INTRODUCTION
1
1-INTRODUCTION
1-1 Contexte et justification
La carie dentaire est une maladie infectieuse d'origine
multifactorielle. Elle résulte d'un processus dynamique qui
entraîne une déminéralisation des tissus durs de la dent.
Le premier modèle expliquant son étiologie a été
proposé par Keyes. Ce dernier a identifié trois facteurs causaux
inter-reliés: un hôte susceptible, des bactéries
cariogènes et des glucides fermentescibles [1]. Le facteur temps a
été ajouté au diagramme original par Newbrun en 1978; en
effet, l'interaction entre les trois facteurs doit avoir lieu durant une
certaine période pour que la carie se développe [2]. Les
chercheurs ont identifié plusieurs autres facteurs
(génétiques, comportementaux et environnementaux)
influençant le développement de la carie dentaire [3].
La prévalence de la carie dentaire est toujours un
problème de santé préoccupant, autant chez les adultes que
chez les enfants. La prévalence de la carie dentaire en dentition
permanente ne cesse de diminuer dans les pays industrialisés tandis que
la santé dentaire des enfants n'a pas montré la même
amélioration [4].
En Norvège la prévalence a augmenté en
2000, passant de 30% à 39% chez les enfants de 5 ans [5]. En Belgique,
les prévalences rapportées varient de 31% à l'âge de
3 ans, à 48% à l'âge de 5 ans [6]. En France, la
prévalence de la carie a été évaluée
à 38 % chez 322 enfants de 4 ans [7].
Dans le milieu asiatique, la prévalence est plus
élevée. Une étude effectuée à Shenyang en
Chine où 5375 enfants âgés de 3 à 6 ans avaient une
prévalence de carie de 71% [8]. En Thaïlande, une prévalence
de 83 % a été trouvée après avoir examiné
520 enfants âgés de 15 à 19 mois vivant en milieu rural
[9]. En Arabie saoudite, la prévalence de carie à 75% chez 789
enfants d'âge préscolaire [10].
2
Les enfants américains n'échappent pas à
la tendance. En Arizona, auprès de 5171 enfants âgés de 5
mois à 4 ans, issus de classe moyenne et de milieux
défavorisés, la prévalence de carie a été 6%
à l'âge de un an, 22% à l'âge de 2 ans, 35% à
l'âge de 3 ans et 49% à l'âge de 4 ans [11].
En 2008, une étude effectuée chez 1021 enfants
afro-américains vivant à Détroit a
révélé que 31% des enfants de moins de 3 ans
étaient touchés par la carie et 81% chez les enfants de 4 ans
[12].
Une enquête effectuée chez 1 230 enfants non
autochtones en Arkansas, Louisiane, estime que la prévalence de la carie
est de 19% à 3 ans, 22% à 4 ans, et de 28% à 5 ans
[13].
Dans la Région Africaine, une étude
épidémiologique en milieu préscolaire à Libreville,
au Gabon en 2009 a fait ressortir une prévalence de la carie à
l'âge de 6 ans à 75% [14]. En Ouganda, les enfants avaient une
prévalence de carie de 45% à 3 ans, 59% à 4 ans et de 65%
à 5 ans [15].
A Madagascar la prévalence de la carie dentaire chez
les enfants est élevée par rapport aux pays d'Afrique. A 6 ans,
85% des enfants souffrent de carie dentaire sur leurs dents de lait et 26% sur
leurs dents définitives [16].
Des efforts ont été déployés afin
d'atteindre l'objectif de la Politique Nationale de Santé Bucco-dentaire
à Madagascar pour l'an 2020, réduire la prévalence et
l'incidence des affections bucco-dentaires. Ce dernier est orienté vers
la prise en compte de la santé bucco-dentaire dans le cadre de la
santé générale et du contexte socio-économique et
environnemental en insistant sur l'intégration des affections
bucco-dentaires à toutes autres maladies ayants de facteurs communs de
risque. Pour y atteindre, le renforcement des compétences du personnel
à tous les niveaux des structures sanitaires s'avère
nécessaire [17].
Des études ont été entreprises dans
différentes régions. Les données
épidémiologiques nationales sur les facteurs de risque de la
carie dentaire chez l'enfant avant 72 mois sont pratiquement inexistantes, ce
qui nous a poussé à entreprendre cette étude.
3
1-2 Revue de la littérature
1-2-1 Déterminants de la carie dentaire chez les
enfants
1-2-1-1 Facteur bactérien
L'existence d'une composante bactérienne dans
l'étiologie de la carie dentaire est démontrée, à
travers le biofilm microbien, véritable écosystème
à la surface des dents. Plus de 200 espèces microbiennes
constituent la flore buccale, dont une vingtaine est pathogène pour
l'organe dentaire. Trois bactéries sont plus incriminées et les
plus cariogènes : le Streptococcus mutans, favorisant la carie
de l'émail, le Lactobacillus favorisant la carie de la dentine,
et l'Actinomyces qui entraîne la carie du cément [18].
Six heures après la naissance, la colonisation
bactérienne commence à s'installer mais ce sont des
bactéries commensales. Les espèces microbiennes Streptococcus
salivarius, Streptococcus mitis et Streptococcus oralis sont les
premières espèces qui colonisent la bouche du
nouveau-né.
L'ampleur et la complexité de la flore buccale
augmentent avec l'éruption des dents primaires. A partir de
l'éruption dentaire les bactéries cariogènes apparaissent
successivement dans la sphère orale. C'est à ce moment que le
Streptococcus mutans va s'installer et proliférer avec
l'augmentation de surfaces dentaires. Le Streptococcus mutans a
été présent en bouche chez plus de 30 % des enfants
âgés de 3 mois qui n'avaient pas encore de dents en bouche;
à l'âge de 6 mois, 60% d'entre eux étaient infectés
par la bactérie [19].
L'acquisition précoce du Streptococcus mutans
est un important facteur de risque pour la carie. Une étude
longitudinale effectuée chez des enfants de 2 ans et 4 ans a
montré que les enfants qui avaient été contaminés
à l'âge de 2 ans étaient ceux qui présentaient le
plus de caries à l'âge de 4 ans [20].
4
1-2-1-2 Facteur alimentaire
Les hydrates de carbone fermentescibles jouent un rôle
dans l'initiation et le développement de la carie dentaire. La
fréquence d'ingestion d'aliment sucré est un prédicteur de
la carie des enfants, elle favorise l'établissement et la
prolifération des bactéries cariogènes [21].
Une étude effectuée sur les enfants consommant
des breuvages sucrés dans leur biberon a démontré qu'il y
avait un risque 4 fois plus élevé d'être colonisés
par le Streptococcus mutans que ceux qui avaient consommé du
lait sans sucre dans leur biberon [22].
L'American Academy of pediatric dentistry en 2008
reconnaît que l'allaitement maternel est la meilleure façon
d'alimenter le nouveau-né. Après l'éruption des dents, un
allaitement maternel fréquent la nuit pourrait contribuer au
développement de la carie. L'allaitement maternel est recommandé
jusqu'à un an et plus, mais la mère est sollicitée
à retirer le mamelon de la bouche de l'enfant qui dort et d'essuyer les
gencives et les dents avant de se coucher [23].
L'utilisation de boissons sucrées à la place du
lait commence tôt chez les enfants provenant de famille à faible
revenu car les parents ne connaissent pas les effets que peuvent produire une
exposition constante des dents aux liquides sucrés du biberon. Les
parents de familles défavorisées perçoivent même
comme un signe de pauvreté le fait de charger de l'eau dans le biberon
d'un enfant [22].
1-2-1-3 Facteurs liés à
l'hôte
Plusieurs facteurs peuvent influencer la
vulnérabilité à la carie d'un enfant. Les facteurs en lien
avec la maturité et l'intégrité de l'émail de la
dentition primaire en font partie. La dent en éruption est
vulnérable à la carie car son émail est immature. La
maturation post-éruptive de l'émail évolue durant 3
à 4 années. Au cours de cette période, les ions fluor
présents dans la salive vont graduellement être incorporés
dans l'émail ce qui rendra ce dernier moins soluble et plus
résistant à l'acide [24].
Des anomalies de développement de l'émail
peuvent être présentes à la surface de la dent. Ces
défauts créent des irrégularités qui favorisent
l'accumulation de plaque dentaire.
La plaque visible est un prédicteur pour la carie et sa
présence sur les faces antéro-supérieures est
reliée à la colonisation par le Streptococcus mutans
[25].
5
Dans une étude effectuée chez 199 enfants
âgés de 6 à 36 mois, le risque d'avoir de lésions de
l'émail avec ou sans cavité de carie était près de
10 fois plus élevé chez les enfants qui présentaient des
zones d'hypoplasies de l'émail.
Les défauts d'émail étaient des
prédicteurs de carie chez des enfants de 18 et de 24 mois [26].
La prévalence des défauts d'émail est
associée à certaines maladies héréditaires,
désordres métaboliques, problèmes durant la grossesse et
l'accouchement ainsi qu'à la malnutrition. La prévalence globale
des anomalies de l'émail en dentition primaire est de 13 à 39%
chez les enfants nés à terme, et supérieure à 62%
chez les enfants prématurés ou de petits poids à la
naissance [27].
1-2-2 Les facteurs de risque de la carie dentaire chez
les enfants
Des études ont confirmé l'existence d'une
interaction entre les facteurs biologiques et les facteurs
socioéconomiques, culturels, comportementaux, et environnementaux. Pour
une meilleur compréhension de développement de la carie durant
l'enfance, il faut considérer les facteurs qui influencent le
comportement de la famille comme ceux qui influencent le comportement de
l'enfant et comment ces différents facteurs interagissent-ils entre eux
[28].
1-2-2-1 Facteurs socio-démographiques et
économiques
Bien que la carie dentaire chez les enfants avant 6 ans soit
associée à un déséquilibre entre la flore
bactérienne, les substrats et l'hôte. Les conditions familiales
économiques et sociales influencent l'apparition de la carie. Le niveau
de revenu et la situation socio-économique sont les principaux facteurs
qui déterminent que les enfants souffriront de la carie dentaire
[29].
Le statut socioéconomique est un important
prédicteur de la santé dentaire. Dans les familles à
revenu mensuel bas, les enfants ont des caries et des besoins en traitements
plus élevés que ceux des familles où le revenu mensuel
élevé [30].
Les valeurs culturelles sociales et familiales seraient en
lien avec les pratiques familiales envers la santé dentaire des enfants.
Il est toutefois difficile de séparer les influences culturelles de
l'ethnicité, des effets d'un statut socioéconomique
défavorisé sur la prévalence de la carie dentaire [31].
6
Des caractéristiques propres à la structure
familiale ont aussi une influence sur la carie dentaire des enfants. Le travail
du chef de famille, le fait que la mère ait un niveau d'éducation
bas, qu'elle soit âgée de moins de 25 ans, ainsi que le fait que
l'enfant soit un garçon, sont des facteurs déterminant pour la
carie dentaire des enfants [32]. La taille de la famille montre une relation
significative avec la santé dentaire des enfants. La santé
dentaire est moins bonne dans les familles de quatre enfants, et dans les
familles où l'enfant vit avec sa mère plutôt qu'avec sa
mère et son père. Les études ont
révélé que les enfants vivant en milieu rural ont une
prévalence carieuse plus élevée que les enfants vivant en
milieu urbain [33].
1-2-2-2 Facteurs comportementaux
Certains comportements tels que l'utilisation du biberon, la
consommation de collations sucrées entre les repas et le brossage des
dents ont été étudiés de façon intensive
pour leur capacité à favoriser la colonisation du
Streptococcus mutans et la présence de caries chez les enfants. Le
rôle de la mère est capital dans la socialisation alimentaire de
son enfant durant la première année puis l'enfant va subir
l'influence des milieux socio-éducatifs, de l'environnement de
consommation et des publicités [34].
> Habitudes alimentaires
La littérature mentionne souvent deux comportements qui
sont associés à une mauvaise utilisation du biberon :
premièrement, l'utilisation du biberon pour la sieste durant la
journée ou le soir au coucher. Deuxièmement c'est l'utilisation
du biberon au-delà de l'âge de 1 an.
L'utilisation d'un biberon contenant des liquides
sucrés favoriserait l'établissement précoce d'une flore
à dominance cariogène à un moment de grande
vulnérabilité, soit au moment où les dents font
éruption [35].
Les enfants atteints de carie font une consommation
fréquente et prolongée des aliments sucrés sous forme
liquide. Les parents croient que les boissons à saveur de fruit et les
jus de fruits sont bons pour la santé à cause des vitamines, mais
ils ignorent que le sucre qu'ils contiennent est dommageable pour les dents.
Pour prévenir la carie dentaire, les parents devraient
être diminués la fréquence des expositions aux sucres
visibles et cachés [21].
7
> Habitude d'hygiène bucco-dentaire
Il ressort que les comportements parentaux en regard de la
santé dentaire ont un effet significatif sur la santé dentaire de
l'enfant. Les pratiques parentales ont un effet direct sur la santé
gingivale et de la carie de l'enfant, et indirectement, ils influencent le
comportement de l'enfant.
Il existe une association positive entre la fréquence
à laquelle la mère brosse ses dents et la fréquence
à laquelle elle brosse les dents de son enfant [36].
Dans une étude effectuée auprès de 1471
mères-enfants, la condition gingivale de mère a été
associée à la prévalence et à la
sévérité des caries chez l'enfant de 3 ans. Chez les
enfants de 12 à 36 mois, la présence de plaque visible sur la
surface labiale des incisives supérieures a été fortement
associée au développement de caries, avec une sensibilité
de 83% et une spécificité de 92% [37].
Dans une étude prospective effectuée chez 678
enfants âgés de 1 an, Wendt et coll. ont observé que les
enfants qui n'avaient pas de carie à l'âge de 3 ans avaient
bénéficié de fréquents brossages dentaires à
l'âge de 1 et 2 ans et qu'à partir de 2 ans, la plupart des
brossages de dents avaient été effectués avec une
dentifrice fluorée. De plus, ces enfants présentaient moins de
plaque visible à l'âge de 1 et 2 ans que ceux qui avaient des
caries [38].
8
> Tabagisme
Des chercheurs ont suggéré une
susceptibilité accrue à la carie dentaire chez les enfants
exposés à la fumée secondaire (fumeur passive).
Une étude effectuée chez 637 enfants de 4-7 ans,
a montré qu'un risque relatif de 3,38 avait obtenu à
l'association du statut socioéconomique, la fréquence du brossage
et la prise de boissons sucrées [39].
Les enfants de 3 ans qui avaient des parents fumeurs
présentaient un risque deux fois plus élevé d'avoir des
caries que les enfants à parents non fumeurs. Ce risque étant 3,4
fois plus élevé chez les enfants de 5 ans. L'augmentation du
risque de carie pourrait être le résultat d'un effet direct sur la
croissance des bactéries cariogènes et d'un effet indirect en
induisant des changements physiologiques chez l'hôte [40].
> Stress parental
Le stress familial pourrait être un facteur de risque
pour la carie dentaire chez les enfants. L'instrument de
mesure qui a été utilisé pour explorer l'association entre
le stress parental et la prévalence de carie chez l'enfant est le
Parenting Stress Index - Short Form (PSI/SH) [29].
Les études suggèrent que le stress n'a pas
d'effet direct sur l'occurrence et la sévérité de la carie
et que sa contribution est masquée par des déterminants plus
puissants comme la classe sociale, le revenu, l'ethnicité et les
comportements. Le stress parental ne contribue pas de façon
indépendante au modèle de prédiction de carie [41].
9
1-3- Hypothèse
Vu ces facteurs et la recrudescence de la carie dentaire chez
l'enfant, nous avons posé comme hypothèse de l'étude : les
facteurs de risques tels que les facteurs socioéconomique,
démographique, comportementaux, habitudes d'hygiène
bucco-dentaire et alimentaire influenceraient la prévalence de la carie
dentaire des enfants de 6 à 72 mois à Antananarivo
Renivohitra.
Notre étude intitulée « Facteurs de
risques de carie dentaire des enfants 6 à 72 mois à Antananarivo
Renivohitra » avait pour objectif général de
déterminer les principaux facteurs de risques de carie dentaire.
Les objectifs spécifiques étaient de :
1. déterminer la prévalence de la carie dentaire
;
2. décrire les caractéristiques
socio-demographiques et économiques de la mère ;
3. décrire les habitudes et attitudes d'hygiène
bucco-dentaires et alimentaires de l'enfant ;
4. apporter des suggestions.
METHODOLOGIE
10
2 -METHODOLOGIE 2-1 Cadre de l'étude
Ce travail a été réalisé dans la
ville d'Antananarivo, capitale de Madagascar. Elle comporte 192 Fokontany
répartis sur les 6 arrondissements. Elle s'étend sur environ 80
km2. Elle est limitée au Sud et à l'Ouest par le
District d'Antananarivo Atsimondrano, au Nord et à l'Est par celui du
District Antananarivo Avaradrano.
En 2014, la population était estimée 1.334 350
habitants. Antananarivo - Renivohitra est desservie par 27 formations
sanitaires publiques et 128 Formations sanitaires privées [42].
Concernant la démographie professionnelle de la
dentisterie, elle est repartie comme suit :
1. Nombre de centres de soins bucco-dentaires publics
|
:
|
18
|
2. Nombre de cabinets dentaires ou cabinets
médico-dentaires privés
|
:
|
150
|
3. Cabinets dentaires confessionnels
|
:
|
4
|
4. Centres de soins bucco-dentaires militaires
|
:
|
3
|
5. Cabinets dentaires inter-entreprise
|
:
|
7
|
|
Le nombre des Odonto-stomatologistes actifs à
Antananarivo-Renivohitra depuis
2012 est estimé comme suit:
|
|
|
- Fonctionnaires
|
:
|
35
|
- Privés
|
:
|
150
|
- Confessionnels
|
:
|
5
|
- Militaires
|
:
|
9
|
- Inter-entreprise
|
:
|
50
|
Au total, 249 odonto-stomatologistes en situation
régulier et tous statuts confondus ont servi la population
d'Antananarivo Renivohitra, soit un (01) odonto-stomatologiste pour 5 358
habitant [42].
11
2-2 Type d'étude
Il s'agit d'une étude épidémiologique
observationnelle analytique transversale.
2-3 Période et durée de
l'étude
Notre étude a été effectuée au mois
d'Aout à Octobre 2014. La durée de l'étude a
été de deux ans (Aout 2012 à Décembre 2014).
2-4 Population cible
Notre population d'étude a été
constituée des enfants de 6 à 72 mois à Antananarivo
Renivohitra et leur mère respective, sans distinction de genre, ni
d'ethnie, ni de catégorie sociale.
2-4-1 Critère d'inclusion
Tous les enfants âgés de 6 à 72 mois et leur
mère respective résidant au moins 6 mois à Antananarivo
Renivohitra ont été inclus dans l'étude.
2-4-2 Critère d'exclusion
Par contre, nous avons exclu les mères des enfants ayant
un handicap sensoriel (sourd et/ou muet) ou ayant des problèmes pour
répondre aux questions.
Sont non inclus dans l'enquête, les enfants de moins de 6
mois et les enfants plus de 72 mois.
12
2-5 Mode échantillonnage
L'échantillonnage était effectué à
travers un sondage aléatoire à deux degrés.
Au premier degré, nous avons procédé
à un tirage aléatoire pour avoir les fokontany
échantillons qui seront les unités primaires de sondage.
Par commodité, nous avons fixé le nombre de
fokontany à enquêter à 07, nous avons tiré 07
fokontany échantillons sur les 192 fokontany (FKT) de la Commune Urbaine
d'Antananarivo.
Cette liste de FKT échantillons était servie
pour la sélection des ménages au deuxième degré.
Le deuxième degré se
fait sur le terrain. Arrivées dans les fokontany, nous avons tiré
au hasard le secteur où se trouvait le premier ménage à
enquêter.
Un dénombrement des ménages dans chaque
fokontany sélectionné a été effectué afin
d'obtenir une liste de ménages à enquêter ; un
numéro a été attribué à chaque ménage
identifié dans la liste. Nous avons mis ces numéros dans une
boite et procédé au tirage au sort.
La liste des ménages a été établie
avec la collaboration étroite des Chefs fokontany. Sachant qu'on ne
prend qu'un enfant dans un ménage, 28 ménages ont
été sélectionnés dans un tirage systématique
à probabilité égale, soit un total de 196 ménages
sur les 07 FKT.
Quelques scénarios que nous avons
considérés : dans le ménage choisi, si la mère de
l'enfant a été absente le jour de l'enquête, nous avons
fixé une autre date ultérieure pour son interview. Si le retour
prévu n'était pas convenable à l'exécution de
l'enquête, nous avons choisi un autre ménage. Si la mère a
refusé l'enquête malgré toutes tentatives, nous avons
poursuivi au ménage suivant.
13
2-6 Taille de l'échantillon
Le calcul de la taille de l'échantillon était
donné par la formule :
N= (E2 x p x q)/i2
p = prévalence de la carie à Madagascar (85 %)
[16]
q= complément de p (avec q = 1 - P)
E = Intervalle de confiance (1,96)
i = marge d'erreur (5%)
Donc, N = (3.84 x 0,85 X 0,15) / (0,05) 2 =
196 enfants
L'échantillon est constitué de 196 enfants et
leur mère respective.
2-7 Les variables d'étude
V' Variables indépendantes :
âge de la mère, niveau d'instruction de la mère,
revenu et taille de ménage. Pour l'enfant, âge, genre,
scolarisation, type de petit déjeuner, goûter, grignotage,
pratique de brossage dentaire, autonomie au brossage dentaire.
V' Variables dépendantes :
Pour mesurer les problèmes de santé
bucco-dentaire nous avons utilisé des variables universellement
reconnus, l'indice caod pour la dent et caos pour la surface dentaire
(décrit par Klein et Palmer.)
V' c étant le nombre de dents cariées
V' c étant le nombre de dents absentes pour cause
de carie
V' o étant le nombre de dents obturées
définitivement dans la bouche de la de l'enfant examinée
Le CAO écrit en majuscule concerne les dents
définitives et le cao écrit en minuscule pour les dents de
lait.
14
L'indice cao ou cao moyen est donc la moyenne qui
résulte du nombre total des dents temporaires
cariées, absentes pour cause de carie et
obturées définitivement que l'on divise par le
nombre d'enfants examinés.
c total + a total + o
total
L'indice cao =
nombre d'enfants examinés
|
Le chiffre obtenu nous a permis de mesurer le niveau d'atteinte
carieuse de la population d'étude.
- niveau très bas quand 0 < l'indice CAO < 1,1 -
niveau bas quand 1,2 < l'indice CAO < 2,6 - niveau moyen quand 2,7 <
l'indice CAO < 4,4 - niveau élevé quand 4,5 < l'indice CAO
< 6,5 - niveau très élevé quand l'indice CAO est >
6,5
2-8 Mode de collecte de données
Pour le recueil des données sociologiques, nous avons
utilisé la fiche d'enquête simplifiée de l'OMS tant pour
les enfants que pour leur mère respective. Nous avons administré
des questionnaires « interview ».
La méthode de collecte des données
épidémiologiques a été l'observation, faisant une
« observation » des dents et exploré leurs surfaces. L'examen
visuel à la lumière du jour a été effectué
après avoir essuyé les dents avec une gaze de coton. La collecte
était effectuée par nous- même.
15
2-9 Traitement et analyse des données
Les données ont été saisies sur
ordinateur et analysées en utilisant le logiciel SPSS 20.0 for Windows
(Statistical, Package for Social Sciences). Des analyses simples
univariées ont été faites pour la distribution de
fréquence et des analyses bivariées pour évaluer les
relations qui pourraient exister entre les variables dépendantes et les
variables indépendantes.
Le test khi2 a été utilisé
pour comparer les pourcentages, le test ANOVA pour la comparaison des
moyennes.
2-10 Considération éthique et
déontologique
Pour la réalisation de l'enquête, les
autorités sanitaire et administrative locales étaient
informées à l'avance sur l'objet de l'étude.
Avant de mener l'enquête, nous avons demandé le
consentement libre de chaque répondant ; Si au terme de cette demande,
l'interviewé désirerait de ne pas participer à
l'enquête, nous avons choisi un autre.
Le caractère confidentiel, anonymat et le secret
professionnel ont été respectés.
De cette étude, nous avons obtenu une base des
données sur les facteurs de risques de carie dentaires mais nous n'avons
pas pu prendre en charges ses enfants ni d'effectuer une sensibilisation de
masse pour la santé bucco-dentaire.
Nous avons motivés la population à se faire
consulter chez un odonto-stomatologiste.
2-11 Limite de l'étude
Notre étude concerne uniquement la Commune Urbaine
d'Antananarivo, elle ne saurait être généralisable sur
toute l'ile, ce qui compromettra sa validité externe.
Nous n'avons pas effectuée des recherches sur les
facteurs tabagisme et stress que nous avons trouvé à la
littérature.
RESULTATS
16
3- RESULTATS
3-1 Résultats de l'enquête
sociologiques
La population d'étude est constituée de196 enfants
et de leur mère respective résidant issues des sept (07) FKT
à Antananarivo Renivohitra (tableau n°1 ).
La majorité des mères se trouvaient dans la
tranche d'âge entre 25 à 29 ans (55,6%). Vingt sept mères
(13,8%) avaient moins de 25 ans, 42 mères (21,4%) avaient 30 à 34
ans et 9,2 % ont été de 35 à 39 ans. Cette population est
fortement scolarisée, 49% des mères des enfants étaient de
niveau primaire; 32,1% étaient de niveau secondaire, 11,2% ont
effectué des études supérieures et 7,7% étaient non
scolarisés (tableau n°2).
Concernant la profession de la mère :
- le 45,4% des mères avaient travaillé dans les
secteurs privés,
- le 25% avaient exercé des emplois temporaires
(activité génératrice de revenu selon leur
opportunité),
- le 16,3 % étaient des commerçantes,
- le 10,2 % des mères étaient fonctionnaires et
3,1% femmes au foyer Le revenu mensuel des 72,4 % des enquêtées
est compris entre 100 000 Ar à 300 000 Ar. Il s'agit
principalement de familles de 4 à 7 personnes (68,9%). (Tableau
n°3)
Le tableau n°4 révèle la
répartition des enfants selon le genre, leur tranche d'âge ainsi
que leur scolarisation.
Nous avons trouvées que 43,9 % des enfants
étaient du genre masculin et 56,1% du genre féminin.
Pour les enfants de la tranche d'âge 6 à 11 mois,
ils représentaient la 7,1% de la population totale. Les 9,7% des enfants
étaient âgés de 12 à 23 mois. Pour la tranche
d'âge de 24 - 35 mois, elles étaient de 20,4%. Les 12, 2 % et 22,
4% des enfants étaient âgés respectivement de 36-47 mois et
48-59 mois. Les enfants pour la tranche d'âge de 60 à 72 mois
étaient 28,1%.
Pour la scolarisation, 34,7 % des enfants étaient non
scolarisé, 44,9% était à la classe de primaire, 13,8% dans
la préscolaire et les 6,6% ont fréquenté la garderie et
/ou la crèche.
Le tableau n°5 nous donne la
répartition des enfants selon les types de petit déjeuner et du
goûter prise quotidiennement. Les 81,6 % des enfants ont pris un petit
déjeuner sucré tous les jours et 62,2% un goûter
sucré.
L'habitude de grignotage est consignée dans le
tableau n°6 . Les parents avaient l'habitude de donner du
pain, du jus et bonbons à leurs enfants tous les jours. Leurs
fréquences étaient respectivement de 62,8%, 58,7% et 51,5%.
Le tableau n°7 nous fait connaître
que : le brossage de dents est effectué quotidiennement chez 83,2% des
enfants participant à cette étude. Les 78,6 % d'entre eux ont
utilisés le dentifrice. Les enfants se brossaient les dents une fois par
jour (54,1%). Pour le moment de brossage, les enfants se brossaient ses dents
après le petit déjeuner pour 48% et/ ou le soir avant de dormir
pour 28,4% de cas.
La technique de brossage la plus utilisée était
la méthode horizontale (68,1 %) et 31,9% pratiquaient la méthode
verticale.
Toutes catégories d'âge confondues, 35
mères (17,9%) brossaient les dents de leurs enfants. Par contre, 67,3%
des enfants se brossaient leurs dents sans assistance et les parents ont
assisté leurs enfants au brossage pour les 14,8% de cas.
Le tableau n°8 nous permet de savoir que
58, 7 % des parents avaient appréciée les dents des leur enfants
étaient bonne, 11,7 % étaient très bonne et 29,6% ont
affirmé une mauvaise santé dentaire.
17
18
Ce tableau nous révèle pour 35,7% des enfants
qui ont consulté un chirurgien dentiste. Les 13,4% avaient opté
aux soins dentaires, 12,4% pour une consultation périodique, 5,2% pour
l'extraction dentaire et 12,9% pour d'autres motifs tels que la trouble
d'éruption dentaire et pour une séance de détartrage.
Nous avons constaté que la prévalence du
brossage quotidien augmentait en fonction de l'âge. Elle était
effectuée à 100% des enfants à partir de l'âge de 48
mois (Tableau n°9).
Le tableau n° 10 nous montre qu'entre la
tranche d'âge 12 au 36 mois, les enfants se brossaient les dents une fois
par jour. La fréquence était de 47.4 % pour la tranche
d'âge 12-23 mois et 90% pour la tranche d'âge 24-35 mois.
A tout âge confondu, la technique de brossage la plus
pratiquée était la technique horizontale (82,5% entre 24-35 mois)
(Tableau n°11).
Tous les parents brossaient les dents enfants ou assistaient
le brossage jusqu'à l'âge de 2 ans (24 mois). C'était
à partir de 24 mois que les enfants avaient leur autonomie à se
brosser elle-même leur dent. (Tableau n°12).
3-2- Résultats de l'enquête
épidémiologique
Le tableau n° 13 nous montre la
prévalence de la carie dentaire pour les dents temporaires et les dents
permanentes. Les 78,1% des enfants présentaient des dents temporaires
cariées et 1,5% de cas pour les dents définitives.
Le nombre de dent carié de chaque enfant variait de 1
à 12. Le mode était de 4 et le moyenne était de 3,24
(tableau n°14)
19
Le tableau n°15 indique le nombre moyen
de dents dcao selon la tranche d'âge et le genre. Le nombre de dcao
moyenne était de 3,80 ; nous avons constaté la
prédominance de la composante « dc ».
Nous n'avons observé aucune dent cariée, absente
et obturée pour la tranche d'âge 6-11 mois.
- Pour les enfants 12 à 23 mois, le nombre moyen de dcao
était 0,37,
- Le nombre moyen de dcao pour les enfants de 24 à 35 mois
était 3,30,
- Pour la tranche d'âge 36-47 mois, le nombre moyen de dcao
était de 4,42,
- Pour les enfants 48 à 59 mois la valeur de dcao
étaient de 4,75,
- Les enfants 60 à 72 mois avaient un nombre moyen de dcao
de 5,27.
Ce tableau nous indique que le nombre moyen de dcao était
de 4.04 pour le genre
masculin et 3,62 pour le genre féminin
Le tableau n°16 nous
révèle que le nombre des dents définitives cariées
étaient 6, une dent définitive était cariée et 03
dents définitives étaient obturées. Le nombre de DCAO
était de 6 pour le genre masculin et 4 pour le genre féminin.
Le tableau n°17 montre le nombre moyen
de dcao des enfants par rapport à la pratique de brossage dentaire.
Le dcao des enfants qui pratiquaient quotidiennement le
brossage dentaire étaient de 1,15. Cette valeur était 4,33 pour
les enfants qui ne brossaient pas les dents à tous les jours.
Le nombre moyen de dcao des enfants qui brossaient les dents
une fois par jours étaient de 4,52, elle était de 3,75 pour ceux
qui se brossaient les dents deux fois par jour et 3.54 pour les enfants qui se
brossaient les dents trois fois et plus par jour (tableau
n°18).
Le tableau n°19 nous
révèle le nombre moyen de dcao des enfants qui se brossaient les
dents eux-mêmes (4,71) et le comparait avec ceux qui ont assisté
(2,90) et le nombre moyen de dcao des enfants brossaient par les parents
(1.09).
Les enfants dont la mère avait un groupe d'âge de
35- 39 ans ont une valeur de dcao moyen 4,72 (tableau
n°20).
Le nombre moyen de dcao des enfants selon niveau d'instruction
de la mère a été rapporté au tableau
n°21. Pour les mères de niveau primaire, leurs enfants
avaient un dcao de 4.47.
20
La répartition du nombre moyen de dcao des enfants
selon l'activité de la mère sont consignés dans le
tableau n°22. Le nombre moyen de dcao variait de 2,73
à 4,19.
Le dcao était de 4,13 pour les mères qui avaient
un revenu mensuel moins de 100 000Ar. Par contre cet indice était de
2.81 pour ceux qui ont la mère avaient un revenu supérieur
à 300 000Ar (tableau n°23).
Le rapport entre la taille de ménage et nombre moyen de
dcao sont rapporté au tableau n°24 . La composante
« dc » était de 3,64 chez une famille composé de plus
de 07 personnes.
Nous avons constaté dans le tableau n°25
les enfants qui ont pris un petit déjeuner salé avaient
un dcao 3,62 et 4,59 pour ceux qui prenaient le petit déjeuner
sucré. Le dcao des enfants qui prenaient les deux types de petit
déjeuner à la fois étaient 4,50.
Les enfants qui avaient pris un goûter sucré
avaient un dcao de 4,01 et un dcao 3,66 pour ceux qui prenaient un goûter
salé.
Le tableau n°26 nous renseigne que les
enfants qui avaient l'habitude de grignotage des gâteaux avaient une dcao
5,02. Le nombre moyen de dcao était 4,45 pour ceux qui prenaient les
pains et 4,55 pour les enfants qui buvaient des jus dans la journée.
Le dcao des enfants qui prenaient des bonbons était de
4,22 ; 5,02 pour ceux qui mangeait le yaourt et 4,88 pour les enfants qui
mangeait les chocolats. Les enfants qui avaient l'habitude de prendre des
fruits avaient un dcao 4 ,13 et 4,11 ceux qui prenaient des chewing- gums.
Pour les surfaces des dents touchées par la carie
dentaire, le tableau n° 27 , nous montre le rapport entre
les surfaces atteintes par la carie caos et l'âge de la mère. La
composante « os » était de 0,32.
Le nombre moyen caos était de 4,88 pour les
mères qui avaient un revenu inférieur à 100 000 Ar. La
composante « cs » était de 5.46 pour les revenus entre 100 000
Ar à 300 000Ar (tableau n°28).
L'indice caos des enfants vivaient dans une famille plus de 7
personnes était de 6.46 dont le composant « cs » était
de 6.18 (tableau 29).
21
Le rapport sur les nombres de surfaces caos, le tranche
d'âge et le genre de l'enfant est consigné dans le tableau
n°30 . Le nombre moyen de caos était de 5.80 pour le genre
masculin.
Les enfants qui se brossaient les dents tous les jours avaient
une caos 6,36. Ceux qui se brossaient les dents une fois par jour avait une
composante « cs » 5,93 (tableau n°31).
Le tableau n°32 montre la relation entre
les nombres moyens de surface cao, le moyen de brossage, la technique de
brossage ainsi que l'autonomie de brossage. Les enfants pratiquaient la
méthode de brossage horizontale avaient une caos de 5,94.
Les enfants qui ont pris un gouté sucré avait
une composante « cs » de 5,50. (Tableau
n°33).
L'influence de l'habitude de grignotage sur le nombre moyen de
surface caos était rapporté sur le tableau
n°34.
DISCUSSION
4-DISCUSSION
4-1 Commentaires sociologiques
Nos avons effectué notre étude à
Antananarivo Renivohitra auprès des enfants de 6 à 72 mois et
leur mère respective afin de détecter les facteurs de risques de
la carie dentaire.
Concernant les facteurs socio-économiques et
démographiques :
Notre étude a été réalisée
dans 07 Fokontany de la Commune Urbaine d'Antananarivo. Les informations
recueillies au cours de l'enquête reflètent la
réalité concernant la carie dentaire chez les enfants de 6
à 72 mois dans la capitale.
Toutes les mères des enfants qui remplissaient le
critère d'inclusion étaient enquêtées sans
distinction d'âge et de niveau intellectuel. Elles avaient une
prédominance de niveau primaire (49%). Les mères des enfants
comprenaient les questions que nous avions posées lors de l'interview
malgré les 7,7 % non scolarisé qui nous a présenté
un sentiment d'indifférence.
Dans l'enquête, nous avons considéré comme
ayant un emploi, toute personne ayant déclaré avoir une
activité régulière ou non dans le secteur formel ou
informel, avec une contrepartie financière ou non. Les mères
avaient une activité génératrice de revenu mensuel
comprise entre 100 000 à 300 000 Ar pour les 72,4 % des cas. Le revenu
mensuel permettait de prendre en charge la santé générale
de l'enfant et en particulier leur santé bucco-dentaire. Cependant, plus
le niveau de revenu augmente, plus la proportion de personnes qui a la
capacité de se brosser les dents au moins deux fois par jour est
élevée. La taille de ménage le plus
représenté était de 4 à 7 personnes. Au cours de
l'EDSMD-IV, un ménage malgache compte, en moyenne, 4,7 personnes et
cette moyenne est légèrement plus faible en milieu urbain (4,4)
qu'en milieu rural (4,8). Plus de sept ménages sur dix comprennent entre
2 et 6 personnes (72 %). Les ménages de grande taille (9 personnes et
plus) sont un peu plus fréquents en milieu rural qu'urbain (7 % contre 5
%) [43].
Pour les enfants, ils avaient une prédominance
féminine (56,1%). Cela reflète la tendance générale
de la population Malagasy. Le milieu urbain compte plus de femmes que d'hommes
(93 hommes pour 100 femmes) alors qu'en milieu rural, les femmes sont
légèrement plus nombreuses que les hommes [43].
22
23
La tranche d'âge 60 - 72 mois ans était la plus
représentée (28,1 %). Les parents préféraient
envoyer les enfants les plutôt possible dans un établissement
préscolaire. Pour 34,7% des cas, les enfants n'avait pas encore
fréquenté une école vu leur bas âge et faute de
moyen financier pour payer les frais de scolarité.
Quant aux habitudes alimentaires, nous avons constaté
que les parents avaient l'habitude de donner des aliments sucrés aux
enfants lors du petit déjeuner et du goûter. Ceci corrobore
à l'étude faite à Ambositra en 2006 [44]. Les enfants
avaient une appétence particulière aux aliments sucrés. Il
faut rappeler qu'une alimentation saine et équilibrée est un
facteur de santé générale et pour la santé
bucco-dentaire en particulier.
Pour le grignotage, les enfants avaient pris du pain (62,8%),
buvaient du jus (58,7%) et suçaient des bonbons (51,5%) dans la
journée. Les parents étaient à l'origine du
déséquilibre alimentaire de leurs enfants car l'enfant mangeait
ce que ses parents lui donnaient. La véracité de cette
hypothèse est prouvée par l'affirmation : « ce n'est pas ce
que l'on mange mais la fréquence d'ingestion aliment sucré qui
est le facteur alimentaire le plus significatif dans l'étiologie de la
carie dentaire » [45].
La pratique de nettoyage dentaire favorise un bon état
de santé bucco-dentaire. Nous avons constaté que 83,2% des
enfants se brossaient les dents tous les jours mais ils ne respectaient pas la
méthode de brossage recommandé. Les 66,8% d'entre eux utilisaient
la méthode horizontale. Plus les mères ont une bonne perception
de leur santé bucco-dentaire, plus elles sont nombreuses, en proportion,
à se brosser les dents au moins deux fois par jour et appliquait la
bonne méthode de brossage.
En comparant avec l'étude faite dans à
Fianarantsoa en 2006, 38,2% des enfants brossaient les dents suivant la
méthode horizontale [46]. La différence peut être due
à la méconnaissance des parents sur la technique de brossage et
au manque de temps pour les parents d'apprendre à leurs enfants la bonne
technique de brossage dentaire.
Pour l'autonomie au brossage dentaire, à défaut
de leur occupation professionnelle caractéristique de la capitale, 14,8
% des parents seulement assistaient leurs enfants au brossage dentaire et 17,9
% d'entre eux brossaient les dents de leurs enfants.
24
Tous les parents se brossaient les dents de leurs enfants ou
assistaient le brossage jusqu'à l'âge de 2 ans (24 mois).
C'était à partir de 24 mois que les enfants avaient leur
autonomie pour le brossage dentaire.
Les parents devront montrer à l'enfant comment et quand
il faut se brosser les dents et finalement, ils servaient de premier exemple
à l'enfant pour un brossage correct et régulier que l'enfant
apprend à imiter.
La réponse de la mère sur l'appréciation
de la santé dentaire de l'enfant nous montre que notre population
d'étude avait un bon état bucco-dentaire par rapport à une
étude faite à Antsiranana en 2005 [47]. En comparant ces deux
études, une sensibilisation et une éducation sur l'hygiène
bucco-dentaire sont nécessaires afin d'améliorer la santé
orale des enfants. Concernant la consultation chez le chirurgien dentiste, nous
avons un taux de fréquentation de service dentaire (12,4%) bas par
rapport à ce qui est trouvé à Antananarivo en 2004 qui
était de 43,8% [49]. La situation socio-économique qui
prévaut dans le pays depuis 2009 en sera la cause. Les soins dentaires
(13,4%) étaient le premier motif de consultation suivis des
consultations périodiques (12,4%) en milieu scolaire. Le nombre
élevé de cabinets dentaires publiques et privés à
Antananarivo Renivohitra pourrait être pour les
parents un motif de consultation. Ainsi les enfants
méritent encore d'être encouragés de se faire consulter
chez le chirurgien dentiste pour que la fréquentation de service
dentaire soit plus importante.
25
4- 2- Commentaires
épidémiologiques
Pour mesurer les problèmes de santé
bucco-dentaire d'une population, nous avons utilisé l'indice dcao et
caos. Dans notre étude, le nombre moyen de dcao global était de
3,79, le niveau d'atteinte carieuse est comprise entre 2,7<3,79<4,4.
La prévalence de la carie des dents temporaires
était de 78,1% et de 1,5 % pour les enfants qui avaient des dents
permanentes cariées. Par rapport à la prévalence en 1996
(85%), les enfants de notre étude présentaient un bon état
dentaire mais des efforts sur la prévention de la carie seront à
renforcer pour améliorer la santé bucco-dentaire des enfants.
En faisant une comparaison avec l'étude faite en 2002
à Mandritsara [49], nous pouvons en déduire que la valeur de dcao
moyen de sa population d'étude était supérieure à
celui de notre étude (5,19). Ceci pourrait dû à l'influence
du milieu géographique et la disponibilité de moyen de brossage
ainsi que le non accessibilité de la population de Mandritsara au centre
de dentisterie.
Les enfants de notre étude présentaient un bon
état dentaire mais des efforts sur la prévention de la carie
seront à renforcer pour améliorer la santé bucco-dentaire
des enfants.
La répartition des enfants selon le nombre des dents
cariées nous montre que le nombre de dents cariées variaient de 1
à 12. Ceci nous incite à ménager des efforts pour
atteindre l'objectif de la politique nationale de la santé
bucco-dentaire. Pour l'ensemble des tranches d'âge, le dcao moyen des
enfants selon le genre nous montre que les garçons(4,04) étaient
plus vulnérable que les filles(3,62). Pour les dents définitives,
le nombre de DCAO du genre masculin (DCAO = 6) était élevé
par rapport au genre féminin (DCAO =4). Les résultats ont
montré qu'il existe un écart entre la santé dentaire des
garçons et des filles. Ceci pourrait s'expliquer que les parents
seraient plus exigeants en matière d'hygiène corporelle avec les
filles ou l'imitation de l'exemple maternel chez les filles.
26
Pour la pratique d'hygiène bucco-dentaire, le brossage
dentaire influençait la recrudescence de la carie dentaire.
Les enfants qui se brossaient les dents tous les jours étaient
moins vulnérables que ceux qui se brossaient les dents une fois par jour
(dcao moyen 4,52). Ceci se corrobore avec l'étude faite à
Antananarivo en 2004 [48]. Toutefois, il existe aussi un lien entre l'atteinte
de la recommandation pour l'hygiène bucco-dentaire et l'environnement
familial, car les enfants ayant un soutien social élevé dans
l'environnement familial sont proportionnellement plus enclins à se
brosser les dents au moins deux fois par jour que les autres.
Le nombre moyen de dcao des enfants dont le brossage est
effectué par les parents était de 1,09. Il ressort que les
comportements parentaux en regard de la santé dentaire ont un effet
significatif sur la santé dentaire de l'enfant. Les pratiques parentales
ont un effet direct sur la santé gingivale et la recrudescence de la
carie de l'enfant, et indirectement, ils influencent le comportement de
l'enfant [50]. La méconnaissance de la mère sur la méthode
de brossage influencé la recrudescence de la carie. Les enfants est
moins vulnérable si les parents brossait les dents de enfants mais ceux
qui ont pratiqué la méthode horizontale était plus
vulnérable.
Les enfants dont la mère avait un groupe d'âge de
35- 39 ans ont une atteinte carieuse élevée (dcao moyen 4,72).
Pour les mères de niveau universitaire, leurs enfants étaient
moins vulnérables à la carie. Le niveau de connaissance a
modifié l'habitude et influençait la santé dentaire.
Selon l'activité de la mère, le niveau
d'atteinte carieuse était élevée chez les mères qui
avaient un revenu mensuel moins de 100 000Ar. Dans les familles nombreuses, la
mère n'a pas le moyen financier de se procurer au kit de brossage
dentaire ainsi que du temps pour brosser les dents de l'enfant qui a
influencé la prévalence de la carie. Nous avons en déduit
que la santé dentaire des enfants dépendait du pouvoir d'achat
des parents. Plus ils ont un pouvoir d'achat élevé plus ils ont
la capacité de se procurer aux moyens de brossage et
l'accessibilité à la prévention ainsi que le centre de
dentisterie.
Pour l'habitude alimentaire, les enfants qui avaient
l'habitude de prendre un petit déjeuner, goûter sucré
avaient une forte prévalence de la carie dentaire. Pour le grignotage
journalier, la mère avait l'habitude de donner à
ses enfants des aliments sucrée.
27
Par manque de temps et/ou par mauvaises habitudes familiales,
les enfants prendraient des aliments faciles à préparer, trop
sucrés. Nous avons remarqué que le processus carieux
s'aggraverait encore si les consommations des aliments sont toujours
sucrées.
Pour les surfaces des dents touchées par la carie
dentaire, nous avons observé que les nombres moyens des faces
cariées ont été élevés chez les enfants dont
les mères respectives étaient âgées
supérieurs à 35 ans et plus (7,56). Les mères des enfants
dans le groupe d'âge 30-34 ans ont opté pour un soin obturateur.
Les enfants étaient plus vulnérables pour les mères qui
avaient un revenu inférieur à 100 000 Ar ainsi que dans une
famille de plus de 7 personnes dont la composante «cs » était
élevé. La pratique parentale influencerait la santé
dentaire de l'enfant.
A tout âge confondu, le nombre moyen de caos était
élevé (5,08) pour le
genre masculin. Ceci s'expliquerait par le comportement
d'insouciance des garçons.
Le nombre moyen de surface cariée à traiter a
augmenté chez les enfants adeptes de la sucrerie. La fréquence de
la consommation des aliments sucrés accroissaient les nombres des
surfaces atteintes par la carie. L'alimentation et la nutrition ont des
répercussions sur la santé bucco-dentaire à
différente titre. Les pathologies dentaires liées à
l'alimentation comprend notamment la carie dentaire, les anomalies de
développement de l'email, l'érosion dentaire et les maladies
parodontales [45].
28
|