2.3. Les acteurs à
contrôler : les creuseurs clandestins
Dans le cadre de l'exploitation artisanale,
« l'article 5 du règlement minier congolais de 2018 autorise
toute personne morale à se livrer à larecherche ou à
l'exploitation non artisanale des substances minérales sur toute
l'étendue du territoire national, à condition qu'elle soit
titulaire d'un droit minier et/ou de carrières en cours de
validité accordé par l'autorité
compétente... ».
Ainsi, à travers nos enquêtes sur terrain, nous
avons réalisé que les acteurs ne sont pas des creuseurs
proprement dits ; dans le sens où ils ne possèdent pas des
cartes d'exploitants miniers et ils effectuent leurs opérations
d'exploitation artisanale dans une concession minière privée. Ils
peuvent être appréhendés comme un phénomène
classique des bandes ou d'associations des malfaiteurs qui se font et
défont au gré des opportunités (Kanteng,2017 :10).
Selon Ngoie Mwenze (2009 : 170-171), les clandestins sont
des gens qui pénètrent, sans aucun droit, dans un site minier. A
leur passage, ils emportent tout ce qui peut leur être utile. Ils ont,
pour ressource vitale, les biens de cette entreprise.
De toutes les idées qui précèdent, les
individus qui accèdent sur la concession minière de MMG sont des
« creuseurs clandestins » parce qu'ils
pénètrent en cachette dans une zone minière privée
et ne possèdent pas d'autorisation d'exploitation des ressources
minières. Pire est de constater que lorsqu'ils pénètrent
sur la mine, ils ne se limitent pas à l'exploitation des ressources
minières, ils se donnent à des pratiques telles que le vol des
câbles électriques en cuivre, le tapis HDPE, les batteries des
camions, les panneaux électriques, les menaces et les agressions, les
actes de vandalisme, etc.
Parmi les creuseurs clandestins figurent les autochtones de
villages environnants la mine, les opportunistes qui viennent d'ailleurs (des
autres sites ou d'autres villages ou encore de quartiers urbains) et les
enfants mineurs.
2.4. Les
acteurs à double visage
Comme Le Breton (2004 : 52) l'estime : «
l'interaction n'englobe pas seulement les acteurs en coprésence, mais
une multitude d'autres, invisibles, qui imprègnent leur rapport au
monde ».Sur ce, outre les creuseurs clandestins et les agents de
sécurité, Il existe aussi des acteurs invisibles qui participent
indirectement aux pratiques informelles sur le site minier à travers
d'autres acteurs. Car le crime n'est pas l'oeuvre d'une seule personne, mais
plutôt d'une chaîne d'individus qui se font et défont au
gré des opportunités. Il s'agit des employés et des
contractants de MMG, des journaliers dits « casuals ».
ü Les employés et les contractants de
MMG
Les travailleurs et les employés de l'entreprise MMG
qui, souvent lorsqu'ils ont besoins de tel bien de l'entreprise, font recours
aux creuseurs clandestins en leurdonnant de l'argent afin de s'accaparer de
biens dont ils ont besoin. Dans ce contexte, les creuseurs clandestins sont
instrumentalisés par certains groupes d'individus afin de
réaliser leurs ambitions matérielles ou financières. Ces
opérations se font par l'intimidation et la corruption des agents de
sécurité pour qu'ils ne puissent pas empêcher les creuseurs
d'accéder ou de sortir. Il ya une synergie de coopération entre
certains agents et/ certains contractants de MMG avec les creuseurs
clandestins ; car pour certains acteurs interviewés estiment qu'il
n'y a que ceux qui sont dedans qui peuvent donner des informations possibles du
site à ceux du dehors.
Par rapport à la complicité des agents de MMG
avec les creuseurs clandestins, Chako et Kakapartagent les mêmes
idées en ces termes :
« Na bobeniewe bantu ba umu tuna cooperaka
nabo, kama beko na besoin na kintu fulani mu usine banatutafutaka ju ya
kubatosheya, Zaidi ni ba travailleurs ba MMG ».
Ce qui veut dire en français :
« Même les gens de MMG
coopèrentavec nous, ils nous appellent à tout moment s'ils ont
besoin de telleou telle autrechose de l'usine, surtout les travailleurs de
MMG ».
Les propos d'un agent de sécurité MOMO:
« Ici, il y a beaucoup de choses qui se passent,
il ya des certaines cop qui sont organisées à partir de nos
chefs. On peut mettre les câbles électriques à 10h, et
avant qu'il soit 17h on lesvolent. Ce sont toujours les gens qui sont dedans
qui coopèrent avec les creuseurs et leurdonnent des
informations ».
ü Les journaliers dits «
casuals »
Un casual c'est un mot anglais qui signifie en
français « journalier ». C'est toute personne
engagée pour un travail rémunéré
journalièrement au sein d'une entreprise. Certains enquêtés
les appellent « Kazuala ». Dans le contexte qui nous
concerne, cette catégorie de personnes a une connaissance du site minier
dans presque toutes ses facettes du fait qu'ils font l'assainissement du site
minier. Ces journaliers se transforment en clandestins la nuit pour s'engager
à des pratiques informelles sur le site minier MMG.
Un agent G4s a explicité en ces termes :
« Ce sont souvent les casuals qui travaillent
journalièrementici qui se transforment en clandestins pour venir voler
la nuit, ces journaliers connaissent presque tous les coins du site ; ils
peuvent cacher un bienquelque part pour venir le prendre pendant la nuit. Ils
sont en commutation avec leurs frères aux villages».
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