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Les retombées de la tertiarisation sur la croissance économique de la rdc


par Fidele Elumba Ngama
Université Officielle de Mbujimayi (U.O.M) - Licence en sciences économiques et de gestion, option : économie industrielle 2020
  

Disponible en mode multipage

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ENSEIGNEMENTSUPERIEURETUNIVERSITAIRE

UNIVERSITEOFFICIELLEDEMBUJIMAYI

Email:uom_mbm@yahoo.fr

MBUJIMAYI

FACULTEDESSCIENCESECONOMIQUESETDEGESTION

Option :EconomieIndustrielle

LESRETOMBEESDELATERTIARISATIONSURLACROISSANCEECONOMIQUEDELAR.D.C.

(De1989à2018)

Par ELUMBANGAMAFidel

Travaildefind'étudesprésentéetdéfenduenvuedel'obtentiondugradedeLicenciéenSciencesEconomiquesetdeGestion.

Décembre 2020

ENSEIGNEMENTSUPERIEURETUNIVERSITAIRE

UNIVERSITEOFFICIELLEDEMBUJIMAYI

Email:uom_mbm@yahoo.fr

MBUJIMAYI

FACULTEDESSCIENCESECONOMIQUESETDEGESTION

Option :EconomieIndustrielle

LESRETOMBEESDELATERTIARISATIONSURLACROISSANCEECONOMIQUEDELAR.D.C.

(De1989à2018)

Par ELUMBANGAMAFidel

Travaildefind'étudesprésentéetdéfenduenvuedel'obtentiondugradedeLicenciéenSciencesEconomiquesetdeGestion.

Directeur :MUSAMPATSHIBALABALARaphael

ProfesseurOrdinaire

Rapporteur :TSHILENGEILUNGAMarcel

ChefdeTravaux

Décembre2020

EPIGRAPHE

« Il y a beaucoup plus à gagner par l'industrie que par l'agriculture et beaucoup plus par le commerce que par l'industrie... A mesure que le commerce et les arts curieux se développent, l'agriculture doit décliner ou bien les salaires agricoles doivent augmenter et les rentes foncières diminuer en conséquence »

William Petty

William Petty

DEDICACE

A mon père Pierre NGAMA YAMUKOKO

A ma mère Astride MBULA KABANGU

A mes frères et soeurs ; Scottie MUTUALE, Nella MUTOMBE, Emilie ILUNGA, Carine MUTSHIBE, Déo Gratias NGAMA, Christian LOJI, Gracia MBULA, Gloire NGAMA et Pitié MUDIMBI

A mes chers cousins Fiston ESHIBA, Joseph MIKOMBE, Dieuleveut KASONGO, Tristan KIOFUE

A tous les véritables amis que j'ai eu le plaisir de rencontrer sur mon chemin, nous citons ; Joseph KABONGO, Moïse KALALA, Mireille KANYINDA, Naomi MUADI, Daniel MUAMBA, Gloire ONYA, Erick TSHILOMBO et Zetou NDJIBU.

A eux vont mes pensées les plus chaleureuses...

REMERCIEMENTS

La réalisation de ce modeste travail est la résultante de plusieurs efforts et la contribution de plus d'une personne qui, d'une manière ou d'une autre ont apportés une pierre pour l'édification de cette oeuvre scientifique, et à qui nous témoignons toute notre gratitude.

A l'Eternel Dieu Tout-puissant, maître de temps et des circonstances pour le souffle de vie, l'intelligence, la sagesse, la santé, le courage et les opportunités.

Nous ne saurons à ce niveau énumérer de manière exhaustive toutes les personnes ayant contribué à notre formation et surtout à la rédaction de ce mémoire, nous faisons donc allusion :

Au Professeur Raphael MUSAMPA TSHIBALABALA qui a pu diriger ce mémoire avec ferveur et abnégation nonobstant ses multiples occupations.

Au chef de travaux Marcel TSHILENGE ILUNGA le rapporteur de ce mémoire pour ses remarques et orientations.

Nous sommes également redevable à tout le corps enseignant de la faculté de sciences économiques et de gestion pour la formation qu'ils ont assurée, nous citons : Professeur Luc NTUMBA MUTOMBU, Raymond Floribert TSHIMANGA MULANGALA, Placide MUAMBA MULUMBA (d'heureuse mémoire), Chef de travaux Josée KAPINGA ILUNGA,Lebertin KALEKA, John TSHIBANGU, Anaclet KALOMBU, Claude OTSHUDI, Assistant Glory KANGODIA et les autres.

Nos remerciements vont également à l'endroit de nos camarades et compagnons de lutte pour les peines et les joies partagées, nous citons : Nathan CIBOLA, Bruno KASONGA, Pascal BEYA, Justine BATANGILA, Mireille TSHILANDA, Esther KAMUANYA, Christian MULUMBA, Guellord KATAMBA, Joëlle MUENDAKANYI, Cédric MUKUNA, Denis KANTOLA, François KABENGELA, Freddy MULUMBA Florence MUKAJIMUENYI, Elie MULUMBA, Fabrice KAYEMBA, Hénoc MUKONKOLE et les autres.

Nous pensons également aux hommes de bonne foi pour leur soutient tant matériel que financier, nous citons ; le couple Pastoral André NGOYI, couple Maître Bruno Molière ESHIBA, couple Marco ILUNGA et le couple Théodore YAKALO.

A toutes et à tous qui, de loin ou de près ont contribué à l'aboutissement de cette oeuvre et dont leurs noms n'ont pas été repris faute d'espace. Qu'ils trouvent ici, toute notre reconnaissance.

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

BCC : Banque Centrale du Congo

PIB : Produit intérieur brut

RDC : République Démocratique du Congo

IDH : Indice de développement humain

RNB : Résultat net brut

PNB : Produit national brut

OCDE : Organisation de coopération pour le développement économique

HORECA : Hôtel, restaurant, café

RD : Recherche et développement

NTIC : Nouvelle technologie de l'information et de la communication

NFOT : Nouvelles formes d'organisation du travail

TERT : Tertiaire

LISTE DES FIGURES ET TABLEAUX

1. Figures

Figure n° 1 : La loi de trois secteurs selon Colin Clark

Figure n° 2 :La transformation structurelle en fonction de Fourastié

Figure n° 3 :Test de normalité de JarqueBera

2. Tableaux

Tableau n° 1 : Etat de l'art : vue synoptique

Tableau n° 2 : Présentation des données

Tableau n° 3 : tableau relatif à l'estimation du modèle

Tableau n° 4 : Tableau relatif à l'interprétation du coefficient de corrélation

Tableau n° 5 : Tableau relatif au test d'autocorrélation des erreurs

Tableau n° 6 : Tableau relatif au test d'hétéroscédasticité

INTRODUCTION GENERALE

1. PHENOMENE OBSERVE

Le développement des activités dites des services est caractéristique du XXe siècle. La tertiarisation des économies les plus avancées fait écho à leur désindustrialisation.Les mécanismes de la croissance des services ont fait l'objet de débats théoriques importants et contradictoires. Mais, il semble que les controverses (opposant les thèses postindustrielles et néo-industrialistes) sur l'explication et l'appréciation de la croissance tertiaire se sont peu à peu estompées.

La croissance du secteur tertiaire semble accompagner celle de l'industrie car toute augmentation de la production industrielle provoque une hausse du volume de marchandises transportées, donc stimule les activités de transport, d'assurance et commerciales.

En effet, les économies contemporaines sont à la fois des économies de service et des économies de l'innovation [P. Cahuc et M. Debonneuil, (2004)].Comme ces activités de services traditionnels sont à faibles gains de productivité, un accroissement de l'activité entraîne mécaniquement une augmentation des effectifs.

C'est à partir des années soixante et soixante-dix, la croissance du secteur tertiaire s'accélère. Ce développement des services impliquent une transformation structurelle de l'économie moderne dont on ne craint pas de dire qu'elle est au moins aussi importante que la révolution industrielle. Ce phénomène de monté en puissance des services, autrement dit « la tertiarisation » se traduit tout d'abord pour une nouvelle répartition de l'emploi entre les grands secteurs économiques.En effet, tandis que l'emploi industriel se réduit, l'emploi dans le secteur tertiaire croît considérablement en terme absolus que relatifs.

Etant donné que le développement économique est souvent assimilé au seul développement industriel. La plupart des politiques des développements économiques ne parlent que d'incitation industrielle, de déconcentration industrielle, des subventions aux industries, etc.Ces politiques reposent bien évidement sur le postulat que le secteur manufacturier demeure le principal moteur du développement économique, les activités tertiaires n'étaient considérer que comme des activités induites.

Mais il apparait moins raisonnable de vouloir postuler qu'il s'agit toujours d'un secteur tout simplement induit par la croissance manufacturière lorsque ce secteur devient responsable de presque les deux tiers de la production mondiale.Et si le secteur tertiaire à lui seul peut contribuer à deux tiers de la production, la tertiarisation d'une économie se révèle donc comme un vecteur incontournable pour le développement, car il n'y a pas de développement sans croissance économique et jamais le contraire.

Il est donc impérieux pour nous en tant que chercheur de mener une étude approfondie pour cerner le phénomène de monté en puissance des activités du secteur tertiaire.

2. CHOIX ET INTERET DU SUJET

Le grand mouvement de l'économie vers l'immatériel et vers les activités tertiaires est aujourd'hui largement reconnu et se voit même encouragé par la politique économique dans certains pays développés. La tendance à la tertiarisation des emplois et des activités économiques se vérifie de toutes parts.

Quelle que soit la dénomination qu'on lui donne, société de la connaissance, du savoir, de l'intelligence, de l'immatériel ou postindustrielle, les caractéristiques qui émergent sont comparables : place stratégique de l'innovation et des nouvelles technologies, ouverture rapide vers l'étranger, tant pour rechercher les meilleures conditions de production que pour se positionner sur des marchés étendus et dynamiques, préférence générale pour les relations de marché plutôt que pour les relations hiérarchiques, focalisation des entreprises sur les activités stratégiques, recours systématique à la sous-traitance, poids croissant des activités traitant ou produisant des biens et services dématérialisés, fonctionnement des entreprises en réseaux plus ou moins souples ou structurés

Face à cette mutation, il s'est avéré indispensable pour nous de faire une étude minutieuse qui porte sur : « les retombées de la tertiarisation sur la croissance économique en R.D.C. »

Le choix de ce sujet est dicté par deux mobiles essentiels à savoir :

- Sur le plan scientifique : ce travail constituera pour les futures chercheurs une piste de recherche parmi tant d'autre, en mettant à leur disposition des données fiables quant à la tertiarisation de l'économie congolaise ;

- Sur le plan pratique ou socialet économique: dans ce travail, l'on s'efforcera de mettre en évidence les atouts du secteur tertiaire quant à la croissance économique enfin d'orienter les politiques visant la création d'entreprises des services qui contribueraient à une croissance soutenue de notre pays mais aussi saisir quantitativement le poids du secteur tertiaire dans l'économie congolaise et prendre des décisions conséquentes s'il faut abandonné ou promouvoir ce secteur, étant donné que l'économie est une science de choix.

Dans ce travail, l'on établira également la relation existante entre le secteur tertiaire et la croissance économique, pour voir dans quel mesure le secteur tertiaire contribue et ou influence la croissance économique de notre pays.

3. PROBLEMATIQUE

a. Contexte

Il est presque une évidence de dire que l'économie mondiale tende vers la tertiarisation. Quelques chiffres suffisent pour faire ressortir l'ampleur de cette l'évolution.En effet, si jusque dans les années 70, les pays avancés tirent principalement leurs revenus et leurs emplois de la production industrielle, c'est aujourd'hui le secteur tertiaire qui occupe la majorité de la population active et qui concourent pour l'essentiel, à la formation de la richesse nationale.

Ainsi, la part des activités de services atteint dorénavant jusqu'à 70-80% du produit intérieur brut (PIB) dans certains des pays les plus développés et 40% dans les pays les plus pauvres. [Rapport OCED, (2015)]

Aujourd'hui, aux Etats-Unis par exemple ; moins de 10% des actifs travaillent dans l'industrie. Dans l'économie Française cette proportion est passée de 25% en 1978 à 13,8% en 2006 et la part de l'industrie dans le PIB est passée de 35% en 1970 à 22% en 1990 et seulement 17% aujourd'hui, la part des services passent aux mêmes dates de 54% à 69% pour atteindre plus de 75% actuellement. En Suisse, la part du tertiaire dans le PIB est de 64%, les services moderne en représentant environ la moitié. [Bertran B, (2009)]

Au cours des trente dernières années, l'économie du Québec est devenue de plus en plus axée sur la production et la consommation des services. Cette tendance majeure à la tertiarisation se vérifie évidement au chapitre de l'emploi. Ainsi, la part de l'emploi dans le service passe de 56,9% à 73,5% en 1995. Cette progression s'est effectuée aux dépens du secteur primaire, dont la part décroit de 8,2% à 3,5% et du secteur secondaire de 34,9 à 23%. [Rapport, (1996)] de même que le Japon est devenu une économie tertiaire où les activités de services représentent près de deux tiers de l'emploi et de la valeur ajoutée comme dans les autres pays développés [Petit P, (1994)].

En Afrique, le secteur tertiaire a longtemps gardé l'esprit de l'économie de traite et reste protégé. Principal bénéficiaire des mesures des politiques économiques et souvent en situation de monopole, il accapare les progrès de productivité des secteurs directement productifs. Sa part est de l'ordre de 40% du PIB depuis les indépendances ; soit un pourcentage nettement supérieur. [Philippe H, (2003)]

En RDC, la croissance économique est soutenue par des investissements dans les secteurs secondaire et tertiaire [D. Mukoko et alii, (2012)] l'analyse de l'activité économique selon l'approche de la production indique que la croissance en 2016 a été soutenue principalement par le secteur tertiaire, dont la contribution s'est établie à 1,75 point de pourcentage. Cette situation est consécutive au dynamisme observé dans les branches « commerce », « transport et télécommunication » ainsi que « Hôtels et restaurants » [Rapport BCC, (2016)]

Au regard de cet état des choses, plusieurs questions hante l'esprit des chercheurs que nous sommes et nécessitent une étude minutieuse afin d'aboutir aux résultats vérifient les faits.

b. Question de recherche

Question principale : Quel serait l'influence ou l'effet de la prépondérance des activités du secteur tertiaire sur la croissance économique en RDC ?

Question spécifique : Existe-t-il une corrélation entre les activités du secteur tertiaire et la croissance économique ?

Tels sont les questions qui vont devoir guider notre recherche et auxquelles nous allons répondre.

4. OBJECTIFS DE LA RECHERCHE

Le phénomène observé étant la montée en puissance des activités du secteur tertiaire dans toutes les économies du monde désignée sous le vocable « tertiarisation », tel que présenté dans les lignes qui précèdent avec les donnés statistiques à l'appui.

La présente étude s'assigne des objectifs, lesquels permettront à répondre aux questions soulevées grâce aux résultats issus de cette recherche.

Objectif principal : Déterminer l'effet de la prépondérance des activités du secteur tertiaire sur la croissance économique de la RDC.

Objectif spécifique : Déterminer la corrélation existante entre les activités du secteur tertiaire et la croissance économique.

5. HYPOTHESES

Il s'agit des réponses provisoires aux questions soulevées, provisoires en ce qu'elles peuvent être affirmées ou infirmées à l'issue d'une étude empirique.

Ainsi, aux questions soulevées nous disons :

- La tertiarisation de l'économie aurait un effet positif sur la croissance économique, autrement dit, la prépondérance des activités du secteur tertiaire aurait pour effet l'augmentation de la croissance de la croissance économique de la RDC. Autant les activités du secteur tertiaire sont élevées, autant la croissance économique est élevée.

- Il existerait une parfaite corrélation entre les activités du secteur tertiaire et la croissance économique.

6. DELIMITATION DU SUJET

Les données faisant l'objet d'analyse de ce travail sont délimitées dans l'espace pour toute l'étendue de la RDC, et dans le temps, elles couvrent la période allant de 1989 à 2018 soit une période de 30 ans.

7. STRUCTURE DU TRAVAIL

L'introduction est la conclusion mise à part, le présent travail sera charpenté autour de quatre chapitres qui, à leur tour seront subdivisés en section. Le premier chapitre portera sur le fondement général de l'étude. Ce dernier sera scinder en deux section ; la première section sera consacrée à l'état de l'art théorique et empirique de la tertiarisation de l'économie tandis que la deuxième portera sur le cadre conceptuel.

Le deuxième chapitre parlera des faits stylisés de la tertiarisation. Celui-ci à son tour sera subdivisé en deux sections ; la première sera axée sur le fondement trisectoriel et la deuxième abordera les analyses désagrégées du secteur tertiaire.

Le troisième chapitre se focalisera sur l'approche méthodologique. Subdivisé aussi en deux section ; la première section s'attèlera sur la démarche méthodologique et la deuxième section portera sur la démarche empirique.

Enfin, le quatrième chapitre quant à lui se focalisera sur l'étude empirique de la tertiarisation de l'économie congolaise. Dans sa première section, nous aborderons l'analyse statistique de la tertiarisation de l'économie congolaise et enfin la deuxième section s'attèlera sur l'analyse économique et les considérations finales.

CHAPITRE I : LE FONDEMENT GENERALE DE L'ETUDE

Introduction partielle

La tertiarisation de l'économie n'est pas un phénomène récent ni soudain, la plupart des économies du monde se sont développées grâce à la monté en puissance des activités du secteur tertiaire. Au demeurant, la part des activités des services occupent la place la plus importante allant jusqu'à 70-80% du PIB dans certains des pays les plus développés et environ 40% dans les pays pauvre.

Ce phénomène de tertiarisation a fait couler beaucoup d'encre et continue à hanter l'esprit des plusieurs chercheurs de l'importance qu'il y a accordé au secteur tertiaire comme étant le secteur moteur de la croissance économique

Dans ce premier chapitre, il est question de poser le fondement basique de notre étude pour cerner la portée sémantique que recouvre notre thème. Subdivisé en deux sections, la première va s'atteler sur le cadre conceptuel de l'étude tandis que la deuxième section est axée sur l'état de l'art théorique et empirique de la tertiarisation.

Il s'agira dans un premier temps de définir les concepts de base pour mieux élucider les théories qui seront émises quant à la croissance tertiaire, ensuite nous allons faire une étude rétrospective pour voir les jalons placés par nos prédécesseurs en vue d'un cheminement vers l'objection et la saisie de notre étude.

Section 1 : Le cadre conceptuel

Pour mieux appréhender notre étude, il est important de définir les concepts fondamentaux qui nous accompagneront tout au long de ce travail. La présente section sera consacrée à cette fin.En effet, notre thématique est constituée de deux concepts fondamentaux à savoir la tertiarisation et la croissance économique. Les lignes qui suivent nous en dirons plus.

I.1.1 La tertiarisation

Selon [A. Beston,(2007)], la tertiarisation désigne la montée des activités des services dans les économies contemporaines au détriment de l'agriculture et de l'industrie.

Elle est un phénomène de prépondérance des activités dit de secteur tertiaire dans une économie donnée. Notons que le terme tertiarisation est un concept polysémique, il recouvre plusieurs sens. Pour bien cerner la portée du concept tertiarisation, nous définissons donc les différents concepts qui lui sont associé.

1. Secteur d'activité

Un secteur d'activité est un ensemble d'activités productives présentant des caractéristiques communes [A. Beston, (2007)]. La classification des activités économiques en activités primaire, secondaire et tertiaire est due à A.B.G Fisher [P Petit, (1998)].

Fisher considère comme primaire les activités agricoles, minières, forestières et maritimes ; comme secondaire les activités manufacturières et la construction ; et regroupe dans le tertiaire les autres activités, [P Petit, (1998)]. Fourastié reprend le découpage de Fisher et Clark et ajoute un autre élément pour caractériser chaque secteur : l'intensité du progrès technique [J. Fourastié, (1963)].

Selon [J. Fourastié, (1963)], le progrès technique est « moyen » dans le secteur primaire, « fort » dans le secteur secondaire et « faible » dans le secteur tertiaire.

Les définitions actuelles distinguent :

- Secteur primaire ; qui regroupent l'ensemble des activités économiques productrices des matières premières, notamment l'agriculture, l'exploitation des forêts, la pêche et les mines.

- Secteur secondaire ; qui comprend les activités économiques correspondant à la transformation des matières premières en biens de production ou en biens de consommation : l'industrie, le bâtiment et les travaux publiques.

- Secteur tertiaire ; qui incluent les activités productrice des services : commerce, banque, transports, administration, hôtelleries, santé...

Selon la loi de trois secteurs énoncée par C. Clark, (1941), la part respective des trois secteurs varie avec le niveau de développement économique [P. Jaccard, (1995)].Cette classification en trois secteurs ; primaire, secondaire et tertiaire demeure une de plus connues malgré des aspects fortement critiquable. Bien qu'il soit reproché à cette classification le fait que les frontières entre le secteur apparaît souvent formel et le secteur tertiaire est un secteur résiduel [P Petit, (1998)].

Par contre, il n'apparait pas possible de fonder la classification comme le pensait Fourastié, sur des différences des gains de productivité ; élevés dans le secteur secondaire et faibles dans le tertiaire [J. Fourastié, (1963)].En effet, les nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) permettent une progression étonnante de la productivité dans le grand commerce ou les banques (magnétique) pour ne citer que ces deux exemples.

2. Loi de trois secteurs

La loi de trois secteurs exprime une relation entre le niveau de développement économique et la part respective des trois secteurs d'activité [A. Beston, (2007)].

Selon Clark qui a formulé cette loi, toute économie suit le schéma suivant : « dans un premier temps le secteur secondaire se développerattrape puis dépasse le secteur primaire, il devient le plus important et la population active du secteur primaire diminue au profit du secondaire (exode agricole puis rural) » [P. Jaccard, (1995)].

Cette idée d'un glissement des activités vers le secteur tertiaire avait déjà été introduite par Fisher, cependant cette loi a été assez critiquée pour sa prétention à proposer un mode universel de développement [A. Beston, (2007)].

3. Le secteur tertiaire

Le secteur tertiaire recouvre un vaste champ d'activités qui va de l'administration, en passent par le transport, les activités financières et immobilières, les services aux entreprises et aux particuliers, l'éducation, la santé et l'action sociale [Le chau, (1965).

En RDC, selon la répartition sectorielle [Rapport BCC, (2016)], le secteur tertiaire comprend les branches ci-dessous :

- Le commerce ;

- Le transport et télécommunication ;

- Autres services hors administration publique ;

- Services d'administration publique et

- Les services d'intermédiation financière indirectement mesurés.

De façon générale, les services sont considérés comme ayant un caractère intangible, non transférable et non stockable. De plus, leur prestation comporte habituellement un contact direct entre le producteur t le consommateur.

Cependant, des innovations sur le plan de la technologie et de l'organisation industrielle ont fortement modifiées la nature tant des biens que des services, de sorte qu'il devient plus difficile d'établir une distinction nette entre les deux [Rapport, (1996)].

Pour effectuer les analyses et notamment celle de la situation socioéconomique du secteur tertiaire les activités tertiaires sont scinder en deux catégories [Rapport ICEDD, (2009)] :

· Le secteur tertiaire non marchand

Regroupe les services qui sont fournit sans rétribution et dont leur valeur est estimée par les coûts d'exploitation des ces activités. Il couvre essentiellement les prestations de nature collective à destination de la population (administration, enseignement...)

· Le secteur tertiaire marchand

Cette catégorie regroupe les services rendus contre le versement d'une rémunération qui permet au fournisseur de dégager un profit.Etant donné un secteur de service,[P. Cahuc et M. Debonneuil, (2004)], distinguent deux types des services à savoir le service aux producteurs et les services aux consommateurs.

Ils font savoir que les services aux producteurs ont connu et continue de connaitre un développement dans tous les pays développés en relation avec le développement important des nouvelles technologies. Ce sont essentiellement les services aux entreprises et les services financiers.

Parmi les services aux consommateurs en revanche, deux catégories seulement peuvent être considérées comme de consommation de masse.D'une part, ceux qui, impliquant la mise à disposition définitive d'un bien (commerce) ou temporaire d'un savoir-faire indispensable et qu'un consommateur ne peut se rendre lui-même (transport, hôtellerie,...).

D'autre part, les services sociaux qui, malgré l'absence des gains de productivité, se sont développés depuis longtemps et sont mêmes devenus des véritables consommations de masse en raison d'une solvabilité partielle ou totale de la demande de l'Etat.Au par-delà de cela, les industries des services peuvent être regroupées en trois catégories : le tertiaire moteur, le tertiaire traditionnel et le tertiaire non-commercial[Rapport, (1996)]. Chacune de ces classes possède ses caractéristiques propres et son profil d'emplois.

Généralement, une activité est considérée comme motrice lorsqu'elle exerce un effet d'entraînement sur une autre activité. Les industries du tertiaire moteur ont un certain nombre des points en commun qui contribuent à leur caractère dynamique. Ce sont des industries à forte valeur ajoutée, qui dans la majorité des cas opèrent de plus en plus dans des marchés internationaux concurrentiels.

De plus, elles sont en voie de devenir une composante indispensable à la production des biens. Les industries retenues dans cette catégorie sont les suivantes : les télécommunications, l'énergie électrique, les intermédiaires financiers et les services aux entreprises.

Le tertiaire traditionnel englobe généralement des industries dont l'activité existe depuis très longtemps, principalement le commerce, le transport, les services personnels et la restauration. Certes, ces industries connaissent aussi une certaine évolution. Toutefois, elles sont moins soumises aux tendances de la mondialisation et du progrès technique qui conditionne l'évolution des secteurs des biens et du tertiaire moteur.En grande partie, les entreprises des services traditionnels évoluent dans des marchés locaux et la valeur ajoutée y est plus faible.

La troisième catégorie, celle des services non-commerciaux comprend l'enseignement, la santé, les services sociaux et l'administration publique. Ces services ont une incidence primordiale sur la compétitivité d'une économie.

I.1.2 La croissance économique

Depuis Adam Smith et sa richesse des nations, la croissance occupe l'esprit de nombreux économistes[Diemer, (2012)].Elle est un phénomène de longue période contrairement à l'expansion, terme qui est utilisé dans l'analyse des fluctuations et des cycles [A. Beston, (2007)].

Selon Simon Kuznets, on peut la définir comme un accroissement durable de la population et du produit par tête [C. Kazadi, (2019)]. Et pour F. Perroux, la croissance est un phénomène irrégulier qui s'accompagne des changements dans les structures [C. Kazadi, (2019)].

La croissance économique joue un rôle clef dans la progression du revenu par tête, dans le rattrapage éventuel de niveau de vie entre pays développés et pays en voie de développement. Toutefois, elle n'est pas un phénomène stable dans le temps [A. Beston, (2007)].

Par ailleurs, il règne un flou artistique entre croissance et celui de développement. Ce dernier est généralement associé à des mutations des structures dans toutes les sociétés. Toutefois, l'observation des réalités démontrent qu'il n'y a de développement sans croissance économique alors qu'il peut exister de croissance sans développement [C. Kazadi, (2019)].

Selon [W. Rostow, (1963)] la croissance économique passerait par les cinq étapes suivantes : la société traditionnelle, les conditions préalables au décollage, le décollage, la marche vers la maturité et la consommation de masse.

1. Mesure de la croissance

Mesurer la croissance économique est un exercice difficile [Diemer,(2012)], c'est pourquoi, de nombreux économistes ont cherchés à dépassé le concept PIB afin d'introduire des indicateurs alternatifs tels que l'IDH, le RNB,... Cependant l'indicateur le plus utilisé et le PIB.

2. Le Produit intérieur brut (PIB)

La croissance économique est souvent mesurée par l'augmentation du PIB mesuré en volume [A. Beston, (2007)]. Il est reconnu comme le meilleur indicateur de l'activité économique, si bien que ce sont ses évolutions que l'on suit pour surveiller l'état de santé de l'économie, mesurer sa croissance ou détecter les récessions.

Le PIB repose sur un ensemble des conventions, il mesure ce qui est produit pendant une période donnée par le travail rémunéré [Diemer, (2012)]. Par son mode de calcule, le PIB rend des grands services, il permet de sommer les valeurs ajoutées de tous les secteurs institutionnels sur un territoire donné [Philippe H, (2003)].

3. Les trois approches du PIB

D'une manière très synthétique, le PIB vise à mesurer la richesse créée par les hommes dans un pays pendant une période donnée. Cette création des richesses peut être considérée selon trois points de vue différents, appelés les trois approches du PIB1(*)

- L'approche production

Dans l'approche production, le PIB est calculé à partir de la valeur ajoutée. C'est-à-dire la différence entre la production et la consommation intermédiaire. Ainsi le PIB selon l'approche production se calcule de la manière suivante :

PIB= Somme des valeurs ajoutées(+) Impôts sur les produits (-) Subventions sur les produits

- L'approche Revenu

La production est également l'occasion d'une répartition de la richesse produite entre salariés, les entreprises et l'Etat. L'approche du revenu met en évidence cette répartition.

PIB= Rémunération des salariés(+) Autres impôts sur la production (-) Autres subventions sur la production(+) excédent d'exploitation sur revenu mixte (+) Impôts sur les produits-Subventions sur les produits

- L'approche demande

Autrement appelée approche dépenses, elle montre comment la richesse créée a été utilisée.

PIB= Consommation finale (+) Formation brut du capital fixe (+) Variation des stocks+Acquisitions moins cessions d'objets de valeur (+) Exportations (-) Importations

Section 2 : Etat de l'art théorique et empirique de la tertiarisation sur la croissance économique

I.2.1 Etat de l'art théorique de la croissance tertiaire

Il faut noter qu'il existe chez les économistes un débat controversé quant au rôle des services dans la dynamique économique mais aussi aux enjeux de la croissance tertiaire.Plusieurs thèses ont vu le jour et mettent en exergue deux conceptions opposées de l'économie et de la société de service ; une conception post industrialiste et une conception de nature néo-industrialiste. Dans la présente section, nous proposons une mise en perspective historique des principales théories explicatives de la croissance tertiaire.

1. Les conceptions de la société post industrielle

La paternité du terme économie de service est due à Daniel Bell qui est sans doute l'un des auteurs les plus connus bien qu'il soit sociologue [J. Gradey et J .Delaunay (1987)]. Dans un célèbre ouvrage paru en 1976, l'auteur annonce l'avènement d'une « société postindustrielle » qui s'inscrit très nettement dans le prolongement de la société industrielle [C. Mara et Harvey, (2000)].

Selon [J. Gradey, (1992)] Cette société postindustrielle est présentée à la fois comme une société des services, une société d'abondance, une société urbaine, une société du savoir, et enfin une société plus juste.

1.1 Une société de services

La société postindustrielle est inexorablement une société de services. Bell [J. Gradey et J .Delaunay (1987)] met ainsi en évidence le caractère inéluctable de la progression des services dans l'emploi sous l'effet combiné de la Loi d'Engel (élasticité revenu élevée de la demande de services) et de la faible productivité (relative) du travail dans les activités de service.

Pour [J. Geours, (1982)], l'enrichissement croissant de la société conduit à un accroissement de la part des services dans la structure de consommation des ménages. Polèse mentionne par ailleurs que les services accueillent une part grandissante de la population active du fait de la forte demande qui leur est adressée et de la faible productivité qui caractérise leur production. [M. Polèse, (1988)].

1.2 Une société d'abondance

[B. Coriat, (1989)] constate que l'industrialisation et la productivité industrielle élevée ont contribué à une grande profusion des biens matériels. En effet, du fait de coûts (et donc de prix) relativement faibles, les ménages peuvent accroître rapidement leur niveau d'équipement en appareillages domestiques [J. Gradey et J .Delaunay (1987)]. Cette abondance de biens matériels sera d'ailleurs également au coeur de la principale thèse concurrente de celle de Bell, à savoir la théorie du self-service défendue par Gershuny[C. Mara et Harvey, (2000)].

[J. Gradey, (1992)] précise que cette dernière est en effet élaborée sur le constat d'une tendance au « suréquipement » des ménages en technologies domestiques visant à autoproduire des services au sein de la sphère familiale.

1.3 Une société urbaine

La société postindustrielle est une société urbaine. C'est en effet, en ville, que l'on peut jouir pleinement de cette société d'abondance [M. Polèse, (1988)]. L'emploi étant concentré dans les (grands) centres urbains, on assiste à un dépeuplement graduel des campagnes [H. Coing, (1998)]. Selon Lorrain, cette perspective renvoie à de nombreux travaux contemporains de géographie et d'aménagement quant à la concentration urbaine des services, et en particulier des services aux entreprises [D. Lorrain, (1993)].

1.4 Une société du savoir

La société postindustrielle est centrée sur le savoir scientifique, la maîtrise de l'innovation et les technologies à fondement scientifique [J. Bouchez, (2012)]. Ce point est central dans la thèse de Bell[C. Mara et Harvey, (2000)].

S'appuyant sur quatre faits stylisés à savoir ; la prééminence de la classe des professionnels et techniciens, la primauté du savoir technique, la planification de la technologie et l'émergence d'une nouvelle technologie de l'intellect. Bouchez estime que la société postindustrielle conduit en effet à une transformation de la structure sociale et professionnelle [J. Bouchez, (2012)]

Peut-on lire [OCED, (1999)] que les métiers techniques et professionnels (articulés autour des quatre grands corps : scientifique, technologique, administratif, et culturel), constituent le centre vital de la société postindustrielle. C'est la nature même du travail qui change. Celui-ci se fonde de plus en plus sur des contacts directs entre personnes, qui échangent de l'information et du savoir [M. Debonneuil, (2017)].

C'est dans cette foulé que [M. Lengelle, (1966)] atteste que c'est la primauté du savoir scientifique et technique et la prééminence des métiers de techniciens et professionnels qui confèrent un rôle particulier à la formation universitaire,Bell (1976) ajoute que « l'importance toujours plus grande des connaissances techniques et du savoir-faire professionnel fait de la formation scolaire et universitaire une condition d'admission à la société postindustrielle elle-même » [C. Mara et Harvey, (2000)].

En effet ; la société postindustrielle s'appuie fortement sur la planification et la maîtrise du développement technologique [OCED, (1999)]. Dans cette société, l'innovation, dont l'auteur révèle l'accélération et l'ampleur, résulte directement, et de plus en plus, de l'effort de recherche et développement [M. Debonneuil, (2017)]. Par ailleurs, [P. Petit, (1988)] précise que le rôle clef réservé à la connaissance théorique modifie profondément dans la société nouvelle le rapport entre science et technologie. D'autre part, note encore Bell (1976): « Dans cette société, le centre de gravité se déplace de plus en plus nettement vers le « secteur du savoir », qui absorbe une part croissante de la main-d'oeuvre et forme une part croissante du PNB » [C. Mara et Harvey, (2000)].

Enfin, la société postindustrielle met l'accent sur le traitement de problèmes de « complexité organisée » et la recherche de lignes de conduite rationnelles que [J. Bouchez, (2012)]qualifie de nouvelles technologies de l'intellect.

1.5 Une société plus juste

La société postindustrielle est enfin une société plus juste [C. Gallouj et F. Djellal, (2004)], d'abord parce qu'elle est régie par un mode de jugement ou d'évaluation sociologiste plutôt qu'économiste [C. Gallouj et F. Djellal, (2004)]. Elle implique ainsi un changement de système de valeur qui est porté en partie par la nouvelle classe dominante [J. Gradey et J .Delaunay (1987)]. Les nouveaux modes de gestion sont en effet plus socialisés, plus planifiés et concertés. Ils supposent des valeurs moins individualistes que celles qui caractérisent la société industrielle [A. Touraine, (1996)].

Plus généralement, le mode sociologiste est fondé sur l'intérêt général et la justice sociale[J. Gradey, (1992)]. Il se pose alors le problème de la soumission de la fonction économique aux objectifs sociaux [A. Touraine, (1996)], ensuite parce que dans la société postindustrielle, on assiste à une intervention croissante de l'État, tant dans la formation des revenus que dans le contrôle du fonctionnement des marchés car les services ont ici un caractère plus collectif [J. Gradey et J .Delaunay (1987)].

Bell considère que les locomotives du tertiaire sont les services de santé, d'éducation, de recherche, d'environnement, les services publics et administratifs[C. Mara et Harvey, (2000)]. À terme, ces services à caractère collectif, qui sont pour l'essentiel associés à l'État-providence, devraient prendre le pas sur les autres catégories de services [J. Gradey et J .Delaunay (1987)]. C'est à partir du milieu des années 1970 note qu'économiste [C. Gallouj et F. Djellal, (2004)] que seront contestées les théories postindustrielles de la croissance et de la croissance tertiaire par phases ou étapes.

B. Les conceptions et théories néo-industrielles

[J. Gradey, (1992)] note queles approches dites néo-industrielles sont à la fois nombreuses et variées. Elles ont néanmoins en commun de ne pas envisager les services en dehors d'une économie à base prioritairement industrielle. Il revient à [J. Gradey et J .Delaunay (1987)] d'avoir « catégorisé » les principales approches concernées. Ainsi, en dehors de la théorie du self-service qui, par sa structure et sa cohérence, constitue la thèse la plus achevée parmi le courant néo-industrialiste, les auteurs envisagent trois grandes approches qui mettent ou remettent l'industrie au coeur du débat.

1. L'industrie comme activité motrice

On peut classer selon les approches néo-industrialistes selon trois grandes trajectoires de recherche [J. Gradey et J .Delaunay (1987)]. La première s'inscrit dans la lignée de la tradition classique initiée par Adam Smith (1976) qui, rappelons-le, considère que les services sont improductifs. Le tertiaire est par conséquent, dans cette conception, un secteur parasitaire dont la progression explique en grande partie les ralentissements économiques et les crises contemporaines [C. Gallouj et F. Djellal, (2004)].

La deuxième trajectoire, tout en souscrivant à l'hypothèse de l'improductivité des services,revêt néanmoins une dimension moins négative [J. Gradey et J .Delaunay (1987)]. Les services pèsent sur le fonctionnement de l'économie, mais ils sont cependant indispensables, en particulier en raison de leur capacité à créer ou à retenir l'emploi [J. Gradey et J .Delaunay (1987)].On parle alors de tertiaire « refuge » ou « éponge » à emplois [J. Gradey, (1992)].

Enfin, la troisième trajectoire, qui analyse plus en détail les interrelations entre les services et l'industrie, considère que les activités industrielles sont bien à la base de la dynamique économique (elles sont les seules activités motrices), mais qu'elles permettent une certaine expansion du tertiaire[C. Linchtenstein, (1993)]. L'argument central de ce courant à en croire [P. Petit, (1988)] est que les services ne sont pas en voie de supplanter l'industrie mais qu'ils se développent parallèlement à elle.

Cette conception, qui met en évidence une transformation des modes de fonctionnement de l'industrie, est principalement soutenue par Cohen et Zysman (1987). Ces auteurs réfutent ainsi l'idée d'un développement économique appuyé sur une succession d'étapes qui amènerait les services à se substituer à l'industrie[A. Bracet et J. Bonamy, (1988)]. Ils écrivent à ce propos: « Nous soutenons que le principal changement affectant nos sociétés contemporaines se situe bien dans la transformation, à la fois de l'industrie et des services, et non pas dans le remplacement de l'industrie par les services » [A. Bracet et J. Bonamy, (1988)].

Les services se situent par rapport à l'industrie dans une logique de complémentarité et non pas de substitution[C. Linchtenstein, (1993)]. Néanmoins, dans la conception de Cohen et Zysman (1987), les services restent subordonnés à l'industrie[A. Bracet et J. Bonamy, (1988)]. Cette dernière continue clairement de jouer un rôle central au sein du système économique[C. Linchtenstein, (1993)]. Ce sont à la fois sa compétitivité et son renouvellement qui créent les conditions de l'expansion des services [C. Sauviat, (1989)].

Les trois trajectoires néo-industrielles que nous venons de présenter, semblent continuer d'alimenter aujourd'hui les discours politiques les plus autorisés. Dès lors, on assisterait au développement d'une véritable société de self-service [J. Gradey et J .Delaunay (1987)]. Pour Gershuny, la tendance au self-service devrait se poursuivre à l'avenir au moins pour deux raisons essentielles:l'innovation technologique permet de réduire régulièrement le prix des « machines à usage domestique » mais aussi le coût du travail relativement élevé dans les sociétés développées rend le prix des services externes prohibitif par rapport à l'achat de biens matériels destinés à l'autoproduction de services[J. Gradey et J .Delaunay (1987)].

En conclusion, le coeur de nos sociétés resterait donc la production de biens matériels assurée par le seul secteur moteur qu'est le secteur industriel [J. Geours, (1982)]. La société industrielle étant, dans ces conditions, toujours dominante quoiqu'en transformation.

2. Les approches intégratrices de la croissance tertiaire : complexité, risque et incertitude

Les deux thèses dont nous souhaitons faire ici état se démarquent un peu des précédentes en ce sens que, tout en relevant des logiques néo-industrielles, elles apparaissent nettement plus nuancées sur la question de l'opposition biens-services, et qu'à l'inverse des approches précédentes, au-delà des services aux ménages, elles tiennent compte de manière directe des services aux entreprises.

À la suite des travaux précurseurs en particulier d'Harry Greenfield (1966), nombre d'auteurs ont insisté sur la montée en puissance des services aux entreprises et sur le rôle central des services de haut niveau destinés aux entreprises et aux organisations [P. Petit, (1988)].

Les auteurs de ce courant dit de la « production néo-industrielle de services » selon les termes de [J. Gradey et J .Delaunay (1987)], mettent en avant la sophistication, la diversité et la différenciation accrue des produits (what we produce) ainsi que de la complexité croissante de l'organisation (how we produce) des structures productives.

Cette transformation du what-how selon [P. Jaccard, (1995)] serait à l'origine de l'expansion des services intermédiaires destinés principalement aux entreprises ; dimension négligée tant par le modèle de Fisher-Clark que par les théoriciens de la société postindustrielle, ou encore par une large part du courant néo-industriel.

Dans un tel cadre, [C. Gallouj et F. Djellal, (2004)] mentionnent que l'expansion des services résulte essentiellement des besoins croissants en services complémentaires destinés directement aux entreprises. Il s'agit de services accompagnant la distribution de biens, la formation du capital humain, la répartition spatiale ou encore la régulation d'ensemble du système productif. C'est bien ici le système productif qui apparaît, dans ses mutations techniques et organisationnelles, au centre de l'analyse de l'économie des services[J. Gradey, (1992)].

Or, ces systèmes induisent par essence de l'incertitude [B. Coriat, (1988)]. Ils sont par ailleurs sujets à une très forte vulnérabilité[C. Linchtenstein, (1993)]. Ces deux éléments constituent pour [C. Gallouj et F. Djellal, (2004)] les motifs puissants de la croissance de certains services visant à la réduction de l'incertitude ainsi qu'à la couverture financière des risques encourus. Dans ces conditions, on comprend que la valeur des biens ne se mesure plus à l'aune exclusive des coûts de production, mais également et de plus en plus à celle de leurs performances et de leurs usages [C. Mara et Harvey, (2000)].

Aujourd'hui, tant l'agriculture que l'industrie doivent s'appuyer de plus en plus sur les services pour améliorer leur performance économique, que ce soit en termes de production ou de distribution. Giarini observe ainsi que les fonctions de service interviennent à cinq niveaux dans la production et l'usage des richesses[C. Gallouj et F. Djellal, (2004)] :

- Au niveau de la recherche et développement, des plans d'investissement et des études de marché ;

- Au niveau de la planification, de l'entretien, du stockage, du contrôle qualité et des mesures de sécurité ;

- Au niveau de la distribution ;

- Au niveau de la durée de vie des produits ;

- Au niveau de la gestion des déchets et de la pollution générée à chaque stade de la production, mais également à la fin de la durée de vie des produits.

Les services apparaissent alors comme le moyen de prévoir, de surmonter et de réduire la vulnérabilité consubstantielle à des systèmes de plus en plus complexes. Il s'agit ainsi en quelque sorte d'une vision assurantielle de la croissance des services.

I.2.2 Etat de l'art empirique sur la tertiarisation

Loin de nous de prétendre avoir lu tous sur la thématique tertiarisation, néanmoins nous allons mettre en évidence quelques travaux empiriques ayant abordé le thème de la tertiarisation sous divers aspects et les résultats auxquels ils ont aboutit.

1. La conception post industrielle

[P. Cahuc et M. Debonneuil, (2004)] parlant de« Productivité et emploi dans le tertiaire », ces deux auteurs cherchent à déterminé la productivité du secteur tertiaire sous le chapitre de l'emploi. Ils partent d'un premier constat selon laquelle la France, en comparaison internationale, a un faible taux d'emploi et ceci résulte principalement des évolutions enregistrées dans le secteur des services, qui représente aujourd'hui environ les trois quarts de la part de l'emploi total dans les pays de l'OCDE.

Alors que la France avait un taux d'emploi inférieur à celui des États-Unis de l'ordre de 1 point seulement au début des années soixante-dix, l'écart s'élevait à plus de 17 points en 2001 : 64 % contre 81 %.

Cette moindre performance résulte pour partie majeur d'une plus forte baisse de l'emploi industriel en France, mais l'essentiel s'est joué dans les services : la presque totalité de l'écart de taux d'emploi constaté en 2001 venait de ce secteur.

En définitive, la France avait le même taux d'emploi que les États-Unis dans l'ensemble de ces trois secteurs, elle aurait 3,4 millions d'emplois supplémentaires, ce qui suffirait à résorber le chômage ; la même comparaison avec l'Allemagne aboutit à 1,2 million d'emplois, concluent-ils.

[Pierre-Yves LEO et Jean PHILIPPE, (2008)], ayant abordé sous le thème « Villes moyennes face à la tertiarisation de l'économie », une étude menée dans quatre villes Européenne à savoir Avignon, Grenade, Ljubljana et Tarbes.

En considèrent l'ensemble des activités économiques, le secteur tertiaire emploie dans ces quatre villes entre 77 et 83 % des actifs. Il est donc difficile de les différencier sur un indicateur aussi global.

Mis à part Grenade où le secteur manufacturier s'est très peu développé, les villes moyennes étudiées conservent des spécialisations industrielles ponctuelles issues de leur passé : l'aéronautique et la céramique technique à Tarbes, l'industrie agro-alimentaire et la céramique pour Avignon, les industries mécaniques et diverses à Ljubljana.

Ce passé industriel paraît encore très présent dans les mentalités à Tarbes, beaucoup moins à Avignon ou à Ljubljana. A Grenade, l'industrie, sans grande tradition pourtant, paraît aussi comme un élément central des projets de développement futurs.

Les économies locales de ces villes s'appuient principalement sur des piliers tertiaires et la distinction a priori entre activités « motrices » et activités destinées à la population a du mal à s'imposer au niveau d'une monographie locale, notamment du fait du poids considérable du secteur des commerces de détail.

Ce secteur bénéficie en effet d'une aire de chalandise beaucoup plus étendue que la seule aire urbaine qu'il abrite. Cela peut provenir d'une fréquentation temporaire de type touristique ou du rayonnement de la ville sur un hinterland étendu. Chaque ville rencontre cependant ses limites en se heurtant à la concurrence spatiale des autres villes, comme c'est particulièrement le cas pour Tarbes.

[OCED, (2015)], Dans leur rapport portant sur « Les services et la croissance économique : Emploi, Productivité et Innovation »

Il appert de ce rapport que le secteur des services représente aujourd'hui plus de 70 % de l'emploi total et de la valeur ajoutée dans les économies de l'OCDE. Il assure la quasi-totalité de la croissance de l'emploi dans la zone OCDE.

En dépit du poids grandissant de ce secteur, dans beaucoup de pays membres, la croissance de la productivité des services a été lente et la part de la population d'âge actif employée dans les services reste faible.

Par ailleurs, il est remarquer qu'accélérer la croissance n'est pas le seul impératif pour les responsables de l'action gouvernementale; il se pourrait que les pays de l'OCDE sont également confrontés à une mondialisation grandissante des services et des activités manufacturières et à des mutations technologiques rapides. Si ces évolutions ont suscité des doutes sur la capacité des économies de l'OCDE de créer de nouveaux emplois, elles offrent aussi de nouvelles perspectives pour les échanges et les investissements internationaux.

Afin de relever ces défis et de renforcer la capacité des services de stimuler l'emploi, la productivité et l'innovation, il faudra s'appuyer sur des paramètres macroéconomiques fondamentaux robustes et mettre en oeuvre un ensemble de politiques structurelles.

[Mario Polèse, (1988)], ayant abordé sous le thème : « la transformation des économies urbaines : tertiarisation, délocalisation et croissance économique », un article paru aux éditions de Cahiers de recherche sociologique. L'auteur révèle qu'on assiste ainsi à la transformation des structures économiques urbaines, des structures d'emploi et de production. Les uns appelleront ce phénomène tertiarisation, les autres le nomment désindustrialisation.

En effet quel que soit le nom qu'on lui donne, il s'agit toujours de caractériser le déclin (relatif ou absolu) du secteur manufacturier et la montée, en contrepartie, du secteur tertiaire. Il se révèle que L'économie montréalaise n'échappe pas à ce mouvement; environ 75% des Montréalais travaillent aujourd'hui dans le secteur tertiaire comparativement à 63% il y a quinze ans.

Polèse note par ailleurs que la tertiarisation des structures d'emploi touche toutes les grandes villes du monde industrialisé. C'est ainsi par exemple que, en une dizaine d'années, la part du secteur manufacturier dans l'emploi total est passée de 28,9% à23, 7% dans la région bostonaise, de 22,1% à 17,2% à Atlanta, de 35,4% à 26,0%à Chicago et de 19,5% à 14,0% à San Francisco. Au cours de la même période, larégion new-yorkaise a perdu, en termes absolus, 280 000 emplois manufacturiers,la région de Philadelphie 110 000 emplois et la région de Detroit 156 0002.

Quelques villes américaines ont vu augmenter le nombre d'emplois manufacturiers(Boston, Minneapolis, Dallas, San Diego), mais même dans ces cas, la partrelativede ce secteur a tendance à diminuer. Bref, la tertiarisation progressepartout, même dans les villes dont le secteur manufacturier manifeste undynamisme nouveau.

[Jean-Louis DAYAN, (2014)], dans son article publié aux éditions Descartes intitulé «Au-delà de la tertiarisation : 30 ans de modifications du tissu productif », il ressort dans son étude qu'entre 1980 et 2009, le tissu productif français s'est modifié en profondeur. Le nombre d'emplois salariés a augmenté considérablement, 5.5 millions d'emplois sont crées en trente ans, leur répartition se révèle fort inégale selon la forme des entreprises, les secteurs et les territoires considérés.

Il est constaté que la croissance de l'emploi tertiaire a favorisé l'augmentation du nombre des petites entreprises. Ce phénomène a été amplifié par les stratégies d'externalisation des grandes entreprises.

Parallèlement, la montée en puissance des groupes observés depuis les années 1980, traduit une modification de statuts juridiques des unités productives bien plus qu'une transformation des formes d'organisation de la production : entre 1986 et 2009, les plus grands groupes ont peu contribué à la croissance de l'emploi dans le secteur privé marchand.

Le nombre et les effectifs des groupes de petite taille ont augmenté de manière exceptionnellement forte, mais ce phénomène est moins le signe d'un bouleversement productif que le produit du changement du cadre légal et fiscal de l'organisation des entreprises.

[Rapport, (1996)],Dans ce rapport de la Direction de l'analyse de la conjoncture Industrielle, au sein du Ministère de l'Industrie, du Commerce, de la Science et de la technologie, il est mené une étude portant sur «La tertiarisation de l'économie du Québec ». Ce rapport cherche à évalué l'incidence de la prépondérance des services sur l'économie du Québec. Il se révèle donc que l'économie du Québec, depuis trente ans, est de plus en plus axée sur la production des services.

En effet, la croissance de l'emploi, durant cette période, est essentiellement attribuable au secteur tertiaire. Cette tendance majeure entraîne des changements considérables dans la nature des emplois.

Les activités qui prennent le plus d'ampleur se retrouvent dans le tertiaire moteur (surtout les services aux entreprises), dans les services publics et dans certains domaines traditionnels comme les soins personnels, l'hébergement et la restauration.

Le progrès technologique, la libéralisation des échanges, les changements dans les habitudes de consommation, de même que l'importance accordée à l'éducation et à la santé représentent les principales causes de l'avènement d'une économie de services.

Ainsi, la conséquence majeure de la tertiarisation des activités se traduit par une certaine polarisation de l'emploi: d'une part, des emplois hautement spécialisés, bien rémunérés et stables, et, d'autre part, des emplois peu qualifiés, relativement mal rémunérés et précaires.

[Rapport ICEDD, (2009)], ce rapport de l'Institut de Conseil et d'étude en développement durable, a analysé la thématique :« Le secteur tertiaire : situation environnementale des entreprises en région Wallonne », une étude qui couvre les aspects socio-économiques et présentant les impacts environnementaux du secteur selon une approche input-output, pour le compte de la direction générale opérationnelle de l'Agriculture, de Ressources Naturelles et de l'Environnement en Wallonie.

Ce rapport analyse les intrants du système de production, que ce soit en termes de main d'oeuvre, d'investissements ou de consommables tels que l'eau ou l'énergie, ainsi que ce qui sort du processus de production, c'est-à-dire la contribution à la croissance économique de la Wallonie et les impacts environnementaux tels que les émissions atmosphériques, les rejets en eau ou les déchets.

L'étude des impacts environnementaux directs du secteur tertiaire est complétée par l'analyse de certains impacts indirects tels que les déplacements induits par les activités de services ou encore l'espace au sol utilisé.

Par contre, l'analyse des impacts environnementaux du secteur tertiaire est rendue difficile par les caractéristiques mêmes des activités des services ainsi que par les lacunes dans la disponibilité d'informations.

La grande diversité des activités appartenant au secteur tertiaire est la source d'impacts environnementaux diversifiés, que ce soit en terme de volume, de caractéristiques ou même de domaine environnemental touché.

Il se révèle donc que les activités de soins de santé générant assez bien de déchets dangereux n'engendrent pas les mêmes dommages environnementaux que les activités de transport qui consomment de grandes quantités d'énergie et sont aussi à l'origine d'émissions des polluants atmosphériques.

En somme les activités étudiées et les regroupements d'activités divergent d'une étude à l'autre et d'une enquête à l'autre. Ainsi, en fonction de la source de données quantitatives ou qualitatives, l'approche du secteur sera différente, dans la mesure où cette approche va dépendre de l'impact environnemental étudié (consommation d'eau, consommation d'énergie, génération de déchets, etc.).

[Vincent Hecquet, (2013)], dans une recherche mené en France portant sur « Emploi et territoire de 1975 à2009 : tertiarisation et rétrécissement de la sphère productive », il a été constaté qu'entre 1975 et 2009, le nombre d'emplois a fortement progressé en France métropolitaine passant d'après le recensement de la population de 20,8 millions à25,7 millions.

Pendant ces trente-quatre ans, ajoute-t-il que le monde du travail a été reconfiguré à travers un profond mouvement de tertiarisation. Plus de 8,8 millions d'emplois ont étés crées dans les activités tertiaires. Cependant, il constate qu'à l'opposé, l'industrie a perdu 2,5 millions d'emplois, l'agriculture en a perdu 1,4 millions.

Cette montée en puissance du tertiaire s'est opérée au détriment de tous les autres secteurs. La part de l'industrie a diminué de moitié, passant de 29% à 14% des emplois ; celle de l'agriculture a été divisée par trois, descendant de 10% à 2,9%

Il s'est révélé qu'au recensement de 1975, l'emploi industriel dépasse 5,9 millions des personnes, soit 300000 de plus qu'à celui de 1968. Dès lors, il a continuellement baissé avec les gains de productivité, le déclin des activités minières sidérurgiques, l'externalisation et la concurrence accrue des pays à moindre coût de la main d'oeuvre.Cette baisse s'est intensifiée dans les années 1980 où la plupart des industries des biens intermédiaires (sidérurgie, métallurgie, chimie, textile, bois et papiers).

[P. Petit, (1994)],dans son article intitulé « les modalités de la croissance des services au Japon » souligne que le mouvement de la tertiarisation observée au Japon n'est pas pour autant une réplique des évolutions constatées en Europe et aux Etats-Unis.

Par contre il fait remarquer que dans la première moitié du siècle, la croissance du Japon était encore plus faible que celle observée en Europe ou aux Etats-Unis. Cependant une particularité du Japon dans cette première période est assez évidente : les activités des services y apparaissent plus productives et dynamique que les autres activités.

Dans la seconde moitié du siècle, l'économie Japonaise à l'inverse se distingue par l'intensité de son rythme de croissance en particulier sur la période 1950 à 1973 avec des gains de productivité deux fois plus importants que la moyenne : 9,5% l'an dans l'industrie (versus 5,2%), et 4,0% l'an dans les services (versus 2,5%).

2. La conception néo-industrielle

[A. Screiber et A. Vicard, (2008)] , dans leur étude menée en France portant sur : « La tertiarisation de l'économie Française et le ralentissement de la productivité entre 1978 et 2008 » , Il se révèle qu'en France, comme dans de nombreux pays industrialisés, les gains de productivité du travail ont connu un ralentissement régulier lors des trois dernières décennies: dans le secteur marchand, la productivité du travail mesurée comme le rapport entre la valeur ajoutée produite et le nombre des personnes en emploi a augmenté de 2,6 % en moyenne par an de 1979 à 1989, de 1,9 % de 1990 à 1999 et de 1,0 % par an de 2000 à 2008.

Parallèlement, ils démontrent également que le processus de tertiarisation s'est poursuivi depuis 1978, environ 150 000 postes sont créés en moyenne chaque année dans les services marchands, alors que 60 000 sont détruits dans l'industrie, ce qui porte à croire que la tertiarisation est présentée comme un des facteurs à l'origine du ralentissement de la productivité.

Cependant, la répartition sectorielle des emplois dans le secteur marchand était restée la même de 1978 à 2008, les gains annuels moyens de productivité apparente du travail auraient été de 2,0 % sur la période, alors qu'ils ont été en réalité de 1,9 %, soit un niveau seulement très légèrement inférieur.

Ainsi, les deux auteurs aboutissent à une conclusion selon laquelle le processus de tertiarisation n'est pas le canal principal du ralentissement tendanciel de productivité observé lors des trente dernières années. Ce dernier se manifeste davantage au sein des grandes branches (agriculture, services marchands, construction, et, dans une moindre mesure, industrie) et de leurs sous-branches, et ce tout particulièrement entre les années 1990 et 2000.

[Camal GALLOUJ et Faridah DJELLAL, (2004)], dans leur ouvrage intitulé« Introduction à l'économie des services », les deux auteurs analysent les théories qui cherche à expliquer l'exceptionnelle croissance des services dans les économies contemporaines.

Ils font une démarcation entre les théories de croissance post-industrialisme et néo-industrialisme qui sont à l'origine de très forte divergence quant au rôle des services dans la dynamique économique et quant aux enjeux de la croissance tertiaire.

A la suite des travaux précurseurs d'Allan Fisher, Colin Clark et Jean Fourastié, les deux auteurs sont venus enrichir deux conceptions de l'économie et de la société de service : une conception post industrialiste et une conception de nature néo-industrialiste.

Au sein de ce débat, ils démontrent que si certaines approches étaient relativement nuancées, l'essentiel des recherches continues de faire jouer à l'industrie un rôle moteur. Ainsi, ils proposent une mise en perspective historique des principales théories explicatives de la croissance des services.

La crispation industrialiste n'est pas absente des approches les plus récentes autour de la notion d'information, de connaissance et d'économie de l'immatériel. Là encore, en insistant sur les NTIC, la R&D et l'innovation (envisagée essentiellement comme changement technologique), on sous-entend que c'est l'industrie qui est au coeur de la croissance économique.

[Mario Polèse, (1974)]ayant abordé la tertiarisation sous le thème « le secteur tertiaire et le développement économique régional : vers un modèle opérationnel des activités motrices », affirme que la société postindustrielle n'est donc plus dans le domaine de la prospective mais elle y est.

Il ajoute que les activités tertiaires fournissent environ le deux tiers de la production et de l'emploi. Il reconnait volontiers au secteur tertiaire le rôle de moteur de la croissance d'où la nécessité d'une définition opérationnelle de la notion de motricité.

Ainsi avance-t-il une hypothèse de base sur laquelle repose la notion d'activité motrice selon laquelle la croissance économique d'une région s'explique en partie par ses activités. De ce fait, la vérification d'un modèle opérationnel du tertiaire moteur exige donc l'utilisation des résultatsde ce modèle pour tester si les régions qui possèdent un fort pourcentage d'activités à haute motricité sont des régions de haute croissance.

[C. Lichtenstein, (1993)] dans son étude intitulé « les relations industrie-services dans la tertiarisation des économies », l'auteur veut interpréter la relation industrie-service comme unesimple tentative d'évaluation de la validité des thèses de tertiarisation et dedésindustrialisation. Pour ce faire, deux étapes sont mises en exergue. La première repose sur le fondement même de ces thèses, à savoir la représentation dusystème économique comme articulation de trois secteurs ; primaire, secondaire ettertiaire. C'est en effet ce découpage qui permet de penser l'évolution économiquecomme une suite de périodes caractéristiques, marquées par des décroissancesrelatives successives des secteurs primaire et secondaire.

Dans cette optique, l'auteur montre comment est née la représentation évoquée. En d'autres termes, il renoue avec la problématique d'auteurs dont les textessont aujourd'hui plus invoqués qu'analysés et qui sont à l'origine du découpage sectoriel de l'économie. Son étude permet de mettre en évidence unereprésentation beaucoup plus fine et nuancée des secteurs et ainsi de relativiserle degré de généralité et la portée du découpage trisectoriel.

Dans une deuxième étape, il remet en cause l'idée d'une dissociation stricte entre secteur industrielet secteur des services. En s'appuyant sur un certain nombre de travaux récents, il démontre que ces deux secteurs sont, en réalité,fortement connectés et que l'une des caractéristiques majeures de l'évolution des économies développées contemporaines est précisément la croissance des services à l'industrie. Ainsi dément-il l'idée d'une tertiarisation corrélative, d'une désindustrialisation de ces économies.

I.2.3 Démarcation

En effet, les différents aspects abordés par nos prédécesseurs dans la thématique tertiarisation, il faut le souligner qu'ils ont abordés dans un contexte bien déterminé.

Ainsi, comme nous pouvons le constater, la plupart des théories et hypothèse émises quant à la tertiarisation d'une économie se révèlent valable pour le modèle des économies développées. Aussi, faut-il le noter que la plupart des auteurs ayant abordé ce thème, l'ont abordé sous l'angle de l'emploi dans le secteur tertiaire.

Eu égard à ce qui vient d'être dit, la présente étude se démarque de ces travaux premièrement par le fait que cette étude est menée dans le contexte d'un pays sous-développé en l'occurrence la RDC. De ce fait, la présente étude vérifiera si les théories de croissance tertiaire qui sont émises pour les pays développés le sont aussi pour les pays sous-développé.

Deuxièmement, la présente étude évaluera le phénomène de la tertiarisation non seulement sous le chapitre de l'emploi mais aussi et surtout sous l'angle de la production du pays. Pour ce faire, nous chercherons à déterminer la part du secteur tertiaire dans la formation du PIB.Enfin, la présente étude établira la relation qui existe entre le secteur tertiaire et la croissance économique du pays.

Tableau n°1 : Etat de l'art : vue synoptique

AUTEURS

THEME

CONTEXTE

ANNEE

RESUME

 

1. Amadine SECREIBER et Augustin VICARD

la tertiarisation de l'économie Française et le ralentissement de la productivité entre 1978 et 2008

France

2008

Entre 1978 et 2008, environ 15000 d'emploi sont créés en moyenne dans le secteur tertiaire, alors que 60000 emplois dans l'industrie. Cependant la productivité demeure faible.

 

2. Pierre CAHUC et Michel DEBONNEUIL

Productivité et emploi dans le secteur tertiaire

France

2004

La France enregistre un taux faible d'emploi en comparaison avec les États-Unis dû à une forte baisse d'emploi industriel et la presque totalité d'emploi créer en France soit 64% à partir de l'année 2001 ressorts du secteur tertiaire

 

3. Claire LICHTENSTEIN

les relations industrie-services dans la tertiarisation des économies 

 

1993

La tertiarisation des économies a souvent été analysée comme un phénomène de désindustrialisation devant mener, à terme, à une économie de services.

L'analyse des limites de cette approche permet de contester l'idée d'une dissociation stricte entre secteur industriel et secteur des services. En réalité, ces deux secteurs sont fortement connectés et l'une des caractéristiques majeures de l'évolution des économies développées est plus précisément la croissance des services à l'industrie, ce qui permet de soutenir l'idée que les économies avancées restent des économies de biens.

 

4. Pierre-Yves LEO et Jean PHILIPPE

Villes moyennes face à la tertiarisation de l'économie

Europe

2008

En considèrent l'ensemble des activités économiques de ces quatre villes, le secteur tertiaire emploie dans ces quatre villes 77 à 83% des actifs.

 

5. B.GALLOUJ et F. DJELLAL

Introduction à l'économie des services

 

- 2004

Deux grandes théories expliquent la croissance tertiaire: d'un coté les théories post industrialistes et les théories néo-industrialistes d'autre part.

 

6. Rapport ICEDD

Le secteur tertiaire:

situation environnementale des entreprises en région Wallon

Wallon

2009

La diversité appartenant au secteur tertiaire est la source d'impacts environnementaux diversifiés. Cependant, en termes de volume, le transport génère assez des polluants tandis que les activités de soin de santé génèrent moins des déchets dangereux.

 

7. Rapport du Ministère de l'industrie, du commerce, de la science et de la technologie

La tertiarisation de l'économie du Québec

Québec

1996

La croissance économique Québequoise est essentiellement attribuée au secteur tertiaire dit "moteur".

La conséquence de cette tertiarisation se traduit par une polarisation de l'emploi: d'une part des emplois hautement spécialisés, bien rémunérés et stable, et d'autre part; des emplois peu qualifiés, relativement mal rémunérés et précaires.

 

8. Jean-Louis DAYAN

Au-delà de la tertiarisation:

30 ans de modification du tissu productif

France

2014

5,5 millions d'emplois salariés sont crées dans le secteur tertiaire, cependant la répartition se révèle fort inégale selon la forme de l'entreprise et le secteur d'activité. La croissance tertiaire a favorisée l'augmentation du nombre des PME.

 

9. P. PETIT

Les modalités de la croissance des services au Japon

Japon

1994

La tertiarisation de l'économie Japonaise s'est opérée en deux périodes. Dans la première moitié du siècle, la croissance du Japon était faible mais les activités des services y apparaissent plus productives que les autres activités. Dans la seconde moitié du siècle, à l'inverse, l'économie Japonaise se distingue par l'intensité de son rythme de croissance avec des gains de productivité deux fois plus importantes que la moyenne: 9,5% dans l'industrie et 4;0% dans le service.

 

10. Mario POLESE

Le secteur tertiaire et le développement économique régional: vers un modèle opérationnel des activités motrice

 

1974

Les activités tertiaires fournissent environ les deux tiers de la production et de l'emploi des économies contemporaines. Dans la société postindustrielle, il est reconnu au secteur tertiaire le rôle de moteur de la croissance. En effet, la croissance économique d'une région s'explique en partie par ses activités.

 

11. Vincent HECQUET

Emploi et territoire de 1975 à2009: tertiarisation et rétrécissement de la sphère productive

France

2013

Plus de 8,8 millions d'emplois ont été crées dans les activités tertiaires par contre, l'industrie a perdu 2,5 millions d'emplois et l'agriculture en a perdu 1,4 million d'emplois. Le constat est que la production demeure faible suite à la désindustrialisation.

 

12. Mario POLESE

La transformation des économies urbaines : tertiarisation, délocalisation et croissance économique

 

1988

Cet article trace les lignes générales des transformations qui caractérisent, depuis quelques décennies, l'économie des grandes villes du monde industrialisé. C'est dire que l'attention n'est pas retenue par telle ou telle économie locale mais par les "grandes" tendances qui dépassent les particularismes d'un pays ou d'une région. Il n'en reste pas moins toutefois que c'est à travers certaines données canadiennes, américaines et européennes que nous abordons les transformations en question.

Conclusion partielle

Ce chapitre a été consacré au fondement général de l'étude. La première sections'est basée sur le cadre conceptuel du sujet en définissant les concepts opératoires. La tertiarisation entendue comme une montée en puissance des activités des services dans une économie donnée.

La deuxième section quant à elle a abordée l'état de l'art théorique et empirique de la tertiarisation. A la lumière de cette dernière, deux conceptions se dégage sur la croissance tertiaire ; la première dite post industrielle qui soutient le rôle prépondérant des services sur la croissance économique et la deuxième dite néo-industrielle qui reconnaît l'industrie comme le moteur de la croissance.

CHAPITRE II : LES FAITS STYLISES DE LA TERTIARISATION

Introduction partielle

La tertiarisation des économies a souvent été analysée comme un phénomènede désindustrialisation devant mener, à terme, à une économie de services.L'analyse des limites de cette approche permet de contester l'idée d'unedissociation stricte entre secteur industriel et secteur des services.En réalité, ces deux secteurs sont fortement connectés et l'une des caractéristiquesmajeures de l'évolution des économies développées est plus précisément la croissance des services à l'industrie, ce qui permet de soutenir l'idéeque les économies avancées restent des économies de service.

Les difficultés d'analyse du phénomène de «tertiarisation» des économiesdéveloppées proviennent de la délicate caractérisation de ce que l'on appellegénéralement «le tertiaire». En effet, ce dernier n'apparaît pas comme unsecteur au sens strict du terme, mais plutôt comme un ensemble d'activitéshétérogènes.Le fondement commun de ces activités est de ne pas produire de biensmatériels, mais de fournir un produit «intangible», difficilement mesurable.

Le présent chapitre nous présente les principaux traits caractéristiques du secteur tertiaire ainsi que les différentes analyses de la tertiarisation.

Section 1 : Le fondement trisectoriel

Société tertiaire et tertiarisation sont deux expressions qui mettent en relief des formes particulières d'organisation économique et sociale [A. Barcet et J. Bonamy (1988)], et la terminologie «primaire, secondaire et tertiaire» remonte au début des années 30 [C. Linchtenstein (1993)]. C'est à partir du moment où la part des activités non agricoles et non industrielles va dépasser celle des activités industrielles qu'est élaborée la théorie des trois secteurs [J. Fourastié (1963)].

[C. Linchtenstein (1993)] note que Fisher est le premier auteur, bien que la paternité en soit souvent conférée à C. Clark, à avoir dégagé trois étapes principales dans la société, à partir de l'observation des habitudes de dépenses des individus ; cette observation lui permet de généraliser ce qui doit arriver quand des sociétés pauvres pensent pouvoir dépenser plus que ce qu'elles dépensaient auparavant [J.De Bandt et Petit (1992)]. Partant de cette observation, il définit trois étapes qui successivement sont complémentaires par rapport au développement économique.

Selon Clark qui a formulé cette loi, toute économie suit le schéma suivant : « dans un premier temps le secteur secondaire se développe rattrape puis dépasse le secteur primaire, il devient le plus important et la population active du secteur primaire diminue au profit du secondaire (exode agricole puis rural) » [P. Jaccard, (1995)].

Figure 1 : La loi de trois secteurs selon Colin Clark

Source : [P. Jaccard, (1995)]

Dans le type d'analyse proposé par C. Clark (1914) nous fait savoir [P. Jaccard (1955)], à mesure que le temps passe et que les communautés atteignent un stade plus avancé de développement économique, la main-d'oeuvre agricole tend à décroître par rapport à la main- d'oeuvre industrielle qui, elle-même, tend à décroître par rapport aux effectifs employés dans les services. Partant de l'analyse de Clark qui se réfère alors à W. Petty qui en 1691, se demandant pourquoi le revenu des Hollandais de son temps était plus élevé que celui des Anglais, avait trouvé l'explication dans le fait que, pour une plus forte part, les Hollandais vivaient de l'industrie et du commerce [M. Lengelle (1966)].

Ainsi, les activités économiques sont-elles divisées en trois catégories (Fisher, 1935 et 1945). La première catégorie comprend le travail agricole et minier qui a pour objet direct la production des aliments et des diverses matières premières. La seconde recouvre les industries de transformation sous toutes leurs formes. La troisième, enfin, est composée du reste, c'est-à-dire d'un vaste ensemble d'activités consacrées à la fourniture de «services» allant des transports au commerce, en passant par les loisirs, l'instruction, la création artistique et la philosophie [P. Jaccard (1955)].

On constate alors que l'emploi et les investissements n'ont cessé de glisser des activités primaires essentielles et sans lesquelles la vie, même sous les formes les plus primitives, serait impossible, vers les activités secondaires et tertiaires. Le glissement de la main-d'oeuvre vers les productions secondaire et tertiaire, révélé par les statistiques, est l'inéluctable conséquence du progrès économique : l'un ne va pas sans l'autre [M. Lengelle (1966)].

[C. Linchtenstein (1993)] note que le terme tertiaire fut inventé avec l'objectif de la construction d'un schéma conceptuel qui pouvait aider à analyser des domaines de l'activité dans lesquels, à un moment donné, une croissance rapide devait étroitement s'harmoniser avec les exigences du progrès économique.

C. Clark cite W. Petty : «il y a beaucoup plus à gagner par l'industrie que par l'agriculture et beaucoup plus par le commerce que par l'industrie. Nous pouvons constater qu'à mesure que le commerce et les «arts curieux» se développent, l'agriculture doit décliner, ou bien les salaires agricoles doivent augmenter et les rentes foncières diminuer en conséquence» [P. Jaccard (1995)] .

Dans son ouvrage, C. Clark (1914) qualifie les remarques de W. Petty de «loi de Petty» et explique que le degré de prospérité d'un pays est en relation directe avec la répartition de ses travailleurs dans les trois secteurs généraux de la vie économique [C. Linchtenstein (1993)] . Plus la proportion est forte dans le secondaire et surtout dans le tertiaire, plus le progrès économique et sociale est manifeste [P. Jaccard (1995)] . Dans le prolongement des analyses sectorielles, d'autres types de travaux créent un élément nouveau : le découpage sectoriel doit s'appuyer sur le progrès technique [J Fourastié (1963)].

Ainsi, [M. Lengelle (1966)] considère les définitions précédentes comme des énumérations purement formelles. C'est un choix alternatif qui est pris, basé sur le degré d'intensité du progrès technique dans les diverses activités[C. Linchtenstein (1993)] . Le primaire se trouve caractérisé par un progrès technique modéré, le secondaire, par un progrès technique plus rapide et le tertiaire, par un progrès technique négligeable, voire inexistant [J Fourastié (1963)].

Fugure 2 : La transformation structurelle en fonction de FourastiéSource : [J. Fourastié, (1963)]

Cette figure illustre les pourcentages de l'économie d'un pays constitués par différents secteurs. La figure montre que les pays ayant un niveau de développement socio-économique plus élevé tend à avoir moins d'économie composée de secteurs primaire secondaire et tertiaires. Les pays les moins développés présentent le modèle inverse.

La répartition des effectifs entre les trois secteurs progresse à travers les différentes étapes, comme suit, selon Fourastié.

1° Phase : les civilisations traditionnelles

Quotas de main-d'oevre

· Secteur primaire : 65%

· Secteur secondaire : 20%

· Secteur tertiaire : 15%

Cette phase répresente une société qui n'est pas encore très dévéloppée scientifiquement, avec une utilisation négligeable des machines. L'état de dévéloppement correspond à celui des pays Européens au début du Moyen âge ou celui d'un pays en dévéloppement moderne.

2° Phase : la période de transition

Quotas de main d'oevre

· Secteur primaire : 40%

· Secteur secondaire : 40%

· Secteur tertiaire : 20%

Pendant cette phase, un plus grand nombre des machines sont déployées dans le secteur primaire, ce qui réduit le nombre de travailleurs nécessaire. En conséquence, la démande pour la production de machines dans le secteur secondaire augmente.

La voie ou la phase de transition commence par un évenement qui peut être identifié avec l'industrialisation : la mécanisation à grande echelle, (et donc l'automatisation) de fabrication, telle que l'utilisation de bandes transporteuses. A cette phase, le secteur tertiaire commence à se dévélopper, tout comme le secteur financier et le pouvoir de l'Etat.

3° Phase : les civilisations à majorité tertiaires

Quotas de main-d'oeuvre

· Secteur primaire :10%

· Secteur secondaire : 20%

· Secteur tertiaire : 70%

Les secteurs primaire et secondaire sont de plus en plus dominés par l'automatisation et la demande de main-d'oeuvre baisse dans ce secteurs. Il est remplacé par les demandes croissantes du secteur tertiaire.La situation correspond maintenant aux sociétés industrielles moderne et à la société du future, au service ou à la société post-industielle.

Aujourd'hui, le secteur tertiaire a pris une telle ampleur qu'il est parfois divisé en secteur quaternaire fondé sur l'information et même en un secteur quinaire fondé sur les services à la personne [J. Bouchez, (2012)].

De manière générale, un critère sûr pour reconnaître le tertiaire repose sur l'identité du rendement du travail dans l'espace [J.De Bandt et Petit (1992)]. En effet, la constance dans le temps entraîne une constance dans l'espace. Telle est la propriété fondamentale du tertiaire : le rendement du travail y est le même dans tous les pays [J. Geours (1982)]. Toute fois, l'utilisation du progrès technique a pour objectif d'introduire des critères d'homogénéité dans le secteur tertiaire, considéré jusqu'ici comme résiduel et fortement hétérogène [J Fourastié (1963)].

II.1.1Les grandes caracteristique du secteur tertiaire

1.Les activités

Le secteur tertiaire se distingue des secteurs primaire et secondaire par la nature de ses activités [M. Debonneuil (2017)]. Le tertiaire s'étend ainsi des services de distribution comprenant le commerce, le transport et la communication, aux services sociaux comme ceux de la santé, de l'éducation, des services publics administratifs et des activités à but non lucratif, en passant par les services aux entreprises tels que les services financiers, l'immobilier, l'ingénierie ou encore le conseil, et l'HORECA, les activités culturelles et récréatives et la réparation de véhicules ou encore les services personnels qui regroupent les services domestiques [Rapport ICDD (2009)].

Dans nos régions industrialisées, le secteur tertiaire est le secteur économique qui a connu la plus forte croissance en termes d'emplois et produit le plus de valeur ajoutée depuis les années septante [Rapport OCDE (2015)]. Il a donc hautement contribué à la croissance économique globale et à l'absorption au moins partielle des pertes d'emplois enregistrées dans les secteurs primaire et secondaire (industriel) [M. Lengelle (1966)].

[C. Linchtenstein (1993)] affirme que l'économie en général est confrontée depuis plusieurs années à des changements structurels qui ont favorisé l'expansion des activités du secteur tertiaire, il cite entre autre :

- l'organisation industrielle évoluent vers une externalisation de certains services autrefois internes tels que le conseil juridique, la comptabilité, etc.

- les technologies de l'information et de communication qui ont bénéficié d'un progrès technologique considérable, ce qui a permis de démultiplier les capacités d'échange et l'exploitation d'information, d'images et de sons.

- La dérégulation et l'ouverture à la concurrence d'un certain nombre de marchés tels que l'énergie, les transports, les services financiers, etc.

Malgré leur importance, les branches d'activité composant le secteur tertiaire restent méconnues en raison de leur hétérogénéité mais aussi de l'absence de données [M. Debonneuil (2017)]. Mais par contre l'évolution des services marchands est la mieux appréhendée mais le comportement des branches qui les composent est peu analysé [C. Linchtenstein (1993)] .

2. Les produits

Selon [B. Bertrand (2009)], le secteur tertiaire se caractérise par l'hétérogénéité, la périssabilité ainsi que l'intangibilité de ses prestations. Une précision non de moins de taille est celui de [J.De Bandt et Petit (1992)] Qui disent que les secteurs primaire et secondaire se concentrent sur la production des biens, le secteur tertiaire regroupe l'ensemble des services marchands ou non-marchand, individuels ou collectifs.

Cette dichotomie entre biens et services n'est cependant pas évidente dans la mesure où la production des services consiste parfois à réaliser un produit standardisé commun à plusieurs consommateurs et consommable en différé, comme c'est le cas pour la production de services médias [D. Cohen (2001)].

En outre, [M. Lengelle (1966)] ajoute que la production des biens manufacturés fait également intervenir des activités de services tels que la recherche et le développement ou le marketing. [M. Debonneuil (2017)] fait savoir que ces dernières sont considérées comme des activités de service lorsqu`elles sont réalisées par des entreprises dont c'est l'objet principal. Elles sont par contre assimilées à des activités industrielles quand elles sont réalisées par des entreprises dont l'objet premier est la production industrielle [Rapport ICDD (2009)].

1.3 Les acteurs

[B. Bertran (2009)] conclut que la diversité et l'hétérogénéité des activités du secteur tertiaire mènent inévitablement à une multitude de fournisseurs de services diversifiés du point de vue de leur mode d'organisation. Pour [J.De Bandt et Petit (1992)] les types d'entreprises impliquées dans la fourniture de services sont très diversifiés. Ils vont de l'individu travaillant pour son propre compte, qui fournit une prestation de service, à l'entreprise multinationale opérant à l'échelle mondiale. Toutefois, la grande majorité des entreprises engagées dans le secteur des services sont de petites structures locales.

En outre, les acteurs du secteur tertiaire font partie à la fois du secteur public et du secteur privé [Rapport ICDD (2009)]. Les clients du secteur tertiaire sont également diversifiés. Ils vont du particulier aux entreprises en passant par les collectivités [C. Linchtenstein (1993)]. Le secteur tertiaire sert en réalité souvent d'intermédiaire entre les différents secteurs d'activités [P. Jaccard (1995)].

Selon le [Rapport OCDE (2015)] il existe donc 4 catégories de services : les services aux producteurs, les services de distribution, les services aux particuliers et les services sociaux.

· Les services aux producteurs interviennent en tant que consommation intermédiaire dans des activités de production ultérieure. Ils consistent souvent en de la sous-traitance de services qui pourraient être effectués en interne. Ce sont donc, par exemple, les services aux entreprises, les services financiers et assurances et les services immobiliers (les activités d'immobilier et de location servent d'intermédiaire entre le secteur de la construction et les utilisateurs des bâtiments).

· Les services de distribution font intervenir des produits, de l'information et des individus. Ce sont les commerces de détails et de gros, les transports et la communication. Par exemple, les activités de commerce remplissent un rôle d'intermédiaire entre les industries manufacturières qui produisent les biens et les clients finaux tels que les particuliers. Les activités de transport, d'entreposage et de communication font également le lien entre les fournisseurs de biens intermédiaires, les producteurs et les distributeurs vers le consommateur final.

· Les services aux particuliers sont caractérisés par un contact direct entre le consommateur et le prestataire de services. Ce sont les services hôtel, restaurant et café, les activités récréatives et culturelles, les services domestiques et les autres services aux particuliers.

· Les services sociaux se caractérisent par un statut généralement non-marchand. Ce sont les administrations, les soins de santé, l'éducation et les services sociaux divers.

II.1. 2 Les causes et conséquences de la tertiarisation

1. Lescauses

Globalement, selon les recherches effectuées par le Conseil économique du Canada, l'élément déterminant de la tertiarisation de l'économie a été l'augmentation de la demande pour les services qui sont utilisés comme intrants dans la conception d'un bien ou d'un autre service[Rapport (1996)].

Il est également possible d'identifier un certain nombre de facteurs particuliers qui ont entraîné le développement rapide de plusieurs industries tertiaires. Parmi ces facteurs,C. Klark (1914) note le progrès technologique qui a joué un rôle important. Il a permit une utilisation accrue du capital (surtout du matériel informatique) dans le secteur tertiaire et a rendu possible un accroissement de la productivité [P. Jaccard (1995)].

Cependant [M. Debonneuil (2017)], note que le recul de certains types d'emplois a été largement compensé par l'apparition de nouvelles tâches. Ainsi, la convergence de l'informatique et des techniques de communication a fait apparaître un nouveau secteur, celui des technologies de l'information, permettant d'incorporer la technologie numérique au matériel de télécommunication.

La capacité de traiter et de communiquer rapidement des grandes quantités des données est maintenant reconnue comme un instrument de gestion précieux, ce qui, en retour, a engendré une demande pour des quantités encore plus grandes d'information. De plus en plus, l'économie prend appui sur l'informatique et les télécommunications[M. Debonneuil (2017)].

De son coté, [J Fourastié (1963)] fait savoir que le progrès technologique a également contribué à la complexification des tâches dans l'ensemble des secteurs d'activité, obligeant les entreprises à une certaine spécialisation. Ceci explique en grande partie le développement spectaculaire des services aux entreprises et du secteur conseil en particulier.

Ainsi, une partie du déclin du secteur secondaire dans l'économie serait attribuable selon C. Klark (1914) au transfert d'une quantité d'emplois des industries productrices des biens vers les industries de services, sans pour autant causer un effet négatif sur l'ensemble de l'économie [P. Jaccard (1995)].

Aussi, depuis l'entrée en vigueur de l'Accord de libre-échange avec les États-Unis en 1989, il se revèle que les exportations internationales de services ont crû annuellement de 10,1% en moyenne comparativement à 5,4% de 1981 à 1989 [OCED (1999)]. Comme les services des secteurs traditionnel et non-commercial sont peu susceptibles d'être exportés, cette accélération provient selon toute probabilité du tertiaire moteur.

Pour Gadrey, la déréglementation de certains secteurs a accentué cette tendance, notamment dans les services financiers et les télécommunications. La hausse de la demande de services au consommateur a contribué à la tertiarisation de l'économie alors que la forte progression du niveau de vie a grandement accru la part de la consommation de services dans le budget des consommateurs [J. Gadrey (1962)].

A. Les évolutionsliées des gains de productivité et de la demande

- L'évolution de la demande

Pour Fourastié, l'évolution des activités des services est caractéristique de notre siècle. Cette évolution se traduit par la désindustrialisation des économies le plus avancées [J Fourastié (1963)]. Debonneuil considere que les deux notions sont graduelles mais le tournant des années 70 marque une rupture lorsque les effectifs de l'industrie connaissent une baisse absolue et non plus relative comme par le passé [M. Debonneuil (2012)].

En effet la demande tend à augmenter à long terme sous l'effet de la progression des revenus et de la saturation progressive des besoins en biens alimentaires, puis en biens industriels [J. Gadrey (1962)]. De là, découlent plusieurs implications. D'abord, le prix relatif des services par rapport à celui des biens industriels est appelé à augmenter indéfiniment, puisqu'il reflète à long terme l'écart des gains de productivité respectifs entre les deux secteurs. En second lieu, la part des services ne peut qu'augmenter au sein du PIB et surtout au sein de l'emploi total [D. Cohen (2001)].

- Croissance de la productivité et déversement des emplois

Les gains de productivité dans le tertiaire sont généralement faibles ou nuls, et en tout cas négligeables au regard de ceux de l'industrie et même de l'agriculture [P. Cahuc et M. Debonneuil (2004)]. L'exemple favori de Fourastié est celui de la coupe de cheveux. Le coiffeur d'aujourd'hui ne tond pas plus vite qu'il y a un siècle et le coiffeur de Chicago n'est pas plus productif que celui de Calcutta [J Fourastié (1963)].

La création d'emplois dans chacun des secteurs dépend des évolutions conjointes de la demande et des gains de productivité. Selon la relation établie par Jean Fourastié l'évolution de l'emploi dans un secteur est égale à l'évolution de la production moins l'évolution de la productivité du travail dans ce secteur [J Fourastié (1963)].

Autrement dit, la relative saturation de certains besoins entraîne une destruction d'emplois dans le secteur concerné. Par exemple, le déclin constant de l'emploi agricole est à mettre en relation avec celui des dépenses alimentaires dans le budget des ménages.

[P. Cahuc et M. Debonneuil (2004)] font savoir que le secteur des services qui connaît la plus forte hausse de la demande et de faibles gains de productivité est le secteur qui crée le plus d'emplois depuis les années 50. Inversement, la forte croissance des gains de productivité dans le secteur primaire associée à une baisse relative de la demande en biens agricoles a contribué au transfert d'une partie de la main d'oeuvre dans le secteur primaire.

B. L'aboutissement du processus de développement

- Développement économique et montée des services

Les changements dans la nature des besoins à satisfaire, au fur et à mesure que le revenu augmente, ont toujours confirmé les observations d'Ernst Engel en 1857, à propos du lien entre dépenses d'alimentation et niveau de vie. A l'instar des motivations humaines étudiées par Abraham Maslow, la satisfaction des besoins physiologiques est la condition requise pour que d'autres formes de besoins se développent [J Fourastié (1963)].

Debonneuil remarquera que 60 % des emplois continuent d'être consacrés à la production d'objets et à l'intermédiation nécessaire à leur commercialisation [M. Debonneuil (2017)]. Par contre La tertiairisation des emplois n'est donc que la substitution entre les emplois agricoles, c'est-à-dire de « production des hommes par la terre » et les emplois tertiaires, c'est-à-dire de la « production des hommes par l'homme » [C. Gallouj et F. Djellal (2004)]

Pour Debonneuil la tertiarisation est le pendant de la marche « vers la société post industrielle » dans laquelle les éléments immatériels dominent l'organisation de la société telle que la décrivait le sociologue américain Daniel Bell [M. Debonneuil (2012)].

- Le rôle des dépenses publiques dans le développement des services

Selon Cohen, la croissance économique entraîne une augmentation des dépenses de santé ou d'éducation. Elle entraîne aussi une société plus urbanisée où les besoins en services collectifs sont croissants. La demande de biens supérieurs qui augmente donc avec le niveau de vie général est satisfaite par un financement public (Education Nationale, secteur public hospitalier, etc.) [D. Cohen (2001)].

C'est aussi le constat de l'économiste Adolphe Wagner dès 1876 comme nous fait savoir Fourastié quand il écrit « des comparaisons dans l'histoire et dans l'espace montrent chez les peuples civilisés en voie de progrès un développement régulier de l'activité de l'Etat et de l'activité publique » [J Fourastié (1963)].

2.2 Les conséquenses

A. Le risque de sous-productivité

- Tertiarisation de l'économie et crainte d'une stagnation de l'activité

La thèse d'un épuisement des sources de la croissance avec la tertiarisation des économies est relativement ancienne. L'approche néoclassique est au coeur de ces conclusions. En 1987, Le prix Nobel américain Robert Solow déclarait que « les ordinateurs sont partout dans les statistiques de la productivité » [P. Cahuc et M. Debonneuil (2004)].

En stigmatisant ainsi les nouvelles technologies, il réactivait en réalité une crainte ancienne, présente dès les débuts de la science économique, en particulier chez la plupart des économistes classiques. Pour Adam Smith, en effet, les services sont improductifs parce qu'ils correspondent à une dépense et non à une avance [B. Bertran (2009)].

Smith (1776) écrit « il y a une sorte de travail qui ajoute à la valeur de l'objet sur lequel il s'exerce ; il y en a une autre qui n'a pas le même effet. Le premier, produisant une valeur, peut être appelé travail productif, le dernier, travail non productif » [B. Bertran (2009)]. L'idée est que la richesse suppose une accumulation de biens, par nature impossible selon lui dans l'activité tertiaire.

Fourastié fait savoir que cette vision pessimiste est renouvelée par les travaux de Bomaul qui montrent que certains emplois tertiaires ont pour particularité de connaître une croissance des salaires supérieure à celle de leur productivité, ce qui explique d'ailleurs la croissance des dépenses publiques (loi de Bomaul) [J Fourastié (1963)].

Ce que Cohen reproche à Daniel Bell, pourtant chantre de la société postindustrielle admet lui aussi que « l'absorption par les services d'une part croissante de la main d'oeuvre freine nécessairement la productivité et la croissance globales » [D. Cohen (1995)]

- La tertiarisation : une nouvelle articulation entre les secteurs d'activité

La tertiairisation des économies avancées n'est pourtant pas synonyme d'épuisement de l'innovation, de productivité stagnante et de fin de la croissance affirme [B. Bertran (2009)]. Mais de fin de la croissance économique directement mesurable, sans doute au sens de croissance directement imputable à un secteur d'activité donnée. Les effets sur la productivité ont lieu par ailleurs à long terme, encore aujourd'hui comme le souligne[J. Gadrey (1992 )].

La sous- productivité du tertiaire est aussi liée à des problèmes de mesure [P. Cahuc et M. Debonneuil (2004)]. Les complémentarités s'affirment à tous les niveaux. Dans la phase actuelle, l'importance croissante des activités de services pour lesquelles la productivité est impossible à mesurer directement ne signifie pas que l'on doive renoncer à toute mesure globale de la productivité de l'économie dans son ensemble [J Fourastié (1963)].

Enfin la croissance des biens matériels peut être tenue pour représentative de la contribution productive de toutes les branches de l'économie, y compris les services. Le développement des services dépend de l'industrieet la tertiarisation apparaît de plus en plus comme une nouvelle articulation entre les secteurs d'activité [OCDE (1999)].

B. Tertiarisation et fracture sociale

- « Les désordres du travail » des sociétés tertiaires

Plusieurs économistes ont signalé dans leurs travaux l'instabilité et l'hétérogénéité des emplois de services. Cette instabilité s'explique par la fragilité des statistiques qui dépendent des comportements d'externalisation des entreprises, par nature fluctuants [D. Cohen (1999)].

L'hétérogénéité est liée, quant à elle, à la nature des services. Azkenasy démontre que certains emplois de services, sont soumis à de nouvelles normes de productivité dans le cadre des nouvelles formes d'organisation du travail (NFOT) [P. Azkenasy (2004)].

Le rythme de travail se trouve standardisé par des délais à respecter ou par des procédures formalisées de réalisation des tâches. « Le stress devient le mode de régulation de la société post-fordiste » écrit Daniel Cohen et ce que l'on découvre, c'est « non pas la fin du travail mais le travail sans fin, parfois jusqu'à l'épuisement psychique » [D. Cohen (1999)].

Pour Cohen cette évolution est possible en raison de la fragilité des populations concernées jeunes sans qualification, femmes - sans tradition syndicale et sans possibilités d'action collective [D. Cohen (2001)].

- Tertiarisation et dualisme social

[D. Cohen (1995)] rappelle les analyses de Robert Reich qui montre que les sociétés postindustrielles oppose de plus en plus les « manipulateurs de symboles » (professions intellectuelles au travail valorisé dans une « économie de la connaissance ») et à l'autre extrémité de l'échelle sociale, les « travailleurs routiniers », travailleurs peu qualifiés des services ou de l'industrie (call center, livreurs, ...).

André Gortz s'interrogeait déjà sur les nouveaux valets de la société salariale en dénonçant dans un article du Monde diplomatique « les petits boulots » du tertiaire [M. Debonneuil (2012)].

De ce fait, le poids croissant des services dans une économie de plus en plus mondialisée modifie les sociétés salariales dans une dynamique de plus en plus inégalitaire. C'est l'exemple de la dactylo donné par D Cohen dans son ouvrage : trois leçons sur la société postindustrielle. Et ses conclusions sur les formes que prend la question sociale à travers la montée des inégalités [D. Cohen (2001)].

Section 2 : Les analyses désagrégées du secteur tertiaire

La plupart des recherches présentées récusent, à certains égards, la vision conventionnelle de l'avenir des économies développées. L'examen de vingt-cinq ans de modifications de l'emploi et des modèles de consommation au Royaume- Uni a révélé non pas l'émergence graduelle d'une économie de services, mais le contraire [CFDT (1980)].

Au lieu de trouver une hausse considérable de la consommation des services, on assiste à la baisse remarquable de leur consommation en valeur relative [J. Gadrey (1992 )]. Au lieu d'acheter des services, les ménages semblent acheter de façon croissante des biens durables qui leur permettent de produire des services pour eux-mêmes. Cela correspond à ce que J. Gershuny appelle «self-service economy» [J. Gadrey (1992)]. Une grande part de l'emploi tertiaire sur la période peut s'expliquer non par la consommation des services, mais par le besoin de l'activité manufacturière en techniciens, gestionnaires, vendeurs pour la production effective de biens de consommation [C. Gallouj et F. Djellal (2004)].

On a toutes les raisons de penser en croire [B. Coriat (1989)] que cette tendance se poursuivra dans la mesure où elle est expliquée par deux processus économiques dont la direction ne peut pas varier: l'innovation technique et le renchérissement des coûts salariaux. On est donc loin de la thèse de la désindustrialisation des économies, martèle-t-il.

D'autres travaux corroborent ces résultats. Comme le démontre [O. Furrer (1997)] la seule croissance relative des services semblerait être celle des services peu ou pas substituables à des biens comme, par exemple, les services médicaux et les assurances. Pour [M. Polèse (1988)], l'explication semble résider dans une substitution continue au cours du temps de biens aux services, notamment de biens durables.

Ainsi, un certain nombre de fonctions peuvent être remplies indifféremment par un bien ou un service et on peut remarquer que les biens fournissent également des services [J. Chevallier (1997)]. Ceci étant, si la demande de services ne semble pas avoir le caractère massif qui lui est généralement attribué, il reste à démontrer pourquoi l'emploi tertiaire a crû de telle façon [M. Polèse (1988)].

Vincent-Thomas (1980) cité par [C. Linchtenstein (1993)] indique que cela peut s'expliquer en partie par une mise en oeuvre de politiques d'inspiration keynésienne ayant entraîné le gonflement des dépenses publiques, notamment en matière de couverture sociale et d'éducation, ainsi qu'en partie par une élévation des niveaux de vie. Les services du secteur public, tels que l'enseignement et la recherche, sont ceux qui croissent le plus rapidement ; s'y ajoutent les services au producteur, essentiellement parce qu'une part plus importante des ressources est consacrée à l'ingénierie, la recherche-développement et à la direction et au développement de la firme [M. Braibant (1982)]

2.1. Les analyse des liens entre biens et services

Partant de la constatation du[Rapport, (1996)] ; le secteur des services n'a souvent été étudié qu'occasionnellement en profondeur et essentiellement pour ce qui concerne les services au consommateur, une monographie centrée sur les services au producteur a permis d'en révéler l'évolution.

En effet la division entre les biens et les services avance [O. Furrer (1997)], n'est pas précise et il est tenté d'appliquer aux services la vision dichotomique producteur-consommateur qui est appliquée aux biens, telle qu'elle a été avancée par S. Kuznets (1966). Ce dernier a en effet présenté un schéma de classification des biens en créant une double division de base entre les «producer goods » et les « consumer goods » comportant chacune trois subdivisions : périssable, semi-durable et durable [C. Gallouj et F. Djellal (2004)].

Les biens destinés aux consommateurs sont ceux définis comme satisfaisant la demande finale, ceux destinés aux producteurs, comme ceux entrant dans la production intermédiaire [J. Gadrey (1992)]. De même, les services au consommateur satisfont la demande finale et les services au producteur, la consommation intermédiaire [O. Furrer (1997)]. Un avis que ne partage pas [CFDT (1980)] lorsqu'il estime que cette classification de biens et services n'est pas définitive; bon nombre d'entre eux sont difficiles à classer et des décisions arbitraires doivent occasionnellement intervenir.

[C. GALLOUJ et F. DJELLAL, (2004)], notent le parallélisme entre bien et service, et le fait que les services peuvent être analysés en des termes qui autrefois étaient exclusivement réservés aux biens. Partant de là, il devient possible de raisonner en termes de stocks, d'obsolescence, de financement. L'une des plus importantes applications de la durabilité des services révèle [OCED, (2015)] se trouve dans l'analyse des fluctuations de la demande dans le cycle des affaires.

[OCED, (2015)]soutient que cette approche représente un premier pas vers une meilleure compréhension du rôle des services dans le processus économique, et il est intéressant de souligner le rôle du capital immatériel dans le processus de production. Dans le [Rapport, (1996)] on note d'ailleurs que, dès le début des années 50, des recherches avaient reconnu les améliorations dans les méthodes et le savoir-faire comme un type distinct de dépense en capital.

Le fait est, que les travailleurs dans les services sont aussi importants dans le processus productif que ceux qui se consacrent à la fabrication[C. Linchtenstein (1993)]. D'autres travaux confirment les liens entre les biens et les services nés de complémentarités, notamment de la demande[( A. Barcet et J. Bonamy(1987)] . Couplée à cette complémentarité de la demande, Bandt et Petit ajoute qu'il y a possibilité de substitution de biens aux services quand les tendances de coûts et de prix des services sont défavorables. Une telle substitution restreint donc le changement brusque d'une économie de biens vers une économie de services.

Dans les travaux de T.M. Stanback, cité par [C. Tertre et P. Ughetto (2000)], il se révèle que les activités communément décrites comme des services ont des caractéristiques différentes. Tout d'abord, il y a trois types de services : les services destinés au producteur, ceux destinés au consommateur et les services publics. En réalité, pour Chevallier cette différenciation n'est pas parfaite dans la mesure où une même firme peut produire à la fois des services au producteur et au consommateur, comme elle peut produire des biens de production et des biens de consommation [J. Chevallier,(1997)]. De leur coté [C. Tertre et P. Ughetto (2000)], avancent que ce sont essentiellement les sources de la demande qui diffèrent et qui, par conséquent, justifient cette différenciation.

De plus, pour[O. Furrer (1997)], certains services ont une forte intensité en travail, d'autres en capital, et il existe de grandes différences en ce qui concerne la taille des entreprises. Par contre [C. Linchtenstein (1993)]estime que si l'on admet que la production de biens a pour résultat un produit matériel, stockable et transportable et que celle des services a pour résultat un output non stockable requérant habituellement une interaction directe avec le consommateur, cette distinction signifie que les biens peuvent être produits plus facilement que les services sous des conditions qui revêtent l'avantage d'une production standardisée et des économies d'échelle.

Ce phénomène résulte à la fois, conclut [M. Polèse, (1988)] des différences dans la localisation des firmes et dans leur capacité à utiliser des modes de production à forte intensité capitalistique. Partant de ce postulat, Coriat estime que les services sont moins standardisés et les firmes qui les produisent tendent à être localisées près des marchés sur lesquels elles traitent, souvent dans des régions trop peuplées, ce qui n'est pas sans avoir de conséquences sur leurs coûts de production [B. Coriat, (1989)]

Le problème soulevé par Stanback martelle [C. Linchtenstein (1993)], est de savoir comment définir les services en excluant les activités qui sont les plus proches des biens, c'est-à-dire avec une forte intensité capitalistique et des modes de production à grande échelle. En conséquence, la solution consisterait pour [CFDT, (1980)] à restreindre la définition des services et exclure (comme dans les travaux de V.R. Fuchs)[O. Furrer (1997)], les transports, les communications et les services publics, activités alors reportées dans l'industrie.

Au demeurent, [C. Linchtenstein (1993)] pense que ces remarques mettent en évidence les forts liens entre biens et services nés de complémentarités de la demande. Au niveau de la consommation, ajoute [B. Bertran, (2009)] ces complémentarités sont largement issues de leur usage commun, en particulier, le besoin de distribuer et d'entretenir les biens. Quant au niveau de la production, elles sont de façon croissante le résultat de la complexité accrue de la gestion qui crée de nouvelles exigences et de l'utilisation croissante d'entreprises de services [B. Bertran, (2009)].

[C. Linchtenstein (1993)] de concert avec [B. Coriat, (1989)] convergent tous dans le même ordre d'idée lorsqu'il rappellent que couplée à cette complémentarité, il y a la possibilité toujours présente de la substitution de biens aux services qui restreint la possibilité du passage d'une économie de biens à une économie de services.D'autres travaux comme ceux de Momigliano(1980) et Siniscalco(1982) évoqué par [C. Linchtenstein (1993)] ont contribué à la démonstration de l'interaction services-industrie, à partir d'une méthodologie originale

Se basent sur les travaux de Momigliano (1980) et Sinscalco (1982) [J. Geours, (1982)] laissent entendre que leurs hypothèses reposent sur le fait que, d'une part, la croissance relative et absolue de l'emploi tertiaire est due en grande partie à l'augmentation de l'intégration des services dans le système productif et que, d'autre part, le plus grand degré d'intégration peut être spécifiquement attribué à la croissance des services pour l'industrie et plus généralement à la production de biens.

Selon ces hypothèses, estime [C. Linchtenstein (1993)], la croissance relative et absolue de l'emploi des services provient largement d'une utilisation accrue des activités classées dans le tertiaire, mais intégrées dans le système productif et dans l'industrie en particulier. Si elles sont acceptables, cela signifie bien que les changements en cours ne correspondent pas à une transition vers une économie de services ou vers une société postindustrielle.

2.2. La remise en cause des caractères spécifiques attribués aux services

Si l'interaction entre les services et les biens ne semble faire aucun doute [J. Gradey, (1992)], estime qu'il n'en reste pas moins que les services conservent des caractéristiques qui leur sont propres[P. Cahuc et M. Debonneuil, (2004)]. Mais on peut toutefois tenter de remettre en question certaines spécificités qui leur sont trop vite et trop largement attribuées : immatérialité, intangibilité, forte valeur ajoutée, faible intensité en capital et faible productivité; ceci nous permettra d'appuyer la thèse de l'interaction entre les biens et les services et celle de leur similitude par rapport à plusieurs axes d'analyse [M. Braibant, 1982)].

En effet, si l'on considère que les services contiennent une part importante de valeur ajoutée, il se pose alors le problème de savoir si ce sont des activités sans amont[Camal GALLOUJ et Faridah DJELLAL, (2004)]. D'après les arguments présentés précédemment, ce n'est pas le cas pour bon nombre d'entre eux, ce qui rejoint la critique portée à l'égard de leur immatérialité. Le pourcentage de la valeur ajoutée ne constitue pas un critère absolu permettant de distinguer la production de biens et celle de services affirme [Lengelle, (1966)].

Selon Hill (1977), cité par [C. Linchtenstein (1993)], l'idée que les services sont éphémères et sans substance parce que ce sont des biens immatériels apparaît comme une erreur pernicieuse. Par ailleurs, l'utilisation de la valeur ajoutée comme mesure de la production des services ne renseigne pas sur la véritable valeur pour l'utilisateur du service dispensé [StGeours, (1982)].À côté de l'importance de la valeur ajoutée, les services se voient généralement attribuer une faible intensité en capital [J. Gradey, (1992)].

S'il est vrai que le tertiaire « traditionnel » possède un coefficient de capital relativement faible par rapport aux activités industrielles, il n'en est pas de même pour plusieurs activités de services «modernes» : la croissance de la part du tertiaire dans l'économie s'accompagne d'une croissance de sa consommation de capital[OCED, (2015)]. C'est particulièrement le cas de la santé, de l'éducation et des télécommunications dans l'économie Québéquoise [Rapport, (1996)]. Ce critère d'intensité du capital met en évidence des disparités existant à l'intérieur de ce secteur, ainsi que le lien entre croissance de l'activité économique et croissance de l'investissement [J. Geours, (1982)].

Enfin, les services se trouvent caractérisés par une faible productivité, [P. Cahuc et M. Debonneuil, (2004)],ce qui peut alors apparaître comme étant une des causes majeures du ralentissement de la productivité globale de l'économie[Vincent Hecquet, (2013)], ou par une productivité présentant de considérables diversités selon les activités de services [Rapport, (1996)].

Par ailleurs, les activités tertiaires ne donnant pas lieu à la fabrication des produits, on ne peut donc pas utiliser le critère de productivité physique[J. Geours, (1982)].Il faut donc utiliser la productivité en valeur au prix du marché ou au prix des facteurs[P. Cahuc et M. Debonneuil, (2004)]. Le fait de recourir à la valeur tend toutefois à renforcer le caractère d'immatérialité et d'intangibilité propre à la plupart des services, ce qui n'apparaît pas très satisfaisant [C. Linchtenstein, (1993)].

Pour [C. Mara et Harvey, (2000)] le problème est donc de savoir comment mesurer l'output et la productivité d'un individu exerçant une activité tertiaire. L'objectif est alors pour cet auteur de mesurer l'importance des facteurs qualitatifs dans l'appréciation des activités de services. Certes le progrès technique étant plus élevé dans l'industrie, c'est là une cause essentielle de l'augmentation relative du nombre d'emplois tertiaires [J Fourastié (1963)].

A en croire certains auteurs [P. Cahuc et M. Debonneuil, (2004)], pour certaines activités tertiaires la productivité croît plus rapidement sinon plus que pour l'ensemble de l'économie. La raison doit en être recherchée du côté de la demande estime [A. Bracet et J. Bonamy, (1988)]. Dans des travaux particuliers sur la productivité du tertiaire Fuchs(1968), on remarque que la part de l'accroissement de la productivité due à la main-d'oeuvre (amélioration des qualifications) est d'autant plus importante que le «produit» tertiaire est immédiatement consommé [J. Gradey, (1992)].

Du reste la valeur d'usage du service avance [J. Gradey, (1992)], ne dépend pas seulement de celui qui le procure, mais également de celui qui le reçoit ou le sollicite ou, bien souvent, du rapport entre ces deux agents. De leur coté, Eiglier et Langead (1979) cité par [J. Gradey, (1992)], estiment que la qualité du service rendu dépend de l'interaction entre le prestataire et le client. Certains voient ainsi, dans l'industrialisation extrême du service, l'unique moyen d'améliorer la productivité du tertiaire.

Ainsi, Kutscher et Mark (1983) cité par [J. Geours, (1982)] revelent que la hausse de la croissance de la productivité notée dans les services ne serait pas différente de celle observée dans les activités produisant des biens et l'hypothèse du transfert d'emploi dans les services comme responsable de la faible productivité ne serait pas fondée [C. Linchtenstein, (1993)]. Toutefois, la caractéristique que l'on prête généralement à la productivité du tertiaire impose une limitation sévère pour faire des activités tertiaires un pilier de la croissance ; il faut de ce fait garantir une croissance «autonome» de la demande de services d'autant plus importante que les gains de productivité n'apparaissent qu'au-delà d'un certain seuil de croissance [A. Bracet et J. Bonamy, (1988)].

L'hypothèse retenue ici est fondée sur le développement des activités de services aux entreprises, dans la mesure où il semble possible de dégager des gains de productivité plus importants en raison surtout de la division du travail entre firmes [C. Tertre et P. Ughetto (2000)].

2.3 Les enjeux de la tertiarisation d'une économie

a) Epuisement de la croissance et crainte d'une stagnation de l'activité économique

Selon l'approche néoclassique [B. Bertran, (2009)], la tertiarisation d'une économie conduit à la thèse d'un épuisement des sources de la croissance, en plaçant au centre de l'analyse la dynamique sectorielle des gains de productivité.

Cette vision est celle de Fourastié, qui évoquent « l'envahissement » de l'économie par le tertiaire et dénoncent comme une erreur toute notion d'un développement fondé sur le tertiaire tout en admettent sans difficulté que « l'absorption par les services d'une part croissante de la main-d'oeuvre freine nécessairement la productivité et la croissance globales » [J. Fourastié, (1962)]

Ce modèle est commun à celui de Bomaul [P. Petit, (1994)] qui repose sur deux bases. D'abord les gains de productivité dans le secteur tertiaire sont faibles ou nuls, et en tout cas négligeables au regard de ceux de l'industrie et même de l'agriculture.

L'exemple favori de Fourastié est celui de la coupe de cheveux. Le coiffeur d'aujourd'hui ne tond pas plus vite qu'il y a un siècle, et le coiffeur de Chicago n'est pas plus productif que celui de Calcutta [J. Fourastié, (1962)]. Ensuite la demande de services tend à augmenter à long terme, sous l'effet de la progression des revenus et de la saturation progressive des besoins en biens alimentaires, puis en biens industriels[C. Mara et Harvey, (2000)].

De là découlent plusieurs implications majeures[J. Geours, (1982)]. D'abord, le prix relatif des services par rapport à celui des biens industriels est appelé à augmenter indéfiniment, puisqu'il reflète à long terme l'écart des gains de productivité respectifs entre les deux secteurs [P. Jaccard, (1995)].En second lieu, la part des services ne peut qu'augmenter au sein du PIB et surtout au sein de l'emploi total [P. Jaccard, (1995)]. Enfin, l'alourdissement du poids relatif des services ne peut que freiner le rythme de la croissance globale par un effet de structure [M. Polèse, (1988)].

Il convient néanmoins pour[A. Bracet et J. Bonamy, (1988)] de prendre en compte deux objections à ce modèle. La première concerne une omission grave: il ne tient pas compte de l'effet de freinage qu'exerce sur la consommation des services la hausse de leur prix relatif. La seconde c'est dans la mesure où biens matériels et services sont substituables pour répondre aux mêmes besoins, les biens sont appelés à prendre le pas sur les services: c'est la thèse des partisans de l'économie de self-service (l'ordinateur remplace les services de la secrétaire, devenus trop coûteux...).

[C. Mara et Harvey, (2000)] notent par ailleurs que toute généralisation de ce type conduit à des exagérations inverses des précédentes. Dans la réalité, estime [B. Bertran, (2009)], consommation de biens et consommation de services mesurés en volume, et non plus en valeur augmentent à peu près au même rythme: une sorte de match nul, chacune des deux composantes garde toute son importance.

b) la faible contribution des services aux échanges internationaux

- Des représentations sur le dynamisme des services

Selon l'étude faite sur l'économie Française, il existe une conviction très répandue que les exportations françaises de services connaissent un essor sans précédent [A. Screiber et A. Vicard, (2008)]. Cette vision affirme [J. Dayan, (2014)] s'appuie notamment sur les bonnes performances de la France en ce domaine, qui se place souvent ces dernières années au 2e rang mondial des exportateurs de services.

[C. Tertre et P. Ughetto, (2000)] fait état de la part croissante des services avec l'émergence très visible de quelques « multinationales » dans le total mondial des investissements directs à l'étranger.[M. Debonneuil, (2017)] pense à la percée récente des échanges de services nouveaux, issus de la révolution informatique, s'adressant pour la plupart aux entreprises, et quelquefois aux particuliers.

Encore, [OCDE, (1999)] rapporte la grande hétérogénéité des échanges de services et la dynamique très contrastée qui caractérise les principaux postes en moyenne et longue périodes : un jugement objectif ne saurait se fonder exclusivement sur la progression rapide de quelques services nouveaux souvent très frappante, mais dont le poids relatif demeure encore assez faible (services d'informatiques et information) sans prendre en compte le comportement des services plus « traditionnels » comme les transports.

- La faiblesse relative des exportations de services

La part des exportations des services dans le total des exportations françaises oscille autour de 20 % [J. Dayan, (2014)]. Le rapport des exportations de services à la valeur ajoutée totale du secteur tertiaire oscille, lui, autour de 8 % sur les vingt dernières années [V. Hecquet, (2013)]

En effet, l'essor des échanges internationaux de services a seulement accompagné l'essor (rapide) du commerce extérieur de marchandises ce qui est déjà beaucoup mieux [OCDE, (2015)]. Pour sa part, [B. Bertran, (2009)] estime que l'impression souvent ressentie d'un véritable « envol » récent des exportations de services comporte une part d'exagération. Quant à Screiber et Vicard, l'idée reçue selon laquelle l'essentiel des services « s'échangent peu » (au plan international) reste globalement vraie: ils avancent que le taux d'ouverture du secteur tertiaire (rapport des exportations de services à la valeur ajoutée sectorielle: 8, 2 % en 2001) reste très inférieur à celui de l'économie nationale (rapport des exportations de biens et services au PIB: 26,2 % en moyenne pour la France entre 1998 et 2002).[A. Screiber et A. Vicard, (2008)].

Ceci résulterait selon[C. Mara et Harvey, (2000)] à un effet de structure dont le processus de tertiarisation à long terme tend à réduire, toutes choses égales d'ailleurs, c'est-à-dire indépendamment des évolutions au sein de chaque secteur, le taux d'ouverture global des économies nationales, qui constitue un déterminant important (en l'occurrence, un facteur de freinage) de la dynamique d'ouverture internationale.

Le constat de l'imbrication des activités de services dans la dynamique des échanges internationaux de biens manufacturés mais aussi de produits primaires (à travers le transport et l'innovation notamment) invite à mettre au centre de l'analyse de l'insertion d'une économie nationale dans les échanges mondiaux la notion de compétitivité globale [OCDE, (1999)]. Par cercles concentriques, [B. Bertran, (2009)] pense que les services participent au développement des échanges (du transport qui facilite l'ouverture manufacturière, aux services aux entreprises qui dynamisent l'ensemble des échanges en passant par les activités de recherche qui orientent les spécialisations).

Dès lors, le solde courant apparaît plus que jamais central pour apprécier la compétitivité, compétitivité industrielle, compétitivité des services désormais indissociablement liées [OCDE, (2015)].

c) L'hétérogénéité du secteur tertiaire

Il importe selon [B. Bertran, (2009)] de différencier plusieurs segments entre autres : le tertiaire d'intermédiation, de luxe et de survie. Letertiaire d'intermédiation (permettant la rencontre de l'offre et de la demande) s'explique par l'importance des coûts de transaction, des frais de commercialisation, de stockage et de transport dans des économies ouvertes et fragmentées en espaces peu communicants.

Quant au tertiaire de luxe, celui-ci tient à l'inégale répartition des revenus et au faible prix des revenus du travail (exemple des domestiques) ou aux rentes de situation (exemple du tourisme). Enfin, letertiaire de survie concerne certaines des activités urbaines dites informelles, depuis les petits commerces de micro détail en passant par les services des rues de restauration ou de transport. Le micro services tiennent à plusieurs facteurs: le faible coût de travail comparé aux prix des biens durables et des équipements, l'absence de prise en charge des non-productifs par des systèmes d'assurance sociale.

Par ailleurs, certains de ces services sont rendus à des personnes (services personnels); d'autres, d'entretien et de réparation, prolongent la durée de vie des biens durables et des équipements [Rapport, (1996)]. Les micros services s'expliquent par la pauvreté et par la nécessité de fractionner les produits pour des clientèles à faible pouvoir d'achat [P. Petit, (1994)].

Conclusion partielle

Les développements précédents ont permis de mettre en évidence leslimites essentielles des thèses dites de la tertiarisation et de la désindustrialisation.D'une part, en effet, leur fondement théorique principal, c'est-à-direle découpage trisectoriel de l'économie, ne semble pas présenter le degré degénéralité qu'on lui attribue souvent.

D'autre part, la distinction entre secteurssecondaire et tertiaire est de plus en plus sujette à interrogation, en raison duphénomène constaté de croissance des services à l'industrie. Cependant, le secteur tertiaire reste très hétérogène.

CHAPITRE III : L'APPROCHE METHODOLOGIQUE

Introduction partielle

La méthodologie peut être définie comme l'ensemble des méthodes, des procédés et des règles permettant de choisir les outils statistiques adaptés à une analyse des données. Elle permet au chercheur de contrôler la qualité de ses recherches et de répondre à ses objectifs

Toute méthode de recherche se définit, dit-on, par des procédures et des techniques dont la finalité est d'obtenir des réponses aux questions posées. Les sciences sociales et humaines dont fait partie l'économie, ont pour objectif d'étudier, d'analyser et de comprendre les activités humaines de production et de reproduction, dans un but de préservation et de sauvegarde de l'espèce : s'alimenter, se vêtir, se soigner, s'abriter, s'éduquer, communiquer...

Dans cette tentative, il s'agit de développer des « concepts explicatifs » qui facilitent la compréhension des processus sociaux que l'on entreprend d'analyser. En effet, ce chapitre est scinder en deux section, la première est consacrée à la démarche méthodologique tandis que la deuxième s'attèle sur la démarche empirique.

Section 1 : La démarche méthodologique

1.1Cadre de recherche

Le choix d'une méthodologie de recherche n'est pas fortuit, elle dépend des concepts utilisés et des objectifs fixés. En effet, le chercheur se base sur une approche et un type de recherche en adéquation avec son étude. Ainsi, le développement qui suit mettra en évidence le choix d'une approche et d'un type de recherche.

1. Le choix d'une approche

Il existe deux approches selon [M. GRAWITS, (1996)] : l'approche inductive et l'approche déductive.

L'approche inductive se base sur des observations limitées et à partir de ces observations on inférera des hypothèses et des théories. Elle constitue une base importante du processus de recherche, surtout lorsqu'on est dans un domaine non étudié. Il s'agit d'une démarche qui est donc courante lorsque l'on est dans une étude ou une phase exploratoire. L'approche inductive constitue d'ailleurs souvent une phase initiale pour aider à formaliser des hypothèses dans le cadre d'un processus qui sera ensuite déductif [M. GRAWITS, (1996)].

L'approche déductive, quant à elle, consiste, à partir des connaissances, théories et concepts, et à émettre des hypothèses qui seront ensuite testées à l'épreuve des faits. Selon [P. N'da, (2002)] c'est ce processus qui est appelé démarche hypothético-déductive. Cette démarche consiste à partir de la littérature existante à émettre des hypothèses qui seront testés sur un échantillon représentatif de la population étudiée. Pour notre travail, nous avons opté pour cette dernière démarche car, elle permet de vérifier les hypothèses en utilisant les outils statistiques.

Après le choix de l'approche, il paraît important de présenter les différents types de recherches.

2. Le choix de type de recherche

Il en existe deux, à savoir la recherche causale et la recherche non causale [J.Loubet, (2000)].

La recherche causale : cette recherche consiste à mettre en évidence une éventuelle relation de cause à effet entre les différentes variables. Compte tenu de sa vertu à étudier le lien de causalité entre deux ou plusieurs variables, cette recherche prend la forme d'une recherche empirique.

La recherche non causale: nous trouvons dans cette catégorie la recherche exploratoire et la recherche descriptive.

La recherche exploratoire : dans ce type de recherche, le chercheur doit aboutir à des propositions des résultats théoriques novateurs, créer de nouvelles articulations entre les concepts et d'entreprendre des nouveaux concepts dans un champ théorique donné. Pour tout problème non encore bien défini, on commence par la recherche exploratoire.

La recherche descriptive: comme son nom l'indique, elle a pour objet de décrire un phénomène qui porte sur l'étude. Elle est la plus simple et est basée sur des études qui enregistrent la description systématique des faits, des éléments qui composent les événements que l'on veut étudier. Ici, le chercheur observe les phénomènes tels qu'ils sont dans leur environnement.

Dans notre étude, nous avons opté pour la recherche causale pour analyser les relations entre les variables de différentes hypothèses de notre recherche. Toutes les variables de notre étude sont de type causal. Il s'agit de la croissance qui est une variable dépendante ou expliquée représentée par le PIB, et le secteurtertiaire qui est une variable indépendante ou explicative.

Nous voulons étudier l'influence de cette dernière sur la croissance économique qui est une variable dépendante ou expliquée. Ces variables ont été obtenues grâce à la revue de la littérature à l'issue de laquelle nous étions arrivés à formuler nos hypothèses de recherche. La tertiarisation a un effet positif sur la croissance économique et il existe une relation de causalité entre le variable indépendante (ou explicative) et une variable dépendante (ou expliquée). Dans une telle relation, les variables indépendantes représentent la cause dont l'effet se mesure sur la variable dépendante. Après avoir présenté le cadre de notre étude, il convient de passer à la description de la démarche choisie dans le cadre de notre étude.

1.2 Une démarche hypothético-déductive

Considérant que l'économie est une science fondamentalement sociale, la démarche de tout travail de recherche suit une démarche hypothético-déductive : déterminer a priori une relation causale, ou une relation de réciprocité, qu'il faudra démontrer en utilisant le matériau empirique et conceptuel à sa disposition. Les sciences dites « exactes », au contraire, adoptent une méthode inductive, selon laquelle l'observation conduit à la délimitation de certains faits qui, corrélés statistiquement, contribuent à la formulation d'une théorie [M. GRAWITS, (1996)].

L'objectif de tout projet de recherche en économie est l'argumentation et la démonstration dans un cadre théorique et analytique établi par « sélection » : mettre en avant les principaux repères théoriques de la recherche dans le but de rendre intelligible la réalité du sujet. Le « cadre conceptuel » établi, il s'agit d'énoncer une ou plusieurs hypothèses qui se définissent comme des propositions de réponses anticipées et provisoires du phénomène étudié à la question initialement posée (S. Boutillier, A. Goguel d'Allondans, D. Uzunidis, 2005) [P. N'da, (2002)]

Le concept se définit comme une représentation abstraite et universelle de l'objet. Dans l'affrontement et la confrontation généralisés des théories, des démarches, des approches, le chercheur, pour se frayer un chemin, construit son modèle d'analyse. Il se dote d'un modèle théorique particulier composé d'un système de concepts organisé, soigneusement défini, et d'un nombre limité d'hypothèses liées entre elles afin de former un ensemble cohérent.

La méthode hypothético-déductive qui sera suivie afin d'interpréter et répondre à la question de départ se résume par deux mots clés : observation et déduction. Cette méthode s'apparente à une suite logique des raisonnements étayés par l'observation, l'analyse et la déduction.

Grawits estime que ces raisonnements économiques orientés par la question originelle du projet de recherche empruntent aux autres sciences des outils (par exemple mathématiques), des « lois »-concepts (p. ex. l'évolution) ou des traitements informationnels (par exemple cadre juridique ou historique)[M. GRAWITS, (1996)]. Le rangement systématique des méthodes propres et des emprunts à d'autres méthodes dans un même système et selon une logique d'hypothèses différenciées aboutit à la construction des paradigmes scientifiques organisateurs des discours.

La démarche en économie est essentiellement conditionnée par des choix paradigmatiques du fait de la coexistence de plusieurs systèmes d'observation d'un « fait économique », eux-mêmes définis par des a priori conceptuels [M. GRAWITS, (1996)].

En effet, à la différence des sciences physiques, le test, la méthode expérimentale sont impossibles. Les causes des phénomènes étudiés ne peuvent être isolées ; les mêmes causes n'ont pas les mêmes effets. L'histoire peut très aisément rendre caduques les paradigmes économiques et, du même coup, annihiler les plus élégantes et les mieux bâties des certitudes des économistes [J.Loubet, (2000)].

1.3. Collecte des données

Après cette première étape de réflexion à partir d'un soubassement théorique, explicitement ou implicitement avancé et d'une formulation d'hypothèses, la recherche entre dans une phase d'opérations pratiques, en laboratoire, sur le terrain ou à partir de sources documentaires (statistiques, textes, images)

Par ces termes, nous sous-entendons ici toutes les stratégies de production et de traitement d'informations, menées dans un cadre et des objectifs scientifiques. Pour la matérialisation de notre travail, nous avons utilisé deux techniques à savoir ; la technique d'observation et la technique documentaire.

1. La technique d'observation

La notion d'observation n'est pas univoque. Elle prend des sens différents selon qu'elle est employée au sens banal ou scientifique du terme. Dans ce dernier cas, elle recouvre des réalités différentes selon le contexte où elle est utilisée.

- L'observation au sens courant du terme : Au sens courant du terme, l'observation est « l'action de considérer avec une attention suivie la nature, l'homme, la société afin de mieux les connaître » (Dictionnaire Robert). Cette attitude d'examen et de jugement s'opère spontanément et, le plus souvent sans interrogation préalable et critique de ses propres convictions, prénotions et préjugés.

- L'observation au sens scientifique du terme : L'observation scientifique se distingue de l'observation courante et spontanée par son caractère rigoureux et construit. Le type d'opération qu'elle caractérise diffère selon qu'elle est considérée comme un des types de position méthodologique ou comme une étape dans le cycle de la recherche [R. Ghiglione, B. Matalon, (1988)].

- L'observation définie comme position méthodologique : Au sens méthodologique du terme, l'observation se caractérise par le fait qu'elle porte sur des faits contrôlables sans volonté de les modifier. Ici on distingue l'observation contre expérimentation et l'observation directe ou indirecte [R. Ghiglione, B. Matalon, (1988)].

- Observation contre expérimentation : L'observation caractérise toutes les positions méthodologiques autres que celle de l'expérimentation, cette dernière impliquant une action d'intervention dans le réel et de manipulation des variables indépendantes.

- Observation directe ou indirecte : L'observation directe est celle où le chercheur lui-même procède directement au recueil des données sans s'adresser aux sujets concernés et qu'il enregistre selon un plan et une grille d'observation préalablement élaborée. L'observation indirecte (l'expression est rarement utilisée) correspond à tous les cas où le chercheur s'adresse aux personnes concernées et le questionne (enquête par questionnaire ou entretien).

- L'observation définie comme étape dans le processus de recherche : Du point de vue de la procédure à suivre pour mener une recherche, le terme d'observation est employé dans un sens large ou étroit, L'observation étant prise comme intermédiaire entre les hypothèses et la généralisation [M. GRAWITS, (1996)].

Au sens large du terme, l'observation qualifie l'étape de confrontation au réel, entre l'opération de formulation des hypothèses et celle de la généralisation sous forme de résultats confirmés et extrapolables, de lois scientifiques, etc., l'Observation des données dans l'optique du traitement des données [M. GRAWITS, (1996)].

Au sens plus étroit, par opposition à celles du traitement, l'observation désigne les diverses modalités de collecte/production des données : l'administration des questionnaires dans le sondage d'opinion, la conduite des entretiens avec des informateurs dans l'enquête de terrain, la consultation d'archives, les relevés statistiques, etc.

Dans le cadre de l'élaboration de la présente étude, nous avons opté pour l'observation directe.

2. La technique documentaire

Selon [GRAWITZ M, (1996)] la technique documentaire consiste en une fouille systématique de tout ce qui est écrit ayant une liaison avec le domaine de recherche. Il s'agit les ouvrages, les mémoires, les rapports, et les notes de cours ainsi que les sites web, etc.

La technique documentaire renvoie à « toute source de renseignement déjà existante à laquelle le chercheur peut avoir accès. Ces documents peuvent donc être des sonores (disques), visuels (dessins), audiovisuels (films), écrits, ou des objets (insignes, vêtements, monuments) »

Dans l'élaboration du présent mémoire, cette technique nous a servi dans la collecte des informations ayant trait avec notre sujet de recherche ; nous avons consulté les documents (ouvrages, rapports, revues, articles, journaux, sites internet...).

Section 2 : La démarche empirique

2.1 Etude de corrélation

Le test de corrélation (contrairement à la régression simple) ne propose pas d'identifier une variable dépendante et une variable indépendante. On ne cherche qu'à déterminer l'absence ou la présence d'une relation linéaire significative entre les variables.

Par exemple, nous pouvons être intéressés à savoir si le secteur tertiaire est associé à la croissance économique.

Ces variables peuvent être :

- Associées positivement (r > 0) : plus le nombre d'heures d'étude augmente, plus le rendement augmente;

- Associées négativement (r < 0) : plus le nombre d'heures d'étude augmente, plus le rendement diminue;

- Non associées (r = 0) : le nombre d'heures d'études n'a aucune influence sur le rendement.

La corrélation est une quantification de la relation linéaire entre des variables continues. Le calcul du coefficient de corrélation de Pearson repose sur le calcul de la covariance entre deux variables continues. Le coefficient de corrélation est en fait la standardisation de la covariance. Cette standardisation permet d'obtenir une valeur qui variera toujours entre -1 et +1, peu importe l'échelle de mesure des variables mises en relation.

· L'hypothèse nulle est donc que les deux variables ne sont pas associées, qu'il n'y a pas de relation entre ces dernières (r = 0).

· L'hypothèse alternative est qu'il existe une relation linéaire entre les deux variables.

Pour bien comprendre le calcul du coefficient de corrélation, il est nécessaire de revenir sur le concept de covariance.

Quand des variables covarient, un écart à la moyenne d'une variable est accompagné par un écart dans le même sens ou dans le sens opposé de l'autre pour le même sujet. Donc, pour chaque valeur qui s'écarte de la moyenne, on s'attend à trouver un écart à la moyenne pour l'autre variable.

M Pearson a eu la brillante idée de faire en sorte que toutes les données soient comparées à partir d'une unité de mesure en laquelle toutes les échelles de mesures peuvent être converties : l'écart-type.

Nous nous rappelons que l'écart-type, comme la variance, est une mesure de la dispersion des données autour de la moyenne. Lorsque nous divisons n'importe quelle distance de la moyenne par l'écart-type, nous obtenons cette distance en unités d'écart-type.

Nous pouvons donc suivre la même logique pour trouver la covariance en unités d'écart-type. Il faut toutefois se rappeler que puisque nous avons deux variables, nous avons aussi deux écart- types.

Puisque nous allonscalculer la variance pour chaque variable avant de les multiplier, nous allons en faire de même avec les écart-types : nous les multiplions et divisons la sommation de la multiplication des deux variances par le produit des deux écart-types.

Nous obtenons ainsi le coefficient de corrélation de Pearson [R. Rico, (2006)] :

Pour être interprété, le coefficient de corrélation doit être significatif (la valeur de p doit être plus petite que 0,05). Si le coefficient est non significatif, on considère qu'il est semblable à r = 0. Par contre, lorsqu'il est significatif, le coefficient de corrélation donne deux informations importantes :

- Le sens de la relation linéaire entre les deux variables : Le coefficient de corrélation, qui présente finalement la covariance standardisée, varie entre - 1 et 1. Un coefficient de 1 indique une corrélation positive parfaite entre les deux variables. À l'inverse, un coefficient de - 1 indique une corrélation négative parfaite: lorsque la variable x augmente, la variable y diminue dans la même proportion. Dans les deux cas, les points tombent parfaitement sur la droite. Un coefficient de 0 indique qu'il n'y a aucune relation entre les deux variables. Ainsi, la variation de l'une n'est aucunement associée à la variation de l'autre.

- La force de la relation linéaire entre les deux variables : Plus la valeur du coefficient est proche de + 1 ou de - 1, plus les deux variables sont associées fortement. Au contraire, plus le coefficient est près de 0, moins les variables partagent de covariance et donc, moins l'association est forte. On peut qualifier la force de cette relation avec les balises de Cohen concernant la taille d'effet. 

Pour la corrélation, nous n'avons pas à effectuer de calcul particulier pour connaître la taille d'effet. Nous regardons seulement la valeur du coefficient et nous l'interprétons selon les balises de Cohen (1988) [R. Rico, (2006)] :

Autour de 0,10 effet de petite taille corrélation faible

Autour de 0,30 effet de taille moyenne corrélation moyenne

Autour de 0,50 effet de grande taille corrélation forte

Les questions auxquelles répond la modélisation de la relation linéaire dans le cas de notre étude sont celles- ci :

Quel est l'effet de la tertiarisation ou de la prépondérance des activités du secteur tertiaire sur la croissance économique en RDC ?

Existe-t-il une corrélation entre les activités du secteur tertiaire et la croissance économique ?

Nous allons étudier la plus simple des modélisations: la régression linéaire simple.

Hypothèse nulle

Dans le cas de la régression, l'hypothèse nulle est qu'il n'y a pas de relation entre la variable dépendante et la variable indépendante, donc que la variable indépendante ne permet pas de prédire la variable dépendante.

L'hypothèse alternative est qu'il est possible de prédire la variable dépendante à partir de la variable indépendante.

Prémisses

1.      Distribution normale : les valeurs de la variable dépendante sont normalement distribuées.

2.     Homogénéité des variances : la variance dans la distribution de la variable dépendante doit être constante pour toutes les valeurs de la variable indépendante.

3.      Le prédicteur (la variable indépendante) doit présenter une certaine variance dans les données (pas de variance nulle).

4.   Le prédicteur n'est pas corrélé à des variables externes (qui n'ont pas été intégrées au modèle) qui influencent la variable dépendante.

5.     Homoscédasticité : pour toutes les valeurs du prédicteur, la variance des résiduels (erreur de mesure) est homogène. Cette prémisse peut être vérifiée par l'examen du nuage de points du croisement entre les valeurs prédites standardisées et les résiduels standardisés.

6.     Distribution normale et aléatoire des résiduels : cette prémisse signifie que la différence entre le modèle et les valeurs observées sont près de zéro. Elle peut être vérifiée par l'examen du nuage de points qui a servi à vérifier la prémisse d'homoscédasticité.

7.     Les valeurs de la variable dépendante sont indépendantes : chaque valeur de la variable dépendante vient d'une observation distincte. Les observations ne sont pas reliées entre elles.

8.    Relation linéaire entre la variable indépendante et la variable dépendante : la relation modélisée est linéaire. Cette prémisse peut être vérifiée par le nuage de points du croisement entre ces deux variables. 

2.2 Le modèle de régression avec un prédicteur : la variable X

Le but d'un modèle est d'expliquer le mieux possible la variabilité de la variable dépendante (y) à l'aide d'une ou plusieurs variables indépendantes (x). Dans le cas de la régression linéaire simple, le modèle ne contient qu'une seule variable indépendante.

Il est très important de comprendre que pour être valable, un modèle avec prédicteur doit expliquer significativement plus de variance qu'un modèle sans prédicteur. Sinon, on est encore mieux avec seulement la moyenne. La première chose à faire dans l'interprétation des résultats sera donc de vérifier si le modèle de régression avec prédicteur (notre variable x) sera significativement plus intéressant qu'un modèle sans prédicteur (la moyenne de y).

1. Aspect algébrique du modèle de régression: Équation de la droite de régression linéaire simple

Le modèle de régression peut aussi se représenter sous une forme mathématique. En fait, la droite de régression s'exprime avec l'équation algébrique décrivant une droite dans un plan cartésien. Si y est la variable placée sur l'axe vertical (ordonnée) et x, la variable placée sur l'axe horizontal (abscisse), l'équation est :

Yprédit = bo + b1X

Le coefficient b0 est appelée l'ordonnée à l'origine ( ou constante). C'est la valeur prédite de y quand x = 0. 

Le coefficient b1 est appelé la pente. C'est le changement sur y lorsque x change d'une unité.

Y est généralement appelé variable dépendante (dans la mesure où nous tentons d'expliquer la variabilité de y avec les valeurs de la variable x) et x est généralement appelé variable indépendante.

Dans notre exemple, la variable dépendante est la croissance économique et la variable indépendante est la production du secteur tertiaire. Nous tentons donc d'expliquer la variabilité de la croissance économique mesurée par le PIB en fonction des activités du secteur tertiaire.

2. Évaluation de la qualité d'ajustement du modèle de régression avec prédicteur : R2 et R

Nous venons de voir l'amélioration de l'explication de la variabilité de la croissance économique en partant du modèle le plus simple (seulement la moyenne) jusqu'à l'ajout de la variable indépendante, qui nous a permis de réduire de beaucoup les résiduels entre la droite et les observations.

En effet, il s'agit de savoir si la variable que nous mettons en relation avec la variable dépendante permet de mieux expliquer sa variabilité, donc de diminuer de manière significative les résiduels calculés dans un modèle sans prédicteur ?

Elle représente la différence entre le modèle sans prédicteur et celui avec un prédicteur et s'appelle somme des carrés du MODÈLE (SCM). C'est en fait la soustraction entre SCT (variation totale) et SCR (résiduel).

Lorsque cette somme est très différente de la somme totale, l'ajout de la variable a grandement amélioré le modèle. Une somme plus modeste indiquerait que l'ajout de cette variable indépendante n'a pas permis de mieux expliquer la variabilité de y. 

La manière de représenter cette amélioration est de faire le rapport entre la somme des carrés du modèle avec prédicteur (SCM) et la somme des carrés du modèle sans prédicteur (SCT).

Le résultat de ce rapport est appelé R2 et sert à exprimer en pourcentage (lorsque multiplié par 100) la proportion de variance de y qui est expliquée par le modèle (SCM) par rapport à la quantité de variance qu'il y avait à expliquer au départ (SCT).

 

Nous verrons plus loin que la racine carrée de R2 dans le cadre de la régression simple donne le coefficient de corrélation (R) et que celui-ci est un bon estimateur du degré global d'ajustement du modèle. 

La valeur F

Les types de somme des carrés servent aussi à calculer l'ajustement du modèle avec le test de la valeur F. 

La régression est basée sur le rapport entre le carré moyen de l'amélioration due au modèle (SCM) et le carré moyen de la différence observée entre le modèle et les données réelles (SCR). 

Pour le carré moyen du modèle (CMM), on divise le SCM par le nombre de variable dans le modèle (ici 1) et pour le carré moyen résiduel (CMR), on divise la SC par le nombre de sujets moins le nombre de paramètres « b » estimés (ici b0 et b1). 

Au final, il faut comprendre que la valeur F est une mesure de combien le modèle s'est amélioré dans la prédiction de y comparativement au degré d'imprécision du modèle. 

Si un modèle est bon, l'amélioration de la prédiction due au modèle devrait être grande (CMM sera élevé) et les différences entre le modèle (droite de régression) et les valeurs observées, petites (CMR devrait être faible). 

3. Évaluation de l'ajustement de la droite de régression aux données

La droite de régression des moindres carrés est la ligne qui résume le mieux les données dans le sens où elle possède la plus petite somme des carrés des résiduels. Ceci dit, cela ne signifie pas nécessairement que cette droite est bien ajustée aux données. Donc, avant d'utiliser la droite de régression pour prédire ou décrire la relation entre deux variables, on doit donc vérifier la qualité d'ajustement de la droite avec les données avec la valeur de R, soit le coefficient de corrélation. Si la droite est peu ajustée aux données, les conclusions basées sur celle-ci seront imprécises voire invalides. 

4. Estimation de la variabilité expliquée par le modèle

En dernier lieu, il faut évaluer la proportion de la variabilité totale qui est expliquée par le modèle de régression. Pour ce faire, on utilise les valeurs des sommes des carrés.

En fait, la modélisation par régression tient en trois éléments interreliés qui se trouvent invariablement dans tous les modèles de régression simple ou multiple :

La variabilité totale(SCT: C'est la variance de la variable dépendante que nous cherchons à expliquer (sans aucun prédicteur

La variabilité expliquée par le modèle (SCM: C'est la partie de la variance totale qui est expliquée par l'ajout d'un prédicteur, c'est-à-dire la construction d'un modèle.

La variabilité non expliquée par le modèle (SCR) : C'est la partie de la variance qui n'est pas expliquée par le modèle et qui reste donc à expliquer avec d'autres variables indépendantes.

De ces éléments, on tire deux informations fondamentales en régression, soit :

1) La proportion de variance expliquée par le modèle

 

Plus la proportion est élevée, plus le modèle est puissant. L'inverse est aussi vrai.

2) La proportion de variance non expliquée par le modèle (variance résiduelle)

Conclusion partielle

La réalisation de ce travail de recherche sur le plan théorique que pratique nécessite le recours à des méthodes et techniques bien appropriées. Ainsi, nous avons fait recours à la méthode hypothético-déductive. Cette méthode est appuyée par deux techniques principales à savoir la technique d'observation directe et la technique documentaire.

CHAPITRE IV. ETUDE EMPIRIQUE DE LA TERTIARISATION DE L'ECONOMIE CONCOLAISE

Introduction partielle

Ce chapitre se veut plus pratique par rapport aux chapitres précédents qui ont été consacré à la théorie sur la tertiarisation. C'est dans ce chapitre que nous allons répondre à nos questions de recherche et sur base des résultats que nous obtiendrons que nous aurions à affirmer ou infirmer nos hypothèse qui ont été avancées comme des réponses provisoires.

Ce chapitre est subdivisé en deux sections ; la première est consacrée aux analyses statistiques de la tertiarisation de l'économie congolaise. Il est question ici de traitement des données suivi des interprétations statistiques de l'influence des activités du secteur tertiaire sur la croissance économique de la RDC. La deuxième section quant à elle va porter sur les analyses économiques de la tertiarisation de l'économie congolaise. C'est cette analyse qui nous permettra de discuter avec les différents auteurs avant de prendre position quant à ce.

Section 1. Analyse statistique de la tertiarisation de l'économie congolaise

L'analyse des données permet de traiter un nombre très important de données et de dégager les aspects les plus intéressent de la structure de celles-ci. Le succès de cette discipline est dû, dans une large mesure, aux représentations graphiques fournies. Ces graphique peuvent mettre en évidence des relations difficilement saisies par l'analyse directe des données ; mais surtout, ce représentations ne sont pas liées à une opinion « à priori » sur les lois des phénomènes analysés contrairement aux méthodes de la statistique classique.

Il s'avère donc indispensable de rappeler à ce niveau que, l'objectif principal de cette étude est la détermination de l'effet ou l'influence des activités du secteur tertiaire sur la croissance économique de la RDC. Pour ce faire, nous allons mesurer cette croissance à l'aide du PIB dans les données. A cet égard, la régression multiple s'impose pour mieux ressortir la part de chaque secteur d'activité (primaire, secondaire et tertiaire) dans la formation du PIB, afin de voir à quel niveau chaque secteur influence la croissance économique. Cependant, notons que c'est le secteur tertiaire qui nous intéresse plus.

1.1 Présentation et traitement des données

Tableau n° 2 : Présentation des données relatives au PIB et au secteur tertiaire en millions de CDF

ANNEE

PIB

TERTIAIRE

1989

3349,2

1096,1

1989

6450,4

2048,1

1989

140561,1

45843,3

1992

18,2

6,6

1993

275

92,7

1994

69,6

13,8

1995

397,5

94,2

1996

2887,2

986,8

1997

7842,9

2395,4

1998

9839,1

3151

1999

51723,9

14887,2

2000

295331,5

89089,5

2001

1381439,7

275547,2

2002

1891300

496900

2003

2249003,8

630832,5

2004

2534454

718149

2005

3303309,1

950233,2

2006

3943779,9

1174087,4

2007

5043890,8

1593758,4

2008

6393790,8

2020297,3

2009

14207135,5

5646184,1

2010

18485576,9

6740687,6

2011

22371387,1

7673851,3

2012

25090569,1

8730280,5

2013

27724927

9513006,7

2014

30742890,4

10296062,1

2015

32457940,7

11364783,1

2016

34820417,4

12399597,8

2017

52789387,8

18328996

2018

72900127,7

24332550,3

SOURCE : Elaboré par nous sur base des données des rapports annuels de la BCC des années 1989 à 2018

Commentaire : Le tableau ci-dessus montre la contribution des différents secteurs sur la croissance économique de la RDC mesuré en millions de CDF des valeurs ajoutés pour une période allant de 1989 à 2018 soit une période de trente ans

1.2 Traitement des données

Il importe de rappeler à ce niveau que, le traitement de données de notre étude est fait à l'aide du logiciel statistique de traitement des donnéesEviews 8.

En effet, notre analyse repose sur l'écriture d'un modèle reliant le Produit intérieur brut (PIB) à la production du secteur Tertiaire (TERT). Il s'agit d'étudier la relation existante entre le secteur tertiaire et la croissance économique de la R.D.C et voir dans quelle mesure le secteur tertiaire influence la croissance économique.

La formulation de l'équation du modèle à estimer est la suivante :

PIB= f (TERT).

L'équation du modèle de départ que nous allons estimer s'écrit comme suit :

PIB = a0 + a1TERT + i

Avec :

PIB: la variable dépendante (expliquée)

TERT : la variable indépendante (explicative)

ai : Les coefficients à estimer

i: le terme d'erreur.

1. Estimation du modèle

Il existe trois raisons principales pour construire et estimer des modèles économétriques. Premièrement on étudie les relations et les dépendances entre les variables macro-économiques ; deuxièmement, on cherche la possibilité les effets des variations des variables indépendantes particulières sur les variables endogènes du modèle en faisant des simulations ; troisièmement, on utilise le modèle pour faire dans le future, une prévision de l'évolution économique.

Dans notre étude, c'est le deux premiers aspects qui nous intéresse beaucoup plus, il s'agit d'étudier les relations existantes entre le secteur tertiaire et la croissance économique mais également nous cherchons à déterminer les effets de la tertiarisation sur la croissance économique.

Tableau n°3 : tableau relatif à l'estimation du modèle

DependentVariable: PIB

 
 

Method: Least Squares

 
 

Date: 12/01/20 Time: 12:45

 
 

Sample: 1989 2018

 
 

Includedobservations: 30

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Variable

Coefficient

Std. Error

t-Statistic

Prob.  

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

C

9360.317

163182.8

0.057361

0.9547

TERT

2.914119

0.022138

131.6339

0.0000

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

R-squared

0.998387

    Meandependent var

11961669

Adjusted R-squared

0.998329

    S.D. dependent var

18167721

S.E. of regression

742644.9

    Akaike info criterion

29.93816

Sumsquaredresid

1.54E+13

    Schwarz criterion

30.03158

Log likelihood

-447.0725

    Hannan-Quinn criter.

29.96805

F-statistic

17327.48

    Durbin-Watson stat

1.358208

Prob(F-statistic)

0.000000

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Source : sortie Eviews 8

L'équation obtenue est : PIB = 9360,32 + 2,91 TERT

(0,06) (131,63)

(.) : Ratio de student

- Le modèle est explicatif à 99,8% (R2 = 0,998387),ceci veut dire que pour ce modèle, le Produit intérieur brut est expliqué à 99,8% par le secteur tertiaire et à 0,2% par d'autres facteurs non pris en compte dans le modèle.

Mais cela ne veut pas dire que la proportion du secteur tertiaire dans le produit intérieur brut est de 99,8% et que celle de deux autres secteurs est de 0,2%.

L'incidence du secteurtertiaire sur le PIB est très élevée car R2 est voisin de 100%.

La variable endogène et la variable exogène évoluent dans le même sens, car la pente de la droite est positive.

Dans le cas sous examen, lorsque la variable exogène augmente d'une unité, la variable endogène augmente de 2,91 unités.

Ce résultat nous permet d'affirmer notre hypothèse selon laquelle, la tertiarisation influence de manière positive la croissance économique de la R.D.C car, plus le tertiaire est élevé, plus la croissance l'est aussi et vice-versa.

2. Calcul du coefficient de corrélation

Le coefficient de corrélation r = permet de déterminer le sens et l'intensité de la liaison entre les deux variables. Nous allons l'interpréter par rapport au signe et par rapport au degré de liaison entre variables.

Son interprétation est contenue dans le tableau ci-dessous :

Tableau n°4 : Tableau relatif à l'interprétation du coefficient de corrélation

A. Interprétation par rapport au signe

§ Si rXY> 0, X et Y sont positivement corrélées [les deux variables évoluent dans le même sens].

§ Si rXY< 0, X et Y sont négativement corrélées [les deux variables évoluent dans un sens opposé].

§ Si rXY = 0, X et Y sont non corrélées [c-à-d qu'il n'existe pas de liaison linéaire entre les deux variables].

B. Interprétation par rapport à l'intensité

§ Si rXY = #177; 1 (100 %), le lien linéaire entre X et Y est parfait.

§ Si 0.80 <rXY< 1, le lien linéaire est très fort.

§ Si 0.65 <rXY< 0.80, le lien linéaire est fort [élevé].

§ Si 0.50 <rXY< 0.65, le lien linéaire est modéré.

§ Si 0.25 <rXY< 0.50, le lien linéaire est faible.

§ Si 0.025 <rXY< 0.25, le lien linéaire est très faible.

Source : [Kapinga J. (2019)]

Dans le cas sous examen r = 0,9992et s'interprète comme suit :

- Par rapport au signe : il est positif, cela signifie que les deux variables sont positivement corrélées c'est-à-dire qu'elles évoluent dans la même direction (l'augmentation de la variable exogène entraîne l'augmentation de la variable endogène)

- Par rapport à l'intensité de la liaison : il est presque égal à 1 ou 100%; donc le lien linéaire entre les deux variables est parfait.

Ainsi donc, le coefficient de corrélation nous permet également d'affirmer l'hypothèse selon laquelle il existe une relation parfaite entre le tertiaire et la croissance économique étant donné que r= 0,9992 et que l'intensité de la liaison est presqu'égal à 1.

3. Test global du modèle

Il permet de vérifier si le modèle est globalement significatif.

- Hypothèses : deux hypothèses peuvent être émises :

- H: le modèle n'est pas significatif

- H: le modèle est significatif

- Règle de décision : On rejette H0 lorsque la probabilité associée à F-statistic est inférieure à 0,05 (5%)

La lecture du tableau ci-haut (tableau relatif à l'estimation du modèle) témoigne que le modèle est globalement significatif car la probabilité associée à F-statistic(0.0000)estinférieure à(0,05) 5%, on rejette donc l'Hypothèse nulle H0.

4. Tests individuels des paramètres

Ici nous nous intéressons à la significativité individuelle des paramètres a0 et a1

- Hypothèses : deux hypothèses peuvent être émises :

- H: le paramètre n'est pas significatif

- H: le paramètre est significatif

- Règle de décision : On rejette H0 lorsque la probabilité associée à t-statistic est inférieure à 0,05 (5%)

· Test du paramètre « a0 »

La valeur de la probabilité associée à t-statistic(0,9547) étant supérieure à 0,05 (5%), nous acceptons l'hypothèse nulle H0, donc le paramètre « a0 » n'est pas significatif dans le modèle.

La non significativité de l'ordonnée à l'origine n'a pas d'incidence sur le modèle, car ce qui importe plus c'est la significativité de la pente de la droite.

· Test du paramètre « a1 »

La valeur de la probabilité associée à t-statistic(0,0000) étant inférieure à 0,05 (5%), nous rejetons l'hypothèse nulle H0, donc le paramètre « a1 » est significatif dans le modèle.

5. Test de normalité des résidus.

En statistiques, les tests de normalité permettent de vérifier si des données réelles suivent une loi normale ou non.

Pour tester la normalité des résidus, nous utilisons le « test de JarqueBera » dont les résultats seront donnés dans le tableau ci-dessous :

- Hypothèses : deux hypothèses peuvent être émises :

- H: lesrésidus sont normalement distribués

- H: les résidus ne sont pasnormalement distribués

- Règle de décision : On rejette H0 lorsque la probabilité associée à la statistique de JarqueBera est inférieure à 0,05 (5%).

Figure n°3 : Test de normalité de JarqueBera

Source : Résultat du traitement à partir du logiciel Eviews 8

La probabilité associée à la statistique de JarqueBera(0,001585) étant inférieure au seuil statistique de 0,05 (5%), nous rejetons H0, nous considérons que les résidus ne sont pas normalement distribués.

6. Test d'autocorrélation des erreurs

- Hypothèses : deux hypothèses peuvent être émises :

- H: il y a absence d'autocorrélation des erreurs

- H:il y a autocorrélation des erreurs

- Règle de décision : On rejette H0 lorsque la Prob(Obs*R-squared)est inférieure à 0,05 (5%).

Tableau n°5 : Tableau relatif au test d'autocorrélation des erreurs

Breusch-Godfrey Serial Correlation LM Test:

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

F-statistic

2.713190

    Prob. F(2,26)

0.0851

Obs*R-squared

5.180088

    Prob. Chi-Square(2)

0.0750

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Test Equation:

 
 
 

DependentVariable: RESID

 
 

Method: Least Squares

 
 

Date: 12/02/20 Time: 14:06

 
 

Sample: 1989 2018

 
 

Includedobservations: 30

 
 

Presamplemissing value laggedresiduals set to zero.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Variable

Coefficient

Std. Error

t-Statistic

Prob.  

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

C

11480.95

159612.9

0.071930

0.9432

TERT

-0.000909

0.025323

-0.035907

0.9716

RESID(-1)

0.421802

0.239623

1.760273

0.0901

RESID(-2)

-0.447277

0.243240

-1.838831

0.0774

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

R-squared

0.172670

    Meandependent var

-1.23E-09

Adjusted R-squared

0.077208

    S.D. dependent var

729728.3

S.E. of regression

700991.9

    Akaike info criterion

29.88195

Sumsquaredresid

1.28E+13

    Schwarz criterion

30.06877

Log likelihood

-444.2292

    Hannan-Quinn criter.

29.94171

F-statistic

1.808793

    Durbin-Watson stat

1.746648

Prob(F-statistic)

0.170330

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Source : Résultat du traitement à partir du logiciel Eviews 8

De ce tableau, nous remarquons qu'il n'y a pas d'autocorrélation des erreurs car la Prob (Obs*R-squared) est supérieure à 5%, donc nous acceptons l'hypothèse nulle.

7. Test d'hétéroscédasticité
Hypothèses : deux hypothèses peuvent être émises :

· H: il y a Homoscédasticité

· H: il y a Hétéroscédasticité

§ Règle de décision : On rejette H0 lorsque la Prob(Obs*R-squared) est inférieure à 0,05 (5%).

Tableau n°6 : Tableau relatif au test d'hétéroscédasticité

HeteroskedasticityTest:Breusch-Pagan-Godfrey

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

F-statistic

11.24058

    Prob. F(1,28)

0.0023

Obs*R-squared

8.593588

    Prob. Chi-Square(1)

0.0734

Scaledexplained SS

18.55914

    Prob. Chi-Square(1)

0.0000

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Test Equation:

 
 
 

DependentVariable: RESID^2

 
 

Method: Least Squares

 
 

Date: 12/02/20 Time: 15:40

 
 

Sample: 1989 2018

 
 

Includedobservations: 30

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Variable

Coefficient

Std. Error

t-Statistic

Prob.  

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

C

1.04E+11

2.20E+11

0.471921

0.6406

TERT

100164.7

29875.86

3.352697

0.0023

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

R-squared

0.286453

    Meandependent var

5.15E+11

Adjusted R-squared

0.260969

    S.D. dependent var

1.17E+12

S.E. of regression

1.00E+12

    Akaike info criterion

58.16869

Sumsquaredresid

2.81E+25

    Schwarz criterion

58.26210

Log likelihood

-870.5303

    Hannan-Quinn criter.

58.19857

F-statistic

11.24058

    Durbin-Watson stat

1.818000

Prob(F-statistic)

0.002307

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Source : Résultat du traitement à partir du logiciel Eviews 8

La probabilité associée à Obs*R-squared est supérieure à 5 %, donc il y a absenced'hétéroscédasticité (c'est-à-dire Homoscédasticité).

Section 2 : Analyses économiques et considérations finales

2.1 Analyse économique

Contrairement à la section précédente qui a porté sur l'analyse statistique, cette dernière confronte les résultats par rapport aux objectifs assignés à ce travail pour vérifier si réellement les objectifs ont été atteints ou non ainsi que les interprétations économiques.

Il sied de rappeler que l'analyse statistique précédente ainsi que les tests y afférents ont conduit au rejet de l'hypothèse nulle de ce travail selon laquelle il n'existe pas une relation linéaire entre les activités du secteur tertiaire et la croissance économique dont l'indicateur est le PIB mesuré au prix courant.

Par contre, notre hypothèse alternative qui stipule qu'il existe une relation linéaire entre les activités du secteur tertiaire et la croissance économique est acceptée dans la mesure que le test de corrélation est positif.

Cela étant, il y a lieu de dire que plus dans un pays le niveau des activités du secteur tertiaire est trop élevé, plus la croissance économique de ce pays l'est aussi, ceci implique donc que lorsque la croissance économique augmente, le secteur tertiaire augmente également.

En effet, le modèle est explicatif à 99,8% (R2 = 0,998387), ceci revient à dire que pour ce modèle, le Produit intérieur brut est expliqué à 99,8% par le secteur tertiaire et à 0,2% par d'autres facteurs non pris en compte dans le modèle.

Effet de la tertiarisation sur la croissance économique de la RDC

La revue théorique voir empirique nous a montré que les économies contemporaines sont à la fois des économies des services et de l'innovation et que les économies les plus avancées du monde font écho à leur désindustrialisation qui tendent vers l'immatériel. 

Il s'avère que les économies développés tirent principalement leurs revenu et leurs emplois dans le secteur tertiaires qui con courent essentiellement à la formation de leur richesse.

Pour ce faire, nous nous étions assigné comme objectif principal dans ce travail de déterminer l'effet de la tertiarisation sur la croissance économique de la RDC.

Comme nous avons fait mention au début de notre travail que les économies contemporaines sont à la fois des économies des services et de l'innovation et que les économies les plus avancées du monde font écho à leur désindustrialisation qui tendent vers l'immatériel. 

Il s'avère que les économies développés tirent principalement leurs revenu et leurs emplois dans le secteur tertiaires qui con courent essentiellement à la formation de leur richesse.

Pour ce faire, nous nous étions assigné comme objectif principal dans ce travail de déterminer l'effet de la tertiarisation sur la croissance économique de la RDC.

En effet, après analyse est traitement des données, il se révèle que le modèle est significatif à 99,8% (R2 = 0,998387), ce qui revient à dire que la tertiarisation de l'économie congolaise a un effet positif sur la croissance économique.

Ce résultat prouve à suffisance que le secteur tertiaire contribue efficacement à la croissance économique de la RDC par rapport au secteur primaire et secondaire d'où la prépondérance du secteur tertiaire.

Cette prépondérance des activités du secteur tertiaire par rapport aux autres secteurs peut-être expliquée par plusieurs facteurs :

- Le secteur tertiaire offre des multiples opportunités pour l'entrepreneuriat, beaucoup des PME évoluent dans le secteur tertiaire réussissent et se maintiennent facilement étant donné que ces entreprises ne nécessitent pas un capital très important pour l'investissement. Il paraît donc souhaitable d'encourager les entreprises de services, trop souvent implantées dans les métropoles, à se localiser dans des zones où les PME sont dynamiques ou de favoriser l'apparition d'entreprises de services lorsque de véritables marchés semblent possibles. Il y a alors un effet d'entraînement entre les PME/PMI qui externalisent leurs fonctions de services et les entreprises de services.

· Depuis un certains temps, le secteur de service intéresse beaucoup les gens, ceci est dû peut-être à l'augmentation de la demande des services qui sont utilisés comme intrants dans la conception d'un bien ou d'un autre servie.

· L'économie congolaise étant quasiment extravertie, la production des biens est sacrifiée à l'importation des ces biens à l'extérieur, ce qui justifierait la prépondérance du secteur tertiaire.

2.2. Considérations finales

1. Discussion

Nous voici au terme de notre rédaction qui a eu pour thème : « les retombés de la tertiarisation sur la croissance économique de la RDC ». L'objectif principal de cette recherche était de déterminer l'effet ou l'influence de la prépondérance des activités du secteur tertiaire sur la croissance économique de la RDC.

Après une analyse empirique, il s'est révélé que la tertiarisation a un effet positif sur la croissance économique de la RDC mesurée par le PIB, avec un coefficient de corrélationr = 0,9992 Ce qui implique qu'il existe une relation linéaire positive. Il y a donc lieu de parler de la tertiarisation de l'économie congolaise

Au regard de ces résultats obtenus, il convient donc de le confronter aux théories émises par les différents auteurs évoqués dans la revue de littérature et ayant abordé ce thème. En effet, il existe deux grandes conceptions quant à la croissance tertiaire tel que mentionné dans le premier chapitre de ce travail. Il s'agit de la conception post industrielle et la conception néo-industrielle. C'est sur base de ces deux grandes conceptions que nous discutons.

a. La conception post industrielle

Selon les tenants de cette conception, la société post industrielle suggère un changement de paradigme dans une société donnée par rapport à celui qui prévalait auparavant. En l'occurrence, celui-ci s'oppose au concept de l'industrialisation, qui servait de référence au pays industrialisés aujourd'hui unanimement consacré par la formule « Révolution industrielle ».

Parmi les figures proues on peut citer ; Daniel Bell et Touraine qui s'accordent à considéré que la société post industrielle se caractérise par la subordination des éléments matériels (matières premières et machines) à des éléments immatériels (connaissance et information) dans l'organisation sociétale.

Bell associe la société post industrielle à la montée en puissance d'éléments immatériels (connaissances et informations) : il estime qu'une technologie de l'intellect est appelée à succéder à la technologie de la machine et il en voit la preuve empirique dans l'augmentation exponentielle du secteur de services.

Plusieurs auteurs ce sont alignés derrière cette conception. La part des activités du secteur tertiaire dans les pays de l'OCED atteint dorénavant jusqu'à 70 à 80% du PIB des économies développées et 40% du PIB des économies moins avancées. [Bertran B, (2009)] révèle de son coté des statistiques très frappants ; aux Etats-Unis, moins de 10% travaillent dans l'industrie, en France, la part de l'industrie est passée de 35% à 22% de 1970 à 1990 et la part de service pour la même période est passée de 54% à 69% pour atteindre plus de 75% aujourd'hui. Et en Suisse, la part du secteur tertiaire est de 64%.

Dans le chapitre de l'emploi, [Petit P, (1994)] estime qu'au Japon les activités de service représentent près de deux tiers de l'emploi et de la valeur ajouté. En France, entre 1978 et 2008, environ 15000 emplois sont crées dans le secteur tertiaire contre 6000 dans l'industrie [A. Screiber et A. Vicard, (2008)]. En Europe, sur quatre villes moyennes étudiées le secteur tertiaire emploie 77 à 83% des actifs.

Pour ne citer que ceux-là, il y a lieu d'affirmer donc que les économies les plus avancées sont des économies de service qui s'inscrivent dans la conception post industrielle.

Par ailleurs, il appert de nos résultats de recherche menés en RDC qui du reste est un pays moins avancé que la tertiarisation a certes, une influence sur la croissance économique et qu'il existe une relation linéaire entre le secteur tertiaire et la croissance économique car le coefficient de détermination étant positifr = 0,9992. Ce qui revient à dire que plus les activités du secteur tertiaire sont élevées, plus la croissance économique l'est aussi.

Ces résultats s'inscrivent donc dans la perspective de la conception post industrielle qui soutiennent que la société contemporaine est une société tertiaire car la part des services y est importante et que les gains de productivités sont élevés.

b. La conception néo-industrielle

Parmi les approches néo-industrialistes, la théorie élaborée par Gershuny(1978) apparait comme la plus aboutie. En annonçant et analysant l'émergence d'une société ou d'une économie de « self-service », il abandonne lui aussi l'idée d'une croissance inexonerable de la demande de services.

Selon lui, plus qu'à une croissance de la demande des services, on assisterait à une croissance de la demande des biens manufacturés. En effet, l'équipement croissant de ménages en biens manufacturés contribuerait au remplacement de nombreux services (achetés sur le marché) par de solutions de « self-service ».

Gershuny conteste donc la réalité d'une transition post industrielle à la Bell. Selon lui, les sociétés, et plus spécifiquement la société Britannique, qui est l'objet de ses analyses, restent fondamentalement des sociétés industrielles. En conclusion, pour les tenants de cette conception, les coeurs de nos sociétés resteraient donc la production de biens matériels assurée par le seul secteur moteur qu'est le secteur industriel. La société industrielle étant, dans ce conditions, toujours dominante quoi qu'en transformation.

En effet, les approches dites néo-industrielles sont à la fois nombreuses et variés. Cependant elles ont néanmoins en commun de ne pas envisager les services en dehors d'une économie à base prioritairement industrielle. Les auteurs de cette conception mettent ou remettent l'industrie au coeur du débat.

La première s'inscrit dans la ligné de la tradition classique initiée par Adam Smith qui, rappelons-le, considère que les services sont improductifs. Le tertiaire est par conséquent dans cette conception, un secteur parasitaire dont la progression explique en grande partie les ralentissements économiques et les crises contemporaine.

La deuxième trajectoire, tout en poursuivant à l'hypothèse de l'improductivité des services, revêt néanmoins une dimension moins négative. Les services pèsent sur le fonctionnement de l'économie, mais ils sont cependant indispensables en particulier en raison de leur capacité à créer ou à retenir l'emploi. On parle donc de tertiaire « refuge » ou « éponge » (à emplois).

Enfin, la troisième trajectoire qui analyse plus en détail les interrelations entre les services et industrie, considère que les activités industrielles sont bien à la base de la dynamique économique (elles sont les seules activités motrices) mais qu'elles permettent une certaine expansion du tertiaire. Ainsi donc, l'argument central de ce courant est que les services ne sont pas en voie de supplanter l'industrie mais qu'ils se développent parallèlement à elle.

Par contre, nos résultats rejettent toutes les hypothèses de la conception néo-industrielle qui, rappelons-le l'idée centrale est le rôle moteur attribué à l'industrie dans la détermination de la croissance économique.

2. Recommandations

· Promouvoir le secteur tertiaire

Comme nous l'avons souligné dans ce travail, les économies les plus avancées sont des économies tertiaires. Il est une évidence que le secteur tertiaire influence positivement la croissance des beaucoup de pays en général et la RDC en particulier.

Cela étant, la promotion du secteur tertiaire est de grande importance dans notre pays étant donné que la RDC croupisse encore dans une pauvreté extrême et où les grandes entreprises et les industries lourdes sont presque inexistantes.

Vu que la contribution du secteur tertiaire sur la croissance économique de la RDC est de grande taille et que cela a un effet positif, le gouvernent devrait promouvoir le secteur tertiaire en adoptant des politiques adéquates tels que la modernisation et l'amélioration de la qualité dans l'administration des entreprises publiques oeuvrant dans le secteur tertiaire telles que la RVA, SNEL, TRANSCOM... et même en créer d'autres.

· L'entrepreneuriat dans le secteur tertiaire ou création des PME des services

Les PME occupent une place très importante dans l'économie congolaise et leurs apports et non négligeable.

La création des PME ou l'entrepreneuriat dans le secteur tertiaire serait très souhaitable et encourageant du fait que cela contribuerait tant soit peu à la croissance économique de la RDC, mais aussi les PME ont été toujours considéré comme un réservoir de l'emploi qui absorbe le chômage vu que ce dernier bat record en RDC.

Les PME posséderaient des atouts nécessaires pour s'adapter aux situations des crises tels que la souplesse, le dynamisme, la flexibilité et l'interactivité. Ainsi, une partie des PME grandissent et deviennent des entreprises intermédiaires et au fur et à mesure, ceux-ci deviennent des grandes entreprises.

· Formaliser les activités du secteur tertiaire

Le secteur informel est considéré aujourd'hui comme stratégie de survie des ménages. En RDC son expansion fait suite à la désintégration des structures économiques modernes, la ruine des infrastructures de transport public, la dévalorisation massive dans le secteur public, bref l'effondrement des activités du secteur formel.

En effet, la plupart des activités exercées dans l'informel sont des activités du secteur tertiaire. Ce sont des activités entreprise en marge de la loi et qui se soustrait au contrôle des pouvoirs publics.

En conséquence, les revenus générés dans ces activités entreprises dans l'informel ne sont pas analysés ou pris en compte dans le circuit économique du pays. En plus, ils échappent au contrôle fiscal ce qui fait que ces activités ne contribuent pas à l'accumulation des richesses du pays.

Formaliser les activités du secteur tertiaire est un impératif, indispensable qui renforcerai la contribution du secteur tertiaire sur la croissance économique de la RDC.

Par ailleurs, comme nous l'avons mentionné, nous savons que dans les reproches qui sont faites au PIB comme indicateur de la croissance économique, il lui est reproché d'être partial, c'est-à-dire qu'il ne prend pas en compte certaines activités. C'est le cas par exemple de la sentinelle, le domestique, le jardinier ou encore d'un légume du jardin vendu au marché.

Toutes ses activités font partie du secteur tertiaire et échappent à la comptabilité nationale. La formalisation de toutes ses activités serait donc pour saisir quantitativement l'apport réel du secteur tertiaire.

Conclusion partielle

Après la vérification empirique de la relation existante entre le secteur tertiaire et la croissance économique de la RDC. Les résultats obtenus nous ont conduits à accepter nos hypothèses alternatives.En effet, il existe une relation linéaire parfaite entre la tertiarisation et la croissance économique

La tertiarisation a un effet positif sur la croissance économique de la RDC. Autant le niveau d'activités du secteur tertiaire est élevé, autant la croissance économique est élevé et vise versa, ainsi, la prépondérance des activités tertiaire joue un rôle déterminant sur la croissance économique de la RDC.

CONCLUSION GENERALE

Vouloir c'est pouvoir, dit-on ! Nous voici arrivé à la fin de notre étude de recherche qui a porté sur la thématique : « les retombées de la tertiarisation sur la croissance économique de la RDC », cette étude qui s'effectuée sur une période allant de 1989 à 2018 soit 10 ans.

En effet, la tertiarisation des économies a souvent été analysée comme un phénomène de désindustrialisation devant mener, à terme, à une économie de services. L'analyse des limites de cette approche permet de contester l'idée d'une dissociation stricte entre secteur industriel et secteur des services.

En réalité, ces deux secteurs sont fortement connectés et l'une des caractéristiques majeures de l'évolution des économies développées est plus précisément la croissance des services à l'industrie, ce qui permet de soutenir l'idée que les économies avancées restent des économies de biens.

Si l'absence de consensus sur la définition a été un trait majeur de l'analyse des services pendant longtemps, le manque d'homogénéité des classements des services est tout aussi frappant. En premier lieu, du fait des lacunes au niveau des définitions, la frontière entre biens et services, et donc entre secteurs économiques, était très floue. Les activités considérées comme étant des services variaient d'un auteur à un autre, ce qui impliquait que les diverses analyses du « secteur tertiaire » portaient parfois sur des réalités très différentes.

Cette problématique a été surmontée au fil des années, la frontière entre les secteurs secondaire et tertiaire se stabilisant lentement. Toutefois, cette stabilisation relève plutôt du tâtonnement que d'un véritable consensus en matière de définitions.

En deuxième lieu, on assiste à une très grande hétérogénéité des nomenclatures proposées pour classer les différents services au sein du secteur tertiaire. Si le recours à un critère fonctionnel semble prédominer l'établissement des classements, de nombreuses autres approches ont également été proposées pour déterminer une hiérarchie parmi un ensemble d'activités très disparates.

Deux théories principales ont donné lieu à un débat très fructueux sur ce sujet: il s'agit du post-industrialisme et du néo-industrialisme. Le premier souligne, notamment, la transformation de la consommation finale en faveur des services, ainsi que le rôle croissant de l'information au sein des économies avancées.

Le deuxième, qui naît d'une critique du post-industrialisme, mais qui n'est pas fondamentalement en contradiction avec celui-ci, comporte deux volets principaux: l'un fait ressortir le rôle de l'innovation sociale (c'est-à-dire de l'auto-production de services), tandis que l'autre met l'accent sur les transformations profondes des appareils productifs industriels et sur le développement d'activités immatérielles en amont, en aval et tout au long des processus de production.

Ces deux théories, à première vue opposées, sont en réalité complémentaires. Ensemble, elles nous permettent d'avoir une vision globale des forces sous-jacentes à la montée en puissance des activités de services dans les économies avancées.

Pour ce qui est de la RDC, le secteur tertiaire est aujourd'hui le plus important pourvoyeur de postes de travail et créateur de valeur ajoutée au sein de l'économie congolaise. Or, peu d'études macroéconomiques ont été consacrées au secteur tertiaire dans notre pays, dont l'importance ne cesse pourtant de croître.

C'est ainsi que nous nous étions assigné comme objectif principal dans ce travail, celui de déterminer l'effet de la tertiarisation sur la croissance économique de la RDC d'une part, et d'autre part déterminer la relation existante entre le secteur tertiaire et la croissance économique de la RDC. Pour y parvenir nous avons utilisé le modèle économique de la régression simple et les différents testsy afférents. Nous pouvons donc dire que la tertiarisation a des retombées significatives sur l'économie congolaise.

BIBLIOGRAPHIE

I. Doctrines

a. Ouvrages

1. AZKENASY P. (2004), « Les désordre du travail », Seuil, Paris.

2. BERTRAN B., (2009), «Fiches de sciences économique : retenir l'essentiel et réviser facilement », éd. Dunod, Paris.

3. BESTON A. (2007), « Dictionnaire de sciences économique », éd. Armand Colin, 2èm éd. Paris.

4. BOUCHEZ J. (2012), « L'économie du savoir : construction, enjeux et perspectives » éd. Deboeck, Bruxelles.

5. CAHUC P. et DEBONNEUIL M., (2004) « Productivité et emploi dans le tertiaire », Paris.

6. CFDT (1980), « Le tertiaire éclaté, le travail sans modèle » le seuil, éd. coll. Points, Paris.

7. CHEVALLIER J. (1997), « Les services public », coll. Que sais-je ? n°2359, 4ème éd, PUF, Paris,

8. COHEN D. (1997) « Richesse du monde, pauvreté des nations »2ème éd. Flammarion,

9. COHEN D. (2000) « Nos temps moderne », Seuil, Paris.

10. COHEN D. (2006), « trois leçon sur la société postindustrielle », Flamarion, Paris,

11. CORIAT B. (1989), « Le débat théorique sur la désindustrialisation : arguments, enjeux et perspectives », Economie appliquée, Tome XLII, n°4

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13. GALLOUJ C. et DJELLAL F. (2004), « Introduction à l'économie de service », collection « économie en + », Presse universitaire de Grenoble,

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17. PETIT P. (1988), « La croissance tertiaire », Paris, Economica, coll. Economie contemporaine.

18. PHILIPPE H., (2003), « Economie d'Afrique » 4ème éd. La découverte, Paris,

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20. TERTRE C. et UGHETTO P. (2000), « L'impact du développement des services sur les formes du travail et de l'emploi », IRIS, Université Paris IX Dauphine

21. TOURAINE A. (1969), « La société postindustrielle. Naissance d'une société », Paris, Denoël/Gonthier

b. Articles

1. BARCET A. et BONAMY J. (1988), « Société et transformation des modes de production », Revue industrielle n°43, 1er trimestre

2. BRAIBANT M. (1982), « Le tertiaire insaisissable ? », Economie et statistiques, n°146

3. COING H. (1998), « Services urbains et ville : nouveau enjeux », société contemporaine, n°32

4. DAYAN J. (2004), « Au-delà de la tertiarisation : 30 ans de modification du tissu productif », Les descartes, n° 1173

5. DEBONNEUIL M. (2012),  «  l'économie quaternaire, une croissance durable à construire »

6. FURRER O. (1997), « Le rôle stratégique des services autour des produits », Revue française de gestion n°113

7. GEOURS J. (1982), « Le développement du secteur tertiaire peut-il sauver la croissance et l'emploi ? » Revue économique politique n°3

8. GRADEY J. et DELANAUY J. (1987), « Les enjeux de la société de service », Presse de la fondation internationale des sciences politiques

9. HECQUET V. (2013), « Emploi et territoire de 1975 à 2009 : tertiarisation et rétrécissement de la sphère productive »

10. JACCARD P. (1995), « Les thèses de Petty, Fisher, Clark, Fourastié sur les conditions du progrès économique et social », Revue économique et social, Lausanne,

11. LINCHTENSTEIN C. (1993), « Les relations industrie-services dans la tertiarisation des économies », Revue internationale P.M.E, volume 6, n°2

12. LEO P. et PHILIPPE J. (2008), « Villes moyennes face à la tertiarisation de l'économie », CEGRAM-GREFI, Université Paul Cezanne AIX Marsaille III.

13. LORRAIN D. (1993), « Les services urbains, le marché et politique », in Martinand, éd. Le partenariat public-privé, Paris, Economica,

14. MARA C. et HARVEY (2000), « Croissance, emploi et productivité dans le secteur tertiaire : controverses théoriques et réalités Suisses », disertation.com, USA.

15. PETIT P. (1994), « Les modalités de la croissance des services au Japon » n°9417, CEPREMAP-Paris

16. PETIT P. (1998), « L'économie de l'information. Les enseignements théoriques économiques, Paris, La découverte, coll. Recherches

17. POLESE M. (1974), « Le secteur tertiaire et le développement économique régional : vers un modèle opérationnel des activités motrices »

18. POLESE M. (1988), « La transformation des économies urbaines : tertiarisation, délocalisation et croissance économique », cahier de recherche sociologique, volume 6, n°2

19. SAUVAT C. (1989), « Services, internationalisation et compétitivité », Etudes de l'IRES

20. SCREIBER A. et VICARD A., (2008), « La tertiarisation de l'économie Française et le ralentissement de la productivité entre 1978-2008 »

c. NOTES DES COURS ET AUTRES PUBLUCATIONS

1. DIEMER (2012),  Economie général, la croissance économique, U.O.M., cours inédit IUFM AUVERGNE

2. KAPINGA J. (2020), Statistique descriptive,G1économie, cours inédit.

3. KAZADI C. (2019), Théories et doctrines économique et sociale, cours inédit, L1 économie industrielle, U.O.M,

4. Rapport BCC (2016), Rapport annuelle de la banque centrale du Congo  

5. Rapport OCED, (2015), Les services et la croissance économique : emploi, productivité et innovation

6. Rapport OCED (1999), « L'économie mondiale de demain, vers un essor durable »

7. Rapport (1996),  la tertiarisation de l'économie du Québec

d. SITOLOGIE

1. www.comptana.fr

TABLES DES MATIIERES

EPIGRAPHE I

DEDICACE II

REMERCIEMENTS III

INTRODUCTION GENERALE 1

1. PHENOMENE OBSERVE 1

2. CHOIX ET INTERET DU SUJET 2

3. PROBLEMATIQUE 3

4. OBJECTIFS DE LA RECHERCHE 4

5. HYPOTHESES 5

6. DELIMITATION DU SUJET 5

7. STRUCTURE DU TRAVAIL 5

CHAPITRE I : LE FONDEMENT GENERALE DE L'ETUDE 7

Introduction partielle 7

Section 1 : Le cadre conceptuel 7

I.1.1 La tertiarisation 7

I.1.2 La croissance économique 11

Section 2 : Etat de l'art théorique et empirique de la tertiarisation sur la croissance économique 13

I.2.1 Etat de l'art théorique de la croissance tertiaire 13

2. Les approches intégratrices de la croissance tertiaire : complexité, risque et incertitude 18

I.2.2 Etat de l'art empirique sur la tertiarisation 20

I.2.3 Démarcation 28

Conclusion partielle 35

CHAPITRE II : LES FAITS STYLISES DE LA TERTIARISATION 36

Introduction partielle 36

Section 1 : Le fondement trisectoriel 36

II.1.1Les grandes caracteristique du secteur tertiaire 41

II.1. 2 Les causes et conséquences de la tertiarisation 44

Section 2 : Les analyses désagrégées du secteur tertiaire 49

2.1. Les analyse des liens entre biens et services 50

2.2. La remise en cause des caractères spécifiques attribués aux services 53

2.3 Les enjeux de la tertiarisation d'une économie 55

Conclusion partielle 59

CHAPITRE III : L'APPROCHE METHODOLOGIQUE 60

Introduction partielle 60

Section 1 : La démarche méthodologique 60

1.1Cadre de recherche 60

1.2 Une démarche hypothético-déductive 62

1.3. Collecte des données 63

Section 2 : La démarche empirique 65

2.1 Etude de corrélation 65

2.2 Le modèle de régression avec un prédicteur : la variable X 69

Conclusion partielle 72

CHAPITRE IV. ETUDE EMPIRIQUE DE LA TERTIARISATION DE L'ECONOMIE CONCOLAISE 73

Introduction partielle 73

Section 1. Analyse statistique de la tertiarisation de l'économie congolaise 73

1.1 Présentation et traitement des données 74

1.2 Traitement des données 75

Section 2 : Analyses économiques et considérations finales 82

2.1 Analyse économique 82

2.2. Considérations finales 84

2. Recommandations 87

Conclusion partielle 88

CONCLUSION GENERALE 89

BIBLIOGRAPHIE 91

* 1 www.comptana.fr consulté ce 15/O2/2020 à 10H






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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand