2.2.3.3 Principaux pays Européens de transit des
migrants secondaires africains aux Etats-Unis
Les résultats de notre analyse (fig.11) montrent que
quelles que soient l'année de collecte et la période de
collecte/d'observation considérées -12 mois ou 5 ans avant le
recensement- les principaux pays de transit en Europe sont le Royaume-Uni, la
France, l'Allemagne et l'Italie. Considérant les périodes
récentes, 2005 et 2010, les tendances montrent que la situation de
l'Italie et du reste de l'Europe est statique au moment où la proportion
de migrants africains en transition de l'Europe vers les Etats-Unis diminue au
Royaume-Uni et en Allemagne au profit de la France.
19 U.S. Citizenship and Immigration Services
Figure 11. Proportion des immigrants africains aux Etats-Unis
ayant transité dans un pays Européens
par de 1970 à 2010
33
Source : Auteur à partir des données
IPUMS, 2018.
Ces quatre pays Européens représentent en
moyenne quatre personnes sur cinq, soit 80,2%, des tous les transits des
immigrants africains aux Etats-Unis en Europe quelles que soient l'année
de collecte et la période d'observation.
S'agissant de la tendance dans la préférence de
certains pays Européens de transit, aucune tendance ne se dégage
pour l'Italie. De même pour l'Allemagne avec une légère
prédominance de Camerounais. Mais pour la France en particulier, la
majorité des migrants secondaires africains qui y ont
résidé avant d'atterrir aux Etas-Unis sont Marocains et
Algériens. Pour le Royaume-Uni par contre, ce sont les Nigérians,
sud-africains et Kenyans. Ces tendances s'expliquent par des facteurs
politiques d'une part et culturels d'autre part. Sur le plan politique,
l'histoire du Maroc et de l'Algérie sont scellées à celle
de la France par le fait que ces deux pays ont été
colonisés par la France, même si une petite partie du Maroc
était sous contrôle Espagnol. Il en est de même pour le
Nigéria, l'Afrique du sud et le Kenya qui ont été
colonisés par le Royaume-Uni. A cette raison politique s'ajoute la
dimension linguistique qui n'est pas négligeable car la langue est un
facteur d'intégration sociale (Nutefe, 2014).
2.2.3.4 Principales caractéristiques des
migrants secondaires africains aux Etats-Unis
Les principales caractéristiques de ces migrants
secondaires africains se rapportent à l'année 2010 ; la plus
récente dont la période d'observation se limite aux douze mois
ayant précédé le recensement.
34
Tableau 6. Répartition de migrants secondaires africains
aux Etats-Unis en 2010
|
|
Migrants secondaires
|
|
Migrants directs
|
Migrants
secondaires âgés de 20 ans et plus
|
Variables
|
Catégories
|
Effectif
|
%
|
Effectif
|
%
|
Effectif
|
%
|
Sexe
|
Masculin
|
279
|
50,84
|
6,769
|
52,2
|
185
|
50,2
|
|
Féminin
|
269
|
49,16
|
6,195
|
47,8
|
183
|
49,8
|
|
Moins de 20
|
164
|
29,9
|
1,696
|
13,1
|
|
|
|
20-39
|
283
|
51,6
|
5,277
|
40,7
|
271
|
73,7
|
Age
|
40-59
|
69
|
12,6
|
4,67
|
36
|
66
|
18,0
|
|
60 et plus
|
32
|
5,9
|
1,321
|
10,2
|
30
|
8,3
|
|
Primaire incomplet
|
142
|
25,95
|
1,212
|
9,4
|
25
|
6,8
|
Niveau
|
Primaire complet
|
60
|
11,1
|
1,313
|
10,1
|
30
|
8,0
|
d'éducation
|
Secondaire complet
|
205
|
37,4
|
6,117
|
47,2
|
179
|
48,7
|
|
Universitaire
|
140
|
25,6
|
4,319
|
33,3
|
134
|
36,5
|
|
Célibataire
|
295
|
53,8
|
4,583
|
35,6
|
127
|
34,5
|
Statut
|
Marié
|
218
|
39,9
|
6,432
|
49,6
|
208
|
56,6
|
matrimonial
|
Séparé/divorcé
|
17
|
3,2
|
1,49
|
11,5
|
16
|
4,5
|
|
Veuf (ve)
|
16
|
3,1
|
458
|
3,5
|
16
|
4,4
|
Période
|
2000 et moins
|
28
|
5,1
|
7,465
|
57,6
|
25
|
7,0
|
d'immigration Après 2000
|
520
|
94,9
|
5,499
|
42,4
|
342
|
93,0
|
Total
|
548
|
100
|
12,964
|
100
|
368
|
100,0
|
Source : Auteur à partir des données
IPUMS, 2018.
Ces migrants secondaires africains aux Etats-Unis sont presque
qu'à égalité proportionnelle du point de vue "genre"
comparativement aux migrants directs où les hommes représentent
plus de la moitié, soit 52.2%. Du point de vue de l'âge, les
migrants secondaires africains sont majoritairement jeunes car plus de cinq
personnes sur dix, soit 51,6%, sont âgés de 20 à 39 ans.
Dans cette tranche d'âge (20-39 ans), les migrants directs
représentent 40%. Sur le plan éducationnel, plus de six personnes
sur dix migrants secondaires africains, soit 63%, ont au moins un niveau
secondaire. Les plus instruits représentent le quart de tous les
migrants secondaires africains aux Etats-Unis, soit 26%, contre 33% pour les
migrants directs. Quant à l'état matrimonial, la majorité
de migrants secondaires africains sont célibataires (53,8%) alors que
les migrants directs sont nombreux à être mariés (49,6%).
En outre, dans 95% de cas, les migrants secondaires sont arrivés aux
Etats-Unis après les années 2000 contrairement aux migrants
directs qui sont arrivés, dans 57% de cas, aux Etats-Unis avant l'an
2000, du moins jusqu'à l'année 2000.
Ces résultats en rapport avec l'année
d'arrivé aux Etats-Unis montrent qu'il n'est pas facile de comparer les
migrants secondaires -qui sont très jeunes puisque arrivés
récemment- aux migrants directs qui sont arrivés il y a fort
longtemps. L'idéal aurait été de faire cette comparaison
en tenant compte, par exemple, de l'âge et du niveau d'instruction des
migrants
35
directs à l'arrivée. Ne disposant pas ces
données, nous contrôlant l'âge des migrants secondaires en
ne prenant en compte que les migrants secondaires âgés de 20 ans
et plus pour les comparer aux migrants directs. De cette comparaison ressort
que, les migrants secondaires, âgés de 20 ans et plus, sont
très jeunes -soit âgés de moins de 40 ans dans 73,7%-et
plus instruits (36.5%) que les migrants directs aux Etats-Unis.
Notons par ailleurs que, parmi ces migrants secondaires
africains aux Etats-Unis, la proportion de plus instruits, ceux du niveau
universitaire, ne fait qu'augmenter depuis l'année 200520
(fig. 12).
Figure 12. Répartition des migrants africains ayant un
niveau d'éducation universitaire aux États-Unis
de 1970 à 2010
Source : Auteur à partir des données IPUMS,
2018.
Comme souligné précédemment (tableau 5),
les résultats présentés en rapport avec la migration
secondaire des africains sous-estiment le nombre des migrations secondaires
africaines effectives aux Etats-Unis. Cette sous-estimation s'explique par le
fait qu'un immigrant africain aux Etats-Unis qui a résidé dans un
autre pays africain que son pays de naissance, 12 mois ou 5 ans
précédent la collecte de données, avant d'atterrir aux
Etats-Unis n'est pas comptabilisé comme migrant secondaire (fig.10).
Seuls les immigrants qui ont résidé dans un pays en dehors de
l'Afrique sont comptabilisés comme migrants secondaires. C'est donc
à ce titre qu'ils sont qualifiés dans cette étude comme
"migrants secondaires africains". Ainsi, pour pallier à cette
sous-estimation, la section suivante développe le cas des cinq
principaux pays de l'Afrique sub-saharienne majoritaires aux Etats-Unis,
considérant
20 Il est aberrant de comparer cette proportion avec
les autres années, outré l'année 2005, parce que la
période d'observation n'est pas la même.
effectivement de "migrant secondaire effectif "aux Etats-Unis,
tout immigrant ayant résidé dans un autre pays que son pays de
naissance au cours de 12 derniers mois (pour les recensements de 1970 et 2000)
ou 5 dernières années (pour les recensements de 2005 et 2010)
ayant précédé la collecte de données avant
d'atterrir aux Etats-Unis.
Ces principaux pays sont le Nigeria, l'Ethiopie, le Ghana,
l'Afrique du sud, et le Kenya. Ces pays représentent à eux seuls
plus de 43% de l'ensemble de la population des immigrants africains aux
Etats-Unis (IPIUMS, 2018).
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