L'harmonisation des normes relatives à la formation et
à l'emploi dans l'espace UEMOA
0
UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI
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ECOLE DOCTORALE DES SCIENCES JURIDIQUES, POLITIQUES
ET ADMINISTRATIVES
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CENTRE DE DROIT CONSTITUTIONNEL
MASTER II RECHERCHE
OPTION : DROIT PUBLIC
DROIT INTERNATIONAL ET ORGANISATIONS
INTERNATIONALES
THEME
L'HARMONISATION DES NORMES
RELATIVES A LA FORMATION ET A
L'EMPLOI DANS L'ESPACE UEMOA
Auditeur : Directeur de recherche :
Gbètoho Albert BOCO Frédéric
Joël AÏVO
Professeur titulaire des Facultés de Droit Professeur de
Droit Public
Année Académique
2014-2015
1
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
INTRODUCTION GENERALE
En Afrique, « les difficultés de
l'intégration régionale se présentent d'abord comme un
héritage de la colonisation. En effet, le morcellement du continent est
basé sur les caractéristiques purement géographiques comme
les fleuves, les déserts ou les montagnes qui ont été les
points de repère des colonisateurs » 1. Mais les
frontières ne reflètent pas les réalités des
nations ; notamment sur les plans des cultures et échanges commerciaux
ainsi que des mouvements migratoires traditionnels. Une conséquence de
ce morcellement inventé du continent africain est le clivage artificiel
de la culture législative qui persiste jusqu'à ce jour, en
fermant des cadres juridiques différents les Etats de tradition de droit
francophone, lusophone ou anglophone en éloignant les uns des
autres2. La volonté des leaders politiques de ressouder le
continent est manifeste. Dans la région ouest du continent,
l'intégration régionale s'exprime à travers certaines
organisations communautaires parmi lesquelles on peut citer l'Union Economique
et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA). Ce regroupement paraît mieux
fonctionner surtout dans une zone d'histoire coloniale commune comme celle de
l'UEMOA qui s'inspire du modèle d'intégration de l'Union
Européenne (UE).
En instituant le traité de la Communauté
Européenne du Charbon et de l'Acier (CECA) le 18 avril 1951, les Etats
de l'Europe, parties au traité créent un nouveau droit
appelé "droit communautaire"3. La CECA fut la
première organisation internationale basée sur des principes
supranationaux et devait, à travers l'établissement d'un
marché unique pour le charbon et l'acier, soutenir les économies,
augmenter les emplois et élever le niveau de vie moyen au sein de la
communauté. Plusieurs étapes ont été franchies
par
1 ZIEMEK (Karen), « Les droits communautaires
africains : quelle rationalisation ? », Dakar, Friedrich Ebert
Stiftung, 2006, p. 1.
2 Ibidem.
3 Le droit communautaire est un ensemble de dispositions
contenues dans les différents traités constitutifs de l'UE et
dans les textes élaborés par les institutions communautaires (le
Conseil, la Commission et le Parlement européens). Ces normes
interviennent dans des domaines aussi variés que les transactions
économiques, la consommation, l'environnement, la politique sociale
(sécurité sociale, droit du travail...), la formation, les droits
des citoyens, etc...soit pour harmoniser les législations nationales,
soit pour les coordonner. Dans certains cas, le droit communautaire
complète le droit interne, dans d'autres, il le remplace, Cf.
Site internet,
http://www.eurogersinfo.com/faq/faq14a.htm.
(Consulté le 04 juillet 2017 19 heures 41).
2
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
cette communauté avant d'aboutir à
l'UE4. En Amérique du sud, le Marché Commun du Sud
(MERCOSUR)5 est créé en mars 1991. En effet, l'accord
fondateur de MERCOSUR, le traité d'Asunción fixait
l'objectif de créer une zone de libre-échange. Cette
intégration économique visait aussi, au-delà de la
libéralisation du commerce des biens et services, la libre circulation
des facteurs de production, l'harmonisation des normes juridiques et
institutionnelles, ainsi que la coordination des politiques
macroéconomiques et sectorielles6.
L'apparition des Organisations Internationales Africaines
(OIA) sur la scène internationale est très récente. Cette
apparition est en rapport avec les indépendances des Etats africains
dans le souci pour ces Etats de se regrouper pour la paix et résoudre en
commun des problèmes communs7. Les exemples des organisations
d'intégration économique et monétaire sont légion
sur le continent africain parmi lesquelles on peut citer : l'Union Maghreb
Arabe (UMA), le Marché Commun de l'Afrique Orientale et Australe
(COMESA), la Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale
(CEEAC), la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique
Centrale (CEMAC), la Communauté de l'Afrique de l'Est (EAC), la
Communauté de Développement d'Afrique Australe (SADC), la
Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest CEDEAO), la
Communauté de l'Océan
4 Le traité sur l'UE (traité de
Maastricht) est signé le 7 février 1992 puis entré en
vigueur le 1er mai 1993. Les objectifs du traité sont :
dépasser l'objectif économique initial de la communauté et
lui donner une vocation politique, avec la création de l'UE. Celle-ci
repose sur 3 piliers qui sont les 3 communautés à savoir : la
Communauté Economique Européenne (CEE), la CECA et la
Communauté Européenne de l'Energie Atomique (EURATOM). En outre,
ces Etats ont élaboré une Politique Etrangère et de
Sécurité Commune (PESC) et la coopération policière
et judiciaire en matière pénale puis conclu la création
d'une monnaie unique au 1er janvier 1999, sous l'égide d'une
banque centrale européenne.
5 Le MERCOSUR (de l'espagnol Mercado Común del
Sur) ou Mercosul (du portugais Mercado Comum do Sul), est une
communauté économique qui regroupe plusieurs pays de
l'Amérique du Sud. Il est composé de l'Argentine, du
Brésil, du Paraguay, de l'Uruguay, du Venezuela. On trouve
également des pays associés tels que le Chili, la Colombie, le
Pérou ou l'Équateur. La Bolivie a signé son acte
d'adhésion le 7 décembre 2012 mais, il manque encore les
ratifications du Brésil et du Paraguay. En 2015, un protocole
amendé prenant en compte le retour du Paraguay dans l'institution est
ajouté au traité d'adhésion. Pour l'instant le pays
conserve son statut de membres associés. Le traité
d'Asunción établit : « La libre circulation des biens,
services et des facteurs productifs entre les pays dans l'établissement
d'un arsenal externe commun et l'adoption d'une politique commerciale commune,
la coordination de politiques macroéconomiques et sectorielles entre les
Etats et l'harmonisation des législations pour atteindre un renforcement
du processus d'intégration ».
6 DE LIMA NEVES (Alessandra), « L'intégration
dans les Amériques », Les notes d'information de
l'Observatoire des Amérique, 2003, p. 2.
7 TALL (Saidou Nourou), Droit des organisations
Internationales africaines, Paris, L'Harmattan, 2015, p. 25.
3
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
Indien (COI).... Elles sont à la recherche d'une
solidarité fondée sur un développement harmonieux et
prospectant des solutions globales que chaque Etat isolément ne saurait
trouver. Le Conseil de l'Entente (CE) est la première organisation
d'intégration créée le 29 mai 1959 dans la région
ouest du continent qui, malheureusement n'a pas pu prospérer. Il a
été relancé en décembre 20118. Une
ambition similaire était née en Afrique centrale avec la
création de la Communauté Economique des Pays des Grands Lacs
(CEPGL) le 20 septembre 1976 à l'initiative du Président
zaïrois Mobutu Sese Seko. Forte de ses visées d'intégration
économique et de coopération transfrontalière
multisectorielle, la CEPGL entend conduire l'ancienne Afrique Belge à
son développement. Elle regroupait alors le Rwanda, le Burundi et le
Zaïre9.
Mais, « depuis la décennie 1990, une nouvelle
génération des OIA émerge sur l'échiquier africain
en s'inspirant, pour l'essentiel de son articulation normative et
institutionnelle, du modèle européen d'intégration,
notamment dans sa dimension communautaire tout en y apportant des
spécificités africaines »10. Ainsi, en
réponse aux difficultés créées par la
dévaluation du franc de la Communauté Financière Africaine
(CFA) survenue en janvier 1994, les Etats de l'Union Monétaire Ouest
Africaine (UMOA) ont décidé de la création d'une nouvelle
organisation dénommée "UEMOA"11. Ils s'engagent
à réaliser une intégration économique
complète,
8 Créé le 29 mai 1959, le CE est la "doyenne"
des institutions sous régionales ouest-africaines. A l'initiative de
Felix Houphouët BOIGNY (Côte d'Ivoire), quatre chefs d'Etat ont
signé l'Acte Constitutif du CE. Ce sont : Félix Houphouët
BOIGNY de la Côte d'Ivoire, Hamani DIORI du Niger, Maurice YAMEOGO de la
Haute Volta (Burkina-Faso), Hubert MAGA de Dahomey (Bénin). En 1966, le
Togo devint membre du CE. A l'origine, le CE était un instrument de
solidarité financière et diplomatique. La réforme du 8
décembre 1973 en fera une institution internationale et un instrument de
solidarité financière et économique. En 1994, les
difficultés économiques des Etats vont pousser les Chefs d'Etat
à liquider une partie du capital du Fonds. Une période
transitoire de 2009 à 2011 a été nécessaire pour
préparer la réforme de 2011. Disponible sur le site internet,
http://www.conseildelentente.org/index.php/institution/historique.
(Consulté le 10 juillet 2017 à 10 heures 01).
9 MBUYI LUKUSA (Danny), « Echecs des tentatives
d'intégration régionale face à la crise sécuritaire
dans les
grands lacs et en Afrique centrale. », Cf. Site
internet,
https://www.afdb.org/uploads/tx.../ECHECS_DES_TENTATIVES_D.doc.
(Consulté le 15 juillet 2017 à 19 heures 34).
10 MPIANA (Joseph Kazadi), « La
problématique de l'existence du droit communautaire africain. L'option
entre mimétisme et spécificité », Revue libre de
Droit, 2014, p. 38.
11 Le Traité créant l'UEMOA a
été signé le 10 janvier 1994 et modifié le 29
janvier 2003. Cf. Site internet,
http://www.uemoa.int/fr/presentation-de-luemoa
(Consulté le 10 février 2016 à 13 heures 20).
4
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
couvrant l'ensemble de leurs économies afin de
favoriser un développement économique et social à travers
«...l'harmonisation de leurs législations, l'unification de
leurs marchés intérieurs et la mise en oeuvre de politiques
sectorielles communes dans les secteurs essentiels de leurs économies
»12. Bien que les Etats membres de l'UEMOA partagent les
mêmes difficultés sur le plan social, leurs intérêts
sont par endroits divergents dans la mesure où certains Etats peinent
à céder une portion de leur souveraineté. Il se pose alors
des problèmes de non-respect et de non-application des normes
édictées par les Etats membres de l'Union. C'est dans cet
environnement juridique enclin aux disparités et, parfois en
déphasage par rapport aux réalités de chaque Etat membre
que s'applique le droit UEMOA. Dans ces conditions, il est fait obstacle
à la mise en oeuvre efficace des décisions à
caractère social et particulièrement celles relatives à la
formation et à l'emploi.
Au sein de ce regroupement ouest-africain, pour parvenir
à l'harmonisation des normes dans le domaine social (la formation et
l'emploi), il est indispensable que l'uniformisation des pratiques soit
l'action prioritaire de la communauté. La problématique de la
formation et de l'emploi vue sous l'angle de l'harmonisation des normes et de
l'uniformisation des pratiques est d'une importance capitale et d'un
intérêt scientifique certain. C'est la raison pour laquelle nous
avons choisi de réfléchir sur le thème :
l'harmonisation des normes relatives à la formation et à
l'emploi dans l'espace UEMOA13.
Avant d'aborder le coeur du sujet, il convient de
définir les notions clés y relatives. Il s'agit notamment des
notions telles que : harmonisation, norme, formation, emploi et espace. Au sens
large, la notion d'« harmonisation » vise
de nombreuses situations différentes à mettre ensemble mais en
accord. Elle est une opération législative consistant à
mettre en accord des
12 Cf. Paragraphe 4 du préambule du Traité
modifié de l'UEMOA du 29 janvier 2003.
13 Pour ne pas trop embrasser les nombreux
chantiers qu'explore l'UEMOA dans le domaine social, l'objet de notre
étude portera uniquement sur l'harmonisation des normes relatives
à la formation et à l'emploi. Nous allons alors nous
référer à la politique sociale spécifiquement dans
les domaines de la formation et de l'emploi de l'Organisation en vue d'une
amélioration qualitative et quantitative des conditions de vie des
populations. C'est donc une question des droits de l'homme.
5
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
dispositions d'origine différente, plus
spécialement à modifier des dispositions existantes afin de les
mettre en cohésion avec une réforme nouvelle14. C'est
aussi « une technique souple d'égalisation dans le sens du
progrès des conditions de vie et de travail entre plusieurs pays, le
plus souvent interdépendants économiquement15 ».
La « norme » (juridique) est un
« énoncé sous forme de langage, incorporé
à un ordre juridique et dont l'objet est soit de prescrire à des
sujets de droit une obligation de faire ou de ne pas faire, soit d'accorder
à ces sujets des autorisations de faire ou de ne pas faire, soit
d'habiliter des organes de l'ordre juridique à exercer certains pouvoirs
selon certaines procédures »16. Gérard CORNU
précise dans le Vocabulaire juridique que la norme est un terme
scientifique employé parfois dans une acception générale,
comme équivalent de règle de droit. Mais spécifiquement la
valeur obligatoire attachée à une règle de conduite, et
qui offre l'avantage de viser d'une manière générale
toutes les règles présentant ce caractère, quels qu'en
soient la source ou l'objet17. La notion de «
formation » dégage deux concepts : la formation
académique puis la formation professionnelle. Ces concepts renvoient
aussi à l'idée de l'emploi. La distance qui sépare ces
deux notions étant très étroite, chercher à
définir la formation revient à ressasser la définition de
l'emploi ou du travail. Etant donné que sans une formation, on ne
saurait prétendre à un emploi.
Toutefois, il faut retenir avec Gérard CORNU que la
formation est l'action de former ou de se former et plus spécialement de
procurer ou d'acquérir une qualification professionnelle18.
Cette approche n'est pas loin de la notion d'apprentissage qui permet
d'établir le plus souvent le rapport "formation-emploi". Quant à
la notion de l'« emploi », elle se confond
avec celle du travail. L'emploi est défini couramment comme un
« poste de travail occupé par un salarié19
». Moins utilisé en droit public, ce mot est substitué
au terme travail qui est le plus souvent porté à un usage
fréquent. Jean
14 CORNU (Gérard), Vocabulaire juridique, Paris,
PUF, 2014, p. 505.
15 Ibidem.
16 SALMON (Jean) (dir.), Dictionnaire de droit international
public, Bruxelles, Bruylant, 2001, p. 752.
17 CORNU (Gérard), op. cit., p. 689.
18 Ibidem., p. 473.
19 Ibidem., p. 394.
6
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
SALMON définit le travail comme la «
possibilité d'obtenir les moyens de mener une vie décente et
respectable en exerçant une activité librement choisie et
acceptée20 ». Emploi et travail renvoient alors
à une même idée : celle de l'activité. Dans le cadre
de nos recherches, l'usage de la notion d'emploi fera sous-entendre
systématiquement le mot activité. Dans le dictionnaire de droit
international public, on retrouve des concepts de l'« espace
» conçu juridiquement « comme un milieu
physique ordonné à des fins humaines »21.
Selon Jean COMBACAU et Serge SUR, chaque Etat considère l'espace
comme réparti en trois catégories : son espace propre, l'espace
propre de chacun des autres Etats, et un espace commun. Les deux premiers
constituent les espaces territoriaux, le troisième les espaces
internationaux22. Les espaces internationaux
intéressent notre étude et retiennent particulièrement
notre attention car ici, il s'agit du droit communautaire qui fait
référence à des territoires plus étendus dont la
superficie de chaque Etat membre de cette communauté est bien
délimitée, mais communs aux citoyens des Etats membres de la
communauté.
Le problème de l'emploi se pose avec acuité en
Afrique car depuis quelques années, les jeunes immigrent (ils sont pour
la plupart de la zone subsaharienne) vers les pays du nord en quête
d'emploi. A cet effet, le premier paragraphe de l'article 23 de la
Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (DUDH) indique que :
« toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail,
à des conditions au travail, à des conditions équitables
et satisfaisantes de travail et à la protection contre le
chômage... ». En outre, le choix d'un travail ou l'accès
à un travail, le droit à la sécurité sociale ou la
protection sociale doivent être encadrés et assurés par les
Etats. L'article 15 de la Charte Africaine des Droits de l'Homme et des
Peuples23 (CADHP) confirme la position de la DUDH concernant ces
droits. La formation et l'emploi sont donc des problématiques
pertinentes auxquelles
20 SALMON (Jean), op. cit., p. 1104.
21 DE VISSCHER (Charles), Problème de confins en
droit international public, Paris, Pedone, 1969, p. 7, In SALMON
(Jean), op. cit., p. 445.
22 COMBACAU (Jean) & SUR (Serge), Droit international
public, 4è éd, 1999, p. 393.
23 L'article 15 de la Charte dispose que : «
Toute personne a le droit de travailler dans des conditions équitables
et satisfaisantes et de percevoir un salaire égal pour un travail
égal ».
7
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
l'UEMOA doit accorder une importance capitale à travers
la mise en oeuvre de ses politiques. L'Union s'est engagée à
respecter les droits fondamentaux énoncés par la CADHP dans la
mise en oeuvre de sa politique sociale ; ceci est une avancée non
négligeable pour la communauté. Ces droits sont
précisés au 8ème paragraphe24 du
préambule de la CADHP et devraient être transposés dans la
vie des citoyens du continent africain puis par ricochet ceux de l'espace
UEMOA.
Dans tous les cas, la politique sociale est abondamment
soutenue dans le traité de l'UEMOA. En effet, l'une des raisons de la
création de l'Union est la nécessité de favoriser le
développement économique et social des Etats
membres25. A tous égards, la plupart des normes
édictées par l'UEMOA concernent l'harmonisation des secteurs
sociaux et, indirectement les secteurs de la formation et de l'emploi. Aborder
une étude sur la thématique relative à la formation et
à l'emploi dans l'Union en terme d'harmonisation des normes y
afférentes est important. Il revient à vérifier si les
dispositions juridiques mises en place dans l'espace afin d'aboutir à
l'harmonisation des politiques26 de l'Union dans les domaines de la
formation et de l'emploi permettent la réalisation de celle-ci.
La commission de l'UEMOA exerce les pouvoirs propres que lui
confère le Traité27 ; mais elle est confrontée
au suivi strict de la mise en oeuvre rigoureuse des normes dans les Etats. La
question centrale qui se dégage peut être formulée comme
suit : l'encadrement juridique sur l'harmonisation des normes relatives
à la formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA est-il assez
efficace pour permettre la réalisation des objectifs dans ces
matières ? De cette interrogation principale, il ressort des
questions
24 Le 8ème paragraphe stipule que : «
Convaincus qu'il est essentiel d'accorder désormais une attention
particulière au droit au développement ; que les droits civils et
politiques sont indissociables des droits économiques, sociaux et
culturels, tant dans leur conception que dans leur universalité, et que
la satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels garantit la
jouissance des droits civils et politiques ».
25 Cf. Paragraphe 4 du préambule du
Traité, op. cit.
26 La Commission a amorcé la mise en oeuvre d'une
série de politiques sectorielles communautaires. C'est ainsi qu'ont
été élaborés quatorze (14) politiques, vingt (20)
sous-politiques et plus de cent vingt (120) programmes. Cf. Plan
stratégique de la Commission de l'Union Economique et Monétaire
Ouest Africaine 2011-2020, Ouagadougou, Les presses africaines, 2010, p.
6.
27 Cf. Art. 26 du Traité.
8
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
secondaires. Les plus courantes peuvent être
formulées comme suit : les textes édités par l'UEMOA pour
harmoniser les secteurs de la formation et de l'emploi sont-ils rigoureusement
appliqués dans l'ordre juridique interne des Etats membres ? Quels sont
les obstacles que rencontre l'Union dans la mise en oeuvre des textes
harmonisés sur la formation et l'emploi ? Et, comment essaie-t-elle de
les résorber ?
A toutes ces interrogations s'ajoute le problème du
principe de primauté28 du droit communautaire qui se pose
souvent aux organisations communautaires qui ont du mal à le faire
respecter au sein des Etats. Alors, il s'agira en définitive de
déterminer si le système juridique normatif et les
mécanismes mis en place dans l'espace UEMOA pour assurer une
harmonisation des normes sur la formation et l'emploi cadrent avec les
réalités socio-culturelles et surtout s'il offre une protection
efficace aux citoyens de la communauté. L'objectif de ce travail est de
démontrer que les efforts d'harmonisation des secteurs de la formation
et de l'emploi au sein de l'UEMOA sont remarquables. Cependant, les Etats
doivent faire preuve de flexibilité en cédant quelques parcelles
de leur souveraineté pour espérer enregistrer des
résultats positifs dans les domaines, objets de notre étude.
L'intérêt accordé à un tel sujet
est d'abord théorique et politique d'une part puis pratique et social
d'autre part. Théorique et politique car, la réalisation par
l'UEMOA des objectifs fixés dans le Traité participe aux
débats non seulement sur la théorie des organisations
internationales qui découle de la volonté politique des Etas pour
l'applicabilité des normes communautaires dans les ordres juridiques
nationaux des Etats membres. Il est ensuite pratique et social, dans la mesure
où la vérification de l'applicabilité directe des normes
sociales dans les Etats membres de
28 Dans un arrêt rendu en 1964 dans l'affaire
Costa c/ENEL, la Cour de Justice de la Communauté Européenne
(CJCE) établit que l'intégration des normes juridiques
communautaires dans le droit interne de tout État membre implique
l'impossibilité pour ce dernier d'y opposer une norme juridique
unilatérale appartenant à son ordre juridique interne. Cf.
Site internet,
http://www.arches.ro/revue/no08/no8art04.htm
(Consulté le 07 juillet 2017 à 19 heures 56), In. SEMOV (Atanas),
« Le principe unique de primauté du
droit de l'Union Européenne sur le droit national. Nature et
particularités ».
9
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
l'UEMOA est fondamentale car ces questions in fine,
visent l'épanouissement des citoyens de l'espace.
Cette réflexion abordera donc des questions
d'actualité qui sont d'une importance capitale et contribuera à
réajuster les pratiques dans la mise en oeuvre des textes
destinés à harmoniser ceux relatifs à la formation et
à l'emploi en comparaison avec les pratiques d'autres organisations
communautaires mais principalement de l'UE, un exemple évolué du
droit communautaire. L'un des objectifs des Etats en procédant à
la création d'organisation communautaire est de lui assigner une mission
d'ordre social en vue de soulager les peines des populations. En droit
européen par exemple, l'harmonisation du système éducatif
engendre d'énormes avantages sur le plan économique mais aussi
social. Car, « l'éducation a une place majeure dans la politique de
développement européenne, puisqu'elle mène à la
formation et à l'obtention d'un emploi par les citoyens. Or, le
marché du travail en Europe s'est globalisé au fur et à
mesure de l'avancée de la construction européenne29,
tel sera sûrement le cas de l'UEMOA si l'on considère
l'étape actuelle de son développement. Le droit communautaire
européen apparaît comme un modèle d'où la plupart
des organisations communautaires africaines voire celles des autres
régions du monde tirent leur aménagement. Dans le cadre de cette
étude, il convient d'abord de faire une analyse du système
normatif harmonisé relatif à la formation et à l'emploi
dans l'espace UEMOA (PREMIERE PARTIE). Ensuite,
à travers un examen global des faiblesses du mécanisme mis en
place dans cet espace, il sera démontré que ce système
normatif est tout de même perfectible (DEUXIEME
PARTIE).
29 Cf. Site internet,
https://www.taurillon.org/egalite-des-chances-un-systeme-scolaire-europeen-necessaire.
(Consulté le 19 mai 2017 à 09 heures 04).
10
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
PREMIERE PARTIE : UN SYSTEME
FORMATION-EMPLOI
HARMONISE
Sur les plans juridique, économique et social, la
démarche communautaire qui sous-tend la plupart des regroupements
régionaux participe de cette dynamique de formation de blocs assez fort.
Plusieurs Etats s'engagent à harmoniser leurs politiques et à
éliminer toutes formes de barrières, aux fins d'intensifier leurs
échanges en entreprenant des actions communes de
développement30. Ainsi, « l'importance de plus en
plus grande des traités en tant que (...) moyen de développer la
coopération pacifique entre les nations, quels que soient leurs
régimes constitutionnels et sociaux »31 illustre
l'intérêt que les Etats accordent aux regroupements. Leur
volonté de coopérer dans divers domaines et souvent à
travers les organisations soit de coopération, soit d'intégration
est manifeste.
L'originalité première de l'intégration
communautaire consiste à la mise en place, au-delà d'une
organisation très particulière, d'un ordre juridique
régional dans le but de satisfaire les besoins vitaux des citoyens
où la formation et l'emploi occupent des places
prépondérantes. En effet, de façon matérielle,
l'organisation opère dans l'intérêt de réaliser
l'harmonisation des projections étatiques particulières pour la
création de richesse et indirectement des emplois32. Les
Etats33 membres de l'UMOA34 ont consenti à la
création d'une nouvelle organisation dénommée
30 BANNY (Kona Charles), « L'avenir de l'Union
Monétaire Ouest-Africaine (UMOA) », Revue d'Economie
Financière, 2004, N°2, p. 237.
31 Cf. Le préambule de la convention de Vienne
sur le droit des traités conclu le 23 mai 1969.
32 RIVIER (Raphaële), L'utilité de la
conceptualisation d'un genre "d'organisation internationale", In. «
Le phénomène Institutionnel international dans tous ses
états : transformation, déformation ou réformation ?
», Paris, Pedone, 2014, p. 276.
33 A l'époque où l'UEMOA se
créait, il y avait sept (07) Etats à savoir : le Bénin, le
Burkina-Faso, la Côte d'Ivoire, le Mali, le Niger, le
Sénégal et le Togo. Cf. Le préambule du
Traité de l'UEMOA du 10 janvier 1994.
34 Le traité instituant l'UMOA, initialement conclu le
12 mai 1962 et substantiellement modifié le 14 novembre 1973, est
l'accord par lequel les Etats membres signataires ont pris l'engagement de
construire une union monétaire, c'est-à-dire un espace
homogène disposant d'une monnaie commune émise par un institut
d'émission commun, la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest
(BCEAO). Celle-ci est chargée de la mise en oeuvre de la politique
commune en ce qui concerne la monnaie et le crédit, ainsi que de
l'élaboration d'une réglementation uniforme en matière
monétaire et bancaire. Autrement dit, c'est le traité
d'intégration monétaire. Il a fait l'objet d'une refonte totale
le 20 janvier 2007, à l'issue de la réforme institutionnelle de
l'UMOA et de la BCEAO. Il a substitué alors au traité du 14
novembre 1973.
11
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
l'UEMOA35. Les pères fondateurs de cette
Organisation avaient pour préoccupation le financement des objectifs de
la Communauté et n'avaient pas procédé à la
dissolution de l'UMOA. Cette vision a conduit à l'élaboration
d'une norme sociale évolutive (Chapitre I) à
l'effet de financer des projets concrets. L'objectif est d'avoir un impact
significatif dans les domaines de la formation et de l'emploi à travers
une harmonisation spécifique (Chapitre II) des textes
et des politiques innovatrices.
35 Le Traité créant l'UEMOA a été
signé le 10 janvier 1994 et modifié le 29 janvier 2003. Cf.
Site internet,
http://www.uemoa.int/fr/presentation-de-luemoa.
(Consulté le 10 février 2016 à 13 heures 20).
12
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
CHAPITRE I: Une norme sociale évolutive
A une différence relative des organisations
communautaires énumérées supra, l'UEMOA a
été créée en pleine période de crise
économique. Lors de sa création, la conjoncture mondiale ne
pouvait permettre aux "petits Etats"36 de survivre individuellement.
Mais, l'avantage qu'avaient les pays d'Afrique francophones est qu'ils ont en
commun une monnaie, le franc CFA. Sur le plan juridique, les traités de
l'UMOA et de l'UEMOA sont autonomes l'un à l'égard de l'autre
mais complémentaires de façon technique car l'une devrait
financer les projets de l'autre.
Le Traité de l'UEMOA a été
élaboré en réponse aux préoccupations de
l'époque et surtout dans une optique
thérapeutique37. Il faut reconnaître
l'élan intellectuel des pères fondateurs de l'Union car ils
avaient eu le mérite de créer une union économique pour
renforcer le développement social de leurs pays.
L'ingéniosité des géniteurs de l'UEMOA a donné au
traité l'originalité des innovations (Section 1)
qui permettraient à l'Union d'atteindre ses objectifs. Les
innovations du Traité ont pour but de faire asseoir dans l'espace un
cadre normatif communautarisé (Section 2) dans
les domaines relatifs à la formation et à l'emploi.
SECTION 1: Des innovations originales
Le Professeur Saidou Nourou TALL rappelle que la vie
internationale est animée principalement par les membres classiques de
la société internationale que sont les Etats et les organisations
internationales38. La volonté des Etats membres d'une
communauté de passer d'une organisation de coopération classique
à une organisation d'intégration est motivée par l'attrait
externe qu'offre l'exemple de la communauté à tous les niveaux
de
36 Cette expression est utilisée ici, pour faire allusion
aux Etats à une économie faible.
37 L'UEMOA a été mise sur les fonts
baptismaux pour combler le vide économique créé par la
dévaluation du franc CFA. Cette crise avait favorisé la fermeture
de nombreuses entreprises d'où des pertes d'emplois. Cf.
Site
internet,
https://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/61547-les-effets-de-la-devaluation-du- franc-cfa-sur-le-commerce-exterieur-des-pays-de-l-afrique-de-l-ouest.pdf.
(Consulté le 11 février 2016 à 15 heures 10).
38 TALL (Saidou Nourou), op. cit. p. 27.
13
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
réalisation de leurs objectifs sociaux et ses
succès sur le plan international39. Les succès
souhaités se rapportent le plus souvent aux plans
socio-culturels40 qui sont en réalité l'un des
domaines privilégiés de toute intégration. Il est
prévu par les Etats membres de l'UEMOA qu'à un moment
relativement court, la fusion41 de l'UMOA et de l'UEMOA
pourra être opérée pour apporter un dynamisme à
l'Union. Ce rêve de fusion a conféré au Traité de
l'UEMOA, signé le 10 janvier 1994 une originalité
(Paragraphe 1) qu'il est nécessaire
d'évoquer dans cette étude. Près d'une décennie
plus tard, notamment le 29 janvier 2003, certaines réformes
(Paragraphe 2) ont été apportées
au texte initial.
Paragraphe 1 : L'originalité du Traité de
1994
D'entrée, il faut retenir avec Ludovic HENNEBEL et
Hélène TRIGROUDJA que « le traité apparaît
comme un instrument idéal permettant aux Etats de fixer les
règles (...) tout en s'accordant sur la détermination relative de
certaines valeurs que reflètent les dispositions conventionnelles (...)
» 42. A cet égard, le 10 janvier 1994, les Etats
membres de l'UEMOA se sont engagés à réaliser une
intégration économique complète, couvrant l'ensemble des
secteurs de leurs économies, afin de favoriser leur développement
économique et social43. Cette ambition ne pourrait
prospérer qu'à condition que le Traité de l'Union ait des
fondements juridiques très solides (A).
Lesdits fondements pourront permettre la réalisation d'une
intégration sociale spécifique des Etats de l'UEMOA
(B) à travers l'harmonisation de leurs
législations.
39 GNAMOU (Dandi), Dissolution et succession entre
organisations internationales, In. « An Introduction to
International Bilan et perspectives », Université Paris XI,
Thèse de doctorat en droit public 2006, p. 55.
40 Cf. Les préambules de l'UEMOA, de l'UE, de la
MERCOSUR, de la CEAC....
41 La question de la fusion des traités de l'UMOA et de
l'UEMOA était la plus importante, car elle réglait
définitivement les querelles de préséance entre la BCEAO
et l'UEMOA. Une fois cette fusion décidée, c'est l'UEMOA qui
devrait venir en tête dans l'ordre protocolaire des institutions, comme
le réclament depuis des années ses responsables, puisqu'elle
assurerait la tutelle de l'UMOA, ainsi que le prévoyait du reste le
traité instituant l'UEMOA. Cf. Site internet,
http://www.panapress.com/Les-chefs-d-Etat-se-prononceront-sur-la-fusion-UMOA-UEMOA--12-708539-1-lang4-index.html.
(Consulté le 23 novembre 2016 à 11 heures).
42 HENNEBEL (Ludovic) et TRIGROUDJA (Hélène),
Traité de droit international des droits de l'homme, Paris,
Pedone, 2016, p. 177.
43 Cf. Site internet,
https://www.maliweb.net/category.php?NID=65908,
op. cit. (Consulté le 15 janvier 2019 à 11 heures
44).
14
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
A- Les fondements juridiques du Traité
De façon notoire, il nous est permis de constater
qu'aucun texte ne définit ce qu'est une organisation
communautaire44. Toutefois il existe des principes cardinaux qui les
régissent. Le Traité de l'UEMOA ne s'est pas écarté
de ces principes qui caractérisent ces types d'organisations. C'est en
effet la pratique des Etats qui a établi les différentes
caractéristiques nécessaires pour l'organisation communautaire.
Dans tous les cas, celle-ci doit avoir une action normative ou quasi normative
vis-à-vis de ses membres. En droit des organisations internationales,
les règles de droit se fondent sur deux options qui sont d'ailleurs
celle de David Eric45 et celle de Pierre
Klein46. En définitive, il faut retenir que l'acte
constitutif est pour une organisation internationale ce que la constitution est
pour un Etat. Il est presque toujours un traité et soumis à la
convention de Vienne de 1969 relatif aux droits de
traités47.
En outre, on retient que le Traité de l'UEMOA a
puisé ses fondamentaux dans les normes internationales qui, pour la
plupart, renforcent les droits sociaux des citoyens. En effet, la DUDH et la
CADHP dans une large mesure, garantissent aux citoyens des droits
inaliénables. Ces instruments juridiques constituent le soubassement de
l'ordre qui régit l'Union. Il y a ainsi lieu de croire que l'UEMOA
considère ses droits et tire dans ces textes les bases juridiques sur
lesquelles elle s'est encrée. En illustration, l'article 3 du
Traité48 souligne que les droits fondamentaux
énoncés par la DUDH et la CADHP seront respectés par
l'Union. Or, ces textes font abondamment référence aux droits
économiques, sociaux et
44 La définition qu'on peut retenir du droit
communautaire vient du droit européen qui est perçu comme :
« un ensemble de règles de droits applicables au sein de l'Union
européenne. On parle également de droit de l'UE ou de droit
européen. Il est intégré aux systèmes juridiques
des États membres de l'Union européenne. Le droit communautaire a
pour objectif d'harmoniser et coordonner les législations nationales
». Disponible sur le site
https://justice.ooreka.fr/astuce/voir/612841/droit-communautaire.
(Consulté le 09 juillet 2019 à 09 heures 11).
45 Selon E. David, le principe de relativité implique
que les Organisations Internationales (OI) ne sont liées que par les
règles qu'elles acceptent. C'est une conception assez
libérale.
46 Selon P. Klein, les OI doivent être
liées par les mêmes règles que leurs Etats membres. C'est
une conception plus sévère pour les OI mais elle évite les
critiques suscitées par la thèse de David Eric.
47 Cf. Le paragraphe (a) de l'article 1er de
la convention de Vienne du 23 mai 1969.
48 L'article 3 du Traité de l'UEMOA du 10
janvier 2004 évoque que : « l'Union respecte dans son action les
droits fondamentaux énoncés dans la déclaration
universelle des droits de l'homme de 1948 et de la charte africaines des droits
de l'homme.
15
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
culturels des citoyens. L'expression "droit
économique, sociale et culturelle" est bien circonscrite car elle
appartient à la terminologie du droit international49.
L'option des Etats membres de l'UEMOA de la prise en compte dans le
Traité des normes universelle et régionale marque leur
volonté de respecter ou de faire respecter ces droits fondamentaux des
citoyens dans l'espace. Il importe de faire remarquer qu'à la
différence des organisations communautaires50
créées avant l'UEMOA, aucune d'elles n'a fait
référence dans leur traité aux normes universelles ou
régionales de protection des droits de l'homme. Si le traité de
l'UE a prévu établir une union économique et
monétaire dont la monnaie est l'EURO51 de façon
progressive, l'avantage que l'UEMOA a sur l'UE est doublé dans la mesure
où les Etats membres avaient déjà une monnaie
commune52 avant que l'Union ne soit créée, ceci
n'était pas le cas de l'UE à sa création.
L'objectif de toutes les organisations d'intégration
est la création à terme d'une monnaie commune car, la
construction d'un marché commun à travers une politique
monétaire reste au coeur des objectifs de celles-ci. Ainsi, «
l'UEMOA a fait de remarquables progrès dans la construction d'un espace
politique, économique et social qui donne aux rêves
d'intégration des pères fondateurs de l'Afrique moderne une
réalité vécue »53. En effet, depuis
sa création en 1994, les actions de la Commission de l'UEMOA ont permis
de faire des progrès importants dans la construction d'un espace mieux
intégré avec des procédures de coopération et de
mutualisation établies et acceptées54 par les citoyens
de la Communauté. Sur le continent, ce qui fait la particularité
de l'UEMOA est que contrairement aux autres organisations communautaires telles
que la CEDEAO, la CEMAC ..., elle a fait un progrès significatif si nous
nous bornons à considérer certains objectifs, tels que la
49 ANDRIANTSIMBAZOVINA (Joël) et GAUDIN
(Hélène), (dir.), Dictionnaire des droits de l'homme,
PUF, 2008, p. 322.
50 Il s'agit notamment de : UMA, CEDEAO, CEN-SAD,
IGAD, EAC, SADC, COI...
51 Cf. L'art. 3 Paragraphe 4 du traité
signé à Maastricht le sept février de l'an mil neuf cent
quatre-vingt-douze.
52 A la date d'aujourd'hui, cela fait
déjà 57 ans que certains des Etats membres de l'UEMOA ont choisi
d'exercer en commun leur souveraineté dans le domaine de la monnaie en
instituant le traité de l'UMOA du 12 mai 1962, Cf. BANNY (Kona
Charles), op. cit., p. 239.
53 UEMOA, l'UEMOA en 2020, Rapport du panel de haut
niveau, Ouagadougou, Les Presses Africaines, 2011, p. 11.
54 Ibidem., p. 13.
16
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
libre circulation des personnes et des biens, et surtout
l'harmonisation de certaines normes sur la formation et l'emploi.
B- Une intégration sociale spécifique
Comme nous l'avons signifié plus haut, l'UE a connu une
intégration progressive tant sur le plan normatif que dans la mise en
oeuvre de ses politiques et surtout dans le domaine de l'uniformisation des
pratiques. A tout point de vue, les juristes sont unanimes sur le fait que la
communauté européenne est un modèle d'intégration
assez achevé. Les Etats du vieux continent rassemblés au sein de
l'UE ont fait un parcours atypique avant de se constituer en une
communauté juridiquement solide et enviée55. Ainsi, le
droit communautaire européen a influencé et continue d'ailleurs
d'influencer les organisations communautaires des autres continents. Les
politiques sociales de l'UE ont connu des succès en l'occurrence celles
relatives à l'uniformisation des pratiques d'insertion des mains
d'oeuvre disponibles. Sur le continent africain, les traités de la
plupart des communautés ont été dans une large mesure
inspirés par le système normatif européen56.
Jean-Marc SOREL rappelle que si l'Etat étant un fait
social et un sujet originaire, l'organisation internationale est, par contre,
une création juridique voulue par le premier57. Ainsi, en
1994, les Etats fondateurs de l'UEMOA vont s'inspirer de ce modèle
européen pour asseoir les principes de base d'une organisation plus
particulière. Etant un produit de la volonté des Etats,
l'organisation internationale doit suivre pour sa création, un processus
particulier qui peut varier mais dont les grands traits sont
identifiables58. Outre ce processus, les principes qui sont à
l'origine de la création de l'UEMOA sont énoncés au titre
premier du traité59. Dans le cas typique de
55 SALL (Alioune), La justice de l'intégration :
Réflexion sur les institutions judiciaires de la CEDEAO et de l'UEMOA,
CREDILA, 2011, p. 17.
56 SARR (Amadou Yaya), L'intégration juridique dans
l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) et dans
l'Organisation pour l'Harmonisation du Droit des Affaires en Afriques (OHADA),
Aix-Marseille, Presses Universitaires, 2008, p. 43.
57 SOREL (Jean-Marc), Droit des organisations
internationales : L'essentiel sur le droit public, l'Hermès, 1997,
p. 9.
58 Ibidem, p. 42.
59 Cf. Art. 2 et 3 du Traité modifié de
l'UEMOA.
17
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
l'UE, de 1951 à 2007, il y a eu les traités
fondateurs60 puis après les traités
modificatifs61. L'UEMOA s'est également soumise à
cette hiérarchisation du droit communautaire. La singularité
essentielle du droit communautaire est sa primauté par rapport aux
droits des Etats membres, de l'effet direct de toute une série de
dispositions, ainsi que de la possibilité pour les citoyens de l'Union
d'obtenir réparation lorsque leurs droits sont lésés par
une violation du droit communautaire imputable à un Etat
membre62.
L'autre aspect majeur qui particularise l'UEMOA concerne les
conditions de sa création. Il faut souligner que c'était en
pleine période de crises économiques que l'organisation à
vue le jour. En effet au début des années 1990, « les
crises financières et économiques mondiales (...) ont mis en
péril plus de 50 millions d'emplois à l'échelle mondiale
(....). Ces crises (...) ont mis en exergue le niveau élevé
d'interdépendance existant entre les pays63 ».
Ainsi, pour répondre aux difficultés créées
par la dévaluation du francs CFA survenue en janvier 1994, les Etats de
l'UMOA ont décidé de la création d'une nouvelle
organisation dénommée l'UEMOA64. Ils s'engagent
à réaliser une intégration économique
complète, couvrant l'ensemble de leurs économies afin de
favoriser un développement économique et social à travers
l'harmonisation de leurs législations, à l'unification de leurs
marchés intérieurs et la mise en oeuvre de politiques
sectorielles communes dans les secteurs essentiels de leurs économies.
On retient que les conditions dans lesquelles l'UEMOA est portée sur les
fonts baptismaux diffèrent de celles de la plupart des organisations
d'intégration65.
60 Le traité de Paris (1951) instituant la CECA, le
traité de Rome (1957) instituant la création de la CEE, et le
traité de Maastricht ou le traité sur l'UE
(1992). Cf. Site internet,
http://www.toupie.org/Dictionnaire/Droit_primaire.htm
(Consulté le 15 janvier 2019 à 19 heures 26).
61 L'Acte unique européen (1986), le traité
d'Amsterdam (1997), le traité de Nice (2001) et le traité de
Lisbonne (2007). Cf. Site internet, op. cit. (Consulté
le 15 janvier 2019 à 19 heures 26).
62 SALMON (Jean), op. cit., p. 371.
63 UEMOA, « Plan Stratégique de la commission
de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine 20112020», op.
cit., p. 3.
64 Le Traité portant création de
l'UEMOA a été signé le 10 janvier 1994 et modifié
le 29 janvier 2003. Cf. Site internet,
http://www.uemoa.int/fr/presentation-de-luemoa.
(Consulté le 10 février 2016 à 13 heures 20).
65 Dans l'histoire des organisations
d'intégration africaines, seules deux ont été
créées en pleine période de crise économique : la
CEMAC et l'UEMOA respectivement le 16 mars 1994 et le 10 janvier 1994.
18
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
A cette époque, bien que l'ordre
constitutionnel66 de chacun de ces Etats membres ne fût pas
identique, le désir de rester ensemble était plus fort.
L'important pour eux était de réaliser une intégration
forte étant entendu que « les activités des
organisations internationales s'inscrivent bien dans la dynamique
coopérative et mutualiste des Etats » 67. C'est
après une dizaine d'années d'existence qu'elle va subir des
réformes qui vont aboutir à la révision de son
Traité. Ainsi, les Etats membres de l'UEMOA vont procéder en
2003, à la modification du Traité constitutif dans l'optique
d'ajuster les orientations de l'organisation afin qu'elle soit en phase avec
les nouveaux changements observés sur la scène internationale
suite au phénomène de la globalisation.
Paragraphe 2 : Les réformes du Traité de
2003
D'une manière générale, « toute
intégration vise à unir les forces économiques, mais aussi
politiques et sociales, de ses différents pays-membres
»68. C'est pour cela que les Etats69
de l'espace UEMOA, affirmant la nécessité de favoriser le
développement économique et social grâce à
l'harmonisation de leurs législations, à l'unification de leurs
marchés70 vont procéder à la révision du
Traité constitutif le 29 janvier 2003. Il ne serait pas superflu de
chercher à connaître le contenu des réformes
apportées au Traité en 2003 (A) et la
portée sociale de ces réformes(B) car,
de nouvelles orientations ont été données aux
différents organes de l'Organisation qui ont pour but de renforcer les
différentes politiques sociales de l'Union.
66 En 1994, l'ordre constitutionnel des Etats
fondateurs n'était pas les mêmes. Le Bénin et le Mali,
venaient d'amorcer leur processus démocratique suivi d'une alternance au
sommet de l'Etat avec une nouvelle classe politique reconnue par la
communauté internationale alors que le Togo, la Côte d'Ivoire, le
Sénégal, le Niger, et le Burkina-Faso étaient dans un
système démocratique où il n'y a pas un réel
renouvellement de son personnel politique.
67 AÏVO (Frédéric Joël), « La
Communauté des Etats Sahélo-Sahariens (CEN-SAD) : Acteur
complémentaire ou concurrentiel de l'Union Africaine ? »,
AFDI, 2009, p. 473.
68 LELOUP (Fabienne) & STOFFEL (Sophie), «
Intégration régionale et frontière dans MERCOSUR : entre
théorie, principes et réalités », Monde en
développement, 3 N°115-116, 2001, p. 76.
69 Les Etats étaient 7 à la création, la
Guinée-Bissau a rejoint L'UEMOA le 05 mars 1997, portant ainsi le nombre
des Etats membres à huit. Cf. Site internet,
http://www.uemoa.int/fr/accord-dadhesion-de-la-guinee-bissau-luemoa-0.
(Consulté le 15 février 2019 à 15 heures 58).
70 Cf. Paragraphe 5 du préambule du Traité
modifié de l'UEMOA du 29 janvier 2003.
19
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
A- Le contenu des réformes
Parmi les réformes apportées au Traité
constitutif de l'UEMOA, outre le préambule71 du
Traité modifié de 2003 qui est resté le même que
celui de 1994, plus d'une vingtaine d'articles ont été
modifiés, ajoutés ou abrogés. La plupart de ces
amendements concernent la réorganisation et le fonctionnement des
organes de l'Union. Aussi, certains changements s'intéressent-ils
à l'harmonisation des politiques sectorielles et l'uniformisation des
pratiques dans divers domaines. Par exemple, dans ce Traité
révisé, certains articles ont été modifiés
par l'article 40 du traité de l'UMOA (du 20 janvier
2007)72. Aussi, l'article 41 du traité de l'UMOA a-t-il
abrogé les articles 113 à 115 du Traité constitutif de
l'UEMOA. Ces articles abrogés portent sur les modalités de la
révision du traité de l'UMOA, sur l'interaction devant exister
entre l'UMOA et l'Union et, sur l'interactivité des organes de
l'Union.
Les organisations d'intégration régionale se
caractérisent souvent par la superposition d'un ordre juridique nouveau,
autonome et supranational aux ordres juridiques internes de chacun des Etats
membres73. En conséquence, la probabilité d'avoir des
organes identiques à l'intérieur de la communauté qu'au
niveau des Etats membres est forte. Ainsi, suite à la modification de
l'article 1674, le Parlement de l'Union a été
institué. Les modifications apportées à l'article 40
suscité ont clarifié le fonctionnement et les attributions des
autres organes de l'Union75. L'objectif de ces modifications est la
dynamisation de l'Organisation afin qu'elle puisse atteindre ses objectifs sur
le plan social.
71 Le préambule est la partie d'un
traité, précédent le dispositif, et le contenant notamment
l'énumération des parties contractantes, l'exposé des
motifs et l'objet du traité. Cf. GUILLIEN (Raymond) &
VINCENT (Jean), (dir), Lexique des termes juridiques,
17ème éd. Paris, Dalloz, 2009, p. 552.
72 Art. 40 de l'UMOA du 20 janvier 2007 a
modifié les articles 18, 21, 23 alinéa 3, 62, 112 de l'UEMOA.
73 SARR (Amadou Yaya), op. cit., p. 243.
74 Parmi les organes prévus par le Traité
constitutif de l'UEMOA, le parlement n'y figurait pas.
75 Les organes de l'UEMOA prévus à
l'article 16 sont les suivants : la Conférence des Chefs d'Etats et de
Gouvernement, le Conseil des Ministres, la Commission, le Parlement, la Cour de
Justice et la Cour des Comptes.
20
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
D'autres dispositions importantes ont été
rajoutées notamment, celles relatives au régime
financier76 et aux sanctions77. Ces réformes ont
été apportées parce que les Etats membres de l'Union ont
noté des insuffisances dans le fonctionnement global de l'Organisation
car les organes n'arrivent pas à impulser la dynamique souhaitée
à la Communauté. En conséquence, afin de rehausser la
performance de l'Organisation, les Etats membres sont allés dans le sens
de la réflexion du Professeur Dandi GNAMOU qui revient à donner
à l'Union de réels pouvoirs au-dessus du niveau étatique
afin de prendre des décisions obligatoires pour les citoyens des Etats
membres sans l'intervention de ces derniers 78 . C'est
d'ailleurs pour améliorer ou renforcer l'autorité des organes et
de favoriser la fluidité dans leur fonctionnement que des amendements
ont été apportés au Traité constitutif.
La raison principale qui justifie la suppression des articles
113 à 115 est, le contenu de l'article 112 qui envisage une fusion des
traités de l'UMOA et de l'Union. En effet, il est important de
préciser que l'article 112 stipule que « en temps opportun, la
conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement adoptera un traité
fusionnant le traité de l'UMOA et le présent Traité
». Afin que les Etats membres de l'UEMOA parviennent à
réaliser leurs ambitions, il va falloir que les réformes aient
une portée juridique et surtout sociale très pertinente capable
de permettre sa pérennité gage d'un avenir prospère.
Toutes ces mutations vont participer à la réorientation des
politiques sociales de l'Organisation.
B- La portée sociale des réformes
Plusieurs tendances au niveau régional exigent que les
Etats gèrent collectivement les enjeux et qu'ils travaillent
efficacement ensemble à améliorer le développement de
leurs économies à travers la création des
richesses79. Au-delà des dispositions du Traité qui
évoquent le
76 Le titre III évoque le régime
financier de l'Union. Les articles 47, 54 et 55 ont été
modifiés à cet effet.
77 Les articles 62, 64, 66, 69, 72 et 74 ont subi des
modifications au titre IV relatif aux sanctions.
78 GNAMOU (Dandi), op. cit., p. 59.
79 UEMOA, Plan Stratégique de la commission de l'Union
Economique et Monétaire Ouest Africaine 2011-
2020, op. cit., p. 4.
21
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
fonctionnement de l'Union, il y a des règles ou des
pratiques dans la société internationale qui influencent
directement le droit positif des Etats. Cette réflexion peut être
justifiée par l'affirmation de DAVID Eric qui soutient que « le
fait de reconnaître une personnalité juridique aux organisations
internationales80 leur permet de se comporter de manière
autonome par rapport à leurs membres de la même manière
qu'une personnalité morale en droit interne »81.
Pour ce faire, il est nécessaire de rechercher les influences du
Traité sur l'évolution postérieure du droit positif des
Etats membres d'une part et sur le fonctionnement et la pérennité
de l'Organisation d'autre part. A la place des Etats, il faut alors risquer
à faire un pronostic et essayer d'analyser les répercussions de
ce Traité sur leurs droits positifs. Il va falloir faire des choix
judicieux à travers des pistes dont les politiques et les actions
peuvent englober et impacter en même temps plusieurs secteurs notamment
ceux de la formation et de l'emploi.
Les objectifs relatifs aux politiques sociales de l'UEMOA sont
indiqués dans le préambule du Traité en l'occurrence en
son paragraphe 482. Ce passage est renforcé par les
dispositions des articles 64 à 69 qui s'intéressent
également aux politiques sociales de l'organisation. Ces dispositions
contraignent les Etats membres à mettre en exécution les
différents règlements et autres directives qui sont pris par les
différents organes de l'Union car, les Etats doivent accepter
céder une partie de leur souveraineté au profit de l'ensemble de
la Communauté. Dès lors, que
80 C'est la Cour Internationale de Justice (CIJ)
qui a reconnu l'existence de cette personnalité juridique des
organisations internationales dans son avis du 11 avril 1949. En effet, Affaire
« réparation des dommages subis aux services des Nations-Unies
», la question était de savoir si l'ONU avait la qualité
pour présenter contre le gouvernement responsable une réclamation
internationale en vue d'obtenir réparation des dommages causés
à elle-même. Ce problème posé à la Cour donne
lieu à celle-ci d'établir sa position. Les
caractéristiques générales permettant de reconnaître
à une organisation internationale la personnalité juridique
peuvent être résumées comme suit: association permanente
d'Etats ayant des buts licites et dotée de différents organes,
distinction entre l'organisation et ses Etats membres, existence de
compétences juridiques pouvant être exercées au plan
international et pas seulement au sein des systèmes nationaux d'un ou
plusieurs Etats. La personnalité juridique internationale d'une
organisation internationale est la capacité d'avoir des droits et des
obligations découlant du droit international. On peut définir une
"personne juridique internationale" comme le fait pour une entité
d'être dotée du pouvoir d'agir en son nom propre au niveau
international.
81 DAVID (Eric), Droit des organisations internationales :
volume 2, 13ème éd., PUB, 2001, p. 319.
82 « Affirmant la nécessité de favoriser le
développement économique et social des Etats membres, grâce
à l'harmonisation de leur législation, à l'unification de
leurs marchés intérieurs et à la mise en oeuvre de
politiques sectorielles communes dans les secteurs essentiels de leurs
économies ». Cf. préambule du Traité
modifié.
22
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
« l'organisation (...) peut agir en tant que telle
dans l'ordre juridique international comme dans l'ordre juridique interne d'un
Etat sans faire intervenir l'ensemble de ses Etats membres
»83, les décisions de l'Union seront directement
appliquées par les Etats et la mise en oeuvre ne doit souffrir d'aucune
contestation. Pour Soumaïla CISSE84, la mission de l'UEMOA est
de bâtir pour les jeunes générations, un monde de
liberté et de progrès, respectueux de la diversité des
cultures et des peuples, à partir d'une vision claire et d'un fort
leadership85. Pour arriver à cette fin, l'Union va concevoir
un instrument juridique puissant en l'occurrence le protocole additionnel
N°II relatif aux politiques sectorielles86. Ce document
décline les grands axes de la vision de la Communauté. Les Etats
membres de l'UEMOA ont décidé de « prendre des mesures
appropriées pour renforcer et consolider la coopération entre
pays afin de faire de l'UEMOA un espace commun de formation et de certification
favorisant la mobilité professionnelle des jeunes et leur insertion
effective dans le monde du travail »87. En exemple la
libre circulation des personnes et des biens est une réalité dans
l'espace ainsi que le droit d'établissement de certaines
professions88 créant ainsi des conditions d'accès
à l'emploi pour les citoyens de l'espace. Comme dans l'UE, l'UEMOA a su
poser dans son espace les balises juridiques auxquelles les Etats membres sont
astreints. A travers les dispositions du protocole additionnel II, les organes
de l'UEMOA joueront pleinement leur rôle, puisque les politiques
sectorielles y sont bien définies. En Europe par exemple, la Charte
sociale européenne est un traité du Conseil
83 DAVID (Eric), Droit des organisations internationales, op.
cit. p. 319.
84 Soumaïla CISSE, Ministre des Finances du Mali, il a
occupé le poste de Président de la Commission de l'UEMOA de
janvier 2004 à août 2011.
85 Cf. Avant-propos, UEMOA, « Plan
Stratégique de la commission de l'Union Economique et Monétaire
Ouest Africaine 2011-2020 », ibidem.
86 Le protocole additionnel N°II relatif aux
politiques sectorielles de l'UEMOA est l'instrument juridique de
mise en oeuvre des objectifs de l'Union. Cf. Site
internet,
https://books.google.bj/books?+relative+aux+politiques+sectorielles+de+l%E2%80%99UEMOA.
(Consulté le 03 mars 2019 à 15 heures 35).
87 Sixième Conférence des Ministres
en charge de l'emploi et de la formation professionnelle de l'UEMOA,
déclaration d'Abidjan, 03 juillet 2005, p. 3.
88 Les dispositions relatives à la libre
circulation des personnes et des biens et le droit d'établissement sont
élargies aux docteurs vétérinaires, officiers
ministériels de l'espace UEMOA (notaires, huissiers de justice,
commissaires-priseurs). Cf. UEMOA, Rapport 2012 de la commission
sur le fonctionnement et l'évolution de l'Union. Ouagadougou,
mediacom, p. 114.
23
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
de l'Europe qui garantit les droits sociaux fondamentaux. Elle
garantit un large éventail de droits de l'homme de tous les jours
liés à l'emploi et à l'éducation89.
La notoriété qu'a connue le Traité de
l'Union entre 1994 et 2003 montre la dynamique que les Etats membres ont
souhaitée donner à l'Organisation. Mais, sûrement d'autres
réformes restent à opérer car celle prévue par le
paragraphe 7 de l'article 7 relative à la fusion de l'UMOA et de l'UEMOA
reste à réaliser. En attendant cette fusion, le défi
à relever par l'Organisation est la mise oeuvre de sa politique
d'harmonisation normative relative à la formation et à
l'emploi.
SECTION 2 : Un cadre normatif communautarisé
L'objectif du droit communautaire est d'harmoniser les
législations ou de les coordonner selon les cas, il complète le
droit positif de chaque Etat, dans le respect du principe de la
subsidiarité90. Les Etats de l'UEMOA se sont donnés
pour objectif de réaliser l'intégration économique de ses
États membres par le biais d'un marché ouvert et concurrentiel et
la mise en place d'un cadre juridique harmonisé et
rationnalisé91 applicable dans la communauté. Il faut
admettre avec le Professeur Frédéric Joël AÏVO que,
plusieurs textes, traités et actes unilatéraux des organisations
peuvent servir de fondements juridiques à la coordination et à
l'harmonisation de leurs activités92. Alors, l'important est
de savoir là où les Etats membres de l'UEMOA ont puisé les
ressources de droit pour instaurer un cadre juridique bien
amélioré (Paragraphe 1) au profit de
l'Union en vue de la mise en place
89 La Charte est dès lors considérée
comme la Constitution sociale de l'Europe et représente une composante
essentielle de l'architecture des droits de l'homme sur le continent. Cf.
Site internet,
https://www.coe.int/fr/web/european-social-charter.
(Consulté le 15 février 2019 à 17 heures 25).
90 Selon ce principe, la communauté
européenne n'intervient que si les objectifs de l'action
envisagée ne peuvent être réalisés de manière
suffisante par les Etats membres. Cf. Site internet,
http://www.cours-de-droit.net/cours-de-droit-communautaire-c27646880.
(Consulté le 02 mars 2019 à 12 heures 07).
91 DUHEM (Vincent), Quels sont les points forts et les
faiblesses des organisations africaines ? Cf. Site internet,
https://www.jeuneafrique.com/auteurs/v.duhem/.
(Consulté le 12 juillet 2017 à 17 heures 02).
92 AÏVO (Frédéric Joël), « La
communauté des Etats Sahélo-Sahariens (CEN-SAD) : Acteur
complémentaire ou concurrentiel de l'Union Africaine ? », op.
cit., p. 491.
24
L'harmonisation des normes relatives à la formation et
à l'emploi dans l'espace UEMOA
d'un droit communautaire qui protège les droits
socio-économiques (Paragraphe 2) des
citoyens.
Paragraphe 1 : Un cadre juridique
amélioré
« Les traités constituent les sources
fondamentales du droit communautaire originaire ou primaire. Ce droit primaire
constitue le fondement des ordres juridiques de l'UEMOA (....). Il est à
la fois la base et la mesure des actes juridiques qui se réclament des
ordres juridiques considérés »93 car,
harmoniser les législations nationales et les coordonner dans un
ensemble bien cohérent requiert la volonté des Etats membres. On
remarque que dans la communauté, les Etats ne se dépouillent pas
seulement de leurs pouvoirs au bénéfice d'un ordre distinct ; ils
mettent en place entre eux une procédure pour l'exercice collectif de
leur pouvoir, s'interdisant de les exercer individuellement par leurs organes
ordinaires94. Au-delà des mécanismes internationaux
disponibles d'autres instruments ont servi de bases juridiques pour les Etats
fondateurs dans leur projet de création de l'UEMOA, il s'agit en
l'occurrence de leurs lois fondamentales95 (A).
Ces textes ont par endroit des similitudes qui ont
favorisé la possibilité d'un regroupement
intégrationniste. Par ailleurs, ces lois ont aussi servi à la
déclinaison des politiques communes des Etats (B)
notamment en matière de la formation et de l'emploi.
A- Les lois fondamentales des Etats
Les lois fondamentales ou constitutions des Etats membres de
l'UEMOA dans leur majorité accordent un attachement à
l'unité africaine. Ces Etats s'engagent à tout mettre en oeuvre
pour réaliser l'intégration
93 SARR (Amadou Yaya), op. cit., p. 43.
94 RIVIER (Raphaële), op. cit., p. 275.
95 Les termes "loi fondamentale" sont utilisés pour
désigner la constitution en vigueur dans chaque Etat membre de l'UEMOA.
La loi fondamentale régit l'organisation et le fonctionnement des
pouvoirs publics dans ces Etats. Selon le lexique des termes juridiques, au
sens matériel, la constitution est l'ensemble des règles
écrites ou coutumier qui déterminent la forme de l'Etat, la
dévolution et l'exercice du pouvoir. La constitution au sens formel est
le document relatif aux institutions politiques, dont l'élaboration et
la modification obéissent à une procédure
différente de la procédure législative ordinaire. Cf.
Lexique des termes juridiques, op. cit., p. 185.
25
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
régionale et sous régionale96. Les
lois fondamentales ont été pour la plupart validées par
voie référendaire qui par-dessus tout emporte évidemment
une large adhésion du peuple souverain à l'intégration.
Ces Etats ont prévu d'autres dispositions importantes dans leurs
constitutions qui concourent à l'harmonisation de leur volonté de
créer un regroupement au sein duquel ils peuvent réaliser leurs
visions. En effet, par leur adhésion aux instruments
internationaux97, principalement la Charte des Nations Unies (CNU)
du 26 juin 1945, la DUDH du 10 décembre 1948 et la CADHP du 17 juin 1981
renforcent cette volonté de se mettre en communauté. Ces
fondamentaux juridiques mis ensemble prédisposent a priori les
Etats membres à se constituer en un ensemble où leur
proximité géographique est un facteur non négligeable.
D'autres facteurs non moins déterminants tels que la langue et
accessoirement leur système politique basé sur la
démocratie facilitent le regroupement en communauté. Seule la
Guinée-Bissau98 n'a pas indiqué dans sa constitution
qu'elle souscrit aux instruments internationaux99, mais cela n'a pas
empêché son adhésion à l'Union. Certaines
dispositions100 de la CADHP et des autres instruments internationaux
auxquels sont partis les Etats de l'UEMOA font référence aux
droits sociaux dont chaque citoyen doit jouir. Il revient alors à ces
Etats de respecter leurs engagements vis-à-vis de ces instruments.
Les lois fondamentales des Etats membres de l'UEMOA insistent
sur les matières qui font l'objet de notre étude. En effet, les
constituants de ces Etats ont mis en exergue le rôle que l'Etat doit
jouer dans l'éducation ou la
96 Cf. paragraphe 8 du préambule de la
constitution du Mali du 25 février 1992, paragraphe 9 du
préambule de la constitution du Niger du 25 novembre 2010 ; paragraphe 8
du préambule de la constitution du Togo du 14 octobre 1992 ; paragraphe
10 du préambule de la constitution du Burkina -Faso du 05 novembre 2015
; paragraphe 8 du préambule de la constitution du Bénin du 11
décembre 1990 ; paragraphe 16 du préambule de la constitution de
la Côte d'Ivoire du 08 novembre 2016 ; paragraphe 6 du préambule
de la constitution du Sénégal du 22 janvier 2001 et l'article 3
de la constitution de la Guinée-Bissau du 16 mai 1984.
97 Cf. paragraphe 7 du préambule de la
constitution du Sénégal, paragraphe 6 du préambule de la
constitution du Bénin, paragraphe 7 du préambule de la
constitution du Mali, paragraphe 11 du préambule de la constitution du
Burkina-Faso, paragraphe 10 du préambule de la constitution de la
Côte-d'Ivoire, paragraphe 5 du préambule de la constitution du
Togo, paragraphe 7 et 8 du préambule de la constitution du Niger.
98 La Guinée-Bissau est un Etat lusophone ayant
adhéré à l'UEMOA le 02 mai 1997.
99 Tous les Sept Etats francophones de l'UEMOA,
dans leur préambule souscrivent aux instruments internationaux
visés plus haut. Le Bénin est allé plus loin et a
écrit que ces instruments font partie intégrante de sa
constitution et du droit béninois et ont une valeur supérieure
à la loi interne.
100 Cf. Les articles 15, 17 et 25 de la Charte
imposent expressément aux Etats le respect des droits en de la formation
(éducation) et au travail (emploi).
26
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
formation en lien avec l'emploi au profit des citoyens. C'est
le cas par exemple de l'article 16 de la constitution
bissau-guinéenne101 et des articles 36 et 37 de la même
loi102 qui précisent la responsabilité sociale de
l'Etat à l'égard de tous les citoyens. Aussi, la formation et
l'emploi occupent-ils une place prépondérante dans les lois
fondamentales103 des Etats membres de l'Union. La constitution de la
Côte d'Ivoire par exemple prévoit aussi que « toute
personne a droit à l'éducation et à la formation
professionnelle »b04.
Il est important de souligner que chaque loi fondamentale des
Etats membres de l'UEMOA pris isolément, prévoit le respect des
droits sociaux de leurs citoyens avec pour objectif la nécessité
de conjuguer leurs forces dans un ensemble plus grand à travers un
texte supranational105. La dynamique de mutualiser les
énergies dans le but de trouver des solutions aux problèmes
communs ne pourra trouver une réponse adéquate et
définitive qu'à travers une approche de mise en commun de leur
force. En amont, on constate que les lois fondamentales ont été
rédigées en prévision des réalités actuelles
en considérant les instruments internationaux qui exigent des Etats la
garantie du droit d'accès à la formation et à l'emploi de
leurs peuples. Cette démarche des constituants met les lois
fondamentales en phase avec les besoins et la volonté
d'intégrationniste106 des Etats d'autant plus que le
Traité de l'UEMOA lui-même, fait référence à
deux de ces instruments
101 Paragraphe 1 de l'article 16 : « L'Education vise
à la formation intégrale de l'homme. Elle doit se maintenir
étroitement liée au travail productif et donner la
possibilité d'acquérir des qualifications, des connaissances et
des valeurs qui permettent au citoyen de s'intégrer dans la
communauté et de contribuer à son progrès incessant.
»
102 Art. 36 : 1. Le travail est un droit et un devoir pour
tout citoyen. 2. L'Etat crée graduellement les conditions pour le plein
emploi des citoyens en âge de travailler. 3. L'Etat reconnaît et
garantit à tout citoyen le droit de choisir sa profession ou le genre de
travail en accord avec les nécessités et les impératifs
fondamentaux de la Reconstruction nationale.
Art. 37 : 1. Celui qui travaille, a droit à la
protection, à la sécurité et à l'hygiène
dans le travail. 2. Le travailleur ne pourra être licencié que
dans les cas et aux termes prévus par la loi. 3. L'Etat créera,
graduellement, un système capable de garantir aux travailleurs la
retraite-vieillesse et la sécurité sociale en cas de maladie ou
en cas d'incapacité de travail.
103 Cf. Les articles 17 à 19 de la
constitution du Mali, articles 13 à 15 de la constitution de la
Côte d'Ivoire, articles 18 de la constitution du Burkina-Faso, articles
12, 13 et 30 de la constitution du Bénin, articles 8, 22 et 23 de la
constitution du Sénégal, articles 16, 36 et 42 de la constitution
de la Guinée-Bissau, articles 35 et 37 de la constitution du Togo,
articles 12 et 24 de la constitution du Niger.
104 Cf. Art. 9 de la constitution de la Côte
d'Ivoire.
105 Le paragraphe 6 du préambule du Traité de
l'Union explique que : les Etats, reconnaissent l'interdépendance de
leurs politiques économiques et la nécessité d'assurer
leur convergence.
106 Cf. Paragraphe 7 du préambule de la
constitution du Bénin.
27
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
internationaux107. Au demeurant, on constate que
l'harmonisation au sein de la Communauté ne pourrait connaître
assez d'épreuves parce que des points de convergence des ambitions des
Etats et des citoyens sont abondants. Ces facteurs ne peuvent que permettre la
construction de politiques communes intégratrices des Etats.
B- Les politiques communes des Etats
L'organisation internationale est une réalité
qui ne peut plus être ignorée ; elle se place désormais
à côté des Etats comme sujet à part entière
reconnu en droit international108 pour aider ceux-ci à la
réalisation de leurs objectifs à elle fixés. En effet, les
orientations et consignes liées au respect des droits sociaux des
citoyens écrits dans les lois fondamentales des Etats membres sont
parfois entérinées par les organisations d'intégration. Il
est constant de remarquer que ces dernières dans leur majorité,
définissent d'autres politiques qui sont communes aux Etats membres en
se basant sur des objectifs déterminés par leur traité.
Dans le cas de l'UEMOA, l'institution communautaire s'est
engagée à favoriser le développement économique et
social de ses Etats à travers l'harmonisation de leurs
législations109. En conséquence, son ambition est de
bâtir, un espace de liberté et de progrès, respectueux de
la diversité des cultures et des peuples110. A cette fin,
l'Union doit inscrire cette vision dans des politiques communes pouvant
permettre à chaque Etat de s'y identifier pour accompagner cette
dynamique. Le protocole additionnel II111 relatif aux politiques
sectorielles de l'Union énonce les pistes nécessaires qui
serviront de fondement aux politiques communes des Etats membres. Les chantiers
sur
107 L'article 3 du Traité de l'UEMOA dispose que :
l'Union respecte dans son action les droits fondamentaux énoncés
dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948 et la
Charte Africaine de Droits de l'Homme et des peuples de 1881.
108 SOREL (Jean-Marc), Droit des organisations
internationales : L'essentiel sur le droit public, Lyon, l'Hermès,
1997, p. 9.
109 Cf. Paragraphe 3 du préambule du
Traité modifié de l'UEMOA du 29 janvier 2003.
110 L'UEMOA en 2020, Rapport du panel de haut niveau,
Ouagadougou, Les Presses Africaines, 2011, op. cit., p. 6.
111 Le protocole additionnel n° II adopté en
janvier 1994 a été modifié et complété par
le protocole additionnel N°IV le 29 janvier 2003.
28
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
lesquels l'UEMOA tente de réaliser ses politiques
communes concernent le développement des ressources
humaines112, l'aménagement du territoire113, la
politique des transports et des communications114,
l'amélioration de l'environnement115, la politique
agricole116, la politique énergétique117,
la politique industrielle et minière118 et d'autres
politiques sectorielles119 concourant à la création
d'emplois au profit des citoyens de l'espace. En effet, la mise en oeuvre des
politiques communes aux Etats passera inéluctablement par les formations
professionnelles ou académiques que recevront les citoyens dans les
domaines ciblés. Cela entrainera l'existence de compétences
adéquates et d'une main d'oeuvre disponible pour les entreprises
à qui les conditions favorables sont créées. L'exemple de
l'UE est bien évocateur car, « l'éducation a une place
majeure dans la politique de développement européenne,
puisqu'elle mène à la formation et à l'obtention d'un
emploi par les citoyens. Or, le marché du travail en Europe s'est
globalisé au fur et à mesure de l'avancée de la
construction européenne »120. L'UEMOA
n'échappera pas à ce processus dans sa construction car,
l'ambition de créer un marché commun implique
inévitablement une globalisation, conduisant à un droit
communautaire capable de protéger les citoyens de l'espace.
Paragraphe 2 : Un droit communautaire protecteur
L'un des axes prioritaires conduisant à une
intégration réussie dans un monde en pleine mutation, qui
respecte les riches traditions et valeurs africaines est la formation. A ce
titre, la formation technique et professionnelle, la scolarisation,
l'enseignement et la recherche scientifique,
112 Le protocole additionnel N°II, op. cit.,
Article 1er à 4.
113 Le protocole additionnel N°II, ibidem, Article
5 et 6.
114 Le protocole additionnel N°II, ibidem, Article
7 et 8.
115 Le protocole additionnel N°II, ibidem, Article
9 à 12.
116 Le protocole additionnel N°II, ibidem, Article
13 à 16.
117 Le protocole additionnel N°II, ibidem, Article
17 à 20.
118 Le protocole additionnel N°II, ibidem, Article
21 à 23.
119 Le protocole additionnel N°II, ibidem, Article
24.
120 Cf. Site internet,
https://www.taurillon.org/egalite-des-chances-un-systeme-scolaire-europeen-necessaire
(Consulté le 19 mai 2017 à 09 heures 04).
29
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
l'intégration des valeurs et des cultures locales dans
les curricula121 sont les secteurs auxquels l'UEMOA accorde un
privilège. La CADHP122 sollicite des Etats que le choix d'un
travail, l'accès à un travail, le droit à la
sécurité sociale ou la protection sociale soient encadrés
et assurés. Il va falloir alors identifier les matières
indispensables dans lesquelles les gouvernements et les organisations
communautaires peuvent intégrer ces politiques afin qu'elles prennent en
compte tous les secteurs. Si le but recherché par l'Union est la
protection des citoyens de la communauté, les pistes qui paraissent plus
pertinentes et plus fédératrices de tous les secteurs sont celles
de la formation (A) et de l'emploi
(B).
A- En matière de la formation
On peut partager le point de vue du professeur Saidou Nourou
TALL qui atteste que : « les Etats, par la création
d'organisations internationales (...), affectent à ces entités
une personnalité et une mission d'entente sociale et d'institution
normative »123. A cette fin, la Commission de l'UEMOA est
l'organe qui exerce les pouvoirs propres que lui confère le
Traité124. Pour cela, la responsabilité de la
Commission est la mise en oeuvre du processus d'intégration qui passe
par les visions communes des Etats membres de l'Union par le biais d'un droit
qui protège les citoyens. Ainsi, le 03 juillet 2015, les Ministres en
charge de l'emploi et de la formation professionnelle de l'espace UEMOA ont
fait le constat qu'une : « écrasante majorité de jeunes
africains est en marge du monde de travail décent, ce qui constitue un
fort frein au développement économique et social des nations et
un signe de rupture générationnelle entre les responsables
nationaux publics et privés et les jeunes dont ils ont la charge
»125. Cette déclaration met en lumière la
pertinence de notre étude qui indirectement, pose le problème de
la mise en
121 L'UEMOA en 2020, Rapport du panel de haut niveau,
Ouagadougou, Les Presses Africaines, 2011, ibidem, p. 11.
122 L'article 15 de la charte stipule que : « Toute
personne a le droit de travailler dans des conditions équitables et
satisfaisantes et de percevoir un salaire égal pour un travail
égal. »
123 TALL (Saidou Nourou), op. cit., p. 28.
124 Cf. Art. 26 du Traité modifié de
l'UEMOA.
125 Premier paragraphe de la déclaration d'Abidjan,
6ème Conférence des Ministres en charge de l'emploi et de la
formation professionnelle de l'UEMOA,
30
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
oeuvre efficace des textes relatifs à la formation et
l'emploi dans l'espace l'UEMOA. C'est pourquoi, l'UEMOA a pris plusieurs
règlements et directives relatifs aux formations
académiques126 et l'organisation des différentes
professions pour une protection plus efficace des citoyens de la
communauté. En effet, la qualité des ressources humaines d'un
pays est plus que jamais une condition nécessaire à son
développement.
Mais face à une forte pression démographique,
fournir une formation de qualité et qui répond aux besoins du
marché du travail devient un défi. Pour relever ce challenge et
offrir une formation qui permette une entrée réussie dans la vie
active aux citoyens, les Etats membres et la Commission devront réagir
ensemble pour trouver des solutions127. L'action immédiate
qui matérialise cette protection est la projection par les Etats des
investissements massifs à tous les niveaux d'enseignement avec une
attention particulière à la formation adaptée aux besoins
des entreprises pour faciliter l'insertion des jeunes dans la vie
active128. En effet, l'Union a mis en place un système de
formation qui prépare les citoyens aux défis actuels du monde,
profondément ancrés dans leurs traditions historiques et
culturelles. Les formations technique, artistique et professionnelle comme
l'enseignement supérieur se font dans des centres d'excellence
répartis entre les pays, et capables d'attirer non seulement les
étudiants de la région mais aussi ceux du reste de l'Afrique et
du monde129.
Une lecture croisée de l'article 4 du paragraphe
C130 du Traité de l'UEMOA de la directive relative à
l'égalité de traitement des étudiants ressortissants de
l'UEMOA, de la détermination des conditions et des droits d'accès
aux institutions publiques d'enseignement supérieur des Etats
126 Deux directives importantes ont été prises
le 4 juillet 2007 à savoir : la Directive N° 02/2007/CM/UEMOA
portant instauration d'une période unique de la tenue du
baccalauréat dans les Etats de l'Union et la .Directive N°
03/2007/CM/UEMOA portant adoption du système Licence, Master Doctorat
(LMD) dans les universités et établissements d'enseignement
supérieur au sein de l'Union.
127 L'UEMOA en 2020, Rapport du panel de haut niveau, op.
cit., p. 54.
128 Ibidem, p. 78.
129 Ibidem, p. 11.
130 Cet article énonce les objectifs de l'Union,
mentionne très clairement que le marché commun à
construire doit être « ... basé sur la libre circulation des
personnes, des biens, des services, des capitaux et le droit
d'établissement des personnes exerçant une activité
indépendante ou salariée... »
31
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
membres de l'union131 d'une part et, la directive
portant adoption du système Licence-Master-Doctorat (LMD) dans les
universités et établissements d'enseignement supérieur au
sein de l'UEMOA132 d'autre part, permet de constater que l'Union a
fait un effort de règlementation dans le secteur de la formation. Ces
réformes communautaires visent une pleine mobilité des
étudiants et des enseignants ainsi que le renforcement de la
qualité des formations dispensées dans l'espace
UEMOA133. La mise en place du Programme d'Appui et de
Développement des Centres d'excellence Régionaux (PACER) vise
à rendre disponible dans l'espace, un ensemble d'institutions de
formation et de recherche de haut niveau, conforme aux standards internationaux
et capables de répondre aux besoins de disponibilité de
main-d'oeuvre hautement qualifiée dans l'Union134.
Les chantiers à bâtir à ce niveau sont
nombreux car la finalité d'une formation est d'accéder à
l'emploi. Cette délimitation règlementaire du secteur de la
formation va entrainer l'aménagement juridique des ordres de profession
afin de permettre l'accès à l'emploi des citoyens de l'Union.
B- Dans le domaine de l'emploi
L'objectif de l'intégration régionale est
d'amplifier les marchés domestiques afin d'accélérer le
développement économique (source de pourvoyeur d'emplois) des
pays et d'encourager la justice sociale. Dans cette perspective,
l'amélioration du niveau de vie des habitants de la région
représente toujours le projet suprême135. Plusieurs
considérations au niveau régional exigent plus que jamais que les
Etats gèrent collectivement ces enjeux et qu'ils travaillent
efficacement ensemble à améliorer le développement de
leurs économies et la création de richesses. Par exemple, pour
parvenir à des résultats promettant, le législateur
européen136 a mis en place un instrument central de cette
politique communautaire permettant dans
131 La directive n°01/2005/CM/UEMOA du 16 septembre 2005.
132 La directive n°03/2007/CM/UEMOA du 04 juillet 2007.
133 SAWADOGO (Fatoumata), op. cit., p. 99.
134 SAWADOGO (Fatoumata), op. cit., p. 101.
135 LELOUP (Fabienne) & STOFFEL (Sophie), op. cit.,
p. 76.
136 L'art. 13 du traité instituant la Communauté
Européenne donne en effet au législateur communautaire la
possibilité de prendre des mesures nécessaires en vue de
combattre toute discrimination.
32
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
une certaine mesure aux Etats membres de créer une
dynamique centrée sur la protection de l'individu137. La
Commission de l'UEMOA pourrait envisager la proposition à cet effet d'un
règlement à soumettre aux décideurs pour encadrer les
éventuels élans discriminatoires dans l'espace en matière
d'emploi.
Mais, le contexte dans lequel la Commission de l'UEMOA se
situe actuellement est très différent de celui qui
prévalait au moment de l'adoption de son Traité constitutif.
C'est pourquoi elle doit jouer un rôle de catalyseur pour inciter les
autres organes de l'Union à être juridiquement et socialement en
phase avec un monde en pleine mutation. Le droit étant l'instrument par
lequel se réalise l'intégration économique138,
il va falloir que les règlements ou directives pris par les organes de
l'UEMOA permettent aux Etats de garantir ou d'améliorer les conditions
de vie des citoyens de l'espace. La finalité des actions de
l'institution est de créer des conditions favorables d'accès
à l'emploi des jeunes. L'Union a pris des textes à l'endroit des
entreprises opérants dans l'espace à l'effet de favoriser un
environnement de création d'emplois.
En outre, l'Union a marqué sa volonté de
créer un espace juridique assez ouvert afin de permettre aux Etats de
créer les conditions d'accès à l'emploi pour tous. Par
acte additionnel par exemple, les décideurs fixent les objectifs et les
principes directeurs de la politique industrielle et minière de l'Union.
Cela favoriserait l'émergence d'entreprises performantes dans les Etats
au sein de la communauté, capables à satisfaire les conditions
compétitives, la demande intérieure puis à favoriser le
progrès social139. En effet, par progrès social il
faut comprendre toutes les dispositions mises en oeuvre pour la création
d'emploi dans l'espace parce que seules les entreprises peuvent pourvoir aux
emplois compte tenu de la forte pression
137 MUIR (Elise), « L'âge saisi par le droit
communautaire », Mouvements, 2009, 3N°59, p. 35.
138 POLO (Aregba), «``La mondialisation de
l'économie exige l'harmonisation des droits et des pratiques du
droit». L'Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des
Affaires (OHADA) est à la fois facteur de développement
économique et moteur de l'intégration régionale »,
In. MOULOUL (Alhousseini), « Comprendre l'Organisation pour
l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (O.H.A.D.A) »,
Niamey, 1999, p. 8.
139 Cf. (Art. 21-a) du Protocole Additionnel N°II
de l'UEMOA.
33
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
démographique actuelle. L'adoption d'un acte
additionnel le 14 décembre 2000 relatif à la politique
minière commune de l'Union consiste en la matérialisation de
l'objectif décliné dans ledit protocole additionnel en passant
par la valorisation des ressources disponibles, l'harmonisation des cadres
règlementaires des activités industrielles créatrices
d'emplois et aboutir à la non-discrimination, la clarté, la
transparence...140.
A la suite de cette action des Chefs d'Etat et de
Gouvernement, le Conseil des Ministres de l'Union par un
règlement141 a codifié le secteur. D'autres secteurs
pourvoyeurs d'emplois ont été aussi règlementés tel
que l'artisanat142 et celui concernant la politique
agricole143 dans le but de relever le défi de l'accès
à l'emploi dans la sous-région.
140 Cf. Art. 2 de l'acte additionnel, op.
cit.
141 Règlement N°18/2003/CM/UEMOA du 22
décembre 2003 portant adoption du code minier communautaire de
l'UEMOA.
142 Acte additionnel N°05/2001 du 19 décembre 2001
relatif à la promotion de l'artisanat au sein de l'UEMOA.
143 Acte additionnel N°03/2001 du 19 décembre 2001
portant adoption de la politique agricole de l'UEMOA.
34
L'harmonisation des normes relatives à la formation et
à l'emploi dans l'espace UEMOA
CHAPITRE II : Une harmonisation spécifique
La formation et l'accès à l'emploi sont des
droits reconnus par les lois fondamentales des Etats de l'UEMOA puis
énoncés dans les instruments internationaux admis par l'Union.
Par ailleurs, parmi les Objectifs de Développement Durable (ODD) du
Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), deux
points144 concernent la formation et l'emploi. L'accès
à la formation et à l'emploi permettent aux citoyens de jouir de
leur liberté puis d'affirmer leur dignité dans la
communauté où ils vivent. Ces facteurs enclenchent
l'émancipation de la personne humaine, assurent sa mobilité
sociale et contribuent à la réduction de sa
vulnérabilité145.
En Afrique, la stratégie pour l'harmonisation a
été adoptée par les Chefs d'Etat et de Gouvernement de
l'Union Africaine (UA) en juillet 2010 à Kampala (Ouganda). Elle vise
l'harmonisation des statistiques en Afrique pour la conduite du processus
d'uniformisation dans toutes ses dimensions146. Les Etats de l'UEMOA
à leur niveau s'engagent non seulement à « harmoniser
dans la mesure du nécessaire (...) les législations des Etats
membres (...) »147 mais aussi « (...) à
éliminer les incompatibilités ou les doubles emplois entre le
droit et les compétences de l'Union d'une part, et les conventions
conclues par un ou plusieurs Etats membres d'autre part (...)
»148. La lecture croisée de ces articles permet de
remarquer que l'Union est résolument engagée à
opérer une uniformisation normative et certaine (Section 1)
des textes notamment en matière socio-professionnel et
à instaurer dans son espace un cadre institutionnel pertinent sans
équivoque (Section 2).
144 Les ODD N°4 et N°8 exposent respectivement :
« Assurer l'accès de tous à l'éducation de
qualité, sur un pied d'égalité et promouvoir les
possibilités d'apprentissage tout au long de la vie » et, «
promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et
durable, et le plein emploi productif et un travail décent pour tous
».
145 AFD, Stratégie thématique éducation,
formation, emploi 2016-2020, Paris, Agence Française de
Développement, 2017, p. 6-7.
146 Union Africaine, Liste minimale d'indicateurs du
marché du travail et de la formation professionnelle, Addis
Abéba. Cf. website,
www.au.int, 2012, p. 4. (Consulté le
13 avril 2019 à 20 heures 10).
147 Art. 4, paragraphe 6 du Traité modifié de
l'UEMOA.
148 Art. 14 du Traité modifié de l'UEMOA.
35
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
SECTION 1 : Une uniformisation normative certaine
L'accès aux conditions d'emploi justes et le droit
à l'éducation149 sont importants pour les peuples au
point où les lois fondamentales des Etats membres de l'UEMOA en font une
exigence solennelle. Si les organisations d'intégration ambitionnent la
création d'un ensemble organisé150, l'uniformisation
des normes doit être le moteur qui fait fonctionner l'organisation. Pour
le professeur TALL, l'intégration vise à terme une fusion ou une
harmonisation des législations entre les Etats membres qui peuvent
constituer des formes avancées d'intégration151 dans
plusieurs domaines. Visiblement, l'UEMOA a abordé depuis sa
création d'énormes chantiers d'uniformisation des normes dans
divers secteurs. Les cas qui nous intéressent sont : les formations de
l'enseignement supérieur (Paragraphe 1) et les
ordres de certaines professions (Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Les formations de l'enseignement
supérieur
L'UEMOA a pris plusieurs directives dans l'optique de rendre
uniforme les formations délivrées dans les universités et
centres de l'enseignement supérieur. Dans l'espace, les directives sont
des actes de portée générale et abstraite qui «
lie les Etats membres quant au but à atteindre »152.
Toutefois elles procèdent à une certaine souplesse,
permettant aux Etats de choisir en fonction des impératifs de leur ordre
juridique national, le moyen le plus adapté pour parvenir au but
recherché153. Au niveau de l'enseignement supérieur,
les Etats membres de l'UEMOA ont instauré une uniformisation sur
l'égalité de traitement des droits d'accès aux
institutions publiques (A) appuyé par une
uniformisation des dispositifs relatifs à la tenue des examens
(B).
149 Droits de la deuxième génération sont
apparus au XIXème siècle.
150 TALL (Saidou Nourou), op. cit., p. 42.
151 Ibidem, p. 42.
152 Art. 43 al 2 du Traité de l'UEMOA.
153 OUOBA (Ahmed Rémi), La primauté du droit
communautaire de l'UELOA sur le droit des Etats membres. Disponible sur le
site internet,
https://www.memoireonline.com/10/13/7636/m_La-primaute-du-droit-communautaire-de-l-UEMOA--Union-Economique-et-Monetaire-Ouest-Africaine--su6.html.
(Consulté le 05 avril 2019 à 12 heures 49).
36
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
A- L'uniformisation sur l'égalité de
traitement
Les domaines d'intervention des organisations communautaires
sont larges ; il s'agit pour elles de mettre en place un marché commun,
cela implique des politiques communes dans un certain nombre de matières
devant aboutir à une politique d'ensemble154. Les organes de
l'UEMOA utilisent leurs compétences en vue de permettre aux citoyens de
l'espace un mieux-être.
En matière de la formation au niveau de l'enseignement
supérieur, des principes sont définis155 par les
textes au sein de la Communauté. En effet, les Etats ont
uniformisé les droits d'accès aux services dans les
universités publiques pour tous les étudiants de la
Communauté à travers la directive N°01/2005/CM/UEMOA du 16
septembre 2005. Pour favoriser la mise en oeuvre de cette directive, l'article
3 du texte impose aux Etats membres une date à laquelle ils s'obligent
à lever toutes restrictions à ces principes.
A l'instar de l'UE156, l'UEMOA est
décidée à poursuivre un processus créant une Union
sans cesse étroite entre les peuples, dans laquelle les décisions
sont prises, le plus près possible des citoyens, conformément au
principe de subsidiarité157. La directive en l'occurrence
instaure une harmonisation des conditions d'inscription158 dans les
universités, et celle d'accès aux oeuvres
universitaires159. Les Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'UEMOA
ont avalisé la volonté des centres d'enseignement
supérieur de l'Union à renforcer leur coopération
interuniversitaire et de se doter d'instruments communs de promotion de la
qualité160. A travers cette
154 GNAMOU (Dandi), Dissolution et succession entre
organisations internationales, op. cit., p. 60.
155 Art. 1er de la directive
N°01/2005/CM/UEMOA du 16 septembre 2005 : Les étudiants
ressortissants de tout Etat membre de l'UEMOA bénéficient, sur
l'ensemble du territoire de l'Union, du droit d'accéder aux Institutions
publiques d'enseignement dans les conditions similaires à celles
prévues pour les nationaux du pays d'accueil, Article 1er de
la directive N°01/2005/CM/UEMOA du 16 septembre 2005.
156 Cf. Préambule du traité de l'UE,
paragraphe 14.
157 En droit communautaire, principe général, en
vertu duquel, dans les domaines qui ne relèvent pas de sa
compétence exclusive, la communauté n'intervient que si et dans
la mesure où l'objectif de l'action envisagée ne peut pas
être réalisé de manière suffisante par les Etats
membres et peuvent donc, en raison des dimensions ou des effets de l'action
envisagée, être mieux réalisés au niveau
communautaire.
158 Paragraphe 2 de l'article 1er de la même
directive précise que : « Les étudiants acquittent des frais
universitaires de même montant que les nationaux ».
159 Ibidem, Art. 2.
160 Cf. Paragraphe 8 de la directive
N°03/2007/CM/UEMO portant adoption du système LMD dans les
universités et établissements d'enseignement supérieur au
sein de l'UEMOA.
37
L'harmonisation des normes relatives à la formation et
à l'emploi dans l'espace UEMOA
plateforme et les différentes mesures prises, les
étudiants et chercheurs de l'espace peuvent s'inscrire sans
discrimination dans les universités publiques et centres de formation
supérieure de l'espace. Cette disposition rétablit les
problèmes d'équité de traitements relatifs aux
inscriptions des étudiants aux divers examens dans les Etats membres de
l'Union161.
Ces réformes relatives aux conditions d'accès
aux formations au sein de la communauté visent de façon indirecte
à l'uniformisation des formations. Cela va de soi, d'autant plus que
l'Union vise l'élimination entre les ressortissants des Etats membres de
toute discrimination fondée sur la nationalité, en ce qui
concerne la recherche et l'exercice d'un emploi, à l'exception des
emplois dans la fonction publique162. Cela impose donc à
l'ensemble des Etats l'obligation de la standardisation des dispositifs
à mettre en place pour la réalisation efficace et efficiente des
différents examens.
B- L'uniformisation des dispositions relatives aux
examens
La nécessité de concrétiser les
engagements qu'ils ont solennellement pris dans le Traité163
oblige les Etats à encadrer dans l'espace de l'UEMOA, la tenue des
examens relatifs aux formations données dans l'enseignement
supérieur. En effet, les examens sont uniformisés du point de vue
des dates de leur déroulement. Des directives ont été
prises à cet effet, elles sont relatives à l'instauration d'une
période unique de tenue du baccalauréat dans les Etats membres de
l'Union164 et à l'adoption du système LMD dans les
universités et établissements d'enseignement supérieur au
sein de l'UEMOA165.
A l'instar du "West African Examinations
Council"166 (WAEC), l'UEMOA a engagé des réformes
majeures dans l'optique de rendre plus
161 Cf. Paragraphe 7 de la directive
N°02/2007/CM/UEMOA du 04 juillet 2007 portant instauration d'une
période unique de tenue du baccalauréat dans les Etats membres de
l'Union.
162 Cf. Paragraphe 2 de l'article 91 du traité
modifié de l'UEMOA.
163 Cf. Paragraphe 2 du préambule du protocole
additionnel N°II relatif aux politiques sectorielles de l'UEMOA.
164 Cf. Directive N°02/2007/CM/UEMOA du 04 juillet
2004.
165 Cf. Directive N°03/2007/CM/UEMOA du 04 juillet
2004.
166 The West African Examinations Council (WAEC) est un
comité d'examen créé par un texte inter-Etat pour
déterminer les examens requis dans l'intérêt public et dans
les pays anglophones de l'Afrique de l'Ouest. Ce texte harmonise les curricula
de formation, les examens et la reconnaissance réciproque par lesdits
Etats des
certificats et des diplômes. Disponible sur le site
internet:
38
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
fluide les pratiques et les dispositifs mises en place pour le
déroulement des examens. En effet, dès 1952, les Etats
anglophones167 de l'Afrique de l'ouest avaient institué
à travers le WAEC l'uniformisation des examens et diplômes ; une
plateforme qui fonctionne toujours et qui inspire les Etats francophones
réunis au sein de l'UEMOA.
La coordination d'actions communes en matière
d'enseignement supérieur, de recherche scientifique et de la formation
professionnelle au sein de l'UEMOA168 est tributaire de la
volonté des gouvernants. Une période unique est définie
pour le déroulement des épreuves écrites du
baccalauréat169 dans la communauté. Pour éviter
le non-respect de cette disposition par les Etats membres, la Commission est
mandatée pour contrôler sa mise en oeuvre effective et, à
ce titre elle présente un rapport annuel au Conseil des
Ministres170. En plus de cette codification, l'autre
préoccupation des Etats est de rendre plus efficace l'enseignement
supérieur en simplifiant aux apprenants et chercheurs les parcours
universitaires, en améliorant les conditions d'obtention des
diplômes et en adoptant des innovations assurant une meilleure prise en
compte des besoins des milieux professionnels171. Aussi, veulent-ils
favoriser la mobilité des apprenants, des enseignants et des chercheurs,
dans l'espace, sur la base de système de diplômes reposant sur des
référentiels de même type172. Pour la
réalisation de ce but, les Etats ont adopté le système LMD
comme cadre de référence des diplômes
délivrés par les universités et établissements
d'enseignement supérieur sur tout le territoire de
l'Union173. L'uniformisation rigoureuse du secteur de l'enseignement
et de la formation professionnelle va participer à la
https://en.wikipedia.org/wiki/West_African_Examinations_Council.
Site internet, (Consulté le 09 avril 2019 à 15 heures 04).
167 Créé en 1952, le WAEC a contribué
à l'éducation dans les pays anglophones de l'Afrique de l'Ouest
(Ghana, Nigeria, Sierra Leone, Libéria et Gambie), avec le nombre
d'examens qu'ils ont coordonnés et les certificats qu'ils ont
délivrés, op. cit.
168 Cf. Directive N°04/98/CM/UEMOA du 24 septembre
1998.
169 Cf. Art 1er de la directive
N°02/2007/CM/UEMOA, op. cit.
170 Cf. Art. 5, ibidem.
171 Cf. Paragraphe 9 de la directive
N°03/2007/CM/UEMOA du 04 juillet 2004.
172 Cf. Paragraphe 10 de la directive
N°03/2007/CM/UEMOA, op. cit.
173 Cf. Art. 1er, de la directive
N°03/2007/CM/UEMOA, ibidem.
39
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
réorganisation des professions mises en place par
l'Organisation, permettant ainsi de catégoriser les différents
ordres professionnels.
Progressivement, les Etats membres de l'Union prennent les
dispositions adéquates afin que ces réformes relatives à
la formation soient mises en oeuvre. Dans tous les cas, l'uniformisation des
normes dans le domaine de la formation est très capitale dans la mesure
où l'inadéquation des formations et la demande du marché
du travail est très remarquable. Un changement de paradigme est
nécessaire car, les réformes juridiques engagées par
l'Union dans le secteur de la formation doivent assurer la professionnalisation
des métiers.
Paragraphe 2 : Les métiers et ordres
professionnels
Comme le souligne le Professeur Dandi GNAMOU, «
l'ordre juridique communautaire est autonome au regard des règles des
droits étatiques et des règles générales de droit
international public. Il est intégré dans le système
juridique des Etats membres avec des conséquences élargies par la
jurisprudence de la Cour de Justice Communautaire. »174.
Il va falloir trouver des liens entre les besoins des citoyens et faire
des jonctions avec les réalités sociales pour édicter des
normes acceptées par tous les Etats et dont l'applicabilité sera
sans équivoque. L'UEMOA s'efforce à édicter des textes qui
d'une part, organisent les politiques sectorielles des métiers
(A) et d'autre part, ceux qui réorganisent les
professions (B) dans l'optique de renforcer la libre
circulation des personnes et des biens dans l'espace.
A- L'organisation de politiques sectorielles des
métiers
La recherche permanente de la paix par la coopération
et/ou par l'intégration puis la nécessité de la
solidarité internationale fondent la construction des organisations
internationales en général et des organisations
174 GNAMOU (Dandi), ibidem, p.61.
40
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
internationales africaines en particulier175. Cette
solidarité se traduit par la liberté pour tous les ressortissants
de la Communauté de circuler sans crainte. Selon Soumaïla
CISSE176, « la libre circulation des personnes et des biens
est la clé de l'intégration (....) Pour réussir
l'intégration, il va falloir que les gens se sentent libres de circuler
»177. C'est fort de cette réalité que
l'UEMOA a adopté plusieurs textes dans différentes
catégories de métiers en lien avec la politique
générale du Traité modifié de l'UEMOA. Les actions
de l'Union sont mises en oeuvre à travers une politique d'harmonisation
des législations des Etats membres. Ainsi, l'article 60 du traité
stipule que : « Dans le cadre des orientations (...), la
Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement établit des
principes directeurs pour l'harmonisation des législations des Etats
membres. Elle identifie les domaines prioritaires dans lesquels,
conformément aux dispositions du présent Traité, un
rapprochement des législations des Etats membres est nécessaire
pour atteindre les objectifs de l'Union. Elle détermine également
les buts à atteindre dans ces domaines et les principes
généraux à respecter ».
La politique agricole178 de l'UEMOA tant, dans son
élaboration que dans sa mise en oeuvre, tient compte des actions des
différents acteurs et institutions de la sous-région en charge du
développement agricole179 permettant une ouverture sur les
métiers de l'agriculture180. Le fond régional de
développement agricole181 a été institué
sur la base de l'article 59 du Traité en vue du financement et d'un
aménagement équilibré du territoire de
l'Union182. Le secteur de l'artisanat a été
organisé afin que les différents
175 QUOC DINH (Nguyen), DAILLIER (Patrick) et PELLET (Alain)
(2002). Droit international public. 7ème édition. Paris : lgdj :
1510 ; Carreau, Dominique (1986). Droit international. Paris : Pedone. In.
Droit TALL (Saidou Nourou), Droit des organisations internationales africaines,
Paris, l'Harmattan, 2015, p. 25.
176 Soumaïla CISSE (malien) a été
Président de la Commission de l'UEMOA de 2004 à 2011.
177 Cf. Site internet,
https://www.sidwaya.info/m-1375--notre-journal.html,
SIDWAYA, quotidien burkinabé d'information du 02 février 2007.
(Consulté le 02 février 2019 à 20 heures 03).
178 Acte additionnel n°03/2001 portant adoption de la
politique agricole de l'UEMOA a été adopté par la
conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement le 09 décembre
2001.
179 Cf. Paragraphe 1 de l'article 4 de l'Acte
additionnel n°03/2001 portant adoption de la politique agricole de
l'UEMOA.
180 Il existe 33 métiers dans la filière
agriculture. Cf. Site internet,
https://www.orientation.com/metiers/etudes-agriculture/,
il existe 33 métiers dans la filière agriculture.
(Consulté le 3 janvier 2019 à 13 heures 12).
181 Acte additionnel n°03/2006 un Fonds Régional
de Développement Agricole dénommé « FRDA »
adopté par la conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement le
27 mars 2006.
182 Cf. Paragraphe 6 du préambule de l'Acte
additionnel n°03/2006 un FRDA.
41
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
métiers soient suffisamment ouverts aux citoyens
à travers l'harmonisation des cadres réglementaire des
activités183.
Un acte additionnel184 sur l'artisanat est
adopté parce que, la promotion du secteur fait partie des politiques
sectorielles à mettre en oeuvre par l'Union185. Les Etats
membres de l'UEMOA étant convaincus que le code minier communautaire
constitue un instrument de promotion du secteur des mines186, ils
ont procédé à son encadrement et décidé que
cet instrument s'applique de façon uniforme dans la Communauté,
à toutes les personnes physiques et morales187. Ces normes
favorisent la promotion de l'emploi formel source d'une garantie d'accès
des citoyens à une sécurité sociale. Après avoir
encadré certains métiers, l'Union a procédé
à une réorganisation des professions.
B- La réorganisation des ordres professionnels
L'un des objectifs de l'UEMOA tels que définis par le
Traité en son l'article 4-c, est la réalisation du marché
commun à travers la libre circulation des biens, des personnes, des
capitaux, des services et le droit d'établissement des personnes
exerçant une activité indépendante ou salariée
ainsi que sur un tarif extérieur commun et une politique commerciale
commune. Pour arriver à cette fin, une approbation a été
faite à Niamey le 30 mars 2005, par la Conférence des Chefs
d'Etat et de Gouvernement, de la démarche progressive proposée
par la Commission en vue d'une mise en oeuvre efficiente des libertés de
circulation des personnes, de résidence, de prestation de services et du
droit d'établissement au sein de l'Union188. Par la suite,
l'Union va procéder à l'encadrement de certaines professions
selon les structures ordinales telles qu'elles existent dans les Etats avant la
création
183 Cf. Paragraphe 3 de l'article 2 de Acte
additionnel N° 05/2001 du 19 décembre 2001 relatif à la
promotion de l'artisanat au sein de l'UEMOA.
184 L'Acte additionnel N° 05/2001 relatif à la
promotion de l'artisanat au sein de l'UEMOA a été adopté
le 19 décembre 2001 par les Chefs d'Etat et de Gouvernement.
185 Cf. Art. 1er de Acte additionnel N°
05/2001, op. cit.
186 Cf. Paragraphe 13 du préambule du
règlement N° 18/2003/CM/UEMOA du 22 décembre 2003 portant
adoption Du code minier communautaire de l'UEMOA.
187 Cf. Art. 3 du règlement N°
18/2003/CM/UEMOA, op. cit.
188 Cf. Paragraphe 3 du préambule de la
directive n° 06/cm/UEMOA relative à la libre circulation et a
l'établissement des médecins ressortissants de l'union au sein de
l'espace UEMOA.
42
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
de l'organisation. En effet, un ordre professionnel est un
organisme regroupant, sur un territoire donné, l'ensemble des membres
d'une même profession qui généralement, peut être
exercée de manière libérale, et qui assure une forme de
régulation ; son appartenance n'est pas une faculté mais une
obligation pour le professionnel car l'inscription au sein de l'ordre
étant une condition nécessaire à l'exercice de la
profession189.
Plusieurs directives ont été
édictées par l'UEMOA pour rendre uniforme les pratiques de
certaines professions. Il s'agit notamment de l'ordre des
médecins190. La directive a pour objet de faciliter la libre
circulation ainsi que l'établissement pour l'exercice de la profession
de médecin dans les Etats membres par un médecin ressortissant de
l'Union déjà inscrit à l'Ordre National des
Médecins d'un des Etats membres191. Ainsi selon l'article 6
de ladite directive, tout médecin ressortissant de l'Union,
régulièrement inscrit à l'Ordre National des
Médecins d'un pays membre de l'UEMOA a le droit de s'établir
à titre permanent dans tout pays membre de l'Union pour y exercer sa
profession.
Toutefois, nul ne peut être inscrit à deux Ordres
à la fois. Pour les experts comptables et comptables
agréés, un règlement192 est en vigueur depuis
le 02 mai 2006. L'article 3 de ce texte conditionne l'exercice de la profession
à une attestation délivrée par son pays d'origine et a
l'obligation d'aviser par écrit l'Ordre de l'Etat d'accueil qui lui
délivre une autorisation d'exercer. Dans tous les cas, dans l'exercice
de ce droit, le professionnel doit se soumettre dans les mêmes
conditions, aux règles déontologiques et aux prescriptions
légales de l'Etat d'accueil. Les procédures
disciplinaires193 sont prévues par le législateur pour
limiter les cas de dérive dans le corps. Les
189 Cf. Site internet,
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ordre_professionnel#cite_note-6.
(Consulté le 11 avril 2019 à 12 heures 10).
190 Cf. Directive N°06/CM/UEMOA relative
à la libre circulation et à l'établissement des
médecins ressortissants de l'Union au sein de l'espace UEMOA du 16
décembre 2005.
191 Cf. art. 2 de la Directive n° 06/cm/UEMOA
relative à la libre circulation et à l'établissement des
médecins ressortissants de l'union au sein de l'espace UEMOA.
192 Cf. Règlement N°05/2006/CM/UEMOA
relatif à la libre circulation et à l'établissement des
experts comptables et des comptables agréées ressortissants de
l'Union au sein de l'espace UEMOA du 02 mai 2006.
193 Cf. Art. 6. Règlement
N°05/2006/CM/UEMOA, op. cit.
43
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
professions des architectes194, des
avocats195, des pharmaciens196, des
chirurgiens-dentistes197, ont été aussi
codifiées. L'article 2 de chacune de ces directives ou
règlements, situe le champ d'application de chaque profession, met
l'accent sur la libre circulation des professionnels ainsi que la
possibilité de s'établir dans la communauté pour
l'exercice de leur profession. Toutes ces dispositions réglementaires
sont mises en oeuvre dans un cadre institutionnel adéquat et
cohérent.
SECTION 2 : Un cadre institutionnel pertinent
Selon le Professeur Frédéric Joël AÏVO
« la première exigence d'une organisation internationale est le
renforcement de son cadre institutionnel car c'est à travers les
institutions que les activités peuvent être entreprise de
façon cohérente et efficace »198. Outre les
organes prévus à l'article 16 (modifié) et les
institutions spécialisées de l'Union qui figurent au paragraphe
11 de l'article 1er du Traité modifié de l'UEMOA et
qui jouent normalement leurs rôles, le « Conseil des Ministres de
l'Union assure la mise en oeuvre des orientations générales (...)
»199 à travers d'autres mécanismes plus souples
que l'organe mis en place pour actionner ou dynamiser un secteur précis.
C'est ainsi que le 03 juillet 2015 à Abidjan lors de la sixième
conférence des Ministres en charge de l'emploi et de la formation
professionnelle, ces derniers ont fait une déclaration dans laquelle
d'importantes décisions ont été prises. Entre autres
recommandations, il est demandé instamment aux Etats membres de l'UEMOA
de créer un
194 Cf. Directive N°07/CM/UEMOA relative
à la libre circulation et à l'établissement des
architectes ressortissants de l'Union au sein de l'espace UEMOA du 16
décembre 2005.
195 Cf. Règlement N°10/06/CM/UEMOA
relatif à la libre circulation et à l'établissement des
avocats ressortissants de l'Union au sein de l'espace UEMOA du 25 juillet
2006.
196 Cf. Directive N°06/2008/CM/UEMOA relative
à la libre circulation et à l'établissement des
pharmaciens ressortissants de l'Union au sein de l'espace UEMOA du 26 juin
2008.
197 Cf. Directive N°07/2008/CM/UEMOA relative
à la libre circulation et à l'établissement des
chirurgiens-dentistes ressortissants de l'Union au sein de l'espace UEMOA du 26
juin 2008.
198 AÏVO (Frédéric Joël), « La
Communauté des Etats Sahélo-Sahariens (CEN-SAD) : Acteur
complémentaire ou concurrentiel de l'Union Africaine ? »,
ibidem, p. 484.
199 Cf. Art. 20 du traité modifié de
l'UEMOA, op. cit.
44
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
Observatoire National de l'Emploi et de la
Formation200 (ONEF) (Paragraphe 1) puis, de donner
mandat à l'UEMOA de créer et d'opérationnaliser
l'Observatoire Sous-Régional de l'Emploi et la Formation201
(OSREF) (Paragraphe 2) afin de rendre visibles les actions
relatives à la formation et l'emploi dans l'espace de l'Union.
Paragraphe 1 : La création des ONEF
Le sommet extraordinaire des Chefs d'Etats et de Gouvernement
de l'UA sur l'emploi et la lutte contre la pauvreté tenue à
Ouagadougou en 2004 a pour objectif d'avoir l'engagement des Etats à
placer l'emploi au coeur de la stratégie de lutte contre la
pauvreté. Dans le contexte où la mondialisation,
l'intégration et les mutations technologiques, économiques,
politiques et sociales202 sont d'actualité, il est important
que les décideurs agissent. Les résolutions issues de ces
réflexions ont inspiré d'autres initiatives africaines au niveau
sous-régional en faveur de l'emploi et de la formation. L'UEMOA a pris
des initiatives en s'inspirant du cas de l'UE car, à la croisée
de plusieurs disciplines (sociologie, marketing, économie-statistique,
anthropologie...), l'Observatoire de la Formation, de l'Emploi et des
Métiers (OFEM) adapte sa démarche aux objectifs attendus afin
d'assurer une offre de formation proche des
réalités203 sociales. La conséquence directe de
la création des ONEF est la mise en place du cadre de concertation
(A) et du Secrétariat Permanent
(B) qui seront des mécanismes pour la
dynamisation des politiques de l'Union.
A- Le cadre de concertation communautaire
Pour le Conseil des Ministres, le Cadre de Concertation des
Ministres de l'Emploi et de la Formation Professionnelle (CCMEFP) de l'UEMOA
200 Cf. Paragraphe 39, Déclaration d'Abidjan,
UEMOA, 6ème conférence des ministres en charge de
l'emploi et de la formation professionnelle de l'UEMOA, p. 4.
201 Cf. Paragraphe 41, Déclaration d'Abidjan,
op. cit., p. 4.
202 Cf. Site internet,
https://www.ilo.org/global/meetings-and-events/WCMS_067263/lang--fr/index.htm.
(Consulté le 13 avril 2019 à 15 heures 59).
203 Cf. Site internet,
http://www.cci-paris-idf.fr/formation/centres-observatoires/observatoire-formation-emploi-metiers-formation.
(Consulté le 13 avril 2019 à 16 heures 16).
45
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
apparaît comme « (...) un dispositif central du
développement des compétences et de la promotion de l'emploi
(...) »204 et, par ricochet, un instrument pour
l'harmonisation et la diversification de la formation dans la
communauté. Ce cadre peut « faire prendre par l'UEMOA les
actions menées dans le domaine de l'emploi et de la formation
professionnelle comme critères de convergence des politiques mises en
oeuvre dans l'espace communautaire »205. Avec dix
années d'existence et d'activité, il est devenu le couloir
privilégié à travers lequel les grandes orientations sont
prises car, il a créé les conditions d'une coopération
renforcée entre les pays dans les domaines de l'emploi et de la
formation professionnelle206. Les observatoires, une fois mis en
place dans les huit Etats de la Communauté doivent avoir l'appui du
cadre étant donné que celui-ci a l'obligation de la mise en
oeuvre des actions pour une harmonisation des formations professionnelles et
des métiers. Des exigences ont été demandées aux
Etats notamment la certification des métiers porteurs d'une dynamique
harmonisée de certification menant à terme à un cadre
sous-régional de concertation, finaliser l'ingénierie des
métiers porteurs puis les implanter afin qu'un maximum de jeunes
jouissent des formations qualifiées207.
Mais le constat est que dans l'espace, les curricula de
formation ne riment pas avec les compétences requises par les emplois
existants, cela exige pour la plupart du temps des actions
correctives208. En effet, dans les Etats de l'UEMOA il y a un
déphasage avec les formations données par les
établissements de formation et les besoins du marché du travail.
La conséquence directe d'une telle situation c'est l'augmentation du
taux de sous-emploi et de chômage. Pour atteindre les buts fixés
de façon efficiente, la Conférence des Ministres en charge de
l'emploi et de la formation professionnelle de l'Union a instauré un
secrétariat permanent dont les missions et les objectifs sont bien
définis.
204 Cf. Paragraphes 55, Déclaration d'Abidjan,
UEMOA, op. cit., p. 5.
205 Ibidem, p. 3.
206 Ibidem.
207 Cf. Paragraphes 34, 36, ibidem. p. 4.
208 Cf. Paragraphes 16, ibidem, p. 1.
46
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
B- Le Secrétariat Permanent
Pour rendre concret leurs ambitions, le Conseil des Ministres
a institué un Secrétariat Permanent qui possède un pouvoir
plus ou moins large. Il est chargé de prendre des initiatives
adéquates pour valoriser les actions de coopération et de
mutualisation inter-pays dans les domaines de l'emploi et de la formation
professionnelle209. En dépit de tout, il faut souligner que
le renforcement de la coopération inter-pays est un gage de dynamisation
de l'efficacité des politiques et pratiques d'emploi et de formation
dans l'espace UEMOA et que ces politiques et pratiques sont au coeur du
développement socio-économique de la
sous-région210. La décision d'instituer un tel organe
relève d'une bonne initiative. « Dès lors qu'on admet
que l'intégration régionale est un processus de renforcement des
interdépendances et d'intégration sociale transcendant les Etats,
il apparaît comme étant incontournable la prise en compte de la
surveillance des normes permettant de vivre ensemble dans le nouveau cadre
créé »211. Cette image décrite par le
Professeur SALL est le rôle que joue le secrétariat permanent.
C'est en effet un organe administratif chargé de la mise en oeuvre, du
suivi et de l'évaluation des recommandations et décisions de la
Conférence des Ministres212 et de l'animation des pôles
d'expertise en lien avec les orientations reçues des
décideurs.
L'existence d'un tel organe est donc capitale étant
donné que la coordination des actions des ONEF est essentielle pour la
pérennité et la vie de l'organe. Il va permettre d'ajuster ou de
recadrer les éventuels dérapages de ces organes qui, selon les
dispositions du Cadre de Concertation jouissent d'une autonomie213
dans leur gestion quotidienne. En conséquence, l'ONEF apporte de
façon globale son expertise à la création d'observatoires
dans les écoles et auprès d'organismes extérieurs avec le
transfert de méthodologie, la formation et l'accompagnement. La
participation aux débats publics sur
209 Cf. Paragraphes 53, ibidem, p. 5.
210 Cf. Paragraphes 55, ibidem, p. 5.
211 SALL (Alioune), op. cit., p. 7.
212 Cf. Paragraphes 22, ibidem, p. 3.
213 La Conférence des Ministres a demandé au
Bénin, le Togo, la Côte d'Ivoire et le Sénégal de
créer un ONEF autonome avant la prochaine Conférence des
Ministres.
47
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
les matières qui le concernent doit être
dépourvue de toute subjectivité en ce sens que le
secrétariat permanent apparaît comme un instrument de
régulation, de médiation et de création des conditions de
partage de bonnes expériences entre ceux-ci. En outre il coordonne les
politiques sectorielles nationales par la mise en oeuvre d'actions
communes214. Des actions communes et concertées pourraient
conduire vers un regroupement d'un instrument sous-régional en
matière d'observation afin que les décideurs régionaux
suivent de près les initiatives.
Paragraphe 2 : L'opérationnalisation de
l'OSREF
A l'instar de l'Union Européenne215, le
Conseil des Ministres de l'UEMOA a décidé, à Abidjan, de
créer et d'opérationnaliser l'OSREF de l'Emploi et de la
Formation216. Cet instrument fédérateur est important
dans les domaines que sont la formation et l'emploi dans la sous-région.
Il lui est assigné une double mission comme c'est le cas dans l'UE. En
premier lieu, l'OSREF doit oeuvrer à la dynamique de l'harmonisation des
normes (A) et en second lieu participer
à la réalisation d'une uniformisation des pratiques
(B).
A- Une mission d'harmonisation des normes
En Europe, l'Observatoire de l'Agence Régionale pour
l'Orientation, la Formation et l'Emploi (OREF) est un outil de veille et de
diagnostic sur l'évolution des métiers, des compétences en
lien avec l'appareil formation régional. En effet, il est un instrument
de réflexions prospectives pour anticiper les compétences
à développer au regard des besoins du tissu économique
régional, un lieu d'échange et de concertation pour les acteurs
régionaux217. Il doit alors apporter aux décideurs
régionaux en charge de
214 Cf. (Art. 3 d) du Traité modifié de
l'UEMOA.
215 Jl existe à l'UE, l' L'Observatoire Régional
Emploi-Formation Nouvelle-Aquitaine (OREF). Cf. Site internet,
https://create.piktochart.com/output/15514081-aquitaine-cap-metiers-publications-de-loref
(Consulté le 13 avril 2019 à 20 heures 30).
216 Cf. Paragraphes 41, Déclaration d'Abidjan,
UEMOA, op. cit., p. 4.
217 Site internet, op. cit.
48
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
l'élaboration et de la mise en oeuvre des politiques
d'emploi, d'insertion et de formation professionnelle des
éléments de connaissance et d'aide à la décision
autour des quelques axes précis notamment la formation, les
métiers et l'emploi.
En outre, un observatoire dans une région reste dans
une dynamique harmonisée de certification menant à un cadre
juridique sous-régional plus performant218. Cette dynamique
harmonisée est la définition des curricula qui intègrent
les valeurs traditionnelles africaines pour reconsidérer et enseigner
des modes de développement durables et plus conscients de la dimension
humaine219.
L'intérêt des organisations communautaires est
l'harmonisation dans un ensemble de visions étatiques
particulières. Dans le champ formation-emploi, les défis
d'harmonisation des normes sont nombreux pour l'UEMOA. En effet,
l'arrivée sur le devant de la scène internationale de nouveaux
acteurs géopolitiques, le changement climatique et le
développement des techniques de l'information contribuent à de
profondes transformations220.
A tout point de vue, l'implémentation d'un tel
instrument dans la sous-région s'avère cardinale dans le but de
synthétiser et de rationaliser les problèmes de la formation et
de l'emploi qui sont d'ailleurs identiques pour les Etats de l'Union. En
conséquence, il est nécessaire de faire remarquer que, face
à ce monde en pleine mutation, une approche individuelle des Etats va
davantage fragiliser l'Union. Mais force est de constater que la conscience du
besoin d'unification est visiblement présente221 dans
l'esprit des acteurs de l'espace. Cette mission d'harmonisation des normes sur
la formation et l'emploi une fois réalisée, il va falloir que
l'OSREF passe à l'étape de l'uniformisation des pratiques dans
les matières indexées.
218 Cf. Paragraphes 38, ibidem, p. 4.
219 UEMOA, L'uemoa en 2020, Ouagadougou, op.
cit., p. 18.
220 Ibidem, p. 37.
221 Ibidem, p. 42.
49
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
B- Une mission d'uniformisation des pratiques
La plus difficile des impératifs à
réaliser au sein d'une communauté est la standardisation des
pratiques. Le professeur DOUMBE-BILLE Stéphane indique que
l'harmonisation est analysée de manière générale
comme la coordination des systèmes juridiques différents. Son but
est de réduire ces différences pour atteindre des objectifs
communs car elle diffère en réalité de l'uniformisation.
En effet selon lui, l'uniformisation consiste à l'instauration dans une
matière juridique donnée de règles identiques, pour tous
les Etats membres, et incorporées à leurs droits nationaux
différents222. Relever le défi de l'uniformisation en
matière de la formation et de l'emploi au sein de l'UEMOA comme l'a fait
l'UE à travers des pratiques qui participent à «
approfondir la solidarité entre les peuples dans le respect de leurs
histoires, de leurs cultures et de leurs traditions »223.
Pour permettre la sédentarisation des compétences
formées à grand frais dans l'Union et éviter leur
migration vers les pays du nord, l'organisation doit mettre en place des
politiques identiques en termes d'accès à l'emploi et de
meilleures conditions sociales.
Au demeurant, pour aboutir à une uniformisation de
pratiques formelles au sein de l'UEMOA, l'OSREF en construction doit, dans
toute sa plénitude, chercher à combler les déficits en
compétence puis veiller à ce que les générations
futures jouissent des mêmes, voire de meilleures chances224.
Une fois l'uniformisation des curricula de formation dans l'enseignement
supérieur et dans les centres de formation professionnels et techniques
réalisée, la libre circulation des personnes pourrait
connaître une dynamique plus accrue en matière d'emploi. La
configuration actuelle de l'harmonisation du droit dans l'espace UEMOA est
assez fournie pour permettre une bonne liaison entre les pratiques en
matière de la formation et de l'emploi.
222 DOUMBE-BILLE (Stéphane), GHERARJ (Habib) &
KHERAD (Rahim), « Mélange en l'honneur de Madjid Benchikh,
Droit, liberté, paix, développement » In. "A propos
de la nature de l'OHADA", A. Pedone, 2011, p. 433.
223 Cf. Paragraphe 7 du préambule du
traité de l'UE du 07 février 1992.
224 Rapport sur le développement humain, PNUD, 2016, pnud,
p. 4.
50
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
Toutefois, la mise en fonction de l'OSREF passera
forcément par l'existence réelle des ONEF autonomes dans chaque
Etat. Cette autonomisation est une volonté émise par le Conseil
des Ministres en charge de ces questions et, les Etats doivent y être
soumis. Dans les conclusions d'un avis225 rendu par la Cour de
Justice (CJ) de l'Union le 27 juin 1999, la Cour note qu'il faudra tirer toutes
les conséquences de droit notamment en ce qui concerne les rapports
entre les droits nationaux existants et le droit communautaire
émergent.
Au-delà d'un système de droit communautaire
considéré comme l'un des plus avancés et bien construits
en Afrique, dans l'édition et l'harmonisation des normes puis dans
l'uniformisation des pratiques, il n'en demeure pas moins que l'UEMOA reste une
organisation à parfaire.
225 Cf. Avis N°003/2000 du 27 juin 1999,
intitulé demande d'avis de la commission de l'UEMOA relatif à
l'interprétation des articles 88, 89 et 90 du Traité relatif aux
règles de concurrence dans l'Union.
51
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
DEUXIEME PARTIE : UN SYSTEME NORMATIF
PERFECTIBLE
La formation et l'emploi n'étaient pas de
sérieuses difficultés pour les gouvernements africains lorsque la
plupart des pays accédaient à la souveraineté
internationale. Le colon était dépositaire d'une élite
africaine acquise à sa cause et sous ses ordres. « La lente
décolonisation entamée à la fin des années 1950
sera l'occasion pour l'élite africaine de penser la construction d'un
panafricanisme fondé sur la solidarité des Etats et des peuples
du continent (...). Par ailleurs, émergent dans les années 1960
et 1970, plusieurs projets sub-régionaux visant à harmoniser les
politiques et à organiser la coopération économique des
Etats »226. L'émergence de telles organisations
était nécessaire car les nouveaux Etats étaient fragiles
pour affronter seuls les défis qu'ils avaient à relever. C'est
dans cette période que l'UMOA fut créée. Quelques
décennies plus tard, l'UEMOA a été porté sur les
fonts baptismaux comme il a été indiqué supra pour pallier
aux nombreuses crises survenues dans les années 1990.
Le Professeur Nicaise MEDE précise que la
création de l'UEMOA en janvier 1994 visait essentiellement la
consolidation de la monnaie commune et l'édification d'un espace
économique harmonisé et intégré, à
l'intérieur duquel est assurée une totale liberté de
circulation des personnes, des capitaux et des biens227. Des actions
initiées par la Commission de l'Union, plusieurs dispositions normatives
ont été émises par les divers organes en vue d'atteindre
les objectifs consignés dans le Traité. Mais, le plus souvent, la
communauté doit s'en remettre aux autorités des Etats membres
pour l'application des normes parce qu'elle ne dispose pas d'un appareil
administratif suffisant228.
Après un quart de siècle d'existence, les
efforts consentis par l'UEMOA lui ont permis d'avoir à son actif des
progrès significatifs dans plusieurs domaines. Néanmoins il
faudra noter que plusieurs soubresauts ont
226 HENNEBEL (Ludovic) et TRIGROUDJA (Hélène),
op. cit., p. 299.
227 MEDE (Nicaise), Finances publiques - Espace
UEMOA/UMOA, Sénégal, L'Harmattan, 2016, p. 17.
228 RIDEAU (Joël), « le rôle des Etats membres
dans l'application du droit communautaire », Annuaire français
de droit international, vol. 18, 1972, p. 877.
52
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
jalonné la vie de l'institution. Il s'agit entre autres
des difficultés liées à la mise en oeuvre des
décisions prises par les Chefs d'État lors des sommets, du
fossé entre les décisions prises et les attentes des populations
et surtout de la question relative à la libre circulation réelle
des personnes229. La pertinence de ces remarques montre clairement
que dans les Etats membres de l'UEMOA il y a des limites dans l'application des
normes (Chapitre I) éditées. Il est
important que les Etats envisagent une refonte de l'Organisation visant
à corriger ses lacunes (Chapitre
II).
229 Cf. Site internet,
https://www.jeuneafrique.com/165089/politique/cedeao-cemac-sadc-quels-sont-les-points-forts-et-les-faiblesses-des-organisations-africaines.
(Consulté le 08 mai 2019 à 10 heures 47).
53
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
CHAPITRE I : Les limitations à l'application des
normes
Dans l'optique de réaliser l'harmonisation des normes
et atteindre les objectifs de la communauté, l'observance d'une
opposition à appliquer les normes communautaires dans les Etats ne doit
pas être constatée. Car, l'intégration juridique, voulue
par la Communauté et perpétuée par l'Union est
conditionnée par le contrôle des normes
adoptées230. Mais à l'instar des autres organisations
communautaires, l'UEMOA est confrontée à la réticence des
Etats membres à faire appliquer sur leur territoire certaines normes. De
façon générale, on remarque que dans la pratique, la mise
en oeuvre des textes édités par l'Union pose problème.
Cela s'explique par le manque de volonté des Etats membres. A cet effet,
la Commission relève des lenteurs au niveau des Etats dans l'application
des réformes et programmes d'exécution de certains
chantiers231 au niveau des pôles majeurs et par ailleurs dans
les secteurs de la formation et de l'emploi. Cette remarque de la Commission
trouve son origine dans les récurrentes réticences à
l'harmonisation (Section 1) observées dans
l'espace. Il est important de relever cela car, les obstacles à
l'uniformisation des pratiques (Section 2) sont
clairement remarquables.
SECTION 1 : Des réticences à
l'harmonisation
Face à l'étroitesse des marchés
intérieurs n'offrant aucune perspective sérieuse sur le plan
économique, la mise en place d'un marché commun harmonisé
à l'avantage de multiplier les perspectives pour les travailleurs, les
capitaux... puis, offrir une possibilité de choix aux Etats
membres232. Des enseignements méritent d'être
tirés de l'image que les décideurs ont imprimée à
l'Union depuis sa création à ce jour. La lecture croisée
des textes fondamentaux des Etats membres de l'UEMOA permet de comprendre comme
il a été souligné plus haut la volonté des Etats
de
230 DUPONT-LASSALLE (Julie), « La subsidiarité
juridictionnelle, instrument de l'intégration communautaire », In.
Droit et société, 2012, 1N°80, p. 53.
231 Rapport annuel 2015 de la Commission sur le fonctionnement
et l'évolution de l'UEMOA, Lomé, Espace Technologie, 2016, p.
79.
232 UEMOA, Cour de justice - Recueil des textes fondamentaux
et de la jurisprudence de la cour, Ouagadougou, Déclic, 2008, p. 9.
54
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
réaliser une Union afin de créer une
communauté plus vaste pour résoudre leurs problèmes
communs. Aussi ont-ils pris en compte les questions de la formation et de
l'emploi comme des priorités auxquelles des solutions idoines doivent
être trouvées car elles relèvent des domaines des droits de
l'homme. L'heure du bilan révèle de façon globale le
non-respect des textes par les Etats (Paragraphe 1).
Ce non-respect des textes affecte la performance des organes de
l'Union et dévoile les limites de ceux dédiés aux
contrôles (Paragraphe 2) qui justifie
l'efficacité du mécanisme d'intégration.
Paragraphe 1 : Le non-respect des textes par les
Etats
Le Traité de l'UEMOA a repris in extenso les
expressions utilisées par les textes fondamentaux des Etats membres. Ce
repère normatif est une source de motivation pour les Etats afin qu'ils
puissent mettre en exécution les textes édités par les
organes de l'Union. Mais force est de constater que les normes sont de moins en
moins appliquées par les Etats. Quelle peut être la cause d'une
telle méfiance des Etats membres à l'égard des normes
alors que le Traité prévoit des sanctions à un tel
manquement ? Il faut reconnaître que la manière dont les organes
communautaires utilisent leurs pouvoirs contribue aussi à diversifier la
nature du rôle des Etats membres233. Par conséquent, en
premier lieu, il est important de situer les responsabilités des
organes, surtout celle de la Commission (A). En
second lieu, il n'est pas moins pertinent de remarquer que la Conférence
des Chefs d'Etat et de Gouvernement est confinée dans une inertie
préjudiciable à l'efficacité de l'Union
(B).
233 RIDEAU (Joël), « le rôle des Etats membres
dans l'application du droit communautaire », Annuaire français
de droit international, vol. 18, 1972, p. 873.
55
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
A- La responsabilité de la Commission
De nombreuses études ont été
consacrées à la question de l'intégration régionale
en Afrique et plus précisément à l'évaluation des
progrès réalisés234. Les résultats n'ont
pas été élogieux. Le plus souvent, les Etats membres
facilitent vaguement la tâche aux organes et l'appréhension de la
nature du rôle des Etats dans l'application du droit communautaire est
malaisée car la diversité des situations juridiques exclut la
possibilité d'une unité235. Mais l'arsenal juridique
dont dispose l'UEMOA est plus ou moins fourni pour permettre à la
Commission d'activer ce progrès et surtout le processus d'harmonisation
dans les domaines de la formation et de l'emploi. La compétence de la
Commission à coordonner les activités pour des résultats
tangibles au profit des populations et d'amener par tous les moyens les Etats
à respecter leurs engagements est de son entière
responsabilité.
Le Traité modifié de l'UEMOA accorde à la
Commission une place prépondérante parmi ses organes de
direction. Elle est l'organe d'exécution de l'Organisation. Elle est
constituée d'un collège de Commissaires ressortissants des Etats
membres nommés par la Conférence des Chefs d'Etat et de
Gouvernement qui assument les fonctions à lui confiées par le
Conseil des Ministres236. Elle exerce dans l'intérêt
général de l'Union les pouvoirs propres que lui confèrent
les textes en vue du bon fonctionnement globale de la
Communauté237 et surtout dans le domaine social en
l'occurrence les secteurs de la formation et de l'emploi.
En qualité d'organe exécutif, la Commission a
une grande responsabilité énorme dans le suivi et la mise en
oeuvre des politiques sectorielles de l'Union. Pour mieux accomplir leur
mission, les membres de la Commission exercent leurs fonctions en toute
indépendance. En effet, ils ne sollicitent ni n'acceptent d'instructions
de la part d'aucun gouvernement ni d'aucun organisme car les Etats membres sont
tenus de respecter leur
234 GBAGUIDI (Ochozias A), « Cinquante ans
d'intégration régionale en Afrique : Un bilan global »,
Techniques financières et développement, 2013,
2N°111, p. 48.
235 RIDEAU (Joël), op. cit., p. 866.
236 SAWADOGO (Fatoumata), De la CEAO à l'UEMOA, Ou
la genèse d'une intégration sous-régionale
réussie, Paris, L'Harmattan, 2015, p. 66.
237 Cf. Art. 26 du Traité modifié.
56
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
indépendance238. La substance qui se
dégage de ce constat de Fatoumata SAWADOGO est que la Commission a les
coudés franches de rappeler aux Etats de l'Union sans parti pris, leurs
manquements qui pourraient bloquer le fonctionnement de l'Organisation. A
partir du moment où la Commission est libre de poser des actes audacieux
dans l'intérêt de l'Union, elle est donc à l'abri de toutes
ingérences politiques qui fragiliseraient ses décisions. De
facto, le non-respect des textes, que ce soit le traité
lui-même ou que ce soit les autres prescriptions239
éditées par les organes de l'Union, est imputable à la
Commission. Les lenteurs dans l'harmonisation de certaines normes et les
errements dans l'unification de pratiques observées au niveau des Etats
doivent être relevés et signalés aux organes de
contrôle juridictionnel240. Entre autres pouvoirs
conférés à la Commission, en vertu du protocole
additionnel II, celle-ci assure la mise en oeuvre des politiques sectorielles
communes aux Etats241.
La Commission joue essentiellement un rôle de
coordination, d'animation et de proposition. Cette mission qui lui est reconnue
lui permet de disposer également d'un pouvoir de sanction242.
Il s'en suit qu'elle doit donc impulser aux Etats membres la force et
l'énergie nécessaires en vue de créer aux citoyens un
environnement favorable afin d'avoir une formation de qualité à
la hauteur des besoins du marché du travail. En outre, elle doit
créer un cadre de travail stimulant qui valorise l'expertise et la
compétence des ressources humaines243.
L'accès à l'emploi par les citoyens de la
sous-région ne devrait pas poser de problèmes si nous
considérons la richesse de l'espace en matières
premières244. Mais, les faiblesses de l'Union
constatées et énumérées par la
238 SAWADOGO (Fatoumata), op. cit., p. 66.
239 L'article 48 du Traité révisé
énumère les textes au sein de l'Union : les règlements
ont une portée générale, ils sont obligatoires dans
leurs éléments et sont directement applicables dans tout Etat
membre ; les directives lient tout Etat membre quant aux
résultats à atteindre ; les décisions sont
obligatoires dans tous leurs éléments pour les destinataires
qu'elles désignent ; les recommandations et les avis n'ont pas
force exécutoire.
240 Les organes de contrôles de l'UEMOA sont la Cour de
Justice et la Cour des Comptes. Cf. Art. 38 du Traité
modifié et le protocole additionnel n° I relatif aux organes de
contrôle de l'UEMOA.
241 UEMOA, « Plan Stratégique de la commission de
l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine 20112020», op.
cit., p. 5.
242 L'UEMOA en 2020, op. cit., p. 15.
243 UEMOA, « Plan Stratégique de la commission de
l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine 20112020»,
ibidem., p. 17.
244 L'UEMOA est une zone riche en pétrole, minerais et en
produits agricoles. Cf. ibidem, p. 4.
57
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
Commission elle-même exposent l'Organisation à
des aléas. En effet, la faible capacité de l'institution à
appliquer les réformes communautaires dans les Etats, le manque de
coordination dans le suivi sont autant de rôles que la Commission
n'arrive pas à bien assumer en tant que structure de
veille245. Son inaptitude à faire face aux
responsabilités que lui confèrent les textes influence largement
les décisions de la Conférence des Chefs d'Etat de l'UEMOA. Car,
on constate que cette dernière se complaise malgré elle, dans une
inertie qui l'empêche d'acter la dynamisation des sous-secteurs de la
formation et de l'emploi. Nous n'avons pas forcément tous les
éléments pour apprécier si la Commission accomplit
à juste valeur sa mission ou non, toutefois la remarque est
évidente que les Etats sont nonchalants dans la prise des
décisions audacieuses et l'Union ralentit depuis un quart de
siècle.
B- L'inertie de la Conférence des Chefs d'Etat
Les remarques relatives à la faible performance de
l'Organisation suite aux différents rapports de la Commission nous
permettent de dégager la responsabilité de la Conférence
des Chef d'Etat et de Gouvernement. Il appartient à la "Haute
Autorité"246 de rappeler aux Etats membres les buts
qu'ils se sont assignés en entrant dans la communauté mais, elle
ne saurait de toute évidence imposer aux Etats quoi que ce
soit247. Les prérogatives de la Conférence des Chefs
d'Etat et de Gouvernement ont été clairement
énoncées dans le Traité modifié. En effet, il
définit les grandes orientations de la politique de
l'Union248 mais, au niveau des Etats, le manque de sentiment
d'urgence à s'adapter à l'évolution des donnes
régionales et mondiales est très remarquable249.
Il existe alors des difficultés récurrentes pour
mettre en oeuvre des décisions prises par les Chefs d'État et de
Gouvernement lors des sommets. Cela pourrait être expliqué par le
fait que sûrement les Etats ne parviennent
245 Ibidem, p. 7.
246 La "Haute Autorité" ici, dans le contexte de
l'UEMOA est la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement.
247 Cf. Aff. 30/59, Gezamenlijke steenkolenmijnen in
Limgurg c/H.A, arrêt du 23/2/61, Rec.1961, p. 46. In RIDEAU (Joël),
op. cit., p. 869.
248 Cf. Art. 17 du Traité modifié.
249 Ibidem, p.12.
58
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
pas souvent à réaliser le consensus sur certains
projets qui pourrait être pertinents pour les populations, surtout
lorsque ceux-ci touchent à leur souveraineté. Par exemple, entre
les Etats membres de l'Union il existe des conflits frontaliers qu'ils portent
le plus souvent devant les juridictions internationales250.
Au sujet de la libre circulation des personnes dans l'espace
ouest-africain, le Professeur AHADZI dresse un bilan assez
sévère. Pour lui, « des processus ratés, des
espoirs déçus au rang desquels il faut inscrire la libre
circulation des personnes et les droits d'établissement, se heurtant le
plus souvent au symbolique attaché aux frontières et à la
préférence nationale »251 surtout dans l'espace UEMOA.
Or, le développement des cursus intégrés ainsi que
l'encouragement à la mobilité des étudiants et des
enseignants participent à la consolidation et au renforcement du
sentiment d'appartenance à une même histoire, à une culture
et civilisation communes au sein des Etats membres252
Dans les domaines de la formation et de l'emploi malgré
les textes pris par les différents organes de l'Union pour permettre aux
citoyens d'accompagner la dynamique des Etats, on remarque des tendances
lourdes qui pèsent sur l'Union. En effet, dans la pratique, il est
fréquent de constater au niveau des Etats membres, de lourdeurs dans le
processus de prise de décision ou d'application des normes et une
insuffisance de la volonté politique en ce qui concerne la mise en
oeuvre de certaines réformes253. Or, comme dans
l'UE254, chaque Etat membre de l'UEMOA doit jouer sa partition en
assurant l'exécution des obligations découlant du
Traité.
250 Il existe des tensions entre les deux pays en raison de
désaccords sur le tracé exact de la frontière, portant sur
le village de Koalou et ses alentours, soit une zone d'une superficie de 68
km2. Cf. Site internet,
https://fr.wikipedia.org/wiki/Fronti%C3%A8re_entre_le_B%C3%A9nin_et_le_Burkina_Faso;
entre le Benin et le Niger, (l'arrêt de la CIJ du 12 juillet 2005).
(Consulté le 02 mars 2019 à 12 heures 39).
Différend frontalier entre le Togo et le
Bénin/Les Togolais de Baffilo interdits de mettre pied au Bénin.
Cf. Site internet,
http://news.alome.com/h/29133.html
(Consulté le 02 mars 2019 à 13 heures 02).
251 AHADZI-NONOU (V.K.), « la citoyenneté
régionale face aux enjeux de la libre circulation des personnes et le
droit d'établissement dans l'espace CEDEAO », In. SOW (Abdoulaye),
« La diffusion du droit communautaire ouest-africain », Civitas
Europa, 2 N°37, 2016, p. 360.
252 SOW (Abdoulaye), « La diffusion du droit
communautaire ouest-africain », Civitas Europa, 2 N°37,
2016, p. 354.
253 SAWADOGO (Fatoumata), op. cit., p. 141.
254 Les Etats membres prennent toute mesure
générale ou particulière propre à assurer
l'exécution des obligations découlant des traités ou
résultant des actes des institutions de l'Union.
Les Etats membres facilitent l'accomplissent par l'Union de sa
mission et s'abstiennent de toute mesure susceptible de mettre en péril
la réalisation des objectifs de l'Union. Cf. Art. 4 du
traité de l'UE.
59
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
L'article 7 du Traité de l'UEMOA invite les Etats
membres à apporter leur concours à la réalisation des
objectifs de l'Union en adoptant des mesures générales ou
particulières propres à assumer l'exécution des
obligations découlant dudit Traité. A cet effet, ils doivent
normalement s'abstenir de toutes mesures susceptibles de faire obstacle
à l'application du Traité et des actes pris pour son
application.
Le manque de volonté dans l'application des normes dans
le droit positif des Etats membres est remarquable. Cela traduit l'inertie dans
laquelle ces Etats s'enrôlent et qui augure un défaut de rigueur
des organes de contrôle dont les actions sont le plus souvent
limitées.
Paragraphe 2 : Les limites des organes de
contrôle
De façon générale, il s'agit des organes
de contrôle juridictionnel255. Le protocole additionnel I
énonce les compétences, les règles de procédure et
le fonctionnement de ces organes. Les Etats membres de l'UEMOA sont convaincus
que la bonne marche de l'Union exige la présence des organes de
contrôle appropriés. Pour mesurer donc le degré
d'engagement des Etats membres, il est nécessaire d'instituer un tel
mécanisme256. Cette certitude leur a valu la mise en place de
la Cour de Justice qui apparaît faible (A) et de la Cour
des Comptes moins puissant (B) qui affichent des performances
mitigées.
A- La faiblesse de la Cour de Justice
L'instauration des organes juridictionnels dans la
panoplie institutionnelle257 des organisations ouest-africaines
d'intégration est indéniablement une avancée assez
positive pour la viabilité et pour l'enracinement des différents
processus d'intégration. L'UE qui a inspiré une
255 Jl est créé au niveau de l'Union deux
organes de contrôle juridictionnel que sont : Cour de Justice et Cour des
Comptes. Cf. Art. 38 du Traité modifié de l'UEMOA.
256 Cf. Le préambule du protocole additionnel
N°1 relatif aux organes de contrôle de l'UEMAO.
257 KAMTO (Maurice), « Les cours de justice des
Communautés et des organisations d'intégration économiques
africaines », In. SOW (Abdoulaye), op. cit., p. 366.
60
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
telle idée en est une illustration assez
parfaite258. Cependant, si on fait un test de l'efficacité
juridictionnelle de la Cour de Justice de l'UEMOA, on remarque à travers
l'analyse de l'activité juridictionnelle de cette cour des
faiblesses.
Selon le Professeur SALL, « Les Etats sont de plus en
plus tentés par des formes de regroupement fondées sur la
proximité géographique ou la communauté
d'intérêt, et que la mise en place de tels regroupements
s'accompagne souvent de la création d'organes juridictionnels
chargés de dire et de promouvoir le droit de l'organisation
régionale ou sous-régionale »259. La
pertinence de cette réflexion s'explique et réside dans le fait
que la Cour de Justice de l'UEMOA n'a été créée que
le 27 janvier 1995, elle est la juridiction judiciaire de l'Union. L'article
1er du protocole additionnel I expose la compétence de la
Cour de Justice qui veille au respect de l'interprétation et de
l'application du Traité de l'Union260. Comme la cour de
justice de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale,
celle de l'UEMOA assure une fonction contentieuse et une fonction consultative.
En outre, elle contrôle la légalité des décisions,
directives et règlement des institutions de la communauté puis se
prononce sur les recours pour incompétence, excès de pouvoir,
violation des formes substantielles des dispositions du
traité261. Pour le Professeur Luc SINDJON,
l'intégration régionale est un processus de renforcement des
interdépendances et d'intégration sociale transcendant les Etats.
Elle apparaît comme étant incontournable pour la prise en compte
de la surveillance des normes permettant de vivre ensemble dans le nouveau
cadre créé262. La fonction sociale de la Cour de
Justice communautaire est sans marchandage dans la mesure où la faillite
de celle-ci créerait le doute chez les citoyens, parce que pour les
populations, l'intégration régionale a pour but
d'améliorer leurs conditions de vie. Au-delà de ses incidences
les plus fréquemment évaluées
258 Ibidem., p. 366.
259 SALL (Alioune), op. cit., p. 16.
260 Cf. Site internet,
https://fr.allafrica.com/stories/201004060711.html.
(Consulté le 16 mai 20199 à 8H 45).
261 KAMTO (Maurice), « La communauté Economique
des Etats de l'Afrique Centrale, une communauté de plus ? »,
Annuaire de droit international, vol. 33, 1987, p. 849.
262 SINDJON (Luc) In. SALL (Alioune), op. cit., p. 7.
61
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
sur les échanges extérieurs, il convient
d'examiner son impact sur la satisfaction des besoins de base en l'occurrence
l'accès à une formation puis à un emploi263. La
plupart des affaires portant sur l'application des normes communautaires de
l'UEMOA n'ont donné lieu qu'à des avis consultatifs. Or pour
attirer les justiciables vers son prétoire, la cour a besoin
d'être reconnue et attractive ; elle cache une carence attestée
par la non entrée en vigueur des textes régissant son
fonctionnement264.
Les moyens dont dispose la Cour de Justice de l'Union, en tant
que organe de résorption des litiges dans le cadre purement
communautaire puis, en tant qu'expression d'une attitude commune face à
certains problèmes liés à la vie des
populations265 doivent lui permettre de bien jouer sa mission de
régulation sociale. Mais force est de constater que l'uniformité
est loin d'être la règle dans les partages entre l'intervention
des organes communautaires et celle des Etats pour la réalisation des
objectifs fixés par le Traité266. Du coup, l'organe
juridictionnel est affaibli à cause du non-respect de ses
décisions par les Etats membres malgré que ceux-ci sachent que le
manque d'autorité de la juridiction communautaire préjugeait de
son inutilité267.
B- L'impuissance de la Cour des Comptes
La réalisation d'une véritable
intégration sociale exige la convergence des politiques
financières et budgétaires des États membres ; c'est
pourquoi le Traité de l'UEMOA a prévu des mécanismes
visant au respect des règles budgétaires et financières
adoptées par l'Union. La création, au sein de l'Union, d'une Cour
des Comptes répond à cette exigence. De même, la formation
de qualité et un emploi décent ont un coût et, les
ressources que l'Union met à la disposition pour aboutir à un tel
objectif doivent être contrôlées. A l'analyse de certaines
dispositions du Traité et du protocole
263 BROT (Jean) & GERARDIN (Hubert), «
Intégration régionale et développement, » Monde
en développement, 3 N°115-116, 2001, p. 12.
264 SOW (Abdoulaye), op. cit., p. 368.
265 BOUTROS-GHALI (Boutros) & KAMARA (Laï), «
l'Organisation de l'Unité Africaine », Tiers monde, tome
11, N°41, 1970, p. 236.
266 RIDEAU (Joël), « le rôle des Etats membres
dans l'application du droit communautaire », Annuaire français
de droit international, vol. 18, 1972, p. 867.
267 KAMTO (Maurice), op. cit., p. 848.
62
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
additionnel relatif aux organes de contrôle
juridictionnel, il est apparu que les dispositions concernant la Cour des
Comptes sont très laconiques. En effet, la Cour des Comptes n'est pas
dotée de statuts, contrairement à la Cour de Justice. Par
ailleurs, la compétence juridictionnelle lui est contestée, alors
que l'article 38 du traité dispose qu'elle est un organe de
contrôle juridictionnel268. Saisie par le Président de
la Commission de l'UEMOA269, la Cour de Justice de l'Union, dans un
avis, a tranché en précisant qu'à défaut des
dispositions pertinentes contenues dans le traité consultatif et son
Protocole additionnel, les textes d'application organisant la Cour des Comptes
ne sauraient, sans risquer la non-conformité avec l'acte suprême
de l'Union, transformer la Cour des Comptes en une institution juridictionnelle
à caractère répressif, prononçant des amendes, des
injonctions et mettant en débet des comptables par arrêt de
justice270. Pour Jean ALOTOUNOU271 la Cour des Comptes ne
jouissant pas de l'autonomie de gestion est, dans la pratique sous la tutelle
de la Commission dont le président est l'ordonnateur principal de
l'ensemble du budget des organes de l'UMOA.
L'article 38 du Traité de l'UEMOA parle "d'organe de
contrôle juridictionnel". De même, l'alinéa premier de
l'article 86 du règlement
268 ALOTOUNOU (Jean), Présentation de la Cour des
Comptes de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine, 2004, p.
4.
269 Le président de la Commission de l'UEMOA a saisi la
Cour de Justice, en application des dispositions de l'article 27 alinéa
8 de l'Acte additionnel n° 10/96 portant statut de la Cour de Justice de
l'UEMOA, par lettre n° 99-053 du 8 juin 1999, enregistrée au greffe
de la dite Cour le 9 juin 1999 sous le n° 01/99 et dont la teneur suit
:
Les projets de textes organiques de la Cour des Comptes de
l'UEMOA viennent d'être élaborés et seront examinés
par le Conseil des Ministres de l'Union prochainement.
Il nous serait utile de recueillir les observations de votre
juridiction sur ces projets de textes. Outre les observations d'ordre
général que la Cour voudra bien faire, il serait souhaitable de
connaître celles que lui inspiraient les points particuliers
ci-après.
L'article 26 du protocole additionnel n°1 prévoit
que les modalités du contrôle devant être exercé par
la Cour des Comptes sont arrêtés par le Conseil, mais reste muet
sur les énonciations de l'article 38 du Traité de l'UEMOA, qui
dispose que "le statut, la composition, la compétence ainsi que les
règles de procédures et de fonctionnement de la Cour de Justice
et de la Cour des Comptes sont énoncés dans le Protocole
additionnel n° 1.
Les conseillers à la Cour des Comptes estiment qu'ils y
a une omission ou un vide dans le Protocole additionnel n° 1, qui
mériterait d'être comblé afin d'avoir des textes organiques
complets pour l'organe de contrôle juridictionnel des comptes.
Se fondant sur l'article 19 du Traité, qui
prévoit qu'un acte additionnel peut être pris pour
compléter le traité, les Conseillers proposent que les
dispositions fondamentales des statuts, de la compétence, ainsi que des
règles de procédure et de fonctionnement de la Cour des Comptes,
fassent l'objet d'un acte additionnel, tandis que les modalités en
seront fixées par un règlement.
Ils estiment également qu'un organe de contrôle
juridictionnel doit jouir d'une réelle indépendance par rapport
aux organes dont il assure le contrôle, qu'il doit donc
bénéficier de l'autonomie financière, et que son
Président doit être l'ordonnateur principal de son budget. Cf.
avis N°002/99 du 25 juin 1999 de la Cour de justice de l'UEMOA.
270 Cf. Avis, op. cit., paragraphe 9.
271 Jean ALOTOUNOU fut "Conseiller" à la Cour des Comptes
de l'UEMOA.
63
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
financier des organes de l'Union souligne que "le
contrôle juridictionnel des comptes de l'Union (...) est assuré
par la Cour des Comptes". Le règlement n°01/2000/CM/UEMOA du 30
mars 2000 portant modalité du contrôle de la Cour des Comptes le
qualifie également "d'organe juridictionnel" (Art. 2) quant au protocole
additionnel 1 relatif aux organes de contrôle de l'UEMOA, il ne retient
plus le qualificatif juridictionnel.
Au regard des attributions de la Cour des Comptes, celle-ci ne
juge pas les comptes de l'Union et ne juge pas non plus le comptable principal
et l'ordonnateur du budget de l'Union. La Cour des Comptes de l'UEMOA est
identique à la Cour des Comptes de l'UE qui a une mission traditionnelle
de contrôle et de vérification. La Cour des Comptes de l'UEMOA a
le profil d'une apporteuse d'expertise au profit des organes plus politiques
comme le Parlement ou le Conseil des Ministres. En effet, elle élabore
chaque année un rapport et un certificat de conformité des
comptes des organes de l'UEMOA, qu'elle transmet au Conseil des
Ministres272
En outre, le fonctionnement du Cadre de Concertation des
ministres en charge de la formation professionnelle et de l'emploi de l'Union
est assuré par la Commission. Mais celui du Secrétariat Permanent
est du ressort direct des Etats membres qui s'acquittent de leur cotisation. Or
si le budget réservé au Secrétariat Permanent n'est pas
conséquent en fonction de ses attributions, il ne pourra pas bien jouer
son rôle de coordination. De même, si les ressources mises à
disposition de cette structure ne sont pas utilisées aux besoins
ciblés, cela fausserait l'atteinte des objectifs. Or si la
compétence juridictionnelle est reconnue à la Cour des Comptes de
l'Union cela dissuaderaient les gestionnaires de crédit à divers
niveaux et pourrait insuffler une autre dynamique à l'ensemble de
l'Union en terme d'efficacité et d'efficience dans l'accomplissement de
sa mission sociale. Fatimata SAWADOGO remarque qu'il manque de sanctions
à l'égard des Etats membres et qu'il y a « de saupoudrage
» de certains financement en lieu et place de ceux importants pour des
projets plus ambitieux273.
272 MEDE (Nicaise), Finances publiques - Espace
UEMOA/UMOA, Sénégal, L'Harmattan, 2016, p. 444.
273 SAWADOGO (Fatoumata), op. cit., p. 141.
64
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
SECTION 2 : Des obstacles à l'uniformisation des
pratiques
En tenant compte des facteurs social, technologique,
économique et politique, les Communautés Economiques
Régionales (CER) de façon globale sont loin d'avoir atteint leurs
objectifs de développement régional274. On peut en
déduire que des obstacles se dressent devant les organisations
d'intégration dans l'atteinte de leurs objectifs. Il faut
reconnaître que le droit communautaire ouest-africain n'est pas assez
connu par les populations à qui les services sociaux sont
destinés. On constate que, assez souvent en Afrique, l'esprit
intégrateur intéresse moins le corps social pour être
l'apanage des administrations publiques et des dirigeants
politiques275. La faible connaissance des normes communautaires par
les citoyens de l'espace est une des faiblesses des phénomènes
d'intégration276. Toutes ces remarques mises ensemble
expliquent l'ignorance des populations qui sont souvent à l'origine des
obstacles à l'uniformisation des pratiques qui traduisent les entraves
relatives à la libre circulation (Paragraphe 1). Cela
débouche le plus souvent sur des protections discriminatoires
(Paragraphe 2) qui sont d'ailleurs légion dans la
communauté.
Paragraphe 1 : Au sujet de la libre circulation
La liberté de circulation et le droit
d'établissement sont la clé sans laquelle il n'y a pas
d'intégration. Le droit de se déplacer librement sans entrave, le
droit de résidence, le droit d'établissement et la libre
prestation de services sont effectifs pour plusieurs professions comme celles
d'avocat, de médecin, de pharmacien, d'architecte, d'huissier, de
commissaire-priseur. Mais la libre circulation des personnes et des biens dans
l'espace rencontre des difficultés dans sa mise en oeuvre. Elles sont
souvent d'ordre juridique et résultent du Traité lui-même
qui permet aux Etats membres de justifier certaines entraves, voire d'en
créer. D'autres naissent des pratiques
274GBAGUIDI (Ochozias A), « Cinquante ans
d'intégration régionale en Afrique : Un bilan global »,
Techniques financières et développement, 2013, p. 48.
275 SOW (Abdoulaye), « La diffusion du droit
communautaire ouest-africain », Civitas Europa, 2 N°37,
2016, p. 352.
276 Ibidem.
65
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
instaurées par certaines administrations
chargées de les appliquer et enfin, d'autres découlent des Etats
membres eux-mêmes jaloux de leur souveraineté277. De
façon globale, il faut remarquer que l'étendue du principe de la
libre circulation est restrictive (A). Cette restriction est
plus visible dans la mise en application des textes relatifs à la
formation et à l'emploi des citoyens et des professions libérales
(B) dans l'espace.
A- L'étendue restreinte du principe de la libre
circulation
Le principe de la libre circulation des personnes et des biens
est accordé sous réserves aux limitations justifiées par
des motifs d'ordre public, de sécurité publique, de santé
publique ou pour d'autres raisons d'intérêt
général278. En effet, les articles 79 et 91 du
Traité modifié279 énoncent ces réserves.
Or, les notions mentionnées sont extensibles à la volonté
dans lesquelles les Etats membres peuvent ranger ce qu'ils veulent pour limiter
la jouissance des principes ainsi consacrés280. Les raisons
tirées de la moralité
277 KANE Hamidou Salifou, « Troisième
rencontre inter-jridictionnelle des cours communautaires de l'UEMOA, la CEMAC,
la CEDEAO, et de l'OHADA : "La libre circulation des personnes et des biens
dans l'espace UEMOA" », Dakar, Cour de Justice de l'UEMOA.
278 Ibidem.
279 L'article 79 dispose que : Sous réserve des mesures
d'harmonisation des législations nationales mises en oeuvre par l'Union,
les Etats membres conservent la faculté de maintenir et d'édicter
des interdictions ou des restrictions d'importation, d'exportation et de
transit, justifiées par des raisons de moralité publique, d'ordre
public, de sécurité publique, de protection de la santé ou
de la vie des personnes et des animaux, de préservation de
l'environnement, de protection des trésors nationaux ayant une valeurs
artistique, historique ou archéologique et de protection de la
propriété industrielle et commerciale.
Les interdictions ou restrictions appliquées en vertu
de l'alinéa précédent ne doivent constituer ni un moyen de
discrimination ni une restriction déguisée dans le commerce entre
les Etats membres. Les Etats membres notifient à la Commission toutes
les restrictions maintenues en vertu de l'alinéa premier du
présent article. La Commission procède à une revue
annuelle de ces restrictions en vue de proposer harmonisation ou leur
élimination progressive.
L'article 91 quant à lui indique que:
1) Sous réserve des limitations justifiées par
des motifs d'ordre public, de sécurité publique et de
santé publique, les ressortissants d'un Etat membre
bénéficient sur l'ensemble du territoire de l'Union de la
liberté de circulation et de résidence qui implique :
- l'abolition entre les ressortissants des Etats membres de
toute discrimination fondée sur la nationalité, en ce qui
concerne la recherche et l'exercice d'un emploi, à l'exception des
emplois dans la Fonction Publique; - le droit de se déplacer et de
séjourner sur le territoire de l'ensemble des Etats membres ;
- le droit de continuer à résider dans un Etat
membre après y avoir exercé un emploi.
2) Le Conseil, statuant à la majorité des deux
tiers (2/3) de ses membres et sur proposition de la Commission, après
avis conforme du Parlement, arrête dès l'entrée en vigueur
du présent Traité, par voie de règlement ou de directive,
les dispositions utiles pour faciliter l'usage effectif des droits
prévus au paragraphe 1.
3) Selon la procédure prévue au paragraphe 2,
le Conseil adopte des règles :
a) précisant le régime applicable aux membres
des familles des personnes faisant usage de ces droits ;
b) permettant d'assurer aux travailleurs migrants et à
leurs ayants droit, la continuité de la jouissance des prestations
susceptibles de leur être assurées au titre des périodes
d'emploi successives sur le territoire de tous les Etats membres ;
c) précisant la portée des limitations
justifiées par des raisons d'ordre public, de sécurité
publique et de santé publique.
280 Ibidem.
66
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
publique, de l'ordre public et de la sécurité
publique renvoient à la notion dégagée par la
CJCE281 sur la préservation des intérêts
essentiels de l'Etat. En effet, la CJCE s'est fondée sur de l'article 36
du traité relatif au fonctionnement de l'UE qui permet aux Etats membres
de porter atteinte à la libre circulation des marchandises pour rendre
cet arrêt282. Cet article prévoit des cas dans lesquels
il est permis de porter atteinte à cette liberté phare de l'Union
européenne. La libre circulation des marchandises peut être
entravée légalement pour des raisons de moralité publique,
d'ordre public, de sécurité publique mais aussi au nom de la
protection de la santé et de la vie des hommes, des animaux et des
plantes
Par exemple, en matière de libre circulation des
marchandises, le principe est limité. En effet, la faculté que
conservent les Etats membres de maintenir et d'édicter des interdictions
ou restrictions d'importation, d'exportation et le transit est justifiée
par des raisons prévues par l'article 79 du Traité de l'UEMOA. En
matière de libre circulation des capitaux, selon la BCEAO283
les Etats membres peuvent en effet prendre des mesures pour prévenir les
infractions à leur législation fiscale, avoir des statistiques
sur les mouvements des capitaux et s'opposer à ces flux par des
restrictions pour diverses raisons.
Les contrôles administratifs excessifs sur les axes
routiers par la police, la douane, la gendarmerie, les agents des eaux et
forêts, les syndicats constituent autant d'entraves non seulement
à la libre circulation des personnes mais aussi à la libre
circulation des biens. Les ombrages à la libre circulation sont
également d'ordre politique. En effet, ces problèmes sont
généralement liés à la question de la
souveraineté des Etats dans le processus d'intégration. En
exemple, dans le domaine du commerce international, il est
281 CJCE, n° C-7/78, Arrêt de la Cour, Regina
contre Ernest George Thompson, Brian Albert Johnson et Colin Alex Norman
Woodiwiss, 23 novembre 1978. Cf. CJUE, Cour, 23 nov. 1978, Thompson e.
a. C-7/78. Lire en ligne :
https://www.doctrine.fr/d/CJUE/1978/CJUE61978CJ0007.
(Consulté le 21 mai 2019 à 15 heures 32).
282 Une interdiction d'exporter des pièces en alliage
d'argent d'un Etat membre qui, ayant eu cours légal dans cet Etat, n'ont
plus cours, mais dont la fonte ou la destruction est interdite sur le
territoire national, adoptée en vue d'empêcher que la fonte ou la
destruction n'ait lieu dans un autre Etat membre, est justifiée par des
raisons d'ordre public au sens de l'article 36 du traité. Cf.
https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=CELEX%3A61978CJ0007.
(Consulté le 23 mai 2019 à 19 heures 31).
283 La Banque Centrale, une institution
spécialisée de l'UEMOA (Art. 41 du Traité modifié)
apporte une dérogation à la libre circulation des capitaux en
soumettant à l'autorisation ou à des limitations, le transfert
des capitaux hors UEMOA.
67
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
généralement admis que la liberté de
mouvement des capitaux est un des facteurs de leur promotion. Mais cette
liberté se heurte à l'influence du principe de la
souveraineté des Etats. En effet, tout Etat est souverain, et parce
qu'il est souverain, il détermine sa politique économique et
organise librement son espace économique. Il définit
également la politique qu'il entend suivre tans vis-à-vis des
opérations d'investissement qu'envisagent ses nationaux en territoire
étranger que vis-à-vis des opérateurs d'investissement
qu'envisagent les étrangers sur son territoire284.
Ces mêmes restrictions de la liberté de
circulation s'observent abondamment dans l'espace bien que les principes de
base relatifs à la libre circulation des personnes et des biens soient
affirmés par le traité et repris par plusieurs normes pour leur
mise en oeuvre285. Il faut aussi noter que ces restrictions
s'observent également dans les universités et centres de
formation où les citoyens doivent bénéficier des
formations. Cette limitation s'observe ensuite au niveau de la liberté
d'établissement pour certaines professions.
B- Les restrictions aux conditions et à la
liberté d'accès à la formation et à l'emploi dans
les Etats
Selon Jean Monnet286, l'intégration ne peut
prospérer en dehors des milieux de formation ; elle ne peut non plus
être viable sans la participation des professionnels. L'exemple de l'UE
est indicatif en ce sens que la création d'un espace européen de
l'enseignement supérieur, le développement des cursus
intégrés ainsi que la mobilité des étudiants et des
enseignants ont magistralement, consolidé et renforcé le
sentiment d'appartenance à une même histoire, à une
même culture et à une civilisation commune au sein des Etats
membres287. Cette acception possède des restrictions majeures
en droit communautaire. C'est le cas de l'UEMOA où les articles 92 et 94
du Traité
284 KANE Hamidou Salifou, ibibem.
285 Ibidem.
286 Jean Monnet, est un fonctionnaire international
français, banquier international, promoteur de l'atlantisme et du
libre-échange. Initiateur de de la Communauté Européenne
du Charbon et de l'Acier, il est considéré comme un des «
pères de l'Europe ».
287 SOW (Abdoulaye), op. cit., p. 354.
68
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
énoncent des réserves relatives à la
libre circulation notamment en matière d'établissement. En effet,
le droit d'établissement est soumis à des formalités puis
limité dans sa mise en oeuvre effective par la faculté
donnée aux Etats à l'article 94 du Traité. Ledit article
prévoit que : « les Etats membres peuvent maintenir des
restrictions à l'exercice par les ressortissants d'autres Etats membres
ou par des entreprises contrôlées par ceux-ci de certaines
activités lorsque ces restrictions sont justifiées par des
raisons d'ordre public, de santé publique, ou pour des raisons
d'intérêt général ».
Si le Traité lui-même met des balises juridiques
à la liberté d'établissement dans l'espace, les Etats
membres de l'Union peuvent profiter de ce silence et avancer des arguments pour
limiter cette liberté. Dans ce cas, des menaces permanentes guettent les
citoyens pour le libre exercice de leur profession dans l'espace. Par exemple,
les formalités d'établissement que ce soit pour les avocats, les
experts comptables, les architectes, les pharmaciens ou les
chirurgiens-dentistes peuvent être « alourdies » à
dessein, à l'intérieur des Etats membres afin de
décourager toute installation.
De même, diverses allégations peuvent être
avancées pour décliner une autorisation d'exercer à un
ressortissant d'un autre Etat membre de l'Union. Bien que des voies de recours
soient prévues contre de tels agissements288, elles ne sont
pas souvent utilisées par les citoyens de la communauté. Pour
pallier à telles situations, l'Union devrait éditer plus de
règlements que les autres modes de normes. En effet, en droit
communautaire, le règlement est traditionnellement
présenté comme l'acte directement applicable par excellence ; il
est d'ailleurs la seule norme communautaire à laquelle les
traités reconnaissent expressément cette
qualité289.
288 Ibidem.
289 RIDEAU (Joël), op. cit., p. 872.
69
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
Paragraphe 2 : Les discriminations sociales au sein de
l'UEMOA
Des éléments recensés aussi bien dans la
doctrine que dans la jurisprudence montrent un faible ancrage des normes
communautaires dans les ordres juridiques nationaux des Etats membres de
l'Union290. Cette remarque marque le début des abus dont sont
victimes les citoyens de la communauté car ils ignorent pour la
majorité les avantages que leur procure la citoyenneté de
l'Union. Ainsi, en plus des limitations à la liberté de
circulation même si cette liberté leur est concédée
dans la moindre des mesures, on constate dans les pratiques qu'il existe des
discriminations pour l'accès à la formation (A)
d'une part, et dans le secteur de l'emploi (B)
d'autre part.
A- Dans le secteur de la formation
Le droit communautaire met l'accent sur l'importance de la
mobilisation d'une multitude d'acteurs, dont par exemple les associations. Cela
favorise une mise en oeuvre plus complète de la lutte contre la
discrimination et implique la promotion du principe d'égalité de
traitement291. Pour le moment dans l'espace UEMOA, aucune action
dans ce sens n'est envisagée. C'est d'ailleurs l'une des raisons qui
fondent les nombreuses ségrégations observées dans la
communauté. En effet, dans le domaine de la formation, la directive sur
la légalité de traitement des étudiants ressortissants de
l'UEMOA, dans la détermination des conditions et des droits
d'accès aux institutions publiques d'enseignement supérieur n'est
pas appliquée in extenso par les Etats. L'exemple de
l'Université d'Abomey-Calavi (UAC) est édifiant. Les
ressortissants de l'UEMOA ne sont pas traités de la même
manière que les citoyens béninois. En effet, en ce qui concerne
les montants des frais universitaires292 les ressortissants de
l'UEMOA sont discriminés. Ces derniers payent des frais de
scolarités exorbitants et ne bénéficient pas dans les
universités publiques les mêmes
290 SOW (Abdoulaye), op. cit, p. 365.
291 MUIR (Elise), « L'âge saisi par le droit
communautaire », In. Mouvements, 2009, 3N°59, p. 37.
292 Cf. Paragraphe 2 de l'article 1er de
la directive indique que : les ressortissants de l'UEMOA s'acquittent des frais
universitaires de même montant que les nationaux.
70
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
conditions d'accès aux frais des oeuvres
universitaires293 comme l'indique la directive. Cette discrimination
est si vraie que les béninois résidents en Côte d'Ivoire,
après l'obtention de leur baccalauréat, sont obligés de
rentrer au Bénin pour poursuivre leurs études universitaires car
les frais de scolarité pour les étrangers étant trop
exorbitants en Côte d'Ivoire.
La directive relative à l'adoption du système
LMD dans les universités et établissements supérieurs et
établissements d'enseignement supérieur au sein de l'UEMOA a du
mal à être mise en application par les Etats. Dans la pratique, si
le système paraît vicié dans l'espace, c'est parce que
chaque Etat a instauré un système pour faire équivaloir
systématiquement les diplômes obtenus hors de leur territoire pour
tout ressortissant. Cette équivalence est exigée aux citoyens
d'autres nationalités pour la validation de leurs diplômes avant
toute inscription dans les universités et centres de formation. Cette
pratique est aussi appliquée pour tous les citoyens ayant acquis des
diplômes dans un autre Etat de l'espace. Le croisement de toutes ces
pratiques dans la communauté témoigne des efforts que les Etats
doivent encore fournir pour la mise en oeuvre des textes et éviter des
discriminations à l'égard des citoyens de l'espace.
Un autre aspect de discrimination dans la formation
remarquée au sein de l'Union est le non pris en compte par les
universités et les centre de formation, les besoins du marché du
travail dans la formulation des curricula de formation. En effet, on observe
une inadéquation formation-emploi dans tous les Etats membre de l'Union.
Cette inadéquation professionnelle est le décalage qui existe
à un moment donné pour un travailleur entre son niveau de
qualification effective et le niveau requis pour son
occupation294.
Les Etats ont l'obligation d'arrimer leurs politiques de
formations avec la demande du marché du travail en tenant compte des
métiers du futur295. Car, à partir de 2020, avec
l'évolution de la technologie, plus d'un
293 Ibidem, Art. 2.
294 DEVREYER (Philippe) & ROUBAUDIRD (François),
Les marchés urbains du travail en Afrique subsaharienne,
Marseille, IRD Éditions, 2013, p. 104.
295 Deux-tiers des Américains s'attendent à ce
que dans les 50 prochaines années, les robots et les ordinateurs feront
une grande partie du travail des humains d'aujourd'hui. Selon le rapport du
Forum économique mondial sur l'avenir de l'emploi, dans moins de cinq
ans, 5 millions d'emplois seront perdus au profit de l'automatisation. Mais les
progrès technologiques, en robotique et en apprentissage automatique
créeront de
71
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
tiers des qualifications de base de la plupart des professions
seront constituées de compétences qui ne sont pas
considérées comme cruciales actuellement296.
B- Dans le secteur de l'emploi
Le droit communautaire est à l'origine de
l'interdiction des discriminations surtout lorsqu'il s'agit de l'accès
à l'emploi des citoyens. Il demeure toutefois un outil utile pour
déclencher certains instruments de politique sociale. Pour éviter
les ségrégations, les institutions communautaires envisagent le
plus souvent l'adoption d'un texte visant la mise en oeuvre du principe de
l'égalité de traitement entre les personnes sans distinction en
dehors du marché du travail297. L'accès à
l'emploi des citoyens de l'UEMOA dans un autre Etat de l'Union que le leur est
soumis à des conditions qui sont propres à la législation
des Etats. Par exemple, au Bénin, le paragraphe 4 du code du
travail298 explicite clairement le cas du travailleur
étranger ou migrant. En effet, le code du travail béninois ne
fait pas une différence entre les autres nationalités et les
citoyens de l'UEMOA. La discrimination envers les travailleurs étrangers
est exprimée de façon claire. En effet, au Bénin, avant
d'avoir accès à un emploi, l'étranger n'a pas droit
à l'emploi durant les deux premières années de sa
résidence. Aussi, doit-il avoir un permis de travail avant d'avoir
accès à un emploi. Les services de
nouveaux emplois et changeront les compétences et les
qualifications requises des employés. Les développeurs de
logiciels, les analystes de systèmes informatiques et les
spécialistes de la recherche de marché et du marketing
spécialisé devraient progresser d'environ 20% d'ici 2024, selon
le Bureau of Labor Statistics (BLS). Pour ces emplois, la technologie et la
pensée informatique seront essentielles. De nouveaux postes verront le
jour comme des architectes en cloud-computing, des
spécialistes de la réalité virtuelle, des
ingénieurs en intelligence artificielle ...etc Les techniciens
médicaux, les physiothérapeutes, les médecins
spécialisés en soins palliatifs, les
aides-soignants et les assistants de soin en gérontologie verront leur
secteur en croissance dans une société vieillissante. Les emplois
liés aux ventes sont également l'un des cinq principaux secteurs
de croissance, selon le rapport Future of Jobs. Les spécialistes des
ventes et du marketing et les emplois représentatifs du service à
la clientèle seront de plus en plus demandés. L'intelligence
sociale et émotionnelle et la compréhension des nouvelles
plateformes médiatiques et la façon de communiquer efficacement
seront des compétences précieuses, en particulier lorsque les
robots ont du mal à les maîtriser. Les community managers par
exemple seront de plus en plus recherchés, d'autres fonctions verront le
jour comme le « digital death manager », cette personne sera en
charge de supprimer toutes les informations concernant un utilisateur une fois
que ce dernier est mort. En d'autres termes il gérera la
communauté des décédés de la même
façon qu'un community manager gère la communauté d'une
marque. Les emplois d'éducation et de formation devraient augmenter
notamment l'e-learning et toute forme de technologie de l'enseignement à
distance. Les analystes de gestion, les comptables et les auditeurs verront
leur croissance multipliée, la capacité d'adaptation et le sens
des affaires étant des compétences particulièrement
souhaitables pour ces rôles. Cf. Site internet :
https://www.accretio.io/blog-fr/quels-seront-les-metiers-du-futur/.
296 Ibidem.
297 MUIR (Elise), op. cit., p. 34.
298 Cf. La loi N°98-004 du 27 janvier 1998 portant
code du travail au Bénin.
72
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
l'immigration exigent la carte de séjour à tout
étranger y compris les ressortissants de l'espace UEMOA. Le permis du
travail est demandé pour avoir la carte de séjour. Pour les
béninois, l'acquisition du visa du contrat de travail est gratuit alors
que pour tous les étrangers sans exception, ce service est
conditionné par un payement. Les verrous du code de travail
béninois299 aux citoyens de l'espace prouvent que la libre
circulation des personnes n'est pas encore une réalité.
L'autre préoccupation centrale dans l'Union est le
manque d'adéquation entre les formations et le marché de
l'emploi. C'est une des graves lacunes non seulement des Etats à titre
individuel, mais aussi du mécanisme d'intégration au sein de
l'UEMOA. En effet, la mesure harmonisée de l'inadéquation
professionnelle permet de capturer ces dimensions actuellement non
quantifiées en évaluant la qualité de l'emploi et
l'éventuelle sous-utilisation des capacités productives de la
main-d'oeuvre. Le problème de l'inadéquation professionnelle
devrait être considéré comme une extension de la notion de
sous-emploi et intégrer les éléments de diagnostic de la
qualité de l'emploi300. Le Professeur Filiga Michel SAWADOGO,
commissaire à l'UEMOA, a souligné la limite des réformes
initiées dans les Etats de l'Union en matière d'emploi et de la
formation et, à apporter des réponses adéquates aux
besoins d'employabilité et d'insertion professionnelle de plus en plus
élevés des jeunes sur le marché régional du
travail301.
Les efforts à faire par l'Union pour faciliter aux
citoyens l'accès à la formation et à l'emploi sont
énormes. Bien que l'effet direct des normes éditées par
l'Union dans ce sens offre la possibilité à celles-ci de produire
immédiatement des effets dans l'ordre interne et d'être
invoquées par les
299 Cf. Art. 26 à 30 du code du travail du
Bénin.
300 DEVREYER (Philippe) & ROUBAUDIRD (François),
op. cit., p. 123.
301 UEMOA, « Rapport final : premier atelier
régional de suivi-évaluation des établissements pilotes
pays pour l'expérimentation du concept de collèges communautaires
dans les pays de l'UEMOA », Ouagadougou, du 17 au 19 avril 2019, p.
2-3.
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
justifiables, des résistances
s'observent302. C'est la raison pour laquelle une refonte de
l'Organisation est nécessaire.
73
302 DUPONT-LASSALLE (Julie), op. cit., p. 52.
74
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
CHAPITRE II : Vers une refonte de l'organisation
La communauté reste une entité autonome
indépendante des Etats. Elle a besoin d'une administration
structurée pour réaliser les objectifs que les Etats membres se
sont fixés303. Au regard du parcours sur un quart de
siècle on peut affirmer, à l'instar de BEKOLO-EBE Bruno, qu'en
matière de l'intégration en Afrique, l'UEMOA est l'exemple le
mieux abouti304. Car la libre circulation des facteurs a connu des
avancées décisives contribuant à créer les
conditions minimales au développement des relations entre les pays
membres305. Toutefois, le niveau de réalisation des objectifs
qu'elle s'est fixée est encore loin de favoriser un plein
épanouissement des citoyens parce que l'harmonisation des normes
relatives à la formation et à l'emploi est loin d'être
effective. Aussi, ces normes restent-elles insuffisantes et moins pertinentes
pour obliger les Etats membres à les mettre en application. En
vérité, la refonte de l'Organisation urge. Il y a donc la
nécessité d'un renforcement normatif (Section 1)
afin de corriger les ambiguïtés du Traité surtout
sur la liberté de circulation dans l'espace et de permettre aussi un
aménagement politique et institutionnel adéquat (Section
2) de l'Union.
SECTION 1 : Un renforcement normatif
nécessaire
Convaincus que l'intégration exige la mise en commun
partielle ou progressive de leur souveraineté nationale, les Etats
membres de l'UEMOA ont décidé de la limiter au profit de l'Union.
Celle-ci passe par l'adoption de règles communes applicables à
eux-mêmes et à leurs ressortissants à travers les
règlements, les directives, les décisions (émanant des
organes et institutions de l'Union), nonobstant toute législation
nationale contraire, antérieure ou postérieure ; d'où la
supranationalité des textes de l'Union306. Mais de la lecture
de ces textes, les insuffisances qui se révèlent ne permettent
303 KAMTO (Maurice), op. cit., p. 844.
304 BEKOLO-EBE (Bruno), « L'intégration
régionale en Afrique : caractéristiques, contraintes et
perspectives », Monde en développement, 3 N°115-116,
2001, p. 85.
305 BEKOLO-EBE (Bruno), « L'intégration
régionale en Afrique : caractéristiques, contraintes et
perspectives », Monde en développement, 3 N°115-116,
2001, p. 86.
306 SAWADOGO (Fatoumata), op. cit., p. 70.
75
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
pas la souplesse dans leur l'application. Compte tenu des
faiblesses énumérées plus haut et surtout des dynamiques
liées à la formation et à l'emploi qui deviennent de plus
en plus globalisantes et informatisées, le bilan de l'harmonisation des
normes (Paragraphe 1) relative à la formation et
à l'emploi s'impose à l'Union. Cela participera à
rectifier les failles constatées dans le fonctionnement de
l'Organisation afin de réajuster ses orientations car, à
l'étape actuelle, il serait mieux pour l'Organisation de procéder
à la révision du Traité de 2003 (Paragraphe
2).
Paragraphe 1 : Le bilan de l'harmonisation
normative
Comme l'on peut le constater, au regard des analyses
effectuées plus haut, l'UEMOA, malgré qu'elle soit
créée récemment, occupe une place
prépondérante dans le processus d'intégration
sous-régionale en Afrique de l'Ouest. Cela est dû à la
volonté et aux ambitions des Etats membres de relever des défis
pour faire face aux problèmes de sa jeunesse. L'existence d'une monnaie
commune explique aussi cette avancée qu'elle connait comparativement aux
autres organisations communautaires africaines. Cependant, ce bilan
élogieux en un quart de siècle d'existence tiré de la
vision prospective307 des Etats membres n'est pas comparable
à celui de l'UE sur la même période. Mais il serait
prétentieux de vouloir dresser un bilan de l'UEMOA. Dans le cadre de nos
réflexions, ce bilan sera limité aux questions relatives à
la formation et à l'accès à un emploi car ces deux
pôles sont les défis qui sont au coeur de la problématique
du développement dans tous les pays du monde. Ces défis de la
formation et de l'emploi sont d'ailleurs communs aux Etats de l'Union et, au
regard de toutes les initiatives prises par l'Organisation depuis sa
création, il est loisible de faire un point notamment sur
l'harmonisation des normes dans ces secteurs (A) et
l'applicabilité de celles-ci (B) dans les Etats.
307 SAWADOGO (Fatoumata), op. cit., p. 143.
76
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
A- Relatif à l'harmonisation des normes
L'intégration dans la communauté de l'UEMOA n'a,
jusqu'à présent, pas donné une impulsion décisive
à la production industrielle et agricole, gage de l'assurance de
créations d'emplois et à l'accroissement de la
productivité et de la valeur ajoutée dans les Etats
membres308. Or, la communauté vise un développement
harmonieux et équilibré de l'Union, et tout Etat membre qui en
tire moins profit que ses partenaires a tendance à s'en
écarter309. Au sein des regroupements de pays en
développement, on note qu'en Afrique de l'Ouest et surtout à
l'UEMOA le cas de la Côte d'Ivoire a une avance de développement
économique sur les autres pays de la communauté. En effet,
l'intégration entre pays inégalement développés
couvre un vaste champ qu'il convient de délimiter. Le clivage entre pays
inégalement développés est défini par
référence à leur revenu par habitant310.
En conséquence, la mise en oeuvre des textes doit
favoriser les Etats membres de façon réciproque en
réduisant l'écart de développement qui existe entre eux
à travers des dispositifs performants. C'est le cas par exemple de
l'harmonisation des textes à travers la création dans chaque Etat
de l'UEMOA des ONEF et la mise en place du cadre de concertation pour une bonne
coordination des activités des observatoires. Dans le domaine social,
notamment dans les secteurs de la formation et de l'emploi, moins de textes ont
été pris par le législateur communautaire. En effet,
seulement trois directives311 ont été
éditées dans le secteur de la formation académique. Aucune
norme ne règlemente le secteur de l'emploi en vue de son harmonisation
dans l'espace UEMOA. Or, à l'UE, il existe une stratégie sur
l'emploi312 puis la directive européenne sur le temps de
travail
308 BEKOLO-EBE (Bruno), op. cit., p. 85.
309 KAMTO (Maurice), op. cit., p. 860.
310 GERARDIN (Hubert), « Les spécificités
des groupements d'intégration entre pays développés et
pays en développement, Monde en développement, 3
N°115-116, 2001, p. 28.
311 Il s'agit de la Directive N° 03/2007/CM/UEMOA portant
adoption du système Licence, Master Doctorat (LMD) dans les
universités et établissements d'enseignement supérieur au
sein de l'Union, (4 juillet 2007) ; de la Directive N° 02/2007/CM/UEMOA
portant instauration d'une période unique de la tenue du
baccalauréat dans les Etats de l'Union, (4 juillet 2007) ; et de la
Directive N° 01/2005/CM/UEMOA sur l'égalité de traitement
des étudiants ressortissants de l'UEMOA dans la détermination des
conditions et des droits d'accès aux institutions publiques
d'enseignement supérieur des Etats membres de l'Union, (16 septembre
2005).
312 La SEE remonte à 1997, lorsque les États
membres de l'UE ont entrepris de fixer un ensemble d'objectifs communs
concernant la politique de l'emploi. Son objectif principal est la
création d'emplois plus nombreux et de meilleure qualité dans
toute l'UE.
77
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
(2003/88/CE)313. Le législateur
communautaire européen a aussi mis l'accent sur la directive
emploi314. Cet instrument promeut le droit à tous les
citoyens de l'espace de l'UE d'avoir accès à un emploi sans
aucune discrimination315.
Au regard de tous ces exemples pris dans le giron de l'EU, les
insuffisances normatives remarquées au niveau de l'UEMOA méritent
d'être corrigées. Car, cette défaillance de textes dans le
domaine de l'emploi ne pourra pas permettre à l'Union de satisfaire les
besoins des populations de l'espace. Objectivement, l'emploi est l'un des
éléments essentiels pour garantir l'égalité des
chances pour tous et, contribue dans une large mesure à la pleine
participation des citoyens à la vie économique, culturelle et
sociale, ainsi qu'à l'épanouissement personnel316.
L'on en déduit que les normes dans leur application souffriront
sûrement de quelques carences.
B- L'applicabilité des normes dans les Etats
La collaboration de l'Etat membre d'une communauté
à l'application du droit communautaire prend des formes et des
dimensions variées. L'appareil administratif de chaque Etat est mis
à la disposition des communautés pour l'exécution de leurs
décisions, sa force publique et son organisation judiciaire en assurent
le respect, au besoin par la contrainte. Enfin, ses organes législatifs
et gouvernementaux interviennent souvent pour leur apporter d'indispensables
compléments317. En effet, les Etats sont les moteurs qui font
marcher la communauté. Ceci est d'autant plus vrai que le transfert des
normes communautaires dans les ordres juridiques des Etats membres peut
être malaisé car, la diversité des situations juridiques
exclut la
313 Le droit à des conditions de travail
équitables est défini : - dans le socle européen des
droits sociaux, environnement de travail sain, sûr et adapté, et
protection des données : les travailleurs ont droit à un niveau
élevé de protection de leur santé et de leur
sécurité au travail. [...] et, - dans la charte des droits
fondamentaux de l'UE, Article 31 : Conditions de travail justes et
équitables 1. Tout travailleur a droit à des conditions de
travail qui respectent sa santé, sa sécurité et sa
dignité. 2. Tout travailleur a droit à une limitation de la
durée maximale du travail et à des périodes de repos
journalier et hebdomadaire, ainsi qu'à une période annuelle de
congés payés. Afin de protéger la santé et la
sécurité des travailleurs, des normes minimales applicables dans
toute l'UE doivent être respectées en ce qui concerne les heures
de travail. Cf. Site internet,
https://ec.europa.eu/social/main.jsp?catId=706&intPageId=205&langId=fr.
(Consulté le 19/06/2019 à 15 heures 11).
314 DIRECTIVE 2000/78/CE DU CONSEIL du 27 novembre 2000
portant création d'un cadre général en faveur de
l'égalité de traitement en matière d'emploi et de
travail
315 MUIR (Elise), op. cit., p. 37.
316 Cf. Paragraphe 9 de la directive, op.
cit.
317 RIDEAU (Joël), op. cit., p. 866.
78
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
possibilité d'une unité. L'exemple le plus banal
qui permet de percevoir cet aspect est l'application du principe de la
liberté de circulation dans l'espace UEMOA. Si le Traité de
l'UEMOA ne fait pas lui-même référence à la
suppression des frontières, la nature même de l'intégration
régionale implique l'idée de suppression, ou du moins de
dépassement, à terme, des frontières entre Etats membres
par le développement d'un marché commun318.
La frontière est utilisée comme un moyen de
discrimination envers les mouvements des biens et des personnes319.
On remarque qu'au niveau des frontières des Etats de l'espace UEMOA, les
populations sont très souvent dérangées dans leur
déplacement. En réalité, ces populations sont
soudoyées par les forces de l'ordre et les douaniers lors de leur
passage des frontières. Cela est un frein majeur à la
mobilité professionnelle car, ces pratiques n'encouragent pas les
citoyens à s'installer dans d'autres pays puisque la libre circulation
des personnes est particulièrement significative dans tout processus
d'intégration. Le droit communautaire cohabite avec les droits nationaux
pour déterminer par exemple le régime social des travailleurs
migrants en prévoyant les conditions d'application harmonisées
des systèmes nationaux320. Or, on ne peut assurer
l'application concrète des règles si les Etats membres peuvent y
faire obstacle avec leurs propres dispositions. Il est alors attendu du juge
interne d'assurer le respect de la primauté du droit communautaire,
même si cela suppose pour lui de mettre de côté une
disposition nationale321.
Paragraphe 2 : Le besoin d'une révision du
Traité de 2003
De façon générale, le traité
crée un ordre juridique supra-étatique dans la mesure où,
tout en étant des organes interétatiques, la Conférence
des Chefs d'Etat et de Gouvernement et le Conseil des Ministres ont le pouvoir
de prendre des décisions qui obligent aussi bien les Etats membres que
les
318 LELOUP (Fabienne) & STOFFEL, op. cit., p. 77.
319 Ibidem, p. 74.
320 RIDEAU (Joël), op. cit,. p. 868.
321 DUPONT-LASSALLE (Julie), op. cit., p. 53.
79
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
institutions de la communauté322. La force
exécutoire des décisions des organes de la communauté
diffère. La révision du Traité relève d'une
décision politique et émane de la Conférence des Chefs
d'Etat et de Gouvernement tel que la mise en oeuvre de l'article 112 relatif
à la fusion de l'UMOA et de l'UEMOA (A) qui est
aujourd'hui une nécessité. De même, les modifications
adéquates sont possibles (B) pour permettre aux Etats
de l'Union de consolider les acquis en matière de la formation et de
l'emploi.
A- La fusion de l'UMOA et de l'UEMOA
Dans la typologie de la succession entre organisations
internationales, l'intégration correspond à la dissolution d'une
organisation internationale par son incorporation dans une autre personne
internationale. Cette dernière recueille les fonctions de la
première, ce qui permet à l'organisation dissoute de continuer
à exister au sein de son successeur sous la forme d'un organe
autonome323. Un tel processus n'est utile à l'organisation
que pour forcément améliorer les rendements de cette
dernière. Dans le cas d'espèce, la révision du
traité de l'UMOA passera forcément par sa fusion au Traité
de l'UEMOA dans le but d'améliorer les prestations sociales et
principalement les secteurs de la formation et de l'emploi. Or, dans la logique
de la réflexion du professeur Dandi GNAMOU, la mise en application de ce
principe permettrait à l'UEMOA de recueillir les fonctions de l'UMOA qui
sera désormais un organe de l'Union. La juxtaposition de l'article 112
et le paragraphe 2 de l'article 40 du Traité
révisé324 permet de déceler cette technique
lors de la fusion.
Ce projet de fusion, en premier lieu, va résoudre le
problème de bicéphalisme "Commission/BCEAO". En
matière de politique économique, en revenant à la fusion
des traités UMOA et UEMOA, comme cela était d'ailleurs
prévu à la création de l'Union, pour permettre à la
BCEAO et à la
322 KAMTO (Maurice), op. cit., p. 854.
323 GNAMOU (Dandi), « Le nouveau partenariat pour le
développement de l'Afrique dans l'architecture institutionnelle de
l'Union Africaine », Revue Québécoise de droit
international, vol. 23-1, 2010. p. 5.
324 L'article 112 indique que : « en temps opportun, la
Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement adoptera un traité
fusionnant le traité de l'UMOA et le présent Traité
».
Le paragraphe 2 de l'article 40 prévoit que «
d'autres organes consultatifs pourront être créés, en tant
que de besoin, par voie d'acte additionnel de la Conférence des Chefs
d'Etat et de Gouvernement ».
80
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
commission de jouer des rôles compatibles avec leurs
attributions325. En second lieu, cette fusion va normalement
favoriser le financement conséquent des projets et programmes de
l'organisation et faciliterait la lourdeur dans les procédures. Les
secteurs de la formation et de l'emploi y trouveront favorablement leur compte
dans une telle fusion qui d'ailleurs est imminente étant donné
que certains Etats n'ont pas encore ratifié le Traité de 2003.
La principale interrogation qui vient à l'esprit est de
savoir les pistes sur lesquelles vont porter les modifications lors de la
fusion.
B- Les modifications possibles
Au-delà de ses modestes réalisations, il n'en
demeure pas moins que l'UEMOA est citée comme l'un des meilleurs
exemples de réussite en matière d'intégration en Afrique.
Sa construction est faite sur des fondations solides en termes de
réformes et, la mise en oeuvre des projets et programmes à son
actif326. Toutefois, les textes de l'Organisation ne sont pas
parfaits. Pour lui insuffler un nouveau dynamisme, plusieurs réformes
devront être faites au Traité de 2003.
Outre la fusion qui est imminente dont nous venons de
souligner les aspects, assez bien de transformations sont possibles de faire au
futur Traité notamment son cadre institutionnel. Etant donné que
la première exigence d'une organisation internationale est le
renforcement de son cadre institutionnel, le rapport de haut panel projette
l'Union en 2020. Le document suggère également des pistes
éventuelles de réformes. En effet, il va falloir faire une
relecture du Traité pour mieux clarifier certaines zones d'ombre
notamment les partages de compétences entre les différents
organes d'une part, ainsi les relations entre la Commission et les
administrations nationales d'autre part327. Cette révision
pourra aboutir à la restructuration de l'Organisation à condition
qu'elle soit bien menée. Aussi, les représentations
325 L'UEMOA en 2020, op. cit., p. 15.
326 SAWADOGO (Fatoumata), op. cit., p. 71.
327SAWADOGO (Fatoumata), ibidem.
81
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
nationales de l'UEMOA doivent être pourvues en personnel
qualifié et adéquat pour le suivi de la mise en oeuvre des
décisions des Etats membres. Ceci participera à une
présence plus accrue de la Commission auprès des Etats et par
ricochet des populations puis à la création de nouveaux emplois
pour les citoyens de la Communauté.
Les transformations pourront permettre de distinguer dans le
prochain traité la clarification des compétences entre
compétences exclusives des organes de l'Union puis les
compétences partagées entre les organes de l'Union et les Etats
en appliquant le principe de subsidiarité est indispensable. En
conséquence, il conviendrait de conférer à la Commission
des pouvoirs plus larges de sorte qu'elle supervise la mise en oeuvre du droit
de l'Union et le respect des textes par les Etats membres et procède
également à la vérification effective de l'application du
droit de l'Union328. Il serait aussi mieux de solutionner en
même temps le problème de l'intégration politique des pays
de l'Union en suggérant des modes institutionnels possibles soit la
confédération ou soit la fédération pour la
réalisation d'une intégration sociale plus solide. Les Etats
peuvent aussi définir les voies et moyens aboutissant de manière
progressive à l'un ou l'autre mode institutionnel dans l'optique de
dépasser les difficultés de mise en oeuvre pour tirer tous les
avantages du potentiel de l'Union. Ils vont ainsi par ricochet, revoir le
fonctionnement, la périodicité et la composition des
différents conseils et comités pour permettre la bonne
préparation et la réalisation effective de ces
réformes329 relatives aux diverses formations et la promotion
de l'emploi.
Le mode de désignation des parlementaires de l'Union ne
permet pas à cet organe de bien jouer son rôle. En effet, les
représentants des citoyens au parlement de l'Union sont directement
cooptés au sein des Assemblées Nationales des Etats membres. Ce
mode de désignation pose plusieurs problèmes. En premier lieu,
cela ne tient pas compte des idéologies politiques des
représentants au parlement de l'Union. En second lieu, le biais
328 Cf. Art. 17 du traité de l'UE.
329 Ibidem.
82
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
qu'il soulève réside dans l'obligation de compte
rendu que le député désigné au parlement de
l'Organisation ne fait pas. Enfin, ces derniers ne sont souvent pas dans la
peau de représentants des populations mais du gouvernement de leur pays.
Un amendement avantageux pourrait se faire de sorte que les citoyens
choisissent directement leurs représentants devant siéger au
parlement de l'Union sur la base d'un programme. Cela permettrait la prise en
considération des politiques sociales surtout celles de la formation et
de l'emploi. Ce mode sera plus avantageux pour les citoyens qui vont se sentir
plus impliqués dans la vie quotidienne de l'Organisation.
SECTION 2 : Pour un aménagement politique et
institutionnel adéquat
Le contenu actuel du traité de l'UEMOA paraît
moins favorable au développement des politiques portant sur la formation
et l'emploi car, les choix des politiques doit prendre en compte la
géopolitique actuelle de la sous-région. De toute
évidence, à la lecture du contexte de développement actuel
des pays de l'Afrique de l'ouest, la superposition d'organisations
communautaires joue contre l'UEMOA. C'est pourquoi, les Etats ont l'obligation
de consolider l'Organisation (Paragraphe 1) afin non seulement
de lui éviter la dispersion et les pertes de temps, mais aussi de lui
permettre d'atteindre une standardisation plus efficace (Paragraphe
2).
Paragraphe 1 : La consolidation de l'Organisation
Pour renforcer la notoriété de l'Union sur le
continent et lui permettre la réalisation de ses politiques, il va
falloir que les Etats membres limitent leur appartenance à d'autres
communautés ayant les mêmes objectifs qu'elle. En effet, la
limitation du foisonnement des organisations dans la sous-région
(A) est nécessaire. Cela va permettre la maîtrise
du suivi et le renforcement des politiques liées à la formation
et à l'emploi au sein de l'UEMOA (B).
83
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
A- La nécessaire limitation du foisonnement des
organisations dans la sous-région
Depuis longtemps, l'Afrique a manifesté un grand besoin
de coopération entre les Etats. Les responsables politiques ont pris
conscience des avantages liés à l'intégration
régionale et leurs ambitions ont donné lieu à une
prolifération330, sur le continent d'accords régionaux
instituant une pléthore d'organisations. Mais, malgré les efforts
consentis, ces regroupements331 n'ont pas encore donné les
résultats escomptés332 parce que la multiplication des
organisations communautaires diminue la capacité des Etats à
coordonner les besoins sociaux des citoyens. Nonobstant la volonté
manifeste de l'UA de canaliser la dynamique coopérative et de
maîtriser sur le continent le régionalisme institutionnel, le
volontarisme333 des Etats a néanmoins conduit à un
foisonnement d'organisations sous-régionales334. De
ce constat qui, cependant, est très pertinent, on peut tirer quelques
leçons telles que l'amenuisement des efforts des organisations
communautaires africaines à l'atteinte de leurs l'objectifs. Par
exemple, dans la sous-région ouest africaine, l'UEMOA et la CEDEAO
s'imbriquent entre elles sur leurs objectifs et leur vision. En effet, la
"jalousie" de mieux protéger son espace amène les organisations
à limiter la mise en oeuvre de la politique de liberté de
circulation. Cette imbrication de ces deux organisations communautaires ne
participe pas à l'éclosion des capacités des citoyens
à créer plus de richesses synonymes de création
d'emplois.
La multi-appartenance des Etats africains à plusieurs
communautés régionales est souvent coûteuse pour les Etats
et explique les nombreux chevauchements observés335. Dans
cette condition, la dispersion des moyens
330 Entre les années 1960 et les années 1980, il
y a eu plus de 200 initiatives inter-gouvernementales de coopération, et
plus de 120 initiatives bilatérales ou multinationales pour des secteurs
uniques. Cf. GBAGUIDI (Ochozias A), « Cinquante ans d'intégration
régionale en Afrique : Un bilan global », Techniques
financières et développement, 2013, p. 49.
331 Au total, sur les cinquante-quatre pays africains,
vingt-sept sont membres de deux groupements régionaux, dix-huit
appartiennent à trois groupements, un pays est membre de quatre
groupements et enfin huit pays seulement ne sont membres que d'un seul
groupement. Cf., op. cit., p. 51.
332 Op. cit., p. 47.
333 Courant théorique en droit international dont le
postulat est que le droit est fondé sur la volonté des Etats.
Cf. CORTEN (Olivier), Méthodologie du droit international
public, Bruxelles, édition de l'Université de Bruxelles,
2009, p. 21.
334 AÏVO (Frédéric Joël), op. cit.,
p. 493.
335 GBAGUIDI (Ochozias A), ibidem.
84
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
et des compétences dans une toile indescriptible des
organisations d'intégration chevauchantes est néanmoins de nature
à atténuer voire détruire l'efficacité
affichée de celles-ci. Elle constitue alors une fragmentation
supplémentaire des regroupements avec le risque d'éparpillement,
d'incohérence et de conflit que cela implique336. Or, cette
dispersion de ressources peut être économisée et
utilisée pour résoudre les problèmes de la jeunesse qui a
besoin d'être formée car, on constate le plus souvent une
duplication des projets et programmes, mais cela ne peut pas continuer ad
vitam aeternam337.
Toutefois, la commission de l'UEMOA, forte des atouts
incontestables dont elle dispose en raison de ses programmes et projets
très concrets dans le domaine de la formation et de l'emploi a su
imprimer une avance à l'union sur les autres organisations
communautaires africaines. Dans une vision prospective, l'UEMOA a
anticipé au risque d'être surprise par une décision non
avenue, car quoi que l'on dise, il existe une "rivalité" entre ces deux
organisations-phares d'intégration régionale en Afrique de
l'Ouest.
B- Le renforcement des politiques de la formation et de
l'emploi Chaque année de milliers de diplômés
arrivent sur le marché du travail. Cela traduit l'efficacité des
politiques d'accès à l'éducation et à la formation
des citoyens de l'espace. Cette montée d'un nombre important de
personnes formées rime avec un cruel manque de qualification
nécessaire pour permettre leur positionnement sur le marché du
travail338. En effet, non seulement les formations reçues ne
correspondent plus aux besoins du marché du travail qui est en
permanente évolution, mais aussi et surtout le diplôme à
lui seul ne suffit plus pour décrocher automatiquement un
emploi339. Dans ces conditions, la politique de l'Union en
matière de formation doit être revue de telle sorte que les
prestations relatives à
336 SOW (Abdoulaye), op. cit., p. 360.
337 SAWADOGO (Fatoumata), op. cit., p. 138.
338 OEF, « Enquête Nationale sur la formation dans
l'enseignement supérieur, les lycées techniques et les centres de
formation professionnelle et d'apprentissage eu Bénin », 2019, p.
17.
339 Ibidem.
85
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
l'éducation et à la formation soient utiles aux
citoyens340. Car, il serait bien de faire en sorte que ces droits
soient une réalité pour les citoyens mais, moins utile si ceux-ci
sont dans l'incapacité de faire valoir ce droit en ayant accès
à un emploi.
Eu égard à ses remarques, les politiques de
l'Union dans les domaines de la formation et de l'emploi ne doivent pas se
limiter à une harmonisation des normes des formations académiques
des universités et des centres universitaires et sur une
égalité de traitement des étudiants341. Elles
doivent donc tenir compte du dysfonctionnement des systèmes
éducatifs des Etats membres en les rendant plus professionnels à
l'effet de favoriser une meilleure valorisation des ressources humaines.
Pour résoudre le problème de
l'inadéquation de la formation et les besoins des entreprises, l'Union,
en appuyant les travaux du Cadre de Concertation des Ministres de l'Emploi et
de la Formation Professionnelle (CCMEFP) pourra renforcer les politiques de la
formation de l'emploi. En effet, face aux difficultés qui sont
semblables et complémentaires au niveau de tous les Etats membres de
CCMEFP, il urge de trouver dans le cadre communautaire qui les réunit
des solutions et ressources nécessaires en vue de la résolution
des problèmes qui se posent aux Etats membres. Le CCMEFP depuis dix
années, tient de façon régulière ses instances.
Cela traduit la force majeure qu'il représente en matière de la
formation et de l'emploi pour l'Union. Cette force s'explique non seulement par
un fort engagement des Etats mais aussi par leur volonté de
fédérer les énergies à travers le partage des
expériences et la mutualisation des efforts en vue de les
consolider342. Pour inverser la tendance de l'inadéquation de
la formation et de l'emploi, les Etats de l'Union à travers le Cadre,
ont proposé l'expérimentation dans l'espace UEMOA du concept des
collèges communautaires343
nord-américains344, de la mise en place d'un cadre
communautaire de certification
340 Cf. La Charte Africaine des droits de l'Homme et des
Peuples.
341 Cf. Les directives N°02/2007/CM/UEMOA,
N°03/2007/CM/UEMOA et N°01/2005/CM/UEMOA, op. cit.
342 UEMOA, « Rapport : 9ème
Conférence des Ministres du Cadre de Concertation des Ministres en
charge de l'Emploi et de la Formation Professionnelle de l'espace UEMOA »,
Ouagadougou, 28 septembre 2018, p. 3-4.
343 Ibidem.
344 Le diplôme issu des collèges communautaires
au Canada est généralement le grade d'associé pour des
programmes à durée de deux ans. Le Collège d'Enseignement
Général Et Professionnel (CÉGEP), au Québec
86
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
des compétences professionnelles afin de faciliter la
mobilité professionnelle entre Etats et d'une plateforme de
mutualisation345.
Toutefois, pour que les textes soient plus contraignantes aux
Etats membres et les obliger à appliquer les normes à
éditer sur la formation et l'emploi, l'Union doit cesser
d'émettre dans ces matières des directives mais produire des
règlements. En effet, les règlements ont une portée
générale et sont obligatoires dans tous leurs
éléments et sont applicables dans tout Etat membre346.
Ce serait une initiative audacieuse qui va mieux participer au renforcement des
dispositifs normatifs de l'Union.
Paragraphe 2 : Vers une standardisation plus
efficace
Il est certain que l'harmonisation juridique renvoie
traditionnellement à un rapprochement des législations
nationales. De ce point de vue les actes d'harmonisation constituent à
l'égard des Etats membres des normes d'orientation
standardisées347. Cependant, véhiculant une vision
euphorique des rapports entre ses membres, la communauté apparaît
en outre comme un cadre de fraternisation et de paix, comme le plus sûr
instrument de développement. L'on comprend aisément pourquoi les
Etats africains ont fait très tôt du droit communautaire leur
parti pris348 en mettant en place des politiques sectorielles. Pour
le renforcement des politiques relatives aux diverses formations dans l'optique
de mieux maîtriser les problèmes liés à l'emploi des
jeunes, l'UEMOA doit, à l'instar de l'UE parvenir à la
"suppression" des frontières (A). Ensuite, instaurer en
urgence une politique sociale plus ouverte (B) et utile pour
chaque Etat membre de sorte que sa mise en oeuvre s'impose à tous
étant entendu que la supériorité du droit
est similaire au collège communautaire et le grade
d'associé est normalement jugé l'équivalent d'un
diplôme du CÉGEP technique au Québec.
Aux États-Unis, les collèges communautaires
offrent principalement des diplômes sur deux ans et ont autrefois
été communément appelés "junior colleges".
Après avoir passé leur diplôme, certains
élèves continuent leurs études dans un programme de quatre
ans d'arts libéraux afin d'y passer de deux à trois ans pour
compléter un diplôme de l'enseignement secondaire, tandis que
d'autres rejoignent directement le marché du travail. Cf. Site
internet :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Coll%C3%A8ge_communautaire.
(Consulté le 1er août 2019 à 15 heures 01).
345 UEMOA, « Rapport : Première réunion
des experts pour la préparation de la 10ème
conférence des Ministres en charge de l'Emploi et de la Formation
Professionnelle de l'espace UEMOA », Cotonou, du 17 au 19 juillet
2019, p. 4.
346 Cf. Art. 43, paragraphe 1 du Traité.
347 DOUMBE-BILLE (Stéphane), GHERARJ (Habib) & KHERAD
(Rahim), op. cit., p. 432.
348 KAMTO (Maurice), op. cit., p. 840.
87
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
communautaire vaut pour toutes les normes de droit national,
quel que soit leur niveau, y compris les normes
constitutionnelles349.
A- Vers une suppression des frontières
De nombreuses recherches ont été
consacrées à la question régionale en Afrique et plus
précisément à l'évaluation des progrès
réalisés. Face au contexte actuel du droit communautaire qui
caractérise la sous-région ouest africaine et, où les pays
sont confrontés à l'épineux problème de l'emploi
des jeunes qui est d'ailleurs identique à tous les Etats, il serait
souhaitable que les Etats membres de l'UEMOA adoptent une posture de
l'objectivisme350. En effet, le traité révisé
de l'UEMOA dans ces objectifs n'a pas mentionné une suppression des
frontières. Toutefois, compte tenu de contraintes sociales qui sont tout
de même perceptibles et communes aux Etats membres, il va falloir qu'ils
se tiennent les mains. L'exemple de certains Etats de l'UE édifie
largement car une directive351 indique que la convention de
Schengen352 organise l'ouverture des frontières entre les
pays européens signataires. Pour les citoyens européens et les
membres de leur famille, la libre circulation dans l'UE à travers la
convention de Schengen353 organise l'ouverture des frontières
entre les pays européens signataires. Ainsi, tout ressortissant d'un
pays membre de l'UE est réputé pouvoir travailler ou
s'établir pour exercer son activité professionnelle dans un autre
pays membre de l'Union354. Cette pratique n'est pas encore
perceptible dans l'espace UEMOA à cause
349 RIDEAU (Joël), op. cit., p. 886.
350 Pour reprendre les termes du Dictionnaire de droit
international public, l'objectivisme est une doctrine juridique selon laquelle
le droit international est le produit des solidarités sociales
découlant des nécessités de la communauté
internationale et de son évolution. Cf. CORTEN (Olivier),
Méthodologie du droit international public, Bruxelles,
édition de l'Université de Bruxelles, 2009, p. 48. In.
Jean Salmon (dir.), op. cit., p. 764.
351 Cf. DIRECTIVE 2004/38/CE du Parlement
Européen et du Conseil du 29 avril 2004 relative au droit des citoyens
de l'Union et des membres de leurs familles de circuler et de séjourner
librement sur le territoire des États membres.
352 L'Union européenne est aujourd'hui composée
de 28 Etats membres ... qui ne sont pas tous membres de l'espace Schengen.
Ainsi, ce dernier comprend 26 pays, dont 22 membres de l'Union et 4 pays
associés, l'Islande, la Norvège, la Suisse et le Liechtenstein,
Cf. Site internet,
https://www.touteleurope.eu/actualite/libre-circulation-des-travailleurs-et-espace-schengen-pourquoi-il-ne-faut-pas-confondre.html.
(Consulté le 31 mai 2019 à 13 heures 38).
353 L'espace Schengen comprend les territoires des 26
États européens -- 22 États membres de l'Union
européenne, et 4 États associés, membres de l'AELE -- qui
ont mis en oeuvre l'accord de Schengen et la convention de Schengen
signés à Schengen (Luxembourg), en 1985 et 1990. L'espace
Schengen fonctionne comme un espace unique en matière de voyages
internationaux et de contrôles frontaliers, où le franchissement
des frontières intérieures s'effectue librement, sans passeport,
sans contrôle.
354 Cf. Site internet, op. cit.
88
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
sûrement des insuffisances observées plus haut.
Un règlement en la matière aurait un impact significatif et
soulagerait les ressortissants de la communauté.
On voit comment des mécanismes de solidarité
s'imposent objectivement aux acteurs, et déterminent la création
de règles juridiques spécifiques. Dans ce cas le principe
pacta sunt servanda355, et les accords particuliers qui en
découleront, ne résulteraient donc pas de leur acte de
volonté356. Les Etats de l'UEMOA feraient mieux d'adopter
cette option.
B- L'urgence d'une politique sociale plus ouverte
De façon objective, la multi-appartenance des Etats de
l'Afrique aux organisations communautaires évoquée plus haut
ralentit les élans des Etats à s'investir sur les
problèmes sociaux des populations en l'occurrence ceux de la formation
et de l'emploi. En effet, tous les Etats de l'UEMOA sont membres de la CEDEAO.
Or, cette dernière ambitionne avoir une monnaie commune357
aux Etats membres. De plus, le 3 juin 1991 à Abuja, au Nigéria,
la Communauté économique africaine a engagé le continent
sur une voie de l'intégration économique. Ce traité
prévoit l'établissement d'une communauté économique
africaine d'ici à 2027, avec une monnaie commune, une mobilité
intégrale et la libre circulation des biens et services entre pays
africain358. L'analyse de ses ambitions de la CEDEAO et de l'UA
355 C'est une locution latine qui signifie
littéralement "les pactes doivent être respectés". En droit
général et en droit international public, l'expression affirme le
principe selon lequel les traités, et plus généralement
les contrats doivent être respectés par les parties qui les ont
conclus. En matière de droit international, c'est l'article 26 de la
Convention de Vienne de 1969 qui l'énonce : « Tout
traité en vigueur lie les parties et doit être
exécuté par elles de bonne foi. » Ce principe implique
également que les États parties à un traité ne
peuvent se prévaloir d'obstacles posés par leur ordre juridique
interne pour éviter d'exécuter leurs obligations internationales.
Cf. Site internet,
https://www.glossaire-international.com/pages/tous-les-termes/pacta-sunt-servenda.html.
Consulté le 31 mai à 13 heures 30.
356 CORTEN (Olivier), op. cit., p. 50.
357 L'article 51 du Traité révisé de la
CEDEAO expose clairement que : En vue de promouvoir l'intégration
monétaire et financière, de favoriser les échanges
intra-communautaires des biens et services et d'assurer la réalisation
de l'objectif visé par la Communauté à savoir la
création d'une Union Monétaire, les Etats Membres s'engagent
à : (a) étudier l'évolution de la situation
monétaire et financière dans la région ; (b) harmoniser
leurs politiques dans les domaines monétaire, financier et des paiements
; (c) faciliter la libéralisation des paiements des transactions intra
régionales et, comme mesure intérimaire, assurer la
convertibilité limitée des monnaies ; (d) promouvoir le
rôle des banques commerciales dans le financement des échanges
intra-communautaires ; (e) renforcer le système multilatéral de
compensation des paiements entre les Etats Membres et assurer
l'établissement d'un mécanisme de crédit et de garantie ;
(f) prendre les mesures nécessaires pour promouvoir l'action de l'Agence
Monétaire de l'Afrique de l'Ouest (AMAO) en vue d'assurer la
convertibilité des monnaies et de créer une zone monétaire
unique ; (g) créer une banque centrale communautaire et une monnaie
commune.
358 GBAGUIDI (Ochozias A), op. cit., p. 49.
89
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
peut noyer les efforts de l'UEMOA dans les domaines de la
formation et de l'emploi si celles-ci parviennent à réaliser leur
rêve. Cependant, il est important de relever qu'en tenant compte des
facteurs social, politique, technologique et économique, les CER sont
loin d'avoir atteint leurs objectifs de développement
régional359. En plus, des doutes subsistent sur
l'efficacité de la mise en oeuvre de l'initiative portant
création de la monnaie unique de la CEDEAO, dans une dizaine de mois.
Prévue pour 2020, l'accouchement de cette monnaie unique, pourrait
connaitre un glissement voire un décalage360. Profitant de
ces délais qui paraissent plus ou moins élastiques, l'UEMOA peut
renforcer sa politique en faveur de la formation et de l'emploi afin de sa
prise en compte lors de l'analyse des points de convergence et d'avance en
termes de l'harmonisation des normes dans ces matières.
Pour les années à venir, l'harmonisation des
politiques nationales en vue de la promotion des activités
communautaires, notamment dans les domaines de l'enseignement et de la culture,
de la science, des technologies et de l'emploi361 doit être la
priorité de l'UEMOA. Avoir une avance dans ces domaines favoriserait
l'Union par rapport aux autres regroupements de la sous-région car, la
maîtrise du problème de l'emploi ferait d'elle une
référence. Dans les réformes projetées, il va
falloir que la Commission, en urgence propose à la Conférence des
Chefs d'Etat et de Gouvernement une politique sur les offres et les curricula
de formation en phase avec la dynamique du marché du travail. Car, cette
politique qui sera mise en exécution dans les centres et
universités des Etats membres va augmenter à terme la chance aux
jeunes d'avoir accès à l'emploi.
359 Ibidem, p. 54.
360 Le rêve de voir les 15 pays membres de la CEDEAO
rouler leur économie avec une monnaie unique à l'horizon 2020,
requiert de la patience au regard des faits qui s'entremêlent à
quelque mois de la date fatidique. En effet, même si les gouverneurs des
Banques centrales des pays membres de la CEDEAO ont, lors de leur
réunion du février 2019 au Sénégal, à Dakar,
fait l'état des lieux de la création de la monnaie unique, et ont
échangé entre autres sur : « la convergence
macroéconomique des pays membres de la CEDEAO et le renforcement de
l'Agence Monétaire de l'Afrique de l'Ouest (AMAO), dont sont membres les
pays ouest-africains qui ont en partage le franc CFA », il y a encore des
raisons d'être pessimiste. Cf. site internet,
https://beninwebtv.com/2019/03/cedeao-monnaie-unique-2020-pourrait-connaitre-un-glissement-un-
decalage/ (Consulté le 1er juin 2019
à 13 heures 58).
361KAMTO (Maurice), op. cit., p. 854.
90
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
CONCLUSION GENERALE
Tous les pays du monde sont confrontés au
problème de l'emploi. Cela interpelle inéluctablement la
qualité des formations données dans les divers centres de
formation. En Europe, le processus de Bologne362 qui vise notamment
l'harmonisation des systèmes de formation a fait plusieurs
recommandations pour le maintien et le développement de
l'employabilité des diplômés mais, la plupart des Etats ont
reconnu la défaillance des formations363. En Amérique
du nord les remarques sont similaires. En effet, les programmes de formation
sont définis selon les normes de l'arrimage de ceux-ci aux exigences du
marché du travail364. En Afrique, la situation est
très préoccupante. En effet, les jeunes, dans leur
majorité, sont confrontés à des difficultés
d'insertion professionnelle à la fin de leur formation et migrent le
plus souvent dans les pays du nord dans l'espoir de trouver du travail. Or, de
façon globale, les efforts des Etats et les initiatives qu'ils
déploient pour améliorer la situation demeurent insuffisants.
Regroupés au sein de l'UEMOA, les Etats membres de cette Union ont
depuis quelques années, amorcé une harmonisation des normes sur
la formation et l'emploi car leurs efforts déployés
individuellement ne parviennent pas à maîtriser les
difficultés de l'emploi. Le Problème que le sujet pose est
362 Le processus de Bologne est un processus de rapprochement
des systèmes d'études supérieures européens
amorcé en 1998 et qui a conduit à la création en 2010 de
l'espace européen de l'enseignement supérieur, constitué
de 48 États. Cet espace concerne principalement les États de
l'espace économique européen ainsi que, notamment, la Turquie et
la Fédération de Russie. Les études supérieures en
Afrique et celui de l'ancienne Union soviétique a été
aussi réformé en raison des liens historiques, politiques et
linguistiques qui unissent certains pays avec leur zone d'influence.
Amorcé en 1998 par la déclaration de la Sorbonne du 25 mai 1998,
le processus de Bologne vise à faire de l'Europe un espace
compétitif à l'échelle mondialisée de
l'économie de la connaissance. Cf. Site internet,
https://fr.wikipedia.org/wiki/Processus_de_Bologne.
(Consulté le 19 juin 2019 à 16 heures 55).
363 Selon les acteurs du système éducatifs, il
est désastreux pour les étudiants et pour les jeunes
diplômés de toute l'Europe. Avec la réforme LMD, il
était question d'harmonisation des formations. Or, force est de
constater que, aujourd'hui, seules les politiques de régression sociale
(augmentation des frais d'inscription, casse des services publics...) sont en
harmonie. Par exemple, bien que l'ambition de développer la
mobilité étudiante est un véritable échec en
l'absence totale d'encadrement structurel et financier, seuls 2 % des
étudiants de France y ont accès, le plus souvent dans les grandes
écoles où les moyens financiers sont les plus importants. Le mot
fort du bilan de ce processus est « déréglementation ».
Les diplômes n'obtiennent pas la même reconnaissance d'une
université à une autre en France, alors d'un pays à un
autre, c'est bien pire. Cf. Site internet,
https://www.humanite.fr/societe/universites%3F-quel-bilan-du-processus-de-bologne%3F-496351.
(Consulté le 19 juin 2019 à 17 heures 12).
364 Cf. Site internet :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Coll%C3%A8ge_communautaire,
op. cit. (Consulté le 1er août 2019 à 15 heures
18).
91
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
de savoir si : l'encadrement juridique sur
l'harmonisation des normes relatives à la formation et à l'emploi
dans l'espace UEMOA est-il assez efficace pour permettre la réalisation
des objectifs dans ces matières ?
Au-delà de la volonté des Etats de régler
les problèmes de la formation et de l'emploi, c'est une
nécessité de solidarité sociale qui détermine leur
volonté de rester ensemble. Ces Etats sont en effet, par obligation, de
coopérer. Qu'ils le veuillent ou non, et, particulièrement dans
le cadre du phénomène de mondialisation, ils dépendent les
uns des autres et sont, de ce point de vue, solidaires365. Les
difficultés des Etats de l'UEMOA sont identiques au point où, le
besoin de joindre leurs efforts pour solutionner leurs problèmes sociaux
est nécessaire. Objectivement, les points à renforcer sont
énormes. Il peut s'agir d'objectifs liés à la politique de
l'emploi, du marché du travail ou de la formation professionnelle tels
que les conditions spéciales d'accès à l'emploi pour les
jeunes et les travailleurs âgés afin de favoriser leur insertion
professionnelle366. Il va falloir que ces Etats harmonisent leurs
lois internes dans ces secteurs, puis créent des conditions
appropriées pour la mise en oeuvre des politiques dans les
matières concernées.
Il convient de mener une étude sur l'harmonisation des
normes relatives aux questions de la formation et de l'emploi dans l'espace
UEMOA. Car, le problème juridique que le sujet pose est non seulement
d'actualité mais aussi commun à toutes les organisations
communautaires du continent. Le droit des citoyens à la formation puis
l'accès à un emploi décent sont prescrits par le
Traité de l'UEMOA. Il s'agit de vérifier si les dispositions
juridiques prises par l'UEMOA sont assez efficaces pour solutionner les
problèmes des populations dans ces matières.
365 CORTEN (Olivier), op. cit., p. 48.
366 MUIR (Elise), op. cit., p. 38.
92
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
L'intérêt accordé à un tel sujet
est d'abord théorique et politique. Car, la réalisation par
toutes les organisations communautaires des objectifs fixés par le
traité est non seulement intéresse les chercheurs étant
donné que cela dépend de la volonté politique des
décideurs. Il est aussi pratique et social. A ce titre, la
vérification de l'applicabilité directe des normes sociales (la
formation et l'emploi) dans les Etats membres de l'UEMOA est fondamentale dans
la mesure où la jouissance de ces droits par les citoyens est reconnue
par le Traité et les textes internationaux auxquels il fait
référence.
Dans la démarche méthodologique, deux
hypothèses ont été émises. Premièrement, le
postulat est que le système juridique adopté par l'Union est
assez efficace pour l'accomplissement des missions qu'elle s'est
assignées dans les domaines de la formation et de l'emploi.
Deuxièmement, il est retenu que l'efficacité de ce système
permet une cohérence entre les organes de l'institution dans leurs
activités puis favorise la fluidité de l'application des normes
sur la formation et l'emploi dans l'espace. Pour parvenir à un
résultat fiable, il a été nécessaire de faire des
recherches documentaires au siège de l'UEMOA à Ouagadougou, au
siège de la représentation de l'Union au Bénin puis, dans
diverses bibliothèques. A cette stratégie, il faut
également considérer la collecte des informations auprès
des personnes ressources de l'institution et enfin, des recherches sur les
sites internet.
Les différentes recherches et démarches ont
permis de scinder en deux axes notre étude. En effet, l'UEMOA a su
mettre en place une construction normative très spécifique et
relativement harmonisée en matière de la formation et de
l'emploi. Toutefois, nos analyses ont permis de relever des faiblesses dans ce
système normatif qui néanmoins reste perfectible.
93
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
Les résultats des recherches révèlent
qu'en Afrique, l'UEMOA reste la communauté la mieux
intégrée. De toute façon, on lui reconnait une avance dans
plusieurs domaines notamment ceux de la formation et de l'emploi
comparativement aux autres regroupements du continent africain. Ce
mérite est dû à la finesse avec laquelle la Commission
accomplit sa mission et la qualité des textes pris en faveur de la
formation et de l'emploi. Néanmoins, les diverses politiques
d'harmonisation des normes et d'unification des pratiques sur la formation et
l'emploi dans l'espace UEMOA sont entravées par le manque de ressources,
à la fois financières et humaines mais surtout le respect
insuffisant des obligations découlant du traité de l'Union. Cette
situation s'explique par les réserves que les Etats membres ont pour la
mise en oeuvre de ces politiques. Et pourtant, les variations du rôle des
Etats membres dans la construction communautaire expliquent les
différences d'impact sur leurs fonctions juridiques dans la mise en
oeuvre du droit communautaire qui se traduisent par l'amputation ou
l'orientation de leur pouvoir normatif367. Mais une relecture du
traité révisé va marquer un nouvel encrage ou
réorientation pointue des textes de l'Union dans les domaines de la
formation et de l'emploi car, il est de notoriété que la prise en
compte des droits sociaux des citoyens par les Etats est quasi inexistante. Les
communautés dans leur ensemble n'arrivent pas non plus à trouver
l'alchimie adéquate à ces problèmes.
Aux termes de ces recherches, les résultats pourront
être utiles et exploités non seulement à l'UEMOA aux fins
de revoir son positionnement par rapport à ses objectifs. D'autres
organisations communautaires ayant les objectifs similaires d'une harmonisation
de leurs normes sur la formation et l'emploi pourront utiliser ces
résultats en vue d'améliorer la qualité de leur
système normatif dans les matières ciblées. En effet, le
cadre institutionnel mise en place par l'Union a influencé les
progrès que l'Organisation a connus
367 RIDEAU (Joël), op. cit., p. 878.
94
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
en un quart de siècle bien que la prise en compte
effective de l'harmonisation des politiques liées à la formation
et l'emploi n'a débuté qu'une dizaine d'année après
l'adoption du traité de 1994. Malgré cette prise en main tardive
des problématiques de la formation et de l'emploi, l'Union a su
créer l'environnement adéquat au renforcement institutionnel dans
les domaines qui font l'objet de cette étude. La mise en place du Cadre
de Concertation des Ministres en charge de l'Emploi et de la Formation
Professionnelle de l'espace UEMOA servirait d'exemple pour les autres
organisations communautaires de l'Afrique.
Le choix d'une telle réflexion est d'ailleurs restreint
compte tenu de la dimension de la recherche qui pourrait être
élargi. L'objectif du droit communautaire est de résoudre les
difficultés communes des Etats membres, celles-ci ne pouvant trouver de
solution dans le cadre fonctionnel de chaque Etat pris individuellement. A cet
effet, une étude plus large de la recherche de solutions des
problèmes liés à la formation et l'emploi (qui sont des
droits reconnus par des normes internationales) par les organisations
communautaires en Afrique pourraient être faite, en comparaison aux
organisations d'intégration d'autres continents. Alors que la question
de l'emploi des jeunes devient de plus en plus un problème pour toutes
les communautés, il va falloir que la doctrine apporte des propositions
à travers des pistes de sorte que ce droit soit non seulement pris en
compte mais aussi le droit à une éducation ou à une
formation. Cette perspective de recherches pourrait être envisagée
par d'autres chercheurs étant donné que l'objet de notre
étude est plus ou moins exploré par ces derniers. En plus, avec
la disparition imminente du franc CFA qui pourrait entrainer la dissolution de
l'UEMOA au profit de la CEDEAO, une autre communauté
d'intégration économique et monétaire plus grande qui
envisage une monnaie unique dans son espace.
95
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
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des experts pour la préparation de la 10ème
conférence des Ministres en charge de l'Emploi et de la Formation
Professionnelle de l'espace UEMOA », Cotonou, du 17 au 19 juillet
2019, 16 p.
- UEMOA, « Rapport 2012 de la commission sur le
fonctionnement et l'évolution de l'Union », Ouagadougou,
mediacom, 127 p.
103
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
- UEMOA, « Rapport annuel 2015 de la Commission sur
le fonctionnement et l'évolution de l'UEMOA », Lomé,
Espace Technologie, 2016, 93 p.
- L'UEMOA en 2020, « Rapport du panel de haut niveau
», Ouagadougou, Les Presses Africaines, 2011, 89 p.
- ZIEMEK (Karen), « Les droits communautaires africains :
quelle rationalisation ? », Dakar, Friedrich Ebert Stiftung, 2006, 7 p.
VI- Textes normatifs
- Acte additionnel N° 01/2000 portant adoption de la
politique minière commune à l'UEMOA, (14 décembre
2000).
- Acte additionnel N° 03/2001 portant adoption de la
politique agricole de l'UEMOA, (19 décembre 2001).
- Acte additionnel N° 05/2001 relatif à la
promotion de l'artisanat au sein de l'UEMOA, (19 décembre 2001).
- Acte additionnel N° 03/2006 un fonds régional de
développement agricole dénommé « FRDA », (27
mars 2006).
- Acte additionnel N°04/2007/CCEG/UEMOA instituant une
nouvelle période transitoire de financement de la chambre consulaire
régionale de l'UEMOA, (20 janvier 2007).
- Acte additionnel N° 01 /2009/CCEG/UEMOA instituant une
politique commune de l'UEMOA, dans le domaine de la circulation et du
séjour des personnes non ressortissantes de l'Union, (17 mars 2009).
- Acte additionnel N° 02/2009/CCEG/UEMOA portant
création et organisation du conseil du travail et du dialogue social de
l'UEMOA, (17 mars 2009).
- Acte constitutif portant création du Conseil de
l'Entente, (Abidjan, 29 mai 1959).
104
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
- La charte africaine des droits de l'homme et des peuples, (27
juin 1981). - La charte du Conseil de l'Entente, (5 décembre 2011).
- La Charte des Nations Unies, (26 juin 1945).
- Convention de Vienne sur le droit des traités, (Vienne,
23 mai 1969).
- Convention de Vienne sur la représentation des Etats
dans leurs relations avec les organisations internationales de caractère
universel, (14 mars 1975).
- Constitution de la République du Bénin, (11
décembre 1990).
- Constitution de la République du Burkina Faso, (05
novembre 2015).
- Constitution de la République de Côte d'Ivoire (08
novembre 2096).
- Constitution de la République de Guinée-Bissau,
(07 juillet 1999).
- Constitution de la République du Mali, (25
février 1992).
- Constitution de la République du Niger, (25 novembre
2011).
- Constitution de la République du Sénégal,
22 janvier 2001).
- Constitution de la République de la République
Togolaise, (14 octobre 1992).
- Déclaration d'Abidjan de la 6ème
conférence des ministres en charge de l'emploi et de la formation
professionnelle de l'UEMOA, (03 juillet 2015).
- Déclaration universelle des droits de l'homme, (1948)
-Directive N°02/2002/CM/UEMOA relative à la
coopération entre commission et les structures nationales de concurrence
des Etats membres pour l'application des articles 88,89 et 90 du traité
de l'UEMOA, (23 mai 2002).
- Directive N° 01/2005/CM/UEMOA sur
l'égalité de traitement des étudiants ressortissants de
l'UEMOA dans la détermination des conditions et des droits
d'accès aux institutions publiques d'enseignement supérieur des
Etats membres de l'Union, (16 septembre 2005).
105
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
- Directive N°06/2005/CM/UEMOA relative à la libre
circulation et à l'établissement des médecins
ressortissants de l'Union au sein de l'UEMOA, (16 décembre 2005).
- Directive N°07/2006/CM/UEMOA, relative à la
pharmacie vétérinaire, (23 mars 2006).
- Directive N°07/2005/CM/UEMOA relative à la libre
circulation et à l'établissement des architectes ressortissants
de l'Union au sein de l'espace UEMOA, (16 décembre 2005).
- Directive N° 02/2007/CM/UEMOA portant instauration
d'une période unique de la tenue du baccalauréat dans les Etats
de l'Union, (4 juillet 2007).
- Directive N° 03/2007/CM/UEMOA portant adoption du
système Licence, Master Doctorat (LMD) dans les universités et
établissements d'enseignement supérieur au sein de l'Union, (4
juillet 2007).
- Directive N°06/2008/CM/UEMOA, relative à la
circulation et à l'établissement des pharmaciens ressortissants
de l'Union au sein de l'espace UEMOA, (26 juin 2008).
- Directives N°07/2008/CM/UEMOA, relative à la
libre circulation et à l'établissement des chirurgiens-dentistes
ressortissants de l'Union au sein de l'espace UEMOA, (26 juin 2008).
- Loi N° 98-004 du 27 janvier 199 portant code du travail
en République du Bénin.
- Statuts de la Cour Internationale de Justice, (26 juin
1945).
- Traité de la Communauté Economique Des Etats
de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), (24 juillet 1993).
- Traite instituant la Communauté économique et
Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC), (16 mars 1994).
- Traité instituant le Marché Commun du Sud
(MERCOSUR), (26 mars 1991).
106
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
- Traité instituant la communauté
Européenne, (25 mars 1957).
- Traité révisé de la Communauté
économique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC), (25 juin
2008).
- Traité de l'Union Européenne (UE), (17
février 1992).
- Traite de l'Union Monétaire Ouest-Africaine (UMOA), (12
mai 1962).
- Traite de l'Union Monétaire Ouest-Africaine (UMOA), (14
novembre 1973).
- Traite de l'Union Monétaire Ouest-Africaine (UMOA), (20
janvier 2007).
- Traité modifié de l'Union Economique et
Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), (10 janvier 1994).
- Traite de l'Union Economique et Monétaire
Ouest-Africaine (UEMOA), (29 janvier 2003).
VII- Sites internet
-
www.jurispedia.org
-
www.wikipedia.org
-
www.pensée.com
-
www.memoireonline.com
-
www.cairninfo.com
-
www.persée.fr
- www.uemoa.int
107
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION GENERALE 1
PREMIERE PARTIE : UN SYSTEME FORMATION-EMPLOI
HARMONISE .10
CHAPITRE I: Une norme sociale évolutive .12
SECTION 1: Des innovations originales ....12
Paragraphe 1 : L'originalité du Traité de 1994
13
A- Les fondements juridiques du traité .14
B- Une intégration sociale spécifique.. .16
Paragraphe 2 : Les réformes du Traité de 2003
...18
A- Le contenu des réformes 19
B- La portée sociale des réformes ...20
SECTION 2 : Un cadre normatif communautarisé 23
Paragraphe 1 : Un cadre juridique amélioré ..24
A- Les lois fondamentales des Etats 24
B- Les politiques communes des Etats 27
Paragraphe 2 : Un droit communautaire protecteur 28
A- En matière de la formation 29
B- Dans le domaine de l'emploi .31
CHAPITRE II : Une harmonisation spécifique 34
SECTION 1 : Une uniformisation normative certaine .. .35
Paragraphe 1 : Les formations de l'enseignement supérieur
35
A- L'uniformisation sur l'égalité de traitement
36
B- L'uniformisation des dispositifs relatifs aux examens. 37
108
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
Paragraphe 2 : Les métiers et ordres professionnels
|
..39
|
A- L'organisation de politiques sectorielles des
métiers.
|
39
|
B- La réorganisation des ordres professionnels
|
..41
|
|
SECTION 2 : Un cadre institutionnel pertinent
|
42
|
Paragraphe 1 : La création des ONEF
|
44
|
A- Le cadre de concertation communautaire
|
..44
|
B- Le Secrétariat Permanent
|
...46
|
|
Paragraphe 2 : L'opérationnalisation de l'OSREF
|
47
|
A- Une mission d'harmonisation des normes
|
.47
|
B- Une mission d'uniformisation des pratiques
|
..49
|
|
DEUXIEME PARTIE : UN SYSTEME NORMATIF PERFECTIBLE
.....51
CHAPITRE I : Les limitations à l'application des normes
|
..53
|
SECTION 1 : Des réticences à l'harmonisation
|
.53
|
Paragraphe 1 : Le non-respect des textes par les Etats
|
54
|
A- La responsabilité de la Commission
|
...55
|
B- L'inertie de la Conférence des Chefs d'Etat
|
57
|
|
Paragraphe 2 : Les limites des organes de contrôle
|
59
|
A- La faiblesse de la Cour de Justice
|
59
|
B- L'impuissance de la Cour des Comptes
|
..61
|
|
SECTION 2 : Des obstacles à l'uniformisation des
pratiques
|
.64
|
Paragraphe 1 : Au sujet de la libre circulation
|
64
|
A- L'étendue restrictive du principe de la libre
circulation..
|
65
|
B- Les restrictions aux conditions et à la
liberté d'accès à la formation
et à l'emploi dans les Etats . ..67
109
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
Paragraphe 2 : Les discriminations sociales au sein de l'UEMOA
|
69
|
A- Dans le secteur de la formation
.69
|
|
B- Dans le secteur de l'emploi
|
71
|
|
CHAPITRE II : Vers une refonte de l'Organisation
|
74
|
SECTION 1 : Un renforcement normatif nécessaire
|
74
|
Paragraphe 1 : Le bilan de l'harmonisation normative
|
75
|
A- Relatif à l'harmonisation des normes
|
76
|
B- L'applicabilité des normes dans les Etats
77
|
|
Paragraphe 2 : Le besoin d'une révision du Traité
de 2003 .
|
..78
|
A- La fusion de l'UMOA et de l'UEMOA
|
.79
|
B- Les modifications possibles
|
...80
|
|
SECTION 2 : Pour un aménagement politique et
institutionnel adéquat....82
Paragraphe 1 : La consolidation de l'Organisation 82
A- La nécessaire limitation du foisonnement des
organisations dans la
sous-région ...83
B- Le renforcement des politiques de la formation et de
l'emploi....84
Paragraphe 2 : Vers une standardisation plus efficace
|
..86
|
A- Vers une suppression des frontières
|
..87
|
B- L'urgence d'une politique sociale plus ouverte
|
88
|
CONCLUSION GENERALE
|
90
|
BIBLIOGRAPHIE
|
. ...95
|
TABLE DES MATIERES
|
.107
|
ANNEXE .
|
...110
|
L'harmonisation des normes relatives à la formation et
à l'emploi dans l'espace UEMOA
110
Annexe
Traité modifié de l'UEMOA
|