4 . PROBLEMATIQUE ET
HYPOTHESES DE TRAVAIL
4.1. Problématique
Le problème de groupes armés et des conditions
socioéconomiques de la population à l'Est de la République
Démocratique du Congo reste jusqu'à nos jours un des
problèmes majeurs de ce pays.
Toutefois, depuis la guerre de libération menée
par l'Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du
Congo en 1996 et 1997, le Territoire de Shabunda vit dans un état
d'enclavement, avec une population fortement paupérisée et
devient un foyer par excellence de groupes armés étrangers et
locaux. Ce Territoire regorge plusieurs potentialités agricoles,
minières et forestières. Un contraste ineffable eu égard
aux conditions de vie socioéconomiques actuelles de la population, au
lieu d'être une aubaine de croissance socioéconomique, ces
potentialités menacent sérieusement l'existence de la
population.
Sur le plan sécuritaire, Shabunda est une zone rouge.
La présence de groupes armés qui se battent fréquemment
met en danger la sécurité des citoyens et de leurs biens. La
plupart de ces groupes, si pas tous, se battent pour le contrôle des
carrés miniers. Quelques unités de l'armée congolaise sont
là, mais dans des conditions difficiles et inhumaines de travail.
Sur le plan sanitaire, Shabunda est une zone où la
gratuité des soins a été et est encore pratiquée
par Médecin Sans Frontière (MSF) Espagne. Cette gratuité
s'expliquerait par le degré de vulnérabilité des
populations toujours en mouvement à cause des affrontements
réguliers entre les groupes armés pour contrôler les sites
miniers et la paupérisation avancée de la population. Cette
gratuité est totale, mais on ne peut s'en douter, l'Hôpital
Général de Référence de Shabunda centre
reflète cependant une vétusté et une dégradation
avancée, sans entretien ni soins aux alentours. Certes, ceci n'est pas
spécifique à cet hôpital, mais il y a lieu de se demander
pourquoi les porteurs du système de la gratuité des soins ne
songent pas à réhabiliter cette infrastructure (comme cela a
été constaté dans le package de gratuité offert
dans certaines structures sanitaires ne fût-ce que pour les
Hôpitaux Généraux de Référence)?
Sur le plan des infrastructures, il n'y a pas de route. C'est
à peine qu'il y a quelques bâtiments neufs. L'habitation est
très rudimentaire, primitive (en chaume). Les routes sont en très
mauvais état, quasi impraticables. La piste d'aviation que nous
qualifierons de fortune n'est pas en reste. Elle risque à tout moment de
causer un crash au décollage ou à l'atterrissage.
Cet aérodrome est pourtant capital pour
l'économie du territoire. C'est par là que toutes les
marchandises et produits nécessaires rentrent dans le territoire et
c'est par là aussi qu'on évacue presque chaque jour vers Bukavu
et Goma une bonne partie des minerais exploités. Quoi de plus normal
alors que de mettre en état utile cet outil de développement
territorial ? Malheureusement cela semble être le cadet des soucis de
ceux qui en ont l'obligation.
Sur le plan économique, bien que ce territoire
possède un sous-sol riche en minerais, mais on observe une absence
totale des investisseurs pour exploiter ces minerais afin de permettre à
la population de se trouver un travail susceptible permettant
d'améliorer sa situation sociale et économique. Toutes les
potentialités ne servent pourtant ni au développement ni au
bien-être de la Province du Sud-Kivu et moins encore dudit Territoire...
Si nous prenons le seul exemple de l'exploitation de l'or par les dragues, il y
a lieu de s'indigner et de se révolter, dans la mesure où ces
dragues mobilisent chaque jour des milliers de dollars qui ne profitent
à rien à la population.
Ainsi, au regard de ce constat, il y a lieu de nous poser la
question de savoir :
Quelles seraient les implications de la
présence des groupes armés sur les conditions
socioéconomiques de la population de Shabunda au
Sud-Kivu ?
L'essentiel pour un chercheur n'est pas seulement de poser sa
problématique, mais surtout en donner aussi quelques propositions
provisoires en termes d'hypothèses.
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