Conclusion
Alors que les questions de développement avait
été marginalisées au début de l'intervention de la
France au Sahel, les pouvoirs publics se montrent volontaristes dans leurs
efforts de définir une politique de coopération pour le
développement qui prennent en compte les intérêts
stratégiques de la France au Sahel et les besoins des populations sur
place.La politique française d'aide au développement en Afrique
subsaharienne retrouve ainsi une dimension géopolitique qui
s'était érodée et dont la crise sahélienne a
restauré l'importance. L'approche française de la crise
sahélienne poursuit son rééquilibrage opéré
depuis 2017 entre ses efforts militaires et les ses efforts de
développement. Le retour en grâce de l'aide bilatérale sous
forme de dons d'une part, les réformes ajustements institutionnels de
l'AFD et la mise sur pied de l'Alliance Sahel par la France, témoignent
d'une volonté de réinvestir de manière stratégique
et coordonnée le volet du développement pour faire face aux
enjeux posés par la bande sahélo-saharienne.
De manière générale, les pouvoirs publics
sont en train de renouer avec une approche stratégique de la politique
publique d'aide au développement. Le rapport remis par le
député Berville au président de la République
portant sur la modernisation de l'aide publique au développement en
août 2018, propose des solutions afin de mettre en oeuvre une politique
de développement plus stratégique, formalisée dans une loi
de programmation pluriannuelle détaillant la stratégie de la
France, ses objectifs, et les moyens mis à disposition de la politique
de coopération de la France jusqu'à l'horizon 2025.Cette loi
d'orientation fournirait à la politique française de
développement un cadre institutionnel renouvelé par rapport
à 2014 avec une définition précise de ses engagements et
de ses cibles en cohérence avec les intérêts de la France
en Afrique subsaharienne et dans la bande sahélo-saharienne.
Les travaux de l'apprenti sur la mobilisation des ressources
intérieures dans le cadre du plan d'investissements stratégique
et des travaux préparatoires du G7 se sont inscrits dans cette logique
de priorisation de la géographie sahélienne. La politique de
coopération de la France entame une transition stratégique pour
se donner les moyens de répondre de manière efficace aux racines
des crises et de la violence qui secouent le Sahel. La réponse à
ces crises ne saurait provenir uniquement d'une augmentation d'aide publique au
développement par rapport aux efforts militaires. La solution à
la crise actuelle, en particulier au Mali est avant tout une question
politique. Si la France entend contribuer au règlement des
différends et à l'amélioration de la situation du
développement au Sahel, sa politique tridimensionnelle «
défense-sécurité-développement » doit
viser à créer les conditions d'une pacification pour permettre
une sortie de crise assumée par l'ensemble des Etats sahéliens.
En plus de l'assistance aux populations par l'aide extérieure, c'est
aussi par le soutien aux institutions étatiques sahéliennes, le
renforcement de leurs capacités juridiques, fiscales et de leur
autorité souveraine que les conditions de sortie de crise pourront
être établies. Les récents ajustements et orientations de
la politique française d'aide au développement, en particulier
dans le domaine de la mobilisation des ressources intérieures,sont un
premier pas vers cet objectif.
|