III- LES ACTIVITÉS ÉCONOMIQUES
Comme mentionne ci-haut, les régions situées au
sud du Tchad présentent presque les mêmes conditions climatiques.
Celles-ci sont favorables à plusieurs activités dont la
population en bénéficie.
17Terme qui signifie clan ou richesse.
1- L'Agriculture
D'une manière générale, la partie sud du
Tchad est caractérisée par un système de production
diversifié. Les activités agraires au pays Massa s'effectuent
quant à elles au niveau familial (Dumas-Champion, 1983:53). Les champs
sont les propriétés de la famille qui les détiennent
traditionnellement du maître de la terre depuis la période
précoloniale. C'est généralement le chef de la famille qui
est habilitées à distribuer les parcelles de terre entre les
différents membres de sa famille. À l'intérieur de la
société massa, chaque famille utilise un champ.
L'agriculture occupe une place importante et est
pratiquée par la majorité de la population. C'est une agriculture
de subsistance résultant d'une stricte adaptation des hommes au milieu.
Les produits de l'agriculture au pays Massa sont variés : Mil rouge ou
Ouana cultivé par tous les Massa dans le
hoyoksina18 sert pour la consommation locale. Il constitue
la culture vivrière essentielle. Après la récolte sur une
faible partie de ces champs, les femmes cultivent le
pahna19 qui est non seulement commercialisé afin de
subvenir aux besoins, mais entre aussi dans la consommation locale. Les massa
sont de grands consommateurs du tabac et cela a une signification culturelle
d'une grande importance.
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18 Terme qui signifie, à proximité des
cases.
19 Nom en massa qui signifie tabac.
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Photo 1 : Un champ à proximité des cases
à Biliam-Oursi.
![](Acces--la-terre-et-conflit-au-tchad-cas-du-pays-massa-XXe-au-XXIe-siecle5.png)
Cliché : Kampété Dieudonné
Kingué à biliam 1, 23 juin 2017.
Le sorgho blanc ou Tchokona est cultivé
seulement par quelques paysans sur les terres argileuses. La culture de
celui-ci se fait généralement à la fin des saisons
pluvieuses dans les zones reculées. Le penicillaire ou Tchaïna
est cultivé dans la région de Guelendeng, mais est assez
rare sur les marchés de la région. Le riz, l'arachide et le
coton, ont été introduits par l'administration européenne.
C'est généralement dans un grand espace de plusieurs hectares
à environ 10km des cases que se tiennent ces activités dites
industrielles.
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Photo 2 : Vaste terrain pour la culture du riz
à 15km de l'entrée nord de Bongor.
![](Acces--la-terre-et-conflit-au-tchad-cas-du-pays-massa-XXe-au-XXIe-siecle6.png)
Cliché : Kampété Dieudonné
Kingué à djarabou, 23 juin 2017.
Toutefois, il convient de rappeler qu'avant l'arrivée
des colonisateurs, les massa vivaient presque de la pêche. Ce sont les
Européens qui, à travers leur société, ont
instauré la culture du coton et du riz. Il s'agit en effet d'une
société française dénommée SEMAB (secteur de
modernisation et d'aménagement de Biliam-oursi), avec son siège
à Oursi créée le 08 avril 1952-1953 par un Français
nommé Randu Jean20. Elle commence ses premières
activités en 1953-1954. Son travail
20Entretien avec Fanga Augustin, le 24 juin 2017
à biliam-oursi I.
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d'aménagements se fait dans les Cantons suivants :
Koumi, Télémé, Toura et Magoua. Son rôle principal
c'est la culture du riz. Le départ de cette société fut
favorable aux populations qui bénéficièrent des espaces
pour leur culture.
Photo3 : Ruines de la Société SEMAB
à Biliam-oursi I.
![](Acces--la-terre-et-conflit-au-tchad-cas-du-pays-massa-XXe-au-XXIe-siecle7.png)
Cliché : Kampété Dieudonné
Kingué, 24 juin 2017 à Biliam I.
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Photo 4 : Vestige d'une machine de labour de la
SEMAB.
![](Acces--la-terre-et-conflit-au-tchad-cas-du-pays-massa-XXe-au-XXIe-siecle8.png)
Cliché : Kampété Dieudonné
Kingué, 24 juin 2017 à Biliam I. 2- L'élevage
Vivant dans le Mayo-Kebbi Est, région située
dans le sud-ouest au Tchad, les Massa se distinguent d'autres peuples par leur
intérêt pour les bétails, bien qu'ils soient cultivateurs
et pêcheurs. Ils ont une technique spécifique d'élevage qui
les démarque des autres et considérés comme une
société agricole qui « spécialise temporairement ou
en permanence ses pâtres » (Leroi-Gourhan, 1972:307). Les Massa
possèdent d'immenses troupeaux de vaches qu'ils chérissent et
leur permettent à une certaine période de faire la cure de laits
ou gourouna qui doit les rendre forts. Les Massa sont fiers de leurs
bêtes et s'estiment meilleurs éleveurs que leurs voisins
fulbés, car les vaches entrent exclusivement dans la constitution de
leur « dot » alors que les fulbés se marient avec l'argent
(Dumas-Champion, 1983:116).
Ces derniers jouent un rôle social très important
et de nombreuses institutions sont fondées sur leur existence. Les
bovins ne peuvent quitter le groupe familial que
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pour procurer des épouses. Le bétail peut faire
l'objet de prêts appelés golla, et sert aussi à
organiser des cures de lait pendant la saison sèche. Les bovins sont
gardés par les hommes et, après la traite matinale, ils sont
conduits au pâturage. Le système de production des Massa combine
de manière harmonieuse l'agriculture, la pêche et
l'élevage. L'importance relative de chaque activité dépend
aussi bien des conditions climatiques que de la localisation dans l'espace des
groupes et des ressources naturelles dont ils disposent. Cette diversification
des activités économiques permet de minimiser les risques
climatiques, et de fournir une alimentation suffisante et variée
indispensable à la reproduction de la force de travail familiale (Claude
Arditi, 1998:3).
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