide dudit potentiel.
L'assèchement de certains points d'eau et les nombreux foyers de feu de
brousse dans la zone pastorale de la région de Tahoua entrainent la
descente généralement précoce des éleveurs
transhumants dans la zone agricole avec des risques élevés de
conflits.
De nos jours les activités de surveillance de la
surface terrestre s'appuient de plus en plus sur les systèmes
basés sur les satellites d'observation de la terre. C'est pourquoi
l'intérêt sur le thème «Identification des Zones
à Risque de déficit de production fourragère par l'usage
des Images Satellites dans la Zone Pastorale de la Région de
Tahoua ».
1 .2 Revue de
littérature
Tout comme le système agricole la question du
pastoralisme au Niger demeure un sujet crucial pour la préservation de
l'environnement. L'évolution de la situation pastorale au cours de ces
dernières décennies s'est caractérisée par la
compétition très forte sur les ressources naturelles avec des
risques importants de conflits entre communautés, entre familles et au
sein d'une même famille (FODE .2010). Peter L. Bernstein
prend comme point de départ l'origine linguistique du concept de risque
; le verbe latin-Italien « risicare », qui signifie risquer, un
rappel du rôle central du pouvoir d'action dans la compréhension
du terme. Risquer c'est agir. Il s'agit d'un choix- et non d'une
fatalité. La distinction courante entre les concepts de risque et
d'incertitude est liée précisément à cela: les
incertitudes sont généralement perçues comme inestimables,
alors que les risques sont considérés comme calculables et
peuvent donc être gérés Lupton, (1999). L'idée
révolutionnaire qui définit la limite entre les temps modernes et
le passé est la maîtrise des risques. Le concept de risque est au
coeur des questions, des démarches, des techniques, relatives à
la sécurité. Le sens donné à ce terme a
évolué au cours du temps nécessitant à chaque fois
de remettre en cause les questions, les démarches et les techniques
précédemment considérées. La compréhension
de l'évolution est fondamentale, en particulier pour situer la posture
prise pour aborder la sécurité.
Le Niger se doit donc d'améliorer la
productivité de son agriculture et de son élevage, de
sécuriser sa production contre les aléas climatiques. Afin de
répondre à ces préoccupations et, en particulier de faire
étroitement correspondre stratégie et actions concrètes,
l'usage des images satellites s'avère nécessaire. A cet effet les
spécialistes de développement rural à l'échelle
nationale ont le devoir de fournir aux agro-pasteurs des informations
météorologiques et agro météorologiques
appropriées et adaptées. Ces informations doivent les aider
à la prise de décision en matière d'intervention dans la
zone et leur permettre de réduire les risques climatiques sur la
production. La production pastorale extensive objet de cette étude se
pratique sur 25 % des terres du globe, depuis les zones arides d'Afrique et la
péninsule d'Arabie, jusqu'aux hauts plateaux d'Asie et d'Amérique
latine NORI. et al, (2008). C'est ainsi que SOPHIE M. (1995)
dans sa thèse « Assimilation d'observations
satellitaires courtes longueurs d'onde dans un modèle de fonctionnement
de culture » affirme que : « avoir les moyens de
comprendre les différents échanges qui régissent la
croissance et le développement des espèces en fonction de tous
les paramètres impliqués peut aider à déterminer
une éventuelle modification des espèces et leurs
répartitions géographiques ». Les observations
satellitaires permettent donc de spatialiser les données dans l'espace
et dans le temps. La possibilité d'utiliser les données
satellitaires pour le suivi de la végétation à travers les
indices de végétation (NDVI) est apparue il y'a une vingtaine
d'années à partir des satellites Américains NOAA. Il faut
bien évidemment, pour tirer parti de ces nouvelles sources
d'informations d'abord établir quels sont les liens entre les
propriétés mesurées par les satellites dans les
différentes longueurs d'ondes et les paramètres biologiques et
agronomiques qui définissent l'état de la
végétation et ses caractéristiques. Le lancement du
satellite Européen SPOT VEGETATION embarqué sous le satellite
SPOT en 1998 est un élément nouveau qui a permis de mettre au
point une méthodologie d'estimation de la biomasse et du rendement.
Comme décrit par MONTEILLS (1972), la
Productivité de Matière Sèche (DMP) peut être
calculée à partir de l'imagerie satellitaire.
Plusieurs études ont été faites
concernant l'apport des images satellites dans la gestion des risques
climatiques sur la production dans une vision de la protection de
l'environnement. GEFFARD S., GREGOIRE J.M. et PIEYN S en 1992 se sont
penchés aussi sur le suivi du régime hydrologique des grands
fleuves de l'Ouest Africain, avec un support sur l'imagerie satellitaire
NOAA/AVHRR.
BONN F. et ROCHON G en 1992 et 1996 ont publié
« Le précis de télédétection, volume I
principe et méthode et le volume II, applications
thématiques ». Ces documents sont d'un grand apport dans la
théorie générale, les formes de traitement et les
précisions sur les informations thématiques que l'on peut
extraire d'une image satellitaire. Dans le rapport de synthèse sur la
circulation de l'information en milieu pastoral Ferlo (Sénégal)
et Kanem (Tchad) du Mars 2005 du Programme Pastoralisme et Environnement au
Sahel (PESah) ; il apparait que le domaine du pastoralisme reste moins
bien servi que la production et les échanges agricoles (Sommer 1998).
Les caractéristiques de ce mode de vie et de production mettent en avant
des facteurs climatiques, spatiaux, socio-économiques et fonciers
nouveaux par rapport au système d'information habituel. Elles
soulèvent de nouvelles questions sur le choix des indicateurs et sur
leur combinaison. Rendre compte des différents versants des risques,
humains et écologiques est une autre ambition du Système
d'Information sur le Pastoralisme et l'Environnement au Sahel (SIPES).
Au Niger la zone pastorale est définie par la loi
N°61-005 du 26 mai 1961 fixant la limite nord des cultures pluviales et
correspond à la zone sahélo- saharienne à vocation
pastorale traversant le territoire nigérien d'Ouest en Est sur une
longueur de 1400 km et sur une largeur de 250 km (CIRAD-IEMVT,1994),
soit environ 35 millions d'hectares avec des hauteurs pluviométriques
comprises entre 100 et 300 mm par an DDP ( 1999 ). C'est le domaine
spécifique d'élevage pastoral qui est actuellement quasiment la
seule activité permettant sa valorisation FODE(2010). Cette
activité pastorale qualifiée par certains auteurs de
«pastoralisme » est tout un mode de vie liant l'homme et son animal
et a été caractérisée comme un mode de vie
complexe qui s'efforce de maintenir un équilibre optimal entre les
pâturages, le bétail et les populations dans des milieux variables
et incertains Nori et al. (2008).
Dans son Plan Quinquennal 1979-1983 et dans son Plan
Intérimaire de Consolidation 1984-1985 le gouvernement de la
république du Niger s'est assigné comme objectifs prioritaires la
recherche de l'autosuffisance alimentaire au niveau national, l'instauration
d'une société de développement et la recherche d'une
indépendance économique. A l'intérieur de ces objectifs,
les orientations retenues pour le secteur de l'élevage ont
principalement porté sur la réhabilitation de la production
pastorale durement éprouvée par la sécheresse de 1973 et
l'augmentation des produits d'origine animale afin de satisfaire les besoins
internes et dégager un surplus exportable. Au cours des années
80, la situation préoccupante des ressources naturelles rurales a fait
l'objet de nombreux débats et séminaires. Ainsi, au Niger les
pasteurs ont réorienté leur élevage en fonction des
réalités du milieu et du caractère hautement variable et
imprévisible de ce dernier, suite aux changements survenus dans leur
environnement.
Le pastoralisme au Niger en général et dans la
région de Tahoua en particulier souffre du phénomène du
changement climatique et de la pression foncière découlant de
l'accroissement démographique et du développement
d'infrastructures agricoles et des moyens de production agricole sur des zones
auparavant dévolues au pastoralisme. La région a connu
après la sécheresse de 1984, un grignotement progressif par la
mise en culture.
TOURE O. (1990) affirme que « L'accès aux
pâturages est libre dans tout le Sahel. C'est le domaine de la vaine
pâture avec une forme d'utilisation non contrôlée des
ressources ». Le pastoralisme est un mode de vie complexe qui
s'efforce de maintenir un équilibre optimal entre les pâturages,
le bétail et les populations dans des milieux variables et
incertains.
Le Nord de la Région de Tahoua zone par excellence
d'élevage et ayant bénéficiée d'un suivi
régulier des sites depuis 1988 (DRE/ Tahoua) représente un
laboratoire d'expérimentation des méthodes d'évaluation
et de suivi des ressources fourragères. Ce choix se justifie parce
qu'elle représente d'une part, une zone d'accueil des transhumants et
des éleveurs autochtones et d'autre part, elle tient lieu de zone de
pâture, d'échanges culturels, et de reproduction des animaux.
C'est pourquoi il est nécessaire d'identifier les zones à risque
de déficit fourrager afin de rendre possible l'utilisation durable des
écosystèmes. En ce sens MAI MOUSSA M. (2006) souligne que
« dans un pays aussi vaste que le Niger, où les techniques
conventionnelles n'arrivent pas à résoudre les problèmes
d'acquisition et de gestion des données sur le territoire, il serait
indispensable de s'orienter vers la télédétection pour
des informations rapides et précises ». C'est un moyen
efficace et judicieux d'estimation de la production fourragère
particulièrement en zone sahélienne.
1. 3
Définition des concepts
Les concepts seront clarifiés en vue de lever toutes
ambiguïtés. En d'autres termes chaque concept sera soigneusement
défini afin de contribuer à éviter certaines
équivoques de sens commun que l'on rencontre souvent
Risque : Le Petit Robert définit
le risque comme un « danger éventuel plus ou moins
prévisible ». La formulation met explicitement en avant le double
aspect du risque, à savoir: le caractère aléatoire d'un
événement assorti de la menace qu'il représente.
D'après le dictionnaire de l'environnement (1991), le risque est la
possibilité de survenance d'un évènement susceptible de
porter atteinte à l'équilibre naturel. Il résulte de la
conjonction d'un aléa et des enjeux en présence. " Le risque
est la mesure du danger ", le danger étant défini comme " la
tendance d'un système à engendrer un ou plusieurs
accidents ". Kervern et Rubise (1991).
Production fourragères :
production de la biomasse que l'on utilise comme nourriture aux
bétails.
Images satellites: ensemble d'informations
sous forme de matrice de points ordonnés (pixels)
caractérisés par leurs positions et leurs valeurs
numériques exprimant leur réponse spectrale dans chaque bande du
système.
Zone pastorale : Partie du territoire
national situé au Nord de la limite des cultures pluviales telle que
définie par la loi n° 61-05 du 06 Mai 1961 et celle n° 61-6 du
27 mai 1961, érigeant en zone de modernisation pastorale la zone
sahélienne d'élevage située au nord de la limite
légale des cultures pluviales.
Eleveur : L'éleveur peut
être considéré comme un propriétaire d'animaux
domestiques dont l'économie dépend totalement ou partiellement de
l'exploitation indirecte de son capital cheptel.
Pasteur : le pasteur désigne
celui qui est impliqué avec sa famille dans le travail pastoral par
lequel il a acquis une expérience professionnelle et au travers duquel
il a développé un mode de vie spécifique, une organisation
sociale et culturelle. Il vit principalement des ressources tirées de
l'exploitation de son troupeau.
Le pastoralisme: se défini comme une
utilisation rationnelle de parcours complémentaires. Dans une zone
essentiellement consacrée à l'élevage, les troupeaux
peuvent se déplacer sans l'obstacle de champs cultivés, sans le
cloisonnement de l'espace par des villages, par des routes, sans la
méfiance et souvent l'hostilité de paysans ou de citadins.
1.4
Problématique
Le Niger était considéré à
l'époque coloniale comme un pays à vocation essentiellement
d'élevage de l'Afrique Occidentale Française (Revue du secteur de
l'élevage au Niger 2010). Cette activité traditionnelle qui se
pratique depuis des siècles dépend fortement d'une
pluviométrie caractérisée par une grande
variabilité à la fois temporelle et spatiale. Or les populations
rurales du Niger et particulièrement les groupes pastoraux sont
tributaires des ressources naturelles pour satisfaire leurs besoins
fondamentaux.
Dès lors, il apparait évident que la mise en
oeuvre de toute stratégie de développement du pastoralisme passe
par la prise en compte des facteurs climatiques notamment les
précipitations, l'évaporation, la radiation. La plupart des
populations exposées à l'insécurité alimentaire vit
dans des régions écologiquement désavantagées.
La région de Tahoua se caractérise par une
pluviométrie faible et aléatoire, des sols pauvres à
dégradation constante, entravant les efforts d'accroissement de la
production agro-sylvo-pastorale. Pour ce faire il est indispensable de fournir
régulièrement et en temps réel aux populations des
informations sur les conditions météorologiques et leurs impacts
sur les systèmes de production afin de les aider à mieux
définir leurs politiques des ressources naturelles. La
télédétection constitue un outil essentiel pour
l'observation de la biosphère terrestre et de son évolution,
elle permet l'acquisition des données fréquentes.
Les populations et les écosystèmes de la
région de Tahoua et particulièrement ceux de la zone pastorale,
ont connu au cours des 50 dernières années des bouleversements
parfois dramatiques (famines, décimation du cheptel, déboisement,
érosion des sols, conflits dans la gestion des ressources naturelles,
émigrations, etc.) non seulement en raison de la forte pression
démographique, mais aussi et surtout de la très forte
variabilité des précipitations observées depuis la fin des
années 1960, avec des épisodes extrêmes de
sècheresses notamment 1968, 1971-1974, 1984, 1987, 1989, 1990, 2000,
2004 et 2008(DMN, 2008). En effet, les précipitations constituent
l'élément fondamental du climat au Niger qui est un pays à
vocation agro-pastorale. C'est ainsi que toute l'économie est tributaire
de la quantité et de la répartition spatio-temporelle des pluies.
Il s'avère donc nécessaire de voir dans quelle mesure l'analyse
des images satellites pourrait être utilisée de façon
opérationnelle pour les besoins de la population locale en
majorité analphabètes.
Pour pouvoir identifier les zones pastorales de la
région de Tahoua à risque de déficit de production
fourragère sur base de données de la
télédétection, il faut connaitre la relation entre les
indices de végétation à un stade de croissance bien
précis et le rendement final. Les données historiques des
précédentes saisons de culture peuvent aider à
déterminer ces relations. Des informations telles que les conditions
climatiques ou météorologiques, les propriétés du
sol et les pratiques culturales peuvent être combinées avec des
données récentes issues de la télédétection
pour le rendement final. D'une manière générale, les
systèmes traditionnels n'arrivent plus à faire face aux fortes
pressions foncières et aux variabilités climatiques temporelles
et spatiales. Il y a donc un besoin de vérifier de nos jours la
viabilité des systèmes traditionnels en matière de gestion
des ressources pastorales, de les recenser, de vérifier leur
degré de survivance et d'adaptation aux besoins présents et aux
contraintes actuelles de développement.
Tirer la meilleure partie du climat, c'est à dire de
l'information qui s'y rapporte, est d'ailleurs à réaliser
à tous les échelons du système, depuis celui des services
ministériels jusqu'à celui de la population locale. Mais il
convient à tous ces échelons de distinguer dans la perception et
l'application de l'information, le « temps réel » de
la météorologie du « temps
différé » de la climatologie. Ainsi, compte tenu de
son importance socio-économique dans la région de Tahoua et
afin de mieux appréhender son influence sur la durabilité des
systèmes pastoraux, la production fourragère nécessite une
étude approfondie sur l'état et la dynamique de la strate
herbacée qui la constitue. Alors, il paraît opportun de chercher
à répondre aux questions centrales suivantes :
· Dans la zone pastorale de la région de Tahoua
caractérisée par la fragilité des
écosystèmes, quelle sera l'apport de la
télédétection dans l'identification des zones à
risque de déficit de production fourragère dans un contexte
d'insécurité du pastoralisme ?
· Comment les services techniques arrivent- ils à
estimer la production de la biomasse pour une meilleure gestion du disponible
fourrager ?
· Quelle pourra être la contribution des images
satellites pour la prévision de la production
fourragère ?
1.5 Hypothèses
Afin d'apporter des éléments de réponse
aux questions posées dans la problématique et de contribuer
à l'atteinte des objectifs assignés à l'étude,
notamment sur l'identification des zones à risque de déficit de
production fourragère dans la région de Tahoua, les
hypothèses suivantes sont formulées :
· l'usage des images
satellites contribue à l'identification des zones à risque de
déficit de production fourragère dans le cadre d'un
système de gestion des ressources naturelles dans la zone pastorale de
la région de Tahoua ;
· les outils utilisés pour l'estimation de la
biomasse par les services techniques demandent assez de temps, des ressources
financières et humaines ;
· l'utilisation des produits de la
télédétection permet d'identifier à temps
réel les zones à risque de déficit fourrager.
1. 6 Objectifs
Les objectifs assignés à ce travail sont de deux
ordres à savoir un
objectif général et des objectifs spécifiques.
1.6.1 Objectif
général
L'objectif général
de ce travail est d'analyser la contribution de l'imagerie satellitaire
à l'identification des zones à risque de déficit de
production fourragère afin de permettre à la population pastorale
de la région de Tahoua une meilleure gestion des ressources
naturelles.
1.6.2 Objectifs
spécifiques
Il s'agit de :
Ø Analyser l'apport
de la télédétection pour la cartographie des zones
à risque de production fourragère dans la zone pastorale de la
région de Tahoua.
Ø Etudier les contraintes liées à la
méthode actuelle d'estimation du disponible fourrager par les services
techniques.
Ø Déterminer comment l'utilisation de l'imagerie
satellitaire peut permettre le ciblage des zones à risques de
déficit structurel de production fourragère.
2. Matériel et
méthode
2.1
Matériel
Pour bien mener cette étude, des données
diversifiées ont été mises à notre disposition par
le centre régional AGRHYMET. Il s'agit :
ü des images NDVI, DMP et VPI de 1998 à 2013. Ce
sont des images à1km résolution ;
ü des données SRTM avec une résolution de
90 m ;
ü un appareil photo numérique pour la prise de
vue.
2.2
Approches théoriques et méthodologiques
Pour atteindre l'objectif assigné à ce travail
d'étude et de recherche, il y a lieu de faire recours à
différentes approches et méthodes d'analyse puisque toute
étude ne peut avoir de validité et de crédibilité
que si son approche méthodologique est faite sur des bases scientifiques
incontestables. Il faut souligner que l'étude des zones à risque
de déficit de production fourragère nécessite, de par sa
complexité une approche multidisciplinaire. Ces approches se basent sur
une réflexion qui vise essentiellement l'étude des
caractéristiques historique de la zone pastorale au Niger en
général et dans la région de Tahoua en particulier. Il
sera également question à travers l'approche
télédétection, de cartographier toutes les zones à
risque de déficit de production fourragère dans la région
et à travers une approche géographique de gestion de risque,
analyser comment l'utilisation de l'imagerie satellitaire contribue à
réduire les risques liés au déficit fourrager ?
2.2.1
Approche télédétection
La télédétection satellitaire
présente un intérêt croissant pour le géographe, en
particulier dans le cadre de la géographie physique, de la
biogéographie et de l'aménagement du territoire. La
possibilité d'une approche originale, parfois plus fine ou plus
dynamique, et la vision globale que cet outil apporte, deviennent très
intéressantes en milieu pastoral. Le traitement des bandes
numériques et des films, permet au géographe d'avoir un
rôle actif dans une interprétation de données. Tout comme
la dynamique d'occupation du sol, l'utilisation de ressources
fourragères est aussi la cause de nombreuses situations d'incertitudes.
La télédétection semble être la mieux
indiquée pour identifier les zones à risques de déficit de
production fourragère, car elle permet de déterminer les
paramètres recherchés à moindre coût. La
démarche utilisée est fondée sur une approche
standardisée pluridisciplinaire et multi-scalaire; elle utilise des
méthodes et techniques bâties sur l'analyse des données de
télédétection spatiale validée par contrôles
terrain. Cette approche systémique permet de mettre en relation les
composantes du milieu à partir de traitements adaptés à la
cartographie des organisations bio géomorphologiques. Nos objectifs sont
de traduire par télédétection et sous forme cartographique
les zones à risques afin de permettre d'apprécier les
interrelations entre les composantes du milieu et d'estimer les vitesses et les
rythmes de réponse du milieu. L'utilisation de la
télédétection dans la zone pastorale peut aider la
population à planifier ou à réajuster leurs
activités.
2.2.2
Approche géographique de la gestion des risques de déficit
La géographie qui accorde aujourd'hui à la
question des risques une place importante s'est, depuis longtemps,
intéressée à la nature, à son fonctionnement et au
rapport que les sociétés entretiennent avec elle. Pour le
géographe, le risque est un objet social qu'il faut distinguer de
l'aléa, processus physique. Ce n'est que perçu et vécu
comme dangereux que l'aléa devient risque. Contrairement à la
catastrophe, le risque relève du probable mais reste non
réalisé. Comment la géographie intègre telle le
risque dans ses analyses? Selon quelles approches?
Qu'apporte la démarche géographique?
Désormais l'aléa est envisagé non
seulement en soi mais aussi dans sa dimension historique et au travers de son
impact possible sur la société. Dès lors, on passe de
l'aléa au risque, terme qui entre dans le discours géographique
au cours des années 1990 (Y. Veyret 2003). Or, la gestion du risque
repose sur la territorialisation de ce dernier. Assigner un territoire au
risque, c'est le circonscrire spatialement tout en donnant aux acteurs en
charge de ce territoire les compétences pour réduire le danger.
La géographie s'interroge aujourd'hui sur les rapports entre
organisation spatiale et risque. En quoi le risque crée-t-il des
discontinuités socio- spatiales ?
La gestion des risques de déficit de production
fourragère c'est avant tout, la mise en place de dispositifs pour y
faire face, à titre préventif ou curatif. L'approche
géographique conduit à souligner les limites de la seule analyse
de l'aléa. L'outil cartographique est l'appui de l'analyse des risques
et de la prise de décision. La cartographie intervient en effet à
tous les niveaux d'analyse du risque (identification, information,
règlementations, prescriptions, etc.). Le support cartographique permet
de transcrire les effets et conséquences des phénomènes
redoutés.
1.9 Méthodologie
Partant de la problématique posée ainsi que des
principales questions de recherche et hypothèses scientifiques, la
démarche méthodologique ci-dessous a été
adoptée. Elle s'articule autour des six phases
représentées par le schéma ci-dessous (Figure
1).
Figure 1: Schéma de la méthodologie
globale
2.2.3 Recherche
documentaire
Elle a permis de réunir des informations
spécifiques à la problématique de la production
fourragère dans la zone sahélienne en général mais
surtout dans la région de Tahoua en particulier. Elle a
débuté à Niamey au niveau de la bibliothèque de la
Faculté de lettres et sciences humaines, celle de la faculté
d'Agronomie, et au niveau de la documentation des différents services
concernés à savoir l'environnement, l'agriculture
l'élevage et les projets. Cette étape consiste à
réunir la documentation existante sur le thème. Les documents
consultés peuvent être regroupés en deux (2)
catégories. Les documents relatifs à la zone pastorale en
général et à la région de Tahoua en particulier,
ceux relatifs aux techniques et méthodes d'estimation de la biomasse.
Elle a permis de :
· Capitaliser et analyser les expériences du
Niger en matières de méthodes de gestion des ressources
pastorales ;
· Rechercher, vérifier et classer les
données collectées au niveau des sites d'observation au sol de la
biomasse et la composition spécifique de la strate herbacée;
· Rechercher les données cartographiques
existantes de la zone (sol, végétation, climatologique, etc.)
;
· Rechercher les données NDVI/DMP/ VPI
correspondantes et construire au besoin des cartes à fin de
dégager les principales tendances de la dynamique de la production
fourragère. Pour se faire la délimitation de la zone
d'étude est nécessaire.
2.2.4
Délimitation de la zone d'étude et cartographie
Le choix de la zone comme base de la recherche se justifie par
l'existence de plusieurs enjeux économiques, sociaux et politiques.
Selon la loi n° 61-5 du 26 mai 1961 fixant une limite nord des cultures
pluviales et celle n° 61-6 du 27 mai 1961, érigeant en zone de
modernisation pastorale la zone sahélienne d'élevage
située au nord de la limite légale des cultures pluviales, la
zone pastorale de la région de Tahoua s'étend sur une superficie
de 5393945 hectares Soit x /% de la superficie totale de la zone
pastorale du Niger. Le choix des sites a été fait grâce
à l'actualisation de la base de données disponible au
Ministère de l'Elevage.
Comment la Direction du Développement Pastoral
(DDP) procède-t-elle pour l'estimation de la biomasse pour
établir un bilan fourrager ?
2.2.5
Estimation de la biomasse approche de la Direction du Développement
Pastoral
A titre de rappel, il faut souligner que les parcours
pastoraux sont dominés par des herbacées annuelles dont la
période de croissance est juillet- septembre et qui s'assèchent
rapidement à partir de novembre pour céder la place à une
paille peu palatable. En plus il faut aussi tenir compte de nombreux foyers de
feu de brousse qui sont de plus quotidiens dans la zone. En plusieurs endroits
la paille finit par être emportée par les vents qui soufflent de
Janvier à Mai ou par le feu de brousse.
Par définition, la biomasse est la masse des
organismes vivants présents à un moment donné dans un
biotope particulier. Elle s'exprime en kilogramme de matière, mais il
faut souligner que la détermination quantitative et qualitative de la
biomasse exige des préalables dont:
· Le choix de la méthode à utiliser pour
les mesures de phytomasse ;
· L'importance de la zone à échantillonner
ainsi que le degré de précision souhaité ;
· Le choix de la période
d'échantillonnage pour la production maximale de biomasse.
Pour le besoin de l'étude il a été fait
recours à la méthode du double échantillonnage connue
pour être moins destructive et plus rapide pour l'évaluation au
sol, telle que décrite par (Cook et Stubendick, 1986) cité
par (Fodé et al., 1994). Elle est encore une
méthode de suivi des sites en zone pastorale.
Description de la méthode
La méthode du double échantillonnage combine
l'estimation visuelle de la biomasse à l'intérieur d'un placeau
ou quadrast et la coupe pesée d'un certain nombre de ces quadras. Elle
permet l'estimation de la production de la biomasse herbacée sur des
sites d'observation au sol et de déterminer la composition floristique
en % dans le placeau. Elle consiste à chercher le point de départ
du site conformément au hasard qui lui est affecté ; on
distingue 5 types de hasard pour tous les sites échantillonnés,
numérotés de 1 à 5. Sur chaque hasard est marqué le
repère du site (arbre marqué, borne kilométrique, ...)
5ème
10 pas
5
pas
2ème 1er 4
ème
5 pas
3ème
(5 pas entre les placeaux)
: Sens de déplacement de l'estimateur
: placeau
Figure 2: Illustration du
dispositif des placeaux
Après la pose des placeaux, les membres de
l'équipe (3 au minimum) passent dans l'ordre
chronologique suivant et en se servant du matériel terrain
cité plus haut :
L'estimateur : son rôle est
d'estimer la biomasse comprise dans le placeau de 0,5m² en grammes
à chaque fois qu'un placeau estimé, un tirage des carreaux est
effectué, ce sont ces carreaux qui déterminent les placeaux
à couper ; il est aussi chargé de l'identification des
espèces herbacées lorsqu'elles sont au stade d'épiaison,
elles sont estimées en pourcentage pour chaque placeau ;
La personne chargée de la coupe :
une fois que le carreau qui détermine une coupe est
tiré, la personne chargée se sert d'un sécateur pour
couper les espèces herbacées comprises à
l'intérieur du placeau à ras du sol.
Le peseur : son rôle est de
déterminer le poids des enveloppes contenant les échantillons
grâce à un peson à ressort.
Les échantillons coupés à l'état
vert sont conservés dans les enveloppes pour la détermination
ultérieure du poids à l'état sec. Le traitement
statistique est effectué grâce au logiciel EXCEL. La
démarche consiste à introduire à l'ordinateur tous les
intitulés des fiches de collecte.
Après ces premières analyses au niveau des
régions, les résultats sont transmis au niveau de la Direction du
Développement Pastoral du Ministère de l'Elevage où des
contrôles sont effectués sur les différents
paramètres calculés. Des vérifications de coefficients de
détermination R 2 sont effectuées pour
déterminer la corrélation existante entre les poids secs des
échantillons coupés et leurs estimations. Cet indicateur d'aide
à la décision une fois déterminé, permet au
Ministère de l'élevage et certains partenaires concernés
d'apprécier véritablement la tendance générale de
la campagne pastorale et de déterminer les stratégies et les
interventions prioritaires à mettre en place.
2.2.6
Estimation de la biomasse approche Télédétection
(traitement des images)
Les images utilisées pour le besoin de l'étude
sont les produits du satellite Européen SPOT VEGETATION embarqué
sous le satellite SPOT en 1998. Ce satellite a permis de mettre au point une
méthodologie d'estimation de la biomasse et du rendement. Ces produis
sont entre autres le NDVI, la DMP, le VPI.
2.2.6.1 L'Indice de
Végétation de la Différence Normalisée (NDVI)
Le NDVI, ou Indice de végétation de la
différence normalisée est un indice qui est un indicatif de la
densité de végétation et est calculé en NDVI = (NIR
- VIS)/NIR + VIS)
NB ; NIR est la réflectance proche
infrarouge et VIS est la réflectance de la lumière visible. Les
instruments VEGETATION mesurent la réflectance en 4 bandes
séparées :
B0 (ou "bleu"), B2 ("rouge"), B3 ("IR proche") et MIR (IR
à ondes courtes).
Le NDVI peut alors être calculé en utilisant la
bande B3 pour la réflectance proche infrarouge et B2 pour la
réflectance de la lumière visible : NDVI = (B3 - B2)/ (B3 +
B2.
Le S10 NDVI est un produit de synthèse de VEGETATION de
10 jours qui ne contient que la bande NDVI. Le produit fourni est une
synthèse de 10 jours, ce qui signifie qu'il combine les données
corrigées par jour du point de vue atmosphérique de tous les
segments de VEGETATION (mesures) de la décade (période de 10
jours) en une seule image utilisant l'algorithme MVC (composite de valeur
maximum). Une fois convenablement décodées, les valeurs physiques
du NDVI se situent entre -1 et 1, où les valeurs supérieures
indiquent une végétation plus dense et plus saine (plus forte
densité de vert). Les valeurs de NDVI égales à 0,1 et
moins correspondent, par exemple, habituellement à des zones avec peu ou
pas de végétation (rochers, glace, désert). Les valeurs
moyennes (autour de 0.2 et 0.3) correspondent à des arbustes et prairies
et les valeurs élevées (0.5 et plus) correspondent habituellement
à une végétation dense, telle que les forêts
tropicales humides. Tout cela implique que, au cours d'une saison, une
augmentation des valeurs du NDVI est observée, à cause de la
pousse des jeunes plantes vertes, ce qui fait apparaître la surface de
plus en plus verte (démontré directement par le NDVI).
L'augmentation atteint une valeur maximale juste avant la récolte (ou la
mort naturelle des plantes). Les images NDVI sont habituellement
visualisées par un logiciel de traitement d'image et ensuite
identifiées par couleur. Le schéma de visualisation
identifié par couleur va généralement de brun (pas de
végétation) à vert (végétation dense). Les
données NDVI sont la plupart du temps analysées de manière
qualitative dans une dimension multi-date, comme des séries temporelles
ou des comparaisons des valeurs actuelles avec des valeurs
précédentes ou avec les valeurs attendues du point de vue
historique. Ces formes d'analyse du NDVI sont très utiles pour la
surveillance de l'agriculture et de l'environnement. Les phases de
post-traitement sont très souvent en fonction du but final de l'analyse.
Voici quelques exemples typiques :
ü comparaison multi date pour évaluer
l'état et/ou la santé de la végétation, des
comparaisons peuvent être faites avec l'année
précédente, moyenne historique, moyenne sur cinq ans, etc., pour
détecter des anomalies dans la croissance de la
végétation.
ü génération de statistiques pour des zones
données, comme les unités administratives.
Le NDVI peut être utilisé dans toute une
série de buts, habituellement en calculant les différences de
NDVI par rapport à la même période des années
précédentes ou par rapport à la moyenne à long
terme et par contrôle des tendances. Certains exemples sont
énumérés ci-dessous :
ï contrôle des changements de
végétation à long terme (à travers plusieurs
saisons successives) et modèle de changement climatique, étude de
la saisonnalité ;
ï avertissement précoce de mauvais cycles
végétatif et de problème de sécurité
alimentaire
ï fonction d'indicateur et d'alerte pour
événement de sécheresse etc...
Selon Bartholomé et al. (2002) «des images
NDVI peuvent aussi servir pour la création des cartes d'occupation du
sol, ou pour la détermination des types de végétation, en
utilisant des techniques de classification ». On peut ainsi
comparer les statistiques générées avec les statistiques
communément disponibles à travers un autre produit appelé
DMP.
2.2.6.2 La Productivité de
matière sèche (DMP)
La DMP, ou Productivité de matière sèche,
est une indication de l'augmentation de la biomasse de matière
sèche (taux de croissance) et est en relation directe avec la fameuse
NPP (Productivité primaire nette), mais personnalisée pour les
agro statistiques et exprimée en kg de matière sèche
(kgMS) par hectare par jour. Elle peut être calculée en combinant
la fAPAR, estimée à partir de l'imagerie satellitaire, avec le
rayonnement solaire et l'information relative à la température,
tels que décrits par Monteith (1972).
NB : PAR (radiation active par
photosynthèse ; la fAPAR est la fraction de PAR absorbée par
la végétation verte.
Alors que les données météorologiques
sont attribuées sur une base journalière, l'information satellite
n'est disponible que sur une base de 10 jours, de même pour les images
DMP calculées. L'équation finale de Monteith
devient donc : DMP10= fAPAR10*DMP10, max.
Ici la fAPAR10 est directement dérivée des
images composites de NDVI-S10 (résolution 1 km), tandis que la DMP10,
max est d'abord calculée comme la moyenne de toutes les images DMP1, max
au cours de la décade concernée (n=10, sauf pour la
troisième décade de chaque mois). Les produits DMP sont fournis
dans un format image et sont communément visualisés via un
logiciel spécialisé (VGT4AFRICA). Les valeurs sont
classifiées dans une série de catégories et
identifiées par couleur pour une interprétation aisée. Ces
représentations visuelles du produit productivité de
matière sèche peuvent alors être examinées pour
identifier les zones de haute ou faible productivité. Alternativement
les images de productivité de matière sèche peuvent
être cumulées sur la durée à partir du début
du cycle afin d'estimer la matière sèche finale qui a
été produite par la végétation dans le temps. On
peut ainsi comparer les statistiques générées avec les
statistiques communément disponibles. Mais pour évaluer
l'état global de la végétation on peut utiliser
l'Indicateur de Productivité de
Végétation (VPI).
2.2.6.3 L'Indicateur de production de la végétation (VPI)
L'Indicateur de Productivité de
Végétation (« Végétation Productivity
Indicator » ou « VPI » en anglais) est utilisé pour
évaluer l'état global de la végétation et est un
type catégorique d'indice différentiel de
végétation, le NDVI réel étant
référencé par rapport aux centiles de NDVI de
l'année historique. La méthode VPI a été
initialement développée par (Sannier et al. ,1998) sur base des
données NOAA/ AVHRR pour une zone d'étude en Zambie, et mise en
oeuvre plus tard par Herman Eerens pour l'Europe (pour MARS-STAT) et l'Afrique
(MARS-FOOD/GMFS) (Boogaard et al. 2004) sur base des données de
SPOT-VEGETATION. Elle applique des techniques communément
utilisées en hydrologie pour la prédiction
d'événements extrêmes. Le VPI fourni dans le cadre de
VGT4AFRICA est produit sur la base des valeurs de NDVI SPOT-VGT. Le VPI est
utilisé pour identifier qualitativement les zones avec un
développement de végétation inférieure à la
situation normale, probablement lié à une faible
productivité par comparaison avec ce qu'on peut attendre au vu du
parcours historique. Le VPI peut être utilisé pour identifier les
zones affectées par la sécheresse (Sannier et al. (2), 1998). Il
peut être intégré dans le temps, par exemple tout au long
d'un cycle végétatif ou utilisé dans le calcul des
statistiques de ségrégation régionale. L'utilisation de
ces multitudes de produits amène à concevoir les techniques et
outils de collecte des données sur le terrain.
2.2.7
Technique et outils de collecte des données
Ce travail d'étude et de recherche porte sur
l'identification des zones à risque de déficit de production
fourragère par l'usage des images satellites dans la zone pastorale de
la région de Tahoua. De ce fait une approche fondée sur des
méthodes qualitatives permet effectivement d'avoir une meilleure
compréhension des perceptions des risques. Celle-ci sera
complétée par une analyse quantitative pour déterminer la
perception des communautés pastorales du risque de déficit de
production fourragère. Un guide d'entretien et un questionnaire seront
simultanément utilisés. La population cible sera
constituée des agents de la Direction du Développement du
Pastorale, et les techniciens des différents services concernés.
1.11
Validation des cartes
Le travail de vérification et de validation sur le
terrain est indispensable. Il a pour but de confirmer, nuancer ou corriger les
interprétations de la télédétection (Karimoune et
al, 1993). Ce travail consiste en un passage sur le terrain pour confronter les
résultats de cartographie à la réalité terrain et
vérifier ainsi les différentes unités
géomorphologiques, ce qui permet d'estimer la précision des
cartes réalisées. L'un des problèmes fondamentaux auxquels
on est souvent confrontés est le repérage au sol quand on passe
de la carte au terrain et inversement. Ceci est confirmé par
Fondés et Guinko (1993), qui signalent que l'uniformité des
paysages au Sahel et la faible densité de son réseau routier, ne
facilite pas le positionnement précis. Dans le cas de ce travail,
l'objectif principal était de confirmer l'emplacement des
différentes zones à risques de production fourragère et
leur dynamique telles qu'elles sont apparues sur les différentes
cartes.
1.12
Traitement et analyse des données
Cette phase permet de faire le traitement et l'analyse des
données issues de différents sites de collecte au sol dans la
zone pastorale de la région de Tahoua. Elle permettra en
conséquence l'élaboration des cartes à partir des produits
SPOT VEGETATION à fin de spatialiser la production fourragère
pour des séries de temps. L'analyse des données obtenues à
travers les entretiens et le questionnaire faciliterons l'interprétation
des profils et cartes réalisées. Le traitement des données
est fait avec des logiciels tels que :
ImageShow2. ImageShow2 est un outil d'information géographique (GIS),
spécialement conçu pour faire une rapide affichage et analyse des
produits obtenus du système de surveillance du bilan d'énergie et
d'eau (EWBMS). ImageShow2 a été développé en
étroite collaboration avec EARS BV, Delft (Pays Bas).
VGT Extract-Version 1.4.1. . Pour extraire et dé zipper les images NDVI/ VPI/ DMP
Arc GIS 10, Pour la réalisation
des cartes, des profils, ensuite la numérisation des zones à
risque de déficit production fourragère, et le traitement des
données issues des sites d'observation au sol.
Excel (utilisé pour
réaliser les tableaux et les graphiques).
Dans le chapitre suivant il sera question de présenter
le cadre physique et les caractéristiques socio-économiques de la
zone pastorale de la région de Tahoua.
CHAPITRE II :
PRÉSENTATION DE LA ZONE
D'ETUDE ET DES FACTEURS DE RISQUES
Dans ce chapitre il convient de présenter la zone
pastorale de la région de Tahoua tout en ressortant ses
caractéristiques physiques et socio-économiques.
2.1 Localisation de la zone
d'étude
La zone d'étude est située dans la région
de Tahoua entre 15°00'et 16°50' de latitude Nord et 4°10' et
6°40'de Longitude Est (figure 3). Elle est considérée comme
zone pastorale par la loi n° 61-5 du 26 mai 1961 fixant une limite nord
des cultures et celle n° 61-6 du 27 mai 1961, érigeant en zone de
modernisation pastorale la zone sahélienne d'élevage
située au nord de la limite légale des cultures.
Elle couvre une superficie de 5393945 hectares soit le 2/3 de
la superficie totale de la région de Tahoua. La Direction du
Développement Pastorale dispose de 10 sites de collecte de biomasse dans
la zone. Comme l'indique la figure 3, la zone pastorale de la région de
Tahoua est limitée à l'Ouest par le Mali et le département
de Filligué dans la région de Tillaberi, à l'Est par le
département d'Ingal et celui de Dakoro au Sud par le département
de Tahoua et celui de Keita au Nord par le département de Tassara. Pour
un bon suivi de la campagne pastorale, l'Etat a mis en place dix(10) sites
d'observation de la biomasse au sol. Au niveau de ces sites des données
primaires sont recueillies et envoyées au niveau central pour analyse et
interprétation. Il y a deux sites dans le département de Tillia
précisément à Didiga et Obserata. Dans le
département de Tchintabaraden (Tchinta) on Note quatre sites notamment
à Targat, de Tcintassala de Amilal et à Tchintabaraden. A Abalak.
Toujours dans cette pastorale il y a quatre(4) sites dont ceux d'Ibeceten 1 et
Ibeceten 2, celui d'Abouhaya et un autre à Iksman.
Figure 3: Localisation de la zone
d'étude
2.2 Caractéristiques
physiques
2.2.1 Le climat
Le climat est de type sahélo saharien avec une
pluviométrie faible, irrégulière et souvent mal repartie
dans le temps et dans l'espace. Les hauteurs annuelles de pluies ces
dernières années tournent autour de 150 mm à Tillia, 200
mm vers Tchintabaraden et 232 mm à Abalak (PDC). La figure
no4 montre la situation des isohyètes sur une période
de 32 ans c'est-à-dire de 1968 à 2000 (l'année de
référence pour cette étude). Comme on le constate, la zone
pastorale est comprise entre l'isohyète 300 mm et 200 mm de hauteur des
pluies par ans. Le nombre de jours pluvieux est compris entre 20 et 36 avec une
moyenne de 24 jours de pluies sur les 30 dernières années (PDC
Tchintabaraden). Les précipitations étant un des
éléments fondamentaux qui concourent à une bonne
production de la biomasse, leur mauvaise répartition explique la
récurrence des années de faible production fourragère dans
la zone.
Les températures sont très basses de
Décembre à Février (moins de 10°C parfois) et sont
très élevées de Mars à Mai (plus de 45°C). On
distingue deux types de vents : l'harmattan (Octobre à Avril) et la
mousson (Mai à Septembre). Ces vents favorisent la récurrence des
feux de brousse consumant tout le fourrage au passage.
Figure 4: Carte des isohyètes de la
zone pastorale Tahoua 1968 - 2000
2.2.2 Les ressources en eau
Le potentiel de ressource en eau dans cette partie de la
région de Tahoua comprend les eaux de surface et les eaux souterraines.
Les eaux de surface se distinguent à travers un réseau
hydrographique localisé au niveau des vallées, et mares
naturelles.
Une bonne gestion de ces ressources en eau favorise la gestion
des fourrages. Elles permettent entre autre la couverture d'une partie des
besoins en eaux des populations, des animaux et le rechargement des nappes
alluviales. D'une manière générale la couverture des
besoins en eau des populations et du cheptel est assurée par des points
d'eaux modernes et traditionnelles.
2.2.3 La géomorphologie
En fonction des unités écologiques
rencontrées on peut distinguer plusieurs types de sols :
- les sols ferrugineux tropicaux à texture sableuse et
lessivée ;
- les sols hydro morphes avec une fertilité moyenne et
une texture argileuse dans les vallées et cuvettes ;
- les sols des Glacis qu'on rencontre autour des plateaux. Ce
sont des sols caillouteux et confrontés aux problèmes
d'érosion.
Dans les commune de Tillia et Tassara on distingue
également les sols sableux des dunes et des plaines propices au
développement des herbacées. Le relief est
caractérisé au Sud et au Sud-ouest de la zone par l'alternance
des collines et des vallées qui sont plus ou moins boisées. Au,
Nord-Ouest, et à l'Est, le relief est marqué par le sceau de la
désertification. C'est le domaine des plaines qui s'étendent sur
plusieurs dizaines voire des centaines de kilomètres où la
végétation est rare et très rustique. Le relief est
instable avec le système de dunes mouvantes qui se déplacent en
fonction de la direction et de l'intensité des vents concourant au
risque de déficit de production fourragère. La partie Nord est
composée d'une alternance de dépressions et d'affleurement
rocheux. Vers Kaou une des communes de la zone, un ensemble dunaire, des
vallées, et des formations collinaires dominent la géomorphologie
donnant lieu à la formation des koris.
2.2.4 La végétation :
Elle est très abondante par endroit surtout en saison
des pluies et est constituée de ligneux et d'herbacées. Les
espèces ligneuses les plus répandues sont : Balanites
aegyptiaca, Acacia raddiana, Acacia ehrenbergiana, Calotropis procera, Acacia
seal, Boscia senegalensis, Acacia senegal, Prosopis sp, Acacia
nilotica.S'agissant des herbacées, les espèces dominantes
sont : Crotalaria atrorubens, Panicum tirgidum, Indigofera
nummulariifolia, Brachiaria ramosa, Loudetia hordeiformis, Aristida mutabilis,
Cenchrus biflorus. Outre leur caractère fourrager, de protection et
de régulation, les ligneux sont utilisés comme bois
d'énergie, d'oeuvre et de service, en pharmacopée traditionnelle
et pour l'alimentation humaine. Tous ces besoins font peser une grande menace
sur le développement de certaines espèces comme Commiphora
africana, Ziziphus mauritiana, Combretum gluttinossum, Acacia senegal, Hibiscus
micranthus, Acacia albida qui sont en voie de disparition. Dans la partie
Nord la végétation est de type désertique, composée
de formations ligneuses rabougris dans les vallées et de formations
d'arbres disséminées en association avec les herbacées sur
les dunes.
2.3
Caractéristiques socio-économiques
2.3.1 Milieu Humain
L'estimation de la population des quatre départements
de la zone pastorale de la région de Tahoua au cours du bilan diagnostic
régional a donné le chiffre de 240133 hbts (2012) soit une
densité moyenne de 3,1 hbts/km². Selon l'Institut National de la
Statistique (INS Niger), le taux d'accroissement de la population est de 3,21%
pour la région de Tahoua, tandis que l'indice synthétique de
fécondité est de 07 enfants par femme (INS Niger 2011).
Néanmoins, il faut nuancer ces statistiques puisque dans la zone
pastorale, les femmes sont moins fécondes et les mortalités
infantile et infanto juvéniles assez faibles. Les principaux groupes
ethniques que l'on trouve sont les Touaregs ; les Peulhs
Wodaabé ; les Haoussas et les Arabes. Le mouvement de la population
le plus caractéristique est celui des éleveurs résidents
qui cherchent à optimiser l'exploitation des pâturages. Ils se
rendent sur les terres salées de la commune d'Ingal en saison des pluies
et reviennent pour le reste du temps dans la zone. Quant aux transhumants, ils
arrivent de la zone Sud agricole, traversent la zone pour se rendre sur les
terres salées ou restent sur le territoire. La forme de croyance la plus
répandue est l'islam. Toutefois, les peulh Wodaabés se
réfèrent plus à leurs traditions, bien qu'on note de plus
en plus des pratiques islamiques chez ces communautés.
2.3.2
Les activités économiques
Les populations du Nord de la région de Tahoua sont
principalement des éleveurs nomades. Cependant, avec les
sècheresses de ces trente dernières années et leur
cortège de pertes importantes d'animaux conjugués à
l'augmentation de la population qui menace la viabilité des
exploitations, de plus en plus les communautés adoptent des
activités de replis comme les cultures pluviales, l'artisanat, le petit
commerce, le transport ou d'autres petits métiers autours des
marchés, ou des point d'eau. Sur le plan de l'accès aux services
sociaux de base, la zone pastorale dispose de quelques infrastructures qui,
dans certains cas, fonctionnent mal. Une des activités fondamentales de
la population de la région est l'élevage.
2.3.3
L'élevage
L'élevage est la première activité
économique, surtout vers Tillia où il existe des grandes aires de
pâturages. C'est ce qui explique l'arrivée massive de transhumants
tant des communes du sud que de certains pays voisins comme le Nigeria et le
Mali en certaines périodes, favorisant ainsi la dégradation de
l'environnement, les vols d'animaux, les feux de brousses, et des tensions
sociales pouvant générer des conflits entre les
différentes communautés. L'activité est en
général de type extensif mais avec l'introduction de nouvelles
techniques (déparasitage, vaccination, aliments bétails, forages,
camions citernes ...), l'élevage intensif commence à se
développer. Elle est également tributaire de la production
herbacée et ligneuse qui, en dépit des sécheresses
cycliques, souffre d'une nouvelle situation de déséquilibre du
fait de la pression humaine et animale. Dans cette zone, le système
productif privilégie la mobilité, afin d'assurer une meilleure
gestion des ressources pastorales. Toutefois, les transhumants d'autres
localités exercent une forte pression sur les ressources
fourragères à certaines périodes.
Les animaux sur pieds restent les principaux produits de
l'élevage. Les autres filières (production de lait, de viande, de
cuirs et peau --- etc.) sont de moindre importance. La production de lait est
essentiellement auto consommée. Le cheptel est constitué de
bovins, d'ovins, de caprins, de camelins, d'asins, d'équins, et de
volaille. Il se nourrit essentiellement des pâturages naturels
(aérien et terrestre). Les espèces les plus
appétées sont : Cenchrus biflorus, Indigofera
nummulariifolia, Cleome sp, Aristida mutabilis, Panicum tirgidum,
Acacia raddiana, Acacia nilotica, Acacia ehrenbergiana, Acacia albida, Acacia
senegal, Balanites aegyptiaca, Ziziphus mauritiana, Le recours aux
intrants zootechniques se développe de plus en plus surtout en milieu
urbain. Les circuits d'approvisionnement en intrants sont l'Etat, les
commerçants et les organisations communautaires.
2.3.4
Le commerce
Le commerce occupe une place importante dans les
activités des populations locale. Il est dominé par des
activités à caractère informel pratiquées par des
commerçants détaillants fixes ou ambulants. On trouve quelques
« grossistes » dans les villes. Les transactions concernent
essentiellement la vente du bétail, les céréales et les
articles divers. Le commerce du bétail est le plus important et se fait
en direction du Nigeria, du Bénin, de l'Algérie et de la Libye.
Les cuirs, les peaux et la viande boucanée sont aussi exportés
vers le Nigeria.
Selon la direction départementale de l'élevage
et des ressources animales de Tchintabaraden, la valeur marchande du
bétail de la commune rurale est estimée à
24 510 085 185 FCFA, en 2008. Au cours de la même
année, les transactions sur le bétail des marchés de
Télemcès et Tillia se chiffrent respectivement à 4 457
756 130 FCFA et 703 117 314 FCFA soit un total de 5 160 873 444
FCFA. Les taxes sur la commercialisation du bétail (présentation,
vente, abattages) des marchés de Télemcès et de Tillia
devraient s'élever respectivement à 43 647 250 FCFA et
5 564 300 FCFA en 2008, soit un total de 49 211 550
FCFA.
2.3.5 Tourisme et artisanat
La zone pastorale de la région de Tahoua possède
de potentialités touristiques qui sont méconnues du public. En
effet, le paysage de la zone avec ses collines et ses vallées ne manque
pas d'attraction surtout en saison d'hivernage. Le Nord et le Nord-Ouest
offrent une gamme variée de biotopes pittoresques et présentent
des plages désertiques dont les mers de sable et les dunes mouvantes.
Aussi, on trouve d'autres sites touristiques dont entre autres : le
tombeau très ancien d'un grand Marabout à Tendey (site
religieux), les vestiges du village historique de Tadok et plusieurs sites de
regroupements annuels des éleveurs (Maya, Amassara etc.). Mais les
pistes sont peu praticables à raison de multiples koris
occasionnés par les eaux de ruissellement. Au Sud dans le
département d'Abalak, le tourisme est à un stade très
embryonnaire. Il se limite à quelques excursions isolées à
l'occasion des fêtes saisonnières qu'organisent les peulhs
(Guerwel).
Les activités artisanales sont aussi diverses que
variées. On distingue en effet la maroquinerie, la vannerie, le tissage,
la forge. Les trois premières sous activités sont
généralement pratiquées par les femmes, la forge est
l'oeuvre des hommes. La production est généralement
écoulée sur les marchés locaux. L'activité a connu
au cours des deux dernières décennies une véritable
mutation en s'ouvrant sur le monde extérieur. Les produits artisanaux
sont commercialisés dans les grandes villes (Agadez, Tahoua, Niamey) et
même hors de nos frontières (Mali, Sénégal,
Europe...).
En effet, l'artisanat traditionnel exploite beaucoup les
ressources végétales et en particulier certaines espèces
ligneuses. Il constitue de ce fait une menace à leur
disponibilité. Plusieurs espèces, très utilisées
dans la fabrication de certains produits artisanaux, ont aujourd'hui disparu ou
sont en voie de l'être. C'est le cas par exemple de Guiera
senegalensis, Commiphora africana, Sclerocarya birrea.
Cela pose la problématique de la gestion des ressources naturelles dans
un environnement austère et où leur sollicitation est très
forte. Dans le chapitre suivant, il convient d'abord, de dégager
l'état de la production fourragère avec l'approche DDP
illustrés par le bilan fourrager, puis avec les résultats de
l'enquête terrain et enfin la télédétection sur la
base des produits tels que NDVI / DMP/VPI.
Conclusion
partielle
L'élevage est la principale activité de la
population de la zone pastorale de la région de Tahoua. C'est une zone
caractérisée par l'alternance des collines et des vallées.
Le relief est instable avec le système de dunes mouvantes qui se
déplacent en fonction de la direction et de l'intensité des vents
concourant au risque de déficit de production fourragère. Dans le
chapitre suivant, il sera d'abord, abordé comment la direction du
Développement Pastorale réalise t- elle le suivi des ressources
pastorales ? Et comment à travers l'usage des images Satellite, il
peut être effectué une cartographie des zones à risque de
déficit production fourragère dans cette partie de la
région de Tahoua ?
CHAPITRE III :
3.
RESULTATS ET DISCUSSIONS
Pour mieux cerner la question de déficit de production
fourragère dans la zone pastorale de la région de Tahoua, il est
important d`analyser dans un premier temps, les techniques jusque-là
utilisées par la DDP pour le suivi de la campagne pastorale et dans un
second temps, analyser les opportunités qu'offrent les images satellites
pour l'identification des zones à risque .
3.1 Résultats
3.1.1 : Estimation de la biomasse approche DDP
La Direction du développement Pastoral réalise
chaque décade un suivi des ressources pastorales. Ce suivi porte sur la
collecte, le traitement, l'analyse des informations qualitatives et
quantitatives sur l'état de la végétation naturelle
(herbacée et ligneuse), les sources d'abreuvement du cheptel, les
mouvements et la concentration des animaux. Un dispositif mis en place à
cet effet permet la remontée de l'information depuis le niveau local
jusqu'à la portion centrale. Les équipes techniques
régionales et départementales sont chargées de la collecte
des données primaires sur les sites d'observation au sol en zone
pastorale et au niveau des enclaves pastorales. Pour la zone pastorale de la
région de Tahoua, les données primaires sont collectées
sur les sites d'observation au sol au nombre de dix(10). Ces sont :
Abouhaya, Iksman, Ibeceten2, Ibeceten1, Didiga, Amilal, Obserata, Tchintassala,
Tchintabaraden, Targa
3.1.1.1 Situation des pâturages par site d'observation au sol.
Les productions fourragères en zone pastorale de la
région de Tahoua sont qualifiées de bonne à moyenne voire
médiocre au niveau de certaines sites de collecte au sol en fonction des
années. Des poches de faible production peuvent être
enregistrées par endroit. Le cortège floristique est à
dominance graminéen dont les principales espèces sont :
Cenchrus biflorus, Schoenefeldia gracilis, Aristida sp, Eragrostis tremula,
Brachiairaramosa, Dactyloctenium aegyptium etc, avec un
degré d'appétibilité satisfaisant. Les ligneux fourragers
constituent la plus grande partie des rations des camelins et des caprins, et
fournissent des compléments alimentaires aux rations des bovins et des
ovins, notamment en saison sèche. La production moyenne de biomasse
enregistrée au niveau des 10 sites d'observations au sol en 2013 est de
948 KgMS/ha contre 1346 KgMS/ha en 2012 (enquête terrain)
Tableau 1: Rendement moyen
par site d'observation au sol campagne 2013.
Nom Sites observation au sol
|
Numéro sites
|
Rendement terrain (KgMS/Ha 2013)
|
Rendement terrain (KgMS/Ha 2012
|
Ibeceten2
|
17
|
1920
|
2532
|
Ibeceten 1
|
30
|
1362
|
1794
|
Iksman
|
16
|
224
|
969
|
Didiga
|
67
|
757
|
1845
|
Abouhaya
|
24
|
644
|
1553
|
Tchintabaraden
|
3
|
858
|
1166
|
Amilal
|
61
|
162
|
849
|
Obserata
|
62
|
1680
|
1524
|
Tchintassala
|
5
|
486
|
168
|
Targa
|
7
|
467
|
1063
|
Moyenne
|
-
|
948
|
1346
|
Comme l'indique le tableau no1 ci-dessus, les
rendements moyens des sites d'observation au niveau de la zone pastorale de la
région de Tahoua pour la campagne 2013- 2014 sont en baisses par rapport
à la production moyenne de l'année passée. Sur les dix
sites, seulement trois ont enregistré un rendement moyen
supérieur à celui de l'année précédente.
Figure 5: Carte DMP 2013 et
données collectées par site d' observation au sol
3.1.1.2 Eléments de bilan
Pour la DDP, l'établissement d'un bilan fourrager tient
compte de deux données fondamentales :
- la production fourragère, abstraction faite de toutes
les déperditions, donc la production fourragère totale disponible
évaluée en tonne de matière sèche ;
- l'appréciation des effectifs du cheptel (en nombre de
têtes et en UBT) résidant la zone au cours de 9 mois que dure la
saison sèche, ainsi que de leur besoin alimentaire pendant la
période.
S'agissant des effectifs pour l'année 2014, ils sont
estimés à 1472331 Unité Bétail Tropical (UBT) dont
1223420 séjournent dans la zone pendant neuf mois (source D R E/
Tahoua).
Photo 1: Zone à production moyenne de la
biomasse à Didiga.
Photo 2: Production faible
de la biomasse sur le glacis à Kaou.
3.1.1.3 Production
fourragère
Il s'agit des différentes productions
fourragères issues des pâturages naturels. Pour l'obtention des
productions disponibles des taux de conversion spécifiques sont
utilisés. Il s'agit de :
ü moyenne des estimations visuelles
ü poids total des coupes pesées sèches
ü poids total des visuelles des placeaux coupés
ü coefficient d'ajustement
ü moyennes ajustée des estimations
ü rendements à l'hectare (KgMS/Ha)
La photo no 1 montre la production de la biomasse
au niveau du site d'observation au sol de Didiga dans le département de
Tillia. Il découle de constat visuel que la production est moyenne cette
année 2013. Les données primaires recueillies font ressortir une
production estimée à environ 858 KgMS/Ha à Tchintabaraden.
Au niveau des glacis de Kaou comme le présente la photo
no 2 on a enregistré une faible production cette
année.
3.1.1.4 La composition floristique des pâturages
Les principales espèces fourragères
herbacées dominantes observées sont : Aristida sp Cenchrus
biflorus Dactyloctenium aegyptium Schoenefeldia gracilis Chloris virgata
Alysicarpus ovalifolius, Zornia glochidiata. On note aussi la
présence de certaines graminées pérennes illustrées
par la photo no3. Elles sont en général verdoyantes
comme Panicum turgidum, Cyperus conglomeratus,
Photo 3 : Graminées
au Sud -Est d'Ibeceten.
3.1.1.5 Bilan fourrager de la zone
Selon le Directeur régionale de l'élevage de
Tahoua chaque année l'Etat met en place un dispositif pour les
préparatifs de la campagne pastorale. Il s'agit de :
§ la formation/recyclage des cadres d'élevage
impliqués dans le dispositif national de suivi et d'évaluation
des pâturages ;
§ l'organisation des missions de supervision du niveau
central dans toutes les régions ;
§ organisation de réunions de partage des
résultats de la campagne pastorale.
Ce dispositif permet d'établir un bilan fourrager de la
zone et faciliter la remontée de l'information depuis le niveau local
jusqu'à la portion centrale. Le bilan fourrager est calculé en
comparant les besoins alimentaires du cheptel résident dans la zone
pendant les neuf (09) mois que dure la saison sèche et les apports
fourragers constitués de productions fourragères disponibles. En
fonction des campagnes, il peut être déficitaire,
excédentaire ou en état d'équilibre. Sur cette base les
zones à risque de déficit de production fourragère sont
identifiées. Il importe d'insister sur la complexité de la mise
en application d'un système de gestion des ressources pastorales. La
complexité s'exprime au travers d'une combinaison de divers facteurs
sociaux, écologiques et économiques. En plus de tous ces facteurs
les feux de brousse constituent la menace quasi permanente qui pèse sur
ce domaine naturel de pâturage. « Il est en effet
malheureux de constater que bon an mal an, les feux de brousse perturbent assez
souvent les bilans fourragers annuels et engendrent des dépenses qu'on
aurait pu éviter à l'Etat et à ses partenaires, à
travers une très bonne coordination et une intervention rapide et
efficace dans le temps et dans l'espace » affirme le directeur
départemental de l'élevage de Tchintabaraden (2013).
3.1.1.6 Les feux de brousse
Malgré les efforts de sensibilisation des
autorités administratives et coutumières, des services
techniques, des associations d'éleveurs et autres partenaires, les zones
de bonnes productions fourragères enregistrent des cas de feu de
brousse notamment dans les régions de Tahoua, Maradi, Zinder,
Tillabéri(DGE/EF 2010)
Ainsi, pour faire face à la menace des feux de brousse,
les pouvoirs publics ont lancé un appel à tous les acteurs du
secteur afin que des dispositions urgentes et adéquates soient prises
pour non seulement sécuriser mais aussi valoriser les fourrages.
§ Les zones sensibles
aux feux de brousse
Toutes les zones où les productions fourragères
sont = 800 KgMS/ha avec une couverture au sol satisfaisante peuvent être
considérées comme des zones extrêmement sensibles. La
fréquence des foyers des feux est en général
accentuée par les mouvements des éleveurs transhumants. Selon la
direction régionale de l'élevage de Tahoua, seize (16) cas de
feux de brousse ont été enregistré à la date du
19octobre 2013. Il s'agit de six(6) cas à Tillia pour une superficie de
7320 hectares, trois (3) cas à Abalak pour une superficie d'environ
3093hectares et sept(7) cas à Tchintabaraden pour une superficie de
480hectares. La figure no 5 présente les zones
névralgiques aux feux de brousse communément appelées
triangle à feu.
Figure 6: Zones
névralgiques aux feux de brousse : Source (DPNE), 2011.
3.1.1.7 Mouvement des animaux
Alors qu'elle a longtemps été stigmatisée
comme une survivance du passé, la mobilité pastorale
apparaît pertinente autant d'un point de vue économique
qu'écologique.
La transhumance était considérée, comme
« la modalité simpliste qui permet à l'indigène
d'une façon normale, de résoudre le problème de l'eau et
de l'alimentation des troupeaux dans les régions où le sol est
trop pauvre pour être cultivé et où la sécheresse
interrompt périodiquement la végétation [...] »
(Velu, cité par Doutressoulle, 1947). L'installation effective de
la saison des pluies permet aux éleveurs transhumants d'effectuer des
mouvements réguliers du Sud vers le Nord. Ces mouvements
réguliers et ordonnés constituent dès lors un indicateur
du démarrage de la campagne pastorale. Cependant, les ruptures de pluies
perturbent quelque peu les mouvements et les concentrations dans la zone
pastorale.
Ainsi, les fortes concentrations d'animaux sont perceptibles
à la lisière Sud de la zone pastorale et de certaines grandes
aires de pâturages. D'une manière générale, les
mouvements d'animaux se font en direction du Sud après la fin de la
saison des pluies. Tous ces mouvements ont comme finalité la descente
vers la zone agricole et les pays voisins (Nigeria, Bénin, Tchad,
Burkina Faso). Les indicateurs d'aide à la décision fournis par
la DDP, permet au Ministère de l'Elevage et certains partenaires
concernés d'apprécier véritablement la tendance
générale de la campagne pastorale. La
télédétection satellitaire offre une approche originale,
parfois plus fine ou plus dynamique. La vision globale que cet outil apporte,
devient très intéressante en milieu pastoral
3.1.2 ESTIMATION DE LA
BIOMASSE APPROCHES TELEDETECTION
Le milieu naturel de la zone Pastorale de la région de
Tahoua est fragile. Sa préservation dépend d'un délicat
équilibre qui doit s'opérer entre un pâturage
aléatoire dans le temps et dans l'espace et le nombre d'animaux qui s'en
nourrissent. L'augmentation des nombres et du rendement des points d'eau
favorise la présence d'un nombre plus important d'animaux alors que le
pâturage quant à lui dépend surtout des aléas de la
pluviométrie. Au Niger en général et
particulièrement dans la région de Tahoua les terres vacantes
n'existent pas. La demande dépasse l'offre en ce qui concerne les
ressources naturelles notamment pastorales. Tout comme la dynamique
d'occupation des sols, l'utilisation de ressources fourragères est aussi
la cause de nombreuses situations d'incertitudes.
La Télédétection semble être la
mieux indiquée pour identifier les zones à risques de
déficit de production fourragère. Dans le cadre de cette
étude le NDVI est utilisé. Un produit de synthèse de
VEGETATION de 10 jours et qui combine les données corrigées par
jour du point de vue atmosphérique de tous les segments de VEGETATION
(mesures) de la décade en une seule image. Ensuite des images (VPI) sont
utilisées pour évaluer l'état global de la
végétation et en fin des images (DMP) pour identifier les zones
de haute ou faible productivité. Ainsi des cartes ont été
réalisées afin de comprendre l'évolution de la production
de la biomasse.
3.1.2.1 Analyse de l'évolution du front de végétation
à travers le NDVI
Parmi tous les indices de végétation
proposés depuis les origines de la télédétection
spatiale, « l'indice de végétation normalisé
est devenu l'outil standard de description du comportement spectral de la
couverture végétale (ROUSE et ah, 1974) ». Cet
indice, le plus souvent appelé NDVI selon son abréviation
anglaise, est calculé à partir de deux bandes spectrales, le
rouge R et l'infrarouge IR. Son utilité pour décrire le couvert
végétal se base sur le fait que « d'une part ce
dernier absorbe préférentiellement l'énergie lumineuse
dans les longueurs d'onde du rouge pour la photosynthèse, et
réfléchit par contre fortement cette énergie dans le
proche infrarouge, en fonction de la structure inter - cellulaire du
matériel végétal photosynthétisant (GAUSMAN,
1985)». Le NDVI de la période de la saison des pluies, Juin
à Septembre permet de spatialiser l'évolution du front de
végétation. Des cartes décadaires d'émergence de la
végétation permettent un suivi régulier de la campagne
pastorale. Ce qui contribue significativement à la maitrise de son
évolution en matière de perspective et d'anticipation sur les
effets négatifs des tendances. C'est là un des aspects les plus
prometteurs qu'offre la technologie. Les figures ci-dessous présentent
l'évolution du front de végétation au cours de la campagne
pastorale 2013.
Le front de végétation est défini comme
la limite correspondante à une présence minimale de couvert
herbacé. Sur le plan quantitatif, il correspond à une biomasse de
100 kg de matière sèche à l'hectare avec un pour cent de
recouvrement (DDP). La comparaison avec celles des
années antérieures permet une pré-indication de la
dynamique de la végétation et est donc un bon indicateur de la
saison de croissance de la végétation naturelle. L'analyse du
front permet d'identifier le démarrage de la végétation et
les périodes de sénescence de la phytomasse. Cette information
reste très capitale dans la circulation des troupeaux.
Figure 7: Emergence de la
végétation mois de Juin.
Figure 8:
Emergence de la végétation mois de Juillet.
Figure 8 :
Emergence de la végétation mois d'Août.
Figure 9: Emergence de la
végétation mois de Septembre.
L'analyse des cartes réalisées sur la base de la
moyenne des NDVI du mois de juin (figure no6) et de Juillet (figure
no7) fait remarquer que le couvert végétal
présente un développement contrasté. Au cours des mois de
Juin et juillet, la biomasse est très faible parfois voire inexistante
par endroit. Une prédominance d'un sol nu se constate sur l'ensemble de
la zone pastorale à l'exception de la bande méridionale.
La zone structurellement déficitaire comprise au Sud de Amilal
entre Obserata et Ibeceten couvrant une superficie d'environ 141181 ha
présente des zones très faiblement couvertes par la
végétation (Figure no7). Globalement
le mois de Juillet se caractérise par un couvert végétal
très faible. Par contre au cours du mois d'Août la situation
s'est significativement améliorée (figure
no 9). On constate une nette amélioration du front de
végétation dans la zone pastorale. Néanmoins dans la
partie centrale et la bande septentrionale la végétation est
faiblement dense avec des sols nus très remarqués. Certes, la
campagne pastorale 2013 a accusé un retard mais il y a une
évolution positive progressive de l'indice de verdure au fur et à
mesure que la saison des pluies avance.
Graphique pluviométrie
Du point de vue de la pluviométrie, on peut dire qu'en
Septembre les pluies enregistrées ont été faibles et
modérées comparées aux dernières décades du
mois d'Août. Le faible couvert végétal annonce le risque
d'une mauvaise production fourragère.
3.1.2.2 Etat global de la
végétation par l'usage du VPI campagne pastorale 2013.
Le « VPI » est utilisé pour
évaluer l'état global de la végétation. Il permet
d'identifier qualitativement les zones avec un développement de
végétation inférieure à la situation normale, par
comparaison avec ce qu'on peut attendre au vu du parcours historique. Dans la
zone pastorale la contrainte fondamentale est la nécessité de
l'équilibre cheptel / fourrage. Elle est difficile
à lever en raison du rapport constant qui lie les besoins fourragers du
bétail d'un côté et la production fourragère
naturelle de l'autre. Ce rapport correspond aux 6,25 kg de matière
sèche fourragère par jour nécessaire à I'UBT. Or,
l'évolution de ces facteurs ne peut pas se produire dans le même
sens, dans cette région à vocation pastorale. Les cartes
ci-dessous présentent l'évolution de la croissance de la biomasse
au cours des mois de Juillet, d'août et durant le mois de Septembre.
Figure 10: Indice de la
productivité de la végétation mois de Juillet
2013
Figure 9: Indice de la
productivité de la végétation mois d'Août
2013.
Figure 10: Indice de la
productivité de la végétation mois de Septembre
2013.
Le mois d'Août est marqué par un retard de
croissance significatif de la végétation herbacée vers la
bande septentrionale et au Sud-Est entre Ibeceten et Iksman. A l'Ouest vers le
site d'observation au sol de la biomasse de Didiga, des poches de
sècheresse sont pareillement observées tous comme au centre dans
la zone de Amilal. Les pluies enregistrées à la première
et à la deuxième décade de Septembre ont eu un impact
positif sur le développement d'herbacées (figure no11
et figure no12). Plusieurs de ces poches ont disparu. Cependant, il
existe toujours des zones à risque surtout à l'extrême Nord
et au Sud-Est comme il apparait sur la figure no 12.
Dans une zone essentiellement consacrée à
l'élevage les troupeaux peuvent se déplacer pour trouver des
pâturages et des ressources en eau. Il apparaît donc que les
éleveurs de la région de Tahoua jouent sur le balancement des
saisons, sur l'alternance d'une brève saison des pluies et d'une longue
saison sèche. La technique permet d'exploiter un milieu difficile.
Grâce à leur intime connaissance de la nature, ils mettent
à profit les ressources variables de leur écosystème au
fil des saisons. Une identification des zones à risque de déficit
de production fourragère facilite l'errance pastorale.
3.1.2.3 Analyse de la production
de la biomasse 2000 - 2013 à travers la DMP.
L'analyse de la DMP de 2000 à 2013 fait ressortir une
production de la matière sèche en moyenne acceptable. Une
situation qui fait du Nord Tahoua une zone par excellence d'élevage.
Cependant L'incertitude de la disponibilité et de la répartition
spatiale du fourrage fait partie intégrante des conditions de vie de la
population. C'est pourquoi La mobilité représente donc l'aspect
fondamental du mécanisme complexe d'adaptation à une production
fourragère imprévisible et dispersée. Toutefois, les
déplacements reposent sur une connaissance intime des paysages
traversés. Par conséquent l`errance pastorale n'est qu'apparente,
car le vocabulaire des pasteurs se montre riche lorsqu'il désigne les
reliefs, les plantes, l'eau, les sols et leurs transformations au fil des
saisons. « Pour les Wodaabe, la reconnaissance des
pâturages par un éclaireur (garsoo) signifie une
restitution détaillée de ses observations, comme la
présence d'herbe tendre, bien levée sur le sol et
arrosée par une pluie récente , ou l'herbe plus dense dans
les plaines rougeâtres et argileuses trempées
d'eau (Bonfiglioli, (1981) ». La mobilité
pastorale apparaît donc pensée et réfléchie.
Aujourd'hui, la télédétection à
travers l'usage des images de productivité de matière
sèche (DMP) permettent d'estimer la matière sèche finale
qui a été produite par la végétation dans le temps.
Elle autorise la caractérisation d'une manière scientifique du
fourrage.
Figure 11: Carte de la
production moyenne de la biomasse 2000-2013
Figure 12: Carte
d'élévation zone pastorale de la région de
Tahoua.
La figure no 13 ci-dessus présente la
production moyenne de la matière sèche dans la zone pastorale de
la région de Tahoua de 2000 à 2013 soit une période de
quatorze (14) ans. Il résulte de l'analyse de la production moyenne de
la biomasse de 2000 à 2013 que certaines zones sont structurellement
déficitaires. Ce sont des zones où la production moyenne est
inférieure à 300kg/MS /ha. Au niveau de la bande Septentrionale
qui marque la limite nord de la zone pastorale, la production moyenne de la
biomasse est régulièrement inferieure à 200kgMS /ha. La
pluviométrie en général faible (150 à 200 mm PDC
Tillia) est caractérisée par son irrégularité et sa
mauvaise répartition dans l'espace et le temps. Le système des
dunes mouvantes rend le relief instable avec une végétation rare
et très rustique. Sur une superficie de 861145ha la bande Nord de la
zone pastorale de la région de Tahoua est une zone à
déficit de production fourragère. Alors que le Sud de Tillia
enregistre l'arrivée massive des transhumants en certaines
périodes de l'année exerçant du coût une forte
pression sur les ressources naturelles, favorisant ainsi la dégradation
de l'environnement .Elle mérite une attention particulière si
l'on veut éviter une surcharge des parcours synonyme de
dégradation et de vulnérabilité alimentaire pour le
bétail. La biomasse évoluée en suivant le gradient
pluviométrique mais aussi les différentes unités
géomorphologiques. Au Sud entre Obserata et Ibeceten sur les revers des
plateaux et les formations collinaires la production de la biomasse
herbacée souffre d'une situation de déséquilibre. La
moyenne sur une période de 2000 à 2013 soit quatorze(14) ans fait
apparaitre une bande de déficit de fourrage sur environs 173237 ha. Elle
est marquée par son enclavement par rapport aux régions
limitrophes, une condition qui limite considérablement l'ancrage d'un
grand nombre d'actions d'appui et d'accompagnement.
Au Nord de Didiga particulièrement autour du village
d'Adarzegrine dans le département de Tillia les chaines des dunes de
sable constituent un obstacle à l'émergence de la
végétation. Le Sud-Ouest aux alentours du village d'Intimasse est
une zone à risque au vue des résultats issue de l'analyse de la
moyenne de production fourragère du 2000 à 2013. Le tableau
no2 est le récapitulatif de la production de la
matière sèche en moyenne sur une période de quatorze(14)
ans.
Tableau 2: Répartition
par zone et par hectare de la production de la matière sèche.
Caractéristique de la zone
|
superficie en hectare
|
zone à risque de déficit
fourrager
|
1419678
|
zone à faible production
fourragère
|
429897
|
zone à production moyenne
|
557068
|
zone à très forte production
|
3101762
|
Total
|
5508405
|
Les régions centrales et sud-Est (Tchintabaraden
Ibeceten et Abouhaya) sont les plus productives avec des valeurs allant de 500
à plus de 600 kg.ms/ha. Le maximum de production y dépasse
généralement 600 kg MS/ha. C'est une zone très
exposée aux feux de brousse comme l'attestent les statistiques
relevées ces dernières années. Contrairement à la
partie Nord- Ouest qui est désertique, les plaines du Nord- Est
enregistrent une production fourragère supérieure à 600kg
/MS/ ha. Le Site d'observation de la biomasse au sol de Targa se trouve dans
une zone de forte production fourragère. Dans le long couloir compris
entre Tchintassala et Tillia sur environ 499857 ha la moyenne
de la biomasse de 2000 à 2013 est de 400kg /MS/ha. Cette faible
production du fourrage conjuguée à la mauvaise répartition
spatiale des points d'eau pastoraux occasionnent la descente rapide des
éleveurs vers le Sud.
Figure 15: Répartition par zone de la production
de la matière sèche
Pour comprendre l'impact de l'altitude sur la production
fourragère une carte d'élévation de la zone pastorale a
été réalisée grâce aux données
Shutle Radar Topographic
Mission (SRTM).
L'analyse de la carte d'élévation de la zone
pastorale de la région de Tahoua (figure no14) fait
apparaitre que l'altitude ne constituée pas un facteur influent pour la
production de la biomasse. Tout comme les bas-fonds, les sommets des plateaux
ont par endroit une bonne potentialité fourragère. Tout comme sur
les hauteurs de Jangaye, village situe à l'extrême Sud-Est du
département d'Abalak à la frontière avec celui de Bouza
les plaines entre Obserata et Didiga enregistre une moyenne de plus de
600kg/ms/ha. La carte d'élévation de la zone montre plusieurs
subdivisions géomorphologiques d'un relief moins marqués avec des
altitudes inférieures à 258 m « parsemées de
basses formations dunaires avec dans les dépressions une strate
arbustive peu dense » (PDC Tillia 2009) dans les parties Ouest,
Sud-ouest et centrale. Les communes rurales de Kaou et celles de
Tabalak se caractérisent par d'importantes vallées, et des
formations collinaires avec des altitudes atteignant par endroit 740 m qui
donnent lieu à la formation des koris. Au vue des
caractéristiques du relief de cette partie de Tahoua, l'analyse de la
production de la matière sèche sur une période de 2000
à 2013 laisse comprendre que l'altitude influe très peu la
production de la biomasse.
3.2 Piste de gestion du
disponible fourrager
Les populations rurales du Niger et particulièrement
les groupes pastoraux sont tributaires des ressources naturelles pour
satisfaire leurs besoins fondamentaux. Cependant les ressources pastorales
naturelles connaissent une grande variabilité. C'est pourquoi la
disponibilité et l'accessibilité aux données
géographiques de qualités sont nécessaires pour la mise en
place des outils cartographiques pouvant aider à leur gestion efficace
et durable. Très souvent l'accumulation d'indices même
biaisés permet la prévision et la prise de décision en
attirant l'attention. Or on constate dans la zone pastorale de la région
de Tahoua de poche de déficit structurel de production
fourragère. Alors la télédétection est
perçue comme une source d'information renouvelable permettant
d'évaluer régulièrement la dynamique de la production
fourragère. A la question de savoir s'il est possible d'identifier les
zones à risque de déficit de production fourragère par
l'usage des images satellites, la réponse est oui car ce
phénomène laisse des traces détectables par les satellites
d'observation de la terre. Les pistes de gestion du disponible fourrager dans
les zones où le déficit de production est structurelle passent
nécessairement par la prévision, la protection et la
protection.
§ La prévision
C'est la première étape de la gestion du
disponible fourrager par une alerte précoce. La possibilité de
spatialisation et du suivi de la campagne pastorale qu'offrent les images
satellites fournissent des informations permettant la mise en place d'une
système de renforcement de la résilience.
§ La protection
La protection de la population pastorale à travers un
réseau d'information fluide est un moyen de gestion à long terme
du déficit fourrager. La zone pastorale de la région de Tahoua
étant vaste et variée l'identification des zones à risque
permettra une meilleure gestion des ressources naturelles. Une cartographie
participative favorise l'appropriation des données par la population et
contribuera sans doute à la détermination des parcours de
transhumance.
§ La prévention
Elle implique la connaissance du risque et l'information des
populations pastorales. Cette connaissance du danger peut se réaliser
à travers les formations. La cartographie serra l'outil essentiel de
sensibilisation.
3.3 DISCUSSIONS
Le Nord de la région de Tahoua, est une zone pastorale
par excellence avec une importante superficie pâturable. Les
sociétés pastorales utilisent de façon mobile les
ressources de ce milieu. Cette rationalité caractérise en
particulier la population locale en s'adaptant aux variations constantes d'un
milieu difficile. Depuis l'aube des temps, les pasteurs et agriculteurs ont
observé leur environnement en forgeant des systèmes
d'interprétation qui leur ont permis de savoir où semer et
planter, où faire paître leurs animaux. Plusieurs grandes
révolutions sont ensuite apparues, notamment la
télédétection.
Afin de bien comprendre comment les environnements
fonctionnent et interagissent, le Canada à colliger des données
d'observation de la terre depuis l'espace. Son satellite radar sat-2 en
offrant la polarimétrie, facilite la détection d'une vaste gamme
d'entité et de cible de surface. Ce qui renforce le leadership du Canada
dans le secteur de l'observation de la terre. La
télédétection lui a permis d'améliorer la
surveillance des régions éloignées et la gestion des
urgences et des catastrophes (.source). Le Service de l'Analyse Spatiale et des
Applications Géographiques, du Canada a développé un
système opérationnel pour le suivi des pâturages à
travers le pays en utilisant les données satellitales. Les interfaces
SIG permettent aux abonnés de visualiser, d'analyser et de comparer,
pratiquement en temps-réel, les changements survenus dans les conditions
des pâturages.
Grace à l'usage des images satellites le Maroc dispose
aujourd'hui d'outils de suivi des cultures, de prévision des rendements
et a également un système d'information sur les statistiques
agricoles. Cela a permis de réduire les erreurs commises sur les
délimitations de l'espace de contrôler les déclarations
faites par les agriculteurs.
Au Niger la Direction du Développement Pastorale fait
chaque année le suivi de l'évolution de la campagne pastorale sur
l'ensemble du territoire. Les méthodes utilisées se
résument à l'exploitation et la synthèse des informations
qualitatives contenues dans les fiches de suivi de la campagne transmises par
les services techniques déconcentrés. Ces informations portent
essentiellement sur la répartition spatiale et temporelle des
précipitations, le stade phénologique et l'état des
pâturages l'état des points d'eau de surface et les concentrations
et mouvements d'animaux. Les informations remontent du niveau local
jusqu'à la portion centrale. Le retard et la fiabilité des
données primaires influent le plus souvent sur la qualité des
résultats. Pour l'année 2013 par exemple le rapport provisoire
de synthèse des résultats de la campagne pastorale 2013-2014 a
été élaboré en fin Octobre. Pour qu'il soit
définitif et disponible pour les partenaires, il faut en Janvier ou
Février. Déjà à cette période les
populations ont pratiquement quitté en cas de déficit fourrager.
Ce système de suivi de la campagne pastorale montre ses limites par le
retard et l'absence de fiabilité des données primaires servant de
base pour les prévisions.
Suite à la sécheresse de 1984, le débat
National sur l'élevage tenu à Tahoua en avril 1985 a
élaborer un plan d'action reposant sur un certain nombres des
objectifs. Dans le prolongement de ce plan d'action, l'atelier a eu pour mandat
de préciser les stratégies d'intervention face aux perturbations
causées principalement par les sécheresses successives et la
répartition inégale des charges animales. L'usage des images
satellites est la réponse à ce soucis en permettant
l'identification des zones à risque de défit de production
fourragère a temps réel. Les données recueillies au sol
par les agents sur le terrain ont la limite que l'espace géographique
n'est jamais homogène. Donc l'extrapolation des données d'un
site sur l'ensemble de la zone comporte des insuffisances préjudiciables
pour une alerte précoce.
Par contre la télédétection offre la
possibilité d'une analyse de l'évolution du front de
végétation à travers le NDVI. On peut suivre l'état
global de la végétation par l'usage du VPI. Les scènes
SPOT couvrant une surface de 60 km X 60 km offres la possibilité
d'obtenir des informations fiables et rapides sur la production
fourragère même au niveau des parties difficiles d'accès
pour les agents sur le terrain. Pour satisfaire son besoin
d'information homogène et précoce, le Ministère de
l'Agriculture de la Russie à travers l'Institut de la Russie pour le
Suivi des Terres et des Ecosystèmes s'est essentiellement basé
sur la télédétection.
La carte réalisée à partir de la
moyenne du DMP de 2000 à 2013 fait apparaitre clairement toutes les
zones pastorales de la région de Tahoua où le déficit de
production fourragère est structurel. Ces résultats montrent que
la télédétection peut contribuer de façon
significative à l'amélioration des prévisions des
rendements. Elle permet de prendre des dispositions à temps pour
minimiser le risque de déficit fourrager dans une vision de la
protection de l'environnement. Quand on sait que tous les dix(10) d'observation
au sol de la biomasse se trouvent dans des localités où la
production moyenne dépasse de loin 600kg/MS /ha, on peut affirmer que
les prévisions issues des données de ces sites ne sont pas
toujours fiables. Une autre difficulté résulte dans la lenteur
administrative dans la transmission des données primaires du niveau
local au niveau central. En plus, la prise en charge des agents sur le terrain
et le coût élevé des matériels alourdissent la
technique utilisée par la DDP.
Conclusion partielle
L'approche de la DDP pour le suivi de la campagne pastorale
permet une analyse des données décadaires de l'évolution
de la production fourragère sur l'ensemble de la zone pastorale du Niger
et au niveau des enclaves pastoraux. Le coût et la fiabilité des
technique jusque-là utilisées par les services techniques ne
favorisent pas une meilleurs estimation du disponible fourrager vue d'une
alerte précoce pour le renforcement de la résilience de la
population pastorale. Les systèmes pastoraux sont largement
dépendants de l'accès aux ressources en eau et des ressources
fourragères (herbacées et ligneuses). Pour répondre
à ce défi la télédétection est un moyen
efficace et plus sûr pour une alerte précoce.
L'approche télédétection pour
l'estimation et le suivi de la production de la biomasse présente des
avantages considérables comme l'atteste les résultats de cette
étude. L'utilisation des produits de la
télédétection permet d'identifier à temps
réel les zones à risque de déficit fourrager dans le
cadre d'un système de gestion des ressources naturelles pour
améliorer la résilience de la population pastorale.
CONCLUSION GENERALE
Il dégage de ce travail d'étude et de recherche
que le déficit structurel de la production fourragère dans la
zone pastoral de la région de Tahoua est une réalité
vécue par la population locale. Il a également permis de bien
comprendre les avantages liés à l' usage des images satellites de
façon générale et dans l'identification des zones à
risque en particulier. Cependant une analyse de la production
fourragère montre qu'il y a un déséquilibre réel
entre les ressources naturelles et la population locale. Elle a
également permis de constater que la méthode jusque-là
utilisée par les services techniques pour le suivi de la campagne
pastorale est non seulement coûteuse mais ne favorise pas une prise de
décision à temps utile. La conséquence sociale est
l'aggravation des conditions de vie et d'existence de la population pastorale.
Les contraintes liées à la viabilité et à la
remontée des informations primaires alourdissent la mise en action d'un
mécanisme d'information à temps de la production de la
biomasse. Ces résultats confirment notre
hypothèse à savoir « les outils
utilisés pour l'estimation de la biomasse par les services techniques
demandent assez de temps, des ressources financières et
humaines »
La synthèse entre les résultats issus de la
méthode utilisée par les services technique et l'analyse des
résultats issus de l'exploitation des images satellites,
révèle l'existence de la zone à risque structurel de
déficit de production fourragère dans la zone pastorale de la
région de Tahoua. A la lumière des résultats obtenus, on
peut conclure que l'usage des images satellite permet d'identifier les zones
à risque de déficit fourrager. Ce qui confirme notre
Hypothèse à savoir «l'usage des images
satellites contribue à l'identification des zones à risque de
déficit de production fourragère dans le cadre d'un
système de gestion des ressources naturelles dans la zone pastorale de
la région de Tahoua »
L'élevage est, et restera encore pour de nombreuses
années, un élément déterminant des
stratégies de lutte contre la pauvreté des ménages ruraux
au Niger car il offre la possibilité aux populations de se constituer un
revenu et permet de valoriser des terres ayant une valeur marginale sur le plan
agricole. Il s'affirme de plus en plus comme étant une activité
essentielle. C' est pourquoi un système d'alerte très efficace
s'avare fondamentale pour améliorer la résilience de la
communauté pastorale. A la lumières des résultats de cette
étude la télédétection offre la possibilité
de suivre à temps l'évolution de la campagne pastorale et
d'avoir les informations nécessaires sur la production
fourragère. Cette technologie permet au décideur d'agir à
temps utile en cas de besoin. Cela confirme effectivement la première
hypothèse de ce travail d'étude et de recherche à savoir
« l'utilisation des produits de la
télédétection permet d'identifier à temps
réel les zones à risque de déficit
fourrager »
En définitive il faut retenir l'usage des images
satellites est d'un apport positif pour la gestion du risque. Au vue de ce qui
ressort des résultats de cette étude, il apparaît opportun
de formuler des perspectives de recherche. On peut retenir entre
autres :
q Durabilité des systèmes pastoraux et dynamique
de la production fourragère dans la zone pastorale de la région
de Tahoua.
q Analyse de l'adaptation socio-économique des
individus et ménages, face aux variabilités de la production
fourragère dans la zone pastorale de la région de Tahoua.
Au regard des potentialités importantes qu'offre le
pastoralisme pour sa contribution au développement
socio-économique, il semble indispensable que des réflexions et
des actions supplémentaires soient entreprises.
BIBLIOGRAPHIE