![](La-fermeture-des-maternites-en-Basse-Normandie-etat-des-lieux-et-causes-des-fermetures1.png)
Les fermetures de maternités en
Basse-Normandie :
État des lieux et causes des
fermetures
Localisation et évolution des maternités en
Basse-Normandie depuis 1989 :
![](La-fermeture-des-maternites-en-Basse-Normandie-etat-des-lieux-et-causes-des-fermetures2.png)
Sous la codirection de Patrice CARO et David
GAILLARD
Amélie LAMOTTE
MASTER 1 ART ESO
UFR SEGGAT
DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE 2016-2017
|
|
1
2
Remerciements :
Je souhaite avant tout remercier mes directeurs de
mémoire, Monsieur Caro Patrice et Monsieur Gaillard David pour le temps
qu'ils ont consacré tout au long de l'année à m'apporter
les outils méthodologiques et l'aide nécessaire pour la
réalisation de mes recherches.
De plus, les enseignements reçus lors de cette
première année de Master ART-ESO ont suscité en moi de
nouvelles réflexions et m'ont apporté de nouvelles connaissances.
Je tiens donc à remercier l'ensemble des enseignants-chercheurs de l'UFR
SEGGAT et le personnel de la cartothèque.
Je remercie en particulier Monsieur Maxime Marie pour son
engagement et sa disponibilité envers les étudiants en
général, et ses conseils en ce qui concerne notre orientation de
recherche et nos méthodes d'expressions orales.
Je remercie aussi les personnes qui ont consacré de
leurs temps pour répondre à mes entretiens,
particulièrement Monsieur Macé, le maire de Falaise, Monsieur
Sabater, le maire de Vire, et les sages-femmes Madame Anfray et Madame
Lefebvre.
Enfin, un grand merci aux personnes qui ont accepté de
relire mon mémoire, à mes parents, mon compagnon et mes amis.
3
SOMMAIRE
Introduction 5
I. Les méthodes utilisées dans mes recherches 13
1. Calendrier et lectures 13
2. L'importance des entretiens dans mes recherches 15
II. Etats des lieux de l'offre de soins périnatals et son
évolution 19
1. En France 19
a. Le système de santé en France 19
b. Le modèle dominant de l'accouchement en France : la
maternité 23
c. Les restructurations des maternités 30
2. En Basse-Normandie 38
a. Les naissances en Basse-Normandie 39
b. L'évolution de l'offre 42
c. Le réseau de maternité actuel et son
accessibilité 47
III. Les différentes causes de fermeture des
maternités et conséquences 62
1. Des causes internes aux établissements de soins 62
a. Des causes financières 62
b. Des complications au niveau de la sécurité des
patients 64
c. Une ressource humaine médicale insuffisante 67
2. Des causes externes aux établissements de soins 72
a. Une démographie en diminution 72
b. Des politiques territoriales nationales 75
c. De la mobilité 82
d. La renommée et la mobilisation des populations
différentes selon la maternité ? 86
Conclusion 90
Bibliographie 93
Table des illustrations : 99
Annexes : 100
4
5
Introduction
Ces dernières années, pas un mois ne passe sans
que la presse, les élus locaux ou les représentants des
personnels n'annoncent la fermeture d'un service, d'un hôpital ou d'une
maternité de proximité1. La population reproche aux
ARS (Agences Régionales de Santé) de faire prévaloir
« les intérêts économiques et financiers avant la
satisfaction des besoins en santé des populations ». La population
craint que les fermetures aient comme conséquence de fragiliser le
maillage territorial de santé, ce qui se traduirait par des risques
accrus, notamment en ce qui concerne « la qualité de l'offre
sanitaire et la santé des populations »2.
En Basse-Normandie, ce sont dix-huit maternités qui ont
fermé entre 1989 et 2017, dont quatre depuis 2013. Les
conséquences de ces fermetures sont nombreuses, la plus notable en
premier lieu, est l'accroissement des distances à parcourir pour les
femmes enceintes, notamment pour le suivi (prénatal et post-natal) et
pour l'accouchement. Pourtant, les prérogatives du
Sénat3, demandent que les maternités répondent
à deux objectifs afin d'être efficaces : « Assurer la
sécurité des mères et des enfants » et de «
permettre une prise en charge de proximité de qualité compatible
avec les choix des futures mères et la diversité de nos
territoires ». Un autre problème se pose alors : la question des
inégalités d'accès à l'offre de soins.
Sur cette thématique des inégalités
d'accès aux soins, les travaux de Sébastien Fleuret (professeur
de géographie à Angers), de Raymonde Séchet (professeure
de géographie à Rennes) et d'Emmanuel Vigneron (professeur de
géographie à Montpellier)
1Fermeture des hôpitaux et des
maternités de proximité: mettre fin à
l'hémorragie, l'
Humanité.fr, le 2 mars 2013.
2 Idem
3 Rapport d'information du Sénat
2014-2015, La situation des maternités en France, 2015, Paris.
6
m'ont permis d'aborder les questions générales
concernant mon sujet. Mon travail demandait également de l'analyse de
revues universitaires et de journaux d'actualité principalement
régionaux. Je situe mes recherches dans la géographie sociale des
soins et des services, car celle-ci s'intéresse à la distribution
spatiale de l'offre de soins et des ressources sanitaires, et, à leur
utilisation suivant les systèmes de santé et des
sociétés. Ce sur quoi je souhaite aborder le sujet des fermetures
de maternités.
Ma problématique principale est de savoir quelle est la
répartition des maternités actuellement en Basse-Normandie et
satisfait-elle les besoins de la population ? Je me questionne aussi sur les
causes et les conséquences de ces fermetures, ainsi que la
cohérence de ces décisions de restructuration prises par
l'ARS.
Ma zone d'étude est l'ancienne région
Basse-Normandie. J'ai choisi cette région par commodité et par
souhait. De plus, j'ai travaillé en tant qu'adjointe administrative
hospitalière au centre hospitalier de Falaise au cours des mois de juin,
juillet et août 2013 et 2014. La fermeture de la maternité de
Falaise m'a surprise, la majorité de mes enregistrements concernaient
des consultations de femmes enceintes pour le suivi de grossesse avec une
sage-femme ou un gynécologue, mais également des consultations
avec un anesthésiste et de la rééducation. De plus, quatre
cent accouchements avaient encore lieu chaque année, le seuil
d'activité minimale requis pour continuer l'activité de trois
cent accouchements était franchi. Ces éléments m'ont
confirmé l'envie de comprendre les causes de fermeture de cette
maternité et des autres fermetures dans la région, et quelles
conséquences peuvent-elles avoir.
7
Dans mon mémoire, je m'intéresse
particulièrement à l'offre des maternités et son
adéquation aux besoins de santé de la population bas-normande.
Plusieurs termes de mon sujet sont à préciser.
Tout d'abord, l'offre de soins peut se définir comme étant
l'ensemble des professionnels de santé et des établissements de
santé qui garantissent « des prestations de soins et de services en
vue de répondre aux besoins de la population ». (Direction
Général de l'Offre de Soins, DGOS). L'offre de soins se divise en
trois niveaux : le niveau 1 comprend « les réseaux de soins de
santé de base et les hôpitaux locaux ». Le niveau 2 : «
les centres hospitaliers en nombre plus réduits, avec des
spécialités de base (médecine et chirurgie) correspondant
aux besoins de la population, ainsi que les services des Urgences ».
Enfin, le niveau 3 comprend : « les pôles de haute technicité
et spécialisé que sont les Centres Hospitaliers » (DGOS).
Dans mes recherches, je définis la santé comme
étant un système où l'ensemble des moyens et des
activités ont pour but d'informer la population, la prévenir,
l'accompagner et la soigner. Mais la santé est également un
état de complet bien-être à la fois « physique, mental
et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou
d'infirmité » tel que le précise l'OMS (Organisation
Mondiale de la Santé).
La période périnatale est la période
« qui se rapporte aux circonstances entourant la naissance » (selon
la définition du dictionnaire Larousse). Plus
précisément, selon l'OMS, « la période
périnatale démarre le cent cinquante quatrième jour de la
grossesse et se termine le septième jour après la naissance
». J'ai choisi ce terme car il prend en compte les soins de la femme et du
futur enfant avant et après l'accouchement, et non l'acte d'accoucher
seulement. Cette période s'inscrit dans le réseau de santé
périnatal qui contient : les centres hospitaliers, les cliniques, les
maternités, les centres de protection maternelle et infantile (PMI), les
centres périnataux de proximité (CPP), les maisons de naissance,
les médecins généralistes et spécialistes et enfin
les sages-femmes salariées et
8
libérales. Dans mon mémoire, je me suis
concentré sur les maternités, les CPP et les sages-femmes.
Il convient de distinguer les notions d'accouchement et de
naissance. En effet, un accouchement se définit, comme l'acte
d'accoucher pour une femme, quel qu'en soit l'aboutissement. Un enfant
mort-né est donc comptabilisé comme un accouchement, et une
naissance multiple correspond à un accouchement unique. Je
privilégie le nombre d'accouchements par établissement dans mes
données et non pas le nombre de naissances.
Plusieurs lois ont modifié les territoires de
santé. En 2009, la loi HPST (Hôpital Patient Santé
Territoire), dite « loi Bachelot » entre en vigueur. Elle se
résume dans les grandes lignes à quatre fonctions : la
première est la modernisation des établissements de santé
; la seconde vise à améliorer l'accès à des soins
de qualité ; la troisième concerne la prévention de la
santé publique, et la dernière, à l'organisation
territoriale du système de santé. De plus, la loi HPST met en
avant la notion d'accessibilité aux services et à la
mobilité sur tout le territoire. Pour répondre à ces
engagements, plusieurs organisations ont vu le jour et d'autres ont
été regroupées.
9
Le rôle de ces différents acteurs se résume
ainsi :
![](La-fermeture-des-maternites-en-Basse-Normandie-etat-des-lieux-et-causes-des-fermetures4.png)
Figure 1: les acteurs de la santé et de l'offre de
soin en France, en 2016
Le ministre des Affaires sociales et de la Santé, est
en charge de plusieurs fonctions. Ces dernières concernent la politique
de la famille, l'enfance, les personnes âgées et des personnes
handicapées. Mais aussi les questions de stratégie nationale de
santé, de l'organisation de la prévention et des soins. Il
gère les différents régimes (général,
agricole, indépendant, SNCF...) et les organismes complémentaires
(assurance vieillesse, mutuelles). Enfin, il est chargé, conjointement
avec « le ministre des Finances et des comptes publics, de gérer le
financement de la sécurité sociale
».4
Le ministre détient l'autorité des structures
suivantes :
- La direction générale de la santé (DGS)
: une organisation qui prépare la politique de santé publique en
France, participe à la qualité et à la
sécurité du système de santé et son
accès.
4 http://social-sante.gouv.fr/
10
- La direction générale de l'offre de soins
(DGOS) : chargée de penser et construire l'offre de soins d'aujourd'hui
et de demain, en luttant contre les déserts médicaux.
- La direction de la sécurité sociale (DSS) :
elle assure la surveillance de l'ensemble des organismes de
Sécurité sociale : (caisses du régime
général, caisses du régime de base des professions
indépendantes (RSI) autres qu'agricoles, ou les caisses des
régimes spéciaux). Elle participe également à la
surveillance des organismes de protection complémentaire et de la
mutualité.
Le ministre peut également demander des rapports
à ces organismes de la santé :
- Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) est mis
en place en 2007. Il a pour mission de « participer à
l'élaboration, au suivi et à l'évaluation de la
stratégie nationale de santé (SNS) ». La SNS tente de
combattre les inégalités de santé et d'accès aux
soins. Le HCSP lui évalue pour les pouvoirs publics, la gestion des
risques sanitaires et les questions du domaine de la santé
publique5.
- La Conférence nationale de santé (CNS) est un
organisme consultatif du ministre de la santé. Elle permet aux acteurs
du système de santé d'exprimer leurs points de vue sur les
politiques de santé, et elle relaie les demandes et les besoins de la
population. Elle favorise ainsi le dialogue entre les usagers, les
professionnels, et les responsables politiques.6
Enfin, un acteur particulièrement important dans la
restructuration des maternités, l'Agence Régionale de
Santé (ARS) : elle est créée en 2010 et c'est une
autorité unique au niveau régional. Elle est chargée du
pilotage régional du système de santé, pour
5 http://www.hcsp.fr/
6 http://social-sante.gouv.fr/
11
mieux répondre aux besoins de la population et
accroître l'efficience de notre système de santé
7 .
L'ARS est générée par la loi
Hôpital Patients Santé et Territoire (HPST), cette dernière
stipule que « l'Agence Régionale de Santé doit
définir des territoires de santé pertinents pour les
activités de santé publique, de soins et d'équipement des
établissements de santé, de prise en charge et d'accompagnement
médico-social, ainsi que pour l'accès aux soins de premier
recours » (Art. L.1434-16 du Code de la Santé publique). En
résumé, l'ARS doit définir des territoires de santé
pertinents afin d'éviter les inégalités territoriales, et
cela, dans chaque région française.
L'ARS consulte la Commission Spécialisée
d'Organisation des Soins (CSOS) lorsque des fermetures de service ou
d'établissement sont en cours, comme celle d'une maternité par
exemple. Elle peut être consultée par l'ARS pour ce qui concerne
les autorisations d'activité de soins, l'installation des professionnels
de santé, la permanence des soins, la création
d'établissements publics de santé et sur la recomposition de
l'offre de soins. Le CSOS examine les structures de soins concernés et
émet un avis favorable ou non à la continuité de
l'exercice. L'ARS analyse ce rapport et émet son avis par la suite.
Tel que le précise Madame Aïssani-Delaunay et ses
confrères8, l'ARS a confié à l'Observatoire
régional de santé (ORS) « la mission de piloter un groupe de
travail chargé d'évaluer les différentes méthodes
de construction de territoires de santé, en vue de proposer
différentes options argumentées, pour nourrir le débat et
la concertation ».
L'Observatoire Régional de Santé (ORS) observe
donc la population régionale et son état de santé. Elle
conçoit des indicateurs de santé et diffuse l'information de la
santé
7 https://www.ars.sante.fr/
8 Aïssani-Delaunay M et al., Construction des
territoires de santé en Basse Normandie, in Cent pour Cent, INSEE,
n°210, décembre 2010.
12
(études, bulletins, lettres) auprès des
professionnels de santé, des décideurs et de la
population.
Dans mes recherches, j'emploie une démarche
hypothético-déductive. Plusieurs hypothèses
découlent de mon sujet, et grâce à mes recherches je
validerai ou non ces hypothèses.
Après une première partie consacrée aux
méthodes utilisées pour mon mémoire, j'étudie
l'état des lieux de l'offre de soins périnatals et son
évolution en France et Basse-Normandie. Enfin, je termine par les
différentes causes de fermetures des maternités.
I. Les méthodes utilisées dans mes
recherches
1. Calendrier et lectures
![](La-fermeture-des-maternites-en-Basse-Normandie-etat-des-lieux-et-causes-des-fermetures5.png)
13
Figure 2: Calendrier tenu pour mon mémoire
Afin de mener à bien mon mémoire, j'ai tenu le
calendrier ci-dessus. Mon premier semestre a été consacré
à de la lecture et de l'élaboration de cartes de situation
(population, équipements de santé, nombre de naissances). Ces
cartes m'ont permis d'établir un cadre général de la
Basse-Normandie en matière de démographie et de santé. Mon
sujet de mémoire est un thème que l'on peut qualifier
d'actualité, car de nombreux hôpitaux français sont
concernés par la fermeture d'un service de maternité. J'ai suivi
des
14
journaux plutôt nationaux tels que Le Monde,
L'Express, L'Humanité et Le Parisien, ainsi que des
journaux localisés sur le territoire Ouest français comme
Ouest-France, et à plus grande échelle des journaux tels
que La Manche Libre, La Voix le Bocage, Les Nouvelles de Falaise, Le Pays
D'Auge et La Renaissance.
Lors de mon second semestre, mon programme a consisté
à rencontrer des acteurs clés. Je suis donc allé au
siège de l'ARS début décembre, mais aucune réponse
ne m'a été donnée, une adresse mail m'a été
donné, mais je n'ai pas pu rencontrer d'acteurs. Mes professeurs ont
donc écris une lettre afin que je puisse rencontrer une personne de
l'ARS ou avoir des données, mais nous n'avons à ce jour aucune
réponse. Après plusieurs tentatives par mail, une réponse
m'a été donnée. J'ai obtenu un fichier avec les
maternités fermées en Basse-Normandie depuis 1997 et non depuis
1968 comme je l'aurai souhaité. (Annexe : Figure 31: e-mails
reçus de l'ARS) Ma demande d'entretien a été «
refusée » et ma requête transférée à un
médecin référent sur la thématique. Celui-ci
étant « très occupé par les échéances
auxquelles [il] doit répondre en cette année 2017 » ne m'a
pas répondu. En effet, malgré mes relances, je n'ai pas eu de
réponse et j'ai préféré obtenir des informations
par d'autres organismes. Ainsi, je me suis dirigé vers l'ORS, cet
organisme m'a confié quelques méthodes utilisées pour
réaliser des cartes, et des données sous forme de plaquette
d'information.
J'ai ensuite rencontré plusieurs acteurs en rapport
avec mon sujet : une cadre sage-femme d'un Centre Périnatal de
Proximité (CPP), une sage-femme, le gynécologue de Vire, les
maires des communes de Vire, Falaise et Cricqueboeuf (le maire de Coutances n'a
pas désiré me recevoir, je n'ai pas insisté), la
vice-présidente de la Coordination Nationale et présidente du
collectif « Touche pas à mon hosto, à ma santé »
de Vire, une journaliste Ouest-France de Valognes et un journaliste
des Nouvelles de Falaise. Ces entretiens m'ont permis de comprendre
plus précisément les fermetures des maternités et les
15
conséquences visibles de ces récentes
fermetures. De plus, j'ai appelé les différents
établissements pour lesquels je ne disposais pas la date de fermeture de
leur maternité.
Du côté cartographique, j'ai
réalisé une carte de la Basse-Normandie localisant les
différentes maternités présentes en 2017, et celles qui
ont fermé depuis 1989. De plus, j'ai réalisé plusieurs
cartes prenant compte le temps d'accès à une maternité.
Plusieurs méthodes ont été nécessaires avant de
parvenir à la carte finale. J'ai également tenu compte des
maternités situées à proximité de la région
Basse-Normandie (le seuil retenu est la distance de cinquante kilomètres
maximum entre une commune limitrophe régionale et une maternité
extra régionale, à vol d'oiseau). Ainsi, des maternités
des départements de la Sarthe, la Mayenne, l'Eure, la Seine-Maritime,
l'Ille et Vilaine, les Côtes d'Armor et l'Eure et Loire ont
été retenus.
2. L'importance des entretiens dans mes recherches
Dans ce mémoire, je veux mettre en avant les
défis auxquels doivent répondre les personnels de santé et
les élus dans la restructuration de l'offre de soins bas-normande. Comme
l'évoque l'Observatoire de la Régionalisation en 2012 : «
Faire mieux avec moins, tel est le défi auquel doivent répondre
les professionnels de santé bas normands». L'une de mes
premières questions dans mon questionnaire (Annexe: Figure 32:
Questionnaire pour les entretiens avec les maires) était « Que
pensez-vous de la fermeture des maternités ces dernières
années en France, et dans notre région ? ». Pour certains
acteurs, ces fermetures étaient inévitables, pour d'autres elles
étaient nécessaires, et pour d'autres encore, elles sont
incompréhensibles. Le problème de la démographie
médicale semble être la cause des fermetures successives lorsque
l'on lit les articles de presse. À travers mes entretiens j'ai vu que
les causes étaient multiples. J'ai posé la même question
à chaque
16
acteur rencontré : « Selon vous, quel a
été l'élément déclencheur de la fermeture ?
». En effet, les petites maternités n'arrivent pas à
recruter du personnel qualifié (majoritairement des
gynécologues-obstétriciens et des anesthésistes) mais
selon l'observatoire de la Régionalisation, « à titre
d'exemple, il y a quatre maternités dans l'Orne où il n'en
faudrait que deux. Faute de fermeture, c'est aujourd'hui le centre hospitalier
d'Alençon qui se trouve en difficulté 9». Ainsi,
grâce à mes entretiens j'ai voulu comprendre si les
maternités des villes concernées ont fermé car elles
étaient sujettes à une désertification médicale, ou
bien est-ce la cause d'un déclin de population et/ou de causes
financières ? J'analyserais les différentes causes dans la
dernière partie de mon mémoire.
En outre, d'après la DREES, les femmes auraient
tendance à accoucher à la maternité la plus proche de leur
domicile. Selon cette dernière, l'accès aux maternités
n'est pas seulement une question de temps de trajet ou de
préférences, mais il découle de nombreux paramètres
comme l'offre proposée, la demande « potentielle », mais aussi
les comportements des parturientes. Ainsi, la baisse du nombre de
maternités expliquerait ces « modifications comportementales
», et amènerait les futurs parents à aller à la
maternité la plus proche, cependant mes entretiens démontrent que
cette tendance est à nuancer. Plusieurs éléments font que
les femmes n'accouchent pas systématiquement dans la maternité la
plus proche. Le niveau de risque associé au type de grossesse, les
conseils du gynécologue ou du médecin généraliste,
sont des éléments à évaluer dans le choix d'une
maternité. La réputation des maternités faite par le
réseau familial ou les réseaux sociaux n'est pas à
négliger. À travers mes entretiens, bien que je n'aie pas
9 Observatoire de la régionalisation, Fil
d'Or N°6, Basse-Normandie, Une région au coeur des
problématiques de démographie médicale. 2012
17
rencontré de femmes enceintes pour m'entretenir sur ces
questions de choix de maternité, les professionnels de santé et
les élus rencontrés ont pu m'apporter de nombreux
éléments de réponses.
Dans une ville de taille moyenne comme Coutances, Falaise,
Cricqueboeuf ou Vire, la fermeture d'une maternité ne se fait pas sans
heurts. La sensibilité de l'opinion publique à la fermeture de
ses établissements est forte. « La maternité n'est pas un
élément neutre dans le système de soins ou
l'équipement urbain, c'est aussi un symbole qui témoigne de
l'aspect moderne et dynamique d'une ville. Dans ce contexte, la fermeture de
lits est interprétée comme une régression, qui d'ailleurs
s'ajoute à des suppressions locales d'emplois. La population comprend
que la fermeture des « petites » maternités est aussi le signe
d'un déclin démographique10 ». À travers
mes entretiens et mes lectures d'articles de presse, les populations des villes
concernées ont eu différentes attitudes. C'est-à-dire que
dans une ville telle que Vire entre 2010 et 2013, la mobilisation du personnel,
des syndicats et de la population était forte alors que pour la
fermeture de la maternité de Coutances, peu de bruit et de mobilisation
sont à indiquer.
Je souhaitais comprendre ce qu'étaient devenues les
anciennes maternités ou ce qu'elles vont devenir. Dans mon
questionnaire, la question correspondante à ce sujet était :
« Que sont devenus les locaux de la maternité ? ». Cette
question n'a pas toujours obtenu les mêmes réponses pour le
même établissement. J'ai donc effectué des
vérifications.
Enfin, la dernière question que je posais dans mes
entretiens était : « Selon vous, la fermeture de la
maternité a-t-elle eu des conséquences dans la dynamique votre
ville et
10 Fleuret S., « Spécialisations
hospitalières et centralité », in Données urbaines,
vol 4., 2003, Anthropos, Cnrs, Insee, p. 367-375
18
pour son avenir ? ». Cette question était
particulièrement difficile pour certains acteurs questionnés,
parfois, je n'obtenais pas de réponse concrète.
Lors de mes entretiens avec les personnes clés, je note
que l'Agence Régionale de Santé est fréquemment
critiquée lorsque la décision de fermer une maternité est
évoquée. Cependant, la cause officielle donnée aux
populations afin de justifier la fermeture d'une maternité est
différente de la réalité pour certains
enquêtés. D'autres n'ont pas apprécié l'attitude de
l'organisme chargé d'opérer la fermeture (l'ARS).
19
II. Etats des lieux de l'offre de soins
périnatals et son évolution
La question des fermetures de maternités peut
s'appréhender après avoir fait un état des lieux de
celles-ci. En effet, pour comprendre les fermetures actuelles, il faut analyser
l'évolution des maternités à travers les lois et les
différents décrets créés, mais également
à travers les normes de sécurité de plus en plus
contraignantes pour les petits hôpitaux. Dans ma première
sous-partie, j'expliquerais le cas français en général, et
dans ma seconde sous-partie, j'analyserais plus distinctement le cas de la
Basse-Normandie.
1. En France
Je présenterais en premier temps le système de
santé français, puis le modèle dominant de l'accouchement
en France qui est la maternité, et enfin, les restructurations des
maternités au fil des années en France.
a. Le système de santé en France
La France dispose un système de santé
convoité par plusieurs pays : la Sécurité Sociale. Cette
dernière est créée en 1945 par les ordonnances du 4 et 19
octobre11. Trois principes sont fixés : l'organisation
unique, la solidarité du financement par prélèvement sur
les revenus du travail et la gestion des caisses par les partenaires sociaux.
Le principe de protection sociale n'est pas nouveau en soi, mais en 1945, il
touche désormais tous les
11
http://www.securite-sociale.fr
20
régimes (le régime général, le
régime agricole, le régime social des indépendants (RSI)
et les régimes spéciaux divers (régime des mines, de la
SNCF, de la RATP, d'EDF-GDF, le régime des clercs et employés de
notaire, etc.). Cette protection sociale existe donc grâce aux
prélèvements directs sur le salaire.
C'est également grâce à cette
Sécurité Sociale que la population peut se soigner sans payer
100% des frais réels engendrés par ses soins. En effet, pour une
consultation externe sans dépassement d'honoraire, un individu est
remboursé à hauteur de 70% par la Sécurité Sociale.
Les 30% restants sont à sa charge ou peuvent être couverts par une
complémentaire santé, selon les taux de remboursements
prescrits.
En ce qui concerne mon sujet sur les maternités, il est
important de souligner qu'une femme enceinte affiliée à la
Sécurité Sociale « bénéficie d'une prise en
charge à 100% sur l'ensemble des frais médicaux (en lien ou non
avec sa grossesse), du sixième mois de grossesse jusqu'au
douzième jour après la date de l'accouchement12
». La Sécurité Sociale prend en charge plusieurs examens
pendant la grossesse :
- Sept examens médicaux obligatoires. Tous les mois,
à partir du troisième mois de grossesse.
- Trois échographies au rythme d'une par trimestre :
les échographies sont remboursées à 70 % avant le
sixième mois puis à 100 % après.
- Huit séances de préparation à
l'accouchement prises en charge à 100 %.
- Un examen bucco-dentaire (EBD).
12
https://www.ameli.fr
21
- L'amniocentèse et le caryotype foetal (une analyse du
liquide amniotique, où se trouve le foetus) sont réservés
à certaines patientes présentant un risque particulier. Ils sont
pris en charge à 100 % sous conditions13.
- Les séances de suivi postnatal (deux au maximum).
- Un examen médical obligatoire pour la mère.
- Les séances de rééducation
périnéale pour la mère.
- L'examen obligatoire du nourrisson (faite par un
pédiatre ou un autre spécialiste dans les 8 jours maximum
après la naissance).
Ces prises en charges exonérées par la
Sécurité Sociale permettent aux femmes enceintes de faire des
examens sans frais. Cela fait face aux inégalités dans un premier
temps car les parturientes suivies dans un hôpital public sont
accompagnées de la même façon, qu'elles soient de classe
aisée ou non. Une femme enceinte avec un manque de ressource
financière aura le droit aux mêmes examens pris en charge à
100% par la Sécurité Sociale. C'est un système de
santé horizontal (les biens portants payent pour les malades (et les
femmes enceintes)) et vertical (les cotisations sociales sur le revenu font que
les plus aisés cotisent une part sur leur salaire pour les plus
modestes).
De plus, les examens de suivi sont remboursés à
100 % à condition que la consultation ne dépasse vingt-huit
euros, la limite des tarifs de la Sécurité sociale14 .
Les consultations effectuées chez un praticien avec des
dépassements d'honoraires ne sont remboursées que de vingt-trois
euros au total, peu importe le prix de la consultation. Une parturiente doit
donc s'orienter vers le secteur public si elle ne veut pas engendrer de frais
supplémentaires dans ses examens. En effet, dans les cabinets
privés et les cliniques,
13 http://www.securite-sociale.fr/
14
www.ameli.fr
les dépassements d'honoraires sont fréquents,
les dépenses se retrouvent donc à charge des patients (ou de la
complémentaire santé si celle-ci les couvrent).
En France, il y a 2,3 morts pour 1000 naissances, le pays se
situe en dix-septième position en Europe (selon le rapport
européen Peristat), les mort-nés ou les décès de
nourrissons avant vingt-huit jours sont plus élevés que la
moyenne européenne. L'Etat français tente donc de réduire
ces décès en réaménageant le système de
santé actuel, et cela, depuis plusieurs années.
Le système de santé français propose
différents parcours de soins lors d'une grossesse. Afin de
résumer les différentes voies qu'une parturiente peut choisir
pour son suivi de grossesse et son accouchement, j'ai réalisé le
schéma ci-dessous :
![](La-fermeture-des-maternites-en-Basse-Normandie-etat-des-lieux-et-causes-des-fermetures6.png)
22
Figure 3: Les différents types de parcours qui
s'offrent à une femme enceinte
23
Le profil type en France pour un suivi de grossesse se
présente comme tel : la femme enceinte « type » se dirige vers
un gynécologue-obstétricien (dans une maternité
publique/privée ou cabinet en ville) pour le suivi de sa grossesse, puis
elle accouche en maternité publique (plus de 60% des femmes accouchent
dans une maternité publique en 2010). Enfin, elle réalise son
suivi post-natal par le même gynécologue que lors de son suivi
prénatal ou par une sage-femme libérale. Les statistiques
concernant le choix du praticien lors de la consultation postnatale ne sont pas
accessibles.
b. Le modèle dominant de l'accouchement en France
: la maternité
En France, le modèle dominant pour l'accouchement est
la maternité. Selon l'historienne Marie-France Morel, les femmes
étaient « 53% en 1952 à accoucher à l'hôpital
contre 85% en 1962 ». En 1962, 15% des accouchements se réalisaient
donc à domicile. En 2005, l'Institut national de la santé et de
la recherche médicale (Inserm) ne « les évaluaient plus
qu'à 0,4% de l'ensemble des naissances. Ce chiffre incluant les
accouchements inopinés, non-programmés à domicile ».
Pour comprendre cette réduction des accouchements à domicile,
Marie France Morel explique qu'au début du XXème
siècle les femmes n'accouchaient pas dans un hôpital, étant
donné les risques infectieux qui y étaient présents. En
1856, par exemple, « il était dix-neuf fois plus risqué
d'accoucher à la maternité de Port Royal que dans le
douzième arrondissement de Paris où celle-ci était
située » 15. De nombreuses mères trouvaient la
mort dans les hôpitaux, notamment due aux infections post-natales.
15 Kammerer B., « L'accouchement à
domicile est-il une hérésie? », in Slate, Parents et
Enfants, le 11 juillet 2017
24
Aujourd'hui, la priorité des différents
organismes de la santé est de regrouper les accouchements dans des
grandes maternités par mesure de sécurité. Ainsi, cela
éviterait les complications et les décès tragiques. Le
problème des accouchements dans les hôpitaux «
infectés » au début des années 1900 s'est interverti,
désormais les accouchements à domicile (AAD) sont vus comme
dangereux et insensés par certains. De plus, de nombreuses sages-femmes
sont incriminées par les différents conseils de l'ordre
départemental et voire, par leurs confrères
gynécologues-obstétriciens lorsqu'elles pratiquent l'AAD. Elles
sont également délaissées par les assureurs qui
considèrent que le risque est trop élevé. Les assureurs
estiment le risque de ces sages-femmes en comparaison avec un
obstétricien s'occupant de grossesses très pathologiques, mais
les sages-femmes qui pratiquent ces accouchements à domicile s'occupent
exclusivement de grossesses à bas risques. En effet, le coût de
l'assurance professionnelle se situe entre 19 000 euros et 25 000 euros par an
lorsque l'on est sage-femme et que l'on réalise des accouchements
à domicile. Une sage-femme gagne environ 23 000 euros par an de salaire,
ce qui n'est pas assez pour couvrir une telle assurance. Selon
Hélène Sautriau, (sage-femme pratiquant l'AAD dans le
département des Alpes-de-Haute-Provence), c'est « une question
politique, une histoire de pouvoir médical. Si la femme découvre
le pouvoir qu'elle a en elle pour accoucher, elle prendra le pouvoir sur la
naissance, et ça ne plaît pas à certains praticiens ».
Elle ajoute toutefois que « la demande des parents et l'expérience
de certains soignants » pourront faire changer les pratiques du monde
médical. L'appellation de « Chasse aux sorcières » est
utilisée par des militants de l'AAD, car bien que la pratique de
l'accouchement à domicile soit légale, elle est exposée
comme une infraction. En Basse-Normandie par exemple, il n'y a pas de
sages-femmes pratiquant l'accouchement à domicile.
25
Néanmoins, interdire les accouchements à
domicile aux femmes le désirant revient à ce que les pouvoirs
publics atteignent les libertés des futurs parents. Des sages-femmes
continuent d'effectuer des accouchements à domicile sans assurance.
D'après elles se sont des obligations qui depuis 2002 ont comme seul but
de les entraver et de limiter le recours à ces accouchements. En effet,
elles encourent 45 000 euros d'amendes et la radiation de l'ordre des
sages-femmes en cas de problème16.
Pour compenser cette interdiction « dissimulée
» de l'accouchement à domicile, des maisons de naissances ont vu le
jour en France début 2016. Ce sont des structures gérées
par les sages-femmes et qui privilégient les accouchements
physiologiques (c'est-à-dire à bas risque, à l'inverse de
pathologique qui désigne les grossesses à risques :
diabète, jumeaux, hypertension, etc.). Seulement, ces « maisons
» doivent être accolées à une maternité en cas
de complications majeures. Ce qui limite le caractère « naturel
» et autonome selon certains.
Le modèle choisit en France se caractérise par
l'accouchement conventionnel en maternité. Dans d'autres pays tels que
les Pays-Bas, il y a une coexistence de plusieurs modèles
d'accouchements. En 2005, une femme sur six donnait naissance à son
enfant à domicile17. Dans ce pays, la part des naissances
à domicile a diminué de quatorze points entre 2005 et 2013,
passant de 30% à 16%. L'obligation faite aux sages-femmes pour pouvoir
réaliser des accouchements à domicile est qu'elles doivent «
être sûr de pouvoir être en moins de quarante-cinq minutes
dans la salle de naissance d'une maternité » (Franka Cadée,
responsable des échanges internationaux à l'Organisation royale
des sages-femmes néerlandaises (le KNOV)). De plus, Madame Cadée
ajoute que les Pays-Bas sont un « petit pays, très plat, sans
montagne et très bien organisé. Il est très facile de
16
www.ordre-sages-femmes.fr
17 Durand A-A., « Les Pays-Bas, le pays
où les femmes accouchent encore chez elles », in Le Monde,
Société, 22 août 2016.
26
circuler comme on le souhaite ». J'ajoute que la France
fait plus de 550 000 km2 de superficie contre 41 000 km2
pour les Pays-Bas, soit treize fois moins. Le climat, le relief et les
infrastructures routières ne sont pas non plus semblables. J'ai tout de
même choisi de comparer ces deux pays pour souligner que des alternatives
à l'accouchement en maternité étaient possibles.
En France, l'accouchement à domicile par les
sages-femmes peut sembler dépassé et n'est pas dans les moeurs de
différents praticiens. Par exemple, des gynécologues se demandent
comment peut-on se passer « d'instruments médicaux tels que le
monitoring, qui mesure l'activité cardiaque du bébé
». Ils s'interrogent : « Comment les sages-femmes sauront si tout se
passe bien ? Elles le feront avec leur stéthoscope, comme au
XIXème siècle ? » (Bertrand de Rochambeau,
Président du Syndicat national des gynécologues et
obstétriciens français). Ce médecin pense que c'est un
« retour en arrière concernant la gestion de la douleur ».
Selon lui, les femmes ne peuvent pas accoucher sans médicalisation, au
risque de souffrir énormément : « avant la
péridurale, les accouchements étaient des salles de pleurs. J'ai
vu des femmes souffrir ». Deux systèmes de la médecine
s'affrontent, le premier basé sur l'acceptation de la douleur et de
l'accouchement physiologique : « laisser faire la nature » ; et le
second basé sur la médicalisation et la limite de la douleur,
plutôt artificiel.
Ces deux doctrines ne modifient pas pour autant le nombre de
naissances en France. En 2013, près de 810 000 naissances
domiciliées sont recensées en France métropolitaine selon
l'INSEE. En 2016, elles sont de 785 000 naissances (Figure 4
ci-dessous).
27
![](La-fermeture-des-maternites-en-Basse-Normandie-etat-des-lieux-et-causes-des-fermetures7.png)
|
Auteur et source : A. LAMOTTE, 2017, INSEE
|
Figure 4: Le nombre de naissances en France
Métropolitaine depuis 1990
|
Cette légère diminution peut s'expliquer par le
fait que les Françaises ont leur premier enfant de plus en plus tard. En
effet, l'âge moyen des mères est de trente ans et demi en 2016
alors qu'il était de vingt-huit ans en 1988. De plus, les femmes ont un
intervalle de temps plus court pour avoir des enfants (entre trente ans et
quarante-cinq ans aujourd'hui contre vingt ans et quarante-cinq ans en 1988).
Le nombre d'enfants potentiel par femme diminue et la période pour
concevoir un enfant n'est plus que de quinze ans contre vingt-cinq
précédemment. À titre d'exemple, en 2013, plus de la
moitié des nouveau-nés (52%) avaient des parents
âgés d'au moins trente ans. Ainsi, le nombre de naissances en
France stagne et le nombre d'enfants par femme a tendance à diminuer.
L'indicateur conjoncturel de fécondité s'établit à
1,93 enfant par femme en 2016, contre 1,96 en 2015, et 2 en 2014. Cette baisse
est particulièrement marquée chez les femmes âgées
de vingt-cinq à vingt-neuf ans, et n'est plus compensée par une
augmentation de la fécondité aux âges plus
élevés comme les années précédentes. La
diminution du nombre d'enfants par femme peut également provenir de la
baisse du nombre de femmes en âge de procréer, les femmes
nées lors du baby-boom (1945-1975) sortent progressivement de cette
tranche d'âge de fécondité18. La
tendance actuelle de la fécondité en France est que les femmes
attendent environ trente ans avant d'avoir leur premier enfant et en ont
généralement deux au total.
18
www.insee.fr
En outre, en France, la durée du séjour à
la maternité lors d'un accouchement est de quatre à huit jours
selon le département et le type d'accouchement. La durée moyenne
est estimée à 4,2 jours. Ce chiffre est supérieur à
de nombreux autres pays (voir la figure 5 ci-dessous).
![](La-fermeture-des-maternites-en-Basse-Normandie-etat-des-lieux-et-causes-des-fermetures8.png)
Source : Statistiques de l'OCDE sur la santé
2013.
28
Figure 5: Durée moyenne de séjour pour un
accouchement sans complications
En effet, pour un accouchement sans complication, « le
seuil minimum [du séjour] en France est de trois jours » selon la
Haute Autorité de Santé (HAS). Cette dernière
préconise que « la sortie standard de la maternité se fasse
entre soixante-douze heures et quatre-vingt-seize heures (soit trois-quatre
jours) après un accouchement par voie basse, et entre quatre-vingt-seize
heures et cent-vingt heures (quatre à cinq jours) après un
accouchement par césarienne, pour la naissance d'un nouveau-né
unique et sans
29
complications ». Les parturientes peuvent
également choisir un retour rapide au domicile lorsque l'accouchement
s'est bien déroulé, c'est ce que l'on nomme le PRADO (Programme
d'Accompagnement du Retour à Domicile). Ce programme vise à
« faire sortir plus tôt les jeunes mamans des maternités en
contrepartie d'un accompagnement à domicile par des sages-femmes
libérales19». Ce dernier permet de répondre
à la demande de certaines mères qui souhaitent être
accompagnées après la naissance à leur domicile
plutôt qu'en structure hospitalière.
La durée du séjour diminue au fil des
années grâce à l'amélioration et les progrès
de la médecine, les dépistages préventifs sont plus
nombreux et surtout, les techniques ont évolué. La durée
de séjour varie selon les pays et l'organisation des soins sur leurs
territoires. Les Néerlandaises ne restent à la maternité
que deux jours, c'est deux fois moins que les Françaises (voir
figure 5). Aux Pays-Bas, lors d'un accouchement normal, les femmes restent
« seulement quatre heures à l'hôpital, et trois jours en
moyenne pour une césarienne20 ». C'est peu
comparé à la France (cinq jours en moyenne). Si les femmes
restent peu de temps à la maternité, c'est parce qu'une
alternative à la structure hospitalière est mise en place dans ce
pays. Les femmes sont suivies à leurs domiciles par des aides-soignantes
spécialisées nommées kraamzorg. À la
différence de la France, « les bébés en bonne
santé ne voient pas de pédiatre à la naissance » se
sont exclusivement les kraamzorg qui s'en occupent. Ces
dernières ne sont pas des sages-femmes, mais elles sont sous leur
responsabilité en cas de problème.21
19
http://www.onssf.org
20 Durand A-A ., « Aux Pays-Bas, accoucher
à domicile n'est pas un projet alternatif, c'est juste normal », in
Le Monde, Société, 22 août 2016.
21 Durand A-A ., « Aux Pays-Bas, accoucher
à domicile n'est pas un projet alternatif, c'est juste normal », in
Le Monde, Société, 22 août 2016.
30
En effet, lors de l'arrivée du nouveau-né,
l'accouchement n'est pas le seul moment de satisfaction recherché par la
mère ; la qualité de la prise en charge, la disponibilité
et l'écoute du personnel, le sentiment de sécurité et le
suivi postnatal sont tout autant des éléments qui participent au
bien-être des femmes et aux parents en général. C'est ce
qui est déploré dans les grandes structures : le manque de
proximité avec les futurs parents. Les restructurations en cours dans
toute la France par les politiques de santé tendent vers la
réalisation de grands plateaux techniques au détriment des
petites maternités.
c. Les restructurations des maternités
En France, comme je l'ai souligné
précédemment, le modèle dominant pour donner naissance
à un enfant est l'accouchement en maternité. Cependant, le
paysage de celles-ci s'est fortement modifié ces quarante
dernières années.
Premièrement, en 1972, le décret Dietrich
entraîne la fermeture des maternités tenues par des
sages-femmes (la maternité de Bénouville dans Calvados, tenue par
des sages-femmes ferme ses portes en 1973, après la mise en application
de ce décret par exemple). Seules les maternités avec des
médecins subsistent.
En 1998, deux décrets (les numéros 98-899 et
98-900) concernant les établissements de santé publics et
privés qui pratiquent de l'obstétrique modifient le Code de la
santé publique (Legifrance). Ces décrets
prévoient que les établissements qui perdent leurs autorisations
obstétriques deviennent des « Centres Périnataux de
Proximité » (CPP), (ce sont des établissements où les
parturientes peuvent venir effectuer des consultations pré et
post-natales). Ils prévoient la présence de sages-femmes dans ces
centres, et au moins un gynécologue-obstétricien, certains
centres disposent même de pédiatre et de psychologue pour les
futurs parents. .
31
Dans ces décrets, un minimum de quinze lits par
structure est requis afin de poursuivre l'activité. Progressivement, des
« normes de plus en plus strictes d'encadrements » sont
prises22. Ces prescriptions entraînent des changements
à la fois internes et externes au niveau de l'organisation des
établissements de santé, et la fermeture des petits
établissements (avec moins de quinze lits).
D'autre part, ces décrets conduisent vers une nouvelle
organisation des maternités en trois niveaux de soins :
- Le niveau 1 concerne les maternités avec uniquement
une unité d'obstétrique et disposant au minimum de quinze lits.
Elles s'adressent aux nouveau-nés sans complications majeures.
- Le niveau 2 correspond aux maternités
composées d'une unité d'obstétrique et d'une unité
de néonatalogie (pour les prématurés).
- Le niveau 3 est accordé aux maternités
comportant : une unité d'obstétrique et une unité de
néonatalogie, mais aussi une unité de réanimation
néonatale qui permet d'assurer des actes spécialisés
à un nourrisson qui présenterait une détresse
sérieuse ou un risque vital.
L'offre de soins en maternité a donc était
fortement restructurée : « la plus large recomposition conduite
à ce jour dans le système hospitalier français
»23. Ces règles plus strictes ont entraîné
une diminution de 20% des maternités entre 2002 et 2012. Les fermetures
ont concerné majoritairement les petites maternités. C'est cette
restructuration qui a modifié le paysage des maternités en France
et a entraîné leur diminution. L'objectif de ces mesures
était de rendre l'acte de l'accouchement plus sûr, en
22 Despres P., Guerer A et Yon A ., « La
santé observée en Basse-Normandie, Autour de la naissance »,
ORS, 2015
23 Rapport d'information du Sénat 2014-2015, La
situation des maternités en France, 2015, Paris.
32
privilégiant des maternités moins nombreuses, mais
mieux équipées au niveau du plateau
technique.
![](La-fermeture-des-maternites-en-Basse-Normandie-etat-des-lieux-et-causes-des-fermetures9.png)
Figure 6: Evolution du nombre d'établissement et de
lits en France
Entre 1996 et 2012, (voir le tableau ci-dessus) un
tiers des maternités ont fermé. Le nombre de lits a
également diminué considérablement entre les années
1996 et 2002 (27%). Le nombre de maternités quant à lui, a
particulièrement diminué entre 2002 et 2012 (-20%). Cela signifie
que le nombre de lits a baissé dans un premier temps puis, celui des
maternités dans un second temps. En effet, le recul des
maternités et du nombre de lits atteint 33% en seize ans (1996-2012).
Enfin, le nombre de lit par structure est en moyenne à trente-deux
lits24 en 1996 contre trente-trois lits25 en 2012, peu de
changements donc.
J'en conclus qu'une fermeture de maternité
n'entraîne pas une augmentation de lit dans les autres maternités
car la moyenne de lits par maternité reste stable. La suppression des
petites maternités n'a pas contraint les plus grandes maternités
à s'agrandir.
24 (26
159/815=32,1)
25 (17
733/544=32,6)
33
Comme le souligne le rapport de la DREES26
(Direction de la Recherche, des Etudes, de l'Evaluation et des Statistiques),
ce sont les maternités de type 1 qui sont les plus touchées par
les fermetures. Ces petites maternités n'avaient pas assez de lits pour
continuer d'exercer, tel que l'imposaient les décrets de 1998. Elles ont
donc été les premières touchées.
En 2010, on dénombre cent-cinquante-deux
maternités de type 1 en moins sur le territoire français qu'en
2001. Certaines de ces maternités se sont reconverties en centres
périnataux de proximité (CPP) et sont destinés à
l'offre locale. Ces centres ne réalisent pas d'accouchement, mais des
consultations pré et postnatales, et des cours de préparation
à la naissance. Ils entrent dans les « objectifs du Plan
périnatalité 2005-2007, et permettent
![](La-fermeture-des-maternites-en-Basse-Normandie-etat-des-lieux-et-causes-des-fermetures10.png)
Figure 7: Le nombre de maternités en France depuis
1972
26 Baillot A., Evain F., « Les
maternités : un temps d'accès stable malgré les fermetures
» in Etudes et résultats Drees, N°814, Octobre
2012.
34
de maintenir une offre périnatale de proximité,
en lien avec les services de protection maternelle et infantile (PMI) et les
sages-femmes libérales ».27
Le graphique ci-dessus illustre le fait que malgré une
courbe des naissances plutôt stable (environ 800 000 par an), le nombre
de maternités en France a lui décliné
considérablement : de 1747 maternités en 1972 à 545 en
2012. Soit une diminution de 68%, plus de la moitié des
maternités ont donc fermé sur cette période. Entre 1972 et
1996, la diminution des maternités est de l'ordre de 53 % alors qu'entre
2000 et 2012, la diminution est de 22%. Certes, l'étendue des
périodes est différente, mais elle permet d'évaluer la
tendance. La fermeture des maternités n'est pas une tendance
récente, elle est amorcée depuis plus de quarante-cinq ans. En
effet, depuis la création des niveaux de maternité, on remarque
que ce sont les structures les moins techniques, soit de niveau 1 qui sont
touchées (avec une diminution de 42% entre 2000 et 2012).
Les fermetures des petites maternités sont
également le résultat d'un manque de praticiens et/ou d'incidents
nécessaires lors d'un accouchement, l'un pouvant entraîner
l'autre. Le recrutement de médecins, particulièrement des
anesthésistes (en raison de leur pénurie) apparaît comme la
raison principale des nombreuses fermetures. L'ARS préconise qu'une
maternité où les naissances sont inférieures à
mille par an possède sur place, ou d'astreinte, au moins : une
sage-femme, un pédiatre, un anesthésiste et un
gynécologue-obstétricien. Et cela, 24/24h et toute
l'année. Cette contrainte a fait fuir les médecins des petites
structures car leurs gardes sont plus fréquentes étant
donné qu'ils sont peu nombreux.
27 Baillot A., Evain F., « Les
maternités : un temps d'accès stable malgré les fermetures
» in Etudes et résultats Drees, N°814, Octobre
2012.
35
Le développement de la médecine est aussi une
cause de ces fermetures en France. L'accouchement est devenu un acte
considérablement médicalisé pour la sécurité
et le confort des parturientes. La péridurale est l'exemple même.
« Cette anesthésie locale, qui réduit les douleurs de
l'accouchement, est apparue au début des années 1980 de
manière confidentielle (moins de 4 % des naissances)
»28. Elle s'est développée très rapidement
et a été remboursée par la Sécurité sociale
en 1994. En 2012, la péridurale est utilisée pour 76 % des
naissances. Sur le graphique (voir ci-dessous, figure 8), le
remboursement de la péridurale par la Sécurité Sociale en
1994 se perçoit, elle gagne 42 points entre 1981 et 1994, le confort
lors de l'accouchement est meilleur et moins douloureux pour les femmes.
![](La-fermeture-des-maternites-en-Basse-Normandie-etat-des-lieux-et-causes-des-fermetures11.png)
Figure 8: Hausse de la médicalisation lors de
l'accouchement
28 Durand A-A ., « Pourquoi le nombre de
maternités a été divisé par trois en quarante ans ?
», in Le Monde, les décodeurs, 1 avril 2016.
36
La médicalisation de l'accouchement peut se voir par le
nombre de césariennes réalisées. Selon une étude de
l'Inserm, un quart des césariennes pourraient être
évitées29. En effet, « 28% des césariennes
avant travail étaient potentiellement évitables en 2010 » ce
qui représente environ 24 000 interventions chaque année. Les
déclenchements (injections d'hormones ou mécaniquement) ont
doublé en trente ans. Bien que certaines césariennes soient
réalisées pour des raisons médicales, d'autres seraient
faites par « convenance ». Cette médicalisation n'est pas
assez remise en cause selon la Haute Autorité de la Santé (HAS).
D'après elle, les femmes ne seraient pas suffisamment au courant du fait
qu'elles peuvent refuser un déclenchement, et même une
péridurale30. Le terme de violence obstétricale est
souvent retenu pour parler de ces divers abus.
Dans un article du journal Le Monde31,
Franka Cadée, responsable des échanges internationaux à
l'Association royale des sages-femmes néerlandaises (KNOV), explique
qu'aux Pays-Bas, même « à l'hôpital, le recours
à l'anesthésie péridurale reste marginal » (18 %,
contre 76 % en France). En France, l'objectif est de créer des grands
plateaux techniques performants comme la Suède. Cependant, en
Suède32, la part de césarienne est inférieure
à la France avec 17,5% en 2015, alors que les accouchements sont
réalisés dans de grandes structures. La médicalisation de
l'accouchement est donc encore très présente en France.
L'offre hospitalière a connu des recompositions
importantes dans sa globalité, celles-ci se sont traduites par des
regroupements, des transferts, voire des fermetures de services.
29
www.epopé-inserm.fr
30 Durand A-A ., « Pourquoi le nombre de
maternités a été divisé par trois en quarante ans ?
», in Le Monde, les décodeurs, 1 avril 2016.
31 Durand A-A ., « Aux Pays-Bas, accoucher
à domicile n'est pas un projet alternatif, c'est juste normal », in
Le Monde, Société, 22 août 2016.
32
http://swedishhospital.com
37
Cependant, malgré la concentration de l'offre de soins,
les femmes ne mettent pas plus de temps pour se rendre à la
maternité : en 2001, la moitié des femmes accèdent
à une maternité en moins de dix-sept minutes. La part des
accouchements réalisés à plus de trente minutes du
domicile est stable (23 %). En effet, le seuil « jugé souhaitable
» dans le Schéma régional d'organisation des soins (SROS)
est de trente minutes. Il conviendrait de mettre à jour ces chiffres,
afin d'analyser l'état actuel de l'accessibilité de l'offre de
soins depuis 2010, car de nombreuses fermetures ont eu lieu depuis. En 2008, un
sondage révèle que « 17% des Français avaient
été contraints de renoncer à des soins en raison de motifs
liés à l'éloignement géographique », des
inégalités d'accessibilité géographique
persistent.
De plus, l'hôpital est souvent le premier employeur de
la ville (de l'agent d'entretien au chirurgien par exemple), il fait «
rayonner une ville de la même façon que l'université
». Selon S. Fleuret33 , « le secteur hospitalier
n'échappe pas au mouvement global de concentration des entreprises et de
recherche d'économie d'échelle, [c'est-à-dire qu'on] a
cherché à supprimer les activités faisant doublon, ou
à regrouper les structures qui les proposaient. Les maternités
ont connu ces restructurations tout autant ». En effet, certaines ont vu
leurs activités se transformer en centre périnatal de
proximité (CPP), alors que d'autres ont fermé
définitivement et ont cédé la place à une
activité différente de celle de l'obstétrique, telle que
des soins ambulatoires ou du long séjour gériatrique. La
comparaison peut être faite avec les écoles qui ferment en France
sous le terme de la démographie ou des politiques publiques.
33 Fleuret S., « Spécialisations
hospitalières et centralité », Données urbaines, vol
4., 2003, Anthropos, Cnrs, Insee, p. 367-375.
38
Ainsi, le système de santé en France et sa
sécurité sociale sont mis en place afin de se rapprocher au plus
près de l'équité voulue, au niveau du financement des
soins réalisés sur tout le territoire français.
Malgré tous, des inégalités au niveau de l'accès
aux soins subsistent : le relief, l'étendue du territoire
français et les restructurations réalisées qui font que
des services ont fermé peuvent en être la raison.
De plus, les moeurs et les doctrines des médecins, mais
également des citoyens sont différents d'un pays à un
autre. En France, l'acceptation de l'accouchement à domicile (AAD) n'est
pas encore à l'ordre du jour dans tous les départements, c'est
plutôt l'accouchement médicalisé en hôpital qui est
le plus souvent pratiqué, pour la sécurité des patientes
et de leurs enfants.
Les restructurations des maternités sont le
résultat de décrets, celui de Dietrich en 1972 et ceux
de 1998 notamment. Enfin, l'ex-région Basse-Normandie est l'une des
dernières régions à avoir mis en place cette
réorganisation agencée depuis plusieurs années dans les
autres régions. Cela pourrait expliquer les fermetures nombreuses et
récentes.
2. En Basse-Normandie
En ce qui concerne la Basse-Normandie, l'accessibilité
des maternités est satisfaisante : selon l'INSEE, en 2003, plus de
« 60 % des femmes de la région en âge de procréer (de
15 à 49 ans) habitent à moins d'un quart d'heure de la
maternité la plus proche de leur domicile ». Ici,
l'accessibilité est vue comme le temps d'accès à la
maternité. Dans mon mémoire, je m'intéresse
particulièrement à cette accessibilité basée sur le
temps d'accès. L'accès aux soins sous les termes financiers et
culturels est également
Auteur et source : A.LAMOTTE, 2017, INSEE
39
important, mais je favorise mes recherches sur l'aspect de la
mobilité et de l'aménagement des territoires.
a. Les naissances en Basse-Normandie
En ex-Basse-Normandie, ce sont plus de 15 550 naissances
domiciliées enregistrées en 2013 sur le territoire. Selon
l'INSEE, la baisse du nombre de naissances est de -9% en dix ans en
Basse-Normandie (contre + 3% en France métropolitaine). L'âge
moyen des bas-normandes à l'accouchement est de 29,6 ans, il reste
« inférieur à la moyenne nationale de 30,2 ans en 2013
». La population bas-normande s'élève donc à 1,5
millions d'habitants en 2014, et d'après le graphique ci-dessous, la
moitié des bas-normands résident dans le Calvados (700 000
habitants) (Figure 9). La moitié des naissances sont
domiciliées dans le Calvados (7 650 naissances sur 15 550). Le recul des
naissances au niveau national se retrouve au niveau régional, la courbe
des naissances bas-normandes suit la tendance générale nationale.
Enfin, l'Orne, par exemple, a perdu près de 900 naissances entre 1990 et
201534, la Manche moins de 1 40035, et enfin le Calvados
plus de 1000 naissances36 (Figure 10).
![](La-fermeture-des-maternites-en-Basse-Normandie-etat-des-lieux-et-causes-des-fermetures12.png)
Figure 9: La population bas-normande selon le
département
34 (3565-2675 = 890)
35 (6215-4860=1355)
36 (8215-7199=1016)
Le nombre de naissances atteint son maximum à Caen
(1200 naissances en 2014), et reste fort en sa périphérie. La
présence de nombreux étudiants et de jeunes actifs à Caen
peut en être la raison. En effet, des couples se composent et le premier
enfant naît. Les grandes villes telles que Cherbourg, Alençon et
St Lô disposent de 250 à 400 naissances par an sur leur
territoire. L'Est de la Basse-Normandie présente des communes ayant
entre 20 et 250 naissances par an en 2014. En revanche, le nombre de naissances
dans le Perche ornais est très faible (moins de 120 naissances par an,
par communes), si je relie cette carte à celle de la densité de
population par communes (Figure 12), la population est peu nombreuse
également dans le Perche, le peu de naissances est dû à une
faible démographie. En effet, la vigueur de la natalité
dépend de la présence de population, de femme en âge
d'avoir des enfants et du comportement de fécondité. Enfin, les
naissances domiciliées les plus nombreuses ont lieu dans les villes les
plus peuplées.
![](La-fermeture-des-maternites-en-Basse-Normandie-etat-des-lieux-et-causes-des-fermetures13.png)
40
Figure 10: Les naissances en France et en Basse-Normandie
entre 1990 et 2014
![](La-fermeture-des-maternites-en-Basse-Normandie-etat-des-lieux-et-causes-des-fermetures14.png)
41
[400- 1213[
[250- 400[ [120- 250[ [50- 120[ [20- 50[ [6- 20[ [0- 6[
Figure 11: Carte des naissances domiciliées en
Basse-Normandie en 2014
Figure 12: La densité de population en 2011
Auteur et source : A.LAMOTTE, 2017, INSEE Auteur et source :
A.LAMOTTE, 2017, INSEE
42
b. L'évolution de l'offre
L'offre de soins périnatals est en restructuration
depuis les années quatre-vingt-dix en Basse-Normandie. (Voir la
figure 13 ci-dessous). Dès 1990, cinq maternités ferment :
l'hôpital d'Aunay-sur-Odon et la clinique de Bayeux dans le Calvados, le
centre hospitalier de Saint-Hilaire-du-Harcouët, la clinique Saint-Jean de
Saint-Lô et celle de Carentan dans la Manche, ainsi que Domfront-La
Ferté-Macé dans l'Orne37.
Au début des années 2000, la polyclinique de
Lisieux, le centre hospitalier de Valognes, la clinique de la
Miséricorde de Caen et la clinique d'Alençon ont cessé
leurs activités.
La maternité de Granville et la clinique St-Martin de
Caen ont arrêté les accouchements en 2007, le Centre Hospitalier
Régional (CHR) de Caen en 2009 puis la Polyclinique de Deauville.
Enfin, depuis 2010, les maternités de Vire (en 2013),
de Cricqueboeuf (en 2014), de Falaise (en 2015) et de Coutances (en 2016) ne
réalisent plus d'accouchements.
Au cours de cette période, aucune nouvelle
maternité n'a ouvert ses portes dans la région. Pour mon
mémoire, je m'intéresse spécifiquement aux
maternités fermées depuis 2010.
Pour résumer l'évolution de l'offre en termes de
maternité, en 2000, la Basse-Normandie comptait vingt-et-une
maternités sur son territoire alors qu'en 2017, seulement onze
maternités sont en activité en Basse-Normandie.
37 Grimbert I et Massif J.B., « Naitre en
Basse-Normandie, maternités et naissances en 2001 », Cent pour
Cent, INSEE, n°121, mai 2003
43
En moins de vingt ans, la capacité d'accueil et le
nombre d'établissements bas-normands se sont réduits, et ils se
sont concentrés en grands pôles. L'expression retenue est que
l'offre de soins en maternité a été rationalisée et
restructurée.
![](La-fermeture-des-maternites-en-Basse-Normandie-etat-des-lieux-et-causes-des-fermetures15.png)
Figure 13: Localisation et évolution des
maternités depuis 1989 en Basse-Normandie
D'après la carte ci-dessus, les fermetures de
maternités ont eu lieu dans des villes de toutes dimensions
(Saint-Lô, Caen ou La Ferté-Macé par exemple) mais
majoritairement, ce sont les villes de tailles moyennes qui sont les plus
touchées (Aunay Sur Odon, Saint-Hilaire-Du-Harcouët, Coutances). En
effet, dans ces villes, le faible nombre d'accouchements et le coût des
mises aux normes pour obtenir les certifications sont les
44
principales causes de fermeture. De nombreux
établissements privés ont préféré cesser
leurs activités liées à la maternité, celles-ci
étant jugées trop coûteuses et peu lucratives pour des
établissements de tailles moyennes. C'est le cas pour les
maternités de Saint-Martin à Caen, où de Lisieux et
Saint-Lô notamment. En 2017, il ne reste qu'une seule maternité
privée en Basse-Normandie, celle de la Polyclinique du Parc à
Caen, une maternité de niveau 2. À titre de comparaison, elles
étaient neuf maternités privées en 1990. Aujourd'hui, les
villes où une maternité est présente ne disposent que
d'une seule maternité exceptée à Caen. Il n'y a pas deux
maternités dans une même ville contrairement aux années
1990, où la combinaison "maternité privée et
maternité publique" était présente dans cinq villes
(St-Lô, Caen, Lisieux, Bayeux et Alençon). La cessation
d'activité d'accouchement est présente dans tout le territoire
normand et elle concerne les structures privées majoritairement (neuf
maternités fermées sur quatorze étaient des
maternités privées).
Afin de comprendre comment une fermeture de maternité
se déroule, je prends les exemples des fermetures des maternités
de Vire et de Falaise.
En ce qui concerne la fermeture de Vire : au printemps de
l'année 2010, le chef de service quitte ses fonctions. Il n'a pas
été remplacé. Selon les sages-femmes ce chef de service
n'a rien fait pour être remplacé. Au même moment, un nouveau
directeur est recruté à l'hôpital de Vire, Monsieur Tsuji.
Sa mission officieuse aurait été de devoir fermer la
maternité et de mettre en place un centre périnatal de
proximité (CPP) avec la présence du gynécologue de Flers,
Monsieur Labbé. En juillet de cette même année, le
directeur annonce la fermeture imminente de la maternité. Lors de
l'annonce de cette fermeture aux salariés, une sage-femme demande
à Monsieur Labbé de prendre la fonction de chef de service de la
maternité afin de pouvoir poursuivre l'activité de la
45
maternité, ce qu'il fait. Selon les sages-femmes, c'est
à ce moment que le directeur harcèle moralement le
gynécologue pour le pousser à partir, et pouvoir fermer le
service de maternité. Monsieur Labbé donne sa démission en
janvier 2012 après de nombreux différends. La maternité
tournait donc avec un seul gynécologue titulaire. Le recrutement du
nouveau gynécologue s'est déroulé difficilement : un
gynécologue radié de l'Ordre a été recruté.
L'image de la maternité de Vire s'est un peu plus
détériorée, et les fautes médicales que ce
gynécologue a pu réaliser ont étaient très
médiatisées. L'ARS décide donc de fermer
définitivement la maternité de Vire en janvier 2013 pour des
raisons de sécurité, après de nombreux mois de
négociations avec l'ARS. Les nombreuses manifestations n'y ont rien
changé. Le directeur de l'ARS demande à l'hôpital de Vire
« d'aller de l'avant et encourage fortement un rapprochement des
hôpitaux de Vire et de Flers ». Ainsi, le centre périnatal de
proximité (CPP) fonctionne aujourd'hui avec des praticiens de Flers. Les
maternités les plus proches sont celles de Flers (trente-cinq minutes
par les départementales 524 et 924), de Saint-Lô (trente-cinq
minutes en empruntant la Nationale 174) et d'Avranches (quarante-cinq minutes
en prenant l'A84).
La maternité de Falaise cesse ses activités le
28 septembre 2015, peu de temps après avoir obtenu la certification de
gestion des risques avec perfection en mars 2014. Au début du mois de
juin ; le maire, Monsieur Macé, reçoit une lettre de l'ARS lui
demandant de signer sous quarante-huit heures la fermeture de la
maternité. Dans l'entretien que j'ai réalisé, il dit qu'il
s'attendait à une fermeture, mais pas si rapidement, ni si brusquement.
Le nombre d'accouchement y était en diminution depuis 2012 (392 en 2014
alors qu'il y a avait 422 en 2012), mais ce n'est pas la seule explication.
Selon le directeur adjoint de l'ARS, Monsieur Kauffmann : « les raisons de
l'arrêt des accouchements à la maternité de Falaise sont
essentiellement liées aux difficultés de la
46
démographie médicale. Pour assurer un service
24h/24, nous avions besoin au moins d'un gynécologue, d'un
anesthésiste et d'un pédiatre », et la maternité de
Falaise, mais également celle d'Argentan avaient du mal à
recruter ces praticiens. C'est pourquoi il a été
décidé que les deux équipes travaillent ensemble pour
maintenir au moins une maternité. En effet, les deux
établissements de tailles moyennes ont préféré se
rapprocher plutôt que de fermer chacune leur tour. Le rapprochement est
effectif puisque le prochain directeur sera le même pour les deux
structures. Aujourd'hui, un centre périnatal de proximité (CPP) a
remplacé la maternité. La contrepartie de cette fermeture
était qu'un pôle orthopédique soit installé à
Falaise avec les médecins d'Argentan, mais ce contrat n'est pas encore
respecté. Les maternités les plus proches sont désormais
celles d'Argentan (20 minutes de trajet par l'autoroute A88) mais aussi la
Polyclinique du Parc de Caen (30 minutes de trajet par la nationale 158, lors
de conditions de trafic normal).
Ces deux exemples concernent des maternités de niveau
1, aucune maternité de niveaux 2 ou 3 n'a fermé ses portes en
Basse-Normandie.
Bien que souvent, les femmes fassent le choix d'accoucher dans
la maternité la plus proche de leur domicile, il reste que le choix
d'une maternité n'est pas seulement une question de distance. L'exemple
de la maternité de Bayeux, de niveau 1, en est un exemple parmi tant
d'autres. En effet, elle est l'une des trois maternités de niveau 1
restantes en Basse-Normandie, c'est la seule dans le Calvados. Sur la page
officielle de la maternité de Bayeux38, des femmes ont
été invité à répondre pourquoi elles avaient
choisi la maternité de Bayeux pour leur accouchement. J'ai repris
quelques citations que je trouvais pertinentes. Une mère évoque
qu'elle a accouché à Bayeux alors que c'est à deux
heures
38
https://www.facebook.com/maternite.bayeux.14/
47
de son domicile et elle « ne regrette absolument pas
» (Victoria. P). Sabrina. M explique que pour son premier enfant, elle
avait accouché à Bayeux, et que pour son deuxième enfant,
bien qu'elle habite à St-Lô, elle a préféré
accoucher à Bayeux. Lily. B souligne qu'elle vit « à
côté de Thury-Harcourt, et même avec une heure de route
ça vaut le coup : deux accouchements de rêves et le personnel est
plus que disponible. À Bayeux nous ne sommes pas des numéros !
». Une femme habitant aux « portes de Caen » a
préféré choisir la maternité de Bayeux « pour
son écoute et sa proximité humaine ». Un « choix
capital » selon elle (Isabelle. D). Les choix des parturientes pour la
maternité de Bayeux se justifient donc par rapport à sa petite
taille et au personnel dit « de proximité ». Cette petite
structure attire des femmes extra-départementales pour leurs
attachements et les relations de proximités qu'elles jugent primordiales
entre les parents et le corps médical-soignant. Bien sûr, le choix
d'une maternité de niveau 1 peut se faire lorsque la grossesse est sans
risques majeurs.
c. Le réseau de maternité actuel et son
accessibilité
Le réseau de périnatalité (les
maternités, les centres périnataux de proximité (CPP), les
médecins généralistes, obstétriques et
pédiatriques, et les sages-femmes libérales) assure les soins
concernant la période ante-accouchement et
post-accouchement. Dans mon mémoire, je m'intéresse
spécifiquement aux maternités et aux centres périnataux de
proximité (CPP). En 2017, la Basse-Normandie dispose de deux
maternités niveaux 3 (Caen et Cherbourg), de six maternités
niveau 2 (St-Lô, Avranches, Polyclinique du Parc
48
de Caen, Flers, Alençon, Lisieux) et trois de niveau 1
(Bayeux, L'Aigle et Argentan) (elles étaient treize en
2001)39. Et de quatorze Centre Périnatal de Proximité
(CPP).
Depuis 2002, cinquante-cinq réseaux de
périnatalité sont créés en France suite au
décret de 1998 et aux fermetures des petites maternités. En
Basse-Normandie, le réseau de périnatalité Bas-Normand
(perinatbn), regroupe « des parents et des futurs parents, des
professionnels libéraux (médicaux et paramédicaux) et du
personnel des établissements publics et privés40
». Ce réseau est mis en place pour favoriser « l'accès
aux soins, la coordination des acteurs, la continuité et
l'interdisciplinarité de la prise en charge des mères et des
nouveau-nés41 ». Le but est donc d'améliorer la
prise en charge du patient sur le territoire français, en prenant compte
des avis de professionnels différents. Pour cela, le réseau
organise des réunions et des protocoles communs entre les
différentes structures, plusieurs fois dans l'année.
La carte ci-dessous date de 2014, la répartition des
maternités selon leur niveau de prise en charge y est
représentée. Les centres périnataux sont des anciennes
maternités reconverties. En ce qui concerne les petites
maternités de niveau 1, certaines ont fermé depuis la
création de cette carte, c'est le cas de la maternité de Falaise
(fermée en septembre 2015) et de Coutances (fermée en
février 2016) en Basse-Normandie. En effet, Falaise réalisait
moins de quatre-cents accouchements par an, et Coutances six-cent-soixante par
an. Ces deux maternités sont devenues des centres périnataux de
proximité (CPP). Les maternités bas-normandes réalisent
près de 14 500 accouchements sur les 18 300 de la région, ce qui
représente plus des trois-quarts (79 %). C'est pourquoi,
39 Grimbert I et Massif J.B., « Naitre en
Basse-Normandie, maternités et naissances en 2001 », Cent pour
Cent, INSEE, n°121, mai 2003
40 DESPRES P, GUERER A et YON A., « La
santé observée en Basse-Normandie, Autour de la naissance »,
ORS, 2015.
41
www.perinatbn.org
49
prendre en compte les maternités des
départements limitrophes (Fougères, Mayenne, Bernay, Le Havre,
Lillebonne et Le Mans notamment) est nécessaire, elles assurent la
naissance de près de 20% des bas-normands.
![](La-fermeture-des-maternites-en-Basse-Normandie-etat-des-lieux-et-causes-des-fermetures16.png)
Figure 14: Répartition des femmes de 15 à 49
ans et des maternités en Basse-Normandie
Les maternités sont situées où la part de
femmes bas-normandes âgées de 15 à 49 ans est le plus
élevé. Dans l'aire de Caen, il y a 34% des femmes bas-normande en
âge de procréer présente et il y a deux maternités.
Dans les aires de Cherbourg, Avranches et St-Lô, entre 7% et 23% des
bas-normandes de 15 à 49 ans y sont domiciliées et il y a une
maternité dans chaque aire. Enfin, dans les aires où moins de 7%
des bas-normandes en âge de procréer résident, les
maternités sont inexistantes où réalisent peu
d'accouchements (en 2016, Bayeux comptait 477 accouchements, Argentan 660
accouchements, L'Aigle 398 accouchements et Falaise 392 accouchements en 2015).
Cette
50
carte permet de relativiser les fermetures et le manque de
maternité en Basse-Normandie, les maternités semblent être
implantées où la population est le plus présente.
Dorénavant, l'offre de maternité et des centres périnataux
de proximité (CPP) de Basse-Normandie se résume à ce
tableau :
Auteur et sources : A. LAMOTTE, 2017, INSEE et perinatbn
Département
|
Type
|
Etablissements (nombre d'accouchements en 2016)
|
ORNE
|
CPP
|
Centre Hospitalier de Mortagne au Perche
|
|
CH de La Ferté Macé
|
|
CH de Vimoutiers
|
|
CH de Domfront
|
Niveau 1
|
CH d'Argentan (660)
|
|
CH de L'Aigle (398)
|
Niveau 2
|
CH de Flers (956)
|
|
CH d'Alençon (1037)
|
MANCHE
|
CPP
|
Clinique de Coutances
|
|
CH de Granville
|
|
CH de Valognes
|
|
CH de St Hilaire du Harcouët
|
Niveau 2
|
CH de St-Lô (1487)
|
|
CH d'Avranches (1200)
|
Niveau 3
|
CH de Cherbourg (1820)
|
CALVADOS
|
CPP
|
CH d'Aunay sur Odon
|
|
CH de Vire
|
|
Polyclinique de Cricqueboeuf
|
|
CH de Falaise
|
Niveau 1
|
CH de Bayeux (477)
|
Niveau 2
|
Polyclinique de Caen (1925)
|
|
CH de Lisieux (1382)
|
Niveau 3
|
CHU Caen (3161)
|
Figure 15: L'offre de soins en maternité et CPP en
Basse Normandie
51
D'après la carte (Figure 14), la zone de Caen
contient donc plus d'un tiers des femmes en âge de procréer et
aucune maternité n'est présente à moins de trente
kilomètres de l'agglomération caennaise, Caen a donc un
rôle de polarisation des maternités. À titre d'exemple, une
parturiente qui réside à Vire avec une grossesse pathologique, ce
qui nécessite une maternité de type 3, doit de se déplacer
à Caen, ce qui représente plus de quarante-cinq minutes de
trajet. En effet, en Basse-Normandie, les maternités de niveau trois
sont localisées à Cherbourg et à Caen, certaines femmes
mettent donc plus d'une heure pour y accéder en voiture, c'est le cas
des villes de Coutances, Flers, Alençon ou Argentan par exemple. Le
département de l'Orne est particulièrement touché par ces
distances, aucune maternité de type 3 y est présente. La question
qui se pose est de savoir si le temps de trajet n'aggrave pas la situation
déjà à risque de la grossesse pathologique.
De plus, selon une étude de l'ORS, même en tenant
compte des maternités des départements limitrophes, 2 % des
Bas-Normandes en âge de procréer (15-49 ans) sont
domiciliées à plus de quarante-cinq minutes d'une
maternité. Près de 90% de ces femmes sont domiciliées dans
le département de l'Orne (Sud-Est). Les femmes habitants dans les
départements du Calvados et de la Manche sont quant à elles peu
concernées (moins de 0,5%). Mais cette étude ne prend pas en
compte les fermetures de Coutances et de Falaise, ces chiffres sont donc
à nuancer.
De plus, les sages-femmes peuvent également suivre des
grossesses. En effet, les sages-femmes peuvent, au même titre qu'un
gynécologue-obstétricien, effectuer le suivi des grossesses sans
risques majeurs. La diminution du nombre de gynécologues
obstétriciens entre 2011 et 2020 conduit à un renforcement du
rôle des sages-femmes. La loi HPST (Hôpital, patients, santé
et territoires) l'a notamment anticipé en étendant les
52
compétences des sages-femmes42. En effet, la
nouveauté des compétences concerne la gynécologie
préventive et le fait de prescrire des contraceptifs oraux. Cependant,
en cas de pathologies (cancers, suivi de grossesse diabétiques ou
hypertension) et de grossesses multiples et/ou de prématurés,
elle doit adresser ses patientes à des médecins. Les sages-femmes
sont donc la voie de secours des femmes enceintes face à la
pénurie de médecin et à la fermeture des
maternités. Bien sûr, les Centres Périnataux de
Proximité (CPP) effectuent eux aussi des suivis (avec la présence
de sages-femmes et de gynécologues) mais leur rôle est souvent
méconnu de la population et les rendez-vous se font en fonctions des
disponibilités des praticiens. (Annexes : Figure 22: Plaquette
d'information CPP Falaise et Figure 23: Plaquette d'information CPP
Aunay Sur Odon).
En 2015, le nombre de sages-femmes salariées pour 100
000 femmes en Basse-Normandie (129 pour 100 000) est supérieur à
celui de la moyenne nationale (109 pour 100 000 en France). Cependant,
lorsqu'il s'agit des sages-femmes libérales, la moyenne nationale est
supérieure de cinq sages-femmes. Le département de l'Orne
détient un écart de dix-sept sages-femmes avec la moyenne
nationale. La faible démographie du département et donc la faible
demande en sage-femme en sont certainement l'origine (Annexes: Figure 25:
La densité de sages-femmes en 2015). L'accessibilité
potentielle localisée (APL) permet de le savoir.
L'Accessibilité Potentielle Localisée (APL) est
un indicateur développé par la DREES et l'IRDES (Institut de
recherche et documentation en économie de la santé) afin de
« mesurer l'adéquation spatiale entre l'offre et la demande de
soins de premier recours à un échelon géographique fin
». Cette APL prend en compte les déséquilibres entre
l'offre
42
http://www.caissedesdepotsdesterritoires.fr
53
et la demande des soins. En effet, en ce qui concerne l'offre,
elle prend en compte « le nombre d'activités professionnelles dans
la commune de résidence (ou les communes avoisinantes) » et, du
côté de la demande, elle mesure « la structure par âge
de la population dans le rayon d'exercice de ces professionnels ».
L'unité de l'APL est l'ETP et non l'effectif brut du nombre de
praticiens. Les ETP (équivalents temps plein) correspondent à
l'activité des professionnels. Pour les sages-femmes, c'est le nombre de
consultations effectuées par an. 1 ETP correspond à plus de 44
000 quantités d'honoraires par an pour le calcul des sages-femmes
libérales. (Annexes: Figure 26: L'accessibilité
potentielle localisée des sages-femmes en Basse-Normandie (ETP/ 100 000
hab))
L'APL permet de remarquer une diversité sur le
territoire normand au niveau de la localisation des sages-femmes
libérales. Dans le Calvados, la zone urbaine de Caen attire les communes
alentours avec un fort ETP: entre 5 et 20 ETP de sages-femmes libérales
pour 100.000 habitants. Le reste du Calvados est assez bien fourni, mise
à part le Nord de Bayeux et l'Ouest de Falaise. Le département de
la Manche est bien équipé, sur toute sa superficie, contrairement
à l'Orne. L'Est de l'Orne, ainsi que les communes situées au Sud
de Flers disposent de moins de 2 ETP en sages-femmes libérales pour 100
000 habitants. Des villes de taille semblables (soit environ 20 000 de
population aire urbaine) telles qu'Avranches et Lisieux ont plus de 4 ETP,
alors que les villes de L'Aigle et d'Argentan dans l'Orne, ont moins de 1 ETP.
C'est 3 ETP de moins que la moyenne nationale de l'accessibilité
potentielle localisée (APL) qui est de 4 ETP en 2010. De plus, selon la
médiane, 50 % de la population nationale réside dans une commune
où l'APL aux sages-femmes libérales est inférieur à
3,4 ETP pour 100 000 habitants et 25 % de la population réside dans une
commune où l'APL est inférieur à 2,3 ETP pour 100 000
habitants. (Annexes: Figure 26: L'accessibilité potentielle
localisée des sages-femmes en Basse-
54
Normandie (ETP/ 100 000 hab) et Figure 27:
Correspondance entre les ETP utilisés pour l'APL et la
quantité d'actes ou les honoraires). Les villes de l'Orne sont donc
très difficilement desservies en sages-femmes libérales. Cela est
dû à la faible démographie et au peu de naissances
observées, comme j'ai pu l'évoquer précédemment.
![](La-fermeture-des-maternites-en-Basse-Normandie-etat-des-lieux-et-causes-des-fermetures17.png)
Figure 16: Temps de trajet pour accéder à une
maternité de l'ORS
De plus, la question de l'accessibilité des
maternités se pose également en 2017 après les fermetures
récentes de Coutances, Vire, Falaise et Cricqueboeuf. Pour
représenter cette accessibilité, j'ai essayé plusieurs
méthodes de cartographie. J'ai pris comme exemple la carte de l'ORS
(figure 16 ci-dessous) afin de réaliser mes cartes. J'ai
souhaité refaire cette carte car celle de l'ORS ne
prend pas en compte les fermetures des maternités de Falaise et de
Coutances. Cela me permet de comparer les deux situations.
Mes outils ne m'ont pas permis de reconstituer cette carte
avec les mêmes méthodes, le logiciel utilisé par l'ORS
étant réservé aux professionnels (licence de Cartes et
Données(c) payante). De ce fait, j'ai choisi de réaliser ma
carte avec ArcGis(c). Ma première carte réalisée
ci-dessous (Figure 17) ne prenait pas compte du temps d'accès
mais seulement du nombre de kilomètres à parcourir, cela est peu
représentatif car dans l'étude de l'accessibilité en
santé, il est préférable de raisonner en termes de temps
de trajet pour la population d'une commune donnée.
![](La-fermeture-des-maternites-en-Basse-Normandie-etat-des-lieux-et-causes-des-fermetures18.png)
Auteur et sources : A.LAMOTTE, 2016, INSEE et IGN.
55
Figure 17: Distance de trajet pour accéder à
une maternité (en km)
Malgré cela, cette première carte permet de
mettre en avant des zones de vides et des disparités de territoires au
niveau de l'accessibilité des maternités.
Cette carte des distances à parcourir jusqu'à
une maternité et selon la commune de résidence, permet d'observer
que le Perche Ornais, ainsi que le Sud-Cotentin et le Pays
56
Coutançais, sont à plus de trente minutes d'une
maternité, voire quarante-cinq minutes pour certaines. Les plus grandes
villes sont assez bien desservies, cela semble évident car la population
y est plus nombreuse.
La population située à la limite de
l'ex-région Basse-Normandie bénéficie des structures de
santé extrarégionale. Les villes de Fougères en Ille et
Villaine, Mayenne en Mayenne, Le Havre en Seine-Maritime ou Bernay dans l'Eure
en sont des exemples.
Les communes à moins de quarante-cinq kilomètres
(en orange) sont pour certaines, des communes qui ont possédé une
maternité ces trente dernières années. C'est le cas pour
les villes de St-Hilaire-du-Harcouët dans le Sud-Manche, de Coutances,
Granville et Valognes dans le centre Manche, de Vire et d'Aunay-sur-Odon dans
le Bocage Calvadosien ainsi que la Ferté-Macé dans le Bocage
Ornais. Le Perche Ornais ne disposait pas de maternité dans les
années quatre-vingt-dix, seule la maternité de Nogent le Rotrou
dans l'Eure-et-Loir pouvait satisfaire les Percherons, mais celle-ci a
fermé en 2003. Les parents des communes à quarante-cinq
kilomètres minimum (en orange) d'une maternité et ceux des
communes à plus de quarante-cinq kilomètres (en rouge) sont plus
enclins aux risques d'accoucher à domicile ou sur le trajet en direction
de la maternité.
La carte ci-dessous représente le temps d'accès
à une maternité selon le centroïde géographique et
zonale de la commune de départ. La méthode utilisée pour
mesurer le temps d'accès est la conversion des kilomètres en
minutes. Pour cela, j'ai pris la moyenne kilomètres par minutes,
donnée par l'Observatoire national interministériel de la
sécurité routière (ONISR) et son rapport sur
l'observatoire de la vitesse de 201143. La vitesse moyenne
s'établit autour de 80 km/h (79,2 km/h mesuré en 2011). Bien
sûr, cette vitesse ne prend pas en compte les éventuelles
perturbations telles que les embouteillages, les
43
www.securite-routiere.gouv.fr
vitesses supérieures sur l'autoroute ou la
météo, par exemple, mais elle donne un ordre d'idée. En
outre, les établissements pris en comptent sont publics et
privés, et les maternités de niveau 1, 2 et 3.
![](La-fermeture-des-maternites-en-Basse-Normandie-etat-des-lieux-et-causes-des-fermetures19.png)
![](La-fermeture-des-maternites-en-Basse-Normandie-etat-des-lieux-et-causes-des-fermetures20.png)
57
Figure 18: Temps d'accès à une maternité
en Basse-Normandie selon le centroïde
58
Avant de réaliser cette carte, j'ai également
testé la méthode des distances euclidiennes, mais le
résultat donné variait peu du résultat obtenu avec ma
première carte (Figure 17).
La carte du temps de trajet pour accéder à une
maternité selon le centroïde de la commune (Figure 18)
permet de remarquer que l'ex-région Basse-Normandie possède
un territoire morcelé concernant l'accessibilité aux
maternités. En effet, les tons de rouge et d'orange sont assez
présents sur les trois départements bas-normands. Ces tons
représentent les communes situées au moins à quarante-cinq
minutes de trajet, soit le seuil limite définit par la Haute
Autorité de la Santé pour que l'accessibilité soit
adaptée aux besoins des futurs parents. Plus de 50% de la population
régionale (51,4%) est à moins de trente kilomètres d'une
maternité et moins de 20% (19,7%) est à moins de quarante-cinq
minutes. 7,5% est à plus de quarante-cinq minutes (le Perche Ornais et
le Cotentin). Enfin, 21,4% de la population bas-normande réside à
moins de quinze minutes d'une maternité. (Annexes : Figure 29:
Carroyage pour le calcul du temps d'accès à une
maternité).
Ces trois cartes permettent également de remarquer que
les communes situées à plus de quarante-cinq minutes d'une
maternité ne sont pas le résultat des fermetures récentes
des maternités. En effet, le Sud du pays du Cotentin, le Nord du Pays de
Coutances ainsi que le Perche Ornais, étaient déjà des
communes déficitaires en termes de maternités avant les
restructurations réalisées par l'ARS depuis 2010, en
Basse-Normandie.
Les fermetures de maternités de Vire et Falaise
créent un bandeau de ton orangé au Sud du Calvados, les
populations situées entre Flers et Caen doivent désormais
parcourir entre trente et plus de quarante-cinq minutes jusqu'à une
maternité (Figures 17 et 18). La fermeture de Coutances isole
un peu plus les habitants du Pays de Coutances et
59
du Cotentin. La fermeture de Cricqueboeuf peut être
relativisée par rapport à sa proximité avec le Havre et
Lisieux en ce qui concerne l'accessibilité de la population.
Ce qui pose problème pour l'accessibilité des
maternités, ce n'est pas l'accès à une maternité la
plus proche en soi, mais l'accès à une maternité de type 3
ou 2 lorsqu'une femme nécessite une prise en charge en fonction du
risque de complication de sa grossesse. Par exemple, une femme enceinte
résidant à Avranches et qui nécessite une prise en charge
dans une maternité de niveau 3, devra se rendre à Caen ou Rennes,
soit à plus d'une heure de route de son domicile. Les premières
consultations peuvent se faire chez un gynécologue ou une sage-femme
d'Avranches, mais les dernières consultations nécessiteront
plusieurs trajets à la maternité. Le risque élevé
de la grossesse et les allers-retours peuvent donc être
particulièrement délicats et fatiguant.
La DREES (Direction de la Recherche, des Etudes, de
l'Evaluation et des Statistiques) a émis un rapport des « distances
et temps d'accès aux soins en France métropolitaine » en
201144. Dans ce rapport, elle informe que « le temps
d'accès aux soins est globalement satisfaisant : 95 % de la population
française a accès à des soins de proximité en moins
de quinze minutes ». Ces soins de proximité comprennent les
médecins généralistes, les infirmiers, les
kinésithérapeutes et les dentistes, ils ne prennent pas en compte
les maternités, les gynécologues, les sages-femmes et les
pédiatres. La carte de gauche ci-dessous, recense les territoires
couverts par une maternité peu importe le niveau de
spécialisation, celle de droite recense les territoires couverts par une
maternité de niveau 3. Dans le cas de la Basse-Normandie, l'accès
à une maternité de tous niveaux est satisfaisant. Cependant, pour
l'accès à une maternité de
44 Coldefy M., et al., « Distances et
temps d'accès aux soins en France métropolitaine »,
in Etudes et résultats, DREES, n° 764, juin 2011.
60
niveau 3, le territoire bas-normand est pour une
première moitié, couvert à moins de quarante-cinq minutes
et pour la seconde couvert à une heure et demie par la route.
![](La-fermeture-des-maternites-en-Basse-Normandie-etat-des-lieux-et-causes-des-fermetures21.png)
Figure 19: Les territoires couverts par les
maternités en 2007
Cette étude date de dix ans, mais les maternités
de type 3 n'ont pas été concernées par les fermetures.
Seule la carte des maternités tous niveaux confondus est à mettre
en réserve car de nombreuses maternités ont fermé depuis
l'élaboration de cette carte, des territoires auparavant couverts en
quarante-cinq minutes ne le sont plus aujourd'hui. Ainsi, même si
l'accès spatial aux maternités est satisfaisant, l'accès
aux soins pour les usagers ne l'est pas toujours quand le temps d'accès
dépasse quarante-cinq minutes.
61
Ainsi, les naissances en Basse-Normandie ont
légèrement diminué, mais cette tendance est nationale. De
plus, la Basse-Normandie n'a pas était dispensée des
restructurations de maternités, une vingtaine de maternités ont
fermé depuis 1989, dont une dizaine entre les années 2000 et
aujourd'hui. Elles ont concerné des maternités de niveau 1, soit
des petites maternités. Une des causes de ces fermetures est la
pénurie de gynécologues. Cela fait que l'on accorde une plus
grande importance au rôle des sages-femmes, elles ont plus de
responsabilités.
Actuellement, en Basse-Normandie, l'offre de soins est
aménagée ainsi : les maternités se trouvent dans les plus
grandes villes, les anciennes maternités des moyennes villes sont
devenues des centres périnataux de proximité (CPP). Ces derniers
jouent le rôle de service de proximité depuis l'arrêt des
accouchements.
De nouveaux indicateurs sont mis en place afin de mesurer
l'accessibilité, ils permettent de prendre en compte non seulement
l'offre, mais aussi son accessibilité et l'âge de la population.
Une des causes de ces fermetures est la pénurie de gynécologues.
Cela fait que l'on accorde une plus grande importance au rôle des
sages-femmes, elles ont plus de responsabilités.
62
III. Les différentes causes de fermeture des
maternités et conséquences
Mes entretiens réalisés pendant ce
mémoire m'ont permis de distinguer plusieurs causes de fermetures des
maternités. Ces causes s'additionnent fréquemment entre elles et
forment un enchaînement. Afin de répertorier ces
différentes causes, j'ai choisi de reprendre certaines citations de mes
entretiens que je trouvais pertinentes. Les thèmes abordés sont :
les finances, les problèmes de sécurité, les ressources
médicales, la démographie, les politiques territoriales, la
mobilité et la notoriété.
1. Des causes internes aux établissements de
soins
Les causes de fermetures internes aux établissements de
soins concernent celles qui se rapprochent aux établissements en
eux-mêmes, c'est-à-dire les finances de l'hôpital, les
problèmes de sécurité et le manque de médecin dans
les différentes structures. Toutefois, une cause interne peut devenir
une cause externe et inversement, parfois elle peut être les deux
à la fois. Pour simplifier mon analyse, j'ai choisi de les
catégoriser ainsi, malgré le fait que certaines causes peuvent
à la fois être des causes internes et externes.
a. Des causes financières
D'après mes entretiens, la cause financière peut
expliquer une fermeture à elle seule. La « Basse-Normandie est la
région de France qui est la plus déficitaire au niveau
63
de ses dépenses publiques, la moitié des URSSAF
qui sont payées en France viennent des hôpitaux de Basse-Normandie
» selon Monsieur Labbé, gynécologue de la Clinique de Vire.
Monsieur Macé, le maire de Falaise, note dans une interview aux
Nouvelles de Falaise45 (Annexe : Figure 36:
Interview d'Eric Macé aux Nouvelles de Falaise. (Lecoq P., «
Dossier hôpital de Falaise », in Les Nouvelles de Falaise, le 19
juillet 2015)) que « La Basse-Normandie est la Grèce de l'offre de
santé publique en France ». En effet, d'après l'ARS, les
dettes Urssaf des hôpitaux bas-normands représentent 40 % de la
dette nationale, et, depuis 2012, les banques refusent de prêter aux
hôpitaux pour qu'ils remboursent ces dettes. Les petits hôpitaux
sont les plus touchés, leur budget pour l'investissement et l'innovation
dans du matériel médical et du personnel est revu à la
baisse. Ainsi, certains acteurs que j'ai pu rencontrer auraient
préféraient que « l'ARS ait l'honnêteté de dire
que c'est un choix financier, et purement financier de fermer les petites
maternités, plutôt que de nous fragiliser comme ils ont pu le
faire » en fermant les maternités pour incident. Enfin, selon
d'autres acteurs, c'est pour cette raison que « l'ARS aurait
décidé de tout restructurer afin de résorber ce
déficit et de rechercher une efficacité économique
».
Définition de l'URSSAF : (Union pour le
recouvrement de sécurité sociale et des allocations familiales).
« Les Urssaf assurent la fonction de recouvrement des cotisations de
sécurité sociale. Ces organismes appartiennent à une des
branches de la Sécurité sociale, celle du Recouvrement. Les
établissements employant des salariés relevant du régime
général de la sécurité sociale ou d'un
régime assimilé, établissent chaque mois ou chaque
trimestre un bordereau récapitulatif de cotisations (BRC) qu'ils
adressent à leur Urssaf de tutelle afin de s'acquitter de leurs
cotisations »46.
45 Lecoq P., « Dossier hôpital de Falaise
», in Les Nouvelles de Falaise, 19 juillet 2015
46
www.insee.fr
64
b. Des complications au niveau de la
sécurité des patients
Certaines fermetures des maternités ont eu lieu
à la suite d'incidents ou d'une baisse d'accouchements, ces deux
critères étant parfois liés. Les petites maternités
font face à un manque de gynécologues et/ou
d'anesthésistes, ce qui ne leur permet pas de continuer leurs
accouchements dans les conditions de sécurité exigées. Le
maire de Falaise souligne ce point : « Les petites maternités,
aujourd'hui, font en fonction des critères démographiques,
sanitaires, de sécurité, et de démographie
médicale, et elles ne peuvent plus assurer la même
sécurité à laquelle une femme à le droit dans une
procédure d'accouchement ». Le maire de Vire a le même
discours : « Vous trouverez toujours des gens qui vont vous dire,
même à 100 accouchements, il faut garder la maternité, mais
est ce que les conditions de sécurité sont garanties ? ». En
effet, la question peut se poser, les femmes sont-elles plus enclines de
risquer leur vie et celle de leurs enfants dans une petite structure,
plutôt que dans une grande maternité sous le prétexte qu'un
manque de moyens subsiste, ce qui entraînerait un incident ? Les petites
maternités souffrent du fait que leurs structures ne permettent pas la
réanimation néonatale (pour un nourrisson avec une
détresse sérieuse ou un risque vital) ou la prise en charge des
prématurés. Les parents préfèrent donc s'orienter
vers une maternité où la détresse de leur enfant peut
être traitée au cas où elle aurait lieu.
Effectivement, la sécurité des parturientes et
de leurs enfants et primordiale. C'est pourquoi Eric Macé (maire de
Falaise) souhaite « que l'organisation soit faite sans altérer la
sécurité des patients ». Au long terme, la rationalisation
et les regroupements de structures permettraient « d'avoir des
équipes plus fortes et plus de sécurité » selon le
Maire de Vire. Mais cela éloigne la population des structures de soins.
Il faut donc trouver
65
un compromis entre les deux, car la proximité ne serait
pas toujours une garantie de sécurité, mais
l'accessibilité nécessaire pour accéder à une
structure de haute technologie n'est pas toujours présente (personnes
âgées, individu sans le permis, individu isolé,
réseaux de transports en commun inexistants, coût de la
consultation, coût de la mutuelle complémentaire). Au final, la
proximité peut être un danger car les médecins sont
isolés et en nombre insuffisant, mais l'éloignement est autant un
danger, car la population se retrouve plus éloignée des
structures et doit disposer des moyens financiers et/ou de motricité
pour y accéder.
Selon Monsieur Labbé, gynécologue à Vire,
« le nombre de foetus mort in utero, peut être accidentel, mais la
plupart du temps, il est témoin d'un défaut de suivi des
patientes, et pas forcément d'une erreur de suivi, mais d'un
défaut de suivi donc des patientes qui ne trouvent pas sur place des
personnes pour suivre leur grossesse ». La question qui se pose est :
est-ce la conséquence d'une pénurie de gynécologue et/ou
de sage-femme pour le suivi post-natal ? Ou est-ce le manque de moyens pour se
déplacer ? Ou même un problème financier ? Monsieur Sabater
(le maire de Vire), explique que « l'impératif de
sécurité est un équilibre économique, mais aussi la
présence de compétences médicales pour arriver à
concilier ça et la proximité, ce n'est pas toujours compatible,
car chacun aspire à pouvoir être soigné le proche de chez
lui dans des conditions de sécurité maximales ».
Ainsi, la solution dans certains pays est l'hospitel.
C'est ce qui est mis en place « dans les pays nordiques, où
l'isolement et les conditions de climat difficiles sont fréquents
». Ce sont des « hôtels pour femmes enceintes, situés
à proximité des maternités
66
»47. De plus, dans un pays tel que la
Suède (447 465 km2), « ils ont 7 maternités pour
un territoire qui est de 500 000 km2 environ » (E.
Labbé, gynécologue, Vire). Ce pays de taille quelque peu
similaire à la France (543 965 km2), ne possède que
sept maternités contre environ cinq-cents en France. Leurs
maternités sont toutes de très grands plateaux techniques
(équivalentes aux maternités de niveau 3 en France).
En France, en ce qui concerne la sécurité des
patientes pour leur accouchement, les gynécologues et les sages-femmes
effectuent un « tri des femmes qui vont pouvoir accoucher dans une moyenne
maternité ou dans une grosse maternité, avec une surveillance qui
est mise en place très tôt dans la grossesse » (E.
Labbé, gynécologue à Vire). Parfois, lorsqu'une grossesse
présente des risques, et/ou que la maternité est trop
éloignée, telle que l'île de Marie-Galante, en Guadeloupe,
par exemple, « on conseille aux femmes de partir au septième mois
pour la grande île » (R. Leverrier, présidente du collectif
de Vire). En effet, la maternité de l'île a fermé en 2012.
L'Agence de Santé Guadeloupe-Saint-Martin-Saint-Barthélémy
fait savoir dans un communiqué que les femmes enceintes disposent de
plusieurs aides pour leurs accouchements. Elles disposent d'un aller-retour par
bateau s'il n'y a pas d'urgence, sinon elles peuvent être
évacuées par hélicoptère. Enfin, elles peuvent
être hébergées près du CHU de Pointe-à-Pitre
en fin de grossesse. Ainsi, des mesures d'aménagements sont mises en
place pour aider les familles dans leurs projets.
47 Fleuret S., « Spécialisations
hospitalières et centralité », Données urbaines, vol
4., 2003, Anthropos, Cnrs, Insee, p. 367-375
67
c. Une ressource humaine médicale
insuffisante
Comme je l'ai évoqué précédemment,
l'insuffisance de médecins tels que les anesthésistes et les
gynécologues est à origine de nombreuses fermetures des
maternités. Ce manque de médecin peut s'expliquer par plusieurs
faits : les jeunes médecins préfèrent travailler en
équipe dans des grandes structures, mais également car le
numerus clausus est jugé trop faible, le nombre de
départ en retraite élevé, les risques
médico-légaux très élevés dans des
professions comme les anesthésistes, et les espaces dits de «
campagnes » qui n'attirent pas de médecins.
La difficulté pour recruter des professionnels de la
santé a été plusieurs fois évoquée dans mes
entretiens. D'après un gynécologue48, les petites
maternités n'arrivent pas à recruter des praticiens qui aient le
niveau de compétence suffisant pour les faire tourner. Selon lui, c'est
parce que les professions les plus difficiles à recruter sont les «
pédiatres et surtout des anesthésistes » et une
maternité ne peut pas tourner sans ces médecins. Cette
pénurie serait due au « numerus clausus qui n'a pas était
anticipé concernant le recrutement à la fac de médecine,
et c'est un métier qui fait peur ». Ces métiers font peur
car le métier de gynécologue et d'anesthésiste sont des
métiers où les risques médicaux-légaux sont
très élevés comme je l'ai évoqué
précédemment. Ces « deux choses-là ont probablement
participé à la situation de pénurie » d'après
la sage-femme du CPP de Vire, Madame Anfray.
L'autre difficulté pour recruter, est que les villes de
taille moyenne n'arrivent pas à attirer les médecins. En effet,
le maire de Falaise explique que les praticiens « vont plutôt
s'installer sur la ville de Caen, et dans le privé, que dans le public,
là où ça bouge ». Cela s'explique par «
l'attractivité, on va dire géographique » selon une
sage-femme de Falaise,
48 Entretien avec le Docteur Labbé,
gynécologue à la Clinique de Vire.
68
« les jeunes ne sont pas tellement
intéressés par les hôpitaux de petites villes et c'est
devenu problématique ». Pour le maire de Vire c'est seulement
« là où il y'a des grosses structures qu'on arrive à
avoir plus de professionnels parce qu'ils travaillent en équipe, il y a
une dynamique qui se créée, avec un certain nombre de
médecins », et dans les grandes structures les gardes sont moins
fréquentes étant donné le nombre de médecin
présent.
Enfin, le maire de Falaise évoque une difficulté
liée à la médecine actuelle. Car avec les nouvelles
techniques de soins « la médecine ne s'exerce plus comme elle
s'exerçait avant, et il y a moins de médecins, donc il faut
trouver le juste-milieu dans l'adaptation de l'offre de soins aux territoires
». Mais pour d'autres, le problème vient de l'absence de
volonté des chefs de service pour recruter des praticiens : « on a
absolument rien fait pour recruter des gynécologues. On a même
peut-être même orchestré le fait de les faire fuir »
selon Madame Anfray, sage-femme du CPP de Vire. Le discours de la
présidente du collectif de Vire indique également que lorsqu'on
« ne veut pas qu'un service vive et bien il coule ». Au final, selon
ces acteurs, le manque de médecins et le manque de volonté de la
direction n'a pas facilité le recrutement des praticiens à la
maternité de Vire nottament, et l'a vouée à la
fermeture.
L'insuffisance de ressources humaines médicales
complétée par une baisse de la démographie et le
déficit des hôpitaux ont eu raison des fermetures des petites
maternités. Ces situations fonctionnent comme un `cercle vicieux'. De
plus, la fermeture d'une maternité est un service en moins, une offre de
service en moins sur le territoire (Eric Macé, le maire de Falaise). Au
final, les problèmes s'enchaînent, Emmanuel Labbé
(gynécologue à Vire) note qu'à « partir du moment
où vous avez une pénurie de médecins, ce n'est pas
forcément très bon, les gens vont imposer un peu leurs
règles », comme le salaire ou le choix des patientes. En effet, les
gynécologues de Flers n'acceptent de consulter au CPP de Vire
exclusivement les femmes qui accoucheront à Flers. Les femmes
69
qui souhaitent accoucher autre part se redirigent donc vers le
gynécologue libéral de Vire, ou des sages-femmes
libérales, voire les gynécologues des maternités de leurs
choix. La pénurie de gynécologues a eu comme conséquence
« l'élargissement des compétences » des sages-femmes
selon Madame Lefebvre, sage-femme de Falaise, tel que je l'ai expliqué
auparavant dans mon mémoire.
Les usagers des CPP (Centre Périnatal de
Proximité) sont des populations « intermédiaires »
selon Madame Anfray, sage-femme au CPP de Vire. Elle explique que la population
venant au CPP est située entre «une population qui dans ses
automatismes, se dirige vers le libéral », et l'autre population,
en « grande difficulté sociale, accompagnée par les services
de protection maternelle et infantile (PMI), le Conseil Général
». Ils ont « une population militante et qui défend les
services publics, donc ils viennent spontanément à
l'hôpital ». Mais leurs usagers sont également « des
populations qui naturellement, à partir du moment où elles a des
besoins, sollicitent l'hôpital de droit ». Au final, elle explique
que le CPP est un intermédiaire entre les maternités
privées et les maternités publiques » mais également
un intermédiaire entre la maternité à laquelle la femme se
rendra pour son accouchement et son domicile.
![](La-fermeture-des-maternites-en-Basse-Normandie-etat-des-lieux-et-causes-des-fermetures22.png)
70
Figure 20: les hôpitaux et le taux de vacances des
praticiens
Ainsi, la carte ci-dessus, réalisé par Emmanuel
Vigneron (professeur de Géographie à l'Université de
Montpellier), met en évidence que la Basse-Normandie attire
difficilement les médecins. 37,1% des postes sont non pourvus dans les
hôpitaux publics en Basse-Normandie, contre 26,3% pour la moyenne
nationale. En résulte cette carte, la région Basse-Normandie est
la région ayant le plus haut taux de vacances de praticiens hospitaliers
de France Métropolitaine. Elle se situe au même niveau que la
Martinique et Mayotte, le « record » est détenu par la Guyane
avec 54,8%. Selon E. Vigneron, nous assistons à une «
désertification de vastes pans de territoire » et
parallèlement, « l'offre
71
de soins dans les métropoles se renforce et se densifie
». C'est ce qu'il nomme la « France à deux vitesses »,
une France ayant l'accès aux soins car elle se situe près des
grands pôles, et une France isolée. De plus, la proximité
avec la région Ile-de-France fait que la Basse-Normandie fonctionne
comme une périphérie, elle se trouve à l'écart et
est délaissée car elle n'est pas loin de la région
parisienne. Ce n'est pas tant le nombre de médecins qui est
problématique, mais l'attractivité d'une région pour
l'installation des médecins, spécialistes ou
généralistes.
En Basse-Normandie, selon la journaliste de Valognes Sylviane
Luc, le manque de médecin fait que les hôpitaux doivent prendre
des intérimaires payés très cher : « mille euros pour
vingt-quatre heures ou des médecins avec des diplômes
étrangers». C'est cette pénurie de médecin, ce manque
d'attractivité et de volonté politique qui a fermé les
urgences de Valognes en 2015 d'après elle.
Enfin, les causes développées ci-dessus ne sont
pas exhaustives, cependant, elles reflètent les principales causes de
fermetures des maternités en Basse-Normandie ces dix dernières
années. Les problèmes budgétaires des hôpitaux
majoritairement déficitaires en Basse-Normandie, additionnés aux
problèmes de sécurité des actes médicaux, ainsi que
la pénurie de médecins sont autant d'occasions qui ont conduit
à fermer les petites maternités. Ces fermetures de
maternités peuvent entraîner la fermeture d'autres services.
À Falaise par exemple, le service de chirurgie (chirurgie
générale, digestive, et la chirurgie orthopédique et
traumatique) fermait quelques semaines en été, aujourd'hui
l'avenir du bloc n'est pas certain, notamment à cause de l'arrêt
des accouchements. Le bloc n'est plus autant actif qu'avant et il devient moins
rentable. Le scénario possible pour les hôpitaux où les
maternités ont fermé peut-être le même que celui de
Valognes ou
72
d'Aunay-Sur-Odon ; la fermeture de maternité a
entraîné la fermeture du bloc opératoire, puis la fermeture
des urgences 24/24h. Désormais, à Aunay-sur-Odon et Valognes par
exemple, les urgences sont devenus des centres de premiers soins,
c'est-à-dire qu'elles sont ouvertes de 8h30 à 19h30 seulement. La
nuit la population doit se déplacer dans les plus grandes villes pour
accéder aux urgences.
2. Des causes externes aux établissements de
soins
Les établissements de soins observent d'un regard
extérieur des phénomènes dont ils ne sont pas directement
les auteurs. C'est ce que j'ai choisi de nommer les causes externes aux
hôpitaux dans les fermetures des maternités. Dans cette partie,
les questions de démographie, des politiques territoriales, de
mobilité et de la réputation des établissements seront
développées.
a. Une démographie en diminution
Mes entretiens mettent en relation une baisse de la
démographie avec la fermeture des maternités. Cette « baisse
de la démographie s'est traduite notamment par la baisse d'accouchement
sur la maternité de Falaise, puisque nous étions à 392
accouchements en 2014 » (Madame Lefebvre, la cadre sage-femme du Centre
Périnatal de Proximité de Falaise). En 2009, cette
maternité approchait des 500 accouchements. Selon l'INSEE, Falaise perd
plus de quarante habitants par an depuis 2013, et cela se reflète sur le
nombre d'accouchements. Le discours est identique pour la maternité de
Vire, d'après Madame Anfray, une sage-femme du Centre Périnatal
de Proximité (CPP) de Vire : « si on
73
regarde la natalité, même de façon
globale, elle est en diminution dans notre secteur plutôt rural ; il est
évident que le nombre de naissances est vraiment très
inférieur par rapport à ce qu'il pouvait être, il y a
seulement quarante ans, ici sur la ville de Vire ». C'est pourquoi selon
elle « les arguments qui ont été avancés pour
justifier la fermeture de la maternité n'étaient pas les bons.
Peut-être que c'était trop violent de dire très franchement
à la population qu'il y avait une diminution de la natalité, et
que raisonnablement, il fallait fermer cette maternité ».
Madame Leverrier, la Présidente du collectif
santé Touche pas à ma santé, à mon hosto,
estime que « Vire est en perte de vitesse » et que ces
territoires sont « des territoires à qui on ne donne aucune chance,
[c'est] une politique voulue ». Selon elle, les élus ne
s'investissent pas suffisamment dans la dynamique de la ville et cela n'attire
pas de nouveaux habitants.
Les locaux des maternités sont pour la majorité
(Vire, Cricqueboeuf et Falaise) remplacés par des services de soins aux
personnes âgées. Le maire de Vire, Monsieur Sabater évoque
: « on dit souvent l'hôpital ça va devenir une maison de
retraite. C'est terrible, on voit le vieillissement comme un
élément négatif ». Puis, Madame Leverrier rappelle
que « les vieux ont remplacé les bébés. Il parait que
c'est eux qui vont être les plus nombreux ».
En effet, selon les dernières analyses de l'Insee,
l'espérance de vie a gagné une dizaine d'années en France.
Ce gain, observé au niveau national, est plus élevé pour
la Basse-Normandie. De plus, la Basse-Normandie accueille un nombre important
de retraités, notamment sur le littoral. Ainsi, en quatre
décennies, la part des personnes âgées de soixante-quinze
ans et plus a triplé en région, soit l'évolution la plus
importante de France. Et cette analyse ajoute une hypothèse comme quoi,
avec le même rythme de naissance et de décès, et de solde
migratoire, l'Insee « estime qu'en 2040, les personnes
âgées de 65 ans, et plus, représenteront
30% de la population régionale (contre 20% en 2012) » 49.
De ce fait, les nombreux hôpitaux de Basse-Normandie se
préparent afin de prendre en charge et d'accueillir les personnes
âgées face à leurs pertes d'autonomie et leurs pathologies
chroniques (diabète, maladies cardiovasculaires ou l'hypertension par
exemple). Par exemple, la maternité de Falaise occupait un étage
complet de l'hôpital auparavant, désormais une partie est devenue
le Centre Périnatal de Proximité et l'autre partie deviendra un
centre de référence en gériatrie avec une prise en charge
chirurgicale spécifique de la personne âgée, « si ce
projet médical est approuvé par l'ARS » tel que le souligne
Eric Macé, le Maire de Falaise. Madame Anfray, sage-femme du CPP de Vire
constate que « toutes les maternités qui ont fermé
concernaient des centres qui ont pour projet d'être réduit
à des services de gériatrie ». C'est en effet ce que l'on
peut remarquer pour les maternités de Falaise, de Vire et de
Cricqueboeuf, mais également concernant des maternités
fermées depuis plusieurs décennies, telles que Aunay-Sur-Odon,
Carentan, Saint-Hilaire-Du-Harcouët et La Ferté-Macé, qui
ont-elles aussi renforcées leurs pôles gériatriques depuis
l'arrêt des accouchements.
74
49 · Despres P., et al., «
Enquête santé des Bas-Normands : les personnes âgées
de 65 ans et plus vivant à domicile », in Info Santé
Basse-Normandie, ORS, Octobre 2015.
75
b. Des politiques territoriales nationales
J'ai abordé le thème des politiques
territoriales mises en place par l'Agence Régionale de Santé. En
effet depuis sa création en 2010, les politiques territoriales de
santé ont été modifiées. Le maire de Falaise, Eric
Macé, évoque « une rationalisation et une
réorganisation de l'offre de soins en termes hospitaliers, sur
l'ensemble du territoire ». Les principaux mots clés sont «
réorganisation » et « politique ». Certains acteurs
parlent en effet de « projet de réorganisation de la santé
en Normandie par l'ARS » (P. Lecoq, Falaise). D'autre du fait que l'ARS
applique « une politique nationale, sous le coût de la santé
nationale, c'est la même politique qui est partout en France » (E.
Labbé, Vire). Et de « plan, le fameux SROS, vous connaissez bien
cette petite bête-là, et voilà c'est cette
politique-là qui a été établie et qui à
termes voudrait que tous les niveaux 1 disparaissent » (A. Lefebvre,
Falaise).
Le SROS (Schémas Régionaux
d'Organisation des Soins) est un volet du PSR (Projets
Régionaux de Santé). Ce plan de santé est
élaboré pour une durée de cinq ans. Le PSR et ses
différents schémas (Schéma régional d'organisation
médico-sociale (SROMS), Schéma régional de
prévention (SRP) et le SROS) dessinent « l'organisation des
services, les actions, les autorisations et les coopérations dans les
champs de compétences de l'Agence Régionale de Santé
»50. Un PSR est établit dans chaque région de
France en concertant les acteurs de la santé (le corps soignant et les
élus, mais également les usagers).
|
50
www.solidarites-sante.gouv.fr
76
En effet, le bilan 2015 du SROS note dans son volet
périnatalité, l'importance de « souligner que la
restructuration des maternités de l'ex Basse-Normandie est le fruit de
la volonté de maintenir la qualité des soins, malgré une
diminution de la démographie médicale dans les
établissements sanitaires »51. Le problème des
recrutements de praticiens est donc réel, l'ARS tente de relativiser les
fermetures en prenant comme justification la pénurie de médecins.
Ce bilan évoque également qu'en « tout point du territoire
les femmes ont accès à une maternité dans un délai
suivant les recommandations nationales (45 minutes) ». Cependant, la carte
de l'ORS et celle que j'ai réalisée (Figures 16 et 18)
démontrent le contraire, les populations du Nord-Cotentin (entre
Valognes et Carentan), du Sud-Bocager (entre Vire et
Saint-Hilaire-Du-Harcouët) et du Sud-Perche-Ornais (Nogent-le-Rotrou), se
situent à plus de quarante-cinq minutes d'une maternité. En 2015,
année de réalisation du bilan, les maternités de Vire
(fermée en 2013) et de Cricqueboeuf (fermée en 2014) sont
déjà fermées, les cartes précédentes
démontrent que ces territoires sont dépourvus de
maternités à moins de quarante-cinq minutes.
Les acteurs rencontrés évoquent une «
volonté de concentrer » l'offre de soins de la part des politiques.
Par exemple, Antoine Leveneur, président de l'Union régionale de
médecins libéraux, cite dans une interview du journal
Ouest-France : « Le nouvel hôpital de la Côte Fleurie
n'a rien à voir avec un enjeu sanitaire. C'était un enjeu
d'élus »52. Ce « Pôle santé » tel
que l'indique les différents panneaux de la ville, regroupe au
même endroit : l'hôpital et la polyclinique de Deauville (voir
la photo ci-dessous) et se situe à Cricqueboeuf (entre Deauville et
Honfleur). Le site est à l'extérieur de la ville et
l'accès se
51
www.normandie.ars.sante.fr
52 J-J. Lerosier, « Santé en Normandie
», in Ouest France, 1 septembre 2015.
77
fait par la route, un véhicule est donc
nécessaire. La ligne de bus vert (Caen-Deauville-Honfleur-Le Havre)
dessert également le Centre Hospitalier cinq fois par jour. Ce
pôle santé ouvre en 2009, et cinq ans plus tard, la
maternité ferme ses portes. C'est pourquoi, certains y voient un enjeu
d'élus et non un enjeu sanitaire. L'établissement et le site
semblent aujourd'hui disproportionnés. Ce Centre Hospitalier est
désormais spécialisé en cardiologie et gériatrie
essentiellement.
![](La-fermeture-des-maternites-en-Basse-Normandie-etat-des-lieux-et-causes-des-fermetures23.png)
A.LAMOTTE, 08/2017
Figure 21: Centre Hospitalier de la
Côte-Fleurie
Le rôle de l'ARS est vu comme très politique,
leur but est de faire « l'intermédiaire entre la population et les
choses qui se passent dans les hôpitaux, et d'essayer de faire mieux
passer la pilule quand il y a des choses difficiles à dire » selon
E. Labbé. De nombreux reproches sont faits à l'ARS, sur la
façon d'annoncer la fermeture, les conditions de celle-ci et ses
décisions jugées très administratives. Par exemple, la
sage-femme de Vire
78
aurait préféré que l'ARS lui dise «
franchement les choses » ce qui lui « paraissait beaucoup plus juste
». Elle dit qu'il « y aurait eu moins de séquelles nous
concernant ». En effet, le personnel s'est senti fautif car la
maternité de Vire a officiellement fermé pour cause d'incident,
alors que la cause est plutôt le résultat de la
démographie. A Falaise, Monsieur le maire dénonce « une
brutalité dans l'annonce de la fermeture : quand vous n'avez que 48h
pour signer ! ». Le maire de Cricqueboeuf rappelle que L'ARS « a
profité » de l'incident pour fermer l'établissement alors
que c'était « le joyau » de leur canton. Enfin, à Vire,
Madame Anfray signale « qu'un directeur a été recruté
ici, il avait une mission, sa mission c'était de fermer la
maternité ». Les acteurs rencontrés lors de mes entretiens
blâment l'ARS pour sa violence dans l'annonce et l'organisation des
fermetures.
En outre, les maternités fermées devaient
obtenir une « compensation » de la part de l'ARS. Ce qui a
été dit n'a pas toujours était suivi. En effet à
l'hôpital de Vire : « au départ, le projet était de
belles urgences. C'est ce que nous avait promis le directeur de
l'époque, Monsieur Tsuji, un grand regretté, qui doit être
au CHU maintenant d'ailleurs. Il avait dit de belles urgences, et en fait les
urgences se sont construites à la Clinique de Vire » explique
Madame Leverrier, présidente du collectif de Vire « Touche pas
à ma santé, à mon hosto ». Le discours est
identique à Falaise, le maire est contrarié par rapport à
« l'ARS en général qui n'a pas pris part suffisamment aux
respects des engagements, contrairement à un courrier que j'avais
reçu ». En effet, le maire de Falaise avait accepté de
prendre ses responsabilités d'élu afin de trouver un compromis
sans violence, quitte à être vu comme le responsable de la
fermeture par ses habitants. Au final, il dit ne pas avoir était suivi
comme il s'attendait à l'être par l'ARS, « il devait y avoir
un net renforcement du pôle orthopédique sur Falaise et le retour,
n'a pas été suivi des faits et j'ai vraiment une bonne dent
contre les personnes de l'ARS elles-mêmes ». Ces individus sont
contrariées des promesses non tenues par l'ARS après la fermeture
effective de leurs maternités.
79
Selon Monsieur Labbé, le gynécologue de Vire,
l'ARS a « essayé de maîtriser, et puis en médiatisant
les problèmes qu'il y a eu sur la maternité, les
désaccords, les mésententes entre les médecins, et tout
ça, ça fait que finalement ça a pu fermer sans faire de
vagues ». Il précise néanmoins que l'ARS n'a rien
inventé, elle a seulement exploité ce qui se passait dans la
ville et l'hôpital. Cependant, il ajoute que l'Agence Régional de
Santé a publié un article inexact dans la presse ; cet article
disait qu'un nourrisson était mort à la maternité de Vire.
En réalité, le gynécologue explique que c'était un
enfant né très prématurément et pour lequel «
on ne pouvait pas faire grand-chose », ce bébé avait
été transféré vivant à Caen et il est
décédé à Caen. Il dit que l'ARS a « un peu
transformé le truc et ils ont balancé ça en plein moment
où le Tour de France passait à Vire : « un
bébé décédé à la maternité de
Vire ». Il a demandé de faire un correctif, mais celui-ci a
été mis « page 10, un petit truc comme ça ». Il
ajoute : « avec ce correctif, j'ai eu des sanctions de la direction qui
m'a dit que je n'avais pas à faire ça ». Ainsi, ce qu'il
reproche à l'ARS, c'est cet article et le contexte dans lequel il a
été publié. Car selon lui, cela a renforcé
l'idée qu'il était nécessaire de fermer la
maternité par sécurité. Il reproche à la direction
de l'hôpital de ne pas avoir empêché la diffusion de fausses
informations.
Madame Anfray, sage-femme de Vire réplique que des
stratégies ont été mises en place pour fermer la
maternité. Par exemple, ils ont eu un gynécologue qui
était radié de l'Ordre et « qui a été
parachuté ici, et pourtant, administrativement, il n'aurait jamais
dû exercer ses fonctions ». Selon elle, c'était « dans
les missions du directeur, il y avait une stratégie chez ce directeur de
faire venir des gynécologues incompétents, ce qui pouvait nous
discréditer en termes de qualité de soins » et donc faire
fermer la maternité. Elle ajoute qu'après l'arrivée de ce
médecin, de nombreuses fautes professionnelles ont eu lieu, et «
évidemment ont été médiatisées ». Toute
cette orchestration aurait était voulue selon cette sage-femme. Elle
émet l'hypothèse comme quoi, avec le recrutement
80
de médecins dangereux et le fait de faire fuir les
nouveaux gynécologues, la maternité a dû fermer ces
portes.
L'ARS est critiquée car elle est perçue comme un
système administratif et non de terrain dans les fermetures de
maternités. C'est le reproche qui lui a était fait par Monsieur
Macé, le maire de Falaise : « l'ARS a fonctionné sur un plan
administratif, et en plus sans même avoir prévenu ». L'ARS
applique une politique de l'Etat, mais celle-ci est vue comme étant un
désengagement de l'Etat par rapport aux services de soins. (S. Anfray,
sage-femme à Vire). Le sentiment est identique à Falaise : «
L'ARS communique très très peu, c'est hyper fermé. On ne
les a jamais vu venir sur le terrain, ni même venir à des
réunions ». (P. Lecoq, journaliste à Falaise). Il est
reproché à l'ARS de ne pas être suffisamment proche des
individus et de leurs besoins, mais au contraire d'être proche des
dépenses de santé, notamment pour la prescription de
péridurale : « C'est difficile pour un anesthésiste de
refuser, il a une patiente qui souffre, il sait faire une péridurale, il
l'a fait, il ne se pose pas des questions de stratégies derrière
comme l'ARS peut le voir, mais voilà ». (E. Labbé,
gynécologue à Vire). Ainsi, l'ARS endosserait le rôle de
bouc émissaire de l'Etat dans les politiques territoriales de
santé, et ce rôle est d'autant plus intense que cette organisation
ne se déplace pas suffisamment sur les territoires d'après les
acteurs que j'ai rencontrés.
La place des maires face aux fermetures de maternité
est importante. Ils doivent être à la fois médiateurs entre
l'ARS, l'hôpital et la population. C'est pour cela qu'ils sont aussi des
boucs émissaires, la population pense qu'ils sont majoritairement les
responsables des fermetures. De plus, ils doivent être diplomates avec
l'ARS afin de compenser la perte d'un service de proximité.
81
La façon d'organiser les soins périnatals au
niveau des politiques territoriales de santé est différente d'un
pays à un autre, voire d'une région à une autre en France,
au niveau de l'organisation des soins. Actuellement, avec la mise en place des
GHT (Groupements Hospitaliers de Territoire) de nouveaux découpages des
territoires s'organisent.
GHT (Groupements Hospitaliers de Territoires)
: Créés avec la loi du 26 juillet 2016 nommée
« modernisation de notre système de santés ». Il vise
à ce que les différentes structures publiques de soins
coopèrent entre elles pour organiser les soins sur un territoire
donné. Chaque GHT se compose de deux à vingt
établissements. C'est un dispositif obligatoire depuis juillet 2016.
Chaque GHT constitue un territoire où l'accès aux
établissements de soins doit être « acceptable » mais le
seuil n'est pas définit. La spécialisation de chaque
établissement de santé est prise en compte. Ce travail en
réseau a comme objectif de « soigner mieux et à moindre
coût » en regroupant les moyens financiers et
humains53.
En France, le choix est au regroupement des hôpitaux de
proximités, les consultations post-natales se répartissent selon
le maillage territorial mis en oeuvre dans la région. Les consultations
ont lieu dans les CPP, les PMI, les maternités ou en villes comme je
l'ai expliqué précédemment dans mon mémoire. Les
accouchements sont donc réalisés à la maternité
située dans ce maillage, sauf cas particuliers. L'organisation et les
politiques de territoires sont différentes selon les pays, par exemple
aux Pays-Bas : « les accouchements à domicile se font beaucoup
plus, ils ont un SAMU obstétrique » tel que l'explique Monsieur
Labbé, gynécologue à Vire. Selon lui, cela est possible
dans ce pays
53
www.ars.sante.fr
82
car « ils acceptent l'aléa thérapeutique et
ils acceptent le handicap des enfants, c'est pas du tout la même
mentalité. Ici en France, le handicap doit être jugé
financièrement, c'est très compliqué car il y a peu de
structures et d'aides au handicap, on a plus de pressions
médico-légale puisque c'est ça qui fait peur à tous
les praticiens ». L'aléa thérapeutique est un accident
médical où la responsabilité du professionnel et de
l'établissement de santé n'est pas en faute, c'est le risque du
hasard. Dans les pays nordiques, ils dissocient « l'indemnité de la
responsabilité de la faute. C'est une caisse de solidarité qui
règle la facture, et le cas du médecin est analysé par la
suite »54. En France, un gynécologue-obstétricien
doit payer une prime d'assurance de 25 000€ par an en moyenne, et de
nombreuses compagnies d'assurances refusent de les assurer. En effet, en
France, ce sont les dommages observés à vie qui sont retenus et
non pas la possible erreur du médecin, les compagnies d'assurances ont
la crainte de devoir payer à vie un individu.
c. De la mobilité
Le thème de la mobilité a été
abordé dans le sens où les parents sont amenés à se
déplacer à la maternité de leur choix pour accoucher en
Basse-Normandie. Le choix des parents peut se faire de façon multiple.
Le point de vue géographique est retenu, le choix sentimental, mais
aussi le choix par nécessité étant donné la
grossesse à risque. Lorsque la grossesse n'est pas pathologique, les
parents ont plusieurs possibilités. Ainsi, Eric Macé, le maire de
Falaise dit : « laisser les gens voter avec leurs pieds. Ce sont eux qui
décident. On n'oblige pas une femme à accoucher ici ou là
». J'ai eu le même discours avec Monsieur Labbé, le
gynécologue de Vire : « mes patientes, elles vont accoucher
où elles veulent ».
54 MASCF (Mutuelle Assurance Corps Santé
Français)
www.macsf.fr
83
Ainsi, les critères de choix se font entre «
l'argument géographique » et « parfois des raisons
sentimentales » tel que le souligne Sandrine Anfray, sage-femme au CPP de
Vire.
En ce qui concerne l'argument géographique, le temps
d'accès à une maternité peut être un argument de
choix. En fonction des conditions de trafics (embouteillages,
météo, relief...) le temps d'accès peut varier. De ce
fait, une maternité plus éloignée en kilomètres
peut être plus accessible en temps. Par exemple, la maternité de
Cherbourg, qui est la plus proche de Valognes à un «
problème » selon la journaliste Ouest-France, Sylviane Luc : «
l'inconvénient de cet hôpital-là, c'est qu'il se trouve en
plein coeur de ville, et quand ça se trouve en plein coeur de ville vous
mettez beaucoup plus de temps. Et surtout Cherbourg, l'hôpital Pasteur,
c'est horrible ». En effet, l'hôpital Pasteur, où se trouve
la seule maternité du Nord Cotentin, est situé près du
port et il faut traverser la ville de Cherbourg pour y parvenir (trente minutes
sans problèmes de circulation). La maternité de St-Lô peut
donc la substituer, elle est plus accessible au niveau de sa localisation, car
elle ne se situe pas dans le centre-ville mais en périphérie
(quarante minutes de Valognes).
La ville de Vire, est dépourvue de maternité
depuis 2013, cette ville est située entre trois villes : Flers,
Avranches et St Lô. La présidente du collectif de Vire, Rosine
Leverrier a indiqué « qu'à Vire les femmes ne choisissent
pas forcément Flers » qui est le plus proche car « les Virois
ne vont pas à Flers, c'est culturel », et selon elle « aller
accoucher, c'est comme pour aller chez Décathlon, c'est une direction
». Dans cette phrase, j'estime que les habitudes des virois(es)
s'orientent plutôt vers St-Lô, Caen ou Avranches, et que ces
habitudes se confirment dans la maternité choisie. La population oriente
ses soins par rapport à ce que l'on pourrait appeler l'aspect culturel,
elle se dirige là où elle a l'habitude d'aller, même si ce
n'est pas l'hôpital le plus proche, la réputation et les habitudes
sont des critères à prendre en compte (lectures de
témoignages sur les réseaux sociaux, avis de l'entourage familial
et amical, préférence des médecins...).
84
Quant à Falaise, selon le journaliste des Nouvelles de
Falaise, « Falaise est plus tournée vers Caen » mais
d'après Monsieur le maire « si vous venez à l'entrée
de Caen, il faut compter trente-cinq minutes, quand tout va bien. Et à
Argentan vous ne mettez pas trente-cinq minutes mais vingt (trente
kilomètres via l'autoroute A88 et le péage (3,60€)) ».
Monsieur Macé précise qu'il ne tient pas compte du CHU dans ses
propos « parce que le CHU est pour Falaise au Nord, et vous avez le
contournement de la ville qui intervient, et on sait le temps qu'il nous faut
à partir du moment où on emprunte le périphérique
selon les heures ». Ici, que le facteur des embouteillages est à
prendre en considération selon la maternité choisie, pour
l'accouchement mais aussi pour les visites avant la naissance. La situation
géographique de la maternité, qu'elle soit en
périphérie ou dans l'hyper centre est à comptabiliser dans
les analyses d'accessibilités.
Les consultations post-natales peuvent se dérouler dans
les centres périnatals de proximité (CPP) qui ont remplacé
les maternités. Les sages-femmes rencontrées voient les CPP comme
étant des services de proximité nécessaires. Madame
Lefebvre, la cadre sage-femme de Falaise explique qu'ils sont utiles car «
il faut quand même bien prendre en charge ces populations, maintenant
avec les maternités à distance, il faut quand même bien
s'en occuper et avoir une proximité de soins pour nos femmes ». Le
discours est le même au CPP de Vire, Madame Anfray, sage-femme au CPP,
dit que « l'idée du CPP c'est de faire en sorte que la population
viroise ne se sente pas abandonnée quand ils sont dans un projet de
grossesse, ou même tout simplement de surveillance
gynécologique». Elle ajoute que ce CPP permet d'apporter un service
à la population pour lui permettre d'éviter de se déplacer
dans les grandes villes. En effet, les centres périnatals de
proximité permettent aux femmes enceintes de pouvoir être suivies
proche de chez elle jusqu'au huitième mois de grossesse sans devoir
effectuer de longs trajets.
85
De plus, lors de mes entretiens, le gynécologue de Vire
m'a signalé que de « plus en plus de femmes veulent accoucher chez
elles, ça devient une mode ». Cependant, il y a plusieurs
problèmes face à cet engouement car il y a peu de sages-femmes
formées pour l'accouchement à domicile (AAD), alors qu'il y a de
plus en plus de demandes d'accouchement nature à domicile. Les
sages-femmes libérales qui pratiquent ces accouchements sont peu
nombreuses. Elles ont présentes en Bretagne, donc les personnes
limitrophes, dans le Sud Manche, « choisissent de tenter l'accouchement
à domicile » (E. Labbé). En outre, cette alternative serait
une solution pour les accouchements à bas risques et sans complications,
mais selon le gynécologue cela reste un acte risqué en dehors
d'une maternité, à la fois pour la sage-femme (dû aux
pressions médico-légales) et pour l'enfant et la mère.
Cette solution pourrait permettre aux femmes des territoires isolés
d'accoucher sans devoir parcourir plus de quarante-cinq minutes de route, le
seuil maximal requis par la Haute Autorité de Santé pour un
accouchement. Pour cela, il faudrait former plus de sages-femmes à ce
type d'acte, améliorer les démarches compliquées telles
que les primes annuelles assurances exorbitantes, les pressions
médico-légales élevées, et enfin, changer les
moeurs des français qui voient ces accouchements comme un retour en
arrière.
86
d. La renommée et la mobilisation des
populations différentes selon la maternité ?
L'annonce de la fermeture des maternités a eu un impact
négatif pour les communes touchées. À Cricqueboeuf par
exemple, le maire, Monsieur Depuis indique que « l'hôpital,
c'était un joyau de notre canton », ils étaient fiers
d'avoir une nouvelle maternité. Concernant Falaise, Eric Macé, le
maire de la ville, dit : « la maternité, vous savez au sein d'un
hôpital, c'est un service évidemment affectif parce que c'est
là où on donne la vie ». La perte de la maternité est
vue comme la disparition de l'avenir, elle était synonyme de
vitalité et de dynamisme pour la ville.
Pour certaines villes, l'image des maternités
s'était détériorée quelques années avant la
fermeture définitive. La maternité de Vire était « en
sursis » depuis 2010, après le départ d'un
gynécologue. Ainsi, «la réputation qui était faite,
c'est qu'il y a un certain nombre de parturientes qui n'allait pas à
Vire, qui préféraient aller à St-Lô, à
Avranches, à Flers, ou à Caen ». Cette évasion de
patiente aurait eu raison de la fermeture et c'est ce qui a fragilisé
aussi la maternité selon Monsieur Sabater (le maire de Vire). C'est
également ce que précise Monsieur Labbé
(gynécologue à la maternité de Vire entre 2010 et 2012) :
« Ce qui a fait fermer dans ces cas-là, c'est que dès qu'il
y a une fragilité, ou le moindre incident qui survient dans une
maternité, on l'utilise pour fermer la maternité pour des raisons
de sécurité, on utilise un incident, on médiatise et on
fait accepter la situation de fermeture en disant qu'elle est dangereuse, ce
qui n'est pas toujours vraie ».
Les nombreux combats menés dans les villes pour tenter
de sauver les maternités ont pris plus ou moins d'ampleur, et certains
ont contribué à diffuser l'image d'une ville combattante et
militante, ce qui n'est pas toujours positif.
87
À Falaise par exemple : « ce sont des gens venus
de l'extérieur, du syndicat Sud qui sont venus essayer de mettre le
bordel » (Éric Macé, le maire de Falaise). La population ne
s'est pas mobilisée comme celle de Vire. Pour certains, le combat n'a
pas était suffisant fort à cause du calendrier choisi pour
annoncer cette fermeture. À Falaise, le personnel « l'a su le 28
juin, c'est-à-dire la veille des vacances d'été »
comme le souligne Madame Lefebvre (sage-femme de Falaise) ce qui expliquerait
que la population n'ait pas « vraiment bougées ». Cette
perception est la même de la part du journaliste des Nouvelles de
Falaise, Pascal Lecoq : « la population ne s'est pas vraiment
mobilisée, enfin pas à la hauteur de l'enjeu » mais selon
lui cela était également dû au fait que « les gens
voyaient depuis plusieurs années les faiblesses, les gens justement,
étaient capables de comprendre ». Enfin, le maire de Cricqueboeuf
note que « la population n'a pas suffisamment réagit » non
plus, il semble attristé par le comportement inactif des habitants de la
Côte-Fleurie.
Pour d'autres, le combat a été trop violent et
n'a pas était en leur avantage après la fermeture, c'est
notamment le cas pour la maternité de Vire. La sage-femme du centre
périnatal, Sandrine Anfray, exprime le fait que « tout le combat
qui a été mené ici, toute la médiatisation qui a
été faite, n'a pas du tout plus à l'ARS ». Ce combat
selon elle, a fait qu'elle n'a pas pu être mutée à
l'hôpital d'Avranches : « je suis titulaire, alors que je pense
qu'on aurait tout à fait pu me trouver un poste. J'ai même fait
une lettre à l'ARS pour les solliciter, mais ils m'ont fait comprendre
gentiment, avec une lettre bien formulée, qu'ils ne pouvaient absolument
rien faire pour moi ». Et elle pense que cette mobilisation à
« Vire a tellement fait de bruit au niveau national qu'on est vraiment
étiqueté Vire = fermeture de maternité = combat ».
Enfin, cette sage-femme souligne un point important : «
même en menant un combat comme on a pu le mener, malgré cela, nous
avons fermé ». Monsieur Sabater, le
88
maire de Vire indique qu'à « posteriori, à
la réflexion, malheureusement, c'était presque
inéluctable. C'était presque un combat perdu d'avance ».
Après plusieurs années, les acteurs concernés par la
fermeture de la maternité de Vire comprennent que la décision de
l'ARS était inévitable et que le combat qu'ils ont pu mener les
ont affaiblit au final.
De plus, la fermeture de la maternité de Vire a connu
des événements plus ou moins officieux. Par exemple, Monsieur
Labbé, gynécologue de Vire, précise qu'une «
conférence avec les journalistes [devait avoir lieu] en juin 2011 sur
les qualités de la maternité de Vire, avec des statistiques par
rapport aux mortalités qui étaient très bons » ce qui
aurait valorisé la maternité aux yeux de tous. À ce
moment, il a eu un « harcèlement moral du directeur » à
son égard et « pour répondre à cette menace, la
conférence de presse a été annulée ». Selon
lui, les habitants n'ont pas étaient informés de tout ce qui se
passait en « OFF », notamment le suicide du président du CME
(Comité Médical d'Établissement), Monsieur Khalili : il
était « l'instance entre les médecins de l'hôpital, et
il s'est suicidé, personne ne sait pourquoi, on a dit qu'il était
fragile ». Monsieur Labbé insiste sur le fait qu'il s'est «
suicidé une semaine ou deux après un article de presse où
il (M. Khalili) défendait la maternité ». La pression
exercée sur cet homme l'aurait poussé à mettre fin
à ses jours ? Au final, d'après ce gynécologue, le
problème de Vire, c'est la « multiplicité
d'intérêts personnels et très peu d'intérêts
collectifs ». Le long combat de quatre ans contre la fermeture a
contribué selon lui à devenir « parano » et se dire que
« l'ARS préparait des sales coups, que Flers nous prépare
des sales coups pour récupérer les accouchements » il
évoque une « espèce de paranoïa complète
».
La mobilisation contre la fermeture de la maternité de
Vire a servi d'exemple aux autres maternités. En effet, les habitants
ont pensé que ce n'était pas nécessaire de se mobiliser
comme la ville de Vire, car au final le combat était pour ainsi dire,
perdu d'avance s'ils se mobilisaient.
89
Ainsi, les causes externes aux établissements de soins
sont nombreuses. La baisse du nombre de naissances en Basse-Normandie, mais
aussi en France est une première cause. Les nouvelles politiques
territoriales mises en place : les GHT (le regroupement des moyens financiers
et humains) et la volonté de l'ARS afin de restructurer les
maternités pour plus de sécurité et une meilleure
qualité des soins sont également des raisons de fermetures.
Bien que souvent, les familles choisissent la maternité
la plus proche de leur domicile, le choix des futurs parents restent libre. Les
critères de choix sont la réputation (famille, réseaux
sociaux, médecins) et l'accessibilité. L'accessibilité
d'une maternité suivant le temps d'accès n'est pas le premier
critère de choix, l'aspect culturel et de l'habitude quotidienne est
à prendre en compte.
Enfin, une renommée défavorable peut amener une
maternité à fermer, à Vire la mobilisation violente en
défaveur de l'ARS a eu un effet boule de neige pour le personnel de
l'hôpital. Les maternités suivantes ont
préféré ne pas suivre cet exemple et coopérer avec
l'ARS pour tenter de trouver un accord.
90
Conclusion
Pour conclure ce mémoire, j'observe que l'offre de
soins périnatals en Basse-Normandie a connu des restructurations
importantes avec la fermeture des maternités. Cette tendance s'est
nettement amorcée en France depuis la fin des années
quatre-vingt-dix avec les décrets 98-899 et 98-900. Une nouvelle
organisation des maternités en trois niveaux a vu le jour. Celle-ci a
comme objectif de rendre l'acte de l'accouchement plus sûr, avec des
niveaux d'équipements plus stricts. Chaque femme enceinte peut donc
distinguer le type de maternités présentes aux alentours de son
domicile. Cependant, l'ancienne région Basse-Normandie a perdu dix-huit
maternités depuis les décrets de 1990, il reste donc onze
maternités en 2017. Dans mon mémoire, j'ai remarqué que
les maternités fermées étaient toutes des petites
maternités (niveaux 1).
Ma problématique principale était de savoir
quelle était la répartition des maternités en
Basse-Normandie, et si cette organisation satisfaisait les besoins de la
population. Avec mes entretiens et mes lectures, j'ai découvert que les
maternités se situent dans les plus grandes villes de la Basse-Normandie
: Cherbourg, Caen, Alençon, St-Lô, Avranches, Lisieux, Bayeux,
Argentan, L'Aigle et Flers. Proportionnellement, des villes de tailles
semblables celles-ci ne disposent plus de maternités. Cette absence de
maternité est marquante pour les villes de Vire, Falaise,
Deauville-Trouville et Coutances. Mais ces dernières se situent entre
deux plus grandes villes et se retrouvent au degré de « ville
intermédiaire » sans maternités. La distance d'accès
aux maternités est de trente minutes en moyenne pour la population
bas-normande, mais certains pays semblent à l'écart : le Perche
Ornais, le Nord Cotentin et le Sud Manche. La population des grandes villes et
leurs périphéries se retrouvent ainsi «
privilégiées », elle peut bénéficier de soins
plus
91
accessibles en termes de temps de trajet et de plus de choix
contrairement aux territoires isolés.
Dans mes recherches, j'ai cherché à comprendre
les différentes causes de ces fermetures de maternités, ainsi que
les premières conséquences visibles. L'une des principales
conséquences au niveau de l'hôpital est la diminution d'actes
médicaux et de consultations externes au sein de l'établissement.
La seconde est la fermeture des services tels que le bloc opératoire ou
les urgences. Au niveau de la ville, les maires n'ont pas d'avis concrets, mais
ils souhaitent que les nouveaux projets fassent rayonner leur ville et leur
hôpital, comme le faisait la maternité. Enfin, au niveau national,
les conséquences des fermetures peuvent se ressentir par la
reconnaissance des compétences des sages-femmes et leurs
responsabilités plus importantes dans le suivi d'une grossesse.
Les décisions de restructuration prises par l'ARS sont
critiquées, la volonté de celle-ci vise à attirer les
patients vers les grandes structures comme le CHU de Caen, et cela fait
craindre que les petits hôpitaux de proximité deviennent des
centres gériatriques et de renvoi des urgences, selon le degré de
gravité ou les horaires d'ouverture, vers un autre
établissement.
Les conséquences pour la population sont nombreuses,
l'accroissement des distances à parcourir pour accéder à
un parcours de soins ou de prévention en est la première. Les
femmes enceintes sans moyens de locomotion ou avec peu de moyens financiers,
peuvent renoncer à un suivi approfondit dû à
l'éloignement des structures de soins. Dans des territoires sans CPP,
sages-femmes ou gynécologues, le suivi gynécologique et de
grossesse revient souvent au médecin généraliste et non
à un spécialiste obstétrique. La peur d'accoucher en
urgence à domicile ou sur le trajet de la maternité est visible,
bien que cela soit rarissime depuis la fermeture des maternités en
Basse-Normandie, elle reste une angoisse pour les femmes
éloignées des maternités. Les
92
politiques territoriales de santé opposent donc la
proximité avec la sécurité en ce qui concerne les
maternités : les petites maternités de proximité et de
niveau 1, face aux grands pôles techniques de santé et aux
maternités de niveau 3 censés être plus
sécuritaires.
La loi HSPT promulguée en 2009 et qui a
créé les ARS, possède ainsi deux objectifs : le premier
est de soutenir les regroupements des professionnels de la santé et le
second, de rendre accessible des soins de qualité tout en assurant une
sécurité maximale. Ceci en prônant un équilibre
territorial optimal.
En 2017, le constat de cette loi est multiple. Le regroupement
des professionnels de la santé est effectif avec les GHT (Groupements
Hospitaliers de Territoires) mais l'accessibilité à des soins de
qualité reste mitigée. La fermeture des petites maternités
en Basse-Normandie conteste cet objectif. Comment la fermeture des
maternités de proximité peut-elle faire que la population ait
accès à des soins à proximité de leur domicile ?
Les maternités de proximité sont donc perçues comme
étant accessible mais dangereuse, sans sécurité maximale
?
En contrepartie, cette loi ouvre de nouvelles
compétences aux sages-femmes dans les soins périnatals et le
suivi gynécologique. Ces revalorisations de compétences
permettront-elles de compenser la pénurie de gynécologue et la
fermeture des maternités dans les années à venir ?
Bibliographie
Webographie :
http://www.ccomptes.fr
http://www.coordination-nationale.org
http://www.drees.social-sante.gouv.fr
http://www.emois.org
https://www.fhf.fr
http://jle.com
http://inpes.santepubliquefrance.fr
https://www.insee.fr
https://www.legifrance.gouv.fr
http://www.observatoire-des-territoires.gouv.fr
http://www.perinatbn.org
http://www.persee.fr
http://www.securite-sociale.fr
http://social-sante.gouv.fr
93
https://sister.normandie.fr
94
Articles :
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des territoires de santé en Basse Normandie », in Cent pour Cent,
INSEE, n°210, décembre 2010.
· Akrich M., « Accoucher à domicile ?
Comparaison France/Pays-Bas », in La Santé de
l'homme, INPES, n°391, septembre 2007, pp. 45-47.
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améliorer l'accessibilité aux soins : l'expérience
Suédoise », in Revue Francophone sur la santé et les
territoires, juin 2017.
· Attal-Toubert K et Vanderschelden M., « La
démographie médicale à l'horizon 2030 : de nouvelles
projections nationales et régionales détaillées », in
Dossier Solidarité et Santé, DREES, n°12, 2009.
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: un temps d'accès stable malgré les fermetures » in Etudes
et résultats DREES, n°814, octobre 2012.
· Barlet M., et al., « Offre de soins de premier
recours : proximité ne rime pas toujours avec accessibilité
», DREES, n°817, octobre 2012.
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maternité ! », in Spirale, n° 70, pp. 9-1, 2014.
· Bourguignon M., et al., « Quels territoires de
santé gérontologique pour repenser l'adéquation entre
offre et besoins d'aides en Wallonie ? », in Revue Francophone sur la
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· Coldefy M., et al., « Distances et temps
d'accès aux soins en France métropolitaine », in Etudes et
résultats, DREES, n° 764, juin 2011.
·
95
Coldefy M et Lucas-Gabrielli V., « Les territoires de
santé : des approches régionales variées de ce nouvel
espace de planification », in IRDES Document de Travail n°10, mai
2008.
· Despres P., et al., « Enquête santé
des Bas-Normands : les personnes âgées de 65 ans et plus vivant
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· Despres P., et al., « La santé
observée en Basse-Normandie, autour de la naissance, chiffres
clés », in La santé observée en Basse-Normandie, ORS,
2015.
· Durand A-A ., « Pourquoi le nombre de
maternités a été divisé par trois en quarante ans?
», in Le Monde, les décodeurs, 1 avril 2016.
· Durand A-A., « Les Pays-Bas, le pays où
les femmes accouchent encore chez elles », in Le Monde,
Société, 22 août 2016.
· Durand A-A., « Les maisons de naissance, un
accouchement hors de l'hôpital », in Le Monde, Santé, le 1er
avril 2016.
· Durand A-A ., « Aux Pays-Bas, accoucher à
domicile n'est pas un projet alternatif, c'est juste normal », in Le
Monde, Société, 22 août 2016.
· Eliot E., Lucas-Gabrielli V et Mangeney C., «
Territorialisation sanitaire et décentralisation : état des lieux
et enjeux à partir du cas français », in Revue Francophone
sur la santé et les territoires, juin 2017.
· Grimbert I., Massif J.B., « Naitre en
Basse-Normandie, maternités et naissances en 2001 », in Cent pour
Cent, INSEE, n°121, mai 2003.
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de proximité par bassin de vie », Datar, Observatoire des
territoires, Insee, 2010.
·
96
Herin R., « Territoires de santé en
Basse-Normandie », in Géocarrefour, n° 3, 2003, pp.
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· Kammerer B., « L'accouchement à domicile
est-il une hérésie? », in Slate, Parents et Enfants, le 11
juillet 2017
· Lecoq P., « Dossier hôpital de Falaise
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· J-J. Lerosier, « Santé en Normandie
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· Ménard B., « Questions de
géographie de la santé », in L'Espace géographique
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· OCDE, « Comment va la vie dans votre
région ? Mesurer le bien-être régional et local pour les
politiques publiques », Edition OCDE, 2014.
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problématiques de démographie médicale », 2012.
· ONISR (Observatoire national interministériel
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routière en France », Bilan de l'année 2011.
· Rapport d'information du Sénat 2014-2015,
« La situation des maternités en France », 2015,
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des dépenses de santé : l'influence de la catégorie
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97
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· Quesnel-Barbet A.,
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l'ingénieur Électronique, robotique et TIC pour la santé,
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des connaissances pour décloisonner acteurs et niveaux territoriaux et
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Livres :
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· Bavoux J., Initiation à l'analyse spatiale,
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· Tonnellier F., Vigneron E., La géographie de la
santé en France. Paris, PUF, QSJ, 127 p.
1999
Emissions télévisées :
· « Comment fonctionnent les petites maternités
? », La Maison des Maternelles, France 5, diffusée le mercredi 1
mars 2017 à 9h22.
· « Faut-il fermer les hôpitaux et les
maternités de proximité ? », Enquête de santé,
France 5, diffusée le mardi 10 mai 2016 à 20h35.
· « Béarn : La fermeture d'une maternité
suscite la colère », Chronique, Le magazine de la santé,
diffusée le jeudi 13 juillet 2017 à 14h20.
99
Table des illustrations :
FIGURE 1: LES ACTEURS DE LA SANTE ET DE L'OFFRE DE SOIN EN
FRANCE, EN 2016 9
FIGURE 2: CALENDRIER TENU POUR MON MEMOIRE 13
FIGURE 3: LES DIFFERENTS TYPES DE PARCOURS QUI S'OFFRENT A UNE
FEMME ENCEINTE 22
FIGURE 4: LE NOMBRE DE NAISSANCES EN FRANCE METROPOLITAINE
DEPUIS 1990 27
FIGURE 5: DUREE MOYENNE DE SEJOUR POUR UN ACCOUCHEMENT SANS
COMPLICATIONS 28
FIGURE 6: EVOLUTION DU NOMBRE D'ETABLISSEMENT ET DE LITS EN
FRANCE 32
FIGURE 7: LE NOMBRE DE MATERNITES EN FRANCE DEPUIS 1972 33
FIGURE 8: HAUSSE DE LA MEDICALISATION LORS DE L'ACCOUCHEMENT
35
FIGURE 9: LA POPULATION BAS-NORMANDE SELON LE DEPARTEMENT
39
FIGURE 10: LES NAISSANCES EN FRANCE ET EN BASSE-NORMANDIE
ENTRE 1990 ET 2014 40
FIGURE 11: CARTE DES NAISSANCES DOMICILIEES EN BASSE-NORMANDIE
EN 2014 41
FIGURE 12: LA DENSITE DE POPULATION EN 2011 41
FIGURE 13: LOCALISATION ET EVOLUTION DES MATERNITES DEPUIS
1989 EN BASSE-NORMANDIE 43
FIGURE 14: REPARTITION DES FEMMES DE 15 A 49 ANS ET DES
MATERNITES EN BASSE-NORMANDIE 49
FIGURE 15: L'OFFRE DE SOINS EN MATERNITE ET CPP EN BASSE
NORMANDIE 50
FIGURE 16: TEMPS DE TRAJET POUR ACCEDER A UNE MATERNITE DE
L'ORS 54
FIGURE 17: DISTANCE DE TRAJET POUR ACCEDER A UNE MATERNITE (EN
KM) 55
FIGURE 18: TEMPS D'ACCES A UNE MATERNITE EN BASSE-NORMANDIE
SELON LE CENTROÏDE 57
FIGURE 19: LES TERRITOIRES COUVERTS PAR LES MATERNITES EN 2007
60
FIGURE 20: LES HOPITAUX ET LE TAUX DE VACANCES DES PRATICIENS
70
FIGURE 21: CENTRE HOSPITALIER DE LA COTE-FLEURIE 77
100
Annexes :
FIGURE 21: CENTRE HOSPITALIER DE LA COTE-FLEURIE 77
FIGURE 22: PLAQUETTE D'INFORMATION CPP FALAISE 101
FIGURE 23: PLAQUETTE D'INFORMATION CPP AUNAY SUR ODON 102
FIGURE 24: PLAQUETTE D'INFORMATION PMI DE FALAISE 103
FIGURE 25: LA DENSITE DE SAGES-FEMMES EN 2015 104
FIGURE 26: L'ACCESSIBILITE POTENTIELLE LOCALISEE DES
SAGES-FEMMES EN BASSE-NORMANDIE (ETP/ 100 000 HAB) 104
FIGURE 27: CORRESPONDANCE ENTRE LES ETP UTILISES POUR L'APL ET
LA QUANTITE D'ACTES OU LES HONORAIRES 105
FIGURE 28: RESULTATS SUR L'APL PAR PROFESSIONNEL DE SANTE
105
FIGURE 29: CARROYAGE POUR LE CALCUL DU TEMPS D'ACCES A UNE
MATERNITE 106
FIGURE 30: GROUPEMENTS HOSPITALIERS DE TERRITOIRES, LA
NORMANDIE 106
FIGURE 31: E-MAILS REÇUS DE L'ARS 106
FIGURE 32: QUESTIONNAIRE POUR LES ENTRETIENS AVEC LES MAIRES
106
FIGURE 33: QUESTIONNAIRE POUR L'ENTRETIEN AVEC LE GYNECOLOGUE
DE VIRE ET LES SAGES-FEMMES DE VIRE ET FALAISE 106
FIGURE 34: QUESTIONNAIRE POUR LES ENTRETIENS AVEC LES
JOURNALISTES 106
FIGURE 35: ARTICLE DE PRESSE "LE MONDE" SUR LA FERMETURE DE LA
MATERNITE DE VIRE 106
FIGURE 36: INTERVIEW D'ERIC MACE AUX NOUVELLES DE FALAISE.
106
FIGURE 37: ENTRETIEN AVEC MONSIEUR LE MAIRE DE
CRICQUEBOEUF (NON DSPONIBLE EN LIGNE) ERREUR ! SIGNET NON
DEFINI.
FIGURE 38: ENTRETIEN AVEC MONSIEUR LE MAIRE DE VIRE (NON
DSPONIBLE EN LIGNE). ERREUR ! SIGNET NON DEFINI.
FIGURE 39: ENTRETIEN AVEC MONSIEUR LE MAIRE DE FALAISE
(NON DSPONIBLE EN LIGNE) ERREUR ! SIGNET NON DEFINI.
FIGURE 40: ENTRETIEN AVEC LE GYNECOLOGUE MONSIEUR LABBE
(NON DSPONIBLE EN LIGNE) ERREUR ! SIGNET NON DEFINI.
FIGURE 41:ENTRETIEN AVEC LA SAGE-FEMME MADAME ANFRAY (NON
DSPONIBLE EN LIGNE) ERREUR ! SIGNET NON DEFINI.
FIGURE 42: ENTRETIEN AVEC MADAME LEFEBVRE SAGE-FEMME (NON
DSPONIBLE EN LIGNE) ERREUR ! SIGNET NON DEFINI.
FIGURE 43: ENTRETIEN AVEC MONSIEUR LECOQ, JOURNALISTE AUX
NOUVELLES DE FALAISE (NON DSPONIBLE EN LIGNE) ERREUR !
SIGNET NON DEFINI.
FIGURE 44: ENTRETIEN AVEC MADAME LUC, JOURNALISTE A
OUEST-FRANCE (NON DSPONIBLE EN LIGNE) ERREUR ! SIGNET
NON DEFINI.
FIGURE 45: ENTRETIEN AVEC MADAME LEVERRIER, PRESIDENTE DU
COLLECTIF DE VIRE (NON DSPONIBLE EN LIGNE) ... ERREUR ! SIGNET NON
DEFINI.
![](La-fermeture-des-maternites-en-Basse-Normandie-etat-des-lieux-et-causes-des-fermetures24.png)
101
Figure 22: Plaquette d'information CPP Falaise
![](La-fermeture-des-maternites-en-Basse-Normandie-etat-des-lieux-et-causes-des-fermetures25.png)
Figure 23: Plaquette d'information CPP Aunay Sur Odon
102
![](La-fermeture-des-maternites-en-Basse-Normandie-etat-des-lieux-et-causes-des-fermetures26.png)
Figure 24: Plaquette d'information PMI de Falaise
103
![](La-fermeture-des-maternites-en-Basse-Normandie-etat-des-lieux-et-causes-des-fermetures27.png)
Sources : INSEE, DREES
*Nombre de sages-femmes pour 100 000 femmes âgées de
15-49 ans
Auteur et sources : A. LAMOTTE, 2017, INSEE & Observatoire
des territoires
104
Figure 25: La densité de sages-femmes en 2015
![](La-fermeture-des-maternites-en-Basse-Normandie-etat-des-lieux-et-causes-des-fermetures28.png)
Légende :
ETP/100 000 hab :
ETP : équivalents temps plein de sages-femmes
libérales pour 100.000 habitants.
Figure 26: L'accessibilité potentielle
localisée des sages-femmes en Basse-Normandie (ETP/ 100 000 hab)
105
Déciles de Médecin Psychiatre Ophtalmo-
Pédiatre Gynéco-
distribution généraliste logue
logue
|
Sages- femme*
|
Chirurgien- Infirmier*
dentiste
|
ETP
|
< 5 %
|
< 273
|
< 343
|
< 88
|
< 510
|
< 265
|
< 4832
|
< 30
|
< 15918
|
0
|
5 - 10 %
|
273-1028
|
343-581
|
88-267
|
510-
|
265-551
|
4832-
|
30-61
|
15918-
|
0,2
|
|
|
|
|
1100
|
|
11594
|
|
30967
|
|
10 - 25 %
|
1028-2643
|
581-1127
|
267-1001
|
1100-
|
551-
|
11594-
|
61-140
|
30967-
|
0,5
|
|
|
|
|
2123
|
1203
|
26710
|
|
50652
|
|
25 - 50 %
|
2643-4252
|
1127-
|
1001-2557
|
2123-
|
1203-
|
26710-
|
140-254
|
50652-
|
0,7
|
|
|
1903
|
|
3219
|
2101
|
44323
|
|
69585
|
|
>50 %
|
> 4252
|
> 1903
|
> 2557
|
> 3219
|
> 2101
|
> 44323
|
> 254
|
> 69585
|
1
|
Sources: SNIIR-AM, 2010; CNAM-TS. Exploitation
DREES.
www.drees.solidarites-sante.gouv.fr
Champ : Tous régimes, France entière.
* Pour ces professions, l'activité est approchée
par les honoraires.
Figure 27: Correspondance entre les ETP utilisés
pour l'APL et la quantité d'actes ou les honoraires
|
Médecin généraliste
|
Psychiatre
|
Ophtalmo- logue
|
Pédiatre
|
Gynéco- logue
|
Sages- femme
|
Chirurgien- dentiste
|
Infirmier
|
Moyenne
|
70,6
|
8
|
6,2
|
3,5
|
6,6
|
4
|
47,8
|
84,7
|
Médiane
|
70,3
|
4,9
|
5,6
|
2,9
|
5,8
|
3,4
|
46
|
69,3
|
1er quartile
|
53,7
|
2,4
|
3,6
|
1,5
|
3,5
|
2,3
|
28,6
|
47,1
|
3e quartile
|
87,1
|
10,6
|
8,5
|
5,1
|
9,3
|
5,3
|
65,5
|
|
Sources : SNIIR-AM, 2009, CNAM-TS ; Population 2008, Insee ;
Odomatrix, Inra. Exploitation DREES. Note : Les résultats pour l'APL
pour la France entière sont calculés en tenant compte des
populations des communes.
Figure 28: Résultats sur l'APL par professionnel de
santé
![](La-fermeture-des-maternites-en-Basse-Normandie-etat-des-lieux-et-causes-des-fermetures29.png)
Figure 29: Carroyage pour le calcul du temps d'accès
à une maternité
Figure 30: Groupements hospitaliers de territoires, la
Normandie
s
106
Figure 31: e-mails reçus de l'ARS
De :
Thierry.CANDY@ars.sante.fr
Envoyé : 01/02/2017 17:59:23
À :
amelielamotte@orange.fr
Objet : TR: Demande d'informations
Bonjour Madame,
Je vous prie de nous excuser pour le délai de
réponse, de gros chantiers étant en cours en ce moment.
En réponse à votre question concernant les
maternités fermées en ex basse Normandie depuis 1968,
je ne pourrais vous répondre que pour une période
allant de 1997 à 2016, les informations antérieures
n'étant pas à notre disposition.
Pour le département du calvados, nous relevons les
maternités des établissements suivants :
Clinique Saint Martin : Fermée fin 2004
Clinique Croix Rouge à Bayeux : Fermée en 2001
suite à fusion avec le Ch de Bayeux
CH Falaise : Fermée le 1er octobre 2015,
création d'un centre périnatal
Ch de la Côte Fleurie : Fermée le 1er
décembre 2014, création d'un centre périnatal de
proximité
CH Vire : Fermée le 29 janvier 2013, création d'un
Centre périnatal de proximité
Clinique de la Miséricorde : Fermée en 2001
Polyclinique de Lisieux : Fermée entre 1997 et 2007
Pour le département de la Manche
Ch de Coutances : Fermée entre 1997 et 2007
Clinique de Saint-Lo : fermée entre 1997 et 2007
Ch d'Avranches Granville : Fermeture de la maternité sur
le site de Granville en juillet 2001, il reste
une maternité à Avranches, création d'un
centre périnatal de proximité sur le site de Granville
Ch Valognes : suite fusion avec le centre hospitalier de
Cherbourg en octobre 2006 transfert de
l'activité au CHP du Cotentin à Cherbourg,
création d'un CPP à Valognes
Clinique de Coutances : Fermée le 29 février 2016,
création d'un CPP le 1er mars 2016.
Pour le département de l'Orne :
Clinique d'Argentan : fermée entre 1997 et 2007
Chic des Andaines : fermeture du site de la Ferté
Macé en 2007 et du site de Domfront entre 1997 et
2007, création d'un CPP sur le site de la Ferté
Macé en 2007
Clinique d'Alençon : fermeture suite à fusion avec
le Ch d'Alençon
A noter la présence de CPP à Mortagne au Perche,
à Aunay sur Odon et de consultations avancées à Carentan,
à Saint Hilaire du Harcouët
Cordialement
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De :
Thierry.CANDY@ars.sante.fr
Envoyé : 23/02/2017 11 :40 À :
amelielamotte@orange.fr
Objet : TR: Demande d'informations
Bonjour Madame,
N'étant pas médecin ni référent
sur cette thématique, je ne serai pas en mesure de répondre
à votre entretien. J'ai fait suivre votre demande auprès du
médecin référent de la thématique
gynécologie obstétrique pour l'Ars mais cette personne
étant basée à Rouen et très occupée par les
échéances auxquelles elle doit répondre en cette
année 2017, il n'est pas certain qu'elle puisse répondre
favorablement à votre requête. Elle vous communiquera certainement
sa réponse.
Cordialement
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Cette grille d'entretien rassemble les questions que j'ai
posées aux acteurs. Ces entretiens s'inscrivent dans le cursus de mon
mémoire de Master de Géographie Aménagement et
Recompositions Territoriales, effectué à l'Université de
Caen. Mon mémoire s'intitule «La fermeture des
maternités en Basse-Normandie ».
Ce guide d'entretien peut être amené à
être modifié selon les acteurs et le temps imparti. Les personnes
enquêtées peuvent si elles le souhaitent, restées
anonymes.
Les acteurs rencontrés seront enquêtés
sur les sites de quatre maternités : Falaise, Vire &
Cricqueboeuf. Elles ont fermé récemment (entre 2013 et
2016). L'échelle abordée sera donc communale mais
également départementale et régionale.
Questions générales :
- Depuis combien de temps êtes-vous maire ? - Avez-vous
d'autres fonctions ?
La fermeture des maternités :
- Que pensez-vous de la fermeture des
maternités ces dernières années dans notre région ?
Et dans votre ville ?
- Quel a été l'élément
déclencheur de la fermeture ?
- Pensez-vous que la fermeture de la maternité
était inévitable ? - Comment avez-vous
réagit à cette fermeture ?
Population et accessibilité :
- Comment la population a-t-elle réagit ?
(collectif, pétition) - Que sont devenus les locaux de
la maternité ?
- Pensez-vous que les centres périnatals de
proximité soit une bonne idée ? Satisfont-ils les
besoins de la population (personnel disponible, horaires
d'ouverture, accessibilité) ?
Distances, temps entre domicile des patients et services
:
- Avez-vous connaissance de femmes ayant
accouché à leur domicile ou sur le
trajet à cause de la fermeture?
- Enfin, selon vous, la fermeture de la maternité
a-t-elle eu des conséquences dans la dynamique
votre ville et son avenir ?
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108
Figure 32: Questionnaire pour les entretiens avec les
maires
Cette grille d'entretien rassemble les questions que je
souhaite poser aux acteurs clés de la santé, des élus, des
journalistes et des collectifs. Ces entretiens s'inscrivent dans le cursus de
mon mémoire de Master de Géographie Aménagement et
Recompositions Territoriales, effectué à l'Université de
Caen. Mon mémoire s'intitule «La fermeture des
maternités en Basse-Normandie ».
Ce guide d'entretien peut être amené à
être modifié selon les acteurs et le temps imparti. Les personnes
enquêtées peuvent, si elles le souhaitent, restées
anonymes.
Les acteurs rencontrés seront enquêtés
sur les sites de deux maternités, celles de Falaise et
Vire. J'ai choisi ces maternités car elles ont fermé
récemment (entre 2013 et 2015). L'échelle abordée sera
donc communale mais également départementale et
régionale.
Questions générales :
- Depuis combien de temps êtes-vous gynécologues ?
Sage-femme ? La fermeture des maternités :
- Que pensez-vous de la fermeture des
maternités ces dernières années ? Sont-elles
justifiées?
- Quel a été l'élément
déclencheur de la fermeture?
- Pensez-vous que la fermeture était
inévitable ?
- Selon vous quelles sont les causes de ces
fermetures ?
- Comment expliquez-vous la difficulté des
maternités pour recruter des gynécologues ou des
anesthésistes par exemple?
- Que pensez-vous du rôle de l'ARS dans
ces fermetures et ces restructurations ?
Population et accessibilité :
- Pensez-vous que les centres périnatals de
proximité soient une bonne idée ?
- Satisfont-ils les besoins de la population
(personnel disponible, horaires d'ouverture, accessibilité,
soins dispensés) ?
- Avez-vous connaissance de femmes ayant accouché
à leur domicile ou sur le trajet ?
Le devenir :
- Que sont devenus les locaux du service
maternité ?
- Enfin, selon vous, la fermeture de la maternité a-t-elle
eu des conséquences dans la dynamique de la ville (son
image) et sur l'avenir de l'hôpital ?
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109
Figure 33: Questionnaire pour l'entretien avec le
gynécologue de Vire et les sages-femmes de Vire et Falaise
Cette grille d'entretien rassemble les questions que je
souhaite poser aux acteurs clés de la santé, des élus, des
journalistes et des collectifs. Ces entretiens s'inscrivent dans le cursus de
mon mémoire de Master de Géographie Aménagement et
Recompositions Territoriales, effectué à l'Université de
Caen. Mon mémoire s'intitule «La fermeture des
maternités en Basse-Normandie ».
Ce guide d'entretien peut être amené à
être modifié selon les acteurs et le temps imparti. Les personnes
enquêtées peuvent, si elles le souhaitent, restées
anonymes.
Les journalistes rencontrés sont
enquêtés sur les sites de deux maternités, celles de
Coutances et Falaise. J'ai choisi ces territoires car ce sont
les seuls journalistes qui ont souhaité me répondre.
L'échelle abordée sera donc communale mais également
départementale et régionale.
Journalistes :
Questions générales :
- Quelles sont les limites géographiques de votre
journal ? Depuis combien de temps êtes-vous journaliste dans la
région ?
La fermeture des maternités :
- Que pensez-vous de la fermeture des maternités ?
Selon vous quel a été l'élément déclencheur
d'après vos articles?
- Pensez-vous que la fermeture de cette maternité
était inévitable ?
La population et l'accessibilité :
- La population a-t-elle réagit ?
comment ? (collectif, pétition...)
- Avez-vous connaissance de femmes ayant
accouché à leur domicile ou sur le
trajet (articles)?
Si oui : cela est-il de plus en plus fréquent
?
Le devenir :
- Enfin, selon vous, quelles modifications
ont entrainé les fermetures de maternité ?
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110
Figure 34: Questionnaire pour les entretiens avec les
journalistes
![](La-fermeture-des-maternites-en-Basse-Normandie-etat-des-lieux-et-causes-des-fermetures30.png)
111
Figure 35: Article de presse "Le Monde" sur la fermeture de
la maternité de Vire
![](La-fermeture-des-maternites-en-Basse-Normandie-etat-des-lieux-et-causes-des-fermetures31.png)
112
Figure 36: Interview d'Eric Macé aux Nouvelles de
Falaise. (Lecoq P., « Dossier hôpital de Falaise », in Les
Nouvelles de Falaise, le
19 juillet 2015)
113
![](La-fermeture-des-maternites-en-Basse-Normandie-etat-des-lieux-et-causes-des-fermetures32.png)
La fermeture des maternités en Basse-Normandie :
État des lieux et causes des
fermetures
Résumé :
En 2013, 780 000 enfants sont nés en France, 15 500 de
ces naissances étaient domiciliés
en Basse-Normandie. Entre 1989 et 2017, dix-huit
maternités ont fermé. Aujourd'hui, la Basse-Normandie compte onze
maternités. Les politiques de santé de ces dernières
années ont poussé les ARS à réorganiser les
territoires de santé, et ainsi, à modifier les structures de
santé et la pratique de ses usagers. Certaines parturientes n'ont pas de
maternités à moins de quarante-cinq minutes. Pourquoi les
maternités ont-elles fermées ? Quels critères entrent en
jeu ? Les objectifs de mon mémoire sont de démontrer que
l'accessibilité aux soins peut-être géographique, social et
financière. J'étudie les cohérences politiques mises en
place, afin de voir si elles sont en adéquation avec les besoins des
habitants et de la démographie actuelle, et j'évoque les
conséquences de ces fermetures sur les établissements de
santé.
Mots clés : politiques territoriales,
restructuration, système de santé, accessibilité, services
de proximité.
The closure of maternity in Lower Normandy: state of play
and the causes of
closure
Abstract:
In 2013, 780 000 children were born in France, 15 500 of these
births were domiciled in Lower Normandy. Between 1989 and 2007, twelve
maternities have closed. Today, Lower Normandy has eleven maternities. The
health policies of recent years have prompted the ARS (Agence Régionale
de Santé in French) to reorganize the health territories, and so to
change the health structures and the practice of its users. Some expectants
mothers have no maternity within forty-five minute drive from their home. Why
have maternity wards closed? What criteria are involved? The objectives of my
research are to demonstrate that access to care can be of several forms:
geographical, social but also financial. I will study the implementation of the
political coherences in order to review the adequacy with the needs of the
inhabitants and the current demography. With the following I will study the
matter of the closures in various scales.
Keywords: territorial policies, restructuring,
health care system, affordability, proximity services.
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