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La prolifération des organisations d'intégration régionale en Afrique. Complémentarité ou concurrence?


par Marie-Bénédicte GABA
Université d'Abomey-Calavi - Licence d'administration générale 2010
  

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Paragraphe 2 : Revue de littérature et Méthodologie adoptée

Nous aborderons, dans ce paragraphe, d'une part la revue de littérature faite sur notre thème d'étude et d'autre part la méthodologie adoptée.

A- Revue de littérature

Cette étape de notre étude consiste pour nous à faire le point des connaissances et des différents débats déjà engagés sur notre sujet de recherche.

™ Colloque sur « La juridictionnalisation des processus d'intégration en Afrique de l'Ouest » (11 mai 2006 - Faculté de droit de l'université de Rouen).

Le professeur Luc-Marius IBRIGA, Maître Assistant de Droit Public à l'Université de OUAGADOUGOU ; Secrétaire Général du C.E.E.I. « Centre Emile NOEL », animateur de ce colloque affirmait qu'aujourd'hui le débat sur l'intégration régionale ne porte plus sur son opportunité mais plutôt sur sa mise en pratique et sa réalisation concrète.

A ce titre, il affirme que la multiplicité des organisations sous-régionales constitue le handicap majeur à cette intégration. Il existe dans la région ouest-africaine, douze(12) à quatorze (14) organisations de coopération et d'intégration. La plupart des pays d'Afrique de l'Ouest sont membres de

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complémentarité ou concurrence?

plusieurs de ces organisations d'intégration régionale. Il estime qu'en Afrique de l'Ouest, l'intégration s'est construite de façon concurrentielle. Et qu'on remarque ainsi une sorte de concurrence par exemple entre l'U.E.M.O.A et la C.E.D.E.A.O d'une part, et entre l'U.E.M.O.A et l'OHADA d'autre part, bien qu'il n'y ait pas, à priori, d'opposition entre les objectifs de ces différentes organisations d'intégration.

Selon M. IBRIGA, il existe des difficultés de cohabitation tant au niveau des droits produits qu'au niveau des modalités de contrôle juridictionnel ; et pour lui une nécessaire mise en cohérence des systèmes d'intégration s'impose et exige que l'on fasse état des initiatives déjà en cours avant d'explorer de nouvelles pistes de solution.

™ « Regard critique sur l'intégration africaine : comment relever

les défis ?» ISSAKA K. SOUARE ; Occasional paper page 140, Juin 2007.

Il y a plusieurs signes qui démontrent la volonté de nombreux leaders africains de transformer leurs pays et le continent dans son ensemble d'une région chroniquement dépendante à une région prospère et respectueuse, jouant le rôle qui lui revient sur la scène internationale. Conscients de leur handicap relatif, les pays africains semblent avoir favorisé l'« intégration régionale » comme la meilleure stratégie pour réussir leur transformation économique. Mais l'analyse critique de l'état de l'intégration économique sur le continent indique que malgré les efforts considérables consentis à cet égard, l'intégration régionale ne semble pas avoir produit les résultats escomptés.

Dans cet article, l'auteur fait une lecture critique des multiples défis auxquels les programmes d'intégration régionale sur le continent font face, et les obstacles que l'Afrique doit surmonter pour atteindre ses objectifs dans ce domaine. Parmi

les multiples obstacles, il focalise son attention sur quatre principaux
facteurs dont les appartenances multiples de plusieurs Etats africains à différentes Communautés économiques régionales (CER).

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Pour lui, si la création d'un grand nombre d'institutions d'intégration témoigne, une fois de plus, de la volonté soutenue des africains d'harmoniser leurs politiques dans les différents domaines d'activités politiques et économiques, elle révèle tout de même un problème de vision et de stratégie. Cela d'autant plus que malgré ce grand nombre de groupements régionaux, censés aboutir à un marché commun couvrant l'ensemble du continent, force est de remarquer qu'il y a encore peu de résultats concrets. Toujours selon M. ISSAKA, l'un des facteurs qui empêchent le continent d'atteindre ses objectifs d'intégration est la multiplicité des organisations d'intégration. En effet, tous les Etats d'Afrique sont divisés en cinq(5) régions géographiques. Or, il y a sept(7) Communautés Economiques Régionales (CER) et sept(7) autres Organisations Inter-Gouvernementales(OIG) sur le continent dont les membres ne sont autres que les différents pays africains. De ce fait déjà, il est clair que certaines CER et OIG transcendent des régions géographiques en ce qui concerne la composition de leurs membres. A titre d'exemple, on constate qu'une organisation comme la CEN-SAD puise ses membres des rangs de la CEDEAO, de l'UEMOA, de l'UMA, de l'IGAD, du COMESA, et de la CEMAC. C'est bien là, l'illustration du chevauchement des groupements régionaux.

Aussi la duplication des CER et OIG visant les mêmes objectifs et le chevauchement en ce qui concerne la composition de leurs membres constituent-ils un véritable problème sinon un obstacle au projet d'unité et d'intégration africaine. La problématique de cet état de chose peut être constatée à au moins deux niveaux. D'abord, étant donné que l'ambition ultime de chacun des blocs sous-régionaux est ou devrait être de se fusionner éventuellement pour créer la Communauté économique africaine, puis l'Union africaine (entendue dans son sens politique), cet état de chose jette le flou sur les objectifs de ce projet et rend le processus plus compliqué. Ensuite, il y a le problème de financement de l'UA et des autres projets continentaux. Il est incontestable que les appartenances multiples entraînent des responsabilités multiples envers les différents groupements auxquels l'on appartient. Cela alourdit indiscutablement

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les charges des Etats concernés, dans la mesure où ils doivent non seulement faire face à des obligations financières multiples, mais doivent aussi gérer une multiplicité de réunions, de décisions, d'instruments, de dossiers, de procédures et d'échéances. Ceci étant et compte tenu des ressources limitées des différents pays africains, on arrive forcément à une situation où beaucoup de pays ne peuvent plus honorer les obligations des différents blocs régionaux dont ils sont membres. Ils faillent de surcroît, à celles de l'Union Africaine, notamment en ce qui concerne le paiement de leurs cotisations annuelles, ce qui a un impact néfaste sur beaucoup de projets de cette dernière.

™ Exposé de la Commission Economique des Nations Unies pour l'Afrique à l'occasion de la réunion d'experts sur la rationalisation des Communautés Economiques Régionales (CER) ; Ghana, Accra 2728 Octobre 2005 (Rapport /Réunion Consultative sur la Rationalisation des Communautés Economiques Régionales (CER) pour les Régions d'Afrique du Centre, du Nord et de l'Ouest).

Basé sur la résolution CM/464 du 26ème Conseil des Ministres de l'OUA, le Traité d'Abuja subdivise le continent en cinq sous-régions: l'Afrique du Nord ; l'Afrique de l'Ouest ; l'Afrique Centrale ; l'Afrique Orientale ; et l'Afrique Australe. Il est attendu des CER couvrant ces sous-régions du continent qu'elles jouent leurs rôles de pôles de fédération du futur marché commun à l'échelle du continent.

Cependant au lieu de cinq(5) communautés régionales il existe au moins 14 communautés économiques au sien de l'espace géographique africain. A l'exception de la CEDEAO, aucune des communautés économiques régionales existantes ne s'inscrit dans les cadres définis par le Conseil des Ministres. Par ailleurs, au sein de chacun des cinq espaces régionaux, il existe plusieurs organisations orientées vers l'intégration. Ainsi, en Afrique de l'Ouest par exemple, la CEDEAO cohabite avec l'UEMOA, l'Union du Fleuve Mano(UFM), et à présent la CENSAD. La rationalisation des CER

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revient par conséquent à s'attaquer à la fragmentation des espaces sous-régionaux, au chevauchement des institutions, à la duplication des efforts, à la dispersion des ressources, et aux querelles de légitimité découlant des multiples traités existants des CER. En termes réels, la rationalisation signifie : s'attaquer aux contraintes considérables affectant la capacité des CER à générer et à canaliser un effort collectif durable dans le sens de l'intégration de l'Afrique, à cause de l'existence parallèle du grand nombre de CER dans chacun des espaces sous-régionaux, avec des mandats et des programmes similaires.

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