INTRODUCTION
Avec l'augmentation de la pression démographique
humaine et l'occupation des terres libres, la faune sauvage s'est
trouvée principalement reléguée dans les aires
protégées; et même dans ces aires protégées,
la menace demeure. Les populations vivant autour des aires
protégées étant essentiellement rurales, elles se livrent
à une agriculture et un élevage fortement extensifs et
consommateurs d'espace. Avec leur rapide augmentation, elles ont besoin de plus
en plus de terres. Le domaine protégé leur apparaît comme
une immobilisation inutile et infructueuse de terres dont elles ont tant
besoin. Il se crée une compétition entre les activités
humaines et la faune sauvage pour l'espace et les ressources naturelles. Comme
en réponse, les animaux sauvages occasionnent beaucoup de
dégâts et des attaques des humains dans les villages bordant les
aires protéges. Les cas les plus connus en Afrique concernent les
pachydermes, les primates, les grands carnivores et bien d'autres
mammifères etc, dont les impacts sont en général
négatifs aux populations riveraines à l'origine d'un antagonisme
conflictuel entre conservation et développement dans les régions
où les populations restent tributaires des ressources naturelles pour
leurs subsistance. Contrairement aux politiques protectionnistes
antérieures qui avaient souvent pour résultat de creuser un
fossé entre les efforts de conservation et les populations locales il
serait donc judicieux d'intégrer les besoins de développement aux
enjeux de conservation, pour les populations riveraines des aires
protégées; nécessité énoncée
clairement lors du Congrès mondial sur les parcs, qui a eu lieu en 1982
à Bali en Indonésie.
La présente synthèse bibliographique sur les
Conflits entre l'Homme et la Faune sauvage en périphérie des
aires protégées d'Afrique comporte trois (3) parties:
· généralités sur les aires
protégées,
· les conflits,
· résolution des conflits homme - faune sauvage.
Damas, KOUELY., 2006-2007. Conflit homme
faune sauvage autour des aires protégées d'Afrique.
Synthèse bibliographique - Master agronomie et Agro Alimentaire - PARC.
Cirad-Emvt / Montpellier SupAgro. 24 pages
8
PARTIE 1 : GENERALITES SUR LES AIRES PROTEGEES 1.1.
Définition
Une Aire Protégée est un espace naturel
terrestre ou aquatique géographiquement délimité, qui est
défini, réglementé et géré pour la
protection durable du patrimoine naturel et culturel. Il s'agit de n'importe
quelle zone faisant l'objet d'un contrôle particulier sur le plan
juridique et administratif ou pour des raisons de tradition, ainsi que de
mesures d'aménagement visant à conserver certaines de ses
caractéristiques. En d'autre terme une aire protégée est
un espace sur lequel il y a de forts enjeux de conservation de la faune et/ou
de la flore, appuyés par un statut juridique visant le contrôle de
l'accès à cet espace.
Selon UICN en 1992, les aires protégées sont
des «aires terrestres et/ou marines dédiées
spécialement à la protection et au maintien de la
diversité biologique ainsi qu'aux ressources naturelles ou culturelles
associées, et aménagée et gérée à
l'aide de moyens légaux ou autres».
La plupart des aires protégées d'Afrique ont en
général été créées durant la
période coloniale (années 1920 - 1940) et post-coloniale (1960
-1970). Tous les statuts confondus ces aires protégées concernent
près de 20% du territoire de certains pays. C'est le cas en Afrique
Centrale (figure 1). Malgré que peu d'entre elles sont effectivement
gérées et jouent un rôle de conservation des ressources
Naturelles on relève en général une tendance à
l'accroissement de ces surfaces, c'est le cas au Cameroun et au Gabon. Ces
zones réparties par catégories UICN recouvrent donc souvent des
espaces de production (agriculture, élevage, chasse, cueillette).
Figure 1: Pourcentage d superficie des aires
protégées par pays (UICN, 1994) 1.2. Catégories et
type d'aires protégées
Un système international de classification de
CPNAP/UICN répartit les aires protégées selon
différentes catégories (tableau 1) dont l'objectif est la
conservation de la diversité biologique (espèces animales et
végétales sauvages), sa protection; ainsi qu'à
l'aménagement de son habitat.
L'intérêt spécifique du parc national
repose sur les sites, les paysages ou formation géologiques d'une valeur
scientifique ou esthétique particulière dans
l'intérêt et pour la recréation du public ; et le
développement des activités touristiques.
Damas, KOUELY., 2006-2007. Conflit homme
faune sauvage autour des aires protégées d'Afrique.
Synthèse bibliographique - Master agronomie et Agro Alimentaire - PARC.
Cirad-Emvt / Montpellier SupAgro. 24 pages
9
Tableau 1: Classement des Aires protégées (UICN,
1994)
Catégories
|
Types
|
I
|
Réserve naturelle intégrale (la) / Zone de nature
sauvage (Ib)
|
II
|
Parc national
|
III
|
Monument naturel / élément naturel marquant
|
IV
|
Aire protégée pour l'habitat et les
espèces
|
V
|
Paysage terrestre ou marin protégé
|
VI
|
Aire protégée de ressources naturelles
gérées
|
|
1.3. Rôle et utilité de la faune
sauvage
La faune sauvage joue un rôle essentiel, dans la
plupart des sous-régions Africaines, tant dans la constitution de la
biomasse faunique, de l'équilibre écologique ou environnemental,
qu'au plan de l'amélioration du régime alimentaire. Elle
constitue un indicateur pertinent pour l'évaluation de l'efficience de
la gestion des ressources naturelles.
Les animaux sauvages exercent un véritable attrait sur
les populations humaines et jouent un important rôle dans leurs
traditions, mythes et religions. Par exemple, certains animaux
représentent de symbole de puissance, des totems ou emblèmes
culturels de plusieurs groupes sociaux dans le continent africain. La
sacralisation de certains animaux sauvage (ex : le lion, etc.) par certaines
familles peut bien contribuer à la préservation des
espèces d'où l'importance de continuer à intégrer
les populations à la gestion des aires protégées.
Les différentes parties espèces de faune
sauvages (lions et hyènes, gorille genette, rhinocéros,
panthère, python, etc) sont très utilisées à des
fins médico-magiques dans les régions d'Afrique en particulier et
du monde en général. Ces pratiques considérées
comme favorables au niveau des savoirs traditionnels constituent une menace
pour les animaux sauvages.
Malgré cette essentialité reconnue, la faune
sauvage demeure, très souvent, mise en concurrence avec les
activités anthropiques d'où les conflits de cohabitation surtout
autour des aires protées.
Damas, KOUELY., 2006-2007. Conflit homme
faune sauvage autour des aires protégées d'Afrique.
Synthèse bibliographique - Master agronomie et Agro Alimentaire - PARC.
Cirad-Emvt / Montpellier SupAgro. 24 pages
10
PARTIE 2 : LES CONFLITS 2.1.
Généralités
En Afrique les aires protégées comptent dans
leur périphérie des foyers de peuplements humains. Ces
populations de culture très différentes ont des relations
étroites avec le milieu naturel. Cette situation est significative de la
pression anthropique qui s'exerce sur les ressources (MACKINNON et al;
1990). La nature et les conséquences de cette situation sont
souvent multiformes. Dans les aires protégées, c'est
principalement l'un des problèmes majeurs de gestion des ressources
naturelles (WEBER, 1995. WELL & BRANDON, 1992).
Pour les populations de ces différents groupes
ethniques situées en périphérie des aires
protégées, la zone est leur espace de vie. Elles y tirent
l'essentiel de leurs ressources. La dépendance d'une aire
protégée passe par l'utilisation de son foncier qui est mis en
valeur pour des exploitations agricoles, ses ressources ligneuses, non
ligneuses, fauniques, halieutiques. Elles ont aussi des relations culturelles
avec cet environnement dans lequel elles ont toujours vécu.
Au delà de ces relations de dépendance de la
réserve, les populations riveraines à la réserve estiment
avoir vécu depuis les indépendances (en 1960) dans une situation
d'autarcie et de dénuement qui n'a pas facilité leur
développement.
2.2. Définition et différents aspects d'un
conflit
Le conflit peut être défini comme "une rencontre
d'éléments ou de sentiments contraires qui s'opposent".
L'opposition peut être violente ou non, patente ou latente.
L'intérêt se situe non dans son expression mais dans sa
réalité. Dans cette optique, le conflit est perçu dans une
assertion plus large car il est fonction de l'intensité, des ressources
et des acteurs.
Le Dictionnaire Larousse définit le conflit comme:
"un antagonisme, une opposition de sentiment, d'opinions entre des personnes ou
des groupes. C'est un Litige opposant un ensemble de personnes
(salariés) à un individu ou un groupe (patronat) pour la
défense des intérêts communs à cet
ensemble".
Le conflit revêt deux aspects:
Il peut être interne i.e. propre à un individu
(cas de la psychologie et de la psychanalyse avec les conflits entre Moi et
Surmoi); ou externe i.e. opposant deux parties distinctes (individus et/ou
groupes d'individus). C'est ce dernier aspect qui nous intéresse. Car il
met en présence au moins deux entités en opposition
d'intérêts, et s'applique à un espace particulier à
l'exemple des aires protégées.
|