CHAPITRE III : RESULTATS DE LA
RECHERCHE
Ce chapitre est consacré au résultat de notre
recherche empirique. Il est structuré en quatre sections :
1o. La nature des interactions ;
2o. Les acteurs impliqués,
c'est-à-dire les acteurs apparents et non apparents ;
3o. les pratiques observables ;
c'est-à-dire la description des pratiques, leurs impacts et les
stratégies adoptées tout autours ;
4o. Les représentations des
acteurs.
SECTION 1. NATURE DES
INTERACTIONS
Les observations faites sur le terrain font état
d'énormesdifficultés que rencontrent les gardiens pour
sécuriser les biens de l'entreprise ; soit de respecter les
règles et les consignes de sécurité soit emprunter
d'autres voies illégitimes pour protéger les biens et les
personnes de ladite entreprise étant donné que les creuseurs
clandestins accèdent sur la mine avec des menaces.
Ainsi, répondant à la question de savoir comment
les agents de sécurité entretiennent leur rapport avec les
creuseurs clandestins surle site minier, les points de vue des gardes sont
diversifiés ; les uns font recoursau respect des normes et les consignes
sécuritaireset les autres font appel au d'autres voies non
institutionnalisées.
Sur ce, nous avons épinglé deux postures par
lesquelles les gardes font recours lorsqu'ils sont en confrontation avec les
creuseurs clandestins sur le site miner. Il s'agit de la posture positive qui
donne naissance à des interactions problématiques ou
conflictuelles, et la posture négative qui donne naissance à des
interactions de solidarité ou de fraternité.
Commençons par la posture négative que la
plupart des gardes trouvent comme la plus pertinente.
1.1. La posture négative
Cette posture consiste pour les gardiens à recourir
à d'autres normes non institutionnelles et officielles pour
remédier à des situations-problèmes auxquelles ils font
face malgré la rigueur des règlements officiels. C'est dans cette
perspective que Agnew,cité par Gariepy (1947 : 81) souligne ce qui
suit : « lorsque les voies légitimes du succès et de
la réussite paraissent bloquées, il en résulte chez
l'individu un état de tension qui peut dégénérer en
comportements illicites. Certains individus choisissent alors de se joindre
à des pairs délinquants qui partagent leurs valeurs et de rejeter
la société qui, à leurs yeux, ne les accepte pas ».
Donc, elle fait appel à la fraternité ou la solidarité
comme mode de régulation des problèmes.
· L'interaction de fraternité ou de
solidarité
C'est donc le soubassement des interactions de
solidarité ou de fraternité. Elle fait allusion à la
déviation des normes et des consignes générales. Cette
forme d'interactions est l'une des modalités que les agents mobilisent
comme un mécanisme de la gestion des risques lorsqu'ils font face aux
creuseurs clandestins.
Cette analyse repose sur les propos d'un agent de
sécurité KILO qui s'est exprimé en ces termes :
« Certains officiers qui n'ont pas de bonnes
manières de communiquer avec les creuseurs ont risqué de perdre
leur vie, l'autre a été tabassé à demi-mort :
quand les creuseurs l'avaient surpris dans son poste, il avait pris la radio
pour communiquer à Québec, les creuseurs l'avaient vu alors ils
l'ont tabassé jusqu'à perdre connaissance. Je
préfère communiquer très bien avec les creuseurs
malgré les exigences de la sécurité mais cela avec trop
des souplesses et des tactiques sinon vous risquez d'aller à Kipushi
».
Donc, partant de cet extrait d'entretien, nous comprenons que
lorsque les agents de sécurité sont conformistes aux
règles sécuritaires, cela crée des conflits avec les
creuseurs clandestins. D'où, au cas où ils font face à ces
derniers, ils manifestent un bon sens et meilleure façon de communiquer
de peur qu'ils ne soient pas tabassés.
1.2. la posture positive
La posture positive fait référence au respect
des normes et des consignes générales par l'officier de
sécurité. Elle engendre les interactions conflictuelles et
problématiques avec les creuseurs clandestins. Celle-ci donne naissance
à des interactions problématiques ou conflictuelles.
Cette analyse repose sur les propos de l'agent de
sécurité KILO qui s'est exprimé en ces termes :
« Vous pouvez être sur votre poste seul,
brusquement vous voyez un groupe des creuseurs qui viennent vers vous avec des
barre des mines, des bèches, etc en vous disant :
« officier, tunata kutoka na bintu bietu, kuya tu coopérer,
kama unakatalatutakupika »(officier, viens qu'on coopère, nous
voulons sortir avec nos biens, si tu refuses on va te frapper), si vous
hasardez d'appeler le contrôle room et qu'ils découvrent,
ah !!!! Paleamutapana nabo(il y aura mésententes avec eux)
».
Lorsqu'un agent de sécurité est
catégoriquement conformiste ou lorsqu'il manifeste un refus à la
demande des creuseurs clandestins, cela crée des conflits entre les
acteurs. D'où, les creuseurs clandestins font recours à la force,
à la violence, aux agressions et aux menaces sur les gardes.
Quant à KEKEle creuseur, il nous a éclaircis en
ces termes :
« Unona umu mu usine pa kutoka na matiere peko
kaji baba, unayuwa vile ka sac ka minerais kanapezaka ?, Waza ata weye,
urieke tout pa fuashi yangu, unatoka na sac ya minerais depuis ku usine
pakufika karibu na ku nyumba ba garde bana ku bloquer, rho inaumakamubaya sana,
njo pale n'tafania kilekiote minapenda kumufania : ni kuba pika
».
Ce qui veut dire en français :
« Tu vois pour sortir avec le sac des minerais
de la mine ce n'est pas moindre, tu sais comment un petit sac des minerais
pèse ? Mets-toi seulement à ma place ; imagine toi tu
quittes avec ton sac depuis l'usine, arrivée tout près de la
maison le garde te bloque, ça fait très mal au coeur. A ce
moment-là la solution je vais lui faire tout ce que je peux : le
frapper ».
Pour les creuseurs clandestins rencontrés sur le
terrain, le recours à la force, à la violence, aux agressions et
aux menaces sur les gardes qui les empêchent d'accéder sur la mine
constitue un remède pour accomplir leurs besoins sur le site minier.
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