Section II. FAIBLESSES OU
DÉFIS DE L'ACCORD CADRE
Pour mieux comprendre les faiblesses qui sont même les
difficultés ou défis de l'accord, c'est-à-dire les
défis qui empêcheraient l'accord de connaitre son succès.
Les faiblesses de l'accord peuvent être répertoriées dans
les points ci-après.
III.2.1. L'introduction :
Qualification défectueuse de la situation de fait et du problème
à résoudre
L'introduction comprend quatre paragraphes, du premier au
quatrième. Le caractère diplomatique et général
ainsi que le style édulcoré de ces 4 premiers paragraphes, sont
destinés à la fois à faire avaler la pilule amère
à la RDC et à ménager les États accusés
d'entretenir l'insécurité et la déstabilisation. À
force de vouloir ménager tout le monde et d'aboutir à un Accord
consensuel, on s'est efforcé de présenter de manière
positive une véritable catastrophe humanitaire. Cela aboutit à
une qualification des faits à la fois édulcorée,
insuffisante et contradictoire, prélude à des solutions
inadéquates tout aussi paradoxales et générales. En effet,
un diagnostic défectueux ne peut donner lieu à une
thérapie adéquate.
Ainsi, l'évocation au §1 d'importants
progrès réalisés par la RDC dans le processus de la
pacification et de la stabilisation, est tout de suite contredite au § 2
par le constat de cycles de conflit récurrents et des violences
persistantes dans l'est de la RDC de la part des groupes armés tant
nationaux qu'étrangers. Le troisième paragraphe enfonce le
clou en soulignant les conséquences dévastatrices de cette
violence accompagnée de violences sexuelles et de graves violations des
droits de l'homme utilisés régulièrement et
quotidiennement comme des armes de guerre...du nombre des personnes
déplacées qui figure parmi les plus élevés du monde
et qui tourne autour de deux millions de personnes.
Bien plus, ce constat amer n'est pas suivi et
complété par l'établissement des responsabilités,
l'identification, le dénombrement et la localisation précise des
auteurs des crimes dénoncés et la proposition des sanctions.
Alors que les rapports antérieurs des experts de l'ONU ont
identifié les auteurs et les responsables de l'insécurité
et de l'instabilité dans l'est de la RDC, l'accord d'Addis Abeba les
passe sous silence. Il évite ainsi de devoir envisager ou évoquer
l'exigence de justice...et de réparation, pourtant indispensables pour
la restauration d'une paix durable.
L'Accord cite en termes imprécis les groupes
armés nationaux et étrangers sans préciser leur
nationalité pourtant connue, ni leur modus operandi qui inclut le
pillage des ressources naturelles et l'utilisation du viol et des violences
sexuelles comme arme de guerre. Surtout, l'accord passe sous silence les
motivations idéologiques et politiques de ces groupes armés, les
ramifications internationales ou transnationales de certains d'entre eux. Il
omet de mentionner les réseaux maffieux étatiques et non
étatiques, nationaux et étrangers, qui tirent profit de la
situation de « ni guerre ni paix » à l'est de la RDC.
L'accord semble ignorer la part d'exaction et de violence dont
sont coupables et responsables les forces armées
régulières et les agents de l'État congolais.
Bref, le rapport évoque en termes
généraux une situation humanitaire grave et persistante, sans en
expliciter les causes. Son diagnostic semble superficiel et défectueux,
se limitant aux effets et ignorant les causes profondes, pourtant connues et
souvent dénoncées par les rapports des experts de l'ONU. Et ce,
en contradiction avec les objectifs que se fixe l'Accord en son paragraphe 4.
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