Déterminants de la demande de monnaie en république de Guinée.par Bruno Fagbon BILIVOGUI Centre Ouest Africain de Formation et d'Etudes Bancaire - DESS en Banque et Finance 2017 |
Source : calcul de l'auteur, comptes nationaux 2009-2015. Dans cette section, nous décrirons en quelques lignes chaque secteur de l'économie.2.1 Le secteur primaireLe secteur primaire qui occupe environ 51% de la main d'oeuvre ne représente que 17.73% du PIB. Ainsi, plus de la moitié de la population occupée contribue pour moins d'un cinquième à la création de la richesse nationale. Cette situation induit de fortes inégalités de revenus entre les populations rurales dont 75% sont employées dans le secteur primaire, et les populations urbaines dont seulement 4.2% sont dans le même secteur. Ce secteur dépend en grande partie du sous-secteur agriculture, tributaire au changement climatique et à la politique agricole du gouvernement. Les déterminants de la demande de monnaie en Guinée Page 8 2.2 Le secteur secondaireLe secteur secondaire repose essentiellement sur la branche des activités extractives dont les ressources minières, qui sont fortement influencées par les fluctuations des cours mondiaux de matières premières. La branche des activités extractives, très capitalistique avec un poids relatif de 13% dans le PIB, ne contribue que très peu à l'emploi (2.6%). Les industries manufacturières qui sont une source potentielle de création d'emploi et de revenu, demeurent elles aussi peu développées, leurs poids dans le PIB est de 10.3%. La Guinée dispose également de ressources minières abondantes et diversifiées (bauxite, fer, diamant, or,..) dont la faible valorisation limite son décollage économique et son développement humain durable. La contribution du secteur minier à l'économie reste très marginale. La contribution moyenne aux recettes budgétaires est de 20.3%, et celle du PIB se situe à 14.5%. 2.3 Le secteur tertiaireLe secteur tertiaire est essentiellement basé sur les activités de commerce reposant principalement sur les importations. Secteur prédominant, il représente en moyenne 44.6% du PIB et occupe 35.6% de la main d'oeuvre après le secteur primaire. Ce secteur a connu une croissance moyenne de 5.63%. Toutefois, il faut signaler que l'économie guinéenne à l'image de la plupart des économies africaines, est fortement dominée par le secteur informel, qui constitue un facteur d'exclusion de nombreux actifs des créneaux d'emplois décents. Globalement, 48.7% de la valeur ajoutée créée est le fait de l'économie informelle. Le secteur tertiaire est fortement dominé par les activités informelles (64.33% de sa valeur ajoutée), suivi du secteur secondaire (42.66%) et enfin, du secteur primaire (34.27%). Plusieurs branches d'activités sont ainsi dominées par les activités informelles : le commerce (87,1%), l'hôtellerie (96,8%), les transports et télécommunications (77%), ainsi que les activités industrielles manufacturières (68,5%). Section 3 : Les contraintes et défis de l'économie guinéenneCette section présentera les contraintes et les défis de l'économie guinéenne, et quelques axes du nouveau Plan National de Développement Economique et Social 2016-2020 élaboré par les autorités de la troisième République. 3.1 Les contraintes et défis de l'économie GuinéennePour atteindre les objectifs de développement économique, la Guinée doit faire face à de nombreuses contraintes et relever quelques défis, notamment :
Les déterminants de la demande de monnaie en Guinée Page 9 élections de février 2018, à l'instar de ce qui s'est déroulé pendant les élections de 2013 et 2015. 3.2 Le Programme de Développement Economique et Social 2016-2020Au lendemain de la crise sanitaire du virus hémorragique Ebola, survenue durant la période fin 2013 à 2015, les Autorités de la troisième république soucieuses du décollage économique, ont élaboré un Plan National de Développement Economique et Social 2016-2020 (PNDES) vision 2040. Le Plan National de Développement Economique et Social 2016-2020 est une deuxième génération du Plan National après le Plan Quinquennal 2011-2015. Ce PNDES s'aligne sur plusieurs programmes de développement dans le monde, notamment, le programme universel de développement durable 2016-2030 et ses Objectifs de Développement Durable (ODD), l'Accord de Paris sur le changement climatique, l'Agenda 2063 de l'union Africaine, la vision 2020 de la CEDEAO. Toutefois, le PNDES est basé sur trois fondements, et cinq principes directeurs, qui sont respectivement, la constitution du 1er mai 2010 de la République de Guinée, la vision de la guinée en 2040 et le projet de société du Président de la République, le leadership national, la subsidiarité et le partenariat, la gestion axée sur les résultats, la coordination proactive, et la promotion de l'équité et la réduction des inégalités. Les résultats attendus du PNDES sont l'amélioration du bien-être de la population, la réalisation de la transformation structurelle durable, avec pour clé l'émergence en 2040. Le coût global de financement du PNDES est estimé à 130.897,74 milliards de GNF dont, 30% supportés par l'Etat à travers le budget national de développement, 38.2% par le secteur privé via le Partenariat Public-Privé, et 31.8% serait un besoin de financement. La réalisation du PNDES pourrait être affectée par des risques dont les plus importants sont : l'instabilité socio-politique, la faiblesse du leadership national, la faiblesse de la mobilisation des ressources intérieures, la conjoncture sous régionale et internationale défavorable, les aléas climatiques et les urgences humanitaires. ConclusionNous retiendrons dans ce chapitre que l'économie guinéenne a été longtemps caractérisée par une instabilité macroéconomique, une croissance économique volatile et faible, une dégradation du compte courant. Le déficit budgétaire souvent important est accompagné par une recrudescence de l'inflation et de la dépréciation de la monnaie nationale. Le secteur minier reste le principal pourvoyeur de recettes d'exportation (près de 90%). Pour permettre le décollage économique de la Guinée, certaines contraintes et défis doivent être relevés notamment, pallier à l'insuffisance des ressources publiques, favoriser le développement du secteur privé, améliorer la qualité des institutions et renforcer la cohésion sociale. Ces contraintes et défis ne seront résolus qu'en prenant en compte certains facteurs entre autres, la bonne gouvernance et la qualité des institutions, la disponibilité des ressources humaines qualifiée, et le développement d'une base productive. C'est ainsi que le Plan National de Développement Economique et Social (PNDES 2016-2020) a été non seulement élaboré pour prendre en compte ces facteurs mais également pour créer une base solide pour la vision 2040, qui devrait faire de la Guinée un pays émergent. Les déterminants de la demande de monnaie en Guinée Page 10 CHAPITRE 2 : Politique Monétaire en GuinéeDans ce chapitre, nous présenterons dans la section 1, l'évolution du système bancaire, dans la section 2, la Politique monétaire et, dans la section 3, les défis de la politique monétaire en Guinée. Section 1 : Le système bancaire guinéenDans cette section, nous présenterons en premier lieu l'évolution du paysage bancaire et les reformes sur la politique monétaire en deuxième lieu. 1.2 Le paysage bancaire de la GuinéeLe paysage bancaire Guinéen n'était composé que de banques de la colonie française avant son indépendance en 1958. A la suite de l'accession à la souveraineté nationale, quatre banques étrangères ont continué leurs activités sur le sol guinéen, malgré la rupture des relations entre la France et la Guinée. Aussi, les réformes monétaires engagées en 1983 avec les Institutions de Bretton Woods ont permis la liquidation de six banques d'Etat (BNDA, BGCE, Crédit National, BNSE et BC). Pour combler ce vide crée par cette liquidation, le Gouvernement guinéen a favorisé l'installation de banques commerciales en 1983, suivie en 1985 par l'ouverture de compagnies d'assurance, et en 1988 par la création des institutions de microfinance. A partir de 1985, c'est avec des groupes français que les quatre banques de la place ont été créées (en 1985, Banque Internationale pour l'Afrique de Guinée, Banque International pour le Commerce et l'Industrie de Guinée avec Banque Nationale de Paris, Société Général de Banques de Guinée avec Société générale, en 1987, Union Internationale de Banques de Guinée avec Crédit Lyonnais), dans des conditions qui ont nourri quelques controverses. En 1991, la BPMG fût créée dans le but d'allier les intérêts privés guinéens à ceux de banques marocaines. En 1992, le bilan agrégé des banques représentait 9.5% du PIB avec une bancarisation relativement faible. L'analyse de ce bilan montre que le total des dépôts était constitué de 82% des dépôts à vue, dont 31% des dépôts des non-résidents et 42 % libellés en devises. Les crédits mobilisés par les banques en 1992 étaient composés de 83.6% des crédits à court terme et le reste de crédits à moyen et long terme. Ces crédits étaient orientés en grande partie au financement des importations (crédits à court terme) afin d'éviter de financer les activités de production que les banques considéraient comme trop risquées. La réforme monétaire enclenchée depuis 1985 a favorisé l'installation massive de plusieurs banques de capitaux étrangers (occidentaux et africains) entre 1996 et 2006. On note la présence de géants africains par la rentrée d'International Commercial Bank (1996), ECOBANK (1999), First International BANK (2006). Aussi, en 1996, le groupe bancaire géré par les groupes français (BIAO, BNP, SG et Crédit Lyonnais) représentait plus de 85% du système bancaire en termes de collecte de dépôts et de crédits distribués. En 2008, cinq(5) banques commencent leurs activités parmi lesquelles, quatre (4) banques étrangères (Skye Bank Guinée, Banque Sahelo saharienne pour l'Industrie et le Commerce de Guinée, Banque pour le Commerce et le Financement, United Bank for Africa) et une banque de développement agricole et minier de capitaux privés guinéens (Banque Africaine de Développement Agricole et Minier de Guinée). Malgré la présence massive de ces banques, le système bancaire reste relativement Les déterminants de la demande de monnaie en Guinée Page 11 concentré en termes de volume de dépôts collectés et de crédits distribués. Trois grandes banques détenaient 76% des dépôts et 78% des crédits du système bancaire. 1.2 Les réformes de la Banque CentraleDeux ans après l`indépendance en 1958, la République de Guinée s'est dotée d'un système bancaire et financier composé d'un Institut d'émission et de banques commerciales. L'institut d'Emission dénommé, la Banque de la République de Guinée (BRG) est un établissement public doté de la personnalité morale et de l'autonomie financière, qui avait pour mission le contrôle de la circulation fiduciaire, la distribution du crédit et l'appui à l'Etat dans la conduite de sa politique économique. Le fonctionnement de la BRG deviendra problématique du fait qu'elle pratiquait parallèlement une politique monétaire expansionniste à travers le financement des entreprises et des dépenses publiques entrainant une recrudescence de l'inflation. Dès 1985, le nouveau Gouvernement militaire négocie avec le FMI, un Programme de Redressement Economique et Financier (PREF), portant sur le système bancaire, la monnaie, les finances publiques, les prix et les structures économiques. Les réformes ainsi engagées vont porter à la fois sur la dévaluation du Syli par rapport au dollar USD, et sur la restructuration de la Banque Centrale. Le résultat de cette restructuration avait permis à la Banque Centrale d'être dotée d'un nouveau statut et d'une organisation fonctionnelle. Ce nouveau statut lui conférait les prérogatives de l'émission de la monnaie, la conduite de la politique de crédit, le refinancement du Trésor et des banques et le contrôle de change. Elle restait toujours rattachée à la présidence alors que la gestion de la dette a été ramenée au Ministère des Finances. Toutefois, le statut de la Banque Centrale va connaitre plusieurs révisions, en 1960, 1985, 1994, 2009 et 2010. Les révisions engagées portaient sur le taux du concours de la Banque Centrale au Trésor public. Le poste concours au Trésor public attirait l'attention des partenaires techniques et financiers du fait de ses effets néfastes sur l'économie nationale. Le taux du concours du trésor par la Banque Centrale était de 20% des recettes ordinaires de l'Etat de 1985 à 1994 contre 10% en 1960. En 2009, l'Etat réduit le taux de 20 à 5, marquant ainsi sa volonté de réduire son recours au financement de la Banque Centrale, qui pourrait avoir des effets sur la conduite de la politique monétaire dont l'objectif demeure la stabilité des prix. Le Gouvernement de la Troisième République, à sa prise de pouvoir en 2010, a conclu un programme FEC avec le FMI en 2012. L'une des recommandations du FMI pour lutter contre l'inflation était de supprimer le concours de la BCRG au Trésor public pour permettre à l'Etat de fonctionner sur la base caisse et d'instaurer l'unicité de la caisse. Dans la même logique, de nouveaux statuts ont été promulgués en 2014, dont les principaux éléments sont, la recomposition du Conseil d'Administration de la Banque Centrale, la création d'un Comité de Politique Monétaire et d'un Comité d'investissement des réserves de change. Section 2 : L'évolution de la politique monétaire en République de GuinéeAprès avoir favorisé pendant des décennies le recours à l'action directe sur la liquidité bancaire, la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG) a procédé au cours des années 1986, à la refonte de sa politique monétaire en optant, notamment, pour les instruments indirects. Ces différentes phases seront passées en revue dans cette section. Les déterminants de la demande de monnaie en Guinée Page 12 2.1 La politique monétaire avant les années 1985Jusqu'en 1985, la Banque Centrale de la République suivait des objectifs classiques, notamment, ceux visant la stabilité de la valeur interne et externe de la monnaie nationale en faveur de la lutte contre l'inflation, l'équilibre de la balance des paiements, le plein emploi, le développement et la croissance économique. Pour atteindre ces objectifs assignés pendant cette période, elle utilisait les instruments classiques que sont, le contrôle direct de crédit, le réescompte et l'open Market, les réserves obligatoires, le taux d'intérêt et le contrôle de change.
La politique des réserves obligatoires avait été instituée le 27 juillet 1960 et mise en vigueur en mai 1993. Ce retard s'explique par le fait que les banques primaires des pays de la CEDEAO n'avaient pas toutes la maitrise de leurs dépôts liquides dont la conversion en monnaie fiduciaire était très élevée. C'est ce qui expliquerait l'importance de la circulation fiduciaire dans la masse monétaire, qui représentait près de 57% en 1975 et 40% en 1979. Cette situation avait poussé les banques à appliquer un coefficient de liquidité très élevé dans le but de répondre à la demande de retrait par la clientèle. Ce contexte ne permettait pas à la Banque Centrale d'imposer aux banques des charges supplémentaires en les obligeant de constituer des réserves obligatoires. Par conséquent, cet instrument n'a été utilisé qu'à partir de 1993. Les déterminants de la demande de monnaie en Guinée Page 13
Il a été utilisé dans le seul but de favoriser les entrées et sorties de devises dans le pays en vue de permettre l'équilibre du compte courant, d'une part, et de stabiliser le taux de change, d'autre part. Dans le souci d'un contrôle de change, le Gouvernement a créé l'Office de change2 en 1960 ayant pour attribution de s'occuper de la législation et de la réglementation de change. Malgré la création de l'Office, le taux de change pratiqué n'a presque pas varié pendant 26 ans entre 1960 et 1985. Cette situation s'expliquerait par une absence du marché de change, et l'inconvertibilité de la monnaie, préjudiciable au développement des échanges extérieurs. Cette inconvertibilité était doublée d'une fixité rigide du taux de change avec une surévaluation de la monnaie impactant négativement l'investissement direct en Guinée. 2.2 La Politique monétaire après les années 1985Après la réforme de 1985, les instruments directs ont montré leurs limites, et furent par la suite abandonnés au profit des instruments indirects. Depuis lors, l'objectif de la politique monétaire de la Banque Centrale de la République de Guinée reste la stabilité des prix. Elle procède au suivi de l'évolution de la liquidité du système bancaire à travers l'utilisation des instruments indirects que sont, les facilités permanentes, les opérations d'open market, et les réserves obligatoires.
La politique d'open market consiste pour la Banque Centrale à intervenir sur le marché monétaire dans le but d'injecter ou de ponctionner la liquidité du système bancaire. 2 L'Office de change traite, les valeurs soumises à règlementation, règles d'importation et d'exportation de monnaies étrangères et de documents de paiements en monnaie étrangères, modalités de transactions sur devises en Guinée ; résidents et de leurs droits et devoirs. Les déterminants de la demande de monnaie en Guinée Page 14 Dans ce sens, elle utilise deux instruments, les Titres de Régulation Monétaire et les Bons du Trésors Publics. Les Titres de Régulation Monétaire (TRM) sont des titres négociables à la disposition de la Banque Centrale pour ponctionner la liquidité bancaire en utilisant ses propres ressources. Ils sont gérés en comptes courants ouvert dans ses livrets au nom des banques. Ces titres sont souscrits par voie d'appels d'offre. En outre, la Banque Centrale met à la disposition des banques son guichet de refinancement à travers les opérations de prise en pension. Ce guichet permet aux banques de combler leurs besoins de trésorerie liés au respect des réserves obligatoires ou d'éviter des positions débitrices à la compensation. (iii) Les Réserves Obligatoires Une Banque Centrale utilise les réserves obligatoires pour plusieurs raisons, que sont, assurer le contrôle de la liquidité bancaire, faciliter le pilotage du taux d'intérêt, accroitre la sécurité du système financier, et orienter la structure de l'épargne et du crédit bancaire. Les réserves obligatoires s'appliquent à l'ensemble des dépôts (en GNF et en devises) de la clientèle des banques pour une période de 15 jours. L'assiette de calcul des réserves obligatoires est constituée de la moyenne des dépôts de la quinzaine constitués par les établissements de crédits assujettis sur les périodes, du 06 au 20 du mois en cours et du 21 au 5 du mois suivant. Les réserves sont constituées des soldes créditeurs des banques dans le livret de la BCRG constatés au cours de la période de 15 jours. Ce solde moyen doit être égal au moins au montant des réserves requises. En cas de manquement, la pénalité serait du taux directeur plus 8 points de pourcentage. Section 3 : Les défis de la Politique monétaire de la GuinéeLa détérioration de la situation macroéconomique en 2009 a poussé les nouvelles Autorités à engager des réformes. Dans cette section, l'accent sera mis sur ces réformes, et les défis à relever. 3.1 Les réformes et leurs mises en oeuvreL'objectif des réformes engagées dans le domaine monétaire et de change était d'assainir le secteur monétaire. Ces réformes ont surtout porté entre autres sur, la défense de la valeur interne et externe du Franc Guinéen, l'amélioration de l'intermédiation financière, la modernisation du système national de paiement et, le développement de la monétique et de l'inclusion financière. i) Réformes dans le domaine de la politique monétaire et de change Face à la situation de 2010 où l'inflation a atteint 20.8%, la Banque Centrale s'est engagée à réaliser des réformes dans le but de restaurer la valeur du franc guinéen et de renforcer les réserves de changes. Elle a fait recours à ses instruments de politique monétaire pour assécher l'excès de liquidité du système bancaire, et stabiliser le taux de change de la monnaie nationale par rapport aux principales devises. Aussi, dans le domaine de la politique de change, elle a restauré le marché interbancaire de change pour financer régulièrement une bonne partie des besoins d'importations. Par ailleurs, en matière de règlementation de changes, des mesures ont été prises, telles que, la suppression des taxes sur les retraits en devises, l'augmentation du seuil Les déterminants de la demande de monnaie en Guinée Page 15 maximal des retraits en devises sans justificatif de 5000 à 20000 USD pour les opérateurs de change. i) Amélioration de l'intermédiation financière Deux mesures furent prises par la Banque Centrale pour améliorer l'intermédiation financière. Il s'agit du déplafonnement du montant des dépôts sur les comptes sur livret et de l'amélioration de la transparence dans les opérations de crédits bancaires.
Pour améliorer le taux de bancarisation et favoriser l'inclusion financière, la Banque Centrale s'est engagée, depuis 2011, à mettre en place une structure de gouvernance de la Monétique Nationale. C'est à ce titre, qu'elle a autorisé la création de la Société Monétique de Guinée (SMG) en 2011, structure chargée de la mise en oeuvre et de l'exploitation d'un centre de traitement monétique interbancaire. 3.2 Les défis de la politique monétaireMême avec ces réformes, les défis à relever restent nombreux. La Banque Centrale doit continuer à renforcer la mise en oeuvre de sa politique monétaire afin de maitriser l'inflation. En revanche, le contexte économique étant longtemps caractérisé par un taux de chômage élevé, la question d'utilisation de la politique monétaire pour atteindre à la fois l'objectif de stabilité des prix et le plein emploi, mérite une réflexion profonde. Aussi, la Banque Centrale en étroite collaboration avec le Gouvernement pourrait mettre en oeuvre des politiques pour le renforcement des réserves de changes. ConclusionDans ce chapitre, nous avons procédé à une présentation du système bancaire, de la politique monétaire ainsi que les défis à relever. Ce système a fait l'objet de plusieurs réformes qui ont affecté le taux de bancarisation et la conduite de la politique monétaire. Ainsi, la dégradation du système monétaire de la Guinée en 2009, a permis à la Banque Centrale la mise en oeuvre de plusieurs réformes pour la défense de la valeur interne et externe de la monnaie. Malgré ces réformes, les défis à relever sont entre autres, renforcer la conduite de la politique monétaire en privilégiant une approche de stabilité des prix et de plein emploi. Renforcer également les réserves de change pour couvrir au minimum 3 mois d'importation de biens et services. Aussi, le chapitre suivant fera l'état des lieux de la demande de monnaie et, son application économétrique à l'économie guinéenne. Les déterminants de la demande de monnaie en Guinée Page 16
Dans cette deuxième partie, nous traiterons les approches théoriques de la demande de monnaie en chapitre 1, et en chapitre 2, l'application empirique de la demande de monnaie en Guinée. CHAPITRE 3 : Théorie de la demande de monnaie et son rôle sur l'activité économiquePlusieurs approches théoriques ont été développées sur la demande de monnaie. Nous présenterons dans la section 1, les concepts de la demande de monnaie, dans la section 2, quelques considérations théoriques et dans la section 3, quelques travaux empiriques. Section 1 : Les concepts de la demande de monnaieLa monnaie joue un rôle important dans les activités économiques et dans la conduite de la politique économique. Dans cette section, l'accent est mis sur quelques concepts de la demande de monnaie. 1.1 Les concepts de la monnaieLa monnaie est un bien spécifique qui permet à son détenteur d'acquérir des biens et services, et de rembourser une dette. En effet, la monnaie remplit plusieurs fonctions qui sont : l'unité de compte, l'intermédiaire des échanges, et la réserve de valeur. En tant qu'unité de compte, la monnaie est un étalon de mesure des biens et services car elle permet de fixer le prix de n'importe quel bien. Comme intermédiaire des échanges, la monnaie facilite les transactions entre les agents économiques. La monnaie permet également de conserver le pouvoir d'achat dans le temps. Toutefois, il existe plusieurs formes de la monnaie qui sont : la monnaie marchandise, métallique, divisionnaire et la monnaie scripturale. La Banque Centrale pour atteindre son objectif de stabilité des prix et apporter son soutien à la politique générale de l'Etat, doit connaître le volume de monnaie dans l'économie. C'est dans ce cadre que les agrégats monétaire sont calculés dont les plus importants sont : la masse monétaire et la base monétaire. La masse monétaire est constituée de l'ensemble des disponibilités détenues à un moment donné par les ménages, les entreprises et les administrations. Il s'agit de la totalité des moyens de paiement nécessaire pour financer les activités de production et de consommation. La monnaie est classée selon la liquidité des actifs. ? Masse monétaire au sens strict (M1)= circulation fiduciaire + dépôts transférables ? Masse monétaire au sens large (M2)=M1+Dépôts à terme dans les banques +Comptes d'épargne dans les banques+ Bons de caisse émis par les banques. La base monétaire, aussi appelée la monnaie de haute puissance, est composée de billets et monnaie en circulation (CF) + les dépôts liquides à la Banque Centrale (dépôts des banques et autres dépôts) + les Encaisses du Trésor. Les déterminants de la demande de monnaie en Guinée Page 17 1.2 La notion de la demande de monnaieOn peut alors définir la demande de monnaie comme le souhait d'un agent économique de détenir une certaine quantité de monnaie à une période donnée en tenant compte de sa richesse, de son patrimoine, de l'inflation et du taux d'intérêt. Plusieurs indicateurs sont utilisés pour formaliser cette demande de monnaie. Dans les économies où la proportion de billets dans les transactions est importante, la demande de monnaie est mesurée par la masse monétaire au sens strict (M1) en termes nominal ou réel. En revanche, dans les pays présentant d'autres substituts à la monnaie comme par exemple, les dépôts à terme, la masse monétaire au sens large (M2) est utilisée comme indicateur de demande de monnaie. La section suivante fera plus de développement sur la notion de la demande de monnaie. Section 2 : La demande de monnaie : quelques considérations théoriquesLa demande de monnaie a fait l'objet de controverses théoriques à travers les approches classique, keynésienne et monétariste. Dans cette section, nous présenterons la synthèse de ces différentes approches théoriques. 2.1 L'Approche ClassiqueDepuis Wicksell en 1898, la question monétaire se focalisait seulement sur les différentes démarches de la théorie quantitative que l'économiste Irvin Fisher (1923), a développé à travers son ouvrage the Pourchasing Power of Money, 1912, qui par la suite a été qualifiée par Patinkin (1965) d'approche de transactions. Cette approche quantitative a été développée par plusieurs auteurs, Aristote, J Bodin (1568), Cantillon (1755) et Hume (1752). Ainsi, Fisher formalise sa relation par une simple équation des échanges, selon laquelle toute transaction met en relation un vendeur et un acheteur .A chaque vente correspond un achat, et le montant des ventes est égal au montant des achats pour l'ensemble de l'économie. Pourtant, cette équation des échanges n'est pas en réalité une véritable fonction de demande de monnaie, car elle ne traduit pas une encaisse réelle, mais plutôt une encaisse pour les transactions. Compte tenu de cette limite, les économistes de l'école de Cambridge, Pigou (1917) et Alfred Marshall(1923), suggèrent une fonction de demande de monnaie, qui prend en compte la volonté des agents de détenir de la monnaie. Par ailleurs, malgré cette différence entre la théorie quantitative et l'équation de Cambridge, les deux aboutissent à la même conclusion, laquelle stipule que la quantité de monnaie en circulation varie proportionnellement avec le niveau des prix. 2.2 La demande de monnaie KeynésienneA la suite des travaux de l'école de Cambridge, Keynes (1936) dans sa théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie va montrer qu'en plus du revenu réel, le taux d'intérêt est le deuxième facteur de l'encaisse des agents économiques. Selon lui, les agents économiques détiennent la monnaie pour trois motifs : le motif de transaction ; le motif de précaution et le motif de spéculation. Pour le premier motif, il considère que les agents économiques détiennent de la monnaie pour faire face à l'achat des biens et services, lequel dépend du revenu. Par ailleurs, dans le motif de précaution, Keynes explique que les agents détiennent aussi de la monnaie pour faire face à des dépenses imprévues. Les déterminants de la demande de monnaie en Guinée Page 18 Toutefois, le véritable apport de Keynes est sa prise en compte du motif de spéculation. Selon ce motif, les agents font un arbitrage entre détenir la monnaie ou un actif non monétaire rapportant un rendement plus élevé que la monnaie. Cette demande d'encaisse dépend négativement du taux d'intérêt. 2.3 Les Autres approches de la demande de monnaieMilton Friedman précurseur du courant monétariste adopte une autre approche appelée théorie quantitative moderne de la monnaie. La contribution de Friedman, est qu'il ne s'occupe pas des motifs de détention de la monnaie mais plutôt analyse les facteurs qui déterminent la quantité de monnaie désirée par les individus. Selon lui, la demande de monnaie d'un agent dépend du revenu permanent procuré par les actifs réels, financiers et le capital humain. Cette fonction de la demande est stable et se présente sous la forme suivante : ldr l dP Md = f (W \ - - + + Les variables Md, r, W et P représentent respectivement, la demande de monnaie réelle, le taux d'intérêt, le patrimoine et le niveau des prix. Cependant, une autre formulation se focalise sur la gestion des stocks et la gestion du portefeuille dans l'univers incertain pour développer une fonction de demande de monnaie à partir d'une démarche microéconomique. Ces démarches furent développées par les économistes Baumol (1952) et Tobin (1956). Section 3 : La demande de monnaie : quelques considérations empiriquesLa recherche économique s'est beaucoup investie sur la demande de monnaie. Les réflexions ont mis l'attention sur la stabilité de la demande de monnaie d'une part, et sur les déterminants de la monnaie d'autre part. Les résultats sont disparates selon les zones. Cette section présentera la synthèse de quelques travaux empiriques. 3.1 Travaux Empiriques dans les pays émergents et développésLa plupart des études réalisées dans les pays développés montre que le revenu, le taux d'inflation et le taux d'intérêt expliqueraient la demande de monnaie. L'influence du taux d'intérêt sur la demande de monnaie pourrait s'expliquer par le développement du secteur bancaire et financier dans ces pays. Les auteurs, Ewing. B et Payne (1999) dans le cadre d'une étude de la demande de monnaie en Autriche, Australie, Finlande, Italie, Etats-Unis et au Royaume Uni, ont montré que le revenu et le taux d'intérêt jouent un rôle important dans la stabilité de la demande de monnaie. Dans leur examen de la stabilité de la demande de monnaie pour un groupe de pays asiatique émergents (Inde, Indonésie, Malaisie, Pakistan, Philippines, Singapour et Thaïlande), Bahmani-Oskooees et Rehman (2005) parviennent à la conclusion que dans la plupart de ces pays, les agrégats monétaires M1 ou M2 et les variables clés de la demande de monnaie sont cointégrées. Inoue et Hamori (2008) trouvent également que les fonctions de demande de monnaie au sens M1 et M2 en Inde présentent une relation de long terme avec le revenu réel et le taux d'intérêt. Cependant, pour faire une comparaison internationale entre l'Europe de l'est, la Grande Bretagne et les Etats-Unis, Jawadi Fridj et Ricardo M. Sousa (2013) procèdent à une modélisation de la demande de monnaie. Ils aboutissent à la Les déterminants de la demande de monnaie en Guinée Page 19 conclusion que le revenu, le taux d'inflation, le taux d'intérêt et le taux de change effectif réel influencent significativement la demande de monnaie dans ces pays avec des effets différents. Selon le résultat, le revenu influence positivement la demande de monnaie dans tous ces pays avec une élasticité supérieure à l'unité pour l'Angleterre et l'Europe de l'est. En revanche, le taux d'inflation et le taux de change ont des effets différents, un effet positif sur la demande de monnaie pour la Grande Bretagne et l'Europe de l'Est alors que l'effet reste négatif pour les Etats-Unis. Le taux d'intérêt signale un effet négatif et significatif pour tous les pays, et ce à cause du développement du système bancaire et financier. Abdullah et al. (2010) utilisent l'approche ARDL pour examiner la demande de monnaie pour cinq pays d'ASEAN (Association of South East Asian Nations) Ils trouvent que le revenu et le taux de change ont des effets positifs, tandis que l'inflation ressort en signe négatif. Ils expliquent ce résultat par le fait que la dépréciation de la monnaie nationale augmente la demande de monnaie, en raison de l'effet de richesse. Pour la Malaisie, Tang.T.C (2002) étudie la demande de monnaie en appliquant la technique d'un Modèle ARD à correction d'erreur, proposé par Pesaran, sur la période de 1973 à 1998. Il conclut l'existence d'une relation de long terme entre la demande de monnaie (M3) et ses déterminants à savoir les composantes de la dépense (consommation globale, investissement et exportations), le taux de change réel et les taux d'intérêt. Dans une étude sur l'Inde, Puma Chandra Padhan (2011) estime une fonction de demande de monnaie en privilégiant l'approche d'un modèle à correction d'erreur (ECM) à partir des données trimestrielles de 1996 à 2009. Il conclut l'existence d'une relation de long terme et de court terme entre la demande de monnaie et les variables explicatives. Dans son analyse sur six pays d'Asie du Pacifique, Abbas Valadkhani (2008) examine la relation de court et de long terme entre la demande de monnaie et ses principaux déterminants. Le résultat révèle qu'à long terme, la demande de monnaie est expliquée positivement par le revenu et négativement par le taux d'intérêt, le taux d'inflation et le taux de change effectif réel. 3.2 Travaux empiriques dans les pays en développementLes résultats des travaux réalisés dans les pays en développement montrent en grande partie la dominance du revenu et du taux d'inflation comme premier déterminant de la demande de monnaie tandis que le taux d'intérêt en général joue un rôle secondaire. C'est dans cet ordre d'idée que l'auteur Simmons.R (1992) utilise un Modèle à Correction d'Erreur pour examiner la demande de monnaie de cinq pays africains, dont la République démocratique du Congo, la Côte d'Ivoire, l'Ile Maurice, le Maroc et la Tunisie. Il parvient aux résultats que le taux d'intérêt a un impact significatif sur la demande de monnaie à long terme, dans le cas de la Côte-d'Ivoire, de l'Ile Maurice et du Maroc. Deux ans plus tard, dans une étude sur le Cameroun, la Côté d'Ivoire, le Kenya et le Nigeria, Fielding (1994) utilise des données trimestrielles pour construire une fonction de demande de monnaie. Il prouve que la demande de monnaie dans ces pays est expliquée par la volatilité de l'inflation et du taux d'intérêt. Pour aborder la stabilité de la demande de monnaie dans 21 pays africains sur des données trimestrielles de 1971 Les déterminants de la demande de monnaie en Guinée Page 20 à 2004, Bahmani-Oskooee et Gelan (2009) aboutit à la conclusion que la demande de monnaie est stable à long terme dans ces 21 pays. Toutefois, certaines études montrent l'importance du revenu dans la demande de monnaie. C'est ainsi qu'au Sénégal, Aboubakry Gollock (2000) montre un effet positif et significatif du PIB réel sur la demande de monnaie, avec une élasticité supérieure à l'unité. Cette élasticité diminue au fur à mesure qu'on élargie la définition de la demande de monnaie de M1 à M2. Mounkala Evrard Ulrich (2013) dans sa recherche sur l'estimation d'une fonction de demande de monnaie dans les pays de la CEMAC sur la période 1972-2012, utilise un panel hétérogène cointégré et parvient au résultat que la demande de monnaie est influencée positivement par le PIB réel. Dans le souci de stabilité de la vitesse de circulation de la monnaie au Maroc, les auteurs Chourouk Moudine et Younes El Khattab (2013) estiment une fonction de demande de monnaie. Il ressort de leur étude que le taux d'intérêt interbancaire et le taux d'inflation n'expliquent pas la demande d'encaisses réelles, seul le revenu l'explique. Le résultat montre également que la politique de ciblage de croissance de la masse monétaire adoptée par le Maroc n'est plus efficace du fait de l'absence de relation significative entre l'inflation et la masse monétaire. D'autres recherches utilisent un modèle à correction d'erreur aboutissent à des résultats similaires avec une élasticité de la demande de monnaie par rapport au PIB réel supérieure à l'unité. C'est le cas de Emmanuel Dodzi et al (2014) dans leur étude sur la demande de monnaie et sa stabilité au Ghana. Aussi, John Randa (1999) étudie la demande de monnaie en Tanzanie. Il montre une élasticité de la demande de monnaie par rapport au revenu positive et, celle par rapport au d'inflation négative de même que l'élasticité par rapport à la dépréciation de la monnaie nationale. Il conclut que lorsque la monnaie tanzanienne se déprécie par rapport à la monnaie étrangère, le public anticipe une dépréciation future plus forte et demande de la monnaie étrangère. Pour le cas de l'Algérie, Anissa Atmani (2016) montre l'existence d'une économie d'échelle dans la demande de monnaie. Elle signale également une fuite de la monnaie nationale remplacée par des devises à cause de l'effet négatif du taux d'inflation et du taux de change sur la demande de monnaie. Jean François Goux et Thomas Rusuhuzwa Kigabo (2007) examinent pour le Rwanda l'existence d'une relation de cointégration entre la demande de monnaie et la rupture structurelle sur des données trimestrielles de 1980 à 1999. La conclusion de l'étude montre l'absence de relation de cointégration avec l'agrégat M1 même si elle serait expliquée par le PIB réel, le taux d'inflation et le taux d'intérêt. La relation de cointégration de long terme existe avec l'agrégat large M2. En plus des déterminants essentiels de la demande de monnaie, d'autres variables sont souvent intégrées dans la modélisation pour prendre en compte l'effet des innovations financières ou l'effet de la volatilité du taux de change. Dans ce sens, on peut citer l'étude de Franklin Belnve et Theresa Mannah Blankson sur le Ghana, qui s'est appesantit sur la relation entre l'innovation financière et la demande de monnaie. ConclusionNous avons entamé ce chapitre en présentant les logiques des grandes théories de la demande de monnaie, en partant de celle classique (FISHER et MARSHAL PIGOU), Les déterminants de la demande de monnaie en Guinée Page 21 keynésienne (KEYNES), monétariste (MILTON FRIDMAN) et celle de TOBIN et BAUMOL. La conclusion des approches théoriques est que le revenu, le taux d'intérêt, le patrimoine et le prix des autres actifs constituent les principaux déterminants de la demande de monnaie. Toutefois, la revue empirique considère le revenu et le taux d'inflation comme facteurs essentiels de la demande de monnaie pour les pays en voie de développement (PVD) avec un effet de substitution entre la monnaie et l'actif physique en période de forte inflation. Par contre, dans les pays développés, le taux d'intérêt est le plus important déterminant de la demande de monnaie, à cause du développement de leur secteur financier et bancaire ainsi que les innovations financières. Pour un approfondissement de l'analyse des déterminants de la demande de monnaie en République de Guinée, nous procéderons dans le prochain chapitre à une analyse empirique. Les déterminants de la demande de monnaie en Guinée Page 22 CHAPITRE 4 : Modélisation de la demande de monnaie en République de GuinéeDans ce chapitre, nous exposerons la spécification du modèle et les techniques d'estimation dans la section 1, la section 2 sera consacrée à l'interprétation des résultats, et la section 3, aux implications de politique économique. Section 1 : La Spécification et les techniques d'estimation du modèleCette section présentera la spécification du modèle et les techniques d'estimation utilisées. 1.1 La spécification du modèleLa fonction de demande de monnaie sert à déterminer quelle quantité de monnaie souhaiterait détenir, à un instant donné, les agents économiques lorsqu'ils anticipent le volume de leurs échanges et de leur patrimoine, le niveau du taux d'intérêt et le taux de change. Plusieurs travaux relèvent le produit intérieur brut réel, le taux d'inflation, le taux d'intérêt et le taux de change comme déterminants de la demande de monnaie (Simmons (1992), Padhan (2011)). Dans le cadre de cette étude sur la Guinée, nous allons, à présent, expliquer le choix du modèle, la description des variables ainsi que les sources de données. (i) Choix du modèle A l'image de l'étude d'Anissa Atmani (2016), nous utiliserons deux fonctions de la demande de monnaie. La première inclura les variables explicatives théoriques les plus essentielles. La seconde remplacera le PIB réel par ses composantes que sont, la consommation finale privée, la consommation finale publique l'investissement et les exportations nettes. Les deux modèles ainsi retenu se présentent sous la forme suivante : Modèle 1 : fonction de la demande de monnaie
avec les variables explicatives théoriques + #177; #177; - Modèle 2 : fonction de la demande de monnaie avec décomposition du Pib réel mr = f( cfp_pibr; cfg_pibr, fbc_pibr, bc_pibr; tcn; inf; r) (2) + + + + #177; #177; - Nous retiendrons pour cette étude de la demande de monnaie en Guinée, les variables que sont, le produit intérieur brut réel, le taux de change, le taux d'inflation et le taux d'intérêt sur les dépôts bancaires. Notons aussi que peu de recherches mettent l'accent sur le comportement des composantes du Pib réel sur la demande de monnaie. Nous essayerons d'examiner si les composantes du PIB réel exprimées en termes de poids, dont la consommation finale privée, consommation finale publique, la formation brute de capital fixe, la variation de stocks, et les exportations nettes pourraient expliquées la demande de monnaie (ii) Définition des variables Le choix est souvent fait entre la masse monétaire au sens strict (M1) et au sens large (M2) en terme réelle comme demande de monnaie. Notre choix de l'agrégat monétaire Les déterminants de la demande de monnaie en Guinée Page 23 se fonde sur M2 composée des billets et pièces en circulation auquel on ajoute les dépôts à vue, les dépôts à terme et les dépôts en devises. Dans ce travail, la masse monétaire M2 est exprimée en terme réel (mr) déflatée de l'indice des prix à la consommation. Ce choix est motivé par le fait que la Banque Centrale dans le cadre de la conduite de sa politique monétaire suit régulièrement la masse monétaire M2, à travers son contrôle sur la base monétaire qui est sa cible intermédiaire. ? Les variables exogènes : Le produit Intérieur Brut Réel (pibr) : il sert de proxy du revenu dans la fonction de demande de monnaie. Son effet pourrait être positif autrement dit lorsque le revenu augmente la demande de monnaie devrait augmenter. Selon l'optique de la dépense, le PIB comprend la consommation finale, la formation brute de capital fixe, les variations de stocks et les exportations nettes. Le taux d'inflation (inf) : est calculé comme la variation relative de l'indice des prix à la consommation. On s'attend à un effet négatif pour traduire un effet de substitution de la monnaie à l'actif réel en période d'hyperinflation ou un signe positif pour décrire un comportement de reconstitution des encaisses en période d'inflation. Le taux de change du dollar par rapport au GNF (tcn) : est le taux de change nominal coté à l'incertain, qui permet de cerner l'effet de la dépréciation de la monnaie nationale sur la demande de monnaie. On pourrait s'attendre à un signe négatif pour décrire la fuite de la monnaie nationale vers une monnaie étrangère, ou un signe positif pour traduire la dominance des transactions sur le marché parallèle de change. Le taux d'intérêt des dépôts bancaires (r) : constitue un indicateur du coût d'opportunité de la détention de la monnaie. Les agents économiques préfèrent détenir les actifs qui offrent un rendement élevé. Une augmentation du taux d'intérêt sur les dépôts bancaires constitue une augmentation du taux de rendement des actifs peu liquides par rapport à celui de la monnaie. Ainsi, à l'augmentation des taux d'intérêt, les agents voudront détenir une plus grande partie dans les avoirs en actifs non monétaires à cause de leurs intérêts, et une moindre fraction en encaisse. Le signe attendu est donc négatif, c'est-à-dire une augmentation du taux d'intérêt provoquera une baisse de la demande de monnaie. (iii) Sources de données Les données utilisées dans cette recherche sont des données secondaires issues de sources différentes. Le produit intérieur brut réel, la masse monétaire, le taux d'intérêt sur les dépôts bancaires, la consommation finale, la formation brute de capital fixe, et les exportations nettes sont tirés du World Development Indicator de la Banque Mondiale tandis que le taux d'inflation, l'indice des prix à la consommation et le taux de change nominal sont respectivement issus de l'Institut National de Statistique et de la Banque Centrale de Guinée. Elles couvrent la période de 1987 à 2016, soit 30 observations. 1.2 Les techniques d'estimation du modèleLe premier travail à faire lorsqu'on étudie une série temporelle est d'effectuer le test de stationnarité des variables, dont l'objectif serait d'éviter une régression fallacieuse qui se prêterait à une mauvaise interprétation. Lorsqu'il se révèlerait que toutes les variables sont non stationnaires, nous procéderons au test de cointégration pour détecter l'existence d'une dynamique de long terme, processus qui facilitera le choix du modèle et la méthode d'estimation. Les déterminants de la demande de monnaie en Guinée Page 24 (i) Test de stationnarité Lorsqu'on utilise des séries temporelles, il est important qu'elles conservent une distribution constante dans le temps. La stationnarité doit être vérifiée afin d'éviter des régressions factices pour lesquelles les résultats pourraient être significatifs, alors qu'ils ne le sont pas. Pour vérifier la stationnarité des variables dans cette étude, le test de Phillips et Perron (1988) a été utilisé. Tableaux 2 : Résultats du Test de stationnarité de Phillips et Perron
Source : calculs de l'auteur Au regard du tableau 2, nous constatons que les variables que sont, log (mr), log (pibr), mr, Cfp_pibr, Cfg_pibr, Fbcf_pibr, Bc_pibr, inf et r sont toutes stationnaires en différence première I(1). (ii) Test de cointégration Une fois constatée que les variables sont non stationnaires à niveau, il est primordial d'effectuer le test de cointégration. Ce test permet d'étudier des variables non stationnaires dont une combinaison linéaire est stationnaire. L'avantage de ce test est qu'il permet de détecter l'existence d'une relation de court et long terme. Pour effectuer ce travail, le test d'Engle et Granger a été privilégié. Le principe de cette approche consiste à effectuer un test de stationnarité sur le résidu de la relation de long terme. Tableau 3 : Test de stationnarité de Phillips et Perron sur le Résidu
Source : Calcul de l'auteur sur Eviews 6.0 Le tableau 3, montre que les résidus des deux modèles sont stationnaires à niveau. Nous pourrions donc conclure l'existence d'une dynamique de long terme entre la demande de monnaie et chacune des variables des deux modèles que sont le Produit intérieur brut réel, le taux de change, le taux d'inflation, le taux d'intérêt, la consommation finale privée, la consommation finale publique, la formation brute de capital fixe, et les exportations nettes. (iii) Méthodes d'estimation des modèles Les sections précédentes ont montré que les variables sont stationnaires en différence première et qu'il existait pour les deux modèles une relation de long terme. Ces résultats prouvent la nécessité d'utiliser un Modèle à Correction d'Erreur (MCE) dont les paramètres seront estimés par la méthode des Moindres Carrées Ordinaires (MCO). A cet effet, nous adopterons l'approche du Modèle à Correction d'Erreur (MCE) en deux étapes d'Engle et Granger pour estimer les deux fonctions de demande de monnaie. 1ère étape : Estimation des relations de long terme par la MCO log (????) = ??0 + ??1log (????????)?? + ??2log (??????)?? + ??3 (??????) + ??4(??) + ???? (1) ???? = ??0 + ??1(??????_????????) + ??2(??????_????????) + ??3(????????_????????) + ??4(??????) + ??5(????_????????) + ??6 (??????) + ??7(??)?? + ???? (2) Les déterminants de la demande de monnaie en Guinée Page 25 2ème étape : Estimation des dynamiques de court terme d(log(????))?? = ??0 + ??1??(log (????????))?? + ??2??(log (??????))?? + ??3d( (??????))?? + ??4??((??))?? + ??5????-1 + P?? (1) d (????)?? = ??0 + ??1??(??????_????????)?? + ??2d(??????_????????)?? + ??3??(????????_????????)?? + ??4??(??????)?? + ??5??(????_????????)?? + ??6d(??????)?? + ??7??(??)?? + ??8????-1 + S?? (2) Les coefficients ?%o?? i=1_4 représentent les élasticités et semi-élasticités de long terme de la première fonction de demande de monnaie par rapport à chacune des variables explicatives. En revanche, les coefficients, ???? i=1_4 désignent les élasticités et semi-élasticités de court terme de la première fonction de demande de monnaie par rapport à ses variables explicatives. Aussi, les coefficients et ???? i=1_7 sont les propensions marginales de la seconde fonction de demande de monnaie par rapport à chacune de ses variables explicatives et, ???? i=1_7, les coefficients de court terme. Les paramètres ??5 et ??8 sont les coefficients de correction d'erreur, qui doivent être négatifs et significatifs pour prétendre l'existence d'un MCE. Cependant, les différents tests de diagnostic annexé ont validé l'absence d'autocorrélation des erreurs, car les valeurs de Durbin Watson sont toutes proches ou supérieurs à 2. De même, le test d'absence d'hétéroscédasticité des erreurs est confirmé, car les probabilités limites sont toutes supérieures à 5%. Aussi, les résultats de l'estimation signalent la significativité globale des fonctions de demande de monnaie car les probabilités respectives sont toutes inférieures au seuil conventionnel de 5%. En se référant au tableau de l'estimation, nous remarquons que les coefficients de la force de rappel des deux modèles sont négatifs et significatifs au seuil de 5%. Donc, il existe un mécanisme à correction d'erreur, c'est-à-dire à long terme les déséquilibres entre la demande de monnaie et chacune des variables des deux modèles se compensent de telle sorte qu'elles suivent une évolution commune. Ainsi, on arrive à ajuster 27.9% et 69.45% du déséquilibre entre le niveau désiré et effectif de la demande de monnaie respectivement pour les deux modèles. Tableau 4 : Résultats de l'estimation de la demande de monnaie
source: Estimation de l'auteur sur Eviews 6,0 (***), (**) et (*) significativité respective au seuil de 1% ; 5% et 10%, et ( ) non significativité des variables. Les déterminants de la demande de monnaie en Guinée Page 26 Section 2 : Interprétation des résultatsA ce niveau, nous ferons l'interprétation économique des signes de chaque variable dans les deux fonctions de demande de monnaie. En effet, selon le tableau 4 de l'estimation, il ressort qu'en Guinée, la demande de monnaie est significativement expliquée à court et à long terme par le taux d'inflation alors que le revenu réel, le taux d'intérêt et le taux de change l'expliquent seulement à long terme. En d'autres termes, le taux d'inflation et le revenu expliquent positivement la demande de monnaie tandis que le taux de change et le taux d'intérêt l'affectent négativement. Les effets positif et négatif respectifs du revenu, du taux de change et du taux d'intérêt ne sont significatifs qu'à long terme. 2.1 Le taux d'inflationLe taux d'inflation reste positif et significatif à 5% dans les deux fonctions de demande de monnaie. L'impact est plus élevé à court et long terme dans la seconde fonction que dans la première. En d'autres termes, une progression des prix de 1% entrainera une augmentation de demande de monnaie de 0.26% à court terme et 0.56% à long terme pour la seconde fonction. Cependant, le signe ainsi obtenu pourrait signifier l'absence de comportement de substitution de la monnaie à l'actif réel. Par contre, nous constatons de la part des agents un comportement de reconstitution des encaisses réelles. 2.2 Le taux d'intérêt sur les dépôts bancairesConcernant le taux d'intérêt, l'effet négatif reste maintenu pour les deux fonctions. Par ailleurs, il est significatif au seuil de 10% dans la deuxième fonction et non significatif dans la première. Ainsi, l'effet est plus important dans la deuxième fonction. On pourrait anticiper un effet négatif et significatif du taux d'intérêt sur la demande de monnaie. Lorsqu'on procède à un changement du taux d'intérêt de 1% alors la demande de monnaie baissera respectivement à court et long terme de 0.19% et 0.36% pour le second modèle tandis qu'elle baissera à court et long terme de 0.029% et 0.022% pour le premier. Donc, il reste bien entendu un comportement d'arbitrage de la part des agents économiques en Guinée. L'amélioration de la part des dépôts rémunérés (dépôts à terme, dépôts en devise et le compte d'épargne) dans la masse monétaire, la confiance des agents économiques au système bancaire, et le déplafonnement du montant de dépôts sur les comptes sur les livrets pourraient traduire cet effet significatif. Ce résultat trouvé a été confirmé par Simmons (1992) dans son étude de la demande de monnaie de cinq pays africains3. 2.3 Le produit intérieur brut réelLes coefficients du revenu dans les équations à long et court terme ont leurs signes attendus tels que recommandés par la théorie économique. Le volume des transactions a un effet positif et significatif sur la demande de monnaie à long terme. Ainsi, pour une augmentation de 1% de la valeur du revenu, les agents économiques effectuent plus de transactions, ce qui entraine une augmentation de la demande de monnaie de 1.76% à long terme. Par ailleurs, l'élasticité du pibr réel par rapport à la demande de monnaie à long terme (1.76%) reste élevée et supérieure à l'unité, ce qui explique l'absence d'économie d'échelle dans la fonction de demande de monnaie en 3 République démocratique du Congo, Côte-d'Ivoire, Maurice, le Maroc et Tunisie Les déterminants de la demande de monnaie en Guinée Page 27 Guinée. Le résultat ainsi obtenu a été confirmé par plusieurs études dans les pays en développement, Jean François Goux(2007). Toutefois, l'importance du revenu dans la demande de monnaie est liée à l'effet positif et signficatif de la part de la consommation finale publique dans le PIB réel par rapport aux autres composantes. En d'autres termes, le revenu est affecté en partie pour la consommation finale privée, consommation finale publique, l'investissement et les exportations nettes. A cet effet, la demande de monnaie est influencée positivement et significativement à court et long terme par la consommation finale publique et les exportations nettes. Par ailleurs, la consommation finale privée et l'investissement l'impactent aussi positivement et significativement au seuil de 5% à long terme. Par contre, l'effet de la consommation finale publique est plus important à court et long terme que celui de la consommation privée, de l'investissement et des exportations nettes. Une augmentation respective de 1GNF de la consommation finale privée, la consommation finale publique, l'investissement et les exportations nettes entrainera une hausse de la demande de monnaie à long terme respectivement de 169.69 GNF, 196.22GNF, 91.31 et de 80.94GNF. 2.4 Le taux de changeLe taux de change a un effet négatif non significatif dans la première fonction alors qu'il est significatif au seuil de 5% à long terme dans la seconde fonction. Malgré l'effet non signficatif dans la première, il reste plus important par rapport à la seconde fonction. Ainsi, une dépréciation de la monnaie de 1% se traduirait par une baisse de la demande de monnaie à long terme de 0.33%. Néanmoins, ce résultat expliquerait un comportement partiel de fuite de monnaie vers une monnaie étrangère. Cette fuite partielle pourrait s'expliquer par l'instauration de la part de la Banque centrale, d'un marché interbancaire de change pour financer régulièrement une bonne partie des besoins des importation d'une part, et la mise en place des mesures de règlementation de change d'autre part. Le même résultat a été obtenu par JOHN RANDA (1999). 2.5 Les variables indicatrices ou muettesLe test de stabilité de Cusum effectué a montré que les fonctions de demande de monnaie étaient instables sur les périodes 1989, 1991, 1999, 2005 et 2006. Ainsi, nous avons introduit ces variables muettes dum89, dum91, dum99, dum05 et dum06 pour rendre les fonctions stables. Par ailleurs, ces dates marquent les événements qui ont affecté l'économie guinéenne, entre autres, les programme d'ajustement structurel, l'élection présidentielle, les crises socio-politique et syndicale (1989, 1999,2005 et 2006). Les résultats des estimations montrent que ces variables ont pour la plupart affectée négativement et significativement la demande de monnaie en Guinée. Section 3 : Les implications de politique économiqueNous venons d'établir à travers les résultats économétriques que la demande de monnaie en Guinée est influencée positivement par le taux d'inflation et le revenu à travers la consommation privée, la consommation publique, les investissements et les exportations nettes. En revanche, le taux d'intérêt et le taux de change exercent une influence négative sur la demande de monnaie. Ces résultats nous permettent de tirer un certain nombre d'implications en termes de politique économique, qui sont entre autres, renforcer la politique de stabilité des prix, créer une croissance durable et, améliorer le taux de bancarisation. Les déterminants de la demande de monnaie en Guinée Page 28 3.1 Renforcer la politique de stabilité des prixAu regard de la relation significative entre la demande de monnaie et le taux d'inflation et de l'instabilité de cette demande de monnaie, nous pouvons recommander la poursuite du renforcement de la politique de stabilité des prix. Pour cela, la Banque Centrale pourrait adopter une politique de ciblage du taux d'inflation susceptible de garantir la stabilité du taux de change et de favoriser la croissance économique. La Banque Centrale pourrait également continuer d'adopter sa politique de change flexible tout en veillant à l'alignement du taux de change sur les fondamentaux de l'économie. 3.2 Créer une croissance économique durableLe Gouvernement pourrait poursuivre sa volonté de relancer la croissance économique et d'améliorer le revenu de la population. La relance de cette croissance ne serait possible qu'à travers des mesures permettant entre autres, le renforcement de la capacité de mobilisation des ressources publiques, le développement du secteur privé et, l'amélioration de la qualité des institutions et le renforcement de la cohésion sociale. Le renforcement de la capacité de mobilisation des ressources publiques pourrait permettre la réalisation des infrastructures de base notamment, la fourniture de l'électricité, l'eau, les écoles, les centres de santé et les transports. Aussi, l'émergence du secteur privé à travers l'amélioration du climat des affaires est indispensable pour une transformation de la base productive, le renforcement de la compétitivité de l'économie et la création de l'emploi pour les jeunes. Le maintien de la cohésion sociale permet de prévenir des tensions sociopolitiques gage d'une stabilité pour le développement économique. Toutefois, il faut noter que ces mesures ne seront possibles qu'à travers la promotion de la bonne gouvernance, d'une qualité des institutions, de la disponibilité des ressources humaines de qualité, et du développement de base productive. 3.3 Améliorer le taux de bancarisationL'amélioration du taux de bancarisation devrait passer, entre autres, par la mise en place des services bancaires de proximité des populations vivant dans les zones rurales, procéder à l'éducation financière de la population. Toutes ces mesures devraient être possibles grâce à l'implication de la Banque Centrale à travers la mise en place d'un cadre réglementaire favorable à l'activité des banques, et des structures de monnaie électronique et de la monétique. ConclusionDans ce chapitre nous avons procédé à la spécification du modèle, à l'interprétation des résultats ainsi que les implications de politique économique. Les résultats de l'étude montrent que la demande de monnaie est expliquée par le revenu et le taux d'inflation. Les recommandations suivantes ont été formulées, la poursuite de la stabilité des prix, la relance de croissance économique et l'amélioration du taux de bancarisation. Les déterminants de la demande de monnaie en Guinée Page 29 CONCLUSION GENERALEL'objectif principal de cette étude était de contribuer à la formulation d'une fonction de demande de monnaie afin de permettre à la Banque Centrale de mieux prévoir les conséquences de sa politique monétaire. Après une présentation du contexte socio-économique de la Guinée ainsi que de sa politique monétaire, nous avons passé en revue les différentes approches théorique et empirique de la demande de monnaie. La revue de la littérature nous a permis de recenser les principaux déterminants de la demande de monnaie que sont, le produit intérieur brut réel, le taux de change, le taux d'inflation et le taux d'intérêt sur les dépôts bancaires. La contribution de cette étude est qu'elle prend en compte les composantes du PIB réel telles que la consommation finale privée, la consommation finale publique, l'investissement et les exportations nettes comme déterminants spécifiques de la demande de monnaie. Nous avons formulé deux fonctions de demande de monnaie. Une première qui retient les principaux déterminants cité ci-dessus et, une deuxième remplace le PIB réel par ses composantes citées ci-haut. Toutefois, l'analyse des données montre que les variables des deux fonctions sont stationnaires en différence première alors que le test de cointégration des résidus d'Engle et Granger signale l'existence d'une dynamique de long terme. Cette relation de long terme nous a guidé dans le choix d'un Modèle à Correction d'Erreur (MCE) en deux étapes d'Engler et de Granger. Les résultats font ressortir que la demande de monnaie en Guinée est positivement et significativement expliquée par le taux d'inflation et le revenu réel. Il est également noté que le taux d'intérêt et le taux de change l'expliquent négativement à long terme. L'importance du revenu dans la demande de monnaie est liée à l'effet positif et important de la consommation finale publique par rapport aux autres composantes du PIB réel. A la lumière des résultats obtenus, nous avons tiré un certain nombre d'implications de politique économique, à savoir, renforcer la politique de stabilité des prix , créer une croissance durable et, améliorer le taux de bancarisation. Comme toute recherche scientifique, celle-ci comporte des limites. La première est liée à la taille faible des données, à la diversification des sources de données provenant d'institutions diverses, et à l'utilisation des données macroéconomiques. Par conséquent, une étude qui essayerait d'examiner la demande de monnaie par agent économique (ménages, entreprise, Etat et le reste du monde) pourrait mieux appréhender les principaux déterminants de la demande de monnaie en Guinée. Les déterminants de la demande de monnaie en Guinée Page 30 ANNEXE1 : DONNEES UTILISEES POUR L'ESTIMATION Tableau1: BASE DES DONNEES DE L'ETUDE
Sources: Banque Mondiale, Banque Centrale de la République de Guinée et l'Institut National de statistique de Guinée ANNEXE 2 : ANALYSE DES VARIABLES ET RESULTATS DES ESTIMATIONSTableaux 2: Test d stationnarité de Phillips et Perron sur les variables des modèles
Les déterminants de la demande de monnaie en Guinée Page I
Les déterminants de la demande de monnaie en Guinée Page II
Les déterminants de la demande de monnaie en Guinée Page III Tableaux3 : test de cointégration d'Engle et Granger sur la première fonction Tableau 3A : test de stationnarité de Phillips et Perron sur le résidu du premier modèle
Tableau 3B : test de stationnarité de Phillips et Perron sur le résidu du second modèle
Graphique 1: Résidu du premier modèle 1 RESID_COINT1
Graphique2: Résidu du second modèle 2 RESID_COINT2
Les déterminants de la demande de monnaie en Guinée Page IV Tableau 4 : Résultat de l'estimation de la relation de long terme du premier modèle1
Tableau5 : Résultat de l'estimation de la relation de court terme du premier modèle 1
Les déterminants de la demande de monnaie en Guinée Page V Tableau 6 : Résultat de l'estimation de la relation de long terme du second modèle2
Tableau 7 : Résultat de l'estimation de la relation de court terme du second modèle 2
Les déterminants de la demande de monnaie en Guinée Page VI ANNEXE 3 : TESTS DE VALIDATION DES MODELESGraphiques 3 : tests de stabilité de Cusum de la relation de court terme du modèle1 -10 -15 15 10 -5 5 0 96 98 00 02 04 06 08 10 12 14 16 CUSUM 5% Significance
CUSUM of Squares 5% Significance Tableaux 8 : Test d'autocorrélation des erreurs et d'hétéroscédasticité du modele1
Les déterminants de la demande de monnaie en Guinée Page VII Tableau 9 : test de spécification de Ramsey du modèle 1
Graphiques 4 : tests de stabilité de Cusum de la relation de court terme du modèle2
1.6 1.2 0.8 0.4 0.0 -0.4 00 02 04 06 08 10 12 14 16 CUSUM 5% Significance 00 02 04 06 08 10 12 14 16 CUSUM of Squares 5% Significance Tableaux 10 : Test d'autocorrélation des erreurs et d'hétéroscédasticité du modèle 2
Les déterminants de la demande de monnaie en Guinée Page VIII Tableau11 : test de spécification de Ramsey du modèle 2
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| "Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée" |