Le port de Kribi. Force ou menace pour la proposition d’inscription des chutes de la lobe sur la liste du patrimoine de l’Unesco et pour l’identité des populations riveraines.par Suzanne Pulcherie NNOMO ELA Paris 1-Panthéon Sorbonne - Master Erasmus Mundus TPTI 2016 |
INTRODUCTIONThe Cameroon as a State Party is, since 1982, signatory of the UNESCO Convention concerning the protection of the world cultural and natural heritage (The Convention of 1972). In the same year, Cameroon saw the inclusion of Dja Biosphere Reserve as a natural site; currently, is the only one being inscribed on the List of World Heritage. In 2006, Cameroon submitted its Indicative List to the UNESCO. This list includes 13 sites, including the Cultural Landscape of Lobe Falls, which is proposed for inscription on the World Heritage List. The process starts on this same year, between June and November, with a development of a management plan. It must be pointes that the management plan is a precondition for any site that who submit for an inscription in World Heritage. This is a management and a planning tool for the activities protection and property conservation, in order to preserve the element that constitutes the Outstanding Universal Value of the site in the short, medium and long term. While the process of preparing the nomination is ongoing, large industrial sites are announced for the same geographical area, which it?s presented a priori as a threat to the site. To date, the establishment of Kribi airport complex is already effective, but also another larger project emerges, a monument construction that would be, according to information collected on sponsors site, «the most important in Africa, and will measure 95 meters in height, or the same of a building with 29 floors and its area is about 80 hectares». This monument will be the mother of mankind, Africa. It is the Association Act of Random Kindness (ARK) Jammers Connection who is the author of this monument building initiative. This American association said to work for human values often forgotten as sharing, love and peace between the different countries all over the world, but also for healing and support to the sick children of the world and mixing of cultural diversity. Despite the project suspension since 2011 and despite these major investment initiated and expected, the Ministry of Arts and Culture in Cameroon (MINAC), the Holder of the application form, does not lose the hope to classify this site on the World Heritage List, by now being registered on the current priorities of this ministerial department. We should note the presence on the site of some industrial societies, existing already on the region before starting the registration process. This is the plantings of HEVECAM (Hévéa du Cameroun) implanted in 1975, SOCAPALM (Cameroon Palm Corporation), the presence of a base of the 2 Chad-Cameroon oil pipeline, whose construction began in 2000 and the operation became effective in 2004. Based on 300 drillings at Doba (southern Chad), the pipeline crosses Cameroon diagonally over 890 km, to the terminal of Kribi (south Cameroon). The registration project had delineated the site ranking regarding this presence when Kribi port project is announced. However, that arises here is to know if this classification project is still sustainable in light of all of this investments that gravitate around perimeter registration? But even more what is the risk of some local populations to preserve their cultural identity and their religious practices? What is the overall impact of these projects on the entire population and on the site? These issues are tracks of essential research in this thesis and we hope to have some answers and the end of this research work. 3 Le Cameroun en tant que Etat partie, est signataire depuis 1982, de la Convention de l'Unesco sur la protection du patrimoine culturel et du patrimoine naturel de 1972(La Convention ou la Convention de 1972)1. Cette même année voit l'inscription de la Reserve de Biosphère du Dja comme site naturel ; c'est le seul à être actuellement inscrit sur la Liste du patrimoine mondial. En 2006, le Cameroun soumet sa Liste indicative à l'Unesco. Cette liste comporte treize sites, dont le Paysage Culturel des Chutes de la Lobé, qui est proposé à l'inscription sur la Liste du Patrimoine mondial. Le processus commence par l'élaboration du plan de gestion la même année, entre juin et novembre de la même année. Il faut préciser que le plan de gestion est un préalable pour tout site qui se propose à l'inscription au patrimoine mondial. C'est un outil de gestion et de planification des activités de protection et de conservation du bien afin de préserver les éléments qui constituent la Valeur Universelle Exceptionnelle du site à court, moyen et long terme. Pendant que le processus de préparation de la proposition d'inscription est en cours, de grands chantiers industriels sont annoncés dans la même zone géographique, ce qui se présentait à priori, comme une menace sur le site. Une menace que le MINCULT en son temps aurait voulu stopper dans l'optique de préserver les valeurs culturelles et naturelles de ce site, mais le projet étant inscrit dans le programme de développement prioritaire du Gouvernement Camerounais, il a dû s'incliner face à l'intérêt supérieur de la Nation qui voyait à travers le CIPK, une action phare visant à lutter contre la pauvreté mais mieux encore une opportunité de booster l'économie nationale. A ce jour, la réalisation du Projet Complexe Industrialo Portuaire de Kribi(CIPK) est déjà effective, mais aussi, un autre projet de plus grande envergure se profile à l'horizon, la construction d'un monument qui se voudrait, d'après les informations recueillies sur le site des Promoteurs, « le plus important en Afrique, et mesurera 95 mètres de hauteur soit l'équivalent d'un immeuble de 29 étages et sa superficie sera de 80 hectares ». Ce monument serait celui de la mère de l'humanité, l'Afrique2. C'est 1 Plus souvent appelée La Convention, elle définit dans son contenu, le genre de sites naturels ou culturels dont on peut considérer l'inscription sur la Liste du patrimoine mondial. Elle fixe les devoirs des Etats parties dans l'identification de sites potentiels, ainsi que leur rôle dans la protection et la préservation des sites. En signant la Convention, chaque pays s'engage non seulement à assurer la bonne conservation des sites du patrimoine mondial qui se trouvent sur son territoire, mais aussi à protéger son patrimoine national. Les Etats parties sont encouragés à intégrer la protection du patrimoine culturel et naturel dans les programmes de planification régionaux, à mettre en place du personnel et des services sur leurs sites, à entreprendre des études scientifiques et techniques sur la conservation et à prendre des mesures pour conférer à ce patrimoine une fonction dans la vie quotidienne des citoyens. http://whc.unesco.org, consulté le 25/05/16. 2La Mère de l'Humanité est un monument offert par les Etats-Unis d'Amérique aux africains, ce don représente un signe de reconnaissance de l'Afrique comme berceau de l'Humanité, par la plus grande puissance économique mondiale, dans le but de la remercier elle et ses peuples, pour la contribution à la construction du monde mais aussi pour apaiser les tensions et promouvoir la paix dans le monde. http://www.arkjammers.org , consulté le 25/05/16. 4 l'Association Act of Random Kindness (ARK) Jammers Connection qui est l'auteur de cette initiative de construction de ce monument. Cette association américaine dit oeuvrer pour des valeurs humaines souvent oubliées comme le partage, l'amour et la paix entre les différents pays du monde entier, mais également pour la guérison et le soutien auprès des enfants malades dans le monde et le mélange des diversités culturelles. Fig 1 - Vue de la maquette prévue du monument de la mère de l'humanité (voir toutes les figures en annexe) Notre travail de recherche va aborder les modifications sur le site entre 2006 et 2016. C'est-à-dire entre la date du lancement du projet d'inscription du Paysage culturel des chutes de la Lobé et celle de l'implantation effective du CIPK et s'étendra entre la zone d'implantation du CIPK et le périmètre de la proposition d'inscription du site sur la Liste du Patrimoine mondial, avec un accent particulier sur le Paysage culturel des chutes de la Lobé qui est le site qui retient notre attention. Bien sûr, les résultats peuvent s'étendre à toutes les populations riveraines autour du PAK. Malgré la suspension du projet d'inscription du site sur la Liste du Patrimoine Mondial de l'Unesco depuis 2011, et malgré ces grands investissement entamés et attendus, le Ministère de la Culture (MINCULT) devenue depuis 2012, Ministère des Arts et de la Culture du Cameroun (MINAC), porteur du Dossier d'inscription, ne perd pas l'espoir de voir classer ce site sur la Liste du Patrimoine mondial, ce Dossier étant toujours inscrit dans les priorités actuelles de ce Département ministériel. Il faut noter la présence sur le site des sociétés industrielles existant déjà sur la région avant le début du processus d'inscription. Il s'agit des plantations d'HEVECAM (Hévéa du Cameroun) implanté en 1975, SOCAPALM (Société Camerounaise de Palmeraies), de la présence d'une base de l'oléoduc Tchad-Cameroun dont la construction a débuté en 2000 et l'exploitation a pris effet en 2004. Partant des 300 forages de Doba (au sud du Tchad), le pipe-line traverse le Cameroun en diagonale sur 890 km, jusqu'au terminal au large de Kribi (Sud-Cameroun).3 Le projet d'inscription avait déjà délimité le site de classement en a tenu compte de cette présence quand le projet du port de Kribi avait été annoncé. Néanmoins, la question qui se pose ici est de savoir si ce projet de classement est toujours viable au vu de tous ces investissements qui gravitent autour du périmètre d'inscription ? Mais plus encore quel est le risque certain des populations riveraines de préserver leur identité et leurs pratiques cultuelles ? Quel est l'impact général de ces projets sur l'ensemble des populations 3EYOUM, Nganguè, « Les Pygmées, grands oubliés », in Le Courrier ACP-UE, Pipeline Doba-Kribi, janvier-février 2002. 5 et sur le site ? Mais plus encore le site a-t-il encore les valeurs essentielles de VUE lui permettant de conserver ces chances pour une inscription éventuelle sur la Liste du Patrimoine mondial ? Ces questions sont des pistes de recherches essentielles de ce Mémoire et ont un intérêt scientifique certain car le paysage culturel présente des valeurs culturelles et naturelles qui peuvent être fragilisés dans un environnement hostile. Aussi le pari ici serait de réussir à maintenir l'intégrité de ce site dans un environnement apparemment destructeur et nocif. Aussi pour atteindre nos objectifs de recherches, il est essentiel de bien comprendre les grandes articulations de notre travail qui tourneront autour du CIPK et du Paysage culturel des chutes de la Lobé , plus encore autour des questions de gestion, de protection et de développement durable du site confronté non seulement au CIPK, mais aussi à d'autres projets de grandes envergures qui pourraient être implantés sur le site. Notre recherchera aura pour base de travail, les recherches préliminaires faites sur le site lors de l'élaboration du plan de gestion en 2006, pour une durée de cinq ans, 2007-2012 ; mais plus encore nos recherches seront axées sur les aspects techniques du CIPK et sur ses garanties de protection de l'environnement naturel et culturel et plus encore sur le vécu et le ressenti des populations par rapport au Projet , mais plus encore sur les retombées de ce projet de grande envergure sur la vie des populations riveraines et sur leur identité culturelle. Si au terme de nos recherches, nous pouvons démontrer l'hypothèse selon laquelle, la proximité du CIPK n'est pas une menace pour les populations riveraines et le projet d'inscription du site sur la Liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO, si nous pouvons démontrer que la Proximité du Port est une opportunité pour les populations riveraines et même une force pour le Projet d'inscription du site sur la Liste du Patrimoine mondial, alors ce cas d'études pourrait devenir un « cas école » dans les situations connexes de façon à ce que l'arrivée du développement ne soit plus toujours perçue comme une menace pour le patrimoine culturel et naturel. Afin que la préservation du Patrimoine culturel ne soit plus considérée comme un refus de modernité et un obstacle au développement, devenu de plus en plus irréversible au fil des années plus encore en ce millénaire.
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