3.2.4. Le besoin apparent de communication écrite
dans la langue considérée
La communauté ne doit en aucun cas être en marge
des projets visant au développement de celle-ci. Si nous
développons la forme écrite d'une langue, elle est
destinée à une communauté linguistique qui peut l'adopter
ou la rejeter. Donc dans les normes, c'est la communauté qui doit
exprimer le souhait de voir également sa langue dotée d'un
système d'écriture. Wiesemann et al. (2000 :135), nous
renseignent sur le fait que le besoin de communication écrite s'exprime
à travers certains domaines d'utilisation de la langue, et citent :
« il s'agit des domaines tels que l'éducation (formelle ou
informelle), la culture (transmise par les contes, les légendes, les
devinettes, les chants, etc.), l'information, la religion etc... Il peut aussi
s'agir de la nécessité d'améliorer et de renforcer
l'utilisation orale de la langue par les générations montantes .
À la question de savoir s'elles voudraient voir également leur
langue développée sous une forme écrite, 97% (soit 135 sur
140 personnes interrogées) ont émis le voeu de voir leur langue
développée également sous la forme écrite et
par-dessus tout enseignée dans leurs écoles comme c'est le cas
avec les langues avoisinantes. Par conséquent, les membres de la
communauté ont exprimé ce besoin apparent de voir aussi le kw ?
développé par écrit et inscrit dans les programmes
scolaires. Si nous devions nous en tenir à ce seul critère, il
n'y aurait aucune contestation de la part de la communauté kw ? de voir
leur langue avec un système de communication écrite. Tout ceci
concourt à la viabilité de
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cette langue et permettrait également aux membres de
cette communauté d'évacuer la frustration de ne pas voir leur
langue dans leurs écoles, sachant que les langues de leurs voisins sont
mises à écrit et sont enseignées dans les écoles.
Il ne suffit pas pour la communauté d'exprimer ce besoin, mais celle-ci,
à travers ses locuteurs, doit se déployer aux côtés
des chercheurs et s'engager dans ce processus de développement de sa
langue.
3.2.5. L'eng gement des locuteurs d ns l st nd rdis tion
de leur l ngue
Un projet de standardisation d'une langue n'est pas uniquement
l'affaire des linguistes mais nécessite également la
participation des locuteurs de ladite langue. Car comme disent Wiesemann et al.
(1983 :139), la standardisation est normalement et avant tout l'oeuvre des
locuteurs et l'élite intellectuelle est le premier concerné. En
ce qui concerne les locuteurs kw ? avec lesquels nous avons
réalisé ce travail, ils sont non seulement toujours
motivés et davantage prêts à travailler. Mais aussi,
à apprendre de temps en temps lorsque nous leur offrons
l'opportunité, d'apercevoir avec un oeil de linguiste un
phénomène qu'il ne pouvait apercevoir encore moins expliquer. Ils
sont également prêts à mettre des moyens afin de
réaliser avec eux comme auteurs des manuels qui serviront à
l'enseignement apprentissage de leur langue. En plus, les chefs des
différents cantons que nous avons visités n'ont pas
hésité à nous accorder l'autorisation de mener des
recherches sur leurs territoires. Certains sont allés au-delà en
nous fournissant plus d'informations que prévues dans différents
domaines. Nous avons également eu l'approbation du chef du canton Tongo,
par ailleurs jeune intellectuel, d'être l'un de nos principaux
informateurs. Ceci est la preuve que l'engagement effectif des locuteurs de la
communauté kw ? y est pour la standardisation de leur langue. Et, cet
engagement ne peut que constituer un élément important des
critères de viabilité de ladite langue sous sa forme
écrite. Cet engagement devrait être accompagné de la mise
sur pied d'un groupe de personnes de tout bord pour réfléchir sur
les problèmes de la langue.
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