REPUBLIQUE DU BENIN
ffffffff
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA
RECHERCHE SCIENTIFIQUE
ffffffff
UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI
ffffffff
ECOLE NATIONALE D'ADMINISTRATION ET DE MAGISTRATURE
(E.N.A.M)
ffffffff
MEMOIRE DE FIN DE FORMATION AU CYCLE
I
OPTION : FILIERE :
Administration Générale Diplomatie et
Relations Internationales ANNEE ACADEMIQUE
2008- 2009
LA PROLIFERATION DES ORGANISATIONS D'INTEGRATION
REGIONALE EN AFRIQUE:
COMPLEMENTARITE OU CONCURRENCE?
Réalisé et soutenu par :
Marie-Bénédicte GABA Sous la direction de :
Tuteur de stage : Directeur de
mémoire :
M. Eric SAIZONOU M. Frédéric Joël
AIVO
Directeur-Adjoint des Affaires Juridiques Enseignant de Droit
public
et de Science politique à l'UAC
Janvier 2010
Réalisé et soutenu par
MarieBénédicte GABA
2
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en Afrique:
complémentarité ou concurrence?
IDENTIFICATION DU
JURY
PRESIDENT DU JURY :
Monsieur Raymond DOSSA
VICE -PRESIDENT DU JURY :
Ambassadeur Mathias NADOHOU
MEMBRE DU JURY :
Monsieur Marcellin AGBOMENOU
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L'ECOLE NATIONALE
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D'ADMINISTRATION ET
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IMPROBATION
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DANS
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CE
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AUX
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MEMOIRE.
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MarieBénédicte GABA
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en Afrique
: complémentarité ou concurrence ?
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Réalisé et soutenu par
MarieBénédicte GABA
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
DEDICACES
A mes parents Prudence GABA et
Gilberte ADJAGBA
Vous avez toujours su m'amener à privilégier en
toutes choses mes études. Je vous en suis profondément
reconnaissante. Puisse l'Eternel vous accorder longue vie et permettre de jouir
des fruits de vos efforts !
A mes frères et soeurs Mireille
Ulrich, Charlène et Nathan, pour tous vos
soutiens. Pleins succès à vous dans vos études !
A mes grandes amies Yasmine, Ornella,
Dolorès, Rafath, Ariane, Dulcie, Stécy, Djamila, Jenyfer,
Bilikissou, pour tous ces moments passés ensemble
particulièrement votre réconfort au cours de la rédaction
de ce mémoire. Que Dieu vous bénisse ! A M.
Gnansounou Eroll et à toute sa famille.
Ta présence inconditionnelle à mes
côtés, ton soutien indéfectible et tes conseils pertinents
ont été déterminants dans la réalisation de ce
travail. Les mots me manquent pour t'exprimer ma reconnaissance !
A Amal et Nissrin Bachabi,
pour vous témoigner mon profond attachement. Que ce travail
vous serve de référence et cultive en vous l'amour du travail
!
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Réalisé et soutenu par
MarieBénédicte GABA
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
REMERCIEMENTS
Il nous sera difficile voire impossible de dresser la liste
exhaustive de toutes les personnes qui ont contribué, de diverses
manières, à la réalisation de ce travail. Que chacune
d'elle trouve ici le témoignage de notre profonde gratitude. Nous ne
saurions toutefois passer sous silence certains noms :
M. Frédéric Joël AIVO,
notre directeur de mémoire qui malgré ses multiples occupations,
a suivi avec rigueur ce travail et a apporté d'importantes pierres
à l'édifice de ce mémoire.
M. Eric SAIZONOU, notre tuteur de stage. Il
nous manque d'expression pour vous exprimer notre gratitude. Cette oeuvre
modeste porte la marque de votre constante disponibilité. Votre esprit
de rigueur en même temps de sympathie nous a profondément
marqué.
M. André SANRA, Directeur Adjoint de
la Direction de l'Afrique et du Moyen-Orient, pour son importante contribution
à ce travail.
M. Thomas OKOUDJOU, Directeur Adjoint de la
Direction l'Intégration Africaine, pour ses importants apports à
la réalisation de ce travail
Tous les cadres du Ministère des Affaires
Etrangères spécialement à ceux de la Direction de
l'Intégration Africaine et aux cadres de la Direction de
l'Intégration Régionale du ministère des Finances et de
l'Economie.
Monsieur le Président du jury et
messieurs les membres du jury, pour avoir accepté
d'apprécier ce travail.
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Réalisé et soutenu par
MarieBénédicte GABA
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
LISTE DES SIGLES ET
ABRÉVIATIONS
ABN : Autorité du Bassin du Niger
ALG : l'Autorité du Liptako-Gourma
AOF : Attribution, Organisation et Fonctionnement
CAE : Communauté de l'Afrique de l'Est
CBLT : Commission du Bassin du Lac Tchad
CEEAC : Communauté Economique des Etats de l'Afrique de
l'Est
CE : Conseil de l'Entente
CEDEAO: Communauté Economique des Etats de l'Afrique de
l'Ouest
CEMAC: Communauté Economique et Monétaire de
l'Afrique de Centrale
CEN-SAD: Communauté des Etats
sahélo-sahariens
CEPGL: Communauté Economique des Pays des Grands
Lacs
CER: Communauté Economique Régionale
CESR: Communauté Economique Sous-Régionale
CILSS: Comité Inter Etats de Lutte contre la
Sécheresse au Sahel
COI: Commission de l'Océan Indien
COMESA: Marché Commun pour l'Afrique Australe et
Orientale
DIA: Direction de l'Intégration Africaine
DIR: Direction de l'Intégration Régionale
IGAD: Autorité Inter Gouvernementale pour le
Développement
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Réalisé et soutenu par
MarieBénédicte GABA
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
MAEIAFBE: Ministère des Affaires Etrangères, de
l'Intégration Africaine, de la
Francophonie et des Béninois de l'Extérieur
OBK: organisation du Bassin de la rivière Kagera
OIG: Organisation Inter Gouvernementale
OIR: Organisation d'Intégration Régionale
OMVS: Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve
Sénégal
OUA : Organisation de l'Unité Africaine
SACU : Union Douanière de l'Afrique Australe
SADC : Communauté de Développement d'Afrique
Australe
TEC : Tarif extérieur Commun
UA: Union Africaine
UEMOA: Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
UFM: Union du Fleuve Mano
UMA: Union du Maghreb Arabe
ZACOP: Zone de l'Alliance et de Co-prospérité
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Réalisé et soutenu par
MarieBénédicte GABA
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
LISTE DES TABLEAUX
Pages
Tableau n°1: Tableau de bord de
l'étude 20
Tableau n°2 : Tableau
récapitulatif du chevauchement d'objectifs et
des sentiers intégrateurs des organisations 74
Tableau n°3 : Textes
harmonisés de la CEDEAO et l'UEMOA
sur le régime des échanges 75
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Réalisé et soutenu par
MarieBénédicte GABA
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
RESUME
Depuis la colonisation, les peuples africains ont toujours
ressenti une certaine unité.
Ce sentiment va les pousser à se regrouper en petits
sous-ensembles d'intégration régionale et même en un vaste
bloc qu'est de l'Union Africaine (UA), héritière de
l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA).
Ainsi, les Etats africains estiment-ils qu'aucun Etat ne peut
progresser sans une certaine mutualisation des ressources et des efforts. C'est
donc dans cet état d'esprit que s'inscrit la création
d'institutions d'intégration au niveau de la région «
Afrique » et dans toutes les sous-régions.
L'état actuel de l'intégration démontre
un nombre pléthorique de ces organisations, qui bien qu'ayant à
leur actif des progrès évidents, entraîne tout de
même d'énormes difficultés à divers plans.
Même si aujourd'hui, certaines de ces organisations
entreprennent d'importants efforts d'harmonisation de leurs activités,
la concurrence d'autres, laisse peu de chances de réussite au processus
d'intégration.
C'est pourquoi, une rationalisation rigoureusement conduite
par l'Union Africaine s'impose. Et cela par la mise en place préalable
d'un véritable réseau de coordination des activités des
organisations.
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Réalisé et soutenu par
MarieBénédicte GABA
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE
Chapitre préliminaire : Contexte de base de
l'étude
Section I : Cadre institutionnel de l'étude et
identification de la problématique Paragraphe 1 :
Présentation du Ministère des Affaires Etrangères et
restitution
des observations de stage
Paragraphe 2 : De l'identification de la
problématique à la justification du thème
Section II : Objectifs de l'étude et
méthodologie adoptée
Paragraphe 1 : Les objectifs et les hypothèses de
l'étude
Paragraphe 2 : Revue de littérature et
Méthodologie de recherche
Chapitre Ier : Le Bénin dans l'intégration
régionale
Section I : L'état de l'intégration
régionale
Paragraphe 1 : Une prolifération d'organisations
d'intégration régionale
Paragraphe 2 : Un processus d'intégration
incontrôlé
Section II : Les enjeux pour le Bénin
Paragraphe 1 : Une complémentarité
bénéfique pour le Bénin
Paragraphe 2 : Une multiplicité des organisations
préjudiciable pour le Bénin
10
Réalisé et soutenu par
MarieBénédicte GABA
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
Chapitre II : Quelles approches à la
prolifération des organisations d'intégration régionale
?
Section I : La nécessaire coordination des
organisations
Paragraphe 1 : Le cadre de la coordination
Paragraphe 2 : Les objectifs de la coordination
Section II : Le rôle des différents
acteurs
Paragraphe 1 : L'indispensable action des Etats
Paragraphe 2 : La responsabilité des organisations
d'intégration régionale
CONCLUSION GENERALE BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
TABLE DES MATIERES
11
INTRODUCTION GENERALE
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en Afrique:
complémentarité ou concurrence?
Réalisé et soutenu par
MarieBénédicte GABA
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en Afrique:
complémentarité ou concurrence?
La plupart des Etats africains ont accédé
à la souveraineté internationale, à la fin des
années 50, avec de lourds handicaps.
Les frontières héritées de la
colonisation ont constitué l'une des premières difficultés
à surmonter pour ces nouveaux Etats. Ces frontières ont
été le plus souvent artificiellement découpées et
n'ont pas pris en compte des facteurs tels que la langue, la sociologie ou
l'économie.
Confrontés aux difficultés d'ordre politique et
enfermés dans un espace socio-économique étroit, les Etats
africains se sont rendus compte de la nécessité de
dépasser le cadre de leur souveraineté nationale,
délimité par ces frontières.
Aussi, la recherche d'une voie capable d'aider à
relever le défi du développement, dans un monde
entièrement globalisé, s'est-elle faite de plus en plus
pressante. Dans une telle perspective, l'intégration est apparue comme
le moyen privilégié d'accélérer le
développement économique, social, culturel et politique des pays
africains. D'une part, parce que l'affirmation d'une volonté commune de
rapprochement était de nature à atténuer voire
éliminer les sources de conflits violents. D'autre part, parce que
l'élargissement des marchés nationaux et l'harmonisation des
cadres règlementaires devraient contribuer à créer un
environnement favorable à la rentabilité des investissements
effectués sur le continent africain.
Aujourd'hui, l'intégration constitue un passage
obligé et incontournable face à une mondialisation difficile pour
les micro-Etats-Nations1.
Ainsi, depuis la prise de conscience par les Etats des
nombreux avantages de l'intégration, des regroupements se sont
formés dans toutes les régions du continent.
Malheureusement quarante-neuf ans après les
indépendances et quarante-six ans après la création de
l'Organisation de l'Unité Africaine(OUA) à laquelle a
succédé l'Union Africaine(UA), organisation censée
conduire le processus
1 Commission de l'Union africaine, Plan
stratégique de l'Union Africaine : visions et missions de l'Union
africaine, Vol.1 ; page 14.
13
Réalisé et soutenu par
MarieBénédicte GABA
Réalisé et soutenu par
MarieBénédicte GABA
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
d'intégration à bon port, le bilan est
très peu satisfaisant. Au contraire la pléthore d'organisations
créées n'a non seulement pas permis d'avancées notables
dans le processus de développement des Etats mais a, au contraire,
engendré de nombreuses difficultés. C'est entre autres le
chevauchement des activités de ces organisations qui traduit une
insuffisante coordination des organisations d'intégration
régionale.
En outre, de nombreux Etats se retrouvent dans plusieurs de
ces organisations et rencontrent des difficultés de gestion en rapport
avec ces multiples appartenances. Le Bénin, ne fait pas exception
puisqu'il est lui-même membre de plusieurs organisations à
vocation d'intégration. C'est ainsi qu'il fait partie, au plan
continental, de la grande organisation qu'est l'Union Africaine(UA) ; à
un niveau sub-régional de la Communauté des Etats
sahélo-sahariens(CEN-SAD) ; au plan sous-régional, de la
Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO); de
l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), du Conseil de
l'Entente(CE), ou encore de la Zone de l'Alliance et de
Co-prospérité(ZACOP), pour ne citer que celles-là.
Quelles sont les difficultés que rencontrent les Etats
en général et le Bénin en particulier du fait de leur
adhésion à plusieurs organisations d'intégration ?
En outre, quels sont véritablement les enjeux pour un
pays comme le Bénin d'être membre de plusieurs organisations qui
d'une manière ou d'une autre poursuivent les mêmes buts ?
L'appartenance à de multiples organisations est-elle
véritablement avantageuse et favorise-t-elle réellement une
intégration efficace et un avancement dans le processus de
développement des Etats et précisément du Bénin
?
Les organisations dans leurs projets de développement
se complètent-elles fondamentalement ou divergent-elles ? N'existe-il
pas entre ces organisations une certaine concurrence, un double emploi et un
parallélisme surtout sur des projets spécifiques? Ne serait-ce
donc pas plus bénéfique pour les Etats et particulièrement
le Bénin d'être membre d'une organisation ou plutôt
d'opérer des choix d'adhésion beaucoup plus rationnels ? En tant
qu'acteur de
14
Réalisé et soutenu par
MarieBénédicte GABA
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
l'intégration, le Bénin ne devrait-il pas agir
pour une rationalisation de ces institutions dans l'optique d'une meilleure
efficacité et d'un profit maximal et optimal de l'intégration
?
C'est à ces différentes interrogations que le
présent travail tentera de donner des éléments de
réponse à travers le sujet intitulé : « La
prolifération des organisations d'intégration régionale en
Afrique : complémentarité ou
concurrence ? »
La présente étude se propose de contribuer
à la réflexion qui se mène actuellement au sein de l'UA
pour une rationalisation des activités des multiples organisations
d'intégration régionale. Ce qui permettra une relance de
l'intégration et surtout une meilleure jouissance des fruits des
multiples efforts déployés dans le processus de
régionalisation.
Pour mener à bien cette étude, le corps du
présent travail s'articulera autour de trois grands chapitres. D'abord,
un chapitre préliminaire qui sera consacré au
cadre institutionnel de l'étude et à la méthodologie
adoptée. Ensuite chapitre Ier qui fera dans
un premier temps l'état des lieux de l'intégration et dans un
second temps abordera la question des appartenances multiples pour les Etats en
général et pour le Bénin en particulier. Et enfin,
un chapitre II qui proposera des solutions et recommandations
pour plus d'efficacité et de rentabilité de
l'intégration.
15
Réalisé et soutenu par
MarieBénédicte GABA
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
CONTEXTE DE BASE DE L'ETUDE
CHAPITRE PRELIMINAIRE :
La formation à l'Ecole Nationale d'Administration et de
Magistrature est sanctionnée par la présentation d'un
mémoire de fin de cycle. Ce mémoire fait suite à un stage
pratique dans une structure privée ou publique et est destiné
à résoudre un problème direct ou indirect lié
à la structure d'accueil. Comme il est de tradition pour les
élèves en Diplomatie et Relations Internationales, notre stage a
eu pour cadre le Ministère des Affaires Etrangères.
Aussi ce chapitre a-t-il abordé d'une part, le cadre
institutionnel de l'étude, qui est le Ministère, ainsi que la
problématique choisie (Section I) ; et d'autre part, le cadre
théorique de l'étude (Section II).
16
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en Afrique:
complémentarité ou concurrence?
Section I : Cadre institutionnel et physique de
l'étude et identification de la problématique
Il s'agira dans cette première partie de
présenter d'une part l'institution qui nous a accueillie pour notre
stage pratique de fin de formation ; et d'autre part le sujet de notre
réflexion.
Paragraphe 1: Présentation du Ministère des
Affaires Etrangères et restitution des observations de stage
Dans ce paragraphe, nous présenterons d'abord le
Ministère des Affaires Etrangères, de l'Intégration
Africaine, de la Francophonie, et des Béninois de l'Extérieur
(MAEIAFBE)2, puis nous parlerons spécifiquement de la
Direction de l'Intégration Africaine (DIA). Nous procéderons,
enfin, à la restitution des observations faites lors du
déroulement de notre stage.
A- Le Ministère des Affaires
Etrangères
Le Ministère des Affaires Etrangères a
été créé en 1960, quelques mois après
l'accession à l'indépendance de notre pays, la République
du Bénin, par le décret n° 387 du 30 Décembre
1960.
Il a connu depuis sa création une évolution
quant à ses dénominations. Cette évolution se justifie, en
effet, par l'élargissement de ses compétences3.
Aujourd'hui, il porte l'appellation ?Ministère des
Affaires Etrangères, de l'Intégration Africaine, de la
Francophonie, et des Béninois de l'Extérieur? (MAEIAFBE) et c'est
le décret n°2009-177 du 05 Mai 2009 portant Attributions,
Organisations et Fonctionnement(AOF) du Ministère des Affaires
Etrangères qui le régit.
2 Le MAEIAFBE sera
désigné dans notre étude Ministère des Affaires
Etrangères.
3 Il est passé de Ministère des Affaires
Etrangères en 1960 à Ministère des Affaires
Etrangères et de la Justice en 1963. Puis encore une fois
Ministère des Affaires Etrangères en 1964 avant de redevenir
Ministère des Affaires Etrangères et de la coopération en
1980. Il est ensuite devenu Ministère des Affaires Etrangères et
de l'Intégration Africaine en 2001. Puis encore une autre fois
Ministère des Affaires Etrangères en 2007 avant de devenir
finalement Ministère des Affaires Etrangères, de
l'Intégration Africaine, de la Francophonie et des Béninois de
l'Extérieur depuis 2008.
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Réalisé et soutenu par
MarieBénédicte GABA
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Réalisé et soutenu par
MarieBénédicte GABA
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
Aux termes de l'article premier de ce décret « Le
Ministère des Affaires Etrangères, de l'Intégration
Africaine, de la Francophonie, et des Béninois de l'Extérieur est
chargé de la mise en oeuvre et du suivi-évaluation de la
politique extérieure du Gouvernement , de la conduite de la
coopération internationale aux plans bilatéral et
multilatéral, de la coordination au plan international de la
coopération décentralisée, de la promotion et de la
gestion de l'intégration Africaine, de la promotion de la Francophonie,
de la protection des intérêts du Bénin à
l'étranger et de ceux des ressortissants béninois à
l'étranger. »
Cette mission se décompose en attributions qui peuvent
se résumer en ces points :
· la gestion de l'unité de l'action diplomatique
;
· la gestion de l'ensemble des affaires touchant aux
relations du Bénin avec les autres Etats, les Organisations
Internationales, les Organisations Non gouvernementales Etrangères ainsi
que les rapports avec les agents diplomatiques et consulaires étrangers
et les Représentants des Organisations Internationales ;
· l'élaboration, la conclusion et la signature
des traités et le suivi de leur mise en application et de leur
conservation.
Aux termes de l'article 14 de ce même décret, le
Ministère des Affaires Etrangères dispose pour l'accomplissement
de sa mission de différents organes que sont le
Secrétariat Général ; le Cabinet
; l'Inspection Générale des Affaires
Etrangères ; la Cellule d'Analyse Stratégique et
de Placement des Cadres ; les Directions techniques ;
les Directions géographiques ; les organismes
et institutions sous-tutelles et les services
extérieurs.
Notre étude étant étroitement
liée à l'intégration régionale, nous mettrons
particulièrement l'accent sur la présentation de la Direction de
l'Intégration Africaine (DIA). Elle est la structure chargée,
suivant les dispositions de l'article premier du décret portant AOF du
Ministère, de« la promotion et la gestion de l'Intégration
Africaine ».
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Réalisé et soutenu par
MarieBénédicte GABA
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
La Direction de l'Intégration Africaine
(DIA)
Structure de base de notre étude, la DIA est l'une des
directions techniques du Ministère des Affaires Etrangères. En
vertu de l'article 69 du décret portant AOF du Ministère, elle
est chargée de proposer et d'exécuter la stratégie du
Gouvernement en matière d'intégration régionale et
sous-régionale.
A ce titre :
1- Elle s'occupe, en liaison avec les structures
concernées des autres Ministères:
· des dossiers des institutions et organisations
d'intégration africaine ;
· des relations du Bénin avec les institutions et
organisations régionales et sous-régionales d'intégration
africaine ainsi que des Accords de défense régionaux ;
· de l'appartenance du Bénin aux
communautés économiques régionales et
sous-régionales dans le sens aussi bien de sa contribution à la
promotion de l'intégration régionale, que de la
préservation et de la maximisation des intérêts nationaux
;
· de l'analyse des répercussions des
activités des différents secteurs de la vie nationale sur les
actions, projets et programmes communautaires et inversement ;
· de l'élaboration, du suivi et de
l'évaluation périodique de la mise en oeuvre de la politique
nationale d'intégration régionale et sous-régionale ;
· de l'animation des antennes nationales des
différents organismes d'intégration régionale et
sous-régionale d'une part, et sert d'interface entre leurs organes de
direction et les administrations de la République du Bénin
d'autre part.
2- Elle traite, de façon spécifique :
· des dossiers de l'Union Africaine ;
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Réalisé et soutenu par
MarieBénédicte GABA
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en Afrique:
complémentarité ou concurrence?
· des activités des autres organisations
intergouvernementales et institutions internationales à vocation
continentale telles que la Commission Économique des Nations Unies pour
l'Afrique (CEA) et la Banque Africaine de Développement (BAD),
l'Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI),
le Fonds Africain de Garantie et de Coopération Économique
(FAGACE), la Communauté Économique des Etats
Sahélo-Sahariens (CEN-SAD), etc. ;
· des relations du Bénin avec les institutions
d'intégration continentale ;
· des relations de l'Union Africaine avec les
communautés économiques régionales, les partenaires au
développement et les autres régions du monde, de concert avec les
autres structures concernées ;
· de la formulation et de la mise en oeuvre des
stratégies en vue du renforcement de la présence et de la
position du Bénin au sein des instances de l'Union Africaine et des
autres organismes d'intégration continentale;
· du suivi et de l'évaluation périodique
de la mise en oeuvre des décisions, directives, règlements,
résolutions et recommandations issues des sessions et réunions
statutaires ou extraordinaires de l'Union Africaine et des autres organismes
d'intégration continentale ainsi que de leur impact sur la vie nationale
;
· de la mise en oeuvre du NEPAD au plan continental et du
Mécanisme Africain d'Evaluation par les Pairs ;
· du suivi de l'évolution de la situation
sécuritaire et des conflits en Afrique et dans l'espace CEN-SAD en
concertation avec la Direction des Opérations de Maintien et de
Promotion de la Paix ;
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Réalisé et soutenu par
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
· de la mise en oeuvre du mécanisme de
prévention, de règlement et de gestion des conflits ;
· de toutes initiatives privées d'ONG nationales
à vocation continentale visant à promouvoir l'Intégration
Africaine ;
· des dossiers relatifs aux communautés
politiques et économiques sous-régionales à savoir : le
Conseil de l'Entente(CE) et ses institutions spécialisées ; la
CEDEAO, l'UEMOA et leurs institutions spécialisées ;
l'Autorité du Bassin du fleuve Niger ; l'Autorité du Bassin de la
Volta ; ainsi que de toutes autres institutions d'intégration
sous-régionale ;
· des relations du Bénin avec ces organisations
d'intégration sous-régionale;
· du suivi et de l'évaluation périodique
de la mise en oeuvre des décisions, directives, résolutions et
recommandations issues de ces réunions et de l'analyse de leur impact
sur la vie nationale ; et
· de la mise en oeuvre sur le plan sous-régional
du NEPAD.
3- Elle assure le Secrétariat Exécutif de la
Commission Nationale de Gouvernance dans le cadre du Mécanisme Africain
d'Evaluation par les Pairs (MAEP).
Pour l'accomplissement de cette mission, la Direction de
l'Intégration Africaine dispose :
· d'un secrétariat ;
· d'un service des organisations à caractère
politique ;
· d'un service des organisations à
caractère économique et financier ;
· d'un service des études et de la
coordination.
Le cadre physique de l'étude ainsi décrit, nous
aborderons à présent les observations pertinentes faites lors de
notre stage.
21
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MarieBénédicte GABA
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
B- Restitution des observations de stage
La restitution des observations de stage se fera d'abord par
la présentation du déroulement du stage et ensuite, par les
observations proprement dites à travers la réalisation de
l'état des lieux.
1- Déroulement et acquis du
stage
Notre stage pratique s'est déroulé du 14
Septembre au 04 Décembre 2009. Compte tenu de l'effectif
élevé des stagiaires et de la faible capacité d'accueil du
Ministère, nous n'avons pas pu effectuer le tour de toutes les
Directions du Ministère.
Ainsi, par la note de service n°172/MAEIAFBE/SG/SGA/DRH/
DARH/ SFS du 11 Septembre 2009, notre stage s'est effectué dans les
Directions suivantes :
· la Direction de la Documentation et des Relations
Culturelles (DDRC), du 14 au 18 Septembre 2009 ;
· la Direction des Organisations Internationales et de la
Francophonie (DOIF), du 21 Septembre au 02 Octobre 2009 ;
· la Direction de l'Afrique et du Moyen-Orient(DAMO), du 05
au 16 Octobre 2009 ; et
· la Direction de la Programmation et de la
Prospective(DPP), du 19 au 30 Octobre 2009.
Par la suite, la note de service
n°196/MAEIAFBE/SG/SGA/DRH/ DARH/ SFS du 04 Novembre 2009, en
complément à la précédente, a procédé
à une nouvelle répartition des stagiaires dans les directions
suivant leurs centres d'intérêts. C'est ainsi que nous avons
achevé notre stage à la Direction de l'Intégration
Africaine.
Ce stage nous a permis de toucher du doigt les
réalités liées à la carrière que nous avons
choisie d'embrasser et d'acquérir diverses connaissances.
22
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en Afrique:
complémentarité ou concurrence?
Nous avons pu ainsi nous imprégner du travail
quotidiennement fait à travers la lecture des dossiers, la
rédaction de courriers administratifs et même diplomatiques. Nous
avons, par ailleurs, participé à des conférences portant
sur divers thèmes tels, « Le rôle du Bénin dans la
promotion de la Paix et de la Sécurité dans la sous-région
et au-delà » animé par le Général Dominique
AHOUANDJINOU4; le symposium thématique sur « Les
défis émergents de sécurité en Afrique »
animé par différents conférenciers, cadres du
Ministère.
Nous avons également participé à des
causeries organisées à notre intention animées par des
responsables du Ministère pour nous permettre de nous familiariser avec
les réalités de l'action diplomatique et ainsi de mieux
appréhender les évènements de la scène
internationale. Ces causeries ont porté sur les thèmes suivants
:
· l'organisation du Ministère des Affaires
Etrangères et de ses services extérieurs ;
· les grandes orientations de la politique
étrangère du Bénin ;
· le Protocole d'Etat ;
· l'importance et le rôle de la diaspora dans le
développement socio-économique du Bénin ;
· la coopération sud-sud : l'exemple
bénino-chinoise ;
· le fonctionnement de l'organisation des Nations Unies
;
· la déontologie et l'éthique du diplomate
; et
· les Accords de Partenariat Economique : quelles
implications pour le Bénin ?
2- Etat des lieux
L'état des lieux a consisté pour nous, à
faire l'inventaire des atouts et des obstacles liés à la
structure, objet de notre étude, la DIA. Nous devons toutefois avouer
que cet exercice nous a été assez malaisé compte tenu de
l'accès difficile à
4 Chef d'Etat Major de l'armée de terre du
Bénin.
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
l'information, dû principalement à la non
disponibilité des cadres de cette Direction. En effet, la période
de notre stage a coïncidé avec une période d'intenses
activités notamment celles concernant le processus de restructuration du
Conseil de l'Entente; ainsi que la survenance des nouvelles affectations
entraînant le départ des cadres vers de nouvelles Directions et la
venue de nouveaux, pas encore suffisamment imprégnés des dossiers
de la Direction.
É Atouts
Nous avons pu faire au cours de notre stage à la DIA,
un certain nombre de constats significatifs tels la compétence et
l'accueil chaleureux des différents cadres.
É Obstacles
Nos différents entretiens avec les cadres de la
Direction nous ont permis de relever un certain nombre de problèmes que
sont :
· l'absence d'esprit d'équipe entre les agents ;
· l'insuffisante communication entre les agents ;
· le manque de ressources financières ;
· le manque de ressources humaines qui a pour corollaire
le débordement des cadres par les multiples activités ;
· la difficile gestion des multiples réunions et
des décisions qui en sont issues ;
· les conflits d'attribution entre la DIA et la
Direction de l'Intégration Régionale(DIR) du Ministère des
Finances ;
· l'absence de coordination des activités de la
DIA avec celles de la DIR ;
· une insuffisante politique de placement des cadres
béninois dans les institutions.
24
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en Afrique:
complémentarité ou concurrence?
Ces différents problèmes peuvent être
regroupés en quatre grandes problématiques :
É la problématique de l'organisation interne de la
Direction ;
É la problématique des appartenances multiples
du Bénin aux organisations d'intégration régionale ;
É la problématique de la synergie entre la DIR et
la DIA ;
É la problématique de mise en place d'une
véritable politique de
placement des cadres béninois dans les institutions.
Paragraphe 2 : De l'identification de la
problématique à la justification du sujet de l'étude
Des différentes problématiques
dégagées, notre choix s'est porté sur celle relative
à la multi-appartenance du Bénin aux organisations
d'intégration régionale pour de sérieuses raisons. C'est
aujourd'hui un sujet d'actualité et une situation qui touche la plupart
des Etats africains. Les multiples appartenances des Etats aux organisations
d'intégration soulèvent de nombreuses difficultés. Elles
posent des problèmes de gestion au niveau des Etats et de coordination
au niveau des organisations. Ce qui pourrait amener à se poser la
question de l'efficacité de ces regroupements sur le
développement socio-économique des Etats.
C'est donc pour apporter une ébauche de solutions aux
nombreuses difficultés suscitées par une telle situation que
notre choix s'est porté sur cette problématique. Par ailleurs,
elle permet de réfléchir sur l'approche d'intégration par
cercles concentriques5, expérimentée jusque là
par le continent africain en mettant en lumière ses différentes
faiblesses.
5 La théorie des cercles concentriques a
été préconisée par Léopold Sédar
Senghor au début des années 1960. Selon cette théorie, il
faut d'abord créer des sous-ensembles régionaux avant d'attaquer
de front le grand ensemble africain. Il faut commencer modestement par
construire les premiers cercles inter-Etats de solidarité, dont
l'ensemble, formé de cercles concentriques de plus en plus larges
parce-que comprenant des Etats de plus en plus nombreux, ira de la
Sénégambie au marché commun africain.
25
Réalisé et soutenu par
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en Afrique:
complémentarité ou concurrence?
A- Spécification de la problématique
Le problème général posé par la
situation en étude est celui de la multiplicité des organisations
d'intégration régionale.
Spécifiquement, il se décompose en :
· Problème spécifique
n°1: Chevauchement des programmes des organisations
d'intégration régionale ;
· Problème spécifique
n°2 : Insuffisance de synergie entre les organisations
d'intégration régionale ;
· Problème spécifique
n°3 : Dispersion des ressources financières des
Etats.
B- Présentation et justification du sujet
Au lendemain des indépendances, la plupart des
nouveaux pays africains se sont retrouvés avec des Etats de petite
taille, caractérisés par une faible structure de production
primaire et une remarquable incohérence de leurs économies. Pour
les dirigeants africains, la seule solution pour juguler les effets
néfastes de la balkanisation et le seul moyen efficace pour
réaliser une industrialisation rapide, réside dans
l'intégration des économies.
L'intégration est un processus par lequel les
acteurs politiques des différents secteurs nationaux tournent leur
loyauté, leurs espoirs et leurs activités vers des institutions
régionales disposant d'une juridiction sur les Etats nationaux
préexistants6. Elle présente de nombreux
avantages tels que la création de nouvelles possibilités
d'échanges, l'ouverture des marchés, l'augmentation des
investissements, la création de plus-value sur les capitaux
engagés dans l'intégration, l'accroissement des pouvoirs de
négociation, le renforcement de la coopération et
l'amélioration de la sécurité. Autrement, les
mécanismes d'intégration devraient permettre d'améliorer
le bien-être dans les Etats.
6 Lexique de termes politiques, Edition Dalloz 2008,
p. 262.
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Réalisé et soutenu par
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en Afrique:
complémentarité ou concurrence?
Aujourd'hui plus que jamais, l'intégration s'impose
face aux nombreux défis posés par la mondialisation.
Cependant, contrairement à ce qui a pu être
observé en Europe7, la stratégie d'intégration
adoptée en Afrique, se base sur la création de petits
regroupements régionaux qui ont vocation à se fondre plus tard en
un seul et unique ensemble continental. C'est là, l'une des causes de la
prolifération des organisations d'intégration régionale en
Afrique, prétendant toutes, à leur manière
accélérer le processus d'intégration.
Fondamentalement, l'engouement des Etats à la
création d'organisations naît à partir des années 80
face au bilan contrasté et très peu satisfaisant des premiers
efforts d'intégration survenus après les indépendances. Le
continent a donc connu dès lors une multiplication extraordinaire des
institutions d'intégration régionale.
La plupart des Etats africains sont membres de plusieurs de
ces
organisations et rencontrent des difficultés de
gestion de leur multi- appartenance. Le Bénin, n'en fait pas
exception puisqu'il est lui-même membre de plusieurs organisations telles
le Conseil de l'Entente(CE), la Communauté Economique des Etats de
l'Afrique de l'Ouest(CEDEAO), l'Union Economique et Monétaire Ouest
Africaine(UEMOA), la Communauté des Etats sahélo-sahariens
(CEN-SAD) ; la Zone d'Alliance et de coprospérité(ZACOP), pour ne
citer que celles-là.
Aujourd'hui, cette multiplicité d'organisations et les
multiples appartenances des Etats qui en est le principal corollaire n'est pas
sans susciter des difficultés, tant au niveau des Etats qu'au niveau des
organisations elles-mêmes. Il se pose des problèmes de
superposition se traduisant par la similarité
7 L'Europe a retenu une méthode de
construction qui repose sur un cercle s'agrandissant au fur et à mesure.
Parti d'un noyau initial franco-allemand on est passé à la
Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier en 1951 regroupant
6 membres. En 1957 ces Etats créent la Communauté Economique
Européenne et sont rejoints par 3 Etats en 1973. Progressivement cet
ensemble s'est élargi et est devenu l'Union Européenne avec
actuellement 25 membres.
27
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Réalisé et soutenu par
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
des objectifs et de fait, le chevauchement des
activités, toutes choses qui ne sont pas de nature à favoriser
une meilleure efficacité de l'intégration.
Mais quels sont véritablement les enjeux pour un pays
comme le Bénin d'être membre de plusieurs organisations qui, d'une
manière ou d'une autre, poursuivent les mêmes buts ? Cette
adhésion multiple est-elle véritablement avantageuse et
favorise-t-elle réellement une intégration efficace et de
réels progrès dans le processus de développement du
Bénin ?
Quels sont les problèmes que pose cette multiple
appartenance ? Ces organisations dans leurs projets intégrateurs se
complètent-elles fondamentalement ou divergent-elles ? N'existe-il pas
entre ces organisations une certaine concurrence ? Si on ne peut pas
élargir cette concurrence à toutes les organisations, n'y a t-il
pas pour le Bénin une certaine contrariété dans le
développement des programmes de l'une par rapport à l'autre ? Ne
serait-ce donc pas plus bénéfique pour le Bénin
d'être membre d'une organisation ? Ou plutôt en tant qu'acteur de
l'intégration, prendre le leadership d'un processus de sensibilisation
des autres Etats de la sous-région ainsi que des partenaires
étrangers dans l'optique d'offrir au processus d'intégration de
meilleures chances ?
C'est pour tenter d'apporter une approche de réponse
à toutes ces interrogations que nous nous proposons de
réfléchir sur le thème :
«La prolifération des organisations
d'intégration régionale en Afrique:
complémentarité ou concurrence ? »
L'objectif principal de ce travail consiste à proposer
des idées qui pourraient faire avancer la réflexion dans le cadre
de la rationalisation des activités des multiples organisations
d'intégration régionale pour une efficacité de
l'intégration.
Il s'agira plus précisément de faire une
analyse de la situation ci-dessus décrite et de proposer des
solutions.
28
Réalisé et soutenu par
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
Nous avons choisi de travailler sur ce sujet parce qu'il est
d'actualité et parce qu'il pourrait contribuer, à travers nos
suggestions, à l'avancement du processus de rationalisation des
organisations régionales.
Section II : Objectifs de l'étude et
méthodologie adoptée
Le présent travail vise à formuler des
propositions concrètes pour remédier aux problèmes
identifiés. Afin de parvenir à cette fin, il s'est axé sur
une méthodologie précise.
Paragraphe 1 : Les objectifs et les hypothèses de
l'étude
La présente étude poursuit plusieurs objectifs
clairs eu égard aux problèmes identifiés.
A- Les objectifs de l'étude
L'objectif général de notre étude est de
contribuer à la réflexion qui se mène actuellement au sein
de l'UA sur la rationalisation des nombreuses organisations
d'intégration régionale pour une meilleure efficacité de
l'intégration régionale. Ce qui permettra également au
Bénin de tirer de sa participation à ce processus, le meilleur
profit pour son économie et le bien-être de sa population.
Des objectifs spécifiques ont été
établis suivant les problèmes identifiés :
· Objectif n°1 : Contribuer
à une spécialisation des communautés économiques
régionales ;
· Objectif n°2 : Contribuer
à une coordination et à une harmonisation des activités
des communautés économiques régionales ;
· Objectif n°3 :
Déterminer de meilleures conditions d'utilisation des ressources
engagées dans le processus de l'intégration régionale.
29
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
B- Les hypothèses de l'étude et le tableau
de bord
1- Hypothèses de l'étude
Les hypothèses spécifiques constituent des
explications supposées aux problèmes identifiés. Ainsi,
à chaque problème spécifique, nous avons supposé
une explication qui sera vérifiée ou non à travers notre
analyse.
· Hypothèse n°1 : La
similarité des buts et objectifs des organisations d'intégration
régionale est à la base du chevauchement de leurs
activités.
· Hypothèse n°2 :
L'insuffisance de coordination entre les organisations d'intégration
régionale se justifie par une défaillance dans le suivi de leurs
activités et l'absence d'un cadre de concertation entre les
organisations.
· Hypothèse n°3 :
Les multiples appartenances des Etats aux institutions d'intégration
confortent l'idée de la dispersion des ressources financières des
Etats.
2- Tableau de bord de l'étude
30
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
Niveaux d'analyse
|
Problématique
|
Objectifs
|
Causes
|
Hypothèses
|
Niveau général
|
Multiplicité
des organisations d'intégration régionale
|
Contribuer à la réflexion sur le processus de
rationalisation des organisations d'intégration
régionale pour une meilleure efficacité de l'intégration
régionale et un profit optimal pour le Bénin
|
_
|
_
|
Niveaux Spécifiques
|
1
|
Chevauchement des programmes des organisations
d'intégration
régionale
|
Contribuer à une spécialisation des
organisations
d'intégration
régionale
|
Superposition des buts et objectifs des organisations
d'intégration régionale
|
La similarité des buts et objectifs
des organisations d'intégration régionale est à
la base du chevauchement de leurs activités
|
|
Insuffisance de synergie entre les
organisations
d'intégration
régionale
|
Contribuer à une coordination et
à une harmonisation des activités
des organisations d'intégration régionale
|
Manque de rigueur dans le suivi des activités
des organisations et absence d'un cadre
de concertation entre organisations d'intégration régionale
|
L'insuffisance de coordination
entre organisations d'intégration régionale se
justifie par une défaillance dans le suivi de
leurs activités et l'absence d'un cadre de concertation
entre ces organisations
|
|
31
Réalisé et soutenu par
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32
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
|
3
|
|
Déterminer de
|
Les multiples
|
Les multiples
|
|
|
Dispersion des
|
meilleures
|
appartenances
|
appartenances aux
|
|
|
ressources
|
conditions
|
des Etats aux
|
institutions
|
|
|
financières des
|
d'utilisation des
|
institutions
|
d'intégration
|
|
|
Etats
|
ressources
|
d'intégration
|
régionale
|
|
|
|
engagées dans le processus
de l'intégration régionale
|
régionale
|
confortent la dispersion des ressources des Etats
|
|
Source : Résultats de nos investigations
Paragraphe 2 : Revue de littérature et
Méthodologie adoptée
Nous aborderons, dans ce paragraphe, d'une part la revue de
littérature faite sur notre thème d'étude et d'autre part
la méthodologie adoptée.
A- Revue de littérature
Cette étape de notre étude consiste pour nous
à faire le point des connaissances et des différents
débats déjà engagés sur notre sujet de
recherche.
Colloque sur « La juridictionnalisation
des processus d'intégration en Afrique de l'Ouest » (11 mai 2006 -
Faculté de droit de l'université de Rouen).
Le professeur Luc-Marius IBRIGA, Maître Assistant de
Droit Public à l'Université de OUAGADOUGOU ; Secrétaire
Général du C.E.E.I. « Centre Emile NOEL », animateur de
ce colloque affirmait qu'aujourd'hui le débat sur l'intégration
régionale ne porte plus sur son opportunité mais plutôt sur
sa mise en pratique et sa réalisation concrète.
A ce titre, il affirme que la multiplicité des
organisations sous-régionales constitue le handicap majeur à
cette intégration. Il existe dans la région ouest-africaine,
douze(12) à quatorze (14) organisations de coopération et
d'intégration. La plupart des pays d'Afrique de l'Ouest sont membres
de
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
plusieurs de ces organisations d'intégration
régionale. Il estime qu'en Afrique de l'Ouest, l'intégration
s'est construite de façon concurrentielle. Et qu'on remarque ainsi une
sorte de concurrence par exemple entre l'U.E.M.O.A et la C.E.D.E.A.O d'une
part, et entre l'U.E.M.O.A et l'OHADA d'autre part, bien qu'il n'y ait pas,
à priori, d'opposition entre les objectifs de ces différentes
organisations d'intégration.
Selon M. IBRIGA, il existe des difficultés de
cohabitation tant au niveau des droits produits qu'au niveau des
modalités de contrôle juridictionnel ; et pour lui une
nécessaire mise en cohérence des systèmes
d'intégration s'impose et exige que l'on fasse état des
initiatives déjà en cours avant d'explorer de nouvelles pistes de
solution.
« Regard critique sur l'intégration
africaine : comment relever
les défis ?» ISSAKA K. SOUARE ; Occasional
paper page 140, Juin 2007.
Il y a plusieurs signes qui démontrent la
volonté de nombreux leaders africains de transformer leurs pays et le
continent dans son ensemble d'une région chroniquement dépendante
à une région prospère et respectueuse, jouant le
rôle qui lui revient sur la scène internationale. Conscients de
leur handicap relatif, les pays africains semblent avoir favorisé
l'« intégration régionale » comme la meilleure
stratégie pour réussir leur transformation économique.
Mais l'analyse critique de l'état de l'intégration
économique sur le continent indique que malgré les efforts
considérables consentis à cet égard, l'intégration
régionale ne semble pas avoir produit les résultats
escomptés.
Dans cet article, l'auteur fait une lecture critique des
multiples défis auxquels les programmes d'intégration
régionale sur le continent font face, et les obstacles que l'Afrique
doit surmonter pour atteindre ses objectifs dans ce domaine. Parmi
les multiples obstacles, il focalise son attention sur quatre
principaux facteurs dont les appartenances multiples de plusieurs Etats
africains à différentes Communautés économiques
régionales (CER).
33
Réalisé et soutenu par
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
Pour lui, si la création d'un grand nombre
d'institutions d'intégration témoigne, une fois de plus, de la
volonté soutenue des africains d'harmoniser leurs politiques dans les
différents domaines d'activités politiques et économiques,
elle révèle tout de même un problème de vision et de
stratégie. Cela d'autant plus que malgré ce grand nombre de
groupements régionaux, censés aboutir à un marché
commun couvrant l'ensemble du continent, force est de remarquer qu'il y a
encore peu de résultats concrets. Toujours selon M. ISSAKA, l'un des
facteurs qui empêchent le continent d'atteindre ses objectifs
d'intégration est la multiplicité des organisations
d'intégration. En effet, tous les Etats d'Afrique sont divisés en
cinq(5) régions géographiques. Or, il y a sept(7)
Communautés Economiques Régionales (CER) et sept(7) autres
Organisations Inter-Gouvernementales(OIG) sur le continent dont les membres ne
sont autres que les différents pays africains. De ce fait
déjà, il est clair que certaines CER et OIG transcendent des
régions géographiques en ce qui concerne la composition de leurs
membres. A titre d'exemple, on constate qu'une organisation comme la CEN-SAD
puise ses membres des rangs de la CEDEAO, de l'UEMOA, de l'UMA, de l'IGAD, du
COMESA, et de la CEMAC. C'est bien là, l'illustration du chevauchement
des groupements régionaux.
Aussi la duplication des CER et OIG visant les mêmes
objectifs et le chevauchement en ce qui concerne la composition de leurs
membres constituent-ils un véritable problème sinon un obstacle
au projet d'unité et d'intégration africaine. La
problématique de cet état de chose peut être
constatée à au moins deux niveaux. D'abord, étant
donné que l'ambition ultime de chacun des blocs sous-régionaux
est ou devrait être de se fusionner éventuellement pour
créer la Communauté économique africaine, puis l'Union
africaine (entendue dans son sens politique), cet état de chose jette le
flou sur les objectifs de ce projet et rend le processus plus compliqué.
Ensuite, il y a le problème de financement de l'UA et des autres projets
continentaux. Il est incontestable que les appartenances multiples
entraînent des responsabilités multiples envers les
différents groupements auxquels l'on appartient. Cela alourdit
indiscutablement
34
Réalisé et soutenu par
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
les charges des Etats concernés, dans la mesure
où ils doivent non seulement faire face à des obligations
financières multiples, mais doivent aussi gérer une
multiplicité de réunions, de décisions, d'instruments, de
dossiers, de procédures et d'échéances. Ceci étant
et compte tenu des ressources limitées des différents pays
africains, on arrive forcément à une situation où beaucoup
de pays ne peuvent plus honorer les obligations des différents blocs
régionaux dont ils sont membres. Ils faillent de surcroît,
à celles de l'Union Africaine, notamment en ce qui concerne le paiement
de leurs cotisations annuelles, ce qui a un impact néfaste sur beaucoup
de projets de cette dernière.
Exposé de la Commission Economique des
Nations Unies pour l'Afrique à l'occasion de la réunion d'experts
sur la rationalisation des Communautés Economiques Régionales
(CER) ; Ghana, Accra 2728 Octobre 2005 (Rapport /Réunion Consultative
sur la Rationalisation des Communautés Economiques Régionales
(CER) pour les Régions d'Afrique du Centre, du Nord et de
l'Ouest).
Basé sur la résolution CM/464 du
26ème Conseil des Ministres de l'OUA, le Traité
d'Abuja subdivise le continent en cinq sous-régions: l'Afrique du Nord ;
l'Afrique de l'Ouest ; l'Afrique Centrale ; l'Afrique Orientale ; et l'Afrique
Australe. Il est attendu des CER couvrant ces sous-régions du continent
qu'elles jouent leurs rôles de pôles de fédération du
futur marché commun à l'échelle du continent.
Cependant au lieu de cinq(5) communautés
régionales il existe au moins 14 communautés économiques
au sien de l'espace géographique africain. A l'exception de la CEDEAO,
aucune des communautés économiques régionales existantes
ne s'inscrit dans les cadres définis par le Conseil des Ministres. Par
ailleurs, au sein de chacun des cinq espaces régionaux, il existe
plusieurs organisations orientées vers l'intégration. Ainsi, en
Afrique de l'Ouest par exemple, la CEDEAO cohabite avec l'UEMOA, l'Union du
Fleuve Mano(UFM), et à présent la CENSAD. La rationalisation des
CER
35
Réalisé et soutenu par
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
revient par conséquent à s'attaquer à la
fragmentation des espaces sous-régionaux, au chevauchement des
institutions, à la duplication des efforts, à la dispersion des
ressources, et aux querelles de légitimité découlant des
multiples traités existants des CER. En termes réels, la
rationalisation signifie : s'attaquer aux contraintes considérables
affectant la capacité des CER à générer et à
canaliser un effort collectif durable dans le sens de l'intégration de
l'Afrique, à cause de l'existence parallèle du grand nombre de
CER dans chacun des espaces sous-régionaux, avec des mandats et des
programmes similaires.
B- Méthodologie adoptée
Pour tout travail de recherche, la méthodologie
s'avère importante.
Nous avons eu recours à plusieurs méthodes.
Mais la principale s'appuie sur les divers entretiens que nous avons eus avec
les cadres du Ministère en général et de la DIA en
particulier; sans exclure les cadres de la DIR.
Nos échanges ont été faits sur la base
d'un guide d'entretien qui se trouve en annexe (Annexe n°2). Ils ont
été très enrichissants et nous ont permis d'avoir d'amples
informations sur l'état de l'intégration africaine et
ouest-africaine ; mais également de mieux appréhender les termes
en lesquels se posent les problèmes de multiples organisations et
d'esquisser des réponses à nos interrogations.
Nous nous sommes en outre appuyés sur une importante
recherche documentaire. Les documents les plus importants sont ceux
élaborés par la Commission des Nations Unies pour l'Afrique sur
l'état de l'intégration en Afrique à travers les
communautés économiques régionales. Ceux-ci nous ont
fourni les éléments indispensables à notre analyse.
De même, l'apport des recherches sur internet s'est
également avéré considérable et utile.
36
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en Afrique:
complémentarité ou concurrence?
LE BENIN DANS L'INTEGRATION
CHAPITRE PREMIER :
REGIONALE
Réalisé et soutenu par
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Dans ce chapitre, nous ferons dans une première
partie l'état des lieux de l'intégration régionale en
Afrique en mettant l'accent sur les différents problèmes que pose
de nos jours la multiplication des institutions d'intégration (Section
I). Dans une deuxième partie, nous parlerons des avantages et des
inconvénients de l'adhésion multiple des Etats africains dont le
Bénin aux différentes organisations (Section II).
37
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en Afrique:
complémentarité ou concurrence?
Section I : Etat de l'intégration
régionale
Cette partie sera l'occasion pour nous de décrire,
d'abord, dans toutes ses manifestations le processus d'intégration en
Afrique (paragraphe 1). Il sera abordé, par la suite, les
problèmes nés de ce processus peu ou mal contrôlé
(paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Une prolifération d'organisations
d'intégration régionale
Le constat fait est qu'il existe actuellement une
pléthore d'organisations ayant pour but la coopération ou
l'intégration dans tous les domaines de la vie socio-économique.
Comment se manifeste ce phénomène de prolifération dans la
réalité et qu'est-ce qui pourrait en être les causes ? (A).
Par ailleurs quels sont les problèmes majeurs que soulève une
telle situation ? (B).
A- Manifestations et fondements de la
prolifération
Depuis longtemps, les peuples africains ont reconnu que le
développement de leur continent ne pouvait passer que par une certaine
unité. Elle s'est traduite, au lendemain des indépendances, par
la création d'organisations de coopération et
d'intégration.
Ce sentiment d'unité semblait mieux reconnu à
l'échelle sous-régionale qu'à l'échelle
continentale. Ce qui n'a pas exclu « un sentiment de solidarité
africaine qui va se traduire dans le panafricanisme, l'Organisation de
l'Unité Africaine (OUA) et finalement la création d'une
communauté économique8 ».
Ainsi donc, de la Charte de l'OUA à l'Acte constitutif
de l'Union Africaine (UA), en passant par le Plan de Lagos, le traité
d'Abuja de 1991 et la Déclaration de Syrte, l'idée est claire :
l'intégration régionale constitue le pilier fondamental de
l'unité africaine.
8 Ahmed Mahiou, la Communauté Economique
Africaine, Annuaire Français de Droit International XXXIX- 1993-
Editions du CNRS, Paris ; p.798.
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en Afrique:
complémentarité ou concurrence?
Cependant, si les intentions des premières tentatives
d'intégration régionale ont sans doute été
sincères, les premiers regroupements régionaux ont eu un bilan
assez contrasté et très peu satisfaisant. Face aux nombreux
défis qu'offre la globalisation, les peuples africains ont pris
conscience de l'importance de créer des blocs économiques
régionaux beaucoup plus compétitifs. Et cet état de choses
s'est traduit par divers changements tels la prise de mesures importantes par
les dirigeants pour ouvrir et transformer leurs économies
centralisées, dynamiser le secteur privé et créer de
nouvelles institutions, socle d'un développement certain.
Aujourd'hui, face aux nombreux avantages que présente
l'intégration, de multiples communautés économiques sont
à l'oeuvre en Afrique de l'Ouest, en Afrique de l'Est, en Afrique du
Nord et en Afrique Centrale et Australe.
Si l'intégration régionale présente de
nombreux avantages, l'attention doit surtout et désormais être
portée sur les enjeux de ce processus dont l'un des plus importants est
celui de la consolidation des acquis des différents regroupements
régionaux. Car seule cette consolidation permettra un meilleur profit de
l'intégration et non une dispersion inutile des efforts consentis.
1- Manifestations de la prolifération des
organisations d'intégration en Afrique
Depuis la prise de conscience des Etats aux différents
avantages liés à l'intégration, le continent a connu une
prolifération « d'économies et d'accords
régionaux qui ne sont pas encore judicieusement
intégrés9». Cette situation entretient le
flou sur le processus et ne saurait permettre la réalisation de
progrès significatifs.
Actuellement, l'Union Africaine (UA), par une
Déclaration issue de la première Conférence des Ministres
Africains de l'Intégration Economique (CAME1), tenue les 30 et 31 mars
2006 à Ouagadougou, reconnaît officiellement
9 Commission Economique des Nations Unies pour l'Afrique,
Etat de l'intégration régionale en Afrique, Addis-Abeba,
2004. page X
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
huit(8) Communautés Economiques Régionales
(CER)10 en Afrique. Ce sont : la Communauté Economique des
Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ; la Communauté Economique des
Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC) ; la Communauté de
Développement d'Afrique Australe (SADC) ; l'Union du Maghreb Arabe (UMA)
; le Marché Commun pour l'Afrique Australe et Orientale (COMESA) ;
l'Autorité Intergouvernementale pour le Développement (IGAD); la
Communauté des Etats Sahélo-sahariens (CEN-SAD) ; la
Communauté de l'Afrique de l'Est (CAE). Cette reconnaissance est
entérinée par la Décision relative au moratoire sur la
reconnaissance des CER ; décision issue de la Conférence des
Chefs d'Etat et de gouvernements réunie à Banjul en juillet
2006.
Cependant en dehors de ces organisations, plusieurs autres
organisations intergouvernementales (OIG) 11 opèrent dans les
différentes régions d'Afrique. La liste n'est pas exhaustive mais
nous pouvons en retenir quelques unes.
Il s'agit en Afrique de l'Ouest de l'Union
Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), de l'Organisation pour
la Mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS), du Comité
Inter-Etats de lutte contre la Sécheresse au Sahel (CILSS), de
l'Autorité du Liptako-Gourma (ALG), de l'Autorité du Bassin du
fleuve Niger (ABN), et de l'Union du Fleuve Mano (UFM).
En Afrique Centrale, il est question entre
autres de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique
Centrale (CEMAC), de la Communauté Economique des Pays des Grands lacs
(CEPGL), la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT), et de l'Organisation du
Bassin de la rivière Kagera (OBK).
En Afrique de l'Est, l'on retiendra la
Commission de l'Océan Indien (COI) et en Afrique australe
l'Union douanière de l'Afrique australe (SACU).
10L'UA désigne les organisations
régionales officiellement sous le vocable de communautés
économiques régionales. En 1991, le traité d'Abuja en
avait repéré 5, mais dès 1999, l'UA va en reconnaitre
officiellement 7 puis en 2006 huit (8).
11Commission de l'Union africaine, Plan
stratégique de l'Union Africaine : visions et missions de l'Union
africaine, Vol.1 ; p. 25.
40
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en Afrique:
complémentarité ou concurrence?
Le Bénin, à l'instar d'autres pays, appartient
à plusieurs de ces regroupements tant au plan régional que
sous-régional. Ainsi, nous pouvons retenir, au plan régional
l'Union Africaine ; au plan subrégional la Communauté des Etats
sahélo-sahariens ; au plan sous-régional, la Communauté
Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest; l'Union Economique et
Monétaire Ouest Africaine et d'autres organisations beaucoup plus
spécifiques comme l'Autorité du Bassin du fleuve Niger et la Zone
de l'Alliance et de Co-prospérité.
Mais qu'est-ce-qui explique une telle multiplicité
d'organisations et le désir des Etats d'être membres de plusieurs
de ces organisations à la fois ?
2- Causes et fondements de la prolifération des
organisations d'intégration en Afrique
Les raisons de la prolifération des organisations
d'intégration régionale (OIR) en Afrique sont d'abord et avant
tout à rechercher dans les fondements et la genèse même du
processus d'intégration en Afrique.
Les gouvernants africains ont, pour la plupart, la hantise de
l'unité nationale et défendent farouchement le principe de
souveraineté. Cependant, l'union faisant la force, les Etats ont
tôt compris que la création d'organisations communes s'imposait.
Déjà, pendant la période coloniale, les colonisateurs
avaient bien compris que pour des motifs d'ordre stratégique et
économique, il était nécessaire de créer des
services communs12.
Mais après les indépendances, l'idée
dominante est désormais celle du panafricanisme. Mais cette
théorie reste une notion assez ambigüe du fait que
différentes interprétations y sont attachées.
Ainsi, si l'idéal panafricain est d'abord
partagé par tous les mouvements de libération, puis par les Etats
naissants, il n'en reste pas moins que le contenu varie d'un Etat à un
autre ou d'une époque à une autre. Ainsi comme le souligne
12 C'est le cas par exemple de la création en Afrique
Orientale britannique d'une organisation d'Afrique orientale à laquelle
succèdera en 1967 la communauté d'Afrique orientale. Cfère
P-F Gonidec,; Relations internationales africaines, Paris, LGDJ, 1996,
page 23
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en Afrique:
complémentarité ou concurrence?
justement Ahmed Mahiou, dans la Communauté
Economique Africaine13, ces variations deviennent des
désaccords lorsqu'il s'agit d'envisager les aspects juridiques,
c'est-à-dire les institutions et règles devant régir les
relations interafricaines. Dès lors, pour certains, le
panafricanisme est porteur d'une exigence d'unité politique
immédiate; pour d'autres, il est simplement porteur d'une
solidarité entre des Etats souverains ; enfin, pour d'autres encore, il
est porteur d'un projet d'unité à long terme et par
étapes. Ces différents points de vue vont s'affronter, en 1963,
au moment de la création de l'OUA.
Sur ce débat entre fédéralistes et
anti-fédéralistes s'est greffé un autre relatif aux
rapports entre l'organisation continentale et les organisations
sous-régionales. Pour les uns, les organisations sous-régionales
ne sont que la reproduction des divisions de l'Afrique, particulièrement
celles de la période coloniale et post-coloniale qui a balkanisé
le continent ; il faut non seulement s'abstenir de les créer, mais
encore faut-il remettre en cause et dissoudre les regroupements existants qui
constituent des obstacles à l'unité du continent. Pour les
autres, les organisations régionales sont le point de départ du
processus de coopération, puis d'intégration et il convient donc
d'encourager leur multiplication et leur consolidation, en privilégiant
les aspects économiques ou techniques et en tenant compte des
solidarités et spécificités de chaque ensemble.
Ce débat entre partisans et adversaires du
régionalisme s'est traduit pendant quelques temps, par une division du
continent en deux groupes opposés, le groupe de Brazzaville puis de
Monrovia représentant l'Afrique dite réformiste et le groupe de
Casablanca représentant l'Afrique dite révolutionnaire.
Faute de victoire des uns sur les autres et pour ne pas avoir
à trancher entre les deux tendances, la Charte de l'OUA, née de
toutes ces contradictions
13 Ahmed Mahiou, La Communauté Economique
Africaine, Annuaire Français de Droit International XXXIX- 1993-
Editions du CNRS, Paris ; page 798
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
est restée muette sur la nature des rapports entre
l'organisation continentale et les communautés économiques
régionales14.
Ainsi donc, profitant du mutisme des textes de l'UA avant
1973, plusieurs organisations régionales vont
opérer15.
Par ailleurs, deux autres principales raisons peuvent
justifier l'état actuel de l'intégration en Afrique.
Premièrement, cette multiplicité
d'organisations peut se justifier par les nombreux avantages que
présente l'intégration pour les Etats. L'intégration
pourrait permettre, entre autres, aux Etats la création et
l'élargissement des réseaux d'échanges, l'accroissement
des investissements, la promotion de la coopération et la
réduction des risques de conflits.
En effet, les mécanismes d'intégration visent
en général l'abaissement des barrières, par exemple les
barrières tarifaires pour les échanges entre pays membres d'une
même institution. Les théories économiques prédisent
à cet effet que le libre-échange contribuera au bien-être
des populations en permettant aux citoyens de se procurer des biens et services
à partir de la source la moins coûteuse, ce qui conduira à
une redistribution des ressources fondée sur les avantages
comparatifs.
En outre, l'intégration peut également
accroître les investissements dans les Etats membres en réduisant
les distorsions, en élargissant les marchés et en
renforçant la crédibilité des réformes
économiques et politiques. Par exemple, les unions douanières
peuvent encourager les investisseurs étrangers à pratiquer le
contournement tarifaire, c'est-à-dire à investir dans un pays
membre pour commercer librement avec tous les autres membres, ce qui
accroît les
14 Avant 1973, certaines résolutions du Conseil des
ministres prises en Août 1963 entérinées par les chefs
d'Etats notamment au sommet d'Alger en septembre 1968 et d'Addis-Abeba en
Août 1970 ont tenté de poser les jalons d'une coopération
économique avec les organisations régionales. Mais le premier
texte important n'intervient qu'à l'occasion du dixième
anniversaire de l'organisation, avec l'adoption, le 25 mai 1973 de la
déclaration sur la coopération, le développement et
l'indépendance de l'Afrique qui esquisse la nouvelle stratégie
économique de coopération et d'intégration qui prend en
compte les aspects régionaux ou sous-régionaux.
15 Ce sont l'Union monétaire ouest-africaine (UMOA)
créée le 12 mai 1962, l'Union douanière et
économique d'Afrique centrale (UDEAC) créée à
Brazzaville le 18 décembre 1964, l'Union monétaire d'Afrique
centrale le 22 novembre 1972 etc.
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
investissements locaux et étrangers.
L'intégration permet aux Etats de renforcer leur pouvoir de
négociation économique sur la scène internationale. De
même, le processus d'intégration peut favoriser la
coopération en fournissant un cadre pour le partage des
différentes ressources (cours d'eau, routes et voies ferrées,
réseaux électriques) ou pour la résolution des
problèmes communs (pollution, sécheresse, crise alimentaire et
autres).
Enfin, l'intégration pourrait constituer un moyen de
réduction des risques de conflits. Elle permettrait non seulement la
mise en place de dispositifs de sécurité et de mécanismes
de résolution des conflits, mais aussi l'établissement de
contacts politiques réguliers entre membres. Ce qui entraînerait
l'instauration d'une certaine confiance et la facilitation de la
coopération, notamment sur les questions de sécurité.
Deuxièmement, l'appartenance des Etats à
plusieurs organisations s'explique fondamentalement par leur recherche de plus
d'efficacité et l'atteinte beaucoup plus rapide des objectifs. En effet,
les pays africains choisissent d'appartenir à au moins deux
organisations régionales pour rechercher l'intégration par
différentes voies. Certains membres d'un bloc important peuvent
progresser plus rapidement s'ils appartiennent à un groupe distinct
réduit. En effet, les groupes plus petits permettent de gérer
plus facilement la coordination et l'harmonisation des politiques et des
stratégies nationales, et d'avancer vers la convergence
sous-régionale, puis régionale.
Aujourd'hui, par exemple la place du Bénin au sein de
la CEDEAO lui permet la réalisation de nombreux projets que seule son
appartenance au Conseil de l'Entente ne lui aurait pas certainement permis
d'atteindre. En effet la situation de léthargie actuelle de cette
organisation la rend presque inefficace.
De même, le fait pour le Bénin d'être
membre d'une organisation ayant le bénéfice d'avoir une monnaie
commune présente des avantages à divers points de vue. En effet,
l'union monétaire entre les Etats de l'espace UEMOA favorise la
résolution beaucoup plus efficace des problèmes
économiques communs aux
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
Etats d'une telle union. Aussi, certaines réalisations
ont facilement été possibles avec l'UEMOA tandis que l'on
piétine encore dans le cadre de la CEDEAO.
Par ailleurs, le fait d'appartenir à plusieurs
organisations peut maximiser les avantages de l'intégration et minimiser
les pertes grâce à une répartition des risques. Cela peut
s'avérer particulièrement important pour les pays dont les
économies sont faibles, car ils peuvent bénéficier des
gains découlant de toutes les organisations d'intégration
auxquelles ils appartiennent.
Si le nombre élevé d'organisations n'est pas en
lui-même mauvais, ce qui crée le flou est la similitude
observée aussi bien au niveau de leurs objectifs qu'au niveau de leurs
activités.
B- Chevauchement d'objectifs et parallélisme
des domaines d'intervention
La multiplicité des organisations engendre de nombreux
problèmes. L'un des premiers grands reproches faits à ces
organisations est la similitude de leurs objectifs qui entraine de fait la
similarité de leurs projets intégrateurs. Selon un rapport de la
commission économique des Nations Unies pour l'Afrique, la mise en
oeuvre de programmes similaires dans différentes communautés
économiques régionales constitue une des grandes contraintes qui
pèse sur les actions d'intégration dans le continent. Sur les
12 principaux programmes mis en oeuvre par les communautés
économiques régionales en Afrique de l'Ouest par exemple, au
moins 9 se retrouvent ailleurs. Les programmes d'intégration dans les
domaines du commerce, des marchés, de l'agriculture et de la
sécurité alimentaire sont menés par trois des quatre
communautés économiques régionales. Malgré les
différentes actions menées dans les domaines du commerce et des
marchés, les échanges au sein des communautés
économiques régionales de l'Afrique de l'Ouest sont très
limités. Les neuf programmes d'intégration en Afrique de
l'Ouest auraient probablement pu être envisagés de façon
harmonisée avec une
45
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en Afrique :
complémentarité ou concurrence ?
seule communauté économique
régionale s'occupant d'une question donnée, tout en couvrant
l'ensemble de la région16.
Aussi la majorité des communautés
économiques régionales du continent reconnaissent-elles que le
double emploi pose problème, notamment pour les programmes
destinés à faciliter les échanges et les programmes
d'intégration du commerce et des marchés.
1- Des objectifs similaires
De l'organisation continentale aux regroupements
sous-régionaux, l'intégration prônée par les Etats
poursuit globalement des objectifs identiques. Ces objectifs se fondent sur les
différentes étapes du processus d'intégration. Ainsi, les
organisations visent une intégration économique totale par la
création d'une zone de libre échange ; d'une union
douanière ; d'un marché commun ; et enfin d'une union
économique. Ces différentes étapes appellent une
coopération dans tous les domaines de la vie socio-économique des
Etats.
Ces objectifs peuvent se résumer en les points suivants
:
· la promotion de la coopération et
l'intégration dans la perspective de la mise en oeuvre d'une union
économique globale en vue d'améliorer le niveau de vie des
populations ;
· l'accélération de la croissance
économique ;
· la contribution au progrès et au
développement du continent africain.
Plus spécifiquement, il s'agit de :
· l'harmonisation et la coordination des politiques
nationales et la promotion de projets notamment dans tous les domaines
(agriculture, énergie, commerce, finance, santé ...) en vue de la
création d'une union économique ;
· la création d'un marché commun à
travers la libéralisation des échanges (par l'élimination
entre les Etats, des droits de douane à
16 Commission des Nations Unies
pour l'Afrique, Etat de l'intégration régionale en Afrique II
: rationalisation des CER ,Addis-Abeba, Ethiopie, 2006; page
XVIII
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
l'importation et à l'exportation des marchandises et
la suppression des barrières non tarifaires en vue de la création
d'une zone de libre échange) ;
· l'établissement d'un Tarif Extérieur
Commun et d'une politique commerciale commune à l'égard des Etats
tiers ; la suppression des obstacles à la libre circulation des
personnes, des biens et capitaux, aux services, au droit de résidence et
d'établissement.
· la création d'une union monétaire ;
· la promotion d'entreprises communes par les
organisations du secteur privé.
Ces objectifs sont globalement ceux des organisations
d'intégration notamment celles dont le Bénin est membre, et se
retrouvent dans les actes et traités constitutifs desdites
organisations.
Ainsi, l'article 3 de l'Acte constitutif de l'UA
définit les objectifs de celle-ci. Il s'agit entre autres de la
promotion du développement durable aux plans économique, social
et culturel, ainsi que de l'intégration des économies
africaines.
Ces objectifs sont repris dans plusieurs traités des
organisations mais avec des dimensions sous-régionales. A titre
illustratif, nous retiendrons les traités de la CEDEAO, de l'UEMOA et de
la CEN-SAD.
En effet, aux termes de l'article 3(paragraphe 1) du
traité révisé de la CEDEAO « La communauté
vise à promouvoir la coopération et l'intégration dans la
perspective d'une Union économique de l'Afrique de l'Ouest en vue
d'élever le niveau de vie de ses peuples, de maintenir et
d'accroître la stabilité économique, de renforcer les
relations entre les Etats membres et de contribuer au progrès et au
développement du continent africain ». Le paragraphe 2 de
l'article décline cet objectif général en objectifs
spécifiques qui englobent la coopération dans tous les domaines
économique, social et culturel.
Ces mêmes objectifs sont réaffirmés dans
le traité modifié de l'UEMOA, à la seule différence
qu'ici l'on ne vise pas l'union monétaire qui est déjà
réalisée de
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
fait : « a) renforcer la compétitivité
des activités économiques et financières des Etats membres
dans la cadre d'un marché ouvert et concurrentiel et d'un environnement
juridique et rationalisé. b) assurer la convergence des performances et
des politiques économiques des Etats membres par l'institution d'une
procédure de surveillance multilatérale. c) créer entre
les Etats membres une marché commun basé sur la libre circulation
des personnes, des biens, des services, des capitaux et le droit
d'établissement des personnes exerçant une activité
indépendante ou salariée, ainsi que sur un tarif extérieur
commun et une politique commerciale commune .d) instituer une coordination des
politiques sectorielles nationales, par la mise en oeuvre d'actions communes et
éventuellement de politiques communes notamment dans les domaines
suivants : ressources humaines, aménagement du territoire, transports et
télécommunications, environnement, agriculture, énergie,
industrie et mines. e) harmoniser, dans la mesure nécessaire au bon
fonctionnement du marché commun, les législations des Etats
membres et particulièrement le régime de la fiscalité
».
La CEN-SAD reprend également ces objectifs à
son profit en affirmant en son article 1er : «
l'établissement d' une union économique globale basée
sur une stratégie à travers un plan de développement
complémentaire avec les plans nationaux de développement
englobant l'investissement dans les domaines agricole, industriel,
énergétique, social et culturel... »
Plusieurs autres organisations reprennent ces objectifs mais
beaucoup plus partiellement. C'est le cas du Conseil de l'Entente qui à
travers son Fonds de Garantie des emprunts s'intéresse beaucoup plus aux
questions financières ; ou encore l'Autorité du Bassin du
Niger(ABN) qui investit certes dans l'économie mais beaucoup plus
spécifiquement dans le domaine de l'agriculture et du
développement rural.
2- Du parallélisme des sentiers
intégrateurs
Ces objectifs communs sont à la base du
développement d'activités parallèles.
Ainsi par exemple, dans le domaine agricole, aujourd'hui
différents projets sont élaborés aussi bien dans le cadre
de la CEDEAO, de l'UEMOA que de la
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
CEN-SAD. Il s'agit notamment de la Politique Agricole Commune
de le CEDEAO (PAC) ; de la Politique Agricole de l'UEMOA(PAU) et de la
politique régionale de la CEN-SAD en matière d'agriculture,
à travers le Programme Grande Muraille Verte de la CEN-SAD. Ces
programmes élaborés et mis en oeuvre dans le domaine de
l'agriculture et de la sécurité alimentaire n'ont pas permis au
continent de développer une politique d'auto-suffisance alimentaire et
surtout de faire face la crise alimentaire qu'il connaît depuis quelques
temps. Il y a manifestement une dispersion inutile d'efforts qui ralentit
l'intégration.
Plusieurs autres programmes sont développés de
manière simultanée par ces organisations dans tous les secteurs
de la vie socio-économique à savoir le commerce, le transport,
les télécommunications, l'énergie, les mines, la
santé, l'éducation, la culture, et pourtant leurs effets ne se
ressentent particulièrement pas dans l'évolution du processus
d'intégration économique du continent.
Dans un tableau réalisé à partir des
traités, acte et mémorandum de création des organisations
mais aussi d'ouvrages spécialisés, nous récapitulons les
grandes lignes du phénomène sus-décrit. (Voir annexe
n°1).
Le chevauchement et la duplication des projets
observés trouvent leur fondement dans l'insuffisance voire l'absence de
coordination entre les organisations. Mais comment expliquer ce défaut
de coordination ? Et comment est-ce-que les Etats en général et
le Bénin en particulier gèrent-ils leurs multiples appartenances
eu égard à tous les problèmes soulevés par cette
multiplicité d'organisations ?
Paragraphe 2 : Un processus d'intégration
incontrôlé
Pour des raisons stratégiques et politiques, de
nombreux pays africains sont membres de plus d'une communauté
économique régionale. Si leurs structures sont
différentes, toutes les communautés économiques
régionales visent, en réalité, un même objectif,
à savoir la création d'un vaste espace économique
commun.
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
Malheureusement, la toile inextricable résultant de la
coexistence de plusieurs organisations soulève d'une part des
problèmes considérables de coordination et d'harmonisation de
leurs politiques et programmes (A) et d'autre part des problèmes quant
aux multiples appartenances des Etats à ces organisations (B).
A- Insuffisance des mécanismes de
coordination
En l'absence de coordination, il est peu probable que les
communautés économiques régionales puissent faire avancer
l'intégration continentale.
Ce manque de coordination est imputable aussi bien à
l'organisation continentale qu'aux organisations sous-régionales.
Au niveau de l'UA, l'on constate une défaillance dans
son rôle de suivi et de régulation à l'égard des
organisations régionales d'intégration. Cette défaillance
se justifie principalement par une absence de communication entre ces
dernières et l'organisation continentale. En principe, depuis le
traité d'Abuja de 1991 c'est à l'UA que revenait principalement
la mission de coordination des organisations africaines. Cela est d'autant plus
vrai qu'elle-même le stipule expressément dans son Acte
Constitutif qui dispose en son article3§l que les objectifs de l'Union
sont entre autres, de « coordonner et harmoniser les politiques entre les
communautés économiques régionales existantes et futures
en vue de la réalisation graduelle des objectifs de l'Union ».
Des mécanismes existent, mais ne sont malheureusement
pas efficaces. En effet, consciente des difficultés nées de
l'appartenance des Etats à différentes communautés et du
chevauchement des programmes de ces communautés, l'Union africaine a
adopté avec les principales communautés économiques
régionales un protocole sur leurs relations ayant pour objectif la
rationalisation de l'intégration régionale à
l'échelle continentale. Ce protocole vise plus précisément
le renforcement de la coopération entre les communautés
économiques régionales, notamment à travers la
coordination et l'harmonisation de leurs politiques, mesures, programmes et
activités. Ce protocole a créé deux
50
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en Afrique:
complémentarité ou concurrence?
organes de coordination à savoir le Comité des
responsables de secrétariats et le Comité de coordination.
Mais, malgré l'existence de ces comités, le
constat reste le même. Les efforts déployés par ces organes
restent sans succès. Cela par la faute même des
communautés. En effet, la participation aux réunions des deux
organes de coordination est souvent faible17 et laisse ainsi peu de
place au débat sur les progrès accomplis dans la coordination ou
l'harmonisation des politiques et programmes. Par ailleurs l'absence de
structures de coordination officielles entre l'Union africaine et chaque
communauté économique régionale, limite davantage les
échanges d'informations et rend les deux organismes inefficaces.
Aussi, dans le but de renforcer l'efficacité de la
coordination sur le plan continental, les relations entre les
communautés économiques régionales et les principaux
comités doivent faire l'objet d'un examen rigoureux.
Au niveau des communautés, ce manque de coordination
se traduit par l'absence d'un véritable cadre de concertation entre
elles. Cela s'explique entre autres par un déficit du réseau de
communication entre elles.
Les communautés économiques régionales
ont fait des efforts pour mettre en place des mécanismes pour coordonner
leurs activités. Il s'agit notamment des mémorandums d'entente,
des réunions de coordination périodiques, des échanges
d'information réguliers, une programmation commune, des examens de
programmes et des comités de mise en oeuvre communs. L'utilisation de
tous ces mécanismes est néanmoins limitée. Selon un
rapport de la Commission des Nations Unies pour l'Afrique, environ 40% des
communautés économiques d'une même région utilisent
des mémorandums d'entente, moins de 20% examinent leurs programmes en
commun et moins de 30% ont une programmation commune et mènent des
activités conjointement. Les mécanismes de coordination qui
existent n'ont pas de base réglementaire et n'ont pas force
exécutoire. En conséquence, la moitié seulement des
17 Le Comité des
responsables de secrétariats s'est réuni cinq fois en cinq ans,
mais toutes les communautés n'y ont pas participé.
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
programmes et des activités d'une région
donnée sont coordonnés et, même dans ce cas, les
résultats escomptés n'ont pas été obtenus.
Aujourd'hui, se basant sur les organisations dont le
Bénin est membre, seules la CEDEAO et l'UEMOA s'activent effectivement
dans la mise en place d'un véritable cadre de concertation pour la
coordination et l'harmonisation de leurs politiques et programmes. Ce qui
permettra à leurs membres d'éviter la dispersion inutile de leurs
efforts collectifs.
B- Gestion problématique des appartenances
multiples
Il s'agira pour nous dans cette partie de présenter de
façon générale les problèmes rencontrés par
les Etats en général et par le Bénin en particulier du
fait de leurs adhésions multiples aux organisations d'intégration
régionale.
La plupart des Etats africains appartiennent à
plusieurs organisations d'intégration à la fois. Dans les faits,
cela se manifeste par le fait que sur les cinquante- trois (53) pays africains,
vingt-six (26) ont adhéré à deux, vingt (20) à
trois et un à quatre des quatorze (14) organisations
inter-gouvernementales (OIG)18.
En dehors de ces quatorze OIG, la majorité des Etats
africains appartiennent à au moins deux autres regroupements
sous-régionaux moins importants. Ainsi, en moyenne, 95% des membres
d'une communauté économique régionale appartiennent
à une autre communauté. De plus, les Etats ne se contentent plus
d'adhérer aux regroupements situés à l'intérieur de
leur sous-région. Avec la naissance de nouvelles communautés
transversales telles que la CEN-SAD, les Etats sortent du cadre
sous-régional. Le Bénin par exemple est membre, sur ces 14 OIG,
de trois à savoir la CEDEAO, l'UEMOA
18 Ces 14 OIG regroupent les 8 CER reconnues par l'UA et 6
autres communautés économiques sous-régionales qui
constituent les grands sous-ensembles de ces communautés. Il s'agit
notamment de la Communauté économique et monétaire
d'Afrique centrale (CEMAC), dont les six membres font tous partie de la CEEAC;
la Communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL), dont
les trois membres font partie de la CEEAC; la Commission de l'océan
Indien (COI), qui comprend quatre membres du COMESA; l'Union du fleuve Mano
(MRU), composée de trois membres de la CEDEAO; l'Union douanière
d'Afrique australe (SACU), dont les cinq membres appartiennent à la
SADC; l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) qui
comprend huit membres de la CEDEAO.
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
et la CEN-SAD. Cette situation inconcevable en matière
d'intégration rationnelle est pourtant justifiée pour des raisons
d'ordre politique et stratégique.
Cependant, malgré les différents arguments
apportés pour justifier une telle situation, les avantages d'une telle
omniprésence des Etats dans les institutions d'intégration ne se
ressentent pas particulièrement. Surtout au regard des
différentes contraintes tant sur le plan financier, humain
qu'organisationnel qu'elle génère.
1- Au plan financier
Sur le plan financier, les Etats doivent respecter un certain
nombre d'engagements. Il s'agit fondamentalement de leurs cotisations
annuelles. Déjà, la satisfaction de cette exigence n'est pas
toujours aisée pour les Etats membres d'une seule communauté mais
elle devient encore plus difficile lorsque l'Etat contracte des engagements
envers plusieurs communautés. Tenant compte de ces problèmes, le
Rwanda a, par exemple, entrepris une étude sur les options de
l'intégration, leurs coûts et leurs avantages. Fort des
résultats de ladite étude, ce pays a pris la décision
audacieuse de se retirer de la Communauté Economique des Etats d'Afrique
Centrale (CEEAC) et de retirer sa demande d'adhésion à la
Communauté de Développement de l'Afrique Australe (SADC). De ce
fait, il a alors exhorté tous les autres Etats qui sont
confrontés à des situations similaires de s'imprégner de
son exemple19.
De plus, il arrive que les Etats soient sollicités
financièrement à l'occasion d'évènement
spécial comme par exemple la tenue d'évènements culturels
et sportifs.
La participation des Chefs d'Etat, membres du gouvernement ou
experts aux différentes réunions suppose également une
incidence financière non négligeable. Pour s'en convaincre, il
suffit de se référer à la première mesure
proposée par le ministre des finances de la République du
Bénin dans le cadre de
19 Discours du ministre rwandais des Affaires
étrangères et de la coopération S.E. Dr Charles Murigande,
à l'occasion de la tenue à Kigali, au Rwanda de la
deuxième Conférence des Ministres de l'intégration en
2007.
53
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en Afrique:
complémentarité ou concurrence?
la lutte contre la cherté de la vie. Il a en effet
préconisé la suppression des missions pour tous les ministres
à l'exception de celles revêtant un caractère
extrêmement important ou prises en charge par les
organisateurs20. Dans cette hypothèse, les ministres
voyageraient en classe économique. La multi-appartenance constitue donc
un facteur de dispersion des pauvres ressources des Etats africains.
En outre, le point des contributions du Bénin au titre
de l'année 2006 révèle une forte contribution de celui-ci
dans les organisations d'intégration avec, malgré tout, plus de
huit cent millions d'impayés. Ce bilan montre que le montant de la
contribution au profit de la CEN-SAD, s'élève à
115.657.500 de francs CFA pour l'année 2003-2004. Cette contribution, au
titre de l'année 2006, est de 25.000.000 pour l'Autorité du
Bassin du Niger et de 129.050.006 pour l'UA, pour ne prendre que ces exemples.
Aussi, le montant des impayés est-il de 575.000.000 au Conseil de
l'Entente et 125.750.000 à la CEDEAO.
2- Au plan humain et organisationnel
Sur le plan des ressources humaines, l'on constate comme un
débordement de la part des cadres en charge des questions
d'intégration, au plan national. En effet, ceux-ci sont excessivement
sollicités eu égard non seulement à la diversité et
la multitude des réunions et sommets auxquelles ils doivent
répondre, mais également à la proximité de ces
derniers. Par exemple en 2008, le sommet de la CEN-SAD, tenu à Cotonou
au Bénin a précédé ceux de la CEDEAO, puis celui de
l'Union Africaine, dans l'intervalle d'un mois.
Cette situation pourrait ainsi donc être à
l'origine de l'absentéisme des représentants parfois
constaté lors de ces rencontres.
Par ailleurs ces différentes appartenances posent des
difficultés quant à la mise en oeuvre des politiques, qui se
révèlent souvent conflictuelles.
20 Cf. Achode W ;la problématique d»un
modèle d'intégration pour l'Afrique, Mémoire de fin de
formation du 2ème cycle, Diplomatie et Relations
Internationales, ENAM-Bénin, Cotonou, 2008, p. 41
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
A titre illustratif, dans les domaines du commerce et de la
facilitation des échanges, deux CER couvrant une même
région peuvent élaborer des règles d'origine
différentes. De même, les agents de douane d'un pays appartenant
à deux CER et donc à deux unions douanières
différentes, peuvent éprouver des difficultés
considérables quant à l'application des régimes douaniers
établis par ces CER qui s'avèrent contradictoires.
Une étude réalisée par la Commission de
l'Union Africaine sur la base d'un questionnaire adressé aux CER a
montré que 58% des Etats interrogés estiment que la
multi-appartenance entraîne des contraintes budgétaires
énormes pendant que 67% déplorent la duplication des programmes
qui en résulte. 47% évoquent l'inefficacité et la mauvaise
coordination tandis que 11% évoquent d'autres inconvénients
liés à la multi appartenance.
Il est cependant important de faire remarquer que nos
entretiens avec les cadres de la Direction de l'Intégration Africaine et
de la Direction de l'Intégra-tion Régionale nous ont permis de
savoir que ces effets pervers des multiples appartenances sont plus ou moins
atténués au niveau des Etats de la sous-région
ouest-africaine. En effet, il a été mis sur point au niveau de la
CEDEAO et de l'UEMOA, des systèmes de prélèvements
communautaires. Ce qui entraîne une diminution plus ou moins sensible des
charges financières à imputer au budget national. Il demeure tout
de même les charges des autres organisations telles que l'UA, la CEN-SAD
et les sous-ensembles moins importants tels le Conseil de l'Entente ou encore
l'Autorité du Bassin du Niger.
La pluralité des organisations d'intégration,
la similarité de leurs objectifs, la duplication des programmes, et la
dispersion des ressources des pays membres compromettent l'efficacité de
ces regroupements. Il existe un flou quant à leur réel profit
pour les Etats. Cependant dans cet enchevêtrement, il existe certaines
qui font aujourd'hui l'effort d'harmoniser leurs politiques dans une
perspective de consolidation et non de déperdition des efforts et
ressources engagés dans le processus d'intégration. Malgré
cet effort, il n'en reste pas moins que l'état actuel
55
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
de l'intégration laisse entrevoir les
velléités concurrentielles à peine dévoilées
de certaines organisations ou plutôt de celles de leurs principaux
fondateurs.
Section II : Les enjeux pour le Bénin
Il s'agira dans cette section, tout en présentant les
nombreux avantages dont bénéficie le Bénin dans le
processus d'intégration, d'analyser la complémentarité
fort encourageante de certaines de ces organisations. Cette
complémentarité permettra aujourd'hui à notre pays de
tirer plus de profit de la coopération sous-régionale (paragraphe
1).
Il sera également aborder l'impact de la
présence du Bénin dans certaines organisations dont les
politiques plutôt concurrentielles, pourrait contrarier son appartenance
à d'autres organisations (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Une complémentarité
bénéfique pour le Bénin
En dehors des petits sous-ensembles régionaux
spécialisés, le Bénin est aujourd'hui membre de trois
grandes organisations intergouvernementales dont deux(2) des huit
communautés officiellement reconnues et une communauté
économique sous-régionale (CESR). Ces différentes
organisations opèrent dans une perspective de
complémentarité de l'UA au plan sous-régional.
En effet, le rapprochement des Etats relève
globalement, du point de vue continental ou régional, de l'Union
Africaine, alors que par sous-région, l'intégration est du
ressort des communautés économiques régionales.
Nos différents entretiens avec les cadres de la DIR
nous ont permis de constater qu'une certaine synergie s'installe plus
précisément entre la CEDEAO et l'UEMOA pour réduire les
risques de normes contradictoires et de duplication inutile de programmes. Ces
efforts tendent à harmoniser ainsi les projets intégrateurs de
ces organisations. L'UEMOA compte 8 pays. Mais, ils sont également tous
membres de la CEDEAO. Cela paraît très avantageux pour ces huit
pays de construire une telle harmonisation qui permettra à l'avenir
d'éviter
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
les risques de conflits de lois et de juridictions, la
gestion d'une multitude de règles, de décisions et même de
réunions.
Cette complémentarité se traduit dans les faits
par l'harmonisation de leurs programmes et projets intégrateurs.
L'exemple le plus significatif est celui de mise en place du Tarif
Extérieur Commun par ces 2 institutions.
Après avoir exposé les intérêts
qui pourraient découler de la mise en place d'une politique
complémentaire entre les organisations (A), nous nous appesantirons sur
l'exemple de la CEDEAO et de l'UEMOA dans une telle dynamique (B).
A- Les intérêts de la mise en place de
politiques complémentaires
La complémentarité entre les organisations
suppose une coordination entre elles, mais surtout une harmonisation des
règles. Il est incontestable de reconnaître que les deux outils
d'intégration que sont la CEDEAO et l'UEMOA poursuivent globalement les
mêmes objectifs. Il est loisible de constater également que leurs
différents projets s'inscrivent dans des sens identiques. Certes
l'espace géographique d'application n'est pas le même, mais la
CEDEAO englobe l'UEMOA. C'est donc à juste titre que, face à
cette situation, Wilfried Kakpo parle, de l'importance de la question de
l'opportunité d'un tel modèle d'intégration. Une
observation attentive des réalisations de ces institutions montre que le
dédoublement des programmes est d'une réalité
incontestable et dans ce cadre, le processus d'harmonisation des règles
communautaires en Afrique de l'Ouest détient toute son
originalité, poursuit-il21.
Ainsi, l'harmonisation permettra aux Etats de résoudre
plusieurs problèmes liés à leurs adhésions
multiples aux organisations tels les conflits de lois et de juridictions et la
gestion des multiples réunions. En effet, la tenue dans une même
période de séminaires ou conférences pourrait laisser
transparaître un
21 Cf. Kakpo Wilfried,
Contribution à l'étude de la complémentarité
entre la CEDEAO et l'UEMOA, Mémoire de fin de cycle I, Diplomatie
et Relations Internationales, Enam-Bénin, Cotonou, Février 2009.
P. 3233
57
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en Afrique:
complémentarité ou concurrence?
manque de synergie et une absence de stratégie de la part
des institutions. Nous pouvons prendre ici un exemple sur la CEDEAO et
l'UEMOA.
En effet, s'est tenue à Cotonou dans une même
période et sur des sujets identiques deux séminaires. Il s'agit
du séminaire sur « la libre circulation des personnes et des biens
dans l'espace UEMOA » qui a eu lieu à Cotonou les 04 et 05 novembre
2008 et de la conférence sur « la libre circulation des personnes
et des biens dans l'espace CEDEAO» tenue toujours à Cotonou du 18
au 20 novembre 2008.
De même, les Cours de ces deux institutions peuvent
être en conflit face au règlement des litiges puisqu'étant
compétentes dans des domaines similaires22.
A cela s'ajoutent les risques de conflit de normes eu
égard à la panoplie de textes mis en place par ces
institutions.
B- Un modèle de complémentarité
à encourager : cas de la CEDEAO et de l'UEMOA
Dans la perspective de pallier les différentes
difficultés que soulève la coexistence non harmonisée de
grandes institutions dans un même espace, la CEDEAO et l'UEMOA, ont
décidé de conjuguer leurs efforts. Cela permettra de mieux
apprécier les efforts déployés par l'instauration d'une
certaine clairvoyance dans le processus d'intégration.
En effet, cette harmonisation a débuté par
l'unification des régimes des échanges de ces deux institutions.
La CEDEAO et l'UEMOA, prenant exemple sur les organisations qui les ont
précédées, et tirant leçons du passé, ont
adopté chacune, un régime préférentiel des
échanges. Il s'agit pour la CEDEAO du Schéma de
Libéralisation des Echanges et pour l'UEMOA de la Taxe
Préférentielle Communautaire. Cependant, la coexistence de deux
mécanismes pour les échanges dans un même espace
géographique n'a pas été très concluante. Aussi,
pour une amélioration des progrès, les Conférences des
chefs
22 Cf. Kakpo Wilfried. Op, cit., p.
34-38.
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
d'Etat et de Gouvernements de la CEDEAO et de l'UEMOA, se
sont réunies à Bamako en décembre 2000 et ont
décidé, dans le cadre du processus d'accélération
de l'intégration, de l'harmonisation des règles régissant
les échanges intra-communautaires dans les espaces CEDEAO et UEMOA.
Dans ce cadre, ces deux institutions ont respectivement
adopté des ?Actes? relatifs à la notion de produits originaires.
Les règles d'origine désormais harmonisées comportent de
nouvelles dispositions présentées dans un
tableau23.
Désormais, il n'y a plus de distinction entre les
produits déterminés par l'une ou l'autre des organisations,
puisque ces règles ont permis l'harmonisation des différents
éléments relatifs au régime de libéralisation des
échanges.
De plus, la CEDEAO, toujours dans cette optique
d'harmonisation, a adopté comme Tarif Extérieur Commun (TEC)
celui mis en place par l'UEMOA depuis 2000. En effet, la Conférence des
Chefs d'Etat et de gouvernements a formulé le voeu d'étendre
à la CEDEAO le TEC/UEMOA. Après plusieurs actions dans ce sens,
le TEC/CEDEAO a finalement été adopté à la
29ème Conférence des Chefs d'Etat et de gouvernements
tenue à Niamey en Janvier 2006 avec date d'application fixée au
1er Janvier 2006.
Le TEC/CEDEAO adopté comporte, comme le TEC/UEMOA,
quatre catégories :
· catégorie 0 : 0% pour les biens sociaux essentiels
;
· catégorie 1 : 5% pour les biens de première
nécessité, les matières premières de base, les
biens d'équipement, les intrants ;
· catégories 2 : 10% pour les intrants et produits
intermédiaires ;
· catégorie 3 : 20% pour les biens de consommation
finale.
Par ailleurs, a été mis en place un
comité conjoint CEDEAO/UEMOA de gestion du TEC pour résoudre les
divergences encore existantes et achever la mise en place du TEC et de l'union
douanière au niveau de ces deux institutions.
23 Voir tableau n°2 en annexe de cette
étude.
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
Cette dernière phase passe par la conduite de deux
principales activités que sont la négociation des exceptions et
l'harmonisation des exonérations, des régimes économiques
et des accords commerciaux.
Paragraphe 2 : Une multiplicité d'organisations
préjudiciable pour le Bénin
La question qui s'est posée et qui légitime
l'interrogation sur l'opportunité de la stratégie
d'intégration des Etats africains est celle de l'adhésion du
Bénin, en particulier, à certaines organisations n'appartenant
pas à sa sphère géographique et qui pourtant poursuivent
les mêmes objectifs que la CEDEAO ou l'UEMOA par exemple. Le
problème se pose non au niveau de l'appartenance mais plutôt au
niveau des véritables buts de ces organisations dont la politique
concurrentielle à peine déguisée pourrait compromettre les
intérêts du Bénin au regard de son positionnement dans
d'autres organisations.
En effet, la stratégie d'intégration de la
CEN-SAD laisse entrevoir non pas une complémentarité mais
plutôt une certaine concurrence par rapport aux autres organisations
d'intégration. Celle-ci peut être observée d'une part par
rapport à l'organisation continentale (UA) et d'autre part par rapport
aux autres organisations sous-régionales.
A- La CEN-SAD : une organisation concurrente de
l'UA
Le caractère concurrentiel de la politique
d'intégration de la CEN-SAD se manifeste de deux manières :
d'abord par l'élargissement concurrentiel de son espace communautaire,
ensuite par le développement de ses projets intégrateurs.
1- L'élargissement contre-nature de l'espace
communautaire
Comme stipulé dans le préambule portant
création de la CEN-SAD et exprimé par la dénomination de
l'organisation, l'action de la CEN-SAD vise le développement des pays du
Sahel et du Sahara. L'espace communautaire ainsi dessiné ipso facto
par le traité, fait de la CEN-SAD non pas une organisation
typiquement régionale encore moins sous-régionale mais bien une
organisation
60
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
sub-régionale. Il est important pour nous de faire une
telle clarification parce qu'en tout état de cause la CEN-SAD ne peut
être assimilée à une organisation continentale comme l'UA
qui a vocation à accueillir tous les Etats du continent. Pour mieux
appréhender cela, il est opportun pour nous de répondre aux
interrogations suivantes : que recouvre le qualificatif «
sahélo-sahariens » ? A quelle partie du continent renvoie-t-il ? Et
enfin quels sont les pays qui par nature y appartiennent ?
D'abord, le sahel. Suivant une définition tirée
du Larousse encyclopédique universel24 le Sahel en Afrique
correspond au rivage situé au Sud du Sahara. C'est en effet, une zone de
transition entre le désert et le domaine tropical humide soudanien.
Selon l'ONU, le Sahel concerne la Mauritanie, le Sénégal, le
Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad auxquels on peut ajouter le
Soudan.
Ensuite, le Sahara. Il est considéré comme le
plus grand désert du monde avec une superficie de plus de huit millions
de km2. Le Sahara couvre à la fois l'Afrique du Nord
méditerranée et l'Afrique noire, l'Atlantique et la mer rouge. Au
nord, « l'Atlas saharien marque la limite septentrionale du
désert qui atteint la mer en Lybie et en Egypte » alors qu'au
sud « la limite méridionale est la bordure sahélienne,
où apparaît le cram-cram graminée qui nécessite des
pluies d'été relativement régulières
».25 Pour ce qui concerne son milieu naturel, de part et
d'autre du tropique du cancer, le Sahara s'étend sur une dizaine de
pays. Politiquement, il est donc partagé entre 10 Etats26
dont 2 sont presque entièrement sahariens : la Lybie et la Mauritanie.
Les autres sont le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, l'Egypte, le Soudan, le
Tchad, le Niger et le Mali. Sur la base de ces éléments
géographiques, on peut aisément dégager les Etats qui
devraient, par nature, appartenir à cette organisation.
Normalement, la carte de l'espace communautaire de la CEN-SAD
découle de l'adjectif « sahélo-saharien » contenu dans
sa dénomination. On y induit principalement la Mauritanie, la Lybie, le
Sénégal, le Mali, le Burkina Faso,
24 Cf. « Sahel », Larousse encyclopédique
universel, Edition du Club France Loisirs, 2001, p. 4903
25 Cf. « Sahara », Larousse encyclopédique
universel, op. cit., p. 4902
26 Cf. « Sahara », Dictionnaire de langue
française, Langue- Encyclopédie- Noms propres, Paris,
hachette, 1988, p. 1134
61
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en Afrique:
complémentarité ou concurrence?
le Niger, le Tchad, le Soudan, le Maroc, l'Algérie, la
Tunisie et l'Egypte. Ainsi, la CEN-SAD, devrait être composée
d'au-plus 12 pays appartenant formellement à la géographie du
Sahel et du Sahara.
De cette analyse, il ressort qu'appartiennent aujourd'hui
à l'organisation, plusieurs pays qui ne sont ni du Sahel ni du Sahara.
Il va sans dire que la configuration actuelle de l'espace communautaire de la
CEN-SAD résulte d'une approche d'exception qui a consisté durant
ces dernières années à développer une politique
d'adhésion peu conforme à la génétique et à
la vocation de l'organisation. Dans une étude27
réalisée dans la foulée du 10ème Sommet
des chefs d'Etats et de gouvernement, Christel-Fourrier Donkpegan met en relief
les différents dysfonctionnements de cette organisation. Tout en
déplorant la dénaturation de l'organisation, il explique son
élargissement continu et contre-nature par l'interprétation
lato sensu que fait l'organisation du concept ?d'Etat
sahélo-saharien?28. Cependant, deux autres hypothèses
peuvent aussi concourir à l'explication de l'élargissement
contre-nature de la CEN-SAD aux Etats non sahélo-sahariens.
La première a rapport au positionnement diplomatique
prééminent de la Lybie en Afrique29. Car c'est
à cette posture que se rapporte le choix de la « Grande Jamahiriya
» et de son « guide » d'affirmer son leadership en Afrique et
dans le monde au moyen d'une organisation ouverte, aussi large et aussi
représentative du continent que l'Union Africaine30.
27 Cf. Donkpegan (Ch.-F), la CEN-SAD en dix ans d'existence :
problèmes et perspectives, Mémoire de fin du
2ème cycle, Diplomatie et Relations Internationales,
ENAM-Bénin, Cotonou, Septembre 2008, p. 51
28 Donkpegan (Ch.-F.), op. cit., p 33
29 Cf. Otayek (R.), La politique africaine de la
Libye, Paris, Karthala, 1986, p. 215 ; «Hottinger (A.), « l
»expansionnisme libyen : Marchrek, Maghreb et Afrique noire »,
Politique Etrangère, 1981, Vol. 46, n°1, pp. 137-149.
30 A la veille du Sommet de la CEN-SAD tenu en juin 2008
à Cotonou, François Soudan livre une analyse critique du tropisme
africain de la Libye. Il y soutient que l'intérêt subit de la
Lybie pour l'Union africaine mais surtout pour l'Afrique subsaharienne est
« fragile et réversible » et que « la
politique africaine de la Libye ne procède pas d'un choix mais d'un
échec ». de même, la remobilisation de l'Afrique,
à travers la CEN-SAD, est considéré par M. Soudan comme
« le dernier avatar d'une volonté aussi brouillonne
qu'obstinée de recherche, de conservation et d'extension de l'influence
libyenne au sud du Sahara » Cf. Soudan (F.), « Kadhafi et
l'Afrique. Le retour du parrain », Jeune Afrique, n°2474 du
8 au 14 juin 2008, pp. 22-25.
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en Afrique:
complémentarité ou concurrence?
La seconde hypothèse qui nous paraît tout autant
plausible que la première, est celle qui tente de justifier
l'attractivité de la CEN-SAD par la volonté des Etats qui y
adhèrent de bénéficier des apports financiers de la Lybie.
La CEN-SAD est, aujourd'hui, l'une des organisations régionales dont la
participation est supposée plus rentable. Avant elle, aucune
organisation africaine ne s'est agrandie aussi vite et n'a suscité
autant d'empressement chez les Etats. Il semble dès lors évident
de soutenir ainsi que le fait M. Donkpegan que les Etats sont plus attentifs
à la générosité légendaire31 du
guide libyen et adhèrent à la CEN-SAD « plus pour
bénéficier des pétro-dinars libyens que pour s'y investir
en vue de la réalisation des objectifs de la communauté
»32.
2- Des projets de coopération
parallèles
A l'instar de toute organisation d'intégration, la
CEN-SAD a défini des projets d'intérêt communautaire dont
les uns sont principaux et les autres secondaires. Douze ans après sa
création, la politique de l'organisation tarde à prendre corps.
Les projets élaborés existent. Mais ils sont encore à
l'étape de conception. Cependant malgré
l'immatérialité de l'action de la CEN-SAD, on peut, tout de
même, en ressortir les principaux traits.
En dehors de la multiplication infructueuse de projets, c'est
leur caractère concurrentiel qui saute à l'analyse. Alors qu'elle
est censée prolonger au plan régional les efforts de l'Union
Africaine, l'action de la CEN-SAD, telle qu'elle est énoncée dans
ses projets majeurs, apparaît concurrentielle.
Au lieu d'être le continuateur sous-régional de
l'UA, la CEN-SAD apparaît plutôt comme un acteur concurrentiel dont
les dirigeants défendent parfois des positions très hostiles
à l'organisation continentale. Plusieurs éléments de
comparaison existent.
31 A ce propos, lire l'analyse aussi exhaustive
qu'édifiante parue dans l'hebdomadaire panafricain Jeune
Afrique. Meyer (J.-M.), Lejal(F.), « a coups de pétrodinards
», Jeune Afrique, n°2474 du 8 au 14 juin 2008, p. 25-28.
32 Donkpegan, op. cit., p. 33.
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en Afrique:
complémentarité ou concurrence?
A titre d'illustration, on citera la« Grande muraille
verte »33 qui est le projet phare de la CEN-SAD, initié
par le président Olusegun Obasanjo et adopté au sommet de la
CEN-SAD de Ouagadougou en juin 2005. Mais ce même projet a
été adopté par l'UA en juillet 2005 à Syrte. Ainsi
donc, et l'UA34 et la CEN-SAD35 ont concomitamment
entrepris des études préliminaires et engagé leurs
ressources sur l'opérationnalisation du même projet avant de
sentir la nécessité d'harmoniser leurs positions.36
Or, à l'exception du Maroc, les 29 Etats de la CEN-SAD se retrouvent
également à l'UA et l'action concurrentielle de chacune de ces
organisations sur la « grande muraille verte » constitue
assurément un dédoublement inefficace.
De même, d'autres projets illustrent cette collision
programmatique entre l'UA et la CEN-SAD. En matière infrastructurelle,
la CEN-SAD a conçu trois grands projets37 qui, s'ils ne font
pas double emploi avec ceux de l'UA, brouillent tout de même
l'unité et l'efficacité de l'action du continent à travers
l'UA.
B- La CEN-SAD : une organisation concurrente des
entités sous-régionales
L'avènement de l'Union Africaine a offert l'occasion
au Colonel Mouammar El Kadhafi de ressusciter le concept des Etats-Unis
d'Afrique. Insistant sur la nécessité de la formation d'un
gouvernement continental, il fonde son plaidoyer sur les immenses avantages
d'une union politique et fustige
33 Elle vise des actions de lutte contre la
désertification, le développement socio-économique des
zones dégradées, la reforestation et la mise en oeuvre de projets
de conservation, de restauration des ressources naturelles et de promotion
d'activités économiques comme l'agriculture, l'élevage, la
pêche.
34 La Commission de l'UA a également
élaboré un document de concept ainsi qu'un plan d'actions
35 Abdoulaye WADE président de la république du
Sénégal mandaté par La CEN-SAD a présidé 2
réunions ministérielles et mis en place un comité
technique d'experts dont les travaux ont abouti à l'élaboration
des documents ci-après : une note conceptuelle, un tracé
indicatif, des termes de référence, des éléments de
coût indicatif etc.
36 C'est ce qui justifie l'atelier technique d'harmonisation
organisé par le Secrétaire général de la CEN-SAD
à Tripoli le 15 mai 2008 et celui de restitution de l'étude de
faisabilité de la Grande muraille verte du Sahel et du Sahara tenu les 6
et 7 mai 2009 à Ouagadougou auquel ont participé la Commission de
l'UA, la République du Sénégal, l'Observatoire du Sahel et
du Sahara (OSS) et le Comité permanent inter-Etats de lutte contre la
sécheresse dans le Sahel (CILSS).
37 Il s'agit d'abord du projet de route transsaharienne AL
KADHAFI longue de 1115 kilomètres qui devra relier la Libye au Niger et
au Tchad, ensuite du projet de chemin de fer devant relier toujours la Libye au
Tchad et au Niger et, enfin du projet de chemin de fer AFRICARAIL prévu
pour relier le Bénin, le Niger, le Burkina Faso et le Togo.
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
l'expérience des CER qui n'ont pas permis d'obtenir
des avancées significatives et d'accélérer le processus de
l'intégration. On comprend aisément que la politique
développée par la CEN-SAD, loin d'être
complémentaire à celle des autres organisations
sous-régionales existantes avant elles, n'est que concurrentielle. Elle
vise en réalité la disparition de ces regroupements au profit de
la mise en place directe d'une union africaine.
Comme toute organisation qui se veut d'intégration, la
CEN-SAD a articulé ses objectifs et projets. Cependant ceux-ci sont
parallèles à ceux des communautés préexistantes.
Ils sont en effet, soit une reprise d'engagements déjà souscrits
par les mêmes Etats, soit la reformulation de projets déjà
articulés dans d'autres organisations.
A cela, il faut ajouter que les Etats membres de la CEN-SAD
appartiennent à d'autres organisations sous-régionales ayant
proclamé les mêmes objectifs et articulé les mêmes
projets. Ainsi, les engagements souscrits par les mêmes Etats dans le
cadre de la CEN-SAD ne diffèrent pas fondamentalement de ceux
antérieurement pris soit à la CEMAC, soit à la CEDEAO ou
à l'UEMOA par exemple. Au contraire, ils font double emploi, ensuite ne
participent pas de la rationalisation des ressources de ces Etats et
accréditent enfin l'hypothèse de la concurrence entre
organisations régionales africaines.
Cette reprise de projets et d'engagements apparaissent comme
des programmes de plus, sans originalité et entraînant la
dispersion des ressources financières des Etats. D'où la
nécessité de mettre en place un système de coordination
des organisations régionales africaines.
.
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en Afrique:
complémentarité ou concurrence?
PROLIFERATION DES ORGANISATIONS
D'INTEGRATION REGIONALE ?
QUELLES APPROCHES A LA
CHAPITRE II :
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Le processus d'intégration du continent noir semble
donc être freiné par un certain nombre de facteurs que sont la
prolifération des organisations d'intégration régionale et
les adhésions croisées des Etats. Une telle situation
n'étant pas de nature à favoriser une intégration
efficace, il urge d'y remédier en adoptant une stratégie
apportant des solutions à cet état de choses. Le présent
chapitre permettra d'une part, d'explorer les pistes envisageables pour
résoudre les problèmes posés et d'autre part, de
répondre aux grands défis de la régionalisation.
66
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en Afrique:
complémentarité ou concurrence?
Section I : La nécessaire coordination des
organisations
Depuis plusieurs décennies déjà, l'UA se
préoccupe de ses relations avec les organisations régionales pour
mettre en oeuvre ses objectifs en matière économique. Face
à l'inflation de ces regroupements interétatiques au plan
régional38, il est devenu indispensable de prévenir la
concurrence fonctionnelle entre eux afin de garantir l'efficacité de
leurs actions. Faute d'avoir trouvé ce mécanisme de
régulation, la régionalisation a ouvert une ère de
pluralisme intégral. Durant ces 3 décennies, elle s'est
particulièrement caractérisée par un dédoublement
des actions de ces organisations. Il convient de les rationaliser sur la base
d'éléments conventionnels.
Paragraphe 1 : Le cadre de la coordination
La rationalisation constitue le moyen le plus
approprié pour faire face aux nombreux défis que pose
l'intégration africaine. Celle-ci suppose une coordination et une
harmonisation des activités des CER. La coordination,
précédant l'harmonisation, il urge se s'y atteler
prioritairement.
A- Les fondements juridiques de la coordination
Plusieurs textes peuvent servir de fondements juridiques
à la coordination et à l'harmonisation des activités des
organisations africaines. En effet, l'état actuel du droit conventionnel
applicable sur le continent présente déjà quelques
arguments favorables à la construction d'un dialogue entre organisations
africaines.
A titre principal, c'est dans le traité
d'Abuja39, actualisé par une décision de la
conférence des chefs d'Etats et de gouvernement de l'UA réunie
à Banjul en
38 Cf. Diez de Velasco Vallejo (M.), Les organisations
internationales, Paris, Economica, 2002,p. 819-845.
39 Traité signé
à Abuja par les Chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA à Abuja
le 3 Juin 1991 et instituant la Communauté Economique Africaine. Elle
constitue le cadre de la rationalisation des CER.
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en Afrique:
complémentarité ou concurrence?
juillet 2006 qu'il faut rechercher les fondements de la
rationalisation des relations entre l'UA et les communautés
régionales40.
Plusieurs dispositions du traité d'Abuja font allusion
à la nécessité de coordonner ou d'harmoniser les
activités des communautés régionales de manière
à ce qu'elles s'inscrivent dans la stratégie d'intégration
continentale qui, selon l'article 88, additionne et fusionne les
intégrations régionales. Mais la disposition fondamentale est
sans nul doute l'article 6. Il planifie avec méthode
l'intégration des pays africains, organise les relations entre les
différents acteurs et propose un agenda formellement précis et
rigoureux pour y parvenir.
En effet, le traité d'Abuja prévoit une
transition de 34 ans à partir de l'entrée en vigueur du
traité. Cette période est subdivisée en six (6)
étapes allant de la zone de libre échange à la
communauté en passant par l'union douanière et le marché
commun. Une étape de six (6) ans pour le renforcement des
communautés existantes et la création d'autres là
où elles n'existent pas ; une 2ème étape de huit ( 8) ans
pour la construction de zones de libre échange régionales ; une
3ème étape de dix (10) ans pour les unions
douanières régionales ; une 4ème étape de deux (2)
ans pour l'installation d'union douanière à l'échelle du
continent ; une 5ème étape pour la réalisation
du marché commun africain ; enfin une 6ième
étape pour le bouclage du processus d'intégration aves la
création de la communauté proprement dite.
La mise en oeuvre de ces étapes nécessite
aujourd'hui l'abréviation du calendrier prévu par le
traité d'Abuja41. Cette préoccupation a même
déjà été abordée par les Etats dans la
Déclaration de Syrte de Septembre 1999.
40 Cf. Décision relative au moratoire sur la
reconnaissance des CER, in Assembly AU/ Déc .112 (VII), p. 1.
41 Cf. Déclaration issue de la 24ème Session
extraordinaire des Chefs d'Etat et de gouvernements de l'UA p. 2
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
A titre subsidiaire, on peut également faire mention
des rapports et déclarations issus des Conférence des Ministres
Africains de l'Intégration Economique sur la rationalisation des
communautés économiques régionales42.
En outre, les traités des organisations
régionales posent également les jalons d'une coordination. A
titre illustratif, on peut évoquer l'article 79 du Traité
révisé de la CEDEAO qui dispose qu'«en vue de la
réalisation des objectifs d'intégration régionale, la
communauté peut conclure des accords de coopération avec d'autres
communautés régionales ».
B- Les modalités de la coordination
Aujourd'hui le système de rationalisation se base sur
l'étude de différents scénarii qui permettra d'aboutir au
choix d'un modèle de rationalisation et donc de coordination et
d'harmonisation des CER.
La lenteur du processus d'intégration actuel ainsi que
les problèmes auxquels sont confrontés les CER exigent que leur
fonctionnement soit rationalisé. La rationalisation doit être
comprise comme étant la recherche d'une solution effective et durable
à la prolifération des CER, à la duplication de leurs
projets et programmes, au déficit en ressources humaines et
financières et à l'augmentation du cumul des
arriérés de contribution.
Si l'unanimité semble être faite sur la
nécessité de la rationalisation, le choix de l'approche s'affirme
être déterminant pour une relance effective de
l'intégration. Après avoir présenté les
différentes approches de rationalisation, nous tenterons une analyse
pour dégager celle qui nous paraît la plus appropriée.
42 La 1ère conférence(CAME1) tenue
les 30 et 31 mars 2006 à Ouagadougou, au Burkina Faso a établi,
à travers une Déclaration, une liste de huit Communautés
Economiques Régionales (CER) en Afrique, au lieu de sept CER
initialement reconnues. La 2ème Conférence des
Ministres Africains de l'Intégration (COMAI II) qui a eu lieu les 26 et
27 juillet 2007, à Kigali, au Rwanda, a recommandé de transmettre
l'étude sur la rationalisation des CER et le questionnaire y relatif aux
Etats membres, à charge pour ceux-ci de demander au secteur
privé, à la société civile et aux autres parties
prenantes, d'envoyer leurs commentaires à la Commission de l'Union
Africaine. Le point des observations et recommandations reçues a
été présenté par la Commission au cours de la
3ème Conférence des Ministres Africains de
l'Intégration, tenue les 22 et 23 mai 2008, à Abidjan, en
Côte d'Ivoire.
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
1- Les scénarii du maintien du statu quo et
du traité d'Abuja :
· Maintien du statu quo
Selon cette approche, la situation reste inchangée et
toutes les communautés économiques régionales et les
agences intergouvernementales continuent d'exister sous leur forme actuelle,
certaines d'entre elles couvrant plus de deux régions comme c'est le cas
de la CEN-SAD et du COMESA. Ce chevauchement éliminerait les
frontières régionales et pourrait être
considéré comme un facteur favorable à
l'intégration et par effet de polarité pourrait conduire à
l'intégration continentale. Cette approche aura pour conséquence
la dislocation des marchés régionaux et également
d'empêcher la réalisation des synergies attendues du processus
d'intégration. Elle n'apporte donc véritablement pas de solutions
aux problèmes et aux effets négatifs de la multiplicité
des groupes régionaux, de la dispersion et de l'effritement des
ressources et de l'absence de convergence. Cette situation est celle qui est
observée depuis l'avènement de l'UA et dont les limites ont
été démontrées.
Elle ne permet pas non plus de lutter contre la fragmentation
des espaces régionaux, affaiblissant le pouvoir de négociation
des pays africains incapables de se constituer en un bloc régional
solide.
· Maintien des principes du Traité d'Abuja,
mais avec un calendrier abrégé
Ce scénario permettrait de mener le processus de
rationalisation conformément à la Résolution CM/464 de la
vingt-sixième session des Ministres de l'OUA divisant l'Afrique en cinq
communautés régionales, Afrique du nord, Afrique de l'Ouest,
Afrique Centrale, Afrique de l'Est et Afrique Australe, et de suivre les
étapes définies dans le Traité d'Abuja
Les avantages de ce scénario sont qu'aucune institution
ne devra être dissoute et que la réalisation de l'étape de
l'union douanière dans les régions résoudrait
automatiquement le problème de l'appartenance à deux
groupements
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
et celui du chevauchement. Ce scénario
accélérerait également le processus d'intégration
consacré dans la Déclaration de Syrte.
2- Le scénario de la rationalisation par la
communauté d'ancrage
Ce scénario appelle l'harmonisation dans chaque
sous-région, conformément au traité d'Abuja d'une
entité commune, qui sera la communauté. Tous les Etats membres
d'une sous-région donnée prépareront et mettront en oeuvre
leurs politiques dans les domaines du transport, de la communication, de
l'industrie, de l'agriculture, de l'énergie, de l'éducation, de
la science et technologie, du commerce, de la monnaie et des finances ainsi que
les domaines du maintien de la paix, de la sécurité et de la
défense en une grande entité qui servira d'interface. Les autres
entités sous-régionales serviront alors d'institutions techniques
ou spécialisées. En d'autres termes, les pays devront incorporer
toutes leurs activités d'intégration dans une communauté
unique. Cela s'applique aux activités liées à la mise en
place d'une zone commerciale unique ; d'une union douanière, d'un
marché commun, d'unions monétaires et d'une union
économique et monétaire.
Les avantages de ce scénario sont qu'il favorise la
visibilité de la communauté, l'utilisation efficace des
ressources humaines et financières, l'augmentation de la taille du
marché, pour ne mentionner que ceux-là. La réussite de ce
scénario dépend d'une décision politique concernant le
choix de la communauté d'ancrage.
A l'analyse des différents schémas, celui qui
nous paraît le plus évocateur est celui de la communauté
d'ancrage qui est une solution alternative entre les deux premiers
schémas. C'est dans cette optique que nous proposons les solutions
développées dans les prochaines lignes.
Paragraphe 2 : Les objectifs de la coordination
L'option de régulation qui découle du
traité d'Abuja, est celle de « l'intégration
économique par étapes » ou plus
précisément du « fédéralisme par
71
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
agrégation »43 qui
entraîne en théorie selon Georges Scelle, plus que la
subordination des communautés régionales, la
spécialisation et à terme le compartimentage de leurs actions.
C'est ce que nous proposons de manière plus explicite dans les lignes
à suivre.
A. La redéfinition des missions des
organisations
Pour des besoins de rationalisation des ressources
limitées des Etats africains, et pour justifier leur finalité,
les organisations africaines gagneraient à être authentiques dans
leurs ambitions et originales dans la définition de leurs
priorités. Ce qui revient à admettre qu'elles ne puissent pas
piloter des projets identiques ou similaires, comme c'est actuellement le
cas.
La redéfinition des missions que nous proposons
permettra de résoudre les problèmes de duplication des
programmes. Même si nous ne pouvons proposer la disparition de certaines
organisations au profit d'autres, cette redéfinition ne permettra
peut-être pas de réduire automatiquement le nombre
d'organisations, mais de voir beaucoup plus clair dans le rôle de chaque
acteur ; la multiplicité étant particulièrement difficile
à gérer du fait du flou entretenu dans la définition
d'objectifs précis.
B. La spécialisation des organisations
Cette spécialisation, que nous préconisons,
découle naturellement de la redéfinition qu'auraient
opérée les organisations.
Dans cette nouvelle conception du cahier de charge des
organisations, la CEN-SAD pourrait laisser aux bons soins des
communautés économiques régionales qui s'attèlent
déjà dans les cinq grandes sous-régions, les objectifs
purement économiques, monétaires et commerciaux, comme par
exemple la création d'une zone de libre échange. En revanche, lui
échoueront désormais des buts spécifiques et pertinents
comme la lutte contre la sécheresse et les effets de la
désertification, la sécurité alimentaire, ou encore la
construction dans l'espace
43 Scelle (G.) , Manuel de droit international public,
Paris, Domat-Monchrestien, 1948, pp.32-33.
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
sahélo-saharien d'infrastructures routières.
Mais l'efficacité qui impose cette délimitation des
compétences de la CEN-SAD, ne va pas sans une redéfinition de la
cartographie de son espace communautaire.
Par ailleurs, en se fondant sur le critère
géographique déterminé par le traité d'Abuja et
dans l'esprit de la communauté d'ancrage, on pourrait définir par
sous-région un chef de file des intégrations
sous-régionales. Par exemple, en Afrique de l'Ouest,
l'intégration ouest-africaine serait menée par la
CEDEAO44. En plus d'elle, et toujours dans l'esprit du schéma
d'ancrage, on définira deux autres grands sous-ensembles ; ce qui
permettra une répartition des activités pour une meilleure
efficacité et une accélération du processus au niveau
sous-régional.
Ainsi, la CEDEAO tout en coordonnant les activités des
deux autres regroupements, s'occupera principalement des questions politiques
telles gouvernance, démocratie, maintien de paix,
sécurité. Une des deux autres organisations pourrait être
l'UEMOA puisque étant suffisamment active et s'intéresserait aux
questions purement économiques et monétaires compte tenu de ses
remarquables progrès dans ce domaine. Elle se chargera donc de la mise
en place du marché commun à travers les questions relatives au
commerce, transport, énergie, télécommunications, et de la
monnaie commune de la région.
La seconde s'occupera de la gestion des questions à
caractère social telle la santé, l'éducation, la promotion
du genre.
Ces trois grands regroupements se chargeront de l'absorption
des petits sous-ensembles régionaux s'occupant
généralement de la coopération dans des domaines
spécifiques et qui contribuent fortement à entretenir le flou sur
le processus d'intégration en Afrique.
44 Puisqu'elle l'organisation qui a vocation
à terme d'être l'unique dans la sous-région ;
elle-même le stipule clairement dans l'article 2 de son traité
révisé : « par le présent traité, les Hautes
Parties Contractantes... et décident qu'elle sera à terme la
seule Communauté Economique de la Région aux fin de
l'intégration économique et de la réalisation des
objectifs de la Communauté Economique Africaine. »
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
Section II : Le rôle des différents
acteurs
Depuis la prise de conscience des acteurs de
l'intégration aux conséquences de l'absence de coordination entre
les multiples organisations africaines, différentes mesures sont en
cours pour y remédier. Mais les différents efforts
déployés par l'UA dans le processus de rationalisation ne
pourront aboutir que par l'implication effective non seulement des
organisations mais également des Etats.
Paragraphe 1 : L'indispensable action des Etats
Il s'agira pour nous de formuler des recommandations d'une
part à tous les Etats du continent et d'autre part à notre pays
en particulier.
A- Les Etats africains
Selon nous, l'un des défis majeurs que doivent relever
les Etats est d'assurer le principe de la viabilité géographique.
Autrement, la proximité géographique constitue
l'élément le plus important étant donné qu'il
serait plus facile d'encourager la coopération et l'intégration
pour des pays proches les uns des autres.
Les Etats ont dès lors un grand rôle à
jouer puisqu'en réalité rien ne peut être fait sans leur
aval. Ils sont seuls détenteurs d'une pleine souveraineté qu'ils
exercent selon leur bon plaisir.
Aussi, exhortons-nous les Etats à une prise de
conscience aux conséquences pervers de l'état actuel de
l'intégration du continent et à la prise de mesures capables
d'apporter une solution durable.
Pour se faire, il faut d'abord et avant toute chose que les
Etats entreprennent des études approfondies sur d'une part les
coûts et les bénéfices de leur multi-appartenance aux
organisations ; d'autre part sur les différents scénarii
proposés pour dégager de façon concomitante avec l'UA le
schéma à adopter.
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d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
Ensuite, il faudrait sensibiliser les populations sur
l'importance de l'intégration et faire jouer à chaque couche de
la société un rôle précis. Cela permettra aux
citoyens de mieux prendre la mesure de l'intégration dans le processus
de développement des Etats africains.
Enfin, les Etats, conformément à la
décision de l'UA relative au moratoire sur la reconnaissance des CER,
doivent s'abstenir de créer de nouveaux regroupements de
coopération ou d'intégration.
Par ailleurs, l'un des points sur lesquels, nous voudrons
insister est celui du respect des engagements pris. Les Etats devront faire
l'effort d'honorer leurs engagements vis-à-vis des organisations
auxquelles ils appartiennent. Car sans financement aucun processus, encore
moins celui très coûteux de la rationalisation, ne peut
aboutir.
B- Le prééminent rôle du
Bénin
Le Bénin constitue un pays à situation
sociopolitique relativement stable. Depuis la conférence nationale des
Forces vives de la nation, le pays est devenu un modèle d'alternance
politique en Afrique subsaharienne. Aujourd'hui avec la diplomatie de
développement adoptée par ses dirigeants, il est devenu un
exemple aux yeux de ses pairs.
A travers la définition de sa stratégie de
développement, l'objectif est désormais de faire jouer au
Bénin un rôle prépondérant dans l'intégration
régionale.
Ainsi, dans cette optique, le Bénin pourrait prendre le
leadership d'un processus de sensibilisation de ses pairs sur les
inconvénients du processus d'intégration tel qu'il est
mené actuellement.
Il peut, en outre, agir activement dans le processus de
rationalisation par la prise d'initiative de projets de concertation entre les
organisations au sein des institutions auxquelles il est lui-même membre
ou encore mener des actions dans
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d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
le cadre du renforcement d'une diplomatie de proximité
et de la coopération internationale.
De même, le Bénin pourrait entre autre prendre la
tête de la promotion d'une culture d'intégration dans la
sous-région ouest-africaine par la dénonciation de tout acte
allant contre l'évolution du processus de régionalisation tels
les changements anticonstitutionnels de gouvernement ou encore le non-respect
des règles communautaires.
Paragraphe 2 : La responsabilité des organisations
d'intégration régionale
Il s'agira ici également de faire des recommandations.
D'abord à l'endroit de l'organisation continentale et ensuite à
l'endroit des organisations sous-régionales.
A- L'Union africaine
L'UA a un grand rôle à jouer de nos jours pour
l'heureux aboutissement du processus de rationalisation initiée par
elle. Il s'agit plus précisément d'accélérer le
processus d'intégration par la mise en oeuvre concrète des
étapes du traité d'Abuja. Les plus importants efforts reviennent
toutefois à la Commission de l'UA qui est principalement chargée
des CER. Sa stratégie permettra de faire désormais de l'Afrique
un partenaire crédible et respecté dans le concert des
nations.
La politique de l'Union Africaine dans le cadre de la
rationalisation des CER est de renforcer ces communautés afin de leur
faire jouer véritablement leur rôle de piliers de
l'intégration. Pour permettre la mise en oeuvre d'un tel objectif,
l'ancien Président de la Commission de l'Union Africaine, le Professeur
Alpha Omar KONARE avait proposé trois axes
stratégiques séquentiels.
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Afrique: complémentarité ou concurrence?
Premièrement, la mise en place d'institutions
politiques et financières prioritaires pour impulser
l'intégration.
Deuxièmement le renforcement des capacités des
CER en vue de leur permettre de s'acquitter de leurs missions en tant
qu'instruments d'intégration régionale.
Et troisièmement, le renforcement des liens
institutionnels entre l'Union Africaine et les CER en institutionnalisant la
concertation entre les CER d'une part, et d'autre part, entre les CER et
d'autres Institutions de coopération dans les domaines prioritaires pour
l'Union.
A cela, nous préconisons la promotion par l'UA de la
volonté politique des Etats à réaliser
l'intégration et l'union africaines et la mise en place d'institutions
politiques et financières pour impulser l'intégration.
De plus, l'UA devra agir dans le sens du renforcement des
capacités des communautés économiques à remplir
leurs missions d'instruments au service de l'intégration et du
renforcement des liens institutionnels entre elle et les CER par l'instauration
d'un véritable cadre de concertation.
B- Les autres entités sous-régionales
Nos recommandations vont spécialement aux 8 CER
reconnues par l'UA, car c'est à elles que revient principalement la
lourde tâche d'harmonisation et de coordination de toutes les
différentes organisations intergouvernementales opérant sur le
continent.
Elles devraient donc poser les jalons par le renforcement et
l'extension des marchés et institutions financières africaines
qui pourraient les aider à mobiliser le financement nécessaire
aux projets d'intégration.
Elles doivent désormais, d'abord et avant toute chose,
agir dans le sens du traité d'Abuja. Elles devront, par la suite,
créer des cadres de concertation périodiques et réguliers
pour l'analyse des mécanismes d'harmonisation et de coordination de
leurs actions, ou renforcer ces instruments là où ils
existent.
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Afrique: complémentarité ou concurrence?
Elles devront, enfin, développer des relations de
partenariat; renforcer le réseau de communication entre elles et adopter
un programme minimum d'intégration par communauté.
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CONCLUSION GENERALE
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Afrique: complémentarité ou concurrence?
La régionalisation apparaît, sans nul doute,
comme le moyen le plus approprié pour les Etats africains d'atteindre un
certain niveau de développement.
Mais aujourd'hui, le processus tel que conduit par les Etats,
laisse entrevoir de sérieux doutes quant à son réel
aboutissement. Les organisations pilotent des projets parallèles et les
Etats n'arrivent pas à faire face aux diverses difficultés
découlant de leur appartenance multiple aux communautés
économiques régionales.
De même, les rapports peu harmonieux, sinon
concurrentiels des organisations, ne permettront pas de conduire efficacement
les objectifs de coopération entre les Etats et de réaliser
l'intégration du continent.
Il ressort de notre analyse qu'une rationalisation s'impose
à travers une coordination et une harmonisation des politiques de ces
communautés. Celle-ci devra être opérée sur la base
d'éléments conventionnels et implique une action non seulement
des organisations, mais surtout des Etats qui devront faire preuve d'une
véritable volonté de changement.
Pour se faire, l'Union Africaine devra véritablement
jouer son rôle de coordonnateur des organisations sous-régionales
à travers un programme bien établi. En retour, les
communautés économiques régionales devront agir
désormais en tant qu'acteurs complémentaires et continuateurs de
l'UA au plan sous-régional.
Si la rationalisation apparaît comme l'approche
idéale pour résoudre les différents problèmes
posés, nous ne saurions, toutefois, écarter la proposition du
leader Kadhafi de mise en place immédiate d'un gouvernement continental.
Cette solution pourrait être une nouvelle piste à envisager et
analyser par les Etats.
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Afrique: complémentarité ou concurrence?
BIBLIOGRAPHIE
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complémentarité ou concurrence?
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4- Larousse encyclopédique universel, (2001), Edition du
Club France Loisirs.
5- Charpentier (J.), Les institutions internationales,
Mémentos de Droit public et science politique, Paris, Dalloz,
14ème édition, 1996.
IV- Rapports
1- Commission de l'Union Africaine. 2006. «
Rapport de la première Conférence des Ministres Africains de
l'Intégration », 30-31 mars 2006, Ouagadougou,
Burkina-Faso.
2- Commission de l'Union Africaine. 2007. «
Rapport de la deuxième Conférence des Ministres Africains de
l'Intégration », 26-27 juin 2007, Kigali, Rwanda.
3- Ministère de l'économie et des finances, DIR,
(2007), « Actes de la 4ème édition de la semaine
nationale de l'intégration » Parakou, du 17 au 20
Octobre 2007.
4- Ministère de l'économie et des finances, DIR,
(2008), « Actes de la 5ème édition de la semaine
nationale de l'intégration » Lokossa, du 25 au 30
Août 2008.
82
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MarieBénédicte GABA
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
5- Secrétariat général de la
Communauté des Etats sahélo-sahariens (2008), «
Rapport d'activités du secrétaire de la
CEN-SAD-Année 2007-2008 ».
V- Articles et Revues
1- Hottinger, « L'expansionnisme libyen : Marchrek,
Magrheb et Afrique noire » in Politique Etrangère (1981),
Volume 46 n°1, pp. 137-149.
2- Meyer, J.-M et Lejal, F. « A coups de
pétrodinards » in Jeune Afrique n°2474 du 8 au 14
Juin 2008, pp. 25-28.
3- Soudan, F. « Kadhafi et l'Afrique : le retour du
parrain », in Jeune Afrique, n°2474 du 8 au 14 Juin 2088,
pp. 22-25.
VI- Textes juridiques
1- Organisation de l'Unité Africaine.1991. «
Traité instituant la Communauté Economique Africaine».
2- Organisation de l'Unité Africaine.1999. «
Déclaration de Syrte »
3- Organisation de l'Unité Africaine.2000. « Acte
constitutif de l'Union Africaine ».
4- Communauté Economique des Etats de l'Afrique de
l'Ouest.1993. « Traité révisé ».
5- La Communauté des Etats
Sahélo-sahariens.1998. « Traité portant création de
la CEN-SAD ».
6- L'Union Economique et Monétaire
Ouest-africaine.2003 « Traité modifié de l'UEMOA ».
7- Conseil de l'Entente.1993 « Fonds d'Entraide et de
Garantie des Emprunts ».
83
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
8- Bénin- Ghana- Nigéria- Togo. 2007.
«Mémorandum d'entente relatif à la zone de l'Alliance de
co-prospérité ».
9- Ministère des Affaires Etrangères.2009.
« Décret n°2009-177 du 05 Mai 2009 portant AOF du MAEIAFBE
».
VII- Mémoires
1- Achodé W. « La problématique du
modèle d'intégration pour l'Afrique », Mémoire
du Cycle II/ENAM/DRI. Septembre 2008.
2- Acakpo W. « De la complémentarité
entre la CEDEAO et l'UEMOA », Mémoire du Cycle I/ENAM/DRI.
Février 2009.
3- Donkpegan Ch-F. « La CEN-SAD en dix ans
d'existence : problèmes et perspectives », Mémoire du
Cycle II/ENAM/DRI. Septembre 2008.
VIII- Cours
1- Houndjahoué M. « Institutions
interafricaines de coopération », 2ème
année UAC/ ENAM/DRI. Année académique 2007-2008.
IX- Sources électroniques
1- Commission économique pour l'Afrique (CEA) :
http://www.uneca.org.
2- Communauté économique des Etats de l'Afrique de
l'ouest (CEDEAO) :
http://www.ecowas.int.
3- Union africaine :
http://www.africa.union.org.
84
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
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ANNEXES
Annexe n°1 : Tableau récapitulatif du
chevauchement d'objectifs et de sentiers intégrateurs des
organisations.
Organisation
|
UA
|
CEDEAO
|
UEMOA
|
CENSAD
|
ZACOP
|
ABN
|
CE
|
Objectifs et
Domaines d'intervention
|
Libre circulation des personnes
|
oui
|
oui
|
oui
|
oui
|
oui
|
|
|
Commerce
|
oui
|
oui
|
oui
|
oui
|
oui
|
|
oui
|
Agriculture
et développement rural
|
oui
|
oui
|
oui
|
oui
|
oui
|
oui
|
|
Infrastructures
services de
transport
et télécommunica-
tions
|
oui
|
oui
|
oui
|
oui
|
oui
|
oui
|
oui
|
Energie et Mines
|
oui
|
oui
|
oui
|
oui
|
oui
|
oui
|
|
Santé et Genre
|
oui
|
oui
|
oui
|
oui
|
|
|
oui
|
85
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
Arts et Culture
|
oui
|
oui
|
oui
|
oui
|
|
|
|
Promotion des conflits, Paix, Démocratie
et
Bonne
gouvernance
|
oui
|
oui
|
|
oui
|
|
|
|
Source : Actes et Traités constitutifs des
organisations/ouvrages sur les organisations
Annexe n°2 : Tableau des textes
harmonisés de la CEDEAO et de l'UEMOA sur le régime des
échanges
CEDEAO
|
UEMOA
|
Protocole A /P1/03 relatif à la notion de produits
originaires
|
Protocole Additionnel n°III/2001 instituant les
règles d'origine des produits de l'UEMOA
|
Protocole A/P2/1/03 relatif à l'application des
procédures de compensations des pertes de recettes et Protocole
A/SP/1/2/03 portant
amendement de l'article 6 du Protocole
A/P2/1/03 relatif à l'application
des procédures de compensations des pertes de recettes
|
Acte Additionnel n°06/99 instituant un
dispositif de compensations financières au sein de
l'UEMOA
|
Règlement relatif à la détermination de la
liste
d'exception au critère de changement
de classification tarifaire dans la nomenclature de la CEDEAO
|
Règlement n°12/2002/CM/UEMOA portant
détermination de la liste d'exception au critère de changement de
classification tarifaire dans la nomenclature de l'UEMOA
|
Règlement C/REG5/4/02 relatif à la
détermination des éléments constitutifs
du prix de revient ex-usine d'un produit et de ceux de la valeur
ajoutée
|
Règlement n°13/2002/CM/UEMOA portant
détermination des éléments constitutifs de la valeur
ajoutée communautaire des produits au sein de l'UEMOA
|
Règlement C/REG 3/4/02 relatif à la
procédure d'agrément des produits originaires
|
Règlement d'exécution
n°014/2002/COM/UEMOA déterminant les
|
86
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
|
modalités de demande et de délivrance des
certificats d'origine des pays de l'UEMOA
|
Règlement C/REG 4/4/02 relatif à l'adoption d'un
certificat d'origine des produits originaires
|
Décision n°02/2003/COM/UEMOA
déterminant les caractéristiques et les
règles du certificat d'origine des produits originaires de l'UEMOA
|
Source : Actes de la 5ème Edition de la Semaine
Nationale de l'Intégration
Annexe n°3 : Grille de
l'entretien mené avec les cadres du ministère dans le cadre de
notre étude portant sur « la prolifération des organisations
d'intégration régionale en Afrique :
complémentarité ou concurrence ? »
Bonjour Monsieur/Madame
Je suis Marie-Bénédicte GABA,
élève en Diplomatie et Relations Internationales à
l'ENAM.
Dans le cadre de mes recherches pour la rédaction de
mon mémoire de fin de formation portant sur le thème «La
prolifération des organisations d'intégration régionale en
Afrique : complémentarité ou concurrence ? », je voudrais
soumettre à votre bienveillante attention les préoccupations
ci-après :
1- Quelle est la politique nationale d'intégration ?
2- Quelles sont les difficultés auxquelles le
Bénin est confronté du fait de ces multiples appartenances ?
3- Quels sont selon vous, les enjeux en termes de gains ou de
pertes de l'appartenance du Bénin à des organisations poursuivant
des objectifs communs ?
4- Pensez-vous qu'il existe une complémentarité
entre ces organisations ?
5- N'y a-t-il pas une concurrence, peut-être
voilée ?
6- Ou ne s'agirait-il pas plutôt d'une
contrariété se traduisant par des conflits de normes ou
d'attributions ?
7- Pensez-vous que le chevauchement des activités de
ces organisations se justifie par la similarité de leurs objectifs ?
8- L'insuffisance de coordination entre les
communautés économiques régionales s'explique-t-elle par
une défaillance dans le suivi de leurs activités et l'absence
d'un cadre de concertation entre ces communautés ?
87
Réalisé et soutenu par
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
9- Les multiples appartenances aux institutions
d'intégration régionale n'entrainent-elles pas une des ressources
du pays ?
10- Que préconisez-vous comme solutions aux
problèmes de multiples appartenances ?
11- Quelles sont vos recommandations au Etats en
général et au Bénin en particulier d'une part, et aux
organisations d'autre part pour maximiser les gains de l'intégration
?
TABLE DES MATIERES
Page d'identification du jury i
Déclaration d'engagement .. ii
Dédicaces ...iii
Remerciements ...iv
Sigles et abréviations ..v
Liste des tableaux ..vii
Résumé viii
Sommaire ...ix
Introduction générale 1
Chapitre préliminaire: Contexte de base de
l'étude... 5
Section I : Cadre institutionnel de l'étude et
identification de la problématique....6 Paragraphe 1:
Présentation du Ministère des Affaires Etrangères et
restitution
des observations de stage 6
A- Le Ministère des Affaires Etrangères 6
B- Restitution des observations du stage 11
Paragraphe 2 : De l'identification de la problématique
à la justification du
thème.. 14
A- Spécification de la problématique ..15
B- Présentation et justification du sujet
d'étude ...15
Section II : Objectifs de l'étude et
méthodologie adoptée .18
Paragraphe 1 : Les objectifs et les hypothèses de
l'étude 18
A- Les objectifs de l'étude ...18
B- Les hypothèses de l'étude ...19
Paragraphe 2 : Revue de littérature et
Méthodologie adoptée 21
88
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MarieBénédicte GABA
89
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
A- Revue de littérature 21
B- Méthodologie adoptée ...25
Chapitre Ier : Le Bénin dans l'intégration
régionale ...26
Section I : L'état de l'intégration
régionale 27
Paragraphe 1 : Une prolifération d'organisations
d'intégration régionale ...27
A- Causes et manifestations de la prolifération 27
B- Chevauchement d'objectifs et parallélisme des domaines
d'intervention
. .. 34
Paragraphe2 : Un processus d'intégration
incontrôlé 38
A- Insuffisance des mécanismes de coordination 38
B- Gestion problématique des multiples appartenances
..41
Section II : Les enjeux pour le Bénin 45
Paragraphe 1 : Une complémentarité
bénéfique pour le Bénin . 45
A- Les intérêts de la mise en place de politiques
complémentaires 46
B- Un modèle de complémentarité à
encourager : cas de le CEDEAO et de
l'UEMOA ..47
Paragraphe 2 : Une multiplicité des organisations
préjudiciable pour le
Bénin 49
A- La CEN-SAD : une organisation concurrente de l'UA ..49
B- La CEN-SAD : une organisation concurrente des entités
sous-régionales
.53
Chapitre II : Quelles approches à la prolifération
des organisations d'intégration
régionale ?
|
55
|
Section I : La nécessaire coordination des organisations
|
..56
|
Paragraphe 1 : Le cadre de la coordination
|
56
|
A- Les fondements juridiques de la coordination
|
56
|
B- Les modalités de la coordination
|
.58
|
|
Paragraphe 2 : Les objectifs de la coordination
|
60
|
A- La redéfinition des missions des organisations
|
61
|
B- La spécialisation des organisations
|
61
|
|
Section II : Le rôle des différents acteurs
|
...63
|
Paragraphe 1 : L'indispensable action des Etats
|
....63
|
A- Les Etats africains
|
..63
|
B- Le prééminent rôle du Bénin
|
..64
|
Paragraphe 2 : La responsabilité des organisations
d'intégration régionale
|
65
|
A- L'Union Africaine
|
..65
|
Réalisé et soutenu par
MarieBénédicte GABA
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en Afrique:
complémentarité ou concurrence?
B- Les autres entités sous-régionales
|
66
|
Conclusion générale
|
68
|
Bibliographie
|
..70
|
Annexe
|
74
|
Table des matières
|
.77
|
90
|