Faculté des sciences
économiques,
sociales, politiques et de
communication
École des sciences politiques et sociales
(PSAD)
|
INTENTION D'EMIGRATION SECONDAIRE DES MIGRANTS AFRICAINS
VIVANT EN BELGIQUE
|
Mémoire réalisé par
Josue Begu Mbolipay
Promoteur : Prof. Bruno SCHOUMAKER Lecteur : Prof.
Philippe BOCQUIER
Année académique 2018-2019
Master 120 en sciences de la population et du
développement, finalité spécialisée, orientation
démographie
|
1
Déclaration de déontologie
Je déclare sur l'honneur que ce mémoire a
été écrit de ma plume, sans avoir sollicité d'aide
extérieure illicite, qu'il n'est pas la reprise d'un travail
présenté dans une autre institution pour évaluation, et
qu'il n'a jamais été publié, en tout ou en partie. Toutes
les informations (idées, phrases, graphes, cartes, tableaux ...)
empruntées ou faisant référence à des sources
primaires ou secondaires sont référencées
adéquatement selon la méthode universitaire en vigueur.
Je déclare avoir pris connaissance et adhérer au
Code de déontologie pour les étudiants en matière
d'emprunts, de citations et d'exploitation de sources diverses et savoir que le
plagiat constitue une faute grave
2
Avant-propos
La rédaction et la finalisation de ce
mémoire est pour moi un aboutissement heureux de mes deux années
d'études de master à l'Université Catholique de Louvain.
Cet aboutissement heureux est le fruit des conseils, des suggestions et d'un
accompagnement de la part de mes encadreurs.
J'exprime d'abord toute ma gratitude au Professeur Bruno
Schoumaker, mon promoteur, pour sa confiance, ses pertinentes suggestions et
son suivi rigoureux tout au long de la rédaction de ce travail
nonobstant ses multiples occupations. Ensuite, je tiens à remercier
Marie-Laurence Flahaux, mon maitre de Stage, pour m'avoir permis de
réaliser un stage attrayant au laboratoire de Population-Environnement
et Développement (LPED en sigle) de l'Institut de recherche pour le
Développement (IRD en sigle, ex-ORSTOM) et pour son sens critique, sa
rigueur et son accompagnement durant mon court séjour à
Marseille. Par ce stage de dix semaines, j'ai non seulement travaillé
sur un projet de recherche mais aussi participé à des formations,
séminaires et journées scientifiques. J'ai apprécié
à sa juste valeur les apports considérables de ce stage sur le
plan méthodologique, scientifique et professionnel. Aussi, merci pour
toutes les discussions éclairées en rapport avec mon
mémoire qui n'ont fait qu'améliorer mes connaissances sur les
questions relatives à la mobilité et du rôle des politiques
migratoires sur les aspirations migratoires d'une part et sur
l'émigration secondaire effective d'autre part. Que tout le LPED, cadre
très convivial à la recherche, trouve ici l'expression de mes
sincères remerciements.
Je remercie tout le corps professoral du centre de
Recherche de Démographie pour son soutien, son implication, son
expérience et pour le partage de la passion de l'enseignement que j'ai
particulièrement apprécié tout au long de ces deux
dernières années.
Qu'il me soit permis d'exprimer ma profonde reconnaissance
à mon épouse Elysée Mayola et à nos enfants Olivia
et Chloé pour tant de sacrifices consentis durant ces deux
dernières années.
Enfin, j'adresse mes remerciements aux familles Nappa,
Pongi, Kinziunga et Mazanza pour l'accueil, les conseils et l'accompagnement
depuis mon arrivée à Louvvain-la-Neuve. A tous mes
collègues de la promotion j'exprime mon amitié.
3
Table des matières
Déclaration de déontologie 1
Avant-propos 2
Table des matières 3
Liste des tableaux 4
Liste des figures 5
Liste des annexes 6
Introduction Générale 7
Chapitre 1. Mise en contexte et problématique 10
1.1 De l'émergence des études sur
l'émigration secondaire 10
1.2 Orientation du travail et objectifs de l'étude 12
Chapitre 2. Revue de littérature théorique et
empirique de l'émigration secondaire 15
2.1 Immigration aux Etats-Unis et au Canada 15
2.1.1 Caractéristiques sociodémographiques et
économique des immigrants au Canada 17
2.1.2 Caractéristiques sociodémographiques et
économique des immigrants aux Etats-Unis 21
2.2 Migration secondaire africaine vers les Etats-Unis et le
Canada 24
2.2.1 Méthodes de mesure de la migration secondaire 24
2.2.2 Définition de concepts de base relatifs à
l'analyse de la migration secondaire 25
2.2.3 Migration secondaire africaine vers les Etats-Unis 27
2.2.3.1 Ampleur et évolution des immigrations africaines
aux États-Unis 29
2.2.3.2 Migrations secondaires des africains aux Etats-Unis 30
2.2.3.3 Principaux pays Européens de transit des migrants
secondaires africains aux Etats-
Unis 32
2.2.3.4 Principales caractéristiques des migrants
secondaires africains aux Etats-Unis 33
2.2.3.5 Emigrations secondaires des Nigérians, Ethiopiens,
Ghanéens, Sud-africains et
Kenyans aux Etats-Unis 36
2.2.4 Migration secondaire africaine vers le Canada 38
2.2.4.1 Ampleur et évolution des immigrations africaines
au Canada 38
2.2.4.2 De la migration secondaire africaine en
général à la migration secondaire spécifique
de quelques pays africains vers Canada 41 2.2.5 Principales
limites à la documentation de l'émigration secondaire aux
Etats-Unis et au
Canada et synthèse de résultats 44
Chapitre 3. Cadre théorique : Intention de migration
secondaire et migration secondaire effective 47
3.1 De la définition 47
3.2 De la mesure et de facteurs 48
3.3 Facteurs explicatifs des aspirations migratoires 51
3.3.1 Impact du contexte sur les aspirations migratoires 51
3.3.1.1 Approche théorique : théorie Push-pull
51
3.3.1.2 Résultats empiriques : la non-intégration
socio-économique influe positivement sur les
aspirations migratoires 52
3.3.1.3 Etat de l'intégration des migrants africains en
Belgique 53
3.3.2 Impact des réseaux familiaux et personnels sur les
aspirations migratoires 55
3.3.2.1 Approche théorique : théorie des
réseaux et du capital social 55
3.3.2.2 Résultats empiriques : Les réseaux sociaux
expliquent les aspirations migratoires 56
4
3.3.3 Influence de politiques migratoires du Canada et des
Etats-Unis sur les migrations
secondaires 57 3.4 Facteurs explicatifs de la capacité
de migrants à concrétiser leurs aspirations en migration
secondaire effective 59
3.4.1 Approches théoriques 60
3.4.1.1 La théorie du capital humain et la théorie
néoclassique 60
3.4.1.2 La théorie de l'action raisonnée et la
théorie du comportement planifié 61
3.4.1.3 La théorie du choix rationnel et la théorie
de la rationalité limitée 61
3.4.2 Résultats empiriques : plus haut niveau
d'éducation et de revenu influent positivement sur
la capacité à migrer 62
3.5 Facteurs liés à la mobilité en
générale : âge, sexe, état matrimonial et taille de
famille 63
3.5.1 Approche théorique: théorie de cycle de vie
63
3.5.2 Résultats empiriques : Le cycle de vie influence la
propension à la mobilité 63
3.6 Hypothèses de l'étude 64
Chapitre 4 : Approche méthodologique : Données et
méthodes 70
4.1 Source de données 70
4.2 Données de l'étude 71
4.3 Modèle de régression logistique 74
Chapitre 5. Déterminants de l'intention de
l'émigration secondaire : Présentations des résultats
76
5.1 Rappel des résultats attendus 76
5.2 Description de l'échantillon : Population africaine
vivant en Belgique 77
5.3 Intention d'émigration selon les
caractéristiques sociodémographiques et économiques des
migrants africains vivant en Belgique 80
5.3.1 L'intention d'une émigration secondaire et
principales motivations 81
5.3.2 Analyse bivariée de l'intention d'une
émigration secondaire 82
5.4 Déterminants de l'intention de migration secondaire
chez les africains vivant en Belgique 85
5.4.1 Facteurs explicatifs de l'intention de quitter la Belgique
85
5.4.2 Facteurs explicatifs de l'intention d'émigration
secondaire selon les destinations 87
Chapitre 6. Discussion des principaux résultats 96
Conclusion générale 101
Bibliographie 105
Annexes 111
Liste des tableaux
Tableau 1. Stocks de migrants, propension à
l'émigration et politique de migration aux Etats-Unis
et au Canada en 2017 16 Tableau 2. Résidents permanents
selon l'âge, le sexe et le statut matrimonial en 2017 aux Etats-
Unis 22
Tableau 3. Résumé de la compréhension des
concepts 26
Tableau 4. Déduction des immigrations africaines aux
Etats-Unis des personnes dont le dernier
pays de résidence n'est pas un pays africain de 2010
à 2017 27 Tableau 5. Ampleur et évolution des immigrants
africains aux Etats-Unis résidant dans un autre
pays, 5 ans et 12 mois avant les recensements et par
année de collecte de données 30
Tableau 6. Répartition de migrants secondaires africains
aux Etats-Unis en 2010 34
Tableau 7. Caractéristiques sociodémographiques des
immigrants africains au Canada en 2011 40
5
Tableau 8. Catégorisation en fonction des aspirations
migratoires et disponibilité des ressources
permettant de convertir les aspirations migratoires en
migration effective 50
Tableau 9. Synthèse des hypothèses, des
justifications et des méthodes d'analyses envisagées 68
Tableau 10. Description des variables de l'étude 71
Tableau 11. Caractéristiques sociodémographiques
des immigrants africains vivant en Belgique 79
Tableau 12. Motivations principales des migrants africains
pour quitter la Belgique 82 Tableau 13. Répartition des
enquêtés selon l'intention d'une émigration secondaire et
les
caractéristiques sociodémographiques et
économiques 84 Tableau 14. Tableau synthèse des
déterminants de l'intention de quitter la Belgique et de
migration secondaire en fonction de destination
envisagée 92 Tableau 15. Catégorisation des migrants africains
vivant en Belgique en fonction de leurs
aspirations et ressources inspirée de Carling (2002)
94
Liste des figures
Figure 1. Evolution de flux des résidents permanents
selon la région de naissance de 2006 à 2015
au Canada 18 Figure 2. Flux de résidents permanents
selon l'âge et la région de naissance en 2015 au Canada 19 Figure
3. Résidents permanents de 15 ans et plus selon le sexe et l'état
matrimonial en 2015 au
Canada 19
Figure 4. Résidents permanents selon la
catégorie et la région d'origine en 2015 au Canada 20
Figure 5. Résidents permanents selon la province ou
territoire de la région de résidence au Canada
et la région d'origine en 2015 21
Figure 6. Flux de résidents permanents légaux
aux États-Unis entre 1900-2017 21
Figure 7. Proportion par année de nouveaux
résidents permanents légaux sur l'ensemble de la
population immigrante par région de naissance entre
1960 et 2017 aux Etats-Unis 23
Figure 8. Répartition géographique des Africains
vivant aux Etats-Unis 23
Figure 9. Evolution de la proportion des immigrants africains
dans l'ensemble des immigrations
aux Etats-Unis de 1970 à 2010 29 Figure 10.
Proportion de la migration secondaire africaine parmi les immigrants africains
ayant
résidé dans un autre pays que les pays africains
31 Figure 11. Proportion des immigrants africains aux Etats-Unis ayant
transité dans un pays
Européens par de 1970 à 2010 33 Figure 12.
Répartition des migrants africains ayant un niveau d'éducation
universitaire aux États-
Unis de 1970 à 2010 35 Figure 13. Emigrations
secondaires des quelques pays africains en fonction de pays /région
de
dernière résidence entre 2005 et 2010.
36 Figure 14. Emigrations secondaires des quelques pays africains en
fonction de pays /région de
dernière résidence entre 1970 et 2000 37
Figure 15. Evolution de la population immigrante au Canada de
1981 à 2011 38
Figure 16. Proportion des immigrants par origine et par
année au Canada 39
Figure 17. Flux des immigrations africaines et migrations
secondaires africaines au Canada 42
Figure 18. Evolution des migrations secondaires de quatre flux
par nationalité au Canada 43
Figure 19. Schéma théorique de l'intention
d'émigration secondaire et de la capacité de
transformer les aspirations migratoires en migrations
secondaires effectives 65
6
20. Schéma empirique de l'intention de l'émigration
secondaire en fonction de destination
envisagée par les migrants 67 Figure 21. Opinions des
migrants africains vivant en Belgique sur les chances d'obtenir un
emploi, logement, réussir ses études et projets par
rapport à un Belge. 80
Figure 22. Niveau de l'intention d'une émigration
secondaire 81
Figure 23. Répartition des migrants secondaires africains
en fonction de destination envisagée 88
Figure 24. Principales motivations de l'intention d'une
émigration secondaire aux Etats-Unis et au
Canada 88
Figure 25. Principales motivations de l'intention d'une
émigration secondaire vers l'Europe 90
Liste des annexes
Annexe 1. Intention de migrer selon la situation
financière 111
Annexe 2. Sentiment d'appartenance par rapport à la
durée d'installation en Belgique 111
Annexe 3. Reconnaissance du diplôme ou difficulté
dans la recherche d'un emploi en fonction de
la situation dans l'emploi 111 Annexe 4. Déterminants
de l'intention de migration secondaire chez les migrants africains vivant
en Belgique en 2016 112 Annexe 5. Déterminants de
l'intention de migration secondaire vers les Etats-Unis et Canada chez
les migrants africains en Belgique en 2016 113 Annexe 6.
Déterminants de l'intention de migration secondaire vers d'autres
destinations chez
les migrants africains en Belgique en 2016 114 Annexe 7.
Déterminants des aspirations migratoires en fonction de choix de
destination avec effet
d'interaction (effets bruts) 115 Annexe 8. Comparatif des
motivations des migrants qui aspirent à l'émigration secondaire
en
fonction de choix de destination 116
7
Introduction Générale
Les questions sur la migration aujourd'hui dans toutes leurs
formes sont importantes parce qu'elles permettent de comprendre la dynamique
démographique et la mobilité des personnes dans un contexte de
mondialisation ou d'un monde en perpétuel changement. Ces questions sur
la migration ont été plus focalisées sur les migrations
internes parce que la logique de la migration internationale a
été pendant longtemps une logique de l'installation. Ce n'est
qu'après une longue période, que les chercheurs ont
commencé à s'intéresser à l'émigration des
immigrants et encore plus à partir des années 2000 avec
l'émergence de la terminologie "fuite des cerveaux". Les récentes
études sur les migrations abordent notamment les questions relatives aux
aspirations migratoires et l'implication des politiques migratoires dans la
mobilité des personnes. Cette étude s'inscrit dans cette logique.
Elle s'intéresse aux intentions d'émigration secondaire des
migrants africains vivant en Belgique vers d'autres destinations, et
principalement vers les Etats-Unis et le Canada.
Cette étude vise à documenter
l'émigration secondaire africaine aux Etats-Unis et au Canada, à
identifier les facteurs explicatifs de l'intention d'émigration
secondaire auprès des migrants africains vivant en Belgique vers les
Etats-Unis et le Canada simultanément, et analyser dans quelle mesure
ces facteurs diffèrent en fonction du choix de la destination
envisagée par les migrants.
En vue d'atteindre ces objectifs, ce mémoire se
subdivise en six chapitres. Le premier chapitre est une mise en contexte qui
retrace l'émergence des études sur l'émigration
secondaire, relève les problèmes liés aux données
individuelles sur l'émigration secondaire effective et donne un
éclairage sur l'orientation de l'étude.
Le deuxième chapitre est une revue de
littérature théorique et empirique sur l'émigration
secondaire aux Etats-Unis et au Canada. Cette revue est consacrée
d'abord à la documentation de l'immigration en générale du
point de vue de de son l'ampleur et des caractéristiques
sociodémographiques des immigrants et ensuite à la documentation
de l'émigration secondaire africaine. Cette partie de la documentation
aborde les méthodes de mesure de la migration secondaire dans toute sa
complexité, définit les concepts de base relatifs à la
migration secondaire, développe tour à tour la migration
secondaire africaine aux Etats-Unis et au Canada et enfin synthétise les
principales limites à la documentation de la migration secondaire
africaine en particulier dans les deux pays susmentionnés.
8
Le troisième chapitre résume le cadre
théorique de l'intention d'émigration secondaire et de la
capacité des migrants à convertir leurs aspirations migratoires
en migrations secondaires effectives. Ce chapitre aborde tour à tour les
questions relatives aux définitions, à la mesure et aux facteurs
explicatifs. La question des facteurs explicatifs est traitée en trois
temps. Dans un premier temps, elle met en exergue le rôle du contexte
dans lequel vivent les migrants et l'apport des réseaux familiaux et
communautaires dans la définition et la redéfinition de nouvelles
aspirations migratoires. Dans un deuxième temps, elle examine l'impact
des facteurs culturels et économiques sur de la capacité des
migrants à convertir les aspirations migratoires en migration effective.
Et en troisièmes temps, elle résume les facteurs
démographiques qui expliquent à la fois les aspirations
migratoires et la propension à migrer. Sachant que les aspirations
migratoires et la propension à migrer sont notamment liées aux
caractéristiques des migrants et aux politiques migratoires de pays de
destination, la question de l'influence de politiques migratoires aux
Etats-Unis et au Canada sur les aspirations migratoires et la
sélectivité qui en découle en termes de profil des
migrants sont égalent traitées. Ce chapitre se clôture par
la formulation des hypothèses de l'étude qui découlent de
l'ensemble de la littérature sur les intentions d'émigration
secondaire et sur la capacité des migrants à transformer les
aspirations en migrations effectives.
Le quatrième chapitre sur l'approche
méthodologique met en évidence toutes les sources de
données exploitées, décrit toutes les variables et les
méthodes utilisées afin d'atteindre les objectifs de
l'étude et de vérifier les hypothèses émises
à la lumière de la littérature. Les sources
exploitées sont administratives et font appel aux données de
recensement et d'enquête. Les variables concernées par
l'étude sont groupées en fonction de leur type mais aussi en
fonction des hypothèses de l'étude. La méthode de
régression logistique est appliquée pour saisir les
différences de facteurs explicatifs des intentions d'émigration
secondaire en fonction du choix de destination des migrants.
Le cinquième chapitre présente les principaux
résultats. Il commence d'abord par le rappel des résultats
attendus et, ensuite, décrit l'échantillon de la population
étudiée, identifie les relations statistiquement significatives
entre l'intention de l'émigration secondaire et les
caractéristiques sociodémographiques des migrants africains
vivant en Belgique et, enfin, résume le profil des migrants africains
qui aspirent à une émigration secondaire en fonction de deux
principales destinations, les Etats-Unis et le Canada d'une part et l'Europe
d'autre part.
9
Le sixième chapitre, avant la conclusion
générale qui résume l'essentiel à retenir de cette
étude, discute des résultats obtenus à la lumière
des études antérieures. Cette discussion se fait
premièrement du point de vue de l'ampleur de l'émigration
secondaire aux Etats-Unis et au Canada et deuxièmement du point de vue
des facteurs explicatifs de l'intention d'émigration secondaire.
10
Chapitre 1. Mise en contexte et problématique
1.1 De l'émergence des études sur
l'émigration secondaire
L'émigration secondaire internationale est une
migration des personnes vivant dans un pays autre que leur pays de naissance,
vers un autre pays. Ainsi, divers termes ont été utilisés
par les chercheurs qui s'y sont intéressés : migration
secondaire, migration tertiaire, migration par étapes, migration en
série, migration multiple, migration en plusieurs étapes,
migration triangulaire, ré-migration et migration indirecte. (Nekby,
2006; Sorana et al, 2015; Oishi, sd; Larramona, 2013; Anju, 2011; DeVoretz and
Ma, 2002; Aydemir et Robinson 2008; Lam, 1996; Ossman, 2013; Greenwood &
Young, 1997). Tous ces termes font référence au même
processus de migrants entreprenant des étapes1 de
durée substantielle dans plusieurs pays de destination (Anju, 2012).
Les questions en rapport avec cette forme de migration sont
récentes parce que la migration internationale a été
pendant longtemps analysée comme un mouvement unique et unidirectionnel
d'un pays d'origine vers un pays de destination (Oichi, 2012). Pourtant, les
trajectoires migratoires peuvent s'avérer plus complexes ; les migrants
peuvent notamment s'installer successivement dans plusieurs pays en adoptant
soit une migration de transit soit se retrouver dans un schéma de
mobilité circulaire (Oichi, 2012 ; Sorana et Eleonora, 2015 :69).
Peu d'études ont mesuré l'intensité de
l'émigration secondaire parce que sa mesure n'est pas aisée. Deux
de ces études, menées à des périodes
différentes combinant les données administratives, des
enquêtes et de recensement, ont approximé l'émigration
secondaire aux Etats-Unis et au Canada. Aux Etats-Unis, l'étude de
Takenaka (2007) combinant les données de recensement (US Census 2000),
l'enquête sur les nouveaux immigrants (NIS) de l'Université de
Princeton (2003), les statistiques d'immigration recueillies par les services
de citoyenneté et d'immigration des États-Unis (USCIS, 2000), et
les statistiques de visa (Plusieurs années), a trouvé que 12,5%
de tous les immigrants admis aux États-Unis en 2000 venaient de pays
autres que ceux dans lesquels ils étaient nés. Cette proportion
se chiffre à 16% au Canada, estimation obtenue grâce aux dossiers
tenus par Emploi et Immigration Canada sur chaque immigrant admis
légalement au cours de la période 1968-1988 (Greenwood et Young,
1997).
1 Ces termes sont par conséquent
interchangeables et sont utilisés comme tels dans la suite du texte
selon que les auteurs consultés en font références.
11
Actuellement, à peine, quelques études
empiriques ont été menées pour expliquer pourquoi certains
immigrants partent dans d'autres pays au lieu de rester dans le premier pays
dans lequel ils ont migré. (Takenaka, 2007 ; Larramona, 2013 ; Kelly
2013, Triandafyllidou, 2013, Sorana et Eleonora, 2015). Ces études
montrent que les facteurs qui expliquent les trajectoires de migrations
multiples ou de l'émigration secondaire internationale dépendent
aussi bien des caractéristiques individuelles des candidats potentiels
à l'émigration secondaire que des réalités
socio-économiques et politiques des pays de destination et d'origine.
Ces études sont qualitatives et quantitatives et menées dans des
contextes différents.
Les études qualitatives révèlent que la
multiplication des mouvements internationaux est devenue une stratégie
de mobilité récurrente adoptée notamment lors des
périodes de crise économique, crise politique et échec
d'intégration (Anju, 2011 ; Schapendonk, 2012, Benton & Petrovic,
2013, Beenstock, 1996, Humphries et al, 2009). C'est le cas, en particulier, de
certains travailleurs semi-qualifiés et non qualifiés aux
Philippines qui accumulaient stratégiquement des expériences de
travail ailleurs avant de postuler à des postes d'aides-soignants des
personnes âgées au Canada où ils finissaient par
s'installer et regrouper leurs familles (Oichi, 2008).
Les études quantitatives mettent en exergue d'une part,
les caractéristiques individuelles des candidats potentiels à
l'émigration secondaire qui sont d'ordre social, économique et
culturel (Greenwood et al. 1997; Nekby, 2006) et d'autre part,
révèlent l'importance notamment de réseaux familiaux et
personnels voire transnationaux et de facteurs institutionnels dont les
politiques migratoires et le processus d'intégration (Boyd, 1989 ;
Touré, 2015 ; Van Liempt, 2011 ; Beenstock, 1996).
Parmi les facteurs socio-économiques, Nekby (2006) a
mis en exergue le niveau d'éducation et de revenu. S'intéressant
à la migration secondaire et de retour en Suède, à l'aide
de données de Statistics Sweden (SCB), Nekby (2006) est arrivé
à la conclusion selon laquelle les immigrants qui quittaient la
Suède pour d'autres pays avaient un niveau d'éducation et de
revenu plus élevés que ceux qui s'installaient en Suède.
Au niveau d'instruction et de revenu s'ajoute d'autres caractéristiques
individuelles telles que l'âge et les aptitudes ou capacités
linguistiques. Greenwood et Young, (1997), à l'aide des dossiers
conservés par Emploi et Immigration Canada sur chaque immigrant
légalement admis au cours de la période 19681989, ont
trouvé que les migrants secondaires -qu'ils qualifient des immigrants
géographiquement indirects- ont tendance à être plus
âgés, plus scolarisés et plus qualifiés par
12
rapport aux migrants directs (immigrants
géographiquement directs). Ces auteurs renchérissent, que s'ils
ne sont pas nés dans un pays anglophone ou francophone, les immigrants
indirects ont plus de chances de parler couramment le français et
l'anglais que les migrants directs nés dans ces pays.
S'agissant de l'importance de réseaux, l'étude
de Boyd, (1989) a montré que les liens avec des migrants à
l'étranger encouragent les individus à migrer en diminuant les
risques et les couts et en augmentant les bénéfices liés
au mouvement. Ces liens aident les migrants pendant leur voyage, en leur
évitant notamment d'être exploités ou de subir des mauvais
traitements, mais aussi contribuent à alimenter les aspirations pour des
nouvelles destinations à travers le partage d'information (Bang Nielsen,
2004). Ainsi, la présence de membres de la famille ou d'amis dans le
pays de destination constitue un tremplin vers une migration multiple (Van
Liempt, 2011) jouant ainsi le rôle de facilitation et de motivation
(Schapendonk, 2012).
Pour ce qui est des facteurs institutionnels, Beenstock (1996)
a abordé la question de la migration secondaire sous l'angle de
l'intégration :"Failure to Absorb: Remigration by Immigrants into
Israël". Il s'est proposé d'analyser dans quelle mesure
l'échec de l'intégration -prenant en compte l'Emploi et le
logement comme variables d'intérêt- est-il lié à la
migration secondaire en Israël. Son étude a
révélé que la migration des immigrants vers un pays tiers
n'était pas nécessairement due au chômage mais plutôt
à des difficultés d'intégration sociale telle que la
langue et le logement. Ainsi, la propension à la migration augmente si
l'immigré n'a pas obtenu un logement permanent. Au logement permanent
s'ajoute la problématique liée à la citoyenneté
comme l'un des facteurs explicatifs de l'émigration secondaire. A ce
sujet, l'étude de Humphries et al (2009), sur l'intention de partir au
Canada, aux États-Unis et en Australie auprès des
infirmières philippines et indiennes en Irlande, a montré que
l'incertitude quant aux droits de résidence et à
citoyenneté (en particulier pour les enfants) influence positivement la
décision des infirmières migrantes de quitter l'Irlande.
1.2 Orientation du travail et objectifs de
l'étude
De ce qui précède, il convient de noter que la
plupart des auteurs qui ont analysé l'émigration secondaire,
n'ont pas pu analyser son ampleur et ses tendances vers les Etats-Unis et le
Canada, en considérant uniquement la population africaine, et presque
pas à partir de la Belgique. La contribution de cette étude
s'inscrit dans cette logique. Celle de documenter l'émigration
secondaire africaine aux Etats-Unis et au Canada d'une part et d'analyser les
facteurs explicatifs de l'émigration secondaire auprès des
migrants africains vivant en
13
Belgique vers les Etats-Unis et le Canada simultanément
d'autre part. Faute des données individuelles sur la migration
secondaire effective vers ces deux destinations, nous nous rabattons, à
l'aide de données de l'enquête Pombe (2016), sur les aspirations
de l'émigration secondaire africaine à partir de Belgique. Ainsi,
cette étude s'interroge sur les motivations relatives au choix des
Etats-Unis et du Canada comme principales destinations, sur les facteurs qui
déterminent l'intention d'une émigration secondaire vers les
Etats-Unis et le Canada et analyse dans quelle mesure ces facteurs explicatifs
diffèrent des autres destinations.
Les réponses à ces questions permettront de
cerner le pourquoi du choix des Etats-Unis et du Canada comme principales
destinations de l'émigration secondaire à partir de la Belgique
en analysant l'état de l'intégration des migrants africains
vivant en Belgique en amont et en décrivant les politiques migratoires
de ces deux principales destinations en aval.
Plus spécifiquement, les objectifs de cette recherche
se résument à : (i) décrire les politiques migratoires de
principales destinations ; (ii) faire un état de lieux de
l'intégration des migrants africains en Belgique (ii) analyser les
motivations contextuelles et individuelles des migrants qui ont l'intention de
migrer vers les Etats-Unis et ailleurs et (iv) identifier le profil de ces
migrants en fonction de choix de destination en dehors de la Belgique afin de
contribuer à l'acquisition des nouvelles connaissances en matière
de l'intégration de migrants africains en Belgique et de
l'émigration secondaire des Africains vers les Etats-Unis et le Canada
à partir de la Belgique en particulier. Avant d'y arriver et par souci
de documenter l'émigration secondaire africaine aux Etats-Unis et au
Canada, une esquisse sur : (i) l'ampleur de l'immigration et de
l'émigration secondaire africaine aux Etats-Unis et au Canada, (ii) les
principales caractéristiques des migrants secondaires africains et (iii)
les principaux pays de transit avant d'atterrir aux Etats-Unis et au Canada est
produite. A ce sujet, notons néanmoins, qu'il est difficile de se
concentrer sur la Belgique, petit pays de l'Europe, comme principal pays de
transit des migrants africains vers les Etats-Unis et le Canada suite au nombre
de cas insuffisant dans les bases de données. Le champ d'observation de
pays de transit est ainsi élargi à l'ensemble des pays
européens.
L'hypothèse centrale que nous testerons dans cette
recherche est que la non-intégration économique des migrants
africains vivant en Belgique joue un rôle prépondérant dans
la l'explication de l'intention d'émigration secondaire vers les
Etats-Unis et le Canada. Cette hypothèse implique que les personnes les
moins intégrés seraient attirées par les politiques
d'immigration et d'intégration vers les Etats-Unis et le Canada. La
deuxième hypothèse est
que cette attractivité -des migrants
non-intégrés-, s'explique dans la perspective de trouver des
meilleures opportunités d'emploi et ou d'amélioration des
conditions de vie. La troisième hypothèse se réfère
à la différence de profil des migrants en fonction des pays de
destination. Elle postule que les aspirations de l'émigration secondaire
vers l'Europe seraient élevées pour les personnes hautement
qualifiées2.
In fine, notons que le choix de la population africaine et de
ces deux pays de destination, qui sont les Etats-Unis et le Canada, est
lié à la disponibilité de données et à la
rareté des études portant sur cette catégorie de
population d'une part et aussi aux résultats de l'enquête Pombe,
données sur lesquelles notre recherche se focalise principalement, qui a
révélé que l'installation des migrants africains en
Belgique n'est pas nécessairement envisagée comme
définitive et que les Etats-Unis et le Canada sont
précisément cités comme principales destinations (Demart
et al., 2017 :192).
Pour répondre à nos objectifs et vérifier
nos hypothèses, plusieurs sources des données à la fois
administratives, provenant de grandes bases des données sur les
migrations internationales (IPIUMS, U.S. Department of Homeland Security,
Yearbook of Immigration Statistics, Migration data portal, Government of
Canada, IRCC, 2015, Nations Unies, New immigration Survey, Immigrations OCDE,
Demig Country to Country) et d'une enquête menée en Belgique
(Enquête Pombe, 2016) seront exploitées.
Après cette mise en contexte, particulièrement
en rapport avec l'orientation de cette étude, le chapitre 2 qui suit se
consacre à la documentation de l'immigration aux États-Unis et au
Canada et de là découle l'ampleur de l'émigration
secondaire africaine dans ces deux pays précités.
14
2 Le point 3.4 justifie toutes ces hypothèses
à la lumière de la littérature.
15
Chapitre 2. Revue de littérature
théorique et empirique de l'émigration secondaire
Ce chapitre est consacré à la documentation de
l'émigration secondaire africaine aux Etats-Unis et au Canada. Les
migrants secondaires africains faisant partie de l'ensemble des immigrants, ce
chapitre commence par un résumé de l'immigration aux Etats-Unis
et au Canada. Ce résumé aborde l'immigration en
générale et les caractéristiques
sociodémographiques des immigrants aux Etats-Unis. La suite est
consacrée à l'émigration secondaire africaine. Cette
partie de la revue évoque les méthodes de mesure de la migration
secondaire dans toute sa complexité, définit les concepts de base
relatifs à la migration secondaire, développe tour à tour
la migration secondaire africaine aux Etats-Unis et au Canada et enfin
synthétise les principales limites à la documentation de la
migration secondaire africaine dans les deux pays susmentionnés.
2.1 Immigration aux Etats-Unis et au Canada
Le nombre de migrants internationaux dans le monde a
continué de croître rapidement ces dernières années,
atteignant 258 millions en 2017, contre 220 millions en 2010 et 173 millions en
2000 (Nations Unies, 2017 :4). Plus de 60% des migrants internationaux vivent
en Asie (80 millions) ou en Europe (78 millions). L'Amérique du Nord a
accueilli le troisième plus grand nombre de migrants internationaux (58
millions), suivie de l'Afrique (25 millions), de l'Amérique latine et
des Caraïbes (10 millions) et de l'Océanie (8 millions) (Nations
Unies, 2017).
L'analyse par pays révèle que les Etats-Unis
d'Amérique sont le premier pays au monde en termes de stocks des
migrants en 2017. Le nombre de ces migrants se chiffre à 49.8 millions,
soit plus de 9 fois la population de la Norvège (Nations Unies, 2017
:6). Ils sont suivis en deuxième position dans toute la région
d'Amérique par le Canada avec environ 8 millions de migrants
d'après la même source.
16
Tableau 1. Stocks de migrants, propension à
l'émigration et politique de migration aux Etats-Unis et
au Canada en 2017
Indicateurs
Le nombre total de migrants internationaux
Stock de migrants internationaux en pourcentage de la population
totale Proportion de femmes migrantes dans le stock d'immigrés
internationaux Nombre total d'émigrants
Indice de stratégie de contrôle de la migration '(0
"le moins restrictif" 1 "le plus restrictif")3 Indice de politique
de migration du travail '(0 "le moins restrictif" 1 "le plus restrictif")
|
Etats-Unis 49.8 million 15.3 % 51.4 % 3
million
0,8
0,3
|
Canada 7.9 million 21.5 % 52.1 % 1,4
million
0,7
0,5
|
Source : Migration data portal, 2017,
https://migrationdataportal.org/?i=stock_abs_&t=2017&cm49=840
Par conséquent, les Etats-Unis et le Canada font partie
des pays où le nombre des personnes qui émigrent est de loin
inférieur au nombre des immigrants4, même si l'indice
de contrôle de politique des migrations est relativement restrictif
(>=0,7) (Scipioni, et Urso, G., 2017). L'une des explications à
l'afflux des migrants, notamment aux Etats-Unis, est que la politique en
matière de travail des migrants semble être moins restrictive
(0,3) qu'en Belgique (0.5) (IMPIC5, 2010).
Les États-Unis et le Canada sont, en effet, les deux
pays qui sont reconnus non seulement d'immigration mais aussi
bénéficiaires des migrants internationaux hautement
qualifiés (Defoort, 2008). La migration de ces personnes hautement
qualifiées (PHQ) vers le Canada passe principalement par trois canaux
distincts mais liés : les immigrants permanents admis dans le cadre du
programme axé sur les travailleurs qualifiés, les migrants
temporaires avec visas de permis de travail et étudiants
étrangers dans les établissements d'enseignement supérieur
(APIC, 2004). De même aux Etats-Unis, outre ces trois principaux canaux,
-l'octroi de titre de séjour permanent (carte verte ou green card),
l'accès au travail (visas de type L-1). ; poursuivre des études
ou faire un stage (visa de type F et J respectivement) -les Etats-unis
accueillent les entrepreneurs et devraient créer un VISA
spécifique dédié aux Startups6.
A titre d'exemple, en 2002, 123 379 personnes ont
bénéficié d'une immigration de travailleurs
qualifiés et 11 041 personnes admises en tant qu'immigrés
d'affaires au Canada
3 Les indices de contrôle de migration et de
politique de migration de travail sont plus restrictifs lorsqu'ils s'approchent
de 1. Ces indices définissent les politiques de migration de pays en
prenant en compte l'admission des migrants (ouverture des frontières),
des mesures d'intégration (la résidence, la citoyenneté ou
l'accès aux avantages sociaux,...) et de sortie (expulsion ou le retour
volontaire), (Scipioni, et Urso, G., 2017).
4 Il y a plus des immigrants que d'émigrants
dans ces deux pays. Aux Etats-Unis, les immigrants représentent environ
16.6 fois plus le nombre des américains qui migrent vers un autre pays
(49.8/3]. Au Canada, la proportion est d'environ 5.6 fois plus (7.9/1.4]
5 Immigration Policies in Comparison
6
https://www.developpez.com/actu/149195/Trump-s-attaque-au-visa-des-startups-favorisant-la-creation-d-entreprises-technologiques-etrangeres-aux-USA-decision-condamnee-par-la-Silicon-Valley/
17
représentant ainsi plus de 60 pourcent du nombre total
d'immigrants permanents admis au cours de l'année (CIC, 2002 ; APIC,
2004).
Aux Etats-Unis, la loi sur l'immigration de 1990 et d'autres
textes législatifs adoptés au cours des deux dernières
décennies ont facilité l'immigration de diplômés de
l'enseignement supérieur en créant des programmes de visas
temporaires pour les travailleurs hautement qualifiés et en attirant les
étudiants étrangers dans les établissements d'enseignement
supérieur, notamment ceux en sciences, technologie, ingénierie et
mathématiques (STEM). Ainsi, Entre 1990 et 2000, la population
immigrante diplômée d'université a augmenté de 89%,
passant de 3,1 millions à 5,9 millions, et de 78% supplémentaire
entre 2000 et 2014, soit de 5,9 millions à 10,5 millions (Migration
Policy Institute, 2016)7.
Ces immigrants hyper-qualifiés proviennent aussi des
pays en voie de développement mais aussi des pays européens. Ces
derniers sont en quête des facilités croissantes accordées
dans les pays d'immigration dont les Etats-Unis, Canada,
Nouvelle-Zélande et Australie. C'est ce que Docquier & Marfouk (2006
:1) qualifient de "out-selection8". Selon Lowell et Findlay (2019),
le taux élevé de migration de personnes qualifiées -ayant
une éducation "tertiaire"-vers les pays les plus
développés constitue une perte pour les pays en
développement. Les pays les plus touchés sont habituellement des
pays exportateurs de migrants vers les Etats-Unis principalement. Le cas du
Ghana est un exemple parfait pour avoir perdu 60% de ses médecins partis
au Canada, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis depuis le début des
années 1990 (Aderanti, 2007 :3).
Il ressort clairement que les immigrations africaines des
personnes hautement qualifiées aux Etats-Unis et au Canada
spécifiquement sont non négligeables. Ainsi, les pages qui
suivent documentent l'immigration en général aux Etats-Unis et au
Canada avec un accent particulier sur l'immigration africaine d'une part et sur
la migration secondaire africaine dans ces deux pays respectifs d'autre
part.
2.1.1 Caractéristiques sociodémographiques et
économique des immigrants au Canada
Cette section traite du profil des migrants au Canada, du
poids que représente la migration africaine, de la catégorisation
de ces migrants et de leur distribution géographique au Canada.
7
https://www.migrationpolicy.org/article/college-educated-immigrants-united-states
8 Reconnaissance de compétences des migrants
hyper-qualifiés dans les pays d'immigration.
Pour ce faire, les données sur Immigration,
Réfugiés et Citoyenneté Canada ( 2015) sur le portail du
gouvernement Canadien sont non seulement accessibles mais
fiables9.
La notion de résident permanent est celle qui sera
utilisée dans les lignes qui suivent pour le canada et les Etats-Unis.
Il s'agit d'un qualificatif qui désigne tout individu n'ayant pas la
citoyenneté ou la nationalité de ces deux pays respectifs mais
qui a reçu la permission d'y vivre, étudier et travailler de
façon permanente (Evra et Prokopenko, 2015). Cette notion désigne
concrètement la population des immigrés
résidents10. Elle diffère de la notion de
résidents temporaires qui désigne les personnes (Visiteur,
étudiant ou travailleur temporaire,...) ayant reçu l'autorisation
de résider pour une période de temps limitée, souvent de 6
mois renouvelables. Cette catégorie n'est pas prise en compte dans les
résultats présentés ci-dessous. Le fait de ne pas prendre
en compte les résidents temporaires a pour conséquence la
sous-estimation du nombre exact de la population des immigrés au cours
d'une période de temps donnée.
Figure 1. Evolution de flux des résidents permanents selon
la région de naissance de 2006 à 2015 au
Canada
18
Source: Auteur à partir de Government of Canada, IRCC,
2015.
Cette population des immigrés au Canada est fortement
représentée par les Asiatiques, les Africains et les habitants du
Moyen-Orient comme l'illustre bien la figure 1. Les migrants de ces
régions ne feront qu'augmenter car la tendance est à la hausse.
Le flux de résidents permanents des autres régions du monde ne
dépassent pas la barre de 5500 personnes depuis 2013.
9 Facts & Figures 2015: Immigration Overview -
Permanent Residents - Annual IRCC Update.
https://open.canada.ca/data/en/dataset/2fbb56bd-eae7-4582-af7d-a197d185fc93
10 Il s'agit d'un stock des migrants : Nombre
annuel de résidents permanents qui sont venus au Canada entre 1990 et
2015.
https://ouvert.canada.ca/data/fr/dataset/2fbb56bd-eae7-4582-af7d-a197d185fc93
19
La figure 2 montre que ces résidents permanents au
Canada sont majoritairement jeunes dont l'âge varie entre 25 et 44 ans et
cela quelle que soit la région d'origine.
Figure 2. Flux de résidents permanents selon l'âge
et la région de naissance en 2015 au Canada
Source: Government of Canada, IRCC, 2015.
En considérant la population âgée de 15
ans et plus en 2015, la majorité des résidents permanents sont
mariés avec une différence d'environ 10.000 mariages en faveur
des femmes. Par conséquent, Il y a plus de célibataires hommes
comparativement aux femmes et plus de femmes séparées,
divorcées et veuves que d'hommes de la même catégorie.
Figure 3. Résidents permanents de 15 ans et plus selon
le sexe et l'état matrimonial en 2015 au Canada
Source: Government of Canada, IRCC, 2015
S'agissant de la catégorisation de ces résidents
permanents, il se dégage de la figure 3 que dans toutes les
régions, sauf pour la région de l'Amérique en
général et des Etats-Unis en
20
particulier où les résidents permanents ont
été parrainés dans certaines familles11, les
raisons économiques sont prépondérantes par rapport aux
autres motifs d'immigrations. Par ailleurs, la région d'Afrique et le
Moyen Orient sont deux régions où le nombre de
réfugiés réinstallés et personnes
protégées au Canada est très élevé,
dépassant la barre de 20.000 personnes en 2015. Ce chiffre pourrait
s'expliquer par la multiplication de zones de conflits armés dans
lesdites régions.
Figure 4. Résidents permanents selon la catégorie
et la région d'origine en 2015 au Canada
|
|
Source: Government of Canada, IRCC, 2015.
|
|
Outre les raisons pour lesquelles ces résidents
permanents se trouvent au Canada, ils sont repartis sur l'ensemble du
territoire avec une grande préférence du Québec pour les
africains et les habitants du Moyen Orient. Les asiatiques sont majoritaires et
repartis en grand nombre sur tout le Canada sauf au Québec. Cette faible
communauté des asiatiques au Québec peut s'expliquer par des
raisons culturelles, notamment linguistique.
11 Le parrainage prend en compte des membres de la
famille proche des citoyens canadiens ou résidents permanents du Canada.
Qu'il s'agisse de parrainer son conjoint, de parrainer ses enfants
(regroupement familial] ou de parrainer d'autres membres de sa famille
proche.
21
Figure 5. Résidents permanents selon la province ou
territoire de la région de résidence au Canada et la
région d'origine en 2015
Source: Government of Canada, IRCC, 2015.
2.1.2 Caractéristiques sociodémographiques et
économique des immigrants aux Etats-Unis
Comme pour le Canada, la source principale de données
relatives aux résidents permanents aux Etats-Unis est l'annuaire des
statistiques de l'immigration ; un recueil de tableaux contenant des
données sur les ressortissants étrangers qui se sont vu octroyer
la résidence permanente légale, qui ont été admis
aux États-Unis à titre temporaire, demandé l'asile ou le
statut de réfugié, ou ont été
naturalisés12.
L'histoire documentée de l'immigration aux Etats-Unis
remonte aux années 1820. La figure 6 retrace l'évolution de
nombre des résidents permanents légaux par année de 1900
à 2017.
Figure 6. Flux de résidents permanents légaux aux
États-Unis entre 1900-2017
2 000 000
1 800 000
1 600 000
1 400 000
1 200 000
Effectifs
1 000 000
800 000
600 000
400 000
200 000
0
1900 1909 1918 1927 1936 1945 1954 1963 1972 1981 1990 1999 2008
2017
Année
Source: Auteur à partir de U.S. Department of Homeland
Security, 2017
12
https://www.dhs.gov/immigration-statistics/yearbook
22
Le nombre de personnes qui se voient attribuer chaque
année la résidence permanente légale a
évolué en dents de scie avec des périodes de très
forte augmentation. Même si la tendance est à la baisse, les
Etats-Unis restent le premier pays en termes de nombre des immigrants en 2017
(Nations Unies, 2017).
Ces immigrants sont, comme ceux du Canada, jeunes. Un peu plus
de deux immigrants sur cinq, soit 43%, sont âgés de 25 à 44
ans avec une relative féminisation car plus d'un migrant sur deux, soit
54%, est une femme. Les mariés sont majoritaires et représentent
près de six personnes sur dix soit 58%.
Tableau 2. Résidents permanents selon l'âge, le sexe
et le statut matrimonial en 2017 aux Etats-Unis
Groupes d'âge
|
Effectifs
|
%
|
0-14 15-24 25-44 45-64 65 et + Total
|
165 539 180 320 488 164 231 584 61 560 1 127 167
|
15
16 43 21 5 100
|
Sexe
|
|
|
Femme
|
605 911
|
54
|
Homme
|
521 242
|
46
|
Ne sait pas
|
14
|
0
|
Total
|
1 127 167
|
100
|
Etat matrimonial
|
|
|
Marié(e)
|
656 878
|
58
|
Célibataire
|
405 916
|
36
|
Veuf (ve)
|
27 429
|
2
|
Divorce (e)/séparé(e)
|
30 758
|
3
|
Ne sait pas
|
6 186
|
1
|
Total
|
1 127 167
|
100
|
Source: Auteur à partir de U.S. Department of Homeland
Security, 2017
Ces résidents permanents aux Etats-Unis ont
évolué, chaque année, en termes du poids de régions
et/ou principales nationalités. Les américains ont connu une
augmentation en nombre de façon fulgurante aux Etats-Unis et
l'Amérique est devenue la région la plus
représentée en 2017 alors qu'elle représentait près
de 20% en 1960 contre près de 75% des européens. En plus de 50
ans, les Européens ne représentent que moins de 10%. En outre, la
tendance actuelle est marquée par une augmentation du nombre des
Asiatiques et Africains dans la population des immigrants aux Etats-Unis.
23
Figure 7. Proportion par année de nouveaux
résidents permanents légaux sur l'ensemble de la population
immigrante par région de naissance entre 1960 et 2017 aux Etats-Unis
Source: U.S. Department of Homeland Security, 2017, MPI,
2017
Ces changements auront un impact significatif sur la
démographie et les résultats futurs de la population
immigrée du pays en matière d'intégration sachant que les
nouveaux immigrants ont tendance à avoir un niveau d'instruction
supérieur à ceux qui sont arrivés au cours de
périodes précédentes (MPI, 2017)13.
S'agissant des immigrants/résidents permanents
africains aux Etats-Unis, cinq pays africains représentent à eux
seuls plus de 43% de l'ensemble de ces résidents permanents en 2017
(118,824). Il s'agit de l'Ethiopie (14,637), le Nigeria (13,539), la RDC
(8,709), la Somalie (7,704) et du Kenya (6,957). Ces africains sont
principalement représentés avec au moins 4000 habitants dans 10
Etats. Ils sont majoritaires au Texas et à New York avec au moins 10.000
habitants africains (Yearbook of Immigration Statistics 2017, table 3).
Figure 8. Répartition géographique des Africains
vivant aux Etats-Unis
Source: Auteur à partir de U.S. Department of Homeland
Security, 2017
13
https://www.migrationpolicy.org/article/immigrants-new-origin-countries-united-states
24
Par ailleurs, l'identification des caractéristiques des
immigrants aux Etats-Unis et au Canada ci-haut développée et
l'évolution annuelle du nombre des migrants par région
révèlent que les immigrations africaines dans ces deux pays
représentent une part non négligeable et les tendances actuelles,
à en croire les figures 1 et 8, laissent entrevoir une évolution
à la hausse de nombre des Africains dans le futur. Ainsi, il nous
paraît intéressant, conformément à nos objectifs, de
saisir lesquels de ces immigrants sont des migrants indirects ou
secondaires.
2.2 Migration secondaire africaine vers les Etats-Unis et
le Canada
2.2.1 Méthodes de mesure de la migration
secondaire
La littérature sur la mesure de la migration distingue
deux principales méthodes qui permettent de saisir les migrations
internes, internationales et multiples (Tabah, 1970). La première
méthode consiste à faire de l'analyse des migrations en utilisant
les données des registres de population14. Le registre de
population fournit généralement d'excellentes données sur
les migrations et est considéré en théorie comme l'outil
idéal pour la mesure des migrations. Cependant, très peu de pays
disposent d'un registre qui soit tenu à jour de façon à
refléter fidèlement la réalité migratoire. Il reste
néanmoins un instrument administratif qui pour la plupart de temps n'est
pas informatisé et centralisé pour garantir la fiabilité
du système (Poulain & Herm, 2013). Sous d'autres cieux, bien que le
système est informatisé et centralisé, le caractère
obligatoire de déclaration est très respecté sur les
déclarations des décès et naissances, mais n'est pas
effectif en matière de déclarations relatives aux mouvements de
population en interne comme en international. A ceci s'ajoute les débats
sur la confidentialité des données et le respect de la vie
privée15. C'est à ce juste titre que plusieurs pays
dont les Etats-Unis, le Canada, etc. n'en disposent pas. Les limites sus
évoquées justifient le faible taux d'utilisation de registres de
population pour les études sur les migrations internationales notamment
et encore moins pour saisir les migrations multiples faute de sous-estimation
du phénomène car plusieurs cas ne sont pas
déclarés.
Par ailleurs, plusieurs chercheurs recourent à la
deuxième méthode pour analyser les migrations internationales et
multiples. Cette méthode mesure la migration à partir des
14Système de collecte des données par
les services publics selon lequel les caractères démographiques
et socioéconomiques de l'ensemble d'une population ou d'une partie de la
population font l'objet d'un enregistrement continu.
https://www.ined.fr/fr/lexique/registre-de-population/.
15 Bocquier et Eggerickx (2019], Note de cours
d'Urbanisation, migrations internes et migrations internationales (LSPED2015).
SPED2M, Université catholique de Louvain. Inédit.
25
recensements ou des enquêtes par sondage. C'est ce que
Picouet (1977 :14) appelle méthode d'enregistrement discontinu par
opposition aux registres de population. La mesure de la migration à
partir des recensements se fait par la combinaison des questions relatives au
lieu de naissance (LN), au lieu de dernière résidence ou
résidence antérieure (LDR), à la durée de
résidence (DR) au lieu de recensement, et au lieu de résidence
à une date donnée antérieure au recensement (LDA) ou
à une date bien déterminée. A ces questions s'ajoutent
celles relatives à la nationalité et à la durée de
résidence dans la dernière résidence. (UN, 1998 : 101 ;
Camilleri, 2006; Dureau 2014). Ainsi, le type de migration à mesurer
-interne, internationale, multiple- est saisi en fonction de la combinaison de
ces questions posées dans le questionnaire du
recensement/enquête.
Les questions sur le lieu de naissance (LN) permettent de
saisir les migrants durée de vie16 en interne ou en
international. Cette question ne permet pas de saisir les migrations multiples
et mélange les migrants récents et anciens faute de la
délimitation des questions dans le temps. La dimension temporelle est
résolue par la question sur le lieu de dernière résidence
(LDR) ou résidence antérieure. Cette question est souvent
couplée à la question de la durée de résidence au
lieu de dénombrement (DR) afin de catégoriser les migrants
suivant l'ordre d'arrivée ou l'année d'installation au lieu du
recensement. La question sur le lieu de résidence à une date de
référence antérieure, permet en fonction de la
période de référence de limiter les risques d'erreur (si
la période est courte, moins de perte de mémoire et d'oubli)
d'une part et fournir un nombre suffisant de migrants (si la période est
suffisamment longue) d'autre part. Nombre de pays utilisent les 12 derniers
mois et/ou les 5 dernières années ayant
précédé le recensement. C'est le cas des Etats-Unis en
particulier. Les études sur la migration totale font usage de toutes ces
questions afin de mesurer toutes les catégories de migrants : les
migrants durée de vie, les migrants récents et anciens, les
migrants de retour et les migrants multiples. Ainsi, est qualifiée de
migrant international toute personne qui, à une date donnée,
réside dans un autre pays que celui de sa naissance. Le migrant
international indirect/secondaire est un migrant résidant au pays C,
mais dont le pays de dernière résidence (B), est diffèrent
de son pays de naissance (A) ; c'est ce que Dureau (2014 : 9) qualifie de
"migrant multiple".
2.2.2 Définition de concepts de base relatifs
à l'analyse de la migration secondaire
Dans cette étude, les migrants secondaires africains
qui résident aux Etats-Unis sont mesurés par la combinaison des
questions sur le lieu de résidence actuelle et le lieu de
dernière
16 Tout individu dont le lieu de résidence
à une date de référence donnée est différent
de son lieu de naissance.
26
résidence d'il y a 12 mois ou 5 ans avant le
recensement. Ceci s'explique par le fait qu'ils sont déjà
immigrants et résident dans un autre pays diffèrent de leurs pays
naissance. La bonne question pour mesurer la migration secondaire est de savoir
si ces migrants sont tous des migrants directs ou sont-ils passés par un
autre pays avant d'atterrir aux Etats-Unis ? Si oui, quels en sont les
principaux pays de transit ?
Pour y arriver, trois concepts méritent d'être
bien élucidés. Il s'agit de : (i) migration secondaire africaine
incomplète; (ii) migration secondaire africaine complète et (iii)
migration secondaire effective. Ces trois concepts expliquent mieux la
complexité derrière le souci de documenter les migrations
secondaires africaines aux Etats-Unis et au Canada en particulier et les
limites de sources de données exploitées.
Le tableau 3 résume la compréhension de ces trois
concepts longuement utilisés par la suite.
Tableau 3. Résumé de la compréhension des
concepts
|
LRA (Lieu de résidence actuelle)
|
LN (Lieu de naissance)
|
LDR (dernier lieu de résidence)
|
Source de données
|
Période
d'observation
|
Migration secondaire africaine incomplète
|
Etats-Unis
|
Afrique
|
En dehors de l'Afrique : pas connu (LDR = ?)
|
Yearbook of Immigration Statistics
|
Annuelle (Compilation du 01 janvier ou 31 décembre de
chaque année)
|
Migration secondaire africaine complète
|
Etats-Unis
|
Afrique
|
En dehors de l'Afrique : connu (LDR =1)
|
IPUMS
|
12 mois ou 5 ans avant le
recensement
|
Migration secondaire effective
|
Etats-Unis
|
Pays concerné
|
N'importe lequel sauf son pays
|
IPUMS
|
12 mois ou 5 ans avant le
recensement
|
LRA # LN, LDR =? = Migrant secondaire africain incomplet,
Unité d'analyse est régionale (Afrique) LRA # LN, LDR = 1=
Migrant secondaire africain complet, Unité d'analyse est
régionale (Afrique) LRA # LDR # LN = Migrant secondaire effectif,
Unité d'analyse est le pays de naissance
Le concept "Migration secondaire africaine incomplète"
renvoie aux immigrants africains aux Etats-Unis qui ont résidé
dans un pays tiers, autre que les pays africains, 12 mois ou 5 ans avant le
recensement, dont la région/pays de dernière résidence
n'est pas connu(e). Ces données proviennent de l'annuaire statistique
sur l'immigration aux Etats-Unis (Yearbook of Immigration Statistics, 2017).
Certes, ces immigrants ont résidé en dehors de la région
africaine et par conséquent en dehors de leurs pays de naissance, mais
on ne sait pas identifier les pays de leur dernière résidence. Le
"Migrant secondaire africain complet", par contre, est tout immigrant
aux Etats-Unis d'origine africaine, né en Afrique, qui, 12 mois ou 5 ans
avant le recensement résidait dans un pays tiers, autre que les pays
africains, bien identifié. Les
27
données en rapport avec ce type de migrants proviennent
d'IPUMS (2018)17 et permettent - puisque les pays de dernière
résidence sont connus- d'identifier les principaux pays de transit en
dehors de l'Afrique. Enfin, un "migrant secondaire effectif" est tout
immigrant aux Etats-Unis, d'origine africaine, né en Afrique, qui, 12
mois ou 5 ans avant le recensement résidait dans un pays tiers, autre
que son pays de naissance.
Nous documentons dans les lignes qui suivent le cas des
migrants africains qui sont résidents permanents aux Etats-Unis et au
Canada. Les deux principales sources de données susmentionnées
sont exploitées simultanément en fonction des informations
disponibles et les limites qui nécessitent, d'une part, le recours
à une autre source de données et d'autre part, le recours
à une autre approche de mesure du phénomène. Cette analyse
prend en compte toute la population africaine, le Maghreb y compris.
2.2.3 Migration secondaire africaine vers les
Etats-Unis
Les données de l'annuaire montrent que, depuis 2010, le
nombre migrations secondaires africaines dont on ne connait le dernier pays de
résidence en dehors de l'Afrique ne cesse de diminuer. En termes de
proportion, moins de 2% (soit 1.82%) des migrants secondaires africains en 2017
ont résidé dans un autre pays que les pays africains (tab.4). Il
apparait évident que les migrations secondaires africaines
"incomplètes" sont faibles comparativement aux immigrations africaines
directes aux Etats-Unis.
Tableau 4. Déduction des immigrations africaines aux
Etats-Unis des personnes dont le dernier pays de résidence n'est pas
un pays africain de 2010 à 2017
Année
|
Nombre des immigrants aux Etats-Unis qui sont nés en
Afrique (A)
|
Nombre des immigrants aux Etats-Unis qui sont nés en
Afrique dont le pays de dernière résidence est quelque part en
Afrique (B)
|
Nombre des immigrants aux Etats-Unis qui sont nés en
Afrique dont le pays de dernière résidence est hors Afrique mais
pas connu (A-B)
|
Proportion des immigrants secondaires africains aux Etats-Unis
dont on ne sait le dernier pays de résidence (A-B)/A*100)
|
2010
|
101 355
|
98 246
|
3 109
|
3,07
|
2011
|
100 374
|
97 429
|
2 945
|
2,93
|
2012
|
107 241
|
103 685
|
3 556
|
3,32
|
2013
|
98 304
|
94 589
|
3 715
|
3,78
|
2014
|
98 413
|
94 834
|
3 579
|
3,64
|
2015
|
101 415
|
98 677
|
2 738
|
2,70
|
2016
|
113 426
|
110 754
|
2 672
|
2,36
|
2017
|
118 824
|
116 667
|
2 157
|
1,82
|
Source : Déduction de l'auteur faite à partir de
Yearbook of Immigration Statistics 2017, table 2 et 3
17 IPUMS-International se consacre à la
collecte et à la diffusion de données de recensement du monde
entier. Les objectifs du projet sont axés sur la collecte et la
conservation des données d'une part et faire de la documentation et la
diffusion de ces données harmonisées gratuitement d'autre
part.
28
Ces données présentent quelques limites et un
avantage : (i) Déjà, on ne peut pas savoir, avec
précision, les pays/régions de dernière résidence
de ces immigrants africains aux Etats-Unis ;(ii) Les données ne peuvent
remonter plus loin que l'année 2010 parce que le nombre des immigrants
nés en Afrique bien que disponible à partir de 2008, celui en
rapport avec le nombre des immigrants africains en fonction du dernier pays de
résidence n'est disponible qu'à partir de 2010, du moins pour les
années non groupées. Ainsi, il est profitable de n'utiliser que
les données aux années comparables, à partir de 2010 dans
le cas d'espèce ; (iii) En outre, les résultats obtenus au
tableau 4, bien qu'ils ne renseignent pas sur les migrations secondaires
effectives à proprement parler, ils sont un pas vers ces
dernières. Ils renseignent uniquement sur la proportion des immigrants
africains qui ont résidé dans un pays tiers que les Etats-Unis,
en dehors de l'Afrique. Mais les pays et ou région de dernière
résidence n'étant pas connu, il est difficile d'affirmer avec
certitude que 3.07% des immigrants africains aux Etats-Unis en 2010 sont des
migrants secondaires. Ainsi, les migrations secondaires depuis l'Afrique ne
sont pas identifiées.
Pour suppléer à ce déficit d'information
dans l'annuaire statistique sur l'immigration aux Etats-Unis (Yearbook of
Immigration Statistics 2017 : table 2&3), nous avons recouru aux
microdonnées extraites d'IPUMS-international (2018) ; données
internationales harmonisées des recensements qui sont fournies par les
Offices nationaux de statistique des pays depuis 1960. Les données de
cette source présentent l'avantage d'approcher la réalité
de l'émigration secondaire car elles regroupent outre le statut à
la naissance, les pays d'origine des immigrants, le statut de migration et le
pays de dernière résidence, 12 mois avant la collecte de
données des recensements de 1970 et 2000 d'une part et 5 ans avant la
collecte de données des recensements de 2005 et 2010 d'autre part.
Ainsi, ces données nous permettent, de façon
général, de saisir l'ampleur et l'évolution des
immigrations africaines aux Etats-Unis ; de déduire la migration
secondaire africaine "complète" qui est la part des immigrants africains
aux Etats-Unis dont le dernier pays de résidence, d'il y a 12 mois ou 5
ans selon le cas, est différent des pays africains et bien
identifié ; de saisir les principaux pays de transit en Afrique et en
dehors de l'Afrique (principalement en Europe) et d'identifier les principales
caractéristiques de ces migrants secondaires africains aux Etats-Unis et
au Canada. En particulier, les cas de cinq principaux pays africains
sub-sahariens ayant les plus grand nombre des immigrants comparativement aux
autres seront développés.
29
Pour des raisons de comparabilité, fonction des
années de collecte et de la période d'observation, les
résultats seront présentés séparément car
les données de 2010 et celles de 2005 se réfèrent aux 12
mois avant la collecte contrairement à celles de 2000 et de 1970 qui se
réfèrent aux cinq dernières années avant la
collecte. Le choix porté sur ces années, contrairement aux
autres, se justifie par la disponibilité de données relatives au
statut à la naissance, au statut de migration, 1 an ou 5 ans avant la
collecte et au pays de la dernière migration ou dernière
résidence.
2.2.3.1 Ampleur et évolution des immigrations
africaines aux États-Unis
L'analyse de ces microdonnées montre que sur l'ensemble
de données collectées de 1970 à 2010, la proportion des
immigrants aux Etats-Unis a augmenté de 5,85% en 1970 à 12.62 %
en 2010. La proportion des immigrants africains (Toute l'Afrique, Maghreb y
compris) sur l'ensemble de tous les immigrants aux Etats-Unis a aussi
augmenté, bien que faible comparativement aux immigrants
Européens et Asiatiques en particulier. De moins de 1% en 1970, la
proportion des immigrants africains sur l'ensemble des immigrants aux
Etats-Unis se chiffre à 3,5% en 2010.
Figure 9. Evolution de la proportion des immigrants africains
dans l'ensemble des immigrations aux Etats-Unis de 1970 à 2010
Source : Auteur à partir des données IPUMS,
2018.
Parmi ces immigrants africains, quelles que soient
l'année de collecte et la période couverte par l'observation,
plus de trois quart ont résidé dans des pays africains -y compris
les pays de naissance de certains migrants probablement- avant d'atterrir aux
Etats-Unis (Tableau. 5). Les pays européens viennent en deuxième
position. Sa proportion la plus haute remonte à l'année
30
1970 (13,36%). L'Océanie reste la région la
moins attractive des immigrants africains aux Etats-Unis.
Tableau 5. Ampleur et évolution des immigrants africains
aux Etats-Unis résidant dans un autre pays, 5 ans et 12 mois avant
les recensements et par année de collecte de données
Continent
|
Nombre des immigrants africains aux Etats-Unis ayant
résidé dans un autre pays, 5 ans auparavant, par continent
|
Nombre des immigrants africains aux Etats-Unis ayant
résidé dans un autre pays, 12 mois auparavant par continent
|
|
1970
|
|
2000
|
2005
|
|
2010
|
|
Effectif
|
%
|
Effectif
|
%
|
Effectif
|
%
|
Effectif
|
%
|
Afrique
|
214
|
77,26
|
9825
|
86,18
|
436
|
82,58
|
379
|
85,94
|
Amérique
|
14
|
5,05
|
450
|
3,95
|
29
|
5,49
|
14
|
3,17
|
Asie
|
12
|
4,33
|
325
|
2,85
|
25
|
4,73
|
10
|
2,27
|
Europe
|
37
|
13,36
|
773
|
6,78
|
37
|
7,01
|
35
|
7,94
|
Océanie
|
0
|
0,00
|
27
|
0,24
|
1
|
0,19
|
3
|
0,68
|
Total
|
277
|
100
|
11400
|
100
|
528
|
100
|
441
|
100
|
Source : Auteur à partir des données IPUMS,
2018.
Par ailleurs, mieux que les résultats du tableau 4,
ceux du tableau 5 présentent un grand avantage ; celui de déduire
les migrations secondaires africaines "complètes" parmi tous les
immigrants africains aux Etats-Unis qui ont résidé dans un pays
tiers, en dehors de pays africains, les 12 mois ou les 5 années
précédant la collecte de données du recensement. Mais ils
présentent aussi une limite, celle de sous-estimer les migrations
secondaires "effectives". Cette sous-estimation est liée à
l'unité d'analyse considérée : Afrique en lieu et place du
pays. La sous-estimation s'explique concrètement par le fait de ne pas
considérer dans les migrations secondaires africaines, les immigrants
africains de chaque pays qui n'ont pas résidé dans leurs pays
respectifs. Pour pallier à cette limite, nous développons, plus
loin, la migration secondaire africaine des immigrants africains de cinq pays
majoritaires aux Etats-Unis, considérant ainsi le pays comme
unité d'analyse. Avant d'y arriver, la fig.10 retrace l'évolution
de migrations secondaires africaines déduite du tableau 5.
2.2.3.2 Migrations secondaires des africains aux
Etats-Unis
Les migrants secondaires africains sont ceux parmi tous les
immigrants africains aux Etats-Unis ayant résidé en dehors des
Etats-Unis et en dehors de l'Afrique, 5 ans et 12 mois avant le recensement par
année de collecte considérée, soit de 1970 à
2010.
Dans l'ensemble, l'émigration secondaire existe mais
ses proportions sont relativement faibles comparativement aux migrations
directes car la majorité des immigrants africains aux
31
Etats-Unis n'est pas très mobile en dehors du
pays18. Mais parmi ceux qui ont résidé à
l'étranger, un peu plus de quatre personnes sur cinq, soit environ 86%,
ont résidé en Afrique au cours de 12 derniers mois ayant
précédé le recensement de 2010. Ainsi, 14% sont des
migrants secondaires africains.
La différence flagrante de la proportion des migrations
secondaires africaines entre le tableau
4 et 5 (3.07% contre 14% en 2010) serait probablement due
à la différence des sources de données utilisées et
du degré de précision qui découle de chacune de ces
sources. Les résultats du tableau 4 proviennent d'une source
administrative et ne permet pas d'identifier les pays de dernière
résidence des immigrants africains aux Etats-Unis. Par contre, les
résultats du tableau
5 proviennent du recensement de 2010, qui du reste est
représentatif de la population totale des Etats-Unis et permettent
d'identifier les pays de dernière résidence des immigrants
africains aux Etats-Unis. De ce fait, ce grand écart de la proportion
des migrations secondaires africaines serait lié à la
sous-estimation qui caractérise la source administrative. Cette source
tient uniquement compte des résidents permanents. Les résidents
temporaires ne sont pas comptabilisés, voire même les migrants
africains en situation irrégulière.
Figure 10. Proportion de la migration secondaire africaine
parmi les immigrants africains ayant résidé dans un autre pays
que les pays africains
Source : Auteur à partir des données
IPUMS, 2018.
De ce fait, il sied de noter qu'en termes de proportion,
l'émigration secondaire africaine (14%) est relativement
élevée comparativement à l'émigration secondaire en
général aux
18 L'analyse de données relative au statut
de migration d'il y a 12 mois montre que les immigrants africains sont mobiles
à l'intérieur des Etats-Unis. Ceux qui ont résidé
d'il y a 12 mois à l'étranger représentent 2.5% en
2010.
32
Etats-Unis en 2000. Selon USCIS19 (2000),
l'émigration secondaire se chiffrait à 12,5% de tous les
immigrants admis aux États-Unis (Takenaka, 2007). Il est clair
qu'après l'année 2000 jusqu'à ce jour que cette proportion
ait baissé davantage car la tendance est à la baisse mais aussi
parce que l'Afrique devient de plus en plus un continent principal de transit
vers les Etats-Unis. Les grandes différences dans les estimations de la
proportion de la migration secondaire entre les tableaux 10a et 10b sont
liées à la méthode utilisée -période
d'observation- mais aussi à de différences des effectifs dans les
sous-échantillons (Afrique) par année de recensement (tableau.5).
Par conséquent, les résultats de ces deux tableaux ne sont pas
comparables même si la tendance est en baisse quelles que soient
l'année de collecte et la période d'observation.
Par ailleurs, nous nous sommes interrogés sur les
principaux pays Européens de transit de migrants secondaires africains
aux États-Unis. Ce questionnement a trouvé son sens dans les
résultats de Takenaka (2007 :2) :
"While secondary migration mostly involves poorer countries
both at origins and intermediary points, secondary migrants usually come from
poorer countries and migrate first to richer countries before migrating further
to the United States ".
Par conséquent, nous essayons, dans les lignes qui
suivent, non seulement de trouver les principaux pays européens de
transit mais aussi de répertorier la préférence de
certains pays africains envers un pays européen spécifique par
rapport aux autres et d'en élucider les facteurs explicatifs.
2.2.3.3 Principaux pays Européens de transit des
migrants secondaires africains aux Etats-Unis
Les résultats de notre analyse (fig.11) montrent que
quelles que soient l'année de collecte et la période de
collecte/d'observation considérées -12 mois ou 5 ans avant le
recensement- les principaux pays de transit en Europe sont le Royaume-Uni, la
France, l'Allemagne et l'Italie. Considérant les périodes
récentes, 2005 et 2010, les tendances montrent que la situation de
l'Italie et du reste de l'Europe est statique au moment où la proportion
de migrants africains en transition de l'Europe vers les Etats-Unis diminue au
Royaume-Uni et en Allemagne au profit de la France.
19 U.S. Citizenship and Immigration Services
Figure 11. Proportion des immigrants africains aux Etats-Unis
ayant transité dans un pays Européens
par de 1970 à 2010
33
Source : Auteur à partir des données
IPUMS, 2018.
Ces quatre pays Européens représentent en
moyenne quatre personnes sur cinq, soit 80,2%, des tous les transits des
immigrants africains aux Etats-Unis en Europe quelles que soient l'année
de collecte et la période d'observation.
S'agissant de la tendance dans la préférence de
certains pays Européens de transit, aucune tendance ne se dégage
pour l'Italie. De même pour l'Allemagne avec une légère
prédominance de Camerounais. Mais pour la France en particulier, la
majorité des migrants secondaires africains qui y ont
résidé avant d'atterrir aux Etas-Unis sont Marocains et
Algériens. Pour le Royaume-Uni par contre, ce sont les Nigérians,
sud-africains et Kenyans. Ces tendances s'expliquent par des facteurs
politiques d'une part et culturels d'autre part. Sur le plan politique,
l'histoire du Maroc et de l'Algérie sont scellées à celle
de la France par le fait que ces deux pays ont été
colonisés par la France, même si une petite partie du Maroc
était sous contrôle Espagnol. Il en est de même pour le
Nigéria, l'Afrique du sud et le Kenya qui ont été
colonisés par le Royaume-Uni. A cette raison politique s'ajoute la
dimension linguistique qui n'est pas négligeable car la langue est un
facteur d'intégration sociale (Nutefe, 2014).
2.2.3.4 Principales caractéristiques des
migrants secondaires africains aux Etats-Unis
Les principales caractéristiques de ces migrants
secondaires africains se rapportent à l'année 2010 ; la plus
récente dont la période d'observation se limite aux douze mois
ayant précédé le recensement.
34
Tableau 6. Répartition de migrants secondaires africains
aux Etats-Unis en 2010
|
|
Migrants secondaires
|
|
Migrants directs
|
Migrants
secondaires âgés de 20 ans et plus
|
Variables
|
Catégories
|
Effectif
|
%
|
Effectif
|
%
|
Effectif
|
%
|
Sexe
|
Masculin
|
279
|
50,84
|
6,769
|
52,2
|
185
|
50,2
|
|
Féminin
|
269
|
49,16
|
6,195
|
47,8
|
183
|
49,8
|
|
Moins de 20
|
164
|
29,9
|
1,696
|
13,1
|
|
|
|
20-39
|
283
|
51,6
|
5,277
|
40,7
|
271
|
73,7
|
Age
|
40-59
|
69
|
12,6
|
4,67
|
36
|
66
|
18,0
|
|
60 et plus
|
32
|
5,9
|
1,321
|
10,2
|
30
|
8,3
|
|
Primaire incomplet
|
142
|
25,95
|
1,212
|
9,4
|
25
|
6,8
|
Niveau
|
Primaire complet
|
60
|
11,1
|
1,313
|
10,1
|
30
|
8,0
|
d'éducation
|
Secondaire complet
|
205
|
37,4
|
6,117
|
47,2
|
179
|
48,7
|
|
Universitaire
|
140
|
25,6
|
4,319
|
33,3
|
134
|
36,5
|
|
Célibataire
|
295
|
53,8
|
4,583
|
35,6
|
127
|
34,5
|
Statut
|
Marié
|
218
|
39,9
|
6,432
|
49,6
|
208
|
56,6
|
matrimonial
|
Séparé/divorcé
|
17
|
3,2
|
1,49
|
11,5
|
16
|
4,5
|
|
Veuf (ve)
|
16
|
3,1
|
458
|
3,5
|
16
|
4,4
|
Période
|
2000 et moins
|
28
|
5,1
|
7,465
|
57,6
|
25
|
7,0
|
d'immigration Après 2000
|
520
|
94,9
|
5,499
|
42,4
|
342
|
93,0
|
Total
|
548
|
100
|
12,964
|
100
|
368
|
100,0
|
Source : Auteur à partir des données
IPUMS, 2018.
Ces migrants secondaires africains aux Etats-Unis sont presque
qu'à égalité proportionnelle du point de vue "genre"
comparativement aux migrants directs où les hommes représentent
plus de la moitié, soit 52.2%. Du point de vue de l'âge, les
migrants secondaires africains sont majoritairement jeunes car plus de cinq
personnes sur dix, soit 51,6%, sont âgés de 20 à 39 ans.
Dans cette tranche d'âge (20-39 ans), les migrants directs
représentent 40%. Sur le plan éducationnel, plus de six personnes
sur dix migrants secondaires africains, soit 63%, ont au moins un niveau
secondaire. Les plus instruits représentent le quart de tous les
migrants secondaires africains aux Etats-Unis, soit 26%, contre 33% pour les
migrants directs. Quant à l'état matrimonial, la majorité
de migrants secondaires africains sont célibataires (53,8%) alors que
les migrants directs sont nombreux à être mariés (49,6%).
En outre, dans 95% de cas, les migrants secondaires sont arrivés aux
Etats-Unis après les années 2000 contrairement aux migrants
directs qui sont arrivés, dans 57% de cas, aux Etats-Unis avant l'an
2000, du moins jusqu'à l'année 2000.
Ces résultats en rapport avec l'année
d'arrivé aux Etats-Unis montrent qu'il n'est pas facile de comparer les
migrants secondaires -qui sont très jeunes puisque arrivés
récemment- aux migrants directs qui sont arrivés il y a fort
longtemps. L'idéal aurait été de faire cette comparaison
en tenant compte, par exemple, de l'âge et du niveau d'instruction des
migrants
35
directs à l'arrivée. Ne disposant pas ces
données, nous contrôlant l'âge des migrants secondaires en
ne prenant en compte que les migrants secondaires âgés de 20 ans
et plus pour les comparer aux migrants directs. De cette comparaison ressort
que, les migrants secondaires, âgés de 20 ans et plus, sont
très jeunes -soit âgés de moins de 40 ans dans 73,7%-et
plus instruits (36.5%) que les migrants directs aux Etats-Unis.
Notons par ailleurs que, parmi ces migrants secondaires
africains aux Etats-Unis, la proportion de plus instruits, ceux du niveau
universitaire, ne fait qu'augmenter depuis l'année 200520
(fig. 12).
Figure 12. Répartition des migrants africains ayant un
niveau d'éducation universitaire aux États-Unis
de 1970 à 2010
Source : Auteur à partir des données IPUMS,
2018.
Comme souligné précédemment (tableau 5),
les résultats présentés en rapport avec la migration
secondaire des africains sous-estiment le nombre des migrations secondaires
africaines effectives aux Etats-Unis. Cette sous-estimation s'explique par le
fait qu'un immigrant africain aux Etats-Unis qui a résidé dans un
autre pays africain que son pays de naissance, 12 mois ou 5 ans
précédant la collecte de données, avant d'atterrir aux
Etats-Unis n'est pas comptabilisé comme migrant secondaire (fig.10).
Seuls les immigrants qui ont résidé dans un pays en dehors de
l'Afrique sont comptabilisés comme migrants secondaires. C'est donc
à ce titre qu'ils sont qualifiés dans cette étude comme
"migrants secondaires africains". Ainsi, pour pallier à cette
sous-estimation, la section suivante développe le cas des cinq
principaux pays de l'Afrique sub-saharienne majoritaires aux Etats-Unis,
considérant
20 Il est aberrant de comparer cette proportion avec
les autres années, outré l'année 2005, parce que la
période d'observation n'est pas la même.
effectivement de "migrant secondaire effectif "aux Etats-Unis,
tout immigrant ayant résidé dans un autre pays que son pays de
naissance au cours de 12 derniers mois (pour les recensements de 1970 et 2000)
ou 5 dernières années (pour les recensements de 2005 et 2010)
ayant précédé la collecte de données avant
d'atterrir aux Etats-Unis.
Ces principaux pays sont le Nigeria, l'Ethiopie, le Ghana,
l'Afrique du sud, et le Kenya. Ces pays représentent à eux seuls
plus de 43% de l'ensemble de la population des immigrants africains aux
Etats-Unis (IPIUMS, 2018).
2.2.3.5 Emigrations secondaires des Nigérians,
Ethiopiens, Ghanéens, Sud-africains et Kenyans aux Etats-Unis
Les résultats de la figure 13 montrent qu'au cours de
12 derniers mois ayant précédé la collecte de
données en 2005 et 2010, les immigrants Nigérians, Ethiopiens,
Ghanéens, Sud-africains et Kenyans aux Etats-Unis ont
résidé dans un autre pays africain différent de leur pays
de naissance. Les pays Européens viennent en deuxième position
comme pays de transit sauf pour les Sud-africains. Ces derniers ont
résidé en majorité dans les pays Asiatiques, notamment en
Chine et au Japon. Entre 2005 et 2010, la proportion des Nigérians et
Sud-africains ayant résidé les 12 derniers mois en Asie a
baissé au profit des pays africains contrairement aux Ghanéens et
kenyans dont la diversification des pays de dernière résidence
intègre les pays asiatiques.
Figure 13. Emigrations secondaires des quelques pays africains
en fonction de pays /région de dernière
résidence entre 2005 et 2010
%
|
100 90 80 70 60 50 40 30 20 10
0
|
|
Europe Asie Amerique Afrique
|
Nigeria
2005
Nigeria
2010
Ethiopie Afrique
2005 2010 du Sud
2005
Afrique du Sud
2010
Ghana
2005
Ghana
2010
Ethiopie
Kenya Kenya
2005 2010
36
Pays et années
Source : Auteur à partir des données IPUMS,
2018.
37
L'analyse de la situation de 2000 et plus loin celle de 1970
marque une diversité du point de vue de derniers pays ou région
de résidence mais aussi des immigrants africains majoritaires aux
Etats-Unis. En 2000, La population immigrante d'origine Nigériane,
Ethiopienne, Sud-africaine, Ghanéenne et Kenyanes étaient
déjà majoritaires comme pour les récentes périodes,
2005 et 2010. Par contre, l'histoire de l'immigration africaine aux Etats-Unis
révèle que seuls les Sud-africains et Egyptiens étaient
déjà majoritaires en 1970 (fig.14). L'augmentation de nombre des
immigrants des autres pays d'Afrique sub-saharienne majoritaires ci-haut
énumérés serait la résultante d'une politique
migratoire attractive et sélective des Etats-Unis vers les années
2000, outre les raisons culturelles (Defoort, 2008 ; Nutefe, 2014).
L'Afrique du sud reste le pays le plus diversifié en
rapport avec les pays /régions de dernières résidences en
2000. Il est le seul pays où les migrants secondaires aux Etats-Unis
viennent de toutes les régions du monde. En 1970, contrairement à
la tendance récente depuis 2000 sauf pour le cas de l'Afrique du sud, la
majorité des migrants secondaires Sud-africains et Égyptiens
résidaient les cinq dernières années ayant
précédé le recensement de 1970 en Europe. Les pays
Asiatiques viennent en deuxième position pour les Egyptiens ; ce qui
pourrait s'expliquer par la proximité culturelle et géographique.
Il s'agit principalement de l'Israël et du Liban (fig.14).
Figure 14. Emigrations secondaires des quelques pays africains
en fonction de pays /région de dernière résidence entre
1970 et 2000
Source : Auteur à partir des données
IPUMS, 2018.
38
2.2.4 Migration secondaire africaine vers le Canada
2.2.4.1 Ampleur et évolution des immigrations
africaines au Canada
Le Canada est parmi les pays qui disposent de données
statistiques fiables. Il organise de façon régulière un
recensement tous les 5 ans21. Le tout dernier recensement date de
2016. Nous analysons dans les lignes qui suivent les microdonnées de
quatre recensements disponibles, soit de 1981, 1991,2001 et 2011 (IPUMS, 2018).
Contrairement aux Etats-Unis, le recensement Canadien ne collecte pas les
données sur les pays de dernière résidence mais
plutôt sur la province de dernière résidence d'il y a 1 an
ou 5 ans en fonction du statut de migration correspondant à la
période d'observation. Mais les données relatives aux pays de
naissance, le statut à la naissance, l'âge, le sexe, l'état
matrimonial, l'année d'immigration, etc. sont collectées.
Figure 15. Evolution de la population immigrante au Canada de
1981 à 2011
Source : Auteur à partir des données IPUMS,
2018.
L'analyse de ces microdonnées révèle
qu'en termes de proportion, la population des immigrants au Canada
représente près de 22,7% de l'ensemble de la population
canadienne en 2011, soit une augmentation de plus de 6 % comparativement
à la situation de 1981.
La grande majorité de ces immigrants, personnes
nés en dehors du sol canadien, sont originaires de l'Europe. En 1981,
ils représentaient 66,7% de l'ensemble des immigrants au Canada. En
1991, les pays de l'Asie et de l'Amérique venaient en deuxième et
troisième position représentant 24,87 et 16, 95% respectivement.
La tendance récente, à partir de 2001
21 Statistics Canada:
https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/index-fra.cfm?MM=1.
révèle que la proportion des Européens
diminue au profit des immigrants d'origine asiatique. Ces derniers se classent
en première position en 2011, représentant plus de deux
immigrants sur cinq au Canada, soit 45,71%.
Les immigrants africains sont faiblement
représentés mais sont en progression. De moins de 3% en 1981, les
immigrants africains représentent environ 7,3% de l'ensemble des
immigrants au Canada en 2011 (fig. 16). La tendance étant à la
hausse, le recensement de 2021 pourrait enregistrer une proportion des
immigrants africains supérieure à 8% pendant que celle des
Européens serait en baisse constante.
Figure 16. Proportion des immigrants par origine et par
année au Canada
39
Source : Auteur à partir des données IPUMS,
2018.
En 2011, la proportion des hommes sur l'ensemble des
immigrants africains s'évalue à 51%. Plus de sept sur dix (72%)
d'entre eux étaient âgés de 20 à 59 ans. Cette forte
proportion de la population active s'explique par le fait que la
majorité des immigrants africains au Canada sont des migrants
économiques.
Pour ce qui est du statut matrimonial et de la période
d'installation au Canada, les mariés représentaient à eux
seuls plus de 55% de l'ensemble de la population des immigrants et près
d'un immigrant sur deux, soit 48,25%, est arrivé après
l'année 2000 (Tableau 7). L'augmentation de nombre des immigrants
après les années 2000 pourrait avoir un lien étroit avec
la sélectivité des migrants hyper-qualifiés et une grande
ouverture aux migrations économiques de la population active.
40
Tableau 7. Caractéristiques
sociodémographiques des immigrants africains au Canada en
2011
Variables
|
Catégories
|
Effectif
|
%
|
Sexe
|
Masculin
|
7,859
|
51,1
|
|
Féminin
|
7,532
|
48,9
|
Age
|
Moins de 20
|
2,343
|
15,2
|
|
20-39
|
5,815
|
37,8
|
|
40-59
|
5,274
|
34,3
|
|
60 et plus
|
1,951
|
12,7
|
Statut matrimonial
|
Célibataire
|
5,209
|
33,9
|
|
Marié
|
8,435
|
55,0
|
|
Séparé/divorcé
|
1,313
|
8,5
|
|
Veuf (ve)
|
427
|
2,8
|
Période d'immigration Enfants nés au
Canada
|
941
|
6,1
|
2000 et moins
|
7,063
|
45,9
|
Après 2000
|
7,377
|
47,9
|
Total
|
15,383
|
100,0
|
Source : Auteur à partir des données
IPUMS, 2018.
Comme pour les Etats-Unis, il était cohérent de
s'interroger sur la part de migrants secondaires sur l'ensemble de la
population des immigrants africains au Canada. Pour ce faire, les pays de
dernière résidence des immigrants africains les 5
dernières années ayant précédé le
recensement de 2011 s'avèrent important. Malheureusement, non seulement
que la constitution de la base de données d'Ipums-Canada ne permet pas
d'identifier spécifiquement les origines de ces immigrants africains,
elle ne permet pas non plus de savoir dans quels pays ont résidé
ces immigrants africains en dehors du Canada au cours de 12 mois ou 5
dernières années ayant précédé le
recensement et encore moins de savoir si lesdits pays de dernière
résidence étaient différents de leur pays de naissance. Ce
qui s'explique par le fait que dans les données relatives à la
mobilité au Canada, les pays de dernière résidence, quelle
que soit la période d'observation, ne sont pas pris en compte et par
conséquent ne sont pas collectés.
Pour pallier à cette insuffisance, nous avons fait
appel à la base de données de The DEMIG C
(country-to-country).22 Cette base de données regroupe les
données de 34 pays, dont le Canada, sur les flux des immigrants en
fonction de trois principaux critères : Pays de naissance (Country of
Born, COB en sigle); pays de citoyenneté (Country of Citizen, COC en
sigle) et pays de dernière résidence (Country of last Residence,
COR en sigle). La migration
22
|
La base de données DEMIG C (country-to-country)
contient des données sur les flux de migration bilatéraux pour 34
pays déclarants et jusqu'à 236 pays pour la période allant
de 1946 à 2011. Il comprend des données sur les entrées,
les sorties et les flux nets, respectivement pour les citoyens, les
étrangers et / ou les citoyens et les étrangers combinés,
selon les pays déclarants. La base de données DEMIG C a
été compilée grâce à une vaste collecte de
données et à la numérisation de statistiques nationales
historiques ainsi que de sources électroniques actuelles. Il offre une
opportunité unique de construire des flux migratoires de nombreux pays
d'origine vers les 34 pays déclarants, ainsi que des flux de retour.
|
41
secondaire africaine en général et de quelques
pays africains (y compris de Maghreb) en particulier déduite de la
différence des effectifs de flux des immigrants en fonction de leur pays
de naissance et de leur pays de dernière résidence est
développée dans la section suivante.
2.2.4.2 De la migration secondaire africaine en
général à la migration secondaire spécifique de
quelques pays africains vers Canada
Les immigrants au Canada sont des étrangers à
qui le statut de résident permanent a été accordé
(DEMIG ,2015). Les flux de ces immigrants se catégorisent en flux
entrants et flux sortants. Les données présentées ici ne
concernent que les flux entrants car les flux sortants ne sont pas disponibles.
Partant de ces flux entrants, la figure 17 nous permet de saisir lesquels des
immigrants africains au Canada sont effectivement nés en Afrique,
lesquels sont venus de l'Afrique vers le Canada et enfin lesquels gardent
encore la nationalité d'un pays africain.
De ce fait, les migrants africains directs sont ceux qui sont
nés en Afrique et dont le dernier pays de résidence se trouve en
Afrique. Les migrants africains indirects ou migrants secondaires africains
sont ceux qui sont nés en Afrique mais qui ont résidé dans
un pays autre que les pays Africains, 12 mois avant la collecte de
données, avant d'atterrir au Canada. Comme pour les Etats-Unis, ces
migrations secondaires africaines au Canada sont "incomplètes" parce
qu'on ne sait pas identifier les pays de dernière résidence avec
les données Demig (2015). Ces migrants secondaires africains sont
déduits de la différence entre ceux qui sont nés en
Afrique et ceux qui viennent de l'Afrique, d'il y a 12 mois avant la collecte
de données. Soulignons que la fiabilité de ces données est
liée à la qualité des instituts / bureaux de statistiques
des pays et à la méthode de collecte utilisée -prise en
compte ou non des résidents temporaires et les demandes d'asile à
certaines périodes outre les résidents permanents - (Demig,
2015).
Pour l'estimation de la migration secondaire africaine, les
données aberrantes23 après 1965 ne sont pas prises en
compte. Les données sur la citoyenneté ne sont disponibles
qu'après 1974. Ces résultats ne sont que des estimations et
méritent d'être pris avec beaucoup des pincettes.
23 Il n'est pas logique que les immigrants
africains qui ont résidé dans un autre pays que les pays
africains soient plus nombreux que ceux qui sont nés en Afrique et qui
résident au Canada. Il y a sans doute quelques erreurs de
déclarations de la part des instituts de statistiques ou erreurs
occasionnées par le changement de la méthode de mesure
utilisée avec le temps ; ce qui rend impossible la comparaison entre
pays.
42
Il ressort de la figure 17 deux réalités
différentes, celle d'avant et d'après 1963. Avant 1963, le nombre
des migrants secondaires africains était très faible parce que
l'intensité de la migration directe entre l'Afrique et le Canada
était forte. Cette intensité peut s'expliquer par les troubles
politiques, crises humanitaires/économiques qui ont
émaillées les pays africains en quête de
souveraineté / indépendance. Les années d'après
1963 se caractérisent par une augmentation spectaculaire du nombre des
migrants secondaires africains au Canada, conséquence d'une
augmentation, par année, du nombre des immigrants au Canada qui ont
résidé dans un pays autre que les pays africains avant d'atterrir
au Canada. Cette augmentation des migrants africains en général
(COB) et migrants secondaires africains en particulier (COB-COR) au Canada
seraient probablement liée à un fort besoin de la main d'oeuvre,
à une forte demande d'asile et à la mobilité de plus
instruits et aisés en termes de revenus.
En outre, l'évolution décroissante du nombre des
migrants africains qui gardent leur nationalité de naissance avec le
temps pourrait s'expliquer par la naturalisation de plusieurs d'entre-deux des
suites de la durée de résidence sur le sol Canadien.
Figure 17. Flux des immigrations africaines et migrations
secondaires africaines au Canada
|
Où
? COR Africa représente les immigrants africains qui
ont résidé en Afrique avant d'arriver au Canada.
? COC Africa représente les immigrants africains au
Canada qui gardent encore leur nationalité d'origine
? et COB Africa, les migrants africains au Canada, nés
en Afrique.
|
Source: Auteur à partir de données Demig ,
2015.
|
|
Par ailleurs, la fig. 17 identifie les migrants secondaires
africains mais ne saisit pas la migration secondaire effective par
nationalité au Canada. Pour la migration secondaire effective par
nationalité au Canada, nous présentons par la suite les quatre
figures (fig.18) correspondant aux quatre flux des immigrations africaines
spécifiques au Canada. Il s'agit explicitement des immigrations
Sud-africaines, Ghanéennes, Egyptiennes et Marocaines. Le choix
porté sur ces quatre pays se justifie par la qualité de leurs
données. Ces données
43
couvrent la période de 1956 à 1979 en
général même si pour chaque pays, les données ne
sont pas disponibles à toutes les dates. Nous présentons les
données uniquement à des périodes où les
informations sur les pays de naissances (COB) et les pays de dernière
résidence (COR) ont été collectées afin de
déduire les migrations secondaires effectives par nationalité.
L'analyse de ces figures révèle une tendance
presque similaire dans tous ces quatre pays et ne se dissocie pas de la
réalité africaine sus-évoquée (fig.17). Il ressort
clairement qu'avant 1963, peut-être parce que les données
relatives à la dernière résidence n'étaient pas
collectées -sauf en Afrique du Sud-, la logique de la migration
était directe. Après 1963, le nombre des migrations directes et
indirectes dans ces quatre pays n'a fait qu'augmenter des suites de
l'augmentation de la mobilité en générale. Les proportions
des migrations secondaires par nationalité au Canada ont atteint de pic
d'intensité différente, à des périodes
différentes (1969-70 pour les sud-africains, 1976 pour les
ghanéens, 1967-68 pour les Egyptiens et Marocains) même si la
tendance à la fin de l'année 1979 était soit stationnaire
soit à la baisse.
Figure 18. Evolution des migrations secondaires de quatre flux
par nationalité au Canada
44
Legende
COB: Country of Birth (Pays de naissance) COC: Country of
Citizenship (Pays de citoyenneté) COR: Country of Residence (Pays de
residence) Migrations secondaires (différence entre COB et COR)
Pour ce qui est de la citoyenneté, il se dégage
qu'avec le temps, les immigrants originaires de ces quatre pays sont de moins
en moins nombreux à garder leur nationalité à la
naissance/citoyenneté. Il me paraît intéressant de dire :
Ils sont nombreux ceux qui sont nés dans ces pays-là
(COB) mais moins sont encore citoyens de ces pays-là (COC).
Ces écarts peuvent s'expliquer par la naturalisation de
ces migrants au Canada - pour les migrants directs- ou ailleurs avant
d'atterrir au Canada - pour les migrants secondaires-.
2.2.5 Principales limites à la documentation de
l'émigration secondaire aux Etats-Unis et au Canada et synthèse
de résultats
L'émigration secondaire ou indirecte est un
phénomène relativement complexe comparativement à la
migration directe. Sa mesure nécessite un effort supplémentaire
dans ce sens qu'il ne se limite pas à identifier le pays d'origine d'un
immigrant mais s'intéresse aussi à son pays de transit ou
à sa dernière résidence, au cours d'une période
bien déterminée, qui doit forcément être
différent (e) de son pays de naissance.
La documentation de ce phénomène est fonction de
la qualité des informations par sources de données
exploitées. Les principales sources de données exploitées
sont : (i) Yearbook of Immigration Statistics (2017), (ii) Les
microdonnées d'IPUMS-International (Minnesota Population Center, 2018)
et (iii) The DEMIG c2c (2015).
Les données de l'annuaire sont intéressantes
pour retracer l'intensité de l'immigration en générale et
africaine en particulier aux Etats-Unis. Elles permettent par déduction
de saisir les migrations secondaires africaines incomplètes, mais elles
ne permettent pas d'identifier la dernière résidence des
immigrants africains aux Etats-Unis. Ce besoin de saisir la dernière de
résidence des immigrants africains aux Etats-Unis a trouvé
satisfaction grâce aux données d'Ipums-Etats-Unis.
Pour les Etats-Unis, même si les données sur la
dernière résidence ont été collectées, elles
ne sont pas disponibles pour toutes les années et moins encore pour
toutes les périodes d'observation (au cours de 1 an ou 5
dernières ayant précédé le recensement). Ainsi, par
souci de comparabilité, seules les années où les
données ont été collectées et pour les
mêmes
45
périodes d'observations ont été prises en
compte dans notre analyse. Ce qui justifie les années 1970 et 2000 puis
2005 et 2010. Ces données ont permis de saisir l'émigration
secondaire africaine en général et de quelques pays africains en
particulier sélectionnés en termes de leur proportion sur
l'ensemble des immigrations africaines aux Etats-Unis en 2010.
S'agissant du Canada, les données d'Ipums ont permis de
saisir l'immigration africaine au Canada en termes de son ampleur pour les
périodes correspondantes aux quatre recensements, soit de 1981,
1991,2001et 2011, mais aussi de la mobilité de ces immigrants africains
au Canada au cours de 1 an ou 5 années ayant
précédé le recensement. Les questions en rapport avec les
périodes d'observation n'étant pas systématiquement
collectées à chaque recensement, seules les années
où ces informations sont collectées ont été prises
en compte. Cependant, l'émigration secondaire africaine en
général et de quelques pays africains en particulier au Canada a
été saisie grâce aux données The Demig C (2015) car
les recensements Canadiens ne collectent pas les données sur le pays de
dernière résidence mais sur la dernière province de
résidence. Ce qui justifie l'abondance de la littérature sur la
migration interne au Canada (Rene, 2007 ; Newbold, 1996; Nogle, 1994 ; Newbold
& Bell, 2006).
Les données de Demig bien qu'elles permettent
d'appréhender l'émigration secondaire par la différence
des immigrants en fonction de leurs pays de naissance (COB) et pays de
dernière résidence (COR), elles ne permettent pas d'identifier
clairement, comme pour les données de Ipums Etats-Unis, les pays de
transit des immigrants africains, voire non africains, au Canada.
Par ailleurs, la combinaison de toutes ces sources de
données montre que l'émigration secondaire africaine est
effective aux Etats-Unis et au Canada. Ces deux pays sont les premiers pays au
monde en termes de stocks des migrants en 2017.
Aux Etats-Unis, la lecture de l'évolution de flux des
résidents permanents selon la région de naissance montre que la
proportion des immigrants africains (Toute l'Afrique, Maghreb y compris) sur
l'ensemble de tous les immigrants aux Etats-Unis ne fait qu'augmenter. Bien que
faible comparativement aux immigrants Européens et Asiatiques, elle
représente environ 3.5 % de l'ensemble des immigrations en 2010 contre
0.7 % en 1970. En 2010, la migration secondaire africaine représente 14%
de l'ensemble des immigrations africaines aux USA. (fig 10). Ces migrants
secondaires africains, très jeunes (51%), célibataires (53.8%),
instruits (25%) et arrivés après l'année 2000 (95%),
proviennent principalement du Royaume-Uni, de la France, de l'Allemagne et de
l'Italie.
46
Au Canada, par contre, la population des immigrants
représente environ 23% sur l'ensemble de la population canadienne en
2011 (fig.15). Parmi ces immigrants, les immigrations africaines
représentent 7,3% en 2011 (fig. 16). La tendance révèle
une évolution positive des immigrations africaines car elle était
estimée à 2.5% en 1981. En termes de proportion, par rapport aux
migrations directes (COB), on estime les migrations secondaires
spécifiques à environ 14,4% des sud-africains au Canada en 1972,
7,9 % des ghanéens au Canada en 1978, 21,6 % et 51% des Egyptiens et
Marocains respectivement au Canada en 1979. Nombre de ces immigrants sont de
moins en moins nombreux à garder leur nationalité d'origine des
suites de leur naturalisation.
Cette documentation met en exergue l'existence de la migration
secondaire africaine eux Etats-Unis et au Canada. Elle permet de
découvrir l'importance de caractéristiques individuelles (Age,
sexe, état matrimonial, instruction) et contextuelles (naturalisation)
dans l'analyse des migrations secondaires africaines. Elle permet aussi
d'identifier les pays de transit qui montrent combien certaines migrations de
transit peuvent faire l'objet d'une stratégie de migration multiple.
Ainsi, le chapitre suivant sur le cadre théorique s'attardera autour de
cet ensemble de facteurs et tant d'autres qui sous-tendent les aspirations
migratoires d'une part et expliquent les migrations secondaires effectives
d'autre part.
47
Chapitre 3. Cadre théorique : Intention de
migration secondaire et migration secondaire
effective
Ce chapitre aborde les questions relatives aux
définitions, à la mesure et aux facteurs explicatifs des
intentions de migration. La question des facteurs explicatifs est
traitée différemment. Premièrement, elle est
traitée pour mettre en exergue le rôle du contexte dans lequel
vivent les migrants et l'apport des réseaux familiaux et communautaires
dans l'explication des aspirations migratoires. Cette partie questionne
également l'état de l'intégration des migrants africains
en Belgique. Deuxièmement, les facteurs explicatifs de la
capacité à convertir les aspirations migratoires en migrations
effectives sont examinés à la lumière du rôle
positif des facteurs culturels et économiques. Enfin les facteurs
démographiques sont traités à part, parce qu'ils
expliquent implicitement, à la fois, les aspirations migratoires et la
propension à migrer. Enfin, l'influence de politiques migratoires sur
les aspirations migratoires et la sélectivité en termes de profil
de migrants qui en découlent clôture ce chapitre.
3.1 De la définition
L'intention de migration internationale ou l'"aspiration
migratoire internationale" est la volonté de vivre à
l'étranger. Cette volonté est exprimée en termes de
souhait, de planification et de préparation à la migration
internationale (Migali et Scipioni, 2018). Le terme d'"aspiration migratoire"
est davantage utilisé pour décrire la conviction qu'il serait
préférable de partir (Carling et Collins, 2018). D'autres termes,
outre intention (De Jong, 1986), sont utilisés comme synonyme à
l'aspiration migratoire tels que : désir (Collins, 2018) et projet
migratoire (De Gourcy, 2013). Le terme "désir", en particulier, renvoie
généralement à l'envie d'obtenir un objet connu ou
imaginé. C'est à ce titre que Ray (2006) considère
l'intention de migrer comme le fondement du désir lorsqu'elle provient
des réalisations de pairs en le qualifiant de "Fenêtre
d'aspiration". Pour sa part, De Gourcy (2013) insère l'intention de
migrer ou de ré-migrer dans un projet plus ou moins long où sa
manifestation est liée à une phase de maturation24. De
ce fait, le projet migratoire est souvent la résultante d'une
comparaison entre ce que les migrants imaginent de l'ailleurs ou avaient
imaginé et le vécu sur place. Tous ces termes (intention,
désir et projet migratoire) sont parfois
24 La phase qui précède le
départ, phase consacrée à sa préparation. C'est
lors de cette étape que le candidat formalise son projet, l'annonce
à ses proches, engage les formalités nécessaires sur le
plan matériel, administratif, etc. Cette phase est
précédée par la phase de définition du projet ou le
migrant -l'aspirant au départ- inscrit la migration dans un projet
révélateur d'un désir porté par un imaginaire de
l'ailleurs (De Gourcy, 2013 :6-7).
48
indissociablement liés. Ils relient le présent
au futur et sont associés aux mots : espoir, risque et attente (Carling
et Collins, 2018). Ces termes et mots sont englobés dans l'aspiration
migratoire en tant que terme "générique" dans ce sens qu'elle est
la manifestation plus spécifique d'idées et de sentiments sur la
mobilité potentielle selon Carling & Collins (2018).
3.2 De la mesure et de facteurs
De ce qui précède, la question de savoir comment
mesurer les intentions de migrer peut s'avérer complexe en fonction de
ce que l'on souhaite saisir. Plusieurs questions méritent d'être
posées pour saisir tout le processus, de la conception aux
démarches entreprises pour effectuer la migration ou l'émigration
secondaire. Carling (2002) pense qu'il est pratique de poser simplement la
question de savoir si les gens veulent migrer ou pas car il n'est pas facile de
tracer la ligne à un point raisonnable du continuum. Il l'exprime en ces
termes:
"There are clearly different degrees of aspiration to migrate.
Some people apply for visas or actively enquire about employment opportunities,
others believe that they would like to emigrate, but do not make any effort to
realise this wish, others again have a firm conviction that they do not want to
work abroad. To some extent, the problem is drawing the line at a reasonable
point in the continuum. In the context of quantitative data collection, simply
asking people if they wish to emigrate or not will often be a good option"
(Carling, 2002:12).
Il reconnait, par ailleurs, que le choix de concepts
théoriques (aspiration, intention, désir ou projet) mais aussi de
mots utilisés pour décrire l'action en elle-même (migrer,
partir ou quitter, déménager, vivre ailleurs) peuvent biaiser les
réponses. Chaque type de question ayant ses avantages et ses
inconvénients, nous nous focalisons sur les questions relatives à
l'intention d'émigration secondaire que nous exploitons dans cette
étude. Par exemple: Avez-vous l'intention / pensez-vous aller vous
installer ailleurs ? Si oui où et pourquoi ?. Ces genres de
questions font référence à la fois au projet migratoire et
à la préférence des pays de destination. Elles
présentent l'avantage de réduire l'écart entre
préférence et comportement (Carling et Schewel, 2018). C'est
à ce niveau que la force du désir (intention) de migrer recoupe
une autre dimension, celle du réalisme. C'est la capacité de
convertir ledit désir/intention en migration effective (Caling, 2014).
Cette capacité dépend à son tour des
caractéristiques de l'individu (personnalité, ressources,
compétences,...), de son environnement (réseaux, engagements
familiaux,...) et du contexte macro-structurel qui prend en compte notamment la
réglementation de l'immigration et les possibilités sur le
marché du travail (Caling, 2014). A ces facteurs explicatifs de
l'intention de migrer et de la capacité à
49
transformer l'intention en une migration effective (Van Hear
et al. 2018 ; De Jong, et al. 1986) s'ajoutent, pour De Jong, et al. (1986),
l'expérience de migration antérieure et le stade du cycle de vie
(état matrimonial et âge). Parlant de l'expérience
migratoire antérieure, Scheibelhofer (2018) estime que répondre
aux exigences du nouvel environnement peut conduire à une migration
accrue ou à la révision des aspirations. Ainsi, tous ces facteurs
sont donc à la fois les forces qui conduisent à la conception du
projet migratoire, à sa réalisation et à la
perpétuation de la mobilité (Van Hear et al, 2018).
De l'ensemble de ces facteurs, découle deux
catégories des migrants en fonction des aspirations et ressources que
l'on dispose pour concrétiser ou non une intention de migration : les
immobiles et les mobiles.
S'agissant de l'immobilité, - c'est à ce stade
que se posent les questions relatives au pourquoi certaines aspirations
migratoires ne se traduisent pas en migration effective-, elle est soit
involontaire soit d'acquiescement. L'immobilité involontaire regroupe
les migrants ou les candidats potentiels à la migration qui aspirent
mais qui ne disposent pas de ressources nécessaires pour effectuer la
migration ou concrétiser leurs rêves. L'immobilité
d'acquiescement, par contre, regroupe les personnes qui n'aspirent pas à
la migration et qui ne disposent pas non plus des moyens nécessaires
pour supporter les coûts liés à la migration (Carling,
2018). L'une des explications possibles à l'immobilité
d'acquiescement est que, lorsque la migration est difficile, les gens peuvent
-consciemment ou inconsciemment-s'abstenir de s'engager dans des ambitions
irréalistes (Carling, 2002 ; 2018). Le caractère difficile de la
migration ne s'explique pas uniquement par les coûts prohibitifs de la
migration mais aussi par les politiques migratoires restrictives. Pour Carling
(2002), le nombre considérable de personnes souhaitant émigrer
mais ne pouvant le faire indique que la migration doit être
analysée à la lumière de politiques d'immigration
restrictives car ces politiques sont le pilier des obstacles à la
mobilité internationale. A ce sujet, autant que ces politiques
restrictives d'immigration influent sur la capacité des personnes
à migrer, autant la répression et la pauvreté nuisent
à leurs aspirations (de Haas, 2011).
En ce qui concerne la mobilité, Carling et Schewel
(2018), évoquent quelques concepts importants notamment "capability",
"capacities" et "Aspiration/ability" pour différencier la liberté
des mouvements à tout moment pour certains et la prise en compte de la
mobilité dans un processus plus ou moins long pour d'autres. Pour ces
auteurs, "capability" est synonyme de l'aptitude ou de la prédisposition
à migrer qu'ont ceux qui aspirent et ceux qui n'aspirent
50
pas à la migration tandis que le concept "capacities"
(désigne les capacités) couvre divers aspects du bien-être.
Il prend en compte les capacités des personnes au sens large par le
biais de flux de capital financier, humain et social. Cette approche
considère la capacité de migrer comme une liberté
précieuse indépendamment des préférences des gens
en matière de séjour ou de départ. Au nom de cette
liberté, migrer n'est pas un projet et par conséquent ne
s'inscrit pas dans la durée. Contrairement aux deux
précédents concepts, le modèle "Aspiration/ability"
s'intéresse uniquement à la capacité à migrer de
personnes qui aspirent à la migration. Ce modèle est un cadre
permettant d'expliquer les résultats de la migration et sa composante
"ability" indique la probabilité des migrants potentiels à
transformer leurs aspirations migratoires en migration réelle. Cette
probabilité dépend des caractéristiques de l'individu
(dont le cycle de vie), de son environnement, du contexte macro-structurel et
de l'expérience de migration antérieure comme souligné
précédent (Carling, 2014, Van Hear et al, 2018 ; De Jong, et al,
1986, Scheibelhofer, 2018).
Le tableau 8 ci-après résume les quatre concepts
développés ci-haut pour différencier les migrants
immobiles et mobiles selon qu'ils aspirent ou pas à une migration
secondaire et selon qu'ils disposent ou pas des ressources nécessaires
-ou ont un profil spécifique- leur permettant de convertir leurs
aspirations migratoires en migration effective. Ce tableau sera exploité
par la suite à la lumière des résultats de nos
analyses.
De ce qui précède, il est important de souligner
que certains facteurs agissent plus sur la définition ou la
redéfinition des aspirations migratoires et d'autres sur la
capacité des migrants à convertir lesdites aspirations en une
migration secondaire effective. Les pages qui suivent séparent
l'influence des facteurs selon qu'ils expliquent plus les aspirations ou la
capacité à concrétiser lesdites aspirations en une
migration effective.
Tableau 8. Catégorisation en fonction des aspirations
migratoires et disponibilité des ressources permettant de convertir
les aspirations migratoires en migration effective
Variables
|
Disponibilité des ressources
|
|
Modalités
|
En disposent
|
N'en disposent
|
Aspiration de migrer
|
Aspire
|
Aspiration/ability
|
Immobilité involontaire
|
N'aspire pas
|
Capacities :
Immobilité volontaire
|
Immobilité d'acquiescement
|
Source : Auteur, inspiré de Carling (2002)
51
3.3 Facteurs explicatifs des aspirations
migratoires
La définition ou la redéfinition d'un projet
migratoire est liée à un contexte et aux objectifs fixés
par les candidats à la migration ou les migrants (De Gourcy, 2013,
Carling et Collins, 2018, de Haas, 2011). La prise en compte de ces deux
éléments -contexte et objectifs-implique que l'aspiration
migratoire n'est plus uniquement la relation entre un sujet avec les
possibilités de migration, mais aussi avec d'éventuelles
transformations dans le contexte de la migration (Carling, 2014). A ce point,
la migration ne résulte pas d'une démarche spontanée ou
improvisée, car le départ vient ponctuer un processus souvent
long de préparation (De Gourcy, 2013). Ce processus de migration est
lié à la fois au devenir pour les migrants eux-mêmes et
à une transformation de la subjectivité qui implique les lieux
où ils se déplacent et les personnes avec lesquelles ils se
déplacent (Collins, 2018). Durant ce processus les migrants prennent des
décisions actives en fonction de leurs aspirations et
préférences subjectives (de Haas, 2011 :17). Ces
préférences intègrent forcement les principales
destinations qui constituent une partie importante de l'environnement
d'émigration.
Les pages qui suivent développent l'impact du contexte
dans le pays de destination sur l'apparition des nouvelles aspirations
migratoires -dans la logique de la théorie Push-pull- en mettant un
accent particulier sur le contexte belge (1), synthétisent l'apport des
réseaux familiaux, communautaires, voire ethniques dans l'explication
des aspirations migratoires (2) et (3) résument l'influence de
politiques migratoires du Canada et des Etats-Unis sur les migrations
secondaires.
3.3.1 Impact du contexte sur les aspirations
migratoires
3.3.1.1 Approche théorique : théorie
Push-pull
La théorie Push-pull se fonde sur les
caractéristiques individuelles pour expliquer le volume, ainsi que les
courants et contre-courants migratoires (Lee, 1966). Elle part du postulat que
la migration est le résultat d'un calcul individuel fondé sur les
facteurs d'attraction (lieu de destination) et les facteurs de répulsion
(lieu d'origine) (Lee, 1966). Et entre ces deux facteurs d'attraction dans le
lieu de destination et de répulsion dans le lieu d'origine, et outre les
caractéristiques individuelles, se trouvent les facteurs dits
intermédiaires. Il s'agit de facteurs qui contribuent à la prise
de décision des migrants - ou non-migrants- qui aspirent à la
première migration ou à la énième migration. Parmi
ces facteurs intermédiaires, Lee fait allusion notamment à la
notion de spécialisation dans les qualifications et dans les emplois
et
52
aborde la question de la discrimination (Piché, 2013).
Il va sans dire que la propension à l'émigration secondaire
serait très élevée lorsque la prochaine destination
envisagée offre plus d'avantages aux migrants comparativement au premier
pays de destination (ou à la destination x-1).
3.3.1.2 Résultats empiriques : la
non-intégration socio-économique influe positivement sur les
aspirations migratoires
Le contexte du pays d'origine et celui dans lequel se trouve
le migrant dans le pays de destination sont les deux grands facteurs qui
entrent en jeu dans la décision de migration et le processus qui en
résulte (Lee, 1966 :50). L'émigration secondaire est
forcément liée au contexte dans lequel se trouve le migrant dans
le pays de destination. En d'autres termes, lorsque les objectifs pour lesquels
la migration a été envisagée ne sont pas atteints dans le
premier pays de destination, les aspirations migratoires naissent et
l'émigration secondaire devient une alternative.
Par ailleurs, l'intégration des migrants dans les pays
d'accueil relève d'un processus multidimensionnel. Ce processus est
à la fois politique, socio-culturel et économique. Les migrants
qui s'intègrent facilement du point de vue socio-culturel et ou
économique dans leurs premières destinations sont moins enclins
à envisager une émigration secondaire (Toma et Castagnane,
2015).
Parlant de l'intégration sociale, Beenstock (1996) a
confirmé dans son étude sur les immigrants en Israël que
l'émigration secondaire n'est pas nécessairement due au
chômage mais plutôt à des facteurs d'intégration
sociale tels que la langue et le logement. De même, Humphries et al.
(2009) ont trouvé que l'intention d'une émigration secondaire des
infirmières philippines et indiennes d'Irlande vers le Canada, les
États-Unis et l'Australie s'expliquait par l'accès à la
résidence permanente et à la citoyenneté.
Outre l'intégration sociale, l'intégration
économique, sur le marché de l'emploi, est la plus
envisagée par les migrants à court terme ; l'émigration
étant dans la majorité des cas une décision personnelle ou
familiale prise pour un motif économique (Drechsler et Gagnon, 2008).
Mais cette intégration sur le marché de l'emploi est, pour les
migrants, tout un processus parsemé d'obstacles relatifs aux
discriminations, à la reconnaissance de diplôme et au
déclassement professionnel.
53
L'accès à l'emploi, au Canada par exemple, est
fonction de générations (Boudarbat & Ebrahimi, 2016). Les
jeunes immigrés qui sont arrivés après l'âge de 10
ans (Génération 1) ou au plus 10 ans (Génération
1.5) sont les plus défavorisés par rapport à ceux qui sont
nés au Canada avec au moins un parent canadien (Génération
2) ou de deux parents canadiens (Génération 3). En Europe par
contre, Flahaux (2013 :45) constate que l'intégration des migrants sur
le marché de travail européen a connu des variations
considérables non pas seulement en fonction des pays de destination et
d'origine, de la période mais aussi de la qualification des migrants,
eux-mêmes au-delà des discriminations, de problème de
reconnaissance des diplômes et les barrières de la langue.
De ce qui précède, il apparait important de
noter que l'intégration économique des migrants dans les pays de
destination s'inscrit dans un modèle de société. Celle-ci
peut être égalitaire ou discriminatoire, à des niveaux
différents. Les migrants rencontrent moins de difficultés dans le
processus de leur intégration lorsque la société est
relativement égalitaire parce qu'ils bénéficient de la
reconnaissance de leur qualification, s'insèrent dans le marché
de l'emploi et développent un sentiment d'appartenance, garantie de leur
installation presque définitive dans le pays de destination. Cette
situation est loin d'être aisée dans une société
discriminatoire où le déclassement professionnel et un taux de
chômage se posent avec intensité. Dans un tel contexte
-d'échec d'intégration économique-, les migrants aspirent
à trouver mieux ailleurs et l'émigration secondaire trouve tout
son sens. De plus, il apparait important de savoir: qu'en est-il de
l'intégration socio-économique des migrants d'origine africaine
en particulier en Belgique ?
3.3.1.3 Etat de l'intégration des migrants
africains en Belgique
La population étrangère à la naissance en
Belgique, au 1er janvier 2015 représentait 20% (2.264.594 personnes sur
11.267.910 d'habitants en Belgique) de la population belge. Parmi l'ensemble de
cette population étrangère à la naissance, plus de la
moitié (52%) sont issues d'un pays de l'UE-28 (Myria, 2017). L'analyse
faite par Delhez et al. (2014) sur les données de la Banque Carrefour de
la Sécurité Sociale, s'est limitée à la population
d'origine étrangère née en dehors de l'union
européenne et âgée de 20 à 64 ans. Cette analyse
chiffre à 12% la population étrangère née en dehors
de l'UE dont la moitié provenait de l'Afrique, soit 27% du Maghreb et
23% de l'Afrique Subsaharienne. Ces statistiques confirment une présence
non négligeable des migrants africains en Belgique. Ces derniers sont
arrivés à différents moments de l'histoire de
l'immigration de la Belgique et pour des raisons diverses. Certains sont
54
arrivés pour le besoin de la main-d'oeuvre après
la première et la deuxième guerre mondiale et d'autres au fil des
années avec les changements de lois relatives au regroupement familial
et pour des raisons humanitaires avec les crises de réfugiés
liés à des instabilités politiques au monde.
Parmi ces migrants africains, plusieurs ont acquis la
nationalité. En 2018, par exemple, 35.068 personnes dont plusieurs
d'origine africaine ont acquis la nationalité belge (Statistics Belgium,
2019). Cette naturalisation est un élément important dans
l'intégration sociale des migrants africains en Belgique dans ce sens
qu'elle leur accorde quelques droits et avantages. D'après le rapport du
Conseil supérieur de l'emploi (2018), l'acquisition de la
nationalité augmente les chances de trouver un emploi car l'écart
de taux d'emploi selon le pays de naissance est estimé à 19% en
faveur des Belges comparativement aux migrants non-européens (SPFE CTC,
2017)25. De ce fait, la naturalisation dans le contexte belge est un
moyen pour échapper au chômage.
En outre, le faible taux d'emploi de personnes d'origine
étrangère26 s'explique par la fait que la Belgique
accueille plus de migrants non-UE dans le cadre du regroupement familial ou
pour des raisons humanitaires et de protection internationale et moins pour le
travail ou les études (OCDE, 2015: 68). Ainsi, la proportion de
personnes faiblement scolarisées parmi ces migrants est plus
élevée en Belgique (45%) comparativement à la moyenne
européenne (38%) d'après le Conseil supérieur de l'emploi
(2018). Aussi, à compétences égales, la probabilité
d'emploi des immigrés non-UE est réduite de 22% chez les
personnes âgées de 30 à 64 ans (Conseil supérieur de
l'emploi, 2018). Ces différences trouvent leur explication dans les
règles selon le motif de séjour pour les ressortissants hors
Espace Schengen et hors Espace Economique européen qui accorde la
priorité d'abord aux Belges et ensuite aux migrants des pays dont un
accord a été signé. Il s'agit principalement de
ressortissants de l'Algérie, la Bosnie-Herzégovine, le Kosovo, la
Macédoine, le Maroc, la Monténégro, la Serbie, la Tunisie
et la Turquie.
A cette faible probabilité de trouver un emploi
s'ajoute une inadéquation entre les qualifications exigées pour
l'emploi et le niveau de scolarisation des migrants africains. Cette
inadéquation en particulier et le faible taux d'emploi des migrants
africains en général s'explique aussi par la discrimination dans
la société belge (Martens et al, 2005 ; Flahaux,
25 SPF Emploi, travail et concertation nationale.
http://www.emploi.belgique.be/moduleDefault.aspx?id=23910
26 Depuis plus de 10 ans, le taux d'emploi des
migrants non-UE se situe autour de 50%, soit 20 points de pourcent de moins que
celui des personnes nées en Belgique (le taux d'emploi le plus bas de
l'UE).
55
2013 :45 et Unia, 2017). A ce sujet, 40% de la population
belge estiment que les personnes d'origine étrangère exercent un
impact négatif sur le marché de l'emploi et souhaitent qu'elles
soient renvoyées dans leur pays si le nombre d'emplois diminue (Conseil
supérieur de l'emploi, 2018 :82). Ces citoyens belges voient dans
l'immigration une concurrence sur le marché de l'emploi et dans le
secteur du logement, ainsi qu'une détérioration du système
d'éducation et de sécurité sociale (Altay & Saïd,
2017).
En somme, la société belge, selon les
statistiques de l'OCDE (2015), du Service public fédéral Emploi,
Travail et Concertation sociale (2018) et du rapport du Conseil
supérieur de l'emploi (2018), est à la traîne sur
l'intégration de la population non-UE dans le marché d'emploi par
rapport aux autres pays membres de l'UE. C'est donc à ce titre que les
Belges d'origine étrangère comme les étrangers font
l'objet d'un certain nombre de politiques visant à favoriser leur
intégration, mais aussi à lutter contre les discriminations dont
ils font l'objet du fait de leur origine (Perrin, 2007a), même en
matière de logement (Unia, 2017).
Ce contexte belge tel que résumé est sans doute
propice, pour les migrants les moins intégrés ou non
intégrés du tout sur le plan socio-économique, à la
manifestation des nouvelles aspirations migratoires dans l'optique de trouver
mieux ailleurs. Cette réalité socio-économique est
soutenue par la théorie Push-pull de Lee (1966). Certains
facteurs sont répulsifs pour le migrants dans le pays de destination et
d'autres ailleurs les attirent. Ainsi, nombre de migrants dans le choix de leur
nouvelle destination, optent pour les pays où résident un membre
des familles ou une connaissance.
La section suivante développe l'effet positif des
réseaux familiaux et communautaires sur les intentions /aspirations de
migration.
3.3.2 Impact des réseaux familiaux et personnels
sur les aspirations migratoires
3.3.2.1 Approche théorique : théorie des
réseaux et du capital social
Les réseaux ou la focale sur les acteurs
intermédiaires de la migration est l'une des approches explicatives des
aspirations migratoires et de la migration effective (Touré, 2015).
Cette approche connaît son essor à partir des années 1980
et 1990 à travers les études pionnières de Boyd (1989) et
Massey (1990). Chacun de ces chercheurs a montré que les réseaux
sociaux et/ou communautaires sont des facteurs qui se situent à
mi-chemin entre les structures
56
migratoires et les décisions individuelles des migrants
(Piché, 2013). Il s'agit là de la théorie des
"réseaux et du capital social".
Cette théorie postule que l'individu confronté
à la décision de migrer est considéré comme
relié à une structure sociale constituée par la famille
proche et élargie, par les personnes originaires de la même
région, du même groupe culturel ou plus largement par des amis et
connaissances. Ces réseaux sont à la fois des sources
d'informations et des fournisseurs d'aides et d'appui pour le voyage et
l'installation dans un pays de destination (Piguet, 2016). La migration est
ainsi considérée comme relevant d'actions collectives et
familiales qui relient des migrants et des non-migrants dans un ensemble de
relations qui facilite la migration et réduit les coûts et les
incertitudes liés à l'hostilité des pays de destination
(Drechsler et Gagnon, 2008).
3.3.2.2 Résultats empiriques : Les
réseaux sociaux expliquent les aspirations migratoires
Les réseaux sociaux fonctionnent comme un facilitateur
des migrations secondaires et multiples. Les migrants, qualifiés ou non,
ont tendance à se déplacer vers des pays où les membres de
leur famille et / ou leurs amis sont déjà installés (Van
Liempt ,2011). Ainsi, avoir un parent ou un ami vivant dans une destination
donnée augmente l'attractivité de ce pays pour les migrants
potentiels (Bertoli et Ruyssen, 2016 ; Migali et Scipioni, 2018). A cet effet,
les réseaux jouent un grand rôle dans le transfert de fonds. Ces
fonds sont souvent utilisés soit pour supporter une partie des
coûts de la migration, soit pour signaler la possibilité d'obtenir
de bons salaires à l'étranger (Manchin et Orazbayev, 2016 ;
Migali et Scipioni, 2018). Cet état de choses est en grande partie
explicatif de la définition de nouvelles aspirations migratoires des
migrants.
De plus, outre l'explication des aspirations migratoires par
le contexte dans lequel vivent les migrants dans les pays d'accueil -ou de
première destination- et par l'existence des réseaux familiaux et
communautaires dans la prochaine destination envisagée par les migrants,
il y a lieu de noter que le choix de destination par les migrants est aussi en
partie lié aux politiques migratoires des pays de destination que ces
derniers envisagent. Ainsi, nombre de migrants pensent trouver mieux aux
Etats-Unis et au Canada. Cette opinion se justifie par un nombre important des
immigrants dans ces deux pays de l'Amérique du Nord (Nations Unies,
2017:6). De ce fait la dernière section de ce chapitre se consacre sur
l'historique des
57
politiques migratoires des Etats-Unis et du Canada et de leurs
impacts sur la sélectivité des migrants et par conséquent
de leur ouverture, à ce jour, aux migrations secondaires.
3.3.3 Influence de politiques migratoires du Canada et des
Etats-Unis sur les migrations secondaires
Pour Boussichas (2009), le terme politique migratoire fait
référence à l'ensemble des actions des autorités
publiques d'un pays en matière de gestion des individus n'ayant pas la
nationalité de ce pays et qui sont soit présents sur son sol,
soit désireux de s'y rendre. Le caractère restrictif ou non de
ces actions politiques évoluent dans le temps et dans l'espace.
Dans l'une de ses communications sur l'efficacité des
politiques d'immigration et d'intégration comparant l`Amérique du
Nord et l'Europe occidentale, Termote (sd) regroupe en quatre objectifs toute
politique d'immigration, quel que soit leur objectif (démographique,
économique, humanitaire et politique). L'auteur reconnait cependant que,
en réalité, tous les pays d'immigration poursuivent, plus ou
moins explicitement, à la fois des objectifs économiques,
démographiques, humanitaires et politiques, même si le poids
relatif de chacun de ces objectifs varie dans le temps, tout comme d'un pays
à l'autre en fonction de contexte particulier.
Le contexte économique, démographique et
sociopolitique variant dans le temps entre les deux principaux pays
d'immigration nord-américains -les Etats-Unis et le Canada-, il n'est
pas surprenant que les objectifs des politiques d'immigration puissent varier
également. Les Etats-Unis avec un niveau de fécondité
proche du seuil de remplacement mettent tout naturellement plus l'accent sur
les objectifs économiques que sur les objectifs démographiques,
contrairement au Canada qui est confronté à la perspective d'une
décroissance démographique à plus ou moins long terme
(Termote, sd).
Ainsi, toute politique d'immigration, quels que soient ses
objectifs, implique nécessairement une politique d'intégration
des immigrants. La définition de cette politique d'intégration
est en quelque sorte le corollaire de la politique d'immigration
adoptée. Les pays qui accordent une priorité élevée
aux objectifs démographiques seront portés à
privilégier une politique d'intégration multidimensionnelle
(c'est-à-dire couvrant les diverses dimensions de la vie sociale), ce
qui peut d'ailleurs éventuellement se manifester sous la forme d'une
politique d'assimilation, alors que les pays dont la politique d'immigration
consiste essentiellement à faire venir des travailleurs chargés
de combler les pénuries sur le marché de l'emploi seront
58
sans doute enclins à limiter leur politique
d'intégration à la seule intégration de leurs immigrants
sur le marché du travail (Termote, Op.cit :3).
Aux Etats-Unis, la législation contemporaine trouve ses
origines dans une loi d'immigration votée en 1965 -Immigration Act de
1965- qui a fait de la réunification familiale la pierre angulaire de la
politique d'immigration (Daniel, 2003). Il s'agit d'un avantage accordé
à deux catégories, "sans quotas " et "avec quotas". La
première catégorie était réservée aux
enfants mineurs et les parents de personnes détenant la
citoyenneté des Etats-Unis et la deuxième catégorie aux
enfants adultes, frères et soeurs de personnes détenant la
citoyenneté des États-Unis. L'évolution de la loi de 1965,
du moins jusqu'à 1990 a occasionné un essor spectaculaire de
l'immigration asiatique et au détriment des Européens qui
occupait la part la plus importante de l'immigration aux Etats-Unis
après la seconde guerre mondiale (Sabbagh, 2003 ; Anderson, 2008).
Après 1990, dans le but de maintenir la structure par
origine géographique et ethnique héritée du passé,
le système de sélection privilégiant la réunion des
familles a été associé à la sélection des
migrants sur la base de la qualification et de la profession. Ce système
a été complété par une loterie, la Green Card
Lottery, en 1994. Seuls les attentats terroristes du 11 septembre 2001 vinrent
bouleverser la dynamique politique des années 1990. Ainsi, fut
voté en 2001 le "USA PATRIOT Act"27 qui a eu une influence
sur les immigrations légale et illégale. C'est pourquoi, en 2010,
le "DREAM Act"28 venant en aide aux mineurs étrangers n'a pas
été voté au motif qu'elle récompenserait
l'immigration illégale. A ces jours, les exigences économiques
montrent que les Etats-Unis sont ouverts à l'hyper-qualification des
migrants et par conséquent aux émigrations secondaires (Defoort,
2008).
Au Canada, le système de sélection basé
sur le pays d'origine, avec cependant une dimension discriminatoire assez
évidente distinguant les pays préférés tels que le
"Royaume-Uni, les États-Unis, la France et certains pays du
Commonwealth" et le reste du monde était effectif jusqu'en 1967(Termote,
sd). C'est donc à cette date, 1967, que le système canadien de
sélection a été complètement revu, en
éliminant le critère de préférence du pays
d'origine et en introduisant une sélection basée sur une
pondération quantitative d'un ensemble de critères relativement
objectifs distinguant trois catégories d'immigrants : les immigrants
admis dans le cadre de la réunion des familles, les immigrants
parrainés et les immigrants indépendants
27 Uniting and Strengthening America by Providing
Appropriate Tools Required to Intercept and Obstruct Terrorism Act.
28 Development, Relief, and Education for Alien
Minors
59
(Termote,sd :4). Ce système n'a pas changé mais
a connu certaines modifications. La modification majeure a été
introduite en 1978, lorsqu'une quatrième catégorie d'immigrants a
été ajoutée, celle des réfugiés. Outre ces
quatre catégories, une cinquième, la moins éthique et
discutable, selon Termote (sd), qui n'est pas fondée sur le
système de point comme les autres mais sur la capacité de
migrants à investir au Canada. Le plafond minimal du compte bancaire
étant de 800 000 $, à condition que le migrant soit
disposé à investir au moins 400 000 $. Cette dernière
catégorie ouvre une brèche aux personnes les plus instruites,
qualifiées et aisées, qui ne sont généralement pas
à leur première tentative d'immigration. Depuis 2008, les
instructions ministérielles au Canada ont changé le processus de
sélection des immigrants économiques relative à la
LIPR29par l'élaboration d'un cadre national de reconnaissance
des titres de compétences des étrangers. Cette politique, comme
d'ailleurs aux Etats-Unis, est plus ouverte aux migrants multiples,
investisseurs, plutôt qu'aux migrants directs.
In fine, toutes les politiques migratoires adoptées par
ces deux pays à des moments précis de leurs histoires
jusqu'à ce jour tiennent compte des exigences à la fois
démographiques, économiques, humanitaires et politiques. Ces
politiques, une fois mise en place, déterminent la nature de
l'accompagnement de ces migrants qualifiée de "politique
d'intégration". Cette politique d'intégration est
différente selon que la politique d'immigration porte essentiellement
sur l'admission de travailleurs chargés de combler les pénuries
sur le marché de l'emploi30 ou sur des objectifs
démographiques ou humanitaires31. Qu'il s'agisse de
l'intégration économique, sociale, linguistique, culturelle,
résidentielle, politique, civique (acquisition de la
citoyenneté), toutes ces dimensions sont interreliées (Termote,
sd).
3.4 Facteurs explicatifs de la capacité de
migrants à concrétiser leurs aspirations en migration secondaire
effective
Outre l'impact du contexte (Beenstock, 1996 ; Humphries et al.
2009 ; Toma et castagnone, 2015) et des réseaux familiaux et
communautaires (Boyd, 1989 ; Massey, 1990 ; Van Liempt , 2011 et Migali et
Scipioni, 2018) sur la définition ou l'apparition des aspirations
migratoires, cette partie se consacre sur les caractéristiques
individuelles qui confèrent aux migrants la capacité de convertir
leur intention en une migration effective (Carling, 2014) et les
théories qui les sous-tendent.
29 Loi sur l'immigration et la protection des
réfugiés (LIPR) entre en vigueur le 28 juin 2002
30 Se préoccupera principalement de
l'intégration économique des immigrants
31 Devra accorder une importance considérable
aux diverses dimensions du processus d'intégration
60
En effet, cette capacité de convertir les aspirations
migratoires en migration effective est étroitement liée au niveau
d'éducation, à la situation dans l'emploi et au revenu des
migrants. Ces caractéristiques trouvent leur sens dans plusieurs
théories développées ci-dessous et sont confirmées
par quelques études empiriques menées dans des contextes
différents.
3.4.1 Approches théoriques
3.4.1.1 La théorie du capital humain et la
théorie néoclassique
Le capital humain est l'ensemble des compétences, des
expériences et des savoirs qui permettent à l'individu
d'acquérir un certain revenu par son travail (Piguet, 2013). Le capital
humain véhicule deux idées importantes. Premièrement, le
niveau et les caractéristiques du capital humain ont
intrinsèquement une influence sur la propension à migrer.
Deuxièmement, la migration peut, en elle-même, constituer une
stratégie d'accroissement du capital humain. En d'autres termes, la
probabilité de migrer et très élevée pour les plus
qualifiés et la migration en elle-même peut permettre
d'acquérir des nouvelles compétences (un diplôme) et
expériences valorisables. Et plus une personne est formée, plus
grande est sa propension à prendre des risques, et donc à migrer
et par conséquent améliorer son revenu et son niveau de vie.
Ainsi, la théorie du "capital humain" est explicative, à la fois,
des aspirations migratoires et de la capacité des migrants à
convertir leurs aspirations en migration secondaire effective.
La "théorie néoclassique" quant à elle,
apporte, sur le plan économique, des éléments qui
permettent de mieux comprendre le comportement des candidats potentiels
à l'émigration secondaire. Cette théorie se fonde sur
l'hypothèse de rationalité et d'homo economicus à laquelle
sont apportées progressivement des complexifications (Piguet, 2013
:142). Elle considère la migration comme une action rationnelle qui
amène à maximiser l'utilité. Ainsi, les candidats
potentiels à la migration comparent la satisfaction qu'ils retirent de
leur localisation actuelle avec celle qu'ils pourraient retirer après
une migration. Par conséquent, une insatisfaction32
résidentielle engendre une forte propension à la migration
(Rossi, 1955). En ce sens, la migration apparaît comme une
stratégie permettant à l'individu de réagir à une
insatisfaction (Leslie et Richardson, 1961). Les mouvements migratoires sont
dès lors expliqués par une agrégation des décisions
individuelles qui tiennent compte des avantages et désavantages entre la
zone de départ (A) et d'arrivée (B). La migration devient ainsi
un facteur d'équilibrage des différences géographiques
puisque les migrants vont se diriger des
32 Le fait de ne pas être satisfait ou de ne pas
avoir ce que l'on a souhaité
61
zones à bas salaires vers les zones à hauts
salaires et vont dès lors modifier l'offre et la demande de travail.
3.4.1.2 La théorie de l'action raisonnée
et la théorie du comportement planifié
La théorie de l'action raisonnée a
été développée pour définir les liens entre
les valeurs sociales, les attitudes, les intentions et les comportements des
individus. Elle stipule que « l'intention est le déterminant
immédiat du comportement. Lorsqu'une mesure appropriée de
l'intention est obtenue, elle fournira la plus précise prédiction
du comportement » (Ajzen et al., 1980 ; Nappa, 2017 ; Carling &
Schewel, 2018). La théorie du comportement planifié est une
variante de la théorie de l'action raisonnée. Elle a
été approfondie par l'ajout des contraintes de divers ordres sur
l'adoption du comportement (Ajzen, 1985 ; Nappa, 2017). Elle réduit la
volonté subjective de l'individu qui est au centre de la décision
par diverses contraintes qui sont notamment économiques et politiques.
De ce fait, la réalisation ou la non-réalisation d'un
comportement est étroitement liée aux facteurs externes ou aux
contraintes de l'environnement. Ces théories sont intimement
liées à l'immobilité involontaire et à
l'immobilité d'acquiescement et expliquent bien pourquoi toutes les
aspirations migratoires ne se concrétisent pas.
3.4.1.3 La théorie du choix rationnel et la
théorie de la rationalité limitée
La théorie du choix rationnel (TCR33) en
tant que théorie de l'action, considère les individus comme des
acteurs qui choisissent au mieux de leurs intérêts entre des
alternatives, même si des contraintes et des structures restreignent les
choix possibles (Haug, 2008 ; Piguet, 2013). Et entre plusieurs alternatives et
compte tenu des contraintes, l'acteur cherchera à « satisfaire
» un besoin et ne cherchera pas à tout prix à le «
maximiser » (Wolpert, 1965 ; Piguet, 2013). Ainsi, la recherche d'une
destination migratoire prendrait ainsi fin une fois une destination acceptable
est trouvée, sans nécessairement que l'ensemble des destinations
possibles soient examinées. C'est à ce niveau qu'émerge la
théorie de « rationalité limitée » qui ouvre la
voie à la prise en compte de nombreux facteurs non directement
liés au salaire dans la théorie des migrations et à
l'idée d'un processus de prise de décision qui s'étale sur
une certaine durée et implique un certain nombre d'étapes
(Piguet, 2013).
33 a été développée dans
le cadre de l'économie puis reprise par des sociologues. Son pionnier
fut George Homans (1961) (Piguet, 2013)
62
3.4.2 Résultats empiriques : plus haut niveau
d'éducation et de revenu influent positivement sur la capacité
à migrer
Plusieurs études empiriques, menées dans de
contextes différents, confirment que l'hypothèse selon laquelle
les migrants les plus mobiles sont pour la plupart qualifiés et plus
instruits par rapport au reste de la population (Docquier & Marfouk, 2006 ;
Nekby, 2006 ; Sorana et Eleonora, 2015). Ils sont susceptibles d'effectuer
autant de migrations pour améliorer leurs conditions de vie. Ces
multiples migrations s'expliquent par le choix rationnel formalisé de
Harris et Todaro (1970). Ces économistes sont arrivés à la
conclusion selon laquelle :
" Ce n'est pas uniquement la différence de salaire
entre deux espaces qui amène les personnes à migrer, mais le
salaire espéré par le migrant potentiel, compte tenu de son
`profil' et des `coûts' liés au
déplacement ".
Ainsi, confrontés à une disparité entre
aspiration et réalité, les migrants n'hésitent pas
à effectuer une migration secondaire. Dans son étude menée
en Suède, Nekby (2006) a trouvé que les migrants hautement
qualifiés ne s'installent pas nécessairement au même
endroit ; ils émigrent ailleurs si les opportunités de
carrière sont limitées dans leur premier pays de destination. Au
canada, l'étude de Greenwood et Young (1997) a
révélé que les migrants secondaires (16% de son
échantillon) avaient un niveau de scolarité plus
élevé, plus de compétences et une plus grande
capacité linguistique que les migrants réguliers/directs. Ce qui
montre que l'émigration secondaire/indirecte est très
sélective comparativement à la migration directe. De même,
en utilisant les informations sur les migrants potentiels des enquêtes
World Gallup et sur les migrants réels des recensements nationaux pour
138 pays d'origine et 30 destinations principales entre 2000 et 2010, Docquier
et al. (2014), ont trouvé que les migrations potentielles ont plus de
chances de se traduire par des migrations effectives pour les personnes ayant
fait des études supérieures et lorsque les perspectives de
croissance dans le pays de destination souhaité sont favorables.
Par ailleurs, la langue est un facteur important
d'intégration sociale. La préférence des pays de
destination des candidats potentiels à la migration est aussi
liée à l'histoire et à la culture linguistique de leur
pays. Ainsi, il n'est pas étonnant que les migrants africains des pays
anglophones aient une préférence de migrer vers les Etats-Unis,
le Canada ou le Royaume-Uni. De même, ceux des pays africains
francophones migrent davantage vers la France et la
63
Belgique. A ce sujet, plusieurs auteurs affirment que la
connaissance et l'usage de la langue du pays d'accueil constituent le premier
facteur non seulement d'intégration mais d'insertion sociale
(Castellotti et Robillard, 2001 ; Adami & André, 2012 ; Nutefe,
2015).
En somme, les migrants les plus qualifiés ont une
grande capacité à convertir leurs aspirations migratoires en
migration effective parce qu'ils disposent suffisamment de ressources pour
faire face à plusieurs contraintes dont les coûts prohibitifs
liés à la énième migration et parce qu'ils ont des
aptitudes linguistiques développées pour bien s'intégrer
dans le nouveau pays de destination. Cette catégorie des migrants
bénéficie des plusieurs avantages.
Il sied de noter, qu'en dehors des facteurs explicatifs des
aspirations migratoires et ceux liées à la capacité des
migrants à concrétiser leurs aspirations en migration effective,
la section suivante traite des caractéristiques démographique qui
agissent à la fois sur les aspirations migratoires et sur la migration
effective ; et par conséquent sur la mobilité en
générale.
3.5 Facteurs liés à la mobilité en
générale : âge, sexe, état matrimonial et taille de
famille
3.5.1 Approche théorique: théorie de cycle de
vie
L'influence des caractéristiques démographiques
sur la migration est bien appréhendée notamment par la
"théorie du cycle de vie", aussi appelée "parcours de vie". Cette
théorie véhicule l'importance des caractéristiques
démographiques individuelles dans l'analyse de la mobilité
(Piguet, 2016 :143). Elle postule que tout individu, suivant l'étape
à laquelle il se trouve dans son cycle de vie, a une propension plus ou
moins élevée à migrer (Rossi, 1955). Ainsi, des personnes
en début de carrière professionnelle, célibataires, sans
charge familiale et jeunes sont plus mobiles. De même, une famille a une
plus forte propension à migrer avant la scolarisation des enfants
(Rossi, 1955 ; Rogers and Castro, 1981 ; Lee, 1966 ; Leslie & Richardson,
1961).
3.5.2 Résultats empiriques : Le cycle de vie
influence la propension à la mobilité
Nombre d'études empiriques en
révélé l'importance des caractéristiques
démographique dans l'explication de la mobilité (Lee, 1966 ;
Castro and Rogers, 1981 ; Toma et Castagnone, 2015). A ce sujet, Lee (1966 :57)
pense que, dans une certaine mesure, la migration fait partie des rites de
passage. Les personnes qui se marient ont tendance à quitter leur
domicile parental, tandis que les personnes divorcées ou veuves ont
également tendance à s'éloigner.
64
L'état matrimonial, le sexe et l'âge sont de
facteurs non négligeables dans l'explication de la migration et aussi
des migrations multiples. Les hommes sont relativement plus mobiles que les
femmes (Castro and Rogers,1981). Les jeunes et les célibataires, au nom
de la recherche de meilleures opportunités d'emploi et/ou
l'amélioration des conditions de vie, ont une forte propension à
l'émigration secondaire (Toma et Castagnone, 2015). De même, pour
le mariage, plusieurs femmes par le biais de regroupement familial effectuent
une émigration secondaire car le fait d'avoir un partenaire ailleurs a
un impact positif et significatif sur les taux de ré-migration par
rapport au fait d'avoir un partenaire à destination (Toma et Castagnone,
2015).
En fin de compte, de l'ensemble de ces facteurs qui expliquent
d'une part, l'intention d'émigration secondaire et d'autre part, la
capacité des migrants à convertir leurs aspirations en migrations
secondaires découlent les hypothèses de l'étude.
3.6 Hypothèses de l'étude
Dans la littérature, l'intention d'émigration
secondaire est étroitement liée au contexte dans lequel vivent
les migrants dans les pays d'accueil -ou premier pays de destination avant
d'envisager une autre destination-. Ces intentions sont aussi liées
à l'existence des réseaux familiaux et ou communautaires mais
aussi et surtout par l'attractivité de politiques migratoires en termes
des opportunités d'emploi et d'intégration sociale dans les
prochaines destinations envisagées. Par ailleurs, toutes les aspirations
migratoires ne se transforment pas forcément en migration effective. La
capacité de transformer les aspirations migratoire en migration
secondaire effective est déterminée par les facteurs culturels et
économiques dont le niveau d'éducation et de revenu (fig.19).
65
Figure 19. Schéma théorique de l'intention
d'émigration secondaire et de la capacité de transformer les
aspirations migratoires en migrations secondaires effectives
Contexte dans le pays de destination
(1) Echec de l'intégration socio-économique)
:
- Pas d'emploi ou emploi précaire - Problème de la
langue
- Accès au logement
- Accès à la nationalité, etc.
(2) Réseaux dans la nouvelle
destination envisagée
Facteurs institutionnels dans la nouvelle destination
:
- Attractivité des politiques migratoires
- Meilleure éducation des enfants;
- Système fiscal attractif
- Système de sécurité social attractif
- Meilleures opportunités d'emploi et de
carrière
Facteurs démographiques : - Age - Sexe -
Etat matrimonial
Aspirations des migrations secondaires
Facteurs culturels et économiques :
Niveau d'éducation des
- Niveau de revenu/Profession
migrants
Capacité de transformer les
aspirations migratoires en migration secondaire effective
Migration secondaire effective
En outre, la propension à migrer étant
différente en fonction de l'étape à laquelle se trouve le
candidat potentiel à la migration secondaire dans son cycle de vie, elle
influence par conséquent différemment les aspirations
migratoires. Dans l'optique de la théorie du capital humain, les
facteurs culturels et économiques influent sur la capacité de
transformer les aspirations migrations en migration secondaire effective en
aval et sur les aspirations migratoires en elles-mêmes en amont. La
migration secondaire effective est, en effet, la dernière étape
de l'ensemble de ce mécanisme.
Notons que dans le cadre de cette étude et compte tenu
des données disponibles, nous nous focalisons uniquement sur la
première partie du cadre théorique colorée en bleue.
Ainsi, trois hypothèses à tester découlent de cette
première partie du cadre théorique.
La première hypothèse -centrale- est que la
non-intégration économique des migrants africains vivant en
Belgique joue un rôle prépondérant dans l'intention
d'effectuer une émigration secondaire vers les Etats-Unis et le Canada.
Cette hypothèse repose sur la théorie
66
Push-Pull de Lee (1966) mais met un accent particulier sur la
non-intégration socio-économique en postulant que les candidats
à une émigration secondaire migrent plus parce qu'ils ne sont pas
satisfaits de leur situation dans le pays d'accueil que pour des politiques
migratoires attractives dans un pays de destination spécifique
envisagé. Les données dont nous disposons ne nous permettent pas
de saisir les politiques migratoires attractives en tant que telles. Nous
utilisons un proxy pour les capter indirectement par les motivations
exprimées par les migrants qui aspirent à une émigration
secondaire vers les Etats-Unis et le Canada en particulier. De là
découle notre deuxième hypothèse. Elle postule que
l'attractivité des migrants africains non-intégrés en
Belgique vers les Etats-Unis et le Canada s'explique dans la perspective de
trouver de meilleures opportunités d'emploi et ou d'amélioration
des conditions de vie comparativement aux migrants qui sont
intégrés sur le plan socio-économique. La troisième
hypothèse se réfère à la différence de
profil des migrants en fonction des pays de destination. Elle postule que la
probabilité d'émigration secondaire vers d'autres destinations,
essentiellement en Europe, serait plus élevée chez les personnes
hautement qualifiées. Cette hypothèse se justifie par les
résultats des études -relatives à la migration secondaire-
menées dans un contexte européen (Danemark, Suède) qui
montrent que la probabilité d'émigration secondaire est plus
élevée chez les migrants qui ont un plus haut niveau
d'instruction, de compétences et de revenus (Nekby, 2006; Schroll,
2009).
De ces hypothèses découle notre schéma
empirique ci-dessous (fig.20) qui résume la logique des
hypothèses à vérifier dans nos analyses. Ce schéma
met en évidence l'impact de l'état de l'intégration
socio-économique des migrants africains vivant en Belgique sur
l'intention de quitter la Belgique d'une part et sur l'intention
d'émigration secondaire en fonction de la destination envisagée
d'autre part. La non-intégration socio-économique des migrants
africains vivant en Belgique a une incidence directe sur l'intention, non
seulement de quitter la Belgique mais aussi d'émigration secondaire vers
les Etats-Unis et le Canada. Les plus intégrés, par contre, ont
une forte probabilité d'effectuer une émigration secondaire vers
d'autres destinations, essentiellement en Europe pour de raisons
différentes de celles qui motivent l'émigration secondaire vers
les Etats-Unis et le Canada. Les moins intégrés, seraient plus
attirés par les politiques d'immigration et d'intégration
développées par les Etats-Unis et le Canada en rapport avec le
recrutement de la main d'oeuvre afin de maximiser les chances de trouver un
emploi et d'améliorer leurs conditions de vie. Les plus
intégrés, probablement les plus instruits, -disposant
déjà d'un emploi-, seraient à la recherche de meilleures
opportunités de carrières.
67
Comme avec le niveau d'instruction, l'effet de
l'intégration socio-économique sur l'intention
d'émigration secondaire en fonction de choix de destination sera
examiné en contrôlant l'âge, le genre et de l'état
matrimonial. Le choix de ces variables s'explique par le fait que la propension
à l'émigration dépend de l'âge et les hommes sont
relativement plus mobiles que les femmes. De même, les
célibataires ont une forte probabilité d'effectuer une
émigration secondaire comparativement aux mariés ou ceux qui sont
en couple.
De plus, nous vérifierons dans nos analyses,
l'idée selon laquelle : "quel que soit le degré de la
non-intégration socio-économiques, l'intention de migration
secondaire est fonction de sentiment d'appartenance ou de l'identification du
migrant par rapport à la Belgique ". Ceux qui ont un lien fort
d'appartenance à la Belgique auront de moins en moins l'intention de
migrer.
20. Schéma empirique de l'intention de
l'émigration secondaire en fonction de destination envisagée
par les migrants
Vers les USA et le Canada
Raisons professionnelles et amélioration
des conditions de vie
Moins intégrés
Hypothèse 1
Intention de quitter la Belgique
Choix de destination
Etat de l'intégration socio-économique
Motivations
Hypothèse 2
Meilleures opportunités de carrières
Vers l'Europe
Plus intégrés
Hypothèse 3
Le tableau 9 ci-dessous justifie les hypothèses à
la lumière de la littérature et présente les
méthodes d'analyse susceptibles de les vérifier.
68
Tableau 9. Synthèse des hypothèses, des
justifications et des méthodes d'analyses envisagées
Questions
|
Hypothèses
|
Justification
|
Données
|
Méthodes d'analyse
|
|
a. Intention d'émigration secondaire : Quitter la
Belgique
|
Quels sont les facteurs qui déterminent l'intention
d'émigration secondaire : (Quitter la Belgique).
|
La non-intégration économique des migrants
africains vivant en Belgique joue un rôle prépondérant dans
la décision d'effectuer une émigration secondaire, quelle que
soit la destination.
|
La situation dans l'emploi est un facteur majeur dans
l'explication de l'intention d'émigration secondaire. Cette intention de
migrer serait forte pour les moins intégrés. Ces derniers qui
veulent migrer à nouveau considèrent, conformément
à la théorie néoclassique, la migration comme une action
rationnelle qui amène à maximiser l'utilité (Piguet, 2013)
et comme une stratégie permettant à l'individu de réagir
à une insatisfaction (Leslie et Richardson, 1961). En outre, plusieurs
études empiriques dont celle menée par Toma & Castagnone
(2015) confirme nt que la probabilité de ré-migration est faible
si le candidat à la migration à un emploi qualifié ou
semi-qualifié contrairement à ceux qui n'ont pas d'emploi ou ont
un statut plus précaire. On s'attend à ce que les moins
intégrés soient plus nombreux à espérer trouver
mieux ailleurs.
|
Enquête Pombe, 2016
|
Analyse descriptive de l'intention de migrer selon la situation
dans l'emploi.
Régression logistique de l'intention d'émigration
secondaire en fonction de destination.
|
|
b. Motifs d'émigration secondaire vers les
Etats-Unis et Canada
|
|
Motivations intrinsèques de l'intention de
l'émigration secondaire vers les Etats- Unis et le Canada: (Pour quelles
raisons envisagez- vous aller vivre dans ce/s pays ?).
|
L'attractivité des migrants africains
non-intégrés en Belgique vers les Etats-Unis et le Canada
s'explique dans la perspective de trouver de meilleures opportunités
d'emploi et ou d'amélioration des conditions de vie
|
Les motivations relatives à l'intention
d'émigration secondaire sont multiples (Myria, 2018 :38) même si
l'émigration est dans la majorité des cas une décision
personnelle ou familiale prise pour un motif économique (Drechsler et
Gagnon, 2008). Et entre ces décisions individuelles et ou familiales et
les structures migratoires se situent à mi-chemin les réseaux
sociaux et/ou communautaires comme facteurs explicatifs de la mobilité
(Piché, 2013), réduisant, ainsi, les coûts et les
incertitudes liés au contexte des pays de destination (Drechsler et
Gagnon, 2008; Van Liempt, 2011). Par ailleurs, dans un contexte d'échec
d'intégration économique, on s'attend à ce que les
motivations de migrer vers les Etats-Unis et le Canada soient plus liées
aux raisons professionnelles et d'amélioration des conditions de vie.
|
Enquête Pombe, 2016
|
Analyse descriptive des motivations liées au choix des
Etats-Unis et le Canada comme principale destination envisagée et en
fonction de la situation dans l'emploi
|
69
Les facteurs explicatifs de l'intention d'émigration
secondaire diffèrent-ils en fonction de choix de destination ?
|
c. Quitter la Belgique pour les Etats-Unis et le
Canada
|
|
Cette hypothèse peut se résumer par la
théorie néoclassique du point de vue de la rationalité du
migrant (Piguet, 2013). On s'attend à ce que les migrants qui veulent
quitter la Belgique pour les Etats-Unis et le Canada soient les moins
intégrés. Et que ces personnes soient plus attirées vers
les Etats-Unis et le Canada dans l'optique de trouver de meilleures
opportunités d'emploi et ou améliorer leurs conditions de vie
comparativement à ceux qui sont bien intégrés en Belgique
(Toma & Castagnone, 2015).
|
Pombe, 2016
|
Analyse descriptive de l'intention de migrer vers les Etats-Unis
et le Canada selon la situation dans l'emploi.
Régression logistique de l'intention de quitter la
Belgique pour les Etats-Unis et le Canada.
|
|
|
La probabilité d'émigration secondaire vers
d'autres destinations, essentiellement en Europe, serait plus
élevée chez les personnes hautement qualifiées.
|
Plusieurs études mettent en évidence la
sélectivité des migrants en termes de capital humain et financier
dans l'explication de la mobilité et ou émigration secondaire
notamment en Europe (Nekby, 2006; Schroll, 2009), Ces études
menées dans un contexte européens (Danemark, Suède)
montrent que la probabilité d'émigration secondaire est plus
élevée chez les migrants hyper-qualifiés. Ces migrants ont
un plus haut niveau d'instruction et de compétence (Schroll, 2009) et
aussi de revenus (Nekby, 2006).
Cette hypothèse permet de confirmer le modèle
Aspiration/Ability de Carling et Schewel (2018) sur la capacité des
migrants à transformer leurs aspirations en migration effective avec un
avantage particulier de proximité de frontières car Schroll
(2009) montre que les migrants des pays voisins ont un taux d'émigration
secondaire plus élevé que les autres. Il convient de
vérifier cette hypothèse chez les migrants africains vivant en
Belgique par rapport à l'émigration secondaire dans la zone
Européenne.
Nous nous attendons à ce que la probabilité de
migrer vers l'Europe soit très élevée chez les plus
intégrés (emploi en CDI et niveau d'instruction
élevé).
|
Pombe, 2016
|
Analyse descriptive de l'intention de migrer vers l'Europe selon
la situation financière et le niveau d'instruction
Régression logistique de l'intention de quitter la
Belgique pour l'Europe sous contrôle des autres variables.
|
70
Chapitre 4 : Approche méthodologique :
Données et méthodes
Ce chapitre met en évidence toutes les sources de
données exploitées, les données et les méthodes
utilisées afin d'atteindre les objectifs de l'étude et de
vérifier les hypothèses émises à la lumière
de la littérature.
4.1 Source de données
Les principales données que nous analysons dans le
cadre de notre recherche proviennent d'une enquête quantitative
réalisée en 2016 auprès de 805 personnes d'origine
africaine âgées de 18 ans et plus en Belgique par le Centre de
recherche en démographie de l'UCLouvain en collaboration avec
l'Université de Liège et la Vrije Universiteit Brussel et
financée par la Fondation Roi Baudouin (Demart et al. 2017).
L'étude était menée dans le but de
répondre à la question de savoir dans quelle mesure l'histoire
partagée entre d'une part, la RD Congo, le Rwanda et le Burundi, et
d'autre part, la Belgique, constitue une variable différenciant ce
sous-groupe au sein de la population des Afro-descendant.e.s originaires
d'autres pays d'Afrique francophone. L'originalité de cette étude
se résume par la nature même de cette question mais aussi par le
fait que jamais auparavant en Belgique cette thématique n'a
été abordée en ce sens au sein de la population d'origine
africaine en Belgique.
Ainsi, en adéquation à cette question,
l'objectif était d'analyser comment ces Afro-descendant.e.s d'origines
RD. Congolaises, Rwandaises et Burundaises et autres pays d'Afrique francophone
se définissent tant sur des réalités objectives, comme le
taux d'emploi, le niveau d'éducation ou la participation politique, que
sur des éléments subjectifs, comme les valeurs, les questions
éthiques ou les constructions identitaires. La finalité
étant de relever l'incidence du passé colonial sur
l'intégration, la participation et la citoyenneté.
Dans le questionnaire de cette enquête, toute une
section (11) était consacrée aux projets de départ et
retour pour cerner les intentions de ces Afro-descendant.e.s sur leur
installation ou leur départ de la Belgique. Ces données sont par
conséquent appropriées pour être analysées dans une
étude sur les intentions de l'émigration secondaire des migrants
africains vivant en Belgique.
Une taille d'échantillon de 805 personnes a
été déterminée au départ en fonction de
contraintes budgétaires et de la précision nécessaire afin
de garantir la précision dans le calcul
71
des principaux indicateurs. Les données de cette
enquête sont représentatives de toute la population d'origine
africaine francophone vivant en Belgique. Elle est une combinaison d'une
sélection aléatoire au premier degré et la méthode
des quotas au deuxième degré en intégrant les communes de
toutes les trois régions de la Belgique. Les pondérations ont
été utilisées suite à la surreprésentation
de certaines catégories par rapport à d'autres au moment de
l'enquête afin de garantir le caractère représentatif des
résultats (Demart et al. 2017).
Les sections ci-dessous présentent l'ensemble des
variables qui seront analysées par l'étude et les méthodes
d'analyse statistiques appropriées que j'envisage utiliser pour tester
mes hypothèses et répondre à mes questions de
recherches.
4.2 Données de l'étude
Le tableau 10 résume les caractéristiques de la
variable dépendante, des variables indépendantes
d'intérêt en fonction de mes trois hypothèses. Les
variables de contrôle qui peuvent éventuellement influencer,
positivement ou négativement, la décision de quitter la Belgique
pour s'établir ailleurs sont prises en compte.
Tableau 10. Description des variables de l'étude
Hypothèses
|
Variables
|
Variable dépendante
|
L6 Pensez-vous un jour aller vous installer dans un autre pays
que la Belgique
|
L7 Pour aller dans quel pays
|
Variables indépendantes
d'intérêt
|
H1 & 3: L'effet de l'intégration
socio-économique des migrants africains vivant en Belgique sur la
décision de quitter la Belgique et d'effectuer une émigration
secondaire en fonction de choix de destination.
|
Situation dans l'emploi : Emploi (F6), Type de contrat (F8) et
correspondances emploi-formation (F10)
F14: Situation financière (niveau de vie subjectif)
F15 : Statut de logement
B4 : Nationalité
Génération : Année d'arrivée (C1) et
Année de naissance (B2)
L8 Pour quelles raisons envisagez-vous de quitter la Belgique
?
|
H2 : L'attractivité des migrants africains
non-intégrés en Belgique vers les Etats-Unis et le Canada
s'explique dans la perspective de trouver de meilleures opportunités
d'emploi et ou d'amélioration des conditions de vie
|
L9 Pour quelles raisons envisagez-vous aller vivre dans ce/s
pays ? (Etats-Unis et Canada)
|
Possible effet des facteurs démographiques et identitaires
sur l'intention de quitter la Belgique et d'effectuer une émigration
secondaire en fonction de choix de destination.
|
Variables de contrôle
|
B2 Age
B1 Sexe
E1 Quelle est votre situation maritale
F1 Quel est le plus haut niveau d'étude que vous avez
terminé avec
succès ?
|
Variable intermédiaire
|
G3 Dans quelle mesure vous sentez-vous Belge ?
|
72
La variable dépendante de cette étude est
"l'intention d'émigration secondaire". L'intention d'émigration
secondaire est une variable binaire avec comme modalités : "Oui" et
"Non". Cette variable est issue du recodage de la question qualitative ordinale
"L6" à cinq modalités. La modalité "Oui" prend en compte
les trois premières modalités de la question "L6" dont "Oui,
très certainement", "Oui, si c'est possible" et "Peut-être".
De cette intention d'émigration secondaire
découlent les préférences en termes de destination. La
question "L7" accordait plus d'une possibilité en termes de pays de
destination envisageable. Ainsi, deux modalités ont été
créées. La première modalité regroupe les personnes
qui expriment l'intention d'émigration secondaire vers les Etats-Unis et
le Canada et la deuxième modalité regroupe les personnes qui
expriment l'intention d'émigration secondaire vers l'Europe
essentiellement.
Pour saisir l'intégration socio-économique des
migrants africains vivant en Belgique, une série de six variables a
été prise en compte à la lumière de la
littérature. Il s'agit de la situation dans l'emploi, la situation
financière, le statut de logement, la nationalité, la
génération et les raisons évoquées par les migrants
pour aller voir ailleurs.
La situation dans l'emploi est une combinaison de trois
variables relatives à l'emploi. Elle prend en compte le fait d'avoir ou
pas un emploi, le type de contrat pour ceux qui ont un emploi et enfin la
correspondance entre l'emploi et les qualifications. De ce recodage est
créée une variable à cinq modalités. La
première regroupe les migrants sans emploi, la deuxième regroupe
les étudiants, la troisième regroupe les migrants qui ont un
emploi précaire, la quatrième regroupe les migrants qui ont un
emploi durable et correspondant à leur qualification et enfin la
cinquième regroupe les cas manquants. Cette variable oppose ceux qui
n'ont pas d'emploi ou ont un emploi précaire notamment un contrat
à durée déterminée, un travail occasionnel sans
contrat formel ou un contrat d'intérimaire à ceux qui ont un
emploi durable, contrat à durée indéterminée, par
rapport à l'intention d'émigration secondaire.
La situation financière est une variable ordinale qui
indique le niveau de vie subjectif des migrants. Les migrants devraient
répondre à la question de savoir si la situation
financière de leur ménage leur permettait de faire face aux
besoins quotidiens dans l'achat des biens de première
nécessité. Ces derniers devraient se situer sur l'échelle
de Likert en precisant si la situation financière de ménage est
"Plus que suffisante" "Suffisante" "Tout juste suffisante "
73
ou "Insuffisante". Cette variable est recodée en trois
modalités : suffisante -en regroupant les deux premières
modalités-, tout juste suffisante et insuffisante.
La situation de logement et la nationalité sont prises
en compte dans cette étude pour examiner dans quelle mesure l'intention
d'émigration secondaire serait fonction du statut de migrant, selon
qu'il est ou pas propriétaire d'un logement ou selon qu'il est
naturalisé belge ou pas. Ainsi, dans cette même logique,
l'appartenance à une génération a été
saisit. Cette variable, génération, est une combinaison de
l'année de naissance et de l'année d'arrivée en Belgique.
Elle regroupe trois modalités : première
génération, génération 1.5 et deuxième
génération (2.0). La première génération
regroupe les migrants qui sont nés en Afrique et sont arrivés en
Belgique en étant majeurs, soit âgés de plus de 18 ans. La
génération 1.5 est constituée des migrants africains
nés en Afrique mais qui sont arrivés en Belgique avant
l'âge de 18 ans. In fine, la génération 2.0 est
constituée des enfants des migrants nés et socialisés en
Belgique.
S'agissant de raisons évoquées par les migrants
pour quitter la Belgique -question ouverte :QL8-, comme pour le choix de pays
de destination -semi-ouverte : QL9-, les répondants avaient plus d'une
possibilité de réponses. Cette question "filtre" ne concernait
que les migrants qui avaient l'intention de migrer à nouveau en dehors
de la Belgique. Les raisons avancées ont été
regroupées en type de raisons allant des raisons familiales,
d'études, professionnelles aux autres types de raisons. La constitution
de cette variable permet de cerner les motivations du nouveau projet migratoire
liées à la non-intégration socio-économique en
Belgique.
Par ailleurs, la question relative aux motivations a
été également utilisée pour comprendre le choix des
migrants qui ont l'intention de quitter la Belgique en fonction de pays de
destination envisagée. Cette question est prise en compte dans nos
analyses comme un proxy des politiques migratoires des Etats-Unis et du Canada
en particulier. Elle nous permet d'appréhender dans quelle mesure
l'attractivité des politiques d'immigration et d'intégration aux
Etats-Unis et au Canada sont liées à l'émigration
secondaire des migrants africains vivant en Belgique.
En outre, l'âge, le genre, l'état matrimonial et
le niveau d'éducation sont utilisés pour contrôler les
effets de toutes les variables relatives à l'intégration
socio-économique décrites ci-haut sur l'intention de quitter la
Belgique d'une part et sur l'intention d'émigration secondaire en
fonction de choix des pays de destination d'autre part. Le sentiment
74
d'appartenance à la Belgique est
considéré dans notre analyse comme une variable
intermédiaire dans la mesure où l'intention de quitter la
Belgique par les migrants les moins intégrés, en particulier,
serait liée à leur sentiment d'appartenance ou non à la
Belgique.
La méthode d'analyse de ces données est
liée à la nature de la variable dépendante. Celle-ci est
binaire et le modèle de régression logistique s'y prête
bien. La section suivante développe brièvement ledit
modèle.
4.3 Modèle de régression logistique
La régression logistique est une technique de
modélisation qui vise à prédire et à expliquer les
valeurs d'une variable binaire Y à partir d'une série de
variables explicatives (Rakotomalala, 2015) qui peuvent être qualitatives
ou quantitatives.
En d'autres termes, la régression logistique permet
d'estimer l'effet spécifique de chaque variable indépendante sur
le risque étudié et en contrôlant les autres variables.
Le modèle de la régression logistique s'exprime
selon la formule suivante : Logit P=ln (P/ (1-P))=30+ 31X1+ 32X2+
33X3+...+ 3kXk.
Où :
? P = la probabilité que l'événement
survienne ;
? 1-P = la probabilité que l'événement ne
survienne pas ;
? Xi (allant de i à k) est la valeur de chacune des k
variables explicatives ;
? 30 est une constante représentant l'ordonnée
à l'origine ;
? 3i (allant de i à k) est le coefficient de
régression qui mesure l'effet net de la variable i sur la côte
de l'événement considéré après
ajustement sur toutes les autres.
Les coefficients 3i sont estimés par la méthode
de maximum de vraisemblance. L'exponentiel de ces coefficients 3i dans une
régression logistique est appelé rapports de cotes (odds ratios,
OR en sigle) en anglais (Masuy-Stroobant et Costa, 2013 ; Rizzi, sd : 15).
L'examen de différents rapports de cotes permettra
d'identifier à la fin de l'analyse les catégories les plus
exposées au risque ou les déterminants. Ce rapport
s'interprète en termes d'écart par rapport à une
modalité de référence. Un OR inférieur à l
signifie que la probabilité de l'événement
étudié dans la catégorie i est inférieure à
celle de la catégorie de référence. Un OR supérieur
à 1 signifie que cette probabilité est supérieure par
rapport à la catégorie de
75
référence. Un OR égal à 1 traduit
l'absence d'effet de la catégorie considérée sur la
variable expliquée au seuil de signification spécifique par
rapport à la catégorie de référence.
La significativité statistique des différents
coefficients sera mesurée à l'aide de la valeur de p. La valeur
de p est une valeur critique utilisée pour quantifier la
significativité statistique d'un résultat dans le cadre d'une
hypothèse nulle - hypothèse postulant l'égalité
entre des paramètres statistiques-. Ainsi, à cette valeur de p
est associé un seuil de significativité au-dessus duquel le
résultat observé serait réellement improbable. Le seuil de
significativité utilisé est celui des sciences sociales ;
inférieur ou égal à 5% (Berkson, 2003).
Dans la présentation des résultats, ce
modèle explicatif est précédé de l'analyse
descriptive par distribution de fréquences et du test de
chi2. La description par distribution de fréquences permet
d'identifier le profil et de caractériser les migrants africains vivant
en Belgique. Le test de chi2 permet de déceler lesquelles des
variables explicatives ont une relation statistiquement significative avec
l'intention d'émigration secondaire.
Le chapitre 5 ci-dessous présente les principaux
résultats obtenus par les analyses descriptives et les différents
modèles de régression logistique.
76
Chapitre 5. Déterminants de l'intention de
l'émigration secondaire : Présentations des
résultats
Ce chapitre se subdivise en quatre grands points. Le premier
rappelle les résultats attendus, le deuxième décrit
l'échantillon de la population étudiée, le
troisième identifie les relations statistiquement significatives entre
l'intention de l'émigration secondaire et les caractéristiques
sociodémographiques des migrants africains vivant en Belgique et enfin
le quatrième point s'appesantit sur les facteurs explicatifs de
l'intention de quitter la Belgique d'une part et de l'intention de migration
secondaire en fonction de deux principales destinations, Etats-Unis et le
Canada et en dehors des Etats-Unis et le Canada, principalement l'Europe
d'autre part.
5.1 Rappel des résultats attendus
Trois principaux résultats sont attendus à
l'issue de cette analyse. Ces résultats se rapportent à : (i)
l'intention de quitter la Belgique, (ii) l'intention de migrer aux Etats-Unis
et au Canada et (iii) l'intention de migrer vers les pays européens
essentiellement.
L'intention de quitter la Belgique repose essentiellement sur
la théorie Push-Pull. La migration étant une stratégie
permettant à l'individu de réagir à une insatisfaction, on
s'attend à ce que les migrants qui veulent quitter la Belgique soient
ceux qui sont moins intégrés ou ceux qui disposent de peu de
ressources.
Nous faisons l'hypothèse que le projet de migrer vers
les Etats-Unis et le Canada repose sur l'attractivité des politiques
d'immigration et d'intégration dans ces deux pays. On s'attend à
ce que les migrants les moins intégrés soient plus attirés
vers les Etats-Unis et le Canada dans l'optique de trouver de meilleures
opportunités d'emploi et ou d'améliorer leurs conditions de vie.
Ceci s'explique par le fait que la politique d'immigration et
d'intégration des Etats-Unis et du Canada a consisté à
faire venir, depuis plusieurs années, des travailleurs chargés de
combler les pénuries sur les marchés de l'emploi. De ce fait,
nous nous attendons à ce que les motivations des migrants qui veulent
migrer vers ces deux pays soient essentiellement d'ordre professionnel et
d'amélioration des conditions de vie.
Dans l'hypothèse que le contexte américain
diffère de celui de l'Europe, il nous semble logique que les
déterminants de l'intention de l'émigration secondaire vers les
Etats-Unis et le Canada soient différents de déterminants de
l'intention de l'émigration secondaire vers
77
l'Europe. La sélectivité en termes de
capacité de migrer vers l'Europe est un bon proxy pour saisir les
politiques migratoires européennes. Lesquelles, politiques migratoires,
s'appliquent inégalement à des différents groupes
d'individus (Carling & Schewel, 2018). On s'attend, concrètement,
à ce que l'intention de migrer vers l'Europe soit forte pour les
migrants les plus qualifiés en termes de compétences et
ressources.
5.2 Description de l'échantillon : Population
africaine vivant en Belgique
Les migrants d'origine africaine vivant en Belgique sont la
cible de notre étude. Huit cent et cinq personnes (805) ont
répondu à l'enquête Pombe menée en 2016, notre
principale source de données. Parmi eux, les femmes représentent
plus de la moitié, soit 54% (tableau 11). Plus de deux migrants
africains sur cinq (49%) sont âgés entre 31 et 49 ans et une (1)
personne sur cinq (21%) est âgée de 50 ans et plus.
Ces migrants sont en majorité en union. Certains
d'entre eux sont mariés et d'autres en union de fait. Cette
catégorie représente 45% de l'échantillon. Elle est suivie
par les célibataires qui représentent près de 44% de
l'ensemble de personnes enquêtées.
S'agissant du niveau d'éducation, ils sont nombreux
à avoir achevé le niveau secondaire (39.4%). Les plus instruits,
ceux qui ont achevé le niveau supérieur long, représentent
environ 32% de l'échantillon dont 5% ont obtenu un doctorat. N'ayant pas
tous suivi leur cursus universitaire en Belgique, du moins pour ceux qui sont
du niveau universitaire, la majorité34 a un diplôme non
reconnu en Belgique. Cette non reconnaissance du diplôme explique en
grande partie les difficultés liées à l'obtention d'un
emploi d'une part et l'obtention d'un emploi correspondant à ses
qualifications d'autre part. Plus de trois personnes sur cinq (63.4%)
déclarent avoir rencontré des difficultés dans la
recherche d'un emploi.35
Par conséquent, pour cerner la situation dans l'emploi,
une variable a été créée par la combinaison de
trois variables relatives à l'emploi, au type de contrat pour ceux qui
ont un emploi et la correspondance entre l'emploi et les qualifications. De
cette variable découle les informations suivantes : (i) Environ 33% des
migrants d'origine africaine n'ont pas d'emploi ; (ii) plus d'un sur cinq
enquêtés (23%) est encore étudiant ; (iii) pour ceux qui
ont un travail, environ 29% ont un contrat à durée
indéterminée qui correspond à leur qualification et 14% se
retrouvent dans une situation d'un contrat à durée
déterminée, d'un contrat d'intérimaire, ou
34 De ceux qui ont répondu à la
question. Celle-ci était destinée uniquement à ceux qui
avaient au moins le niveau secondaire. Mais un grand nombre de personnes n'y a
pas répondu
35 Parmi ceux qui ont un emploi, 25% ont
éprouvé des difficultés pour en trouver.
78
d'un travail occasionnel sans contrat formel. La
catégorie de ceux qui ont un CDI est formée en majorité de
migrants les plus instruits. Nous considérons dans le cadre de cette
étude de "non-intégrés" dans les marché de l'emploi
ceux qui n'ont pas d'emploi, de "moins intégrés" ceux qui ont un
emploi précaire - les sans contrat formel, intérimaires et ceux
qui ont un CDD- et de "plus intégrés" ceux qui disposent un
emploi en CDI correspondant à leurs qualifications.
En ce qui concerne le niveau de vie subjectif, saisit par la
question relative à la situation financière pour l'achat des
biens de première nécessité, la majorité des
enquêtés (56.5%) sont satisfaits de leur situation
financière. Ceux qui se trouvent en situation financière
insuffisante représentent environ 13% de l'échantillon.
Les résultats sur le statut de logement
révèlent que près de trois quart (74%) des migrants
d'origine africaine sont encore locataires et 2.5% d'entre eux sont notamment
logés en colocation, auprès de parents, sans domicile ou encore
hébergés par la communauté d'une église.
Par ailleurs, plus de la moitié des
enquêtés sont Belges, soit 56.5%. Ce qui peut s'expliquer par le
fait que 8.28% (19% non pondérés) des enquêtés sont
nés en Belgique et ceux qui sont nés et venus des pays africains
après l'âge de 18 ans (76%) se sont installés en Belgique,
dans 56,3% de cas, depuis plus de 10 ans et partagent un sentiment
d'appartenance assez fort à a Belgique (60%). La majorité de ceux
qui se sentent peu ou pas du tout belge sont les moins intégrés
sur le plan économique: les sans emploi et les étudiants.
79
Tableau 11. Caractéristiques sociodémographiques
des immigrants africains vivant en Belgique
Variables
|
Modalités
|
Effectifs
|
%
pondérés
|
Sexe
|
Homme
|
423
|
46,4
|
|
Femme
|
382
|
53,6
|
|
18-30
|
266
|
30,4
|
Age
|
31-49
|
395
|
48,9
|
|
50 et +
|
144
|
20,7
|
|
Célibataire
|
369
|
43,8
|
Etat matrimonial
|
Marié
|
362
|
45,3
|
|
Séparé/Divorcé/veuf (ve)
|
71
|
10,8
|
|
Non réponse
|
3
|
0,2
|
|
Au plus secondaire
|
309
|
39,4
|
Niveau d'instruction
|
Supérieur court
|
232
|
28,3
|
|
Supérieur long/doctorat
|
259
|
31,6
|
|
Non réponse
|
5
|
0,69
|
|
Oui/en partie
|
130
|
36,1
|
Reconnaissance de
|
Non
|
182
|
54,0
|
diplôme
|
Non réponse (ou non applicable)
|
28
|
9,9
|
|
Oui
|
508
|
63,4
|
Difficulté dans la recherche d'emploi
|
Non
|
209
|
26,6
|
|
Jamais cherché de l'emploi
|
87
|
10,0
|
|
Pas d'emploi
|
222
|
32,7
|
|
Etudiant
|
218
|
23,2
|
Situation dans l'emploi
|
CDD/ Travail intérimaire
|
102
|
13,6
|
|
CDI/corresp
|
246
|
28,7
|
|
Non réponse
|
17
|
1,8
|
|
Suffisante
|
476
|
56,5
|
Situation financière
|
Tout juste suffisante
|
227
|
30,3
|
|
Insuffisante
|
102
|
13,5
|
|
Locataire
|
585
|
74,4
|
|
Propriétaire
|
191
|
23,0
|
Statut de logement
|
|
|
|
|
Autres
|
25
|
2,5
|
|
Non réponse
|
4
|
0,16
|
|
Moins de 5
|
127
|
21,01
|
Durée d'installation en
|
|
|
|
Belgique
|
5-9 ans
|
141
|
22,7
|
|
10 et +
|
383
|
56,3
|
|
Belge
|
508
|
56,5
|
Nationalité
|
Non belge
|
297
|
43,5
|
|
Faible
|
92
|
14,4
|
Sentiment d'appartenance
|
Moyen
|
184
|
24,8
|
|
Fort
|
528
|
60,8
|
|
Né en Afrique
|
542
|
75,9
|
Génération
|
Né en Belgique
|
153
|
8,3
|
|
Génération 1.5
|
110
|
15,8
|
Source : Données Enquête Pombe, 2016
80
Pour ce qui est des chances d'obtenir un emploi et/ou un
logement désiré (s) et de réussir ses études et/ou
ses projets, les migrants africains ont donné leurs opinions en
comparant leur situation par rapport à un Belge. Ils sont au moins
quatre sur cinq, soit 80%, à déclarer que les africains vivant en
Belgique n'ont pas les mêmes chances que les Belges pour obtenir un
emploi et un logement désirés. Ils sont par contre optimistes
quant à réussir ses études ou ses projets. Ils estiment
respectivement dans 57% et 42% de cas, que les africains ont les mêmes
chances que les Belges pour réussir leurs études et leurs
projets.
Figure 21. Opinions des migrants africains vivant en Belgique
sur les chances d'obtenir un emploi, logement, réussir ses
études et projets par rapport à un Belge.
90
80
70
60
%
50
40
30
20
10
0
Non Oui
Non Oui
Non Oui
Non Oui
Même chance qu'un
|
Même chance qu'un
|
Même chance qu'un
|
Même chance qu'un
|
Belge pour obtenir un
|
Belge pour louer un
|
Belge pour reussir ses
|
Belge pour reussir ses
|
emploi desiré
|
logement desiré
|
études
|
projets
|
Opinions
Source : Calculs de l'auteur à partir de l'enquête
Pombe, 2016
5.3 Intention d'émigration selon les
caractéristiques sociodémographiques et économiques des
migrants africains vivant en Belgique
La description faite ci-avant a permis de caractériser
la population sous étude. Ainsi cette section a pour objectif de
déceler lesquelles de ces caractéristiques
sociodémographiques et économiques décrites sont
statistiquement liées à l'intention d'une émigration
secondaire. Nous faisons recours à l'analyse bivariée à
l'aide du test de chi-carré pour déceler ces liens
statistiquement significatifs en vue d'avoir une idée
générale sur le degré d'association entre les
différentes variables indépendantes utilisées dans la
description de l'échantillon et l'intention de migration secondaire. A
l'issue de cette étape, seules les variables d'intérêt
qui
81
nous permettent de vérifier nos hypothèses
seront utilisées dans les modèles explicatifs36. La
multicolinéarité est aussi l'une des raisons pour laquelle
certaines variables ont été écartées des
modèles explicatifs.
Cette section se résume en deux parties. La
première présente le niveau de l'intention d'une
émigration secondaire dans la population enquêtée et les
principales motivations y relatives. La deuxième se consacre au test de
chi-carré.
5.3.1 L'intention d'une émigration secondaire et
principales motivations
Les résultats présentés dans la figure 22
montrent que parmi les migrants africains vivant en Belgique,
42,46%37 (soit 275) ont l'intention de quitter la Belgique pour
aller s'installer dans un autre pays que leur pays de naissance. Les
résultats présentés au tableau 10 résument les
motivations principales qui justifient leur intention de quitter la
Belgique.
Figure 22. Niveau de l'intention d'une émigration
secondaire
Source : Enquête Pombe, 2016
Les raisons évoquées par ces migrants
diffèrent du point de vue du contexte et de l'intensité. Ces
raisons sont différentes lorsqu'elles sont évoquées pour
quitter le pays d'accueil, la Belgique, d'une part et lorsqu'elles sont
évoquées en rapport avec le (s) pays de destination
envisagé (s) par les migrants. Les motivations évoquées en
fonction de pays de destination envisagés par les migrants sont
développées plus loin dans le texte.
S'agissant de l'intention de quitter la Belgique, les
principales motivations sont d'ordre professionnel et d'amélioration des
conditions de vie. Ces motivations sont évoquées à 30,6%
et 35,9% respectivement. Dans 21,5% de cas, les migrants ont
évoqué comme motivations
36 Il n'est pas commode statistiquement d'utiliser un
modèle avec plus de 10 variables
37 Ne tient pas compte migrants africains
nés en Belgique car pour ceux-ci, il s'agit simplement de l'intention de
quitter la Belgique et non d'émigration secondaire.
82
principales, l'envie de voyager simplement, la
curiosité, les vacances, le fait que la Belgique ne soit pas un pays
favorables aux étrangers, etc. Les raisons familiales ou d'études
sont faiblement évoquées.
Tableau 12. Motivations principales des migrants africains pour
quitter la Belgique
Pour quelles raisons envisagez-vous de quitter la
Belgique ?
Raisons professionnelles
Meilleures conditions de vie
Autres raisons
Raisons familiales
Raisons d'études
Invitation/Accompagnement
Transit
Raisons politiques
Réseau social
Total
|
Effectifs
112 132 79 13 11
8
6
4
2
367
|
%
30,6 35,9 21,5 3,5 3 2,2 1,6 1,1 0,5 100
|
Par ailleurs, en vue de présenter le modèle de
régression qui soit explicatif de l'intention de l'émigration
secondaire, nous procédons par une analyse de Chi-carré, test
d'indépendance, pour identifier les variables qui sont significativement
liées à l'intention de quitter la Belgique.
5.3.2 Analyse bivariée de l'intention d'une
émigration secondaire
Il se dégage de nos analyses que la situation dans la
profession, le niveau de vie subjectif, l'âge et l'état
matrimonial sont les variables les plus significativement liées à
l'intention de quitter la Belgique. Les migrants africains étudiants et
ceux qui vivent en Belgique mais qui ont un emploi non stable sont plus
nombreux à exprimer leur intention de quitter la Belgique. Ces emplois
non stables correspondent à un contrat étudiant, stage
d'apprentissage, travail intérimaire ou occasionnel sans contrat formel
et un contrat à durée déterminée.
S'agissant du niveau de vie subjectif, ceux qui
déclarent plus que satisfaisante leur situation financière ont
dans 58.5% de cas l'intention de quitter la Belgique. Ils sont
proportionnellement plus nombreux par rapport à ceux qui ont l'intention
de quitter la Belgique mais qui se trouvent en situation financière
insuffisante (Annexe 1). Une fois recodée, cette variable n'est plus
significative, probablement parce que l'intention de migrer n'est pas
statistiquement différente entre les personnes dont la situation
financière est satisfaisante comparativement à celles dont la
situation financière est tout juste suffisant.
83
Bien que le sexe et le niveau d'instruction ne soient pas
statistiquement liés à l'intention de quitter la Belgique,
l'âge y est très significatif. Dans plus de 55% de cas, les plus
jeunes (1830) expriment l'intention de quitter la Belgique. De même pour
l'état matrimonial où 49,1% de célibataires expriment
l'intention de quitter la Belgique.
L'effet de génération est perceptible. Les
Africains qui sont venus en Belgique avant d'atteindre l'âge de 18 ans
(génération1.5) sont nombreux à avoir l'intention de
quitter la Belgique. Ils représentent environ 64% d'intention de vouloir
partir de la Belgique sur l'ensemble de personnes de cette
génération.
La situation financière (niveau de vie subjectif), le
statut de logement, la nationalité et le sentiment d'appartenance sont
des variables d'intérêt au même titre que la situation dans
l'emploi et le fait d'appartenir à une génération sur
lesquelles reposent les hypothèses à tester. Ainsi, bien que non
significativement liées à l'intention de quitter la Belgique,
sont utilisées dans les modèles explicatifs en contrôlant
leurs effets sur l'intention de quitter la Belgique ou de migrer vers les
destinations envisagées par le sexe, l'âge, l'état
matrimonial et le niveau d'instruction.
Par contre, la durée de résidence, la
reconnaissance du diplôme et la difficulté dans la recherche de
l'emploi ne seront pas utilisés dans nos modèles explicatifs non
pas seulement parce qu'ils sont statistiquement non significatifs mais pour des
raisons de multicolinéarité. C'est le cas de la durée de
la résidence avec le sentiment d'appartenance (Annexe 2) et la
reconnaissance du diplôme ou la difficulté dans la recherche de
l'emploi par rapport à la situation dans l'emploi (Annexe 3). Les
variables sur les opinions, par contre (fig.21), ne sont pas
présentées par la suite puisque non seulement elles ne sont pas
statistiquement liées à l'intention de migrer, elles ne sont pas
non plus explicatives de l'intention de quitter la Belgique et encore moins de
l'intention de migrer en fonction du choix de destination.
84
Tableau 13. Répartition des enquêtés selon
l'intention d'une émigration secondaire et
les caractéristiques sociodémographiques et
économiques
Variables
|
Modalités
|
Intention d'une émigration secondaire (%
par catégorie)
|
N=805
|
chi2
|
|
Pas d'emploi
|
35,8
|
263
|
|
|
CDD/ Travail intérimaire
|
54,7
|
110
|
|
Situation dans
|
CDI/corresp
|
40,6
|
231
|
16,86**
|
l'emploi
|
Etudiant
|
50,6
|
187
|
|
|
Non réponse
|
43,2
|
14
|
|
|
Suffisante
|
42,5
|
454
|
|
Situation financière
|
Tout juste suffisant
|
46,8
|
243
|
2,65
|
|
Insuffisante
|
37,8
|
107
|
|
|
Locataire
|
43,4
|
598
|
|
Statut de logement
|
Propriétaire Autres
|
42,3
66,9
|
185
20
|
4,73
|
|
Non réponse
|
47,1
|
1
|
|
|
Moins de 5
|
42,7
|
137
|
|
Durée d'installation
|
5-9 ans
|
43,2
|
148
|
0,06
|
en Belgique
|
10 et +
|
42,1
|
367
|
|
Nationalité
|
Belge
Non belge
|
46,0
39,5
|
454
350
|
3,4
|
|
Né en Afrique
|
38,0
|
610
|
|
Génération
|
Né en Belgique
|
51,2
|
67
|
30***
|
|
Génération 1.5
|
63,6
|
127
|
|
|
Faible
|
44,7
|
116
|
|
Sentiment
|
Moyen
|
40,5
|
199
|
0,77
|
d'appartenance
|
Fort
|
43,9
|
489
|
|
|
Oui/en partie
|
43,9
|
123
|
|
Reconnaissance de
|
Non
|
33,8
|
184
|
4,12
|
diplôme
|
Non réponse
|
46,5
|
34
|
|
|
Oui
|
43,6
|
510
|
|
Difficulté dans la
|
Non
|
43,4
|
214
|
0,39
|
recherche d'emploi
|
Jamais cherché de l'emploi
|
39,9
|
81
|
|
Sexe
|
Homme Femme
|
45,4
41,2
|
373
431
|
1,42
|
|
Moins de 30
|
55,3
|
244
|
|
Age
|
30-49
|
39,3
|
393
|
21,9***
|
|
50 et +
|
34,7
|
167
|
|
|
Célibataire
|
49,1
|
352
|
|
Etat matrimonial
|
Marié
Séparé/Divorcé/veuf (ve)
|
36,4
48,2
|
364
87
|
13,70**
|
|
Non réponse
|
0
|
1
|
|
|
Au plus secondaire
|
40,4
|
317
|
|
Niveau d'instruction
|
Supérieur court Supérieur long
|
48,5
42,9
|
228
254
|
7,78
|
|
Non réponse
|
0.0
|
6
|
|
Légende : *** : p<0,01 ; ** : p<=0,05 ; * :
p<0,10
85
5.4 Déterminants de l'intention de migration
secondaire chez les africains vivant en Belgique
5.4.1 Facteurs explicatifs de l'intention de quitter la
Belgique
L'objet principal de ce modèle explicatif de
l'intention de quitter la Belgique est de répondre à la
première partie de notre hypothèse, celle de trouver dans quelle
mesure la non-intégration économique et sociale expliqueraient la
probabilité d'exprimer le souhait ou l'intention de quitter la Belgique.
Cette hypothèse oppose par conséquent les migrants africains les
plus intégrés aux moins intégrés.
Il ressort du tableau 14 que la situation dans l'emploi, le
statut de logement, le fait d'avoir la nationalité belge, le fait
d'appartenir à une génération, le sexe, l'âge,
l'état matrimonial et le niveau d'éducation déterminent
l'intention de quitter le Belgique.
Pour ce qui est de la situation dans l'emploi, les migrants
africains ayant un travail d'intérimaire ou un contrat à
durée déterminée sont plus favorables à
l'idée de quitter la Belgique comparativement aux migrants africains
vivant en Belgique qui disposent d'un travail à durée
indéterminée correspondant /ou approchant (à) leurs
qualifications. Il s'agit probablement en majorité de migrants qui
évoquent les raisons relatives à l'amélioration de
conditions de vie pour quitter la Belgique. Ces derniers ont 1,77 fois plus de
chances d'avoir l'intention de quitter la Belgique comparativement à
ceux qui, sur le plan économique, sont relativement stables. Bien
qu'instables, compte tenu de type de contrat qu'ils possèdent, ceux qui
expriment l'intention de quitter la Belgique sont dans une situation
financière tout juste suffisante. Ces derniers ont 45% plus de chances
d'exprimer l'intention de quitter la Belgique comparativement à ceux
dont la situation financière est suffisante ou plus que suffisante
(Annexe 4 : modèles 5,6 et 7). Il en est de même pour ceux qui se
trouvent dans la catégorie "Autres " sur le plan de logement. Il s'agit
des migrants qui sont hébergés ou encore logés chez leurs
parents. Dans cette catégorie, les chances d'exprimer l'intention de
quitter la Belgique sont multipliées par 2,63 par rapport aux migrants
africains qui sont propriétaires de leur logement.
Ces résultats peuvent s'expliquer par le fait que
nombre des migrants qui aspirent à une migration secondaire sont ceux
qui sont les moins intégrés sur le plan socio-économique.
La probabilité de ré-migration est ainsi, très
élevée si le migrant se trouve dans un contexte de
86
précarité sur le plan de l'emploi ou dispose
d'un emploi instable -travail sans contrat formel par exemple-. Il en est de
même pour ceux qui ne sont pas autonomes sur le plan de logement
probablement des suites de problèmes financiers. Ces migrants
justifieraient leurs aspirations par la possibilité de trouver mieux
ailleurs. Ainsi, les motivations d'ordre professionnel et d'amélioration
des conditions de vie sont généralement mises en avant pour
expliquer l'intention d'une émigration secondaire.
S'agissant du fait d'appartenir à une
génération, il s'avère que les migrants africains qui sont
nés en Afrique mais qui sont arrivés avant l'âge de 18 ans
(génération 1.5) sont nombreux à exprimer leur projet de
quitter la Belgique. La probabilité d'exprimer l'intention de migrer
dans cette catégorie est deux fois plus élevée
comparativement à ceux qui sont nés en Afrique et qui sont
arrivés après l'âge de 18 ans en Belgique. Deux
réalités socio-économiques peuvent expliquer ce
résultat. Premièrement, le contexte européen en rapport
avec la liberté de mouvement peut expliquer ce résultat
étant donné que cette catégorie de la population y est en
partie socialisée. Deuxièmement, la probabilité de trouver
un emploi est généralement faible dans cette catégorie des
migrants comparativement aux africains qui sont nés en Belgique
(Génération 2.0) et encore moins par rapport aux Belges. De ce
fait, le taux de chômage dans cette catégorie peut expliquer cette
forte intensité de l'intention de quitter la Belgique.
Pour ce qui est de l'âge, de l'état matrimonial
et du genre, la propension à avoir l'intention de quitter la Belgique
est très élevée chez les plus jeunes (18-30), chez les
célibataires et chez les hommes. Les plus jeunes ont environ 2,3 fois
plus de chances d'avoir l'intention de quitter la Belgique comparativement aux
personnes âgées de 50 ans et plus. Les célibataires voient
leurs chances être multipliées par 1.69 par rapport aux
mariés. Et les hommes sont nombreux à avoir le projet de quitter
la Belgique comparativement aux femmes. Dans environ 40% de cas, les hommes
sont favorables à l'idée d'aller voir ailleurs.
Par ailleurs, les migrants africains les plus instruits ont
plus de chances d'exprimer l'intention de quitter la Belgique comparativement
aux moins instruits, soit ceux qui ont au plus un niveau secondaire (tableau
14, effet net).
Ces résultats confirment, de façon
générale, le caractère très mobile des jeunes
comparativement aux personnes âgées mais aussi de
célibataires par rapport aux mariées et surtout si ces derniers
ont déjà des enfants d'une part et le lien étroit entre
l'instabilité économique ou la non-intégration
économique et l'intention d'émigration secondaire d'autre
87
part. Ceux qui disposent de moyens limités ou qui ont
un travail instable ne correspondant pas à leurs qualifications sont
prédisposés et exposés à aller voir ailleurs.
En outre, l'influence de toutes les variables
d'intérêt sous contrôle du sexe, de l'âge, de
l'état matrimonial et du niveau d'éducation révèle
que le fait de posséder ou pas la nationalité belge comme
déterminant de l'intention de migration secondaire. Ceux qui ont la
nationalité belge ont plus de chances d'exprimer l'intention de quitter
la Belgique. Les chances dans cette catégorie sont multipliées
par 1,51 par rapport à ceux qui n'ont pas la nationalité belge.
Ce résultat révèle une forme de protection et une marge de
manoeuvre que possèdent ceux qui ont déjà acquis la
nationalité belge. Ces derniers ont la possibilité de tenter
l'aventure ailleurs sachant qu'ils peuvent revenir à tout moment si
jamais l'expérience s'avérait non concluante. Le statut de
logement et l'état matrimonial, par contre, perdent leur pouvoir
explicatif, une fois que leurs effets sont contrôlés (tableau 14,
effet net).
5.4.2 Facteurs explicatifs de l'intention
d'émigration secondaire selon les destinations
Cette section, comparativement à la section
précédente, se concentre sur les principales destinations
envisagées par les migrants ayant l'intention de quitter la Belgique.
Elle a pour objectif de comparer les déterminants de l'intention de
l'émigration secondaire des migrants africains vivant en Belgique en
fonction de destinations envisagées. Cet exercice répond à
la deuxième partie de notre hypothèse en rapport avec
l'attractivité des politiques d'immigration et d'intégration des
Etats-Unis et le Canada et /ou la sélectivité en termes de
compétences et ressources des migrants qui souhaitent migrer vers
l'Europe.
Pour ce faire, nous avons exploité la question qui
accordait la possibilité aux migrants qui avaient l'intention de quitter
la Belgique de citer toutes les destinations possibles envisagées. Il
s'agissait donc d'une question à réponse multiple sur les
préférences de destination. Parmi ceux qui ont exprimé
l'intention de quitter la Belgique, la majorité a cité au moins
les Etats-Unis ou le Canada. Ces deux pays couvrent environ 44% de l'intention
d'une émigration secondaire à partir de la
Belgique38.
38 Ne prend en compte que ceux qui ont l'intention de
migrer et qui ne sont pas nés en Belgique.
88
Figure 23. Répartition des migrants secondaires
africains en fonction de destination envisagée
Source : Enquête Pombe, 2016
La catégorie "Autres" regroupe essentiellement les pays
européens avec en tête de fil le Royaume-Uni. L'intention en
faveur des pays africains dont le Sénégal, le Mali, le Benin et
le Burkina-Faso représente moins de 5%. Ces pays africains sont
différents de pays de naissance de migrants qui les envisagent. Ce qui
exclut automatiquement le biais de considérer une migration de retour en
lieu et place d'une émigration secondaire.
S'agissant des Etats-Unis et le Canada, les migrants qui
envisagent s'y rendre justifient leur choix principalement par la plus grande
ouverture aux personnes d'origine africaine. Cette motivation est citée
par trois migrants africains sur dix vivant en Belgique, soit 30%. Les
motivations relatives à l'amélioration des conditions de vie et
aux meilleures opportunités de carrières viennent respectivement
en dixième et troisième position.
Figure 24. Principales motivations de l'intention d'une
émigration secondaire aux Etats-Unis et au
Canada
|
|
Source : Enquête Pombe, 2016
|
|
89
Ces motivations traduisent à la fois un problème
d'intégration économique en Belgique en amont et le souci de
mieux-être et des meilleures opportunités de carrières
auxquels les migrants aspirent en aval. Afin de tester l'hypothèse
d'attractivité des politiques d'immigration et d'intégration des
migrants qui sont mises en exergue par les raisons sus-évoquées,
nous présentons dans le tableau synthèse (14) un deuxième
modèle consacré à l'intention d'une émigration
secondaire vers Etats-Unis et le Canada.
Il ressort du tableau 14 (deuxième modèle :
colonnes 3 et 4), que cinq (5) variables dont la situation dans l'emploi, le
statut de logement, le fait d'appartenir à une génération,
l'âge et l'état matrimonial sont déterminants de
l'intention d'une émigration secondaire vers les Etats-Unis et la
Canada.
S'agissant de la situation dans l'emploi, les chances de
vouloir quitter la Belgique au profit des Etats-Unis et du Canada sont trois
fois plus élevées chez les migrants qui ont un travail instable,
soit d'intérimaire ou sans contrat formel, soit à durée
déterminée comparativement à ceux qui ont un contrat
à durée indéterminée (3.20). Il en est de
même pour les étudiants dont les chances sont multipliées
par 2.61 comparativement à ceux qui ont un contrat à durée
indéterminée.
Pour ce qui est du statut de logement, la probabilité
de quitter la Belgique au profit des Etats-Unis et du Canada est cinq fois plus
élevée chez les hébergés ou ceux qui habitent
encore chez leurs parents comparativement aux migrants africains
propriétaires (5,3).
Quant au fait d'appartenir à une
génération, les migrants africains qui sont nés en Afrique
mais qui sont arrivés avant l'âge de 18 ans
(Génération 1.5) sont nombreux à exprimer leur projet de
migrer vers les Etats-Unis ou le Canada. Les chances de ceux qui sont
arrivés avant l'âge de 18 ans sont deux fois plus
élevées comparativement à ceux qui sont arrivés
après 18 ans en Belgique (2,49).
Les plus jeunes (18-30) sont plus exposés à
vouloir se rendre aux Etats-Unis et au Canada comparativement aux personnes
âgées de 50 ans et plus. Ces jeunes ont plus de deux fois plus
(2.77) de chances d'avoir l'intention de se rendre aux Etats-Unis et au Canada
comparativement aux personnes âgées de 50 ans et plus. Il en est
de même pour les célibataires qui voient leurs chances
multipliées par 1.85 comparativement aux migrants africains qui sont
mariés.
90
Comme pour l'intention de quitter la Belgique, le sentiment
d'appartenance n'est pas significatif de l'intention de migration secondaire
vers les Etats-Unis et le Canada. Le sexe et le niveau d'instruction
significatifs pour l'intention de quitter la Belgique ne déterminent
aucunement l'intention de migrer vers les Etats-Unis et le Canada, seuls comme
en présence des autres variables.
Ces résultats montrent que les migrants africains les
moins intégrés sur le plan socio-économique en Belgique
sont ceux qui sont les plus attirés par les politiques d'immigration et
d'intégration de des Etats-Unis et du Canada. Il s'agit principalement
de personnes qui ont des emplois qui ne correspondent pas à leurs
qualifications ou les étudiants d'une part et ceux qui ne sont pas
encore autonomes du point de vue de logement d'autre part. Ces derniers
évoquent la plus grande ouverture aux personnes d'origine africaine
comme principale motivation de leur intention de migrer vers les Etats-Unis et
le Canada.
Pour répondre à la question de savoir en quoi
les déterminants de l'intention d'émigrer vers les Etats-Unis et
le Canada diffèrent de ceux relatifs à l'intention
d'émigrer ailleurs, principalement en Europe, le tableau 13 (colonnes 5
et 6) ci-dessous présente le troisième modèle explicatif
qui ne tient compte que des migrants qui envisagent d'autres destinations,
différentes des Etats-Unis et du Canada afin de comparer et ressortir la
convergence et la divergence des facteurs explicatifs en fonction de
destination.
Avant d'y arriver, la figure 25 ci-dessous présente les
principales motivations qui justifient le projet de migration vers l'Europe.
Contrairement aux motivations qui justifient l'intention de migrer vers les
Etats-Unis et le Canada, la recherche des meilleures opportunités de
carrières est la motivation principale pour les migrants africains qui
envisagent de migrer à nouveau vers l'Europe (21%).
L'amélioration des conditions de vie vient en deuxième position
(18%).
Figure 25. Principales motivations de l'intention d'une
émigration secondaire vers l'Europe
|
|
Source : Enquête Pombe, 2016
|
|
91
Les motivations restent différentes en fonction de
destination envisagée. De même, les résultats de nos
analyses explicatives confirment que les effets de facteurs explicatifs
varient également en fonction de la destination.
Les migrants africains qui veulent se rendre en Europe
présentent des caractéristiques différentes de ceux qui
ont l'intention de se rendre aux Etats-Unis et au Canada.
Les résultats de nos analyses montrent que les migrants
africains les plus intégrés sur le plan économique en
Belgique, ceux qui ont un travail à durée
indéterminée qui correspondent à leurs qualifications (CDI
en sigle) et/ou propriétaires de leur maison, ont plus de chances de
vouloir migrer essentiellement vers l'Europe. Ces chances sont trois fois plus
élevées chez ceux qui ont un CDI comparativement à ceux
qui ont un CDD ou un autre emploi qui ne correspond pas à leurs
qualifications (effet brut). Il en est de même pour les étudiants
qui ont moins de chances de vouloir quitter la Belgique au profit d'autres pays
européens (Annexe 6). Les résultats du tableau 14 montrent que
les migrants qui ont un travail qui correspond à leurs qualifications
ont 61% plus de chances d'avoir un projet de migration secondaire vers l'Europe
comparativement à ceux qui n'ont pas d'emploi.
Quant au statut de logement, les personnes
hébergées ou qui habitent chez leurs parents sont loin de
s'imaginer quitter la Belgique au profit des autres pays européens.
Cette catégorie a cinq fois moins de chances d'avoir l'intention
d'émigrer en Europe comparativement aux migrants africains qui sont
propriétaires de leur maison en Belgique (Annexe 6).
Les migrants africains qui sont devenus belges ont plus de
chances d'exprimer l'intention de quitter la Belgique au profit des autres pays
européens comparativement à ceux qui n'ont pas la
nationalité Belge. Ces chances sont exprimées dans 62% de cas par
les migrants africains qui sont venus en Belgique avant l'âge de 18 ans
comparativement à ceux qui sont venus après l'âge de 18 ans
(tab, 14 : effet brut).
La catégorie de ceux qui aspirent à la migration
dans l'un des pays européens est formée majoritairement des
hommes. Ces derniers ont environ deux fois plus de chances d'avoir l'intention
de quitter la Belgique au profit d'un autre pays européen. Il s'agit
là des hommes qui sont non seulement dans une situation
économique satisfaisante, mais qui seraient aussi à la recherche
de meilleures opportunités de carrières et d'une meilleure
qualité de vie à en croire les principales motivations
évoquées (fig.25).
92
Tableau 14. Tableau synthèse des déterminants de
l'intention de quitter la Belgique et de migration secondaire en fonction de
destination envisagée
Variables
|
Modalités
|
Quitter la Belgique
|
Migration secondaire vers Etats-Unis et Canada
|
Migration secondaire vers Europe
|
Effet brut
|
Effet net
|
Effet brut
|
Effet net
|
Effet brut
|
Effet net
|
|
Pas d'emploi
|
0,82
|
0,92
|
1,37
|
1,24
|
0,62*
|
0,8
|
|
Etudiant
|
1,49*
|
1,16
|
2,61***
|
1,73
|
0,8
|
0,81
|
Situation dans l'emploi
|
CDD /Intérimaire
|
1,77**
|
1,80*
|
3,20***
|
2,58***
|
0,8
|
0,94
|
|
Non réponse
|
0,81
|
1,01
|
1,36
|
1,37
|
0,62
|
0,97
|
|
CDI/Corresp (réf)
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
|
Insuffisante
|
0,82
|
0,99
|
1,22
|
1,33
|
0,63
|
0,78
|
Situation financière
|
Tout juste suffisant
|
1,19
|
1,38
|
1,32
|
1,34
|
0,99
|
1,2
|
|
Suffisante (réf)
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
|
Locataire
|
0,95
|
0,91
|
1,35
|
1,15
|
0,75
|
0,79
|
Statut de
|
Autres
|
2,63*
|
2,01
|
5,3***
|
3,72**
|
0,57
|
0,51
|
logement
|
Non réponse
|
1,16
|
1,68
|
0,28
|
0,28
|
1,84
|
2,8
|
|
Propriétaire (réf)
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
|
Non belge
|
0,76
|
0,66**
|
1,02
|
0,81
|
0,62*
|
0,71
|
Nationalité
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Belge (réf)
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
|
Faible
|
0,87
|
1,22
|
1,55
|
1,5
|
0,67
|
0,87
|
Sentiment d'appartenance
|
Moyen
|
1,03
|
1,06
|
0,92
|
0,96
|
0,89
|
1,11
|
|
Fort (réf)
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
|
Né en Belgique
|
1,70**
|
1,03
|
1,59*
|
1,15
|
1,62
|
1
|
Génération
|
Génération 1.5
|
2,85***
|
2,20**
|
2,49***
|
2,17**
|
1,62*
|
1,35
|
|
Né en Afrique (réf)
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
|
Femme
|
0,84
|
0,71*
|
1,26
|
1,15
|
0,65**
|
0,58*
|
Sexe
|
Homme (réf)
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
|
31-49
|
0,52***
|
0,66*
|
0,47***
|
0,75
|
0,82
|
0,75
|
Age
|
50 et +
|
0,42***
|
0,45**
|
0,36***
|
0,66
|
0,76
|
0,51
|
|
18-30 (réf)
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
|
Marié
|
0,59***
|
0,83
|
0,54***
|
0,84
|
0,83
|
0,88
|
Etat matrimonial
|
Séparé / Divorcé / veuf (ve)
|
0,96
|
1,62
|
0,57
|
0,93
|
1,46
|
1,87
|
|
Non réponse
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
|
Célibataire (réf)
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
|
Au plus secondaire
|
0,9
|
0,66*
|
0,97
|
0,69
|
0,88
|
0,77
|
Niveau
|
Supérieur court
|
1,25
|
1,16
|
1,08
|
1,04
|
1,24
|
1,14
|
d'instruction
|
Non réponse
|
1
|
1
|
|
1
|
1
|
1
|
|
Supérieur long (réf)
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
Constant
|
|
1,34
|
|
0,14***
|
|
0,81
|
Nombre d'observations
|
|
797
|
|
798
|
|
798
|
Prob >chi2
|
|
0,0004
|
|
0,0084
|
|
0,1411
|
Pseudo R2
|
|
0,0668
|
|
0,0705
|
|
0,0393
|
Légende : *** : p<0,01 ; ** : p<=0,05 ; * :
p<0,10
93
Ces résultats montrent que ceux qui ont l'intention de
quitter la Belgique au profit de pays européens sont ceux qui sont
stables sur le plan économique. Il s'agit là d'une
catégorie de plus aisés, de ceux qui ont plus de ressources et
qui, au-delà des intentions, peuvent effectivement se permettre de
migrer car la migration en elle-même engage un coût que les plus
démunis ou ceux qui n'ont pas d'emploi ne peuvent se permettre. On peut
en déduire que c'est le groupe de personnes sur lequel repose la
théorie de Aspiration/ability de Carling et
Schewel (2018) : à savoir, les personnes qui sont à mesure de
transformer leurs projets migratoires en une migration effective. Cette
catégorie s'oppose à la notion de l'immobilité
involontaire qui accable les personnes qui aspirent à
migrer mais qui ne disposent pas des ressources nécessaires à la
migration. C'est le cas des migrants africains les moins intégrés
sur le plan économique et social vivant en Belgique qui ont peu de
ressources et qui envisagent migrer vers les Etats-Unis et le Canada pour
des raisons relatives à la plus grande ouverture aux personnes d'origine
africaine d'une part et d'ordre professionnel et d'amélioration des
conditions de vie d'autre part. Il s'agit ici, de la catégorie de
migrants qui, en dépit qu'ils ont un emploi -précaire :
intérimaires ou un CDD-, sont moins satisfaits de leur situation ou
condition de vie en Belgique et espèrent trouver mieux ailleurs,
notamment aux Etats-Unis et au Canada (tableau 15).
Entre ces deux catégories, les plus aisées
(Aspiration/ability) et ceux qui ont peu des ressources (Immobilité
involontaire), se trouvent les personnes qui disposent des ressources
nécessaires pour migrer mais qui n'aspirent pas à la migration
secondaire (Capacities) et ceux qui n'ont pas des ressources et n'ont pas non
plus l'intention de migrer (Immobilité d'acquiescement).
Le concept capacities renvoie
à l'approche la plus large de la capacité/aptitude à
migrer. Elle est une forme de liberté indépendante des
préférences de gens en matière de migration alors que
l'immobilité d'acquiescement nourrit la
controverse de la théorie Push-Pull qui suppose que l'aspiration de
migrer est linéairement corrélée au niveau de
pauvreté (Carling & Schewel, 2018). En ce sens, l'immobilité
d'acquiescement est considérée en partie comme une
conséquence de l'immobilité "involontaire ". En d'autres termes,
on finit par ne plus avoir d'aspirations lorsque les ressources ne permettent
pas de les concrétiser.
Enfin, il convient de souligner que les migrants qui se
trouvent dans l'immobilité involontaire sont généralement
ceux qui ont développé un fort sentiment d'appartenance à
la Belgique, conséquence d'une longue période d'installation en
Belgique et de leur naturalisation. Ils sont
94
généralement mariés avec enfants et par
conséquent moins enclins à l'idée de quitter la Belgique
probablement pour des raisons liées à la vie familiale et
à la scolarisation des enfants (Annexe 7). A ce sujet, l'étude de
Toma & Castagnone (2015) a montré que le fait pour les migrants
d'avoir leurs conjoints ou leurs enfants dans le pays de destination a un effet
négatif sur l'émigration secondaire.
Tableau 15. Catégorisation des migrants africains vivant
en Belgique en fonction de leurs aspirations et ressources inspirée
de Carling (2002)
Variables
|
Disponibilité des ressources
|
|
Modalités
|
En disposent
|
N'en disposent
|
Aspiration de migrer
|
Aspire
|
Aspiration/ability :
- Migrants les plus aisés (CDI, propriétaire,...)
;
- ont la nationalité Belge ;
- Probablement plus âgés qui veulent migrer vers
l'Europe - Hommes en majorité
- Plus instruits
|
Immobilité involontaire :
Migrants qui disposent peu de ressources
- Migrants les moins intégrés ou ayant un emploi
précaire (Sans contrat, Intérimaire ou CDD...) ;
- Autres (Hébergés et ceux qui habitent encore chez
les parents) ;
- Femmes en majorité
- Jeunes et Célibataires qui veulent migrer vers les
Etats-Unis et le Canada.
|
N'aspire pas
|
Capacities: Certains migrants qui
disposent les ressources mais n'aspirent pas à une émigration
secondaire =
Immobilité volontaire
- Migrants plus aisés ;
- Ont la nationalité Belge
- Fort sentiment d'appartenance à la Belgique ;
- Longue durée d'installation en Belgique probablement
;
- Mariés avec famille en Belgique.
|
Immobilité d'acquiescement:
Migrants qui n'ont pas de ressources et n'aspirent pas non plus
à une émigration secondaire.
- Les non-intégrés ou les démunis (Pas
d'emploi et pas d'autonomie sur le plan de logement) ;
- Probablement plus jeunes ; - Courte durée d'installation
; - Ne sont pas encore Belge.
|
Notons que la catégorisation faite (tableau 15) tire sa
substance dans l'ensemble des résultats de nos analyses tels que
synthétisés au tableau 14 mais aussi de l'analyse des
interactions (Annexe 7). Cette analyse des interactions justifie le fait que la
situation dans l'emploi influe sur les aspirations migratoires en fonction de
choix de destination différemment selon le sexe et selon l'âge. Il
en est de même pour la nationalité et le statut de logement qui
agissent sur les aspirations migratoires, différemment selon le sexe,
l'état matrimonial et le sentiment d'appartenance.
95
L'ensemble des résultats dans le tableau Annexe 7, bien
qu'il justifie en grande partie la catégorisation faite au tableau 15,
ouvre d'autres pistes de réflexion dont les réponses ne seront
pas données dans le cadre de cette étude. C'est le cas, par
exemple, de migrants africains belges qui ont une probabilité de loin
inferieure à vouloir quitter la Belgique des suites d'un fort sentiment
d'appartenance à la Belgique comparativement à ceux qui sont
Belges mais qui ont un faible sentiment d'appartenance à la Belgique
(4.99***).
Les quelques questions auxquelles, nous n'avons pas de
réponses toutes faites sont celles de savoir : qui sont ces Belges qui
ont un faible sentiment d'appartenance à la Belgique ? et qui sont ces
migrants non-intégrés, qui n'ont pas d'emploi ?
En guise de conclusion, la catégorisation telle que
construite mérite une formulation des hypothèses propres à
chacune des interactions possibles afin que ces dernières soient
testées de façon approfondie étant donné que les
résultats de l'étude portent essentiellement sur les aspirations
migratoires et non explicitement sur la migration secondaire effective.
96
Chapitre 6. Discussion des principaux
résultats
Cette discussion se fait premièrement du point de vue
de l'ampleur de l'émigration secondaire aux Etats-Unis et au Canada et
deuxièmement du point de vue des facteurs explicatifs de l'intention
d'émigration secondaire des migrants africains vivant en Belgique vers
ces deux destinations et vers l'Europe.
Du point de vue de l'ampleur, les résultats de cette
étude réaffirment l'importance de l'immigration africaine aux
Etats-Unis et au Canada et montrent que l'émigration secondaire
africaine, bien que faible, existe mais les données qui permettent de la
saisir se font de plus en plus rares. Certaines bases de données
permettent de la saisir uniquement par déduction. De même, les
bases de données individuelles sur la migration secondaire africaine
effective notamment aux Etats-Unis et au Canada sont inexistantes39.
Les bases de données exploitées pour le compte de cette
étude ont permis, outre les caractéristiques des immigrants
africains, d'identifier le profil des migrants secondaires africains aux
Etats-Unis et au Canada. Ces migrants sont les plus qualifiés en termes
de compétences ou niveau d'éducation et de revenus.
Ces résultats corroborent ceux trouvés par
Takenaka (2007) et Greenwood & Young (1997) qui montrent clairement que bon
nombre des immigrants admis aux Etats-Unis (12.5%) et au Canada (16%) venaient
des pays autres que ceux dans lesquels ils sont nés. Ces migrants
secondaires africains, aux Etats-Unis, sont arrivés dans 92% de cas
après l'année 2000 (IPums, 2018) en provenance principalement du
Royaume-Uni, de la France, de l'Allemagne et de l'Italie. De ce constat
découlent deux informations pertinentes. Premièrement, il
révèle que l'émigration secondaire est un
phénomène ancien -même si sa mesure pose problème
dans nombre des pays- mais le plus grand intérêt que les
chercheurs y ont accordé ces dernières années s'explique
par la mondialisation et l'émergence des personnes hautement
qualifiées (africaines en particulier) à la recherche de
meilleures opportunités de carrières dans les pays les plus
développés. Deuxièmement, il confirme le fait que les
migrants secondaires viennent généralement des pays les plus
pauvres et migrent d'abord vers les pays les plus riches avant de migrer
davantage vers les États-Unis (Takenaka, 2007). Dans le cas
d'espèce, l'Europe est le principal continent de transit des migrants
secondaires africains vers les Etats-Unis et le Canada.
39 D'ailleurs, le recensement au Canada ne tient pas
compte de la dernière résidence des migrants
97
Il faut néanmoins signaler que le résultat en
rapport avec les pays de transit est obtenu en isolant les autres continents
dont l'Afrique dans l'analyse afin d'identifier les principaux pays
européens de transit vers les Etats-Unis et le Canada dans la logique de
Takenaka (2007). Notons, par ailleurs, que l'analyse fine et globale,
intégrant tous les continents, sur quelques pays africains à
l'aide de données de Ipums (2018) pour les Etats-Unis et Demig C (2015)
pour le Canada, révèle que l'Afrique reste le premier continent
de transit des Africains avant d'atterrir aux Etats-Unis et au Canada (fig.13
et 18). Ceci est valable aussi pour les migrants secondaires d'origine
africaine, c'est-à-dire ceux qui sont nés en Afrique comme
ailleurs.
Du point de vue des facteurs explicatifs, la
non-intégration socio-économique explique mieux l'intention de
quitter la Belgique. Cette non-intégration se manifeste par l'intention
de quitter la Belgique à un nombre important des migrants africains,
soit 42,46%, pour aller s'installer dans un autre pays que leur pays de
naissance. Cette intention de quitter la Belgique est soutenue par des
motivations qui sont d'ordre professionnel (30,6%) et d'amélioration des
conditions de vie (35,9%). Ces résultats reflètent la
réalité de la société Belge car le rapport de
Service public fédéral Emploi, travail et concertation sociale
chiffre à 19% l'écart de taux d'emploi en faveur des Belges
comparativement aux migrants non-européens (SPFE, CTC, 2017). Cet
écart s'explique notamment par la non-qualification, la
non-reconnaissance des diplômes et les discriminations auxquelles font
face les migrants non-UE (Martens et al, 2005 ; Flahaux, 2013 :45 et Unia,
2017). Au-delà de cet écart, qui est une réalité
dans la société belge, il convient de noter que, dans la zone
européenne, le taux d'emploi des migrants non-UE reste faible en
Belgique comparativement aux autres pays de l'Union européenne (OCDE,
2015).
Par ailleurs, à la situation dans d'emploi, s'ajoutent
notamment la nationalité et le statut de logement comme facteurs majeurs
dans l'explication de l'intention de quitter la Belgique, d'émigration
secondaire vers les Etats-Unis et le Canada et aussi vers l'Europe.
S'agissant de la situation dans l'emploi, il ressort de nos
analyses que les chances de vouloir quitter la Belgique au profit des
Etats-Unis et du Canada sont d'environ trois fois plus élevées
chez les migrants qui sont moins intégrés, c'est-à-dire
qui ont un travail instable, soit d'intérimaire ou sans contrat formel,
soit à durée déterminée comparativement à
ceux qui ont un contrat à durée indéterminée. Ces
migrants moins intégrés justifient leur choix principalement par
la plus grande ouverture aux personnes d'origine africaine et par les
motivations relatives à l'amélioration des conditions de vie.
Cette évidence montre que les
98
moins intégrés sur le plan professionnel sont
plus nombreux à espérer trouver mieux aux Etats-Unis et au Canada
comparativement aux plus intégrés en Belgique. Ces
résultats corroborent ceux trouvés par Toma & Castagnone
(2015). Ces dernières soulignent que la probabilité de
ré-migration est faible si le candidat à la migration a un emploi
qualifié ou semi-qualifié contrairement à ceux qui n'ont
pas d'emploi ou ont un statut plus précaire. Il en est de même
pour l'étude menée par de Hoon et al (2019) auprès de
réfugiés au Pays-Bas. Ces derniers trouvent à leur tour
que la probabilité d'une émigration secondaire est très
élevée chez les réfugiés sans emploi ou sans
revenus comparativement à ceux qui ont un emploi. Il s'agit ici du
contexte ou de l'environnement dans lequel se trouvent les migrants et de leurs
conditions socio-économiques dans cet environnement qui
déterminent leurs nouvelles aspirations. Il y a là
nécessité de reconnaitre l'importance de l'expérience
migratoire antérieure dans l'explication d'une mobilité continue
ou de migrations multiples (Scheibelhofer, 2018) et du caractère
économique intrinsèquement lié à la migration
(Piguet, 2013 ; Leslie et Richardson, 1961 ; Drechsler et Gagnon, 2008).
Pour ce qui de la nationalité, la naturalisation des
migrants africains vivant en Belgique s'avère une variable importante
dans l'explication de l'intégration socio-économique et de
l'émigration secondaire. La naturalisation est un élément
important dans l'intégration sociale des migrants dans ce sens qu'elle
les accorde les avantages inhérents à la citoyenneté
belge. Parmi ces avantages, les deux principaux sont la réduction des
obstacles pour obtenir un emploi et la liberté de mouvement. De ce fait,
ne pas détenir la nationalité belge est un frein à
l'emploi mais son acquisition augmente les chances de trouver un emploi de 14%
selon le Conseil supérieur de l'emploi (2018) en Belgique. L'engouement
à la recherche de la naturalisation dont fait montre les migrants non-UE
et africains en particulier est l'une des explications possibles. Quant
à la liberté de mouvement, les résultats de notre
étude montrent que l'intention d'une émigration secondaire vers
l'Europe est très élevée chez ceux qui ont la
nationalité belge comparativement à ceux qui n'en ont pas. Toma
et Castagnone (2015) rappellent à ce sujet que la naturalisation
facilite le mouvement intra union-européenne en particulier dans ce sens
que les directives de l'UE sur l'immigration permettent d'octroyer les droits
d'entrée et de séjour au sein de l'UE qu'à certaines
catégories de migrants tels que les étudiants, les
résidents de longue durée et les travailleurs hautement
qualifiés. Ainsi, les migrants ne faisant pas tous partie de
catégories susmentionnées, avoir la nationalité belge ne
fait que faciliter davantage leur mobilité. A ce sujet, l'étude
menée par de Hoon et al (2019) sur les réfugiés au
Pays-Bas montre que la naturalisation entraîne un taux
d'émigration
99
secondaire plus élevé parmi les
réfugiés qui ont bénéficié d'aides sociales
et parmi ceux qui étaient en possession d'un «passeport
faible40» avant la naturalisation. Ce résultat
révèle une forme de protection et une marge de manoeuvre que
possèdent ceux qui ont déjà acquis la nationalité
belge. La protection est assurée par la facilité de mouvement en
tant que citoyen belge et la marge de manoeuvre s'appréhende par la
possibilité de rentrer en Belgique même si l'émigration
secondaire se soldait à nouveau par un échec ou par le fait de ne
pas réaliser les aspirations inhérentes à la
énième mobilité.
En ce qui concerne le statut de logement, la
probabilité de quitter la Belgique au profit des Etats-Unis et du Canada
est largement plus élevée (5,3) chez les hebergés
comparativement aux migrants africains propriétaires. Etant un facteur
d'intégration sociale41 à part entière, le
statut de logement est significativement lié à l'intention d'une
émigration secondaire et à la migration secondaire effective.
L'étude menée par Beenstock (1996) en l'Israël a
révélé que la migration des immigrants vers d'autres
destinations n'était pas nécessairement expliquée par le
chômage mais par des facteurs d'intégration sociale tels que la
langue et le logement. De même, l'étude de Humphries et al.
(2009), menée dans un contexte diffèrent de celui de Beenstock
(1996) -avait pour objectif d'éclairer les décideurs dans la
prise de décisions en rapport avec le besoins en main d'oeuvre
infirmière migrante dans le cadre du projet "The Nurse Migration
Project"- ont trouvé que l'intention d'une émigration secondaire
des infirmières philippines et indiennes d'Irlande vers le Canada, les
États-Unis et l'Australie s'expliquait par l'accès à la
résidence permanente et à la citoyenneté. Ces
études corroborent nos résultats et confirment le pouvoir
explicatif du statut de logement ou de l'accès au logement sur non
seulement l'intention d'émigration secondaire mais aussi sur
l'émigration secondaire effective.
Enfin, pour ceux qui ont exprimé l'intention
d'émigration secondaire vers l'Europe, leur choix s'explique
principalement par la recherche de meilleures opportunités de
carrières. Cette catégorie des migrants est constituée
essentiellement des migrants africains les plus intégrés sur le
plan socio-économique en Belgique : ceux qui ont un travail à
durée indéterminée qui correspondent à leurs
qualifications et qui sont propriétaires de leur maison. Contrairement
aux moins intégrés qui n'ont pas souvent les ressources
nécessaires et disponibles pour concrétiser leurs aspirations,
-comme c'est le cas de ceux qui ont l'intention
40 En termes de droits de mobilité et de
possibilités de voyager sans visa.
41 Certains considèrent l'accès à
la propriété immobilière comme une variable purement
économique et d'autres par contre comme une variable sociale ou
socio-économique.
100
de migrer vers les Etats-Unis et le Canada-, ceux-ci sont pour
la plupart hyper qualifiés, disposent plus de ressources par rapport au
reste de la population (Docquier & Marfouk, 2006 ; Nekby, 2006 ; Sorana et
Eleonora, 2015) et peuvent effectuer autant de migrations possibles à la
recherche de mieux-être. En effet, la poursuite de la mobilité
permet une meilleure valorisation du capital humain des migrants, tout en
étant facilitée par leur niveau de compétence (Kelly,
2012).
C'est à ce titre que nous avons développé
à l'aide du modèle de Carling (2002) une catégorisation
nous permettant de différencier la capacité des migrants à
convertir leurs aspirations en migration effective en fonction de leurs
ressources car l'intention et le comportement sont intimement liés
(Carling & Schewel, 2018). Une autre explication possible à cette
catégorisation est que lorsque les individus développent le
désir de migrer ou de ré-migrer, le résultat dépend
de leur capacité à le concrétiser, compte tenu des
obstacles et des opportunités propres au contexte. Pour Carling (2002),
les obstacles les plus importants à la migration sont souvent les
politiques d'immigration restrictives. Mais ces politiques s'appliquent
inégalement à différents groupes sociaux (Van Hear, 2014).
Elles ont tendance à faciliter le mouvement des personnes hautement
qualifiées tout en le restreignant aux migrants peu qualifiés
(Carling & Schewel, 2018 :12).
101
Conclusion générale
Dans ce mémoire, nous avons abordé la question
de l'intégration et des facteurs explicatifs des aspirations de
migrations secondaires des migrants africains vivant en Belgique en fonction de
destination envisagée. L'originalité de cette étude se
résume en ce sens qu'elle aborde la question des intentions
d'émigration secondaire auprès des migrants africains dans le
contexte de la Belgique et par là, catégorise les migrants en
fonction de leur capacité à transformer les aspirations en une
migration effective.
Cette étude avait un double objectif, celui de
documenter l'émigration secondaire africaine aux Etats-Unis et au Canada
et d'analyser les facteurs explicatifs de l'émigration secondaire. Plus
spécifiquement l'étude a permis de résumer l'ampleur de
l'immigration et de l'émigration secondaire africaine aux Etats-Unis et
au Canada, à caractériser les migrants secondaires africains et
à identifier les principaux pays de transit, à faire un
état de lieux de l'intégration des migrants africains en
Belgique, à analyser les motivations contextuelles et individuelles des
migrants qui ont l'intention de migrer vers les Etats-Unis et ailleurs et enfin
identifier le profil de ces migrants en fonction de choix de destination en
dehors de la Belgique. L'hypothèse centrale que nous avons testée
dans cette recherche est que la non-intégration économique des
migrants africains vivant en Belgique joue un rôle
prépondérant dans la décision d'émigration
secondaire vers les Etats-Unis et le Canada.
Pour répondre à nos objectifs et vérifier
notre hypothèse centrale, plusieurs sources des données à
la fois administratives, provenant de grandes bases des données sur les
migrations internationales (IPIUMS, U.S. Department of Homeland Security,
Yearbook of Immigration Statistics, Migration data portal, Government of
Canada, IRCC, 2015, Nations Unies, New immigration Survey, Immigrations OCDE,
Demig Country to country) et d'enquête (Enquête Pombe, 2016) ont
été exploitées.
L'analyse descriptive de l'ampleur de la migration secondaire
africaine aux Etats-Unis et au Canada a révélé que
l'émigration secondaire est une affaire des plus nantis à priori.
Ceux qui sont plus instruits et disposent de plus de ressources ont plus de
chances d'effectuer une émigration secondaire mais aussi de rester dans
un schéma de mobilité continue. L'Afrique reste le continent de
transit par excellence de migrants africains vers les Etats-Unis et le Canada.
L'Europe est le deuxième continent de transit après l'Afrique. Le
Royaume-Uni, la France, l'Allemagne et l'Italie sont les 4 principaux pays de
transit en Europe.
102
S'agissant des facteurs explicatifs de l'intention
d'émigration secondaire, l'état de l'intégration des
migrants africains vivant en Belgique est plus que significatif. Ceux qui sont
moins intégrés veulent quitter la Belgique au profit des
Etats-Unis et du Canada principalement. Ces derniers justifient leur choix
principalement par la plus grande ouverture aux personnes d'origine africaine
et par les motivations relatives à l'amélioration de leurs
conditions de vie. Par contre, ceux qui veulent migrer vers l'Europe
essentiellement se recrutent parmi les plus qualifiés, qui ont un
travail à durée indéterminée qui correspondent
à leurs qualifications, qui sont propriétaires de leur maison et
en grande majorité naturalisés belges. Le choix de l'Europe pour
cette catégorie des migrants s'explique principalement par la recherche
de meilleures opportunités de carrières.
Les résultats de cette étude mettent en exergue
le lien étroit entre l'état de l'intégration des migrants
et les aspirations migratoires de ces derniers en fonction de choix de
destination envisagée. Cet état d'intégration est
manifeste dans le cadre de cette étude notamment par la situation dans
l'emploi, la nationalité et le statut de logement.
La situation dans l'emploi est, en quelque sorte, le miroir de
l'intégration économique des migrants africains vivant en
Belgique. Ces derniers sont nombreux à ne pas avoir un emploi durable ou
stable en Belgique. L'écart de taux d'emploi en faveur des Belges
comparativement aux migrants non-européens est grand (19%) et même
le plus élevé dans toute la zone européenne. Cet
état de choses est non seulement explicatif de nouvelles aspirations
migratoires chez les migrants africains mais montre combien la rétention
des migrants ne pourrait passer, outre la souplesse des politiques
d'immigrations en générales, que par les politiques
d'intégration. Mais alors, la préférence de l'Europe par
les migrants les plus qualifiés révèle que l'analyse des
aspirations migratoires mérite d'être faite pas uniquement sous
l'angle de la non-intégration mais que l'on doit considérer
qu'elles sont aussi liées, tout simplement, à la recherche de
meilleures opportunités de carrières.
La nationalité, quant à elle, est explicative de
l'émigration secondaire vers l'Europe principalement. Elle incarne un
triple rôle. Premièrement, elle vient en appui à la
probabilité de trouver un emploi car les migrants africains
naturalisés belges ont plus de chances de trouver un emploi
comparativement à ceux qui n'ont pas la nationalité belge.
Deuxièmement, elle est une forme de protection car elle assure aux
migrants la facilité de mouvement en tant que citoyen belge,
principalement dans la zone Euro. Et troisièmement, elle accorde une
marge de manoeuvre aux migrants naturalisés qui aspirent à une
migration secondaire dans ce
103
sens que ces derniers ont la possibilité de rentrer en
Belgique en tant que citoyen belge en cas d'échec ou de non
réalisation des objectifs inhérents à ladite migration
secondaire.
Le statut de logement s'est avéré très
significatif de l'intention d'émigration secondaire vers
l'Amérique du Nord pour ceux qui sont hébergés ou qui
vivent chez leurs parents. Ce résultat montre, comme pour ceux qui ont
un travail instable, combien la précarité est répulsive et
est un cadre propice à la définition ou la redéfinition de
nouvelles aspirations migratoires des migrants. C'est dans pareilles
circonstances que les politiques d'immigration et d'intégration des
Etats-Unis et du Canada notamment par la loterie font surface dans les discours
de ceux - migrants ou non-migrants- qui y sont attirés.
Outre l'influence remarquable de l'état de
l'intégration des migrants en Belgique sur les perspectives migratoires
vers l'Amérique du Nord pour les moins intégrés et vers
l'Europe pour les plus intégrés, cette étude
réaffirme la relation significative entre la migration et le cycle de
vie. Les célibataires et les jeunes ont plus de chances de vouloir
migrer que les personnes en couple et trop âgées respectivement. A
ces résultats s'ajoute l'explication de l'intention d'émigration
secondaire en fonction du genre. Les hommes sont majoritaires à vouloir
quitter la Belgique et à envisager l'émigration secondaire vers
l'Europe essentiellement. Alors que la probabilité d'envisager
l'émigration secondaire vers les Etats-Unis et le Canada est très
élevée chez les femmes comparativement aux hommes. Ces
résultats font penser que les hommes seraient plus
intégrés en Belgique par rapport aux femmes. Il est aussi
envisageable, sans être affirmé dans le cas d'espèce, que
les aspirations migratoires féminines vers les Etats-Unis et le Canada
seraient liées aux raisons familiales.
En somme, la réalisation de ce mémoire a
été confrontée à plusieurs limites qu'il convient
de souligner. Sur le plan de la mesure de la migration secondaire africaine aux
Etats-Unis et au Canada, les bases de données administratives sont
limitées. Une seule source, faisant référence aux
données de recensements, a permis de saisir l'émigration
secondaire africaine aux Etats-Unis (Ipums). Dans cette source les
données relatives au Canada ne disposant pas les variables relatives
à la migration internationale et aux dernières résidences
des migrants. Chose qui nous a rendu la tâche difficile et a
éloigné l'idée d'une comparaison entre les deux pays. Pour
contourner cette limite, les données Demig C ont été
utilisées. Ces données nous ont permis de faire une
déduction de l'émigration secondaire africaine sans pour autant
identifier les pays de dernière résidence. Sur le plan
terminologique, le terme "émigration secondaire" pourrait paraitre un
peu abusif dans ce sens où certains migrants africains en
104
Belgique ont sans doute migré dans d'autres pays avant
de venir en Belgique. Pour eux, le fait de penser d'aller aux USA ou au Canada
en particulier ne peut être considéré comme une migration
secondaire, mais une énième migration. Malheureusement, les
données analysées ne permettent pas de différencier les
intentions d'émigration secondaire des intentions de migration
multiple.
En outre, les motivations d'émigration secondaire vers
Etats-Unis et le Canada ont été utilisées dans cette
étude comme un proxy de l'attractivité de politiques
d'immigration et d'intégration aux Etats-Unis et au Canada. Ce choix
s'explique par le fait que les données de l'enquête
analysées ne disposent pas des variables qui permettent de mieux saisir
l'attractivité des politiques d'immigration et d'intégration aux
Etats-Unis et au Canada.
Ce mémoire ouvre, ainsi, d'autres pistes de recherche
pour approfondir la question de l'impact réel de politiques
d'immigration et d'intégration dans les pays de destination sur les
aspirations migratoires des migrants en général et sur les
migrants africains vivant en Belgique en particulier. Pour ce faire, les
variables permettant de mesurer l'impact réel de politiques
d'immigration et d'intégration sur les aspirations migratoires des
migrants doivent être intégrées dans les enquêtes
ultérieures. Aussi, la différence de l'effet du genre sur les
aspirations migratoires en fonction de choix de destination mérite
d'être creusée afin de cerner la convergence et/ou la divergence
des facteurs explicatifs des aspirations d'émigration secondaire en
fonction de choix de destination chez les hommes et chez les femmes. Il serait
également souhaitable d'intégrer le statut juridique et les
réseaux familiaux et communautaires des migrants dans les études
ultérieures sur les aspirations migratoires. Ces variables permettront
de comprendre, d'une part, l'immobilité d'acquiescement en fonction du
statut juridique et d'autre part, le choix de certaines destinations par
rapport à d'autres en fonction de liens familiaux, d'amitiés,
communautaires voire ethniques. En outre, une analyse en fonction du
degré de certitude des intentions est à envisager. A ce sujet,
l'analyse de régression avec probit ordonné est l'une des
méthodes recommandées afin de cerner les différences dans
les facteurs explicatifs selon le degré de l'intention
d'émigration secondaire. Enfin, faire une étude biographique
serait l'idéal pour bien apprécier l'antériorité
des évènements sur l'occurrence des aspirations ou les nouvelles
aspirations migratoires. Cette étude permettra de distinguer les
aspirations migratoires qui s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie
de mobilité de celles qui sont liées à la
non-intégration économique en particulier.
105
Bibliographie
Adami, H., & André, V. (2012). Vers le
Français Langue d'Intégration et d'Insertion (FL2I). In Adami,
H., & Leclercq, V. (Eds.), Les migrants face aux langues des pays
d'accueil : Acquisition en milieu naturel et formation.
(pp.277-289).Villeneuve d'Ascq : Presses universitaires du Septentrion.
Ahrens, J., Kelly, M., et Van Liempt, I. (2016). Free
movement? The onward migration of EU citizens born in Somalia, Iran, and
Nigeria. Population Space Place, vol. 22, (1), 84-98.
Altay, M., & Saïd, O. (2017). Flux et stocks
migratoires en Belgique : facteur de peuplement et de rajeunissement. In
Manço, A., et coll. (Cord.), L'apport de l'Autre. Dépasser la
peur des migrants. (pp. 31-40). Paris : L'Harmattan.
Anderson, G. (2008). Les Américains et leurs migrants.
Revue Projet, 304 (3), 12-17. doi:10.3917/pro.304.0012.
Anju, M. P. (2011). Stepwise International Migration: A
Multistage Migration Pattern for the Aspiring Migrant. American Journal of
Sociology, 116 (6), 1842-86.
Anju, M.P. (2012). Multinational Maids: Multistate
Migration among Aspiring Filipino Migrant Domestic workers. A dissertation
submitted in partial fulfillment of the requirements for the degree of Doctor
of Philosophy (Public Policy and Sociology) in The University of Michigan.
451p.
APIC. (2004). Realizing Innovation and Human Capital
Potential in APIC: Report by APEC Economic Committee, November 2000,
Singapore. 140p.
Aydemir, Abdurrahman and Robinson. C. (2008). Global Labour
Markets, Return, and Onward Migration. Canadian Journal of Economics,
41(4), 1285-1311.
Beenstock, M. (1996). Failure to Absorb: Remigration by
Immigrants into Israel. International Migration Review, 30(4),
950-978.
Benton, M., Petrovic, M., (2013). How free is free movement?
Dynamics and drivers of mobility within the European Union, Migration
Policy Institute, 30 p.
Berkson, J., (2003). Tests of significance considered as
evidence. International Journal of Epidemiology, 32 (5), 687-691.
https://doi.org/10.1093/ije/dyg255.
Bohnert, N., et Patrice D. (2014). Projection de l'immigration
internationale , dans Bohnert, N., Jonathan, C., Simon, C., Patrice, D., et
Laurent, M. (Eds.), Projections démographiques pour le Canada (2013
à 2063), les provinces et les territoires (2013 à 2038) :
Rapport technique sur la méthodologie et les hypothèses, no
91-620 au catalogue de Statistique Canada. Canada, 87p.
Boudarbat, B., & Ebrahimi, P. (2016). L'intégration
économique des jeunes issus de l'immigration au Québec et au
Canada. Cahiers québécois de démographie, 45(2),
121- 144.
https://doi.org/10.7202/1040392ar
Boussichas, M. (2009). Politiques Migratoires et
Développement : Optimiser les effets de l'émigration.
Université d'Auvergne, Clermont-Ferrand I, Auvergne, 442p.
Boyd, M. (1989). Family and Personal Networks in International
Migration: Recent
Developments and New Agendas. The International Migration
Review, 23 (3), 638-670. Camilleri, R. (2006). Questions sur les
migrations dans les recensements des pays
méditerranéens : Inventaire et étude
comparative. Working papers et Etudes,
106
Luxembourg, 74p.
https://ec.europa.eu/eurostat/documents/3888793/5835177/KS-CC-06-004-FR.PDF/502131a3-0e43-4aac-b748-e32d741745a2?version=1.0
Carling, J. (2002). Migration in the age of Involuntary
Immobility: Theoretical Reflections and Cape Verdean Experiences. Journal
of Ethnic and Migration Studies, 28 (1), 5-42.
Carling, J. (2014). The Role of Aspirations in Migration
.Paper presented at Determinants of International Migration,
International Migration Institute, University of Oxford, Oxford, 23-25
September.
Carling, J., & Collins, F. L. (2018). Aspiration, desire
and drivers of migration. Journal of Ethnic and Migration Studies, 44
(6), 909-926.
Carling, J., & Schewel, K., (2018). Revisiting aspiration
and ability in international migration. Journal of Ethnic and Migration
Studies. Vol. 44, (6), 945-963,
Castellotti, V., & de Robillard, D. (2001). Langues et
insertion sociale : matériaux pour une
réflexion sociolinguistique. Langage et
société, 98(4), 43-75. doi:10.3917/ls.098.0043. Castro,
L.J., and Rogers, A. (1981). Model Migration Schedules. International
Institute for
Applied System Analysis, Research Report 81-30.
Collins, F. L. (2018). Desire as a Theory for Migration
Studies: Temporality, Assemblage and Becoming in the Narratives of Migrants.
Journal of Ethnic and Migration Studies, 44
(6), 964-980. doi:10.1080/1369183X.2017.1384147.
Conseil supérieur de l'emploi (2018). Les
immigrés nés en dehors de l'Union européenne sur
le marché du travail en Belgique. 178p.
http://www.emploi.belgique.be/rapportcseoctobre2018/.
Czaika, M., et de Haas, H. (2014). The Globalization of
Migration: Has the World Become More Migratory? International Migration
Review, 48, (2), 283-323.
Daniel, D. (2003). La politique de l'immigration aux
États-Unis. Revue internationale et stratégique, 50(2),
147-155. doi:10.3917/ris.050.0147.
David, A. (2017). Back to square one: socioeconomic
integration of deported migrants. International Migration Review, 51
(1), 127-154.
De Gourcy Constance (2013). Partir, rester, habiter : le
projet migratoire dans la littérature exilaire. Revue
Européenne des Migrations Internationales. 29 (4), 43-57.
de Haas, H. (2008). Migration and Development: A
Theoretical Perspective. Oxford: International Migration Institute. IMI,
Working Paper, n° 9. 61p.
de Haas, H. (2011). The Determinants of International
Migration: Conceptualizing Policy, Origin and Destination Effects. Oxford:
International Migration Institute. IMI Working Paper, n° 32. 35p.
de Hoon, M., Vink, M. & Schmeets, H. (2019). A ticket to
mobility? Naturalisation and subsequent migration of refugees after obtaining
asylum in the Netherlands, Journal of Ethnic and Migration Studies,
DOI: 10.1080/1369183X.2019.1629894.
De Jong, G. F., B. D. Root, R. W. Gardner, J. T. Fawcett, and
R. G. Abad. (1986). Migration Intentions and Behavior: Decision-making in a
Rural Philippine Province. Population and Environment, 8 (1-2),
41-62.
Defoort, C. (2008). Tendances de long terme des migrations
internationales : analyse à partir des six principaux pays
receveurs. Population, 63(2), 317-351. doi:10.3917/popu.802.0317.
Demart et al, (2017). Des citoyens aux racines africaines
: un portrait des Belgo-Congolais,
107
Belgo-Rwandais et Belgo-Burundais. Fondation roi
Baudouin, Bruxelles, 226 pages. Demig (2015). Demig C, version 1.2, Limited
Online Edition. Oxford: International Migration Institute, University of
Oxford.
www.migrationdeterminants.eu
DeVoretz, D. J., and Ma., J. (2002). Triangular Human Capital
Flows between Sending, Entrepot and the Rest of the World Regions. Canadian
Studies in Population, 29(1), 5369.
Docquier, F., & Marfouk, A. (2006). Regards
économiques - La fuite des cerveaux entrave-t-elle la croissance
européenne ? Regards économiques, IRES-UCL 43, 11
Pages.
Docquier, F., Giovanni. P., and Ruyssen,I.(2014). The
Cross-country Determinants of Potential and Actual Migration, International
Migration Review, 48 (1), S37-S99.
Drechsler, D., et Gagnon, J. (2008). Les migrations, une
source de développement à exploiter. Annuaire Suisse de
politique de développement, 27 (2), 73-89.
https://journals.openedition.org/aspd/172.
Dureau, F. (2014). Compter les migrations internationales ?
Quelques réflexions à propos des statistiques produites en France
et en Amérique latine. e-Migrinter, 12, 7-31.
https://journals.openedition.org/e-migrinter/396#quotation.
Evra, R., et Prokopenko, E. (2015). Rapport technique sur la
Base de données longitudinales
sur l'immigration (BDIM). Statistique Canada, Canada,
65p.
http://publications.gc.ca/collections/collection_2018/statcan/11-633-x/11-633-x2018011-fra.pdf
Flahaux, M-L. (2013). Retourner au Sénégal et en
RD Congo : Choix et contraintes au coeur des trajectoires de vie des migrants.
Université catholique de Louvain, Presses universitaires de Louvain,
Louvain-La-Neuve, 348 p.
Flahaux, M-L., Beauchemin, C., et Schoumaker., B. (2014). De
l'Europe vers l'Afrique: Les migrations de retour au Sénégal et
en RDC. Population-et-sociétés, n° 515. Bulletin
mensuel d'information de l'Institut national d'études
démographiques.
Greenwood, M. J., & Young, P., A. (1997). Geographically
Indirect Immigration to Canada: Description and Analysis. International
Migration Review, 31(1), 51-71.
Guengant, J. (2002). Quel lien entre migrations
internationales et développement ? Revue Projet, 272(4), 72-81.
doi:10.3917/pro.272.0072.
Harris, J.R. and Todaro, M. P. (1970). Migration, unemployment
and development: A two-sector analysis, American Economic Review, 60
(1), 126-142.
Humphries, N., Brugha, R. and Mcgee, H. (2009). I won't be
Staying Here for Long: a Qualitative Study on the Retention of Migrant Nurses
in Ireland. Human Resources for Health, 7(68).
Kelly, M. (2013). Onward Migration: The Transnational
Trajectories of Iranians Leaving Sweden. Department of Social and Economic
Geography. Geographica 1. 334 pp. Uppsala. ISBN 978-91-506-2341-3.
Lam, K-C. (1996). Outmigration of US Immigrants. Applied
Economics, 28(9):1167-1176. Larramona, G. (2013). Out-Migration of
Immigrants in Spain, Population, 68 (2), 213 - 235. Lee, E. (1966). A
theory of migration, Demography, 3 (48), 47-57.
Leslie Gerald R. and Richardson Arthur H. (1961). Life-Cycle,
Career Pattern, and the
Decision to Move, American Sociological Review, 26 (6),
pp. 894-902.
Lowell, B. L., & Findlay, A. (2019). L'émigration de
personnes hautement qualifiées de pays
108
en développement : impact et réponses politiques.
Rapport de synthèse.55p.
Mambou, E. (2008). La Diaspora africaine aux États-Unis
de 1960 à nos jours: intégration et/ou assimilation?
Université François-Rabelais, Tours, 629 p.
Martens, A., Ouali, N., Van de maele, M., Vertommen, S.,
Dryon, P., & Verhoeven, H. (2005). Discrimination ethnique sur le
marché du travail de la Région de Bruxelles-Capitale: Rapport de
synthèse Bruxelles. ULB, Institut de Sociologie Centre de
sociologie du Travail, de l'emploi et de la formation, Bruxelles, 110p.
Massey, D.S., and Espinosa, K. (1997). What's Driving
Mexico-U.S. Migration? A Theoretical, Empirical and Policy Analysis.
American Journal of Sociology, 102(4), 939-999.
Migali, S., and Scipioni, M. (2018). A global analysis of
intentions to migrate, European Commission, 2018, JRC111207. 60p.
Minnesota Population Center. Integrated Public Use Microdata
Series, International: Version
7.1 (dataset). Minneapolis, MN: IPUMS, 2018.
https://doi.org/10.18128/D020.V7.1.
Myria (2017). La migration en chiffre et en droit. Bruxelles, 192p.
https://www.myria.be/files/MIGRA2017_FR_AS.pdf.
Nappa U.J. (2017). La formation et le devenir des couples
congolais dans le contexte de la migration internationale. Thèse
présentée en vue de l'obtention du grade de Docteur en Sciences
Politiques et Sociales (Démographie). Faculté des sciences
économiques, sociales, politiques et de la communication, UCLouvain.
Nekby, L. (2006). The emigration of immigrants, return vs.
onward migration: evidence from Sweden. Journal of Population
Economics, 19 (2), 197-226.
Newbold, K. B. & Bell, M. (2006). Return and Onwards
Migration in Canada and Australia: Evidence From Fixed Interval Data.
International Migration Review, 35(4), 1157-1184.
https://doi.org/10.1111/j.1747-7379.2001.tb00056.x
Newbold, K. B. (1996). Internal Migration of the Foreign-Born
in Canada. International Migration Review, 30 (3), 728-747.
Nielsen, K.B. (2004). Next Stop Britain: The Influence of
Transnational Networks on the Secondary Movement of Danish Somalis.
London: Sussex Migration, Working Paper, n° 22, 21p.
Nogle, J.M. (1994). Internal Migration for Recent Immigrants
to Canada. International Migration Review, 28 (1), 31-48.
Nutefe, K.G. (2014). La langue, facteur d'intégration
et d'insertion. Revue française de linguistique
appliquée, volume XIX-2, Éditions De Werelt, Amsterdam, 119
pages.
http://www.bulletin.auf.org/index.php?id=2027
OCDE (2003). IV. Migrations : contexte économique et
conséquences. Etudes économiques de l'OCDE, 19 (19),
139-175.
https://www.cairn.info/revue-etudes-economiques-de-l-ocde-2003-19-page-139.htm?contenu=resume.
OCDE (2015). Etudes économiques de l'OCDE : Belgique
2015. Editions OCDE.
https://dx.doi.org/10.1787/eco_surveys.bel-2015.fr
Oichi, N. (2008). Population Aging and Migration: Migrant
Workers in Elder Care in Canada. The Journal of Social Science, (65),
103-122.
Oichi, N. (2012). The Limits of Immigration Policies: The
Challenges of Highly-Skilled Migration in Japan. American Behavioral
Scientist, 56(8), 1080-1100.
109
Ossman, S.N. (2013). Moving Matters: Paths of Serial
Migration. Stanford University Press, Stanford, 200p.
Perrin, N. (2007a). Migrations internationales et populations
issues de l'immigration en Belgique : Un aperçu statistique.
Université Catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve, 188p.
https://emnbelgium.be/sites/default/files/publications/migration_et_population_issue_de
_limmigration_en_belgique.pdf.
Piché, V. (2013). Les théories migratoires
contemporaines au prisme des textes fondateurs. Population, 68 (1),
153-178.
Picouet, M. (1977). Chapitre V : Les migrations. In Ined,
Insee, Micoop, Orstom (Coll.), Sources et analyse des données
démographiques : Application à l'Afrique d'expression
française et à Madagascar, Paris, 56p.
http://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers13-09/01169.pdf
Piguet, É. (2013). Les théories des migrations.
Synthèse de la prise de décision individuelle, Revue
européenne des migrations internationales, 29 (3), 141-161.
Poulain, M. & Herm, A. (2013). Le registre de population
centralisé, source de statistiques démographiques en Europe.
Population, 68 (2), 215-247.
Ramune, È., et Kumpikaite, V. (2008). The Impact of
Globalization on Migration Processes. Social Research, 13 (3),
42-48.
Ray, D. (2006). Aspirations, Poverty, and Economic Change. In
Banerjee, A. V., Bénabou, R. and Mookherjee, D. (Eds.) Aspirations,
Poverty, and Economic Change, (409-421). Oxford : Oxford University
Press.
Rene, H. (2007). Secondary Migration of New Immigrants to
Canada In 12th international. Metropolis Conference 8-12 October 2007.
Melbourne, Australia
Rossi, P.H. (1955). Why families move? A study in the
social psychology of urban residential mobility, Glencoe, The Free Press,
220 p.
Sabbagh, D. (2003). Le statut des «Asiatiques» aux
États-Unis: L'identité américaine dans un miroir.
Critique internationale, 20 (3), 69-92. doi:10.3917/crii.020.0069.
Safi, M. (2006). Le processus d'intégration des
immigrés en France : inégalités et
segmentation. Revue française de sociologie,
47 (1), 3-48. doi:10.3917/rfs.471.0003. Scheibelhofer., E. (2018) Shifting
migration aspirations in second modernity. Journal of
Ethnic and Migration Studies, 44 (6), 999-1014.
Schroll, S., (2009). Emigration of immigrants: A duration
analysis. The Rockwool Foundation Research Unit, Study Paper n° 24,
University Press of Southern Denmark, Copenhagen, 40p.
Scipioni, M., et Urso, G. (2017). Migration Policy
Indexes, Joint Research Centre (JRC), the European Commission's science
and knowledge service, Union European, Italy, 60p.
https://ec.europa.eu/jrc/sites/jrcsh/files/migration_policy_indexes_04.04.2018.pdf
Service public fédéral Emploi, Travail et
Concertation sociale (2015). Monitoring socio-économique 2015 :
Marché du travail et origine. Bruxelles, 264p.
http://www.emploi.belgique.be/publicationDefault.aspx?id=44125
Statistique Canada (2013a). Immigration et diversité
ethnoculturelle au Canada : Enquête nationale auprès des
ménages en 2011. Statistique Canada, Canada, 24p.
https://www12.statcan.gc.ca/nhs-enm/2011/as-sa/99-010-x/99-010-x2011001-fra.pdf
110
Tabac, L. (1970). Mesure de la migration interne au moyen des
recensements. Application au Mexique. Population, 25(2), 303-346.
https://www.persee.fr/docAsPDF/pop_0032-4663_1970_num_25_2_14868.pdf
Takenaka, A., Pren, K.A. (2010). Determinants of Emigration:
Comparing Migrants' Selectivity from Peru and Mexico, The annals of the
American academy of political and social science, 630, (1), 178-193.
Termote, M., (sd). L'efficacité des politiques
d'immigration et d'intégration.
https://cdn.uclouvain.be/public/Exports%20reddot/demo/documents/Termote(1).pdf.
Toma, S., et Castagnone, E. (2015). Quels sont les facteurs de
migration multiple en Europe? Les migrations sénégalaises entre
la France, l'Italie et l'Espagne. Population, 70 (1), 69101.
doi:10.3917/popu.1501.0069.
Touré, N. (2015). L'approche réseaux dans les
études migratoires : Un cas d'étude les trajectoires scolaires
des étudiants maliens en France et au Maroc. e-Migrinter, 14p.
https://journals.openedition.org/e-migrinter/549
Triandafyllidou, A. (2013). Circular Migration: Introductory
Remarks. In A. Triandafyllidou (Dir.) Circular migration between Europe and
its neighbourhood: choice or necessity? (pp. 1-21). Oxford: Oxford
University Press.
Unia (2017). Discrimination envers les personnes d'origine
subsaharienne : un passé
colonial qui laisse des traces. 11p.
https://www.unia.be/files/Documenten/Publicaties_docs/Rapport_n%C3%A9grofobie_
FR_Layout.pdf
United Nations, Department of Economic and Social Affairs,
Population Division (2017). International Migration Report 2017:
Highlights. New York, 38 p.
United Nations. 2017. World Population Prospects: The 2017
Revision, Division de la population des Nations Unies, New York.
United States of America - Migration Profile (Migration Policy
Institute) 2018 United States of America - Migration Profile (Migration Policy
Institute) 2017
United States of America - Policy Data - International Migration
Institute (DEMIG) 2015
Van Hear, N. (2014). Reconsidering Migration and Class.
International Migration Review, 48
(s1), S100-S121.
Van Hear, N., Bakewell, O. and Long. K. (2018). Push-pull
plus: Reconsidering the Drivers of Migration. Journal of Ethnic and
Migration Studies, 44 (6), 927-944. doi:10.1080/1369183X. 2017.1384135.
Van Liempt, I. (2011). And then one day they all moved to
Leicester: the relocation of Somalis from the Netherlands to the UK explained.
Population, Space and Place, 17 (3), 254-266.
111
Annexes
Annexe 1. Intention de migrer selon la situation
financière
Variables
|
Modalités
|
Intention de migrer
|
chi2
|
p-value
|
|
Plus que suffisante
|
58,55
|
|
|
|
Suffisante
|
39,98
|
|
|
Situation
|
Tout juste suffisante
|
46,84
|
12,5**
|
0,052
|
financière
|
Insuffisante
|
36,22
|
|
|
|
Ne sait pas
|
72,78
|
|
|
Annexe 2. Sentiment d'appartenance par rapport à
la durée d'installation en Belgique
Variables
|
Sentiment d'appartenance
|
chi2
|
p-value
|
|
|
|
|
|
|
Modalités
|
Faible
|
Moyen
|
Fort
|
|
|
Durée
|
Moins de 5
|
32,5
|
38,8
|
28,7
|
|
|
d'installation en Belgique
|
5-9 ans 10 et +
|
16,3
8,5
|
35,8
17,5
|
47,8
73,9
|
100,11***
|
0,0000
|
|
total
|
15,3
|
26,2
|
58,5
|
|
|
Annexe 3. Reconnaissance du diplôme ou
difficulté dans la recherche d'un emploi en fonction
de la situation dans l'emploi
Variables
|
Reconnaissance du diplôme
|
chi2
|
p-value
|
|
Modalités
|
Oui ou s'en approche
|
Non
|
Ne sait pas
|
|
Pas d'emploi
|
28,8
|
56,3
|
14,8
|
|
|
Situation dans
|
Etudiant
|
60,1
|
33,5
|
6,3
|
|
|
l'emploi
|
CDD /Intérimaire CDI/Corresp
|
29,4
33,2
|
66,2
59,5
|
4,4
7,3
|
29***
|
0,0035
|
|
Non réponse
|
13,2
|
74,84
|
11,99
|
|
|
|
Total
|
36,1
|
54
|
9,94
|
|
|
|
Difficulté pour trouver un emploi
|
|
|
Oui
|
Non
|
N'a jamais cherché
|
|
|
Pas d'emploi
|
69,2
|
17,0
|
13,9
|
|
|
|
Etudiant
|
60,8
|
20,2
|
19,0
|
|
|
Situation dans l'emploi
|
CDD /Intérimaire CDI/Corresp
|
69,8
56,4
|
27,0
42,9
|
3,2
0,8
|
86,6***
|
0,0000
|
|
Non réponse
|
55,9
|
19,05
|
25,04
|
|
|
|
Total
|
63,4
|
26,55
|
10,04
|
|
|
112
Annexe 4. Déterminants de l'intention de
migration secondaire chez les migrants africains vivant en Belgique en 2016
Variables
|
Modalités
|
Effet brut
|
Modèle 1
|
Modèle 2
|
Modèle 3
|
Modèle 4
|
Modèle 5
|
Modèle 6
|
Modèle 7
|
Modèle 8
|
Effet net
|
|
CDI/Corresp (réf)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Pas d'emploi
|
0,82
|
0,85
|
0,87
|
0,89
|
0,95
|
0,79
|
0,81
|
0,83
|
0,84
|
0,92
|
Situation dans l'emploi
|
Etudiant
|
1,49*
|
1,01
|
1,07
|
1,05
|
1,16
|
1,33
|
1,36
|
1,22
|
1,14
|
1,16
|
|
CDD /Intérimaire
|
1,77**
|
1,66*
|
1,68*
|
1,78**
|
1,88**
|
1,66*
|
1,74*
|
1,69*
|
1,75*
|
1,80*
|
|
Non réponse
|
0,81
|
0,9
|
0,98
|
0,79
|
1,04
|
0,88
|
0,82
|
0,81
|
0,8
|
1,01
|
|
Suffisante (réf)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Situation financière
|
Tout juste suffisante
|
1,19
|
|
0,85
|
0,87
|
1,31
|
1,45*
|
1,47*
|
1,45*
|
1,42
|
1,38
|
|
Insuffisante
|
0,82
|
|
1,16
|
1,19
|
0,96
|
0,99
|
1
|
1
|
0,98
|
0,99
|
|
Propriétaire (réf)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Locataire
|
0,95
|
|
|
0,8
|
0,87
|
1,02
|
0,98
|
0,95
|
0,89
|
0,91
|
Statut de logement
|
Autres
|
2,63*
|
|
|
1,83
|
1,83
|
2,51
|
2,51
|
2,27
|
2,09
|
2,01
|
|
Non réponse
|
1,16
|
|
|
1,45
|
1,46
|
1,45
|
1,45
|
1,61
|
1,74
|
1,68
|
|
Belge (réf)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Nationalité
|
Non belge
|
0,76
|
|
|
|
0,61***
|
0,79
|
0,79
|
0,71
|
0,71
|
0,66**
|
|
Fort (réf)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Sentiment d'appartenance
|
Faible
|
0,87
|
|
|
|
|
1,17
|
1,18
|
1,18
|
1,21
|
1,22
|
|
Moyen
|
1,03
|
|
|
|
|
1,02
|
1,05
|
1,02
|
1,03
|
1,06
|
|
Né en Afrique (réf)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Génération
|
Né en Belgique
|
1,70**
|
|
|
|
|
1,37
|
1,37
|
1,06
|
1,03
|
1,03
|
|
Génération 1.5
|
2,85***
|
|
|
|
|
2,66***
|
2,75***
|
2,17
|
2,09**
|
2,20**
|
|
Homme (réf)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Sexe
|
Femme
|
0,84
|
0,72*
|
0,73*
|
0,71*
|
0,72*
|
|
0,75
|
0,72*
|
0,69*
|
0,71*
|
|
18-30 (réf)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Age
|
31-49
|
0,52***
|
0,49***
|
0,52***
|
0,52**
|
0,53**
|
|
|
0,71
|
0,7
|
0,66*
|
|
50 et +
|
0,42***
|
0,37***
|
0,40***
|
0,37***
|
0,33***
|
|
|
0,57*
|
0,50**
|
0,45**
|
|
Célibataire (réf)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Marié
|
0,59***
|
0,82
|
0,81
|
0,81
|
0,8
|
|
|
|
0,81
|
0,83
|
Etat matrimonial
|
Séparé / Divorcé / veuf (ve)
|
0,96
|
1,68
|
1,68
|
1,668
|
1,6
|
|
|
|
1,56
|
1,62
|
|
Non réponse
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
|
|
|
1
|
1
|
|
Supérieur long (réf)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Niveau d'instruction
|
Au plus secondaire
|
0,9
|
0,8
|
0,83
|
0,79
|
0,72
|
|
|
|
|
0,66*
|
|
Supérieur court
|
1,25
|
1,26
|
1,29
|
1,24
|
1,18
|
|
|
|
|
1,16
|
|
Non réponse
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
|
|
|
|
1
|
Constant
|
|
1,6
|
2,42**
|
1,78
|
1,95*
|
0,54
|
0,62**
|
0,99
|
1,17
|
1,34
|
Nombre d'observations
|
|
797
|
797
|
797
|
797
|
803
|
803
|
803
|
801
|
797
|
Prob >chi2
|
|
0,0021
|
0,0011
|
0,0023
|
0,0002
|
0,0014
|
0,0018
|
0,0018
|
0,0011
|
0,0004
|
Pseudo R2
|
|
0,0451
|
0,0504
|
0,0489
|
0,056
|
0,0469
|
0,05
|
0,0538
|
0,0599
|
0,0668
|
Annexe 5. Déterminants de l'intention de migration
secondaire vers les Etats-Unis et Canada chez les migrants africains en
Belgique en 2016
113
Variables
|
Modalités
|
Effet brut
|
Modèle 1
|
Modèle 2
|
Modèle 3
|
Modèle 4
|
Modèle 5
|
Modèle 6
|
Modèle 7
|
Modèle 8
|
Effet net
|
|
CDI/Corresp (réf)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Pas d'emploi
|
1,87*
|
1,79
|
1,54
|
1,41
|
1,4
|
1,5
|
1,44
|
1,4
|
1,32
|
1,31
|
Situation dans
|
Etudiant
|
2,56***
|
2,41**
|
2,30**
|
2,15*
|
2,13*
|
1,92*
|
2,16*
|
2,09*
|
1,99*
|
1,95
|
l'emploi
|
CDD /Intérimaire
|
2,96***
|
2,60**
|
2,55**
|
2,45**
|
2,44**
|
2,40**
|
2,35**
|
2,27*
|
2,10*
|
2,07*
|
|
Non réponse
|
1,85
|
1,91
|
1,44
|
1,37
|
1,35
|
1,26
|
1,36
|
1,33
|
1,16
|
1,16
|
|
Suffisante (réf)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Situation financière
|
Tout juste suffisant
|
1,26
|
|
1,48
|
1,35
|
1,35
|
1,31
|
1,38
|
1,37
|
1,41
|
1,41
|
|
Insuffisante
|
1,68
|
|
1,91
|
1,82
|
1,81
|
1,71
|
1,87
|
1,9
|
1,96
|
1,96
|
|
Propriétaire (réf)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Statut de
|
Locataire
|
1,58
|
|
|
1,28
|
1,27
|
1,14
|
1,23
|
1,25
|
1,32
|
1,32
|
logement
|
Autres
|
4,92**
|
|
|
3,25
|
3,25
|
3,47*
|
3,67*
|
3,56*
|
3,60*
|
3,62*
|
|
Non réponse
|
0,21
|
|
|
0,1
|
0,1
|
0,18
|
0,13
|
0,13
|
0,14
|
0,14
|
|
Belge (réf)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Nationalité
|
Non belge
|
1,36
|
|
|
|
1,03
|
1,11
|
1,01
|
1,01
|
0,99
|
0,99
|
|
Fort (réf)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Sentiment d'appartenance
|
Faible
|
1,9*
|
|
|
|
|
1,73
|
1,73
|
1,73
|
1,76
|
1,77
|
|
Moyen
|
1,02
|
|
|
|
|
0,98
|
0,9
|
0,88
|
0,9
|
0,88
|
|
Né en Afrique (réf)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Génération
|
Né en Belgique
|
1,14
|
|
|
|
|
1,08
|
0,97
|
0,9
|
0,88
|
0,89
|
|
Génération 1.5
|
1,41
|
|
|
|
|
1,5
|
1,4
|
1,32
|
1,33
|
1,35
|
|
Homme (réf)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Sexe
|
Femme
|
1,66**
|
1,73**
|
1,81**
|
1,87**
|
1,87**
|
|
1,86**
|
1,88**
|
1,91**
|
1,91**
|
|
18-30 (réf)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Age
|
31-49
|
0,64
|
0,87
|
0,83
|
0,88
|
0,88
|
|
|
0,85
|
0,89
|
0,88
|
|
50 et +
|
0,54
|
0,98
|
0,98
|
1,11
|
1,12
|
|
|
0,98
|
1,19
|
1,15
|
|
Célibataire (réf)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Marié
|
0,69
|
0,83
|
0,85
|
0,9
|
0,9
|
|
|
|
0,9
|
0,9
|
Etat matrimonial
|
Séparé/Divorcé/veuf (vé)
|
0,48
|
0,67
|
0,61
|
0,62
|
0,62
|
|
|
|
0,59
|
0,6
|
|
Non réponse
|
|
|
1
|
1
|
1
|
|
|
|
1
|
1
|
|
Supérieur long (réf)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Niveau
|
Au plus secondaire
|
1,07
|
0,96
|
1,01
|
0,99
|
1,01
|
|
|
|
|
0,92
|
d'instruction
|
Supérieur court
|
0,9
|
1,01
|
1,01
|
0,98
|
0,98
|
|
|
|
|
0,91
|
|
Non réponse
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
|
|
|
|
1
|
Constant
|
|
0,39
|
0,33
|
0,27
|
0,26
|
0,29**
|
0,20***
|
0,23
|
0,23**
|
0,25**
|
Nombre d'observations
|
|
364
|
364
|
364
|
364
|
364
|
364
|
364
|
364
|
364
|
Prob >chi2
|
|
0,2436
|
0,2091
|
0,1443
|
0,1814
|
0,1308
|
0,0678
|
0,122
|
0,1617
|
0,2489
|
Pseudo R2
|
|
0,0448
|
0,0535
|
0,0611
|
0,0611
|
0,052
|
0,0668
|
0,0676
|
0,0706
|
0,0708
|
114
Annexe 6. Déterminants de l'intention de
migration secondaire vers d'autres destinations chez les migrants africains en
Belgique en 2016
Variables
|
Modalités
|
Effet brut
|
Modèle 1
|
Modèle 2
|
Modèle 3
|
Modèle 4
|
Modèle 5
|
Modèle 6
|
Modèle 7
|
Modèle 8
|
Effet net
|
|
CDI/Corresp (réf)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Pas d'emploi
|
0,53*
|
0,55
|
0,64
|
0,7
|
0,71
|
0,66
|
0,69
|
0,71
|
0,75
|
0,76
|
Situation dans l'emploi
|
Etudiant
|
0,38***
|
0,41**
|
0,43**
|
0,46*
|
0,46*
|
0,51*
|
0,46*
|
0,47*
|
0,50*
|
0,51
|
|
CDD /Intérimaire
|
0,33***
|
0,38**
|
0,39**
|
0,40**
|
0,40**
|
0,41**
|
0,42**
|
0,43*
|
0,47*
|
0,48*
|
|
Non réponse
|
0,53
|
0,52
|
0,69
|
0,72
|
0,73
|
0,79
|
0,73
|
0,75
|
0,85
|
0,86
|
|
Suffisante (réf)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Situation financière
|
Tout juste suffisant
|
0,79
|
|
0,67
|
0,73
|
0,73
|
0,75
|
0,72
|
0,72
|
0,7
|
0,7
|
|
Insuffisante
|
0,59
|
|
0,52
|
0,54
|
0,55
|
0,58
|
0,53
|
0,52
|
0,5
|
0,5
|
|
Propriétaire (réf)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Statut de
|
Locataire
|
0,63
|
|
|
0,77
|
0,78
|
0,87
|
0,81
|
0,79
|
0,75
|
0,75
|
logement
|
Autres
|
0,20**
|
|
|
0,31
|
0,31
|
0,28*
|
0,27*
|
0,28*
|
0,27*
|
0,27*
|
|
Non réponse
|
4,65
|
|
|
9,58
|
9,53
|
5,45
|
7,27
|
7,35
|
1,1
|
7,07
|
|
Belge (réf)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Nationalité
|
Non belge
|
0,73
|
|
|
|
0,97
|
0,89
|
0,99
|
0,98
|
1
|
1,002
|
|
Fort (réf)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Sentiment
|
Faible
|
0,52*
|
|
|
|
|
0,57
|
0,57
|
0,57
|
0,56
|
0,56
|
d'appartenance
|
Moyen
|
0,98
|
|
|
|
|
1,01
|
1,1
|
1,12
|
1,1
|
1,12
|
|
Né en Afrique (réf)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Génération
|
Né en Belgique
|
0,87
|
|
|
|
|
0,91
|
1,02
|
1,1
|
1,13
|
1,11
|
|
Génération 1.5
|
0,7
|
|
|
|
|
0,66
|
0,71
|
0,75
|
0,74
|
0,73
|
|
Homme (réf)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Sexe
|
Femme
|
0,60**
|
0,57**
|
0,55**
|
0,53**
|
0,53**
|
|
0,53**
|
0,53**
|
0,52**
|
0,52**
|
|
18-30 (réf)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Age
|
31-49
|
1,54
|
1,13
|
1,2
|
1,13
|
1,13
|
|
|
1,17
|
1,11
|
1,13
|
|
50 et +
|
1,82
|
1,01
|
1,01
|
0,89
|
0,88
|
|
|
1,02
|
0,83
|
0,86
|
|
Célibataire (réf)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Marié
|
1,42
|
1,19
|
1,17
|
1,1
|
1,1
|
|
|
|
1,11
|
1,09
|
Etat matrimonial
|
Séparé/Divorcé/veuf (ve)
|
2,05
|
1,47
|
1,61
|
1,6
|
1,6
|
|
|
|
1,67
|
1,64
|
|
Non réponse
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
|
|
|
1
|
1
|
|
Supérieur long (réf)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Au plus secondaire
|
0,92
|
1,04
|
0,99
|
1,01
|
0,99
|
|
|
|
|
1,1
|
Niveau d'instruction
|
Supérieur court
|
1,1
|
0,98
|
0,99
|
1,01
|
1,01
|
|
|
|
|
1,09
|
|
Non réponse
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
|
|
|
|
1
|
Constant
|
|
2,54
|
2,97**
|
3,69**
|
3,70**
|
3,40***
|
4,79***
|
4,30**
|
4,19**
|
3,9**
|
Nombre d'observations
|
|
364
|
364
|
364
|
364
|
364
|
364
|
364
|
364
|
364
|
Prob >chi2
|
|
0,2436
|
0,2091
|
0,1443
|
0,1814
|
0,1308
|
0,044
|
0,122
|
0,1617
|
0,2489
|
Pseudo R2
|
|
0,0448
|
0,0535
|
0,0611
|
0,0611
|
0,052
|
0,078
|
0,0676
|
0,0706
|
0,0708
|
115
Annexe 7. Propension à l'émigration et
déterminants des aspirations migratoires en fonction de choix de
destination avec effet d'interaction (effets bruts)
Variables
|
Modalités
|
Quitter la Belgique
|
Migration secondaire vers Etats-Unis et Canada
|
Migration secondaire vers Europe
|
Proportion x2
|
odds ratio
|
Proportion x2
|
odds ratio
|
Proportion x2
|
odds ratio
|
|
Pas d'emploi Homme
|
|
|
11,99***
|
1,11
|
|
|
|
Pas d'emploi Femme
|
|
|
18,64*
|
1,87
|
|
|
|
Etudiant Homme
|
|
|
31,79***
|
3,8***
|
|
|
|
Etudiant Femme
|
|
|
21,48*
|
2,24**
|
|
|
Situation dans l'emploi
|
CDD Homme
|
|
|
23,24***
|
2,47*
|
|
|
selon le sexe
|
CDD Femme
|
|
|
34,35*
|
4,28***
|
|
|
|
CDI Femme
|
|
|
12,92*
|
1,21
|
|
|
|
Non reponse Homme
|
|
|
5,61
|
0,25
|
|
|
|
Non reponse Femme
|
|
|
3,05***
|
10,47*
|
|
|
|
CDI Homme (réf)
|
|
|
10,88***
|
1,00
|
|
|
|
Pas d'emploi 18-30
|
45,96**
|
0,86
|
19,58***
|
1,19
|
|
|
|
Pas d'emploi 31-49
|
33,61
|
0,51
|
13,96
|
0,79
|
|
|
|
Pas d'emploi 50-75
|
33,18
|
0,50
|
15,82
|
0,92
|
|
|
|
Etudiant 18-30
|
53,77**
|
1,18
|
26,24***
|
1,75
|
|
|
|
Etudiant 31-49
|
47,58
|
0,92
|
28,23
|
1,93
|
|
|
|
Etudiant 50-75
|
16,27
|
0,19
|
0,00
|
1,00
|
|
|
|
CDD 18-30
|
82,13**
|
4,66**
|
58,03***
|
6,8***
|
|
|
Situation dans l'emploi
|
CDD 31-49
|
43,46
|
0,78
|
18,68
|
1,13
|
|
|
selon l'âge
|
CDD 50-75
|
30,36
|
0,44
|
5,63
|
0,29
|
|
|
|
CDI 31-49
|
38,58
|
0,63
|
10,75***
|
0,59
|
|
|
|
CDI 50-75
|
40,46
|
0,69
|
11,80
|
0,65
|
|
|
|
Non reponse 18-30
|
10,34**
|
0,11*
|
10,34***
|
0,56
|
|
|
|
Non reponse 31-49
|
49,91
|
1,01
|
26,24
|
1,75
|
|
|
|
Non reponse 50-75
|
37,16
|
0,60
|
0,00
|
1,00
|
|
|
|
CDI 18-30 (réf)
|
49,61**
|
1,00
|
16,88***
|
1,00
|
|
|
|
Belge Femme
|
|
|
|
|
22,09
|
0,57**
|
|
Non Belge Homme
|
|
|
|
|
22,2**
|
0,57**
|
Nationalité selon le sexe
|
Non Belge Femme
|
|
|
|
|
18,75
|
0,46***
|
|
Belge Homme (réf)
|
|
|
|
|
33,00
|
1,00
|
|
Belge du niveau secondaire et moins
|
|
|
|
|
26,39**
|
1,02
|
|
Belge du niveau supérieur court
|
|
|
|
|
30,25
|
1,23
|
|
Belge Non reponse
|
|
|
|
|
0
|
1,00
|
Nationalité selon le niveau
|
Non Belge du niveau secondaire et moins
|
|
|
|
|
14,27**
|
0,47**
|
d'éducation
|
Non Belge du niveau supérieur court
|
|
|
|
|
25,4
|
0,97
|
|
Non Belge du niveau supérieur long
|
|
|
|
|
22,4
|
0,82
|
|
Non Belge Non reponse
|
|
|
|
|
0
|
1,00
|
|
Belge du niveau supérieur long (réf)
|
|
|
|
|
25,95
|
1,00
|
|
Belge marié
|
34,42
|
0,31***
|
19,99
|
0,44***
|
|
|
|
Belge separé_divorcé
|
46,51
|
0,52*
|
31,34
|
0,81
|
|
|
|
Belge Non reponse
|
0,00
|
1,00
|
0,00
|
1,00
|
|
|
Nationalité en fonction de
|
Non Belge célibataire
|
37,70***
|
0,36***
|
15,39***
|
0,32***
|
|
|
l'etat matrimonial
|
Non Belge marié
|
39,73
|
0,39***
|
24,4
|
0,57*
|
|
|
|
Non Belge separé_divorcé
|
52,56
|
0,66
|
36,22
|
1,00
|
|
|
|
Non Belge Non reponse
|
0,00
|
1,00
|
0,00
|
1,00
|
|
|
|
Belge célibataire (réf)
|
62,35***
|
1,00
|
35,89***
|
1,00
|
|
|
|
Proprietaire Femme
|
|
|
16,61
|
1,37
|
|
|
|
Locataire Homme
|
|
|
17,19*
|
1,43
|
|
|
|
Locataire Femme
|
|
|
21,13
|
1,85
|
|
|
Statut de logement selon
|
Autres Homme
|
|
|
48,4*
|
6,48**
|
|
|
le sexe
|
Autres Femme
|
|
|
48,20
|
6,43**
|
|
|
|
Non reponse Homme
|
|
|
1,00
|
1,00
|
|
|
|
Non Reponse Femme
|
|
|
10,16
|
0,78
|
|
|
|
Proprietaire Homme (réf)
|
|
|
12,64*
|
1,00
|
|
|
|
Belge Faible
|
78,58***
|
4,49***
|
|
|
|
|
|
Belge Moyen
|
41,89
|
0,88
|
|
|
|
|
Nationalité en fonction du
|
Non Belge Faible
|
36,97***
|
0,71
|
|
|
|
|
sentiment d'appartenance
|
Non Belge Moyen
|
39,75
|
0,8
|
|
|
|
|
|
Non Belge Fort
|
41,08
|
0,85
|
|
|
|
|
|
Belge Fort (réf)
|
44,93
|
1,00
|
|
|
|
|
116
Annexe 8. Comparatif des motivations des migrants qui aspirent
à l'émigration secondaire en fonction de choix de destination
Amérique du Nord Europe
J'ai des Meilleures Meilleures Plus grandes Raisons Autres
raisons
connaissances opportunités de conditions de vie ouverture
aux familiales
qui y sont partis carrières et vie paisible personnes
d'origine Africaine
0/c
30,0
25,0
20,0
15,0
10,0
5,0
0,0
21,4
Motivations
|
|