UNIVERSIDADE DE ÉVORA
Mestrado em Gestão e Valorização
do Património Histórico e Cultural - Master Erasmus Mundus
TPTI (Techniques, Patrimoine, Territoires de l?Industrie :
Histoire, Valorisation, Didactique)
Le port de Kribi : force ou menace pour la
proposition d'inscription des chutes de la lobe sur la liste du patrimoine de
l'UNESCO et pour l'identité des populations riveraines.
O porto de Kribi: força ou ameaça
para a proposta de inscrição das quedas de água de
Lobé na lista do património mundial da UNESCO e para a
identidade das populações locais?
(Suzanne Pulchérie NNOMO ELA)
Sous la direction de : Professeur ANA CARDOSO DE
MATOS
Évora, Outubro de 2016 | Évora, Octobre 2016
UNIVERSIDADE DE ÉVORA
Évora, Outubro de 2016 | Évora, Octobre 2016
Mestrado em Gestão e Valorização
do Património Histórico e Cultural - Master Erasmus Mundus
TPTI (Techniques, Patrimoine, Territoires de l?Industrie: Histoire,
Valorisation, Didactique)
Le port de Kribi : force ou menace pour la
proposition d'inscription des chutes de la lobe sur la liste du patrimoine de
l'UNESCO et pour l'identité des populations riveraines.
O porto de Kribi: força ou ameaça
para a proposta de inscrição das quedas de água da Lobe
na lista do património mundial da UNESCO e para a identidade das
populações locais?
Suzanne Pulcherie NNOMO ELA
Sous la direction de : Professeur Ana CARDOSO DE
MATOS
« Pour atteindre le développement durable, les
solutions technologiques, les réglementations politiques ou les
instruments financiers ne suffisent pas. Nous devons changer de façon de
penser et d'agir. Cela exige une éducation au développement
durable et un apprentissage de qualité, à tous les niveaux et
dans tous les contextes sociaux ». UNESCO, Éducation au
développement durable, Unesco,
http://fr.unesco.org
REMERCIEMENTS
Au terme de ces deux années de formation intense, je
voudrais tout d'abord remercier le Programme Erasmus Mundus pour m'avoir permis
de vivre cette aventure formidable fais de rencontres et d'échanges
constructifs. Je voudrais particulièrement remercier nos
différents encadreurs et enseignants rencontrés lors du Parcours
de mobilité dans les quatre Universités de
Paris1Panthéon-Sorbonne, d'Evora, Padova et d'Alicante, dont la
disponibilité et l'empathie m'ont particulièrement
marquées.
Ma gratitude va à l'endroit de mes camarades de la
Promotion Diversity Mundus, qui ont été pour moi des sources
d'enrichissement humain et culturel, car notre différence à tous
et à chacun restera l'une des meilleures écoles de la vie pour
moi.
J'ai également une pensée pour ma grande et
nombreuse famille, car chacun à son niveau a joué un rôle
dans ma réussite, par des mots de réconfort, d'encouragement et
même par la prière, car vivre loin des siens pour la
première fois pour une période aussi longue n'est pas du tout
évident. Pensée spéciale à la Famille Marques,
rencontrée à Évora, qui a toujours été
proche de moi dans les moments les plus difficiles ;
Je tiens à remercier tous ceux qui ont facilité
mes recherches sur le terrain à Kribi, Notamment le Préfet et ses
collaborateurs, remerciements spéciaux au Premier Adjoint du
Préfet dont le professionnalisme et la disponibilité m'ont
été d'un grand apport, mes remerciements particuliers s'adressent
également à tous les responsables du CIPK de Kribi qui ont eu
l'extrême bienveillance de faciliter l'accès dans ce lieu
restreint de haute sécurité ;
Ma gratitude va également à mes précieux
collaborateurs de terrains, Charles Patrice Afane, Mireille Ela, Mireille
Medjo, Ewoma Kaye Rostand, Ze Adrien, qui ont pris sur leur temps et leur
énergie pour m'assister dans ce voyage périlleux au coeur de la
Lobé, de même qu'à tous les Chefs du Paysage Culturel
notamment Ses Majestés Eko Roosevelt, Bikoe Henri, Tsagadigui
Manassé pour leur gratitude et leur disponibilité permanentes
;
Une Reconnaissance spéciale à Mon encadreur
Professeur Ana Cardoso de Matos, dont la patience, l'exigence, les conseils
m'ont permis de m'améliorer au jour le jour et de parfaire mon travail
;
Je ne pourrais point terminer sans une pensée
spéciale pour le secrétariat du TPTI, particulièrement
à Evelyne Berrebi de Paris et Helena Espadaneira de Évora, dont
l'efficacité hors pair ont permis de décanter avec brio et
succès, des situations administratives internationales
compliquées.
A mes enfants Paul Alan Loïc et Luce
Bérénice Bernadette, dont l'amour et l'affection m'ont permis de
tenir sans craquer. A tous ceux qui de près ou de loin ont
contribué à ma réussite, je vous dis merci.
ABREVIATION
CIRK : Complexe industrialo portuaire de
Kribi
DUP : Déclaration d'Utilité
publique.
FNE : Fonds National de l'Emploi
HEVECAM : Hévéa du Cameroun
La Convention ou la Convention de 1972 :
Convention sur la protection du Patrimoine
culturel et naturel, signé le 16 juin 1972
MINAC : Ministère des Arts et de la
Culture
MINCULT : Ministère de la Culture
PAK : Port Autonome de Kribi
Plan de gestion : Plan de gestion et de
conservation quinquennal
SOCAPALM : Société Camerounaise
de Palmeraies
UNESCO : United Nations Educational,
Scientific, and Cultural Organization/ Organisation
des Nations Unies pour l'éducation, la science et la
culture
VUE : valeur universelle exceptionnelle
ZIF : Zone industrialo portuaire de Fos
TABLE DE MATIERES
CHAPITRE I : 6
DEFINITION DU SUJET, PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE
6
I. Définition du Sujet 7
II. Problématique 14
III. Historiographie et méthodologie
15
CHAPITRE III 37
LE COMPLEXE INDUSTRIALO-PORTUAIRE DE KRIBI ET LE
PAYSAGE
CULTUREL DES CHUTES DE LA LOBE 37
I. Contexte de création 38
II. Objectifs 39
III. Impact socioéconomique du projet
40
CHAPITRE IV 55 CONFIGURATION ACTUELLE DU PAYSAGE
CULTUREL ET DU PORT
AUTONOME DE KRIBI 55
I. Le paysage culturel des chutes de la Lobé, de
notre dernière visite à ce jour __ 56
II. Le paysage culturel des chutes de la Lobé et
l'impact du projet du Port 62
III. Le port de notre dernière visite a de nos
jours. 64
CHAPITRE V 74
PROPOSITIONS POUR UNE GESTION DE DEVELOPPEMENT
DURABLE DU SITE
74
IV. En direction du MINAC, Porteur du Dossier
d'inscription 75
IV. En direction des responsables du Port de Kribi
79
V. En direction des autorités traditionnelles et
municipales 81
SUMMARY
The Port of Kribi: strenghth or threats to nomination
of Lobé Falls on the World Heritage List of UNESCO and to the local
communities identity?
Our personal topic deals with the construction issue of a port
industrial complex near a cultural site which folder is in process of
inscription on UNESCO List of cultural heritage : cultural landscape of Lobe
waterfalls. And the question that arises is: What is the direct impact of this
proximity and also what is its eventual future as world heritage? It is a site
that has cultural and natural components interfering each other through an
almost symbiotic interaction, because the nature is not just a physical
element, but an entity much more dynamic which influences different aspects of
local population?s life, through its traditions, its culture, its essence and
identity. This site has physical, but also intangible values which allowed to
tender penny of outstanding universal value allowing it to be ranked on the
list of UNESCO, but also to be the subject of an application by the Ministry of
Culture in 2006. However, after the development of the Management Plan, the
site was already in full preparation of its nomination process, it has to be
interrupted because of the proposed implementation of the industrial complex
port of Kribi. This project saw from a distance a strong threat for the folder,
but also to the integrity of the site, where the decision of the MINAC to stop
the record. But so far the CIPK is already in effect and gave birth to its
first phase, which is the PAK, autonomous Port of Kribi and to this day, the
situation seen in real mode seems more so desperate for the integrity of the
site, and even less for the nomination because the threats of yesterday have
become the strengths and weaknesses of front of opportunities. Although subject
to condition, the protection of this site may eventually become an imminent
example of conservation and sustainable management of a cultural site a
permanent industrial threat.
RESUMO
O porto de Kribi: força ou ameaça para a
proposta de inscrição das quedas de água de la Lobé
na lista do património mundial da UNESCO e para a identidade das
populações locais?
A nossa dissertação aborda a problemática
das consequências que a construção do Complexo industriale
portuário de Kribi, localizado nas proximidades da paisagem cultural das
cataratas de la Lobé, teve sobre a paisagem cultural e o
património das populações que vivem junto ao rio. Esta
paisagem foi objecto de uma proposta de inscrição na lista do
património mundial em 2011.Após esta data, o processo conheceu
uma interrupção devido ao anúncio da
implantação do mesmo porto no interior do perímetro da
zona de inscrição.
No intuito de preservar a identidade das
populações locais e eventualmente repensar a
preparação da proposta de inscrição, deve-se
colocar a questão de saber qual será o impacto directo da
proximidade do porto à zona que se pretendia propor para
classificação.
De facto, o local comporta elementos naturais e culturais que
interferem entre si, graças a uma interação quase
simbiótica, pelo facto de que aqui, a natureza não é
apenas um elemento físico, mas uma entidade mais dinâmica que
influencia os diferentes aspectos da vida das populações locais,
através das suas tradições, da sua cultura que é a
fonte da sua identidade.
Para além destas componentes culturais e naturais, o
local é muito influenciado pelas crenças espirituais. De facto,
as populações acreditando na existência de divindades
aquáticas, que só podem ser vistas pelas entidades, mas que
teriam a capacidade de influenciar a vida dos indivíduos e da
comunidade. Estes valores acrescentados ao facto que o sítio possui
espécies de fauna rara e protegidas, tais como tartarugas marinhas,
motivaram o Ministério da Cultura dos Camarões em 2006 a
classificar o sítio na lista indicativa de propostas de
inscrição na lista do património mundial. Apesar de o
Complexo industrial e portuário de Kribi ser o mais importante de toda a
sub-região da África Central, estamos no direito de nos
inquietarmos sobre as ameaças evidentes que pesam sobre a paisagem
cultural das cataratas de la Lobé quanto à sua integridade e
à preservação da identidade cultural das comunidades
locais?
Por outro lado, o porto poderia apresentar-se como uma
oportunidade ou como uma força para o local e seus habitantes?
São todas estas questões que formam a problemática da
dissertação e são o objecto dos nossos trabalhos de
pesquisa.
1
INTRODUCTION
The Cameroon as a State Party is, since 1982, signatory of the
UNESCO Convention concerning the protection of the world cultural and natural
heritage (The Convention of 1972). In the same year, Cameroon saw the inclusion
of Dja Biosphere Reserve as a natural site; currently, is the only one being
inscribed on the List of World Heritage. In 2006, Cameroon submitted its
Indicative List to the UNESCO. This list includes 13 sites, including the
Cultural Landscape of Lobe Falls, which is proposed for inscription on the
World Heritage List. The process starts on this same year, between June and
November, with a development of a management plan. It must be pointes that the
management plan is a precondition for any site that who submit for an
inscription in World Heritage. This is a management and a planning tool for the
activities protection and property conservation, in order to preserve the
element that constitutes the Outstanding Universal Value of the site in the
short, medium and long term.
While the process of preparing the nomination is ongoing,
large industrial sites are announced for the same geographical area, which it?s
presented a priori as a threat to the site. To date, the establishment of Kribi
airport complex is already effective, but also another larger project emerges,
a monument construction that would be, according to information collected on
sponsors site, «the most important in Africa, and will measure 95 meters
in height, or the same of a building with 29 floors and its area is about 80
hectares». This monument will be the mother of mankind, Africa. It is the
Association Act of Random Kindness (ARK) Jammers Connection who is the author
of this monument building initiative. This American association said to work
for human values often forgotten as sharing, love and peace between the
different countries all over the world, but also for healing and support to the
sick children of the world and mixing of cultural diversity.
Despite the project suspension since 2011 and despite these
major investment initiated and expected, the Ministry of Arts and Culture in
Cameroon (MINAC), the Holder of the application form, does not lose the hope to
classify this site on the World Heritage List, by now being registered on the
current priorities of this ministerial department. We should note the presence
on the site of some industrial societies, existing already on the region before
starting the registration process. This is the plantings of HEVECAM
(Hévéa du Cameroun) implanted in 1975, SOCAPALM (Cameroon Palm
Corporation), the presence of a base of the
2
Chad-Cameroon oil pipeline, whose construction began in 2000
and the operation became effective in 2004. Based on 300 drillings at Doba
(southern Chad), the pipeline crosses Cameroon diagonally over 890 km, to the
terminal of Kribi (south Cameroon). The registration project had delineated the
site ranking regarding this presence when Kribi port project is announced.
However, that arises here is to know if this classification project is still
sustainable in light of all of this investments that gravitate around perimeter
registration? But even more what is the risk of some local populations to
preserve their cultural identity and their religious practices? What is the
overall impact of these projects on the entire population and on the site?
These issues are tracks of essential research in this thesis and we hope to
have some answers and the end of this research work.
3
Le Cameroun en tant que Etat partie, est signataire depuis
1982, de la Convention de l'Unesco sur la protection du patrimoine culturel et
du patrimoine naturel de 1972(La Convention ou la Convention de
1972)1. Cette même année voit l'inscription de la
Reserve de Biosphère du Dja comme site naturel ; c'est le seul à
être actuellement inscrit sur la Liste du patrimoine mondial. En 2006, le
Cameroun soumet sa Liste indicative à l'Unesco. Cette liste comporte
treize sites, dont le Paysage Culturel des Chutes de la Lobé, qui est
proposé à l'inscription sur la Liste du Patrimoine mondial. Le
processus commence par l'élaboration du plan de gestion la même
année, entre juin et novembre de la même année. Il faut
préciser que le plan de gestion est un préalable pour tout site
qui se propose à l'inscription au patrimoine mondial. C'est un outil de
gestion et de planification des activités de protection et de
conservation du bien afin de préserver les éléments qui
constituent la Valeur Universelle Exceptionnelle du site à court, moyen
et long terme. Pendant que le processus de préparation de la proposition
d'inscription est en cours, de grands chantiers industriels sont
annoncés dans la même zone géographique, ce qui se
présentait à priori, comme une menace sur le site. Une menace que
le MINCULT en son temps aurait voulu stopper dans l'optique de préserver
les valeurs culturelles et naturelles de ce site, mais le projet étant
inscrit dans le programme de développement prioritaire du Gouvernement
Camerounais, il a dû s'incliner face à l'intérêt
supérieur de la Nation qui voyait à travers le CIPK, une action
phare visant à lutter contre la pauvreté mais mieux encore une
opportunité de booster l'économie nationale. A ce jour, la
réalisation du Projet Complexe Industrialo Portuaire de Kribi(CIPK) est
déjà effective, mais aussi, un autre projet de plus grande
envergure se profile à l'horizon, la construction d'un monument qui se
voudrait, d'après les informations recueillies sur le site des
Promoteurs, « le plus important en Afrique, et mesurera 95 mètres
de hauteur soit l'équivalent d'un immeuble de 29 étages et sa
superficie sera de 80 hectares ». Ce monument serait celui de la
mère de l'humanité, l'Afrique2. C'est
1 Plus souvent appelée La Convention, elle
définit dans son contenu, le genre de sites naturels ou culturels dont
on peut considérer l'inscription sur la Liste du patrimoine mondial.
Elle fixe les devoirs des Etats parties dans l'identification de sites
potentiels, ainsi que leur rôle dans la protection et la
préservation des sites. En signant la Convention, chaque pays s'engage
non seulement à assurer la bonne conservation des sites du patrimoine
mondial qui se trouvent sur son territoire, mais aussi à protéger
son patrimoine national. Les Etats parties sont encouragés à
intégrer la protection du patrimoine culturel et naturel dans les
programmes de planification régionaux, à mettre en place du
personnel et des services sur leurs sites, à entreprendre des
études scientifiques et techniques sur la conservation et à
prendre des mesures pour conférer à ce patrimoine une fonction
dans la vie quotidienne des citoyens.
http://whc.unesco.org,
consulté le 25/05/16.
2La Mère de l'Humanité est un
monument offert par les Etats-Unis d'Amérique aux africains, ce don
représente un signe de reconnaissance de l'Afrique comme berceau de
l'Humanité, par la plus grande puissance économique mondiale,
dans le but de la remercier elle et ses peuples, pour la contribution à
la construction du monde mais aussi pour apaiser les tensions et promouvoir la
paix dans le monde.
http://www.arkjammers.org
, consulté le 25/05/16.
4
l'Association Act of Random Kindness (ARK) Jammers Connection
qui est l'auteur de cette initiative de construction de ce monument. Cette
association américaine dit oeuvrer pour des valeurs humaines souvent
oubliées comme le partage, l'amour et la paix entre les
différents pays du monde entier, mais également pour la
guérison et le soutien auprès des enfants malades dans le monde
et le mélange des diversités culturelles.
Fig 1 - Vue de la maquette prévue du monument
de la mère de l'humanité (voir toutes les
figures en annexe)
Notre travail de recherche va aborder les modifications sur le
site entre 2006 et 2016. C'est-à-dire entre la date du lancement du
projet d'inscription du Paysage culturel des chutes de la Lobé et celle
de l'implantation effective du CIPK et s'étendra entre la zone
d'implantation du CIPK et le périmètre de la proposition
d'inscription du site sur la Liste du Patrimoine mondial, avec un accent
particulier sur le Paysage culturel des chutes de la Lobé qui est le
site qui retient notre attention. Bien sûr, les résultats peuvent
s'étendre à toutes les populations riveraines autour du PAK.
Malgré la suspension du projet d'inscription du site sur la Liste du
Patrimoine Mondial de l'Unesco depuis 2011, et malgré ces grands
investissement entamés et attendus, le Ministère de la Culture
(MINCULT) devenue depuis 2012, Ministère des Arts et de la Culture du
Cameroun (MINAC), porteur du Dossier d'inscription, ne perd pas l'espoir de
voir classer ce site sur la Liste du Patrimoine mondial, ce Dossier
étant toujours inscrit dans les priorités actuelles de ce
Département ministériel. Il faut noter la présence sur le
site des sociétés industrielles existant déjà sur
la région avant le début du processus d'inscription. Il s'agit
des plantations d'HEVECAM (Hévéa du Cameroun) implanté en
1975, SOCAPALM (Société Camerounaise de Palmeraies), de la
présence d'une base de l'oléoduc Tchad-Cameroun dont la
construction a débuté en 2000 et l'exploitation a pris effet en
2004. Partant des 300 forages de Doba (au sud du Tchad), le pipe-line traverse
le Cameroun en diagonale sur 890 km, jusqu'au terminal au large de Kribi
(Sud-Cameroun).3 Le projet d'inscription avait déjà
délimité le site de classement en a tenu compte de cette
présence quand le projet du port de Kribi avait été
annoncé. Néanmoins, la question qui se pose ici est de savoir si
ce projet de classement est toujours viable au vu de tous ces investissements
qui gravitent autour du périmètre d'inscription ? Mais plus
encore quel est le risque certain des populations riveraines de
préserver leur identité et leurs pratiques cultuelles ? Quel est
l'impact général de ces projets sur l'ensemble des populations
3EYOUM, Nganguè, « Les Pygmées,
grands oubliés », in Le Courrier ACP-UE, Pipeline
Doba-Kribi, janvier-février 2002.
5
et sur le site ? Mais plus encore le site a-t-il encore les
valeurs essentielles de VUE lui permettant de conserver ces chances pour une
inscription éventuelle sur la Liste du Patrimoine mondial ? Ces
questions sont des pistes de recherches essentielles de ce Mémoire et
ont un intérêt scientifique certain car le paysage culturel
présente des valeurs culturelles et naturelles qui peuvent être
fragilisés dans un environnement hostile. Aussi le pari ici serait de
réussir à maintenir l'intégrité de ce site dans un
environnement apparemment destructeur et nocif. Aussi pour atteindre nos
objectifs de recherches, il est essentiel de bien comprendre les grandes
articulations de notre travail qui tourneront autour du CIPK et du Paysage
culturel des chutes de la Lobé , plus encore autour des questions de
gestion, de protection et de développement durable du site
confronté non seulement au CIPK, mais aussi à d'autres projets de
grandes envergures qui pourraient être implantés sur le site.
Notre recherchera aura pour base de travail, les recherches
préliminaires faites sur le site lors de l'élaboration du plan de
gestion en 2006, pour une durée de cinq ans, 2007-2012 ; mais plus
encore nos recherches seront axées sur les aspects techniques du CIPK et
sur ses garanties de protection de l'environnement naturel et culturel et plus
encore sur le vécu et le ressenti des populations par rapport au Projet
, mais plus encore sur les retombées de ce projet de grande envergure
sur la vie des populations riveraines et sur leur identité culturelle.
Si au terme de nos recherches, nous pouvons démontrer l'hypothèse
selon laquelle, la proximité du CIPK n'est pas une menace pour les
populations riveraines et le projet d'inscription du site sur la Liste du
Patrimoine mondial de l'UNESCO, si nous pouvons démontrer que la
Proximité du Port est une opportunité pour les populations
riveraines et même une force pour le Projet d'inscription du site sur la
Liste du Patrimoine mondial, alors ce cas d'études pourrait devenir un
« cas école » dans les situations connexes de façon
à ce que l'arrivée du développement ne soit plus toujours
perçue comme une menace pour le patrimoine culturel et naturel. Afin que
la préservation du Patrimoine culturel ne soit plus
considérée comme un refus de modernité et un obstacle au
développement, devenu de plus en plus irréversible au fil des
années plus encore en ce millénaire.
6
CHAPITRE I :
DEFINITION DU SUJET, PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE
SUMMARY
The present chapter defines the subject, exposes the
problematic, presents the state of the art and describes the methodology that
we are going to use in the different research topics. Here, the subject moves
around Lobe Fall's cultural heritage, a Cameroonian site proposed since 2006 to
include the World Heritage List and which registration process is stopped in
2011, following Kribi port industrial complex construction close to site. This
first chapter gets on to describe the site and put forward the different values
that motivated Cameroon Government to want to protect it through a proposal to
inscribe it at UNESCO. Indeed, the site presents some values on an aesthetic
level, which main attraction are the Lobe River's Fall, about twenty falls that
flows directly to the sea. It would be a unique phenomenon in the world. The
site is also full of ecological values, because has a flora and fauna with
unique, rare or at risk of extinction species, but even more it is the
interaction between people and their immediate environment (the water) that is
very important, for is the support of all social and economic activity, but
also spiritual because the people of this site (the Mabi, the Batanga and the
Pygmy) believe in the presence in the power of water gods who strongly would
influence their daily lives, making this site an associative cultural
landscape.
This chapter also allows a better understanding about cultural
heritage concept, beyond the UNESCO standard definition. The different authors
consulted provide the possibility to establish a specific cultural landscape as
ethnological or geographical context, indeed if cultural heritage definition is
understood as an interaction between nature and culture, between man and his
environment. These interactions, differently expressed, allow bettering
appreciating a cultural landscape in a precise context, as the cultural
landscape of Lobe Falls. A landscape faced with a possible or a likely threat
of an industrial and port complex construction in close proximity. The issue of
this subject is to know to search the Kribi industrial and port complex impact
on the cultural landscape of Lobe Falls. Indeed, the proximity of a large
complex under construction, one of the most important in Central Africa sub
region, can't be done without affecting the site, the riverside populations and
the lifestyle. A reason why we believe that, in the end of our researches, some
solutions should be or not achievable.
I. Définition du Sujet
7
A. Brève historique de la préparation
d'inscription du site
L'idée de classement d'un site camerounais sur la Liste
du Patrimoine mondial nait en 2005 à l'Ecole du
Patrimoine Africain dans le cadre d'un Séminaire organisé par
l'Unité Afrique du Centre du Patrimoine Mondial de l'Unesco, où
les Etats Africains représentés à cet atelier avaient la
lourde responsabilité de suivre une formation technique et
spécifique sur le processus de montage des dossiers de sites culturels
sur la Liste du Patrimoine mondial.1 Ils avaient de ce fait, le
devoir de participer à la préparation d'inscription d'un site
choisi sur la Liste indicative de leur Pays soumises à l'Unesco. Le
Cameroun à cet atelier et avait donc eu le privilège de faire
part à cette formation élitiste. D'autres formations
spécifiques ont été proposées de manière
permanente par les mêmes organisateurs, toujours dans le but de fournir
des compétences aux professionnels invités, afin de leur
permettre de préparer des propositions satisfaisantes d'inscription,
destinées à accroître le nombre de biens sur la Liste du
patrimoine mondial, provenant des sous régions de l'Afrique centrale et
de l'Afrique occidentale. Le Ministère de la Culture, sous la houlette
de la Direction du Patrimoine Culturel, entame le processus d'inscription avec
pour préalable, la proposition d'une Liste indicative dans le cadre d'un
Atelier afin que le choix soit un consensus national. Cet Atelier a eu lieu du
30 janvier 2005 au 03 février 2006, à
Yaoundé, et a vu la validation pour inscription de 13 sites culturels,
naturels et mixtes culturels naturels (sites mixtes), parmi lesquels les Chutes
de la Lobé, classées alors comme un site mixte. Pour plus
d'explication, nous nous réfèrerons à la définition
de la dernière édition (2012) des Orientations)
2dans son article 46, « Des biens sont
considérés comme « patrimoine mixte culturel et naturel
» s'ils répondent à une partie ou à l'ensemble des
définitions du patrimoine culturel et naturel figurant aux articles 1 et
2 de la Convention. Ladite Convention donne les définitions suivantes du
Patrimoine culturel et naturel :
1Ecole du Patrimoine Africain, «
Atelier sur le processus de nomination des sites sur la Liste du
Patrimoine mondial, du 30 mai au 3 juin 2005 », in Rapport
d'activités de l'EPA, Année 2005, Porto-Novo, Benin.
2Le Comité du patrimoine mondial, principal
organe de mise en oeuvre de la Convention, a élaboré des
critères précis pour l'inscription de biens sur la Liste du
patrimoine mondial et pour l'assistance internationale fournie au titre du
Fonds du patrimoine mondial. Ils figurent tous dans un document intitulé
« Orientations devant guider la mise en oeuvre de la Convention du
patrimoine mondial ». Ce document est régulièrement
révisé par le Comité pour intégrer de nouveaux
concepts, connaissances ou expériences. La dernière
révision a eu lieu en 2012.
8
Article 1
« Aux fins de la présente Convention sont
considérés comme « patrimoine culturel » :
- les monuments : oeuvres architecturales, de sculpture ou de
peinture monumentales, éléments ou structures de caractère
archéologique, inscriptions, grottes et groupes
d'éléments, qui ont une valeur universelle exceptionnelle du
point de vue de l'histoire, de l'art ou de la science,
- les ensembles : groupes de constructions isolées ou
réunies, qui, en raison de leur architecture, de leur unité, ou
de leur intégration dans le paysage, ont une valeur universelle
exceptionnelle du point de vue de l'histoire, de l'art ou de la science,
- les sites : oeuvres de l'homme ou oeuvres conjuguées
de l'homme et de la nature, ainsi que les zones y compris les sites
archéologiques qui ont une valeur universelle exceptionnelle du point de
vue historique, esthétique, ethnologique ou anthropologique.
Article 2
Aux fins de la présente Convention sont
considérés comme « patrimoine naturel » :
- les monuments naturels constitués par des formations
physiques et biologiques ou par des groupes de telles formations qui ont une
valeur universelle exceptionnelle du point de vue esthétique ou
scientifique,
- les formations géologiques et physiographiques et les
zones strictement délimitées constituant l'habitat
d'espèces animales et végétales menacées, qui ont
une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science ou de la
conservation,
- les sites naturels ou les zones naturelles strictement
délimitées, qui ont une valeur universelle exceptionnelle du
point de vue de la science, de la conservation ou de la beauté naturelle
».
Ce préalable établi, il fallait entamer le
processus d'élaboration du plan de gestion et de conservation du site.
C'est un travail qui s'est étalé sur six mois, de Juin
à Octobre 2006, et était caractérisé par
des descentes sur le terrain et des rencontres avec les parties prenantes.
Cette activité s'est faite en étroite collaboration avec le
cartographe qui avait la charge de matérialiser la délimitation
du site. Les actions menées étaient d'une part des recherches
documentaire, et d'autre part de discussions et de consultations libres
réalisées auprès de toutes personnes pouvant être
d'un apport dans la recherche de l'histoire, de la culture, des traditions et
de toutes autres informations utiles pour la documentation sur le site. Les
recherches étaient entrecoupées de rencontres participatives avec
les parties prenantes en vue de valider chaque partie de la recherche ; il y a
eu ainsi trois réunions de parties prenantes au
9
terme desquelles le contenu du document a été
validé par l'ensemble des parties prenantes présentes et
régulièrement invitées. C'est au cours de ce processus que
d'un commun accord, et pour les besoins du Dossier d'inscription, que la
décision de changer la typologie du site s'est naturellement
imposée ; il passait ainsi de site mixte culturel et naturel à
Paysage culturel ; et pour cause, les paysages culturels sont définis
comme étant des « biens culturels qui représentent les
« oeuvres conjuguées de l'homme et de la nature »
mentionnés à l'article 1 de la Convention. Ils illustrent
l'évolution de la société humaine et son
établissement au cours du temps, sous l'influence des contraintes
physiques et/ou des possibilités présentées par leur
environnement naturel et des forces sociales, économiques et culturelles
successives, externes aussi bien qu'internes ». Ce changement de typologie
s'explique par différentes observations et informations recueillies lors
des nombreuses descentes sur le terrain ; les recherches sur le site ont su
démontrer que l'aspect culturel et naturel ne se côtoyait pas de
manière statique, mais qu'il y avait une interaction réelle entre
les populations riveraines et leur environnement notamment avec l'eau du fleuve
Lobé et de ses affluents, ainsi que de l'océan. Ces composantes
naturelles ne se limitent pas en effet à leur caractère
immobilier, mais prennent une dimension dynamique car non seulement elles sont
parties intégrantes de la vie du site en tant que pourvoyeurs des
aliments essentiels de survie, mais également influencent la vie des
populations sur le site. En effet, les riverains du paysage culturel des chutes
de la Lobé, bien qu'affichant leur appartenant aux religions dites
européennes comme le Christianisme sous ses différentes formes,
(catholique, protestant, adventistes, pentecôtistes...), restent
très attachées aux traditions dites ancestrales notamment
à la religion traditionnelle qui a pour support les divinités
aquatiques appelées « Jengu » ou Miengu » au pluriel,
mais plus connues en Afrique sous le nom de « Mami Water ». Cette
divinité régit de manière générale et
individuelle la vie, le destin et le futur des riverains sur le site. Elle agit
et interagit notamment sur la qualité de la faune aquatique, est
responsable des pêches favorables et peut être invoquée pour
influencer les périodes de pêche défavorable. Des rituels
et des libations lui sont offertes soient publiquement dans les cas qui
concernent l'intérêt général de la
communauté, ou alors dans les familles pour des doléances plus
privées. A l'instar des Batanga et des Mabi, tous les peuples Sawa
(peuples vivants au bord de l'eau) sont liés par ces croyances. Selon le
Pasteur Ndoumbè Ndoumbè,3 depuis l'aube des temps, le
Jengu était considéré comme étant une
divinité du « Monde Sawa », et citant Léopold
Moumé-Etia, le Jengu est une divinité des eaux. Il précise
qu'il est difficile
3
http://www.peuplesawa.com/fr
, consulté le 20 juin 2016.
10
d'expliquer dans sa profondeur le mot « Jengu », lui
donner un sens exact et de parler d'une manière plus claire de son
origine. En parlant de Miengu, il s'agit des êtres « aquatiques
» vénérés par les côtiers ; des êtres
difformes par rapport à nous. Presque tout le peuple Sawa rend culte
à ces êtres. De nos jours, ce culte aux Miengu est rendu avec
presque la même rigueur mais sans sacrifices humains. Il est tenu
rigoureusement secret et se pratique uniquement de nuit en lieu peu accessible.
L'auteur de l'article souligne que le Jengu avait en son sein un noyau
très puissant censé connaître tous les secrets. Il est
composé de trois degrés ou classes. Mais c'est le premier
degré formé des « gradés » (personnes
importantes initiées sur le plan mystique) qui avait accès aux
secrets de l'association.
FIG.2 Vue des Initiés se
préparant pour des cérémonies rituelles aux Miengu pendant
les cérémonies festives traditionnelles. Photos d'Esoh
Elamè4.
Ces observations faites pendant les recherches sur le terrain
en vue de l'élaboration du plan de gestion nous ont conduit à
changer la typologie du site des « Chutes de la Lobé », de
site mixte à Paysage culturel des chutes de la Lobé. En effet il
ressort de là, la relation étroite entre l'homme et son
environnement. Il faut aussi noter la richesse exceptionnelle de la faune, de
l'avifaune et de la flore du site. Une étude faite par Timothée
FOMETE NEMBOT et Zachée TCHANOU de l'IUCN Cameroun en Décembre
19985, et cité dans le document du plan de Gestion
présente quelques données significatives :
· Les mammifères : Des quelques
80 espèces de mammifères répertoriés, 23 sont
considérées comme menacées, selon la liste rouge de l'IUCN
(Union Internationale pour la conservation et la nature).
· Les oiseaux : La richesse en avifaune
rend la zone étudiée importante pour la conservation des oiseaux,
selon les critères de Birdlife
International6. Elle héberge notamment deux
espèces menacées d'extinction, le Picatharte chauve et le
Tisserin de Bates ainsi que deux espèces dont la distribution est
restreinte à la forêt atlantique du nord du Gabon et du sud-ouest
du Cameroun, l'Hirondelle de Forêt et le Malimbe de Rachel.
· Les reptiles : Avec 122
espèces de reptiles, la région est considérée comme
l'une des plus importantes d'Afrique du point vue herpétologique. Trois
espèces de crocodiles sont
4 ELAME ESOH, « La prise en compte du
magico-religieux dans les problématiques de développement durable
: le cas du Ngondo chez les peuples Sawa du Cameroun » in Vertigo Volume 7
N° 3, Décembre 2006, consulté sur
http://vertigo.revues.org
, la revue électronique en sciences de l'environnement, le 22
juillet 2016
5FOMETE NEMBOT, Thimotée & TCHANOU,
Zachée, « La Gestion Des Ecosystèmes Forestiers Du Cameroun
A L'aube De L'an 2000, Volume 2 », in Monographies des sites critiques
et annexes, Décembre 1998 IUCN, Yaoundé, Cameroun.
6
http://www.birdlife.org,
Birdlife international est une organisation non gouvernementale (ONG),
d'envergure internationale, à vocation de protection de la Nature et des
oiseaux en particulier, consulté le 15 février 2016.
11
présentes, toutes menacées d'extinction selon le
livre rouge de l'IUCN : le crocodile à museau fin d'Afrique, le
crocodile du Nil et le crocodile nain d'Afrique.
· Les Amphibiens : La plus grosse
grenouille du monde, la grenouille Goliath est présente dans le parc et
sa zone périphérique. Le nombre élevé
d'espèces d'amphibiens dans la région s'expliquerait par le fait
que le bloc forestier d'Afrique Centrale offre des conditions
écologiques très favorables pour la distribution de cet ordre
d'animaux encore mal connus. Quatre espèces de tortues, toutes
également menacées, ont aussi été
répertoriées : la tortue imbriquée, la tortue luth, la
tortue verte et la tortue olivâtre.
· Les Poissons : La région
allant de Kribi à Campo Ma'an, y compris le bord de mer, abrite 249
espèces de poissons, ce qui représente 46 pour cent des
espèces déjà inventoriées au Cameroun. Quatre de
ces espèces ne se trouvent qu'à cet endroit.
· La Végétation et la flore :
La végétation et la flore de la région
appartiennent au domaine de la forêt dense humide
guinéo-congolaise. Le couvert forestier est essentiellement
constitué par la forêt tropicale de plaine. Il comprend
également des forêts sub -montagnardes et des forêts
marécageuses. Quant à la flore, elle est riche et
diversifiée, avec plus de 1500 espèces de plantes
inventoriées, dont 114 sont uniques à la région.
À la fin de l'élaboration du document dont le
contenu a été au préalable validé par la
dernière réunion avec les parties prenantes sur le site, le
document final a été remis aux autorités administratives,
aux chefs traditionnels en janvier 2007. L'étape de suivante
prévue était la remise officielle du plan de gestion à un
comité de gestion proposé par les populations elles-mêmes,
suivie d'un atelier de bonne pratique et de bonne utilisation de ce document en
2008. Cette étape précédait la
préparation du Dossier d'inscription proprement dit. Cette
étape-là n'a jamais eu lieu et pour cause, la même
année, de concert avec le Préfet de l'Océan,
l'autorité administrative compétente sur le site, il avait
été obtenu conformément aux textes de loi en vigueur, la
signature d'une Déclaration d'Utilité Publique (DUP)7,
afin de sécuriser le site et d'interdire toute forme d'exploitation
avant la fin du projet d'inscription selon l'article 5 de la Loi qui stipule
que « L'acte de déclaration d'utilité publique est suspensif
de toute transaction et de toute mise en valeur sur les terrains
concernés. Aucun permis de construire ne peut, sous peine de
nullité d'ordre public, être délivré sur les lieux.
» Cette DUP a coïncidé avec celle du Projet du Complexe
industrialo-portuaire de Kribi. L'inventaire des biens et des personnes qui
constituent les principales activités de cette mesure administrative a
causé la confusion dans les esprits des riverains. En
général la DUP
7 Disposition prévue par la Loi camerounaise
n° 85-09 du 4 juillet 1985 relative à l'expropriation pour cause
d'utilité publique et aux modalités d'indemnisation.
12
comme le précise ladite Loi, peut avoir des incidences
d'indemnisation en cas d'expropriation telle que prévu dans l'article 3
dans son alinéa 1 : « L'expropriation ouvre droit à
l'indemnisation pécuniaire ou en nature selon les conditions
définies par la présente loi » ; mais tel n'est pas toujours
été le cas, elle peut aussi être prise uniquement à
titre suspensif tel que prévu en l'article 5 évoqué plus
haut.
Appâtées par le gain, les populations devenaient
plus favorables au projet du port qui apportait les promesses d'une vie
meilleure et d'une croissance économique dans la région, et
manifestaient désormais , une hostilité évidente pour le
projet d'inscription, car pensaient-elles, la DUP du projet d'inscription qui
insistait pourtant qu'elles ne seraient pas expropriées, du fait que le
classement de leur site ne pouvait se faire qu'en respectant leur territoire et
leur mode de vie, ne leur apportaient aucune indemnisation, et leur priverait
de la vente de leur biens fonciers. La psychose et la confusion
installées dans l'esprit des riverains ne peut changer, malgré
les nombreuses réunions tenues pour leur expliquer le bien fondé
du Projet et la mise en place d'un comité de gestion sur le site qui
serait pour eux un document conducteur pour la protection et la gestion des
intérêts du site et des riverains. L'arrivée en 2009 d'un
Expert International chargé d'apporter un appui technique au Dossier
d'inscription fut l'objet d'une campagne de désinformation qui arguait
que le Ministère de la Culture, par le biais de la DUP sans incidence
d'indemnisation avait pour finalité de vendre les biens fonciers des
riverains à L'UNESCO et aux investisseurs européens. Cette
désinformation créa une hostilité telle que même la
présence du Ministre sur le site en 2010, qui vint à la rencontre
des populations ne leur fit plus changer d'avis. Le Projet d'inscription
étant un projet participatif qui implique l'aval des populations qui
doivent manifester le désir et l'accord d'inscrire leur bien, ne pouvait
plus se faire dans ces conditions, d'autant plus que certains riverains avaient
envoyé des lettres officielles aux autorités administratives que
leur village se désistait du Projet d'inscription. Le Ministère
de la Culture, fut obligé de suspendre le projet d'inscription en 2011.
Aujourd'hui, le Complexe industrialo-portuaire n'est plus un projet, mais une
réalité sur le terrain et ce, depuis sa construction qui a
débuté la même année. Notre récente visite
sur le terrain en Avril 2016, nous a permis d'apprécier
l'immensité du Projet qui pourtant n'est encore qu'à sa phase
initiale (Phase 1), sur les quatre phases en prévision. Avant de
rechercher le vécu et le ressenti des populations sur ce projet, il est
impératif de faire de brefs rappels historiques qui permettrait une
meilleure appréhension du sujet.
13
B. Brève historique de la mise en place du Projet du
Port pendant le processus d'inscription
Le processus de préparation de la proposition
d'inscription était déjà en cours avec l'arrivée en
2009 de l'Expert International, cet Expert qui avait pour mission d'apporter un
appui technique à l'équipe nationale dans la préparation
du Dossier. Ceci donna lieu à une réunion avec les parties
prenantes sur le site. Cette réunion fut l'occasion de mesurer
l'influence de la présence du Projet du port dans la zone. En effet les
populations vivaient une psychose et pour cause. Les responsables du port
avaient déjà commencé les réunions de consultation
avec les Population et au vu du périmètre à disposer, il
était impératif de faire déguerpir les populations, de les
délocaliser, de les exproprier. Les populations étaient face
à deux projets du Gouvernement et dans l'esprit des populations,
naquirent des pensées contradictoires. Elles ne faisaient plus la
différence entre les centres d'intérêts des deux projets et
cette réunion -là suscita les interrogations et les
réactions suivantes :
- Le projet d'inscription a-t-il l'intention aussi comme le
projet du Port d'exproprier les populations, si oui pourquoi l'avoir
dissimulé ?
- Le projet du port a promis des compensations pour les
populations qui seront expropriées, quelles sont les avantages
économiques qu'apporte le projet d'inscription ?
- Le projet d'inscription est un complot organisé par
les autorités administratives et traditionnelles sur le site pour vendre
le site à l'UNESCO, alors les populations réclament leur
commission dans la transaction.
Les différentes explications apportées par
l'Equipe conjointe du MINCULT et du Bureau UNESCO de Yaoundé de ce jour
restèrent sans effet sur ces populations qui pourtant avaient
déjà adhéré massivement au projet d'inscription du
site. Cette réunion a été suivie quelques semaines plus
tard par des descentes sur le terrain, des responsables du MINCULT dans le but
de renforcer les acquis du processus d'inscription en mettant en place un
Comité de gestion et en organisant un atelier d'appropriation du Plan de
gestion par les membres constitutifs du Comité de gestion sur le site.
Mais les populations trop imprégnées du Projet du port et ses
promesses de vie meilleures ne voyaient plus l'intérêt d'un projet
d'inscription qui les obligerait à préserver
l'intégrité de leur paysage, alors qu'elles pouvaient en tirer un
gain économique imminent ; en plus elles devenaient suspicieuses face
à ce projet d'inscription dont la rumeur trouvait qu'il était
trop beau pour être vrai et qu'il cachait surement des desseins
inavoués. A cet effet sur les quatre villages destinés à
l'Inscription, le
14
village Bwambè, fit la demande officielle au MINCULT,
le voeu de sortir du projet d'inscription. La nouvelle équipe dirigeante
du Ministère, face à cette confusion ingérable
préféra prendre des distances avec le projet et choisit de
dissoudre le comité de pilotage du Dossier d'inscription. C'était
en 2012. Depuis Lors le projet du CIPK s'est implanté, la
délocalisation et l'expropriation des populations ont déjà
eu lieu, les indemnisations ont été faites et à ce jour
(2016) le Complexe industrialo portuaire de Kribi a déjà atteint
les objectifs fixés dans la Phase 1, c'est-à-dire la fin de la
construction du Port Autonome de Kribi(PAK) et une matérialisation de la
phase opérationnelle de celui-ci est en déjà en cours.
II. Problématique
A. Objectifs Généraux
L'objectif général de notre travail est de
Rechercher l'impact du complexe industrialo-portuaire de Kribi sur le
paysage culturel des chutes de la Lobé.
En effet la proximité d'un si grand complexe en
devenir, le plus important projet dans la sous-région Afrique centrale
ne peut se faire sans influences sur le site, sur les riverains et leur mode de
vie. Raisons pour laquelle se posent des hypothèses de solution qui au
terme de nos différentes recherches devraient s'avérer viables ou
non.
B. Hypothèses
Pour mieux mesurer l'impact du port de Kribi sur le paysage
culturel des chutes de la Lobé, nous émettons les
hypothèses suivantes :
La proximité du port est un danger pour l'environnement
du Paysage culturel des chutes de la Lobé ;
Les populations du paysage culturel des chutes de la
Lobés ont des opportunités d'emploi ;
Les villages environnants sont mieux équipés en
structures de développement ; L'économie de la région
connait une hausse palpable ;
Le site présente malgré tout, des valeurs qui
peuvent faire l'objet d'une proposition d'inscription sur la Liste du
Patrimoine mondial de l'UNESCO.
Sur la base de l'objectif général et des
hypothèses de recherches, il apparait clairement que la proximité
du Complexe Industrialo Portuaire de Kribi près du Paysage culturel des
chutes de la Lobé n'est pas sans conséquences, aussi bien
positives que négatives, et les pistes de recherches qui se
dégagent ici sont celles de savoir , si le port de Kribi se
15
présenterait comme une force ou une menace, aussi bien
pour la proposition d'inscription des chutes de la Lobé sur la liste du
patrimoine de l'UNESCO que pour l'identité des populations riveraines
?
III. Historiographie et méthodologie
Dans cette partie il s'agit d'un point de lecture des
publications antérieures plus ou moins liées à notre sujet
et qui peuvent être d'une avancée énorme dans nos
recherches, il s'agit aussi sans entrer dans les détails, d'amorcer la
méthodologie utilisée pour mener à bien nos travaux de
recherches.
A. Travaux antécédents en rapport au sujet
déjà réalisés
Pour mieux cibler nos lectures, nous avons d'abord
recherché les mots et groupes de
mots-clés de notre sujet. Ces mots clés
identifiés nous ont permis de cibler une bibliographie.
Les mots clés ressortis ici sont :
- Port (Complexe industrialo portuaire) ;
- Paysage culturel ;
- Force /Menace pour la gestion et la protection d'un site
paysage ;
- La prise en compte et la gestion des populations riveraines.
Dans un ordre aléatoire, nous avons essayé de
comprendre, au-delà de la définition proposée par
l'UNESCO, dans l'introduction, l'étymologie du concept de Paysage
culturel, son origine, et les différents contextes où il est
utilisé ; et surtout apprécier si ce concept a une traduction
identique dans toutes les cultures du Monde, mais plus encore savoir quel est
le degré e similitude entre un Paysage culturel européen et celui
asiatique ou encore africain ? Le concept Paysage culturel n'est pas
récent. Les premières définitions datent du XXe
siècle, selon P.J. Fowler, dans la publication « World
Héritage Cultural Landscapes 1992-2002 » dont il est l'auteur, les
origines conceptuelles du terme, non pas dans le sens actuel, se trouvent dans
les écrits des historiens allemands et des géographes
français entre le milieu et la fin du le XIXe siècle. Le concept
Paysage culturel a été apparemment inventé dans le monde
universitaire au XXème siècle
précédent8. Il continue en affirmant que ce terme, et
particulièrement cette idée a été promue par le
Professeur Carl Sauer et l'École de Berkeley de géographies
humaines aux USA dans les années 1920 et les années 30 ».
Carl Sauer9 dans son livre intitulé, « Themorphology of
Landscape », publié en 1926 ou il dit : « Le
8«The conceptual origins of the term, but not
the actual phrase, lie in the writings of German historians and French
geographers in the mid/later 19th century»; FOWLER, P.J, «World
Heritage Cultural Landscapes 19922002» in World Heritage Papers,
UNESCO, Paris, p 18.
9 SAUER, Carl, «The Morphology of
landscape», in University of California Publications in Geography
2, 1926.
16
paysage culturel est façonné à partir
d'un paysage naturel par un groupe de culture. La culture est l'agent,
l'environnement naturel le moyen, et le paysage culturel en est le
résultat » ;citation rbeprise par Fowler10 qui estime
que : « Plus prosaïque est cette définition par Wagner et
Mikesell11 qui, bien que vieille de plus de 40 ans, pourrait encore
se présenter comme une expression de l'idée de base qui sous-tend
le concept du patrimoine mondial : « le Paysage culturel est un produit
concret et caractéristique de l'interaction entre une communauté
humaine donnée, incarnant certaines préférences et
potentialités culturelles, et un ensemble particulier de circonstances
naturelles. Il est un héritage de plusieurs époques de
l'évolution naturelle et de nombreuses générations de
l'effort humain »12. Buckle Robert, dans son livre,
Managing cultural landscapes,a case study of Stirling,
Alberta13, cite Melnick14 qui étudiait
l'Histoire orale dans les districts où il réalisait des
inventaires des Paysages culturels, et les a stockées dans des bases de
données. Il a proposé une méthode d'inventaire et a
lui-même inventorié 4 types de paysages. Il a identifié les
paysages Naturels, culturels, visuels et pensés. Dans sa
définition du paysage culturel, il pense que les influences culturelles
sont des résultats matériels des changements qui affectent le
paysage par le fait des choses/objets comme l'habitat humain, le transport,
l'aménagement du territoire, les routes, et les clôtures. Mais
cependant l'idée qu'un paysage culturel n'était pas une notion
standard a commencé à prendre forme et à cet effet Fowler
cite aussi Melnick en sa page 22 ; il définit la notion de paysage
culturel dans un contexte africain : « Le paysage culturel est une
manifestation tangible des actions humaines et des croyances établies au
sein ou en dehors du paysage naturel »15. Cette même
idée de paysage culturel contextuel est reprise par Véronique
Zamant dans son article intitulé « Subtiles divergences. Le
patrimoine carioca entre « paisagem cultural » et « paysage
culturel »16, donne une définition du Paysage dans le
10 «The cultural landscape is
fashioned from a natural landscape by a culture group. Culture is the agent,
the natural area the medium, the cultural landscape the result», FOWLER,
P.J, «World Heritage Cultural Landscapes 1992-2002» in World
Heritage Papers, UNESCO, Paris, P.22
11 WAGNER, Phillip Laurence;
MIKESELL,MarvinW, Reading in Cultural Geography,University of Chicago
Presse,1962.
12 « Cultural Landscape a concrete and
characteristic product of the interplay between a given human community,
embodying certain cultural preferences and potentials, and a particular set of
natural circumstances. It is a heritage of many eras of natural evolution and
of many generations of human effort ». Carl Sauer', Themorphology of
Landscape, University of California Publications in Geography ,
1926,P.22
13 BUCKLE, Robert, Managing cultural
landscapes: A case study of Stirling, Alberta. In: 15th ICOMOS General
Assembly and International Symposium: «Monuments and sites in their
setting - conserving cultural heritage in changing townscapes and
landscapes», 2005, 17 - 21 octobre 2005, Xi'an, China,
14 MELNICK R.Z. «Cultural Landscapes: Rural
Historic Districts in the National Park System», Washington D.C., U.S.
Department of the Interior, National Park Service,1984,
15 « The cultural landscape is a tangible manifestation
of human actions and beliefs set against and within the natural landscape
»
16ZAMANT, Véronique,
« Subtiles divergences. Le patrimoine carioca entre « paisagem
cultural » et « paysage culturel », in Les vocabulaires
locaux du "patrimoine". Traductions, négociations et
transformations, édité par
17
contexte Brésilien. Pour elle, « la
Catégorie paysage culturel tel que considéré par l'UNESCO
relève d'une perception du réel qui ne trouve pas écho
dans certains contextes géoculturels dont celui du Brésil
»17. Vu ce constat, les institutions patrimoniales du
Brésil ont décidé de s'interroger sur leurs propres
catégories patrimoniales et à se positionner par rapport à
la notion du Patrimoine. Cette démarche n'est cependant pas
isolée, car depuis que la Convention du patrimoine mondial est devenue
le premier instrument juridique international à reconnaître et
à protéger les paysages culturels en 1992, lors de sa
16ème session, en adoptant par la même occasion des orientations
devant conduire à leur inscription sur la Liste du patrimoine mondial,
les cas de contextualisations des paysages culturels ont été
encouragés. Parlant du cas du continent africain, des experts se sont
réunies plus d'une fois pour trouver une définition qui sied
mieux au paysage culturel dans un contexte africain. Nous parlerons de la
réunion organisée par l'UNESCO à Tiwi, au Kenya, du 09 au
14 mars 1999 sur le thème : « La Convention du Patrimoine mondial
et les paysages culturels en Afrique »18. Cette réunion
avait pour objectifs entre autres d'identifier de nouveaux types de sites aux
fins d'aboutir à une meilleure représentativité du
patrimoine culturel et naturel. En raison de leurs caractéristiques, la
protection du Patrimoine culturel est souvent complexe, nécessitant des
modes de gestion adaptées où les communautés locales
jouent un rôle important. Ainsi, l'Expert A. Mumma du Kenya, dans son
article intitulé « Aspects juridiques de la protection des paysages
culturels en Afrique »19 pense que sur la base des
critères de Valeur Universelle Exceptionnelles formulés par la
Convention en ce qui concerne les Patrimoines culturels, la notion de
protection est fondamentale ; aussi pense-t-il, pour les pays africains, la
possibilité de s'appuyer sur des mécanismes de protection
assurée par le système de gestion traditionnelle, améliore
les perspectives pour les paysages culturels africains de pouvoir satisfaire
aux critères de classement. Il a évoqué à cet effet
la théorie du pluralisme juridique et cite un article intitulé
« water rights and policy » écrit par Von Benda-Beckman et
al20, où les auteurs font remarquer que les perceptions des
gens sont rarement déterminées par un cadre monolithique normatif
et unidimensionnel, et ce serait
BONDAZ, Julien ; GRAEZER BIDEAU, Florence ; ISNART, Cyril ;
LEBLON, Anais ; Eds Sociale de l'Université de Fribourg, 2014,
pp.87-105.
17 Idem, p. 88
18 ROSSLER, M. &SAOUMA-FORREO, G; La
Convention du Patrimoine mondial et les paysages culturels en Afrique, Unesco,
2000
19 MUMMA, Albert, Legal aspects of cultural
landscapes protection in Africa, in « la convention du patrimoine
mondial et les paysages cul turels en afrique », Réunion d'experts
- tiwi, kenya 9-14 mars 1999, Editors Mechtild Rossler Galia Saouma-Forero,
Unesco, 2000, p 25 ;
20 VON BENDA - Beckman et AL, Water Rights and
Policy, in « The Role of Law in Natural Resources Management »,
Spiertz, 7 & Wiber, M. G. eds, VUGA 1997;
18
d'avantage la caractéristique des
sociétés non-occidentales, car le notions de droit coutumier y
jouent un rôle important dans la plupart des relations et des
activités et les droits de propriétés pluralistes et
contradictoires sont à l'ordre du jour. Ceci dit, certains auteurs
estiment que le paysage culturel n'est pas un bien statique et il est
amené à changer et pour cela nécessite une planification,
à cet effet Buckle Robert dans le même ouvrage cité plus
haut, pense que les paysages culturels étant en constante
évolution, une planification d'un paysage doit trouver un juste
équilibre entre la planification de ces changements et de la
conservation du paysage culturel par rapport au contexte de la ressource ; pour
cela elle doit suivre une démarche holistique qui comprend la recherche,
l'inventaire et l'analyse des différentes catégories du Paysage
culturel, en l'occurrence ceux identifiés par Melnick
évoqués ci -dessus. Il serait donc intéressant de se
pencher sur des exemples de grands emménagements industriels près
des paysages culturels ou naturels, et voir comment s'est fait la prise en
compte de l'environnement immédiat. L'exemple le plus illustratif nous
vient de La zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer, implantée entre
Crau et Camargue(France), qui est un projet d'aménagement du territoire
datant des années 70. Le projet a créé un fort bassin
d'emploi et placé à Fos-sur-Mer, troisième port
pétrolier mondial. Mais le port autonome de Marseille,
propriétaire de la zone, impose l'implantation d'un incinérateur
de déchets et d'un terminal méthanier sur la plage du Cavaou.
Cela contre l'avis des habitants regroupés en « Association de
défense et protection du littoral du golf de Fos ». Cette
association a adressé une note à l'attention de Madame la
Secrétaire d'état à l'écologie de France en octobre
2009. Cette note collective est intitulée « Les enjeux
environnementaux liés à la Zone Industrialo-Portuaire de Fos
»,21 (ZIF). D'après ce document, « le territoire de
la ZIF présente donc une richesse et une diversité biologiques
exceptionnelles à la fois au niveau national et communautaire. Six
unités écologiques sont présentes dans la ZIF (...)
auxquels s'ajoutent des espaces agricoles et des espaces interstitiels au sein
des zones aménagées »22. En effet, ces
unités écologiques abriteraient encore aujourd'hui l'essentiel de
l'avifaune emblématique de la plaine de Crau : faucon
crécerellette (Falco naumanni), ganga cata (Pterocles
alchata), outarde canepetière, (Tetrax tetrax),oedicnème
criard (Burhinus oedicnemus). A en croire les auteurs de ce
document, la ZIF possède une richesse exceptionnelle en faune, flore, et
en avifaune et un écosystème d'une diversité
extraordinaire unique en France, mais malheureusement, une grande partie de ce
territoire est menacé à court ou moyen terme par
21 « Note sur les enjeux environnementaux liés
à la ZI de Fos » in Les enjeux environnementaux liés
à la Zone Industrialo-Portuaire de Fos », Note collective,
Octobre 2009, Fos, consulté sur internet le 06 juin 2016
22 Idem, p. 5.
19
des projets d'aménagements et plus globalement, par le
projet de la zone industrialo portuaire. La partie deux de ce document
dénonce les choix du port comme une catastrophe pour l'environnement
avec force détails23. En effet c'est en 1957 que le
gouvernement décide de la création de la Zone
Industrialo-portuaire de Fos. Son aménagement bénéficie
d'importants investissements publics. 10.000 hectares de réserves
foncières sont constitués dans l'optique d'un projet
démesuré pouvant rivaliser avec les grandes places portuaires
d'Europe du Nord (Rotterdam, Anvers, Hambourg...). Le territoire va
connaître une transformation rapide et profonde aboutissant au remodelage
intégral du trait de côte entre Port-Saint-Louis et Fos.
L'année 1968 marque le début des constructions portuaires :
Construction d'une digue à la mer pour abriter les terminaux
pétroliers, creusement de trois darses, remblaiement de trois mille
hectares de zones humides. En périphérie de la zone portuaire,
des carrières sont mises en exploitation sur plus de 200 ha de
coussouls. Les principales unités industrielles du Golfe de Fos (Solmer
- aujourd'hui ArcelorMittal -, Ascometal, SPSE) sont implantées jusqu'au
début des années 70. Tous ces aménagements sont
facilités à l'époque par l'absence d'un cadre juridique
permettant de prendre en compte l'environnement. A la fin des années 90,
le Port Autonome de Marseille envisage la relance de l'activité
portuaire et le redéploiement des aménagements sur son
territoire, dans un contexte où la prise en compte de l'environnement a
profondément évolué. Sur le plan juridique d'une part,
avec notamment la Loi de Protection de la Nature établie en 1976, la loi
Littoral en 1986 et les directives européennes « Oiseaux » de
1979 et « Habitats, Faune, Flore » de 1992, mais aussi au niveau de
l'opinion publique, plusieurs projets récents comme
l'incinérateur des ordures ménagères de Marseille et le
terminal méthanier du Cavaou suscitant une très vive opposition
des populations riveraines.
Ce ressentiment des populations a pour conséquence, le
début de la prise en compte par le Port Autonome de Marseille en 1999,
du patrimoine naturel dans le zonage de ses aménagements, en
établissant un Diagnostic environnemental de la Zone
Industrialo-Portuaire de Fos. A la demande du port, cette étude
rassemble à l'époque les informations disponibles sur la faune et
la flore, sans toutefois s'appuyer sur un travail approfondi d'investigation
sur le terrain. Elle tente d'identifier, de cartographier et de
hiérarchiser les enjeux environnementaux du territoire, tout en
établissant une synthèse cartographique des contraintes
réglementaires existantes. Malgré le caractère
forcément incomplet du diagnostic et les besoins d'amélioration
des connaissances que ses auteurs identifient pourtant très
23 Ibidem, p.13
20
clairement, le Port Autonome s'appuie uniquement sur ce
travail pour intégrer les enjeux liés au patrimoine naturel dans
l'établissement des Schémas directeurs des Bassins Ouest. Ces
Schémas directeurs traduisent la vision du port pour
l'aménagement global du territoire à l'horizon 2020. L'analyse
dans ce chapitre démontre que les projets d'aménagement du port
ne font aucun cas des enjeux écologiques, en détruisant le
patrimoine naturel des zones aménageables avec pour conséquence
immédiate la perte de la biodiversité de la zone. De même
les auteurs dénoncent la ZIF de faire des choix qui ignorent les enjeux
de santé publique et de n'avoir pas tenus les engagements pris au
départ. En effet, Les riverains s'inquiètent car les
concentrations des multiples polluants auxquels ils sont exposés ne
répondent pas aux exigences européennes en matière de
qualité de l'air. Des médecins témoignent de
l'augmentation anormale de pathologies qu'ils ont, pour certaines, du mal
à diagnostiquer, et en l'absence (ou la non-publication) de
données sanitaires, de registre des cancers et d'étude
épidémiologique tend à entretenir un doute alarmant sur
les impacts réels des activités industrielles et de transport sur
la santé des riverains et des travailleurs. De même lors des
consultations au début du projet, les responsables du port ont promis la
construction de certaines infrastructures, mais qui jusqu'au moment de la
rédaction de cette note, n'avaient pas encore vu le jour, tels :
Création d'un observatoire de l'environnement de la ZIF
en vue du suivi des impacts de la ZIF dans lesquels devait être
créé notamment un comité scientifique ;
Création d'un pôle d'accueil nature et
développement durable ;
Mise en place du contrat de baie pour le golfe de Fos ;
Participation à une structure pérenne de
concertation sur la ZIP.
Le collectif des Associatif qui a initié cette
correspondance conclut en observant que le développement de la ZIF a des
effets bien au -delà de ses limites et que les espaces naturels les plus
remarquables aux alentours (Réserve Nationale de Camargue,
Réserve Nationale des coussouls de Crau, Espaces du Conservatoire du
Littoral) sont fortement impactés par la pollution chronique et par les
pollutions accidentelles comme lors de la récente « catastrophe
écologique » de Crau24, mais plus encore que c'est un
projet stratégique porteur de beaucoup d'inquiétudes pour
l'avenir.
24 Vendredi 7 août, pour des causes encore
indéterminées, la fuite d'un oléoduc a
entraîné la propagation de 4 000m3 de pétrole brut sur cinq
hectares de terres protégées. Au-delà de l'impact
écologique, un vrai désastre pour la Réserve Naturelle des
Coussouls de Crau, c'est aussi la sécurité de ce type
d'installation qui est en cause, Communiqué de presse, Ville de Saint
-Martin de Crau, 12 aout 2009,
www.ville-saint-martin-de-crau.fr,
consulté le 15/05/16.
B. Analyse et critique des travaux précédents
et actualisation
21
Les différentes lectures consultées et notamment
celles répertoriées ci-dessus permettent une meilleure
compréhension de la notion de Paysage Culturel, non seulement par la
définition de L'UNESCO, mais plus encore par la prise en compte des
différents contextes. Ainsi si le concept du paysage est unique, il peut
s'adapter aisément à chaque pays, et même chaque
région d'un même pays, mais l'essentiel étant de pouvoir
faire ressortir la qualité de l'interaction entre la culture et la
nature, mais plus encore de voir de quelle manière les populations
s'intègrent ou vivent en phase avec cette nature profondément
liée à leur mode de vie et d'existence. Aussi la
définition donnée du paysage Africain dans son contexte
correspond à tous points de vue à la réalité de
notre site d'études, le Paysage culturel des Chutes de la
Lobé.
En effet sur la base des recherches sur le terrain, il
apparait que les populations riveraines croient en l'existence et en la
puissance des divinités aquatique, les « Miengu », qui ont la
capacité de régir la vie de la communauté, de
répondre à leur doléance et même de résoudre
des problèmes existentiels au sein des familles et même de la
communauté tout entière. Ces divinités n'étant
visibles que par les initiés, les chefs des Villages, sont les
interlocuteurs privilégiés qui servent d'intermédiaires
entre celles-ci et les populations, par le biais des libations, des offrandes
et sacrifices au cours des cérémonies rituelles et cultuelles
précises. Ici il n'y a pas de matérialisation des
divinités sous formes d'idoles ou de statuettes, tout est dans la
pensée collective. Cette croyance n'est pas un obstacle pour ces
populations à adhérer à des religions dites modernes comme
le Christianisme, ou encore de profiter des avantages de la modernité et
des avancées technologiques, elle est fait partie intégrante de
la vie des populations autour du Paysage culturel, c'est leur culture tout
simplement. Et elle perdure depuis des générations et des
générations. On peut comprendre aisément la
vulnérabilité de ce type de communauté qui doit vivre
désormais près de grandes industries et de grands projets
générateurs de gros intérêts économiques pour
la nation. Cette communauté était-elle prête à
gérer cette proximité ?
Nos lectures sur le cas de la zone portuaire donnent un aspect
de gestion de cette situation aussi bien de la part des promoteurs du Port que
de la part des populations riveraines. Dans le cas de la ZIF, les promoteurs
n'ont pas été sensibles, bien que sensibilisés à
l'importance de la gestion et de la protection des richesses écologiques
du site. En effet cette zone est connue pour sa richesse exceptionnelle en
fauve et en avifaune, qui à ce jour est grandement menacée par
une attitude qui peut s'interpréter comme de l'indifférence par
les
22
promoteurs de la zone portuaire. Malgré la Loi qui est
de plus en plus précise sur les dispositions, malgré les
promesses non tenues pour mettre à la disposition des riverains des
infrastructures devant servir à la recherche scientifique sur les atouts
écologiques du site, les promoteurs continuent leur planification en ne
se souciant que des retombées économiques de ce projet. Les
populations n'ont eu que de recours de se mettre en un collectif d'association
aux fins de faire entendre leur voix et solliciter l'arbitrage des
autorités compétentes, d'où la note adressée au
Ministre e l'Ecologie de France en 2009. Le plus important à notre avis
n'est pas connaitre la suite de cette doléance, mais de s'inspirer de
cette attitude des riverains de la ville de Crau pour défendre leur
territoire de la menace imminente et irréversible qu'est le
développement de la ZIF au détriment de leur
sécurité, si on tient compte des dangers qu'encoure la population
avec la naissance des pathologies liées à la pollution et aux
catastrophes écologiques qui sont de plus en plus présentes. Ces
différents travaux nous serons forcement bénéfiques pour
la suite de notre recherche sur notre cas d'études et nous permet de
ressortir avec plus d'acuité, la problématique de notre sujet :
« Le port de Kribi : force ou menace pour la proposition d'inscription des
chutes de la lobe sur la liste du patrimoine de l'Unesco et pour
l'identité des populations riveraines »?
C. Méthodologie
Dans le cadre de notre travail de recherches, nous avons
utilisé les méthodes ci-dessous énumérés
;
Recherche documentaire : Nous avons essayé lire un
maximum de publications, et d'articles susceptibles de nous donner des
informations utiles. Nous avons également consulté des sites
Internet susceptibles de nous donner les informations désirées ;
Contacts avec la population, les autorités traditionnelles, les
autorités administratives : Pour les populations, nous avons faits des
réunions consultatives et participatives publiques, nous avons
également rencontrés des couches des populations telles les
femmes, les pêcheurs, les guides, et des personnes rencontrés au
hasard sur le site, des touristes et des passants. Avec les autorités
Administratives, nous avons pris des audiences formelles, avons discuté
de manière libre et recueillies des informations utiles. Avec les
autorités traditionnelles, nous avons été dans leur
chefferie et ils nous ont facilité tous les accès vers les sites
dits sacrés ;
Contact avec les responsables du Comité de Pilotage du
Port de Kribi : Nous avons également pris des audiences formelles, et
ils nous ont apportés et fournis toutes les
23
informations utiles à la mise en place du projet et
à ses activités. Ils nous ont aussi permis de visiter le port
à titre exceptionnel ;
Descentes sur le terrain : Nous avons fait des visites
formelles et informelles sur le site et recueilli des informations pour notre
recherche ;
24
CHAPITRE II
LOCALISATION DU SITE, HISTOIRE, ET IDENTITE CULTURELLE
DES POPULATIONS RIVERAINES
SUMMARY
This chapter places the subject in its geographical and
historical context. It allows a location that goes from the general to the
specific. It locates the site of precisely and informs about the history of the
settlement of the site by its different communities, the Mabi, the Batangas and
the Bakola people; three ethnic groups with different origins which cohabit in
perfect harmony for centuries. In addition to these ethnic groups, there is
more in addition to migrants who come from other parts of Cameroon and even
from abroad for professional reasons and end up settling on the site. Indeed
the city of Kribi and its surroundings are from privileged tourist
destinations, but because of the economic boom that knows the area and even
more because of the implementation of the CIPK, Kribi became one of the
privileged destinations of migrants in search of employment and better living
conditions. This chapter evokes also the cultural and spiritual life of the
cultural landscape of the falls of the lobed. Indeed, it has details of the
interaction between local communities and their environment, including the
water of the sea or the river Lobe. It is a kind of identity card of the Lobe
falls cultural landscape, this chapter gives an almost complete knowledge of
the site so as to better highlight its values that support of an Outstanding
Universal Value, which led the Ministry of Culture to prepare a proposal of
ranking on the list of world heritage of humanity. Also at the end of this
chapter, it has a better understanding of cultural practices of the site,
festive and traditional events, but still read, we better integrate the
cultural identity of this people attached to its culture, but even more that
has a symbiotic relationship with water, crucible of their spirituality.
I.
25
Localisation géographique et rappel Historique25
A. Le Cameroun
Le Cameroun est un pays du golfe de Guinée, sur la
façade occidentale de l'Afrique. Il possède 590 km de
côtes, très découpées le long de l'océan
Atlantique. Très étendu en latitude (1 200 km du nord au sud), le
pays a schématiquement la forme d'un triangle dont la base longe le 2e
degré de latitude nord, tandis que le sommet, riverain du lac Tchad,
atteint le 13e parallèle. Le Cameroun est entouré des pays et
étendues d'eau ci-après :
- Le Nigeria et l'océan Atlantique à l'ouest ;
- La Guinée équatoriale, le Gabon et la
République du Congo au sud ; - La République centrafricaine et le
Tchad à l'est ;
- Le lac Tchad au nord.
Par sa superficie de 475 442 km2 et sa population
d'environ 19 598 889 habitants en 2010, le Cameroun est un pays de taille
moyenne en Afrique. Le pays se situe entre la bordure méridionale du
Sahara et la limite septentrionale de la forêt équatoriale du
bassin du Congo au sud. L'ouest du pays est dominé par les
Hauts-Plateaux, et comprend le massif le plus haut de toute l'Afrique de
l'Ouest : le mont Cameroun, qui culmine à 407.021 mètres ; c'est
le neuvième sommet du continent africain. L'est du pays est recouvert
dans sa très grande majorité d'une forêt équatoriale
encore bien conservée. Le long de ses 590 km de côtes, on compte
quelques cités balnéaires : Kribi, et Limbé près du
mont Cameroun. D'après le Livre « intitulé Histoire et
Géographie du Cameroun »26, les premiers habitants du
Cameroun furent probablement les chasseurs-cueilleurs Baka, des nomades
également appelés Pygmées. Mais dès le premier
millénaire avant Jésus-Christ s'est développé des
sociétés sédentaires d'agriculteurs-éleveurs,
peut-être venus du Sahara alors en voie de désertification et les
Bakas ont été repoussés dans les forêts des
provinces du sud et de l'est où on les trouve encore. Parmi les
sédentaires, ceux du sud-ouest de l'actuel Cameroun et du sud-est du
Nigéria sont les plus anciennement attestés comme utilisant des
Langues bantoues ; ces langues se sont ensuite répandues à
travers la majeure partie de l'Afrique
25Dans ce chapitre, nous nous sommes largement
inspirés du Plan de gestion, élaboré par nos soins, en
intégrant de nouvelles informations prises grâce aux sources
orales sur le site.
NNOMO ELA, Suzanne Pulchérie ; MBIDA, Christophe, Le
paysage culturel des chutes de la Lobé Kribi, Cameroun Plan de gestion
et de conservation provisoire 2007-2012, Ministère de la Culture,
Yaoundé, 2006 26ERNOULT Jean.; Jean, CRIAUD, Histoire et
Géographie du Cameroun, Ed. Les classiques africains, 1982,
26
subsaharienne occidentale, jusqu'en Afrique du Sud,
probablement en même temps que l'agriculture. La première allusion
historique aux côtes camerounaises se trouverait dans le récit du
périple d'Hannon, dans un texte grec très discuté. Au Ve
siècle av. J.-C., ce Carthaginois aurait atteint le mont Cameroun qu'il
baptisa le Char des Dieux. Mais ce texte est controversé parce que la
traduction approximative depuis le phénicien et surtout parce qu'il n'y
a pas de preuve archéologique que les Carthaginois soient allés
au sud d'Essaouira. En revanche, on a la certitude que, en 1472, les marins
Portugais du navigateur Fernando Póo sont entrés dans l'estuaire
du Wouri, s'extasiant de l'abondance des crevettes dans le cours d'eau qu'ils
appellent aussitôt Río dos Camarões (rivière des
crevettes). Les marins anglais adoptèrent ce nom en l'anglicisant
(Cameroons), d'où le nom actuel de Cameroun.
D'après les auteurs, les Allemands établissent
le 5 juillet 1884 leur protectorat du nom de Kamerun. Afin d'assurer l'essor
économique du protectorat, les Allemands se lancent dans des travaux
importants : construction de routes et de la première ligne de chemin de
fer, démarrage des travaux du port de Douala, édification
d'écoles et d'hôpitaux, création de grandes plantations
(cacaoyers, bananiers, caféiers, hévéas, palmiers à
huile...). Mais les indigènes sont pour la plupart soumis au travail
forcé et aux châtiments corporels. Quant aux Baka, ils sont
piégés et étudiés comme des animaux ; certains sont
emmenés en Allemagne pour être montrés, en cage, dans les
expositions coloniales. Les Allemands perdent leur colonie en raison de leur
défaite lors de la Grande Guerre, en 1918 ; la Société des
Nations(SDN)27 confie alors la partie orientale (la plus grande)
à la France et la zone occidentale (deux poches limitrophes du
Nigéria) au Royaume-Uni. Chacun de ces deux pays imprimera sa marque
à son Cameroun, la France adoptant la politique de l'assimilation et le
Royaume-Uni celle de l'indirect rule28. Au lendemain de la Seconde
Guerre mondiale, le mouvement de l'UPC (Union des populations du Cameroun),
dirigé par Ruben Um Nyobe, revendique l'indépendance et la
réunification avant d'être interdit puis réprimé par
les Français en pays Bassa et en pays Bamiléké («
guerre bamiléké »). L'indépendance de la zone
27 Réunie à Paris, la
Conférence de la paix avant de travailler à l'élaboration
des traités de paix s'est d'abord attachée à
rédiger, en janvier-février 1919, le Covenant ou Pacte qui a
donné naissance à la Société des nations (SDN),
dont la création correspondait au 14ème point du président
Wilson. Adopté le 28 avril 1919, ce Pacte a été ensuite
annexé aux différents traités. La Société
des nations était donc fondée sur un pacte librement conclu entre
des Etats souverains qui n'aliénaient en n'y adhérant aucune
parcelle de leur souveraineté. Son siège était fixé
à Genève, en Suisse, pays traditionnellement neutre situé
au coeur de l'Europe.
http://www.cndp.fr/crdp-reims/memoire/bac/1GM/connaissances/sdn.htm
, consulté le 18/06/16.
28L'indirect rule était un régime de
colonisation, largement appliqué dans l'empire britannique et en
particulier dans les colonies africaines et dans l'Empire britannique des
Indes. Néanmoins toutes les colonies n'étaient pas sous ce
régime, et certaines étaient sous celui du direct rule. Cette
politique avait pour principal avantage de réduire la présence
coloniale nécessaire. En effet, en s'appuyant sur des dirigeants natifs,
les britanniques s'assuraient la collaboration de l'administration existante et
pouvait ainsi réduire leur présence sur place ;
http://capsurlindependance.quebec
, indirect rule et indigénat, consulté le 18/06/16
27
française est proclamée le 1er janvier 1960, le
Cameroun devenant la première des 18 colonies africaines à
accéder à l'indépendance en 1960. La réunification
a lieu l'année suivante avec la partie sud de la zone britannique, la
partie Nord ayant opté pour l'union avec le Nigeria. Il s'ensuit une
période de violente répression contre le mouvement de l'Union des
Populations du Cameroun (UPC), et l'ALNK, son « Armée de
libération nationale Kamerounaise », par le nouveau gouvernement
avec l'assistance de la France, qui durera jusqu'à la fin des
années 1960. D'après l'ouvrage Kamerun ! Une guerre
cachée aux origines de la Françafrique29, ce sont
des officiers français qui, au cours des années 1960, ont
dirigé clandestinement les opérations de répression
menée par l'armée camerounaise contre les derniers bastions de
l'insurrection « upéciste » (Partisans de l'UPC),
essentiellement à l'Ouest du pays. Tortures, regroupement de force des
populations, exécutions extrajudiciaires, guerre psychologique, les
méthodes employées sont celles de la France durant la guerre
d'Algérie, qui sont peu à peu transmises par les militaires
français à leurs homologues camerounais, notamment au sein de
l'École militaire interarmes du Cameroun (EMIAC), dirigée au
cours de cette période par des officiers français formés
à la doctrine de la guerre révolutionnaire (DGR). Le 20 mai 1972,
un référendum conduit à un État unitaire et met fin
au fédéralisme.
Le Cameroun compte environ 280 ethnies avec quelques grands
ensembles (sémites, hamites, bantous, semi-bantous et soudanais) et de
nombreux métissages. Sur le plan administratif, le Cameroun compte
aujourd'hui dix régions elles-mêmes divisées en 58
départements. Les départements sont divisés en
arrondissements. Les régions ont été créées
à la suite d'un décret présidentiel le 12 novembre 2008.
Jusque-là on avait affaire à des
« Provinces » ou « districts ».
Au vu de son passé historique, le Cameroun
hérite de deux langues officielles le Français et l'Anglais.
C'est le seul pays bilingue en Afrique.
Fig.3 Carte administrative du Cameroun,
Source :
http://www.izf.net,
consulté le 15/08/16.
II. Le paysage culturel des chutes de la
Lobé
Les chutes de la Lobé sont situées dans la
Région du sud, Département de l'Océan, arrondissement de
Kribi, à une dizaine de kilomètres environ au sud de la ville de
Kribi. Le site est sous l'autorité administrative de la
préfecture de l'océan. Le découpage administratif
29 Manuel, DOMEGUE. ; Jacob, TATSITA ; Thomas,
DELTOMBE, Kamerun! Une guerre cachée aux origines de la
Françafrique (1948 - 1971), éditions La Découverte,
2011, chapitre 13.
28
lui donne la spécificité d'être
régi en même temps par deux communes : la commune rurale et la
commune urbaine de Kribi. C'est une communauté urbaine mais surtout une
importante station balnéaire connue pour ses plages de sable jaunes et
blanc et son port. Elle est un point stratégique du trafic maritime dans
le Golfe de Guinée et le terminus de l'oléoduc transportant le
pétrole brut depuis les champs pétrolifères de la
région de Doba au sud-ouest du Tchad. Le paysage culturel des chutes de
la Lobé est une délimitation du site proposé à
l'inscription sur la Liste du patrimoine mondial. Le site inclut une portion du
fleuve Lobé, les campements des pygmées Bakola et leurs
territoires de chasse et cueillette, les villages Mabi et Batanga qui sont les
témoignages les plus significatifs, la série de cascades
jusqu'à la mer, et enfin les plages qui servent de lieux de sacrifices
et de rituels. En définitive, le site est limité au nord par le
village Bwambé, au sud par le village grand Batanga, à l'ouest
par les plages de l'océan indien, et l'est par les plantations
commerciales de la SOCAPALM, et les villages Pygmées Bakola.
1. Les Batanga et les les Mabi, populations riveraines
:
La zone est habitée par les Batanga et les Mabi
répartis en 04 villages dont, Bwambè, Mbéka'a, Lobé
et Mbvoumbélé. On retrouve également dans la forêt,
au sud du Village Mbvoumbélé, trois campements de pygmées
d'ethnie Bakola.
Les Batangas : D'après les traditions
orales collectées sur place, sont des descendants de Ntanga Mu
Mbèdi. Ntanga mu MBèdi luimême fils de Mbèdi,
l'ancêtre commun du peuple Douala. Plusieurs siècles avant
Jésus-Christ, suite à des malentendus claniques, et aspirant
à l'autonomie, Ntanga Mu Mbèdi décide de détacher
son clan de la grande famille Douala (les Mbèdi) et le rebaptise Ba -
ntanga. 'Ba' en langue Batanga comme en langue Douala signifie « ceux de
la tribu de... du clan de... » Ce qui définit l'appartenance
à un groupe ou un clan. De manière générale, les
villages Batanga sont situés en bordure de la mer et non loin d'une
embouchure.
Les Mabis quant à eux seraient Partis
du Soudan ou de l'Ethiopie et descendus par les grands lacs. Ils sont
finalement arrivés sur l'actuel territoire de la République
Centrafricaine. A la suite de guerres fratricides, ils connurent un
éclatement : certains allèrent vers le Congo, Ex Zaïre,
d'autres s'installèrent au Gabon, un autre groupe se dirigea en
Guinée Equatoriale et ceux qui arrivèrent au Cameroun se
retrouvèrent actuellement dans l'Est du Cameroun (Baka), dans la
province du Sud, autour de la ville de Lolodorf (Ngoumba) et à Kribi ces
derniers se nomment les Mabis.
2. Les Pygmées, Peuples autochtones
29
Les pygmées habitant le Paysage culturel des chutes de
la Lobé appartiennent à l'ethnie Bakola. Ils vivent de la
pêche, de l'agriculture, et de la cueillette. On dit d'eux qu'ils sont
les premiers habitants de la région. Des études anthropologiques
devraient permettre de connaître avec exactitude leurs origines et la
période de leur installation sur les bords de la Lobé. Il s'agit
donc de trois ethnies aux origines différentes qui se sont
retrouvées ensemble par le biais de diverses migrations, qui vivent
néanmoins en parfaite harmonie. En effet, l'histoire ne relate pas de
guerres tribales dans la région. Les mariages interethniques ont
contribué à renforcer l'harmonie des peuples de la
région.
Fig.4.Carte du paysage culturel des chutes de la
Lobé, source, Plan de gestion du site.
1. Les afflux migratoires actuels :
Depuis près d'une dizaine d'années, la Ville de
Kribi et de ses environs deviennent l'un des pôles important de
l'immigration à cause de l'activité économique naissante,
plus encore avec la mise en place du Complexe industrialo portuaire de Kribi.
Yasmine Bahri-Domon, Directrice de publication du Magazine économique
« Investir au Cameroun », dans son éditorial dit à cet
effet que : « Le port en eaux profondes de Kribi est fin prêt pour
son exploitation depuis la fin du mois d'août 2015. Les travaux,
réalisés par l'entreprise chinoise China Harbour Engineering
Company, auront duré 36 mois, comme prévu dans le chronogramme
initial, pour un coût de 287 milliards FCFA financés à 87%
par un prêt préférentiel de la China Exim Bank et à
15% par l'Etat du Cameroun »30. On comprend donc que de la mise
en oeuvre du projet à sa réalisation effective, il y a une
activité économique évidente autour de ce projet,
d'où le titre de l'article de Brice R. Mbodiam « Kribi la
touristique vire lentement à l'industrielle », issu du Dossier
spécial qui a été consacré à l'essor
économique de la ville de Kribi31. Dans ce même
magazine on peut lire que « Kribi la touristique cède
progressivement la place à une cité industrielle qui abrite
désormais la plus grande infrastructure portuaire du Cameroun, et l'une
des plus stratégiques sur toute la côte ouest-africaine ». En
mettant en lumières les différentes entreprises qui ont
été accrédités pour les différentes
prestations du projet du Port, on peut aisément imaginer les afflux
migratoires sur le site à l'heure actuelle. En effet, les travaux de la
première phase de
30Yasmine, BAHRI-DOMON, Impulsion
économique, in « Investir au Cameroun », octobre
2015, N°42, p.3 31 Brice R., MBODIAM, Kribi la touristique
vire lentement à l'industrielle, Idem, p. 8.
30
cette infrastructure réalisée par China
Harbour Engineering Corporation (CHEC) ont permis de mettre en place
un terminal à conteneurs de 350 mètres, un terminal polyvalent,
une digue de protection, des infrastructures connexes et une route (en
construction) desservant la ville de Kribi à Lolablé, village qui
abrite le port. Le 26 août 2015, au terme d'un long processus de
sélection des partenaires, le gouvernement camerounais a choisi tous les
concessionnaires. Ainsi, le terminal à conteneurs échoit au
consortium formé par le groupe français Bolloré
Africa Logistics, la société chinoise CHEC et
l'armateur français CMA CGM. Avec une offre
financière définitive de 623,4 millions d'euros (environ 409
milliards FCFA), ce consortium franco-chinois qui a fait la course en
tête depuis la phase d'ouverture des offres jusqu'au dialogue de
pré qualification a devancé l'entreprise Philippine ICTSI
INC. dont l'offre financière de 472,4 millions d'euros (environ
309 milliards FCFA) était de 100 milliards FCFA inférieure
à celle du groupement conduit par Bolloré. Quant au 3ème
concurrent, l'entreprise Néerlandaise APMT en
l'occurrence, il n'a bouclé le processus qu'avec une offre
financière de 403,6 millions d'euros (environ 264 milliards FCFA). La
concession du terminal polyvalent, quant à elle, a été
confiée au groupement constitué par le logisticien
français Necotrans et KPMO (Kribi Port
Multi-Operators). Ce consortium de neuf opérateurs
nationaux (APM, 2MTransimex, Sapem, 3T Cameroun, Cam-Transit, Copem,
STAR et GOS) en activité au port de Douala, la capitale
économique camerounaise, détiendra 45% des actifs dans le capital
de l'entreprise qui sera créée pour la gestion de la concession.
Ici encore, ICTSI et APMT ont mordu la poussière face à des
concurrents visiblement mieux aguerris. Ces deux derniers concessionnaires
désignés le 26 août 2015 par le gouvernement camerounais
rejoignent sur le port en eaux profondes de Kribi la
société néerlandaise Smit Lamnalco, qui a
décroché la concession des services de remorquage et de lamanage,
selon les termes d'un communiqué rendu public le 20 avril 2015 par le
président du Comité de pilotage et de suivi de la
réalisation du complexe industrialo-portuaire de Kribi. Cette
société exploitera les deux remorqueurs acquis il y a plus d'un
an par l'Etat camerounais. Avec cette réalité sur le terrain,
Kribi est devenu l'une des principales destinations de migrations. En effet en
dehors des entreprises chinoises, européennes et camerounaises qui
travaillent sur le projet et qui recrutent du personnel depuis leur pays, ils
arrivent tous les jours dans la zone, des dizaines de personnes de tous les
coins du Cameroun et de la Sous-région Afrique Centrale qui viennent
s'installer avec l'espoir de trouver du travail, et beaucoup finissent pas
s'installer en fondant une famille et en acquérant un lopin de terre. A
l'heure actuelle Kribi et ses environs immédiats comme le Paysage
Culturel des Chutes de la Lobé sont en passe de devenir un lieu de vie
cosmopolite, en effet,
31
d'après les estimations des promoteurs CIPK, Le projet
devrait s'attendre à créer 20 000 emplois directs et indirects et
la ville nouvelle accueillir une population d'environ 100 000 personnes.
C. Les chutes de la Lobé comme paysage culturel
associatif
La caractéristique commune des peuples autour de la
Lobé est leur croyance en
l'existence d'un monde aquatique habité par leurs
ancêtres et par des esprits bienveillants. Cette croyance est le socle de
leur spiritualité et implicitement de leur culture. C'est dans l'eau de
la mer, ou bien du fleuve et des chutes de la Lobé et de ses affluents
que se déroulent leurs rituels et sacrifices. Des libations y sont
offertes toutes sortes pour s'attirer les bienfaits des dieux aquatiques et
satisfaire ainsi les voeux et souhaits. A ce titre, le site se présente
comme un paysage culturel associatif du fait ici de l'action culturelle et
spirituelle des autochtones, étroitement associée à la
nature, principalement à l'eau. Le site est composé
d'éléments naturels qui sont le support des pratiques
socioculturelles vitales à la survie des peuples autochtones.
1. Les composantes naturelles :
Les chutes de la Lobé, dont la
particularité est qu'elles sont les seules en Afrique et probablement
dans le monde à se jeter directement dans la mer ;
L'embouchure, où se déroulent
des cérémonies d'initiations (intronisation, sacrifices, rituels
...) A cet endroit il se trouverait, au fond de l'eau, un canari rituel
posé sur un mérou. Ce récipient représenterait le
symbole d'identification et de protection mystique de tous les autochtones ;
La mangrove, autrefois peuplée de
grands arbres (eucalyptus, mangliers...) qui attiraient des espèces
rares d'oiseaux migrateurs venant d'Afrique de l'Est ; la majorité des
grands arbres ayant été abattus par les Hommes, les oiseaux se
font rares sur le site ;
La faune et la flore, dont les principales
informations sur la faune et la flore du site proviennent des études et
des recherches des études menées et financées par WWF
Cameroun, et l'IRD et l'UICN sur la toute la zone côtière, de la
ville de Kribi jusqu'à la réserve de Campo Ma'a, plus au Sud de
Kribi.
Les tortues marines : Nous voulons insister
sur cette espèce que l'on trouve dans les eaux salines de la
région et qui est fortement menacée, car très
convoitée pour sa chair et sa carapace. Sur les huit espèces de
tortues marines existant dans le monde, cinq sont présentes dans les
eaux camerounaises, à savoir : la tortue luth (Dermochelys coriacca),
32
la tortue olivâtre (Lepidochelys olivacea), la tortue
verte (Chelonie mydas), la tortue imbriquée (Eremochèlys
imbraca), la caouanne (Caretta caretta)32.
Ebodjè est un village qui se trouve pratiquement dans
le périmètre du CIPK, donc dans la zone tampon prévue dans
la délimitation du Paysage Culturel des chutes de la Lobé.
Ebodjè est l'un des principaux lieux de naissance des tortues Luth qui
peuvent atteindre des poids de plusieurs centaines de kilogrammes et vivre
près de 150 ans. La sauvegarde de l'espèce est directement
liée à la préservation de cette zone car les tortues
viennent pondre leurs oeufs à l'endroit où elles même sont
nées (à l'âge de 40 ans en ce qui concerne les tortues
Luth).
Fig.5 Vue du fleuve Lobé, en haute
saison des pluies, se jetant directement dans la mer par le biais de chutes,
Photo de Suzanne Pulchérie Nnomo Ela(SPNE), 20 juillet 2015.
Fig.6.Tortue en ponte
Fig.7.Tortues pêchée
destinée à la consommation
Fig.8.Eclosion de tortue.
Photos prises par sur le site
www.editions2015.com .
Consulté le 19 avril 2016.
a. Les composantes culturelles
Les villages Batanga et Mabi : Le paysage
culturel des chutes de la Lobé se trouve sur le territoire de deux
chefferies de groupement : le groupement Mabi-Sud dont la chefferie est
située à Ebomè et le groupement Batanga-Sud dont la
chefferie est logée à Grang-Batanga;
Les campements des pygmées : On
décompte trois campements le long du fleuve Lobé
:
- Le premier campement, Nanikoumbi, est situé
sur la rive opposée du fleuve Lobé, en face du village
Mvoumbèlè encore appelé Ndoumalè. C'est le
campement le plus accessible par les touristes ;
- Le 2e campement, Mvougangomè ou Edoungangomo,
est situé à environ 25 kilomètres à vol d'oiseau
à partir du pont sur la Lobé. Même si les pygmées
Bakola sont de plus en plus influencés par le mode de vie des villages
bantous (habitat, mode vestimentaire, alimentation...) ; ils ont
néanmoins conservé une intégrité par rapport
à leur mode de vie originelle (chasse, rites de succession du leader,
rites d'intronisation du chef...) et leur traditions (rituels avant la chasse,
rituels d'enterrement...) ;
- Les territoires des 3 e campements, Mabénanga,
ont été engloutis par les palmeraies de la SOCAPALM.
32
http://www.editions2015.com
, consulter le le 19/07/16
33
Fig.9.Vue du campemant Bakola de Nanikoumbi,
photo prise par Charles Patrice Afane, le 17 aout 2016
2. Les lieux historiques et les lieux de cultes (Sites
sacrés)
Le site a un passé historique lié à la
traite négrière, à la première Guerre Mondiale, et
à l'implantation de la religion au Cameroun. Voici à ce propos,
quelques données indicatives recueillies sur place par les
autorités administratives, religieuses et traditionnelles :
1879 : Création de la Station Nassau à
Grand Batanga, première Mission Presbytérienne Américaine
implantée au Cameroun ;
1880 : la traite négrière touche la ville
de Kribi et ses environs ;
1906 : la mission Catholique est fondée par le
père VIETER ;
02 décembre 1914 : la base navale de Gross Batanga
fut bombardée ;
27 et 28 février 1915 : La déportation fut
organisée par le général Dobell en direction de la ville
de Victoria, actuel Limbé, dans la partie anglophone du pays.
La religion traditionnelle occupe une place importante dans la
vie des Batanga et des Mabi.Ils croient à un panthéon de
divinités aquatiques désignés par les Batanga sous le
vocable unique de « Djengu » au singulier, et de » « mengu
» au pluriel ; par les Mabi, sous le vocable de « nguioung ».
Ces entités sont comparables à celles des cultures
méditerranéennes sous les noms de Poséidon, Venus,
Aphrodite, les Néréides. Elles sont désignées dans
le langage populaire sous l'appellation de « mami water »,
Déesse des Eaux. Chez les Yorubas, elles se nomment Yemanja. Elles
portent des noms differents selon les pays.
D'après les autochtones, ces entités ont un
aspect féminin, ce serait des sirènes d'une rare beauté
avec des cheveux qui leur recouvrent tout le corps, et une queue de poisson en
lieu et place des jambes. Le Mabi, le Batanga, et le pygmée Bakola
croient aux esprits, à l'existence d'un monde parallèle sous
l'eau (fleuve ou mer) et affirme entretenir des rapports particuliers avec lui.
L'eau est le lieu de culte de prédilection des populations autour de la
Lobé.
Fig.10.Vue d'une cérémonie
rituelle d'invocation des Jengu Pendant le Mayi. Images de Jacques Eric
Andjick,
http://actucameroun.com
II. Les sites associés à ces croyances
:
34
A. Le fleuve Lobé et ses affluents
Les affluents sont un ensemble de cours d'eau et de
rivières qui traversent les villages et hameaux du paysage culturel des
chutes de la Lobé et que l'on retrouve aussi sur la route adjacente qui
mène vers les palmeraies de la SOCAPALM. Ces affluents sont aussi le
support de pratiques culturelles isolées dans les villages. Il s'agit
des rivières :
- Bwambe qui traverse le village du même nom ;
- Bume qui traverse le village Ebomé ;
- Bivouchi qui traverse le village Mbeka'a ;
- Miangadjo qui traverse également le village Mbeka'a
et que l'on retrouve dans le site de la SOCAPALM.
B. Les chutes de la lobé
Ces chutes sont pour les Batanga et les Mabi l'une des portes
d'accès au « village subaquatique » que certains natifs
utiliseraient encore de nos jours. Les plages qui y sont associés,
d'après les autochtones, seraient le lieu central de la vie des Batanga.
Il s'y déroulait les grands tribunaux, les mariages et autres palabres.
Aujourd'hui, elles servent encore de lieux privilégiés pour les
différents rituels de la communauté.
III. Usage du site aujourd'hui
1. Les pratiques traditionnelles
Les pratiques traditionnelles connues sur le site sont
généralement des rituels spécifiques adressées
à leurs dieux et aux ancêtres. Ce sont pour la plupart du temps
:
- Des rituels d'intronisation des chefs : un
chef pour assurer son règne doit avoir la bénédiction des
ancêtres. Aussi la cérémonie d'initiation reste
secrète et est conduite par un cercle restreint d'initiés ;
- Des rituels de sacrifices aux esprits : ce
sont des rituels que l'on pratique pour des demandes spéciales aux
divinités ;
- Des rituels de circoncision : ces rituels
s'adressent aux adolescents et leur permettent d'acquérir le statut
d'adulte ;
- Des rituels de présentation des nouveaux
-nés à l'eau : chaque enfant natif de la région
subit systématiquement un rituel de présentation aux Esprits de
l'eau afin de recevoir la bénédiction et la protection des
ancêtres ;
35
- Des rituels de purification après un deuil
: ce rituel fait après la mort d'un proche parent consiste
à couper le lien avec le disparu et permettre le repos de son
âme.
Ces rituels sont généralement dirigés par
le chef du village ou par le chef féticheur accompagné de
notables et des initiés. Ceux-ci se rendent généralement
au bord de l'eau (mer ou fleuve) pour invoquer les dieux et les esprits de
l'eau. On apporte des carafes de vin rouge ou de palme, et des corbeilles de
vivres pour assouvir la faim et la soif des esprits. Mais auparavant, on expose
le motif du rituel et ensuite on présente les doléances. Le
sacrifice est considéré comme accepté si tous les dons
coulent au fond de l'eau. Dans le cas où les victuailles ne sont pas
acceptées, ils demeurent à la surface de l'eau. Le chef, les
notables et les initiés à ce moment se concertent alors afin de
comprendre les raisons du refus du sacrifice et de pallier rapidement au
problème. Les rituels peuvent se faire publiquement, en
communauté ou en famille, mais à un certain moment, les
initiés se retirent toujours afin de communier intimement avec les
esprits de l'eau.
2. Les différents évènements culturels
:
Les évènements culturels les plus connus sont le
Mayi, la fête de commémoration des Batanga et le Nguma Mabi
(fierté des Mabi), le festival de la communauté Mabi.
- Le Mayi :
Vers la fin de la première Guerre Mondiale 1916, le
Général Aymerich ordonna le rapatriement des
déportés vers leur terre d'origine. Le premier contingent arriva
de Limbé et atteint Kribi le 14 février 1916. Le deuxième
contingent arriva quelques mois plus tard le 09 mai 1916.C'est en souvenir de
cet évènement que les Batanga commémorent chaque
année, depuis 1916, date de leur retour, la fête du souvenir
encore appelé « Mayi », (mois de mai en Batanga). De par son
déroulement, la communauté Batanga commémore cet
évènement deux fois par an, le 14 février et le 09 mai,
dates de retour des déportés. Même si la Ville de Kribi est
le centre d'organisation de cette fête culturelle, chaque village Batanga
est concerné par cet évènement et organise en fonction de
ses moyens. Alors que la fête du 14 février est quasiment inconnue
du grand public, le Mayi, celle du mois de Mai par contre est plus
médiatisée. Elle attire plus de visiteurs chaque année.
Par cette commémoration, les Batanga de tous les horizons expriment leur
folklore et leur culture qui s'illustrent par la préparation de mets
traditionnels divers, la valorisation de la pharmacopée, les contes et
mythes propres aux divinités de l'eau, les cultes et rites d'initiation
et l'aspect ludique. Le Mayi se prépare en quatre phases principales qui
sont « le prologue », « la commémoration », «
la joie des plages
36
retrouvées », et enfin « la clôture
». Nous insisterons sur les deux étapes suivantes qui sont riches
en symbolique dans l'histoire des Batanga.
- La commémoration : Les
activités de cette séquence mettent en exergue toutes les
péripéties vécues par les Batanga pendant la guerre et
pendant la déportation loin de leur terroir. La phase la plus importante
ici est la grande soirée culturelle où sont
présentés sous forme d'opéra l'ensemble des récits,
de l'histoire des Batanga depuis le début de la guerre jusqu'à
leur retour à Kribi ;
- La joie des plages des retrouvées :
C'est l'avant dernière étape des festivités. Elle est
essentiellement festive et est articulée autour des rituels d'invocation
aux esprits de l'eau (Rituel de présentation de nouveaux nés,
rituel de demande de bénédictions), par l'organisation des
compétitions sportives (sports nautiques, lutte traditionnelle, danse
traditionnelle...) et par un culte oecuménique. Le point culminant de
cette phase est la baignade populaire. Elle symbolise la relation fusionnelle
des Batangas avec l'eau de mer qu'ils ont retrouvée après leur
exil loin du territoire de leurs ancêtres. La fête prend fin le
lendemain après un vaste défilé à travers les
artères de la ville ou du village.
- Le Nguma Mabi : Le Nguma Mabi
(fierté des Mabi), dont La 1ère Edition a eu lieu en
décembre 2001 est une cérémonie d'actions de grâce
et de remerciements aux ancêtres et aux esprits de l'eau pour les
bienfaits de l'année écoulée. C'est à cette
occasion qu'il est possible de faire une demande de protection dans
différents domaines pour la nouvelle année. Cette fête n'a
pas une origine historique. Elle représente plutôt une
volonté du peuple Mabi de se regrouper et de se mobiliser du 10 au 15
décembre de chaque année pour célébrer leurs
journées culturelles. C'est aussi l'occasion de procéder à
des rituels spécifiques pour toutes sortes de demandes adressées
aux dieux.
37
CHAPITRE III
LE COMPLEXE INDUSTRIALO-PORTUAIRE DE KRIBI ET
LE PAYSAGE CULTUREL DES CHUTES DE LA LOBE
SUMMARY
This chapter presents the project of the CIPK in its
implementation and its interaction with the cultural landscape of the Lobe
falls. It presents the context of its creation, its exact geographical
location, goals both at the local, national and international level; It?s
presents the benefits promised by the port to the local residents, but also the
negative consequences of this project as expropriation, offshoring, and the
relocation of residents.
This chapter gives space to those responsible for the Port
which gives their proposal or better yet their action plan for the management
and protection of the spiritual and natural environment. This action plan seems
positive and beneficial to people and the environment of the site which should
be protected from all influences of this large industrial zone. The word is
also given to the different layers of the population of the cultural landscape
which give their experiences and their feelings over the implementation of the
Port and to the promises made. The general feeling here is skeptical of
disappointment because people think have been cheated and accused officials of
the CIPK, their lack of communication on the various projects that they prepare
for the site and would like that their opinion counts because it is their
future in question.
38
Lors de notre séjour sur le site en Avril 2016, nous
avons pu rencontrer les autorités en charge du port qui nous ont
donné toute la documentation utile pour toute information relative au
Complexe industrialo portuaire de Kribi. Nous avons également eu un long
entretien avec le responsable de l'environnement du Projet qui a pu nous
renseigner sur cet aspect important de ce projet ainsi que pour les
différentes étapes à venir. La synthèse de toutes
ces informations a été exploitée dans cette partie de
notre travail de recherche.
I. Contexte de création
Le Port de Kribi est créé suite au
Décret n° 99/132 du 15 Juin 1999 portant création du
Port Autonome de Kribi signé par le Chef de l'Etat, SE Paul
Biya. Le nom officiel du projet est « le Complexe industrialo-portuaire de
Kribi » (CIPK). Il est l'un des grands projets que le gouvernement
camerounais a retenus dans le but de réaliser son objectif de
développement économique et social au même titre que : le
barrage réservoir de Lom - Pangar, les barrages hydroélectriques
de Memve'ele et de Mekin, la centrale thermique de Kribi, le second pont sur le
Wouri, qui sont déjà des réalisations effectives. Le
schéma directeur du complexe portuaire en eau profonde de Kribi a
été adopté et validé le 08 avril 2011 par le
Ministre de l'Economie, de la Planification et de l'Aménagement du
Territoire, Président du Comité de Pilotage et de Suivi.
L'importance du projet du complexe industrialo-portuaire est telle que,
certains l'assimilent à un plan « Marshall » pour le
Cameroun1. Le projet de construction du port en eau profonde au
Cameroun ne date pas d'aujourd'hui. En effet, il a été
initié par le gouvernement camerounais dans les années 80 en vue
de promouvoir l'exploitation et la commercialisation des nombreuses ressources
minières dont regorgent les régions du sud et du sud-est du pays
(bois, bauxite, fer, nickel, rutile, gaz naturel etc.). En 2008, ce projet est
remis à l'ordre du jour des projets à engager dans le cadre de la
politique de relance de l'économie nationale, à la faveur de
l'atteinte du point d'achèvement de l'initiative PPTE marquée par
l'allègement de la dette et la possibilité pour l'Etat de
relancer les investissements publics. Le site est situé à GRAND
BATANGA à environ 10 km au sud de Kribi dans la région du Sud
(précisément dans les localités de
1Le port de Kribi en 10 points in « Port
en eau profonde de Kribi projet majeur des grandes réalisations »,
Une publication du Ministère de l'Economie, de la Plannification et de
l'Aménagement du Territoire, Yaoundé, 2010, P.13.
39
Mboro à 30 kilomètres de Kribi et Lolabe,
située à 4 km au sud de Mboro). Le complexe est subdivisé
en quatre grands blocs autonomes que sont :
· Kribi : activités de cabotage, de
pêche artisanale et de plaisance ;
· Grand-Batanga: activités de tourisme
balnéaire, de pêche industrielle, de marina, etc. ;
· Mboro: port général à
caractère industriel et commercial, cabotage, base navale, etc. ;
· Lolabe: appontement minéralier pour le
transfert du minerai de Fer.
Les travaux ont effectivement débuté en
décembre 2010 et la fin des travaux prévus en 2014 ont
été effectifs pour le port qui représente la Phase I du
complexe aéroportuaire. En 2040 est prévue la fin du Complexe
industriel dont le coût des travaux estimé s'élève
à 6500 milliards de francs CFA (9.923.664€). L'entrepreneur
principal est China Harbour Engineering Company (CHEC) sur la base du contrat
Engineering Procurement and Construction.
Sur le plan technique, la phase I (Le port) qui est
déjà achevé comprend une superficie de 26 000 hectares, un
Tirant d'eau de 15 à 16 mètres ; il a la capacité
d'accueil de grands navires de commerce d'une capacité allant
jusqu'à 100 000 tonnes. L'appontement minéralier a 24 m de tirant
la voie d'accès du chenal a 300m de largeur, la digue de protection,
2800 m. le Port général comporte un terminal polyvalent + un
terminal à conteneurs, ainsi que quatre terminaux
spécialisés dont un terminal aluminium, un terminal
méthanier, un terminal à hydrocarbures, terminal
minéralier et enfin, une zone industrielle.
II. Objectifs
Un ensemble d'objectifs sont rattachés à la
réalisation du complexe industrialo-portuaire de Kribi, à savoir
entre autres :
- Accélérer l'industrialisation par la mise en
exploitation de nombreuses ressources naturelles ;
- Optimiser la desserte maritime du Cameroun ;
- Accueillir les trafics liés à des projets
industriels et nécessitant de grandes profondeurs
d'eau (fer de Mbalam, cobalt et Nickel de Lomié,
extension de l'usine Alucam, etc.); - Servir le trafic de conteneurs et le
transbordement avec des infrastructures et
équipements adaptés à ses besoins ;
- Permettre le développement des corridors
Kribi(Cameroun), Bangui(RCA), Kisangani (RDC), et les extensions en
Guinée équatoriale, Gabon, Congo ;
40
- Permettre le développement urbain (création
d'une ville nouvelle de 100000 habitants), le développement des
infrastructures énergétiques, de communication, de transport
(routier, ferroviaire, aérien).
En prévision du Trafic portuaire, le port
général devra comprendre un terminal à conteneurs 400 000
EVP (conteneur équivalent vingt pieds) dès la première
phase et 800 000 EVP à terme, un terminal aluminium (1,5 million de
tonnes d'alumine et 1,5 million de tonnes d'intrants divers), un terminal
hydrocarbures (3 millions de tonnes d'hydrocarbures) et un terminal polyvalent
(2 à 3 millions de tonnes). De même, il est prévu un trafic
de transbordement (200 000 EVP).
L'appontement minéralier est prévu pour faire
transiter 35 millions de tonnes par an d'exportation du minerai de fer. Il est
également annoncé un trafic d'environ 3,5 millions de m3 de gaz
naturel liquéfié (Projet SNH / GDF - SUEZ)2 et un
trafic d'environ 2 millions de tonnes d'exportation d'alumine (Projet Cam
Alumina). Les dessertes routières et ferroviaires devraient être
réalisées à l'effet de permettre l'acheminement des
produits vers le port. Il en sera ainsi des voies ferrées Mbalam-Kribi
pour le minerai de fer et Edéa-Kribi pour l'alumine en provenance de
Ngaoundal et MinimMartap ; ainsi que de la desserte routière Kribi-
Ebolowa-Sangmélima- Mintom- Yokadouma(Cameroun)-Nola-Bangui
(République Centrafricaine) -Kisangani (République
Démocratique du Congo) -Bujumbura(Burundi)- Kigali(Rwanda) -
Kampala(Ouganda) - Nairobi - Mombasa (Kenya)
III. Impact socioéconomique du projet
Pendant la période d'implantation du projet, les
responsables du projet ont largement communiqué sur les avantages du
projet, sur les conséquences mais aussi sur les solutions
apportées. Ainsi, les informations tirées du document
suscité du Ministère de tutelle du Port3 font
état des avantages suivant sur le plan économique
A. Les avantages promis par le Projet du Port
Dans le cahier de charges du Projet industrialo-portuaire de
Kribi sur la base des documents fournis à notre attentions voici les
grandes lignes des promesses du projet sur le site.
2SNH : Société Nationale des
Hydrocarbures
GDF-SUEZ : Gaz de France, est un groupe
énergétique français, spécialisé dans le
transport et la distribution de gaz naturel, créé à
l'origine par la loi de nationalisation de l'électricité et du
gaz du 8 avril 1946, devenue ENGIE depuis
2015. www.engie.com ,
consulté le 27 juillet 2016
3Idem, P.17.
41
1. Sur le plan social :
- Création d'une ville nouvelle de 100.000 habitants ;
- Création des infrastructures de développement
;
- Desserte routière, desserte ferroviaire ;
- Desserte énergétique, alimentation en eau ;
- Développement d'un réseau de
télécommunications ;
- Développement de l'habitat, construction des
écoles ;
- Création des services publics, administratifs et sociaux
;
- Création des services d'appui tels que : la recherche/
développement ;
- Création des infrastructures de
sécurité.
2. Sur le plan touristique : La bande
côtière au sud de Kribi dispose de nombreuses plages qui seront
aménagées pour un tourisme balnéaire.
3. Sur le plan national et régional
- Baisse significative des coûts de transport
résultant des transports de masse effectués par les grands
navires ;
- Amélioration de la compétitivité de
l'économie camerounaise du fait de la baisse des coûts de
transport ;
- Création de 20.000 emplois directs,
dérivés des grandes industries dont seront prioritaires les
membres des familles délocalisées. D'après les
responsables du Port, au moment de notre entretien en Juillet 2015, Le projet
employait déjà 1200 employés dont 54% de camerounais et 6%
chinois, et avait déjà prévus, de même que la partie
du Projet qui travaille sur la construction de l'autoroute employait
également 1300 personnes dont 80% de camerounais. Il était
déjà également prévu des programmes de formation
aux petits métiers en Bâtiments et travaux publics (Bois,
ferraille, etc.), ainsi que dans les métiers para portuaires (Transit,
dockers, etc.)
- Création des infrastructures de base ;
- Exploitation des gisements miniers ;
- Développement des industries ;
- Augmentation du produit intérieur brut (PIB) ;
- Maîtrise de l'inflation ;
- Relance de la croissance, développement
économique et social.
42
Sur le plan régional, le port de Kribi va favoriser le
flux des transports inter-Etats par le développement de corridors de
transports et de développement en direction du Tchad, de la
République Centrafricaine, du Nord de la Guinée Equatoriale, du
Gabon, du Congo et de la république Démocratique du Congo et par
ricochet, l'intégration sous régionale.
B. Les conséquences de l'implantation du projet pour
les populations riveraines et les solutions proposées
La conséquence majeure pour les populations ici a
été la délocalisation des riverains qui devaient aboutir
à des indemnisations et à une relocalisation des
sinistrés. En tenant compte des contraintes liées aux
différents types de produits à transporter et les
caractéristiques techniques des navires associés, de même
que les besoins, ainsi que les besoins en termes de profondeurs d'eau et
d'espaces d'entreposage, plusieurs sites ont été
évalués. Les sites les plus adéquats pour les
installations portuaires ont été retenus. C'est ainsi que les
installations du port en eau profonde de Kribi se sont
développées sur les sites de Mboro, de Lolabé, et de Grand
-Batanga et ce sont des les populations de ces villages qui ont
été touchées par la délocalisation suite aux
conclusions de l'arrêté ministériel n° 156/Mindaf du
06 février 2009 déclarant d'utilité publique les travaux
de construction du port en eau profonde de Kribi. Au terme de cette DUP qui a
permis un inventaire exhaustif sur les biens meubles et immeubles ainsi que le
coût y relatif, le Premier Ministre, Chef du Gouvernement a signé
le décret n°2010/3312/PM du 30 novembre 2010, « portant
indemnisation des personnes victimes d'expropriation et/ou des destructions des
biens dans le cadre des travaux de construction du complexe industrialo-
portuaire de Kribi dans le département de l'Océan ». Les
détails de ce décret fixaient les différents taux au cas
par cas.
1. Délocalisation et Indemnisations
De l'entretien avec les responsables du Projet du Port il
ressort les informations suivantes. Pour ce qui des terrains, ont
été pris en compte les terrains déjà titrés
et immatriculé et ceux en cours d'immatriculation. Aussi le cout
d'indemnisation s'élève à 2000FCFA 3.05€) le m/2 pour
les terrains titrés et 1500FCFA (2.3€) le m2 pour les
terrains en cours d'immatriculation. Par rapport à l'importance de leurs
biens immobiliers, certaines familles ont bénéficié entre
300.000.000 (environ 458.000.000€) et 700.000.000 de FCFA (environ
1068.000000€). Mais l'état n'ayant pas les moyens, a
privilégié les personnes de la zone directe du port qui a une
étendue de 26 ha. Au moment de cet entretien en juillet 2015, les
responsables du Port
43
estimaient à 90% le taux des indemnisations des
terrains, mais concernant les plantations et champs, les constructions, les
sépulcres les indemnités accordées étaient de
l'ordre de 100%.
Au-delà de ces indemnisations prévues par la
Loi, les victimes d'expropriation auraient en outre
bénéficié de ceux que les responsables du CIPK ont
qualifiés de « Bonus du Chef de l'Etat ». En effet les
indemnisations accordées couvrent tous les dommages, mais la
Présidence a offert en outre aux populations un site de
relocalisation.
2. Relocalisation
Les habitations des populations riveraines sont construites en
famille claniques et tribales ayant en commun la langue vernaculaire et la
culture. Deux tribus comme les Mabi et les Batangas cohabitent, mais sont
différentes de par leur langue et leurs coutumes et traditions. Aussi
dans le but de préserver le tissu social et de permettre à ceux
qui ont toujours partagés un espace commun de continuer à vivre
ensembles, il a été emménagé des zones de
relocalisations par tribu/familles délocalisées sur les sites
choisis pour implanter le projet du Port. Ces zones sont :
- Zone Sud : Lieu de relocalisation des membres de l'ethnie
Yassa, était déjà achevé ;
- Zone Nord ; Lieu de relocalisation des membres de l'ethnie
Mabi, était en cours d'achèvement ;
- Zones Sud- Est ; Lieu de relocalisation des Population
Pymées, les Bagyeli, était également déjà
achevé.
Chaque zone de relocalisation comprend un lotissement de
1500m2 par ménage bantou (à l'opposé des
Bagyéli), borné, comportant des équipements sociaux
(Ecoles hôpitaux, aires de jeux, Bibliothèque...), des structures
d'électrification, de l'eau potable.
Un partage équitable a été fait, les
parcelles sont déjà distribuées et bornées pour
chaque famille sur la base des résultats de la DUP de départ et
évidemment classé par clan. Même des personnes non
originaires des sites mais qui avaient migrées pour des questions
économiques, et qui logeaient dans des habitats à
matériaux provisoires ont eu droit à la relocalisation, un
lotissement leur a été attribué.
3. Lieux sacrés et espaces de culte
Les espaces sacrés d'après les responsables du
Port, n'ont pas fait l'objet d'un aménagement spécifique par le
projet du Port. Mais des mesures particulières ont été
prises
44
45
afin que les populations riveraines, détentrices de
leurs traditions, se chargent elles-mêmes de leur protection et de leur
gestion. A l'instar du site sacré appelé Rocher du Loup, un site
très important pour la croyance et le culte aux divinités
aquatiques des populations. C'est la présence de ce site sacré
qui selon les responsables du Port, qui a motivé le choix de la zone de
relocalisations des populations expropriées aux alentours. Il leur a
été proposé d'installer la nouvelle chefferie à cet
endroit ainsi, elles deviennent elles-mêmes gardiennes de leur site. Le
terminal minéralier étant situé à 3km du rocher du
loup, le risque d'un quelconque danger pour la protection du site est quasi
inexistant.
Pour les autres sites, la responsabilité a
été également donnée aux populations afin qu'elles
fassent des propositions pour d'éventuels aménagements si
nécessaires. Mais elles restent responsables de la gestion de tous leurs
espaces sacrés.
Le rocher du Loup est en fait un rocher en forme de Pic dans
l'océan, qui, d'après les informations orales
récoltées auprès des populations, aurait
émergé mystérieusement de l'eau une nuit et les
populations l'auraient découvert le matin. Depuis ce jour il y a des
phénomènes inexplicables qui s'y produisent.
4. Les dégâts sur l'environnement et
l'éco- système et solutions proposées
Pendant la période précédant
l'implantation du CIPK, les autorités du projet ont commis un plan de
gestion environnemental, qui prévoit entre autres points importants, la
gestion des points d'exutoire des déchets reversés sur la mer qui
seront tous recyclés et traités avant d'être
déversés dans la mer ; à cet effet, les industries lourdes
qui sont très polluantes sont rapprochées de la mer, les
industries moins polluantes, sont justes à côté en eaux
claires et enfin les industries « lights » comme celles concernant la
manutention et la manufacture qui ne sont pas du tout polluantes seront
rapprochées du fleuve pour le protéger. En vue de trouver une
compensation à toutes les perturbations écologiques et les
conséquences sur la biodiversité marine, causé sur le
site, il est prévu d'installer un parc marin à partir du site
jusqu'à Campo, l'accès sera délimité,
protégé et strictement géré par une structure
spécialisée. Il est prévu de créer un fond qui sera
fourni par toutes les entreprises présentes sur le site en vue de faire
fonctionner le parc marin. Mais ceci n'étant pas le but principal du
Projet, pour les autorités du Projet du Port, ce projet sera mis en
oeuvre, lorsque le Port sera déjà opérationnel. Ils ont
pris à titre d'exemple des initiatives en France ceux de la «
Maison de l'Estuaire ». La Maison de l'Estuaire4 est une
association loi 1901, créée en 1992 et réunissant
4
http://www.maisondelestuaire.net
, consulté le 30 juin 2016.
tous les acteurs concernés par l'environnement et le
développement de l'estuaire de la Seine. Au fur et à mesure des
débats, les acteurs ont appris à se connaître et à
s'écouter. Aujourd'hui, l'association compte parmi ses membres aussi
bien les Grands Ports Maritimes du Havre et de Rouen, la Chambre de Commerce et
d'Industrie du Havre, des collectivités territoriales, les usagers de la
réserve naturelle que des associations de défense de
l'environnement. Ce rôle de médiateur a été tout
particulièrement important dans les années 1995, lors du
débat public relatif à Port 2000. Il fallait alors trouver un
consensus entre protection de l'environnement et développement
économique. Port 20005 désigne un grand chantier
portuaire, développé en plusieurs phases, qui porte sur la
réalisation d'un port dédié aux conteneurs situé au
sud des infrastructures portuaires havraises, dans l'estuaire de la Seine. Pour
les responsables du Projet du Port, il serait plus efficace que les
Universitaires et les chercheurs s'emparent de cet aspect du Projet car
étant mieux qualifiés pour sa mise en oeuvre.
5. Etat de lieu de l'implantation effective du Port de
Kribi
Le point de vue actuel des populations
Les chefs du Villages : En juillet 2015, nous
avons rencontré les principaux chefs des villages du Paysages culturel
de la Lobé et voici l'essentiel de nos entretiens : ils ont tous
répondu aux mêmes questions.
Sa Majesté Jean Blaise TSAGA
-DI-GUI, Chef du Village Mbeka'a : D'après
le chef, son village à l'origine se trouvait par la zone
désormais occupée par la SOCAPALM6. Ils ont
été obligés de se recaser là où ils sont
aujourd'hui.
A votre avis quel est l'impact de la construction du PORT
sur l'environnement (fleuve et mer, champs, animaux etc.) ?
L'implantation de la SOCAPALM dans cette zone avant le projet
du port, a détruit les forêts, les sites d'initiations, et les
vrombissements des engins empêchent le repos paisible de la population.
Le tracé de l'autoroute dans un premier temps passait dans la SOCAPALM.
Celui-ci a été repris deux fois par la DIPD et l'autoroute qui
était prévu passé par la SOCAPALM a été
déviée à cause du taux élevé du
dédommagement que l'Etat devrait verser à cette
société. Conséquence les Mbéka'a sont à
nouveau contraints de céder une bonne partie de leurs terres au
détriment de l'autoroute. A cet effet, les habitations sont
détruites, les cultures, les forêts, la pharmacopée sont en
train de disparaitre. Depuis le début des travaux,
5 Idem.
6 Société Camerounaise de Palmeraies
46
les animaux de la forêt ont fui. L'apport d'une nouvelle
route est certes un plus pour le développement, l'entrée
principale des chutes de la lobé a été
améliorée, et les travaux sont toujours en cours. Pour le fleuve
lobé, les travaux prévus ne sont pas encore
réalisés.
Quel est l'impact sur le plan économique
(opportunité de travail, de formations, d'études etc.) ?
Les jeunes du village ne sont pas formés pour un
quelconque travail important. Ils sont relégués à des
tâches minables ne rapportant rien au village. Ils
préfèrent vaquer à leurs tâches habituelles.
Les chefs traditionnels ne sont pas au centre du
développement. Ils sont assujettis par les autorités de
Yaoundé et Kribi. Conséquence le dédommagement n'est pas
louable à cause des terrains non titrés. Des textes de lois et
décret ou toute autre sont brandis pour prendre en charge seulement les
terrains titrés. Et le fameux dédommagement est arbitraire
parfois à tête chercheuse car les premières listes de
dédommagement ne comportent pas tous les ayants droit. Et depuis le
début de ce projet, les populations n'ont pas encore été
indemnisées.
Depuis le début de ce projet, le coût de la vie a
changé dans cette zone. L'inflation est à la mode sur tous les
produits. A titre d'exemple, le poisson qui se vendait en tas se vend
désormais en kilos les prix ont doublés voire même
triplés.
Quel est l'état actuel du volet traditionnel avec
cette proximité ? (Cultes, rites, espaces sacrés, etc.)
La destruction des sites rituels et espaces sacrés a
commencé avec l'implantation de la SOCAPALM, et se trouve dans une
avancée considérable aujourd'hui avec ce projet. Nous assistons
à un déplacement important des populations pygmées de la
zone. Les rites ne peuvent plus être accomplis.
S.M. BIKOUO Henri, Chef du Village
Ndoumalè :
A votre avis quel est l'impact de la construction du PORT
sur l'environnement (fleuve et mer, champs, animaux etc.)
La destruction des sites rituels et espaces sacrés a
commencé avec l'implantation de la SOCAPALM, et se trouve dans une
avancée considérable aujourd'hui avec ce projet. Nous assistons
à un déplacement important des populations pygmées de la
zone. Les rites ne peuvent plus être accomplis. La SOCAPALM a
été la toute première société à
causer un grand désastre dans ces villages. Elle a détruit les
ruisseaux, les arbres. Les populations qui vivaient des travaux
champêtres ont tout perdu après son installation et les riverains
n'ont pas été indemnisés. Les palmiers sont plantés
à 1m des fleuves contrairement aux normes
47
prévues. Une autre situation assez embarrassante plane
sur les riverains. Celle de la non prise en compte des droits fonciers
coutumier par l'Etat. Les terres sans titre foncier sont arrachées aux
populations qui les détiennent depuis des décennies aujourd'hui.
Et tous ceux qui ont entrepris les démarches pour l'établissement
des titres fonciers ont été enroulés dans l'étau de
la procédure, savamment menée par les responsables de ces
services. C'est après plusieurs plaintes portées des chefs
traditionnels auprès des autorités compétentes que
certaines situations de titres fonciers se sont décantées.
Actuellement les sociétés installées sur
ce site sont : HEVECAM, SOCAPALM, Rio Tinto Alcam, EDF Suez (Gaz de France),
Une compagnie d'aluminium, une société chinoise qui s'occupent de
la construction des points de traitement des eaux pour le ravitaillement du
port en eau profonde. Les riverains déplorent le déversement des
boues et d'autres produits inconnus dans le fleuve la lobé,
rendant ainsi les bains impossibles.
La Scan water (Société Nationale des eaux) ne
désert pas la population. Les compagnies chinoises et d'autres
sociétés installées dans le coin détruisent
plutôt les routes et les buses qu'elles ont trouvées sur le site
avec leurs voitures. Il n'y a pas d'assainissement du milieu mais une
dégradation assez considérable des infrastructures trouvés
avant le lancement des travaux.
Quel est l'impact sur le plan économique
(opportunité de travail, de formations, d'études etc.) ?
Sur ce plan le bilan est assez déplorable. Au
début du projet, tous les riverains étaient enthousiastes dans
l'idée de trouver du travail et de voir leur village se
développer. Le sort est mitigé. Les jeunes des villages ne sont
pas recrutés et le manque de travail n'a pas changé. Les quelques
jeunes (au nombre de 5 maxi) qui sont employés, ne sont pas
enregistrés. La main d'oeuvre est chinoise. Tous ceux qui sont partis
d'autres régions à la recherche du travail dans cette zone
dorment à la belle étoile au risque des piqures de serpent et
tout autre accident, pour ne pas se voir employer.
Actuellement, la souffrance grandissante au sein de cette zone
a déjà donné naissance à une révolte interne
des riverains que les chefs traditionnels essayent tant bien que mal de
maitriser mais ils ont peur que leurs populations se retournent contre eux, car
taxés de complicité.
Les chefs traditionnels déplorent le manque de
collaboration entre les autorités administratives et les riverains. Ces
derniers qui signent des documents officiels délimitant ainsi les
parcelles de terrains dans cette zone ne connaissent même pas les limites
des parcelles. Et ce désordre crée de véritable
problème entre les sociétés et les riverains. Le
48
tonnage n'est pas respecté, les projets mettent les
populations en insécurité, et au finale, les autorités
administratives se remplissent les poches en ignorant la réalité
que subissent les populations. Et pour couronner, sur ce tronçon de 9
Km, il n'y a pas d'école, pas d'hôpital pour ne citer que ceci.
Quel est l'état actuel du volet traditionnel avec
cette proximité ? (Cultes, rites, espaces sacrés, etc.)
Beaucoup de traditions et rites sont en train de disparaitre
à cause de l'implantation de ces sociétés. Les lieux
sacré et espaces sont détruits et aucune mesure concrète
n'est pas visible pour la pérennisation. Les riverains subissent tous la
pression des sociétés et cette pression est dictée par les
autorités.
S.M EKO Roosevlt, Chef du village
Lobé
À votre avis quel est l'impact de la construction
du PORT sur l'environnement (fleuve et mer, champs, animaux etc.)
La pollution est inévitable si les pouvoir publics ne
prennent pas les mesures à temps. Il est important de veiller sur le
recyclage des déchets des sociétés qui vont s'installer
sur ces sites ainsi que les bateaux qui vont accoster. Mais comme nos
dirigeants sont laxistes, avares et égoïstes, nous sommes
très sûres que le chaos est inéluctable.
Les dirigeants et les acteurs économiques de notre pays
continuent à prendre les affaires et les investissements publics
à la légère, simplement pour satisfaire leurs
égoïsmes et intérêts personnels. Le tronçon
routier Kribi-port est insignifiant compte tenu du trafic qu'il va supporter.
Pour le moment tout va bien mais si nous faisons une projection dans 10 ou 15
ans après, cette route à grand trafic, sera comparée
à une route de quartier modernisée.
Nous assistons aujourd'hui à un achat important de
terrain. Et ce déferlement est orchestré par les autorités
compétentes c'est-à-dire les sous-préfets, les personnels
du cadastre et domaine etc. En bref c'est une mafia comme nous avons l'habitude
de le voir en occident qui s'est déjà installée ici. Et ce
sont les pauvres et les faibles qui subissent. Les autochtones moins avertis et
avides d'argent sont trompés dans la vente des terrains. Par exemple,
pour une parcelle de 2000 m2, ils peuvent recevoir une somme de 500
000 F CFA (environ 763.36€) et une vieille automobile restaurée
à hauteur de 200 000 FCFA (environ 305.34€) dont les pièces
de rechange sont rares et chères et qui peut avoir vue l'âge de la
voiture, une valeur marchande de 800 000 F CFA(1221.37€). Au final, la
voiture roule pendant une ou deux semaines et surviennent les pannes. Tout le
reste d'argent quand celui-ci n'a pas servis à
49
faire des fêtes, sera encore investis dans ledit
véhicule et finalement va être garée dans la cour de ce
dernier, signe d'une affaire conclue. Des exemples pareils sont
légions.
Quel est l'impact sur le plan économique
(opportunité de travail, de formations, d'études etc.)?
Le volet économique est un autre maillon de la chaine
qui nous préoccupe. Rien n'a été fait à ce niveau
et les résultats que nous avons aujourd'hui ne sont pas surprenants.
Aucun jeune d'un village quelconque n'a une formation requise pour les
sociétés qui se sont installées ou qui vont s'installer.
Les quelques jeunes qui ont été employés dans ces
sociétés gagnent des sommes d'argent minable à savoir
35000 F CFA/mois (53.43€). Tous ont préféré
abandonner ces emplois pour retrouver leur activité de pêche
où un seul tour en mer leur rapporte plus de 35000 F CFA. En faisant un
calcul simple c'est-à-dire 35000 F CFA/ jour, et en travaillant pendant
10 jours, ils ont un gain de 350 000 CFA (environ 530.43€). Conclusion ces
travaux mal payés ne sont pas importants. Mais il ne se fait pas tard
pour qu'on forme les jeunes. C'est pourquoi j'ai pris sur moi de créer
un CETIC7 qui va de la 1ere à la
2ème année. Il renferme comme filière, la
maçonnerie, la menuiserie, l'électricité, la
comptabilité. Les jeunes formés pourront prétendre
à des meilleurs emplois et salaire.
Depuis l'installation de ces sociétés, l'on
constate une augmentation du cout de vie. Ce sont les nécessiteux qui
payent les frais et non les nantis.
Quel est l'état actuel du volet traditionnel avec
cette proximité ? (Cultes, rites, espaces sacrés, etc.)
Ce volet est celui qui fait encore le plus mal. Toutes les
espaces sacrés sont vendus. Nous pouvons citer l'achat d'un
cimetière de à proximité du village Mbéka'a. Les
rites qui se pratiquent au niveau des cours d'eau sont menacés de
disparition parce que les cours eaux commencent à se polluer. Dans 10
ans ou plus qu'en sera-t-il ? Plusieurs sites de rituels et touristiques ont
été détruites au détriment de la construction du
port. Si rien n'est fait les traditions, les cultes, les rites et tous les
autres espaces sacrés vont totalement disparaitre.
S.M BeundeEvilaLudwing, Chef du Village
deBwambè :
A votre avis quel est l'impact de la construction du PORT
sur l'environnement (fleuve et mer, champs, animaux etc.)
Les populations autochtones ont salué l'avenu de ce
projet en sachant que les villages vont connaitre l'évolution à
travers la construction des écoles, hôpitaux, et surtout
7 Collège d'Enseignement Technique, Industriel
et Commercial.
50
l'amélioration du niveau de vie de chaque famille par
le biais des indemnisations des terrains qui vont être faites. Mais aussi
que les jeunes vont être formés et trouver des emplois
décents. Mais la réalité actuelle a causé un
dégout chez les riverains qu'ils auraient souhaité que ce projet
n'existât point. Les fleuves sont déviés
transformés, nous assistons à un vaste déplacement des
animaux, les habitants sont obligés de partir un peu plus loin dans les
forêts pour recréer d'autre champs. Les indemnisations sont
partielles. Au lieu de venir résoudre un problème, le projet en
crée plutôt une multitude. La déforestation déplace
les populations de leurs zones d'occupations vers d'autres. Si ce rythme
incessant continu, est- ce que le recasement sera possible ? C'est autant de
questions que se posent les riverains. Les autorités ont parlé de
recasement des populations vers de nouveaux sites, mais c'est un leurre parce
que les travaux qui sont envisagés concernent plutôt les futurs
employés du port. Les terres sont arrachées, et les populations
ne sont pas recasées et seront obligées de se débrouiller
comme elles peuvent.
Quel est l'impact sur le plan économique
(opportunité de travail, de formations, d'études etc.) ?
Il n'y a pas d'opportunité pour les riverains. Aucune
structure de formation n'a été implantée malgré la
demande faite par les chefs traditionnels et les populations lors des
différentes rencontres avec les autorités avant le lancement du
projet.
Les sociétés installées pour
l'implantation du port n'emploient pas les riverains. Si on prend le cas de la
centrale à Gaz, les noms des ingénieurs camerounais retenus n'ont
pas été pris en compte. Tous les travailleurs viennent de la
Suisse, du Canada et d'autre pays. La société chinoise CHEK
n'emploie aucun jeune du village, RAZEL8 a recruté par
village quelques jeunes par rapport à ce projet. Même les
sociétés Camerounaise (FNE) n'encouragent pas les jeunes du
village. Les travaux et les formations sont faits pour les personnes venant
d'ailleurs au détriment des jeunes du village.
Pas de projet d'étude environnemental sur le terrain.
Toutes les études se sont faites dans les bureaux ignorant ainsi les
réalités du terrain.
Quel est l'état actuel du volet traditionnel avec
cette proximité ? (Cultes, rites, espaces sacrés, etc.)
Les chefs traditionnels observent impuissamment comment les
sites sacrés, les sites réservés aux rites et lieux de
cultes sont en train d'être détruites. Pour le moment l'extension
du projet ne touche pas encore tous les sites sacrés. Néanmoins,
nous déplorons la destruction
8 Filiale nationale de l'Entreprise
française de construction et des travaux publics RAZEL-BEC
51
du rocher sacré (le Rocher du Loup) sur lequel le port
passe. Et cette situation empêche actuellement toute manifestation
culturelle.
Lors de notre dernière visite sur le site, nous avons
eu l'opportunité d'assister à la réunion des collectifs de
tous les chefs de la région qui sont touchées par le projet du
Port. Les chefs déploraient les promesses non tenues et
l'indifférence des responsables du port à ce propos, et mettaient
en oeuvre les stratégies pour manifester leur colère et
indignation auprès du chef de l'Etat, face au pillage et à la
destruction du site mais plus encore le Trafic des indemnisations et des titres
fonciers orchestré par les autorités administratives.
Les Associations des jeunes (pécheurs et guides) :
La plupart des jeunes de ces villages sont soient
pécheurs, soient guides et sont tous regroupées au sein d'un
collectif d'association. Ils s'organisent pour l'entretien des plages,
notamment celle des Chutes de la Lobé, et s'occupent aussi de la
restauration au bord des chutes de la Lobé. Ils assurent aussi en
général la sécurité du site ça faut-il le
préciser il est encore ouvert. Lors de ma dernière visite sur le
site en Avril 2016, j'ai eu l'opportunité de les rencontrer sur la plage
au bord des chutes.
Comment appréciez-vous la présence du Port
sur votre site ? Quels sont les avantages et les inconvénients ?
Notre site a toujours été convoité par
les grands projets, par tous les Ministères qui défilent ici,
mais avec le Projet du Port, nous nous sommes dit, nous allons sortir du
chômage. Ils nous ont promis du travail, des formations, nous pensions
que notre vie allait changer. Mais si vous nous voyez tous réunis ici
à la plage pour vaquer à nos occupations, c'est que rien n'a
changé.
Les chinois sont racistes et amènent des
employés de la Chine. Nous n'avons jusqu'alors
bénéficié d'aucune formation. Ils nous utilisent comme
manutentionnaires et nous font travailler plus de 15 heures par jour. Nous
devons portez des charges lourdes manuellement qui mettent notre santé
en péril et pour un salaire dérisoire. Alors nous avons
préservé notre santé et préférons nous
occuper de la pêche notre activité première.
Quels sont donc en dehors de la pêche vos occupations
actuelles ?
Nous avons ici beaucoup de petites associations reconnues par
les autorités administratives locales, mais nous sommes tous
regroupés au sein d'un collectif d'Association ou nous avons des
pécheurs, des restaurateurs, des guides. Avant nous n'étions pas
organisés mais nous avons déjà des guides
spécialisés pour les chutes, pour le fleuve Lobé et pour
tous les autres sites ; Nous nous occupons aussi de la sécurité
et de la propreté
52
de la plage. Mais nous avons un gros problème de
sécurité, car depuis le problème du Port, les gens font
main basse sur le site, regardez à titre d'exemple, nous avons vu ici un
Monsieur qui a débarqué ici avec des engins et ont commencez
à tout couper, à tout défricher, en disant qu'il est
envoyé par la Première Dame de la Républiques pour
construire un hôtel. Vous vous imaginez, construire un Hôtel
à cet endroit c'est détruire la beauté du site ? Nous
avons voulu nous y opposer mais il avait une sorte de bandes de « gorilles
armés ». Alors nous avons fait appel à l'autorité
administrative qui a fait suspendre les travaux. Ce qui devrait être un
signe que c'était une arnaque. Nous ne savons comment défendre
notre site de ce type d'envahisseurs qui n'hésitant pas à usurper
les identités des hautes personnalités de la République
pour nous arnaquer. Nous n'avons plus rien à dire sur notre site ? Non
nous voulons nous défendre désormais et trouver des bonnes
stratégies.
Les représentants des femmes au foyer des villages
du site:
En tant que femme autochtones ou vivant sur le site
comment apprécier vous la présence du Projet du Port ?
Vous savez que notre principale activité ici est les
champs et la pêche des crevettes. Mais depuis la présence de ce
projet, nos champs sont détruits et nos terres ne nous appartiennent
plus. Alors nous n'avions plus que la pêche des crevettes pour survivre,
même ces crevettes-là, nous n'en avons plus, car la plupart
meurent à cause de l'eau du fleuve devenue insalubre. Nous aurons voulu
que le Port nous aide à moderniser notre pêche jusque-là
artisanale, de manière à être plus présente sur la
marche dont la demande devient de plus en plus nombreuse avec tous ses
étrangers sur le site. Mais rien de tout cela a été faite,
au lieu de cela, ils tuent nos crevettes et ne prennent pas aucune protection
pour les protéger. Ils nous avaient pourtant promis de préserver
nos crevettes et notre poisson, c'est la seule richesse que nous avons de la
nature, si tout s'en va, c'est la famine et la mort qui va suivre.
Le conseil exécutif des chefs traditionnels.
Lors de notre séjour sur le site en Avril 2016 nous
avons eu l'opportunité de rencontrer quelques chefs traditionnels sur le
site à l'issue d'une réunion de crise sur les problèmes
dans leur territoire, notamment avec le Projet du Port de Kribi. Nous n'avions
pas l'autorisation d'assister à la réunion, mais ils ont
accepté de nous accorder un entretien.
Quelles sont l'état des promesses que vous ont fait
les responsables du Port et quelle est la situation actuelle sur le site
d'après vous ?
Aucune des promesses faites par le Port ou de nos propositions
n'ont été tenues. Ils nous ont promis que la tranquillité
et la sécurité des populations sur le site serait
préservées, mais à ce jour le sommeil est désormais
perturbé à cause des camions qui passent en
53
permanence et de surcroit à une vitesse dangereuse.
D'autre par les signes de la pollution sur le fleuve deviennent
évidentes, car l'eau a désormais en couleur jaunâtre. Le
projet de l'autoroute empiète sur le développement, il entraine
la destruction des terrains et des maisons, ainsi que des cultures
champêtres, l'agriculture devient inexistante et la famine s'installe
dans les villages.
L'indemnisation promise a été bafouée, et
donnée à moitié. Les évaluations y relatives ont
été mal faites, elles n'ont pas tenu compte de la valeur
sentimentales de nos biens immobiliers et au final, nous nous posons la
question de savoir si le développement de la ville de Kribi est pour qui
et au profit de qui ?
En parlant de la localisation, délocaliser une
population est la tuer, et en plus la non implication des populations
elles-mêmes dans ce processus est plus grave encore. Nous
déplorons le fait que tout ce qui se passe sur le site se passe sans
nous, nous ne sommes impliqués dans aucune décision qui engage
nos vies, notre communauté, et l'avenir de nos enfants, il n'existe
aucune plateforme de rencontre, ou de dialogue entre nous populations
riveraines et les décideurs.
1. La situation en temps réel sur le
site
La situation telle que vécue sur le terrain et ainsi
évoquée donne un sentiment de perplexité assez
poussé. En effet , pour les responsables du Complexe Industrialo
Portuaire de Kribi (CIPK), le projet dans ses avantages est
indéniablement une opportunité de croissance de l'Economie sur le
plan national et sous régional, mais plus encore pour la ville de Kribi
et de villages environnants qui devraient être les
bénéficiaires directs , en terme de développement, et
d'éducation mais également en terme de réduction de la
pauvreté en pourvoyant des formations professionnelles et des emplois
aux jeunes natifs du site. Mais pour les différents acteurs sur le
terrain, la situation est toute autre car il ressort de ces différentes
consultations le désespoir, la déception, mais plus encore un
sentiment de révolte. Les promesses attendues ne sont pas
réalisées, les initiatives futuristes du site sont prises et
décidées sans l'implication de la communauté ce qui
résultent des solutions non adéquates et inadaptées aux
besoins réels des ayants droits ; par exemple, en ce qui concerne la
solution trouvée pour la délocalisation, les populations
autochtones se reconnaissent pas dans ce nouveau site. En effet, les personnes
déplacées sont des peuples du bord de l'eau. L'eau est
l'élément vital de leur survie, le support de leur croyances
spirituelles, le vivier inestimable et indispensables dont l'attachement
indéfectible va bien plus au-delà d'une simple raison de
proximité, mais d'un héritage ancestral qui englobe les us et les
coutumes transmises de
54
génération en génération ,au fil
des temps. Ce peuple de pêcheurs peut-il dès lors se transformer
en chasseurs, en devenant désormais des délocalisés dans
une zone de forêt ? Cette inquiétude rejoint celle de la
protection des traditions et des lieux sacrés. Cependant, de notre
entretien avec le Responsable de l'Environnement du site, il ressort que le
CIPK rassure qu'ils n'aient pris aucune initiative en ce qui concerne ce
domaine, laissant toute la responsabilité aux populations riveraines,
celles-ci rétorquent que le développement lié au Projet
est une nuisance extrême pour leurs lieux de cultes.
Sur le plan socioéconomique, c'est une sourde
révolte qui revient dans toutes les consultations, les jeunes ne sont
pas formés, ne peuvent prétendre aux emplois qualifiés,
ils sont généralement employés comme manoeuvre et sont
sous-payés, se sentent exploités et préfèrent
rentrer à leurs activités premières qui sont la
pêche et le guidage, mais plus encore ils se sentent frustrés de
voir des personnes étrangères venir de très loin pour
travailler sur le Projet. Mêmes les jeunes diplômés sont
délaissés au profit des jeunes non originaires de la
région qui arrivent sur recommandations par des pistons. La frustration
est d'autant plus grande que les populations se plaignent des manipulations
frauduleuses sur le calcul des indemnités d'expropriation et que les
listes seraient ne remplies de personnes fictives, inconnues des villageois,
détenteurs de titres fonciers faux ou fictifs, et cela se seraient faits
avec la complicité des autorités administratives. Ce qui est
rejeté en bloc par les responsables du Port qui affirment que les
personnes concernées par les premières indemnisations ont
utilisé leur argent à d'autres fins, et se voyant démunis,
cherchent par ces subterfuges, à extorquer encore de l'argent pour de
nouvelles indemnités. De même, d'après le Responsable de
l'environnement du CIPK, pour justifier les noms inconnus par les autochtones
sur les listes des ayants droits, il est possible que des acquéreurs des
terrains ne soient pas tous originaires de la région et
bénéficient légalement des indemnisations prévues
par la règlementation en vigueur.
Lors de la réunion du collectif des Chefs
traditionnels, l'une des recommandations était de multiplier les recours
auprès de l'autorité suprême jusqu'à ce que justice
soit faite.
55
CHAPITRE IV
CONFIGURATION ACTUELLE DU PAYSAGE CULTUREL ET
DU PORT AUTONOME DE KRIBI
SUMMARY
The following chapter presents the actual situation at the
time as when we were on the site at the end of April, but also until the end of
the drafting of our thesis work, because it has changed a lot. Already in the
previous chapter, people were complaining about the mismanagement of the site
problems, and more still of the supposed manipulations that there would have
been in the management of the problems of compensation for displaced people. On
the basis of the complaints and requests sent to the top what investigations
were carried out by the National Commission for the fight against corruption,
NACC and who by a report including the major lines are included in our
document, it has been shown that there had been qualified irregularity of
accrual abuses proved to be, at the end of the various surveys, the NACC
presented the results of their investigations that actually asked the chaotic
management of compensation because the existence of fictitious persons and
fictitious assets compensation have been proven. Shortly after our departure
from the site, most of the administrative Department of the Ocean as well as
members of the evaluation commission were placed under arrest and authorities
sent in the hands of justice or they answer of false facts, use of forgery and
misappropriation of public funds. Similarly, a few weeks more, following the
end of the construction of the PAK which is the phase I completed the CIPK, a
presidential decree organizing the Port of Kribi. And by the time we complete
our brief, has already been appointed the Director General of the Port and his
Deputy. Evidence that, the PAK already happened in its operational phase. This
chapter could also measure physically evaluation of the visible impact of the
PAK on the cultural landscape of the Lobe falls. According to here on the four
villages of the cultural landscape proposed for registration, only two we could
keep their physical integrity because very little affected by the development
brings the CIPK on sites. Finally, chapter of illustrations showing the
effectiveness of the construction of the PAK, who is no longer a project, but a
prominent item on the cultural landscape falls of the lobed and who must now
combine with this proximity.
I. Le paysage culturel des chutes de la Lobé, de
notre dernière visite à ce jour
56
Peu de temps après notre dernière visite sur le
site en Avril 2016, une actualité relative aux plaintes des autochtones
sur des manipulations frauduleuses faites sur les indemnisations des ayants
droits, leur a donné raison, suite à une un texte du Chef de
l'Etat sanctionnant les personnes mises en cause dans cette affaire au mois de
Mai 2016. Cette décision largement relayée par les médias
nationaux permet de mieux appréhender la nature du Problèmes des
indemnisations sur le site.
A. De la plainte des populations à la mise en place
d'une commission d'enquête
Suite aux différentes plaintes des populations
déjà évoquées lors de nos visites sur le terrain,
qui avaient découvert sur la liste des villageois à indemniser,
des noms de propriétaires totalement inconnus de leurs
communautés. A cet effet, les autochtones s'étaient
étonnés des grosses sommes dont bénéficiaient
certains « voisins » dont ils ignoraient l'existence. Ces
protestations transformées par la suite en plaintes et requêtes
officielles avaient eu pour conséquences immédiates,
l'interruption du processus d'indemnisation, et comme mesures conservatoires,
les comptes des particuliers qui avaient été mobilisés
dans le cadre des premiers paiements, avaient été bloqués,
et certains chèques déjà touchés
récupérés, en attendant de clarifier cette situation.
C'est ainsi que sur instruction du Chef d'Etat, des missions
d'enquêteurs, l'une de la Sous -Direction des enquêtes
économiques à la Direction de la police judiciaire (DPJ) et
l'autre de la Direction Générale à la Recherche
Extérieure (DGRE), s'étaient succédées sur le
terrain. Tous les acteurs ayant participé au processus d'identification
et de recensement des ayants droits, ainsi que les responsables de
différentes administrations chargées de l'établissement
des titres fonciers du site déclaré d'utilité public
(DUP), avaient été entendus. Le processus de paiement a de
nouveau repris le 22 août 2011, pour les populations expropriées
dans le cadre de la construction du port en eau profonde de Kribi.
Le premier effet des différentes enquêtes a eu
pour résultat, le 2 février 2012, la signature par le Premier,
d'un arrêté mettant fin aux fonctions du Directeur du projet de
construction du complexe industrialo portuaire de Kribi, au profit d'un cadre
de des Service, qui représentait déjà la Primature au
Comité de Pilotage.
Au vue de la gravité de la situation, la Commission
Nationale Anti-Corruption (CONAC) s'était saisie de l'affaire au terme
de ses investigations, elle avait des preuves démontrant que le projet
de construction du port en eau profonde de Kribi avait suscité des
57
vocations criminelles ayant conduit à un complot
financier contre l'Etat du Cameroun. L'organe de lutte contre la corruption a
décelé la tentative d'un crime, secrètement
concerté entre, d'une part les fonctionnaires des Domaines et des
Affaires Foncières, de connivence avec les autorités
administratives de la Préfectorale, et d'autre part les
personnalités publiques et privées camerounaises et
étrangères.
B. Des résultats de la commission d'enquête
aux dispositions y relatives.
La CONAC dans son « Rapport sur l'état de la lutte
contre la corruption au Cameroun en 2011 » consacre plusieurs pages sur le
Projet du Port de Kribi dans un sous chapitre Intitulé « Les
enquêtes relatives à l'exécution du projet du Port en eau
profonde de Kribi » de la Page 158 à 174.
En restituant le projet dans son contexte, la CONAC rappelle
que c'est sur la base d'une expertise que le site du Port de Kribi, qui est
situé entre les villes de Kribi et de Campo a été choisi,
car répondrait parfaitement à ces préoccupations. C'est
dans ce cadre que l'arrêté n°000156N.14.4/MINDAF/D410 du 06
février 2009 a déclaré d'utilité publique(DUP), une
zone située entre Kribi et Campo, incluant l'arrondissement de
Lokoundjé. Conséquemment, le décret n°2010/323 du 14
octobre 2010 a classé dans le domaine public artificiel les terrains
nécessaires aux travaux d'aménagement du complexe
industrialo-portuaire de Kribi. Y faisant suite, le décret
n°2010/3312/PM du 30 novembre 2010 en a exproprié les
propriétaires terriens détenteurs ou non des titres fonciers. La
première remarque faite par cet organisme national de lutte contre la
corruption insiste sur le fait que, les documents remis à la mission de
la CONAC n'ont cependant pas établi de façon nette et
précise la superficie totale exacte qui abriterait sur la terre ferme
toutes les installations portuaires envisagées. Les coordonnées
cadastrales définies dans le décret n°2010/323 du 14 octobre
2010 ne permettent nullement d'évaluer et d'arrêter lesdites
superficies. Toute chose qui est de nature à créer le doute quant
au risque d'une élasticité certaine des étendues
nécessaires à exproprier. Aussi est-ce a contrario qu'à
partir du total des superficies des titres fonciers expropriés
(5.404.000 m2), l'on peut parvenir à évaluer
parfaitement une partie de l'étendue de la terre ferme qui supporterait
l'emprise réelle desdites installations. Le reste de l'étendue se
compose des terres vagues non immatriculées dont l'évaluation de
la superficie totale est sujette à caution. Pour la CONAC, C'est dans
cet imbroglio bien ficelé que des zones jamais habitées incluant
une forêt vierge ont été "expropriées" par le
décret n°2010/3312/PM du 30 novembre 2010. Conséquemment,
les détenteurs des titres fonciers hâtivement établis ou en
cours d'établissement sont
58
considérés comme indemnisables sur la base de la
valeur vénale de leurs "propriétés", telle qu'elle est
fixée par ce décret du Premier Ministre daté du 30
novembre 2010, signé sur la base des propositions de la Commission de
Constat et d'Evaluation; lesquelles propositions ont été
préalablement entérinées par le Ministre des Domaines et
des Affaires Foncières conformément à son rapport de
présentation daté du 23 juin 2010. C'est cet ensemble
d'arrêtés et de décrets qui servent de pistes de recherche
tant en amont pour s'appuyer sur des textes législatifs et
réglementaires régissant la chose domaniale et foncière ;
qu'en aval pour examiner et contrôler les zones frappées
d'expropriation pour cause d'utilité publique d'une part et les
conditions d'indemnisation des victimes supposées des dommages
causés par l'expropriation d'autre part. Les résultats des
investigations menées par l'équipe de la CONAC sur le projet de
construction du complexe industrialo-portuaire de Kribi, sur le contrôle
et la vérification des opérations liées à
l'expropriation et/ou la destruction des biens ainsi que sur l'indemnisation
des victimes ont permis d'aboutir à des constances portant sur
l'indemnisation des biens expropriés ou détruits, les
irrégularités de droit, les exactions et des crimes
d'initiés.
1. L'indemnisation des biens expropriés ou
détruits
Cette indemnisation englobe sept (07) types de biens. En
termes de pourcentage de répartition affectant chacune des sept (07)
bases d'indemnisation, l'on relève que le total des indemnisations,
chiffré à 23.648.765.002FCFA (36.104.985€),
en finance 809 cas :
Il est intéressant de relever que 58
bénéficiaires sur ces 809 cas
d'indemnisation attendent chacun d'être indemnisés pour des
montants variant entre 100 millions FCFA (152.672€) et plus de deux
milliards de FCFA (3.053.435.114€) par individu.
La CONAC qualifie d'arnaque la plupart de de ces estimations.
Des analyses faites, il résulte que des 149 titres
fonciers, sur la base desquels l'indemnisation a été
calculée, 44 titres fonciers ont été
établis postérieurement au 6 février
2009, date de l'arrêté n°156/MINDAF déclarant
d'utilité publique les travaux de construction du Port en eau profonde
de Kribi. Après examen et analyse d'un certain nombre de cas, La CONAC
relève que de nombreuses irrégularités, des cas de crimes
d'initiés, des exactions ont été enregistrés tout
au long du processus d'indemnisation des personnes victimes d'expropriation
et/ou de destruction des biens, préalablement à la
réalisation du projet de construction du Port en eau profonde de
Kribi.
Les irrégularités de droit
constatées
59
Les indemnisations des victimes d'expropriation pour cause
d'utilité publique ont été décidées plus sur
les valeurs vénales convenues des prétendues
propriétés terriennes que sur la régularité
juridique desdites propriétés. La Commission de Constat et
d'Evaluation s'est tout au plus limitée au parcours des étendues
considérées comme propriétés. Pour être
conforme au sens juridique du terme, elle devait confronter les
déclarations des soi-disant propriétaires aux lois et
règlements régissant la propriété foncière
au Cameroun, mais pour des raisons inconnues, elle a volontairement ou
involontairement ignoré cet ensemble de textes législatifs et
réglementaires qui régissent les régimes foncier et
domanial au Cameroun.
Les exactions commises
La Commission a identifié nombre de Camerounais venant
de tous les horizons et d'étrangers, « ayant peu de scrupules,
immoraux sans aucun sens de l'intégrité et sans doute
informés à travers des réseaux mafieux, se sont
rués dès 2008 sur la zone destinée à être
expropriée ».9 Par le biais de l'indemnisation des
expropriés, ils pensaient ainsi avoir trouvé le chemin d'un
enrichissement facile et illicite sur le dos de l'Etat en recourant tout
simplement, et à chaque fois qu'il le fallait, à des manoeuvres
frauduleuses pour l'obtention hâtive de titres fonciers. Un tableau aux
pages 166 à 168,10 fait ressortir le nombre de fois et les
montants accumulés destinés à être engrangés
par chacune de ces personnalités au niveau de chaque fait
générateur d'indemnisation. Au total, plus d'une centaine de
personnes parmi lesquelles se trouvent des personnalités haut
placées de l'Administration et du Gouvernement. On y trouve des
cas insolites ou une dame, Directrice de l'Ecole
Publique de LOLABE II qui, avec la complicité des membres de la
Commission de Constat et d'Evaluation, a été recensée
comme propriétaire de cette école, située
dans la zone à exproprier. Les membres de ladite Commission ont
évalué ce "dommage" insolite à 41.259.480
FCFA. (62.991.573€)
Crimes d'initiés.
Pour la CONAC, l'on eût évoqué
l'infraction de délit d'initiés si les faits
incriminés à l'occasion s'étaient opérés
dans le monde des affaires et plus particulièrement de la bourse des
valeurs, mais il s'agit dans le cas évoqué, «d'une tentative
fort préméditée de détournement des deniers
publics, d'où la qualification appropriée de crimes
d'initiés, ce dessein que se partagent les protagonistes. De
fait, ces personnages se sont constitués en bandes organisées
9 Rapport de la CONAC
10 Idem
60
de malfaiteurs, avides de siphonner les Finances Publiques de
l'Etat du Cameroun.»11A titre d'exemples, le rapport
présente des preuves nombreuses à l'instar de :
- La violation flagrante du décret n°76/165 du 27
avril 1976 fixant les conditions d'obtention du titre foncier, modifié
et complété par le décret n°2005/481 du 16
décembre 2005 dont l'article 11 (alinéas 3 et 4) interdit
désormais toute immatriculation directe des terres provenant du domaine
national de l'Etat et prescrit dans de tels cas, la mise en concession comme
condition obligatoire et préalable à toute immatriculation
foncière s'inscrivant dans ce cadre ;
- La précipitation avec laquelle des immatriculations
foncières ont été enregistrées courant 2008 et plus
particulièrement en 2009, postérieurement à
l'arrêté du 06 février 2009, pour illégalement
chercher et obtenir des immatriculations foncières des terrains
situés dans la zone déjà déclarée
expropriée pour cause d'utilité publique ;
- La courbe statistique de l'ampleur des montants
prétendument dus à des propriétaires terriens dits
expropriés pour cause d'utilité publique montre que pour beaucoup
d'entre eux, ils ne se sont fait enregistrer comme propriétaires des
haciendas dans les arrondissements de Kribi, Campo et Lokoundjé qu'en
2009, feignant ainsi d'ignorer la signature de l'arrêté
précité depuis le 06 février de la même
année.
Conclusions de la commission d'enquête,
Au terme de ses investigations, la CONAC estime qu'aucune
indemnisation ne saurait être attribuée à des personnes ne
disposant pas de titre foncier obtenu dans les formes et conditions dans la
règlementation en vigueur, et ce d'autant plus que l'article 2 (al.6) du
décret du 27 avril 1976 déclare que « un titre foncier est
nul d'ordre public lorsqu'il est délivré arbitrairement sans
suivi d'une quelconque procédure ou obtenu par une procédure
autre que celle prévue à cet effet. »
Titulaires des titres fonciers frappés de
nullité d'ordre public, les personnes que le décret du ces
personnes ne peuvent nullement être expropriées d'un bien qui ne
leur appartient pas ; et au 30 novembre 2010 voudrait indemniser ne sont en
réalité victimes d'aucune expropriation, car plus forte raison,
les personnes dont les terrains sont encore supposés être en cours
d'immatriculation. Aussi, toutes les personnes qui auraient ouvertement ou en
catimini bénéficié, en espèces ou par
chèques d'une indemnisation, doivent-elles illico presto rendre au
Trésor Public ces montants ainsi indûment perçus. Faute de
quoi le Ministre des
11 ibidem
61
62
Finances doit être invité à émettre
des ordres de recettes à l'encontre de tous les
bénéficiaires indus et si besoin est, recourir à la
procédure de contrainte forcée pour le recouvrement total de
toutes les sommes. Face à ses dérives antinationales, la
Commission recommande vivement entre autres que :
- L'ouverture d'une instruction judiciaire serait vivement
conseillée à l'encontre des fonctionnaires du MINDAF et des
Services du Premier Ministre dont la légèreté et
l'irresponsabilité sinon la complicité, ont été
mises en évidence dans le présent rapport ;
- Que toutes les personnes qui ont ouvertement ou en
catimini bénéficié, en espèces ou par
chèques, d'une indemnisation, rendent illico presto au
Trésor Public ces montants ainsi indûment perçus. Faute de
quoi le Ministre des Finances doit être invité à
émettre des ordres de recettes à l'encontre de tous les
bénéficiaires indus et si besoin est, recourir à la
procédure de contrainte forcée pour le recouvrement total de
toutes les sommes ;
- Que soient sévèrement sanctionnés les
fonctionnaires du MINDAF et des Services du Premier Ministre qui ont
solidairement créé une dépense injustifiée de
19.158.326.375 FCFA à la charge de l'Etat et au profit des personnes qui
n'y ont absolument pas droit, ils se sont rendus coupables d'actes
délictuels ou criminels.
3. Les dispositions prise au terme des
résultats des enquêtes.
- Il a fallu du temps, environ cinq ans entre les
résultats des enquêtes et les conséquences y relatives, le
temps surement pour que les enquêtes plus approfondies pour
déterminer les responsabilités des uns et des autre dans cette
sombre histoire.
- Arrestations des présumés coupables :
Au mois de mai 2016, une dizaine de personnalités ont
été arrêtés et incarcérées à la
Prison nationale de Yaoundé afin de répondre devant la justice
des faits qui leur sont reprochés dans la procédure des
indemnisations du Projet du Port de Kribi. Cette décision a
été saluée par les populations riveraines qui ont vu par
ce geste, une réparation des injustices faites à leur endroit. En
effet une dizaine de personnes ont été interpelées parmi
lesquelles, celles qui à cette époque ont été
impliquées dans le processus d'indemnisation. Il s'agit en outre du
Préfet de cette époque-là qui était
déjà en retraite, de ses adjoints, du Sous-préfet, et des
membres de la Commission d'évaluations mise en place dans le cadre de la
DUP pour identifier les biens et les personnes devant être
indemnisées.
- Mise en place du décret qui réorganise
le Port de Kribi : Le 30 juin 2016, le décret N° 2016/267
portant réorganisation du Port Autonome de Kribi vient comme pour
assainir la situation de gestion floue et trouble qui prévalait lors de
la mise en oeuvre du Projet de
Kribi ce texte règlementaire fixe les modalités
et les limites de la gestion du Port autonome qui a pour seul et unique
actionnaire l'Etat. Le Port a également entre autres la gestion et
l'aménagement des zones industrielles portuaires, ainsi que la
responsabilité de préserver l'environnement autour du Port.
II. Le paysage culturel des chutes de la Lobé et
l'impact du projet du Port
Pendant notre séjour sur le site, il était
primordial de comprendre au-delà de l'impact du Port sur toute la zone,
l'impact direct du Projet sur le territoire qui au préalable
était sujet à la préparation du Dossier d'inscription sur
la Liste du Patrimoine mondial. La carte ci-dessus positionne les quatre
villages principaux faisant partie du périmètre d'inscription de
la préparation du Dossier d'inscription du paysage culturel des chutes
de la Lobé sur la Liste du Patrimoine mondial. Nous avons sur la
première image à gauche, le village Bwambè
qui a la caractéristique d'être placé à
l'entrée de l'attraction principal du site, les chutes de la
Lobé. Le village d'entrée du périmètre
d'inscription. Il faut néanmoins préciser que les ressortissants
de ce village avait fait une requête officielle en 2009 au
Ministère de la Culture, exprimant leur désir de sortir du projet
d'inscription afin de garder leur liberté et ne pas subir les
contraintes liées aux sites du Patrimoine mondial. Laquelle demande
avait été prise en compte. Le village est celui qui a le premier,
bénéficier des retombées positives de l'implantation du
Projet du Port par l'aménagement de l'entrée principale en un
Parking Moderne permettant aux visiteurs de garer leur véhicule et de
pouvoir descendre à pied, préservant ainsi la piste qui
était déjà détériorée du fait du
Traffic entre les chutes et la route principale.
Le premier village Mbeka'a identifié
en haut et à droite de la photo, est le deuxième village sur le
site, distant d'à peine deux kilomètres deBwambè
est caractérisé par le bâtiment de son Eglise,
placé devant la chefferie qui attire forcément les regards des
visiteurs avec son architecture datant de l'époque coloniale. Ce village
a la particularité d'être entouré d'un bras du Fleuve
Lobé et des affluents qui s'y jettent. Il comporte aussi des lieux de
cultes importants de la communauté. Ce village aussi subit l'impact du
Port car l'autoroute en chantier passe derrière ce village ; en effet,
même si l'autoroute n'est pas visible à l'oeil nu à partir
du point central du village, les bruits de travaux et de véhicules qui
passent sont très perceptible, ce qui cause une nuisance sonore dans le
village. Les habitants de ce village craignent pour leur santé, mais
aussi de l'Etat de leur lieu de culte et de leur plantions qui sont trop
proches du tracé de l'autoroute.
63
Le village Lobé est situé entre
le fleuve qui porte son nom , et le bord de mer qui reçoit les cascades
des chutes. Il offre l'avantage de s'ouvrir vers une autre vue du des chutes.
Le chef de ce village, Sa Majesté Eko Roosevelt est celui qui
depuis de longues années s'est investi pour la protection des chutes de
la Lobe ; étant un chanteur de renommer internationale, sa
notoriété a permis que sa voix soit souvent plus entendue. C'est
le deuxième village à droite illustre sur la carte. Lors des
échanges que nous avons eu avec lui, il a affirmé que de son
point de vue, lui dont le village est situé est bord de la mer et qui
reçoit les eaux de la Lobe, il estime que la Port qui est
implanté à une quarantaine de kilomètre du paysage
culturel des chutes de la Lobe, le risque de pollution est minime et surtout
que d'après lui, les autorités du port ont des moyens de bien
gérer les déchets de manière à ce que
l'environnement et les écosystèmes soient
préservés. Lui il pense qu'avec la prise de conscience des
autorités sur l'importance de préserver le site, le site peut
encore prétendre à une éventuelle proposition
d'inscription sur la Liste du Patrimoine mondial.
Enfin le dernier village du paysage culturel est le
village Ndoumalè. Il est distant de la Lobé
d'environ deux kilomètre est environ à trois kilomètres de
la route principale, dans une sorte de petit hameau, et a la
particularité d'être construit au coeur de la forêt et un
bord de La lobé. Il est aussi la porte d'entrée pour aller dans
les campements de pygmées dont l'un est placé juste de l'autre
côté du fleuve en face du village (NaniKumbi) et l'autre à
environ 45mn en pirogue à moteur(Endoungangomo), le long du fleuve
Lobé. Le village est le plus touché par le développement
du Projet du Port. En effet c'est de ce village que part l'autoroute et c'est
là aussi que sont installées les bases des zones industrielles
partenaires du Port de Kribi. Des quatre villages du site c'est le seul qui a
été le plus touché par le projet du port : certaines
populations du village font partie des déplacées, et c'est le
site qui est assez proche du port au point d'être le pont choisi de
certaines entreprises pour construire leur base technique.
Fig.10.Vue des évidences de
développement dans le village Ndoumalè envahi par les projets de
développement du port, photo de SPNE, Avril 2016.
III. Le port de notre dernière visite a de nos
jours.
64
Le Complexe Industrialo-portuaire de Kribi quand il
n'était qu'un projet avait pour ambition de construire quatre terminaux,
dont un terminal à conteneurs, l'un à aluminium, un autre
à hydrocarbures et un terminal minéralier doublé d'une
zone industrielle, le tout construit sur une distance de 35 km dans
l'océan Atlantique. Comme souligne au Chapitre III de notre travail, le
projet dans sa première phase est déjà achevé. En
effet lorsque nous l'avons visité au mois d'avril 2016, nous avons
constaté que le projet comprend une superficie de 26 000 hectares, un
Tirant d'eau de 15 à 16 mètres ; il a la capacité
d'accueil de grands navires de commerce d'une capacité allant
jusqu'à 100 000 tonnes. L'appontement minéralier a 24 m de tirant
la voie d'accès du chenal a 300m de largeur, la digue de protection,
2800 m. le Port général comporte un terminal polyvalent + un
terminal à conteneurs, ainsi que quatre terminaux
spécialisés dont un terminal aluminium, un terminal
méthanier, un terminal à hydrocarbures, terminal
minéralier et enfin, une zone industrielle, tel qu'effectivement
prévu dans les plans de départ. Il ne nous a pas
été possible d'avoir une vue aérienne du Port pour des
raisons de sécurité nationale, mais l'opportunité nous a
été donne d'avoir une visite guidée et de faire des photos
de certaines installations. Des installations au dire des responsables du Port
sont capables de supporter les plus grands navires et les charges les plus
lourdes.
Fig.11.Vues du Port Autonome de Kribi, Photos
Prises par Suzanne Pulchérie NNOMO ELA, Avril, 2016.
Comme pour matérialiser effectivement la fin de cette
phase I du Complexe Industrialo-portuaire de Kribi, le décret 2016/267
du 29 juin 2016, portant Réorganisation du Port Autonome de Kribi vient
consacrer la légitimité de ce qui est désormais le PAK. En
effet par ce texte réglementaire, Le Port Autonome de Kribi, en
abrégé « PAK », devient une société
à capital public, dotée de la personnalité juridique et de
l'autonomie financière, ayant l'Etat comme unique actionnaire, son
siège est fixé à Kribi. Le Port Autonome de Kribi est
placé sous la tutelle technique du Ministère chargé des
affaires portuaires et la tutelle financière du Ministère
chargé des finances. Sur la page Facebook du Port12 on peut
lire l'information de ce qui est qualifié comme un recrutement massif
pour le compte du Port de Kribi : 140 postes à pourvoir en Contrat de
durée illimite CDI posté le 19 juillet 2016. Une preuve de plus
de la
12
https://www.facebook.com/Complexe-Industrialo-Portuaire-De-Kribi
, consulte le 29 juillet 2016
65
mise en activité et probablement le début d'une
ère prospère pour les jeunes de la région qui se
plaignaient des problèmes d'emploi.
A. Vision comparative des populations riveraines avant et
après l'implantation du projet
1. La vision en 2006 pour 2016
Lors du plan de gestion élaboré en 2006, les
populations sur le site ont pu nous donner la vision de leur site tel qu'elles
voudraient qu'il soit toujours au moins dans les dix ans à venir. Voici
la manière dont cette vision a été exprimée par les
habitants du Paysage culturel des chutes de la Lobe.13
- Un site avec ses chutes et ses autres éléments
naturels et culturels mieux connus et mis en valeur.
- Un site qui préserve son cadre paysager naturel et
son habitat traditionnel.
- Un site qui préserve les rites qui sont
l'identité des peuples Batanga, Mabi et Pygmées.
- Un site, dont les plages sont mieux préservées
de l'urbanisme sauvage, donc propice à la baignade paisible.
- Un habitat caractéristique des Batanga, Mabi et
Pygmées Bakola fait uniquement de matériaux naturels, mieux
étudié et mieux mis en valeur.
- Les chutes de la Lobé sont le lieu le plus
visité par les touristes, et les guides qui offrent leurs services
connaissent mieux la signification culturelle de ce lieu.
- Les chutes de la Lobé sont toujours utilisées
pour les rituels d'intronisation du Chef supérieur des Batanga, et pour
les rituels de protection des habitants contre les noyades.
- D'autres nombreux lieux de rituels sont localisés et
conservés dans les villages de Mbvoumbèlè, de
Bwambè, et de Mbeka'a. Ces sacrifices se font en général
pour la demande d'abondance des crevettes, du poisson, pour soigner les
maladies ou obtenir des faveurs spéciales.
- Les plages sont toujours utilisées pour les rituels
de présentation des nouveaux nés au Dieu de l'eau, et pour les
cérémonies de baignade populaires lors de la semaine de
commémoration de la déportation des Batanga.
- La Portion du territoire le long du fleuve la Lobé,
qui reste le seul espace est préservé et les populations Batanga,
Mabi et pygmées continuent de pratiquer leurs rituels les plus
importants.
13Plan de gestion du site.
66
- Le fleuve est au centre de la vie économique et
spirituelle des populations Mabi. Elles y pratiquent la pêche aux
crevettes et aux poissons, et l'utilisent pour les rituels de purification et
d'adoration.
- Les berges du fleuve regorgent de mangroves et diverses
espèces floristiques mieux inventoriées par des méthodes
scientifiques.
- La plantation commerciale de palmiers de la SOCAPALM
respecte l'emprise fluviale et menace de moins en moins
l'intégrité du site.
- Les pygmées sur les berges du fleuve sont mieux
protégés, de même que leur environnement de chasse et de
cueillette, et leur culture qui ont tendance à disparaître. A la
lecture de cette vision et comparée à la situation actuelle sur
le terrain on peut dire globalement à quelques exceptions près
que le Paysage de la Lobe a su préserver une certaine
intégrité, en effet la présence du Projet du Port n'a
jamais empêcher les tenues des différents festivals du site tels
que le Mayi et le Nguma Mabi, qui sont aussi le l'occasion pour les populations
sur le site, de pratiquer leur vie culturelle et cultuelle au travers des
cérémonies et rituels indispensables lors de ces
festivités de renforcement de l'identité culturelle des riverains
qui vivent en parfaite communion, ces moments fédérateurs de leur
essence vitale.
Le site reste en tête des sites les mieux visités
du Pays et le tourisme est un facteur vital de survie économique des
populations, mais la conséquence négative de cet engouement, fait
que les plages des chutes de la Lobe ne sont plus conformes à la vision
des populations riveraines en 2006. Elles sont désormais envahies par
des restaurants, galerie d'art, boutique de souvenirs en matériaux
provisoires et définitifs, ce qui entraine une insalubrité qui
dénature complètement la fonction première de cette plage
qui ressemble plus désormais à un centre commercial qu'a un lieu
de baignade publique. Ces activités commerciales sont d'autant plus
intenses du fait du chômage évident des jeunes du site qui ayant
perdu l'espoir de travailler dans le projet du port se rabattent aux
activités a incidence touristique comme la pèche, la restauration
et le guidage.
Fig.12.Vue de la Plage des chutes en 2006,
photo prises par Suzanne Pulchérie NNOMO ELA, novembre 2006.
Fig.13 et 14. Vues de la Plage des chutes en
2016, photos SPNE
Pour des raisons que nous n'avons pas vu vérifier, un
pont en fer aux couleurs du drapeau national a été construit sur
la plage des chutes de la Lobe suite à un don du BIR, le Bataillon
d'Intervention Rapide. Pour information, le BIR est actuellement la force la
plus équipée et là plus entraînée du
Cameroun. C'est véritablement le coeur du système de
défense et de sécurité du territoire. Ce pont dont
l'utilité ne se justifie vraiment pas contribue à perturber
l'harmonie
67
du site, déjà sérieusement mis-en mal par
les commerçants et l'insalubrité sur la plage. La Mairie serait
responsable de la propreté de la Plage, mais travaille de manière
sporadique. Les jeunes organisés en Association essayent d'assurer une
propreté sommaire, mais ces plages ont besoin d'un bon suivi sur
l'hygiène et la salubrité si elles doivent de nouveau être
viabilisées pour les baignades.
Fig.15 et 16. Vue de la plage de chutes de la
Lobé Photos prises par Suzanne Pulchérie NNOMO ELA, Avril
2016.
Fig. 16, 17, 18. Vues du pont offert par le
BIR, photos de Mireille ELA, Avril 2016.
En ce qui concerne le guidage, il est désormais mieux
élaboré, les guides sont regroupés en Association et
bénéficient des différentes formations proposées
par des ONG nationales et internationale, partenaire du Ministère du
Tourisme et des Loisirs,
Si dix ans plus tard, le paysage culturel des chutes de la
Lobe a été plus ou moins bien préservé, qu'en
sera-t-il dix ans de plus, plus tard ? Quelle est la vision des populations
actuelles pour leur site en tenant compte de la configuration actuelle ?
Interrogées sur la question, les populations du site ont ainsi
exprimé leur vision actuelle pour leur site pour la prochaine
décennie.
2. La vision 2016 pour 2026
Les populations du Paysage culturel des chutes de la Lobe,
tenant compte de la donne actuelle ont la vision d'un site :
- Plus peuplé et cosmopolite du fait de nombreux
étrangers présents sur le site, attirés par le Port et
tous les grands projets de développement envisagés sur le site, a
l'instar du Monument de la mère de l'humanité,
- Avec un paysage dénaturé par des constructions
anarchiques dans les différents villages, - Avec des lieux de cultes
totalement engloutis avec le surdéveloppement de la région, -
Dépossédé de sa culture, de ses traditions, de son essence
vitale,
- Les chutes de la Lobe ne sont plus le point focal de la
tradition des riverains, ce lieu est devenu la propriété des
investisseurs sans scrupules et intégré dans un vaste projet
immobilier,
- Le site a perdu son intégrité et
l'authenticité de sa culture ;
- La population des pygmées est en voie d'extinction,
ayant perdu ses territoires de chasse
et incapable de survivre dans un environnement dangereux et
hostile pour sa survie ; - Le taux de touristes a nettement diminué car
le site a perdu de sa beauté sauvage et de ses
traditions qui étaient le pôle
d'intérêt touristique.
68
La lecture de cette vision est négative et pessimiste,
et les populations estiment que si rien n'est fait, le paysage culturel des
chutes de la Lobe, qui a toujours été une grande fierté
pour le Cameroun risque de disparaitre et le site devenir au mieux, un quartier
de la grande ville industrielle en voie de création par le projet du
Port, au pire, un bidonville avec ses corollaires. Cette vision nous oblige
à réaliser une analyse générale de la situation
actuelle qui nous permettrait de voir le site sous un jour réaliste et
pragmatique et pouvoir affirmer si oui ou non, le projet d'inscription du
Paysage culturel des chutes de la Lobe est encore viable,
A. Analyse générale du site
Le paysage culturel des chutes de la Lobe depuis 2006, lors de
la mise en oeuvre du Projet d'inscription sur la Liste du Patrimoine mondial
était porteur de valeurs dignes d'être considérées
comme Valeur Universelle Exceptionnelle et probables d'être
classée sur la Liste du Patrimoine mondial, à ce propos nous
voulons rappeler la déclaration d'authenticité faite lors de son
inscription sur Liste indicative de l'Unesco: « Même si le site
reste apparemment authentique et intègre, il y a de graves menaces qui
pèsent sur lui. De prime abord, la menace de déforestation. A
l'origine la mangrove se composait entre autres de grands arbres
(palétuviers, mangliers...) qui attiraient des espèces rares
d'oiseaux migrateurs, et constituaient l'une des principales attractions du
site. Mais avec la menace humaine, les grands arbres, ont été
détruits et les oiseaux ont déserté le site. Un plan de
gestion permettrait la reforestation des espèces appropriées et
limiteraient l'abattage intempestif des éléments de la mangrove.
Sur un autre plan, le pipeline Tchad Cameroun avec son terminal
pétrolier tout proche comporte des risques d'explosion et la pression du
développement urbain sont là pour nous rappeler que ce site est
en danger permanent. Il se pose alors le problème de la gestion du site
qui permettrait de veiller à l'application des garanties de
sécurité et de protection signés dans un accord entre les
exploitants du pipeline et l'Etat camerounais. Il existe néanmoins une
protection traditionnelle grâce à laquelle le site conserve
jusqu'alors son intégrité ». 10 ans plus tard, certaines
menaces dont celle de la proximité du Pipeline n'ont pas eu lieu. En
effet le Pipeline a su maitriser son emprise sur l'environnement, et il n'a pas
encore été signalé de cas de pollutions liées
à la présence du Pipeline. Bien que les populations remarquent
souvent un léger changement de la couleur des eaux, un impact
significatif n'a pas encore été signalé.
La proximité du Port de Kribi a été
perçue au départ comme une forte menace pour
l'intégrité du Paysage culturel des chutes de la Lobé,
raison pour laquelle le projet d'inscription déjà fortement
avancé avait dû stopper en 2009. Mais au regard de la
69
configuration actuelle du site, de toutes les informations
reçues pendant nos recherches, mais plus encore dans l'hypothèse
que le Ministère des Arts et de la Culture du Cameroun puisse relancer
le Dossier d'inscription sur la Liste du Patrimoine mondial, il serait
nécessaire de faire une analyse objective de la situation actuelle sur
le site de voir dans quelle mesure le projet d'inscription pourrait encore
être d'actualité et avoir toutes ses chances ? Mais surtout voir
en quoi la proximité du site pourrait être un avantage ou un
inconvénient pour le projet d'inscription ? L'analyse la plus fiable a
notre avis pourrait l'analyse SWOT.
1. Analyse SWOT :
Le sigle SWOT est un sigle en anglais qui se définit
par Strengths(Forces), Weakness(faiblesses),
Opportunities(Opportunités), Threats(Menaces). C'est un modèle
d'analyse qui est définie par les services de la Commission
européenne14 comme : « un outil d'analyse
stratégique. Il combine l'étude des forces et des faiblesses
d'une organisation, d'un territoire, d'un secteur, etc. avec celle des
opportunités et des menaces de son environnement, afin d'aider à
la définition d'une stratégie de développement. »
Cette analyse été mise au point par Albert Humphrey, un
consultant en Managementà l'Université de Standford.
D'après Mikael Krogerus et Roman Tschäppeler15, au
moment d'appliquer cette analyse, il est important de se remettre en question
en sachant comment mettre l'accent sur les forces et compenser les faiblesses,
mais aussi comment exploiter plus efficacement les opportunités et
comment se protéger des dangers potentiels. Raisons pour laquelle il
faut se poser les bonnes questions relatives à l'hypothèse d'une
remise éventuelle a l'ordre du jour de la préparation
éventuelle du Dossier d'inscription des chutes de la Lobe sur la Liste
du Patrimoine mondial de l'Unesco, en tenant compte de la présence
actuelle du Port Autonome de Kribi et des paramètres y relatifs ;
Dans la recherche des points forts du SWOT ici, nous ne ferons
pas une liste exhaustive mais nous relèverons le point plus fort qui
exprime le mieux les forces, faiblesses, les opportunités et les
menaces.
Forces : En quoi le Port autonome de Kribi
peut-il être une force pour le Paysage culturel des chutes de la
Lobé et le Dossier d'inscription ?
14 Conseil de l'Union européenne, le
Parlement européen et le Conseil européen, l'une des
principales institutions de l'Union européenne ;
15 Mikael, KROGERUS ; Roman, TSCHÄPPELER, «
Le livre des décisions : De Bourdieu au SWOT, 50 modèles à
appliquer pour mieux réfléchi », Leduc Editions,2008,
Berlin, P.14
70
Le Port de Kribi vient avec le développement et le boom
économique, en effet même si les populations se plaignent du
manque d'emploi lors de la mise en place du Projet du Complexe industrialo
portuaire de Kribi le site, le Port qui est déjà dans sa phase
opérationnelle sera forcément une occasion d'emploi au vue des
différentes activités que sa présence va
générer. Pour preuve, dès que la construction s'est
achevée et que le décret présidentiel réorganisant
le port a été signé, aussitôt, un appel à
candidature a été lancé sur le site du Port invitant des
cadres et des non cadres à postuler pour différents postes
à pourvoir. Sur le plan économique, la prolifération des
bars, des restaurants, et des établissements hôteliers sur la
plage des chutes et ailleurs dans les villages prouvent que la demande est
réelle et l'impact économique est perceptible. De même, le
site qui était assez enclavé, notamment l'accès qui
mène aux chutes de la Lobe. Le projet du Port a offert au site un
aménagement de cet accès mais surtout, un de parking moderne qui
permet aux véhicules des visiteurs de garer en toute
sécurité sans plus entraver l'entrée principale du
site.
Faiblesse : Quelles sont les faiblesses du Port
Autonome de Kribi pour le Paysage culturel des chutes de la Lobe et le Dossier
d'inscription ?
Le Complexe industrialo portuaire de Kribi dont fait partie le
Port autonome de Kribi est un investissement d'une importance telle que c'est
le plus important de la sous-région Afrique centrale et certainement
l'un des plus importants d'Afrique. Et la présence d'un complexe
industriel de cette envergure n'est pas rassurante à proximité
d'un site aux valeurs naturelles et culturelles aussi importantes, mais
également fragile a la moindre perturbation écologique et
physique. En effet les risques de pollutions, de catastrophes peuvent
être comme une « épée de Damoclès » qui
plane en permanence sur la vie et la survie des populations riveraines. Ajouter
risque de disparition des villages et des traditions.
Opportunités : Quelles
opportunités le Paysage culturel des chutes de la Lobe peut-il tirer du
Port de Kribi ?
Comme nous l'avons déjà dit, l'eau (du fleuve ou
de la mer) est l'élément vital des populations de cette zone
géographique, en effet elle leur assure la survie au travers des fruits
de la pèche, mais plus encore est le vecteur de transmission entre elles
et les divinités aquatiques qui sont le support de leur croyance et
l'élément fondamental qui veille sur leur protection,
sécurité et bien être. Ce qui explique l'attachement
indefectible des populations riveraines à leur culture et traditions et
à travers les différents échanges avec elles, on
perçoit le souci de les préserver à tout prix, car elles
sont l'essence même de leur être qui a permis
71
jusqu'à présent la survie de ces peuples au fils
des siècles et des années. Aussi est-il important pour elle de
les préserver et de les transmettre aux populations futures. De ce fait,
la plus grande opportunité dont peut bénéficier le Paysage
culturel de la Lobé est la promesse d'engagement du Complexe industrialo
portuaire à préserver l'environnement et les traditions du site.
En effet les populations sur le site avaient toujours utilisé des
méthodes traditionnelles dans le cadre de la gestion et la protection du
site, mais avec la présence du Port et les aménagements y
relatifs, la gestion traditionnelle n'aurait plus été aussi
efficace d'où les solutions issues de la haute technologie que proposent
le Port , a l'instar de la bonne gestion des différents déchets
afin a qu'ils n'aient aucun impact sur les eaux qui traversent le site, mais
surtout le choix de protéger les lieux de cultes des populations
riveraines est un gage de survie du paysage culturel des chutes de la
Lobé.
Menaces : Quelles sont les menaces venant du Port de
Kribi et qui peuvent influer sur le site et la préparation du Dossier
d'inscription ?
L'une des graves menaces du Port de Kribi par rapport au
Paysage Culturel des Chutes de la Lobe est l'apparent manque de communication
dont se plaignent les chefs de villages du site d'avec les responsables du
Port. En effet, il n'existe pas de plateforme de communication qui permettrait
au Responsable des différents partis d'échanger sur des points de
concordances sur la gestion des sujets sensibles tel la protection des sites de
cultuels et culturels et d'autres sujets qui permettrait une collaboration
harmonieuse sur le long terme, ou mieux une collaboration a vie. Or même
si les responsables du Port ont fait des propositions théoriques pour la
sauvegarde du patrimoine culturel du site, mais aussi pour le recasement des
populations après leur délocalisation, il serait judicieux que
ses propositions soient consensuelles au risque de produire un effet de rejet
auprès des populations quoi estiment ne pas être impliquées
dans des décisions qui concernent leur présent et leur
devenir.
Cette analyse SWOT donne déjà des
éclairages par rapport à la protection du site et à la
sauvegarde de son patrimoine du Paysage culturel des Chutes de la Lobé,
ce qui nous permet d'introduire la réflexion sur la possibilité
de remettre à l'ordre du Jour, le projet d'inscription de ce site sur la
Liste du Patrimoine mondial.
1. Hypothèses de la préparation du Projet
d'inscription du paysage culturel des chutes de la Lobé du site face
à la nouvelle donne
Inscrire le Paysage culturel des chutes de la Lobe sur la
Liste du Patrimoine mondial a été toujours un rêve cher au
Ministère de la Culture, de même qu'aux populations du site qui
ont
72
73
souvent utilisé ce label dans les promotions de cette
destination touristique. La mise en place du projet du Port en 2009 et
l'obligation pour le Ministère de stopper le projet a été
sujet d'une grande frustration au vu des différents investissements
déjà fait, à savoir, l'élaboration du plan gestion,
et les recherches anthropologiques dans le cadre de la préparation de la
proposition d'inscription. Aussi avec la matérialisation du Complexe
industrialo portuaire de Kribi et l'achèvement de la construction du
Port de Kribi et sa mise en activité, une vision plus réaliste
sur la situation actuelle permet de jeter un nouveau regard sur la situation et
grâce à l'analyse SWOT base sur nos recherches sur le terrain nous
allons voir si l'hypothèse selon laquelle le site possède encore
ses valeurs et des garanties fiables de gestion durable de manière
à être compétitif pour une éventuelle inscription
sur la Liste du Patrimoine mondial de l'Unesco peut se confirmer ou non.
A notre humble avis, la préparation d'un Dossier fiable
et viable du Paysage culturel est possible mais à certaines conditions
;
Repenser le site et le périmètre
d'inscription : en Effet le site ayant connu des modifications et
des turbulences, il est préférable de garder les villages qui
veulent faire partie du projet et ceux qui n'ont pas été
touchés particulièrement par le projet. En l'occurrence, il
s'agirait d'éliminer le village
Bwambe, car celui-ci avait déjà manifesté
son désir de sortir du projet d'inscription. Le village Mbeka'a
change souvent d'avis en fonction des évènements. On
peut le garder, ou non selon son
désir. Mais le village a gardé une certaine
intégrité par rapport au Port de Kribi. Le village
Lobé est le site qui s'est toujours le plus investi
dans la cadre de la protection de ce site contre des personnes véreuses
et sans scrupules et qui jusqu'à présent a pu faire stopper des
projets de développement visant à dénaturer
l'intégrité du site. Il est situé entre les deux
composantes centrales du site, le Fleuve lobe et la Mer, et évidemment
les chutes qui se jettent sur la mer ; l'essentiel des rites qui engagent la
région sur le plan spirituel se font sur les chutes de la Lobé.
On le garde pour toutes ces raisons pour le projet
d'inscription. Le village Ndoumale a été le plus
actif, surtout dans la protection des Pygmées Bakola, mais c'est aussi
le site qui est le plus touché par le développement du Port car
il abrite les bases de certaines industries en activités sur le site.
Il n'est pas possible de le garder, mais on pourrait
garder les campements pygmées comme
des sites associés. Il faut aussi préciser que
le Port a été construit dans la zone tampon du paysage culturel
des chutes de la Lobe. Ainsi le nouveau site d'inscription n'aura plus de zone
tampon, mais garde néanmoins une distance considérable avec le
Port de Kribi, ce qui assure une certaine zone de sécurité du
site d'inscription.
Elaborer urgemment un nouveau plan de gestion
: Le premier plan de Gestion quinquennal 2007-2012 avait prévu
des actions pertinentes visant à mettre des bases de gestion de et
protection du site, mais malheureusement, il n'a pas servi aux populations qui
ne le sont pas appropriées dans la mesure où il n'existait pas
alors, un Comité de Gestion ayant une légitimité
institutionnelle qui peut valoir autorité, mais plus encore l'absence
d'un gestionnaire de site, qui devrait être le relais entre le site et le
Ministère de la Culture. Ce plan de gestion serait un instrument utile
de planification des activités sur le site, mais plus encore un document
de base, une sorte de « Bible » du Comite de gestion, qui bien
élaboré, saurait déterminer et défendre les
intérêts des populations riveraines. Sur la base du plan de
gestion, le comité de gestion serait la structure qui
représenterait le mieux, les intérêts des riverains
auprès de tous les grands projets autour du site, des autorités
administratives et traditionnelles, mais aussi auprès de toutes
personnes morales ou juridiques qui aurait des intérêts
quelconques sur le site.
Ces préalables réunis couplés avec les
garanties du Port de Kribi de s'engager pour la protection de l'environnement
du site, de même que le développement infra structurel qu'apporte
le port font du Paysage culturel de chutes de la Lobé, un site qui
présenteraient en plus de ses valeurs originelles, la
particularité d'un site accessible, prospère, qui accepte les
avantages de la modernité, mais tout en préservant sa culture et
ses traditions au coeur d'un environnement surdéveloppé, c'est
là tout le défi de l'hypothèse de la mise à jour de
la préparation de la proposition d'inscription du Paysage culturel des
chutes de la Lobe sur la Liste du patrimoine de l'Humanité.
En définitive nous pouvons dire avec certitude que
cette hypothèse dans ces conditions peut se vérifier ; dans le
cas contraire, le site ne saurait présenter des valeurs pertinentes
pouvant sou tendre la Valeur Universelle Exceptionnelle exigée par
l'Unesco pour espérer une sélection par le Comité du
Patrimoine mondial, pour figurer sur la sa Liste.
74
CHAPITRE V
PROPOSITIONS POUR UNE GESTION DE DEVELOPPEMENT
DURABLE DU SITE
SUMMARY
It is now an established fact; the Autonomous Port of Kribi,
is already a reality. This large industrial complex is strongly implicated to
preserve this site and allows for a management of sustainable development of
the cultural site in relation to its natural environment. Also we have targeted
specific administrations which more than other should further involved in the
process of' ensure the cultural landscape of the falls of the lobed solid bases
for its protection, its valuation and management of sustainable development is
erected in the vicinity of the cultural landscape of the Lobe falls, site of
national interest which is the subject of a proposal for the inclusion on the
World Heritage List of UNESCO since 2006. While he was still a project, the
proximity of this large industrial complex to the side of a cultural site to
the cultural and natural values undeniable appeared as a threat to the project
of the registration of the site on the World Heritage List, where the decision
of the Coordination of the Project at the time of halting the process of
registration. But in the view of our research on the ground and the current
reality, we can realize that the Autonomous Port of Kribi is more necessarily a
danger for the cultural landscape of the falls of the lobed, but can be an
opportunity to a certain extent, but for this, it is imperative that the
different stakeholders
75
C'est désormais un fait établi, le Complexe
industrialo- portuaire est déjà une réalité et a
accouché de sa première réalisation, Le Port Autonome de
Kribi. Ce grand complexe industriel est érigé à
proximité du Paysage Culturel des Chutes de la Lobe, site
d'intérêt national faisant l'objet d'une proposition d'inscription
sur la Liste Patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 2006. Alors qu'il
n'était encore qu'un projet, la proximité de ce grand complexe
industriel à côté d'un site culturel, aux valeurs
culturelles et naturelles indéniables apparaissait comme une menace pour
le projet d'inscription du site sur la Liste du Patrimoine mondial, d'où
la décision de la Coordination du Projet d'inscription de
l'époque de stopper le processus d'inscriptions. Mais au vue de nos
recherches sur le terrain et de la réalité actuelle, on peut se
rendre compte que le Port Autonome de Kribi n'est plus forcément un
danger pour le Paysage culturel des chutes de la Lobé, mais peut
être une opportunité dans une certaine mesure, mais pour cela, il
est impératif que les différentes parties prenantes s'impliquent
fortement pour préserver ce site et de permette une gestion de
développement durable du site culturel par rapport à son
environnement naturel. Aussi avons -nous ciblé certaines administrations
qui plus que d'autres devraient davantage s'impliquer dans le processus
d'assurer au Paysage culturel des chutes de la Lobé des bases solides
pour sa protection, sa valorisation et une gestion de développement
durable.
IV. En direction du MINAC, Porteur du Dossier
d'inscription
Après consultation de tous les documents qui ont
été gracieusement mis à notre disposition par les
Responsables du Port de Kribi, nous avons fait le constat amer que le
Ministère des Arts et de la Culture n'a été
impliqué à aucun moment dans le processus de mise en place du
Projet, ce qui est fort regrettable et peut expliquer la gestion
décriée par les populations riveraines, de la non prise en compte
des valeurs culturelles de leur communauté à savoir la protection
des lieux de culte et même la politique de relocalisation. En effet le
Ministère des Arts et de la Culture, avec des professionnels aguerris
auraient fait des propositions plus efficientes en tenant compte de tous les
paramètres nécessaires pour un meilleur accompagnement et un
suivi adéquat de ce processus dans le contexte culturel. Aussi est-il
impératif pour la suite du projet d'implantation du Complexe
Industrialo-portuaire de Kribi, que le Ministère des Arts et de la
Culture s'implique afin de défendre au mieux, les droits des populations
riveraines et les accompagne dans la sauvegarde de leur culture dans cet
environnement qui n'est plus originel et qui est appelé à muter
davantage. D'où l'urgence nécessité comme
déjà évoqué plus haut, d'élaborer un nouveau
plan de gestion pour définir les priorités du site sur le plan de
la gestion culturelle et surtout la mise en place d'un Comité
76
de Gestion qui serait responsable du suivi et de la mise en
oeuvre des activités du Plan de Gestion. Il serait aussi important que
le MINAC, pour plus d'efficacité mettre en place une structure technique
spécialisée dans la préparation des Dossiers d'inscription
sur la Liste du Patrimoine mondial, non seulement pour le Paysage culturel des
chutes de la Lobé mais pour l'inscription de nouveaux sites afin
d'améliorer la visibilité du Cameroun sur la Liste du Patrimoine
mondial.
- De l'élaboration d'un plan de gestion et de
conservation du site :
Selon les Orientations, « La protection et la gestion des
biens du patrimoine mondial doivent assurer que leur valeur universelle
exceptionnelle, y compris les conditions d'intégrité et/ou
d'authenticité définies lors de leur inscription sont maintenues
ou améliorées dans le temps » ; d'où la
nécessité d'un système de gestion adapté au site
concerné. A ce propos les Orientations 16précisent que
« Chaque bien proposé pour inscription devra avoir un plan de
gestion adapté ou un autre système de gestion documenté
qui devra spécifier la manière dont la valeur universelle
exceptionnelle du bien devrait être préservée, de
préférence par des moyens participatifs ». Il se comprend
donc que le but d'un système de gestion est d'assurer la protection
efficace du bien proposé pour inscription pour les
générations actuelles et futures. Mais plus encore, un
système de gestion efficace doit être conçu selon le type,
les caractéristiques et les besoins du bien proposé pour
inscription et son contexte culturel et naturel. Les systèmes de gestion
peuvent varier selon différentes perspectives culturelles, les
ressources disponibles et d'autres facteurs. Ils peuvent intégrer des
pratiques traditionnelles, des instruments de planification urbaine ou
régionale en vigueur, et d'autres mécanismes de contrôle de
planification, formel et informel. Les évaluations d'impact des
interventions proposées sont essentielles pour tous les biens du
patrimoine mondial. Une gestion efficace doit comprendre un cycle
planifié de mesures à court, moyen et long terme pour
protéger, conserver et mettre en valeur le bien proposé pour
inscription. Une approche intégrée en matière de
planification et de gestion sera essentielle pour guider l'évolution des
biens à travers le temps et s'assurer que tous les aspects de leur
valeur universelle exceptionnelle soient maintenus. Cette approche s'applique
au-delà du bien en tant que tel et inclut toute(s) zone(s) tampon(s),
ainsi que le cadre physique plus large.
En pratique, le plan de gestion c'est un document de
planification, élaboré par le Ministère en charge du
Patrimoine culturel d'un pays, par le biais d'une méthode participative
ou sont impliquées toutes les parties prenantes sur le site. Les parties
prenantes ici sont toutes
16 Idem, p.28
77
les personnes qui ont des intérêts positifs ou
négatifs sur le site. Selon Anne Watremez17 « Le plan de
gestion constitue le projet scientifique et culturel du bien, il est le cadre
stratégique opérationnel sur le terrain proposant, à
court, moyen et long terme un plan pluriannuel d'actions pour la protection, la
restauration et la mise en valeur du patrimoine ». Dans son article, elle
propose les différentes articulations du Plan de gestion qui sont :
> La protection et la gestion des biens assurant la valeur
universelle exceptionnelle pour que les conditions d'intégrité et
d'authenticité soient maintenues ou améliorées ;
> Une protection législative et des limites
définies (périmètre de protection et zones tampon) dont
l'usage et l'aménagement sont soumis à des restrictions
juridiques ;
> La gouvernance du bien par l'établissement d'une
structure de gestion responsable du suivi du bien au quotidien ;
> La budgétisation, pour l'effectivité de la
protection et de la gestion, des ressources
disponibles et à programmer, des moyens humains,
techniques et financiers nécessaires ; > La communication et la
sensibilisation pour impliquer les communautés locales et la
Ville dans son ensemble dans un objectif de valorisation
économique et sociale.
> La présentation didactique du site pour faciliter
sa compréhension par les différents publics.
Les orientations ont recommandé depuis quelques
années, que les Etats parties incluent la planification
préventive des risques en tant que composante de leurs plans de gestion
des biens du patrimoine mondial et de leurs stratégies de formation.
Pour être opérationnel, un Plan de gestion a besoin d'un bureau
pour la mise en action. Ce bureau est appelé le Comité de
gestion. Les membres de ce comité sont composés des
représentants des différentes composantes des parties prenantes
sur le site afin que tous les intérêts du site soient
préservés, il devrait aussi y avoir impérativement des
représentations des autorités administratives et municipales
ayant compétence sur le site, et bien sûr un gestionnaire ou un
conservateur du site. Ce dernier est l'interface entre le comité de
gestion et le Ministère de tutelle. Il n'est pas le président du
comité de gestion, mais il joue le rôle de modérateur et de
facilitateur auprès des différents partenaires afin de permettre
l'atteinte des objectifs fixés par le plan de Gestion à court,
moyen et long terme. Il est impératif d'élaborer un plan de
gestion dans un site ou il n'en existe pas, mais dans la majeure des cas,
surtout dans le cas de gestion traditionnelle du site, il existe souvent un
comité de gestion qui en est déjà responsable, il vaut
17 Anne, WATREMEZ, « La Lettre de l'OCIM »,
in Les plans de gestion patrimoine mondial de l'Unesco : un outil de
développement territorial au service des collectivités locales ?
N° 149, Septembre-Octobre 2013, p. 2530.
78
mieux dans ce cas le légitimer pour ne pas perturber le
fonctionnement du site. Pour qu'un plan de gestion soit une arme efficace pour
le comité de gestion et pour le site, le Comité de gestion doit
être légitimée, par une installation officielle du
Ministère de Tutelle avec l'Aval des autorités administratives et
municipales de tutelles et les différents partenaires. Il peut
être au besoin, renforcé par d'autres couches de la population des
parties prenantes sur le site. Dans le cas de notre site, les principaux
partenaires impliqués dans le plan de gestion seraient entre autres, les
sociétés industrielles du Port Autonomes de Kribi seront des
partenaires privilégiés dans la mise en action des
activités du plan de gestion du site, pour un meilleur
développement durable. Raison pour laquelle la transparence sur est de
rigueur au sein du comité de gestion. En considérant qu'il y a
déjà eu plan de gestion qui avait déjà
été élaboré sur le site en 2006, les trois
premières parties ne sont plus nécessaires car ce sont des
données peu modifiables, mais par contre l'accent serait mis sur le plan
d'action qui est forcément déjà caduque, car il
était prévu de 2007 à 2012. Mais en tenant compte que ce
document n'a jamais été mis en en application, il y a certaines
actions qui pourraient être réactualisées et d'autres
programmées en fonction des urgences et des nécessités du
site.
L'une des actions phares, serait la construction d'un Centre
d'interprétation du Patrimoine ou un Centre Culturel qui serait une
sorte de laboratoire pour le patrimoine culturel du site, aussi bien
matériel qu'immatériel. Ce pourrait se faire avec le partenariat
du Port Autonome de Kribi, qui semble avoir mis un accent sur la protection de
l'environnement de site, mais malheureusement ne possédant pas un
personnel qualifié en la matière, ce qui donne encore plus de
l'importance à l'implication du MINAC dans ce processus. Aussi
revient-il à ce Département ministériel de définir
une politique de gestion et de protection spécifique du Paysage culturel
des chutes de la Lobé et des populations riveraines. Il est à
noter ici que le plan de gestion est le préalable posé par les
Orientations avant toute préparation d'une proposition d'inscription sur
la Liste du Patrimoine mondial de l'Unesco. Cependant, tout site
protégé au moins sur le plan national doit
bénéficier d'une politique de gestions pour la
préservation de ses valeurs. Selon les Orientations, les biens du
patrimoine mondial peuvent connaître divers changements d'usage,
présents ou futurs, qui soient écologiquement et culturellement
durables et qui peuvent contribuer à la qualité de vie des
communautés concernées. L'État partie et ses partenaires
doivent s'assurer qu'une telle utilisation durable ou que tout autre changement
n'ait pas d'effet négatif sur la valeur universelle exceptionnelle du
bien. Pour certains biens, l'utilisation humaine n'est pas appropriée.
Les législations, politiques et stratégies s'appliquant aux biens
du patrimoine mondial doivent assurer la protection de leur valeur universelle
exceptionnelle ; soutenir à
79
80
plus large échelle la conservation du patrimoine
naturel et culturel, ainsi qu'encourager et promouvoir la participation active
des communautés et parties prenantes concernées par le bien, en
tant que conditions nécessaires à la protection, conservation,
gestion et mise en valeur durables de celui-ci. L'élaboration du Plan de
gestion s'établit donc la perspective du développement durable du
site et des populations riveraines.
? De la mise en place d'une structure technique
chargée de la préparation des Dossiers d'inscription sur la Liste
du Patrimoine mondial.
Dans l'hypothèse selon laquelle le MINAC décide
de relancer la préparation d'inscription du Paysage culturel des chutes
de la Lobé, il est impératif de corriger les erreurs du
passé pour plus d'efficacité. En effet, en 2006, il n'y avait pas
une structure technique spécialisée dans la préparation du
Dossier du Paysage culturel des Chutes de la Lobé. En effet, il y avait
une coordination de fonctionnaires du Ministère de la Culture de
l'époque qui avait chacun des fonctions précises dans les
différents services du Ministère, et collaboraient en même
temps dans la coordination du Projet, ce qui était un frein à
l'efficacité de la préparation du Dossier. Cela peut être
l'une des raisons pour laquelle, le Dossier a connu une lenteur dans sa
progression entre 2005 et 2009. L'une des raisons de cette lenteur a
été le manque d'autonomie financière de la coordination
chargée de travailler sur le Paysage culturel des chutes de la
Lobé. En effet la coordination avait bénéficié
d'une assistance technique et financière de l'Unesco, mais ces fons
étaient juste utiles pour finaliser le plan de gestion. Faute de
financement, le Dossier n'avait pas les moyens de financer les activités
d'envergure qui aurait permis surement d'inscrire le site à l'Unesco,
avant la venue du Projet du Port. La donne aurait été sans doute
différente à l'heure actuelle. Aussi pour éviter ce type
de désagrément à l'avenir, le Ministère des Arts et
de la Culture devrait mettre sur pied une structure autonome sur le plan
financier qui serait une Unité Technique Opérationnelle (UTO) qui
serait responsable exclusivement de la préparation des sites sur la
Liste du Patrimoine mondial. Cette structure aurait à sa tête, Un
Chef de l'Unité qui a l'expertise nécessaire.
IV. En direction des responsables du Port de Kribi
Lors des différents échanges sur le terrain, il
apparaît qu'il n'existe pas une plate-forme d'échange et de
partage communicationnelle entre les responsables du Complexe
industrialo-portuaire de Kribi et les populations riveraines. En effet, les
populations estiment que la prise de décision de la vie et du futur de
leur communauté est faite dans des bureaux feutrés des
administrateurs sans tenir aucunement compte de leur avis, de leur désir
et de la réalité sur le terrain. Ce qui explique beaucoup de
mécontentement des parties prenantes et la mauvaise
gestion du volet culturel du site. Les responsables du Port
l'ont reconnu tacitement en éludant le volet dans les objectifs majeurs
du projet du CIPK. En effet, le volet culturel n'a pas été pris
en compte, car faute de collaboration avec les responsables du MINAC et les
populations riveraines qui auraient donné des propositions plus
efficaces pour la protection et la gestion des points culturels sur le site. En
effet le Port a mis plus d'accent sur les avantages économiques et la
protection de l'environnement, ce qui est certes appréciables, mais en
tenant compte de la forte présence culturelle sur le site, la protection
du volet culturel aurait dû être une priorité. Cela ne
serait pas arrivé si les responsables du Port avaient mis en place une
plate-forme de dialogue et de discussion avec les Populations riveraines, et
s'ils avaient impliqués le MINAC. Aussi pour la suite du processus et en
vue de rattraper ces errements et en vue d'une gestion du développement
durable du site, il est impératif que le Port s'ouvre au dialogue et
à la communication avec le MINAC qui serait un partenaire de choix dans
la gestion et la pérennisation des valeurs culturelles du site.
De même lors de la consultation des documents mis
à notre disposition, il y a eu état d'un projet sur
l'écotourisme et de la protection des tortues marines. Le Complexe
industrialisation qui s'est engagé dans ses priorités à
mettre un accent sur la protection de l'environnement devrait aussitôt
,avec l'effectivité des activités du Port autonome de Kribi, de
prendre des mesures dès à présent, pour mettre en oeuvre
ce projet en collaboration avec les Ministère de l'Enseignement
supérieur , de l'Environnement, ainsi que des partenaires techniques
comme les représentations de l'UICN et autres organisations
présentes au Cameroun et oeuvrant pour la protection de l'environnement
et des espèces marine rares et ou en voie de disparition.
Sur un autre volet, le P.A.K devrait se rendre compte de
l'importance de son implantation dans la zone, du fait du changement radical du
quotidien de la zone sur de nombreux aspects. Si l'on considère les
plaintes des populations riveraines sur le manque d'opportunité
d'emplois ou encore de la qualité des emplois du Port qui d'après
elles, se limite à des fonctions de manoeuvres et de tâcherons, il
serait utile que le Port travaille en collaboration avec le Ministère
des Enseignements secondaires et les Établissement de l'Enseignement
Supérieur dans l'optique d'intégrer dans leur curricula des
formations de l'enseignement technique, et plus spécifiquement, relatifs
aux métiers au Port , afin que des jeunes camerounais bien
formés, puissent être susceptibles de trouver des emplois au sein
du CIPK. C'est l'occasion de saluer l'initiative louable du Chef du village de
la Lobé, sa Majesté Eko Roosevelt qui, avec l'appui des
partenaires a permis la création d'un CETIC (Centre
81
d'Enseignement Technique et Commercial) afin de former la
jeunesse de la Lobé et des environs aux métiers de l'avenir
portuaire.
V. En direction des autorités traditionnelles et
municipales
Les autorités traditionnelles avec la Présence
du PAK, devraient davantage se rendre compte de la nécessité de
plus en plus urgente de veiller sur la protection de leur patrimoine culturel
car l'Etat ne peut rien créer à ce niveau , mais a le devoir
d'accompagner des initiatives faites à la base pour la protection, la
promotion et la valorisation du Paysage Culturel des Chutes de la Lobé
qui a déjà eu l'avantage d'attirer l'attention comme un site
national reconnu, et s'il figure sur la Liste Indicative de l'Unesco, c'est que
ce site a des valeurs qui sous-tendent des critères de Valeur
universelle Exceptionnel pouvant espérer un jour figurer sur la Liste du
Patrimoine mondial de l'Unesco. A ce niveau, elles ont le devoir de proposer
des actions pouvant permettre de mettre des bases solides sur la gestion
durable du site. Si ces autorités sont les mieux placées pour
savoir les fondements de leurs traditions et les meilleures manières de
les sauver de la voie de développement irréversible engagé
par le CIPK, il y a un volet sur lequel nous voulons attirer l'attention de ces
différentes autorités, celui de proposer avec les
autorités compétentes, un plan d'urbanisation. En effet, l'un des
avantages du site proposé à l'inscription est la
préservation de l'habitat traditionnel, qui est
généralement fait de case en clins de bois ou en brique de terres
ou de bétons. Ce sont des maisons rectangulaires qui se divisent
généralement en deux blocs distincts. D'un côté la
cuisine et de l'autre et la salle de séjour qui contient les chambres
à coucher. Mais le développement étant déjà
en marche et avec la création de la ville industrielle prévue par
le CIPK dans ses phases prochaines, il serait impératif de
préserver l'harmonie du site en proposant des constructions en harmonie
avec l'environnement du site. Sur le site, nous avons pu identifier les
habitats traditionnels encore nombreux, mais aussi un nouveau type d'habitat
plus moderne, mais parfaitement intégré à l'harmonie du
site. Nous proposons ce type d'habitat comme référence future
pour un plan d'harmonisation ; qui serait une force pour le paysage culturel
des chutes de la Lobé, qu'il soit classé ou pas patrimoine
mondial, mais ce serait une opportunité de pouvoir garder une
authenticité certaine dans un environnement de modernité
irréversible.
Fig 19 : Habitat traditionnel des villages du
paysage culturel des chutes de la Lobé, Photos prise par SPNE, avril
2016
82
Fig.20.Maison témoin, modèle
éventuel pour le plan d'urbanisation, photo de SPNE, Avril 2016.
Sur le plan théorique, le CIPK a donné toute les
garanties sur la protection de l'environnement et des risques nuls sur les
habitants, la faune et la flore sur le site, mais les populations sur le site
restent néanmoins suspicieuses quant aux phénomènes qui
d'après elles sont sur venues sur le site depuis les la présence
du projet du Port. Nous ne reviendrons pas sur le problème des eaux
polluées car déjà évoqué dans les chapitres
précédents mais sur un aspect sanitaire qui toute de plus en plus
la population infantile. En effet beaucoup de parents consultent pour
l'apparition de boutons sur la peau des enfants, présentant des signes
de la varicelle mais non diagnostiqué par les médecins locaux.
Ces signes s'accompagnent ou non de fièvre mais semblent assez
insensibles au traitement local. Les parents et les médecins
s'inquiètent de cet aspect des choses et les populations pensent que
cela est dû à la pollution ambiante générée
par cette forte présence industrielle. Il serait impératif que
les autorités sanitaires de la ville de Kribi se penchent sur ces cas
récents afin de définir les relations de cause à effet et
de trouver une solution urgente s'il est vérifié que ce sont des
cas dus à la pollution industrielle.
Fig.21.Jeune enfant de 8 mois, souffrant de
pustules sur la peau depuis quelques mois. Photos de SPNE, avril 2016
83
CONCLUSION
Le Cameroun est signataire de la convention de 1972 et pour
cela il a déjà inscrit un seul site, un site naturel sur la liste
du Patrimoine mondial en 1982 ; depuis 2006, le Cameroun a inscrit treize sites
sur la Liste indicative de l'UNESCO. Ce préalable accompli a permis de
choisir un site de la Liste indicative la même année, les Chutes
de la Lobé, alors inscrit comme site mixte pour la préparation
d'inscription du site sur la Liste du Patrimoine mondial. Mais pendant le
processus d'inscription, la coordination chargée de la
préparation du Dossier a choisi de le proposer comme paysage culturel au
vue des interactions évidentes entre les populations du site et leur
environnement qui est essentiellement l'eau de la mer et le Fleuve Lobé.
En effet pour les Batanga, Mabi et les Pygmées Bakola vivant sur le
site, les composantes naturelles ne sont pas des structures immeubles, mais
sont des entités vivantes faisant partie de leur quotidien. En effet
pour ces communautés, ces éléments de la nature sont
habités par des esprits qui, régissent leur vie et interviennent
au quotidien dans leur quotidien. Ces esprits sont appelés Jengu
et sont assimilables aux dieux de la Mythologie, Romaine comme Neptune
ou encore Grecque comme Poséidon. La différence
étant ici que ces divinités sont le plus souvent
évoquées comme féminines. Cependant le site n'a pas pour
unique spécificité, sa culture, mais est également la
richesse de sa faune et de sa flore qui regorgent des espèces rares,
protégées ou en voie de disparition comme les Tortues marines.
Toutes ces valeurs à elles seules pouvaient justifier le besoin de
protéger ce site en le proposant à l'inscription au Patrimoine
mondial. C'est ce qui a motivé le Ministère de la Culture
d'entamer le processus d'inscription par l'élaboration d'un Plan de
gestion du site, ce qui a été fait grâce à une
méthode participative qui impliquait toutes les parties prenantes sur le
site, de concert avec les autorités municipales et administratives, le
Plan de gestion qui a été finalisé en 2007, prêt
à être opérationnel. Et selon des recommandations
intégrées dans le plan de gestion qui demandait de
protéger le site de classement, la mesure la plus efficace et
adaptée était la signature d'une Déclaration
d'Utilité publique(DUP), un acte réglementaire suspensif de toute
transaction et de toute mise en valeur sur les terrains concernés. Aucun
permis de construire ne peut, sous peine de nullité d'ordre public,
être délivré sur les lieux du territoire de classement.
C'est à cette époque que le Projet du CIPK commençait
à s'implanter à une quarantaine de kilomètres du site,
notamment sur l'espace prévue comme zone tampon, c'est-à-dire
zone de protection du site d'inscription. Pour des raisons différentes,
le Projet a également sollicité une DUP qui englobait une bonne
partie du territoire du périmètre de classement. Même si
les deux projets étaient distincts dans leurs objectifs, les
populations
84
sont tombées dans une confusion inexplicable. Alors que
la DUP du MINCULT visait à stopper les transactions foncières sur
le site pendant la période de la préparation du Projet
d'inscription dans l'optique de protéger le site des constructions
anarchiques sur le site, celle du CIPK visait à inventorier les biens
immeubles des populations aux fins d'expropriation, d'indemnisation et de
délocalisation. Cette confusion a poussé les populations à
l'hostilité et ont assimilé les objectifs de la DUP du MINCULT
à celle du CIPK, et estimaient avoir été trahies par le
gouvernement. Cette confusion ajoutée à l'évidence de la
menace certaine du Projet d'inscription de par la proximité du CIPK,
puissant complexe industriel près du Paysage culturel de la Lobé,
a convaincu le MINCULT d'abandonner le projet d'inscription du site en 2011.
Pour mieux appréhender nos travaux sur le site, la
recherche documentaire nous a été d'un apport inestimable. Nous
avons utilisé les mots clés identifiés de notre projet
personnel. Et les Lectures nous ont permis de mieux comprendre l'origine et la
signification du concept paysage culturel, bien antérieure à
l'UNESCO. Mais plus encore nous avons su apprécier les
définitions spécifiques du paysage culturel attaché
à chaque contexte géographique différent. Ainsi un Paysage
culturel est apprécié différemment selon qu'il est en
Europe ou en Afrique ou ailleurs dans le continent, le point commun de tous
étant l'interaction indéniable observé entre les
populations et leur environnement. Nous avons pu également
apprécier un exemple de cohabitation entre le Complexe industrialo
portuaire de Fos, près de Marseille en France, et le point le plus
marquant dans cet exemple est la mobilisation des membres de la
communauté et les différentes associations oeuvrant pour la
protection de la nature et de l'environnement , qui se sont organisée en
Collectif pour mieux défendre les intérêts de leur site et
ceci est un exemple à suivre pour les habitants du Paysage culturel des
chutes de la Lobé. Un exemple à suivre d'autant plus pertinent au
vu de l'importance du CIPK. En effet, Le port qui est déjà
achevé comprend une superficie de 26 000 hectares, un Tirant d'eau de 15
à 16 mètres ; il a la capacité d'accueil de grands navires
de commerce d'une capacité allant jusqu'à 100 000 tonnes.
L'appontement minéralier a 24 m de tirant la voie d'accès du
chenal a 300m de largeur, la digue de protection, 2800 m. le Port
général comporte un terminal polyvalent + un terminal à
conteneurs, ainsi que quatre terminaux spécialisés dont un
terminal aluminium, un terminal méthanier, un terminal à
hydrocarbures, terminal minéralier et enfin, une zone industrielle. De
plus le Port a pour ambition de desservir toute la sous-région Afrique
Centrale, car c'est le plus grand investissement de cette envergure dans cette
sous-région de l'Afrique. De ce fait, il est a priori difficile
d'ignorer ou d'occulter la menace évidente qui pèse sur le
Paysage culturel des chutes de la Lobé tant sur le plan
85
environnemental que sur le plan culturel, car les populations
riveraines sont liées à leur environnement qui leur procure
l'essentiel de leur survie, mais plus encore c'est le socle de survie de leurs
traditions, essences, de leur culture, d'où la nécessité
de veiller à la protection de ces composantes naturelles et culturelles.
D'un côté les populations affichent leurs inquiétudes, car
elles estiment être en retrait dans la prise de décisions sur leur
avenir, d'un autre coté les responsables du Port rassurent sur toutes
les mesures prises quand la protection de l'environnement et des traditions.
Pour le premier volet, ils proposent une gestion des déchets qui ne
nuiraient nullement à l'intégrité des eaux et à la
santé des populations, et pour le second volet, ils disent avoir
laissé le soin aux populations de prendre elles -mêmes les
décisions en ce qui concernent la protection des espaces sacrés.
Ces sons de cloches différents sont la preuve qu'il n'existe pas une
plateforme de communication entre les populations riveraines et les
Autorités du CIPK. De même les populations riveraines se plaignent
de ne pas être bénéficiaires des retombées
économiques du site à l'instar du volet professionnel, mais les
choses devraient changer, d'après les responsables du CIPK avec la mise
en activité du PAK qui sanctionne la fin de la première phase du
Complexe.
Au terme de nos recherches quelle réponse donner
à notre problématique, à savoir « Le port de Kribi :
force ou menace pour la proposition d'inscription du paysage culturel des
chutes de la lobé sur la liste du patrimoine de l'UNESCO et pour
l'identité des populations riveraines»?
L'analyse SWOT nous a révélé que le Port
Autonome de Kribi peut s'avérer être une force
sur le plan économique et du développement
du site à titre d'exemple, l'autoroute qui est en cours de
construction et les aménagements déjà effectués au
niveau de l'entrée des chutes de la Lobé. Il est cependant une
faiblesse quant au risque de perte de
l'intégrité du paysage et de
l'authenticité des pratiques culturelles ; car
déplacés, transformés, reconstitués, les espaces
sacrés n'auraient plus la même valeur spirituelle d'antan ce qui
est un risque énorme de perte et de transmission de ces traditions aux
générations futures. Cependant, le Port, au vue de sa grande
capacité industrielle, se présente comme une
opportunité pour la protection de
l'environnement, car avec moyens technologiques
avancés, les responsables offrent la possibilité de traitement
des déchets qui serait un avantage pour la protection et la sauvegarde
du patrimoine naturel et culturel des populations riveraines. Enfin la grande
menace est le manque de concertation permanente
entre le CIPK et les Populations riveraines, car sans communication
entre les partis concernés aucune action d'envergure ne serait faite et
la situation risque de dégénérer et de devenir
incontrôlable. Pour répondre à la question de notre
problématique, nous dirions que, la
86
concertation permanente, les actions participatives sont les
clés qui feraient du Port Autonome de Kribi, Une force pour les
populations riveraines et une opportunité pour le Dossier d'inscription
du Paysage culturel des chutes de la Lobé sur la Liste du Patrimoine
mondial de l'Unesco. En effet si l'on considère l'accent que l'UNESCO
met sur la protection des sites classés et l'exhortation permanente pour
les Etats partis à veiller à la préservation des valeurs
du site, d'où l'importance d'un plan de gestion, il ressort la
nécessité absolue de collaboration entre le PAK, les Populations
riveraines, le Ministère des Arts et de la Culture(MINAC) et toutes les
autres administrations concernées, et le Comité de gestion du
site est l'organe le mieux adapté pour être la plateforme
consensuelle de toutes ces parties en vue d'un développent durable du
site. La construction d'un Centre d'Interprétation du Patrimoine
culturel et un musée écologique de préservation des
tortues marines seraient les meilleures illustrations de cette collaboration
participative. Aussi exhortons-nous les autorités du PAK, les
autorités traditionnelles, les autorités municipales, les
autorités administratives, le Gouvernement Camerounais à oeuvrer
ensemble afin que le Paysage culturel des chutes de la Lobé soit un
modèle de préservation de la culture et des traditions dans un
environnement apparemment hostile, mais plus encore que ce soit le haut lieu de
destination touristique, mais aussi de recherches et d'évolution
scientifique, et ce qu'il soit classé ou non patrimoine mondial de
l'Unesco.
87
Cameroon is a signatory to the 1972 convention and for this,
he has already registered one site, in 1982; a natural site. Since 2006,
Cameroon scored 13 sites on the tentative list of UNESCO. This accomplished
prior allowed to choose a site indicative list the same year, the falls of the
lobed, then registered as joint site for the preparation of the site on the
World Heritage list. But during the registration process, responsible for the
preparation of the case coordination has chosen to propose it as a cultural
landscape in view of the obvious interactions between populations of the site
and their environment which is essentially the water of the sea and the river
Lobe. Indeed for the Batanga, Mabi and the Bakola pygmies living on the site,
the natural components are not immovable structures, but are living entities
that are part of their daily lives. Indeed for these communities, these
elements of nature are inhabited by spirits who govern their lives and involved
on a daily basis in their daily lives. These spirits are called Jengu, and are
like the gods of Roman and Greek Mythology, like Neptune and Poseidon. The
difference here is that these deities are most often referred to as female.
However the site is not unique specificity, its culture, but
is also the wealth of its fauna and flora that are full of rare, protected
species or endangered as sea turtles. These values alone could justify the need
to protect this site by offering it to the world heritage registration. This is
what prompted the Culture Ministry to begin the registration process by the
development of a Management Plan for the site, which was done through a
participatory process involving all stakeholders on the site, together with the
municipal and administrative authorities, Management Plan which was completed
in 2007, ready to be operational. And according to recommendations included in
the management plan that was asked to protect the site from ranking, the most
effective and suitable measure was the signing of a Declaration of public
utility (DUP), a suspensive regulatory act of any transaction with any
development on the land concerned. Under penalty of nullity of public order, no
building permit cannot be issued on the territory of classification places. It
was at this time that, the project of the CIPK began to settle 40 kilometers of
the site, including on the space provided as buffer zone, i.e. the registration
site protection area. For different reasons, the project has also requested a
DUP which included a good part of the territory of the perimeter of ranking.
Even if both projects were different in their objectives, populations fell into
inexplicable confusion. While the DUP of the MINCULT was intended to stop land
transactions on the site during the period of the preparation of the project
for registration in order to protect the site of anarchical constructions on
the site, that of the CIPK aimed to inventory property of populations for the
purposes of expropriation, compensation and relocation. This confusion has
pushed people to
88
the hostility and has assimilated the objectives of the DUP of
the MINCULT to the CIPK felt betrayed by the Government. This confusion added
to evidence of some threat of the project for registration due to the proximity
of the CIPK, powerful industrial complex near the cultural landscape of the
lobed, convinced the MINCULT to abandon the project of inclusion of the site in
2011.
To better understand our site work, the documentary research
was invaluable. We used the keywords identified our personal project. And
readings have allowed us to better understand the origin and meaning of the
cultural landscape, well prior to the UNESCO concept. But even more we
appreciated the specific definitions of the cultural landscape that is attached
to each different geographical context. Thus a cultural landscape is
appreciated differently according to whether it is in Europe or in Africa or
elsewhere in the continent, the common point of all the undeniable interaction
between people and their environment. We could also appreciate an example of
coexistence between the port of Fos, near Marseille in France, industrial
complex and the most significant in this example is the mobilization of members
of the community and associations working for the protection of nature and the
environment, which themselves are organized collectively to better defend the
interests of their site and this is an example to follow for the inhabitants of
the cultural landscape of falls of the lobed. An example to follow for even
more relevant in view of the importance of the CIPK. Indeed, the port that is
already completed includes an area of 26 000 hectares, a draught of 15 to 16
meters; It has the capacity for large commercial ships with a capacity of up to
100,000 tones. Jetty ore 24 m from taking the path of the channel is 300 m in
width, the protection dam, 2800 m. the general Port contains versatile terminal
+ a container terminal, as well as four terminals specialized including a
terminal aluminum, an LNG terminal, a terminal to hydrocarbons, ore terminal
and finally, an industrial area. More Port has ambition to serve all the sub
region Central Africa, because it is the largest investment of this magnitude
in this region of Africa. Because of this, it is initially difficult to ignore
or obscure the obvious threat that weighs on the cultural landscape of the
falls of the lobbed both environmental and cultural terms, because residents
are related to their environment that provides them with most of their
survival, but even more it is the basis of survival of their traditions Otto,
of their culture, hence the need to ensure the protection of these natural and
cultural components. On one side people displayed their concerns, because they
consider to be indented in the taking of decisions on their future, other Port
officials reassured on all measures taken as protection of the environment and
traditions. For the first part, they offer a waste management that would not
adversely affect the integrity of waters and the health of
89
populations, and for the second part, they say have left it to
people to take these same decisions which concern the protection of sacred
spaces. These different sounds of bells are evidence that there was a
communication platform between local communities and the authorities of the
CIPK. Similarly residents complain of not being beneficiaries of the economic
benefits of the site like the professional side, but things should change,
according to officials of the CIPK with the activation of the PAK who
sanctioned the end of the first phase of the complex. At the end of our
research answer to our problem, namely ' the port of Kribi: force or threat to
the nomination of the cultural landscape of the falls of the lobe on the list
of world heritage of UNESCO and to the identity of the populations?
SWOT analysis has revealed that the Autonomous Port of Kribi
can prove to be a force on the economic plan and the development of the website
for example, highway which is under construction and facilities already carried
out at the level of the entrance to the falls of the lobed. It is however a
weakness when the risk of loss of the integrity of the landscape and of the
authenticity of cultural practices; because moved, transformed, reconstituted,
the sacred spaces wouldn't have the same spiritual value of yesteryear which is
a huge risk of loss and transmission of these traditions to future
generations.
However, the Port, in view of its large industrial capacity,
presents itself as an opportunity for the protection of the environment, as
with advanced technological means, officials offer the possibility of treatment
of waste which would be an advantage for the protection and conservation of the
natural and cultural heritage of local communities. Finally, the big threat is
the lack of permanent cooperation between the CIPK and riparian Populations,
because without communication between the parties involved no major action
would be made and the situation is likely to escalate and become
uncontrollable. To answer the question of our problem, we would say that,
permanent dialogue, participatory actions are the keys that would make the Port
of Kribi, a force for local communities and an opportunity for the application
of the cultural landscape of the falls of the lobed on the list of world
heritage of UNESCO. If one considers UNESCO focus on the protection of
classified sites and the exhortation permanent for States parties to ensure the
preservation of the values of the site, where the importance of a management
plan, it is apparent the absolute necessity of collaboration between the PAK,
local communities, the Department of Arts and Culture (MINAC) and all other
authorities concerned , and the management of the site Committee is the body
best adapted to be the consensus platform of all these parties to develop
sustainable site. The construction of an Interpretation of the cultural
heritage Center and an ecological Museum for the preservation of sea turtles
would be the best illustrations of this participatory
90
collaboration. As we urge the authorities of the PAK,
traditional authorities, municipal authorities, the administrative authorities,
the Government of Cameroon to work together so that the cultural fall of the
lobbed a landscape model of preservation of culture and traditions in a
seemingly hostile environment, but even more than it is the Mecca of tourist
destination, but also research and scientific developments, and it is
classified world heritage of UNESCO or not.
91
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et annexes, Décembre 1998 IUCN, Yaoundé, Cameroun ;
18. FOMETE NEMBOT, Thimotée & TCHANOU,
Zachée, La Gestion Des Ecosystèmes Forestiers Du Cameroun A
L'aube De L'an 2000, Volume 2, in « Monographies des sites critiques
et annexes », Décembre 1998 IUCN, Yaoundé, Cameroun ;
19. MBODIAM, Brice R., « Kribi la touristique vire
lentement à l'industrielle », in Investir au Cameroun,
N° 42, Avril 2005 ;
20. WATREMEZ, Anne, « La Lettre de l'OCIM », in
Les plans de gestion patrimoine mondial de l'Unesco : un outil de
développement territorial au service des collectivités locales ?
N° 149, Septembre-Octobre 2013 ; MUMMA, Albert, « Legal aspects
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patrimoine
93
mondial et les paysages cul turels en Afrique,
Réunion d'experts - tiwi, kenya 9-14
mars 1999, Editors Mechtild Rossler, Galia Saouma-Forero,
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III. SOURCES
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http://www.izf.net
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http://www.maisondelestuaire.net
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https://www.facebook.com/Complexe-Industrialo-Portuaire-De-Kribi
10.
www.ville-saint-martin-de-crau.fr
2. Enquêtes orales
Interview responsable de l'environnement port de
Kribi, juillet 2015.
Question : Donnez toutes les informations pour
mieux connaitre et comprendre le CIPK ?
Réponses : Le projet peut encore
être appelé « Horizon 2040 » ; L'actuel phase est la
phase d'implantation, ensuite viendra la Phase II la phase de croissance entre
2018-2022, puis la phase III, phase d'expansion, et enfin, la phase IV qui est
celle de l'achèvement jusqu'en 2037. A ce stade-là la ville aura
grossie, le port achevé, les deux terminaux seront opérationnels,
tout sera achevé : le chemin de fer passe déjà construit,
les télécommunications effectives.
Sur le plan foncier, les habitants seront
relocalisés dans leurs zones prévues à cet effet.
Sur le plan environnemental, les industries
lourdes qui sont très polluantes sont rapprochées de la mer, les
industries moins polluantes, sont justes à côté en eaux
claires. Les industries
94
lights comme la manutention et la manufacture qui ne sont pas
du tout polluantes seront rapprochées du fleuve pour le
protéger.
Pour le Plan d'aménagement. Les zones
de délocalisation sont figées, ce sont des zones à ne pas
toucher. 65 ha, bornées, de terre et de forêt, La zone d'expansion
de la ville devrait absorber les zones de délocalisation, d'où
l'attention particulière accordée à l'aménagement
de cette zone.
Question : La zone du Rocher du Loup est un
lieu sacré pour populations riveraines, avec toutes ces industries
déployées sur le site, quelles sont les mesures de protection
prise à l'endroit de ce site ?
Réponse : il existe un plan de gestion
qui prévoit la gestion des points d'exutoire des déchets
reversés sur la mer qui seront tous recyclés et traités
avant d'être déversés dans la mer ; Pour ce qui est du
Rocher du Loup, nous avons pris toutes les mesures y relatives, raison pour
laquelle ce site a été choisi comme site de délocalisation
des populations et même aux alentours. Nous avons demandé à
installer une nouvelle chefferie près de ce site afin que les
populations elles-mêmes soient gardiennes de leur site. Le terminal
minéralier est situé à 3km du rocher du loup, donc le
risque est inexistant.
En vue de trouver une compensation à
toutes les perturbations écologiques et les conséquences
sur la biodiversité marine, causé sur le site, il est
prévu d'installer un Parc marin à partir d'ici
jusqu'à Campo, l'accès sera délimité et
strictement géré par une structure spécialisée. Il
est prévu de créer un fond qui sera fourni par toutes les
entreprises présentes sur le site en vue de faire fonctionner le parc
marin. Mais ce n'est pas le but du projet et il sera actif quand le Port sera
déjà opérationnel. « Comme en France, la Maison de
l'estuaire ; Il serait intéressant que les Universitaires s'emparent de
cet aspect du Projet car étant mieux qualifies.
Question : A ce stade du projet qu'est ce qui a
déjà été fait et qu'est ce qui reste à faire
?
Réponse :A mon avis , après
l'identification du site du port, pendant la période d'indemnisation des
populations, des professionnels de la culture auraient dû travailler pour
faire des fouilles et récolter des vestiges archéologique et de
les sauvegarder, et au final cela aurait été un fond
intéressant pour la création d'un musée
archéologiques, car il dans la zone de Grand -Batanga, on a pu trouver
des objets de la dernière guerre mondiale, un ancien comptoir de vente
des esclaves, aussi serait -t-il important de trouver un moyen de
contraindre
95
les entreprises du CIPK de contribuer à porter et
à valoriser ce fond culturel. En ce moment l'autoroute devant desservir
le port est déjà en chantier. Il est construit de manière
à éviter la ville de Kribi. (Ville nouvelle)
Question : Quels sont les
bénéfices directs que les populations ont de la construction du
Port ?
Réponse : Sur ce volet précis,
nous avons prévu des bénéfices du port aux populations
affectées par le projet :
- Indemnisation : sont concernés, les terrains
immatriculés ou en cours d'immatriculation, à raison de 2000FCFA
(environ 4€) le m2 pour les terrains titrés et 1500fcfa
(2.30€) le m2 pour les terrains en cours d'immatriculation. Il
y a des familles qui ont bénéficiées d'entre 300.000
(458€) et 700.000 de FCFA. (1069€) Mais l'état n'ayant pas les
moyens, a privilégié les personnes de la zone directe du port.
Qui s'élève à 26 ha, à 90. Pour ceux qui est des
terrains. Mais les cultures, les constructions, les tombes ont
déjà été indemnisé à 100%, du lieu
Port au site du Rocher du loup.
- Relocalisation : ceci est un bonus par le chef
d'état, car l'indemnisation devrait couvrir les dommages, mais le chef
d'Etat a pris sur lui d'apporter un appui social à la population. Car il
était question de préserver un tissu social, on a donc
procédé à l'aménagement des zones de
relocalisation.
Zone sud : habitée par les Yassa déjà
achevé,
Zone nord ; habitée par les Mabi en fin
d'achèvement,
Zones sud est ; habitée par les Bagyeli ,idem.
Chaque zone de relocalisation comprend un lotissement de 1500
m2 pour un ménage bantou, terrain titré et
borné, équipements sociaux, électrification, eau potable.
La zone sud, est achevée à 90%. Les parcelles sont
déjà distribuées et bornées pour chaque famille sur
la base de l'étude sociologique faite au départ, et classé
par clan. Même des personnes non originaires du site mais qui
étaient déjà établies depuis de longues
années ont eu droit à la relocalisation, un lotissement leur a
été attribué. Pour les espaces sacrés et les lieux
de de cultes, on n'a pas encore abordé et on leur a demandé de
faire les propositions. Même les Eglises et les marchés ont
été indemnisés.
- Délocalisation : les populations
bénéficient de l'accompagnement pour la réinstallation,
avec la construction de nouveaux logements pour chaque ménage. Les
maisons de référence sont des T5. Il est fait une
évaluation du nombre de parpaings, mais les
96
populations ici ont refusé les blocs de terre ; les
gens étant paresseux ici, en leur offrant 4000 parpaings, des
tôles, du petit matériel de construction, le problème c'est
qu'il y a un risque qu'ils vont vendre tout cela pour avoir de l'argent.
Question : Pourquoi ne pas donner cette
responsabilité à une société immobilière
?
Réponse : Nous ne pouvons pas le faire
car nous risquons de faire face à des problèmes qui ne seront
difficiles à gérer. Nous sommes en train de négocier avec
les chefs pour que la procédure avance vite. Les gens sont très
cupides ici et aiment écrire, ils écrivent au chef de
l'état pour se plaindre de tout. Les problèmes d'indemnisations
ici, les gens se plaignent qu'ils ne reconnaissent pas les noms sur la liste,
mais ils oublient qu'il est possible d'acheter le terrain sans pour autant
être de la région,
Ils finissent de dilapider leur argent pour se plaindre
après qu'il y a eu des erreurs de payement en espérant se faire
payer de nouveau.
- Les emplois : les communautés locales des zones
délocalisées sont prioritaires sur les travaux des chantiers,
mais quand on les recrute, ils désertent tous sans raison, estiment que
le salaire est insuffisant par rapport à ce qu'il gagne en pêche,
mais après ils racontent qu'ils ne sont pas recrutés.
- Programme de formation : il est prévu pour les
volontaires de ces communautés prioritaires, des formations aux petits
métiers liés à l'ouverture drts on formera des dockers
locaux.
- Développement des infrastructures : il est
prévu la réhabilitation des écoles, la construction de
centres de santé, des dons de matériels des écoles,
l'ouverture d'une école d'infirmerie, des dons de salles de classe, et
une quinzaine de construction des puits de forage. Grâce à notre
plan de gestion, il est prévu la protection du patrimoine culturel et
routier.
Question : Les populations se plaignent des
problèmes de communication, et affirment ne pas être pas
informées et sont toujours surprises des gens qui agissent sur le
terrain.
Réponse : je reconnais que ces plaintes sont plus ou
moins fondées, mais cependant Il y a eu déjà une
amélioration au niveau de la communication. Je voudrais terminer en
parlant du fabuleux don que le CIPK a fait à la mairie urbaine. Ils ont
offert 25km d'aménagement, notamment le parking à l'entrée
des chutes de la Lobé. Le port a apporté au site des
retombées palpables.
97
Les chefs du Villages
En juillet 2015, nous avons rencontré les principaux
chefs des villages du Paysages culturel de la Lobé et voici l'essentiel
de nos entretiens : ils ont tous répondu aux mêmes questions.
Sa Majesté Jean Blaise TSAGA -DI-GUI,
Chef du Village Mbeka'a : D'après le chef, son village
à l'origine se trouvait par la zone désormais occupée par
la SOCAPALM18. Ils ont été obligés de se
recaser là où ils sont aujourd'hui.
A votre avis quel est l'impact de la construction du PORT
sur l'environnement (fleuve et mer, champs, animaux etc.) ?
L'implantation de la SOCAPALM dans cette zone avant le projet
du port, a détruit les forêts, les sites d'initiations, et les
vrombissements des engins empêchent le repos paisible de la population.
Le tracé de l'autoroute dans un premier temps passait dans la SOCAPALM.
Celui-ci a été repris deux fois par la DIPD et l'autoroute qui
était prévu passé par la SOCAPALM a été
déviée à cause du taux élevé du
dédommagement que l'Etat devrait verser à cette
société. Conséquence les Mbéka'a sont à
nouveau contraints de céder une bonne partie de leurs terres au
détriment de l'autoroute. A cet effet, les habitations sont
détruites, les cultures, les forêts, la pharmacopée sont en
train de disparaitre. Depuis le début des travaux, les animaux de la
forêt ont fui.
L'apport d'une nouvelle route est certes un plus pour le
développement, l'entrée principale des chutes de la lobé a
été améliorée, et les travaux sont toujours en
cours. Pour le fleuve lobé, les travaux prévus ne sont pas encore
réalisés.
Quel est l'impact sur le plan économique
(opportunité de travail, de formations, d'études etc.) ?
Les jeunes du village ne sont pas formés pour un
quelconque travail important. Ils sont relégués à des
tâches minables ne rapportant rien au village. Ils
préfèrent vaquer à leurs tâches habituelles.
Les chefs traditionnelles ne sont pas au centre du
développement. Ils sont assujettis par les autorités de
Yaoundé et Kribi. Conséquence le dédommagement n'est pas
louable à cause des terrains non titrés. Des textes de lois et
décret ou toute autre sont brandis pour prendre en charge seulement les
terrains titrés. Et le fameux dédommagement est arbitraire
parfois à tête chercheuse car les premières listes de
dédommagement ne comportent pas tous
18 Société Camerounaise de Palmeraies
98
les ayants droit. Et depuis le début de ce projet, les
populations n'ont pas encore été indemnisées.
Depuis le début de ce projet, le coût de la vie a
changé dans cette zone. L'inflation est à la mode sur tous les
produits. A titre d'exemple, le poisson qui se vendait en tas se vend
désormais en kilos les prix ont doublés voire même
triplés.
Quel est l'état actuel du volet traditionnel avec
cette proximité ? (Cultes, rites, espaces sacrés, etc.)
La destruction des sites rituels et espaces sacrés a
commencé avec l'implantation de la SOCAPALM, et se trouve dans une
avancée considérable aujourd'hui avec ce projet. Nous assistons
à un déplacement important des populations pygmées de la
zone. Les rites ne peuvent plus être accomplis.
S.M. BIKOUO Henri, Chef du Village
Ndoumalè :
A votre avis quel est l'impact de la construction du PORT
sur l'environnement (fleuve et mer, champs, animaux etc.)
La destruction des sites rituels et espaces sacrés a
commencé avec l'implantation de la SOCAPALM, et se trouve dans une
avancée considérable aujourd'hui avec ce projet. Nous assistons
à un déplacement important des populations pygmées de la
zone. Les rites ne peuvent plus être accomplis. La SOCAPALM a
été la toute première société à
causer un grand désastre dans ces villages. Elle a détruit les
ruisseaux, les arbres. Les populations qui vivaient des travaux
champêtres ont tout perdu après son installation et les riverains
n'ont pas été indemnisés. Les palmiers sont plantés
à 1m des fleuves contrairement aux normes prévues. Une autre
situation assez embarrassante plane sur les riverains. Celle de la non prise en
compte des droits fonciers coutumier par l'Etat. Les terres sans titre foncier
sont arrachées aux populations qui les détiennent depuis des
décennies aujourd'hui. Et tous ceux qui ont entrepris les
démarches pour l'établissement des titres fonciers ont
été enroulés dans l'étau de la procédure,
savamment menée par les responsables de ces services. C'est après
plusieurs plaintes portées des chefs traditionnels auprès des
autorités compétentes que certaines situations de titres fonciers
se sont décantées.
Actuellement les sociétés installées sur
ce site sont : HEVECAM, SOCAPALM, Rio Tinto Alcam, EDF Suez (Gaz de France),
Une compagnie d'aluminium, une société chinoise qui s'occupent de
la construction des points de traitement des eaux pour le ravitaillement du
port en eau profonde. Les riverains déplorent le déversement des
boues et d'autres produits inconnus dans le fleuve la lobé,
rendant ainsi les bains impossibles.
99
La Scan water (Société Nationale des eaux) ne
désert pas la population. Les compagnies chinoises et d'autres
sociétés installées dans le coin détruisent
plutôt les routes et les buses qu'elles ont trouvées sur le site
avec leurs voitures. Il n'y a pas d'assainissement du milieu mais une
dégradation assez considérable des infrastructures trouvés
avant le lancement des travaux.
Quel est l'impact sur le plan économique
(opportunité de travail, de formations, d'études etc.) ?
Sur ce plan le bilan est assez déplorable. Au
début du projet, tous les riverains étaient enthousiastes dans
l'idée de trouver du travail et de voir leur village se
développer. Le sort est mitigé. Les jeunes des villages ne sont
pas recrutés et le manque de travail n'a pas changé. Les quelques
jeunes (au nombre de 5 maxi) qui sont employés, ne sont pas
enregistrés. La main d'oeuvre est chinoise. Tous ceux qui sont partis
d'autres régions à la recherche du travail dans cette zone
dorment à la belle étoile au risque des piqures de serpent et
tout autre accident, pour ne pas se voir employer.
Actuellement, la souffrance grandissante au sein de cette zone
a déjà donné naissance à une révolte interne
des riverains que les chefs traditionnels essayent tant bien que mal de
maitriser mais ils ont peur que leurs populations se retournent contre eux, car
taxés de complicité.
Les chefs traditionnels déplorent le manque de
collaboration entre les autorités administratives et les riverains. Ces
derniers qui signent des documents officiels délimitant ainsi les
parcelles de terrains dans cette zone ne connaissent même pas les limites
des parcelles. Et ce désordre crée de véritable
problème entre les sociétés et les riverains. Le tonnage
n'est pas respecté, les projets mettent les populations en
insécurité, et au finale, les autorités administratives se
remplissent les poches en ignorant la réalité que subissent les
populations. Et pour couronner, sur ce tronçon de 9 Km, il n'y a pas
d'école, pas d'hôpital pour ne citer que ceci.
Quel est l'état actuel du volet traditionnel avec
cette proximité ? (Cultes, rites, espaces sacrés, etc.)
Beaucoup de traditions et rites sont en train de disparaitre
à cause de l'implantation de ces sociétés. Les lieux
sacré et espaces sont détruits et aucune mesure concrète
n'est pas visible pour la pérennisation. Les riverains subissent tous la
pression des sociétés et cette pression est dictée par les
autorités.
100
101
S.M EKO Roosevlt, Chef du village
Lobé
A votre avis quel est l'impact de la construction du PORT
sur l'environnement (fleuve et mer, champs, animaux etc.)
La pollution est inévitable si les pouvoir publics ne
prennent pas les mesures à temps. Il est important de veiller sur le
recyclage des déchets des sociétés qui vont s'installer
sur ces sites ainsi que les bateaux qui vont accoster. Mais comme nos
dirigeants sont laxistes, avares et égoïstes, nous sommes
très sûres que le chaos est inéluctable.
Les dirigeants et les acteurs économiques de notre pays
continuent à prendre les affaires et les investissements publics
à la légère, simplement pour satisfaire leurs
égoïsmes et intérêts personnels. Le tronçon
routier Kribi-port est insignifiant compte tenu du trafic qu'il va supporter.
Pour le moment tout va bien mais si nous faisons une projection dans 10 ou 15
ans après, cette route à grand trafic, sera comparée
à une route de quartier modernisée.
Nous assistons aujourd'hui à un achat important de
terrain. Et ce déferlement est orchestré par les autorités
compétentes c'est-à-dire les sous-préfets, les personnels
du cadastre et domaine etc. En bref c'est une mafia comme nous avons l'habitude
de le voir en occident qui s'est déjà installée ici. Et ce
sont les pauvres et les faibles qui subissent. Les autochtones moins avertis et
avides d'argent sont trompés dans la vente des terrains. Par exemple,
pour une parcelle de 2000 m2, ils peuvent recevoir une somme de 500
000 F CFA (environ 763.36€) et une vieille automobile restaurée
à hauteur de 200 000 FCFA (environ 305.34€) dont les pièces
de rechange sont rares et chères et qui peut avoir vue l'âge de la
voiture, une valeur marchande de 800 000 F CFA(1221.37€). Au final, la
voiture roule pendant une ou deux semaines et surviennent les pannes. Tout le
reste d'argent quand celui-ci n'a pas servis à faire des fêtes,
sera encore investis dans ledit véhicule et finalement va être
garée dans la cour de ce dernier, signe d'une affaire conclue. Des
exemples pareils sont légions.
Quel est l'impact sur le plan économique
(opportunité de travail, de formations, d'études etc.) ?
Le volet économique est un autre maillon de la chaine
qui nous préoccupe. Rien n'a été fait à ce niveau
et les résultats que nous avons aujourd'hui ne sont pas surprenants.
Aucun jeune d'un village quelconque n'a une formation requise pour les
sociétés qui se sont installées ou qui vont s'installer.
Les quelques jeunes qui ont été employés dans ces
sociétés gagnent des sommes d'argent minable à savoir
35000 F CFA/mois (53.43€). Tous ont préféré
abandonner ces emplois pour retrouver leur activité de pêche
où un seul tour en mer leur rapporte plus de 35000 F CFA. En faisant un
calcul simple c'est-à-dire 35000 F CFA/ jour, et en travaillant pendant
10 jours, ils ont un gain de 350 000 CFA (environ 530.43€).
Conclusion ces travaux mal payés ne sont pas
importants. Mais il ne se fait pas tard pour qu'on forme les jeunes. C'est
pourquoi j'ai pris sur moi de créer un CETIC19 qui va de la
1ere à la 2ème année. Il renferme comme
filière, la maçonnerie, la menuiserie,
l'électricité, la comptabilité. Les jeunes formés
pourront prétendre à des meilleurs emplois et salaire.
Depuis l'installation de ces sociétés, l'on
constate une augmentation du cout de vie. Ce sont les nécessiteux qui
payent les frais et non les nantis.
Quel est l'état actuel du volet traditionnel avec
cette proximité ? (Cultes, rites, espaces sacrés, etc.)
Ce volet est celui qui fait encore le plus mal. Toutes les
espaces sacrés sont vendus. Nous pouvons citer l'achat d'un
cimetière de à proximité du village Mbéka'a. Les
rites qui se pratiquent au niveau des cours d'eau sont menacés de
disparition parce que les cours eaux commencent à se polluer. Dans 10
ans ou plus qu'en sera-t-il ? Plusieurs sites de rituels et touristiques ont
été détruites au détriment de la construction du
port. Si rien n'est fait les traditions, les cultes, les rites et tous les
autres espaces sacrés vont totalement disparaitre.
S.M BeundeEvilaLudwing, Chef du Village
deBwambè :
A votre avis quel est l'impact de la construction du PORT
sur l'environnement (fleuve et mer, champs, animaux etc.)
Les populations autochtones ont salué l'avenu de ce
projet en sachant que les villages vont connaitre l'évolution à
travers la construction des écoles, hôpitaux, et surtout
l'amélioration du niveau de vie de chaque famille par le biais des
indemnisations des terrains qui vont être faites. Mais aussi que les
jeunes vont être formés et trouver des emplois décents.
Mais la réalité actuelle a causé un dégout chez les
riverains qu'ils auraient souhaité que ce projet n'existât point.
Les fleuves sont déviés transformés, nous assistons
à un vaste déplacement des animaux, les habitants sont
obligés de partir un peu plus loin dans les forêts pour
recréer d'autre champs. Les indemnisations sont partielles. Au lieu de
venir résoudre un problème, le projet en crée plutôt
une multitude. La déforestation déplace les populations de leurs
zones d'occupations vers d'autres. Si ce rythme incessant continu, est- ce que
le recasement sera possible ? C'est autant de questions que se posent les
riverains. Les autorités ont parlé de recasement des populations
vers de nouveaux sites, mais c'est un leurre parce que les travaux qui sont
envisagés concernent plutôt les futurs employés du port.
Les terres sont arrachées, et les populations ne sont pas
recasées et seront obligées de se débrouiller comme elles
peuvent.
19 Collège d'Enseignement
Technique, Industriel et Commercial.
102
Quel est l'impact sur le plan économique
(opportunité de travail, de formations, d'études etc.) ?
Il n'y a pas d'opportunité pour les riverains. Aucune
structure de formation n'a été implantée malgré la
demande faite par les chefs traditionnels et les populations lors des
différentes rencontres avec les autorités avant le lancement du
projet.
Les sociétés installées pour
l'implantation du port n'emploient pas les riverains. Si on prend le cas de la
centrale à Gaz, les noms des ingénieurs camerounais retenus n'ont
pas été pris en compte. Tous les travailleurs viennent de la
Suisse, du Canada et d'autre pays. La société chinoise CHEK
n'emploie aucun jeune du village, RAZEL20 a recruté par
village quelques jeunes par rapport à ce projet. Même les
sociétés Camerounaise (FNE) n'encouragent pas les jeunes du
village. Les travaux et les formations sont faits pour les personnes venant
d'ailleurs au détriment des jeunes du village.
Pas de projet d'étude environnemental sur le terrain.
Toutes les études se sont faites dans les bureaux ignorant ainsi les
réalités du terrain.
Quel est l'état actuel du volet traditionnel avec
cette proximité ? (Cultes, rites, espaces sacrés, etc.)
Les chefs traditionnels observent impuissamment comment les
sites sacrés, les sites réservés aux rites et lieux de
cultes sont en train d'être détruites. Pour le moment l'extension
du projet ne touche pas encore tous les sites sacrés. Néanmoins,
nous déplorons la destruction du rocher sacré (le Rocher du Loup)
sur lequel le port passe. Et cette situation empêche actuellement toute
manifestation culturelle.
Lors de notre dernière visite sur le site, nous avons
eu l'opportunité d'assister à la réunion des collectifs de
tous les chefs de la région qui sont touchées par le projet du
Port. Les chefs déploraient les promesses non tenues et
l'indifférence des responsables du port à ce propos, et mettaient
en oeuvre les stratégies pour manifester leur colère et
indignation auprès du chef de l'État, face au pillage et à
la destruction du site mais plus encore le Trafic des indemnisations et des
titres fonciers orchestré par les autorités administratives.
Les Associations des jeunes (pécheurs et guides)
:
La plupart des jeunes de ces villages sont soient
pécheurs, soient guides et sont tous regroupées au sein d'un
collectif d'association. Ils s'organisent pour l'entretien des plages,
notamment celle des Chutes de la Lobé, et s'occupent aussi de la
restauration au bord des
20 Filiale nationale de l'Entreprise
française de construction et des travaux publics RAZEL-BEC
103
chutes de la Lobé. Ils assurent aussi en
général la sécurité du site ça faut-il le
préciser il est encore ouvert. Lors de ma dernière visite sur le
site en Avril 2016, j'ai eu l'opportunité de les rencontrer sur la plage
au bord des chutes.
Comment appréciez-vous la présence du Port
sur votre site ? Quels sont les avantages et les inconvénients ?
Notre site a toujours été convoité par
les grands projets, par tous les Ministères qui défilent ici,
mais avec le Projet du Port, nous nous sommes dit, nous allons sortir du
chômage. Ils nous ont promis du travail, des formations, nous pensions
que notre vie allait changer. Mais si vous nous voyez tous réunis ici
à la plage pour vaquer à nos occupations, c'est que rien n'a
changé.
Les chinois sont racistes et amènent des
employés de la Chine. Nous n'avons jusqu'alors
bénéficié d'aucune formation. Ils nous utilisent comme
manutentionnaires et nous font travailler plus de 15 heures par jour. Nous
devons portez des charges lourdes manuellement qui mettent notre santé
en péril et pour un salaire dérisoire. Alors nous avons
préservé notre santé et préférons nous
occuper de la pêche notre activité première.
Quels sont donc en dehors de la pêche vos
occupations actuelles ?
Nous avons ici beaucoup de petites associations reconnues par
les autorités administratives locales, mais nous sommes tous
regroupés au sein d'un collectif d'Association ou nous avons des
pécheurs, des restaurateurs, des guides. Avant nous n'étions pas
organisés mais nous avons déjà des guides
spécialisés pour les chutes, pour le fleuve Lobé et pour
tous les autres sites ; Nous nous occupons aussi de la sécurité
et de la propreté de la plage. Mais nous avons un gros problème
de sécurité, car depuis le problème du Port, les gens font
main basse sur le site, regardez à titre d'exemple, nous avons vu ici un
Monsieur qui a débarqué ici avec des engins et ont commencez
à tout couper, à tout défricher, en disant qu'il est
envoyé par la Première Dame de la Républiques pour
construire un hôtel. Vous vous imaginez, construire un Hôtel
à cet endroit c'est détruire la beauté du site ? Nous
avons voulu nous y opposer mais il avait une sorte de bandes de « gorilles
armés ». Alors nous avons fait appel à l'autorité
administrative qui a fait suspendre les travaux. Ce qui devrait être un
signe que c'était une arnaque. Nous ne savons comment défendre
notre site de ce type d'envahisseurs qui n'hésitant pas à usurper
les identités des hautes personnalités de la République
pour nous arnaquer. Nous n'avons plus rien à dire sur notre site ? Non
nous voulons nous défendre désormais et trouver des bonnes
stratégies.
104
Les représentants des femmes au foyer des
villages du site:
En tant que femmes autochtones ou vivant sur le site
comment apprécier vous la présence du Projet du Port ?
Vous savez que notre principale activité ici est les
champs et la pêche des crevettes. Mais depuis la présence de ce
projet, nos champs sont détruits et nos terres e nous appartiennent
plus. Alors nous n'avions plus que la pêche des crevettes pour survivre,
même ces crevettes-là, nous n'en avons plus, car la plupart
meurent à cause de l'eau du fleuve devenue insalubre. Nous aurons voulu
que le Port nous aide à moderniser notre pêche jusque-là
artisanale, de manière à être plus présente sur la
marche dont la demande devient de plus en plus nombreuse avec tous ses
étrangers sur le site. Mais rien de tout cela a été faite,
au lieu de cela, ils tuent nos crevettes et ne prennent pas aucune protection
pour les protéger. Ils nous avaient pourtant promis de préserver
nos crevettes et notre poisson, c'est la seule richesse que nous avons de la
nature, si tout s'en va, c'est la famine et la mort qui va suivre.
Le conseil exécutif des chefs
traditionnels.
Lors de notre séjour sur le site en Avril 2016 nous
avons eu l'opportunité de rencontrer quelques chefs traditionnels sur le
site à l'issue d'une réunion de crise sur les problèmes
dans leur territoire, notamment avec le Projet du Port de Kribi. Nous n'avions
pas l'autorisation d'assister à la réunion, mais ils ont
accepté de nous accorder un entretien.
Quelles sont l'état des promesses que vous ont fait
les responsables du Port et quelle est la situation actuelle sur le site
d'après vous ?
Aucune des promesses faites par le Port ou de nos propositions
n'ont été tenues. Ils nous ont promis que la tranquillité
et la sécurité des populations sur le site serait
préservées, mais à ce jour le sommeil est désormais
perturbé à cause des camions qui passent en permanence et de
surcroit à une vitesse dangereuse. D'autre par les signes de la
pollution sur le fleuve deviennent évidentes, car l'eau a
désormais en couleur jaunâtre. Le projet de l'autoroute
empiète sur le développement, il entraine la destruction des
terrains et des maisons, ainsi que des cultures champêtres, l'agriculture
devient inexistante et la famine s'installe dans les villages.
L'indemnisation promise a été bafouée, et
donnée à moitié. Les évaluations y relatives ont
été mal faites, elles n'ont pas tenu compte de la valeur
sentimentales de nos biens immobiliers et au final, nous nous posons la
question de savoir si le développement de la ville de Kribi est pour qui
et au profit de qui ?
Chef de
Ndoumalè
Chef de
Mbeka'a
Chef de Bwambè
Chef de Lobé
Parties prenantes
Quel est l'impact de la zone industrielle de Kribi sur le paysage
culturel des chutes de la Lobé
Impact sur le plan traditionnel (cultes,
rites, espace sacrés....)
Questions
Nous avons de l'accroissement de la pollution
déjà existante sur le site depuis plus de 30 ans avec la
présence sur le site de HEVECAM et SOCAPALM qui
déversent déjà des déchets sur le fleuve, qui nous
donne ces écrevisses si recherchées et qui seraient une
espèce unique une unique au monde. Les premières
sociétés déjà implantées nous ont toujours
données des garanties jamais respectées et avec les nouvelles qui
arrivent là nous sommes pessimistes.
Le cadastre donne des titres fonciers sans en
référer au droit coutumiers et aux véritables
propriétaires
Au niveau de la gestion de l'espace nous avons peur pour nos
traditions et rites, or nous sommes des peuples du bord de l'eau nous ne
pouvons pas nous passer de ces rites.
En plus du complexe aéroportuaire, il y a en plus, Rio
Tinto Alcan, Société d'aluminium, EDF Suez.
Le projet n'entretient aucune relation avec les chefs, or ce
sont les chefs qui sont à la base.
Autorités traditionnelles
Réponses
Observations
105
En parlant de la Localisation, délocaliser une
population est la tuer, et en plus la non implication des populations
elles-mêmes dans ce processus est plus grave encore. Nous
déplorons le fait que tout ce qui se passe sur le site se passe sans
nous, nous ne sommes impliqués dans aucune décision qui engage
nos vies, notre communauté, et l'avenir de nos enfants, il n'existe
aucune plateforme de rencontre, ou de dialogue entre nous populations
riveraines et les décideurs.
3. Tableau récapitulatif des interviews
réalisées sur le site, juillet 2015
Impact de
développement et impact économique
La crainte que nous avons et qui est déjà
réelle, c'est la perte de la notion de village, nous risquons devenir
des quartiers d'une ville et c'est un danger pour la préservation de nos
cultes et rituels
Le constat est désolant, il n'y a aucun contact et
aucune collaboration avec nous qui sommes la base, nous retrouvons dans des
réunions comme des étrangers
Quel est le niveau de collaboration entre
les autorités traditionnelles que vous êtes et
les
responsables des projets sur le site
Ici nous n'avons aucune école, aucun centre de
santé, le seul centre de santé est une ONG Espagnole. Regardez le
quota par population. La première école maternelle est à
20km. l'électricité ici a été grâce à
la visite du Pape ici. Il était venu voir les pygmées. C'est
ainsi que suite à une correspondance, nous avons eu une mission venue de
Yaoundé. Cette ligne n'est même pas encore connu au niveau de la
SONEL de Kribi.
Les populations locales ne profitent rien de ces projets. Ils
ne viennent pas sur le terrain, ils restent dans leur bureau et ne s'occupent
pas de l'aspect social.
|
Les responsables du MINAC en charge du projet
d'inscription
106
Quelles sont les garanties de préservations culturelles et
cultuelles
Le MINAC n'a pas été impliqué dans le
projet, sinon, nous aurions posé le problème sur
l'archéologie préventive ;quel est le potentiel fait avant les
travaux
107
|
|
Garanties de la préservation de
l'écosystème
|
Pour le futur, surtout l'aspect
immatériel, le fleuve Lobé est
déjà menacé, mais la procédure voudrait
que les populations saisissent le ministère pour
l'inventaire. On ne peut pas préserver ce qu'on ne
connait pas, et il faut une concertation avec les
propriétaires.
|
|
|
|
|
Mais s'ils vendent leur terrain aux étrangers, que
pouvons-nous faire, mais si la demande est faite, le ministre peut mettre des
mesures de préservation.
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Quel apport
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Ils avaient émis des réserves sur le
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|
d'après vous
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projet par rapport à leurs
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des
retombées
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possessions foncières
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Destruction
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Mais nous n'avons jamais été saisis
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du rocher du
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officiellement. Je ne connais pas
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Loup, rocher
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l'existence de ce site, mais si nous
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sacré.
|
avions été saisis, le ministre aurait
intenté une action de préservation.
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|
On aurait pu trouver une solution, documenté, et avec les
populations
on aurait trouvé des solutions adaptées
|
|
108
ANNEXES
TABLE DES IMAGES
Fig.1 : Vue de la maquette prévue du monument de
la mère de l'humanité.
Sources :
http://www.journalducameroun.com
,consulté le 20 avril 2016
109
Fig.2 : Vue des Initiés se
préparant pour des cérémonies rituelles aux Miengu pendant
les cérémonies festives traditionnelles. Photo d?Esoh
Elamè .
110
Fig.3 : Carte administrative du Cameroun, Source
:
http://www.izf.net, consulté le
15/08/16.
Légende :
Périmètre du paysage culturel des chutes de la
Lobé ;
Périmètre de la zone tampon ; Forêt et
palmeraie de la SOCAPALM ;
111
Fig.4.Carte du paysage culturel des chutes de la
Lobé, source : Plan de gestion du site.
112
Fig.5 Vue du fleuve Lobé, en haute saison
des pluies, se jetant directement dans la mer par le biais de chutes, Photo de
Suzanne Pulchérie Nnomo Ela (SPNE), 20 juillet 2015.
Fig.6.Tortue en
ponte Fig.7.Tortues pêchée destinée
à la consommation Fig.8.Eclosion de
tortue. Photos prises par sur le site
www.editions2015.com .
Consulté le 19 avril 2016
113
Fig.9.Vue du campement Bakola de Nanikoumbi,
photo prise par Charles Patrice Afane, le 17
aout 2016
Fig.10.Vue d'une cérémonie
rituelle d'invocation des Jengu Pendant le Mayi. Images
de Jacques Eric Andjick,
http://actucameroun.com
114
Fig.10.Vue des évidences de
développement dans le village Ndoumalè envahi par les projets de
développement du port, photo de SPNE, Avril 2016
115
Fig.11.Vues du Port Autonome de Kribi, Photos
Prises par Suzanne Pulchérie NNOMO ELA,
Avril, 2016
116
Fig.12.Vue de la Plage des chutes en 2006,
photo prises par Suzanne Pulchérie NNOMO ELA, novembre 2006.
Fig.13 et 14. Vues de la Plage des chutes en
2016, photos SPNE
.
117
Fig.15 et 16. Vue de la plage de chutes de la
Lobé Photos prises par Suzanne Pulchérie NNOMO ELA, Avril 2016
Fig. 16, 17, 18. Vues du pont offert par le BIR,
photos de Mireille ELA, Avril 2016
118
Fig 19.Habitat traditionnel des villages du
paysage culturel des chutes de la Lobé, Photos prise par SPNE, avril
2016.
Fig.20.Maison témoin, modèle
éventuel pour le plan d?urbanisation, photo de SPNE, Avril
2016
119
Fig.21.Jeune enfant de 8 mois, souffrant de
pustules sur la peau depuis quelques mois. Photos de SPNE, avril 2016
120
PROJET TUTORE : LE TRAMWAY
UN PROJET COLLECTIF MENE PAR
? SUZANNE PULCHERIE NNOMO ELA ? NEVENA
ILIC ? DANA SALPINA ? INDIRA
COSTA
SOUS LE TURORAT DE MATTIA GUSELLA
LA REDACTION DE LA PARTIE PERSONNELLE DU PROJET
COLLECTIF.
121
PAR SUZANNE PULCHERIE NNOMO ELA
122
TABLE DE MATIÈRES
I. Définition du Sujet 7
II. Problématique 14
III. Historiographie et méthodologie
15
I. Contexte de création 38
II. Objectifs 39
III. Impact socioéconomique du projet
40
I. Le paysage culturel des chutes de la Lobé, de
notre dernière visite à ce jour 56
II. Le paysage culturel des chutes de la Lobé et
l'impact du projet du Port 62
III. Le port de notre dernière visite a de nos
jours. 64
IV. En direction du MINAC, Porteur du Dossier
d'inscription 75
IV. En direction des responsables du Port de Kribi
79
V. En direction des autorités traditionnelles et
municipales 81
Conclusion Bibliographie
123
INTRODUCTION
Le Master Erasmus Mundus TPTI dans son programme
pédagogique, a introduit un concept appelé « projet
tutoré ». Le projet tutoré est un projet de travail de
groupe qui regroupe un nombre restreint d'étudiants de qualification
souvent différentes et sous la supervision d'un tuteur ; ces
étudiants doivent monter un projet autour d'un thème qui pour la
plupart est un objet technique et ce projet peut être un site internet.
Tel qu'il est conçu par la coordination du programme21, Le
projet tutoré est une valeur ajoutée. Sa mise en place est le
fruit de l'expérience acquise en matière de gestion de groupe
multiculturel et de suivi à distance des étudiants. Les
étudiants sont répartis en groupes de travail en croisant leurs
compétences initiales : architecture, histoire, archéologie,
muséologie, gestion ou droit. Chaque groupe reçoit en
début de parcours un thème général à partir
d'axes de recherche décidées par l'équipe
pédagogique et décide, avec leurs tuteurs, de la
réalisation à laquelle il travaillera durant les quatre
semestres, soit :
- une valorisation muséale de site ou de collection
;
- la mise en place d'un musée virtuel ;
- la mise en place d'un inventaire ;
- la valorisation esthétique ou culturelle de site ou
de collection ;
- l'organisation d'une exposition.
Dans le cas de notre Promotion, « Diversité Mundus
», les étudiants ont été divisés en deux
groupes et chaque groupe a reçu le sujet, ou mieux l'objet de son projet
tutoré. Le thème attribué à notre groupe a
été le Tramway. De concert avec notre tuteur, il y a eu une
répartition des tâches et le thème a été
subdivisé en sous thèmes selon la formation d'origine de chacun,
de manière à ce que chaque étudiante puisse aborder le
sujet à partir d'un thème qui se rapproche le mieux de sa
formation universitaire initiale ou de son expérience professionnelle.
Comprendre et expliquer le Tramway devient donc le défi majeur du
groupe. Le tramway, selon le dictionnaire Larousse22, était
autrefois, un chemin de fer établi sur la chaussée d'une route ou
d'une rue au moyen de rails sans saillies, (rails à ornières) ;
c'était aussi une voie ferrée d'intérêt local
établie en totalité ou en partie sur la voie publique ou en
accotement de route. Mais aujourd'hui, c'est un chemin en fer électrique
destiné au transport urbain et suburbain des voyageurs, implanté
totalement ou en partie sur la chaussée des rues empruntées. Mais
plus encore, c'est le véhicule qui circule sur ces voies. Le mot tramway
n'a
21
http://www.tpti.eu/fr/le-projet-tutore
, consulté le 20/08/2016
22
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/tramway/79015
, consulté le 20/08/2016
pas une origine précise selon le site
www.etymonline.com23 , en effet d'après ce site il
proviendrait d'un mot flamand qui signifierait « poutre ou arbre d'une
brouette ou en traîneau», ou encore, « un corps de brouette ou
un camion », mais selon le dictionnaire la version la plus probable
viendrait de l'anglais Traw-way dont l'explication en français Tram :
rail plat et way : la voie. Le tramway, plus familièrement appelé
tram est apparu aux Etats Unis pour la première fois durant la
première moitié du XIXe siècle, ils sont alors
tractés par des animaux, en général des chevaux avant de
s'internationaliser au fils des siècles suivants. Aussi pour suivre
l'évolution du tramway en rapport avec les sous thèmes
décernés à chacun, la borne chronologique est fixée
à partir du XVIIIe siècle. Ce qui permet de voir aussi quelles
méthodes de locomotion étaient utilisées avant le tram.
L'intérêt dans la recherche c'est de retrouver les
différentes évolutions du Tramway, non seulement sur le plan
technologique, mais sur le plan du développement urbain et sur le plan
culturel, en termes de production artistique et culturelle ou en termes de
matérialisation patrimoniale. La partie qui nous a été
échue, était celle concernant l'impact du Tramway sur les
productions artistiques et culturelles pendant les périodes et lieux
prédéfinis durant les différentes étapes que va
connaitre notre travail de groupe. Dans les différentes parties qui vont
suivre, nous allons présenter l'organisation collective du travail de
groupe, sa justification et les différentes méthodes
utilisées, les résultats attendus et les résultats
obtenus.
124
23
http://www.etymonline.com ,
consulté le 20/08/2016
125
CHAPITRE I
PRESENTATION GENERALE DU PROJET ET ORGANISATION
COLLECTIVE
DU TRAVAIL
Dès la connaissance de la composition des groupes et le
thème imposé, les membres du groupe, essentiellement
féminin, ont eu d'abord le premier réflexe de faire connaissance.
Le groupe que nous allons appeler le « groupe tramway », sous la
discrétion de la coordination du Programme de L'Université Paris
1 Panthéon -Sorbonne a été formé de :
- Suzanne Pulchérie NNOMO ELA, Gestionnaire du Patrimoine
Culturel
- Nevena Ilic, Diplômée en Photographie
- Dana Salpina, Diplômée en Gestion du Tourisme
- Indira Costa, Architecte. Et plus tard nous avons eu le nom de
notre Tuteur, Mattia Gusella, Doctorant, Ancien étudiant du Master
TPTI.
I. Présentation générale du
Projet
Pour bon nombre d'entre nous, le concept de projet
tutoré était complètement inconnu et pour ceux qui en
avaient déjà entendu parler, le concept était vague.
Aussi, sans négliger les orientations du Programme, il était
impératif de savoir ce qui avait déjà été
écrit sur ce concept. Le premier constat était que le projet
tutoré n'était pas une exclusivité du Master Erasmus
Mundus TPTI. A l'université de Paris de Paris 1324, il est
inscrit dans la cadre de la formation des étudiants. Sur le site de cet
Université française, il est dit que le projet tutoré
consiste en la réalisation par un groupe d'étudiants, d'une
étude portant sur des cas concrets dont la définition
correspondra aux besoins et aux demandes de l'environnement économique.
D'une durée prédéfinie, il sera mené dès le
début des enseignements. Les choix des thèmes de projet se feront
parmi une liste présentée conjointement par les professionnels
des différents secteurs et les enseignants de la licence. Les grands
clubs, les collectivités locales et territoriales partenaires de ce
projet fourniront un large éventail de thèmes couvrant l'ensemble
des grands domaines de cette licence. Le projet sera sanctionné par un
rapport écrit et par une soutenance devant un jury constitué de
professionnels et d'universitaires.
Natalie Gardes, Maitre de Conférences en Sciences de
Gestion à l'Université de Bordeaux en France,
préfère « franciser » le concept et le nomme «
Projet Tuteuré ». Pour elle25, Le
24
http://www.iutsd.univ-paris13.fr
25 GARDES, Nathalie, Projets tuteurés
2012-2013, UIT GEA Bordeaux, IV, p.3
126
projet tuteuré est un travail de groupe qui
réunit 3 à 5 étudiants pendant toute l'année
universitaire. Le projet tuteuré est une activité proposée
en deuxième année. Au total 300 heures sont concernées
(soit environ 1/2 journée par semaine. Le projet tuteuré permet
aux étudiants de :)
Mettre en pratique les savoirs acquis au cours de la
formation,
Travailler au sein d'une équipe sous contrainte de
temps et de moyens, Démontrer leurs capacités d'initiative,
d'autonomie et de responsabilité,
Répondre à une demande réelle en
analysant une situation et en proposant une solution adaptée.
En ce qui concerne les objectifs du projet tutoré, le
Service Universitaire de
Pédagogie - Université Paul Sabatier Toulouse 3 a
publié un guide26 ou il propose une
liste qui peut donner des idées d'objectifs
d'apprentissage dans le contexte d'un projet.
- Apprendre à travailler en équipe,
- Savoir composer avec les méthodes de travail de
chacun,
- Savoir se coordonner,
- Savoir prendre sa place dans un groupe (participation,
écoute, respect),
- Développer sa capacité à communiquer et
à gérer les conflits,
- Savoir rendre et demander des comptes,
- Apprendre à être autonome,
- Savoir prendre des décisions et des initiatives
collectivement,
- Assumer ses responsabilités,
- Savoir prendre contact avec des personnes ressources,
- Apprendre à chercher et synthétiser de
l'information,
- Savoir trouver des sources d'information (documents, personnes
ressources)
diversifiées et fiables,
- Trier et sélectionner l'information,
- Organiser et synthétiser,
- Acquérir une expérience professionnelle,
- Acquérir des méthodes de conduite de projet,
- Apprendre à respecter un planning,
26 Service Universitaire de Pédagogie,
Le guide du projet tutoré - Fiche outil, Université Paul
Sabatier Toulouse3, p.1.
127
- Savoir démarcher des professionnels,
- Savoir gérer l'incertitude,
- Acquérir, développer des savoirs,
- Développer des compétences (mobiliser et
approfondir en situation des savoirs et des
savoir-faire acquis lors de la formation),
- Faire des liens entre différentes disciplines de la
formation,
- Acquérir de nouveaux savoirs et savoir-faire en lien
avec le thème du projet,
- S'accomplir personnellement,
- Se découvrir dans des situations professionnelles,
- Prendre confiance dans ses capacités
professionnelles,
- Savoir gérer le stress,
- Savoir gérer les relations interpersonnelles au sein
d'un groupe.
Ces différentes lectures personnelles étaient
une bonne base préparatoire pour se lancer dans le processus du Projet
Tutoré, avec des idées plus claires. En effet ces
différents de complètent et dans nos lectures il a souvent
été mentionné de l'intervention ou de l'implication de
partenaires extérieurs au Projets qui sont d'un appui technique dans la
démarche. Cet appui nous a été donné sous forme de
cours magistral en informatique ciblé sur la connaissance de l'outil
informatique et précisément sur le logiciel sur lequel nous
devrions nous appuyer pour mieux matérialiser notre projet sur un
support numérique. Le Professeur était Léo Dumont à
Paris, et le Logiciel de support, Omeka.
Comprendre ce logiciel et intégrer les cours
était un nouveau challenge. Pour le site
http://www.biblibre.com27:
« Omeka est un logiciel Open Source qui se situe à l'intersection
entre des systèmes de gestion de contenu web (CMS) comme Drupal ou
WordPress, des systèmes de gestion d'archives comme Fedora ou Dspace et
des systèmes de gestion de musées tels que TME ou KE Emu ».
En clair, le Logiciel Omeka permet la publication de toutes sortes de fichiers
: texte, image, son, vidéo, etc. Il est possible de combiner ces
fichiers au sein d'un seul document, afin de multiplier les sources
d'informations. L'on peut également ajouter des tags à ce
document afin que le visiteur le retrouve plus facilement, et pour qu'il soit
en mesure de trouver plusieurs documents traitant d'un même sujet. Afin
de faciliter sa navigation et l'ergonomie du site, il est possible de ranger
les documents dans des collections. Si l'on souhaite une mise en avant plus
périodique, il est possible également créer une
27
http://www.biblibre.com ,
consulté le 22/08/2016
128
exposition. Il est ensuite possible de mettre en avant sur la
première page du site tout
document, collection ou exposition de votre choix ou encore de
créer un parcours thématique
pour guider vos visiteurs.
Pour une meilleure visibilité du Logiciel Omeka, il existe
un panneau d'administration (ou
tableau de bord) d'Omeka, c'est l'endroit où l'on
gère l'installation Omeka. À partir du tableau
de bord vous il y a des statistiques de l'installation actuelle,
les documents et les collections
ajoutés ou modifiés récemment ainsi que des
onglets permettant de gérer les documents,
collections, tags, expositions et plugins entre autres. Dans la
partie supérieure du panneau
administration il y a la possibilité de :
- Modifier les paramètres généraux de votre
installation,
- Installer et configurer les plugins,
- Modifier l'apparence de votre installation,
- Ajouter, modifier, supprimer des utilisateurs et leurs
droits,
- Supprimer des champs des notices,
- Ajuster la recherche,
- Et gérer la sécurité de votre
installation.
Pour la gestion des utilisateurs, quatre niveaux d'accès
pour les usagers enregistrés sont
disponibles afin de réguler au mieux l'accès et la
modification de vos données. Ces quatre
niveaux ont les droits suivants :
- Super utilisateur :
Qui peut accéder à toute l'interface
administrateur, au droit de modifier les paramètres
sensibles de l'installation, modifier les usagers, le
thème ainsi que les paramètres généraux.
- Administrateur :
Qui a le droit d'accéder et de modifier les documents,
collections et tags.
- Contributeur :
Qui a le droit d'ajouter et de modifier les documents qu'ils ont
créés. Il peut également être
autorisé de créer une exposition en utilisant
n'importe quel document de l'archive et a
l'autorisation de voir n'importe quelle exposition publique
depuis l'interface administrateur.
- Chercheur, qui a le droit de voir tous les
documents et collection qu'ils soient privés
ou publics, mais ne peut pas les modifier.
Comprendre et intégrer ce cours était absolument
indispensable pour la réalisation du
Projet tutoré.
Nous étions à Paris et notre Tuteur résidant
à Padova en Italie, nous devions avoir des
réunions et des séances de travail par une
méthode de communication vidéo à distance ; Nous
129
avons choisi Skype, plus facile d'utilisation et plus
accessibles à tous. Toutes les réunions devaient se tenir au
Campus Malher28, lieu où est localisée la Coordination
générale du Master TPTI. Il nous arrivait aussi de nous retrouver
autour d'un café à la pause pour discuter de nos idées
communes et de l'orientation de notre projet.
II. Définitions des sous- thèmes et
répartition
Lors de la première réunion et de toutes celles
qui ont suivies, le groupe a eu le temps de mieux faire connaissance et de
trouver une stratégie de travail de groupe efficace pour mieux aborder
le thème. Il a donc été décidé de trouver
des sous thèmes afin de mieux orienter la recherche sur le Tramway sous
des aspects différents afin que chaque étudiant soit
focalisé sur un axe de recherche différents, sans qu'il soit
fermé aux autres. Après plusieurs propositions il a
été décidé de proposer les sous thèmes
suivants. Les patronymes ont pu être échangés mais le
contenu était le même.
1. Evolution Technologique du Tramway
2. Impact Urbain du Tramway.
3. Valorisation du Tramway
4. Impact Culturel du Tramway.
Une fois les sous thèmes identifiés, il a
été procédé à la répartition des
sous-thèmes.
- Indira, Architecte a choix de travailler
sur le premier « Evolution technologique du Tramway
». Il était d'après elle plus en adéquation
avec sa formation d'architecte et requérait des connaissances techniques
quelle avait acquise au cours de sa formation ;
- Dana, Diplômée en Gestion du Tourisme,
a opté pour le thème Impact Urbain du Tramway. De par sa
formation, elle avait les outils pour mieux étudier les impacts urbains
du tramway dans les villes ou il est implanté.
- Nevena Ilic, Photographe, estime avoir les
aptitudes artistiques pour mieux cerner les différentes formes de
valorisation du Tramway.
- Suzanne, Gestionnaire culturel.
Professionnel du Patrimoine culturel déjà en
activité, pense avoir le profil pour mieux identifier les
différents impacts culturels du Tramway dans la vie des hommes et des
femmes de lettres et de culture qui ont été sensible au Tramway
au point d'en faire un objet d'art.
-
28 9, rue Malher, 75004 Paris
III. Organisation collective du travail
130
A. La stratégie
Dans le but de mieux développer notre projet, nous
avons ciblé notre étude sur le Tramway du XIXe et du XXe
siècle en développant les quatre sous-thèmes
précédemment identifiés. Dans chaque sous thème,
sur la base des recherches effectuées et des résultats obtenus,
le site est enrichi de documents et de contenus visant à donner les
informations y afférentes au public cible. De ce fait, il y a des types
de documents pouvant être communs à l'ensemble des
sous-thèmes, mais il peut également apparaitre des contenus
spécifiques. Les documents présentés sur le site, ainsi
que les contenus sont donc étroitement liés avec les
sous-thèmes développés sur la base du sujet principal qui
est le Tramway. Nous allons donc dans un premier temps, mettre en exergue la
stratégie utilisée, ensuite la mise en oeuvre du Projet et enfin,
une analyse synthétique sur les documents et contenus commun
1. Impact culturel du tramway
Dans la période donnée, cette partie recense au
maximum, les productions culturelles, influencées par le Tramway, ayant
influencé les artistes de cette époque. Ainsi cette production a
été répartie en quatre collections :
Le tramway en littérature : ici est
faite une synthèse de lecture des livres et production littéraire
ayant pour sujet principal le tramway, ou dont le récit rappelle
l'époque de l'apparition du tramway. Cette partie présente des
extraits de lecture ou des couvertures de livre traitant de ce sujet,
Le tramway dessiné : le tramway a
inspiré des oeuvres d'art, tels des tableaux, des aquarelles, des images
sur céramique, des cartes postales, etc. cette collection
présente les pièces les plus pertinentes et donne des
informations sur l'auteur et la disponibilité des objets
présentés,
Le tramway en photos : dans cette partie, ce
sont des photos des tramways anciens restaurés qui sont
présentes. On peut aussi ajouter des photos anciennes
représentant le tramway dans un lieu à la période
donnée. Il est important ici de donner des informations sur l'auteur et
la disponibilité des informations pour le public
Le tramway en vidéo: ici sont
recensées, les bandes sonores et visuelles des films, clips vidéo
de chansons ayant pour thème le tramway. A défaut de la bande, on
peut mettre la photo de l'affiche et toute les informations sur l'existence de
la bande et si possible la disponibilité.
2. Impact urbain du tramway
131
Les différentes collections de ce sous- secteur ont
pour objectif d'attirer l'attention du public sur le processus
d'intégration des travaux de rénovation du tramway dans le
paysage urbain de la ville et vice-versa. Au fil des siècles, le
développement et l'amélioration du niveau de vie de la population
urbaine s'est caractérisé par l'amélioration du transport
urbain. Ici il est important de s'attarder sur les nécessités de
la population en termes de découvertes et d'innovations technologiques.
Ainsi il se traite également dans cette partie de la relation entre les
changements démographiques et le développement du tramway et son
déclin, d'où la nécessité de comparer et d'essayer
de comprendre ces liens dans différentes parties du monde. Cette partie
s'illustre par des cartes urbaines qui ont pour but de matérialiser les
transformations subies par les villes avec l'arrivée du tramway, ainsi
que des graphiques qui présentent des statistiques qui permettent de
faire des analyses comparatives. La collection « Urban transformation
» fait une représentation comparative pertinente des grandes villes
avant et après l'arrivée du Tramway.
3. Politiques culturelles ou de mise en valeur du
tramway
Les différentes collections s'attardent sur les
structures, personnes physiques ou morales qui perpétuent l'image et
l'histoire du Tramway tel des associations, des Musées
spécialisés sur le thème du Tramway. Ils recréent
les paramètres historiques pour simuler les périodes
antérieures, offrant aux visiteurs une interprétation
expérientielle de l'histoire. Il est ici question par exemple d'un type
de musée qui recrée dans toute la mesure et les conditions de
culture, l'environnement naturel ou période historique. Ici les
principales illustrations sont des photos des collections de tramway
présentes dans les musées. Les collections les plus pertinentes
ici sont « Tramway Associations, Tramway Museums, Tramways Open air
Museums, Historical Lines and the old tramways ».
4. Evolution technologique du Tramway
Les collections développées dans ce sous
-secteur présentent entre autres des éléments qui montrent
les différentes formes des voitures en fonction du type d'alimentation,
ainsi que des caractéristiques spécifiques liées à
l'utilisation de l'espace dans la voiture par le passager, et enfin du
transfert de technologies entre différents points du monde. Les
illustrations ici sont des photos qui relatent le tramway de sa première
utilisation avec les chevaux à l'arrivée des technologies
mécaniques. De même, les plans sont largement utilisés ici
pour démontrer
132
l'évolution des différentes conceptions du
tramway au gré des avancées technologiques. Ici l'attention est
attirée sur les collections telles que : « Steam Power, Drawn
animal power, Tramway Pionners ».
Ce qui devrait attirer l'attention du travail de groupe, est
la capacité d'aborder des aspects variés pour présenter et
expliquer le tramway au public. Si tous les différents sous- secteurs
utilisent dans une commune mesure des illustrations photographique, on remarque
que chaque sous - secteur a néanmoins un contenu spécifique
différents des autres dont le contenu sou tend les informations
liées à sa spécificité. Ainsi la
particularité de la catégorie « impact culturel »parait
innovante avec les tableaux peints ou les cartes postales, celle de «
l'impact urbain »avec ses cartes géographiques et ses graphiques
illustratifs ; de même la rubrique « Politiques culturelles ou de
mise en valeur » met en exergue les collections et les pièces de
Musée des collectionneurs, et enfin la rubrique «Evolution
technologique » grâce à ses plans et croquis
schématise parfaitement les différentes phases technologiques par
lesquelles est passé le tramway au cours du temps.
B. La mise en oeuvre
La mise en oeuvre s'est faite de manière progressive au
fil des semestres, même si les différentes activités
ci-dessous listés n'étaient pas fermées, il va de soi que
chaque semestre a vu naitre aune activité dans la mise en oeuvre de la
stratégie.
1. Les réunions avec le Tuteur
Au premier semestre à Paris, elles se faisaient au
gré de l'emploi du temps, mais en moyenne, elles avaient lieu au moins
une fois toutes les semaines. A Paris, nous avons passé beaucoup de
temps à acquérir des notions théoriques et à
organiser le travail. La recherche documentaire a eu une place importante. Les
cours avec l'enseignant Leo Dumont avaient lieu chaque semaine, et nous
permettait de comprendre progressivement le logiciel Omeka, qui devait nous
servir de logiciel de support pour notre page web.
Au second semestre, nous avons retrouvé notre tuteur en
Italie, le rythme des réunions a commencé à
s'accélérer progressivement car nous passions déjà
à la théorie en commençant à utiliser le logiciel
Omeka pour intégrer les Items /objets sur le site.
Au troisième semestre au Portugal. Le travail prenait
de plus en plus de la consistance, car nous pouvions déjà
rassembler les différents Items en collection et commencer à
amorcer l'exposition principale de notre site à savoir la documentation
des trois villes sélectionnées,
133
Paris, Lisbonne, Milan, divisé en quatre
périodes, en vue de présenter le Tramway selon les informations
liées aux sous thèmes de chacun. Nous avions déjà
abordé la phase très technique de l'utilisation d'Oméka,
ce qui était de plus en plus difficile à maitriser pour les uns,
plus que d'autres.
Le quatrième semestre est la phase de la finalisation
du Projet, avec la fin de l'exposition et la création des pages Facebook
et Twitter, pour permettre à notre site de s'arrimer aux nouvelles
technologies. Le rapport présent sanctionne la phase finale de ce
travail en attendant la présentation de notre projet collectif devant
les membres du Jury, à Paris, à L'université Paris 1,
Panthéon Sorbonne.
2. La Bibliographie.
Une bonne partie du Premier semestre à Paris a
été consacrée la recherche documentaire pour trouver des
informations pouvant étayer les différents sous thèmes.
Elle n'était pas limitée, car le but était de trouver un
maximum d'information de tous les pays, dans les périodes chronologiques
choisies afin d'illustrer ou d'enrichir les informations utiles pour le
Logiciel Omeka. Les résultats de ses recherches sont l'essentiel des
sources qui matérialisent les Items du Logiciels.
3. Les Items
Les Items ici, ou objets, sont tout support matériel
permettant d'illustrer un aspect du tramway selon le sous-thème sur
lequel on travaille. Selon les sous-thèmes, cela peut être une
photo, un dessin, un tableau, une carte, des éléments
audio-visuels, etc. tous ces items ne doivent pas être isolés, car
ils serviront mis en groupe d'intérêts à élaborer
des collections.
4. Les collections
Les collections sont des ensembles composés par les
Items et qui démontrent ou prouvent, une certaine cohérence dans
un aspect du sous-thème. Par exemple, une collection comme « Le
tramway en Philatélie », montre les différentes
créations de timbres au fil du temps, à des époques
différentes et en des lieux différents ayant pour
intérêt commun et principal le tramway. Ces collections peuvent
faire l'objet d'une exposition sur le site. Mais en plus de ces collections, le
groupe de travail a décidé de faire une exposition sur le
thème du tramway dans les différentes villes que nous avons
parcourus pendant notre mobilité et avons choisi une des villes de ce
pays.
5. L'exposition
134
L'exposition choisie pour notre site s'est concentré
sur trois villes européennes, Paris,
Milan, Lisbonne. Elle fait découvrir au Public, le
Tramway sous la base des sous-thèmes
divisé en quatre périodes :
- De 1750 à 1850 ;
- De 1850 à 1920 ;
- 1920 à 1970 ;
- De 1970 à nos jours.
Ainsi l'on peut découvrir et revisiter le tramway dans
tous ses états et à toutes les
epoques, et à Paris, Milan, Lisbonne pendant ses
différentes périodes.
135
CHAPITRE II
IMPACT CULTUREL DU TRAMWAY
I. Travailler sur l'impact culturel : Raison de mon
choix.
Professionnelle travaillant depuis une dizaine
d'années comme gestionnaire du Patrimoine culturel, il me paraissait
logique de m'occuper d'un secteur que je connaissais le mieux, et de plus mon
travail étant ma principale passion, il était plus facile de
s'occupait dans un domaine qui vous plait. Qui plus est, bien que
professionnelle avérée, participer au projet tutoré
était une nouvelle expérience, et faire des recherches dans un
domaine qui n'était pas apparemment lié à la gestion
culturelle était un défi intéressant à relever.
II. Méthodologie
Dans la partie du travail individuel, la méthodologie
n'était pas bien différente de celle de groupe, mais pour
être mieux efficace dans la personnelle de son projet, il fallait
peaufiner une méthode individuelle de travail.
1. Recherche documentaire
Dans les bibliothèques virtuelles : la recherche se
faisait en utilisant les sites les mieux connues comme Cairn, Google Books,
BNF, etc.
Bibliothèque physique : La recherche s'est faite
à la Bibliothèque universitaire, à la Bibliothèque
de la Cité Universitaire
Aux archives Nationales : Une opportunité de cours aux
Archives Nationales à Paris a été l'opportunité de
recherche d'éléments de production culturelle utiles dans la
partie de mon projet personnel
De même entre camarades, nous avons
développé une solidarité qui permettait aux uns de mettre
à la disposition des uns et des autres des informations ou des documents
utiles pour l'un des sous-thèmes pris en charge par les autres.
Il faut préciser ici que la recherche se faisait en
« vrac », c'est-à-dire que je prenais tous les informations
que je crois utiles pour ma partie personnelle, du moment où je trouvais
un lien avec une production culturelle, et ensuite il fallait procéder
à un tri des informations à mettre sur le site. Il faut aussi
mettre ici la nécessité d'un carnet de bord qui permet de prendre
des notes pendant des réunions, de noter des informations nouvelles
susceptibles de nous aider, ou de noter des observations pendant le travail.
Cet élément est une sorte de « rappel-mémoire »
qui permets de réactualiser les informations oubliées ou non
enregistrées.
2. Le tri
136
Le tri ici se fait après la récupération
des informations en vrac. Ils sont donc examinés avec soin et
classé par ordre de pertinence selon deux critères : être
en relation avec le thème et aussi avoir des sources sures et mieux
encore être libre de droit. Une fois ce tri fait, on sélectionne
les informations qui répondent à ces critères de
fiabilité pour être inséré dans le site.
3. La sélection
Une fois les éléments triés, ils peuvent
être inséré dans le site. Mais cette sélection n'est
pas définitive car elle reste soumise à la validité du
tuteur lors de la réunion avec lui. L'avis des autres camarades est
aussi apprécié pour plus d'efficacité.
4. Introduction des informations
Au final, les éléments définitivement
retenus sont donc documentés sur le site. Ils peuvent être
modifiables ou enrichis à tout moment. Les différentes phases de
cette méthodologie ne sont pas statiques, mais dynamiques et peuvent ne
pas suivre la chronologie ci-dessus, ce qui est important est de se
rassurer de la fiabilité des informations publiées sur la page
web.
III. Les difficultés
rencontrées.
Travailler en groupe dans un groupe multiculturel et
pluridisciplinaire n'est pas exempt de conflits et difficultés de divers
ordres. Nous citons de nouveau le guide du Projet tutoré du service
pédagogique de l'Université Paul Sabatier Toulouse 3, qui sur sa
page web, déclare que le travail d'équipe génère
automatiquement des conflits qui peuvent être bénéfiques ou
néfastes à la dynamique de groupe et à l'apprentissage.
Les conflits bénéfiques peuvent surgir à propos du contenu
du projet et au moment des arbitrages. Ils sont le signe de l'engagement des
étudiants dans le projet. Les conflits néfastes peuvent
être de différentes natures :
- Les conflits de personnalité (les plus difficiles
à résoudre) ; - La monopolisation du projet par certains
étudiants ;
- Le développement d'attitudes de passager clandestin ;
- Les problèmes de communication.
137
Qu'en est -il été de notre groupe dans sa
pratique du Projet tutoré sur le tramway ?
Nous reconnaissons que le projet tutoré est certes une
aventure passionnante mais très éprouvante également sur
le plan psychologique à cause des nombreuses difficultés
rencontrées tout au long de ses deux années, dont nous nous
listerons les plus marquantes :
Sur le plan de la langue de travail :
La première difficulté rencontrée tout au
début du processus du projet tutoré a été la
langue. Pour la promotion « Diversity Mundus » que nous
étions, la langue française était censée être
la langue principale du Master, mais il y avait plus d'anglophones que de
francophones. Aussi la langue anglaise a souvent été
privilégiée. Dans notre cas, notre groupe était
composé de quatre personnes au niveau de langue différente :
- Dana parlait parfaitement le Françaiset avait une bonne
connaissance de l'Anglais, mais préférait parler Anglais ;
- Indira parlait anglais et avait des notions basiques de
français ;
- Nevena parlait parfaitement anglais sans aucune notion en
français
- Suzanne parlait parfaitement français avec une bonne
connaissance de l'Anglais, mais préférait le français.
D'emblée le Professeur a commencé par s'exprimer
en français et au vu des plaintes des non francophones, a choisi de
faire de l'Anglais, la langue de communication du Projet tutoré. Il lui
arrivait parfois de traduire en français quand cela semblait
nécessaire.
Sur la collaboration entre membres du groupe :
Certains membres du groupe semblaient ne pas intégrer
les valeurs fondamentales d'un travail de groupe à savoir la confiance
et le partage d'informations. Du fait de nos formations différentes,
nous avions forcément des aptitudes différentes dans les
mêmes domaines et le partage d'informations n'a pas été le
point fort de notre groupe de travail. Il se développait des
comportements égoïstes qui ont souvent empiété sur la
qualité du travail de groupe. Certaines semblaient plus soucieuses de se
mettre en avant, en oubliant l'intérêt supérieur du travail
de groupe.
Sur la vision du projet :
Dans ce cas précis, certains membres du groupe
voulaient faire passer à tout prix leurs idées et s'approprier la
conception du Projet au risque de maitriser seul l'issue, de ce fait, elles
détenaient seules la clé et n'étaient pas enclines
à partager leur vision du projet. Et à force de confrontations et
de conflits il y a eu comme une résignation d'un côté et un
sentiment de « laisser-faire », ce qui n'était pas du tout
à l'avantage du projet de groupe. A quoi servirait la
138
présentation d'un Projet tutoré devant un Jury,
si l'impression qui se dégage est qu'une seule personne semble maitriser
le sujet au détriment des autres ?
La gestion des conflits
Il y avait entre les membres du groupe des conflits ouverts et
ceux plus sournois.
Les conflits ouverts étaient généralement
gérés par le tuteur qui réussissait souvent à
décanter la situation en proposant une situation médiane. Les
plus sournois étaient plus ceux liés à la rétention
d'information et au défaut de collaborer, en taisant exprès une
explication mieux comprise par soi, auprès des autres membres. Et
à la longue face à ce type de blocages, pour éviter un
affrontement, la solution était parfois le repli sur soi.
Nous nous rendons compte que notre groupe a connu les
problèmes des standards de la plupart des groupes de travail selon nos
auteurs.
Aussi le constat qui se dégage est que ces
difficultés ne semblent pas être l'apanage de notre groupe de
travail car plusieurs auteurs ont noté la présence des conflits
dans les projets de groupe au pont de réfléchir à leur
impact sur le rendement et aux solutions à appliquer. En effet l'article
intitulé « Management des équipes projet : l'impact de la
gestion des conflits et de l'improvisation organisationnelle sur la performance
»1 se penche sur l'étude du lien entre le conflit et la
performance dans les équipes projet. Elle part du double constat d'une
nécessité pour les praticiens d'améliorer la gestion des
conflits dans un contexte de pression temporelle et d'incertitude accrues, et
de l'existence de résultats de recherche actuellement divergents sur le
lien entre conflits et performance dans le champ de la psychosociologie. Pour
les auteurs de l'article, une question centrale de ces travaux est d'identifier
dans quelle mesure le conflit est nuisible ou non pour la performance des
équipes. « Le caractère positif ou négatif de ces
conflits est un débat de longue traine qui occupait déjà
les philosophes dans l'antiquité, comme le montre Julien Freund (1983).
Pour certains chercheurs, les conflits, en particulier les conflits ouverts,
sont nuisibles à la performance (De Dreu, 2007 ; De Dreu et Weingart,
2003). Pour d'autres, dans certaines circonstances, le management pourrait
favoriser le développement de conflits constructifs, gages de
performance des équipes (Tjosvold, 1988 ; Jehn et Mannix, 2001)
»2. Pour ces chercheurs les conflits en soi peuvent être
un danger pour le groupe s'ils ne sont pas bien managés, dans le cas
contraire, ils peuvent être source de performance pour une équipe
de travail.
1 CHEDOTEL,
Frédérique, Professeur, chercheur au CREM (UMR CNRS 6211,
Université Rennes 1) ; STIMEC Arnaud, Professeur, chercheur au Lemna (EA
4272, Université de Nantes) ATER Aristide Vignikin, membre de Vallorem
(EA 6296, Université François Rabelais), in « Management des
équipes projet : l'impact de la gestion des conflits et de
l'improvisation organisationnelle sur la performance », p.1
2 Idem, p.2
139
Nous ne perdons pas de vue que le projet est un exercice
académique mais nous restions conscients qu'il va influencer nos notes,
mais plus encore il devrait être une étape pertinente pour dans
l'effectivité de la pratique professionnelle aussi aurait-il
été mieux que nous adaptions de bonnes pratiques dès cette
base. A mon avis la plus grosse difficulté de notre groupe aura
été de n'avoir pas développé un esprit de
cohérence, un esprit d'équipe, mais plutôt, un esprit de
concurrence, de rivalité, un esprit de compétition, ou l'on
évolue au gré des affinités personnes des uns pour les
autres.
140
CHAPITRE III
RÉSULTATS DU PROJET TUTORÉ SUR LE
TRAMWAY
Préparer un projet tutoré est semblable à
une grossesse. On y parcourt les mêmes étapes, la conception, du
foetus à la maturation, puis la délivrance et l'expulsion. Et
à la naissance on a le premier réflexe de voir si le
bébé qui est né est semblable à celui
imaginé pendant la grossesse et l'on essaie de trouver les points de
ressemblance avec les géniteurs. Alors, on fait face aux
résultats attendus et aux résultats réels.
I. Résultats escomptés.
Au début du Projet, quand nous avons été
notifiés de la réalisation d'un site internet, nous
espérions créer une sorte de Musée Virtuelle du Tramway,
qui serait une plateforme pour la recherche avec un côté ludique
et créatif. Nous espérions y introduire des images de
nous-mêmes lors des différentes étapes de notre travail
afin de montrer au public d'où nous sommes partis pour en arriver
là. Nous espérions présenter le tramway au travers de nos
sous-thèmes sous un aspect totalement différents de tout ce que
l'on trouve sur le net. Nous voulions être originales et proposer un
projet innovant. En effet dans le cadre de notre formation, nous avons eu
l'opportunité d'assister à la cérémonie des Luigi
Micheletti awards 2015 à Milan, organisée par le EMA, European
Museum Academie (Academie des Musées Européens). Sur le site
web
http://www.luigimichelettiaward.eu/the_award/
3, on peut retenir que le prix de Micheletti Luigi est le prix
européen pour les musées innovants dans le monde de l'histoire
contemporaine, l'industrie et des sciences. C'est l'une des principales
activités de la Fondation de Micheletti Luigi. Jusqu'en 2010, les
candidats provenaient de la liste administrée par le Forum
européen du Musée. Les candidats du prix européen
étaient alors de nouveaux musées, ou des anciens musées
considérablement remodelés ou ayant emménagé dans
de nouveaux locaux au cours de la même période. Mais 2011, le
système de recrutement a radicalement changé. Le prix est
maintenant géré par l'Académie Européenne des
Musées, et tous les musées peuvent postuler au prix.
Lors de cette cérémonie, il nous a
été donné de voir des représentations
audiovisuelles des différents musées en liste pour le prix ,
présenter des types de musées plus innovant les uns que les
autres ; à cette occasion nous avons pu voir qu'un musée
n'était plus seulement une structure physique comme le décrit le
dictionnaire Larousse en Ligne : « Lieu, édifice où sont
réunies, en vue de leur conservation et de leur présentation au
public, des collections d'oeuvres
3
http://www.luigimichelettiaward.eu/the_award/
, consulté le 20/08/2016
141
d'art, de biens culturels, scientifiques ou
techniques»4, ou encore comme, simplement une raison sociale
comme le désigne l'ICOM5 : « Le musée est une
institution permanente sans but lucratif, au service de la
société et de son développement, ouverte au public, qui
acquiert, conserve, étudie, expose et transmet le patrimoine
matériel et immatériel de l'humanité et de son
environnement à des fins d'études, d'éducation et de
délectation », mail il peut désormais être virtuel et
numérique, ludique et numérique. Et c'était au
départ, l'idée que nous avions de la finalité de notre
Projet tutoré sur le Tramway.
Nous voulions en faire :
- Un Musée Virtuel : Un musée virtuel est une
galerie, essentiellement située sur internet, qui, grâce à
l'apport des Technologies de l'Informations et de la Communication(TIC), peut
désormais s'impliquer dans le cadre de la préservation et de la
conservation du patrimoine culturel. Ainsi nous espérions mettre des
informations textuelles et audiovisuelles, comme des microfilms, des
documentaires et toutes les informations collectées dans le cadre de
nous sous-thèmes.
- Un Musée Innovant et ludique : Un musée qui
sorte de la norme classique. Par exemple intéresser un public jeune par
des introductions d'activité ludique qui permettent aux enfants
d'apprendre tout sur le Tramway en s'amusant. Par exemple proposer des jeux
vidéo de construction d'un Tramway au fil de l'évolution
technologique qu'il a connu, ou encore proposer à des enfants de pouvoir
dessine, peindre un tramway ou encore laisser un espace ou adultes et enfants
peuvent laisser libre cours à leur imagination en faisant des
activités culturelles liées au Tramway : Ecrire un poème,
une chanson, raconter une histoire, un souvenir d'une aventure dans le tramway.
En un mot proposer en même temps une plateforme historique, scientifique
ou l'on s'instruit en s'amusant.
- Un Espace Numérique : le site
http://eduscol.education.fr
6 définit l'espace numérique de travail (ENT)
comme est un portail internet éducatif permettant à chaque membre
de la communauté éducative d'un établissement scolaire,
d'accéder, via un point d'entrée unique et
sécurisé, à un bouquet de services numériques en
relation avec ses activités. Dans notre cas d'espèce, nous
pensions à une adaptation pour notre Musée virtuel. Il serait
aussi une référence pour les éducateurs, les
étudiants, élèves et chercheurs, d'accéder à
une plateforme de référence.
4
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais
5 ICOM, International Council of Museums (Conseil
International des Musées)
6
http://eduscol.education.fr
, consulté le 22/08/16
II.
142
Résultats obtenus
Les résultats obtenus, même s'ils sont
satisfaisants, ne sont pas à la hauteur de ceux
espérés. En effet, les objectifs atteints n'ont
pas été atteint entièrement quant à la
qualité du travail espéré. En effet, le projet a
évolué au gré des idées et des propositions
naissantes ; certaines propositions ont été
préférés à d'autres et finalement, sans que l'on
sache quand et comment notre projet a perdu de son côté innovant
et ludique. Certes, le travail abattu par les membres de l'équipe est
remarquable car nous avons eu au final :
- Un Musée virtuel : dans cette
espace, il est possible de trouver des informations utiles sur le Tramway
à partir des différents sous thèmes qui ont
été choisis au départ à savoir, l'impact de
culturel du Tramway sur les hommes de culture et artistes, l'impact urbain du
Tramway dans les différentes agglomérations ou il est
passé, la valorisation patrimoniale du Tramway et enfin son
évolution technique et technologique de sa création nos jours.
Cependant nous n'avons pas pu avoir notre
- Musée innovant et ludique :
L'esprit du groupe, au fil de l'évolution du projet, n'a plus
laissé place à aucune fantaisie de ce type. Même le
documentaire proposé par nos soins sur l'impact culturel à partir
des informations récoltées sur l'impact culturel du tramway n'a
pas été accepté. Notre travail ne répond pas au
minimum standard de l'innovation, même s'il est a respecté les
normes standard de la recherche en s'appuyant sur des sources
vérifiables et sur des éléments de droit commun.
- Un espace numérique : Notre
travail, n'est pas destiné à un public privilégié,
il a le mérite d'être ouvert à tout le monde
III. Impact attendu.
Le projet qui a la vocation d'un Musée virtuel,
espère attirer le plus grand nombre de visiteurs possible pour
apprécier, exploiter à différentes fins didactique,
pédagogiques ou de recherches. Il est même prévu des
commentaires pour les différents éléments du site.
La mise en place d'une page Facebook et Twitter a
également pour but d'attirer un public plus large sur les réseaux
sociaux. Ainsi avec la mise en ligne de notre Musée virtuel sur le
tramway nous espérant un impact sur les domaines évoqués
plus hauts :
? Impact didactique
La didactique est l'étude des questions posées
par l'enseignement et l'acquisition des connaissances dans les
différentes disciplines scolaires. Le Dictionnaire Larousse
définit la didactique comme : « Propre à l'enseignement
(...), Termes didactiques. Dont le but est d'instruire, d'informer, d'enseigner
(...), se dit de ce qui vise à l'explicitation méthodique d'un
art, d'une science, (...), qui correspond à la pratique
de l'enseignement, au désir d'explication (...). Nous espérons
que notre site soit une référence du savoir et de l'information
sur le tramway. Il a l'avantage de regrouper en lui seul, des axes fondamentaux
recherche qui concerne le Tramway, nous pourrons dire que c'est une page
virtuelle « 4 en 1 ».
? Impact pédagogique :
Le dictionnaire Larousse définit la pédagogie
comme un ensemble des méthodes utilisées pour éduquer les
enfants et les adolescents, comme une pratique éducative dans un domaine
méthode d'enseignement, mais aussi, comme l'aptitude à bien
enseigner. Assez proche de la didactique, la pédagogie est plus
orientée vers les publics plus jeunes comme les enfants et les
adolescents qui ont tendance à s'ennuyer très vite devant des
sujets sérieux, même s'ils sont importants pour leur travail.
Même si l'aspect ludique n'a pas été pris en compte dans
notre projet tutoré, l'introduction des réseaux a l'avantage
d'attirer davantage ce public. Aussi espérons nous que notre
Musée virtuel soit pour eux une base de recueils de connaissances
orientés vers le Tramway. Et de même, nous espérons que ce
soit l'une des pages les plus recommandées par les enseignants pour la
qualité des informations et illustrations concernant les divers aspects
sous lequel, le tramway est représenté.
? Impact scientifique :
Selon le dictionnaire Le Robert7, La science (latin
scientia, « connaissance ») est « ce que l'on sait pour l'avoir
appris, ce que l'on tient pour vrai au sens large, l'ensemble de connaissances,
d'études d'une valeur universelle, caractérisées par un
objet (domaine) et une méthode déterminée, et
fondée sur des relations objectives vérifiables. Nous attendons
de notre site qu'il soit une référence dans le domaine de la
recherche scientifique en ce qui concerne le Tramway. Sous la vigilance du
Tuteur, les informations ont été traitées au
sérieux, s'appuyant sur des sources fiables. Chaque fois que la source
était incertaine, l'item était retiré du site. Aussi nous
estimons que Musée virtuel du tramway que nous avons
élaboré peut avoir un impact certain pour des chercheurs et
étudiants dans ce domaine.
143
7 Dictionnaire Le Robert, édition de 1995, p. 2
051.
CONCLUSION
144
Le projet tutoré est un exercice pédagogique
instauré par le Master Erasmus TPTI pour ses étudiants afin
qu'ils développent entre autres, la capacité à concevoir
et développer un projet collectif de recueil de données et de
valorisation dans le champ concerné en mobilisant les outils
numériques et classiques adéquats. L'acquisition de ces
compétences se fait dans le cadre de ce travail de groupe, en lien avec
les séminaires et modules de formation correspondants dans la
totalité du parcours. Dans le cas de la 8e Promotion, «
Diversité Mundus », les étudiants ont été
divisés en deux groupes et chaque groupe a reçu le sujet, ou
mieux l'objet de son projet tutoré. Le thème attribué
à notre groupe a été le Tramway. De concert avec notre
tuteur, il y a eu une répartition des tâches et le thème a
été subdivisé en sous thèmes selon la formation
d'origine de chacun, de manière à ce que chaque étudiante
puisse aborder le sujet à partir d'un thème qui se rapproche le
mieux de sa formation universitaire initiale ou de son expérience
professionnelle. Comprendre et expliquer le Tramway devient donc le défi
majeur du groupe. Le tramway, selon le dictionnaire Larousse, était
autrefois, un chemin de fer établi sur la chaussée d'une route ou
d'une rue au moyen de rails sans saillies, (rails à ornières) ;
c'était aussi une voie ferrée d'intérêt local
établie en totalité ou en partie sur la voie publique ou en
accotement de route. Mais aujourd'hui, c'est un chemin en fer électrique
destiné au transport urbain et suburbain des voyageurs, implanté
totalement ou en partie sur la chaussée des rues empruntées. Mais
plus encore, c'est le véhicule qui circule sur ces voies. Le mot tramway
n'a pas une origine précise l'explication la version la plus
vraisemblable viendrait de l'anglais Traw-way dont l'explication en
français Tram : rail plat et way : la voie. Le groupe chargé de
travailler sur le tramway est composé de
:
- Suzanne Pulchérie NNOMO ELA, Gestionnaire du Patrimoine
Culturel
- Nevena Ilic, Diplômée en Photographie
- Dana Salpina, Diplômée en Gestion du Tourisme
- Indira Costa, Architecte. Avec pour tuteur, Mattia Gusella,
Doctorant, Ancien étudiant
du Master TPTI.
Le premier fait est que le projet tutoré n'était
pas une exclusivité du Master Erasmus Mundus TPTI. C'est un exercice
pédagogique pratiqué par de nombreuses universités
françaises, à l'instar de l'université de Paris de Paris
13. Sur le site de cet Université française, il est dit que le
projet tutoré consiste en la réalisation par un groupe
d'étudiants, d'une étude
145
portant sur des cas concrets dont la définition
correspondra aux besoins et aux demandes de l'environnement économique.
D'une durée prédéfinie, il sera mené dès le
début des enseignements. Les choix des thèmes de projet se feront
parmi une liste présentée conjointement par les professionnels
des différents secteurs et les enseignants de la licence. Les grands
clubs, les collectivités locales et territoriales partenaires de ce
projet fourniront un large éventail de thèmes couvrant l'ensemble
des grands domaines de cette licence. Le projet sera sanctionné par un
rapport écrit et par une soutenance devant un jury constitué de
professionnels et d'universitaires. Ce qui à quelques détails
près épouse la logique de notre Université. Pour mettre en
oeuvre le projet tutoré, la connaissance du logiciel Omeka est
indispensable. : « Omeka est un logiciel Open Source qui se situe à
l'intersection entre des systèmes de gestion de contenu web (CMS) comme
Drupal ou WordPress, des systèmes de gestion d'archives comme Fedora ou
Dspace et des systèmes de gestion de musées tels que TME ou KE
Emu ». En clair, le Logiciel Omeka permet la publication de toutes sortes
de fichiers : texte, image, son, vidéo, etc. Il est possible de combiner
ces fichiers au sein d'un seul document, afin de multiplier les sources
d'informations. L'on peut également ajouter des tags à ce
document afin que le visiteur le retrouve plus facilement, et pour qu'il soit
en mesure de trouver plusieurs documents traitant d'un même sujet. Afin
de faciliter sa navigation et l'ergonomie du site, il est possible de ranger
les documents dans des collections. Si l'on souhaite une mise en avant plus
périodique, il est possible également créer une
exposition. Il est ensuite possible de mettre en avant sur la première
page du site tout document, collection ou exposition de votre choix ou encore
de créer un parcours thématique pour guider vos visiteurs. Dans
l'optique d'organiser le travail il fallait mettre en place une
stratégie commune. Après plusieurs propositions il a
été décidé de proposer les sous thèmes
suivants. Les patronymes ont pu être échangés mais le
contenu était le même.
1. Evolution Technologique du Tramway
2. Impact Urbain du Tramway.
3. Valorisation du Tramway
4. Impact Culturel du Tramway.
Une fois les sous thèmes identifiés, il a
été procédé à la répartition des
sous-thèmes et chaque étudiante a choisi de travailler sur le
thème qui se rapprochait le plus de sa formation de base ou de ses
aptitudes professionnelles. Dans le but de mieux développer notre
projet, nous avons ciblé notre étude sur le Tramway du XIXe et du
XXe siècle en développant les quatre sous-thèmes
précédemment identifiés. Dans chaque sous thème,
sur la base des recherches effectuées et des résultats obtenus,
le site est enrichi de documents et de contenus
146
visant à donner les informations y afférentes au
public cible. De ce fait, il y a des types de documents pouvant être
communs à l'ensemble des sous-thèmes, mais il peut
également apparaitre des contenus spécifiques. Les documents
présentés sur le site, ainsi que les contenus sont donc
étroitement liés avec les sous-thèmes
développés sur la base du sujet principal qui est le Tramway.
L'impact culturel a pour objectifs, dans la période donnée, de
recenser le maximum des productions culturelles, influencées par le
Tramway, ayant influencé les artistes de cette époque. Les
différentes collections du sous- secteur « Impact urbain » ont
pour objectif d'attirer l'attention du public sur le processus
d'intégration des travaux de rénovation du tramway dans le
paysage urbain de la ville et vice-versa. Au fil des siècles, le
développement et l'amélioration du niveau de vie de la population
urbaine s'est caractérisé par l'amélioration du transport
urbain. Les différentes collections du sous thème
«Valorisation patrimoniale du Tramway » s'attardent sur les
structures, personnes physiques ou morales qui perpétuent l'image et
l'histoire du Tramway tel des associations, des Musées
spécialisés sur le thème du Tramway. Ils recréent
les paramètres historiques pour simuler les périodes
antérieures, offrant aux visiteurs une interprétation
expérientielle de l'histoire. Il est ici question par exemple d'un type
de musée qui recrée dans toute la mesure et les conditions de
culture, l'environnement naturel ou période historique.
Enfin, Les collections développées dans ce sous
-secteur « Evolution Technologique » présentent entre autres
des éléments qui montrent les différentes formes des
voitures en fonction du type d'alimentation, ainsi que des
caractéristiques spécifiques liées à l'utilisation
de l'espace dans la voiture par le passager, et enfin du transfert de
technologies entre différents points du monde. Les illustrations ici
sont des photos qui relatent le tramway de sa première utilisation avec
les chevaux à l'arrivée des technologies mécaniques. La
mise en oeuvre quant à elle, s'est faite de manière progressive
au fil des semestres, même si les différentes activités
ci-dessous listés n'étaient pas fermées, il va de soi que
chaque semestre a vu naitre aune activité dans la mise en oeuvre de la
stratégie, et de là a été l'occasion de
l'implication de chacun dans le ce projet collectif. Professionnelle
travaillant depuis une dizaine d'année comme gestionnaire du Patrimoine
culturel, il me paraissait logique de m'occuper d'un secteur que je connaissais
le mieux, et de plus mon travail étant ma principale passion, il
était plus facile de s'occupait dans un domaine qui vous plait. Qui plus
est, bien que professionnelle avérée, participer au projet
tutoré était une nouvelle expérience, et faire des
recherches dans un domaine qui n'était pas apparemment lié
à la gestion culturelle était un défi intéressant
à relever. Dans la partie du travail individuel, la méthodologie
n'était pas bien
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différente de celle de groupe, mais pour être
mieux efficace dans la personnelle de son projet, il fallait peaufiner une
méthode individuelle de travail. Cependant, il a fallu faire face aux
différentes difficultés rencontrées. En
effet, travailler en groupe dans un groupe multiculturel et
pluridisciplinaire n'est pas exempt de conflits et difficultés de divers
ordres.
Nous citons de nouveau le guide du Projet tutoré du
service pédagogique de l'Université Paul Sabatier Toulouse 3, qui
sur sa page web, déclare que le travail d'équipe
génère automatiquement des conflits qui peuvent être
bénéfiques ou néfastes à la dynamique de groupe et
à l'apprentissage. Les conflits bénéfiques peuvent surgir
à propos du contenu du projet et au moment des arbitrages. Ils sont le
signe de l'engagement des étudiants dans le projet. Nous nous rendons
compte que notre groupe a connu les problèmes des standards de la
plupart des groupes de travail selon nos auteurs. Aussi le constat qui se
dégage est que ces difficultés ne semblent pas être
l'apanage de notre groupe de travail car plusieurs auteurs ont noté la
présence des conflits dans les projets de groupe au pont de
réfléchir à leur impact sur le rendement et aux solutions
à appliquer. Nous ne perdons pas de vue que le projet est un exercice
académique mais nous restions conscients qu'il va influencer nos notes,
mais plus encore il devrait être une étape pertinente pour dans
l'effectivité de la pratique professionnelle aussi aurait-il
été mieux que nous adaptions de bonnes pratiques dès cette
base.
À mon avis la plus grosse difficulté de notre
groupe aura été de n'avoir pas développé un esprit
de cohérence, un esprit d'équipe, mais plutôt, un esprit de
concurrence, de rivalité, un esprit de compétition, ou l'on
évolue au gré des affinités personnes des uns pour les
autres. Malgré ces difficultés, le projet est arrivé
à son terme. Au début du Projet, quand nous avons
été notifiés de la réalisation d'un site internet,
nous espérions créer une sorte de Musée Virtuelle du
Tramway, qui serait, une plateforme pour la recherche avec un côté
ludique et créatif. Nous espérions y introduire des images de
nous-mêmes lors des différentes étapes de notre travail
afin de montrer au public d'où nous sommes partis pour en arriver
là. Nous espérions présenter le tramway au travers de nos
sous-thèmes sous un aspect totalement différents de tout ce que
l'on trouve sur le net. Nous voulions être originales et proposer un
projet innovant. Les résultats obtenus, même s'ils sont
satisfaisants, ne sont pas à la hauteur de ceux espérés.
En effet les objectifs atteints n'ont pas été atteint
entièrement quant à la qualité du travail
espéré. En effet le projet a évolué au gré
des idées et des propositions naissantes ; certaines propositions ont
été préférés à d'autres et
finalement, sans que l'on sache quand et comment notre projet a perdu de son
côté innovant et ludique. Il n'est pas question ici de
dénigrer notre travail, mais juste que le rêve même s'il
s'est rapproché de la
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réalité, n'en a pas été à
la hauteur. Le projet qui a la vocation d'un Musée virtuel,
espère attirer le plus grand nombre de visiteurs possible pour
apprécier, exploiter à différentes fins didactique,
pédagogiques ou de recherches. Il est même prévu des
commentaires pour les différents éléments du site. La mise
en place d'une page Facebook et Twitter a également pour but d'attirer
un public plus large sur les réseaux sociaux. Il serait important que
cette expérience enrichissante qu'ait été le projet
tutoré ne reste pas qu'un exercice académique, mais
qu'au-delà du Master TPTI, que l'impact réel de ce site soit
consigné dans les archives de l'Université. Nous ne saurons
terminer sans faire des propositions pour les promotions futures du Master
TPTI. En effet au vu des difficultés rencontrées durant la mise
en oeuvre du projet tutoré, peut - être serait- il mieux pour une
qualité plus efficiente des résultats, tout en gardant sa
discrétion sur le choix des thèmes, que le Master permette aux
étudiant de former eux-mêmes leur propre groupe de travail ? De
plus il serait important qu'il y ait une sorte de structure d'écoute
psychologique qui accompagne le tuteur et les membres du groupe de travail,
afin de mieux désamorcer des crises qui peuvent non seulement impacter
négativement non seulement la qualité du projet, mais tous les
membres de la promotion, dans les cas où cela peut générer
en animosité ciblée entre des étudiants de la même
promotion.
BIBLIOGRAPHIE
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I. OUVRAGES GENERAUX
1. CHEDOTEL, Frédérique, Professeur, chercheur
au CREM (UMR CNRS 6211, Université Rennes 1) ; STIMEC Arnaud,
Professeur, chercheur au Lemna (EA 4272, Université de Nantes) ATER
Aristide Vignikin, membre de Vallorem (EA 6296, Université
François Rabelais), in « Management des équipes projet :
l'impact de la gestion des conflits et de l'improvisation organisationnelle sur
la performance » ;
2. GARDES, Nathalie, Projets tuteurés 2012-2013,
UIT GEA Bordeaux IV ;
3. ICOM, International Council of Museums (Conseil
International des Musées) ;
4. Service Universitaire de Pédagogie, Le guide du
projet tutoré - Fiche outil, Université Paul Sabatier
Toulouse III
II. WEBOGRAPHIE
1.
http://www.iutsd.univ-paris13.fr
2.
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/tramway/79015
3.
http://www.tpti.eu/fr/le-projet-tutore
4.
http://www.luigimichelettiaward.eu/the_award
5.
http://eduscol.education.fr
6.
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais
7.
http://www.biblibre.com
8.
http://www.etymonline.com
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