SECTION II : POLITIQUE BUDGETAIRE EN UNION
MONETAIRE
La politique économique est généralement
définie comme le domaine d'intervention des pouvoirs publics dans la
régulation de l'économie. Guerrien (2000) analyse celle-ci comme
« la branche des théories économiques qui traite des
diverses façons dont l'Etat peut intervenir pour infléchir la
conjoncture, notamment en ce qui concerne l'évolution de la production
et du niveau des prix ». Traditionnellement, la politique
économique retient quatre objectifs principaux (la croissance, le
plein emploi, la stabilité des prix et l'équilibre
extérieur) que les économistes appellent depuis les travaux
de Kaldor (1971) le carré magique. Le graphique n°3 permet
d'illustrer la représentation.
Graphique 4 : Carré magique de Nicola Kaldor
CROISSANCE ECONOMIQUE
PLEIN EMPLOI
EQUILIBRE EXTERIEUER
INFLATION
Lorsque l'on aborde les moyens d'action de l'Etat sur
l'économie, on oppose généralement la politique
conjoncturelle dont l'horizon est le court terme à la politique
structurelle dont les effets se font sentir à moyen et long terme. Les
politiques conjoncturelles s'appuient sur la politique budgétaire
(dépenses etrecettes de l'Etat) dont les instruments utilisés
sont alors les investissements publics, les impôts, les subventions et
aides diverses et plus généralement le solde budgétaire
(il s'agit surtout d'un déficit) et la politique monétaire dans
une certaine mesure.
Dans cette section, il est question évidemment
d'examiner tour à tour les controverses théoriques sur la
politique budgétaire, ensuite les choix de politiques budgétaires
suivant la conjoncture en union monétaire et enfin d'étudier les
caractères cycliques des politiques nationales.
II.1- Généralités sur la politique
budgétaire
On distingue en général plusieurs types de
politiques conjoncturelles qui se réfèrent aux phases d'expansion
et de récession. On parle alors de politique de relance (expansion) ou
de politique de stabilisation (récession). La politique de relance
cherche à stimuler la demande afin que les entreprises produisent
davantage et embauchent plus. La politique de stabilisation est
généralement une politique de lutte contre l'inflation. Il
s'agit d'une politique d'austérité budgétaire. La
fonction de stabilisation des politiques budgétaires reste encore une
préoccupation des économistes et des décideurs politiques.
Beaucoup d'études montrent l'évidence que ces politiques
révèlent des caractères pro- cycliques11 dans
les pays en développement (Demirel, 2010) et parfois contra-
cycliques12 dans certains développés (Huart, 2011).
II.1.1- L'analyse keynésienne de la politique
budgétaire
Les analyses keynésiennes ont donné une
justification théorique à l'idée montrant que
l'utilisation du budget pouvait influencer la demande des agents
11 Une politique budgétaire est alors
pro-cyclique lorsqu'elle tend à accentuer les fluctuations de
l'activité. Par exemple, une politique de baisse d'impôt dans une
phase de forte croissance, ou une politique de consolidation budgétaire
en bas de cycle sont des politiques pro-cycliques.
12 Une politique budgétaire est
contra-cyclique lorsqu'elle permet d'amortir les fluctuations de
l'activité à
l'origine d'inefficacité économique et de
coûts sociaux.économiques (consommation des ménages,
investissement des entreprises). Le budget des Etats peut donc être
utilisé dans le cadre d'une politique de régulation de la
conjoncture. Toutefois il ne faut pas perdre de vue que cette régulation
peut jouer dans deux sens. En cas de sous-emploi (situation où le
chômage est important), l'Etat se doit de mener une politique de relance
afin d'augmenter la demande effective. En situation inflationniste ou de
déficits extérieurs importants), il doit mener une politique
d'austérité budgétaire. Les déséquilibres
apparaissent aussi lorsque le marché est défaillant (optique de
rigidité ou de flexibilité des prix), les effets de demande sont
captés par le canal du multiplicateur keynésien contrairement
à la logique néoclassique pour les interventions de l'Etat.
Ainsi, la théorie keynésienne s'oppose à celle
néo-libérale, car les pouvoirs publics sont à même
de soutenir la demande des agents lorsqu'elle est déprimée par
une politique relance ; où de la freiner par une politique
d'austérité budgétaire.
Si l'objet de la politique économique est de faire
passer l'économie d'un équilibre de sous-emploi vers un
équilibre de plein-emploi par une meilleure utilisation des facteurs de
production, alors cette recommandation pourrait susciter deux interrogations
majeures : d'une part, l'Etat peut-il intervenir constamment et dans des
proportions croissantes pour que l'économie ne s'écarte pas du
plein emploi ? D'autre part, l'Etat peut-il relancer l'économie
sans causer une dégradation durable des finances publiques ? Ces
questions invitent alors à exposer l'approche néoclassique de la
politique budgétaire.
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