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évaluation de l'inclusivité de la croissance économique dans la zone CEEAC.


par Randy KAMBANA MOISE
Université Catholique du Congo  - Licence en économie et développement 2019
  

Disponible en mode multipage

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Novembre 2020

Université Catholique du Congo

FACULTE D'ECONOMIE ET DEVELOPPEMENT

B.P. : 1534

KINSHASA/LIMETE

EVALUATION DE L'INCLUSIVITE DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LA ZONE CEEAC

Par

KAMBANA MOÏSE Randy

Mémoire présenté et défendu en vue de l'obtention du
Grade de Licencié en Economie et Développement

Option : Finance, Banques et Assurances (F.B.A.)

Directeur du mémoire : Pr. Dr. KASESHI MULENGE Adelard-Diens

EVALUATION DE L'INCLUSIVITE DE LA CROISSANCE

ECONOMIQUE DANS LA ZONE CEEAC

Par

KAMBANA MOÏSE Randy

« Il faut déloger la croissance pour la désacraliser et lui substituer des indicateurs de bien-être humain. »

Eloi LAURENT

III

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1.1 : Principales dimensions de la croissance inclusive 27

Tableau 2.1 : Evolution du taux de croissance de l'Angola (2000-2018) 32

Tableau 2.2 : Evolution du taux de croissance de la RCA (2000-2018) 35

Tableau 2.3 : Evolution du taux de croissance du Congo-Brazza (2000-2018) 37

Tableau 2.4 : Evolution du taux de croissance de la RDC (2000-2018) 41

Tableau 2.5 : Evolution de la croissance économique au Tchad (2000-2018) 44

Tableau 2.6 : Taux de pauvreté en Afrique Centrale (seuil de 1.90 USD) 56

Tableau 2.7 : Inégalités de revenu en Afrique Centrale 58

Tableau 2.8 : Taux de croissance du PIB/habitant en ASS par catégorie géographique et par décennie 60

Tableau 2.9 : Fragmentation ethnolinguistique dans les pays d'Afrique Subsaharienne 62

Tableau 2.10 : Indices de la corruption 66

Tableau 3.1 : Minima et maxima des variables dans les formules de normalisation 70

Tableau 3.2 : Liste des domaines, composantes et variables retenues 76

Tableau 3.3 : Trois dimensions et 18 variables retenues après contrôle des données 77

Tableau 3.4 : Dimensions, Indicateurs et Poids pour la construction de l'ICI 78

Tableau 3.5 : Choix des indicateurs 81

Tableau 3.6 : Liste définitive des indicateurs retenus 82

Tableau 3.7 : Résumé du poids de chaque dimension en pourcentage 82

Tableau 3.8 : Valeurs agrégées 83

Tableau 3.9 : Scores et rangs obtenus après agrégation des valeurs N-pondérées 84

Tableau 3.10 : Gain et perte de positionnement des pays sous-analyses 86

Tableau A1-1 : Répartition par année du nombre total des données disponibles pour l'Angola VI

Tableau A1-2 : Répartition par année du nombre total des données disponibles pour la Centrafrique VI

Tableau A1-3 : Répartition par année du nombre total des données disponibles pour le Tchad VII

Tableau A1-4 : Répartition par année du nombre total des données disponibles pour le Congo VII

Tableau A1-5 : Répartition par année du nombre total des données disponibles pour la RDC VIII

Tableau A3-1 : Présentation annuelle des données des variables de l'Angola X

Tableau A3-2 : Présentation annuelle des données des variables de la RCA X

Tableau A3-3 : Présentation annuelle des données des variables du Tchad XI

Tableau A3-4 : Présentation annuelle des données des variables de la République du Congo XI

Tableau A3-5 : Présentation annuelle des données des variables de la RDC XII

Tableau A4-1 : Calcul des valeurs standardisées et normalisées pour l'ensemble des données de nos variables

XIII

iv

LISTE DES GRAPHIQUES

Graphique 2-1 : Taux de croissance sous-régionale africaine de 2000 à 2018 (en % annuel) 30

Graphique 2-2 : Evolution de la croissance économique en Angola de 2000 à 2018 (en % annuel) 33

Graphique 2-3 : Evolution de la croissance économique en RCA de 2000 à 2018 (en % annuel) 36

Graphique 2-4 : Evolution de la croissance économique au Congo de 2000 à 2018 (en % annuel) 39

Graphique 2-5 : Evolution de la croissance économique en RDC de 2000 à 2018 (en % annuel) 42

Graphique 2-6 : Evolution de la croissance économique au Tchad de 2000 à 2018 (en % annuel) 45

Graphique 2-7 : Taux de croissance du PIB réel de l'Afrique centrale de 1961 à 2018 (% annuel) 47

Graphique 2-8 : Solde de la balance commerciale de la sous-région d'Afrique centrale de 1977 à 2018 64

Graphique 2-9 : Evolution des IPC 67

Graphique 3-1 : Classification des pays après détermination des résultats 84

LISTE DES FIGURES

Figure 1-1 : Les modèles de croissance endogène 19

Figure 2-1 : Contribution sectorielle à la croissance en Afrique Centrale (en %) 51

Figure 2-2 : Part du secteur industriel dans le PIB 52

Figure A2-1 : Carte de la sous-région centrale africaine IX

V

LISTE DES ABRÉVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES

ACTCP : Accès à des combustibles et techniques de cuisson propres

ADB : Banque Asiatique de Développement

AELT : Accès à l'électricité

APDNR : Aide publique au développement nette reçue

ARDL : Décalage distribué autorégressif

BAD : Banque Africaine pour le Développement

BEAC : Banque des Etats de l'Afrique centrale

BRICS : Brésil, Russie, Inde et Afrique du Sud

CEAAC : Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale

CO2e : Emissions de CO2

DSRP : Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté

EVN : Espérance de vie à la naissance

FCFA : Franc de la Communauté financière africaine

FMI : Fonds monétaire international

IC : Indicateurs composites

ICI : Indice de Croissance Inclusive

IDH : Indice de Développement Humain

IDHI : Indice de Développement Humain ajusté aux inégalités

IG : Indice de Gini

IPC : Indice de perception de la corruption

IQC : Indice de la qualité de la croissance

MIT : Massachussets Intitute of Technology

NU : Nations-Unies

OCDE : Organisation de coopération et de développement économiques

OMD : Objectifs du millénaire pour le développement

PAP : Programme d'Actions Prioritaires

PEG : Programme Economique du Gouvernement

PIB : Produit Intérieur Brut

PIR : Programme Intérimaire Renforcé

vi

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

PPTE : Pays pauvres très endettés

RCA : République centrafricaine

RDC : République démocratique du Congo

REMPL : Ratio emploi-population

RNB/hab : Revenu National Brut par habitant

TMINF (-5%o) : Taux de Mortalité Infantile moins de 5 ans (pour 1000)

TXCH : Taux de Chômage

TXCS : Taux de croissance

1

INTRODUCTION GENERALE

1. ETAT DE LA QUESTION

La croissance économique a toujours été considérée comme le fondement et la condition nécessaires du développement social et humain d'un pays. En effet, selon le Programme des Nations Unies pour le Développement, aucune amélioration du bien-être humain n'est possible sans une croissance économique. L'absence de croissance explique le fléchissement de l'indicateur du développement humain et l'incapacité de bien des pays et régions à combattre la pauvreté monétaire et humaine1.

De nos jours, cette thèse est mise en cause et paraît dubitable et discutable. En effet, dans bien des pays africains, il a été enregistré de hauts taux de croissance économiques sans qu'une amélioration des conditions sociales et économiques s'en suive. La réalité avait indiqué que la croissance n'était pas pro-pauvre, c'est-à-dire qu'elle n'avait pas réglé les problèmes des personnes vulnérables et des plus défavorisés et n'avait pas été non plus bénéfique à tout le monde. Bref, c'était une croissance sans effets redistributifs2.

Par conséquent, la croissance économique positive ainsi observée avait profité à certaines couches sociales au détriment des autres. Il en est résulté des inégalités sociales perceptibles et les populations ont continué à vivre les affres de la pauvreté. Ainsi, des taux de croissance économique élevés peuvent être une condition nécessaire mais non suffisante à la réduction de la pauvreté3.

C'est pourquoi, la plupart des chercheurs ont milité pour la théorie de la croissance économique inclusive et une remise à niveau des indicateurs de son évaluation, l'importance étant de réduire les inégalités et entamer le développement social et économique. Cette question est tellement importante qu'elle mobilise plusieurs recherches tant chez les économistes que dans les autres domaines.

1 PNUD, « Rapport sur le développement humain », 1991, p. 2.

2 V. K. LOFOMA, « Conditions de la contribution de la croissance économique dans l'amélioration du bien-être en République Démocratique du Congo », Mémoire de licence présenté à l'Université de Kinshasa, Kinshasa, 2019, p. 3.

3 R. ISLAM, « Croissance économique et développement durable au Maroc », éd. Steal, Rabat, 2005, p. 67.

2

Parmi ces principales études économiques, nous avons pu consulter les travaux ci-après :

? MEYER D. F. et al.4 : Dans leurs articles portant sur l'évaluation comparative du niveau de performance de la croissance des pays du BRICS, ces auteurs ont conclu que ces différentes nations ont atteint un niveau moyen de croissance inclusive, à l'exception de l'Afrique du Sud. Ce diagnostic a été élaboré sur base de huit indicateurs. Le résultat final de leurs études fournit un système de pondération en deux étapes simplement pour le fait que celle-ci a utilisé deux indices globaux dans l'évaluation de la croissance par pays faute de certaines données relatives à certains indicateurs ;

? VELLALA P. et al.5 : ont proposé une analyse comparative de l'ampleur de l'inclusivité de la croissance atteint par les quinze Etats formant la République Parlementaire Fédérale de l'Inde à l'aide d'un indice composite construit sur base de trois critères, à savoir l'étendue géographique des lacs indiens occupée par Km2, le pourcentage de la population et la part contributive de chaque Etat dans la formation du PIB. Cette étude classifie les Etats en fonction des résultats obtenus selon les dimensions de l'inclusivité de la croissance à savoir l'économie, les commodités, le développement humain, l'équité financière, le genre, la durabilité et la gouvernance. En tenant compte de la seule dimension économique, l'Etat du Kerala a obtenu un succès considérable en matière de réduction de la pauvreté suivi de Pendjab et de l'Haryana. Tandis que les autres Etats ont été les moins performants ;

? VELLALA P. et al.6 : ont élaboré un indice composite permettant de mesurer la croissance inclusive dans les principaux États indiens à l'aide de 20 variables socioéconomiques différentes regroupées en six dimensions : économique, commodités, développement humain, équité entre les sexes et inclusion financière, gouvernance et durabilité sur base des données transversales pour la période 2001 à 2011. L'étude a utilisé une analyse en composantes principales pour attribuer une pondération à ces variables dans la construction de l'indice composite. Les résultats indiquent que les États du Kerala, du Tamil Nadu, du Maharashtra et du Karnataka sont les plus performants, tandis que ceux d'Uttar Pradesh, du

4 D. F. MEYER et N. MEYER, « Assessment of Inclusive Growth Performance: A Comparative Analysis of the BRICS Countries », dans Oeconomica, Vol. 15, No4, 2019, pp. 191-207, (notre traduction), [En ligne], URL : http://www.journals.univ-danubius.ro/index.php/oeconomica/article/download/5723/5005 (Consulté le 29 mai 2020).

5 P. S. VELLALA et al., « Development of Composite Index for Inclusive Economic Growth: An Indian Perspective », dans Journal of Economic and Management Perspectives, Vol. 12, No1, 2018, pp. 142-153, (notre traduction), [En ligne], URL : https://mh.nirmauni.ac.in/wp-content/uploads/sites/22/2019/05/JEM-2018.pdf (Consulté le 29 mai 2020).

6 P. S. VELLALA et al., « Measuring Inclusive Growth Outcome in Major Indian States: Evidence from Cross Section Data », dans Research Journal of Economics & Business Studies, Vol. 6, No8, 2017, pp. 7-18, (notre traduction), [En ligne], URL : https://www.researchgate.net/publication/ (Consulté le 29 mai 2020).

3

Bengale occidental, du Bihar, d'Assam et d'Odisha sont les moins performants et que ceux d'Andra Pradesh, Gujarat, Haryana, Le Rajasthan et le Madhya Pradesh sont des États modérément performants ;

? UDAH et al.7 : ont essayé de contribuer à la conception des politiques de croissance inclusive en construisant un indice composite de croissance inclusive pour évaluer en série chronologique l'évolution de la croissance économique du Nigeria de 1981 à 2013. L'indice composite a été construit sur un score pondéré de 0 à 10 pour chaque année de 1981 à 2013, en fonction de la performance de chacun des indicateurs choisis en termes de classement de sa croissance et de la pondération qui lui est attribuée. Les résultats ont démontré que la croissance moyenne incluse sur la période 1981-2013 était de 3,67. Comparativement, le Nigéria a enregistré de meilleurs résultats en termes de croissance inclusive sur la période 2000-2013 (13 premières années de règne démocratique - 13 ans d'OMD) avec un indice moyen de 4,492, par rapport au régime militaire de 13 dernières années dont l'indice moyen a été de l'ordre de 3,019. Néanmoins, la croissance inclusive de la création d'emplois a été catastrophique. La croissance des revenus montre des progrès considérables mais reste en dessous du seuil ;

? KHAN et al.8 : ont développé une mesure unifiée de la croissance inclusive à l'aide des données de séries chronologiques annuelles (1990-2012), intégrant la croissance, les inégalités, l'accessibilité et la gouvernance en une seule mesure. Leurs résultats démontrent que le Pakistan affiche un niveau de performance satisfaisant en ce qui concerne sa performance en matière de croissance inclusive. D'autres résultats de l'ARDL (Décalage distribué autorégressif) montrent que la stabilité macroéconomique et l'approfondissement des finances sociales sont des déterminants importants pour qui renforcent l'inclusivité et réduisent la pauvreté et les inégalités, tandis que des réformes du secteur commercial sont nécessaires pour accroître leur efficacité en termes d'inclusivité.

7 B. E. UDAH et E. O. BASSEY, « Diagnosis of Nigeria Inclusive Growth: A Composite Index Approach », dans British Journal of Economics - Finance and Management Sciences, Vol. 12, No2, 2016, pp. 49-58, (notre traduction), [En ligne], URL : http://www.ajournal.co.uk/EFpdfs/EFvolume12(2)/EFVol.12%20(2)%20Article%205.pdf (Consulté le 29 mai 2020).

8 A. KHAN et al., « Measurement and Determinants of Inclusive Growth: A Case Study of Pakistan (1990-2012) », dans The Pakistan Development Review, 55:4 Part II (Winter 2016), pp. 455-466, (notre traduction), [En ligne], URL : https://www.pide.org.pk/pdr/pdf/PDR/2016/Volume4/455-466.pdf (Consulté le 29 mai 2020).

4

Cependant, les différents travaux cités ci-haut ont présenté des véritables limites. En effet, l'absence dans leurs publications d'un indice composite de croissance inclusive9 et l'indication du degré d'inclusivité de la croissance économique des pays de certaines sous-régions du continent africains ont rendu leurs études partielles et limitées. Par ailleurs, il est indéniable que le choix des variables et leur pondération dans toutes ces études ont été inscrits sur base des fondements théoriques défendables pour permettre une interprétation normative des résultats.

C'est pourquoi, notre présente étude se démarque de ces travaux en essayant de proposer un indice composite susceptible d'appréhender et d'évaluer le niveau d'inclusivité atteint par les pays de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC).

9 Les publications sur la croissance inclusive en Afrique sont peu nombreuses. Sur la toile, nous n'avons trouvé que cinq auteurs qui ont construit effectivement un indice composite de croissance inclusive en Afrique : Hakimian (2013), Anago et al. (2015), Ncube (2015), BAD (2016) et Udah et al. (2016).

5

2. PROBLEMATIQUE

Le retard enregistré dans le développement social et économique des pays de l'Afrique centrale a été différemment expliqué à travers l'histoire et est apparu comme un véritable paradoxe lorsqu'on sait que les ressources du sol et du sous-sol que ces pays regorgent devraient constituer des atouts solides pour la croissance et le développement de la sous-région. En effet, l'Afrique centrale a longtemps été considérée comme une plaque tournante et une pierre de relance du développement économique de l'ensemble du continent.

Depuis le début du 21ème siècle, précisément durant les seize premières années, la croissance économique enregistrée par les Etats à travers le monde n'a pas laissé en marge ceux du continent africain. On a observé que la majorité des économies de la sous-région centrale d'Afrique ont accompli une prouesse économique considérable marquée par une dynamique de forts taux de croissance inscrits dans le long terme consolidée en moyenne autour de 5,6 % l'an10.

Toutefois, cette croissance rapide réalisée en termes d'augmentation substantielle du produit intérieur brut (PIB) n'a d'autant pas permis de révéler certaines disparités auxquelles ces pays de la sous-région ont dû faire face durant ces seize premières années du 21ème siècle. En effet, les inégalités de revenus enregistrées dans la sous-région africaine ont fait d'elle la partie du continent la plus inégalitaire en termes de richesses d'une part, où « le coefficient de Gini stagne à 42 depuis 2000, le niveau le plus élevé du continent »11. D'autre part, Tchakounté et al. (2016) ont souligné que « la proportion des [sic] personnes vivant dans une situation de pauvreté excessive, c'est-à-dire moins de 2 dollars par jour, s'est accrue [pour se fixer] au-delà des 70 % »12.

Eu égard aux aspects susmentionnés, il sied de noter que maints auteurs ont démontré durant le dernier siècle « ([à l'instar de] Person et Tabellini, 1994 ; Alesina et Rodrik 1994 ; Bourguignon, 1993 ; Birsdall et Sabbot, 1995 ; Clarke, 1995 ; Perotti, 1996; Galor et Zang,

10 CUA-OCDE, « Dynamiques du développement en Afrique 2018 : Croissance, emploi et inégalités », CUA, éd. OCDE, Paris, 2018, p. 124. [En ligne], URL : https://doi.org/10.1787/9789264302525-fr (Consulté le 28 novembre 2019).

11 CUA-OCDE, op. cit., 2018, p. 124. [En ligne], URL : https://doi.org/10.1787/9789264302525-fr (Consulté le 28 novembre 2019).

12 M. TCHAKOUNTE et al., « Inégalité, fécondité et croissance en Afrique Centrale », dans Journal of Economics and Development Studies, Vol. 4, No2, 2016, pp. 170-188. [En ligne], URL : http://jedsnet.com/journals/jeds/Vol_4_No_2_June_2016/14.pdf (Consulté le 28 novembre 2019).

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1997), l'existence d'une relation négative entre les inégalités `initiales' et la croissance de long terme »13.

Toutefois, en dépit de l'importance de ces études, « le concept de croissance pro-pauvre a rapidement gagné en popularité [au lendemain de la grande récession de 2008] tant du côté des chercheurs que des bailleurs et des décideurs suite à la lenteur de la réduction de pauvreté observée dans certains pays en développement [notamment dans tous les pays du sud]»14. De toute évidence, « cette nouvelle conception, portée par des auteurs comme Anand and Kanbur (1993b), Bourguignon (2003), Kakwani (1993), Klasen (2005), discute des conditions sous lesquelles la croissance profite aux plus pauvres »15.

Par conséquent, les débats entamés autrefois en matière de croissance pro-pauvre ont permis de formuler l'idée d'une nouvelle conception de croissance « qui ne se limite pas à celle des agrégats monétaires usuels (OCDE, 2014) c'est-à-dire celle d'une croissance incluant l'ensemble des déterminants de la qualité de vie des individus, et celle d'une croissance qui profite à tous sans laisser personne sur le bord de la route »16.

En d'autres termes, il s'agit plus précisément d'évaluer la qualité de la croissance économique atteinte par les pays de la sous-région africaine, sachant qu'une croissance est dite « de qualité », lorsqu'elle est forte, stable et soutenue, de manière à accroître la productivité et permettre l'atteinte des objectifs relatifs à l'amélioration du bien-être social et à la réduction de la pauvreté.

Si, certains auteurs et organismes, notamment le PNUD et la Banque Mondiale ont mis en place l'indice de la qualité de croissance, IQC en sigle, comme indicateur composite qui prend en compte les éléments « fondamentaux de la croissance » (la vigueur, la volatilité, la diversification économique et l'orientation externe de la demande) ; les « retombées sociales de la croissance » en termes d'éducation et de santé, notre étude voudrait aller au-delà pour

13 D. COGNEAU et C. GUENARD, « Les inégalités et la croissance : une relation introuvable ? », dans Working Papers, DT/2002/03, 2002, p. 4, [En ligne], URL: https://ideas.repec.org/p/dia/wpaper/dt200203.html (Consulté le 12 juillet 2020).

14 D. BOCCUNFUSO et C. MENARD, « La croissance pro-pauvre : un aperçu exhaustif de la `boite à outils' », dans Cahier de recherche/Worhing Paper, No09-06, Département d'Economie de l'Ecole de gestion à l'Université de Sherbrooke, 2009, p. 2, [En ligne], URL: http://gredi.recherche.usherbrooke.ca/wpapers/GREDI-0906.pdf (Consulté le 28 novembre 2019).

15 N. KA, « Modélisation de la croissance pro-pauvre », Thèse de doctorat présentée à l'Université Montpellier, Montpellier, 2016, p. 17. [En ligne], URL : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01549528/document (Consulté le 28 novembre 2019).

16 D. LANCHET et M. FLEURBAEY, « Construire des indicateurs de la croissance inclusive et de sa soutenabilité : que peuvent offrir les comptes nationaux, comment les compléter ? », dans Economie et Statistique/INSEE, 2013, [En ligne], URL : https://www.insee.fr/ (Consulté le 28 novembre 2019).

7

construire un indice composite susceptible d'évaluer le niveau de la croissance atteint par les pays de la sous-région choisis.

Jusqu'à ce jour, plusieurs analystes se sont intéressées sur cette question. Ali et Son (2007), Ianchovichina et Lundstrom (2009), Rauniyar et Kanbur (2010), Klasen (2010), Anand et al. (2013), Ncube (2015) sont les plus cités et leurs travaux sont la base de la notion de croissance inclusive. Parmi ces études, rares sont celles qui se consacrent à l'Afrique plus particulièrement à la sous-région centrale de l'Afrique.

Eu égard à ce qui précède, il convient de se poser les questions suivantes :

· Comment peut-on expliquer les taux de croissance élevés enregistrés par les pays de la CEEAC pendant la période sous étude ?

· Cette croissance a-t-elle été inclusive ?

· Comment mesurer cette inclusivité ?

L'éventuelle réponse à cette interrogation nous amène à formuler l'hypothèse du sujet.

3. HYPOTHESES D'ETUDE

Une hypothèse du travail est constituée des réponses provisoires que le chercheur entend fournir aux questions qui ont suscité son investigation. Toutefois, ces réponses peuvent être corroborées ou infirmées à l'issue de ses recherches sur terrain.

Dans le cadre précis de cette étude, notre hypothèse se formule de la manière suivante :

· Les taux de croissance élevés enregistrés par les pays de la sous-région centrale de l'Afrique s'expliqueraient par l'existence des ressources minières que possèdent lesdits pays ;

· Pareille croissance aurait été inclusive et de qualité si elle serait évaluée par des indicateurs solides qui tiendraient compte de sa qualité ceux utilisés ayant mis au centre l'augmentation du PIB comme le seul moyen d'évaluation alors que la qualité en serait exclue ;

· Pour mesurer cette inclusivité, notre étude s'efforcerait d'élaborer un indice composite qui évaluerait le niveau et la qualité de croissance atteint par les pays retenus au sein de notre échantillon d'étude.

8

4. CHOIX ET INTERETS DU SUJET

La croissance inclusive est à ce jour l'une des questions les plus étudiées par les chercheurs. Cependant, l'accroissement des inégalités et du chômage, le sous-emploi, le manque des ressources, les crises socioéconomiques, alimentaires et sécuritaires de tout genre, l'appauvrissement récurrent de la population rurale et urbaine dans certains pays de la sous-région d'Afrique centrale font partie des éléments qui nous ont poussé à nous lancer sur cette question car étant devenue un contraste saisissant dans ladite région.

5. METHODES ET TECHNIQUES

La méthode est l'ensemble de règles ou de procédés pour atteindre dans les meilleures conditions (temps, argent, hommes...) un objet : vérité, expérience, vérification, apprentissage17. La méthode est aussi une tentative d'explication, elle est rattachée à une théorie appliquée à la réalité.18 Le choix des méthodes de recherche constitue un élément capital dans la mesure où elles permettent au chercheur d'aboutir aux résultats escomptés de son investigation.

Dans le cadre précis et restreint de cette étude, le choix d'une méthode idoine s'avère capitale. L'étude consistant à comparer les différentes croissances économiques des pays de l'Afrique Centrale, nous avons fait usage des méthodes comparative et économétrique. Alors que la première nous offre des outils susceptibles d'assurer la comparaison sur un certain nombre de critères et d'indicateurs ; la seconde nous permet de construire un indice, outil souhaité pour évaluer le niveau de la croissance atteint par les pays de la sous-région.

Quant aux techniques, deux principales seront d'usage, à savoir :

1. La technique documentaire : elle nous a permis à lire les ouvrages, les articles et autres publications relatifs au sujet mis sous analyse ;

2. La technique d'entretien : elle nous a permis de recueillir les points de vue des chercheurs compétents autour des points importants de notre travail dont les ouvrages y afférents n'ont pas pu nous apporter les lumières nécessaires. Les points de vue des experts en matière de croissance économique, ceux des animateurs des institutions nationales et internationales peuvent être évoqués et inscrits dans le cadre de cette étude tant que les moyens nous le permettraient.

17 A. M. MULUMBA et G. TIZI, « Le guide du chercheur en sciences sociales et humaines », éd. Sogedes, Kinshasa, 2003, p. 37.

18 Idem, p. 37.

9

6. DELIMITATION SPATIO-TEMPORELLE

Notre étude est dans le temps et l'espace. Dans l'espace, elle se propose d'analyser l'inclusivité de la croissance du groupe de pays choisis à savoir l'Angola, la Centrafrique, le Tchad, la République du Congo et la République Démocratique du Congo, cinq pays de la sous-région d'Afrique centrale, membres de la CEAAC. Les raisons qui ont milité au choix de ces pays résident en ceci que la plupart ont connu ou connaissent encore de périodes de conflits, entremêlées par des situations de crise dues à certaines variations de cours des matières premières. Par conséquent, cette étude contribuera à la littérature existante sur la base de la construction d'un indice composite de croissance inclusive.

Quant à la période de temps, nous retenons celle qui couvre les années 2000 à 2016. Le choix de cette période se justifie par le fait que la dynamique de croissance de la sous-région a été globalement positive durant la période sous-examen.

7. CANEVAS

Toute recherche scientifique aussi pertinente soit-elle, se développe toujours par étapes. Excepté la présente note introductive faisant office de prélude ainsi que la conclusion générale, la nôtre s'organise en trois chapitres. Le premier portera sur les généralités théoriques sur la croissance économique ; le deuxième fera un état des lieux de la dynamique de la croissance, de la pauvreté et du développement social et économique de la sous-région de l'Afrique centrale. Et enfin, le troisième sera axé sur la construction (élaboration) de l'indice composite de croissance inclusive pour les pays de la zone CEAAC (Angola, Centrafrique, Tchad, République du Congo et République Démocratique du Congo).

10

CHAPITRE I :

CONSIDERATIONS THEORIQUES ET DEFINITIONELLES SUR LA
CROISSANCE ECONOMIQUE

Essentiellement théorique, ce chapitre préliminaire de l'étude s'assigne pour objectif principal de définir les concepts phares susceptibles d'aider à la compréhension de la suite du travail. Deux concepts sont retenus, notamment la croissance économique et la croissance inclusive. En vue d'atteindre cet objectif, ce chapitre est divisé en deux sections consacrées respectivement à ces deux concepts.

SECTION 1 : NOTIONS SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE

La notion de croissance économique reste au centre de la théorie économique. Définie de manières diverses, la croissance économique possède plusieurs facteurs à son amont. La première section de ce chapitre définit d'abord le concept de la croissance économique, indique ses mesures et présente les différents modèles de croissance économique.

I.1.1. Définitions de la croissance économique

La notion de croissance économique revêt plusieurs acceptions et est définie de plusieurs manières. Toutefois, des principales définitions attribuées à ce concept, celles de Simon Kuznets et de François Perroux nous semblent les plus persuasives.

En effet, selon Simon Kuznets, « la croissance économique d'un pays peut être définie comme une augmentation à long terme de la capacité d'offrir une diversité croissante des biens à la population, cette capacité croissante étant fondée sur le progrès de la technologie et les ajustements institutionnels et idéologiques qu'elle requiert »19.

Et au sens strict, selon François Perroux, la croissance économique correspond à « l'augmentation soutenue [durant] une ou plusieurs périodes longues (chacune de ces périodes comprenant plusieurs cycles quasi-décennaux) d'un indicateur de dimension : pour une nation, le produit global net en termes réels »20.

19 S. KUZNETS, « Modern Economic Growth : Findings and Reflections », dans The American Economic Review, Vol. 63, No3, 1973, pp. 247-258, (notre traduction), [En ligne], URL : https://www.jstor.org/stable/1914358 (Consulté le 13 décembre 2019).

20 J. BREMOND et A. GELEDAN, « Dictionnaire des sciences économiques et sociales », Paris, Hatier, 2002, p. 133.

11

Au vu de ces définitions, la croissance économique est un phénomène de longue période, quantitatif et mesurable qui se distingue du développement qui est un phénomène de nature qualitative. Ainsi, la croissance économique est l'accroissement durable de la production globale d'une économie21.

I.1.2. Mesures de la croissance économique

La croissance économique se mesure année par année. Le passage d'une période annuelle à une autre permet de trouver un indicateur juste pour la mesurer. En pratique, l'indicateur le plus utilisé pour la mesure de la croissance est le produit intérieur brut, PIB en sigle. Il s'agit d'une mesure quantitative du volume de la production au sein de la nation. En effet, le PIB regroupe et opère une sommation de l'ensemble de la production réalisée au sein d'une économie, quelles que soient les nationalités des producteurs (nationaux ou étrangers)22.

Dans la suite de cette section du chapitre, nous définissons d'abord le PIB, en indiquons les approches, et enfin, en présentons des limites dans sa qualité de mesure de la croissance économique.

A. Notion du Produit Intérieur Brut (PIB)

Le Produit National Brut (PIB) peut être défini comme étant « la valeur marchande de tous les biens et services finaux produits dans un pays au cours d'une période »23. En d'autres termes, le PIB « est une estimation de la valeur de la production d'un pays. Il prend pour base le territoire national »24. La croissance correspond donc au taux de croissance du PIB.

L'expression suivante donne la relation qui mesure la croissance économique :

Valeur du PIB l'année ??-Valeur du PIB l'année??

Taux de croissance = (1.1)

Valeur du PIB l'année??

L'expression (1.1) pourrait être positive, négative ou nulle :

· Si r > 0 : la croissance est positive indiquant que le PIB de l'année en cours est supérieur à celui de la période antérieure ;

· Si r< 0: la croissance est négative indiquant que le PIB de l'année en cours est inférieur à celui de la période antérieure ;

· Si r = 0 : la croissance est nulle.

21 J-Y. CAPUL et O. GARNIER, « Dictionnaire d'Economie et des sciences sociales », Paris, Hatier, 2008, p. 113.

22 M. RAINELLI, « La nouvelle théorie du commerce international », Paris, La découverte, 2003, p. 28.

23 G. N. MANKIW et M. P. TAYLOR, « Principes de l'économie », Bruxelles, De Boeck, 2013, p. 630.

24 J. BREMOND et A. GELEDAN, op. cit., p. 466.

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Toutefois, le plus souvent, l'expression précédente est exprimée en pourcentage. Elle indique ainsi le taux de variation relative du PIB de la période t par rapport à celui de la période t-1. De cette façon précédente devient :

r = PIBt-PIBt-1 * 100 (1.2)

PIBt-1

La théorie économique rassemble et regroupe un bon nombre d'approches en rapport avec la croissance économique.

B. Différentes approches du PIB

Le PIB est appréhendé suivant trois principales approches comptables:

a) Approche de la production : suivant cette approche, le PIB est la somme des valeurs ajoutées créées par les unités économiques résidentes25.

b) Approche par la demande (ou par les dépenses) : sous cet angle, le PIB est la somme de « la dépense totale consacrée à l'acquisition des biens et services produits par cette économie »26 au cours d'une période bien définie.

Cette approche se résume par l'équation comptable suivante :

PIB= Cp + Cg+ FBCF+VS+(X-M) (1.3)

Dans l'expression (1.3) :

· Cp = consommation privée ;

· Cg = consommation publique ;

· FBCF = Formation Brute du capital Fixe ;

· VS = Variation du stock ;

· X et M = exportation et importation

c) Approche par le revenu national : ici le PIB est la somme du « revenu total [salaires, rentes et profits] de l'ensemble des membres de l'économie »27 payé par les firmes pendant une période bien déterminée. Cette approche est représentée par l'expression suivante :

PIB = RS+ (TI-SUB) + EBE (1.4)

25 J. Y. CAPUL et O. GARNIER, « Dictionnaire d'Économie et de Sciences Sociales », Paris, Hatier, 2005, p. 136.

26 G. N. MANKIW, « Macroéconomie », Bruxelles, De Boeck, 1993, p. 23.

27 G. N. MANKIW, op. cit., p. 23.

13

Dans l'expression (1.4) :

? TI = Taxes indirectes ;

? SUB= Subventions ;

? EBE= Excédent Brut du capital Fixe.

C. Limites du PIB comme mesure de la croissance

Les contestations faites du choix de Produit Intérieur Brut comme mesure de croissance sont multiples. En effet, « [bon nombre] d'économistes et des comptables nationaux se disent parfaitement conscients de ses limites »28. Par conséquent, plusieurs raisons ont amené certains auteurs à l'instar de Simon (2007) à considérer que « le PIB ne reflète pas le degré de croissance d'une zone géographique au cours d'une longue période »29. Tandis que d'autres, comme Pierre Lachaize, voient en cet outil de mesure un indicateur qui n'est en soi ni bon ni mauvais.

En effet, selon les critiques, le PIB n'est qu'une mesure quantitative, globale et une moyenne s'appuyant que sur ce qui est déclaré à l'Etat sans tenir compte effectivement des contributions importantes qui présentent de la valeur au sein de la société en l'occurrence les travaux ménagers, les activités licites mais non déclarées (travail au noir), les activités illicites (prostitution, drogues), etc.

Par ailleurs, le PIB reflète de moins en moins l'évolution du bien-être au sein d'une économie : le PIB ignore l'aspect qualitatif de la vie. Par conséquent, le PIB est donc un indicateur imparfait pour mesurer la production de richesses et le bien-être. Aujourd'hui, il est à la fois trompeur et incertain de croire que le niveau de vie d'une économie subit une nette amélioration lorsque cet indicateur est en constante évolution.

28 D. MEDA et J. GADREY, « Les limites du PIB », dans Alternatives économiques, N°300, 2011, [En ligne], URL : https://www.alternatives-economiques.fr/limites-pib/00042355 (Consulté le 20 janvier 2020).

29 M. BELKACEM et N. DJEDDIS, « Impact des dépenses publiques sur la croissance économique en Algérie : étude économétrique sur la période 1985-2012 », Mémoire de Master, Université Abderrahmane Mira de Bejaïa, Bejaïa, 2013-2014, [En ligne], URL : http://www.univ-bejaia.dz/ (Consulté le 19 janvier 2020).

30 Le modèle de Roy Harrod est très proche de celui de son collègue du MIT Evsey Domar si proche pour que les manuels économiques présentent fréquemment un modèle dit « Harrod-Domar ».

14

I.1.3. Modèles de croissance économique

Les principaux modèles fondamentaux de la croissance économique ont vu le jour vers la première moitié du vingtième siècle. Ils établissent des cadres cohérents d'analyse qui permettent de saisir le processus de croissance économique à long terme.

En effet, les modèles de croissance théoriques constituent un vaste champ de recherche dont nous ne saurions avoir la prétention d'aborder en totalité au cours de cette étude. In fine, d'après l'étude présentée par Balasubramanyam, Salisu et Sapsford (1996), la vaste littérature sur les modèles de croissance peut être scindée en 3 groupes distincts, à savoir les modèles postkeynésiens, les modèles néo-classiques et les nouveaux modèles de croissance.

A. Les modèles de croissance postkeynésiens

Les modèles de croissance postkeynésiens sont des modèles qui mettent l'emphase sur l'épargne et l'investissement. Les premiers modèles de croissance keynésiens ont été construits autour de l'hypothèse selon laquelle l'accroissement quantitatif de la production est fonction de l'augmentation de la quantité de capital et de travail disponible.

Roy Harrod (1939) et Evsey Domar (1946) sont les pionniers qui ont formalisé cette approche dans la littérature sur les modèles de croissance. En l'occurrence, le modèle Harrod-Domar30, mis au point au départ de façon autonome dans les années 1940, est l'un des premiers modèles formalisé de la croissance. Selon ce modèle, la fonction de production est exclusivement linéaire et dépend uniquement du capital et de la main-d'oeuvre disponible (tiré de Ray, 1998):

Y= min (BK, áL) (1.5)

Y est le taux de croissance ;

K est le capital disponible ;

L est la main-d'oeuvre disponible ;

B est la productivité du capital ;

á est la productivité de la main-d'oeuvre.

15

En effet, la formalisation d'Harrod-Domar se fixe pour objectif de déterminer le taux de croissance nécessaire au maintien du plein-emploi. Ainsi, le taux de croissance du capital investi, ?K, se détermine par le taux d'épargne ainsi que par la productivité marginale de ce capital :

?K= sè - ??é?? (1.6)

s est le taux d'épargne ;

dép est le taux de dépréciation du capital.

En tenant compte de l'hypothèse énoncée ci-dessus, trois cas de figures peuvent se présenter au sein d'une économie fermée, à un seul secteur, dépourvu d'Etat :

? Si n = s/v : on a une croissance équilibrée de plein emploi ;

? Si n > s/v : la production augmente à un rythme inférieur à celui de la population active ? croissance+chômage ;

? Si n < s/v : la production ne pourra être atteinte, car les investissements ne peuvent être réalisés (crise et déséquilibres permanents).

En somme, la pertinence de la réflexion présentée par Harrod-Domar a été cependant très critiquée par les néoclassiques. Pour ces derniers, « le modèle tient ses limitations essentielles aux hypothèses rigides et restrictives qu'il adopte sur les ratios fixes capital/travail, capital/production et travail/production impliquant une souplesse extrêmement réduite sur la durée »31. Dans ce modèle, la croissance économique se révèle être un processus fondamentalement instable (« sur le fil du rasoir »), qui ne peut être maintenu qu'à l'aide de l'intervention de l'Etat. Toutes ces limites vont être endiguées par les néo-classiques.

31 D. H. PERKINS, et al., « Économie du développement », Bruxelles, De Boeck, 2008, p. 167.

16

B. Les modèles néo-classiques

L'approche néoclassique de la croissance, telle qu'on la conçoit aujourd'hui, est jalonnée des contributions successives des auteurs tels que Ramsey (1928), Solow (1956), Swan (1956), Cass (1965) et Koopmans (1965). Les modèles néoclassiques ne se limitent plus au seul processus d'accumulation des facteurs et se proposent d'inclure « un autre processus comme essentiel à la persistance de la croissance, à savoir l'accroissement de la productivité des facteurs »32. Par conséquent, la fonction de production néoclassique se définit de la manière suivante :

Y = A f(K, L) (1.7)

Y désigne la production ;

A est la productivité globale des facteurs33, c'est-à-dire la partie de la production qui ne s'explique pas par l'augmentation de la quantité de K ou de L ;

K est le niveau de capital accumulé ;

L est la main d'oeuvre disponible.

En adoptant la thèse néoclassique, Robert Solow (1956) construit un modèle sur base des idées fondatrices énoncées ci-dessus. A cet égard, il identifie un troisième facteur qu'il nomme le « résidu » qui est assimilé au progrès technique. Ce dernier est à la base de l'augmentation de la productivité des facteurs et permet donc une augmentation qualitative et non plus seulement quantitative des facteurs de production. Dans ce cas, la croissance économique est intensive dont le taux de croissance économique se présente comme suit :

?Y = sAK??-?? - (j + g + ä) (1.8)

où ??Y représente le taux de croissance ;

j représente le taux de croissance de la population ; s représente le taux d'épargne ;

g représente le taux de progrès technique ; ä représente la dépréciation du capital.

32 N. AMAN NDIKEU NJOYA, « Corruption et croissance économique au Cameroun : de l'effet direct et des effets indirects à travers la répartition des dépenses publiques », Thèse de doctorat présentée à l'Université Rennes 1, Rennes, 2017, p. 73, [En ligne], URL : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01622648 (Consulté le 10 juillet 2020).

17

Au regard de ce qui précède, le modèle de Solow est considéré comme l'archétype des modèles de croissance néoclassique. Bien qu'ils soulignent l'importance du rôle de l'évolution technique dans le processus de croissance en permettant le paramètre technologique de varier, les modèles de croissance néoclassiques « n'indiquent pas précisément de quelle façon ce paramètre fluctue »34. En plus, les théoriciens de la croissance néoclassiques situent les sources de croissance économique en dehors du champ économique. Cette conception de la croissance exogène sera contestée par les théoriciens de la croissance endogène. Ces derniers chercheront justement à endogénéiser la théorie néoclassique.

C. Les nouveaux modèles de croissance

Les nouveaux modèles de croissance ont été élaborés pour faire évoluer la théorie de croissance exogène défendue par les néoclassiques à une autre dite de croissance endogène. Ces modèles se fondent sur l'hypothèse selon laquelle la croissance économique est auto-entretenue sous l'effet de l'accumulation de capital c'est-à-dire elle est endogène.

Dans ces conditions, la croissance économique est le fruit de l'accumulation de différentes formes de capitaux (technologie, expérience et savoir-faire, éducation et formation professionnelle, infrastructures publiques...) émanant de la rationalité du comportement des agents économiques. De ce fait, le comportement rationnel des agents économiques produit des « externalités positives ». Il résulte dès lors que la croissance a un caractère auto entretenu et n'est plus soumise à la loi des rendements décroissants du fait de la présence d'externalité positive et de rendement d'échelle croissant (ex. : découvertes scientifiques médicales vont améliorer l'état de santé d'une population, cette amélioration va permettre une augmentation de l'efficacité des travailleurs favorisant la croissance économique).

La figure 1.1 ci-dessous illustre mieux la conception endogène de la croissance présentée par tous les théoriciens de cette thèse :

34 A. FORTIN, « Investissements directs étrangers, effets de débordements et croissance économique dans les pays en voie de développement », Mémoire de maîtrise présenté à l'Université de Montréal, Montréal, 2005, p. 41, [En ligne], URL : http://biblos.hec.ca/biblio/memoires/m2005no3.pdf (Consulté le 05 mars 2020).

18

Croissance

 

Augmentation des

 

Augmentation de

 

Augmentation de

économique

 

revenus

 

l'épargne

 

l'investissement

 

Augmentation de
la productivité
globale des
facteurs

 

Externalités positive
sur l'ensemble des
agents économiques

 

Recherche, santé et éducation

Capital humain

Accumulation

du capital au sens large

Connaissance, brevet

Capital

Technologique

 

Capital public

 

Capital technique

 

Figure 1-1 : Les modèles de croissance endogène

Source : S. Phocas (s.d.), « Quelles sont les sources de la croissance économique? » - Sources de la
croissance, chapitre 1, p. 14.

En s'inspirant du modèle de Römer (1986), Lucas (1988) propose un modèle fermé de croissance de type Cobb-Douglass (en omettant l'indice temporel) où il identifie à côté du facteur travail, N, et du capital physique, K, un troisième facteur de production : le capital humain, qui impacte non seulement la productivité, mais aussi la croissance. En combinant ces trois facteurs, il obtient une fonction de production qui se définit comme suit35 :

35 T. MAZAMBA, « Le modèle de Lucas (1988) » [En ligne], URL :

http://mazambatedie.free.fr/spip.php?page=imprimir_articulo&id_article=14 (Consulté le 11 juillet 2020).

19

Y = ??????(??????)??-??????? ? (1.9)

uhN est le travail efficient ;

u est le temps de travail.

Outre l'accumulation du capital humain, il distingue un quatrième facteur, « le savoir », qui est également à l'origine de la productivité et de la croissance. Dans ce cas, Lucas conçoit le savoir comme un bien rival et à exclusivité d'usage36. A contrario, Römer (1990) considère le savoir comme un bien non rival c'est-à-dire un bien (connaissance) qui peut être utilisé simultanément par plusieurs agents économiques.

Selon le modèle de Lucas, la croissance de long terme est un arbitrage réalisé par les agents économiques entre sacrifier leur utilité présente, tout en sachant que plus ils se consacrent à la formation, plus leurs productivités et revenus seront accrus.

Au regard de ce qui précède, il résulte que les théoriciens de croissance endogène tentent d'expliquer la croissance économique de façon plus efficace que ceux de croissance exogène grâce à la connaissance, au capital et à l'innovation. Les modèles développés dans ces théories distinguent différents facteurs de production de la croissance interne (capital humain, capital physique...) et externe (niveau des infrastructures publiques...) qui peuvent faire apparaitre des externalités positives, lesquelles vont profiter à l'ensemble des agents économiques.

La nouvelle optique ainsi adoptée de la croissance économique s'approche de la croissance inclusive.

36 M. MONTEILS, « Le savoir moteur de la croissance économique: Tests empiriques des principaux modèles de la croissance endogène », Forum de la régulation, Paris, 2001, p. 2.

20

SECTION 2 : NOTIONS SUR LA CROISSANCE INCLUSIVE

A travers cette section de notre étude, nous définissons d'abord le concept de la croissance inclusive; puis, nous en présentons ses mesures et enfin, nous en développons les dimensions.

I.2.1. Définitions de la croissance inclusive

La croissance inclusive demeure encore aujourd'hui une notion difficile à définir en toute objectivité. C'est pourquoi, certains économistes parviennent seulement à saisir l'essence du concept qu'à travers ses effets perceptibles sans toutefois dire exactement ce qu'elle est en réalité.

Tout au long de ce point, nous énumérons quelques définitions en rapport avec la notion de la croissance inclusive, sachant que celles qui sont les plus marquantes sont à présenter. D'abord, nous commençons par donner les définitions officielles, c'est-à-dire celles proposées par les institutions internationales (BAD, PNUD, ADB...) et celles les plus reprises dans la littérature économique.

A. Définitions officielles

En 2012, la BAD propose un premier essai de définition du concept. D'après elle, la croissance inclusive peut se définir « comme étant une croissance économique dont le résultat est ou a plus de possibilités de développement socio-économique durables pour le plus grand nombre de personnes, de régions et de pays, protégeant en même temps les groupes vulnérables, tout ceci dans un environnement d'équité, de justice [...] [sociale], et de pluralité politique »37.

Pour sa part, le PNUD considère que la croissance inclusive est à la fois comme un résultat et comme un processus. « D'une part, elle permet à chacun de participer au processus de croissance, en intervenant dans la prise des décisions et en étant acteur de la croissance. D'autre part, [elle] [...] procure des avantages qui sont équitablement partagés [c'est-à-dire] elle implique donc une participation et une mise en commun des avantages »38.

37 S. S. ANAGO et J-L D. HOUNGBEME, « Construction d'un indicateur synthétique de croissance inclusive », dans Analyse des politiques économiques et financières, Vol. 1, N° 1, 2015, pp. 73-74, [En ligne], URL : https://www.dgae.finances.bj/wp-content/uploads/2019/02/Construction-d (Consulté le 11 juillet 2020).

38 OCDE, « Rapport sur le cadre de l'OCDE pour une croissance inclusive », Paris, éd. OCDE, 2014, p. 10.

21

Par ailleurs, la Banque Asiatique de Développement définit la croissance inclusive « comme étant un concept qui va au-delà d'une croissance à large assise. Il s'agit d'une `croissance' qui, non seulement crée de nouvelles possibilités économiques, mais qui assure aussi l'égalité d'accès à ces opportunités à tous les segments de la société, et notamment aux pauvres »39.

Les définitions des institutions internationales présentées ci-dessus revêtent aussi bien des similitudes que des divergences. Elles indiquent que lorsqu'une société s'engage dans la démarche de croissance inclusive, celle-ci obtient plus de possibilités en matière de développement socio-économique durable pour le compte du plus grand nombre de personnes et non pas seulement pour les pauvres.

B. Selon la littérature économique

D'abondantes définitions attribuées au concept de la croissance économique inclusive dans la littérature économique, seules celles de Klasen, de McKinley, d'Ianchovichina et de Lundstrom sont présentées dans ce point du chapitre.

Selon Klasen (2010), la croissance inclusive se définit « comme une croissance économique qui profite dans une large mesure à des groupes de personnes autrement défavorisés. Par exemple, une croissance qui réduirait des désavantages liés à la région, à l'appartenance ethnique ou au genre pourrait être considérée comme inclusive »40.

De sa part, McKinley (2010) a relevé « deux aspects de la croissance inclusive : d'une part, le fait de parvenir à une croissance durable qui ouvre des possibilités économiques, et d'autre part, le fait d'assurer un accès plus large à ces possibilités afin que les membres de la société puissent participer à la croissance et en bénéficier »41.

Pour les deux derniers auteurs, enfin, Ianchovichina et Lundstrom (2009), « pensent que toute croissance qui est accompagnée d'une baisse de l'inégalité des revenus est une croissance de nature inclusive »42. Ainsi ressortissent par ailleurs, les différents facteurs importants pour une croissance inclusive à savoir :

39 S. S. ANAGO et J-L D. HOUNGBEME, op. cit., pp. 73-74, [En ligne], URL : https://www.dgae.finances.bj/wp-content/uploads/2019/02/Construction-d (Consulté le 11 juillet 2020).

40 NU (s.d.). « Les moteurs de la croissance inclusive en Afrique », p. 10, [En ligne], URL : http://repository.uneca.org/ (Consulté le 18 janvier 2020).

41 Ibid. p. 10.

42 A. IZU, « Fort de sa vigueur, qu'en est-il de l'inclusivité de la croissance en RDC ? », dans Jeune Economiste, Vol. 26, No29, 2016, pp. 26-51, [En ligne], URL : https://mpra.ub.uni-muenchen.de/68868/ (Consulté le 4 mars 2020).

22

? une croissance soutenue et équitable qui est basée dans les secteurs ou régions qui créent plus d'emplois, des infrastructures de bonne qualité ;

? une infrastructure rurale et les technologies agriculturales pour permettre aux pauvres de se développer ;

? un système de sécurité sociale améliorée pour les groupes vulnérables ;

? le respect des lois43.

De ce qui précède, nous retenons des définitions ci-dessus que la croissance inclusive est un mode de production qui met en relation tous les agents économiques autour d'une même table afin que ces derniers soient en mesure de se choisir le modèle de croissance adéquat pour leurs économies, et ensuite les faire participer au processus de création de richesse et de redistribution de celle-ci de manière équitable sans discrimination de sexe, de rang ou de position sociale.

Quand bien même les différentes définitions présentées ci-dessus convergent et présentent des points assez communs, une question les divergent : celle de trouver une mesure commune de la croissance économique inclusive.

I.2.2. Mesures de la croissance inclusive

Les points de vue des économistes sur les mesures de la croissance économique inclusive ne sont ni unanimes ni convergents. C'est pourquoi, au regard des différents points de vue sous-tendus par les auteurs et les écoles, quatre principales mesures sont proposées, en l'occurrence la mesure unifiée, les indicateurs de tableau de bord, l'indice à valeur unique et le cadre analytique. Toutefois, les approches de mesure unifiée sont les plus référencées dans la littérature dans la mesure où la plupart d'entre elles présentent non seulement l'avantage d'être utilisées dans la comparaison entre pays, mais également du fait qu'elles recourent à moins des données. Cependant, l'analyse approfondie consacrée à ces approches, notamment celles des indices synthétiques, révèle l'existence de certaines limites lors de l'élaboration.

Dans le cadre de notre étude, seule l'approche de mesure unifiée sera utilisée. C'est pourquoi, il est indispensable de présenter d'abord, dans les sous-sections qui suivent les avantages et les inconvénients issus dans l'élaboration des indices composites de croissance inclusive. Ensuite, seront analysées les différentes mesures alternatives phares au PIB qui ont favorisé la florescence de toute une série d'indicateurs composites (IC) au début des années 90. Notons,

43 A. IZU, op. cit., [En ligne], URL : https://mpra.ub.uni-muenchen.de/68868/ (Consulté le 4 mars 2020).

23

toutefois, qu'il n'existe pas de méthodologie standard à suivre pour la construction desdits indices.

A. Avantages et inconvénients de l'utilisation de l'indice composite de croissance inclusive

Les avantages issus de l'utilisation de l'indice composite sont multiples44:

· Un résumé d'information sur des phénomènes complexes et un appui conséquent aux décideurs dans leurs tâches ;

· Une interprétation assez aisée, comparée à l'alternative de chercher à déceler des tendances à partir de plusieurs indicateurs ;

· La comparaison aisée des pays, relativement à des phénomènes complexes ;

· Le suivi des performances des pays sur des phénomènes multidimensionnels ;

· Une communication facilitée avec le public (société civile, média, etc.).

Saisana et Tarantola (2002), cités par la BAD (2013), ont recélé cinq conséquences découlant de la mauvaise construction d'indices composites45, notamment le fait qu'(e):

· les IC pourraient fournir des messages trompeurs s'ils sont mal construits, mais surtout mal interprétés ;

· ils pourraient conduire à des décisions politiques simplistes ;

· ils pourraient être mal utilisés si le processus de construction n'est pas transparent et si les principes conceptuels et statistiques adoptés sont légers ;

· ils pourraient déguiser de sérieuses faiblesses pour certaines dimensions du phénomène mesuré et augmenter par voie de fait la difficulté d'identification des mesures pour y remédier ;

· ils pourraient conduire à des politiques économiques inappropriées si les dimensions difficiles à mesurer sont ignorées.

44 BAD, « Construction d'un indice composite d'intégration économique : le cas de l'Afrique Centrale », 2013, p. 6, [En ligne], URL : https://www.afdb.org/uploads/tx_llafdbpapers/ICIR13final.pdf (Consultée le 2 mai 2018).

45 BAD, op. cit., 2013, p. 8, [En ligne], URL : https://www.afdb.org/uploads/tx_llafdbpapers/ICIR13final.pdf (Consultée le 2 mai 2018).

24

B. Indicateurs synthétiques de croissance et inégalités

La liste des indicateurs de mesure de développement humain n'est pas exhaustive. C'est pourquoi, dans le cadre restreint de cette étude, nous énumérons ceux qui sont les plus utilisés. En effet, les indicateurs synthétiques de croissance et inégalités suivants ont été mis au point en vue d'appréhender le niveau de développement humain atteint par chaque pays : Indice de Développement Humain (IDH), Indice de Développement Humain ajusté aux Inégalités (IDHI) et l'indice de la Qualité de Croissance (IQC). Un détail sur chacun d'eux peut aider à appréhender leurs points communs ainsi que leur ampleur.

a) Indice de Développement Humain (IDH) :

Mis au point en 1990 par l'économiste indien Amartya Sen (prix Nobel d'économie en 1998) et l'économiste pakistanais Mahbub ul Haq, l'indice de développement humain (IDH) est un indicateur synthétique du PNUD qui mesure le niveau moyen du développement humain atteint par chaque pays en combinant ces trois aspects essentiels qui sont :

? La longévité et la santé, sur base de l'espérance de vie ;

? L'instruction et l'accès au savoir sur base du taux d'alphabétisation des adultes (deux tiers) et le taux brut de scolarisation combiné (pour un tiers) ;

? La possibilité d'accès à un niveau de vie décent sur base du RNB par habitant en PPA en USD.

b) IDH ajusté aux inégalités (IDHI) :

L'IDH est un indicateur moyen du niveau de développement humain de base atteint par un pays. Comme toutes les moyennes, l'IDH masque des inégalités dans la répartition des gains du développement humain entre l'ensemble des membres de la population d'une nation. Le Rapport de Développement Humain (RDH) a introduit l'IDHI, qui tient compte des inégalités dans les trois dimensions de l'IDH, en réduisant la valeur moyenne de chaque dimension en fonction du niveau des inégalités.

L'IDHI est essentiellement l'IDH diminué compte tenu des inégalités. La « perte » de développement humain due aux inégalités est obtenue en calculant la différence entre l'IDHI et l'IDH et peut être exprimée sous forme de pourcentage. Plus les inégalités s'accentuent dans un pays, plus la perte de développement humain augmente.

25

En effet, il s'est observé lors de la détermination de l'IDH que ce dernier masquait les inégalités dans la répartition des gains du développement humain entre l'ensemble des membres de la population d'une nation. Cependant, le PNUD a introduit en 2010 l'IDHI comme mesure qui palie l'accentuation des inégalités dans les calculs.

c) Indice de Qualité de la Croissance (IQC) :

Une croissance est dite « de qualité » lorsqu'elle est forte, stable et soutenue, de manière à accroître la productivité et permettre l'atteinte des objectifs relatifs à l'amélioration du bien-être social et à la réduction de la pauvreté. Sur cette base, les économistes ont construit une mesure dénommée « Indicateur de la Qualité de la Croissance (IQC) », dans le but d'analyser les facteurs les plus déterminants du récent épisode de forte croissance pour un échantillon de 93 pays dont 43 sont situés en Afrique.

L'IQC est un indicateur composite qui prend en compte deux sortes d'éléments complémentaires, à savoir :

· les « fondamentaux de la croissance » (la vigueur, la volatilité, la diversification économique et l'orientation externe de la demande) ;

· les « retombées sociales de la croissance » en termes d'éducation et de santé.

Ainsi, l'indice de qualité de la croissance (IQC) est défini comme un indice composite dont la valeur, comprise entre 0 et 1, est proportionnelle à la qualité de la croissance. L'IQC peut être calculé en utilisant deux approches : l'approche arithmétique et l'approche géométrique, lesquelles sont formulées comme suit :

IQC = â (Fondamentaux de la croissance) + 5 (social) ; (1.6)

IQC = (Fondamentaux de la croissance)a . + (social)5 (1.7)

Au demeurant, les principaux indicateurs de la croissance présentés ci-dessus sont susceptibles, lorsqu'ils se réfèrent aux différents éléments d'un pays, d'évaluer la dimension de la croissance économique et d'apprécier son inclusivité.

26

I.2.3. Dimensions de la croissance inclusive

L'inclusivité de la croissance s'apprécie suivant plusieurs dimensions, dont les principales sont résumées dans le tableau ci-après suivant leurs principaux aspects :

Tableau no1.1 : Principales dimensions de la croissance inclusive

Dimensions de
la croissance
inclusive

Principaux aspects

Monétaire

La dimension monétaire de l'inclusivité relève du cadre de la lutte contre la pauvreté monétaire. Sous cet angle, la croissance est inclusive si elle est pro-pauvre. Dès lors, la préoccupation essentielle est de s'assurer que le rythme de la production est suffisamment conséquent pour soutenir le relèvement du revenu moyen, particulièrement en faveur des pauvres et des plus démunis.

Sociale

La dimension sociale de l'inclusivité assigne à la croissance d'autres objectifs, au-delà de l'augmentation et la redistribution équitable du revenu. Elle inclut les préoccupations liées à l'éducation, la santé, l'eau, l'emploi, le genre, l'investissement, la lutte contre la corruption, les infrastructures et notamment la protection sociale.

Culturelle

Il n'est pas rare que dans certains pays, une frange importante de la population n'ait pas accès ou ait un accès réduit à l'éducation, aux services de santé ou à l'emploi du simple fait de son appartenance culturelle. Dans ce cas, la croissance économique ne saurait être véritablement inclusive.

Géographique

Les disparités régionales en matière de dotation en ressources ou d'accessibilité peuvent aggraver l'exclusion dans le sens où il apparaît une préférence pour les régions au potentiel le plus riche ou plus accessibles. Il convient de répartir équitablement les bénéfices tirés de la croissance entre les différentes régions. L'objectif est d'accorder un intérêt particulier aux régions les plus défavorisées.

Inter-temporelle, durable ou verte

L'inclusivité de la croissance prend en compte la communauté de destin inter-temporelle, dans la mesure où les décisions de production et de consommation prises aujourd'hui ont un impact sur le bien-être des générations futures. Telle est notamment la perspective de la croissance verte ou durable.

Institutionnelle

De nombreux auteurs (North [1990, 1991],Williamson [2000],Acemoglu [2003], Cogneau & Guenard [2003], Edison [2003], Acemoglu & Robinson [2008], Berg[2015], Jaumotte & Buitron [2015]) s'accordent sur le rôle des institutions dans la croissance économique et la lutte contre les inégalités. Leurs études soutiennent que des instituions de bonne qualité permettent de concevoir des politiques favorables à une croissance soutenue et permettent d'assurer une distribution équitable des fruits entre tous les groupes sociaux. Pour cette raison, les indicateurs de mesure de l'inclusivité de la croissance prennent souvent en compte des indices qui mesurent la qualité des institutions et de la gouvernance.

 

Source : Synthèse élaborée sur base de l'article de Lokota et al. [2015] cité par PNUD Bénin (2017).

27

Conclusion partielle

Rappelons que la croissance économique et son caractère inclusif ont été au centre de ce chapitre préliminaire de cette étude. Il ressort de cette analyse que la croissance économique porte le caractère inclusif lorsqu'elle est élevée, soutenue et diversifiée entre les secteurs, incluant une large partie de la population active et offrant des opportunités égales d'accès aux marchés de travail et aux ressources. Un certain nombre d'indicateurs a été analysé permettant d'évaluer le caractère inclusif de la croissance économique. Le dernier point de ce chapitre avait brossé un tableau sommaire de la dimension de la croissance inclusive. Le chapitre suivant examine les défis socio-économiques qui entravent le développement et la croissance globale réalisée par les pays de la CEEAC.

28

CHAPITRE II :
CROISSANCE ECONOMIQUE, DYNAMIQUE DE PAUVRETE, DES
INEGALITES, ET DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE EN AFRIQUE
CENTRALE

La croissance économique encourageante observée cette dernière décennie en Afrique centrale est un signe fort du redressement et de mise en place des urgents programmes économiques initiées et entamées depuis 2000. Toutefois, cette croissance ne s'est faite pas accompagner d'un élan d'espoir pour la transformation des conditions sociales et économiques des populations.

Le deuxième chapitre de notre étude s'emploie, d'une part, à présenter l'évolution de la croissance économique en Afrique centrale au cours de la période sous analyse (Section 1) ; et, d'autre part, décrit le développement, les inégalités de la croissance en Afrique centrale (Section 2).

SECTION 1 : CROISSANCE ECONOMIQUE EN AFRIQUE CENTRALE

La croissance économique positive observée dans la sous-région centrale africaine trouve en son amont plusieurs facteurs explicatifs et transite par divers épisodes historiques. La présente section de ce chapitre présente le profil de la croissance économique des pays de la sous-région de l'Afrique retenus sous analyse, retrace historiquement ses épisodes depuis la période postcoloniale jusqu'à la dernière année de notre investigation. La seconde sous-section essaie d'identifier les différentes contributions sectorielles à la croissance régionale durant la période sous-examen.

De la même manière, considérés individuellement, les cinq pays de la sous-région de l'Afrique centrale ont aussi connu des évolutions de croissance économique plus ou moins contrastées.

29

II.1.1. Evolution de la croissance sous-régionale de l'Afrique (2000-2018)

L'évolution de la croissance économique en Afrique en général et dans ses différentes sous-régions au cours de la période de 2000 à 2018 ne s'est pas réalisée de manière uniforme. Cette situation se justifie aussi bien par les facteurs explicatifs que par les politiques ou programmes économiques de la croissance que par les mesures d'encadrement desdites politiques.

C'est pourquoi, la comparaison de la croissance économique parties sous-régionales de l'Afrique indique l'existence d'importantes disparités inter-temporelles et interrégionales prouvées et détaillées à travers le graphique no2.1 suivant :

Graphique 2-1 : Taux de croissance sous-régionale africaine de 2000 à 2018 (en % annuel)

Taux de croissance annuelle du PIB (%)

-10

25

20

15

10

-5

5

0

2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018

Afrique centrale Afrique australe Afrique de l'Est Afrique du Nord Afrique de l'Ouest Afrique

Source : Elaboré par nous-mêmes sur base de données des indicateurs de développement dans le monde

de la Banque Mondiale, (World Developement Indicators, 2020)

L'observation du graphique no2.1 indique l'absence de synchronie entre les profils des taux de croissance économique pendant la période investiguée, mais plutôt des évolutions autonomes. Et ceci est d'autant plus remarquable non seulement d'un groupe sous-régionale à l'autre, mais également à l'intérieur des pays de chacun des groupes.

30

A. Evolution des taux de croissance dans les pays retenus

L'analyse de l'évolution de la croissance économique des pays de la sous-région de l'Afrique centrale retenus sous notre étude rassure que ces pays ont affiché des signaux positifs de croissance. C'est le cas, notamment de l'Angola, de la Centrafrique, du Congo-Brazzaville, de la RD du Congo et du Tchad.

a) Evolution de la croissance économique en Angola :

Ancienne colonie portugaise, l'Angola est un pays situé à la charnière de l'Afrique centrale et de l'Afrique australe, membre de la Communauté des Etats d'Afrique Centrale, en sigle CEAAC.

Il couvre une superficie de 1.246.700 km2 et est bordé par le Congo (Brazzaville) au Nord, la République Démocratique du Congo au Nord-Est, la Zambie à l'Est et la Namibie au Sud. Son économie repose principalement sur le secteur des hydrocarbures dont celui a représenté en 2011, 95 % de l'ensemble des exportations et a pu rapporter 79,5 % dans le budget de l'État46.

Au cours de dix-huit dernières années, l'Angola a enregistré une croissance économique vigoureuse (autour de 5,8 % en moyenne), comme on peut le constater dans le tableau no2.1 suivant :

46 BAD, « La Chine et l'Afrique : Un nouveau partenariat pour le développement ? », 2011, [En ligne], URL : http://www.afdb.org/fileadmin/uploads/afdb/Documents/Publications/text-francais%20china.pdf (Consulté le 12 juin 2020).

31

Tableau no2.1 : Evolution du taux de croissance de l'Angola (2000-2018)

Années

Croissance du PIB en %

2000

3,05

2001

4,21

2002

13,67

2003

2,99

2004

10,95

2005

15,03

2006

11,55

2007

14,01

2008

11,17

2009

0,86

2010

4,86

2011

3,47

2012

8,54

2013

4,95

2014

4,82

2015

0,94

2016

-2,58

2017

-0,15

2018

-2,13

Moyenne

5,80

 

Source : Elaboré par nous-mêmes sur base des données du WDI (2020)

Il ressort de l'analyse du tableau no2.1 ci-dessus que sur la période qui couvre nos investigations, les années 2002, 2004, 2005, 2006, 2007 et 2008 ont été caractérisées par un taux de croissance positif supérieur à deux chiffres.

De 2002 jusqu'à la crise financière, l'Angola a connu une progression fulgurante de son rythme de croissance atteignant une valeur respective de 11,34 % en moyenne. En effet, celui-ci a même atteint un pic de l'ordre de 15,03 % en 2005.

L'évolution de la croissance économique de l'Angola est reprise dans le graphique n°2.2 suivant :

32

Graphique 2-2 : Evolution de la croissance économique en Angola de 2000 à 2018 (en % annuel)

16

14

(%

12

P u

10

Taux de croissance annuelle du PIB (%)

2

2

0

ell

8

- 2

- 4

san

43

cr e

2

aux

0

2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018

.05

4.21

0 8 6 4 13.67

2.99

15.03

10.95

14.01

11.55

11.17

0.86

4.86

3.47

8.54

4.95 4.82

0.94

-2.58

-0.15

-2.13

Source : Elaboré par nous-mêmes, à partir des données du tableau n°2.1

Le graphique ci-dessus indique malheureusement que la chute abrupte des cours de pétrole générée par la crise des subprimes, fin 2008 et courant 2009, a entrainé un fort ralentissement du rythme de croissance du pays, qui est passé de 11,2 % en 2008 à 0,9 % une année plus tard.

La croissance économique positive observée en Angola jusqu'en 2007 nécessite une succincte explication quant à son origine. Depuis la fin de la guerre civile en 2002, l'économie angolaise a connu une croissance économique spectaculaire grâce essentiellement à la remontée des prix des hydrocarbures et à une forte progression du PIB pétrolier (7,7 %), qui ont contribué à contre balancer les difficultés pétrolière connue après la crise des subprimes. Néanmoins, la chute brutale des cours enregistrée tout au long du second semestre de l'année 2014 va faire sombrer consécutivement le pays dans une récession économique profonde sans précédent précisément en 2016-2017-2018.

33

b) Evolution de la croissance économique en République Centrafricaine :

Pays enclavé, situé en plein coeur du continent africain, la République Centrafricaine, aussi appelée Centrafrique, « couvre une superficie de 623.000 km2 et est bordée par cinq pays :

? au Nord par le Tchad sur 1.197 km,

? à l'Est par le Soudan et le Sud-Soudan sur 1.165 km,

? au Sud par la République Démocratique du Congo sur 1.577 km et la République du Congo

sur 467 km,

? enfin à l'Ouest par le Cameroun sur 797 km »47.

L'économie centrafricaine « repose essentiellement sur le secteur primaire qui contribue à 55 % au PIB et à environ 90 % des exportations. Elle se compose essentiellement d'une agriculture de subsistance (28 % du PIB), de l'élevage (13 %), de la sylviculture (5,5 %) et des industries extractives (3 %, avec essentiellement le diamant) »48.

Par ailleurs, « l'exploitation forestière concerne environ 2 million d'hectares. Le bois s'écoule principalement sur le marché européen et nord-américain, qui du fait de la crise économique mondiale, ont réduit leur demande. La production de bois a ainsi chuté de 30 % en volume et de 50 % en valeur. En 2010, cependant, la hausse du prix du bois a permis un redressement partiel du secteur (Pison 2013) »49.

A cet égard, les performances macroéconomiques enregistrées durant ces dix-huit dernières années ont été caractérisées par une instabilité marquante de l'activité économique, comme présentée dans le tableau no2.2 suivant :

47 M. BOUNOU-NGOPO, « La fiscalité face à l'impératif du développement de la République Centrafricaine », Thèse de doctorat présentée à l'Université Aix-Marseille, Marseille, 2019, p. 1, [En ligne], URL : https://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=64594 (Consulté le 13 juin 2020).

48 B. TCHATCHOU et al., « Déforestation et dégradation des forets dans le Bassin du Congo : Etat des lieux, causes actuelles et perspectives », [Livre numérique], Bogor, CIFOR, 2015, p. 9.

49 B. TCHATCHOU et al., op. cit., p. 9.

34

Tableau no2.2 : Evolution du taux de croissance de la RCA (2000-2018)

Années

Croissance du PIB en %

2000

-2,49

2001

4,46

2002

3,62

2003

-5,40

2004

5,99

2005

0,91

2006

4,77

2007

4,61

2008

2,05

2009

8,59

2010

4,63

2011

4,19

2012

5,05

2013

-36,39

2014

0,08

2015

4,34

2016

4,75

2017

4,53

2018

3,79

Moyenne

1,16

Source : Elaboré par nous-mêmes sur base des données du WDI (2020)

Les données consignées dans le tableau no2.3 ci-dessous donnent une image mitigée de la croissance centrafricaine (1,2 % seulement en moyenne au cours de la période 2000-2018). En effet, entre 2000 et 2005, la RCA a connu une progression irrégulière et faible de son rythme de croissance avec une évolution du produit intérieur brut négative pendant la période considérée : en 2000 (-2,5 %) et en 2003 (-5,4 %) en raison des événements d'octobre 2002, de mars 2003.

Cependant, entre 2006 et 2012, le PIB réel s'est accru autour de 4,8 % en moyenne. Cette croissance, un peu plus soutenue et régulière, était due principalement au relèvement du sous-secteur diamantifère, à une forte expansion de la production forestière, à reprise de l'activité agro-industrielle et des services marchands (notamment de transports et télécommunications)50. Malheureusement, cette progression positive du PIB réel s'est subitement effondrée en 2013 (-

50 Organisation Internationale de Commerce, « République centrafricaine », dans Examen des politiques commerciales, Vol. 1, No183, p. 5, [En ligne], URL : https://docs.wto.org/dol2fe/Pages/ (Consulté le 10 juillet 2020).

35

36,7 % en terme réel) suite au coup d'État et à la crise politique et sécuritaire qui s'en est ensuivie.

L'évolution de la croissance économique en Centrafrique est reprise dans la figure no2.3 suivante :

Graphique 2-3 : Evolution de la croissance économique en RCA de 2000 à 2018 (en % annuel)

Taux de croissance annuelle du PIB (%J

-10

-15

-20

-25

-30

-35

-40

15

10

-5

5

0-2

2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018

4.46 3.62

49

5.99

-5.40

4.77 4.61

0.91

8.59

2.05

4.63 4.19 5.05

-36.39

0.08

4.34 4.75 4.53 3.79

Source : Elaboré par nous-mêmes, suivant les données du tableau n°2.2

De l'examen de ce graphique, il ressort qu'après avoir subi une baisse significative de son PIB réel, l'activité économique s'est légèrement redressée en 2014, cette fois-ci avec un taux de croissance de 0,08 %. Cette reprise s'explique en grandes parties par l'amélioration de la situation politique et sécuritaire qui a eu un impact positif notamment sur le secteur agricole, principal contributeur au PIB.

36

c) Evolution de la croissance économique au Congo-Brazzaville :

La République du Congo, également appelé Congo-Brazzaville, « a une superficie de 342.815 km2. Sa population est estimée en 2007 à 3.768.000 d'habitants, ce qui correspond à une densité très faible, de 11,5 habitants par km2 »51.

Par ailleurs, l'économie de la République du Congo, jusqu'alors relativement diversifiée, « est principalement fondée sur l'exploitation des ressources naturelles, notamment le pétrole, qui contribue à environ 85 % du PIB (DSRP-Congo, 2010), alors que l'agriculture occupe 40 % de la population active, mais ne contribue que pour 6 % au PIB (BEAC, 2010) »52.

Cependant, la croissance économique a été globalement au rendez-vous au cours des dix-huit dernières années, comme l'indiquent les données du tableau no2.3 ci-dessous :

Tableau no2.3 : Evolution du taux de croissance du Congo-Brazza (2000-2018)

Années

Croissance du PIB en %

2000

7,58

2001

3,80

2002

4,58

2003

0,81

2004

3,48

2005

7,76

2006

6,24

2007

-1,58

2008

5,57

2009

7,47

2010

8,75

2011

3,42

2012

3,80

2013

3,44

2014

6,78

2015

2,65

2016

-2,80

2017

-3,10

2018

1,03

Moyenne

3,67

Source : Elaboré par nous-mêmes sur base des données du WDI (2020)

51 C. NTAMPAKA, « Gouvernance foncière en Afrique centrale », Organisation des Nations-Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO), 2008, p. 21. [En ligne], URL : http://www.fao.org/3/a-ak018f.pdf (Consulté le 9 juillet 2020).

52 B. TCHATCHOU et al., op. cit., p. 9.

37

Les données reprises dans le tableau no2.3 révèlent qu'excepté les années 2007, 2016 et 2017, la croissance du PIB réel au Congo est demeurée positive (autour de 3,7 % respectivement en moyenne), ceci grâce notamment aux réformes économiques entreprises depuis la fin des hostilités53, aux investissements publics réalisés, mais surtout grâce à la bonne tenue du cours de pétrole, bien qu'il a été très souvent erratique.

En effet, durant la période qui a immédiatement suivi le conflit, c'est-à-dire entre 2000 et 2004, la croissance du PIB réel s'est rapidement envolée pour atteindre une moyenne annuelle de 4,1 % (soit un peu légèrement au-dessus du taux d'accroissement de la population qui a été de 2,9 % l'an)54.

Par la suite, durant la période 2005-2009, la croissance du PIB réel s'est située d'environ un point plus élevée comparativement à la période précédente (5,1 %). Ensuite, elle a continué sur une tendance positive et a même atteint son niveau record en 2010 (8,8 %), année durant laquelle le pays a accédé à l'initiative PPTE55. En revanche, la croissance du PIB réel a commencé à se contracter progressivement autour d'une moyenne positive de 4,02 % par an au cours de la période 2011-2015.

Le graphique suivant trace l'évolution de la croissance économique de la République du Congo durant la période 2000 à 2018 :

53 A l'issue de la guerre civile, Carol Baker et al. (2012) notent que les autorités ont mis en place un cadre d'action publique dénommé « Nouvelle Espérance » qui a été financé en 2000 par un programme d'assistance et d'urgence du FMI aux pays sortant d'un conflit et par quatre programmes de surveillance entre 2001 et 2004.

54 NATIONS-UNIES, « Rapport National des progrès vers l'atteinte des objectifs du millénaire pour le développement », 2010, [En ligne], URL : https://www.undp.org/content/dam/undp/library/ (Consulté le 22 juin 2020).

55 L'initiative Pays Pauvres Très Endettés (PPTE, HIPC Heavily Indebted Poor Countries en anglais) est une initiative qui vise à assister les pays les plus pauvres du monde en rendant leurs dettes internationales soutenables.

38

Graphique 2-4 : Evolution de la croissance économique au Congo de 2000 à 2018 (en % annuel)

Taux de croissance annuelle du PIB (%)

10

-2

-4

-6

4

2

7.58

8

6

3.80

0

2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018

4.58

0.81

7.76

3.48

6.24

-1.58

7.47

5.57

8.75

3.42 3.80 3.44

6.78

2.65

-2.80 -3.10

1.03

Source : A partir des données du tableau n°2.3

Malheureusement, cette tendance à la hausse induite principalement par l'accroissement de la production dans le secteur des hydrocarbures s'est complètement rompue en 2016 suite à l'effondrement des cours pétroliers mais aussi à cause des détournements de fonds massifs opérés par les cercles vicieux du pouvoir56.

56 J. BARUCH, « Le FMI face à l'opacité des comptes publics du Congo-Brazaville », La Presse : Le Monde (Paris), 10 avril, 2018. [En ligne], URL : https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/04/10/le-fmi-face-a-l-opacite-des-comptes-publics-du-congo-brazzaville_5283336_4355770.html (Consulté le 22 juin 2020).

39

d) Evolution de la croissance économique en République Démocratique du Congo :

Situé à cheval sur l'Equateur et au coeur du deuxième massif forestier mondial, la République Démocratique du Congo, en sigle RDC, « couvre une superficie de 2.345.000 km2 et présente une diversité climatique sur l'ensemble de son territoire. Sa population avoisine actuellement 70 millions d'habitants, ce qui donne une densité de 27 habitants au km2 »57.

En outre, la RDC est compté « parmi les pays les plus riches au monde en ressources naturelles, notamment (le diamant, le cobalt, l'or ou le coltan), hybrides et forestières. Les principaux secteurs d'activité tels que l'agriculture et les forêts, l'industrie des mines, les services fournissent respectivement 40 %, 28 % et 32 % du PIB. En 2010, la contribution du secteur minier a été de 12 % du PIB, de 9 % du budget de l'Etat et de 50 % des recettes d'exportation. Elle est passée de 9 % en 2010 à 25 % en 2016 »58.

De 2000 à 2018, la croissance du PIB réel a suivi une tendance globalement positive, comme on peut le constater dans le tableau no2.4 ci-dessous :

57 B. TCHATCHOU et al., op. cit., p. 9.

58 Idem.

40

Tableau no2.4 : Evolution du taux de croissance de la ROC (2000-2018)

Années

Croissance du PIB en %

2000

-6,91

2001

-2,10

2002

2,95

2003

5,58

2004

6,74

2005

6,14

2006

5,32

2007

6,26

2008

6,23

2009

2,86

2010

7,11

2011

6,87

2012

7,09

2013

8,48

2014

9,47

2015

6,92

2016

2,40

2017

3,73

2018

5,76

Moyenne

4,78

Source : Elaboré par nous-mêmes sur base des données du WDI (2020)

Les données recueillies dans le tableau no2.4 ci-dessus montrent que depuis 2002, la RD Congo a connu les taux de croissance les plus réguliers au cours des dix-huit dernières années mais a accusé un léger repli au cours de l'année 2009 (2,9 %) et 2016 (2,4 %) suite à des effets néfastes du déclin des cours mondiaux de ses principaux produits d'exportation.

Cette tendance positive ressort du graphique suivant :

41

Graphique 2-5 : Evolution de la croissance économique en RDC de 2000 à 2018 (en % annuel)

Taux de croissance annuelle du PIB (%J

12

10

-2

-4

-6 -6.

-8

4

2

6

0

8

2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018

91

-2.10

5.58

2.95

6.74 6.14

5.32

6.26 6.23

2.86

8.48

7.11 6.87 7.09

9.47

6.92

3.73

2.40

5.76

Source : Elaboré par nous-mêmes suivant les données du tableau n°2.4

Après des périodes déchirées par des guerres civiles dès la moitié de 1996 jusqu'à la fin 1997 et de mi-année 1998 jusqu'à mi-2003, la RDC a affiché un taux de croissance moyen avoisinant 6,04 % entre 2003 et 2008. La croissance du PIB par habitant a été cependant à un niveau national d'environ 3 % par an pendant la période considérée59.

Par ailleurs, la RDC a été l'un des pays de la sous-région qui a été durement frappé par la crise économico-financière internationale dont les effets se sont vu directement répercuter sur son taux de croissance, qui est passé de 6,3 % en 2008 à 2,9 % en 2009. Par la suite, entre 2010 et 2015, le pays a connu une croissance moyenne de 7,9 % avec un pic de 9,2 % enregistré en 2014 et une inflation largement maitrisée60.

Cette croissance positive observée au cours de cette période est généralement due aux différents programmes économiques initiés par le Gouvernement congolais après sa reprise de coopération internationale appuyé par les institutions de Brettons Wood. Citons à titre illustratif le Programme Intérimaire Renforcé (PIR, 2201), le Programme Economique du Gouvernement (PEG, 2005), le Programme d'Actions Prioritaires (PAP, 2006), etc.

59 V. BRIAND et H. MBONYO, « Croissance économique comme un instrument pour la réduction de la pauvreté ». Dans J. HERDERSCHEE, D. MUKOKO SAMBA et M. TSHIMENGA TSHIBANGU (dir.), Résilience d'un Géant Africain :Accélérer la Croissance et Promouvoir l'Emploi en République Démocratique du Congo, Kinshasa, Médiaspaul, 2012, pp. 227-267, [En ligne], URL : https://www.dphu.org/uploads/attachements/ (Consulté le 27 juin 2020).

60 Art interactif. [s.d.]. Dans Wikipédia. [En ligne], URL:
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conomie_de_la_r%C3%A9publique_d%C3%A9mocratique_du_Congo (Consulté le 27 juin 2020).

42

Toutefois, avec la chute du prix des matières premières et la crise politique en 2016, la croissance du PIB a atteint son niveau le plus bas depuis 2003 de l'ordre de 2,4 %, avant de remonter à 3,4 % en 2017.

e) Evolution de la croissance économique au Tchad :

Dernier né des pays pétroliers africains avec une superficie de 1,284 millions de km2, le Tchad est un immense pays continental enclavé, situé aux confins de la Lybie au Nord, du Soudan à l'Est, du Niger, du Nigeria et du Cameroun à l'Ouest et de la RCA au Sud61. Pays agro-pastoral jusqu'à la réalisation du projet pétrolier de Doba, l'économie tchadienne repose actuellement sur l'industrie pétrolière qui contribue à elle seule près de la moitié de la richesse du pays (33,9 % du PIB en 2011). En dehors du domaine pétrolier, les autres domaines d'activités tels que l'agriculture, l'élevage, la pêche et les mines ont représenté respectivement 10,5 %, 9 % et 2,2 % du PIB du pays62.

Cependant, le Tchad a connu une dynamique de croissance la plus soutenue de la sous-région durant la période que couvrent nos investigations. C'est ce qu'indiquent les données du tableau n°2.5 ci-après :

61 N.T. YAMBAYE, « Portées et limites des politiques économiques sur les richesses nationales et la vie de la population : une analyse de l'économie du Tchad comparée aux pays similaires », Thèse de doctorat présentée à l'Université Clermont Auvergne, Clermont-Ferrand, 2019, p. 11. [En ligne], URL : https://cerdi.uca.fr/medias/fichier/cerdi-these-yambaye-27oct2019_1576230747516-pdf?ID_FICHE=91556&INLINE=FALSE (Consulté le 16 juin 2020).

62 A. NASSOUR, « Les stratégies des firmes multinationales chinoises au Tchad et leur contribution à la diversification de l'économie tchadienne », Mémoire de Master présenté à l'Université Marien NGOUABI, Brazzaville, 2016, [En ligne], URL: https://www.memoireonline.com/01/17/9546/Les-strategies-des-firmes-multinationales-chinoises-au-Tchad-et-leur-contribution--la-diversifica.html (Consulté le 9 juillet 2020).

43

Tableau no2.5 : Evolution de la croissance économique au Tchad (2000-2018)

Années

Croissance du PIB en %

2000

-0,88

2001

11,66

2002

8,49

2003

14,72

2004

33,63

2005

17,33

2006

0,65

2007

3,27

2008

3,05

2009

4,22

2010

13,55

2011

0,08

2012

8,88

2013

5,70

2014

6,90

2015

2,77

2016

-6,26

2017

-2,99

2018

2,64

Moyenne

6,71

Source : Elaboré par nous-mêmes sur base des données du WDI (2020)

Les données observées dans le tableau no2.5 indiquent qu'à l'exception des années 2000, 2006, 2011, 2016 et 2017, le Tchad a connu des taux de croissance les plus soutenus de la sous-région (de l'ordre de 7,52 %, respectivement en moyenne) durant la période qui couvre nos investigations. De ce fait, cette croissance soutenue a été rendue possible grâce aux effets positifs des investissements pétroliers réalisés entre 2000 et 200363, mais aussi et surtout grâce à la production pétrolière entamée depuis octobre 2003.

L'évolution de la croissance économique au Tchad est représentée dans le graphique suivant :

63 N.T. YAMBAYE, op. cit., p. 38. [En ligne], URL : https://cerdi.uca.fr/medias/fichier/final-these-yambaye-version-apres-soutenance_1581404868060-pdf?ID_FICHE=43847&INLINE=FALSE (Consulté le 16 juin 2020).

44

Graphique 2-6 : Evolution de la croissance économique au Tchad de 2000 à 2018 (en % annuel)

Taux de croissance annuelle du PIB (%)

-10

40

25

20

35

30

15

10

-5

5

0

-0.88

2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018

11.66

8.49

33.63

14.72

17.33

0.65

13.55

3.27 3.05 4.22

8.88

0.08

5.70 6.90

2.77

-2.99

-6.26

2.64

Source : Elaboré par nous-mêmes, à partir des données du tableau n°2.5

A la lecture du graphique ci-dessus, il ressort qu'entre 2000 et 2005, « la production et l'investissement pétroliers ont porté le taux de croissance réel moyen du PIB autour de [14,2 %] (9 % en termes de PIB par habitant) »64. Au cours de cette période, l'économie tchadienne a enregistré une croissance record de 33,6 %.

Cependant, le déclin provisoire de la production pétrolière réalisée pendant l'année 2005 a eu une incidence négative sur le taux de croissance économique, qui est passé de 17, 1 % à 0,7 % en 2006 en raison d'une reprise de la production agricole et des activités cotonnières et de transport65. Ainsi, excepté son niveau le plus bas enregistré en 2006 et 2011, le taux de croissance n'a cessé d'être croissant de 2006 jusqu'en 2015 autour d'une moyenne de 4,9 % avant de régresser sur la période 2016-2017.

64 J.C. NACHEGA et al., « Tchad : les leçons des années de pétrole ». Dans B. AKITOBY et S. COOREY (dir.), Richesse pétrolière en Afrique centrale : Les moyens d'une croissance solidaire, Fonds monétaire international, Washington, 2013, pp. 179-190, [En ligne], URL : https://www.elibrary.imf.org/view/IMF071/12595-9781475584233/12595-9781475584233/front.xml?redirect=true (Consulté le 16 juin 2020).

65 F. SIKOD et al., « Soutenabilité économique d'une ressource épuisable : cas du pétrole tchadien », dans African Development Review, Vol. 25, No3, 2013, p. 349. [En ligne], URL : https://ideas.repec.org/a/adb/adbadr/2077.html (Consulté le 16 juin 2020).

45

A cet effet, l'effondrement progressif des cours pétroliers, de plus de 65 % entre juillet 2014 et 201666, a entrainé une récession de l'économie tchadienne en 2016 et 2017. Représentant plus de 70 % des recettes budgétaires, le choc pétrolier a entrainé un choc budgétaire. Ainsi, les dépenses totales sont tombées de 22,1 % en 2014 à moins de 15 % en 2016 et 2017.

La description de l'évolution de la croissance économique de cinq pays-types retenus au cours de cette étude a indiqué en moyenne une croissance positive et optimiste susceptible de les amener aussitôt à un développement social et économique et à transformer le vécu quotidien de leurs populations. Cette thèse reste encore à prouver. Néanmoins, il est besoin de remonter à l'amont pour trouver les sources réelles de ces taux de croissance positive observés.

B. Sources de la croissance en Afrique Centrale

Les profils de croissance analysés ci-haut montrent que la croissance de ces différents pays a été principalement soutenue par l'industrie minière et pétrolière. En effet, il appert que les cinq pays retenus dans le cadre de notre analyse sont tous dépendants de l'exploitation du pétrole et des ressources minières.

C'est le cas notamment du Tchad. En effet, la croissance du produit intérieur brut (PIB) du Tchad a atteint 10,4 % en 2012, tirée doublement par le secteur pétrolier (découverte de nouveaux puits) et par le secteur non pétrolier (la mise en service de nouvelles unités de production d'électricité et de ciment ainsi que les investissements massifs dans les infrastructures). Elle a connu un net ralentissement en 2011 avec un taux de croissance de 2,8 % à cause principalement de la baisse des activités dans le secteur primaire67.

Entre 2004 et 2005, l'exploitation du pétrole a entrainé un quasi doublement du PIB qui est passé de 1 732 Milliards FCFA en 2004 à 3 101 Milliards FCFA en 2005. Le PIB pétrolier représente sur la période 2005-2011 en moyenne 30% du PIB, contre 25% pour les secteurs de l'agriculture et de l'élevage, 15% pour le commerce et 30% pour l'ensemble des autres secteurs.

66 BAD, « République du Tchad », Perspectives économiques en Afrique, 2018, p. 2. [En ligne], URL : https://www.afdb.org/fileadmin/ (Consulté le 10 juillet 2020).

67 Ministère de l'économie, du plan et de la coopération internationale, institut national de la statistique, des études économiques et démographiques (INSEED), Profil de la pauvreté au Tchad en 2012, Troisième Enquête sur la Consommation et le Secteur informel au Tchad (ECOSIT3), Rapport Final, Juin 2013

46

En RDC, comme au Tchad, la part des recettes d'exportation minière dans la croissance économique n'est plus du tout à démontrer. En effet, les exportations en RDC sont dominées par la sortie des produits miniers. Le secteur minier demeure ainsi le principal moteur de la croissance avec une contribution moyenne de 38,66 % en 2006-2016. En 2010, la contribution à la croissance des industries extractives s'est située à 124,3% suivie de celle des Agriculture, pêche et élevage (10,3 %) et le reste ont contribué soit négativement ou proche de nul68.

? Les phases de la croissance :

La croissance économique de la sous-région centrale du continent africain possède une longue histoire et a été principalement marquée et caractérisée par trois phases bien distinctes depuis la période postcoloniale, à savoir la phase de prospérité, la phase de décélération et d'ajustement structurel ; et, la phase de relance et d'accélération de la croissance.

Le graphique suivant indique l'évolution de la croissance économique dans cette partie du continent africain depuis 1961 à 2018 avant de fournir un détail sur chacune des phases d'évolution de la croissance.

Graphique 2-7 : Taux de croissance du PIB réel de l'Afrique centrale de 1961 à 2018 (% annuel)

Taux de croissance annuelle du PIB (%J

25

20

15

10

-5

5

0

1961 1964 1967 1970 1973 1976 1979 1982 1985 1988 1991 1994 1997 2000 2003 2006 2009 2012 2015 2018

0.87

6.80

1.84 2.19 1.94

2.942.96

3.07

6.056.20

4.16

2.50

4.61

10.26

6.196.01

1.50

-0.18

-0.78

1.55

7.45

5.22 4.50 5.02

6.93

0.53

-1.73

4.02

1.88

-1.38

1.03

2.91

-3.63

3.04

3.89

8.51

20.51

6.28

2.012.04

11.22

5.55

4.65

11.55

6.84

5.055.33 4.43

3.67

5.27

4.53

5.61

-0.24

4.96

1.89

0.54

-0.05

1.78

Source : Elaboré par nous-mêmes, à partir de la base de données des indicateurs de développement dans le monde de la Banque Mondiale, (World Developement Indicators, 2020)

68 V. K. LOFOMA, op. cit., p. 45.

47

(i) La phase de prospérité (1961-1985)69 :

Cette phase indique les vingt-cinq années glorieuses de la sous-région de l'Afrique centrale. Elle couvre la période de 1961 à 1986. Au cours de cette période, l'Afrique centrale a connu une croissance moyenne avoisinant 4,3 % l'an. Ce premier épisode de performance économique coïncide historiquement avec celle de la découverte et le début d'exploitation du pétrole au Gabon et au Congo entre 1972 et 1975. En effet, entre les années 1961 et 1976, la croissance régionale tire principalement sa source des exportations des produits de rente, dont les capitaux étaient majoritairement détenus par des compagnies étrangères70.

Néanmoins, le boom pétrolier de la période 1978-1986 ne réussit pas à améliorer la croissance de la zone. A ce titre, la croissance régionale passa d'un taux annuel moyen de 4,3 % durant le premier épisode pour se fixer à un taux annuel moyen de 3,2 % au second. Cette légère baisse du rythme de croissance se justifie par deux facteurs: d'une part, par la mauvaise gestion de la politique économique, et d'autre part, par les troubles sociales à répétition qui seraient à l'origine de la faible performance du Congo et du Gabon71.

Contrairement à la situation précédente, le Cameroun a connu un bond spectaculaire de sa croissance s'élevant jusqu'à 7,6 %, avec des taux à deux chiffres, à 22 % et 17,1 % respectivement enregistrés en 1977 et en 1980. En effet, « le syndrome hollandais expérimenté par plusieurs nouveaux exportateurs de pétrole à cette époque, a été plus qu'atténué dans le cas du Cameroun grâce à la politique prudente du régime en place »72. Toutefois, les résultats patents de l'économie camerounaise ne se sont pas traduits directement sur le PIB régional, lequel va se décroitre brutalement à partir de 1987.

69 Nous avons établi notre analyse sur l'ensemble des pays de la sous-région de l'Afrique centrale.

70 I. NGOUHOUO, « Les investissements directs étrangers en Afrique centrale : attractivité et effets économiques », Thèse de doctorat présentée à l'Université du Sud Toulon Var, Toulon, 2008, p. 44, [En ligne], URL : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00274376/document (Consulté le 10 juillet 2020).

71 I. NGOUHOUO, op. cit., p. 43. [En ligne], URL : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00274376/document (Consulté le 10 juillet 2020).

72 N. AMAN NDIKEU NJOYA, op. cit., p.99. [En ligne], URL : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01622648 (Consulté le 10 juillet 2020).

48

(ii) La phase de décélération et d'ajustement structurel (1986-1994)73 :

Pendant la deuxième phase, l'Afrique centrale s'est trouvée confrontée à l'une des plus sévères crises économiques marquée par des profondes récessions et des reprises inégales dans certains pays. La baisse concomitante des prix de principaux produits de rente (cacao, café et coton) et du pétrole au cours de la période 1985-1986 occasionna un frémissement sur la tendance de la croissance économique dans la région.

Face à cette crise aiguë, les gouvernements des pays que compose la région ont été conviés d'appliquer strictement les mesures d'ajustements structurels des Institutions de Bretton Woods, afin de juguler les effets structurels de cette crise. Outre ces outils de restructuration et de stabilisation macroéconomiques, la dévaluation du franc CFA a été également opérée en 1994 dans le but de relancer la compétitivité des exportations.

Dans les faits, on n'assiste pas immédiatement à un retour inédit de la croissance dans les différents secteurs économiques des pays touchés par la crise. Cependant, cette reprise a été inégale lorsqu'on analyse l'évolution individuelle de la croissance de chacun de ces pays. En effet, la République Démocratique du Congo, le Cameroun et la République Centrafricaine ont connu des balbutiements au niveau de leur croissance sur la période couvrant les années 1990 à 1994 ; tandis que le Congo, le Gabon, le Tchad et le Burundi ont réussi à passer cette crise sans ambages.

Par ailleurs, certains partisans de l'ajustement ont cru à défaut que ces réformes pourraient avoir une incidence directe sur l'activité économique africaine plaçant cette dernière sur le sentier d'une nouvelle trajectoire de croissance plus qu'auparavant et comparable à celle du continent asiatique. Malheureusement, cela n'a pas été le cas dans maints pays. Néanmoins, ces mesures ont tant bien que mal, conduit à une reprise timide vers le milieu des années 1990. Il sied cependant de souligner que quelques succès remarquables ont été observés dans certains pays d'Afrique et d'Amérique latine ; mais en gros, le sursaut économique prédit et le recul de pauvreté n'ont pas été au rendez-vous durant cette période.

73 Nous avons établi notre analyse sur l'ensemble des pays de la sous-région de l'Afrique centrale.

49

(iii) La phase de relance et d'accélération de la croissance (1995-2012)74 :

Cette dernière phase apparaît exceptionnelle pour les économies de la sous-région. En effet, contrairement aux autres régions du globe, en l'occurrence l'Amérique Latine et les Caraïbes, l'Asie orientale et le Pacifique qui ont enregistré un ralentissement du rythme net de leur croissance économique et des taux de croissance négatifs en 2009, l'Afrique centrale a été relativement épargnée par la crise des subprimes.

Par ailleurs, la sous-région a connu une baisse tendancielle de l'évolution de sa croissance tout justement à partir de 2013. Ce déclin s'explique principalement par un retournement exotique du cours des matières premières, dont la chute en 2014-2015 a entraîné une récession. Cependant, cette vue globale de la croissance du PIB témoigne la forte vulnérabilité à l'égard des cours internationaux mais également la grande extraversion des économies dans la région, évoluant sans cesse dans une conjoncture internationale qui ne leur sont pas favorables (cours élevé du pétrole, flambée du dollar, hausse des taux d'intérêt, etc.).

Cependant, il faut toutefois noter que contrairement aux épisodes de croissance précédents, cette dernière est caractérisée par une augmentation graduelle et séquentielle des IDE et des prix des matières premières. Ces deux éléments réunis ont poussé malheureusement la majorité des pays de la sous-région à l'exploitation des produits primaires tout en abandonnant les auteurs secteurs tels que l'agriculture susceptible de porter la croissance à long terme. Ainsi, en accord avec notre thématique, il conviendrait à présent de décrire la répartition sectorielle de la région, avant d'entamer plus loin une analyse approfondie sur l'évolution de la pauvreté et des inégalités.

74 Nous avons établi notre analyse sur l'ensemble des pays de la sous-région de l'Afrique centrale.

50

II.1.2. Contribution sectorielle à la croissance économique de 1970 à 2015

L'analyse sectorielle de l'activité économique de la région met en évidence une faible diversification des économies, une léthargie des activités agricoles ainsi qu'une dépendance accrue aux activités extractives. En effet, l'agriculture reste l'activité dominante dans la région. Pourtant, sa contribution n'a d'autant pas été significative dans la formation du Produit Intérieur Brut. Elle s'est située en moyenne autour de 10 % du PIB durant ces dix dernières années.

En revanche, le secteur industriel se présente comme le véritable moteur de la croissance économique de la région. Sa contribution a certes augmenté passant de 34 % en 1990 à 49 % en 2015. On note par ailleurs une prépondérance des activités du secteur des services à la formation du PIB dans la sous-région. Néanmoins, ce secteur est resté relativement stable sur l'intervalle 1993-2015 et s'est situé en moyenne autour de 40 % durant la même période.

Le graphique no2.3 suivant reproduit les différentes contributions annuelles à la croissance régionale sur la période qui s'étale de 1970 jusqu'en 2015.

Figure 2-1 : Contribution sectorielle à la croissance en Afrique Centrale (en %)

Source : Extirpé dans CUA/OCDE (2018).

75 CUA-OCDE, op. cit., 2018, p. 134. [En ligne], URL : https://doi.org/10.1787/9789264302525-fr (Consulté le 28 novembre 2019).

51

Le graphique ci-dessus laisse apparaître que l'Afrique centrale a connu un degré d'industrialisation élevé durant les vingtième et vingt-unième siècles, malgré la période de désindustrialisation des décennies 1990 et 2000. En effet, selon Ngouhouo, lorsqu'on déduit la contribution du pétrole, aucun de ces pays, en dehors du Cameroun, n'a d'autant une contribution factuelle égale à 10 %.

La figure suivante représente, hors pétrole, la part du secteur industriel des principaux pays exportateurs :

Figure 2-2 : Part du secteur industriel dans le PIB

25 20 15 10 5 0

 
 
 
 

23

 
 
 
 
 
 
 
 
 

10

 
 
 
 
 
 

7

 

6.7

5

 
 
 
 
 
 
 

CAMEROUN GABON CONGO

GUINEE TCHAD

EQUATORIAL

PAYS

POURCENTAGE

Source : D'après le rapport de la Banque de France sur la CEMAC, 2005.

Cela étant, la récente tendance sectorielle régionale traduit simplement la dépendance des pays de la sous-région envers les industries extractives d'hydrocarbures, ainsi que celles des mines. Toutes choses restant égales par ailleurs, le secteur tertiaire reste effectivement le véritable moteur de la croissance dans la région. Ces résultats sont en grande partie dus au dynamisme sur les marchés des télécommunications et des transports75.

Au demeurant, nous avons constaté que la croissance régionale est largement tributaire de la vente des produits primaires et du pétrole durant la période sous étude. Si les résultats encourageants ont été atteints durant la moitié du premier quart du siècle postcolonial grâce à la production des produits agricoles tels le cacao, le café, le coton et les arachides, force est de constater cependant par la suite qu'après cette époque, ladite production régionale a été

52

soutenue par la vente du pétrole et des autres ressources minières. Un autre fait saillant est que la croissance est inégalement répartie dans la sous-région, alors qu'au début des années 1985, le Cameroun menait le peloton à cause de la diversité de sa production, aujourd'hui, c'est la Guinée Equatoriale qui occupe la tête du fil à cause de la richesse de son sous-sol en hydrocarbures.

Toutefois, les résultats observés ci-dessus en rapport avec les croissances économiques positives observées dans l'un ou l'autre pays de la sous-région, contrastent avec la réalité des vies sociale et économique de leurs populations. Il y a persistance de la pauvreté à telle enseigne que l'on considère les croissances enregistrées comme des simples faits économiques sans incidence réelle sur les conditions sociales et économiques des populations.

53

SECTION 2 : DEVELOPPEMENT, PAUVRETE ET INEGALITES EN AFRIQUE CENTRALE

Dans la recherche des causes sur l'accroissement du taux de pauvreté, des niveaux d'inégalité et des explications sur le manque du processus factuel du développement dans la sous-région centrale africaine, nous commençons par examiner les objectifs du millénaire (ODM). Ensuite, nous présentons une description de l'ampleur et de l'évolution de la pauvreté et des niveaux des inégalités dans la sous-région en faisant une analyse individuelle de chaque pays. Enfin, nous présentons quelques explications du sous-développement de ladite région.

II.2.1. Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD)

A l'issue de la cinquante-deuxième session de l'Assemblée Générale de l'O.N.U. tenue à New York en décembre 1997, Kofi Annan, alors Secrétaire Général de ladite organisation, annonça pour la première fois les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).

En effet, les Objectifs du Millénaire du Développement visaient principalement à faire reculer la pauvreté de moitié avant 2015 et étaient assortis de dix-huit cibles à atteindre au plus tard la même année. Cependant, ils s'articulaient autour de huit axes principaux76 :

· Réduire l'extrême pauvreté et la faim ;

· Assurer l'éducation primaire pour tous ;

· Promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes ;

· Réduire la mortalité infantile ;

· Améliorer la santé maternelle ;

· Combattre le VIH/sida, le paludisme et d'autres maladies ;

· Assurer un environnement durable ;

· Mettre en place un partenariat mondial pour le développement.

Selon Lahimer, les huit axes précités sont primordiaux dans la définition de la pauvreté dans toute sa multi-dimensionnalité. Cependant, l'analyse multidimensionnelle relative au concept de pauvreté a donné naissance à deux approches économiques au sein de la littérature à savoir l'approche absolue et l'approche relative77.

76 D. H. PERKINS, et al., op. cit., p. 167.

77 N. LAHIMER, « La contribution des investissements directs étrangers à la réduction de la pauvreté en Afrique subsaharienne », Thèse de doctorat présentée à l'Université Paris-Dauphine, Paris, 2009, p. 100, [En ligne], URL : https://core.ac.uk/reader/6465300 (Consulté le 10 juillet 2020).

54

De ce fait, ces deux approches constitueront le noeud de notre réflexion sur la thématique de réduction de pauvreté et des niveaux d'inégalités dans le cadre de la description de la première cible du premier Objectif du Millénaire pour le Développement.

II.2.2. Evolution de la pauvreté et inégalités en Afrique Centrale

Les réflexions précédemment développées vont à présent nous permettre de fonder, une analyse de la dynamique de pauvreté monétaire sur la période allant de 2000 à 2016. A cet égard, il importe, dans un premier temps, de spécifier l'incidence de la pauvreté à l'échelle régionale durant les seize premières années du vingt et vingt-unième siècles. Dans un second temps, nous mettons en évidence l'ampleur des niveaux d'inégalités sur base de coefficient de Gini durant la période qui couvre nos investigations.

A. Incidence de la pauvreté en Afrique Centrale (2000-2016)

En dépit de sa baisse spectaculaire en Asie de l'Est et en Amérique Latine, la pauvreté reste encore alarmante dans la sous-région de l'Afrique Centrale. C'est à cet égard que nous analysons dans les lignes le profil de pauvreté en Afrique centrale.

En effet, l'Afrique centrale s'est très mal engagée dans la réalisation du premier objectif du millénaire. Néanmoins, « l'inconstance des mesures statistiques ne permet pas d'avoir une vision précise et complète de l'ampleur de la pauvreté et des inégalités »78.

A ce titre, les données consignées dans le tableau no2.6 suivant illustrent à suffisance les niveaux de pauvreté atteints dans chaque pays sauf pour le cas de la Guinée-Equatoriale.

78 CUA-OCDE, op. cit., CUA, éd. OCDE, Paris, 2018, p. 124, [En ligne], URL : https://doi.org/10.1787/9789264302525-fr (Consulté le 28 novembre 2019).

55

Tableau no2.6 : Taux de pauvreté en Afrique Centrale (seuil de 1.90 USD)

Pays

Année

Taux de pauvreté

Burundi

2006

77,7

2013

73,7

Cameroun

2001

23,1

2007

29,3

2014

24

Congo

2005

50,2

2011

37

Gabon

2005

8

République
centrafricaine

2003

64,8

2008

66,3

RDC

2004

94

2012

77,1

Sao Tomé-et-Principe

2000

29,8

2010

32,3

Tchad

2003

62,9

2011

38,4

Source : Extirpé dans CUA/OCDE (2018).

Les données réunies en pêlemêle dans ce tableau no2.6 nous montrent qu'effectivement la situation d'extrême pauvreté n'a pas évolué dans la sous-région. En effet, la majorité des pays ont atteint des taux d'extrême pauvreté supérieur à 40 % avec un niveau maximal atteint en 2006 par le Burundi (77,7 %) tandis que d'autres pays ont eu des niveaux de pauvreté relativement bas. Ainsi, il appert en outre que le taux d'extrême pauvreté est inférieur à 30 % seulement dans trois pays, notamment le Gabon, Sao Tomé et Principe et Cameroun.

56

B. Inégalités en Afrique Centrale

Précisons d'emblée que l'inégalité est un concept plus complexe que la pauvreté. En effet, il arrive que bien des gens discutent des inégalités et de la pauvreté comme s'il s'agissait d'une seule et même chose, alors qu'il n'en est pas le cas. Le concept d'inégalité est proche de celui de la pauvreté relative. Cette dernière est définie comme la proportion de la population vivant au-dessous d'un certain pourcentage du revenu médian. Tandis que les inégalités, en revanche, définissent la qualité de la distribution des revenus sur l'ensemble de la population.

C'est ainsi que dans le cadre de notre analyse sur la description de la pauvreté en Afrique centrale, nous nous sommes basés sur le coefficient de Gini pour décrire la répartition des revenus. Celui-ci indique dans quelle mesure la répartition des revenus entre les individus ou les ménages au sein d'une économie s'écartent de l'égalité parfaite.

Cependant, l'étude des niveaux des inégalités en Afrique centrale se révèle être particulièrement préoccupante. On constate cependant à la lecture des chiffres que le coefficient de Gini de la sous-région stagne à 42 (tableau no2.2) depuis 15 ans. Ce constat nous amène à comprendre ipso facto que la capacité des États à mobiliser les ressources et à les redistribuer s'avère être insuffisant lorsqu'on compare le montant des recettes publiques de la région qui est seulement de 11 % du PIB en 2016 avec la moyenne de 16 % pour toute l'Afrique79.

Cependant, le tableau no2.7 suivant présente les médianes décanales des inégalités de revenus mesurées entre les pays sur la période sous nos investigations.

79 CUA/OCDE, op. cit., CUA, éd. OCDE, Paris, 2018, p. 124, [En ligne], URL : https://doi.org/10.1787/9789264302525-fr (Consulté le 28 novembre 2019).

80 D. KABANGA MUSAWU, « Cours de statistiques descriptives », Université Catholique du Congo, 1ère Licence (LMD) Economie et Développement, Année académique 2019-2020, inédit.

57

Tableau no2.7 : Inégalités de revenu en Afrique Centrale

Pays

Année

Coefficient de Gini

Burundi

2006

33,4

 

2013

39,2

Cameroun

2001

42,1

 

2007

42,8

 

2014

46,5

Congo

2005

47,3

 

2011

48,9

Gabon

2005

42,2

Guinée-équatoriale

__

__

République
centrafricaine

2003

43,6

 

2008

56,2

RDC

2004

42,2

 

2012

42,1

Sao Tomé-et-Principe

2000

32,1

 

2010

30,8

Tchad

2003

39,8

 

2011

43,3

Afrique Centrale

2000-08

42

 

2009-16

42

Source : Extirpé dans CUA/OCDE (2018).

Rappelons que :

? Si 'G varie entre 0 et 20, la concentration est faible, cela veut dire qu'il y a une faible inégalité dans la répartition de revenu.

? Si 'G varie entre 20 et 40, il y a une concentration moyenne

? Si 'G est supérieure ou égale à 40, il y a une forte concentration, cela veut dire qu'il y a aggravation des inégalités dans la répartition de revenu80.

Ainsi, l'analyse en niveau des indices de Gini (IG) montre que sur la période sous nos investigations, les pays de la sous-région sont les moins inégalitaires. Cependant, depuis la dynamique de croissance positive, les inégalités des revenus semblent être restées à bout fixe entre les périodes 2000-2008 et 2009-2016. Le coefficient de Gini dans les pays observés se situe dans un intervalle entre 30,8 (Sao Tomé-et-Principe) et 56,2 (Centrafrique) révélant qu'il persiste des inégalités régulières dans la répartition des revenus au sein des populations et que les inégalités persistent.

81 N. LAHIMER, op. cit., p. 76. [En ligne], URL : https://core.ac.uk/reader/6465300 (Consulté le 10 juillet 2020).

58

II.2.3. Les explications du sous-développement en Afrique centrale

L'histoire sous-régionale est caractérisée par une série d'évènements macabres (problèmes politiques, culturels et ethniques : coup d'Etat, pillages, instabilité institutionnelle, guerres civiles, etc.) qui se chevauchent, s'entremêlent et se combinent. Certains remontent aussi loin que les premières années de l'indépendance.

En effet, plusieurs facteurs expliquent le sous-développement dans les pays d'Afrique centrale. Cependant, nous pouvons regrouper les causes qui entravent le processus de développement en deux catégories :

? les facteurs exogènes relatifs à la géographie physique et humaine ;

? les facteurs endogènes relatifs aux politiques économiques suivies depuis les indépendances.

Accordons un court détail à chaque catégorie de facteurs pour en scruter la profondeur et l'influence.

A. Facteurs exogènes

Les facteurs exogènes sont les caractéristiques qui conditionnent directement ou indirectement la structure démographique, les déterminants de production et la qualité des institutions d'un pays ou d'un groupe des pays81. En effet, il serait étrange d'affirmer que des composantes comme le climat, la géographique, la culture et l'histoire n'aient jamais affecté le cours du développement économique. A ce titre, nous analysons dans les lignes qui suivent les effets de la taille des pays, de l'enclavement et de la fragmentation ethnique sur les économies de la sous-région.

a) Taille (Superficie ou aire nationale) des pays :

Il est observé que la plupart de pays africains enclavés ou semi-enclavés sont ceux qui connaissent ou qui ont connu depuis toujours de très mauvaises performances économiques au fil de l'histoire. A cet égard, le découpage de l'Afrique à l'issue de la conférence de Berlin tenue en 1885 en un nombre élevé de pays de petites tailles et à forte diversité ethnique explique en grande partie les nombreuses carences productives et situations conflictuelles dans la région.

59

Tableau no2.8 : Taux de croissance du PIB/habitant en ASS par catégorie géographique et par

décennie

Afrique

Décennie Subsaharienne

Avec Littoral
(pauvres en ressources
naturelles)

Enclavé (pauvres en ressources naturelles)

Abondants en
Ressources
Naturelles

1960- 1970

1,04

1,36

0,16

2,08

1970- 1980

0,86

1,32

-0,31

1,42

1980- 1990

-0,79

-0,85

0,14

-1,67

1990- 2000

-0,46

0,27

-1,3

-0,42

Total

0,13

0,5

-0,36

0,29

Source : D'après Collier (2007) cité par Lihamer (2009).

Ainsi, l'on peut noter à cet effet que certains pays ont été des véritables poudrières dans le continent. Cela fut notamment le cas « du Tchad confronté à plusieurs rebellions depuis les années 1965 ; du Congo Brazzaville miné par une guerre civile qui remonte à 1993; de l'Angola entre 1975 et 2001, du Burundi entre 1988 et 2003 »82 mais également de la République Démocratique Congo (Ex-Zaïre) ainsi que de la République Centrafricaine qui connaissent encore jusqu'à ces jours des situations des crises.

En conséquence, les conflits interrégionaux ont pour la plupart déstabilisé les économies africaines. Il est aujourd'hui prouvé, note cependant Doudjingao, que « les conflits civils et armés répétitifs que connait le continent africain constituent une des causes principales de son retard de développement »83. Certes, les grandes puissances n'avaient pas imaginé les coûts physiques, humains et socio-économiques d'un mauvais départage de l'Afrique si bien qu'elles pensaient vouloir la contrôler de façon pérenne. Ainsi, les conflits sont ipso facto une expression violente d'une opinion concernant un des aspects de la vie économique, politique ou sociale.

82 I. EHUENI MANZAN, « Les accords politiques dans la résolution des conflits armés internes en Afrique », Thèse de doctorat présentée à l'Université de La Rochelle, La Rochelle, 2011, p. 33, [En ligne], URL : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00808590/document (Consulté le 10 juillet 2020).

83 A. DOUDJIDINGAO, « Education et croissance en Afrique subsaharienne, une analyse comparative des trajectoires socioéconomiques de trois groupes de pays anglophones, francophones et maghrébins », Université de la Méditerranée - Aix-Marseille II, Marseille, 2009, p. 146. [En ligne], URL : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00414483/document (Consulté le 10 juillet 2020).

b) 60

Enclavement :

L'enclavement de certains pays africains est un véritable obstacle à leur croissance et leur développement, l'exploitation des ressources maritimes, lacustres ou fluviales étant susceptibles de contribuer à la croissance. Dans la lecture spatiale, il ressort que certains Etats d'Afrique centrale à l'instar du Tchad, de la Centrafrique, du Burundi sont dépourvus d'un accès direct à la mer ce qui peut se révéler comme étant problème majeur dans ce contexte actuel de mondialisation.

A titre d'exemple, considérée comme le maillon faible des économies de la sous-région centrale africaine, la République Centrafricaine est le pays qui rencontre plus d'obstacles dans les échanges commerciaux. En effet, Sanze note dans son article que « l'ouverture maritime traditionnelle permettant l'acheminement des marchandises vers la capitale Bangui, ainsi que l'exportation des matières premières se fait via le port de Pointe Noire au Congo Brazzaville, grâce au fleuve Oubangui. Or depuis les évènements politico-militaires qui ont secoué les deux Congo ces dix dernières années, la sécurité de la navigation du fleuve Oubangui est devenue hypothétique. Alors les Centrafricains [se trouvent obliger de se tourner] vers le port de Douala, au Cameroun, pour faire transiter leurs marchandises qui sont ensuite acheminées par la route vers Bangui ou vers certaines villes de province »84.

c) Ethnicité :

L'autochtonie et l'ethnicité sont au coeur de la grande majorité des mobilisations sociales et politiques qui ont secoué le continent africain au cours des dernières décennies. Selon le rapport de la Commission « Régions africaines en crises » de la Fondation Roi Baudouin et Médecins Sans Frontières, les pays tels que le Rwanda, la Somalie, le Libéria, l'Angola, le Burundi et le Zaïre (avant 1997) sont tombées dans le prisme des conflits ethniques faute de systèmes de participation et de protection adéquate entre les communautés.85

84 J-J. SANZE, « La vulnérabilité économique d'un pays riche et enclavé : Le cas de la République Centrafricaine », La Presse : Sangonet (Paris 13ème), 28 mai, 2013. [En ligne], URL : https://sangonet.com (Consulté le 12 juillet 2020).

85 A. MORO NGUI, « Conflits et guerres d'autochtonie et d'ethnicité en Afrique : éléments d'un modèle général d'analyse », Winter-Spring/Hiver-Printemps, Vol. 8, N°1, 2018, p. 1, [En ligne], URL : http://resmilitaris.net (Consulté le 30 juin 2020).

61

De ce fait, il s'avère que la plupart de sociétés des pays subsahariens sont les plus hétérogènes au monde. Par conséquent, l'utilisation de l'indice de fragmentation ethnolinguistique ELF604086 montre cependant que 32 pays d'Afrique Subsaharienne (sur un total de 39 décrits par l'indicateur ELF60), ont un indice de fragmentation ethnique supérieure à celui des Etats-Unis.

C'est ce qu'indiquent les résultats regroupés dans le tableau no2.9 ci-dessous :

Tableau no2.9 : Fragmentation ethnolinguistique dans les pays d'Afrique Subsaharienne

Indice de Fragmentation Nombre de pays Pays d'Afrique Subsaharienne (avec

Ethnolinguistique (ELF60) d'Afrique Subsaharienne certains pays référence)

Entre 0,75 et 0,93 14

(0,75 étant le niveau du Canada)

Tanzanie; Ouganda; Rép. Dém.
Congo
; Cameroun ; Afrique du Sud;
Nigeria; Côte d'Ivoire; Kenya;
Liberia; Tchad ; Zambie; Angola;
Mali; Sierra Léone

Entre 0,5 et 0,75 9

(0,5 étant le niveau des Etats-Unis)

Guinée; Gambie; Niger; Soudan;
Sénégal; Ghana; Togo; Centrafrique;
Ethiopie; Gabon ; Burkina Faso; Rép.
Congo
; Mozambique ; Bénin ;
Malawi ;
Maurice ; Belgique ; Zimbabwe ;
Botswana

Entre 0,1 et 0,5 Mauritanie; Royaume Unis; France;

3

(0,1 étant le niveau de la Grèce) Lesotho; Tunisie; Rwanda.

Entre 0,01 et 0,1 3 Somalie ; Madagascar ; Burundi

(0,01 étant le niveau du Japon)

Source : Easterly et Levine (1997) cité dans N. Lahimer (2009).

Note : Les pays sont classés par ordre décroissant de fragmentation ethnolinguistique. Le tableau inclut des pays n'appartenant pas à l'Afrique Subsaharienne. Ils sont inscrits en gras et notés à titre de niveau de fragmentation ethnolinguistique de référence.

Comme on peut le constater, le tableau no2.9 reflète que sur un total de cinq sous-régions du continent africain, seule la région centrale dispose majoritairement des pays qui ont un indice de fragmentation ethnique supérieure. C'est le cas notamment de la RD Congo, du Cameroun, du Gabon, de la Centrafrique et du Burundi.

86 ELF60: est un indice de fragmentation ethnolinguistique qui a été construit par les chercheurs soviétiques au début des années 60 et publié dans l'Atlas Narodov Mia. Il calcule la probabilité que deux individus pris aléatoirement appartiennent à deux groupes différents. Ainsi, il varie de 0 à 1. Des valeurs élevées de cet indice désignent des sociétés à forte fragmentation ethnolinguistique.

62

B. Facteurs endogènes

Les facteurs endogènes du sous-développement de l'Afrique centrale s'expliquent à travers l'inefficacité des politiques économiques engagées par la majorité de pays depuis leurs indépendances. En effet, le processus de développement entamé par la plupart de ces pays depuis la période postcoloniale s'est soldé par un échec cuisant.

En effet, au lendemain de l'acquisition de leur souveraineté nationale et internationale, plusieurs pays de la sous-région se sont lancés dans des investissements publics faramineux. Ces investissements, au lieu de stimuler la croissance, ont provoqué de problèmes récurrents de financement. L'épargne intérieure étant insuffisante, il a fallu donc pour ces pays de se tourner vers les capitaux étrangers qu'ils ont acquis par endettement.

Des principaux facteurs endogènes qui explicatifs du sous-développement des pays de la sous-région de l'Afrique Centrale, nous retenons dans le cadre de cette étude la dépendance extérieure face aux matières premières, l'endettement,

a) Dépendance face aux matières premières :

De tous les facteurs endogènes liés au sous-développement, la dépendance face aux matières premières est la plus fulgurante. Il n'est cependant plus à démontrer que la santé des économies de la région tient dans la vente des principaux produits d'exploitation tels que le cacao, le café, etc. Depuis la fin de l'ère coloniale, les pays africains n'ont pas su diversifier leurs exportations de manière à se protéger contre les aléas internationaux et à se forger une forte résilience. Ainsi, la spécialisation dans les produits de base de la plupart des pays de la sous-région ne contribue qu'à accentuer la détérioration des termes de l'échange au fil des ans.

Il s'en est suivi, au fil de temps, des déficits remarquables et répétés de balances commerciales comme l'indique la figure suivante :

63

Graphique 2-8 : Solde de la balance commerciale de la sous-région d'Afrique centrale de 1977 à 2018 En milliards USD courants

Solde de la balance commerciale de 1977 à 2018

15

10

5

0

-5 -10 -15 -20 -25 -30 -35

 

Source : Elaboré par nous-mêmes sur base des données de la Banque Mondiale de tous les 9 pays de l'Afrique

centrale (WDI, 2020)

Le graphique no2-8 ci-dessous indique que les années 2001 et 2018 se sont encore soldées par des déficits creux malgré l'évolution à la hausse des prix des matières premières depuis 1999. La manne financière dégagée par la flambée des prix des matières premières a inextricablement amorti le déficit subséquent de la balance des comptes courants durant la première année du vingt et unième siècle (c'est-à-dire durant l'an 2000) où le pourcentage de la sous-région s'est fixé à 7,98 %.

Finalement, après quatre décennies d'erreurs de politiques économiques, de détérioration de l'environnement institutionnel et d'endettement, les pays de la sous-région centrale africaine n'ont jamais trouvé le sentier du développement.

64

b) Endettement :

Alors que dès les années 60, les pays du Sud s'endettent massivement, incités par des puissances postcoloniales désireuses d'écouler leurs liquidités et, après le choc pétrolier de 1973, par des banques occidentales regorgeant de pétrodollars, deux tendances vont les plonger, au tournant des années 70 et 80, dans une situation économique intenable : l'augmentation déraisonnée des taux d'intérêts et la chute drastique du cours des matières premières, dont ils sont particulièrement dépendants. C'est le début d'une spirale infernale qui débouchera sur la crise de la dette et la « décennie perdue » pour le développement87.

Néanmoins, même si tous les pays de la sous-région n'ont pas connu le problème de la dette au même moment et de la même manière, néanmoins, les conséquences de la dette extérieure a fragilisé les opportunités de développement déjà entamées par certains d'entre eux. Que cela ne tienne, une chose est demeurée certaine : c'est que la volatilité des prix des matières premières et la chute des termes de l'échange combinés avec la faiblesse de l'aide internationale, ont poussé à l'explosion de la dette extérieure des pays de ladite région.

A propos, comme le dit simplement le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz, « La dette de la majorité des pays du Sud a très mal tourné, mettant en péril des millions de vies humaines et la souveraineté de dizaines de pays. Jamais il n'a été question pour les créanciers de partager ni même de reconnaître officiellement leurs responsabilités. Celles-ci sont pourtant lourdes, comme en attestent les milliards de dollars de prêts accordés par les pays occidentaux pour armer l'Irak de Saddam Hussein, soutenir le Zaïre de Mobutu, l'apartheid en Afrique du Sud ou les dictatures latino-américaines, sans même se soucier de leur solvabilité88.

87 Plateforme Dette et développement, « Dette odieuse : à qui a profité la dette des pays du Sud ? », Lantier, Paris, 2000, p. 12.

88 J. STIGLITZ, cité dans Dette odieuse : à qui a profité la dette des pays du Sud, p. 23.

65

c) Mauvaise gouvernance :

La plupart des économies de la sous-région d'Afrique centrale sont réputées de n'être pas très transparentes en termes de gestion des recettes issues des produits de rente suite aux malversations des dirigeants politiques, à la corruption, à l'abus de pouvoir et à la confusion des rôles. En effet, l'Afrique centrale est la sous-région la moins bien classée sur l'indice de perception de la corruption (IPC). Les auteurs tels que Leite et Weidmann (1999), Ross (2001) et Isham et al. (2005) ont cependant démontré que l'abondance des produits de base favorisait la corruption et la mauvaise gouvernance, qui sont les deux principales causes de la faiblesse de la croissance économique89.

Lors de deux dernières publications de Transparancy International, les cinq pays sous-examen ont tous malheureusement occupé l'avant dernière place comme on peut le constater dans le tableau no2.10 suivant :

Tableau no2.10 : Indices de la corruption

 

Transparancy International

Pays

(la note la plus élevée correspond

 

au pays le plus corrompu)

 

2015

2016

Angola

163

164

Centrafrique

145

159

Congo Brazzaville

146

159

Congo Kinshasa

147

156

Tchad

147

159

Source : Elaboré par nous-mêmes sur base des données de Transparancy International.

Les données reprises dans le tableau no2.10 ci-dessus indiquent assez clairement que les différents pays de la sous-région de l'Afrique centrale n'ont pas amélioré leur gestion de la chose publique. D'une année à une autre, les indices sont passés de moindres aux pires révélant ainsi que lesdits pays se sont plongés d'une année à une autre dans le gouffre de la mauvaise gouvernance dont les conséquences sur les conditions sociales et économiques se sont empirés

89 D. AVOM et F. CARMIGNANI, « L'Afrique centrale peut-elle éviter le piège de la malédiction des produits de base ? », dans Revue d'économie du développement, Vol. 18, No2, 2010, pp. 47-72, [En ligne], URL : https://www.cairn.info/revue-d-economie-du-developpement-2010-2-page-47.htm (Consulté le 11 juillet 2020).

66

en faisant bénéficier les ressources publiques à une minorité au pouvoir au détriment de la grande majorité de la population.

Les données de ce tableau sont représentées dans le graphique suivant :

Graphique 2-9 : Evolution des IPC

INDICE

170

165

160

155

150

145

140

135

163

ANGOLA CENTRAFRIQUE CONGO BRAZZA RDC TCHAD

PAYS

164

145

159 159

147 147

146

156

159

Source : Elaboré par nous-mêmes suivant les données du tableau ci-dessus

Conclusion partielle

Au fur et à mesure que nous nous sommes penchés à rendre compte de la dynamique de croissance, des inégalités, de la pauvreté et du développement économique, nous avons constaté qu'à l'issue de ce chapitre, l'ethnicité, l'enclavement, la taille des pays, le niveau d'endettement, la dépendance liée à l'exploitation des ressources naturelles et le tâtonnement dans le choix des politiques économiques sont d'autant d'éléments qui justifient l'absence et l'engagement réel du processus du développement au sein de la sous-région centrale du continent africain nonobstant l'accroissement substantielle de la production durant les seize premières de notre siècle.

67

CHAPITRE III :
CONSTRUCTION (ELABORATION) DE L'INDICE COMPOSITE DE
CROISSANCE INCLUSIVE POUR LES PAYS DE LA CEAAC :
ANGOLA, CONGO, CENTRAFRIQUE, TCHAD, ET RDC

Rappelons que les deux premiers chapitres de notre étude avaient pour objectifs respectifs de présenter les généralités conceptuelles et l'état des lieux de la dynamique de pauvreté, des inégalités, de croissance et du développement économique en Afrique Centrale. Le troisième et dernier chapitre se propose d'élaborer l'indice composite de croissance inclusive pour les pays de la CEAAC.

Ce chapitre se compose des points suivants : l'appréciation des indices antérieurs de mesure de croissance, la présentation des indices préludes à l'élaboration des indices composites de croissance, les étapes de construction des indices composites et enfin la construction et la présentation des indices composite de croissance inclusive.

SECTION 1 : APPRECIATION DES INDICES ANTERIEURES

Cette section du chapitre vise, dans un premier temps, une description succincte et critique des indices synthétiques antérieurs proposés au sein de la littérature sur la croissance inclusive (A. Sen, 1990 ; Mlachila et al., 2014). Il s'agit de ceux qui n'ayant pas trouvé leur légitimité dans la communauté scientifique. Dans un deuxième temps, ce point présente celles qui ont fait l'objet de prélude dans notre étude en vue de dégager une démarche méthodologique centrée sur des fins de conception et de formulation de notre indicateur synthétique dénommé « Indice de Croissance Inclusive » (ICI, en sigle).

III.1.1. Intérêts et limites des indicateurs synthétiques classiques

Le débat portant sur la nécessité de disposer d'un ou de plusieurs indicateurs fiables et pertinents capables de supplanter le PIB en vue de mesurer efficacement les effets redistributifs de la croissance sur le long terme, n'est pas récente. Elle ne date pas d'hier, mais elle est plutôt une conséquence d'une série des réflexions initiées par d'innombrables chercheurs autour de la question d'inclusivité de la croissance.

Rappelons, en effet, que les premières tentatives de création des mesures agrégées sont celles qui ont été créées pour évaluer le niveau du bien-être et du développement humain. Ensuite naquirent celles faisant référence à la notion de durabilité de développement.

? R est l'indice de richesse monétaire, basé sur le produit intérieur brut (PIB) par habitant ;

? S l'indice de santé (basé sur l'espérance de vie) ;

68

C'est pourquoi, depuis les années 90 jusqu'à nos jours, trois indicateurs synthétiques ont été réellement couronnés de succès dont nous nous sommes inspiré pour fonder notre démarche : il s'agit principalement de l'Indice de Développement Humain (IDH) proposé par le PNUD ; de l'Indice de Développement Humain ajusté aux Inégalités (IDHI) ainsi que de l'Indice de la Qualité de la Croissance proposé par Mlachila et al. (2014). A ce titre, nous décrivons dans les lignes qui suivent les définitions mathématiques et méthodologiques de chaque indice en vue d'en dégager les limites.

A. Indice de Développement Humain (IDH)

L'IDH est un indicateur du bien-être le plus utilisé et le plus connu. Il permet d'évaluer et de mesurer le niveau du bien-être atteint par un pays. A travers ce point du chapitre, nous présentons d'abord la définition ou l'expression mathématique de cet outil de mesure avant d'en présenter les limites.

a) Définition :

L'IDH est un indice statistique composite du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Inspirée des travaux d'Amartya Sen, sa valeur est comprise entre 0 (exécrable) et 1 (excellent).

En effet, il est calculé en établissant la moyenne arithmétique de trois indices quantifiant respectivement :

? la longévité et/ou la santé sur base de l'espérance de vie à la naissance ;

? le savoir et/ou l'instruction mesuré(e) sur base du taux d'alphabétisation des adultes combiné au taux de fréquentation scolaire des jeunes ;

? la possibilité d'accéder à un niveau de vie décent sur base du revenu brut par habitant en parité de pouvoir d'achat.

L'expression mathématique suivante favorise le calcul de cet outil de mesure :

??+??+??

?????? = (3.1)

??

où :

69

? E l'indice d'éducation. L'indice E est lui-même la moyenne pondérée d'un indice de scolarisation des jeunes et d'un indice d'alphabétisme des adultes (le premier ayant deux fois plus de poids que le second).

Exprimées chacune dans son unité, ces variables doivent d'abord être normalisées ou redimensionnées afin que les niveaux des indices R, S et E soient compris entre 0 et 1. Plus l'indice est proche de 1, plus le pays est considéré comme développé sur le plan humain. Cette normalisation nécessite que soient définies des valeurs minimales et maximales (possibles ou acceptables) pour chacune des variables (voir tableau 1). Cette normalisation nécessite que soient définies des valeurs minimales et maximales (possibles ou acceptables) pour chacune des variables (voir tableau 1).

La formule de normalisation est alors de la forme suivante :

(valeur observée de la variable-minimum)

Valeur de l'indice = (3.2)

(maximum-minimum)

Le tableau no3.1 suivant résume des valeurs maximales et minimales des sous-indices :

Tableau no3.1 : Minima et maxima des variables dans les formules de normalisation

Elément Minimum Maximum

PIB par habitant ($ PPA) 100 USD 40000 USD

Espérance de vie (années) 25 ans 85 ans

Alphabétisme (%) 0 % 100 %

Scolarisation (%) 0 % 100 %

Source : D'après G. Omar et G. Abdallah (2019).

70

b) Limites de l'IDH :

Parmi les critiques les plus acerbes contre l'IDH et sa construction, celles évoquées conjointement par Guerid Omar, Ghalem Abdallah90 et Michaël Goujon sont les plus évoquées91. Ces derniers ont pu résumer les limites contenues dans la construction de l'IDH en trois points. Leurs critiques concernent d'abord la fiabilité des informations statistiques communiquées par chaque pays, l'absence d'une relation entre la croissance économique et le développement humain, ensuite ; et, enfin, la partialité du cadre conceptuel de l'IDH.

Un détail et un développement accordés à chaque point de critique pourrait nous élever à la hauteur de nos recherches.

? La fiabilité des informations statistiques communiquées par les différents pays :

En effet, selon Guerid Omar et Ghalem Abdallah, les renseignements périodiquement fournis par la plupart des pays sur les différentes composantes de l'IDH ne sont pas dans leur ensemble calculés selon des critères fiables et bien déterminés. Dans cette optique, certains spécialistes optent plutôt pour les données que communiquent certaines institutions internationales dont la crédibilité est souvent prouvée. À titre d'exemple, l'auteur cite l'UNICEF et l'Unesco pour ce qui est le cas des indicateurs concernant la scolarisation, de la santé et des conditions de vie des enfants ainsi que le FMI en ce qui concerne les données portant sur la croissance du PIB92.

? La croissance économique et le développement humain ne vont pas souvent de pair :

Le rapport du PNUD sur le développement humain publié en 2010 démontre explicitement qu'il existe une corrélation extrêmement faible, entre la croissance du revenu par tête (indicateur exclusivement monétaire) et les autres indicateurs d'ordre qualitatif.

Pour corriger l'impact des effets du revenu sur les deux autres dimensions du développement humain, PNUD a récemment proposé le passage d'une moyenne arithmétique à une moyenne géométrique (qui mesure la valeur typique d'un ensemble de nombres)93. De telle sorte qu'une

90 G. OMAR et al., « Le développement humain : les dimensions d'un concept », dans Revue des Economies Financières Bancaires et de Management, Vol. 5, No1, 2019, pp. 238-251 [En ligne], URL : http://revues.univ-biskra.dz/index.php/lfbm/ (Consulté le 8 août 2020).

91 M. GOUJON, « L'indice de développement humain : une évaluation rétrospective pour La Réunion (19852005)», dans Etudes et Documents, No5, CERDI, 2011, p. 5, [En ligne], URL : https://ideas.repec.org/p/cdi/wpaper/1044.html (Consulté le 8 août 2020).

92

93 M. BENDAOUD, « Des travaux d'Amartya Sen à l'indice du développement humain », dans Centre d'études sur l'intégration et la mondialisation (CEIM), 2011, p. 18, [En ligne], URL : https://www.ieim.uqam.ca/spip.php?page=article-ceim&id_article=6605 (Consulté le 8 août 2020).

71

performance médiocre « dans une dimension quelconque est maintenant directement réfléchie dans l'IDH, et il n'y a plus de substituabilité parfaite à travers les dimensions »94.

A cet égard, l'expression couramment utilisée en termes de moyenne arithmétique pour mesurer l'IDH, a été moins préférée que la moyenne géométrique de trois sous composantes de l'IDH donnée par la relation suivante :

IDH = v?????????????????? * ???????????????????????????? ?????? * ????????????????????????

?? (3.3)

? Le cadre conceptuel de l'IDH :

Michaël Goujon95 note à son tour que le concept de développement est bien sûr plus complexe que ce que permet de mesurer l'IDH avec seulement trois dimensions et quatre variables. Certains aspects importants du développement ou du bien-être manquent probablement (sécurité, culture, environnement...). Une autre limite, toute aussi importante que les précédentes, souligne l'auteur ci-dessus, est celle qui présente l'IDH comme un indicateur de niveau moyen de développement pour une population. Il ne tient pas compte explicitement des inégalités de revenus ou sociales dans les pays. Par exemple, deux pays peuvent présenter des niveaux d'IDH identiques, mais la part de la population pauvre dans l'un des deux pays peut être plus élevée si ce pays est plus inégalitaire que l'autre.

C'est pourquoi, en tenant compte de cette dernière critique contre l'IDH, la mise en place de l'Indice de Développement Humain corrigé des Inégalités devenait un correctif nécessaire, en dépit de ses propres limites qui constituent sa faiblesse.

94 PNUD, « Rapport sur le développement humain 2010 », Communications Development Incorporated, 2010, p. 17.

95 M. GOUJON, op. cit., p. 5, [En ligne], URL : https://ideas.repec.org/p/cdi/wpaper/1044.html (Consulté le 8 août 2020).

72

B. Indice de développement humain ajusté aux inégalités (IDHI)

L'indice de développement humain ajusté aux inégalités IDHI réduit l'IDH selon les inégalités de répartition de ses différentes dimensions au sein de la population (Klugman, 2010 ; Alkire et Foster, 2010)96. C'est pourquoi, il prend en compte la moyenne géométrique de chaque variable (entre valeurs au sein de la population) divisée par sa moyenne arithmétique.

Dans des conditions d'égalité parfaite, l'IDH et l'IDHI prennent une valeur égale ; mais les inégalités deviennent plus importantes au fur et à mesure que l'écart se creuse entre ces deux indices.

C. Indice de la qualité de croissance (IQC)

Une croissance est dite « de qualité » lorsqu'elle est forte, stable et soutenue, de manière à accroître la productivité et permettre l'atteinte des objectifs relatifs à l'amélioration du bien-être social et à la réduction de la pauvreté. Sur cette base, les économistes ont construit une mesure dénommée « Indicateur de la Qualité de la Croissance (IQC) », dans le but d'analyser les facteurs les plus déterminants du récent épisode de forte croissance pour un échantillon de 93 pays dont 43 sont situés en Afrique.

L'IQC est un indicateur composite qui prend en compte deux sortes d'éléments complémentaires, à savoir : 1) les « fondamentaux de la croissance » (la vigueur, la volatilité, la diversification économique et l'orientation externe de la demande) ; et 2) les « retombées sociales de la croissance » en termes d'éducation et de santé.

En RD Congo, l'évolution de cet outil d'analyse a été très remarquable au cours de la période 1990 à 2011 par exemple où il est passé respectivement de 0,392 à 0,488. Cette évolution positive a été bien appréciée, mais elle n'a pas eu de retombées sociales et économiques souhaitées au niveau de la population congolaise. Ce qui indique dès lors les limites reconnues à l'IDHI, indicateur qui accuse, comme l'IDH, sa partialité en s'appuyant uniquement sur certains domaines (domaines miniers, par exemple), alors que certains autres sont marginalisés.

C'est pourquoi, il est reproché à l'IDHI d'évaluer le niveau de bien-être atteint par certains pays en s'appuyant seulement sur quelques zones ou îlots isolés de croissance. Elle est remarquable sur le plan quantitatif, mais illusoire et déficitaire sur le plan qualitatif. Elle est sans effets

96 R. JOUMARD, « Indicateurs d'environnement et de développement durable ». 4th International Conference on Energy, Materials, Applied Energetics and Pollution (ICEMAEP'2018), Université des Frères Mentouri Constantine 1, Constantine (Algérie), 2018, p. 67, [En ligne], URL : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01817417 (Consulté le 8 août 2020).

73

notables dans la lutte contre la pauvreté de masse et sans intégration ni du tissu économique, ni de la géographie économique du pays.

III.1.2. Limites des travaux antérieurs

Les travaux précédemment présentés en prélude dans notre étude, ont eu des limites réelles qu'il convient de relever. En effet, ils ont eu à négliger la dimension écologique dans l'élaboration de leurs indicateurs synthétiques. Ces limites ont affaibli leur teneur économique et désorienté la fiabilité des résultats auxquels leurs mesures ont abouti, appelant ainsi à mettre en place des nouveaux outils d'évaluation de croissance. A cet égard, dans notre construction, nous avons fait usage de ce facteur afin de mieux appréhender l'inclusivité de la croissance dans la zone CEEAC.

74

SECTION 2 : CONSTRUCTION DE L'INDICE DE CROISSANCE INCLUSIVE

A travers cette deuxième section du chapitre, il convient tout d'abord de présenter l'approche méthodologique retenue pour la construction de l'Indice de Croissance Inclusive (ICI, en sigle), avant de procéder, aux estimations et à la discussion des résultats.

III.2.1. Approche Méthodologique

Cette première sous-section est consacrée à la présentation du processus et de la méthodologie d'élaboration de « l'Indice de Croissance Inclusive » (ICI, en sigle). Dans cette démarche, nous nous referons à l'approche méthodologique proposée par Nardo et al. (2005) citée par Issaka Dialga et Thi-Hang-Giang Le.97

C'est pourquoi, nous présentons premièrement les différentes étapes de construction de l'ICI, puis, deuxièmement, les données relatives aux variables retenues pour chaque pays de la CEEAC ; et, enfin, le calcul de l'ICI pour chaque pays et la classification.

? Etapes

La construction d'un indicateur composite se fait généralement en 5 étapes, chacune de ces étapes incluant des choix parmi différentes méthodes possibles98:

? la sélection des indicateurs ;

? le traitement des données manquantes ;

? la sélection de la pondération à assigner à chaque niveau d'agrégation en fonction de son importance relative ;

? le choix de la méthode de normalisation des indicateurs ainsi que ? le choix de la méthode d'agrégation des indicateurs.

97 I. DIALGA et al. (2014), « Développement d'indices composites et politiques publiques : interactions, portée et limites méthodologiques », dans Laboratoire d'Economie et de Management Nantes-Atlantique Université de Nantes, EA 4272, p. 6 [En ligne], URL : https://halshs.archives-ouvertes.fr/hal-01071020/ (Consulté le 28 novembre 2020).

98 M. NARDO et al. (2005), « Handbook on Constructing Composite Indicators: Methodology and User Guide », dans OECD Statistics Working Paper, STD/DOC(2005), p. 12, (notre traduction), [En ligne], URL : http://ina.bnu.edu.cn/docs/20140604161231083481.pdf (Consulté le 28 novembre 2020).

Source : Elaboré par nous-mêmes.

75

a) Sélection des indicateurs :

Les critères d'acceptabilité ou de sélection de nos indicateurs se fondent ex ante aux piliers du développement durable : l'économique, le social et l'environnemental considérés comme des « domaines » séparés. Chaque dimension ou domaine comporte des sous-dimensions (ou composantes) qui ont plusieurs indicateurs.

En conséquence, les indicateurs ont été regroupés ex post sur ces trois niveaux. Suivant ces critères, 19 indicateurs clés ont été sélectionnés pour l'ICI. Les données ont été collectées à partir de la base de données du World Development Indicators, comme nous pouvons le constater dans le tableau no3.2 ci-dessous.

Tableau no3.2 : Liste des domaines, composantes et variables retenues

Domaines, dimensions et composantes de l'ICI Variables

A- Pilier économique

A-1 Croissance et Dette extérieure

RNB par habitant

Aide publique au développement nette reçue

A-2 Population inactive et Emploi

Taux de chômage

Ratio emploi-population (% des plus de 15 ans) Ratio emplois/population (% des 15-24 ans)

A-2 Santé et Démographie

Taux de mortalité infantile moins de cinq ans (pour 1 000) Espérance de vie à la naissance

A-3 Education et Innovation

Ratio filles/garçons des inscriptions au secondaire (%)
Ratio filles/garçons des inscriptions au primaire (%)
Dépenses publiques en éducation (% du PIB)
Dépenses en recherche et développement (% du PIB)

B- Pilier écologique

B-1 Qualité de l'Air

Émissions de CO2 (tonnes métriques par habitant)

Émissions de protoxyde d'azote (variation depuis 1990, %)

B-2 Production et capacité de stockage d'Energie

Production d'électricité à partir de sources d'énergie renouvelables, hors énergie hydroélectrique (% du total) Consommation d'énergies renouvelables (% de la consommation totale d'énergie)

Combustibles renouvelables et déchets (% de l'énergie total)

C-Pilier Social

C-3 Conditions de vie et inégalités

Accès à l'électricité (% de la population)
Accès à des combustibles et techniques de cuisson propres
(% de la population)
Indice de GINI

76

b) Traitement des valeurs manquantes : une étape d'affinement dans la construction de l'Indice de Croissance Inclusive (ICI)

Afin d'avoir une base de données complète dans le temps et dans l'espace, nous avons procédé au traitement des données manquantes en éliminant les séries de données qui ont moins de 90 % de données disponibles. En effet, la plupart des variables enregistraient au départ des données manquantes en fonction des années pour lesquelles elles ont été observées.

Avant de passer à la mesure elle-même, nous avons préalablement retiré de la liste des variables, la variable indice de Gini dans la mesure où nous n'avons pas pu récupérer plus de 10 % d'informations sur cette dernière. Pour le reste des variables, celles qui ont présenté plus de 50 % d'informations disponibles, nous avons procédé par leur estimation pour les séries de données retenues.

Tableau no3.3 : Trois dimensions et 18 variables retenues après contrôle des données

Domaines, dimensions et composantes Variables

de l'ICI

A- Pilier économique

A-1 Croissance et Dette extérieure

RNB par habitant

Aide publique au développement nette reçue

A-2 Population inactive et Emploi

Taux de chômage

Ratio emploi-population (% des plus de 15 ans) Ratio emplois/population (% des 15-24 ans)

A-2 Santé et Démographie

Taux de mortalité infantile moins de cinq ans (pour 1 000) Espérance de vie à la naissance

B- Pilier écologique

B-1 Qualité de l'Air

Émissions de CO2 (tonnes métriques par habitant)

C-Pilier Social

C-3 Conditions de vie et inégalités

Accès à l'électricité (% de la population)

Accès à des combustibles et techniques de cuisson propres (% de la population)

Source : Elaboré par nous-mêmes.

L'absence, dans notre base de données, d'information sur la variable indice de Gini nous a empêché de construire un indice synthétique qui tient compte effectivement de la sous-dimension « inégalité », comme nous pouvons le constater dans la liste de nos variables définitives.

77

c) Sélection des pondérations attribuées à chaque indicateur :

Nous allons à présent utiliser la liste de nos variables pour tenter d'attribuer à chacune d'elles une pondération. La triple définition que nous avons retenue pour mesurer l'inclusivité de la croissance sous-régionale du centre de l'Afrique va nous permettre de distribuer les pondérations à chaque indicateur. A cet effet, il est souhaitable de bien scruter en amont le triptyque dimensionnel avant d'établir les pondérations de chaque indicateur.

En effet, dans la construction de l'ICI, chaque dimension est équipondérée, comme chaque indicateur dans chaque dimension. Selon cette spécification, la somme de poids doit être égale à 1 ou à 100%.

C'est pourquoi, dans le cas qui nous concerne, l'équiprobabilité ne serait pas de mise, sachant que nous mettons l'accent sur le domaine social et ses variables. C'est pourquoi, sans négliger les pondérations allouées aux autres domaines, nous avons accordé au domaine social la pondération de 2/3 en gardant inchangé le critère de l'unicité de la somme des pondérations respectives comme l'indique les données du tableau suivant :

Tableau no3.4 : Dimensions, Indicateurs et Poids pour la construction de l'ICI

Dimensions

No

Indicateurs

Poids

Economique (1/30)

1

APD nette reçue (% du RNB)

1/10

2

Chômage, total (% de la population)

1/10

3

Dépenses publiques en éducation (% du PIB)

1/10

4

Dépenses en recherche et développement (% du PIB)

1/10

5

Ratio emploi-population (% de plus de 15 ans)

1/10

6

Ratio emplois/population (% de 15-24 ans)

1/10

7

Ratio filles/garçons des inscriptions au primaire (%)

1/10

8

Ratio filles/garçons des inscriptions au secondaire (%)

1/10

9

RNB par habitant en PPA (USD constants de 2011)

1/10

Ecologique (7/30)

10

Consommation d'énergies renouvelables (% de la consommation totale d'énergie)

7/30

11

Combustibles renouvelables et déchets (% de l'énergie total)

7/30

12

Émissions de CO2 (tonnes métriques par habitant)

7/30

13

Émissions de protoxyde d'azote (variation depuis 1990, %)

7/30

14

Production d'électricité à partir de sources d'énergie renouvelables, hors énergie hydroélectrique (% du total)

7/30

Sociale (2/30)

15

Accès à l'électricité (% de la population)

2/3

16

Accès à des combustibles et techniques de cuisson propres (% de la population)

2/3

17

Espérance de vie à la naissance, total (années)

2/3

18

Taux de mortalité infantile, moins de 5 ans (pour 1 000)

2/3

Source : Elaboré par nous-mêmes.

99 M. LO et A. SY, « Un Indice de Compétitivité Structurelle des pays en développement », dans Research Paper, Vol. 20, No04, 2020, p. 15, [En ligne], URL : https://media.africaportal.org (Consulté le 28 novembre 2020).

78

Au regard des données du tableau ci-dessus, il ressort que pour chaque domaine retenu, un certain nombre de variables a été retenu, notamment :

· Pour le domaine économique : 9 variables ont été retenues et chacune d'elle a bénéficié d'une pondération d'un tiers (1/10) ;

· Pour le domaine écologique (environnement) : 5 variables ont été retenues et à chacune une pondération de un tiers (7/30) a été accordé ;

· Pour le domaine social : 4 variables ont été retenues et ont bénéficié chacune d'une pondération d'un tiers (2/3).

d) Normalisation des indicateurs :

La normalisation permet de réduire les échelles de mesure des différents indicateurs. Elle accorde dans certains cas au cadre conceptuel de l'indice, mais aussi agit (positivement ou négativement) sur les effets des valeurs extrêmes sur l'indice99.

A ce titre, pour les indicateurs possédant des unités de mesure différentes, il a fallu les normaliser pour pouvoir les rendre comparables. Alors qu'en général deux méthodes peuvent être utilisées : celle de la distance par rapport au maximum et au minimum et la méthode de standardisation, la seconde est celle que nous avons utilisée dans le cadre de cette étude.

Pour la première méthode, les indicateurs auront toujours une valeur comprise entre 0 et 1. C'est à dire que lorsque l'indicateur atteint sa valeur maximale sur une période établie, celui-ci prendra une valeur de 1. Algébriquement la méthode Min-Max se présente sous la forme suivante :

t

lit= xi -Min xi ?????? xi-Min xi

(3.4)

 

où :

· xit représente la valeur prise par l'indicateur i pour l'année t,

· lit représente la valeur normalisée prise par l'indicateur i pour l'année t

· Min xi et Max xi coïncident respectivement avec la valeur minimale et maximale prise par l'indicateur i au cours de la période considérée.

· Pour la seconde méthode, elle consiste à calculer la moyenne et la variance (ou l'écart-type) de l'indicateur au cours de la période.

79

(3.5)

Et de procéder à la standardisation en utilisant l'expression :

????-???? ??

Iit = ??

où :

? ?????? représente la valeur prise par l'indicateur i pour l'année t ;

? ???? est la moyenne prise par l'indicateur au cours de la période t ? Et ?? l'écarttype de l'indicateur

e) Choix de la méthode d'agrégation des indicateurs :

Il existe deux principales méthodes d'agrégation : la méthode de moyenne arithmétique et la méthode de moyenne géométrique. La première a l'avantage d'être utilisée quand bien même les valeurs normalisées des indicateurs au cours de certaines périodes sont négatives. La seconde par contre ne peut être utilisée que lorsque toutes les valeurs normalisées sont positives. C'est pourquoi, dans le cas présent de notre étude, nous avons recouru à la première méthode.

III.2.2. Construction de l'indice de croissance inclusive (ICI)

La construction de l'ICI suit les mêmes étapes que celles présentées ci-dessus : A. Choix des indicateurs :

Les indicateurs choisis dans le processus d'élaboration de l'ICI sont repris dans le tableau ci-dessous :

80

Tableau no3.5 : Choix des indicateurs

Dimensions

Variables

Economique

RNB par habitant

Aide publique au développement nette reçue

Taux de chômage

Ratio emploi-population (% des plus de 15 ans)

Ratio emplois/population (% des 15-24 ans)

Taux de mortalité infantile moins de cinq ans (pour

1 000)

Espérance de vie à la naissance

Ecologique

Émissions de CO2 (tonnes métriques par habitant)

Social

Accès à l'électricité (% de la population)

Accès à des combustibles et techniques de cuisson
propres (% de la population)

Source : Elaboré par nous-mêmes.

B. Traitement et élimination des données manquantes :

Les données manquantes sont celles en rapport avec les indicateurs dont les disponibilités de données par période étaient à moins de 60% par rapport à l'ensemble des données pour période. Après élimination des indicateurs dont les données étaient manquantes du fait qu'au cours de la période sous analyse celles disponibles étaient à moins de 60% du total de la période, la liste définitive suivante des indicateurs a été retenue dans les trois domaines (économique, écologique et social) :

81

Tableau no3.6 : Liste définitive des indicateurs retenus

Dimensions

Variables

Economique

RNB par habitant

Aide publique au développement nette reçue

Taux de chômage

Ratio emploi-population (% des plus de 15 ans )

Ratio emplois/population (% des 15-24 ans)

Taux de mortalité infantile moins de cinq ans (pour 1 000)

Espérance de vie à la naissance

Ecologique

Émissions de CO2 (tonnes métriques par habitant)

Social

Accès à l'électricité (% de la population)

Accès à des combustibles et techniques de cuisson propres
(% de la population)

Source : Elaboré par nous-mêmes après suppressions des indicateurs à données incomplètes

C. Les pondérations accordées aux indicateurs :

Les pondérations (poids) alloué(e)s à chaque domaine sont les suivantes :

Tableau no3.7 : Résumé du poids de chaque dimension en
pourcentage

Dimensions Poids Valeurs en (%)

Economique 1/10 10

Ecologique 7/30 23

Social 2/3 67

Total 1 100

Source : Elaboré par nous-mêmes.

On observe que la somme des pondérations est égale à 1 ou 100 lorsqu'elles sont exprimées en pourcentages. La pondération (poids) de 2/3 accordée au pilier social s'explique par le rôle qu'il doit jouer dans la dimension inclusive de la croissance ; puis l'écologique (7/30), et enfin, l'économique (1/10).

82

D. Normalisation ou standardisation des valeurs des indicateurs :

Les valeurs des indicateurs retenus dans cette étude en vue de la construction de l'ICI ont été normalisées par la méthode décrite ci-dessus après calcul des moyennes et des écarts-types pour chaque indicateur au cours de la période sous analyse. Les données standardisées sont reprises en annexe n°A4.

E. Agrégation des valeurs des indicateurs

Deux méthodes sont employées pour agréger les valeurs d'une série : soit la moyenne géométrique, soit la moyenne arithmétique. La première ne s'appliquant que sur les valeurs exclusivement positives, les nôtres ne l'étant pas toutes, nous avons utilisé la méthode des moyennes arithmétiques. C'est ce qui explique qu'après agrégation, les indices trouvées des ICI peuvent être négatives.

Tableau no3.8 : Valeurs agrégées

INDICATEURS

ANGOLA

CONGO

RCA1

TCHAD

RDC2

RNB/hab

-3,06422E-10

1,67222E-08

-0,231792112

-0,067273357

-4,93466E-08

APDNR

2,71363E-10

2,3588E-09

0,014340641

-5,82347E-09

0,021703086

TXCH

-1,69552E-10

-3,54592E-08

-0,214258146

1,07065E-07

4,93799E-08

REMPL (% pop de plus de 15 ans )

1,53159E-09

8,06338E-08

0,018207183

6,28231E-07

-1,33066E-07

REMPL (% pop des 15-24 ans)

-6,17515E-10

-1,87091E-08

0,025297373

1,15339E-07

-6,24443E-08

TMINF (-5%o)

8,44596E-10

-2,19822E-08

-0,021328793

1,24107E-07

1,36035E-07

EVN

-9,67045E-10

8,86987E-08

0,020319131

7,03011E-08

-0,09092839

CO2e (tonnes métriques/hab)

-2,25644E-09

-0,117640088

-0,89129245

-0,175592659

-0,118260763

AELT (% pop)

-0,17846493

-0,86116966

0,115819823

8,41565E-08

-0,106116087

ACTCP (% pop)

-0,875272349

-0,254311628

-0,348985488

-4,28129877

-1,821453731

N pondéré

-1,05373728

-1,233121263

-1,513672838

-4,524163663

-2,115055944

Notes : (1) République Centrafricaine ; (2) République Démocratique du Congo

Source : Elaboré par nous-mêmes à partir des bases de données du WDI (2020), Angola, Congo, RCA, RDC et Tchad 2000-
2018 - pondérations normalisées

Suivant les résultats du tableau n°3.8, les valeurs agrégées reprises sur la dernière ligne nous permettent d'attribuer les rangs pour la classification des pays en raison de leur inclusivité de croissance :

83

Tableau no3.9 : Scores et rangs obtenus après agrégation des valeurs N-pondérées

Pays Score Rang

Angola -1,054 1

Congo -1,233 2

RCA -1,514 3

Tchad -4,524 5

RDC -2,115 4

Source : Elaboré par nous-mêmes.

Les valeurs agrégées reprises dans le tableau n°3.9 peuvent être représentées dans la figure suivante :

Valeurs agrégées - Taux de croissance

ICI

TXCS

-2

-4

-6

4

2

8

6

0

Graphique 3-1 : Classification des pays après détermination des résultats

ANGOLA CONGO RCA TCHAD RDC

-1.1

-1.1 -1.2 -1.5 -4.5 -2.1

5.8

5.8 3.7 1.2 6.7 4.8

-1.2

3.7

PAYS

-1.5

1.2

-4.5

6.7

-2.1

4.8

Source : Elaboré par nous-mêmes.

84

III.2.3. Interprétation des résultats obtenus

A l'issue du calcul de cet indice, il sied d'appuyer les résultats obtenus un commentaire. En effet, l'ICI a été présenté comme un indicateur susceptible de dépasser les limites reconnues aux autres indicateurs classiques (IDH, IDHI, IQC...). En effet, par rapport aux résultats obtenus, il ne fait ombre d'aucun doute que les valeurs ici trouvées le sont au terme de la prise en compte de différents indicateurs dont la plupart n'ont pas été considérés dans les calculs des indicateurs antérieurs, c'est notamment le cas de l'omission de la dimension écologique, des inégalités graves qu'ils comportent.

Les résultats de notre construction présentent une classification des pays plus ou moins sincère alors qu'une autre le serait si un des indicateurs ci-dessus avait été utilisé. D'après cette classification, les 5 pays sont classifiés de la manière suivante :

-1. Angola ;

-2. Le Congo-Brazzaville ;

-3. La Centrafrique ;

-4. La R.D. Congo et ;

-5. Le Tchad.

On constate que le classement des pays obtenu par l'ICI diffère de loin de celle qui serait fait si on se referait uniquement à la valeur moyenne du taux de croissance de la période sous étude (Cfr. Tableau no3.9). En effet, suivant les valeurs moyennes du taux de croissance, la classification suivante est faite :

-1. Tchad ;

-2. Angola ;

-3. La RD Congo ;

-4. Le Congo-Brazzaville ;

-5. La RCA.

85

On constate que le Tchad a perdu 4 positions, l'Angola a gagné une position, RDC a perdu une position, le Congo-Brazzaville a gagné deux positions et la RCA a gagné deux positions. Le gain et la perte de positionnement sont synthétisés dans le tableau suivant :

Tableau no3.10 : Gain et perte de positionnement des pays sous-analyses

Pays

Avant

Après

Gain/Perte

Angola

2

1

1

Congo

4

2

2

RCA

5

3

2

Tchad

1

5

-4

RDC

3

4

-1

Source : Elaboré par nous-mêmes.

Conclusion Partielle

Comme nous l'avons souligné plus haut, il a été question tout au long de ce chapitre de proposer une mesure synthétique censée dépasser les limites usuelles reconnues aux autres indicateurs classiques tels que l'IDH, l'IDHI, l'IQC, etc. afin d'évaluer le niveau d'inclusivité de la croissance économique atteint par les cinq pays de la CEEAC. A l'issue de nos investigations, nous avons abouti aux résultats indiquant que la classification des pays concernés par cette étude sur base du volume de croissance est un leurre qui devrait être dépassé, et de ce fait, la vraie classification devrait plutôt se faire sur un indicateur synthétique qui prendrait en compte les enjeux actuels des Objectifs du développement durable.

A la lumière des résultats présentés précédemment, l'Angola vient en tête de classification suivi du Congo-Brazzaville, de la Centrafrique, de la RD Congo et du Tchad.

86

RECOMMANDATIONS

Au regard des résultats auxquels cette étude a abouti, il est préférable de procéder à une série de recommandations. Ces dernières sont adressées aussi bien aux autorités gouvernementales de différents pays de la CEAAC qu'aux élaborateurs des politiques d'actions sociales et économiques.

a) Aux autorités politiques, nous suggérons :

· La mise en place des institutions qui assurent la bonne gouvernance ;

· L'évaluation régulière et permanente des mesures et autres programmes sociaux en vue de tirer des conclusions qui respectent les normes d'évaluation et répondent aux critères objectifs ;

· La non implication des programmes politiques dans l'évaluation de certains indicateurs économiques dont les valeurs sont parfois surestimées alors qu'en réalité ils n'ont aucune retombée sociale ou économique ;

· La mise en place et l'installation des bureaux qui s'inspirent de la réalité sociale et économique des populations en vue d'en évaluer le véritable niveau de vie et de survie.

b) Aux élaborateurs des politiques d'actions sociales et économiques, nous recommandons :

· D'éviter de présenter des conclusions et des résultats d'enquêtes sociales qui plaisent aux autorités politiques, mais qui ne tiennent pas compte des conditions sociales et économiques de la population ;

· De mettre en place de nouvelles mesures qui évaluent concrètement la vie des populations et qui facilitent la mise en place des outils d'analyse scientifiquement crédibles et objectifs ;

· De disponibiliser toujours des données d'analyse en vue de permettre, dans les classifications des pays, l'élimination de certaines variables alors disponibles dans d'autres pays.

87

CONCLUSION GENERALE

Cette étude consacrée à la construction d'un indice composite de croissance inclusive afin d'évaluer l'inclusivité de la croissance économique atteinte par cinq pays de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale (CEAAC, en sigle) arrive à son terme. Toutefois, le travail n'a aucune ambition de prétendre être clos, ce nouvel indicateur de croissance devant être encore testé et réexaminé en toute sa profondeur.

Rappelons en fait que l'Angola, le Congo-Brazzaville, la République Centrafricaine, le Tchad et la République Démocratique du Congo étaient les cinq pays de la sous-région centrale africaine concernés par cette étude. Notre étude avait couvert la période allant de 2000 à 2018.

L'étude que nous avons menée dans les lignes qui précèdent tirait sa base autour de ces questions essentielles :

? Comment peut-on expliquer les taux de croissance élevés enregistrés par les pays de l'Afrique centrale ?

? Cette croissance a-t-elle été inclusive ?

? Comment mesurer cette inclusivité ?

Et les réponses fournies à ces différentes interrogations à titre provisoire constituaient nos hypothèses de base selon lesquelles les taux de croissance élevés enregistrés par les pays de la sous-région centrale de l'Afrique s'expliqueraient par l'existence des ressources minières que possèdent lesdits pays et de ce fait, pareille croissance aurait été inclusive et de qualité si elle était évaluée par des indicateurs solides qui tiendraient compte de sa qualité que ceux utilisés ayant mis au centre l'augmentation du PIB comme le seul moyen d'évaluation alors que la qualité en serait exclue.

En vue de parvenir à ce but assigné et vérifier ces hypothèses, ce travail était subdivisé en trois chapitres qui avaient pour objectifs respectifs de présenter de manière succincte les généralités conceptuelles, l'état des lieux de la dynamique de pauvreté, des inégalités, de croissance et du développement économique en Afrique centrale ainsi que la démarche de construction de l'indice composite de croissance inclusive élaboré spécifiquement pour évaluer l'inclusivité des pays sus-évoqués.

88

Dans nos démarches de validation empirique, nous avons fait usage de l'approche méthodologique proposée par Issaka Dialga et Thi-Hang-Giang Le pour élaborer notre Indice de Croissance Inclusive (ICI, en sigle) désacralisé des limites antérieures de quelques indices composites du développement durable (IDH, IDHI, IQC, etc.) qui ont été véritablement couronnées succès au sein de la littérature économique.

A l'issue de nos investigations, nous avons abouti aux résultats indiquant que la classification des pays de l'Afrique centrale sur base du volume de croissance est un leurre qui devrait être dépassé, la vraie classification devrait se baser sur l'ICI qui tient et prend en compte les variables économiques communes à ces pays et entame une démarche cohérente et logique. C'est pourquoi, appliqué à notre étude, la classification suivante a été trouvée : l'Angola vient en tête de classification suivi du Congo-Brazzaville, de la Centrafrique, de la RD Congo et du Tchad chacun avec des scores respectifs de -1,05373728 -1,233121263 ; -1,51367284 ; - 2,115055944 et -4,524163663. A l'aune de ces résultats, nous avons conclu que le classement des pays obtenu par l'ICI diffère de loin de celui qui aurait été fait si on se référait uniquement à la valeur moyenne du taux de croissance de la période sous-examen.

Comme tout travail intellectuel, ce travail peut comporter quelques limites notamment sur le plan technique, théorique, méthodologique et statistique. En effet, si l'ICI trouve encore ici son pesant d'or, il possède pourtant ses limites notamment celles liées à la non intégration de certaines variables dont les données n'étaient pas disponibles, c'est pourquoi, comme toute oeuvre humaine, cet outil d'analyse peut être répréhensible. A ce titre, les remarques et les suggestions pertinentes dans le but de l'améliorer sont les bienvenues.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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V

ANNEXES

Annexe A1 : Répartition des données par variables selon les pays

Tableau A1-1 : Répartition par année du nombre total des données disponibles pour l'Angola

Indicateurs

Nombre total des données disponibles par année

Source de données

2000-2003

2004-2007

2008-2011

2012-2015

2016-2018

RNB/hab

4

4

4

4

3

WDI

APDNR

4

4

4

4

3

WDI

TXCH

4

4

4

4

3

WDI

REMPL (% pop des plus de 15 ans)

4

4

4

4

3

WDI

REMPL (% pop des 15-24 ans)

4

4

4

4

3

WDI

TMINF (-5%o)

4

4

4

4

1

WDI

EVN

3

4

4

4

3

WDI

CO2e (tonnes métriques/hab)

4

4

4

4

1

WDI

AELT (% pop)

4

4

4

4

3

WDI

ACTCP (% pop)

4

4

4

4

3

WDI

Nombre total des données par an

39

40

40

40

26

185

Source : A partir de la base de données du WDI (2020)

Tableau A1-2 : Répartition par année du nombre total des données disponibles pour la Centrafrique

Indicateurs

Nombre total des données disponibles par année

Source
de

données

2000-2003

2004-2007

2008-2011

2012-2015

2016-2018

RNB/hab

4

4

4

4

3

WDI

APDNR

0

0

3

4

2

WDI

TXCH

4

4

4

4

2

WDI

REMPL (% pop des plus de 15 ans)

4

4

4

4

3

WDI

REMPL (% pop des 15-24 ans)

4

4

4

4

3

WDI

TMINF (-5%o)

4

4

4

3

0

WDI

EVN

4

4

4

4

3

WDI

CO2e (tonnes métriques/hab)

4

4

4

4

1

WDI

AELT (% pop)

4

4

4

4

3

WDI

ACTCP (% pop)

4

4

4

4

3

WDI

Nombre total des données par an

36

36

39

39

23

173

Source : A partir de la base de données du WDI (2020)

VI

Annexe A1 : Répartition des données par variables selon les pays

Tableau A1-3 : Répartition par année du nombre total des données disponibles pour le Tchad

Indicateurs

Nombre total des données disponibles par année

Source de données

2000-2003

2004-2007

2008-2011

2012-2015

2016-2018

RNB/hab

4

4

4

4

3

WDI

APDNR

4

2

4

4

2

WDI

TXCH

4

4

4

4

3

WDI

REMPL (% pop des plus de 15 ans)

4

4

4

4

3

WDI

REMPL (% pop des 15-24 ans)

4

4

4

4

3

WDI

TMINF (-5%o)

4

4

4

3

0

WDI

EVN

4

4

4

4

3

WDI

CO2e (tonnes métriques/hab)

4

4

4

4

1

WDI

AELT (% pop)

4

4

4

4

3

WDI

ACTCP (% pop)

4

4

4

4

3

WDI

Nombre total des données par an

40

38

40

39

24

181

Source : A partir de la base de données du WDI (2020)

Tableau A1-4 : Répartition par année du nombre total des données disponibles pour le Congo

Indicateurs

Nombre total des données disponibles par année

Source de données

2000-2003

2004-2007

2008-2011

2012-2015

2016-2018

RNB/hab

4

4

4

4

3

WDI

APDNR

4

4

4

4

3

WDI

TXCH

4

4

4

4

3

WDI

REMPL (% pop des plus de 15 ans)

4

4

4

4

3

WDI

REMPL (% pop des 15-24 ans)

4

4

4

4

3

WDI

TMINF (-5%o)

4

4

4

3

0

WDI

EVN

4

4

4

4

3

WDI

CO2e (tonnes métriques/hab)

0

2

4

4

3

WDI

AELT (% pop)

4

4

4

4

1

WDI

ACTCP (% pop)

4

4

4

4

3

WDI

Nombre total des données par an

36

38

40

39

25

178

Source : A partir de la base de données du WDI (2020)

VII

Annexe A1 : Répartition des données par variables selon les pays

Tableau A1-5 : Répartition par année du nombre total des données disponibles pour la RDC

Indicateurs

Nombre total des données disponibles par année

Source de données

2000-2003

2004-2007

2008-2011

2012-2015

2016-2018

RNB/hab

4

4

4

4

3

WDI

APDNR

4

4

4

4

3

WDI

TXCH

4

4

4

4

3

WDI

REMPL (% pop des plus de 15 ans)

4

4

4

4

3

WDI

REMPL (% pop des 15-24 ans)

4

4

4

4

3

WDI

TMINF (-5%o)

4

4

4

3

0

WDI

EVN

4

4

4

4

2

WDI

CO2e (tonnes métriques/hab)

4

4

4

4

1

WDI

AELT (% pop)

4

4

4

4

2

WDI

ACTCP (% pop)

4

4

4

4

3

WDI

Nombre total des données par an

40

40

40

39

23

182

Source : A partir de la base de données du WDI (2020)

VIII

Annexe A2 : Carte géographique de la sous-région de l'Afrique centrale

Figure A2-1 : Carte de la sous-région centrale africaine

Source : Image extraite du site web -

URL : www.semaine52.com (Consulté le 21 octobre 2020)

IX

Annexe A3 : Présentation succincte des données utilisées pour le calcul de l'ICI

Tableau A3-1 : Présentation annuelle des données des variables de l'Angola

Indicateurs

Années

2000

2003

2006

2009

2012

2015

2018

RNB/hab

4,05719896

3,067842429

0,353915337

0,376378154

0,207096585

0,344612751

0,170491571

APDNR

3673,613213

4662,816143

5646,011585

6966,947457

7282,049679

7652,152491

6360,551085

TXCH

3,836999893

3,875

3,711999893

3,782000065

7,379000187

7,282000065

7,019000053

REMPL (% pop de plus de
15 ans)

74,56300354

74,31999969

74,26000214

74,31600189

71,7480011

71,90599823

72,08799744

REMPL (% pop des 15-24 ans)

52,26399994

51,97399902

52,0929985

52,27299881

47,73699951

47,58200073

47,25600052

TMINF (-5%0)

0,581961496

0,500225396

1,105019027

1,234425074

1,361181055

1,240245462

__

EVN

__

26,13858986

29,25037956

32,32411957

35,66650009

42

43,25925827

CO2e (tonnes métriques/hab)

37,27

39,24

41,39

43,32

45,36

47,36

__

AELT (% pop)

46,522

48,44

51,143

54,311

57,236

59,398

60,782

ACTCP (% pop)

205,7

184,8

157,3

129

104,9

88,1

77,2

Source : Elaboré par nous-mêmes sur base des données du WDI (2020)

Tableau A3-2 : Présentation annuelle des données des variables de la RCA

Indicateurs

Années

2000

2003

2006

2009

2012

2015

2018

RNB/hab

8,419898302

4,529594898

9,21889464

11,74421823

9,043057136

28,36108093

27,48429975

APDNR

__

__

__

1168,897099

1317,844003

869,8261119

__

TXCH

4,000999928

3,895999908

3,625

3,928999901

3,90199995

3,74000001

__

REMPL (% pop de plus de
15 ans)

69,52300262

69,54000092

69,77500153

69,82299805

69,8690033

69,95999908

69,34400177

REMPL (% pop des 15-24 ans)

50,36000061

50,78900146

51,45600128

52,04499817

52,97499847

53,65399933

52,28300095

TMINF (-5%0)

0,073532858

0,060468193

0,060551681

0,058332152

0,066125464

__

__

EVN

6

7,220011711

7,805169325

10,24819851

15,97435284

24,10929489

32,42039871

CO2e (tonnes métriques/hab)

0,57

0,61

0,69

0,74

0,84

0,92

__

AELT (% pop)

44,19

44,182

45,158

46,719

48,638

50,881

52,805

ACTCP (% pop)

171,8

167,7

162,6

153,7

141,8

129,1

116,5

Source : Elaboré par nous-mêmes sur base des données du WDI (2020)

X

Annexe A3 : Présentation succincte des données utilisées pour le calcul de l'ICI

Tableau A3-3 : Présentation annuelle des données des variables du Tchad

Indicateurs

Années

2000

2003

2006

2009

2012

2015

2018

RNB/hab

9,603019778

11,05555505

4,680715306

6,295977767

3,936982215

5,713190985

7,908137273

APDNR

882,4467539

880,7401537

-

1505,727856

1716,415488

1803,777581

-

TXCH

1,031000018

1,212000012

1,248000026

1,470999956

1,703999996

1,832999945

1,838000059

REMPL (% pop de plus
de 15 ans)

71,64600372

71,39700317

70,99099731

70,64099884

70,12999725

69,63999939

69,43599701

REMPL (% pop des 15-24

ans)

57,4659996

57,93700027

57,85499954

57,1780014

56,2140007

54,82899857

53,52799988

TMINF (-5%o)

0,021065496

0,040683957

0,038924373

0,042506207

0,047899959

-

-

EVN

2,704967737

3,993203878

5,093831062

6,156412125

7,487630844

7,7

11,75935555

CO2e (tonnes
métriques/hab)

3,29

3,21

3,19

3,19

3,18

3,13

-

AELT (% pop)

47,713

48,057

48,907

50,346

51,928

53,137

53,977

ACTCP (% pop)

185,9

175,8

165,4

153,7

141,7

130,5

119

Source : Elaboré par nous-mêmes sur base des données du WDI (2020)

Tableau A3-4 : Présentation annuelle des données des variables de la République du Congo

Indicateurs

Années

2000

2003

2006

2009

2012

2015

2018

RNB/hab

1,413049534

2,68714394

5,05934745

4,069018844

1,329271916

1,04893912

1,434957435

APDNR

1766,355841

1952,523698

1325,373048

2015,960029

2350,139637

3781,768848

2876,209254

TXCH

19,91900063

20,04800034

18,56399918

16,10000038

10

9,911999702

9,670000076

REMPL (% pop de plus de
15 ans)

54,59700012

54,81900024

56,1629982

58,31399918

62,88299942

62,87400055

62,84600067

REMPL (% pop des 15-24 ans)

26,55900002

25,97100067

26,83399963

28,53100014

33,63700104

33,6570015

33,24499893

TMINF (-5%o)

0,335345115

0,269084528

0,298636286

0,421068121

0,65856754

-

-

EVN

-

-

33,8859787

37,1

41,6

60,4

68,51843262

CO2e (tonnes métriques/hab)

10

11,76

14,07

16,63

19,64

22,74

-

AELT (% pop)

52,123

53,817

56,573

59,321

61,423

63,097

64,29

ACTCP (% pop)

114,3

100,2

79,4

65,1

59,2

54,9

50,1

Source : Elaboré par nous-mêmes sur base des données du WDI (2020)

XI

Annexe A3 : Présentation succincte des données utilisées pour le calcul de l'ICI

Tableau A3-5 : Présentation annuelle des données des variables de la RDC

Indicateurs

Années

2000

2003

2006

2009

2012

2015

2018

RNB/hab

95,80695946

62,1865958

15,71452986

13,22513585

10,27125437

7,399028054

5,509979408

APDNR

565,3822564

547,7181785

589,4537058

613,8529561

665,1768639

748,9784503

800,0214295

TXCH

3,048000097

3,062000036

2,904000044

3,66899991

4,485000134

4,173999786

4,15500021

REMPL (% pop de plus de 15 ans)

69,46399689

69,46499634

68,52899933

64,92199707

61,15299988

61,25

60,97299957

REMPL (% pop des 15-24 ans)

42,5870018

42,90800095

41,72100067

37,18299866

32,93999863

33,13999939

32,76499939

TMINF (-5%o)

0,017281811

0,019181563

0,028452967

0,028009591

0,034799464

__

__

EVN

6,7

8,484899521

10,34559536

12,19205475

15,4

16,83399773

__

CO2e (tonnes métriques/hab)

3,57

3,61

3,61

3,73

3,83

3,94

__

AELT (% pop)

50,041

52,144

54,401

56,35

57,914

59,254

__

ACTCP (% pop)

160,8

147,3

133

119,6

107,5

97,4

88,1

Source : Elaboré par nous-mêmes sur base des données du WDI (2020)

XII

Annexe A4 : Calcul des valeurs normalisées et standardisées

Tableau A4-1 : Calcul des valeurs standardisées et normalisées pour l'ensemble des données de nos variables

INDICATEURS

ANGOLA

CONGO

RCA

TCHAD

RDC

RNB/hab

-3,06422E-09

1,67222E-07

-2,317921119

-0,672733574

-4,93466E-07

APDNR

2,71363E-09

2,3588E-08

0,143406406

-5,82347E-08

0,21703086

TXCH

-1,69552E-09

-3,54592E-07

-2,142581457

1,07065E-06

4,93799E-07

REMPL (% pop de plus de 15 ans)

1,53159E-08

8,06338E-07

0,182071828

6,28231E-06

-1,33066E-06

REMPL (% pop des 15-24 ans)

-6,17515E-09

-1,87091E-07

0,252973733

1,15339E-06

-6,24443E-07

TMINF (-5%o)

8,44596E-09

-2,19822E-07

-0,213287927

1,24107E-06

1,36035E-06

EVN

-9,67045E-09

8,86987E-07

0,203191305

7,03011E-07

-0,9092839

CO2e (tonnes métriques/hab)

-0,359456198

-0,504171804

-3,819824786

-0,752539968

-0,506831843

AELT (% pop)

-0,267697395

-1,291754489

0,173729735

1,26235E-07

-0,15917413

ACTCP (% pop)

-1,312908523

-0,381467442

-0,523478233

-6,421948154

-2,732180596

Source : Elaboré par nous-mêmes en exploitant la base de données du WDI

XIII

TABLE DES MATIERES

 

INTRODUCTION

GENERALE

1

1.

ETAT DE LA QUESTION

1

2.

PROBLEMATIQUE

5

3.

HYPOTHESES D'ETUDE

7

4.

CHOIX ET INTERETS DU SUJET

8

5.

METHODES ET TECHNIQUES

8

6.

DELIMITATION SPATIO-TEMPORELLE

9

7.

CANEVAS

9

CHAPITRE I : CONSIDERATIONS THEORIQUES ET DEFINITIONELLES SUR LA

CROISSANCE ECONOMIQUE 10

SECTION 1 : NOTIONS SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE 10

I.1.1. Définitions de la croissance économique 10

I.1.2. Mesures de la croissance économique 11

I.1.3. Modèles de croissance économique 14

SECTION 2 : NOTIONS SUR LA CROISSANCE INCLUSIVE 20

I.2.1. Définitions de la croissance inclusive 20

I.2.2. Mesures de la croissance inclusive 22

I.2.3. Dimensions de la croissance inclusive 26

Conclusion partielle 28

CHAPITRE II : CROISSANCE ECONOMIQUE, DYNAMIQUE DE PAUVRETE, DES

INEGALITES, ET DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE EN AFRIQUE CENTRALE 28

SECTION 1 : CROISSANCE ECONOMIQUE EN AFRIQUE CENTRALE 28

II.1.1. Evolution de la croissance sous-régionale de l'Afrique (2000-2018) 29

II.1.2. Contribution sectorielle à la croissance économique de 1970 à 2015 50

SECTION 2 : DEVELOPPEMENT, PAUVRETE ET INEGALITES EN AFRIQUE

CENTRALE 53

II.2.1. Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) 53

II.2.2. Evolution de la pauvreté et inégalités en Afrique Centrale 54

II.2.3. Les explications du sous-développement en Afrique centrale 58

Conclusion partielle 66

CHAPITRE III : CONSTRUCTION (ELABORATION) DE L'INDICE COMPOSITE DE CROISSANCE INCLUSIVE POUR LES PAYS DE LA CEAAC : ANGOLA, CONGO,

CENTRAFRIQUE, TCHAD, ET RDC 67

SECTION 1 : APPRECIATION DES INDICES ANTERIEURES 67

III.1.1. Intérêts et limites des indicateurs synthétiques classiques 67

III.1.2. Limites des travaux antérieurs 73

SECTION 2 : CONSTRUCTION DE L'INDICE DE CROISSANCE INCLUSIVE 74

III.2.1. Approche Méthodologique 74

III.2.2. Construction de l'indice de croissance inclusive (ICI) 79

III.2.3. Interprétation des résultats obtenus 84

Conclusion Partielle 85

RECOMMANDATIONS 86

CONCLUSION GENERALE 87

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES I

ANNEXES V

TABLE DES MATIERES XIII






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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault