Année universitaire : 2019 - 2020
UNIVERSITE CADI AYYAD
FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES, ECONOMIQUES ET
SOCIALES MARRAKECH
Mémoire présenté pour l'obtention
du Master Economie de l'Energie et de la Finance
Thème
Spécificité des actifs et Structure
financière
Présenté par :
SOUFYANE BOUJANE
Sous la direction du:
Professeur Mohamed HAMDAOUI
Membre du jury :
Professeur Mohamed HAMDAOUI, université CADY AYYAD,
Président.
Professeur Brahim BOUAYAD, université CADY AYYAD,
membre.
Professeur Salah Eddine KARTOBI, université CADY AYYAD,
membre.
Professeur Mohamed EL HOURMI, université CADY AYYAD,
membre.
~ 2 ~
Résumé
L'objectif de ce travail est d'analyser et de comprendre la
relation entre la spécificité des actifs et la structure de
financement des firmes. Dans le cadre théorique, la théorie
financière suggère, par le biais de la théorie des
coûts de transaction, que la spécificité des actifs affecte
négativement l'endettement financier des entreprises. En outre, le
recours au marché des capitaux pour financer un actif spécifique
engendre certains coûts liés à la recherche d'information
et à la signature des contrats de la dette, ce qui augmente le
coût d'endettement et par conséquent, baisse la valeur de la
firme. Ainsi, sur la base empirique, plusieurs études ont montré
l'effet négatif de la spécificité des actifs sur le levier
financier des entreprises. En effet, sur la base des données de panel de
25 entreprises marocaines non financières cotées à la
bourse des valeurs de Casablanca pendant la période 2011-2018, notre
travail montre que la spécificité des actifs, mesurée par
les actifs corporels rapportés à l'actif total, affecte
positivement le recours à l'endettement financier net des entreprises
marocaines.
Mots clés : Structure financière,
spécificité des actifs, théorie de financement, mode de
financement.
Dédicace
~ 3 ~
A mes parents, frère et soeurs.
~ 4 ~
Remerciement
Je tiens à remercier mes professeurs monsieur Mohamed
HAMDAOUI et monsieur Brahim BOUAYAD, professeurs à l'UNIVERSITE CADY
AYAD MARRAKECH, pour leurs encadrements et conseils pour la réalisation
de ce travail.
Je remercie aussi les membres du groupe de recherche GREEER et
toutes personnes qui m'ont apporté leurs concours et leur soutien pour
réaliser ce travail.
Je tiens à remercier la première promotion du
master Economie de l'énergie et de la finance pour la solidarité
et l'entre-aide.
Merci également à tous ceux qui de près
ou de loin ont contribué à la réalisation de ce
travail.
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~ 5 ~
Table des matières
Dédicace 3
Remerciement 4
Liste des tableaux 7
Liste des figures 8
Liste des abréviations 9
Introduction générale 10
Chapitre 1 : Spécificité des actifs et
structure financière : fondements théoriques 12
Introduction 12
Section 1 : Les fondements théoriques de la structure
financière 13
1.1.1 L'optimalité de la structure financière 13
1.1.2 L'apport de Modigliani et Miller 13
1.1.3 Les coûts d'agence et valeur d'une firme 17
1.1.4 Les théories modernes de financement de la firme
20
Section 2 : Spécificité des actifs : fondements
théoriques 24
1.2.1 La théorie des coûts de transaction 24
1.2.2 Spécificité des actifs et structure de
capital d'une firme 26
1.2.3 Résultats des études empiriques sur le choix
de financement d'un actif
spécifique 31
Conclusion 34
Chapitre 2 : La situation financière des
entreprises au Maroc : présentation du contexte
35
Introduction 35
Section 1 : Le financement des entreprises au Maroc 35
2.1.1 Les fonds propres 35
2.1.2 Financement par endettement 37
Section 2 : Analyse de la structure financière des
entreprises marocaines cotées 45
~ 6 ~
2.2.1 Analyse de la structure financière des entreprises
cotées 45
2.2.2 Analyse sectorielle de la structure financière des
entreprises marocaines
cotées 47
Conclusion : 48
Chapitre 3 : Effet de la spécificité des
actifs sur la structure financière : Essai de
vérification empirique 49
Introduction 49
Section 1 : Méthodologie et description de
l'échantillon 49
3.1.1 Méthodologie de recherche 49
3.1.2 Echantillon et choix de la variable 50
3.1.3 Estimation du modèle 56
Section 2 : Présentation et analyse des résultats
d'estimation 59
3.2.1 Présentation des résultats 59
3.2.2 Interprétation des résultats 59
Conclusion 61
Conclusion générale 62
Bibliographie 63
Annexes 68
~ 7 ~
Liste des tableaux
1.1 Les coûts d'agence entre le principal et l'agent
...17
1.2 Les résultats des principales théories de la
structure financière ...23
1.3 Les effets de la spécificité des actifs sur
l'endettement selon les modèles empiriques 34
2.1 Evolution des augmentations de capital
réalisées par les entreprises marocaines cotées
(2015-2018) (En millions de dirhams) .....37
2.2 Evolution de la dette bancaire des entreprises marocaines
non financières (en milliards de
dirhams) 39
2.3 Evolution de l'endettement financier des entreprises
marocaines non financières (en
milliards de dirhams) 39
2.4 Evolution des émissions obligataires des
entreprises marocaines (En millions de dirhams)
(2013-2017) .42
2.5 Evolution des émissions des emprunts obligataires
des entreprises marocaines cotées (2015-
2018) (en millions de dirhams) 42
2.6 La structure du bilan des entreprises marocaines non
financières cotées retenues (2015-
2018) (valeur moyenne en %) 45
3.1 Répartition des entreprises de l'échantillon
51
3.2 Mesure et codage des variables 54
3.3 Evolution et statistiques descriptives des variables 55
3.4 Matrice de corrélation 56
3.5 Synthèse des résultats empiriques 59
~ 8 ~
Liste des figures
1.2 Coût de financement et spécificité des
actifs 29
2.1 La décomposition de la dette bancaire des
entreprises marocaines non financières (2015-
2018) en % 40
2.2 Evolution de l'encours des facilités de
trésorerie accordées aux entreprises marocaines non
financières (en milliards de dirhams) 40
2.3 Evolution des émissions des titres de
créances négociables des entreprises marocaines
(2015-2018) (en millions de dirhams) ..43
2.4 Evolution des crédits bail accordés aux
entreprises marocaines non financières (2013-2018)
(en milliards de dirhams) ..44
2.5 Evolution de la structure financière des
entreprises retenues (2015-2018) ..46
2.6 Evolution sectorielle de la dette de financement des
entreprises marocaines non financières
cotées retenues (2015-2018) .47
~ 9 ~
Liste des abréviations
ACAPS : Autorité de Contrôle des
Assurances et de la Prévoyance Sociale
AI : Actif Immobilisé
AMMC : Autorité Marocaine Du
Marché Des Capitaux
AT : Actif Total
BAM : Bank Al-Maghrib
BSF : Bons Des Sociétés De
Financement
BT : Billets De Trésorerie
BVC : Bourse des Valeurs de Casablanca
CA : Chiffres d'Affaires
CCA : Comptes Courants d'Associés
CD : Certificat de Dépôt CP
: Capitaux Propres
CT : Court Terme
DF : Dettes de Financement
DFT : Dettes de Financement Total
LT : Long Terme
NTCI : Nouvelles Technologies de Communication
et d'Information
PME : Petites Moyennes Entreprises
RN : Résultats Nets
R&D : Recherche &
Développement
SA : Spécificité des Actifs
TA : Trésorerie Actif
TP : Trésorerie Passif
TVP : Titres et Valeurs de Placement
~ 10 ~
Introduction générale
Les travaux réalisés dans le cadre de la
théorie financière ont fait, au cours de ces dernières
décennies, des progrès considérables. Ces travaux ont
été focalisés sur l'étude des décisions
financières des entreprises en dehors et au sein du marché
financier. En effet, dans le cadre de la structure financière et de la
création de la valeur, l'objectif indispensable de chaque recherche
théorique ou empirique est d'étudier et expliquer les principaux
facteurs et déterminants des décisions financières d'une
firme en fonction des attentes et des réactions du marché.
En effet, dans un premier temps et sur la base de
l'hypothèse des marchés parfaits, Modigliani et Miller (1958) ont
montré que la structure financière d'une firme est
indépendante de sa valeur. Ces conclusions ont été
annulées sur la base de la publication de leur deuxième article
en 1963, en concluant que la valeur d'une firme est dépendante de la
manière dont elle finance ses activités. Ces résultats ont
été argumentés par l'effet de la variable fiscale sur le
recours à l'endettement. Modigliani et Miller (1963) affirment que la
valeur d'une firme endettée est égale à la valeur d'une
firme non endettée majorée de la valeur actuelle des
économies fiscales engendrées par le recours à
l'endettement.
Dans cette optique, la remise en cause des hypothèses
de la neutralité et celles de la dépendance de la structure
financière d'une firme à sa valeur offrent l'opportunité
à l'émergence de nouvelles théories explicatives des
décisions financières des firmes, telles que la théorie de
compromis, la théorie d'agence, la théorie de signal, la
théorie des préférences de financement et celle de Market
timing.
En effet, dans ce cadre et sur la base de la théorie
des coûts de transaction, Ronald Coase (1932) a expliqué la
question de l'existence d'une firme en se focalisant sur l'étude des
comportements des firmes, notamment, leur capacité à
réaliser leurs transactions en interne sans faire appel au
marché. En conséquence, il a soutenu que le fait d'internaliser
les transactions offre aux entreprises l'opportunité d'économiser
leurs coûts en évitant les coûts de recherche d'information
et ceux de signature des contrats sur le marché. En outre, les
explications des facteurs créateurs des coûts de transactions ont
fait l'objet des travaux d'Oliver Williamson (1975, 1985). En effet, dans ses
travaux, Williamson a fondé son analyse sur l'ensemble des facteurs qui
contribuent à la création de ces coûts en se basant sur
l'hypothèse de rationalité limitée et celle de
l'opportunisme. En outre, il a intégré la notion de la
spécificité des actifs comme un facteur principal
déterminant du niveau des coûts de transaction.
~ 11 ~
En effet, dans le cadre d'une décision
financière, le degré de spécificité d'un actif
entraine des coûts de transaction élevés lors d'une
mobilisation vers d'autres fins. En revanche, le recours au marché pour
financer un investissement spécifique engendre des coûts
liés à la recherche d'information et à la signature du
contrat de la dette. Donc, une externalisation de la transaction, en
matière d'une décision financière, entraine une
augmentation des coûts de financement et par conséquent une
diminution de la valeur de la firme.
En conséquence, pour minimiser ces coûts, la
théorie financière affirme, par le biais de la théorie des
coûts de transaction, que les entreprises doivent internaliser leurs
transactions en se finançant par leurs capitaux propres.
A ce niveau, l'objet de notre travail est d'étudier la
relation existante entre la spécificité des actifs et la
structure financière des firmes. Dans cette perspective, nous supposons
que la spécificité des actifs affecte négativement la
structure financière des firmes et par conséquent, il est
essentiel de mentionner que les travaux réalisés jusqu'à
maintenant dans le cadre marocain sont rares ou inexistants.
Problématique de la recherche :
? Dans quelle mesure le degré de spécificité
d'un actif détermine la structure financière des firmes
marocaines ?
De ce fait, notre travail sera structuré de la
manière suivante :
Dans un premier chapitre, nous allons présenter une
revue de littérature des principales théories explicatives de la
structure financière des firmes. Dans un deuxième chapitre, nous
essayerons de faire une analyse explicative de la situation financière
des entreprises marocaines en se concentrant sur leurs principaux modes de
financement.
Dans un troisième chapitre, nous allons étudier
l'effet de la spécificité des actifs comme un déterminant
de la structure financière à partir d'une estimation sur les
données de panel de 25 entreprises marocaines non financières
cotées pendant la période de 2011-2018.
~ 12 ~
Chapitre 1 : Spécificité des actifs et
structure financière : fondements théoriques
Introduction
Au cours de ces dernières années, de nombreuses
études et recherches ont été réalisées pour
expliquer la structure financière des firmes. Ces études
suggèrent que les firmes ont intérêt à choisir une
structure du capital en fonction des coûts et des avantages
associés à chaque source de financement. En revanche, la
théorie classique (Durand, 1952) a soutenu que la firme a
intérêt à s'endetter au maximum pour atteindre une valeur
maximale. Selon les tenants de cette théorie, le ratio d'endettement
optimal est lié à la limite d'endettement qui maximise le
rendement des actionnaires. Outre, Modigliani et Miller (1958, 1963) ont pris
la fiscalité comme facteur déterminant du niveau d'endettement.
Ils suggèrent que les entreprises ont intérêt à
augmenter leurs parts de dette financière au maximum pour profiter de la
déductibilité des charges financières. Cette
opération a pour effet d'augmenter la valeur de l'entreprise en ajoutant
la valeur actuelle des économies d'impôt à la valeur de la
firme. Cependant, la prise en compte des coûts de faillite impose aux
firmes de faire un arbitrage entre les coûts et les avantages de la
dette.
Les études empiriques dans ce domaine ont
affirmé l'existence d'un nombre de déterminants de la structure
du capital, autre que la fiscalité et le risque de faillite. Notamment,
les garanties, la taille des entreprises, les possibilités de
croissance, la profitabilité... etc. Dans ce cadre, la théorie
des coûts de transaction soutient que le caractère
spécifique des actifs à financer détermine leurs
structures de capital. Williamson (1985) a soutenu que la
spécificité des actifs affecte la structure du capital des firmes
par le biais des coûts de transaction et donc la valeur de la firme.
Le présent chapitre est composé de deux
sections, il a pour objet de présenter une revue de littérature
des principaux fondements théoriques et empiriques des
déterminants de la structure financière. La première
section s'articule autour des fondements théoriques de la structure
financière des firmes. La deuxième section sert à
présenter une description théorique et empirique de la
théorie des coûts de transaction, précisément, la
spécificité des actifs.
~ 13 ~
Section 1 : Les fondements théoriques de la
structure financière
1.1.1 L'optimalité de la structure
financière
Selon les adeptes de la théorie classique, le choix
d'une structure optimale a un effet positif sur la valeur de l'entreprise.
David Durand (1952) affirme que la maximisation de la valeur d'une firme
dépend de la manière dont elle finance ses activités. En
effet, toute augmentation de la dette financière implique une
augmentation de la rentabilité financière des bailleurs de fonds
(levier financier). En revanche, les tenants de cette théorie
soutiennent que le taux de rentabilité des fonds propres de la firme
varie avec le risque financier associé au degré d'endettement.
Ils stipulent que la firme a intérêt à augmenter sa dette
financière au maximum, si et seulement si, cette augmentation maximise
la rentabilité financière1 des investisseurs.
En effet, au fur et à mesure que l'entreprise augmente
sa part de la dette, le coût moyen pondéré du capital
diminue. Celui-ci représente la part de chaque ressource (capitaux
propres ou dette) par rapport aux ressources totales. A une limite
précise, les bailleurs de fonds deviennent exigeants en termes de
rémunération. Cette situation a pour effet d'augmenter le
coût moyen de financement et donc de baisser la valeur de
l'entreprise.
Malgré son importance comme étant une
théorie de base portant sur la structure financière des firmes,
la théorie du bénéfice net d'exploitation de David Durand
(1952) reste incomplète en termes d'analyse de l'indépendance de
la structure financière. En effet, le développement
théorique du débat sur la neutralité de la structure
financière sur la valeur de la firme a été exposé
plus tard par Modigliani et Miller (1958).
1.1.2 L'apport de Modigliani et Miller
1.1.2.1 La neutralité de la structure
financière
La question de l'indépendance de la structure
financière a été démontrée pour la
première fois par Modigliani et Miller (1958). Dans leurs fameux
travaux, ils affirment que la valeur d'une firme est indépendante de sa
structure financière2. Pour démontrer leur
thèse, ils supposent que :
1 Effet de levier
2C'est-à-dire que la valeur d'une entité
ne dépende pas la manière dont elle finance ses
activités.
~ 14 ~
y' Les marchés sont parfaits (pas d'asymétrie
d'information 3, pas de coût de transaction et que les
entreprises ont un accès illimité aux ressources
financières) y' Pas de coût de faillite.
y' Pas d'impôt sur les bénéfices.
Suivant ces hypothèses, Modigliani et Miller (1958)
considèrent deux firmes strictement identiques (même
bénéfices futures, même secteur d'activité, ainsi,
qu'elles font face au même niveau de risque) sauf en ce qui concerne
leurs structures financières. La première est entièrement
financée par les capitaux propres et l'autre se finance par une
combinaison des capitaux propres et de la dette. En suivant un raisonnement
d'arbitrage, qui consiste à acquérir un titre sur le
marché où le cours boursier est bas et le revendre
simultanément quand son cours est élevé, les investisseurs
réagissent de la même manière jusqu'un moment où les
prix deviennent identiques. Donc, les valeurs des deux firmes deviendront
égales.
En effet, plusieurs chercheurs ont essayé
d'étudier les effets des décisions financières sur la
valeur d'une firme. Biljana (2015) a constaté que les résultats
financiers des entreprises macédoniennes sont affectés
directement par leurs structures financières sur une période
entre 2000-2009 et 2013-2014. En outre, il atteste que la taille de
l'entreprise et les opportunités de croissance sont liées
positivement avec le levier financier. D'autre part, Fathi et Gailly (2003) ont
démontré sur un échantillon de 351 entreprises belges que
l'endettement affecte positivement la rentabilité, tant qu'il affecte
négativement la croissance. Au contraire, Adair (2014) sur un
échantillon de 2370 PME entre la période de 2000-2010, a
attesté qu'il y a une relation négative entre le taux
d'endettement et la profitabilité.
L'exposition de ces travaux empiriques implique la
non-vérification de l'explication de Modigliani et Miller (1958). Dans
ce cadre, Durand (1959) atteste que le résultat obtenu par Modigliani et
Miller est irréaliste dans un marché parfait où la valeur
des titres ne dépend pas seulement le résultat comptable
réalisé par la firme.
Ces critiques ont conduit Modigliani et Miller à revoir
leur proposition de neutralité en relâchant l'hypothèse de
la non-imposition en introduisant la variable fiscale sur les
bénéfices (Modigliani et Miller, 1963).
3C'est-à-dire que les marchés sont
efficients et que l'information disponible reflète le prix des titres en
question.
~ 15 ~
1.1.2.2 La non-neutralité de la structure
financière
La proposition principale des travaux de Modigliani et Miller
(1952) porte sur l'hypothèse de la perfection des marchés. La
vérification de cette hypothèse étant difficile à
réaliser, les développements théoriques des deux adeptes
portent principalement sur la théorie du ratio d'endettement optimal. La
firme fait un arbitrage entre les avantages et les coûts de
l'endettement. Dans ce cadre, Modigliani et Miller (1963) affirment que la
firme recourt à l'endettement lorsque les avantages fiscaux induits par
cette modalité de financement compensent ses coûts de
défaillance et donc l'existence d'une structure financière
optimale. Cette situation est confirmée par la théorie de
compromis (Baxter, 1967).
1.1.2.2.1 L'introduction de la variable
fiscale
La prise en compte de la fiscalité entraîne une
augmentation de la valeur du marché des entreprises. Cependant, la dette
bénéficie d'un traitement fiscal favorable grâce à
la déductibilité des charges financières. Dans ce cadre,
Modigliani et Miller (1963) attestent que la valeur d'une entreprise
endettée est égale à celle d'une entreprise non
endettée majorée de la valeur actuelle des économies
fiscales apportées par le financement par endettement. Celui-ci
réduit le coût réel du capital après impôts et
augmente la valeur de l'entreprise. Donc, la firme devrait augmenter sa dette
davantage pour profiter de ce gain. D'un autre côté, l'imposition
des personnes physiques entraine une disparition de l'avantage fiscal
lié à la déduction des charges financières. Miller
(1977) montre, sur la base de certaines conditions, que l'avantage fiscal
lié à l'endettement des entreprises sera compensé par le
désavantage fiscal lié à l'endettement au niveau des
individus.
Conformément au résultat de Modigliani et Miller
(1963), Savinag (2007) et Molay (2005) ont attesté que la
rentabilité a une corrélation positive avec l'endettement. Plus
la rentabilité est faible, moins l'entreprise recourt à
l'endettement. En outre, Bocar (2002) a affirmé que les entreprises
rentables, au Cameron, se financent en grande partie par l'endettement.
D'un autre côté, Levasseur et Olivaux (1981) ont
analysé l'effet de la fiscalité sur les entreprises
françaises entre 1926 et 1965, et attestent que la fiscalité est
favorable à l'endettement. De même, Ziane (1999) atteste, sur un
échantillon de 2267 PME françaises, que la structure
d'endettement n'est pas neutre. Ils ont démontré que la
fiscalité, l'existence des garanties, les perspectives de croissance et
le coût de l'endettement affectent l'endettement de
~ 16 ~
ces entreprises. Ainsi, Colot et Croquet (2007)
démontrent sur la base d'une étude faite pour expliquer les
déterminants de la structure financière des entreprises belges,
que ces entreprises augmentent leurs parts de la dette financière dans
leurs passifs lorsque la taxe augmente.
1.1.2.2.2 Les coûts de faillite et valeur d'une
firme
Grâce aux économies fiscales, la dette
représente un facteur créateur de la valeur pour les firmes. Ce
résultat est justifié par des nombreuses recherches
étudiants l'avantage de la dette en termes fiscal. Mais, au fur à
mesure, que l'entreprise s'endette, le risque d'insolvabilité commence
à se manifester et les créanciers exigent une prime de risque sur
leurs fonds ce qui engendre une augmentation du coût d'endettement.
L'atteinte de cette situation implique l'émergence des
difficultés financières génératrices de la
faillite. Ce qui fait de la dette un facteur destructeur de la valeur. Dans ce
cadre, la théorie financière confirme, grâce à la
théorie de compromis, l'existence d'une structure du capital optimale
permettant à l'entreprise de minimiser les coûts de faillite toute
en maximisant sa valeur.
Notons qu'à un certain niveau, les entreprises qui
choisissent de se financer par une combinaison entre les capitaux propres et la
dette sont capables d'atteindre une valeur maximale. A ce stade, la
théorie de compromis implique un arbitrage entre les avantages
fiscaux4 engendrés par l'endettement et les coûts de
faillite observés par le marché en cas d'incapacité
d'honorer leurs engagements. Cette situation implique que la firme choisit un
niveau d'endettement optimal qui minimise les coûts de faillite et
maximise sa valeur.
Conformément au résultat de Modigliani et Miller
(1963), plus une entreprise est rentable plus elle a intérêt
à s'endetter d'avantage pour profiter des économies fiscales.
Salloum et Azoury (2008) attestent qu'il existe une relation négative
entre la détresse et le système de gouvernance de l'entreprise.
Adair (2014) affirme sur la base d'une étude réalisée sur
2370 PME françaises entre 2000 et 2010, que les crédits
interentreprises influencent positivement le recours aux crédits
bancaires. Les institutions financières considèrent que
l'entreprise disposant d'une part importante de la dette a une capacité
de remboursement importante. Ainsi, sur un échantillon de 1520
entreprises françaises pendant une durée de 5 ans, Adair et
Adaskou (2011) affirment selon l'application de la théorie de compromis
l'existence d'une relation négative entre l'âge et le levier
financier. En outre, Colot et Croquet (2007) confirment la validité de
la théorie de compromis sur une étude réalisée sur
les entreprises belges et selon celle-ci la taille
4Notons que cette situation ne pourra
réellement être que si l'entreprise dégage un
résultat d'exploitation positif avant impôt.
~ 17 ~
est un signal positif. Plus la taille de l'entreprise est
grande, plus elle diversifie ses activités et moins le risque de
faillite apparaît. Ainsi, ils attestent que la taxe, l'existence des
actifs tangibles et la profitabilité ont une relation positive avec
l'endettement tant que les opportunités de croissance influencent
négativement la dette grâce aux divergences d'intérêt
entre les dirigeants et les actionnaires.
1.1.3 Les coûts d'agence et valeur d'une firme
1.1.3.1 Les coûts d'agence
La firme est un agent économique qui englobe un
ensemble d'individus aux objectifs divergents, conflictuels et un niveau
différent d'information. Ce raisonnement implique l'existence des
coûts supplémentaires supportés par cette entreprise. Selon
Jensen et Meckling (1976), les comportements de ces agents (dirigeants,
actionnaires et les créanciers) influencent les décisions
financières et de gouvernance des entreprises. Dans leur apport, une
relation d'agence peut être définie comme étant un contrat
selon lequel une ou plusieurs personnes (le principal) engagent une autre
personne (l'agent) pour effectuer un service en leur nom qui implique une
délégation de décision faisant l'autorité
qualifiée au mandataire (Jensen et Meckling, 1976).
En effet, selon la théorie classique, les individus
cherchent toujours à atteindre un niveau maximal d'utilité. A
l'intérieur de l'entreprise, si la relation qui englobe les deux parties
(principal-agent) se base sur la maximisation de l'utilité individuelle,
il y a de bonnes raisons de croire que l'agent n'agit pas toujours au profit du
principal. Cette relation du principal-agent exige des coûts
supportés par le mandant.
Tableau (1.1) : Les coûts d'agence entre le
principal et l'agent
Coûts
|
|
|
Objectifs
|
Coûts contrôle
|
de
|
?
|
Supporter par le principal pour limiter les activités
aberrantes de l'agent.
|
Coûts liaison
|
de
|
?
|
A la dépense de l'agent pour justifier la qualité
de ses décisions.
|
Coûts résiduels
|
?
|
Prise en charge par la firme pour compenser la perte de valeur
exprimée par un coût d'opportunité.
|
Réaliser sur la base des notes prises de l'article
de Jensen et Meckling « Theory of the firm: managerial behavior,
agency costs and ownership structure», Journal of Finance Economics, July
1976, pp. 305-360.
~ 18 ~
Dans ce cadre, Harris et Raviv (1991) ont résumé
la nature de la relation d'agence en deux catégories :
? Relations d'agence entre les actionnaires et les
gestionnaires
La relation d'agence existante entre ces agents
(actionnaire-gestionnaire) crée des conflits d'agence du fait qu'ils
cherchent à maximiser leurs intérêts personnels. Les
gestionnaires profitent de la situation managériale offerte par les
actionnaires pour satisfaire leurs propres intérêts au lieu de
l'intérêt général. Dans ce cadre, Jensen et Meckling
(1976) affirment que la participation du manager dans le capital de
l'entreprise influence son comportement. Plus la part du gérant est
importante dans le capital de l'entreprise, plus il consacre des efforts
importants à des activités créatrices de valeur et plus il
agit pour maximiser sa fonction d'utilité5. Ainsi, lorsqu'il
cède une partie de sa part, il prend en charge juste une partie des
coûts de prestation qu'il exerce6. Ce qui pousse les
actionnaires à payer des coûts de surveillance pour le surveiller.
D'autre part, Harris et Raviv (1990) exposent que la dette est un moyen de
contrôle des décisions aberrantes des gestionnaires. Ils affirment
que les dirigeants préfèrent l'exploitation des activités
actuelles de l'entreprise et les actionnaires préfèrent la
liquidation7 de l'entreprise en cas de faillite. Cette divergence
d'intérêts induit des coûts d'agence8 affectant
la valeur de la firme.
? Relations d'agence entre les actionnaires et les
créanciers
Le recours à l'endettement réduit les
coûts d'agence provenus de la divergence d'intérêts entre
les dirigeants et les actionnaires. Cependant, la dette engendre d'autres
coûts liés à la divergence d'intérêts entre
les actionnaires-propriétaires et les débiteurs. Ces conflits
sont nés du fait que le contrat de la dette incite les actionnaires
à investir de manière sous optimale ce qui va réduire
leurs revenus futurs (Jensen et Meckling, 1976). Cette action n'est pas
compatible avec les objectifs personnels des actionnaires. Les dirigeants
profitent de leur situation en gonflant les résultats à
distribuer afin de tirer plus de gains présents. En cas de faillite,
ces
5 En cas inverse, le gestionnaire dépense plus
d'argent sous forme d'avantage indirect.
6 Dans le cas où le marché anticipe
ce genre de comportement, le propriétaire supporte la totalité
des coûts, c'est-à-dire que, les actionnaires paient un prix
d'actions égale au prix de surveillance.
7 En cas auquel l'entreprise dispose d'un actif
immobilisé chère, sa valeur devient plus chère au
marché, c'est pour cela les actionnaires préfèrent la
liquidation au lieu de la réorganisation.
8 Coûts de surveillance, de liaison et
résiduels.
~ 19 ~
décisions détruisent les intérêts
des créanciers dont la valeur liquidative de l'entreprise peut
être inférieure à celle de ses dettes.
En effet, Mélécot (1991) affirme que la
situation de faillite ne représente qu'un simple transfert de direction
de l'entreprise des mains des actionnaires vers ceux des créanciers. Ce
raisonnement implique l'existence des problèmes d'agence lors de la
rédaction du contrat9de la dette (coûts implicites,
explicites et de contrôle). Dans le même cadre, Feudjo et Tchankam
(2012) ont attesté que ces problèmes d'agence peuvent être
éliminés lorsque le dirigeant a un aspect relationnel avec les
créanciers. Selon les deux auteurs, l'aspect relationnel permet à
l'entreprise de financer ses affaires en cas de détresse
financière.
1.1.3.2 Structure financière optimale en
présence des coûts d'agence
La résolution historique de ces conflits d'agence est
attachée aux travaux de Jensen et Meckling (1976), Stulz (1990) puis
Harris et Raviv (1990, 1991). Pour Jensen et Meckling (1976), ils
suggèrent que la participation du gérant dans les capitaux
propres de l'entreprise réduit les coûts d'agence. D'un autre
côté, ils proposent que le recours à l'endettement donne un
avantage aux actionnaires en leur donnant la chance de forcer la liquidation si
les flux de trésorerie sont faibles par rapport à la valeur de la
dette. Ceci incite les gestionnaires à doubler l'effort, pour ne pas
tomber dans cette situation en supposant que ces derniers supportent les
coûts de la perte d'emploi. Stulz (1990) a affirmé dans ce cadre
que les gestionnaires préfèrent investir tous les fonds
disponibles (le surinvestissement) dans des projets rentables et sûrs
d'une préoccupation pour leur réputation10. Ainsi, le
paiement de la dette, en cas de financement par emprunt, limite leur
comportement aberrant.
Ce résultat est confirmé par Harris et Raviv
(1991), en affirmant que le recours à l'endettement est la solution
optimale pour réduire cette divergence d'intérêts existante
entre les dirigeants et les actionnaires. En effet, la dette est un moyen
permettant à l'entreprise de résoudre ses conflits d'agence.
Empiriquement, ces deux auteurs ont attesté que les entreprises dont la
valeur de liquidation la plus élevée (en fonction d'actifs
disponibles) ont un niveau d'endettement dominant par rapport aux autres
entreprises.
9Dans ce cadre, Mélécot atteste que
le contrat de la dette prévoit que si un investissement produit un grand
bien au-dessus de la valeur nominale de cette dette, les actionnaires captent
l'essentiel du gain.
10 Cet effet influence le comportement
négatif des gérants en terme de choix de projets, à leur
opinion, le choix d'un investissement moins risqué est optimal sur la
base des commentaires réaliser par le marché de travail (En cas
de succès ou d'échec de ce projet) en tenant en compte la
corrélation positive entre le sucé et la réputation.
~ 20 ~
Enfin, selon le modèle de Jensen et Meckling (1976),
une structure du capital est optimale lorsque les coûts d'agence sont
à leurs minimums. Harris et Raviv (1991) ont confirmé ce
résultat en soutirant qu'une structure du capital est
déterminée en négociant les coûts d'agence de la
dette contre les bénéfices de celle-ci.
A ce stade, plusieurs études ont été
réalisées pour confirmer la relation entre la dette et les
coûts d'agence. Adair et Adaskou (2011) attestent, sur la base d'un
échantillon composé de 1520 entreprises françaises pendant
une durée de 5 ans, que la relation positive existante entre le taux
d'investissement et celui d'endettement est expliquée par l'existence
des conflits d'agence et de l'asymétrie informationnelle entre les
dirigeants et les créanciers de l'entreprise. Outre, Colot et Croquet
(2005) démontrent que les opportunités de croissance influencent
négativement l'endettement, ce qui explique l'existence des divergences
d'intérêts entre les actionnaires et les créanciers.
1.1.4 Les théories modernes de financement de la
firme
Dans un contexte simplifié (marché parfait, pas
de coûts d'information, d'agence et de faillite et pas de
fiscalité), la structure financière d'une firme n'a pas d'impact
sur sa valeur. Cette dernière ne dépend que des décisions
de production réalisées par la firme, et donc l'entreprise a
intérêt à s'endetter au maximum. Mais grâce aux
problèmes d'asymétrie d'information, ce résultat ne peut
être réalisé. A cet effet, la théorie
financière moderne montre grâce aux travaux réalisés
par Ross (1977) que l'asymétrie d'information est une variable qui
affecte négativement la création de la valeur et les
décisions financières des dirigeants. D'autre part, Leland et
Pyle (1977) affirment que la participation du dirigeant dans le capital de la
firme représente un signal positif qui informe les autres acteurs sur sa
qualité. En outre, Myers et Majluf (1984) proposent une
hiérarchie de financement dont l'objectif est la minimisation des
coûts d'asymétrie d'information existante entre les acteurs
internes et externes d'une firme. En plus, Beker et Wurgler (2002) ont
étudié l'impact des comportements des investisseurs au sein d'un
marché financier pour expliquer l'effet de ceux-ci sur les
décisions financières des entreprises.
1.1.4.1 L'asymétrie d'information et
signalisation
Dans le modèle de Modigliani et Miller (1952),
l'hypothèse de la perfection des marchés n'est pas pertinente au
cas où les dirigeants ont plus d'information par rapports aux autres
tiers. Cette asymétrie d'information représente un obstacle
influençant le coût du capital, du fait que,
~ 21 ~
les dirigeants sont les plus informés sur les revenus
et les opportunités d'investissement futures de la firme. A ce stade, la
théorie du signal expose que les décisions financières
choisies par les dirigeants peuvent être considérées comme
un signal qui révèle les informations nécessaires aux
autres acteurs pour évaluer la qualité de la firme.
1.1.4.1.1 Le signal par endettement
Selon la théorie du signal, l'endettement
représente une variable créatrice de valeur. Ce constat est
interprété par le marché financier comme un signal positif
qui informe les partenaires externes sur la qualité de la firme. Toute
émission de dette augmente le prix du marché des actions de la
firme, les investisseurs pensent que la firme est solvable et donc elle a la
capacité de satisfaire ses engagements financiers. Ce
phénomène permet aux investisseurs de distinguer les bonnes et
les mauvaises firmes, en réduisant les coûts de la recherche
d'information dont la production est coûteuse.
Empiriquement, Adair (2014) affirme que la dette joue un
rôle de signal qui informe les créanciers sur la qualité de
la firme. Ces derniers ne disposent d'aucune information privée sur la
situation financière de l'entreprise. Ces études ont
montré que l'endettement est corrélé positivement avec les
garanties. Ces dernières représentent un signal positif pour les
banques, en considérant la firme autonome. Colot et Croquet (2007)
attestent que les possibilités d'accès à l'endettement
sont données par l'effet taille qui permet à l'entreprise de
diversifier ses activités et devenir rentable.
Contrairement à ce raisonnement, Gabillon (2000)
affirme que la qualité d'une firme est liée davantage aux
dividendes versés qu'aux revenus de la dette. Il démontre que
l'émission d'actions est plus efficace pour inciter les agents à
s'informer davantage afin d'acquérir les actions de la firme en cas de
sous-évaluation par le marché. Bourdieu et Colin-Sedillot (1993)
attestent que les contraintes informationnelles jouent un rôle important
dans l'accès aux ressources externes. Selon les deux chercheurs, la
participation des institutions financières dans le capital d'une
entreprise améliore l'information distribuée aux porteurs de
fonds et les encourage d'avantage à placer leurs fonds dans la firme.
1.1.4.1.2 Le signal par la participation du
dirigeant
Du fait que les dirigeants sont bien informés sur la
qualité de leur firme, leur participation dans son capital sera un
signal vis-à-vis de l'extérieur (Leland et Pyle, 1977). Dans ce
cas, Mélécot (1991) a affirmé que la participation des
dirigeants est un signal positif qui facilite le
~ 22 ~
recours à l'endettement. Du fait que certains
créanciers cherchent à avoir des garanties personnelles
auprès des gérants au cas où l'entreprise est incapable
d'honorer ses engagements. De même, plus la propriété du
dirigeant est importante plus il prend des décisions optimales pour
éviter la perte des fonds investis dans la firme. Empiriquement,
Charreaux (1991) certifie que l'endettement et la structure de
propriété ont une corrélation positive avec la performance
des entreprises.
1.1.4.2 La théorie hiérarchique de
financement
La théorie hiérarchique de financement avance
que les entreprises suivent un ordre de préférence pour le choix
d'un mode de financement optimal (Myers et Majluf, 1984). En principe, les
dirigeants sont plus informés sur la valeur réelle et les
perspectives futures de l'entreprise que les investisseurs extérieurs.
Ce constat coûte cher pour la firme en cas de recours à un
financement externe. En effet, pour minimiser l'effet d'asymétrie
informationnelle, la firme finance ses investissements en premier par fonds
propres, endettement et enfin par émission d'actions.
Dans le cadre des explications empiriques de la théorie
hiérarchique de financement, Savignac (2007) stipule que les banques
offrent aux entreprises des taux d'endettement en fonction de leurs
caractéristiques. D'un autre côté, Feudjo et Tchankam
(2012) affirment que l'aspect relationnel des dirigeants vis-à-vis de
l'extérieur permet d'avoir des sources de financement à de
moindres coûts. De même, la structure financière des PME
camerounaises est expliquée par la taille (autofinancement), les actifs
immobilisés (garanties) et le capital propre détenu par le
dirigeant.
Mulkay et Sassenou (1995) montrent, conformément aux
prédictions de cette théorie, que les entreprises suivent une
hiérarchie de financement de leur investissement à cause de
coûts de faillite, de taxation différentielle, d'asymétrie
d'information ou même l'existence d'une relation entre l'entreprise et
ses créanciers. Contrairement à ce résultat, Bocar (2002)
atteste que l'autofinancement n'est pas une source
préférée pour les entreprises sénégalaises,
du fait que la taille et la profitabilité sont corrélées
positivement avec l'endettement. Ainsi, Adair et Adaskou (2014) ont
montré que le financement par les actions est moins risqué, en ce
qui concerne l'engagement de flux de trésorerie, mais il dilue la
propriété, le contrôle et le bénéfice des
firmes.
~ 23 ~
1.1.4.3 La théorie de « Market timing
»
Le développement de cette théorie est
attaché aux travaux de Beker et Wurgler (2002). Elle a pour objet de
clarifier le comportement financier des entreprises, en se basant sur le climat
du marché financier pour expliquer la structure financière des
firmes. Ces dernières tentent à se financer par augmentation du
capital, lorsque le climat boursier évolue à la hausse. Par
contre, l'achat de ses titres ou l'endettement sont des modalités
souhaitables, lorsque les cours boursiers évoluent à la
baisse.
Empiriquement, Kartobi et Aba Oubida (2018) ont testé
les prédictions de cette théorie sur un échantillon de 41
entreprises marocaines non financières cotées pendant la
période entre 2007-2015, et attestent l'absence d'un comportement de
timing du marché. Le tableau (1.2) contient une synthèse des
principales hypothèses et résultats de ces théories :
Tableau (1.2) : Les résultats des principales
théories de la structure financière
Théories
|
Apporteurs
|
Hypothèses
|
Résultats
|
Théorie de la
neutralité
|
Modigliani et
Miller (1958)
|
La perfection des marchés
|
La valeur d'une firme est
indépendante de sa structure financière.
|
La remise en compte
de la thèse de neutralité
|
Modigliani et
Miller (1963) Baxter (1967) Miller (1977)
|
Symétrie d'information Imposition Risque de faillite
|
L'endettement optimal
résulte d'un arbitrage entre les avantages et les
coûts de la dette.
|
Théorie d'agence
|
Jensen et
Meckling (1976)
Harris et Raviv (1991)
|
Asymétrie d'information Conflits
d'intérêts
|
L'endettement optimal
résulte d'une
minimisation des coûts
d'agence.
|
Théorie de signal
|
Leland et Pyle
(1977)
|
Asymétrie d'information Conflits
d'intérêts
|
L'endettement renforce la qualité des firmes.
|
Théorie hiérarchique de financement
|
Myers et Majluf (1984)
|
Asymétrie d'information Conflits
d'intérêts
|
Les ressources internes
sont préférées à
l'endettement, puis
l'augmentation du
capital.
|
Théorie des coûts de transaction
(spécificité des actifs)
|
Williamson
(1985)
|
Rationalité limitée Opportunisme
|
La spécificité des actifs
affecte négativement l'endettement.
|
Source : réaliser par l'auteur
~ 24 ~
Section 2 : Spécificité des actifs :
fondements théoriques
1.2.1 La théorie des coûts de transaction
Dans la théorie néoclassique, les individus se
rencontrent au sein du marché pour réaliser leurs transactions,
ces relations individuelles sont guidées par le système des prix.
Ces derniers créent des signaux aux entreprises pour ajuster leur niveau
de production. Donc, la fonction de la firme se base juste dans la production
des biens et des services. En effet, les tenants de cette théorie
considèrent le marché comme un mode de coordination le plus
efficace que la firme et donc, la fonction de la firme n'existe pas.
En revanche, l'approche transactionnelle adopte les relations
et les comportements individuels comme une unité de base pour construire
son analyse. Elle considère les deux institutions, le marché et
la firme, comme des instruments de fonctionnement du système
économique. En outre, elle considère la firme comme une structure
de coordination administrative et hiérarchique plutôt qu'une
fonction de production.
1.2.1.1 L'apport classique de Ronald Coase
C'est à partir des années trente que Ronald
Coase (1937) a fondé son analyse, en se basant sur la question de
l'existence et la nature des firmes, sur la capacité de l'entreprise
à réaliser ses transactions en interne d'une manière
économiquement plus efficace que par le marché. Ses propositions
théoriques sont structurées sur la base de la minimisation des
coûts de transactions ignorés lors d'une relation d'échange
au sein d'un marché (coûts de la recherche d'information,
d'adaptation, de contrôle et de rédaction des contrats...). Il a
soutenu que la firme est un mode de coordination économique alternatif
au marché guidée par l'entrepreneur. « A
l'extérieur de l'entreprise, les prix dirigent la production par le jeu
des transactions du marché. A l'intérieur c'est l'entrepreneur
qui dirige la production. Il remplace le mécanisme complexe des
transactions de marché. Ce sont deux méthodes alternatives de
coordination de la production » Ronald Coase (1937)11.
Cependant, à l'intérieur de la firme et à
l'aide du système de coordination interne, la substitution
réalisée dans le choix du mode de gouvernance, entre le
mécanisme du prix et celui du management, est faite pour que les
coûts engagés par la firme soient en leurs minimes. Au fur et
à mesure que la firme se développe et s'agrandit, la fonction de
production entraine des
11 L'approche néo-institutionnelle,
Stéphane SAUSSIER, IAE de Paris Sorbonne.
~ 25 ~
coûts et par conséquent, ces coûts
augmentent en fonction de sa taille. A un certain niveau, les coûts
engendrés par la coordination interne soient égaux aux
coûts de coordination externe. Ce raisonnement impose à
l'entreprise de faire un choix entre ces modes de gouvernance. En effet, Coase
(1937) a soutenu que le mode de coordination le plus efficace est celui qui
minimise les coûts résultants d'une transaction.
1.2.1.2 L'apport d'Oliver Williamson
La théorie d'Oliver Williamson (1975) approfondie
l'analyse précurseur de Ronald Coase sur la théorie des
coûts de transactions. L'analyse de Williamson porte sur les explications
des facteurs qui sont à l'origine de ces coûts. Ses propositions
théoriques sont fondées sur les relations institutionnelles et
contractuelles des agents économiques à l'intérieur et
à l'extérieur de la firme. En effet, Williamson (1975)
développe sa théorie institutionnelle de la firme en mettant le
point sur deux hypothèses principales :
1.2.1.2.1 La rationalité
limitée
Compte tenu de l'asymétrie d'information, de
l'incertitude et de la capacité cognitive limitée des agents qui
ne leur permettent pas d'envisager les réactions et les
évènements des autres, la notion de rationalité
limitée pose un problème d'alea morale. En effet, Williamson
propose l'implication des contrats entre les agents qui se caractérise
par l'incomplétude pour prévoir largement les
événements possibles. Par conséquent, les relations
contractuelles entrainent des problèmes contractuels, nommés
« post-contractuel », qui dégagent à leur tour des
coûts ex-post apparaissent lors et après la signature du contrat.
D'autre part, l'incomplétude de ces contrats demande une
renégociation et offre la clé à la naissance des
comportements opportunistes et à la manipulation de l'information par
les parties contractantes.
1.2.1.2.2 L'opportunisme
Compte tenu de l'incomplétude et de la
nécessité de renégociation des contrats qui créent
des comportements opportunistes, les individus cherchent, en fonction de leur
volonté, d'agir en leurs propres intérêts. En effet, la
manipulation de l'information résulte de l'opportunisme avant ou
après la signature du contrat a pour objet de tirer plus de profit
individuel en fonction des événements imprévus. Williamson
a soutenu que le problème d'opportunisme s'exerce essentiellement dans
le cas où les agents réalisent une transaction basée sur
les actifs spécifiques. L'appropriation de la quasi-rente
prévenue de ce type de transaction crée un conflit
~ 26 ~
potentiel du fait que les parties croient que l'autre capte
l'essentiel du bénéfice de la transaction. Ce qui engendre une
augmentation des coûts de transaction.
En revanche, Williamson (1994) définissait les
coûts de transaction comme étant des coûts12
payés lors d'une relation économique ou autre, qui prend la forme
d'un problème contractuel afin de réaliser une transaction d'un
bien ou d'un service. Dans ce sens, pour minimiser ses coûts,
l'entreprise fait un choix optimal entre ses modes de gouvernance13.
Williamson (1988) expose que les entreprises acceptent d'internaliser leurs
transactions lorsque les coûts engendrés par celles-ci sont
faibles par rapport aux coûts du marché14. Par contre,
lorsque ces coûts sont élevés, l'entreprise externalise ses
transactions. Ces modes de gouvernance se présentent en trois
caractéristiques : l'incertitude, la fréquence et la
spécificité des actifs. Cette dernière présente la
particularité des transactions les plus importantes lors de leur choix
de mode de gouvernance. En effet, plus l'actif détenu a un degré
de spécificité élevé, mieux les coûts
liés à sa transaction15 au sein du marché
seront élevés (Williamson, 1986).
1.2.2 Spécificité des actifs et structure
de capital d'une firme
1.2.2.1 La définition d'un actif
spécifique
Un actif spécifique est tout investissement
difficilement redéployé vers des usages alternatifs (Williamson,
1992). Le développement de cette définition rend
opérationnelle l'analyse de la théorie des coûts de
transaction. Du fait que la réutilisation d'un tel actif
spécifique engendre certains coûts élevés non
intégrés dans le système économique. Mocnik (2000)
affirme que la réaffectation de certains actifs propres aux entreprises
engendre une perte significative de valeur et donc sont moins susceptibles
d'être redéployés vers d'autres fins. Ce problème de
la non-réutilisation engendre des difficultés dans leur
financement16.
En effet, Williamson (1988) a soutenu, dans le cadre de sa
théorie des coûts de transaction, que le type de gouvernance
choisi en fonction de la dette ou des capitaux propres
12 Williamson (1985) a classifié ses
coûts en deux catégories : des coûts ex-ante nés
durant la phase de recherche d'information. Ils sont associés à
la rédaction et la négociation d'un contrat (Williamson, 1994).
Des coûts ex-post, associés aux coûts liés à
la réalisation ou l'achèvement du contrat (coûts de
marchandage, d'organisation, de gouvernance, d'engagements...).
13Chanson (2014) dit que la TCT repose sur la
comparaison des structures de gouvernance.
14Dans une analyse critique de la TCT, Boissin
(1999) stipule que la mise en place d'une relation bilatérale sur la
base d'un actif spécifique, rendre le risque de la
non-rentabilité de celui-ci réel lorsque l'un des parties cherche
personnellement à en tirer de profit.
15Riordan et Williamson (1985) stipulent que le
facteur responsable dans la différentiation des coûts de
transaction résulte d'une variation du degré de
spécificité des actifs.
16Aivazian et Berkowitz (1998) intègrent
l'analyse de la question du redéploiement des actifs et attestent que
plus l'actif est redéployé plus l'entreprise a
intérêt à augmenter son levier financier.
~ 27 ~
dépendra de la nature et des caractéristiques
des actifs utilisés dans chaque projet. Il affirme qu'il est
nécessaire de s'intéresser aux caractéristiques des actifs
(spécificité) et à leur mode de financement. En effet,
dans les travaux de Balakrishnan et Fox (1993), les actifs spécifiques
créent aux entreprises un problème lié à la nature
et au redéploiement de ces actifs eux-mêmes lors d'un financement
par endettement (capacité limitée). Outre, ces actifs offrent une
opportunité basée sur la capacité de l'entreprise à
gérer sa structure de gouvernance et ses relations envers
l'extérieur. Par ailleurs, il est essentiel d'avoir une structure de
gouvernance optimale dans le choix de mode de financement des actifs
spécifiques (Choate, 1997).
1.2.2.2 Les typologies d'un actif spécifique
Williamson (1985, 1992) expose qu'un actif spécifique peut
prendre plusieurs formes :
· Spécificité de site :
ce type repose sur la question de la localisation et l'aménagement de
tout actif physique, dans le cadre d'une complémentarité des
activités de procédé de l'entreprise.
· Spécificité des actifs physiques
: la question de la caractéristique d'un actif physique en
termes de spécificité rend sa réutilisation impossible.
Cette situation entraine certains coûts supplémentaires
supportés par la firme liés à la sortie de cet actif.
· Spécificité de l'actif humain
: l'investissement dans un actif humain est représenté
dans le contrat d'emploi avec un individu. La spécificité de cet
actif est représentée dans l'ensemble d'expérience, de
compétence et de savoir-faire mis en oeuvre au sein de l'entreprise.
· Spécificité des actifs
dédiés : ce type de spécificité est
représenté dans la situation où l'entreprise essaie de
répondre à une demande particulière d'un client.
· Spécificité liée à
la réputation de l'entreprise : la question de
réputation de l'entreprise est expliquée par la symétrie
d'information circulée en fonction de ses biens et services.
· Spécificité temporelle
: celle-ci correspond à la planification temporelle dans la
prise de décision et la gestion de production.
1.2.2.3 La structure de financement d'un actif
spécifique
Les firmes ont besoin d'une structure financière
optimale qui minimise les coûts engendrés par l'utilisation d'un
actif spécifique. Williamson (1988) affirme que la
spécificité
~ 28 ~
des actifs est un facteur influençant la politique de
financement des entreprises. Dans ce sens, Marion (1995) affirme que la dette
et les fonds propres sont des structures de gestion des transactions
engendrées par la nature de l'investissement entre l'entreprise, ses
prêteurs et ses actionnaires. En revanche, face aux comportements de
leurs acteurs (la rationalité limitée et l'opportunisme), les
entreprises adoptent un mode de financement optimal pour financer un
investissement donné, ce choix est présenté dans leur
volonté à gérer les coûts de transaction induits par
la spécificité des éléments d'actifs. De
même, Vilasuso et Minkler (2001) attestent que la
spécificité des actifs affecte la structure financière des
firmes. Vincente-Lorente (2001) confirme cette explication et expose que la
politique de financement des entreprises est déterminée par les
caractéristiques de l'actif à financer. Ainsi, en présence
de risque et de la spécificité des actifs, il est essentiel
d'avoir une combinaison optimale de financement dette-capitaux propres qui
minimise les coûts de gouvernance (Choate, 1997).
En conclusion, Williamson (1988) a stipulé que la
structure de financement optimale d'un actif spécifique est liée
au contrat de financement de cet investissement. En effet, plus l'actif
utilisé ou à financer est facilement réutilisable, plus il
est facile à l'entreprise de faire appel à l'endettement. Car en
cas de faillite, ces actifs ont la capacité de fournir aux
créanciers des fonds liquides avec des coûts de négociation
faibles au sein du marché et donc offrir à l'entreprise des fonds
à des moindres coûts. Dans ce cadre, Titam et Wessels (1988)
attestent que la garantie offerte par les actifs à financer incite les
créanciers à offrir aux entreprises des fonds à des
moindres coûts.
Inversement à cette explication, Mocnik (2000) expose
que les prêteurs exigent un taux de financement élevé pour
garantir l'encaissement de leurs fonds en cas de faillite. Ce raisonnement est
justifié par la nature de ces actifs et par la capacité
limitée de ces prêteurs à contrôler les
investissements et les activités du gestionnaire. Le graphique (1.1)
représente la combinaison optimale de financement d'un actif
spécifique en fonction du degré de sa spécificité
et son coût de financement :
Graphique (1.1) : Coût de financement et
spécificité des actifs
Coûts
Dette
K*
Degré de spécificité
Capitaux propres
~ 29 ~
Source : MARION A. « Le financement de l'actif
immatériel des nouvelles entreprises technologiques et innovantes
», financement des PME, 1995, p. 219.
La minimisation des coûts de transaction liés au
financement d'un investissement est corrélée avec sa nature et
ses caractéristiques. Plus le degré de spécificité
d'un actif est faible par rapport au degré de spécificité
K*, l'entreprise a intérêt à se financer par emprunt. De
même, en cas inverse, lorsque K* est inférieur au degré de
spécificité de cet actif, l'entreprise fait appel à ses
ressources internes. La relation existante entre la spécificité
des actifs et les théories étudiantes les décisions
financières des firmes se présente dans l'analyse explicative
ci-après :
? Spécificité des actifs et la
théorie de compromis
A un certain niveau, le choix d'une structure de financement
d'un actif spécifique ne se réduit pas seulement à un
simple arbitrage entre les avantages fiscaux de la dette et son risque de
faillite. En effet, le caractère spécifique et non
redéployé de cet investissement engendre des coûts
élevés17 lors de la rédaction du contrat. Cette
situation impose aux entreprises de choisir le financement par fonds propres et
donc la perte de l'avantage fiscal.
Balakrishnan et Fox (1993) affirment que l'emprunt baisse le
coût réel du capital après impôt et augmente la
valeur de l'entreprise au maximum, si et seulement si, elle se finance
entièrement par endettement. Cette situation pose deux problèmes,
le premier est lié à l'inexistence des entreprises totalement
financées par endettement. Et le deuxième est lié à
la déductibilité des charges financières avant
l'impôt sur les revenus des sociétés. En outre, et en
raison d'une opération de liquidation, Mocnik (1998) affirme que les
actifs spécifiques ont un
17Coûts de faillite et de liquidation
élevés.
~ 30 ~
impact négatif sur le ratio d'endettement par le biais
des coûts de faillite. Ces actifs perdent de valeur et donc leurs
retombées baissent la valeur de la firme.
Titam et Wessels (1988) attestent que l'émission d'une
dette est garantie par les actifs redéployés. Leurs valeurs
seront connues sur le marché et permettront aux entreprises
d'éviter les coûts associés à cette émission.
En effet, les entreprises s'attendent à émettre plus de dette
pour profiter de cette occasion. Les créanciers offrent à
l'entreprise un contrat favorable et donc la baisse du coût
d'endettement. Par contre, si le projet ne peut pas être garanti, les
entreprises vont recourir aux capitaux propres au lieu de la dette. Etant
donné, qu'une telle garantie ne peut pas être utilisée pour
un tel projet qui n'offre pas de garantie.
? La spécificité des actifs et les
coûts d'agence
La remise en cause du recours à l'endettement selon la
théorie d'agence est la baisse des coûts d'asymétrie
d'information entre les acteurs de la firme. Les dirigeants prennent des
décisions d'investissement et de financement en fonction de leurs
propres intérêts18. Les investisseurs optent pour des
projets plus risqués pour tirer plus de profit et les créanciers
exigent un taux d'endettement élevé pour garantir leurs fonds.
Cette divergence d'intérêts privilégie le financement d'un
actif spécifique par fonds propres au lieu de la dette et donc la perte
de l'avantage lié à la baisse des coûts d'agence.
Dans ce cadre, Balakrishnan et Fox (1993) attestent que les
actifs spécifiques offrent aux entreprises des possibilités de
croissance très importantes dans l'avenir. Mais, grâce aux
problèmes du sous-investissement, les actionnaires accepteraient
certains projets à valeur actualisée nette positive si
l'entreprise était totalement financée par endettement. Dans le
cas inverse, il serait rejeté lorsqu'elle est particulièrement
financée par endettement.
? La spécificité des actifs et
signalisation
Les prédictions théoriques de la
spécificité des actifs reposent sur le financement interne. Au
sein d'un marché financier et grâce aux problèmes
d'asymétrie d'information, le financement par endettement
représente un signal positif pour les investisseurs. Cependant, la
nature spécifique des projets impose aux firmes à se financer par
capitaux propres. En effet, l'avantage informationnel permis par
l'émission d'une dette sera perdu. Williamson (1985) a
suggéré d'intégrer l'incertitude dans l'analyse. Les
actifs spécifiques offrent aux entreprises des
18En fonction de leur rémunération, leur
réputation et leur pouvoir.
~ 31 ~
possibilités de croissances élevées.
Mocnik (1998) a soutenu que ces actifs fournissent une force concurrentielle
lorsqu'ils sont utilisés par la firme elle-même que pour une autre
fin. Titam et Wessels (1988) attestent que l'entreprise trouve des
difficultés à transférer les actifs spécifiques
vers d'autres utilisations alternatives. Ce constat augmente l'incertitude des
prêteurs et donc le coût d'endettement. En outre, ils affirment que
les petites entreprises ont une petite quantité d'actifs standards et
une réputation limitée. Cette situation néglige le recours
à l'endettement en raison de la sélection adverse et de
l'aléa moral.
? La spécificité des actifs et la
hiérarchie de financement
Le caractère spécifique d'un investissement
impose aux entreprises de se financer par fonds propres. La théorie
hiérarchique de financement accorde aux entreprises une classification
des modes de financement, en privilégiant le financement par
autofinancement en premier ressort. La dette n'engendre aucun coût de
transaction dans ce cas, mais ce sont les caractéristiques de l'actif
concerné qui posent ce problème d'hiérarchisation de
financement. Marion (1995) affirme que l'existence d'une structure du capital
optimale dans ce cas disparaît au profit d'une analyse de la
décision de financement d'un investissement.
En revanche, Balakrishnan et Fox (1993) affirment que la
capacité de la firme à financer ces actifs par endettement peut
être limitée par la nature des évolutions récentes
des coûts de transaction. Ces coûts sont liés fortement aux
caractères spécifiques de ces actifs eux-mêmes. En effet,
la spécificité des actifs affecte la structure du capital de
l'entreprise par le biais des coûts de faillite et donc la perte de
valeur due à la survenance ou à l'augmentation de la
probabilité des difficultés financières. D'ailleurs,
lorsque l'actif est acquis pour une tâche très spécifique,
l'entreprise ne fait pas appel à l'endettement. Cependant, elle se base
sur ses capitaux propres pour éviter le paiement des coûts
financiers élevés exigés par les
créanciers19. Autre, Kochhar (1997) a soutenu que la nature
des actifs spécifiques implique qu'ils soient financés par
capitaux propres, alors que lorsque l'entreprise fait une location de cet
actif, son financement doit être par emprunt.
1.2.3 Résultats des études empiriques sur le
choix de financement d'un actif spécifique
Généralement, il existe peu d'études et
de recherches empiriques qui traitent la question de la
spécificité des actifs comme étant un déterminant
de la structure financière des entreprises
19Missonier-Piera (2003) stipule que la valeur de
la dette dépende la valeur de la revente de l'actif, plus l'actif est
spécifique plus les créanciers exigent un taux
élevé afin de se protéger contre le risque.
~ 32 ~
{Bradley et Al. (1984), Titman et Wessles (1988), Balakrishnan
et Fox (1993) et Mocnik (2000)}.
Dans ce cadre, Titman et Wessles (1988) ont certifié
l'existence d'une relation négative entre le ratio d'endettement et la
spécificité des actifs. Ils mesurent la spécificité
des actifs par la somme de la dépense en R&D et en publicité,
et le taux de départ des employés rapportés chacune au CA.
Leurs résultats affirment que les petites entreprises ont tendance
à utiliser beaucoup plus de dette à court terme que les grandes
entreprises. Ainsi, les entreprises rentables ont moins de dettes par rapport
à la valeur marchande de leurs capitaux propres.
En outre, sur la base d'un échantillon composé
de 295 entreprises sur une période entre 1978 et 1987, Balakrishnan et
Fox (1993) ont confirmé les prédictions théoriques du
financement d'un actif spécifique. Ils affirment que la
spécificité des actifs, mesurée par le rapport de la somme
des dépenses de publicité et celles de R&D sur le CA net, a
une relation négative avec le niveau d'endettement. Ainsi, ils concluent
que les amortissements et les crédits d'impôt à
l'investissement sont des substituts de la dette et ont une relation
négative avec le levier financier. Harris (1994) expose que les
investissements dans des actifs non redéployés influencent le
choix d'une structure du capital. Empiriquement, il atteste que l'entreprise a
intérêt à faire appel à l'endettement si
l'investissement réalisé a une croissance future certaine. Par
contre, il est dispensable de recourir aux capitaux propres dans le cas
inverse. Il mesure la spécificité des actifs par la variable des
pertes futures sur actifs abandonnés.
Conformément aux prédictions théoriques
existantes, Cushing et McCarty (1996) ont examiné la relation entre le
levier financier et six variables explicatives différentes,
principalement la spécificité des actifs. Cette dernière
est mesurée par le ratio de la valeur liquidative de la firme sur sa
valeur comptable. Ils confirment que l'endettement a une relation positive avec
la valeur de liquidation de l'entreprise. En autre, Cavanaugh et Garen (1997)
ont testé l'effet de la spécificité des actifs comme
étant un déterminant du niveau d'endettement des firmes. Ils
affirment que l'investissement dans un actif spécifique affecte le
montant optimal de la dette de deux manières : un effet indirect est
représenté lorsque cet investissement incite l'entreprise
à contracter plus de dette pour satisfaire le besoin à financer.
Puis, un effet de garantie expliqué par la détention de moins de
dette qui est expliquée par l'incapacité de cet investissement
à fournir des garanties en cas de détresse financière.
D'un autre côté, Aivazian et Berkowitz (1998)
attestent que la spécificité des actifs est une variable
déterminante de la structure du capital. Plus la
spécificité des actifs est faible, plus
~ 33 ~
le levier financier est élevé. Plus la taxe est
élevée plus l'entreprise augmente son levier financier. Pour
Mocnik (2000), les caractéristiques d'un actif influencent
négativement le taux d'endettement. Il affirme que l'entreprise a
intérêt à financer son investissement spécifique par
capitaux propres au lieu d'endettement, car les coûts de transaction sont
minimes. La variable empirique utilisée par Mocnik est la somme des
dépenses en R&D sur le CA.
Belin et Guille (2011) ont affirmé, sur la base d'un
échantillon de 15941 entreprises innovantes pour expliquer la
hiérarchie de financement d'un actif spécifique, que ces
entreprises financent en priorité leurs investissements par
autofinancement puis par endettement. Ils démontrent que le risque,
l'asymétrie d'information, les coûts de faillite, les garanties et
la difficulté d'évaluation de ces actifs sont des variables qui
incitent ces entreprises à se financer en général par
autofinancement et par le capital risque en cas de besoin. Marion (1995) expose
que les entreprises privilégient le financement de leurs actifs
immatériels en premier par autofinancement, par capitaux propres et
enfin par capital risque.
D'autre part, Belin, Cavaco et Guille (2010) attestent que le
risque et la difficulté d'évaluation des actifs
spécifiques affectent négativement la part de la dette dans la
structure financière des entreprises. Dans la même optique,
Chouabi, Affes et Boujelben (2010) ont confirmé que les actifs
spécifiques posent des problèmes d'évaluation. Cette
difficulté est représentée dans l'asymétrie
d'information entre les firmes et ses porteurs de fonds. Ils démontrent
que les résultats générés par ses actifs ont une
relation positive avec la performance de ces entreprises.
Le tableau (1.3) récapitule les principaux travaux
empiriques réalisés dans le cadre des explications de la relation
entre la structure financière (endettement) et la
spécificité des actifs :
~ 34 ~
Tableau (1.3) : Les effets de la
spécificité des actifs sur l'endettement selon les
modèles empiriques
Auteurs
|
Echantillon et méthodologie
|
Variable de mesure de la
spécificité des actifs
|
Relation avec l'endettement
|
Bradley et
al. (1984)
|
Un échantillon de 851
entreprises de 25 secteurs sur la période entre 1962 et
1981.
|
·
|
?(R&D + Dépenses en
publicité)/CA
|
·
|
Négative
|
|
Méthode d'ANOVA.
|
|
|
|
|
Titam et
|
Un échantillon de 469 grandes
|
·
|
R&D/CA
|
·
|
Négative
|
Wessels
|
entreprises sur une période
|
·
|
Dépenses en publicité/CA
|
·
|
Négative
|
(1988)
|
entre1974 et 1982.
|
·
|
Taux de départ des employés
|
|
|
|
Analyse factorielle.
|
|
|
·
|
Négative
|
Balakrishna
|
Un échantillon de 295
|
·
|
R&D/CA
|
·
|
Négative
|
n et Fox
(1993)
|
entreprises sur une période entre 1978 et 1987.
|
·
|
Dépenses en publicité/CA
|
·
|
Positive
|
|
Méthode d'ANOVA sur la base des données de
panel.
|
|
|
|
|
Cavanaugh
|
Un échantillon de 722 firmes
|
·
|
Valeur ajoutée créée
|
·
|
Négative
|
et Garen
(1997)
|
sur la période entre 1973 et 1982.
|
·
|
?(R&D + Dépenses en
publicité)/CA
|
·
|
Négative
|
|
Méthode d'ANOVA.
|
|
|
|
|
Harris
(1994)
|
Un échantillon de 73
entreprises 500 Fortune sur la période entre 1967 et
1971.
|
·
|
Les pertes futures sur les
actifs abandonnés
|
·
|
Positive
|
|
Méthode des MCO.
|
|
|
|
|
Cushing et
McCarty
|
Un échantillon de 164 firmes sur la période entre
1970 et
|
·
|
Valeur de liquidation sur la valeur comptable
|
·
|
Positive
|
(1996)
|
1990.
|
|
|
|
|
|
Méthode des MCO.
|
|
|
|
|
Mocnik
(2000)
|
Un échantillon de 136 firmes sur la période entre
1991 et
|
·
|
?(R&D + Dépenses de
publicité)/CA
|
·
|
Négative
|
|
1996.
|
|
|
|
|
|
Méthode des MCO.
|
|
|
|
|
Vilasusu et
|
Un échantillon de 37
|
·
|
???????????? ??ux m??rché?? pub??ic??
|
·
|
Négative
|
Minkler
(2001)
|
entreprises sur la période entre 1987 et 1997.
|
·
|
total des ventes
Dépenses de publicité/CA
|
·
|
Négative
|
|
Méthode d'hétéroscédasticité
selon le test de White.
|
|
|
|
|
Conclusion
Le premier chapitre a présenté les principales
théories explicatives de la structure financière des firmes. En
effet, la théorie financière suggère, par ses
études théoriques et empiriques, que la structure
financière d'une firme dépend de plusieurs variables. La
théorie des coûts de transaction affirme, dans ce cadre, que le
recours à l'endettement est influencé par le degré de
spécificité des actifs à financer.
~ 35 ~
Chapitre 2 : La situation financière des
entreprises au Maroc : présentation du contexte
Introduction
La performance d'une entreprise n'est pas seulement
liée à la qualité de sa production où à ses
capitaux humains. Elle est en relation aussi avec ses décisions
d'investissement et de financement. La théorie financière
suggère que les décisions financières ont un effet positif
sur la valeur d'une firme. En effet, pour financer leurs activités, les
entreprises recourent au financement par fonds propres ou par endettement. Dans
le contexte national, les principales sources de financement des entreprises
marocaines sont l'autofinancement et l'endettement bancaire. Certaines
études réalisées par Bank AL MAGHRIB démontrent que
ces entreprises souffrent d'une incapacité de fonds internes.
Le présent chapitre a pour objet de faire une
description de la situation financière des entreprises au Maroc. La
première section présente les sources de financement des
entreprises marocaines. La deuxième section a pour objet de faire une
analyse de la structure financière des entreprises marocaines non
financières cotées.
Section 1 : Le financement des entreprises au Maroc
2.1.1 Les fonds propres
Les entreprises marocaines souffrent d'une insuffisance des
ressources internes. En principe, ces capitaux propres sont l'autofinancement,
la cession des éléments d'actifs, l'augmentation du capital et la
subvention d'investissement accordée par l'Etat.
2.1.1.1 Autofinancement
L'autofinancement correspond aux résultats
réalisés par une entreprise pendant un exercice donné
après la rémunération totale des tiers, augmenté de
l'ensemble des charges non décaissées durant le même
exercice. Il représente la source principale gratuite pour les
entreprises grâce à son origine, c'est-à-dire le fruit de
l'activité de l'entreprise elle-même. En revanche,
l'autofinancement offre aux entreprises une autonomie et une stabilité
financière non liée à l'extérieur. Cette source de
financement est utilisée par les entreprises pour le financement des
investissements. Cependant, l'existence d'une disponibilité de fonds en
termes d'autofinancement peut être utilisée à la
réalisation de certains investissements inutiles.
~ 36 ~
En effet, les entreprises marocaines trouvent des
difficultés dans l'obtention des dettes financières. Cette
situation rend l'autofinancement la source la plus importante et l'objectif
initial à réaliser pour garder la continuité de leurs
activités.
2.1.1.2 La cession des immobilisations
La cession des éléments d'actifs correspond
à une opération de désinvestissement ou de renouvellement
des immobilisations. Ces cessions peuvent être considérées
comme des sources exceptionnelles pour faire face aux difficultés
financières ou pour maintenir les fonds à d'autres fins.
2.1.1.3 La cession de bail
Le lease-back correspond à une opération de
cession d'une immobilisation à une société de
crédit-bail. Cette opération offre aux entreprises le droit de
louer une autre immobilisation. En effet, le retour à cette cession
permet à l'entreprise cédante d'avoir certains fonds en
améliorant la trésorerie et allégeant la structure
financière. En contrepartie, la firme s'engage à verser à
la société de crédit-bail (acquéreur) des
redevances en fonction de la durée de location correspond à la
nouvelle immobilisation louée.
2.1.1.4 Augmentation du capital
L'augmentation du capital consiste à souscrire de
nouvelles actions permettant à l'entreprise d'obtenir de nouveaux fonds.
Ces ressources ont pour objet de satisfaire le besoin à financer ou pour
investir dans d'autres opportunités de croissance. Les nouvelles actions
sont achetées par les actionnaires propriétaires de l'entreprise
ou sont émises sur le marché financier aux nouveaux actionnaires.
L'achat des titres de l'entreprise émettrice permet aux nouveaux
actionnaires d'avoir un certain pouvoir sur les décisions et sur les
bénéfices réalisés par la firme. L'augmentation du
capital peut être en numéraire, en nature, par conversion des
dettes ou par incorporation des réserves, des bénéfices et
des primes d'émission.
Les entreprises marocaines tendent à faire des
augmentations du capital pour combler leur défaillance financière
en termes des résultats réalisés. Le tableau (2.1)
ci-après présente une illustration des augmentations du capital
en millions de Dirhams réalisées par certaines entreprises
marocaines cotées :
~ 37 ~
Tableau (2.1) : Evolution des augmentations de capital
réalisées par les entreprises
marocaines cotées (2015-2018) (En millions de
dirhams)
Nature de l'augmentation
|
2015
|
2016
|
2017
|
2018
|
-Augmentation en numéraire
|
1992,5
|
-
|
1369,79
|
2400
|
-Augmentation en nature
|
-
|
9135,96
|
64,71
|
|
-Augmentation par conversion des dettes
|
3,4
|
636,75
|
-
|
996,6
|
-Augmentation par incorporations des
réserves, bénéfices et primes
d'émission
|
99,6
|
134,48
|
-
|
415,5
|
Totaux
|
2045
|
9934,19
|
1434,5
|
3812,1
|
Sources : réaliser sur la base des rapports de la
BVC
A noter qu'en 2017, la société « CUSUMAR
» a réalisé une augmentation de capital par incorporation
des réserves et attribution des actions gratuites atteigne 33,33% dans
le nouveau capital. Le montant de cette opération est inexistant dans
les rapports de la BVC. En 2018, le montant total des opérations des
augmentations du capital réalisées par les entreprises marocaines
cotées atteigne 3812,1 MMAD, quatre entreprises ont recouru à
cette opération. Avec une souscription en numéraire sans droit
préférentiel, Attijariwafa Bank émit 6332453 de titres
atteigne une part de 3,01% dans le nouveau capital. En outre, la
société Cusumar a émis 31495714 de titres par une
opération d'incorporation des réserves et attribution des actions
gratuites qui représente un taux de 33,33% dans le nouveau capital. De
même, la société Alliances a fait recourir à une
opération de remboursement d'obligations en actions avec un nombre de
6429660 de titres représentes 33,7% dans le nouveau capital. Auto Hull a
réalisé une opération de conversion des dividendes en
1048560 actions représentes 2,08% du nouveau capital.
2.1.1.5 La subvention d'investissement
Dans une logique de développement, la subvention
d'investissement est une aide financière accordée par l'Etat
à certaines entreprises pour les aider à financer leurs
investissements à long terme. Ces sociétés doivent
respecter certaines conditions et critères en fonction de leur secteur
d'activité, la zone géographique... etc. d'un point de vue
comptable, ces subventions sont soumises à la TVA et à
l'impôt sur les sociétés.
2.1.2 Financement par endettement
L'insuffisance en termes de disponibilité internes
exige les entreprises à faire appel au financement externe. Le
financement par endettement peut être auprès d'une institution
bancaire ou par un endettement obligataire.
2.1.2.1 Endettement auprès des institutions
bancaires
En fonction de leur capacité d'endettement et au risque
encouru par les institutions bancaires, les entreprises recourent au
financement par emprunt bancaire comme la première source de financement
externe après leurs fonds propres. Cette modalité de financement
peut être offerte auprès des banques à long, à moyen
ou à court terme en fonction de la durée, des garanties, le taux
d'intérêt, la modalité et les conditions de
remboursement.
? Les crédits à long terme
Cette forme d'endettement bancaire est destinée au
financement des investissements de longue durée. En principe la
durée de ces investissements est comprise entre 7 et 20 ans.
? Les crédits à moyen terme
Cette catégorie d'endettement est utilisée par
les entreprises pour financer les investissements de moyenne durée de 1
à 7 ans.
? Les crédits à court terme
Les crédits bancaires à court terme ont pour
objet de couvrir le besoin à financer en termes d'insuffisance
financière à court terme afin d'assurer l'équilibre de la
trésorerie de l'entreprise. Il existe deux formes de financement par
crédits à court termes : les crédits de trésorerie
et les crédits par mobilisation de créance.
A l'échelle nationale, selon le rapport de la BAM, en
2017, la dette bancaire constitue 64% de la dette globale20 des
entreprises marocaines non financières. Ces statistiques rendent la
dette bancaire la source la plus importante pour les entreprises marocaines
pour servir les besoins de financement d'équipement et de
trésorerie. Le tableau (2.2) présente l'évolution de la
dette bancaire des entreprises marocaines non financières pendent la
période 2015-2018.
~ 38 ~
20Y compris toute catégorie de dette, fournisseurs,
crédit-bail...
~ 39 ~
Tableau (2.2) : Evolution de la dette bancaire des
entreprises marocaines non
financières (en milliards de dirhams)
Année
|
Dette bancaire
|
Variation en %
|
Part dans la dette globale
|
2015
|
453
|
-
|
66%
|
2016
|
467
|
3,09%
|
67%
|
2017
|
480
|
2,78%
|
64%
|
2018
|
485
|
1,07%
|
64%
|
Total
|
1885
|
-
|
-
|
Source : élaborer sur la base des rapports de l'ACAPS
(2015-2018)
En effet, la dette bancaire21, première
source de financement, représente un poids très important dans la
structure des dettes des entreprises marocaines non financières. La part
de cette modalité de financement représente plus de 60% dans la
dette globale. En effet, en 2018, la dette bancaire des entreprises marocaines
non financières correspond à un taux de 43,8% du P11B. En outre,
après un taux de croissance de 3,5% en 2017, la structure de
l'endettement financier des entreprises marocaines non financières a
connu un ralentissement pendant l'année de 2018. Le tableau (2.3)
récapitule l'évolution de l'endettement financier des entreprises
marocaines non financières pendant la période 2015-2018.
Tableau (2.3) : Evolution de l'endettement financier des
entreprises marocaines
non financières (en milliards de
dirhams)
Année
|
Endettement financier
|
Variation en %
|
2015
|
696
|
-
|
2016
|
716
|
2,87%
|
2017
|
746
|
4,19%
|
2018
|
759
|
1,74%
|
Total
|
2917
|
-
|
Source : élaborer sur la base des rapports de l'ACAPS
(2015-2018)
En effet, en 2018, les entreprises non financières
marocaines ont vu leur dette financière décélérer
de nouveau d'un taux de 1,8%. Cette dette représente un taux de 68,6% du
P11B. En principe, cette décélération a concerné
les entreprises non financières publiques avec un taux de 2,3% par
rapport à 6,2% une année auparavant. En outre, les entreprises
privées ont vu, de leur part, une progression de l'endettement financier
de 1,5% pendant la même année.
En principe, les entreprises marocaines font appel à
l'endettement bancaire pour l'acquisition des biens d'équipement, au
remboursement des crédits de trésorerie et au
21 Y compris les crédits de financement
accordés par les sociétés de crédit-bail et
d'affacturage.
~ 40 ~
financement de la promotion immobilière. Le graphique
(2.1) schématise une illustration de la décomposition de la dette
bancaire des entreprises marocaines non financières pendant la
période 2015-2018.
Graphique (2.1) : La décomposition de la dette
bancaire des entreprises
marocaines non financières (2015-2018) en
%
2015 2016 2017 2018
Années
60
%
|
50 40 30 20 10 0
|
|
équipement
crédits de trésorerie promotion
immobilière
|
|
|
|
|
Source : établir sur la base des rapports de la
BAM
En 2018, la structure des emprunts bancaires contractés
par les entreprises non financières marocaines montre que ces
crédits ont pour objet, essentiellement, de couvrir le besoin
d'investissement dans les biens d'équipement avec un taux de 51% de la
dette bancaire.
Graphique (2.2) : Evolution de l'encours des
facilités de trésorerie accordées aux
entreprises marocaines non financières (en
milliards de dirhams)
156
154 152 150 148 146 144 142
|
|
|
|
2015 2016 2017 2018
facilités de trésorerie
|
Source : effectuer sur la base des rapports de la BAM
2015-2018.
Les besoins de trésorerie sont stabilisés
à 36%. En outre, les crédits à la promotion
immobilière ont atteigne, quant à eux, un taux de 13% de la dette
bancaire accordée à ces entreprises. Le graphique (2.2)
présente l'évolution de l'encours des facilités de
trésorerie accordées aux entreprises marocaines non
financières pendant la période (2015-2018).
En outre, sur la base d'un échantillon22 de
74400 entreprises, la BAM affirme que la structure financière des
entreprises marocaines est composée d'une part très importante
des dettes à long terme, avec un taux de 48% en 2017 et 45% d'une
année auparavant. Selon la BAM, la hausse des parts des dettes à
long terme dans le passif de ces entreprises est revenue à
l'incapacité interne de ces entreprises pour financer leur
investissement. En principe, ce sont les grandes entreprises qui
réalisent cette hausse. En outre, la part de la dette à long
terme dans le passif des entreprises de petite et moyenne taille et de
très petite taille représente, respectivement, 54% et 43% en
2017.
Dans la même optique, et sur la base d'une étude
réalisée par la BAM pendant la période 2013-2017, les
entreprises marocaines ont un endettement moyen à court terme atteigne
14% de leur chiffre d'affaire. Les grandes entreprises ont affiché un
taux moyen de 17% de leurs chiffres d'affaires, les entreprises de petite et
moyenne et très petite taille ont affiché un taux moyen respectif
de 15% et 11%.
2.1.2.2 Endettement direct sur le marché des
capitaux
Le recours au marché des capitaux consiste à
émettre des titres de créances ou de propriété par
les entreprises pour assurer leur besoin de financement. Il assure la
confrontation de l'offre et de la demande entre les agents à
capacité de financement et ceux à besoin de financement. En
effet, les entreprises émettent des titres de créance pour
emprunter des fonds très importants auprès des investisseurs
existants au sein du marché de capitaux. Ces titres peuvent être
des obligations émettes sur le marché obligataire ou des titres
de créance négociables sur le marché monétaire.
2.1.2.2.1 Les obligations
Les titres d'obligation sont des titres de créances
empruntées par désintermédiation sur le marché
obligataire. Ces titres sont définis par les entreprises sur la base de
certains objectifs ciblés en fonction de leurs besoins de financement.
En principe, Les obligations sont des titres
~ 41 ~
22 1% des entreprises de grande taille, 12% des
entreprises de moyen et petite taille et 87% d'entreprises de très
petite taille.
~ 42 ~
qui se caractérisent par une valeur nominale, un prix
d'émission, un taux d'intérêt, un prix de remboursement et
une longue durée de 2 ans en minimum. Les obligations émises
peuvent être des obligations ordinaires, remboursables en actions (ORA),
convertibles en actions (OCA) ou à bons de souscription d'actions
(OASA).
En 2017, les émissions des titres d'obligation des
entreprises marocaines ont connu une accélération atteigne un
taux de 3.30% par rapport à 2016. En principe, ce sont les banques qui
font la plupart des appels d'endettement obligataire, avec un montant total de
12997 MM de dirhams. Les entreprises non financières ont émis une
somme de 10555 MM de dirhams de titres obligataires avec une variation de 105%
en rapport à 2016.
Tableau (2.4) : Evolution des émissions
obligataires des entreprises marocaines (En millions de dirhams)
(2013-2017)
Année
|
2013
|
2014
|
2015
|
2016
|
2017
|
Sociétés bancaires
|
2250
|
4200
|
7000
|
8600
|
12997
|
Autres sociétés de financement
|
-
|
460
|
830
|
250
|
1350
|
Sociétés non financières
|
2250
|
12024
|
7312
|
5150
|
10555
|
Totaux
|
4500
|
16684
|
14000
|
24902
|
24902
|
Source : Elaborer sur la base des rapports de la BAM
En 2018, les entreprises marocaines non financières
cotées réalisent une part très importante des
émissions obligataires au sein du marché boursier. Le taux de ces
émissions atteigne 63,38% des émissions globales des entreprises
cotées. Le tableau (2.5) présente l'évolution des
émissions obligataires des entreprises marocaines cotées :
Tableau (2.5) : Evolution des émissions des
emprunts obligataires des entreprises
marocaines cotées (2015-2018) (en millions de
dirhams)
Année
|
Entreprises financières
|
Entreprises non financières
|
Totaux
|
Variation
|
Montant émis coté
|
Montant émis non coté
|
Montant émis coté
|
Montant émis non coté
|
2015
|
1491,8
|
2954,1
|
63,8
|
1132,4
|
5642,1
|
-
|
2016
|
383,9
|
5216,1
|
554,2
|
4445,8
|
10600
|
87,87%
|
2017
|
657,9
|
3092,1
|
-
|
-
|
3750
|
-64,62%
|
2018
|
584,4
|
3965,6
|
50,5
|
749,5
|
5350
|
42,66%
|
Source : réaliser sur la base des rapports de la
BVC
2.1.2.2.2 Les titres de créances
négociables :
Les titres de créances négociables sont des
titres de créance émettent sur le marché monétaire
et offrent aux entreprises émettrices des fonds liquides à court
et à moyen terme. Ces
~ 43 ~
titres donnent à leurs porteurs un droit de
créance et comprennent : les certificats de dépôt (CD), les
bons de sociétés de financement (BSF) et les billets de
trésorerie (BT).
Selon les rapports réalisés par la BAM et
l'ACAPS en 2017, les émissions des titres de créances
négociables des entreprises marocaines ont connu une
accélération importante. En principe, cette augmentation est due
aux émissions des titres de certificats de dépôt par les
banques avec un taux de 75,36% des émissions globales en 2017. En outre,
les bons des sociétés de financement et les billets de
trésorerie émettent, respectivement, par les
sociétés de financement et les entreprises non financières
marocaines atteigne un taux respectif de 13,53% et 11,09% des émissions
globales. Le graphique (2.) présente les évolutions des
émissions des titres de créances négociables par les
entreprises marocaines pendant la durée 2015-2018.
Graphique (2.3) : Evolution des émissions des
titres de créances négociables des
entreprises marocaines (2015-2018) (en millions de
dirhams)
50000 45000 40000 35000 30000 25000 20000 15000 10000
5000
|
|
|
0
|
2014
|
2015
|
2016
|
2017
|
CD
|
47498
|
21245
|
28181
|
39047
|
BSF
|
7502
|
4979
|
3889
|
7015
|
BI
|
11322
|
15464
|
4385
|
5749
|
Source : effectuer sur la base des rapports de la BAM et
l'ACAPS
2.1.2.3 Autres modalités de financement 2.1.2.3.1
Les crédits fournisseurs
Lors d'une opération d'acquisition d'une immobilisation
ou l'achat d'un bien ou d'un service, les entreprises essayent d'obtenir des
crédits auprès leurs fournisseurs. Les crédits
fournisseurs sont considérés comme des sources de financement
permettant à une entreprise de réaliser un gain futur sur les
factures non encore payées. Cette modalité de financement reste
le choix principal de financement à court terme pour les entreprises.
Les entreprises marocaines profitent de cette modalité
de financement comme source de financement prioritaire à court terme. En
effet, grâce à une enquête faite par la BAM sur la base
~ 44 ~
d'un échantillon composé de 74400 entreprises en
2017. Par taille, les grandes entreprises affichent les délais les plus
élevés de leurs crédits fournisseurs, atteignant 115 jours
d'achats en 2017, avec une hausse de 10 jours une année auparavant. Ce
résultat est revenu à la capacité de ces entreprises
à négocier leurs factures en imposant leurs conditions d'achats
sur les fournisseurs grâce à leur poids dans le marché,
à la diversification de leurs activités et à leur
capacité de remboursement. En revanche, les crédits fournisseurs
accordés aux entreprises de très petite et petite et moyenne
taille atteignent respectivement 71 et 106 jours en 2017, contre 65 et 103
jours affichés en 2016.
2.1.2.3.2 Crédit-bail
Le crédit-bail est une opération de location
d'un bien meuble (équipements et matériels...) ou un bien
immeuble (bâtiments et construction...) rendue par des
sociétés de financement spécialisées
appelées organismes de crédit-bail. Sur le plan financier, le
crédit-bail est considéré comme une source de financement
substitut d'emprunt grâce à ses avantages fiscales et à la
facilité de son accordement. Néanmoins, les intérêts
versés aux sociétés de crédit-bail sont plus
couteux en comparaison avec celui versés aux créanciers d'un
emprunt.
Graphique (2.4) : Evolution des crédits bail
accordés aux entreprises marocaines
non financières (2013-2018) (en milliards de
dirhams)
180
175 170 165 160 155 150
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2013 2014 2015 2016 2017 2018
|
|
|
Crédit bail
|
|
Source : effectuer sur la base des rapports de la BAM
2013-2018.
La période 2013-2018 est marquée par une forte
croissance des crédits bail accordées par les
sociétés de financement aux entreprises marocaines non
financières. Tout d'abord, le montant total des crédits bail
accordés à ces entreprises atteigne 994,8 milliards de Dirhams
~ 45 ~
entre 2014 et 2018. Ce constat montre l'importance prise par
cette modalité de financement dans les décisions de financement
de ces entreprises.
2.1.2.3.3 Les crédits interentreprises
Un crédit interentreprises est un crédit
financier où les entreprises jouent le rôle d'un emprunteur.
Cependant, la situation de leurs besoins de financement est négative
grâce à leurs soldes positifs des créances clients et
dettes fournisseurs, ce qui les rendent d'être des emprunteurs nets.
Alors, comme présenté ci-dessus, les entreprises marocaines
disposent de plusieurs sources de financement externes et internes. Parmi ces
sources de financement, la plus utilisée par celles-ci est l'emprunt
bancaire, avec une part de plus de 64% de la dette globale des entreprises non
financières. En effet, selon la BAM, ces emprunts atteignent 485
milliards de dirhams en 2018.
Section 2 : Analyse de la structure financière
des entreprises marocaines cotées
2.2.1 Analyse de la structure financière des
entreprises cotées
La structure des ressources des entreprises marocaines
cotées à la bourse des valeurs de Casablanca se compose en
principe par leurs capitaux propres et par les dettes de financement à
long terme. L'analyse ci-dessous porte sur une comparaison de la structure des
bilans sociaux de différentes entreprises non
financières23 cotées à la BVC pendant la
durée 2015-2018.
Tableau (2.6) : La structure du bilan des entreprises
marocaines non financières cotées retenues (2015-2018) (valeur
moyenne en %)
Année
|
CP1/AT2 *
|
DF3/AT**
|
DFT4/AT***
|
AI5/AT****
|
2015
|
48%
|
7,72%
|
17%
|
48%
|
2016
|
46%
|
8,16%
|
18%
|
50%
|
2017
|
46%
|
8,11%
|
18%
|
51%
|
2018
|
42%
|
9,34%
|
21%
|
53%
|
Source : réalisé sur la base des états
de synthèse des entreprises de l'échantillon
* : Ratio d'autonomie financière ** : Ratio de
structure financière *** : Ratio de structure financière ****
: Ratio de structure d'actif
1 CP : Capitaux propres 2
Actif total = Passif total 3 Dettes de financement
4 Dettes de financement total
5 Actif immobilisé
En moyen, les entreprises marocaines non financières
cotées à la BVC financent leur cycle d'investissement par leurs
capitaux propres. En revanche, la part moyenne de leurs fonds
23 L'exclusion des entreprises financières
revient à la différence dans l'établissement des
états de synthèse.
~ 46 ~
propres durant la période 2015-2018 atteigne un taux de
46% de leur passif total destiné en principe à l'acquisition des
biens d'équipement avec un taux moyen d'actif immobilisé de 50%
de l'actif total. En outre, la dette de financement total de ces entreprises
représente un taux moyen de 18.5% pendant la même période.
En effet, les emprunts obligataires et les crédits de financement
auprès des institutions financières, présentée en
principe dans les dettes de financement à long terme, ne
représentent que 8,33% du passif total de ces entreprises, presque un
taux de 37% de leur dette totale.
Graphique (2.5) : Evolution de la structure
financière des entreprises retenues
(2015-2018)
60% 50% 40% 30% 20% 10% 0%
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2015 2016 2017 2018
|
CCA/AT TP/AT DF/AT DT/AT CP/AT
Source : réaliser sur la base des états de
synthèse des entreprises de l'échantillon
CP : capitaux propres DF : dettes de financement TP :
trésorerie passif CCA : comptes courants d'associés AT : actif
total
En effet, l'analyse ci-dessus montre que les entreprises
marocaines non financières se basent dans le financement de leur cycle
d'investissement en principe sur leurs capitaux propres pendant la durée
2015-2018. Cette situation implique l'existence des actifs spécifiques
utilisés dans l'exécution de leurs activités. Les
états de synthèse de ces entreprises exposent que le poste de
l'installation technique, matériels et outillages couvre la part la plus
importante dans l'actif immobilisé. Autre, l'analyse des états
financiers de certaines entreprises investies dans les immobilisations en
recherche et développement montre qu'elles financent leurs
activités en totalité par leurs capitaux propres et ne recourent
ni à l'emprunt obligataire ni à l'endettement bancaire.
~ 47 ~
2.2.2 Analyse sectorielle de la structure financière
des entreprises marocaines cotées
Une analyse de la structure financière des entreprises
marocaines non financières cotées démontre des
disparités sectorielles. Par catégorie, l'économie
marocaine se compose de quatre grands secteurs d'activités (agricole,
industriel, service et de NTCI). L'analyse ci-après porte à
étudier la décomposition des sources de financement et
plutôt le niveau d'endettement par secteur d'activité.
Graphique (2.6) : Evolution sectorielle de la dette de
financement des entreprises
marocaines non financières cotées retenues
(2015-2018)
Agroalimentaire Batiments
Chimie Equipments électroniques et électriques
Industrie pharmaceutique Matériels logiciels et services
informatiques
Pétrole et Gaz Transport
Services eux collectives Sylviculture et papier
Mines Ingénieurs et biens d'équipements
industriels
Distributeurs
81% 77%
35%
32% 31% 29% 25%
34%
36% 37%
37%
78%
31%
5% 3%
21% 17%
11% 10%
0% 1%
17%
6%
4% 3%
7%
1%
20%
12%
15% 18%
20% 18
%
3%
13%
4% 4%
4% 1%
14%
2015 2016 2017 2018
%
19% 17% 17
12%
2%
5%
%
20%15% 18 13%
8%
0%
Source : Réaliser sur la base des états de
synthèse des entreprises de l'échantillon
Comme le fait ressortir le graphique ci-dessus,
L'évolution des dettes de financement des entreprises marocaines non
financières, par rapports à leurs actifs totaux, montre une
stabilité en termes de recours à l'endettement.
Par secteur d'activité, en 2018, les crédits
octroyés aux « sylviculture et papier » ont connu une
croissance de 11% après une décélération de 10% une
année auparavant. En outre, ceux octroyés aux «
ingénieurs et biens d'équipements industriels » ont connu un
ralentissement de 10% pendant la même période après une
forte baisse de 37,5% pendant la période de 2016-2017. De plus, entre
les années 2017 et 2018, une forte diminution a été
observée pour le secteur « équipements électroniques
et électriques » atteigne un taux de 80%.
~ 48 ~
En outre, pour le « transport », le crédit
octroyé à ce secteur a continué sa stabilisation, pendant
la période 2015-2018, en marquant une progression retenue à 6%,
en 2018, après une décélération d'un même
taux en 2017. En outre, en 2018, le secteur de « industrie pharmaceutique
» a marqué une baisse très importante d'un taux de 32%
après une forte progression atteigne 71% l'année
précédente.
En conclusion, en fonction de leur dette totale
rapportée à l'actif total, nous remarquons que les entreprises
marocaines non financières cotées utilisent
énormément les dettes de financement avec un taux moyen de 21%
pour chaque secteur. Nous remarquons aussi que les entreprises apparaissent
dans les secteurs qui se basent sur les nouvelles technologies contractent
moins de dettes pendant cette période 2015-2018.
Conclusion :
L'analyse de la situation financière des entreprises
marocaines montre, en principe, que ces entreprises financent leurs
investissements par leurs capitaux propres. En effet, en fonction de leur
secteur d'activité, les entreprises qui se reposent sur les nouvelles
technologies ont un niveau d'endettement faible par rapport aux autres.
En effet, le chapitre suivant présente un essai
empirique pour étudier l'effet de la spécificité des
actifs sur la structure financière des firmes non financières
marocaines contées à la bourse des valeurs de Casablanca.
~ 49 ~
Chapitre 3 : Effet de la spécificité des
actifs sur la structure financière : Essai de vérification
empirique
Introduction
Nous avons vu dans le premier chapitre que la théorie
financière est riche en théories qui expliquent le comportement
de financement des firmes. En principe, ces théories affirment que la
structure du capital affecte la valeur de la firme. Cependant, la validation
empirique de ces théories montre que la structure financière est
affectée par des variables internes et externes de l'entreprise. En
effet, les explications théoriques et empiriques de la théorie
des coûts de transaction, par le biais de la spécificité
des actifs, soutiennent que le caractère spécifique des actifs
d'une entreprise affecte négativement la structure du capital
{Williamson (1985), Bradley et al. (1984), Balakrishnan et Fox (1993), Titman
et Wessles (1988) et Mocnik (2000)}.
En effet, ce chapitre a pour objet de faire un essai empirique
pour étudier la relation existante entre la structure financière
et la spécificité des actifs des entreprises. La première
section s'articule autour d'une présentation de la méthodologie
et de l'échantillon de la recherche. La deuxième présente
les résultats et les conclusions retenues de cette étude.
Section 1 : Méthodologie et description de
l'échantillon
3.1.1 Méthodologie de recherche
Cette recherche présente une étude visant
à expliquer et comprendre l'effet de la spécificité des
actifs sur la structure financière des firmes. En clair, nous tenterons
de répondre à notre problématique, qui rappelons-le, est
la suivante :
« Dans quelle mesure le degré de
spécificité d'un actif détermine la structure
financière des firmes ?»
En effet, pour y répondre, nous avons choisi de faire
une étude quantitative basée sur les données de panel de
25 entreprises marocaines non financières. En outre, nous allons essayer
de démontrer si la spécificité des actifs a un effet sur
la structure financière des entreprises non financières
marocaines. Pour ce faire, nous allons tester les propositions suivantes :
? Proposition 1 : la spécificité des actifs
affecte le ratio d'endettement.
? Proposition 2 : la spécificité des actifs n'a
pas d'impact sur le ratio d'endettement.
En effet, le modèle proposé s'inspire des
travaux de RAHJ (2016) qui sert à expliquer le comportement de
financement des entreprises marocaines : Cas des PME.
3.1.2 Echantillon et choix de la variable
3.1.2.1 Présentation de l'échantillon
Notre échantillon de départ était
constitué de 30 entreprises marocaines non financières
cotées à la bourse des valeurs de Casablanca (BVC). Les
données analysées sont issues du site de la BVC qui diffuse les
informations comptables de 75 entreprises marocaines. En outre, chaque fois
nous trouverons des données condensées, nous recourons au site de
l'AMMC qui présente des données plus détaillées sur
les informations comptables de ces entreprises.
A la fin de notre analyse de données des états
de synthèse24 de ces entreprises, nous avons choisi 25
entreprises non financières cotées pour lesquelles les
données sont disponibles pour les exercices comptables allant de 2011
jusqu'à 2018.
Notre échantillon représente environ 33% du
nombre total des entreprises et 50% des entreprises non financières
cotées à la BVC. Le choix de cette catégorie d'entreprises
est fait d'une manière aléatoire sur la base de leur secteur
d'activité. En outre, la manière dont elles établissent
leurs états de synthèse est différente à celle des
entreprises financières (banques et sociétés de
financement).
Le tableau (3.1) récapitule la répartition des
entreprises de notre échantillon en fonction de leur secteur
d'activité et du compartiment de cotation. Les entreprises de «
Agroalimentaire » et de « Matériels logiciels et services
informatiques » sont les plus représentées dans
l'échantillon avec une fréquence respective de 20% et de 16%.
~ 50 ~
24 Des états de synthèse sociaux.
~ 51 ~
Tableau (3.1) : Répartition des entreprises de
l'échantillon
Secteur
|
Compartiment
|
Effectif
|
Fréquence
|
Principal A
|
Principal B
|
Bâtiments et matériaux de construction
|
2
|
-
|
2
|
8
|
Chimie
|
-
|
2
|
2
|
8
|
Agroalimentaire
|
2
|
3
|
5
|
20
|
Equipements électroniques et électriques
|
-
|
1
|
1
|
4
|
Industrie pharmaceutique
|
-
|
2
|
2
|
8
|
Matériels logiciels et
services informatiques
|
-
|
4
|
4
|
16
|
Mines
|
1
|
2
|
3
|
12
|
Pétrole et Gaz
|
1
|
-
|
1
|
4
|
Services eux collectivités
|
-
|
1
|
1
|
4
|
Sylvicultures et papier
|
-
|
1
|
1
|
4
|
Transport
|
|
1
|
1
|
4
|
Ingénieurs et biens
d'équipements industriels
|
-
|
1
|
1
|
4
|
Distributeurs
|
-
|
1
|
1
|
4
|
Totaux
|
6
|
19
|
25
|
100%
|
3.1.2.2 Variables retenues
3.1.2.2.1 La variable dépendante : Endettement net
(END_net)
La variable dépendante retenue dans les travaux de RAHJ
(2016) pour expliquer la structure financière des firmes est
l'endettement financier net. Cette variable est mesurée par le ratio de
la somme des dettes financières (LT + CT - Disponibilité) sur les
capitaux propres, ce ratio est connu sous le nom de « levier Gearning
». Cette variable traduit comptablement les décisions des
politiques financières des firmes. En effet, dans notre étude,
nous allons mesurer le levier financier par la somme des dettes à long
et à court terme moins la disponibilité sur les capitaux propres.
Le choix de cette mesure est fait d'une manière à expliquer le
poids des dettes de financement dans la structure financière des firmes.
Ainsi, ce ratio permet une vision claire de la structure d'endettement des
entreprises présenté aux institutions financières pour
étudier leurs situations financières.
3.1.2.2.2 Les variables explicatives
La revue de littérature présentée montre
l'existence d'une variété de déterminants de la structure
financière des firmes. En effet, nous nous sommes inspirés des
variables existantes
~ 52 ~
dans notre littérature et présentées dans
les travaux de RAHJ (2016) pour concocter notre modèle.
? La spécificité des actifs
(SA)
La théorie financière montre par le biais de la
théorie des coûts de transaction que les actifs spécifiques
jouent un rôle important dans l'explication de la structure des firmes.
Williamson suggère que les entreprises financent les investissements en
fonction de leurs caractères. Empiriquement, les résultats
trouvés par Bradley et al. (1984), Balakrishnan et Fox (1993), Titam et
Wessels (1988) et Mocnik (2000), dans le cadre de la spécificité
des actifs, montrent que la spécificité des actifs a un impact
négatif sur le recours à l'endettement. En outre, le type d'actif
détenu par les firmes détermine le choix de sa structure de
financement. En effet, au fur et à mesure que la part des actifs
tangibles est très importante dans le total d'actif, les
créanciers sont disposés à offrir des crédits
financiers aux entreprises.
La littérature que nous avons présenté
dans le premier chapitre montre que les actifs corporels, qui peuvent servir
des garanties, ont un impact positif sur le recours à l'endettement. Ils
peuvent être liquidés facilement pour permettre aux bailleurs de
fonds de récupérer leurs créances. En outre, ces actifs
sont moins sujets aux asymétries d'informations et perdent moins de
valeur en cas de liquidation et donc ils offrent une opportunité
très importante aux entreprises pour obtenir des ressources externes. En
effet, Titam et Wessels (1988) et Harris et Raviv (1991) trouvent que l'actif
immobilisé a une relation positive avec le levier financier. Ainsi, que
Ziane (1999) et Hakmaoui et Yerrou (2009) ont trouvé le même
résultat. En effet, dans le cadre de la théorie
hiérarchique de financement, les firmes détenant beaucoup des
actifs corporels sont moins sensibles aux asymétries d'informations. En
outre, elles se financent par endettement puis par les actions pour
éviter la perte de valeur liée à l'asymétrie
d'information au sein du marché (Harris et Raviv, 1991).
Dans notre étude, nous allons mesurer cette variable
par le ratio des immobilisations corporelles rapportées à l'actif
total (IMC/AT). Le choix de cette mesure exprime le
degré de spécificité des actifs utilisés et
figurés dans l'actif de ces entreprises.
? La rentabilité (RENT)
Les résultats nets d'impôt réalisés
par les entreprises seront un indicateur de performance qui incite les
créanciers à offrir des dettes à des moindres coûts.
Notre revue de littérature montre une variété de
résultats dans ce cadre. Dans la théorie de Modigliani et Miller
(1958,
~ 53 ~
1963), les entreprises recourent à l'endettement, au
fur et à mesure, qu'elles génèrent des résultats
positifs. En effet, dans le cadre empirique, Savinag (2007), Molay (2005),
Fathi et Gailly (2003), Bocar (2002) et Colot et Croquet (2007) ont
certifié que la profitabilité a un effet positif sur la structure
financière des firmes.
En effet, nous allons mesurer la rentabilité par le
ratio de la rentabilité économique mesurée par les
résultats nets rapportés à l'actif total
(RN/AT).
? La taille
La taille d'une entreprise est considérée comme
l'un des déterminants classiques de la structure financière des
firmes. En outre, selon Colot et Croquet (2007), la taille est un signal
positif. Plus la taille de l'entreprise est grande, plus elle diversifie ses
activités et moins le risque de faillite apparaît, ce qui leurs
permet d'accéder facilement à l'endettement financier. Ainsi,
plusieurs recherches empiriques ont montré que la taille est
positivement liée à l'endettement. Biljana (2015) et Bocar (2002)
obtiennent le même résultat. Contrairement à ce
résultat et dans le cadre de la théorie d'agence, Feudjo et
Tchankam (2012) affirment que lorsque l'entreprise atteigne une taille
optimale, le dirigeant ne s'ouvre pas à l'endettement.
En effet, nous allons mesurer la taille par le logarithme du
chiffre d'affaires (Log CA). ?
Autofinancement (Aut)
La capacité d'autofinancement joue un rôle
très important dans l'octroi des dettes financières. Elle mesure
la dépendance financière extérieure des entreprises. Cet
indicateur d'autonomie financière, mesuré par le ratio des fonds
propres sur les capitaux engagés, présente une meilleure
information sur la solvabilité et la capacité d'une entreprise
pour avoir des dettes. Par contre, Mulky et Sassenou (1995) affirment que
l'autofinancement a une relation négative avec le recours à
l'endettement. Plus une entreprise a une autonomie financière
élevée moins elle recourt à l'endettement. En effet, nous
allons mesurer cette variable par le ratio des fonds propres rapportés
aux capitaux engagés (financement permanant)
(CP/FPER).
? Liquidité (LQD)
La disponibilité des fonds internes à court
terme offrent aux entreprises une opportunité de faire face, d'une
manière spontanée, à la situation de faillite. Dans ce
cadre, la liquidité offre aux créanciers une information directe
et claire, à court terme, sur la solvabilité des entreprises. En
outre, elle garantisse le remboursement des dettes d'une manière
instantanée par le biais du
~ 54 ~
prélèvement de l'encaisse disponible dans la
trésorerie. En effet, nous allons mesurer la liquidité par le
ratio de disponibilité (actifs liquides) (TVP + trésorerie
active) rapportée aux fonds propres
((TVP+TA)/CP).
? Les crédits fournisseurs (DFRS)
Les crédits commerciaux accordés par les
fournisseurs aux entreprises jouent un rôle d'un substitut aux dettes
financières. Adair (2014) affirme que les crédits commerciaux ont
une relation positive avec le recours à l'endettement car les
institutions financières considèrent les firmes disposant d'une
dette commerciale importante à une capacité de paiement
importante et donc une facilité de rembourser ses dettes
financières. En effet, nous allons mesurer cette variable par les dettes
fournisseurs rapportées à l'endettement global
(DFRS/DG).
? Le taux d'intérêt (INT)
Selon la théorie de compromis, le risque de faillite a
une relation négative avec l'endettement. En outre, le poids des charges
financières affecte la capacité des firmes de recourir à
l'endettement car il diminue les résultats avant impôt et donc
l'autofinancement. Dans ce cadre, Ziane (1999) affirme que le coût
d'endettement affecte négativement le recours à l'endettement. En
effet, nous allons mesurer cette variable par le ratio des charges
financières sur le chiffre d'affaires
(CHINT/CA).
Le tableau (3.2) synthétise la mesure et le codage
utilisé pour nos variables : Tableau (3.2) : Mesure et codage
des variables
Variable à expliquer
|
Variable
|
Codage
|
Mesure
|
Effet de levier
|
END_net
|
Endettement (LT + CT - Disponibilité) / FP
|
Variables explicatives
|
La spécificité des actifs
|
SA
|
Immobilisation corporels / AT
|
Rentabilité
|
RENT
|
Résultat net / AT
|
Liquidité
|
LQD
|
Actifs liquide (TVP + TA) / FP
|
Autofinancement
|
AUT
|
FP / capitaux engagés
|
Taille
|
Taille
|
LOG (CA)
|
Crédits commerciaux
|
DFRS
|
Dettes fournisseurs / Endettement
global
|
Taux d'intérêt
|
INT
|
Charges financières / CA
|
3.1.2.3 Analyse statistique
Le tableau (3.3) présente les statistiques descriptives
des variables retenues dans notre étude. Nous remarquons que les
entreprises marocaines non financières retenues dans notre
~ 55 ~
échantillon sont peu endettées avec une valeur
moyenne d'endettement financier net de 0,5318 de leurs fonds propres. La valeur
la plus élevé de cette variable était 1,83
enregistrée en 2015. En outre, la variable de la
spécificité des actifs, mesurée par le ratio des
immobilisations corporelles sur l'actif total, a connu, en 2018, une baisse de
2% par rapport à l'année précédente et enregistre
un taux de 20% de l'actif total. Ainsi, nous remarquons que la variable de
rentabilité varie d'une valeur de 1,301 à 3,9123 avec un taux
moyen de 2%, ce qui montre qu'en moyenne les entreprises marocaines sont
rentables. En ce qui concerne la dispersion, la variable de la taille
enregistre le coefficient de variation le plus faible avec une valeur de 0,234
et donc elle est la moins dispersée par rapport à la moyenne.
Tableau (3.3) : Evolution et statistiques descriptives
des variables
Année
|
END_net
|
RENT
|
LQD
|
AUT
|
SA
|
TAILLE
|
DFRS
|
INT
|
2011
|
0,43
|
0,07
|
0,17
|
0,78
|
0,23
|
2,79
|
0,51
|
0,04
|
2012
|
0,46
|
0,08
|
0,16
|
0,79
|
0,22
|
2,82
|
0,49
|
0,05
|
2013
|
0,48
|
0,08
|
0,17
|
0,79
|
0,22
|
2,82
|
0,56
|
0,05
|
2014
|
0,87
|
0,06
|
0,16
|
0,79
|
0,22
|
2,84
|
0,56
|
0,05
|
2015
|
1,83
|
0,08
|
0,23
|
0,80
|
0,22
|
2,86
|
0,61
|
0,06
|
2016
|
-0,07
|
0,06
|
0,17
|
0,74
|
0,22
|
2,84
|
0,53
|
0,07
|
2017
|
0,07
|
0,08
|
0,14
|
0,73
|
0,22
|
2,86
|
0,53
|
0,05
|
2018
|
-0,06
|
0,04
|
0,15
|
0,58
|
0,20
|
2,84
|
0,46
|
0,05
|
Totaux
|
4,011
|
0,549
|
1,353
|
5,989
|
1,759
|
22,666
|
4,246
|
0,420
|
Moyenne
|
0,49632
|
0,068699
|
0,17027
|
0,74794
|
0,22161
|
2,8328
|
0,53182
|
0,052450
|
Médiane
|
0,24632
|
0,055531
|
0,085925
|
0,83973
|
0,20164
|
2,7398
|
0,52033
|
0,016029
|
Ecart type
|
3,1671
|
0,09159
|
0,22986
|
0,41246
|
0,17471
|
0,66341
|
0,29179
|
0,13259
|
CV
|
6,3812
|
1,3332
|
1,3499
|
0,55146
|
0,78835
|
0,23419
|
0,54865
|
2,5280
|
Maximum
|
38,300
|
0,36815
|
1,3889
|
1,3566
|
0,62303
|
3,9123
|
1,0000
|
0,81868
|
Minimum
|
-9,8714
|
-0,26596
|
-0,13158
|
-3,4545
|
0,0000
|
0,8186
|
0,0090883
|
0,0000
|
Source : réaliser sur la base de nos estimations sur
EViews
En outre, le tableau (3.4) présente la matrice de
corrélation entre les variables retenues de notre échantillon.
Nous remarquons que les coefficients de corrélation entre les variables
sont généralement faibles. En outre, la variable des charges
d'intérêts (INT) présente des coefficients
négatifs et d'une valeur faible avec les autres variables sauf la
variable d'endettement net, soit une corrélation positive. Ainsi, la
spécificité des actifs a une corrélation moyennant faible
par rapport aux autres variables. En outre, le degré de
corrélation entre la spécificité et la taille est le plus
élevé par rapports aux autres variables. Ainsi, le coefficient de
corrélation entre la spécificité des actifs et le ratio
d'endettement montre l'existence d'une corrélation positive mais faible
d'une valeur faible de 0,0246.
~ 56 ~
Tableau (3.4) : Matrice de
corrélation
Variable
|
END_NE
T
|
RENT
|
LQD
|
AUT
|
SA
|
TAILLE
|
DFRS
|
INT
|
END_NET
|
1.00000
|
-0.1798
|
0.2545
|
0.0039
|
0.0246
|
-0.0662
|
-0.1734
|
0.0862
|
RENT
|
|
1.0000
|
0.2305
|
0.3108
|
0.1928
|
0.2906
|
0.3088
|
-0.1844
|
LQD
|
|
|
1.0000
|
-0.0532
|
-0.0701
|
0.2115
|
0.3239
|
-0.1685
|
AUT
|
|
|
|
1.0000
|
-0.0763
|
-0.0386
|
0.2415
|
-0.0591
|
SA
|
|
|
|
|
1.0000
|
0.3809
|
-0.0088
|
-0.2331
|
TAILLE
|
|
|
|
|
|
1.0000
|
0.3307
|
-0.2359
|
DFRS
|
|
|
|
|
|
|
1.0000
|
-0.4273
|
INT
|
|
|
|
|
|
|
|
1.0000
|
Source : réaliser sur la base de nos estimations sur
EViews
3.1.3 Estimation du modèle
3.1.3.1 Présentation du modèle
empirique
Pour confirmer la validité de nos hypothèses
citées auparavant, nous estimons un modèle
économétrique inspiré des travaux de RAHJ (2016) pour
expliquer et vérifier la présence d'un effet de la
spécificité des actifs sur le ratio d'endettement. En effet,
notre modèle contient sept variables explicatives, auxquelles en
ajoutant une constante et un terme d'erreurs :
Yit = J1 + J2 RENT + J3 LQD + J4 AUT + J5 SA + J6
TAILLE + J7 DFRS + J8 INT + ôit
Avec : i = 1 25 (entreprise) et t = (2011) (2018)
(année)
? La variable dépendante
Y : est le ratio d'endettement net mesuré par le rapport
entre les dettes de financement
nettes (LT + CT - disponibilité) sur les capitaux propres
(DFn
???? ).
? Les variables explicatives
SA : la spécificité des actifs
mesurée par le ratio des immobilisations corporelles sur le total
d'actif (IMBC
???? ). La remise en cause du choix de
la mesure de la spécificité des actifs des
entreprises de l'échantillon est liée à
la capacité et la tangibilité de ces actifs à
déterminer le choix de la structure de financement.
RENT : la rentabilité économique
mesurée par le ratio des résultats nets sur l'actif total
(???????
?).
~ 57 ~
TAILLE : la taille de l'entreprise mesurée par
le logarithme du chiffre d'affaires (?????? ????).
LQD : la liquidité mesurée par le ratio
de la somme actifs liquides (TVP + TA) sur les
fonds propres (? ??????+????
???? ).
AUT : le degré d'autofinancement mesuré
par le ratio des fonds propres sur les capitaux
engagés (financement permanant)( ????
????????).
DFRS : les dettes fournisseurs mesurés par le
ratio des dettes fournisseurs sur
l'endettement globale (dettes financières + dettes
commerciales)(????????
???? ).
INT : le taux d'intérêt mesuré par
le ratio des charges financières sur le chiffre
d'affaires(??????
???? ).
ô : Le terme d'erreur.
3.1.3.2 Spécification du modèle
Pour identifier la nature des effets individuels des
observations de notre échantillon, effets fixes ou effets
aléatoires, nous allons procéder aux tests de
spécification de Fisher et celui de Hausman afin de déterminer le
modèle le plus adéquat à notre problématique.
3.1.3.2.1 Test de spécification de
Fisher
L'objectif de ce test est de vérifier l'existence d'un
effet spécifique pour chaque entreprise. En effet, le test de
spécification de Fisher suppose que l'effet de la constante est fixe
pour toutes les entreprises. En outre, les effets spécifiques de chaque
entreprise peuvent être corrélés avec les variables
explicatives du modèle. Pour ce faire, nous testons sous
l'hypothèse nulle (H0) l'absence des effets individuels contre
l'existence de ces effets sous l'hypothèse alternative (H1).
La décision est faite sur la base d'une comparaison de
la probabilité de la statistique de Fisher au seuil de signification.
Nous rejetons H0 si la probabilité est inférieure à 5%.
~ 58 ~
Résultats :
Effects Test
|
Statistic
|
d.f.
|
Prob.
|
Cross-section F
|
1.619928
|
(24,168)
|
0.0418
|
Cross-section Chi-square
|
41.633305
|
24
|
0.0142
|
Source : réaliser sur la base de nos estimations sur
EViews
En effet, la probabilité de la statistique est de
0.0418 < 5%, et l'hypothèse nulle d'absence des effets
spécifiques est rejetée, ce qui montre qu'il existe bien des
effets individuels, par conséquent et pour déterminer la nature
de ces effets on procédera par la suite au test de spécification
de Hausman.
3.1.3.2.2 Test de spécification de
Hausman
En fonction des résultats présentés
auparavant, il convient de procéder au test de Hausman pour
déterminer le modèle le plus adéquat à notre
étude. En effet, l'objectif de ce test est de déterminer la
nature des effets individuels. Pour ce faire, nous allons tester les
hypothèses suivantes :
H0 : les paramètres du modèle ont des effets
aléatoires H1 : les paramètres du modèle ont des effets
fixes
Le test est significatif au seuil de signification, si et
seulement si, la probabilité du test est inférieure à 5%
Et donc nous acceptons l'hypothèse alternative H1. En effet, nous
retenons les estimateurs du modèle à effets fixes.
Résultats :
Test Summary
|
Chi-Sq. Statistic
|
Chi-Sq. d.f.
|
Prob.
|
Cross-section random
|
32.561993
|
7
|
0.0000 < 5%
|
Source : réaliser sur la base de nos estimations sur
EViews
En effet, d'après le résultat
présenté ci-dessus, l'hypothèse nulle de l'absence de
corrélation entre le terme d'erreur individuel et les variables
explicatives du modèle devra être rejetée, ce qui montre
que le modèle devra être spécifié avec des effets
individuels fixes.
~ 59 ~
Section 2 : Présentation et analyse des
résultats d'estimation
3.2.1 Présentation des résultats
Le modèle retenu est celui des effets fixes. En effet,
le tableau (3.5) récapitule les résultats des estimations
réalisées sur la base des données de panel de 25
entreprises marocaines non financières cotées à la BVC
pendant la période 2011-2018 sur le logiciel EViews.
En rappel, le modèle à estimer est le suivant :
Yit = JJ1 + JJ2 RENT + JJ3 LQD + JJ4 AUT + JJ5 SA
+ JJ6 TAILLE + JJ7 DFRS + JJ8 INT + ôit
En effet, le modèle estimé s'écrit comme
suit :
Yit = 0,089 - 5,09 RENT + 8,98 LQD + 2,46 AUT +
13,32 SA - 1,48 TAILLE - 2,88 DFRS + 2,85 INT
Le tableau suivant présente une synthèse des
résultats empiriques obtenus sur la base de notre estimation.
Tableau (3.5) : Synthèse des résultats
empiriques
Variables
|
Relation théorique
|
Signe du coefficient
|
Relation avec le ratio d'endettement
(DT/AT)
|
Rentabilité
|
Positive
|
-
|
Non significative
|
Autofinancement
|
Négative
|
+
|
Significative
|
Liquidité
|
Négative
|
+
|
Significative
|
Spécificité des actifs
|
Négative
|
+
|
Significative
|
Taille
|
Positive
|
-
|
Non significative
|
Dettes fournisseurs
|
Négative
|
-
|
Significative
|
Taux d'intérêt
|
Négative
|
+
|
Non significative
|
3.2.2 Interprétation des résultats
Les résultats présentés dans le tableau
(3.5) montrent que le coefficient de détermination R2 est de 35,84%. Ces
résultats affirment que la structure financière des entreprises
non financières marocaines est expliquée suffisamment par les
variables présentés dans notre étude. Le test de Fisher de
significativité globale du modèle est de 3,02 avec une
probabilité de 0%, et par conséquent le modèle est
suffisamment significatif.
Dans l'ensemble, les résultats de la régression
montrent que quatre des sept variables influencent significativement la
structure financière des firmes de notre échantillon.
~ 60 ~
En effet, nous remarquons que la variable RENT,
mesurée par le ratio de la rentabilité net sur l'actif total, a
un coefficient négatif (-5,008736) et non significatif au seuil de
signification 5% d'une probabilité de (0,1862) et t-student = -1,327.
Nos résultats montrent que les résultats nets
réalisés par ces entreprises n'ont aucun effet sur le recours
à l'endettement.
La variable explicative LQD se trouve
corrélé positivement avec le levier d'endettement. Elle a un
coefficient positif de (8,99) et significatif au seuil de signification de 5%
d'une probabilité de (0,000) avec t-student = 7,5046. Ce résultat
peut être justifié par le fait que les créanciers
préfèrent de garantir leurs fonds, à court terme, en cas
où l'entreprise trouve des difficultés financières. En
outre, ce résultat ne confirme pas les prédictions
théoriques de la théorie hiérarchique de financement pour
laquelle la disponibilité des fonds internes réalise une
autonomie financière et donc ne pas faire un recours à
l'endettement.
La variable AUT qui mesure le degré
d'autonomie financière des firmes, mesurée par les fonds propres
sur les capitaux engagés, a un coefficient positif et significatif au
seuil de signification 5% d'une valeur de (2,4644) et d'une probabilité
de (0,00) avec t-student = 3,476. En effet, le degré d'autonomie
financière a un impact sur le recours à l'endettement.
Comme dans la plupart des travaux présentés dans
notre revue de littérature, les garanties sont un déterminant
important dans l'explication du choix de la structure du capital. En effet, le
degré de spécificité des actifs utilisés dans la
réalisation des activités de l'entreprise affecte
négativement la structure financière, par contre, les actifs
tangibles ont une relation positive avec celle-ci. En outre, dans le cadre de
nos estimations, la variable SA, mesurée par les actifs
corporels sur le total d'actif, a un coefficient positif (13,32) et
significatif au seuil de signification de 5% d'une probabilité de
(0,006) et t-student = 2,7812. Ce résultat va dans le sens des
résultats trouvés par Titam et Wessels (1988), Ziane (1999) et
Hakmaoui et Yerrou (2009) pour que les actifs tangibles offrent aux
créanciers des garanties et baissent, par conséquent, le
coût d'endettement et celui lié aux conflits d'agence de la
dette.
D'après les résultats de l'analyse de la
régression, nous remarquons que la variable TAILLE qui mesure
la taille de l'entreprise, mesurée par le logarithme du CA, a un effet
négatif sur le recours à l'endettement et non significatif au
seuil de signification de 5% d'un coefficient de (-1,479) avec une
probabilité de (0,4509) et t-student = -0,7557.
La variable DFRS qui mesure les dettes fournisseurs,
mesurée par le ratio des dettes fournisseurs sur l'endettement global,
est négativement et significativement lié à
l'endettement
~ 61 ~
financier avec un coefficient de (-2,88) avec une
probabilité de (0,0328) au seuil de signification de 5% et t-student =
-2,1528. Ce résultat peut être justifié du fait que les
entreprises préfèrent de se créditer auprès leurs
fournisseurs et donc ces crédits jouent un rôle d'un substitut des
dettes financières.
D'après les résultats de l'analyse de la
régression, nous remarquons que la variable INT qui mesure le
taux d'intérêt d'endettement, mesurée par les charges
financières rapportées au CA, a un coefficient positif (2,8521)
et non significatif d'une probabilité de (0,6047) avec t-student = -
0,5185. Par conséquent, ce résultat montre que le coût
d'endettement n'a aucun effet sur le levier financier.
Globalement, les résultats obtenus à partir des
estimations du modèle économétrique sont satisfaisants
pour expliquer la structure financière des entreprises de
l'échantillon. En effet, on peut conclure aussi, l'existence d'autres
variables, issus de notre revue de littérature, permet d'expliquer et de
comprendre le comportement de financement des entreprises marocaines.
Conclusion
Le modèle utilisé dans notre estimation explique
suffisamment la structure financière des firmes de l'échantillon.
Sur la base des résultats obtenus, nous avons conclu que la
spécificité des actifs, mesurée par le ratio des actifs
corporels sur le total d'actif, a un effet positif sur le ratio d'endettement.
Ce ratio exprime le rôle joué par ces actifs dans le cadre de
garantir les fonds des créanciers.
~ 62 ~
Conclusion générale
Dans ce travail, notre objectif initial était
d'étudier et comprendre la relation existante entre la
spécificité des actifs et la structure financière des
firmes. En effet, nous avons présenté dans un premier chapitre
une revue de littérature des principaux fondements théoriques et
empiriques existants et liés à ce sujet. La théorie
financière affirme, par le biais de la théorie des coûts de
transaction, que la spécificité des actifs affecte
négativement le ratio d'endettement et donc la structure
financière des firmes. Williamson (197, 1985) a stipulé que la
spécificité des actifs affecte le coût d'endettement des
firmes. En outre, le recours au marché pour financier un actif
spécifique affecte son coût de financement par le biais des
coûts de transaction liés à la recherche d'information et
à la signature des contrats et donc le coût de la transaction
d'endettement.
En effet, les principales recherches et études
empiriques réalisées dans ce cadre (Bradley et al. (1984),
Balakrishnan et Fox (1993), Titman et Wessles (1988) et Mocnik (2000)) montrent
que la variable de la spécificité des actifs, mesurée en
principe par la somme des dépenses de publicité et de la R&D,
a un effet négatif sur le levier financier.
Dans notre sens, nous avions amené à faire une
étude économétrique couvrant la période 2011-2018
sur les données de panel de 25 entreprises marocaines cotées
à la bourse des valeurs de Casablanca. Cette analyse
économétrique nous a permis de conclure que la
spécificité des actifs, mesurée par le ratio des actifs
corporels sur l'actif total, a un effet positif sur le ratio d'endettement net,
mesuré par la somme de la dette financier (LT + CT -
disponibilité) sur les fonds propres.
Les limites que nous avons trouvées, au niveau de la
réalisation de cette étude, sont liées en principe
à la disponibilité des données comptables des entreprises
marocaines. En effet, cette limite nous a mène à utiliser les
immobilisations corporelles comme une mesure de la spécificité
des actifs. En revanche, dans les recherches futures, il serait
intéressant de prendre en compte une mesure plus significative à
cette variable (dépenses de publicité et celles de R&D). En
suit, il faudrait ajouter d'autres variables spécifiques liées
à l'entreprise et au secteur qui peuvent approfondir la
compréhension de l'effet de la spécificité des actifs sur
la structure financière.
~ 63 ~
Bibliographie
ADAIR P. « Théorie du compromis versus
Théorie du financement hiérarchique : une analyse sur un panel de
PME non cotées », AIRE et PME, Agadir, 2014.
ADAIR P. and ADASKOU M. « Théories
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», Revue internationale PME, 2011, pp. 138-171.
ADAIR P. and ADASKOU M. « Trade-off theory vs. Pecking
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data analyses upon French SMEs (2002-2010) », Financial Economics, October
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AIVAZIAN V. and BERKOWITZ M. « Ex Post Production
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Accounting, Auditing & Finance, 1998, pp. 1-20.
Autorité de Contrôle des Assurances et de la
Prévoyance Sociale : Rapports sur la Stabilité Financière
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Annexes
1. Données de l'échantillon
? Liste des entreprises de l'échantillon
:
Compartiment
|
Secteur
|
Société
|
Principal A
|
Bâtiments et matériaux de construction
|
Ciments du Maroc
|
|
|
Centrale Danone
|
|
|
Managem
|
|
Afriquia Gaz
|
Principal B
|
Chimie
|
Maghreb Oxygène
|
|
|
Cartier Saada
|
|
|
Southema
|
|
|
|
Néxans Maroc
|
|
IB Maroc
|
|
|
|
Delattre
|
|
Dari Couspate
|
|
Minière Touissit
|
|
|
Realis Mécaniques
|
|
Lydec
|
|
Med paper
|
|
CTM
|
|
2. Données de l'analyse
économétrique ? Données statistiques des
variables
Période 2011-2018
Statistiques descriptives, utilisant les observations 1:1 -
25:8
Variable
|
Moyenne
|
Médiane
|
Minimum
|
Maximum
|
END_net
|
0,496321
|
0,246321
|
-9,87143
|
38,3000
|
RENT
|
0,0686986
|
0,0555307
|
-0,265957
|
0,368154
|
LQD
|
0,170271
|
0,0859255
|
-0,131579
|
1,38889
|
AUT
|
0,747942
|
0,839734
|
-3,45455
|
1,35664
|
SA
|
0,221610
|
0,201637
|
0,00000
|
0,623035
|
TAILLE
|
2,83279
|
2,73984
|
1,30103
|
3,91233
|
DFRS
|
0,531819
|
0,520328
|
0,00908833
|
1,00000
|
INT
|
0,0524504
|
0,0160294
|
0,00000
|
0,818681
|
~ 69 ~
Variable
|
Écart type
|
C.V.
|
Asymétrie
|
Ex. aplatissement
|
END_net
|
3,16711
|
6,38116
|
8,50231
|
102,224
|
RENT
|
0,0915906
|
1,33322
|
0,391872
|
2,18568
|
LQD
|
0,229855
|
1,34993
|
2,33244
|
6,77211
|
AUT
|
0,412460
|
0,551461
|
-5,88218
|
52,9948
|
SA
|
0,174706
|
0,788351
|
0,402701
|
-0,854989
|
TAILLE
|
0,663412
|
0,234190
|
-0,00111975
|
-0,937835
|
DFRS
|
0,291785
|
0,548655
|
0,0832479
|
-1,06013
|
INT
|
0,132593
|
2,52798
|
4,48469
|
19,8600
|
|
Variable
|
5% Perc.
|
95% Perc.
|
IQ range
|
Missing obs.
|
END_net
|
-0,629818
|
1,64511
|
0,793738
|
0
|
RENT
|
-0,0587125
|
0,265986
|
0,0927589
|
0
|
LQD
|
0,00100685
|
0,625546
|
0,224342
|
0
|
AUT
|
0,118014
|
1,00000
|
0,303007
|
0
|
SA
|
0,00277513
|
0,538661
|
0,298895
|
0
|
TAILLE
|
1,72508
|
3,83420
|
1,20166
|
0
|
DFRS
|
0,0898214
|
1,00000
|
0,470452
|
0
|
INT
|
0,00227735
|
0,129095
|
0,0279456
|
0
|
? Matrice de corrélation
Période 2011-2018
Coefficient de corrélation, utilisant les observations
1:1 - 25:8 5% valeur critique (bilatéral) = 0,1388 pour n = 200
Variable
|
END_NET
|
RENT
|
LQD
|
AUT
|
SA
|
TAILL E
|
DFRS
|
INT
|
END_NET
|
1.00000
|
-0.1798
|
0.2545
|
0.0039
|
0.0246
|
-0.0662
|
-0.1734
|
0.0862
|
RENT
|
|
1.0000
|
0.2305
|
0.3108
|
0.1928
|
0.2906
|
0.3088
|
-0.1844
|
LQD
|
|
|
1.0000
|
-0.0532
|
-0.0701
|
0.2115
|
0.3239
|
-0.1685
|
AUT
|
|
|
|
1.0000
|
-0.0763
|
-0.0386
|
0.2415
|
-0.0591
|
SA
|
|
|
|
|
1.0000
|
0.3809
|
-0.0088
|
-0.2331
|
TAILLE
|
|
|
|
|
|
1.0000
|
0.3307
|
-0.2359
|
DFRS
|
|
|
|
|
|
|
1.0000
|
-0.4273
|
INT
|
|
|
|
|
|
|
|
1.0000
|
? Estimation du modèle à effets
fixes
Dependent Variable: END_NET
Method: Panel Least Squares
Date: 12/02/20 Time: 17:47
Sample: 2011 2018
Periods included: 8
Cross-sections included: 25
Total panel (balanced) observations: 200
Variable
|
Coefficient Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
C
|
0.089326 5.671780
|
0.015749
|
0.9875
|
RENT
|
-5.008736 3.773490
|
-1.327348
|
0.1862
|
LQD
|
8.989841 1.197905
|
7.504636
|
0.0000
|
AUT
|
2.464445 0.708971
|
3.476084
|
0.0006
|
SA
|
13.32275 4.790238
|
2.781229
|
0.0060
|
TAILLE
|
-1.479546 1.957704
|
-0.755756
|
0.4509
|
DFRS
|
-2.883841 1.339552
|
-2.152840
|
0.0328
|
INT
|
2.852104 5.499950
|
0.518569
|
0.6047
|
|
Effects Specification
|
|
|
Cross-section fixed (dummy variables)
|
|
|
R-squared
|
0.358401 Mean dependent var
|
|
0.496321
|
Adjusted R-squared
|
0.240011 S.D. dependent var
|
|
3.167106
|
S.E. of regression
|
2.761000 Akaike info criterion
|
|
5.014709
|
Sum squared resid
|
1280.684 Schwarz criterion
|
|
5.542440
|
Log likelihood
|
-469.4709 Hannan-Quinn criter.
|
|
5.228274
|
F-statistic
|
3.027282 Durbin-Watson stat
|
|
1.580054
|
Prob(F-statistic)
|
0.000003
|
|
|
? Test de spécification de Fisher
Redundant Fixed Effects Tests Equation: Untitled
Test cross-section fixed effects
|
|
|
|
Effects Test
|
Statistic
|
d.f.
|
Prob.
|
Cross-section F
Cross-section Chi-square
|
1.619928
41.633305
|
(24,168)
24
|
0.0418
0.0142
|
? Test de spécification de Hausman
Correlated Random Effects - Hausman Test Equation: Untitled
Test cross-section random effects
Test Summary Chi-Sq. Statistic Chi-Sq. d.f. Prob.
Cross-section random 32.561993 7 0.0000 < 5%
~ 70 ~
~ 71 ~
.24
.22
.20
.18
.16
.14
2.86
2.84
2.82
2.80
2.78
? Présentation graphique
? Tendance moyenne des variables
Mean of END net
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Mean of AUT
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Mean of DFRS
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Mean of RENT
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Mean of SA
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Mean of INT
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
2.0
1.5
1.0
0.5
0.0
-0.5
.85
.80
.75
.70
.65
.60
.55
.60
.58
.56
.54
.52
.50
.48
.46
.080
.076
.072
.068
.064
.060
.056
.052
.048
.235
.230
.225
.220
.215
.210
.205
.070
.065
.060
.055
.050
.045
.040
Mean
Mean of LQD
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Mean of TAILLE
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
|