UNIVERSITE DE LUBUMBASHI
ECOLE DE CRIMINOLOGIE
LUBUMBASHI
Par NEDI PALANGA Nestor
Mémoire présenté et défendu en vue
de l'obtention du grade de licencié en Criminologie
Option :Criminologie Economique et
Environnementale
Directeur : Prof. Honoré NGOIE
MWENZE
ANNEE ACADEMIQUE 2018-2019
ANALYSE CRIMINOLOGIQUE DES INTERACTIONS ENTRE LES
AGENTS DE SECURITE ET LES CREUSEURS DITS CLANDESTINS DANS LE SITE MINIER
MMG/KINSEVERE
IN
MEMORIAM
A mon très cher ami d'enfance Louis NKASHAMA TSHIYA qui
m'a quitté, je garde ton immortalité à travers ce
travail.
Que ton âme repose en paix.
DEDICACE
A mes chers parents PALANGAAlbert et KENDEBeatrice pour leur
sacrifice et l'amourqu'ils ont manifestés durant mon parcours
universitaire ;
A toi MAHINDABernadette, MALUPaulette,PALANGANadine, John
PALANGA, PALANGAAlbert fils, Anselme PALANGA et toute la famille PALANGA qui
n'ont en aucun cas cessé de me soutenir et m'encourager tant sur le
plan spirituel que financier ;
A toi ma fille Benedict Monique NEDI;
Je dédie ce travail.
NEDI PALANGA Nestor
REMERCIEMENTS
La réalisation et la rédaction de ce
mémoire n'auraient pas été possibles sans l'aide
précieuse de plusieurs personnes.Dans un premier temps,nous tenons
à remercier l'Eternel Dieu Tout Puissant pour sa protection et sa
miséricorde à notre faveur.
Nous remercions le professeur NGOIE MWENZEHonoré, le
Directeur de ce mémoire, pour son encadrement, ses encouragements,ses
remarques et ses conseils malgré sesmultiples préoccupations.
Nos gratitudes s'adressent aux autorités
académiques de l'Ecole de Criminologie pour leur accompagnementdurant
notre cursus universitaire. Entre autre le Professeur TSHINYAMA KADIMA
Ildephonse, Professeur BADY KABUYA Gabin, Professeur LUPITSHI WA NUMBI Norbert,
Professeur KANTENGA MWAMBA Dieudonné.
Notre gratitude la plus sincères'adresse
également à l'entreprise MMG/Kinsevere, plus
particulièrement au personneldu département de
sécurité et des ressources humaines qui nous a accordé ce
privilège de passer un séjour sur le site minier avec une
possibilité d'yeffectuer notre stage de recherche. Nous citons Monsieur
KABAMBAJohnny(Superintendant du département de
Sécurité),NGOYGuy, NUMBIJullien, NGENDASymphorien,
YINDULAJean-Claude, KYUNGUAlain, WANUKU Delly et LOHATAAlain.
A tous mes frères, soeurs et famillesFATUMAMacqdis,
MUKENDIRénedy, MAKAMBUMike, MIKOBIEdouard, MANENGAAugustin, NKASA NKOMBE
Ruth, MBO ATOWAMarie-Paule,BANYI Clarisse, ISHOM Elysée, DETSTHIU
Joseph, KABUNGUBernard, MIKOBIcorneille,MBOK-KAMBoscla, BUPEGeorges,
MUTSHANGAWa NGOYA pour votreappui et votre encouragement.
Nous disons merci merci à tous nos
condisciples :KEY KABILAGuelith,IDI KINGOMBE César-Zéphyr,
KAJOCHODelphin,UMBA Nathan, NDUWAPaguiel,MWEMA Fils, LWAMBAArmine,KYABUTA
John,MUTWALE John ainsi que tous ceux qui ne sont pas cités dans le
présent travail mais qui, de loin ou de près, nous ont
manifesté leur marque de sympathie.
Je tiens à remercier les personnes ayant accepté
de participer à cette étude, de m'avoir reçu et
donné de leur temps pour répondre au questionnaire.
TABLE DES MATIERES
IN MEMORIAM
1
DEDICACE
2
INTRODUCTION GENERALE
4
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE LA
RECHERCHE
6
1.1. La construction de l'objet de
recherche
6
1.1.1. L'objet de recherche
6
1.1.2. Le constat à base de la recherche
7
1.1.3. La Question de recherche
8
1.2. LA REVUE DE LA LITTERATURE
9
1.3. L'INSCRIPTION DE L'OBJET D'ETUDE EN
CRIMINOLOGIE
11
1.4. LA PROBLEMATIQUE DE LA RECHERCHE
11
1.4.1. La grille de l'acteur et le
système (Michel Crozier & Erhard Friedberg)
12
1.4.2. La théorie de
l'interactionnisme symbolique selon David Le Breton
13
CHAPITRE II : DISPOSITIF METHODOLOGIQUE DE LA
RECHERCHE
15
SECTION 1 : L'APPROCHE QUALITATIVE ET LA
DEMARCHE INDUCTIVE
15
SECTION 2 : LA PRESENTATION DU CHAMP
D'INVESTIGATION
16
Ø Délimitation spatiale
16
Ø Délimitation temporelle
17
2.1. Aperçu historique de MMG/Kinsevere
17
2.2. Les valeurs de MMG/Kinsevere
17
2.3. MMG/Kinsevere et les Droits de l'Homme
18
2.4. Le département de la
sécurité MMG/kinsevere
18
Section 3 : LA CONSTITUTION DE
L'ECHANTILLON
19
SECTION 4 : LES TECHNIQUES DE RECEUIL ET
D'ANALYSE DES DONNEES
20
4.1. La récolte des données
20
4.1.1. Les outils de collecte des données
20
4.1.2. Les techniques de recueil des
données
23
4.2. L'analyse des données empiriques
25
SECTION 5 : LA DIMENSION ETHIQUE DE LA
RECHERCHE
27
SECTION 6 : LES DIFFICULTES RENCONTREES ET LES
STRATEGIES DE CONTOURNEMENT
28
CHAPITRE III : RESULTAT DE LA RECHERCHE
29
SECTION 1. LA NATURE DES INTERACTIONS
29
SECTION 2 : ACTEURS IMPLIQUES DANS LES
INTERACTIONS
32
2.1. Les agents de sécurité
32
2.3. Les acteurs à contrôler : les
creuseurs clandestins
33
2.4. Les acteurs à double visage
34
SECTION 3. PRATIQUES PROBLEMATIQUE SUR LE SITE
MINIER MMG/KINSEVERE
36
3.1. SITUATIONS-PROBLEMES CRIMINALISEES SUR
LE SITE MINER DE MMG
36
3.2. DESCRIPTION DES PRATIQUES
37
3.3. IMPACT DES PRATIQUES
42
3.3.1. Impact environnemental
42
3.3.2. Impact économique
46
3.3.3. Impact socioprofessionnel
47
3.3.4. Atteinte à la dignité
humaine
48
3.4. STRATEGIES DES ACTEURS
48
3.4.1. Les stratégies des creuseurs
clandestins
49
3.4.2. Stratégies des agents de
sécurité
51
3.5. ENJEUX DES PRATIQUES OBSERVEES
53
3.5.1. Les enjeux économiques
54
3.5.2. Les enjeux règlementaires
56
SECTION 4. REPRESENTATIONS SOCIALES DES ACTEURS
57
4.1. Les représentations sociales des agents
de sécurité à l'égard des creuseurs
clandestins.
57
4.2. Les représentations des creuseurs
clandestins sur le dispositif sécuritaire
59
CONCLUSION GENERALE
61
BIBLIOGRAPHIE
63
ANNEXES
66
INTRODUCTIONGENERALE
Cette étude est consacrée à une analyse
criminologique des interactions entre les agents de sécurité et
les creuseurs,dits clandestins dans le site minier MMG/Kinsevere. La
construction de cet objet d'étude est partie du constat qui nous a
amené à en faire une préoccupation en criminologie afin
d'analyser, de comprendre et d'élucider les situations-problèmes
observées.
Ainsi, l'entreprise MMG/Kinsevere est uneminede cuivre de
haute teneur située dans la province du Haut-Katanga à Kinsevere,
à environ 30Km de la ville de Lubumbashi. Cette entreprise est
confrontée àdes divers cas d'intrusions des acteurs venant des
différentes périphéries de l'ex-province du Haut-Katanga
qu'on appelle communément « creuseurs ».
Pour faire face à ce fléau, MMG a mis en place
un arsenal sécuritaire dans le but de sécuriser sa concession
minière. Il comprend les services de sécurité publique et
privée (la société G4S, la police des mines et des
hydrocarbures, et la légion nationale d'intervention), des
caméras de surveillance, des drones, une barrière
électronique, une tranchée (de long de 17 km2 avec une
profondeur de 2 à 3 mètres qui sépare le site minier et
les villages environnants afin que les intrus ne puissent pas
pénétrer dans la mine),etc.
Malgré la mise en place de cet arsenal
sécuritaire, les exploitants miniers artisanaux communément
appelés « creuseurs » pénètrent
clandestinement dans la concessionminière privée de MMG/Kinsevere
où ils exploitent les minerais sans l'autorisation du concessionnaire.
Or, sur le plan légal, le site minier de MMG n'a pas le statut d'une
zone d'exploitation minière publique. Au-delà de l'exploitation
illicite des ressources minières, lorsque ces creuseurs clandestins
pénètrent sur la mine, ils emportent tout ce qu'ils trouvent
important à leurs yeux : des câbles électriques, des
batteries des camions, des tapis... Ils s'adonnent à des agressions et
des actes de vandalisme.
A cet effet, nous noussommes inscrits dans une analyse
compréhensive sur les interactions entre les agents de
sécurité et les creuseurs clandestins au site minier
MMG/Kinsevere. L'idée derrière cette formulation est de
comprendre d'une manière globale la façon dont les agents de
sécurité entretiennent leurs relations avec les creuseurs
clandestins lorsque ces derniers veulent accéder ou sortir de la mine.
Cette étude fournitégalement une vue d'ensemble sur les pratiques
qui se développent sur le site minier, leurs impacts, enjeux,
stratégies ainsi que les représentations sociales des acteurs.
Hormis l'introduction générale et la
conclusiongénérale, ce travail est subdivisé en trois
chapitres :
Le premier chapitre est consacré au cadre
théorique de la recherche ; il s'agit de démontrer le
processus et le paramètre que nous avons opté, pour construire
l'objet de recherche jusqu'au questionnement, l'appartenance de l'objet
d'étude en criminologie, la revue de la littérature et enfin la
problématique de la recherche.
Le deuxième chapitre est consacré aux
dispositifs méthodologiques de la recherche ; il s'agit bien de
démontrer la démarche et l'approche que nous avons inscritedans
notre objet de recherche, les outils et les techniques de récolte des
données, la constitution de l'échantillon, la présentation
du champ d'investigation, la dimension éthique de la recherche
etenfinles difficultés rencontrées et leurs modes de
contournement.
Le troisième chapitre est consacré au
résultat de la recherche ; il traite de la nature des interactions,
identifie les acteurs impliqués ; relève les pratiques
problématiques et commente les représentations sociales des
acteurs ; c'est-à-dire le regard des agents de
sécurité envers les creuseurs clandestins et vice-versa.
CHAPITRE
I :CADRE THEORIQUE
DE LA RECHERCHE
Ce présent chapitre est constitué des points
suivants : La construction de l`objet de recherche et la question de
recherche, la revue de la littérature, l'inscription de l'objet de
recherche en criminologie et la problématique.
1.1. Construction de l'objet de recherche
1.1.1. Objet de
recherche
Selon Albarello (2012 : 38), « c'est au
chercheur qu'incombe la charge de choisir un thème dans lequel il se
sent bien, qui l'intéresse, qui le motive et le passionne selon sa
propre psychologie, sa propre histoire personnelle et professionnelle, son
propre état d'avancement intellectuel et selon sa sensibilité aux
interpellations en provenance de son environnement social comme il en est de
notre thème de recherche ».
Les rapports entre les agents de sécurité et les
creuseurs clandestins au site minier MMG/Kinsevere ont attiré notre
attention. Ces rapports constituent notre objet de recherche. Comme les disent
Quivy et Van Campenhoudt (2006 : 17), « si nous choisissons de
traiter un sujet donné, c'est forcément parce qu'il nous
intéresse. Nous en avons presque toujours une connaissance
préalable et souvent une expérience plus ou moins
concrète. Peut-être mêmenous sommes désireux de
réaliser notre recherche pour mettre au jour un problème
social ».
Cette étude se fonde sur les données empiriques
et consiste à faire une analyse compréhensive sur les relations
que les agents de sécurité entretiennent avec les creuseurs
clandestins sur le site minier. Notre intérêt est
d'éclairer les pratiques, les impacts, les enjeux et les
représentations qui découlent des interactions entre les
différents acteurs.
Voyons dans la partie qui suit le constat qui a incité
de faire de cette thématique une étude criminologique.
1.1.2.
Constat à base de la recherche
La construction de notre objet de recherche est parti d'un
constat qui nous a incité à en faire une recherche criminologique
afin d'élucider les situations observées.
D'abord, nous avons constaté que l'entreprise
minière MMG/Kinsevere est confrontée par des divers cas
d'intrusions et toute forme des pratiques déviantes sur sa concession
minière. Pour faire face à ce problème, MMG a mis en place
un arsenal sécuritaire dans l'objectif de sécuriser ses biens et
les personnes. Parmi les dispositifs sécuritaires nous pouvons citer:
ü Des agents de sécurité publique (ceux de
la police des mines et des hydrocarbures, ceux de lapolice de circulation
routière et ceux de la légion nationale d'intervention) ;
ü Des agents de sécurité privée
(Group 4 Securicor, G4S en sigle),
ü Une tranchée, longue de 17 km2 avec
une profondeur de 2 à 3 mètres à certains endroits,qui
sépare le site minier et le village environnant afind'empêcher
lesintrus d'accéder dans la concession minière.
ü Des caméras de surveillance et des drones, les
fils barbelés, la barrière électronique, etc.
Ensuite, nous avons observé que partant des dispositifs
sécuritaires cités ci-dessus, aucune personne ne peut
accéder ou sortir sur le site minier sans être fouillée et
autorisée par les agents de sécurité tant d'une
manière formelle qu'informelle. Tout le mouvement d'accès et de
sortie sur le site minier est contrôlé et surveillé
à partir des caméras de surveillance et des drones, etc.
En fin, le constat fait sur terrain montre que malgré
la mise en place de cet arsenal sécuritaire, l'exploitation
minière artisanale ne se fait pas dans les zones d'exploitation
publiques ; les exploitants miniers artisanaux appelés
communément « creuseurs » pénètrent
clandestinement dans la concession minière privée de
MMG/Kinsevere où ils exploitent les minerais sans l'autorisation du
concessionnaire. Or, MMG n'a pas le statut d'une zone d'exploitation
minière publique mais privée. Au-delà del'exploitation
illicite des ressources minières, nous avons constaté
également que lorsque ces creuseurs clandestins pénètrent
sur la mine, ils emportent tout ce qu'ils trouvent important à leurs
yeux ; proférant des menaces et s'adonnent à des actes de
vandalisme, etc.
1.1.3.
Question de recherche
Pour Quivyet Van Campenoudt (2006 : 24-26), «
labonne manière de s'y prendre dans la recherche scientifique consiste
à s'efforcer d'énoncer son projet de recherche sous forme d'une
question de départ par laquelle le chercheur tente d'exprimer le plus
exactement possible ce qu'il cherche à savoir, à élucider,
à mieux comprendre. Et une bonne question de départ doit
posséder trois qualités : la clarté, la faisabilité
et la pertinence ».
Par rapport à la pertinence, Depelteau (2000 :
115) précise que la question de départ mène à une
recherche pertinente. À cet égard, elle n'est pas moralisatrice,
elle est une vraie question et elle porte sur quelque chose qui existe ou qui
peut exister ». On peut dire qu'une question est moralisatrice
lorsque la réponse qu'on y apporte n'a de sens que par rapport au
système de valeurs de celui qui la formule (Quivy &Van Campenoudt
2011 : 31).
Tenant compte du contexte actuel, nous faisons évoluer
notre thème de recherche, nous nous sommes posé plusieurs
questions parmi lesquelles nous retenons une seule que nous considérons
comme notre fil conducteur. Elle est formulée de la manière
suivante : Comment comprendre les interactions entre les creuseurs
clandestins et les agents de sécurité au site minier de
MMG/kinsevere ?
Cette question a l'avantage de comprendre la façon dont
les agents de sécurité entretiennent leurs relations avec les
creuseurs clandestins sur le site minier étant donné que ces
derniers les menacent et les agressent lorsqu'ils sont empêchés
d'accéder ou de sortir dans la mine.
Outre la question principale, nous avons formulé
quelques sous-questions qui doivent nous permettre d'approfondir notre
recherche :
Ø Quelles sont les pratiques observables sur le
site minier de MMG/Kinsevere ?
Il s'agit de comprendre les activités que les creuseurs
clandestins effectuent sur la mine d'une part, et les pratiques qu'ils
développent en interaction avec les agents de sécurité
d'autre part.Car c'est au cours des interactions que naissent les pratiques.
Ø Quels sont les impacts de ces pratiques ?
Il est question d'analyser et comprendre les
conséquences des pratiques que les contentieux développent sur la
mine.
Ø Quelles sont les représentations sociales des
acteurs ?
Il s'agit de comprendre le regard que les creuseurs
clandestins porte à l'égard du dispositif sécuritaire et
sur les investisseurs étrangers de MMG, et le regard des agents de
sécurité vis-à-vis des creuseurs clandestins.
Les lignes qui suivent passent en revue les études
antérieures en rapport avec notre objet d'étude.
1.2. REVUE DE LA LITTERATURE
Selon Lupitshi Wa Numbi (2019 : 8), « la
proposition d'un thème de recherche n'est pas un fruit du hasard. Il
est tributaire des plusieurs éléments dont la source
d'inspiration que certains auteurs qualifient de
« constats ». Parmi les sources d'inspiration, nous pouvons
citer : le vécu quotidien ; les notes de cours ; les
discussions scientifiques ; les lectures personnelles ; les
résultats des recherches scientifiques antérieures (pour leur
nuance, déconstruction, complément et/ou
approfondissement) ».
Musevu Vould Kawele (2014 : 12) souligne dans le meme
ordre d'idées que « Les travaux antérieurs
déjà effectués sur l'objet de recherche permettent au
chercheur de se fixer sur ce qui a été déjà dit sur
l'objet en question, s'y inspirer et faire une démarcation ».
Dans ce même cadre d'idées, Paillé & Mucchielli
(2005 : 38) poursuit que « l'homme ne naît pas seul et ne
connait pas seul. Il lui est impossible de faire l'expérience de quoi
que ce soit en l'absence d'un univers de référence, lequel forme
le creuset de son expérience ».
Dans cette perspective, notre objet de recherche s'inscrit
dans un continuum, et sa source d'inspiration relève d'un constat et des
résultats scientifiques antérieurs pour son approfondissement et
son redressement scientifique. Parmi travaux scientifiques nous avons
lu :
Le mémoire de Ngongo Kabamba (2017) portant sur
« l'étude ethnographique de la présence des ninjas sur
le site minier Mineral and Metal group(MMG) à Kinsevere »
meten exergue les pratiques et les stratégies que développent les
ninjas sur le site minier MMG/Kinsevere.
Une autre étude menée par Tumba Ngandu (2009)
sur « l'exploitation artisanale du diamant de Tshikapa et son impact
sur la population et sur l'environnement montre que l'exploitation artisanale
illicite des substances minérales par les creuseurs est un travail plein
de risque réalisé avec des outils généralement
rudimentaireset surtout impropres à une exploitation minière
à l'ère de la mondialisation (non artisanal). Et cette
dernière a des effets graves sur la population et sur l'environnement
naturel.
Dans sa thèse sur la co-production de la
sécurité à l'épreuve de l'observation. Polices
publiques et privées dans les Usines Gécamines de Shituru
à Likasi,Ngoie Mwenze (2009 : 14)précise que la coproduction
de la sécurité ne s'effectue guère sans écueil.
Dans cette rencontre relativement problématique entre les acteurs
publics cohabitent tacitement des réseaux d'agents opérant de
diverses manières dont ces deux modalités : soit, les
réseaux se surveillent mutuellement ou se contrôlent (avec une
conséquence positive de protéger les biens, les produits
miniers), soit, certains d'entre eux participent dans les vols organisés
en connivence avec d'autres réseaux internes ou ouverts, ces
réseaux ne visant plus à sécuriser les biens de
l'entreprise.
Les travaux antérieures évoqués ci-dessus
ont traité sur l'exploitation des ressources minières par les
creuseurs dits clandestins, et met en évidence leurs caractère
clandestin de leurs opérations sur les sites miniers. Quant à ce
qui nous concerne, notre objet d'étude se distingue des autres dans le
contexte où nous ne tenons pas seulement des activités qu'ils
effectuent sur la mine d'une manière clandestine, mais également
les formes d'interactions qui se construisent entre les acteurs en vue
d'accomplir leurs besoins financiers ou matériels.
1.3. INSCRIPTION DE L'OBJET D'ETUDE EN CRIMINOLOGIE
Pour Lupitshi Wa Numbi (2019 :
8), « l'objet d'étude envisagé doit trouver une
bonne place dans la discipline d'appartenance, pour notre cas d'espèce
la criminologie. Sinon on peut évoluer hors discipline. Donc le
thème à traiter doit avoir un lien avec la discipline
scientifique dans laquelle on évolue ».
D'une manière générale, la
compréhension et l'élucidation des situations-problèmes
s'inscrivent dans deux paradigmes criminologiques : celui du passage
à l'acte et celui de la réaction sociale.
Dans le premier cas, le crime existe en soi et le point focal
c'est « l'individu ». On l'appelle aussi
« l'étiologie du crime parce qu'il étudie les facteurs
ou les causes de la délinquance du passage à l'acte. Et dans le
deuxième cas, le crime n'existe pas en soi, il est le produit de la
construction juridique.
Notre objet de recherche a une place en criminologie dans le
sens où les pratiques que les acteurs effectuent sur la mine sont
criminalisées par la législation congolaise et par les
règlements internes de l'entreprise MMG. Parmi les pratiques
problématiques nous pouvons citer le vol et recel des substances
minérales, l'achat et la vente illicite des substances minérales,
le transport illicite des substances minérales, la détention des
substances minérales et le vol des autres biens de l'entreprise, des
menaces et des agressions, etc.
En outre la législation minière congolaise
autorise les opérations minières et/ou de carrières qu'aux
seules personnes détentrice d'une carte d'exploitant artisanal dans une
zone minière agrée. (Code minier de 2018, art.5 et art
300-304).
1.4. PROBLEMATIQUE DE LA RECHERCHE
Selon Quivy et VanCampenoudt (1995 : 21-35), nous avons
deux approches d'une problématique : La première consiste
àfaire le point des diverses approches du problème et
élucider leurs caractéristiques essentielles de base.Et la
seconde conçoit la problématique comme le principe d'orientation
théorique de la recherche, elle est l'approche ou la perspective
théorique qu'on décide d'adopter pour traiter le problème
posé par la question de départ.En d'autres termes, la
problématique estl'angle théorique adoptée pour approcher
un objet d'étude, elle constitue le socle théorique de la
recherche.
Pour rendre intelligible les interactions que les acteurs
impliqués entretiennent sur le site minier, nous avons mobilisé
deux approches théoriques que nous avons trouvé pertinentes
à savoir : la grille de l'acteur et le système de MICHEL
Crozier & Erhard Friedberg etla théorie de l'interactionnisme
symbolique selon David Le Breton.
1.4.1. Grille de
l'acteur et le système (Michel Crozier & Erhard Friedberg)
Est acteur tout individu ou groupe d'individu qui participe
à une action.Il est donc engagé dans un système
d'action concret et doit découvrir, avec la marge de liberté
dont il dispose, sa véritable responsabilité (p. 388).
Dans le cadre de notre objet d'étude, l'entreprise
minière MMG est constituée d'une diversité de personnes
(des employés et les contractants), elle est affrontée a des
diverses formes d'intégration des comportements des acteurs tant
internes qu'externes dont chacun a ses objectifs a atteindre. Pour certains
acteurs, particulièrement les creuseurs clandestins, meme s'il faut
changer la manière de faire, le recours à la miniapplication ou
à la négociation(le contrat) avec les agents de
sécurité est un atout fondamental(Crozier et Friedberg,
1977 : 24).
Par cette grille, nous essayons de comprendre que les
relations entre les agents de sécurité et les creuseurs
clandestins sont interdépendante et réciproque ; chaque
personne a une influence sur l'autre étant donné que, d'une part,
les agents de sécurité détiennent le pouvoir
d'accès et de sortie sur la mine et les ressources (biens) qui y sont,
et les creuseurs clandestins ont le pouvoir d'achat et monétaire d'autre
part.Et pour y arriver, ils engagent une coopération et
négociation en vue d'atteindre leurs objectifs. Crozier et Friedberg (P.
204) soutiennent que « les problèmes de coopération (et
donc d'intégration) des acteurs sociaux poursuivant des objectifs
multiples, et d'incertitude liée au caractère
indéterminé des ressources (technologiques, économiques)
seraient redéfinis et résolus en vue de l'amélioration des
résultats. Car il n'y a pas d'actions sans relation ou sans pouvoir.
De ce fait, cette relation n'est possible quesi l'un de membre
d'un groupe dispose des ressources disponibles (possibilités
d'accéder ou de sortir sur la mine que les gardes doivent assurer aux
creuseurs, et la motivation financière que les creuseurs clandestins
possèdent) que chacun dispose pour accomplir ses besoins sans
intermédiaire d'une autre personne mais face à face.C'est dans
cette logique que Crozier et friedberg : (1977 : 65) soutiennent
qu'au cours des interactions entre les acteurs, le pouvoir est une
possibilité pour certains individus ou groupes d'individus d'agir sur
d'autres. C'est une relation d'échange et de négociation entre
les acteurs sur un but qui n'est pas transitive (elle est directe, pas
d'intermédiaire), et qui est réciproque.
En outre, les interactions entre les acteurs internes du site
minier (agents de sécurité et d'autres employés et
contractants de MMG) et les acteurs externes(les habitants des villages
environnants le site minier, en l'occurrence les creuseurs) sont fonction de
quatre sources Crozier et Friedberg (p. 66) énumèrent comme
fondamentales que les acteurs possèdent pour accomplir leurs besoins
matériels ou financiers. Parmi ces sources des interactions nous
avons : 1).La possession d'une compétence ou d'une
spécialité pour les acteurs, 2). Les relations entre
l'organisation et son environnement, 3). Le contrôle de la communication
interne et 4). L'utilisation des règles organisationnelles (les
règles sont en quelques sorte un couloir pour les acteurs d'accomplir
leurs besoins que nous aurons à démontrer dans le résultat
de la recherche).
1.4.2. Théorie
de l'interactionnisme symbolique selon David Le Breton
Selon le Breton (2004 : 46), « la
société est un réseau ouvert de diverses acteurs
collaborant autour d'une activité spécifique et unis par
étroit tissu de relation, il établit une liaison entre les
aspects micro et macrosociologique du fait social. En d'autres termes
l'interactionnisme est un champ mutuel d'influence. Le social n'est pas une
donnée préexistante aux acteurs, mais une mise en forme commune
et un ordre négocié.L'individu est un acteur interagissant avec
les éléments sociaux, il construit son univers de sens à
travers une activité délibérée de donation de
sens ».
La pertinence de cette approche théorique survient dans
le contexte où elle nous permet de comprendre la manière dont
les acteurs mobilisent des ressources disponibles pour réaliser leurs
objectifs sur le site minier.
Pour les agents de sécurité, la
sécurité des biens des biens du client(MMG) et leur protection
contre toutes les menaces est une préoccupation primordiale, et pour y
arriver ils sont obligés dans certaines circonstances à recourir
à la négociation et la coopération avec les creuseurs
clandestins.
Quant aux creuseurs clandestins, lorsqu'ils sont
empêchés d'accéder ou de sortir de la mine, ils font usage
de la manipulation, l'intimidation, la force, la violence, voire la
négociation et la coopération pour atteindre leurs objectifs.
C'est dans cette logique que David Le Breton (2004, 53) pense que
« la négociation formelle ou informelle est une
modalité de l'interactionnisme dans la vie sociale, même si pour
changer les manières de faire de l'autre la séduction, la
contrainte, la manipulation, la force sont toujours disponibles ».
Dans l'autre facette, c'est à travers cette perspective
théorique nous avons compris que dans les des interactions entre les
agents de sécurité et les creuseurs clandestins que nous nous
sommes donné la tache de comprendre, il n'existe d'autres acteurs a
doubles visages qui sont impliqués dans les pratiques
problématiques sur le site minier.Voilà pourquoi l'auteur (P. 52)
estime que les interactions n'englobent pas seulement les acteurs en
coprésence, mais ils englobent une multitude d'autres, invisibles, qui
imprègnent leur rapport au monde.
Le chapitre qui suit est consacré au cadre
méthodologique de la recherche.
CHAPITRE II :DISPOSITIF
METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE
Ce chapitre retrace le processus
méthodologiqueauxquelsnous étions soumis pour récolteret
analyser les données sans élucider. Il comprendcinq sections
à savoir :
1. L'approche qualitative et la démarche
inductive ;
2. La présentation du champ d'investigation ;
3. La constitution de l'échantillon ;
4. Les techniques de recueil et d'analyse des
données ;
5. La dimension éthique de la recherche ;
6. Les difficultés rencontrées et les
stratégies de contournement
SECTION
1 : APPROCHE QUALITATIVE ET LA DEMARCHE INDUCTIVE
Cette étude s'inscrit dans une démarche
inductive et l'approche qualitative.La démarche inductive consiste
à partir du travail de terrain (l'empirisme) pour remonter
jusqu'à la formulation des stéréotypes d'ancrages qui
puissent rendre intelligible les faits qu'un chercheur se propose
d'étudier.Becker (2002 : 303) note que la démarche inductive
semble être une démarche adaptée pour le traitement des
questions de recherche qui ont trait aux processus des faits, en l'occurrence
lesinteractions entre les agents de sécurité et les creuseurs
clandestins dans le site minier de MMG/Kinsevere que nous proposons d'analyser
dans la présente étude.
En ce qui concerne l'approche qualitative, Ngoie Mwenze
(2009 : 6) estime que cette dernière s'inscrit dans une
démarche inductive, « c'est-à-dire qu'elle cherche à
explorer le réel, sans hypothèses de départ fortes, avec
seulement un thème d'enquête, mais sans présupposés
sur les résultats ». C'est dans le même contexte que Livian
(2015 : 41) pense que l'approche qualitative a pour but d'observer ou de
faire parler de plus près les individus, les discours, les
témoignages, une expérience ou un phénomène social
qu'il s'agit de reformuler et d'expliquer.
De tout ce qui précède, notre démarche
méthodologique a consisté à ne pas partir des
hypothèses sur les interactions entre les agents de
sécurité et les creuseurs clandestins dans le site minierde
MMG/Kinsevere. La réalisation de cette démarche s'est
effectuée en trois étapes :Nous avons commencé
premièrement par l'exploration du site de recherche qui nous a permis de
nous informer le mieux possible auprès des
«personnes-ressources » sur la question à
étudier.
Ensuite,nous avons cherché à approcher les
perspectives des acteurs au moyen des techniques de recueil des
donnéesprécis ( L'entretien semi-directif et l'observation
directe) et les outils de recueil des données ( La grille d'entretien et
la grille d'observation) qui nous ont facilitéd'observer ou de parler
et d'approcher de plus près les personnes-ressources en vue d'avoir
accès aux données en rapport avec notre thématique.
Et enfin nous avons progressivement construit des
stéréotypes d'ancrageà partir des données
empiriques susceptibles de rendre intelligibles le rapport ou les interactions
entre les creuseursclandestins et les agents de sécurité dans le
site minier de MMG/Kinsevere.
SECTION 2 :
PRESENTATION DU CHAMP D'INVESTIGATION
Le champ d'étude renvoie au terrain, le thème
d'étude en criminologie doit nécessairement renvoyer à un
terrain. Le terrain peut être entendu comme un lieu, un cadre, un milieu
ou un espace, une institution d'observation pour le recueil des données
sur un objet d'étude (Lupitshi Wa Numbi, 2018-2019 : 39).
En effet, tout travail qui se veut scientifique doit avoir un
cadre géographique dans lequel se bornent ses activités, c'est
ainsi que pour bien préciser le cadre d'étude de notre travail,
nous nous sommes fixés des limites tant spatiales que temporelles.
Ø Délimitation spatiale
Notre objet d'étude étant l'analyse et la
compréhension des interactions entre les agents de
sécurité et les creuseurs clandestins au site minier
deMMG/Kinsevere, le site de notre recherche est l'entreprise d'exploitation
minière de MMG/Kinsevere, une société minière
privée traitant des métaux de base, située à 30 Km
de la ville de Lubumbashi à Kinsevere.
Ø Délimitation
temporelle
Du point de vue temporel, il s'agit de limiter le sujet dans
le temps. Donc notre étude s'étend sur une période allant
du 27 Juin au 27 aout 2019, la période à laquelle nous avons eu
à récolter les données sur le terrain.
2.1. Aperçu historique de
MMG/Kinsevere
MMG/Kinsevere est uneminede cuivre de haute teneur
située dans la province du Haut-Katanga à Kinsevere, à
environ 30 Km de la Ville de Lubumbashi.
Sur le plan historique, le périmètre minier de
KINSEVERE comprend trois gisements nommés comme suit : (du
nord au sud) : MASHI, TSHIFUFIA et LUNSEBELE. Ces trois localisations
donneront les noms de Mashi-Pit, Central Pit et Kinsevere Hill.
Les projets de KINSEVERE onta été un
investissement plus important d'Anvil Mining Copper Kinsevere (AMCK) en RDC,
actuellement dans les mains de Minerals and Metals Group (MMG) depuis 2012. Son
siège se trouve en Australie (Melbourne).
La première phase du projet incluait une
opération de mine à ciel ouvert et une usine de séparation
en milieu dense (H.M.S). La seconde phase étant d'actualité, est
une usine d'extraction par solvant et d'électrolyse (SX-EW) d'une
capacité de 60.000 tonnes de cuivre par an. Le premier cuivre cathodique
était produit le 04 mai 2011.
2.2. Les valeurs de
MMG/Kinsevere
MMG/Kinsevere prône ces valeurs :
· La sécurité : la
sécurité d'abord, elle est l'épicentre de toutes les
valeurs.
· Le respect : respect des droits de l'homme
· Le travail en équipe ; MMG travaille en
collaboration avec tout le monde sans discrimination raciale et ethnique.
· L'intégrité : il fait ce qu'il
dit.
· Faire toujours mieux(le progrès).
2.3.MMG/Kinsevere et les Droits de
l'Homme
Etant membre des « principes volontaires de la
sécurité et des Droits de l'Homme (en anglais :
VolontaryPrinciple of the Security and Humans Right, UPSHR en sigle),
MMG/Kinsevere s'engage à respecter et soutenir les droits de l'homme.
L'entreprise veut à ce que ses pratiques commerciales respectent les
droits humains et soutiennent l'éducation, la formation et le plaidoyer
pour que les autres en soient capables aussi. Ces principes des droits de
l'homme sont une ligne de conduite que les entreprises multinationales prennent
en compte pour leurs fonctionnements en vue d'être
sécurisées dans les investissements.
Les moyens pratiques auxquels MMG s'engage à respecter
les droits humains comprennent :
· L'assurance des conditions de travail sûres et
équitables;
· Le respect de la liberté individuelle et la
sécurité;
· L'investissement dans de bourses et des mises à
niveau pour les écoles dans les villages environnants Kinsevere pour
permettre aux enfants de fréquenter l'école.
· Non à la maltraitance, la torture en cas
d'arrestation d'un employé, contractant ou d'une autre personne
étrangère.
2.4. Département de la sécurité
MMG/kinsevere
Pour faire face à des divers cas d'intrusion des
inciviques et à toutes formes de déviance, MMG/Kinsevere
travaille en synergie avec d'autres institutions sécuritaires publiques
et privées telles que : la société de gardiennage
Group 4 Securicors (G4S), et la police des mines dans l'objectif de
sécuriser la concession minière.
Section 3 :
CONSTITUTION DE L'ECHANTILLON
Lupitshi Wa Numbi (2009 : 131) fait remarquer que quel
que soit le type de recherche que l'on effectue, la question de
l'échantillonnage constitue toujours un problème fondamental dans
toute recherche où l'enquêteur ne sait pas atteindre l'ensemble de
la population soumise à l'étude. Les enquêtés
sélectionnés et interrogés constituent un
échantillon quelle que soit la manière dont ce groupe peut
être désigné. Les questions fondamentales mais, qu'on
jugerait, peut-être, banales, méritent d'être posées
: Qui va-t-on interroger et pourquoi ? Qui va-t-on exclure et pourquoi ?
Où va-ton trouver les sujets de l'enquête ?
Comme le notent Alami et al,cité par Ngoie Mwenze
(2009 : 80), « les critères de sélection des personnes
à rencontrer n'ont donc pas pour objectif la
représentativité de la population mais la recherche de leur
significativité sociale, les variables d'appartenance ayant peu de sens
à l'échelle micro-sociale où l'effet de situation est
dominant ».
Dans le cadre de ce travail, notre échantillon est du
type qualitatif car nous ne mettons pas l'accent sur la quantité des
acteurs mais sur leur qualité, c'est pourquoi sa construction s'inscrit
dans la logique de la saturation. Dans ce type d'échantillon, on
distingue les échantillons par cas unique qui peuvent se traduire par un
site particulier ou une personne et des échantillons par cas multiples.
En se focalisant sur la catégorisation des échantillons
établie par Pires (1997 : 20), nous optons pour l'échantillon par
cas multiple qui, selon Depelteau, cité par Ayule (2018 : 33),
« permet de repérer et de sélectionner les acteurs
pertinents impliqués dans le phénomène sous-étude
».
Concernant la diversification, Charlier et Van Campenhoudt
(2014 : 94-97) soulignent ceci : « afin que les résultats de
la recherche soient plus significatifs, pertinents et efficaces du point de vue
de la compréhension sociologique, le chercheur doit construire un
échantillon des personnes les plus diversifiées
possibles ».
Le principe de diversification nous a facilité de faire
une différence sur les profils des personnes-ressources (acteurs) en
tenant compte de leur l'âge, de leur sexe, de leur fonction et de la
durée.
Quant à la saturation : l'on distingue la saturation
théorique et la saturation empirique ; la première s'applique
plus aux données elles-mêmes, ou aux aspects du monde empirique
pertinents pour l'analyste, qu'aux propriétés des concepts en
tant que telles. Tandis que la seconde, elle apparaît lorsque le
chercheur constate que les dernières informations recueillies
n'apportent plus des valeurs significatives par rapport à celles
recueilles précédemment. Tout entretien supplémentaire
n'apporte plus guère de nouvelle connaissance. Dès lors, le
chercheur peut décider de mettre fin aux entretiens.
Ce principe s'est appliqué à cette recherche
dans le contexte où la récolte des données s'est
clôturée avec la saturation empirique, c'est-à-dire les
nouvelles données recueillies n'apportaient plus de nouvelles
informations sur notre recherche.
Partant de notre recherche, nous avons réalisé
le choix de l'échantillon après avoir ciblés une trilogie
d'acteurs pertinents sur le terrain. Entre autre les agents de
sécurité (G4S), les creuseurs clandestins et les employés
et les contractants de MMG/Kinsevere.
SECTION
4 :TECHNIQUES DE RECEUIL ET D'ANALYSE DES DONNEES
4.1.
Récolte des données
Cette partie du chapitre comporte les outils de collecte des
données et les techniques de recueil des données.
4.1.1. Les outils de collecte
des données
Nous avons recouru à deux outils de collecte des
données qui nous ont permis de recueillir des données : le guide
d'entretien et le guide d'observation.
4.1.1.1. Le guide d'observation
Selon Alami et al, cités par Ngoie Mwenze (2009 :
81), « la guide d'observation est définicomme un outil pour
saisir les pratiques. Elle permet de recenser les éléments
factuels importants pour le sujet traité : lieu de la pratique,
personnes présentes, interactions, gestes effectués,
etc.».
Dans cet optique, la première des choses que nous avons
pu faire lorsque que nous étionsadmis au sein de l'entreprise
MMG/Kinsevere pour effectuer notre stage de recherche ; nous avons
commencé par une visite du site minier au cours duquel notre guide
contenait des éléments suivants : les postes d'observation,
les angles d'observation, les biens observés, les heures d'observation,
la durée d'observation, et les notations d'observation.
a. Les postes d'observation
Nous avons effectué des descentes dans les
différents postes sur le site minier en vue d'observer les endroits par
où les creuseurs clandestins passent pour accomplir leurs
opérations. Entre autreau secteur mine (puits central), des remblais,
des bassins d'acides, le secteur trench (tranchée), etc.
En outre, il sied de noter que les postes observés sur
le site minier MMG/Kinsevere sont codifiés par l'alphabet international.
Nouspouvons citer Charly whisky (car Wash), Radar one et two, tango one...tango
six (Tsf : bassin de rejet d'acides), Fox ecko alpha (fuel : agreko),
Siéra delta (social et développement), Victor golf (village guet,
oscar Charly one...6 (le camp des opérations), etc.
b. Les angles d'observation
Comme nous venons de le souligner précédemment,
nous avons effectué des descentes dans les différents postes sur
la concession minière Kinsevere en vue de voir de plus près les
endroits où les creuseurs clandestins effectuent leurs
opérations. Et y arriver, comme il existe certains endroits sur le site
minier où il n'y a pas la possibilité d'arriver à la zone
d'action, particulièrement dans le secteur des mines ; d'où
nous faisons recours à l'utilisation des « drones »
et le logiciel « Google Eath Pro » en vue d'identifier la
zone où les câbles ou d'autres biens ont été
emporté et les couloirs où les creuseurs clandestins passent pour
accéder dans la mine. L'utilisation de drone peut exiger une descente
sur le terrain une descente sur le terrain, c'est-à-dire dans le secteur
d'actions.
c. Le temps d'observation
En termes de timing, généralement les
observations des différents postes et biens sur le site minier se
sontréalisées nos observations pendant la journée.
d. Les biens observés
Nous avons vu différents biens de MMG que les creuseurs
clandestins emportent et vandalisent lors de leur passage dans la mine; entre
autre les sacs des minerais, des câbles électriques, des tapis de
cuivre, des batteries de camion, des véhicules vandalisés, etc.
e. La durée d'observation
La durée d'observation allait de 5 à 10 minutes
dans chaque endroit ciblé pour observer. Et cela dépendaitde la
disponibilité des inspecteurs qui seront dans les opérations
sécurités (ronde et patrouille).
f. Les notations d'observation
Lors des opérations sécuritaire et les
investigations en cas d'une intrusion ou d'un incident sécuritaire sur
le site minier, nous étions munis d'un carnet des notes dans lequel nous
mentionnons les besoins et incident dans chaque, les biens emportés par
les creuseurs clandestins, etc.
4.1.1.2. Le guide d'entretien
En effet, pour avoir accès aux données
empiriques en rapport avec notre objet de recherche, nous avons
procédé de prime à bord à l'élaboration d'un
guide d'entretien constitué de la consigne de la recherche et les
relances avant de rencontrer les enquêtés. Blanchet et Gotman
(2007 : 78-80) estiment que chaque entretien est constitué de deux
grandes parties la consigne et les relances.
- La consigne est une intervention visant
à définir le thème du discours des interviewés,
c'est-à-dire la reformulation du thème principal de la recherche
d'une façon simple et compréhensive sous forme d'une question
indirecte afin de permettre à l'interviewé de fournir des
informations fiables sur l'objet d'étude. Notre consigne était
formulée comme suit : « Jevoudrais que vous meparliez sur
les relations entreles agents de sécurité et les creuseurs
clandestins sur le site minier de MMG/Kinsevere».
A partir de cette consigne, nous l'avons reformulé de
la manière suivante :
· « Voudriez-vous meraconter sur le
fonctionnement de la sécurité dans le site minier de
MMG/Kinsevere »,
· « J'aimerais que l'on parle de la
manière dont les produits miniers de MMG/kinsevere sortent del'usine
(par exemple : comment les creuseurs clandestins mobilisent les
stratégies pour accéder et sortir dans le site
minier ?...) ».
- Les relances sont les
sous-thèmes de la recherche. Ngoie Mwenze (2009 : 82) note que les
relances viennent à la rescousse pour maintenir l'élan de
l'entretien, préciser les faits racontés ou poursuivre le
discours (en abordant d'autres sous-thèmes).
A partir de la consigne principale,nous avons formulé
quelques sous-thèmes qui nous ont permis de relancer lors des entretiens
avec l'enquêté. Entre autrela nature des interactions, les autres
acteurs impliqués, les pratiques observables, les stratégies ou
les méthodes des acteurs, les enjeux des pratiques, l'impact des
pratiques, les représentations sociales acteurs, etc.
4.1.2.
Techniques de recueil des données
Selon Loubet del Bayle (2000 : 52), « Les
techniques retenues sont en fonction de leur efficacité, en choisissant
celles qui permettront au chercheur de collecter les informations les plus
pertinentes pour atteindre l'objectif fixé, en tenant compte de la
quantité et de la qualité des informations qui pourront
être recueillies et de leur adéquation au terrain et au but de la
recherche ».
Sur ce, nous avons recouru aux deux techniquesde recueil des
données à savoirl'observation directeet l'entretien
semi-directif.
4.1.2.1. L'observation directe ou in situ
Pour Loubet del Bayle (2000 :
40) : « l'observateur doit être le photographe des
phénomènes, son observation doit représenter exactement la
nature. Il faut observer sans idée préconçue ; l'esprit de
l'observateur doit être passif, c'est-à-dire se taire ; il
écoute la nature et écrit sous sa dictée ».
Selon Ngoie Mwenze (2009 :85), l'observation directe ou
in situou en situation « consiste à être le témoin des
comportements sociaux d'individus ou des groupes dans les lieux mêmes de
leurs activités ou de leurs résidences sans en modifier le
déroulement ordinaire ».
Le contexte dans lequel nous évoluons, le contact
direct sans intermédiaire nous a paru une meilleure voie pour
acquérir une connaissance des faits et comportements des acteurs
entendus comme des sujets ayant certaines prétentions.
4.1.2.2. L'entretien semi-directif
Pour Blanchet et Gotman(2001 : 27),
« l'enquête par entretien est ainsi particulièrement
pertinente lorsqu'on veut analyser le sens que les acteurs donnent à
leurs pratiques, aux évènement dont ils ont pu être
témoins actifs, lorsqu'on veut mettre en évidence le
système des valeurs et les repères normatifs à partir
desquels ils s'orientent et se déterminent ».
Au cours de cette étape Dargent (2011 : 122)
conseille au chercheur de faire preuve d'empathie, c'est-à-dire
s'efforcer de comprendre le point de vue de la personne avec qui il
s'entretient, de façon à l'encourager à l'exprimer. Il
doit créer un climat de confiance. Mais il ne doit évidemment pas
aller jusqu'à approuver pour autant les opinions qu'il recueille, ni
à l'inverse faire transparaître un jugement négatif :
il ne doit jamais laisser apparaître ses opinions personnelles.
Dans ce contexte, c'est au moyen de notre grille d'entretien
que nous avons eu l'intérêt d'interagir et d'échanger avec
les enquêtés facilement. La pertinence de cette
démarche survient dans le sens où nous n'avons pas
procédé à élaborer un modèle de
questionnaire ou à poser les questions directes aux interviewés,
mais plutôt à partir de notre consigne principale ; qui nous
a aidé d'entrer en conversation avec nos enquêtés tout en
les accordant une marge de liberté possible pour y répondre. A
partir du discours, les paroles et les gestes que les
enquêtésmanifestaient nous avons pu relancer d'autres formulations
des questions.
Ainsi, pour réaliser nos entretiens nous nous
fixé les points suivants : le lieu d'entretien, la durée
d'entretien, la langue d'entretien et le ombre d'entretien.
a. Lieu
d'entretien
Pour entretenir avec les creuseurs clandestins, nous allions
au niveau des villages(poteau 93, Kilongo, Kiswishi, etc.). Outre au niveau des
villages, après chaque prestation, nous nous rendions aux alentours de
la tranchée où nous nous croisions avec les creuseurs clandestins
en cours de route.
En ce qui concerne les agents de sécurité, la
majorité d'entretiens se sont réalisé dans le site minier,
et d'autres nous prenions de rendez-vous à la cité.
b. Temps d'entretien
Les entretiens avec les personnes-ressources se sont
réalisés pendant la journée et cela dépendait du
programme de nos encadreurs.
c. La durée d'entretien
Nos entretiens avec les personnes-ressources prenaient au
moins20 à 30 minutes.
d. Langue d'entretien
En termes de la langue nous avons réalisé nos
entretiens avec la plupart d'entre eux en français et d'autres en
swahili. D'où nous étions obligé d'utiliser le Swahili et
le français dans nos entretiens sur le terrain afin de mener bien notre
recherche étant donné que c'est sont eux qui pourront nous
permettre de récolter des données fiables relatives à
notre objet de recherche.
e. Nombre d'entretien
En général nous avons realisé
vingt-quatre (24) entretiens dont douze(10)avec les agents de
sécurité, huit(8) entretiens avec les creuseurs clandestins, deux
(2) entretiens avec les membres du département de l'environnement,
l'hygiène et la sécurité (HSE) et quatre (4) entretiens
avec quelques membres du département de sécurité.
4.2.
Analyse des données empiriques
Dans ce travail, pour analyser les données
récoltées, nous avons choisi la technique d'analyse
thématique. Selon Paillé et Mucchielli (2012 : 232),
l'analyse thématique a deux fonctions principales : la première
concerne le travail de saisie de l'ensemble des thèmes d'un corpus. La
tâche est de soulever tous les thèmes pertinents, en lien avec les
objectifs de la recherche à l'intérieur du matériau
d'étude. Et la seconde concerne la capacité de tracer des
parallèles ou de documenter des oppositions entre les thèmes. Il
s'agit en somme de construire un panorama au sein duquel les grandes tendances
du phénomène vont se matérialiser dans un schéma.
Dans ce cadre, pour réaliser cette analyse
thématique, nous avons scindé en morceaux les discours des
enquêtés en morceaux qui cadrent avec des thèmes, voire des
sous thèmes. Lorsque les thèmes ont été
établis nous les avons regroupés et ont donné un sens.
Voici les thèmes et les sous-thèmes qui ont
été identifiés :
LES THEMES
|
LES SOUS-THEMES
|
1. Les natures des interactions
|
La posture positive (interaction conflictuelle ou
problématique),
La posture négative (interaction de fraternité
ou de solidarité)
|
2. Les acteurs impliqués dans les interactions
|
Les acteurs à doubles visage
|
3. Les pratiques problématiques sur le site miner
MMG/Kinsevere
|
Les situations-problèmes criminalisées sur le
site minier,
La description des pratiques,
|
3. Impact des pratiques
|
Environnemental, Economique, Socioprofessionnel et atteinte
à la dignité humaine.
|
4. Stratégies des acteurs
|
Les stratégies des creuseurs clandestins et les
stratégies des agents de sécurité
|
5. Les enjeux des pratiques
|
Enjeux règlementaires et les enjeux
économiques
|
6. Les représentations sociales des acteurs
|
les représentations sociales des agents de
sécurité à l'égard des creuseurs clandestins et
vice-versa),
|
SECTION
5 : LA DIMENSION ETHIQUE DE LA RECHERCHE
La recherche exige au criminologue le respect de la personne
humaine, considérée comme finalité et jamais seulement
comme moyen. Pour Akoun et Ansart (1999) cités par (2018-2019 :
14), cette exigence éthique doit être observée en faisant
attention au fait que le chercheur doit s'assurer après avoir obtenu le
consentement éclairé des enquêtés...et de la
confidentialité des données recueillies.
Nous avons fait face aux exigences éthiques et
déontologiqueslors de la récolte des données sur le
terrain parmi lesquelles nous avons fait recours aurespect de la personne
humaine envers les enquêtés.
L'exigence éthique du respectde la dignité de la
personne humaine, se précise comme une exigence de la promotion mutuelle
des personnes. Il ne s'agit pas de la tendance à utiliser autrui pour
s'approprier seul les richesses du monde matériel, mais il s'agit de
s'investir pour la promotion et la valorisation mutuelle des personnes.
Lors de la collecte des données sur le terrain, nous
avons rencontré diverses personnes, nous n'avons pas tenu compte de leur
différence mais, au nom de la dignité de la personne humaine nous
respections tout le monde sans distinction de la couleur de peau, de la tribu,
de l'ethnie ou encore du niveau social auquel appartient
l'enquêté. Nos enquêtés ont accepté de nous
fournir des informations pertinentes en rapport avec notre objet, et à
notre tour nous leur avons donné la promesse de respecter l'anonymat et
toute consigne liée à la dignité de leur
personnalité sans pour autant modifier les données.
SECTION
6 :LES DIFFICULTES RENCONTREES ET LES STRATEGIES DE CONTOURNEMENT
La première difficulté que nous avons
rencontrée est d'ordre technique; avec la casquette de criminologue,il
ne nous a pas été faciled'interagir avec nos
enquêtés, en l'occurrence les creuseurs clandestins et les agents
de sécurité qui nous considéraient comme des espions ou
des agents de renseignement pour leslivrer aux mains des autorités de
MMG afin qu'ils soient arrêtés ou sanctionnés. D'où,
nous étions obligé de partir au niveau du village en tenue de la
cité pour interagir avec les creuseurs clandestins (des fois nous
étions soumis à des conditions telles que : payer la boisson
alcoolique, la cigarette, etc.). Sans ces conditions aucun creuseur clandestin
ne pouvait accepter de répondre aux questions.Ou encoredans certains cas
prendre rendez-vous à partir de téléphone avec les agents
de sécurité afin de s'entretenir avec eux en dehors du site
minier, parce qu'ils avaient peur d'être sanctionné par leurs
chefs au cas où ilsdonnaientdes informations.
La deuxième difficulté est relative à la
distance; le site d'exploitation minière MMG/Kinsevere étant
éloigné presqu'à 30 Km de la ville de Lubumbashi, nous
étions obligé de parcourir de longues distances à bord des
véhicules, à bord des motos dans le cas nous manquons le
bus.Voire des longues distances à piedspour atteindre les
enquêtés.
Malgré les difficultés auxquelles nous
étions butés, nous ne nous sommes pas découragé;
nous les avons surmonté en persuadant nos enquêtés que nous
n'étions pas des détectives.
CHAPITRE III : RESULTATS DE LA
RECHERCHE
Ce chapitre est consacré au résultat de notre
recherche empirique. Il est structuré en quatre sections :
1o. La nature des interactions ;
2o. Les acteurs impliqués,
c'est-à-dire les acteurs apparents et non apparents ;
3o. les pratiques observables ;
c'est-à-dire la description des pratiques, leurs impacts et les
stratégies adoptées tout autours ;
4o. Les représentations des
acteurs.
SECTION 1. NATURE DES
INTERACTIONS
Les observations faites sur le terrain font état
d'énormesdifficultés que rencontrent les gardiens pour
sécuriser les biens de l'entreprise ; soit de respecter les
règles et les consignes de sécurité soit emprunter
d'autres voies illégitimes pour protéger les biens et les
personnes de ladite entreprise étant donné que les creuseurs
clandestins accèdent sur la mine avec des menaces.
Ainsi, répondant à la question de savoir comment
les agents de sécurité entretiennent leur rapport avec les
creuseurs clandestins surle site minier, les points de vue des gardes sont
diversifiés ; les uns font recoursau respect des normes et les consignes
sécuritaireset les autres font appel au d'autres voies non
institutionnalisées.
Sur ce, nous avons épinglé deux postures par
lesquelles les gardes font recours lorsqu'ils sont en confrontation avec les
creuseurs clandestins sur le site miner. Il s'agit de la posture positive qui
donne naissance à des interactions problématiques ou
conflictuelles, et la posture négative qui donne naissance à des
interactions de solidarité ou de fraternité.
Commençons par la posture négative que la
plupart des gardes trouvent comme la plus pertinente.
1.1. La posture négative
Cette posture consiste pour les gardiens à recourir
à d'autres normes non institutionnelles et officielles pour
remédier à des situations-problèmes auxquelles ils font
face malgré la rigueur des règlements officiels. C'est dans cette
perspective que Agnew,cité par Gariepy (1947 : 81) souligne ce qui
suit : « lorsque les voies légitimes du succès et de
la réussite paraissent bloquées, il en résulte chez
l'individu un état de tension qui peut dégénérer en
comportements illicites. Certains individus choisissent alors de se joindre
à des pairs délinquants qui partagent leurs valeurs et de rejeter
la société qui, à leurs yeux, ne les accepte pas ».
Donc, elle fait appel à la fraternité ou la solidarité
comme mode de régulation des problèmes.
· L'interaction de fraternité ou de
solidarité
C'est donc le soubassement des interactions de
solidarité ou de fraternité. Elle fait allusion à la
déviation des normes et des consignes générales. Cette
forme d'interactions est l'une des modalités que les agents mobilisent
comme un mécanisme de la gestion des risques lorsqu'ils font face aux
creuseurs clandestins.
Cette analyse repose sur les propos d'un agent de
sécurité KILO qui s'est exprimé en ces termes :
« Certains officiers qui n'ont pas de bonnes
manières de communiquer avec les creuseurs ont risqué de perdre
leur vie, l'autre a été tabassé à demi-mort :
quand les creuseurs l'avaient surpris dans son poste, il avait pris la radio
pour communiquer à Québec, les creuseurs l'avaient vu alors ils
l'ont tabassé jusqu'à perdre connaissance. Je
préfère communiquer très bien avec les creuseurs
malgré les exigences de la sécurité mais cela avec trop
des souplesses et des tactiques sinon vous risquez d'aller à Kipushi
».
Donc, partant de cet extrait d'entretien, nous comprenons que
lorsque les agents de sécurité sont conformistes aux
règles sécuritaires, cela crée des conflits avec les
creuseurs clandestins. D'où, au cas où ils font face à ces
derniers, ils manifestent un bon sens et meilleure façon de communiquer
de peur qu'ils ne soient pas tabassés.
1.2. la posture positive
La posture positive fait référence au respect
des normes et des consignes générales par l'officier de
sécurité. Elle engendre les interactions conflictuelles et
problématiques avec les creuseurs clandestins. Celle-ci donne naissance
à des interactions problématiques ou conflictuelles.
Cette analyse repose sur les propos de l'agent de
sécurité KILO qui s'est exprimé en ces termes :
« Vous pouvez être sur votre poste seul,
brusquement vous voyez un groupe des creuseurs qui viennent vers vous avec des
barre des mines, des bèches, etc en vous disant :
« officier, tunata kutoka na bintu bietu, kuya tu coopérer,
kama unakatalatutakupika »(officier, viens qu'on coopère, nous
voulons sortir avec nos biens, si tu refuses on va te frapper), si vous
hasardez d'appeler le contrôle room et qu'ils découvrent,
ah !!!! Paleamutapana nabo(il y aura mésententes avec eux)
».
Lorsqu'un agent de sécurité est
catégoriquement conformiste ou lorsqu'il manifeste un refus à la
demande des creuseurs clandestins, cela crée des conflits entre les
acteurs. D'où, les creuseurs clandestins font recours à la force,
à la violence, aux agressions et aux menaces sur les gardes.
Quant à KEKEle creuseur, il nous a éclaircis en
ces termes :
« Unona umu mu usine pa kutoka na matiere peko
kaji baba, unayuwa vile ka sac ka minerais kanapezaka ?, Waza ata weye,
urieke tout pa fuashi yangu, unatoka na sac ya minerais depuis ku usine
pakufika karibu na ku nyumba ba garde bana ku bloquer, rho inaumakamubaya sana,
njo pale n'tafania kilekiote minapenda kumufania : ni kuba pika
».
Ce qui veut dire en français :
« Tu vois pour sortir avec le sac des minerais
de la mine ce n'est pas moindre, tu sais comment un petit sac des minerais
pèse ? Mets-toi seulement à ma place ; imagine toi tu
quittes avec ton sac depuis l'usine, arrivée tout près de la
maison le garde te bloque, ça fait très mal au coeur. A ce
moment-là la solution je vais lui faire tout ce que je peux : le
frapper ».
Pour les creuseurs clandestins rencontrés sur le
terrain, le recours à la force, à la violence, aux agressions et
aux menaces sur les gardes qui les empêchent d'accéder sur la mine
constitue un remède pour accomplir leurs besoins sur le site minier.
SECTION 2 :ACTEURS IMPLIQUES
DANS LES INTERACTIONS
Parmi les acteurs impliqués dans les interactions sur
le site minier nous avons les agents de sécurité, les creuseurs
clandestins et les policiers de la police des mines et de la légion
nationale d'intervention. Au-delà de ce qui précède, nous
avons avons également les acteurs à doubles visage ;
c'est-à-dire ceux qui sont indirectement impliqués dans les
interactions entre les agents de sécurité et les creuseurs
clandestins. Entre autre les employés et les contractants de MMG, les
journaliers dits« casuals ». Commençons par les
agents de sécurité.
2.1. Les agents de
sécurité
La société de gardiennage Group 4 Securicors est
la seule qui est mandaté par l'entreprise MMG pour sécuriser la
concession minière. Ils ont pour but comme Maurice Cusson (2011 :
187) l'indique : « la sécurité a pour but de
retarder d'interdire l'accès à toutes les activités
internes et externes non autorisées, de détecter et
évaluer les intrusions et de neutraliser les malfaiteurs ainsi que pour
limiter l'entrée de la plupart des personnes non
autorisées ».
Selonles règles déontologiques de MMG et de G4S
qui régissent la sécurité ; les agents de
sécurité ne peuvent pas interagir ou se familiariser avec les
creuseurs clandestins, quiconque sera surpris en relation ou en
complicité avec ces derniers est sanctionné selon le code
administratif, si c'est le cas de vol simple ou en complicité avec les
creuseurs clandestins par exemple, il sera transféré au parquet
de Kipushi.
2.2. Les policiers de la police des mines et de la
légion nationale d'intervention
Conformément l'ordonnance loi N°72/031 DU 13
juillet 1972 qu'attribue la mission et l'ordonnance, Loi N°72/041 DU 30
Aout 1972 qui attribue la mission de l'ancienne police a la gendarmerie,
spécialement dans ses articles 2 et 14, police nationale congolaise joue
à la fois préventif et répressif. Elles s'exercent dans le
cadre de la surveillance du territoire et de la sécurisation de la
population. Elle a pour mission de prévenir les troubles à
l'ordre public et les infractions, de constater celles-ci, d'en rassembler les
preuves, d'en rechercher et d'en identifier les auteurs et de les
déférer devant l'autorité judiciaire compétente,
déférer avec promptitude à toute réquisition
légale de ces autorités, etc.
En effet, dans la perspective de la criminalité en
concert entre acteurs internes et externes, se classent aussi les policiers de
la police des mines et de la légion nationale d'intervention qui sont
aussi impliqués également dans les pratiques déviantes en
connivence avec les creuseurs clandestins et les agents de
sécurité. Avec l'émergence du
concept « crise », Certains policiers lorsqu'ils sont
déployés dans un poste, ils font appel aux creuseurs clandestins
à partir de téléphone quand ils ont besoin d'argent.
Au-delà des appels, ils font l'abandon de poste pour aller chercher les
creuseurs clandestins au niveau du village afin que ces derniers viennent
accéder dans la mine.
2.3. Les acteurs à
contrôler : les creuseurs clandestins
Dans le cadre de l'exploitation artisanale,
« l'article 5 du règlement minier congolais de 2018 autorise
toute personne morale à se livrer à larecherche ou à
l'exploitation non artisanale des substances minérales sur toute
l'étendue du territoire national, à condition qu'elle soit
titulaire d'un droit minier et/ou de carrières en cours de
validité accordé par l'autorité
compétente... ».
Ainsi, à travers nos enquêtes sur terrain, nous
avons réalisé que les acteurs ne sont pas des creuseurs
proprement dits ; dans le sens où ils ne possèdent pas des
cartes d'exploitants miniers et ils effectuent leurs opérations
d'exploitation artisanale dans une concession minière privée. Ils
peuvent être appréhendés comme un phénomène
classique des bandes ou d'associations des malfaiteurs qui se font et
défont au gré des opportunités (Kanteng,2017 :10).
Selon Ngoie Mwenze (2009 : 170-171), les clandestins sont
des gens qui pénètrent, sans aucun droit, dans un site minier. A
leur passage, ils emportent tout ce qui peut leur être utile. Ils ont,
pour ressource vitale, les biens de cette entreprise.
De toutes les idées qui précèdent, les
individus qui accèdent sur la concession minière de MMG sont des
« creuseurs clandestins » parce qu'ils
pénètrent en cachette dans une zone minière privée
et ne possèdent pas d'autorisation d'exploitation des ressources
minières. Pire est de constater que lorsqu'ils pénètrent
sur la mine, ils ne se limitent pas à l'exploitation des ressources
minières, ils se donnent à des pratiques telles que le vol des
câbles électriques en cuivre, le tapis HDPE, les batteries des
camions, les panneaux électriques, les menaces et les agressions, les
actes de vandalisme, etc.
Parmi les creuseurs clandestins figurent les autochtones de
villages environnants la mine, les opportunistes qui viennent d'ailleurs (des
autres sites ou d'autres villages ou encore de quartiers urbains) et les
enfants mineurs.
2.4. Les
acteurs à double visage
Comme Le Breton (2004 : 52) l'estime : «
l'interaction n'englobe pas seulement les acteurs en coprésence, mais
une multitude d'autres, invisibles, qui imprègnent leur rapport au
monde ».Sur ce, outre les creuseurs clandestins et les agents de
sécurité, Il existe aussi des acteurs invisibles qui participent
indirectement aux pratiques informelles sur le site minier à travers
d'autres acteurs. Car le crime n'est pas l'oeuvre d'une seule personne, mais
plutôt d'une chaîne d'individus qui se font et défont au
gré des opportunités. Il s'agit des employés et des
contractants de MMG, des journaliers dits « casuals ».
ü Les employés et les contractants de
MMG
Les travailleurs et les employés de l'entreprise MMG
qui, souvent lorsqu'ils ont besoins de tel bien de l'entreprise, font recours
aux creuseurs clandestins en leurdonnant de l'argent afin de s'accaparer de
biens dont ils ont besoin. Dans ce contexte, les creuseurs clandestins sont
instrumentalisés par certains groupes d'individus afin de
réaliser leurs ambitions matérielles ou financières. Ces
opérations se font par l'intimidation et la corruption des agents de
sécurité pour qu'ils ne puissent pas empêcher les creuseurs
d'accéder ou de sortir. Il ya une synergie de coopération entre
certains agents et/ certains contractants de MMG avec les creuseurs
clandestins ; car pour certains acteurs interviewés estiment qu'il
n'y a que ceux qui sont dedans qui peuvent donner des informations possibles du
site à ceux du dehors.
Par rapport à la complicité des agents de MMG
avec les creuseurs clandestins, Chako et Kakapartagent les mêmes
idées en ces termes :
« Na bobeniewe bantu ba umu tuna cooperaka
nabo, kama beko na besoin na kintu fulani mu usine banatutafutaka ju ya
kubatosheya, Zaidi ni ba travailleurs ba MMG ».
Ce qui veut dire en français :
« Même les gens de MMG
coopèrentavec nous, ils nous appellent à tout moment s'ils ont
besoin de telleou telle autrechose de l'usine, surtout les travailleurs de
MMG ».
Les propos d'un agent de sécurité MOMO:
« Ici, il y a beaucoup de choses qui se passent,
il ya des certaines cop qui sont organisées à partir de nos
chefs. On peut mettre les câbles électriques à 10h, et
avant qu'il soit 17h on lesvolent. Ce sont toujours les gens qui sont dedans
qui coopèrent avec les creuseurs et leurdonnent des
informations ».
ü Les journaliers dits «
casuals »
Un casual c'est un mot anglais qui signifie en
français « journalier ». C'est toute personne
engagée pour un travail rémunéré
journalièrement au sein d'une entreprise. Certains enquêtés
les appellent « Kazuala ». Dans le contexte qui nous
concerne, cette catégorie de personnes a une connaissance du site minier
dans presque toutes ses facettes du fait qu'ils font l'assainissement du site
minier. Ces journaliers se transforment en clandestins la nuit pour s'engager
à des pratiques informelles sur le site minier MMG.
Un agent G4s a explicité en ces termes :
« Ce sont souvent les casuals qui travaillent
journalièrementici qui se transforment en clandestins pour venir voler
la nuit, ces journaliers connaissent presque tous les coins du site ; ils
peuvent cacher un bienquelque part pour venir le prendre pendant la nuit. Ils
sont en commutation avec leurs frères aux villages».
SECTION 3. PRATIQUES PROBLEMATIQUE
SUR LE SITE MINIER MMG/KINSEVERE
Sous un regard criminologique, les pratiques
problématiques soulevées dans ce travail s'inscrivent dans la
notion des situations-problèmes criminalisées c'est-à-dire
celles qui sont d'une part liées aux règlements internes
(règles sécuritaires qui régissent le fonctionnement et
l'organisation de la sécurité et les règles de safety, qui
est une ligne de conduite à laquelle tous les employés et les
contractants de MMG doivent respecter.) et les règles officielles ou
étatiques. Et d'autre part les situations problèmes non
criminalisées ; qui posent problèmes à l'entreprise
mais ne figurent pas dans la législation interne ou étatique.
Ceci s'explique dans les lignes qui suivent.
3.1. SITUATIONS-PROBLEMES CRIMINALISEES SUR LE SITE MINER DE
MMG
Les pratiques que développent les acteurs sur le site
minier ont également tiré notre attention.Cette section est
consacrée à démontrerles faits qui sont
criminalisés par l'entreprise MMG et ceux qui sont criminalisés
légalement par l'Etat parmi lesquels nous pouvons citer :
· Le vandalisme :c'est le fait de
poser les actes de sabotage.Au cas où les creuseurs clandestins n'ont
pas atteint leurs objectifs, ils saccageant etdétruisent les biens de
l'entreprise tels que les véhicules d'intervention, les camions BEN
abandonné dans la mine.
· Les menaces : le code
pénal congolais interdit toute forme des menaces dans ses articles 82et
160:« quiconque a commis un vol
à l'aide de violences ou de menaces est puni d'une servitude
pénale,... ». Dans le cadre de notre étude,
lorsque les creuseurs clandestins sont contraints par les gardes d'accomplir
leurs besoins, ces derniers sont menacés et agressés du fait
qu'ils les empêchent de passer à leurs actions.
· Le vol et recel des substances minérales, la
détention, l'achat, la vente, letransport illicite des ressources
minières(art 3OO-304 du code miner 2018).
· Le vol des câbles électriques, des tapis,
des panneaux solaires, des batteries, de carburant, etc. tout ce que les
creuseurs clandestins trouvent important au moment où ils sont sur le
site minier ils emportent cela.
· La complicité et la
corréité entre les agents de sécurité et
creuseur : C'est le fait d'apporter une aide utile et essentielle
mais non indispensable à la commission d'une infraction par
l'instruction ou par la provocation (code pénal, article 22).
· La violation des consignes :
c'est la transgression de toutes les mesures prohibitives ou d'interdictions,
instructions formelles données aux gardes ou à un tiers.
· L'abandon de postes : le fait de
quitter un endroit où un corps de garde est déployé
à un moment donné pour l'accomplissement d'une tâche.
· Le Sleeping on duty : le fait de
dormir au poste de travail.
· L'insubordination : c'est tout
comportement indigne qui tend à ignore la hiérarchie ou à
contester une tâche.
· Le piratage radio : c'est toute
activité récurrente et non justifiée qui cause la
congestion, la perturbation des réseaux et les systèmes de la
société, l'usage du langage diffamatoire et discourtois dans le
réseau, etc.
Ainsi, la criminologie nous oblige de se méfier de
l'utilisation d'un langage à connotation juridique car il est
souvent utilisé par les juristes pour traiter des situations qu'ils
observent (Pires, 1995 : 59). D'où la nécessité de
recourir au langage criminologique ou descriptif qui n'a pas tendance à
juger mais plutôt d'avoir une portée plus large dans la
compréhension d'un phénomène criminel.Pires(2008 :
63)estime qu'il s'agit d'un mouvement qui tire son fondement et ses
justifications dans la nécessité de l'usage du code descriptif
à privilégier dans les analyses criminologiques du
phénomène de transgression et de contrôle social.
3.2. DESCRIPTION DES PRATIQUES
Dans cette section, nous voulons essayer d'entrer en
profondeur des pratiques que nous venons d'énumérer dans la
partie précédente sous l'angle descriptif, c'est-à-dire en
adoptant le langage des enquêtés. Ce code descriptif nous permet
selon Noreau (1998 : 590) d'approcher notre objet en dehors des fictions
juridiques et de déceler derrière l'action supposée des
acteurs qui s'agitent ou qui se sont agités.
L'émergence de ces pratiques problématiques peut
être expliquée comme un moyen par lequel ces acteurs se
débrouillent pour répondre à leurs besoins. Parlant du
concept « débrouille » comme économie de
survie, Villers et Gauthier (2002 : 33) définissent
l'activité économique informelle comme des activités
échappant au cadre institutionnel et règlementaire officiel de
l'économie qui sont dès lors non contrôlées et non
enregistrées et à des degrés divers. En dépit du
fait qu'elles sont les plus souvent pratiqués au grand jour, non
légal ou illégal.
C'est ainsi qu'à partir des entretiens sur le site de
recherche avec les personnes-ressources nous avons épinglé les
pratiques problématiques suivantes :
a. La pratique « Frappe » ou
« le cop »
Dans le contexte de notre étude, le concept
« frappe » est un langage ou un jargon utilisé par
les enquêtés spécialement les agents de
sécurité pour designer « le vol » ou
« les avantages du site ». Notamment dit, c'est l'ensemble
des pratiques qui permettent aux acteurs d'avoir un bien matériel ou
financier dans un lieu donné.
Un garde MOMO s'est exprimé en ces termes :
« Nous avons parfois certains termes que nous
utilisons comme code lorsque nous sommes entre nous, par exemple la frappe
(...) » partout dans chaque entreprise il y a toujours des frappes,
donc minezi kusema ni buivi (je peux dire que c'est le vol). Les autres
utilisent même le cop ».
b. La
pratique « Swapping »
Du point de vue sécuritaire, le concept
« swapping » fait référence à la
mutation d'un officier de sécurité dans un poste de travail vers
un autre. Dans le site minier Kinsevere, le déploiement change à
chaque prestation ; un officier de sécurité ne peut
être déployé dans un poste de travail deux fois
successives, s'il est déployé dans un poste donné dans une
prestation, le jour ou la nuit qui suit il sera swappé (muter) dans un
autre endroit.
L'officier MIMI explique en ces termes :
« Chez MMG, on travail deux day
(jours), deux night(nuit) et deux of (repos) ; si tu prestes dans un poste
pendant ton premier day, le deuxième day tu dois être swapé
vers un autre poste ».
Sous un regard criminologique, les gardes utilisent ce concept
dans leur langage pour désignerle fait de déplacer ou de prendre
un bien du client pour les intérêts privés. Et pour sortir
avec cela sur le site, l'agent de sécurité doit signaler à
l'un des officiers à la barrière afin qu'il ne soit pas
fouillé systématiquement.
Le garde Wisckyajoute en ces termes :
« Pendant la ronde sécuritaire, un
officier peut remarquer qu'on a oublié par exemple un ordinaire ou tout
autre bien dans le véhicule, alors il va le déplacer pour le
cacher quelque part afin qu'il puisse sortir avec cela après la
prestation ».
c. La pratique « kubuwa » ou
« Milembe »
Le concept « Milembe » ou
« kubuwa » signifie en swahili simple comme
« kulala », qui veut dire en
français« dormir ». Donc c'est un concept
utilisé par les enquêtés, spécialement les agents de
sécurité pour designer « dormir au poste ». Dans
le règlement sécuritaire, le sommeil est punissable car il a des
conséquences graves lorsqu'ils sont appelés à
sécuriser les biens du client. Mais pour les gardes, peu importe les
exigences de l'entreprise et les conséquences qui accompagnent le
sommeil, ils dorment toujours.
L'officier Kilo enrichit en ces termes :
« Si vous êtes surpris en sommeil pendant
la prestation ; c'est un licenciement sans prévu, mais vous savez
que le sommeil c'est un devoir naturel bien que les règles du travail
nous l'interdisent, même si on preste.Mais nous ferme quand même
l'oeil ».
d. La pratique « Kumueneya » ou
« ku bobola »
Ce concept est utilisé par les creuseurs clandestins
pour designer toute forme d'actes des mauvais traitements, des menaces et
agressions, etc. envers toute personne(les gardes ou d'autres personnes) qui
les empêche d'accéder dans la mine ou de sortir de la mine avec
les sacs des minerais ou d'autres biens volés dans le site. Souvent
cette pratique se fait toujours en groupe.
Le creuseur clandestin Chako explique :
«Kama garde anatubamba soit anatukatariyatutoke na
bintu bietu kuko deux possibilité : soit mita
« mueneya » soit
« tunaishana » naye ; kumueneya ndjo kusema kama mambo
inakua nguvu, vile tuko ba mingi tunezi kumupika soit kumu fania fudio,...pale
atakimbiya njo tuna toka bila mambo ».
Traduction française :
« Si les gardes nous arrêtent ou soit
s'ils nous empêchent, nous pouvons lesfrapper oules faire des
terreurs,...à ce moment ils vont fuir et nous sortirons sans
problème ».
e. La pratique
« Kuishana »
Selon notre analyse, le concept
« kuishana » veut dire régler le compte. Il est
utilisé par les creuseurs clandestins pour designer toutes les pratiques
qui font usage de la coopération et la négociation entre les
acteurs ; c'est-à-dire les actes de corruption entre les deux
protagonistes sur ses transactions des biens et services.
Le creuseur clandestin Kilos'exprime :
« (...) kuishana naye ndjo kusema kama tuko ba
mingi tuta sumburiya nabo tuna bapatshiya ata makuta ju ya
kutuacha ».
Traduction française :
« (...) comme nous sommes nombreux, nous allons
négocier avec eux pour leur donner l'argent afin que nouspuissions
sortir ».
f. La pratique
« kulokota »
Le mot « kulokota »
signifie « ramasser ».Alors
« bakalokota » signifie « les
ramasseurs ». Il s'agit de toute catégorie de creuseurs
(enfant ou adulte) qui ramasse les minerais pendant la journée tout
comme la nuit dans les remblais et concassent au cas où ce sont des
grosses pierres. Tous sont munis des sacs dans lesquels ils mettent des
minerais ramassés. S'ils ramassent des grosses pierres, le concassage
est appliqué sur les minerais formés en blocs; les creuseurs
écrasent les minerais en blocs à l'aide de marteaux et autres
matériels en métal afin de réduire leurs volumes. Le
concassage permet de récupérer les minerais et jeter les
mauvaises pierres.
Kako s'exprime :
« Tunendaka njo kulokota minerais ile bana
muangaka ku remblais,... ».
Traduction française :
« Nous ramassons des minerais qu'on jettent dans
les remblais,... ».
g. La pratique de
« forage »
Le forage consiste à miner dans le sol avec des
bèches et de barres des mines qu'ils appellent en leur langage
« Mungala » ou « Djobi ». Pendant cette
opération, une équipe peut faire 1 ou 2 jours soit plus pour
arriver à la couche minéralogique
appelée « Filon » ou le
« Kalolo »; qui est la présence des
minerais dans la cheminée (le puits).
Dans la cheminée il y a ce qu'ils appellent
« salon » : qui est un lieu où
les creuseurs clandestins viennent déposer les minerais et se reposer.
En descendant dans la cheminée, ils ont créé
des « bâtais » qu'ils appellent escaliers qui leur
permettent de descendre ou de sortir du puits.Pendant le forage, les creuseurs
clandestins sont bien structurés et organisés. Un groupe un
constitué de (d'un) :
· Un chef d'équipe : qui
coordonne les opérations, il est aussi chargé de négocier
avec les agents de sécurité en cas de flagrance.
· Un visionneur ; il est
chargé de contrôler le mouvement du site et des agents de
sécurité.
· Les remonteurs (Ba kapandisha):
c'est une catégorie de creuseurs clandestins qui remontent les colis de
minerais mis dans des sacs qui pèsent plus ou moins 10 à 25 Kg du
puits à la surface. Ils sont parfois appelés
« saliseurs » ou les
« aide-creuseurs ».
· Les transporteurs (ba kapapa) :
le mot kapapa veut dire transporter quelque chose par le dos. Dans le langage
des creuseurs clandestins, « ba kapapa » qui veut dire les
transporteurs des sacs des minerais de la mine jusqu'à la destination.
En dehors du site minier, ils font recours aux motards pour transporter les
sacs de minerais.
De tout ce qui précède, Dibwe Dia M.
(2OO2 : 33) estime que « les villes congolaises connaissent
depuis plus de trois décennies une prolifération
d'activités économiques diversifiées qui échappent
au contrôle du pouvoir politique ».
3.3. IMPACT DES PRATIQUES
Les différentes pratiques auxquelles s'adonnent les
acteurs (creuseurs clandestins et les agents de sécurité) ont des
impacts négatifs sur l'environnement et l'économie de
l'entreprise. Elles portent atteinte aux agents de sécurité.
3.3.1. Impact environnemental
Kamto (1996 : 16), définit l'environnement comme
« le milieu, l'ensemble de la nature et des ressources, y compris le
patrimoine culturel et les ressources humaines indispensables pour les
activités socio-économiques et pour le meilleur cadre de
vie ». Par cette définition, elle comprendle milieu, la nature
et les ressources. Le milieu c'est le milieu physique. La nature est
constituée par les espèces végétales et animales
dont l'Homme et les équilibres biologiques naturels. Et les ressources
naturelles constituent l'eau, l'air, le sol, les minerais, etc.
Le travail des creuseurs clandestins sur la mine Kinsevere est
pénible et présente des dangers énormes. Outre le
glissement des puits, comme accidents professionnels, ils sont exposés
à des risques de mort tel que l'écroulement de puits et des
risques de tomber dans le bassin d'acide. Toutes les activités que les
creuseurs effectuent sur la mine ont des conséquences sur : le sol,
l'eau, l'atmosphère, la biodiversité animale et
végétale et les communautés locales.
ü L'eau
L'eau constitue un élément vital dans la ration
alimentaire de l'Homme etdes nombreuses activités dictées par la
vie. Au cours de notre entretien avec quelques membres du département de
l'hygiène, la sécurité et l'environnement (HSE), ils nous
ont expliqué en ces termes :
« Lorsque les creuseurs prennent les minerais,
ils vont les laver dans n'importe quelle eau au niveau du village ; ce qui
peut avoir des conséquences sur l'eau que la communauté
consomme. Or nous ici les minerais sont lavés avec une eau
appropriée ».
ü Le sol :
La protection du sol contre toute contamination est une
préoccupation majeure pour MMG. Car en se focalisant dans l'approche
anthropocentrique, c'est l'Homme avec ses activités qui estau centre de
tous les problèmes environnementaux. C'est pourquoi François
Burrel et Baudry (2012 : 25) estiment que l'action de l'homme influence
l'ensemble des paysages et écosystèmes de la planète de
façon directe par une exploitation des ressources, une occupation de
l'espace par l'agriculture, ou de façon indirecte par les changements
climatiques globaux ou les pollutions induites par le développement de
l'industrie.
Pour pallier à toutes les contaminations du sol,
l'entreprise MMG/Kinsevere a mis en place des bassins appropriés pour
le rejet des déchets d'acides au lieu de les jeter dans la nature. Dans
ce bassin, il ya des tapis sous forme debâche (HDPE,
hightdensitypolyéthylene) fabriqué à partir de ce produit
à forte densité et à base de caoutchouc pour
protéger le sol contre les contaminations (Cfr Figure N° 02 &
03). Donc, ce tapis empêche les eaux usées de
pénétrer dans le sol. Mais fort malheureusement quand les
creuseurs clandestins entrent dans la mine, ils coupent ce tapis pour aller
vendre soit l'utiliser pour construire des bicoques sans tenir compte des
risques.
Les responsables du département de l'environnement se
sont confiés à nous en ces termes :
« (...) ces creuseurs vont couper le tapis que
nous avons mis au bassin de rejet d'acides sans tenir compte de danger ;
eux pensent que c'est une bâche qui va leur permettre de construire leurs
cabanes, les autres l'utilisent. Et ces tapis coutent aussi trop cher, son
service demande toujours le recours aux experts. Donc le fait de couper c'est
un grand problème environnemental parce que cela affecte toute la
communauté ».
ü La santé
En termes des conséquences sur la santé, il est
impérieux de souligner que les creuseurs effectuent leurs
opérations sur la mine sans tenir compte des dangers, et ces
répercutions n'affectent non seulement leur santé mais
également de toutes les communauté dans le sens où ils
lavent les minerais avec l'eau que la population consomme, ils accèdent
dans les zones à haut risques (le bassin de rejet d'acides, dans la mine
central, dans le puits qu'eux même ont creusé, etc.) sans les
équipement de protection individuelle, avec une technologie
rudimentaire, l'effort musculaire est la ressource essentielle ce qui peut
avoir comme conséquences de tomber malades.Ils sont
exposéségalement à des risques d'être mordus par les
serpents ou les chiens, ils mettent la santé des employés et les
contractants de MMGen danger par des menaces et des agressions, etc.
Voici les propos de l'environnementaliste de HSE :
« Il faut savoir que les creuseurs
accèdent dans la mine sans aucune équipement de protection, ils
sont exposés à beaucoup deconséquences parce qu'ils
ne respectent pas les normes de safety (sécurité du travail), ils
accèdent dans les zones à haut risques sans casque, lunette, des
cache-nez et autres équipement de protection individuelle. Donc ils ne
tiennent pas compte de danger. Eux se disent toujours nous sommes venus voler.
Ils peuvent tomber gravement malade parce qu'ils utilisent la force physique en
faisant le transport des matières et câbles électriques de
l'usine jusqu`au village sur les épaules, certains sont même
mordus par les serpents et les chiens, etc. ».
Skinider cité par Kantenga(2019 : 4) a
proposé une typologie des victimes des crimes environnementaux en
partant des facteurs tels que 1) l'acte injustifié, 2) la nature du
préjudice, 3) l'ampleur du dommage subi, 4) la portée ou
l'envergure du préjudice, 5) les auteurs du préjudice. Partant de
la nature des préjudices, l'auteur affirme que la victimisation
environnementale peut avoir des impacts sur : la santé humaine (a),
l'économiques (b), la sécurité des victimes (c), l'impact
social et culturel (d). Du point de vue sanitaire, les activités des
creuseurs sur la mine sont perçues comme une forme de criminalité
qui peut avoir des conséquences néfastes sur la santé de
la population voire des prestataires.
Il ya lieu de signaler que les clandestins sont exposés
à la consommation de divers produits alcooliques tels que le «
lutuku (l'alcool indigène) », du chanvre, la
cigarette « shikata », whisky, valium 10 mg (à
une forte dose). Ceux-ci nous semblent destinés à diminuer la
sensibilité dans un univers aussi déprimant.
L'explication d'un agent de sécurité :
« Quand les creuseurs ont déjà
pris du chanvre et surtout lorsqu'ils sont ivres, ils ne viennent pas encore
pour accéder dans la mine pour voler, ils ne viennent que pour nous
insulter, nous lancer des pierres, même si on appelait l'équipe
d'intervention ils n'ont pas peur, et même les enfants sont
là ».
Généralement, nous pouvons dire que les
prestataires manquent de connaissances et de sensibilité à
l'égard des maladies liées au travail et à
l'environnement, d'autres sont conscients des répercussions de ces
pratiques sur la santé mais pour des raisons pécuniaires ils les
effectuent.
ü La biodiversité
Comme nous l'avons souligné dans le premier chapitre,
la conservation et protection de la biodiversité est l'une des
préoccupations que MMG prend en compte pour protéger et
préserver les espèces animales et végétales,
l'entreprise a mis en place un service qualifié auquel il existe des
règles pour protéger les espèces, entre autre : ne
pas tuer les animaux sauvages, voire les serpents, l'abattage des arbres et le
creusage sans autorisation, ne pas déverser des produits chimiques sur
le sol ou sur la végétation, etc. mais les creuseurs quant
à eux sont ignorant des notions environnementales ; ils jettent des
déchets partout dans la autre, dans le champ, dans les rivières,
etc.
Les explications de Monsieur WATO du département
d'hygiène, sécurité et l'environnement(HSE) sont
nécessaires :
« (...) Quand les creuseurs arrivent au point
où ils déposent les minerais n'importe où, cela peut
généralement impacter l'agriculture, certaines plantes peuvent
disparaître parce que le sol sera contaminé. Ces activités
perturbent l'équilibre des écosystèmes et favorisent la
perte de la biodiversité ».
3.3.2. Impact
économique
Pour warr cité par Lascoumes et Nagels (2014: 143) :
« la gravitéd'une transgression est la combinaison de deux
facteurs : morale et économique. Dans le premier cas, c'est
lorsqu'il y a atteinte aux personnes, et dans le second c'est lorsqu'il y a des
conséquences abstraite qui se voit toujours attribuer comme une faible
gravité à des transgressions aux faibles impacts
économiques».Selon certains responsables, ces pratiques constituent
un pillage et créent un retard de la production.
· Le retard de production
Sur le plan économique, les activités que les
creuseurs clandestins effectuent sur la mine ont des conséquences sur
l'entreprise ; car elles créent de retard de production et
perturbent son fonctionnement.Pire est de constater qu'ils volent des biens qui
coûtent trop chermais ils vont les vendre à moins cher.
Voici les propos de WENGI, cadre de MMG :
« Le fait de couper le câble
électrique ou le tapis de cuivre crée un retard de production
parce que pour le remplacer cela demande du temps, l'entreprise est
obligée de faire appel aux experts pour remplacer d'autre, et ce service
coûte très cher. Par exemple le département des finances
fait l'achat des câbles électriques en Afrique du sud, et pour que
ces derniers arrivent ici à Lubumbashi il faut au moins six semaines,
imaginez maintenant quand on les vole par les creuseurs !!! Cela
crée vraiment un grand retard pour l'entreprise de produire. En plus,
ils ont volé les boites électriques qu'on avait
installéesau puits central, ces boites coûtent 128.000 dollars
américains, mais eux vont les vendre même à 500
dollars».
· Le pillage des substances
minières
Un cadre de MMG a indiqué en estimant que le vol des
minerais constitue un pillage des ressources minières qui a causé
un grand manque à gagner pour l'entreprise.
Le cadre de MMG du nom de WATTARA s'exprime en ces
termes :
« Si vous avez 100 creuseurs et chacun prend 50
kilos de minerais, ça fait déjà 5 tonnes ; s'ils font
dix fois, peut-être 50 tonnes et plus peuvent partir».
L'idée que nous pouvons retenir dans cette perspective
est la manière dont les acteurs minimisent les pratiques qu'ils
effectuent sur le site minier comme posant pasde problèmes à
l'entreprise ; celle-ci ne perd rien du tout. Ces pratiques peuvent
être appréhendées comme le dit Acosta (1988) cité
par E. Sutherland, c'est une « criminalité sans
victime ». L'auteur estime dans le même ordre d'idées
qu'au regard de la perception, si une situation n'est perçue par
l'acteur (la personne) comme posant problème, il ne peut pas y avoir de
réaction sociale formelle.
3.3.3. Impact
socioprofessionnel
Comme nous l'avons souligné précédemment,
certains gardiens reconnaissent les risques et les conséquences
lorsqu'ils coopèrent avec les creuseurs clandestins. Selon eux, cette
façon de faire constitue en quelque sorte une des stratégies pour
sécuriser les biens de l'entreprise et s'auto-sécuriser. Ce qui
cause des conséquences pour certains lorsqu'ils sont
licenciésdans le cas de complicité.
Pour le garde BRAVO :
« Tu peux te retrouver à Kipushi au
moment où tu es surpris dans ton poste entrain de causer avecles
creuseurs. Si les chefs te voient à distance, ils vont te
considérer comme si tu étais en train de coopérer avec
eux. Soit s'ils ont par exemple volé les câbles et que lors des
investigations on trouve les traces des creuseurs dans ton poste ils vont te
considérer comme complice ».
Quant aux creuseurs clandestins arrêtés sur la
mine, ils seront mis à la disposition du parquet de Kipushi. Ce qui va
engendrer des répercussions sur sa famille.
Le creuseur clandestin KILO explique :
« Kile tunongopaka sana ni prison ; kama
bankubamba umu batakupelaka ku prison ya kipushi ».
Ce qui veut dire en français :
« Ce que nous avons c'est surtout la prison, si
on t'arrête ici on va te transférer à la prison de kipushi,
c'est ce que nous craignons».
3.3.4.
Atteinte à la dignité humaine
Les gardes sont victimes d'agressions et des menaces
lorsqu'ils font face aux creuseurs clandestins. Certains on les creuse l'oeil,
les autres sont fracturés par le fait de les lancer des pierres. Un
agent de sécurité BRAVO s'est confié à nous en ces
termes :
« Dans la plupart de cas, nous sommes
exposés à des risques tels que lorsque ces inciviques veulent
accéder ou sortir du site et que nous les empêchons, ils laissent
leurs sacs des minerais et nous attaquent avec des menaces et nous lancent des
pierres ».
3.4. STRATEGIES DES ACTEURS
Dans cette partie, nous démontrons d'une part les
méthodes des contournements que les creuseurs clandestins mobilisent
pour pénétrer ou sortir dans la mine, et les stratégies
que les agents de sécurité mobilisent pour empêcher les
intrusions et également les mécanismes pour entretenir leurs
relations avec les creuseurs clandestins lorsque ces derniers les menacent ou
les agressent sur le site minier d'autre part. À l'issu des
entretiens,nous avons ressortiles stratégies utilisées par les
creuseurs et les agents de sécurité de l'entreprise en
question.
Robert Agnew, cité par Gariepy (1947 : 81)
soutient dans le même cadre d'idées que, « Lorsque les
voies légitimes du succès et de la réussite paraissent
bloquées, il en résulte chez l'individu un état de tension
qui peut dégénérer en comportements illicites. Certains
individus choisissent alors de se joindre à des pairs délinquants
qui partagent leurs valeurs et de rejeter la société qui,
à leurs yeux, ne les accepte pas.
3.4.1. Les stratégies des creuseurs clandestins
L'entreprise MMG a érigéune tranchée pour
empêcher que les creuseurs clandestins accèdent facilement dans le
site minier. Autour de cette tranchée, il ya des fils barbelés.
Mais il se faitque ces derniers mobilisent aussi leurs stratégies et
mécanismes pour la contourner. Voyons dans les lignes qui suivent
quelques stratégies que les creuseurs clandestins mobilisent pour
accéder ou sortir dans la mine.
1. Le contournement via le trench (la
tranchée)
· La création des escaliers
Dans la tranchée, les creuseurs clandestins ont
créé des escaliers dans la tranchée dans certains endroits
du site, en l'occurrence au secteur de la mine pour leur permettre de sortir
facilement avec les biens qu'ils ont volés. Hormis la création
des escaliers, ils ont également coupé les fils barbelés
qui sont autour du trench (Cfr figure N° 06 & 08). Le
grand problème avec cette tranchée est qu'elle a
été creusée sous forme verticale avec la vision selon
laquelle si une personne tombe dedans, qu'elle ait la possibilité de
s'en sortir facilement. Cependant, ladite vision est devenue un canal par
lequel les creuseurs clandestins arrivent à atteindre leurs objectifs
(Cfr figure N° 06).
Le creuseur TANGO explique en ces mots :
« tunesha ku chimbula ma escalier mu trench, ata kama
tuko na charge ya dje tunapitaka paka, ma fuashi ingine tunapangaka maibue
munene ndjo tuna toka bien ».
La traduction française
« Nous avons déjà creusé
des escaliers dans la tranchée,même si nous avons n'importe quelle
charge, on passe toujours, dans certains lieux noussuperposent les grosses
pierres ».
· La création d'un pont
Cette technique s'applique pendant la période
pluvieuselorsque la tranchée est remplie des eaux de
pluie.Elleconsistepour les creuseurs clandestins àmettre des planches
sur la trachée sous forme d'un pont qui va leur permettre de traverser.
Il est à noter que pendant la période pluvieuse, les creuseurs
clandestins portent très souvent des bottines de joueurs pour se
protéger contre les glissements.
Le creuseur KK enrichit
« Wakati ya mvula mayi inayalaka sana mu
tranchée, pale tunapangaka ma mbaho sa kilalo ndjo tunatambuka na bintu
bietu ».
Ce qui veut dire en français :
« Pendant la période pluvieuse, la
tranchée est remplie de l'eau, nous mettons des planches sur la
tranchée sous forme d'un pont pour traverser ».
· La chasse au garde ou la surveillance du
surveillant
Comme la tranchée est un couloir principal par lequel
les creuseurs clandestins pénètrent et sortent dans la mine, ils
ont tendance à surveiller la position ou le mouvement des gardes en
se cachant dans les herbes; une fois qu'un des gardes est distrait, ils en
profitent pour entrer ou sortir de la mine.
· L'application de la force
majeure
Le creuseur clandestin KK explique en ces termes :
« Umu mu usine muko ma ndjiya ya mingi, kama
tunona motoka ya intervention tunafuchamaka mu pori ju bo abengiyakemo, hao
kamaba garde bekonatufuata, ...soit tutanzatubatupa
mayibue ».
Ce qui veut dire en français :
« Il y a beaucoup d'itinéraires dans la
mine, si nous voyons le véhicule d'intervention, nous nous cachons dans
la forêt parce qu'eux n'accèdent pas là-bas soit s'ils nous
poursuivent, ...soit on va les lancer des pierres ».
La force majeure consiste pour les creuseurs clandestins de se
débrouiller d'une autre manière au moment où ils sont
poursuivis par une équipe d'intervention sur le site minier.Devant cette
situation, ils vont s'enfuir et se disperser dans la forêt.
L'application de cette stratégie demande une connaissance
géographique du site. En outre, la force majeure consiste pour les
contentieux à agresser et à lancer les projectiles aux gardes et
l'équipe d'interventions des projectiles.
· La négociation et la
renégociation
La négociation est l'une des stratégies que les
creuseurs clandestins mobilisent pour sortir ou accéder dans la mine, en
s'arrangeant avec les gardes en place. Elle permet aussi aux creuseurs
clandestins de négocier avec les gardes lorsqu'ils sont
arrêtés par ces derniersou parune équipe d'intervention
afin qu'ils ne soient pas mis à la disposition du parquet de Kipushi.
Un creuseur clandestin s'explique :
« ...kama tuko ba mingi, tuna tumaka chef
d'equipe njo atasumburiya nabo, kishakupatana nabo tunabatshiya kiloko ile tuko
nayo njo tunatoka ».
Ce qui veut dire en français :
« Si nous sommes nombreux, le chef
d'équipe doit causer avec les gardes, s'ils terminent on va leur donner
quelque chose ».
La renégociation s'applique lorsqu'à leur sortie
ils trouvent un autre agent de sécurité dans le couloir où
ils étaient entrés ou lorsqu'ils changent les itinéraires.
C'est-à-dire en entrant, un groupe des creuseurs clandestins peut
s'arranger avec un garde en lui donnant l'argent afin qu'ils accèdent
dans la mine, mais à la sortie ils se rendent compte que le garde avec
quiils se sont arrangés a été muté dans un autre
poste, ils vont engager une renégociation avec le nouveau agent afin
qu'ils puissent sortir.
3.4.2. Stratégies des agents de
sécurité
Les entretiens réalisés lors de la
récolte des données montrent que pour certains gardes, le fait
d'entretenir des bonnes relations avec les creuseurs n'est pas
nécessairement synonyme de coopération ou de négociation
et complicité sur les transactions avec ces derniers. Mais c'est une
méthode et une stratégie qu'ils mobilisent pour protéger
et sécuriser à la fois les biens de MMG et leur
personnalité. Car lorsque ces intrus pénètrent dans la
mine, les premières personnes qu'ils cherchent à neutraliser ce
sont les gardes.
· Négociation comme mécanisme de
protection des biens de MMG
Le recours à la négociation permet aux gardes
d'emprunter les stratégies pour contrer les creuseurs clandestins
lorsqu'ils veulent accéder dans la mine ou y accéder. Si un
officier de sécurité est surpris par un groupe de creuseurs
clandestins, ce dernier doit avoir une bonne attitude envers eux ; en leur
demandant ce qu'ils cherchent dans le but qu'ils ne puissent pas entrer ou
sortir avec les biens de l'entreprise. Cette stratégie marche de pair
avec celle de l'auto-sécurisation. Nous allons démontrer dans les
lignes qui suiventla façon dont les agents arrivent à
réaliser cette stratégie.
· Négociation comme une
auto-protection
Pour se protéger contre toutes les agressions et les
menaces des creuseurs clandestins, les agents de sécurité
recourent à la négociation avec eux ; car quand ils entrent
dans la mine, ils visent d'abord à neutraliser les agents de
sécurité afin qu'ils puissent opérer aisement.
L'agent TANGO explique comment il procède à
négocier avec les creuseurs clandestins lorsqu'il est surpris par ces
derniers :
« Si je suis surpris par un groupe de
creuseurs dans mon poste, parcequ'euxn'entrent qu'en groupe de 5, 10 jusque
même à65 creuseurs. C'est rare de voir le creuseur seul. A ce
moment-là je suis obligé de ne plus utiliser la force mais
plutôt l'intelligence et les tactiques. Voilà pourquoi
lorsque G4S recrute, il ne tient pas compte de la taille ou de la masse d'une
personne, mais il tient compte de la capacité intellectuelle. Dans cette
situation, je ne dois plus premièrement paniquer, je dois causer avec
eux en leur demandant leur souci de sorte qu'ils ne me ravissent pas la
radio en le disant : mes frères, comment vous allez, nous tous nous
sommes venus chercher l'argent, qu'est-ce que je peux faire pour
vous ?
- Creuseur : utupatshiye radio sinon tutakupika(donne
nous la radio sinon on va te frapper),
- Garde : wangu, munona kama munabeba radio
batanitosha kaji, sasa batotuangu batakuria je, tusumburieni tu, tuko bote
bandugu, she bote tuko besoin na makuta (mes frères, si vous prenez la
radio, on va me chasser du boulot, alors mes enfants mangeront comment ?
nous sommes tous des frères, et nous avons tous besoin
d'argent)... ».
· Le résultat de deux
stratégies
Apres que l'agent de sécuritéaitmobilisé
ses stratégiespour empêcher que les creuseurs clandestins ne
passent pas à l'acte, ces derniers finissent à un certain moment
à se maîtriser.Crozier & Friedberg(1977 : 196) : "un
instrument que des acteurs sociaux se sont forgés pour régler
leurs interactions de façon à obtenir le minimum de
coopération nécessaire à la poursuite d'objectifs
collectifs,tout en maintenant leur autonomie d'agents relativement libres.
Voici la suite de la discussion de l'agent de
sécurité ROMEO avec les creuseurs :
« (...) À ce moment même s'ils
venaient avec des mauvaises intentions pour vous agresser ils ne vont plus les
faire. Et pendant que je suis en train de les moraliser, je dois diminuer le
volume de la radio en appuyant sur le bouton bidirectionnel pour que le
contrôle room puisse entendre ce que nous sommes en train de causer avec
les creuseurs afin qu'on envoie l'ecko india (l'équipe d'intervention)
pour les arrêter ». Mais s'ils serendent compte que tu as
appuyé le bouton de la radio !!! Ah !!! Là, ils vontte
chercher partout pour terégler ton compte ».
En outre, les acteurs(les gardes) estiment que les creuseurs
clandestins ont des objectifs à atteindre, lorsque l'entreprise mobilise
des mécanismes pour les empêcher, eux également mobilisent
les leurs pourles contourner.
L'explication d'un agent G4s ROMEO ajoute en ces termes :
« À MMG il ya un dispositif qu'on a
installé dans la mine lorsqu'il y a la foudre ou l'orage, la
sirène retentit pendant 30minutes.A ce moment il n'y a pas la
circulation, tout le monde doit être àl'abri ou dans le bureau
pour reprendre les activités après 30 minutes. Mais les creuseurs
savent que lorsqu'il y a la foudre, il n'y a pas de circulation ; tous les
travailleurs, les gardes et les policiers sont tous dans les bureaux, ils en
profitent pendant cette période sans tenir compte de la foudre pour
voler les minerais ».
3.5. ENJEUX DES PRATIQUES OBSERVEES
Selon notre analyse, les pratiques que les acteurs
impliqués développent sur la mine sont orientées à
deux types d'enjeux que nous avons trouvés comme pertinents à
savoir : les enjeux économiques et les enjeux
règlementaires.
3.5.1. Les enjeux
économiques
Selon Mbale (20019 : 20),l'économie est une
science de l'équilibre et de l'échange ; elle étudie
le comportement humain, et les humains ont constamment besoin
d'échanger. Les avis des certains gardes et creuseurs clandestins sont
partagés par rapport à l'exécution des activités
rémunératrices dans le site minier. Ces creuseurs justifient leur
présence sur le site minier et considèrent l'exécution des
activités minières comme la solution permettant de
résoudre les difficultés qu'ils font face.
Pourles creuseurs clandestins, ils avouent de ne plus avoir
une autre occupation à part celle de la vente des ressources
minières. Les uns reconnaissent que ces activités sont favorables
pour leur épanouissement et l'amélioration du cadre de vie. Peu
importe les conséquences néfastes qu'ils courent derrière
ces pratiques, mais pour desraisons pécuniaires, ils recourent à
ces dernières afin de répondre aux besoins quotidiens. Ils
conseillent à leurs coéquipiers qui dilapident leurs revenus dans
les frivolités après des dures conditions dans lesquelles ils
travaillent pour avoir l'argent et de se méfier à toute autre
pratique telle que le vol des câbles, le vandalisme et l'agression des
employés et contractants de l'entreprise.
Par rapport à cette vision, les creuseurs KEBA et MAMBO
partagent la même idée :
« Atuna na kaji ingine a part iyi ya kulokota
mayibue ku remblai ju ya kujisha, i kaji tunaifuaniaka ju ya rho ya nguvu bule,
tuko na bibi nabatoto ; kama MMG leo anafungaihi usine ao kama bana
nifunga ku prison famille yangu itaishi je ? Mina conseiller bandugu yetu
bale banalabishaka bintu bia societe, kupikana na kuiba bintu bingine sa ma
câbles électriques na tapis batshe,
ainamuzuru, »
Ce qui veut dire en français :
« Nous n'avons pas un autre boulot à part
celui de ramasser des déchets miniers dans le remblai pour vendre afin
que nous ayons l'argent pour nourrir nos famille. Si aujourd'hui MMG se
décide de fermer l'usine ou si on m'arrête qu'elle sera l'avenir
de ma famille ? Je conseille à tous mes frère qui
vandalisent les biens de la société, qui agressent les gens et
volent les câbles électriques et les tapis de cesser car ce n'est
pas bien ».
Quant aux agents de sécurité, certains sont
également conscients que la négociation ou la coopération
avec les creuseurs peut engendrer un licenciement sans préavis sur leur
travail. Mais compte tenu des conditions de travail, des influences et de toute
forme de marginalisation du point de vue statut professionnel et le niveau
salarial très bas, ils se trouvent dans des pratiques illicites pour
avoir de l'argent. Ils condamnent leur société (G4S) qui manque
la volonté d'améliorer leurs niveaux salariaux étant
donné que l'entreprise MMG paye beaucoup d'argent aux comptes des agents
de sécurité, mais ces derniers en bénéficient que
des miettes.
Selon notre analyse, la manière de faire pour les
agents de sécurité lorsqu'ils sont face aux creuseurs clandestins
peut être expliqué par le repère familial, le capital
social et les influences.Voici le propos du garde KEBA :
« Mon frère, ce qui nous pousse parfois
à coopérer avec les creuseurs c'est le manque d'argent, nous
avons des familles et des enfants pour répondre à leurs
besoins ; MMG paye dans le compte des gardes beaucoup d'argent à
notre société, mais le salaire que nous touchons ne permet pas
de répondre suffisamment à nos besoins.»
Pourle garde MAMBO:
« Ce que je peux avoir comme avantage c'est ma
sécurité. Car pour sécuriser les biens de l'entreprise il
faut d'abord se sécuriser soi-même ; la manière dont
nous traitons bien avec les creuseurs lorsqu'ils viennent avec des menaces
constitue un avantage pour moi d'être en
sécurité ».
Dans cette perspective d'idées, l'emploi obtenu par les
agents de sécurité ne leur permet pas un encadrement
adéquat ni de faire des apprentissages, ce qui accroît les risques
d'instabilités sur le plan professionnel (Gariepy José
1947 : 57). C'est dans cette même logique que Sutherland cité
par Lascoumes et Nagels( 2014 : 144) pense que l'organisation d'une
structure sociale et le poids des inégalités économiques
seraient criminogènes. Les mécanismes économiques formels
ne permettent pas à tous d'accéder légalement à la
richesse, il s'ensuit donc des phénomènes de déviance afin
de s'adapter et améliorer les conditions de vie.
3.5.2. Les enjeux
règlementaires
La prolifération des normes sans que l'on pense
à l'amélioration des conditions de travail (les infrastructures
sécuritaires, le respect des droits de l'homme, le salaire, etc.) est un
facteur explicatif pour les gardes à la production des pratiques
déviantes en connivence avec les creuseurs clandestins pour avoir les
ressources financières. Quant aux creuseurs clandestins, les
règles sont devenues un couloir pour passer à leurs actes. Car
plus les clandestins ont connaissance des règles internes qui
régissent la sécurité plus ils sont motivés aux
pratiques déviantes.
Comme Croallcité parLascoumes et Nagels (2014 :
141) le souligne : « les normes créent la déviance, la
prolifération règlementaire est un facteur qui pousse les
individus à la déviance ».
Voici le témoignage de l'agent de
sécurité LIMA :
« Ici il y a trop de conditions qui naissent du
jour au jour ; par exemple si tu vois un creuseur avec un sac des
matières tu ne peux pas l'arrêter mais il faut juste signaler au
contrôle room.Tu ne peux pas utiliser la force peu importe ceque les
creuseurs peuvent te faire ou peu importe ce qu'ils ont emporté.
Lorsqu'ils ont déjà jeté le sac dans la tranchée,
on n'a pas droit d'entrer dedans, etc. Les creuseurs savent presque toutes ces
conditions de sécurité. Ce qui est difficile pour nous de bien
sécuriser les biens du client lorsque l'on se trouve face à ces
creuseurs ».
Le garde X-G enrichit en estimant quant à lui que
les règles et les principes sécuritaires de MMG fragilisent les
intrusions des creuseurs. Ce qui est difficile pour eux de respecter certaines
consignes quand ils sont face aux creuseurs clandestins. A titre indicatif
lorsque les creuseursclandestins sont dans la mine centrale, les règles
ne leurpermettent pas d'y accéder sans autorisation :
« Par exemple, tu ne peux pas poursuivre un
intrus en courant, si on te voit tu seras sanctionné, lorsque l'intrus
est sur la mine il faut juste signaler le contrôle room et non
l'arrêter,...peu importe ce qu'ils ont volé, notre travail c'est
de signaler. Si on vous remarque, vous serez sanctionné. Peu importe les
menaces, les pierres que les creuseurs vous lancent, il faut juste signaler. Ce
qui nous est difficile de supporter. Les règles donnent la force aux
creuseurs de faire du n'importe quoi parce qu'ils savent tous ces principes de
MMG. Et lorsqu'il ya intrusion, c'est difficile pour nous d'atteindre la
zone où les creuseurs effectuent leurs activités. Les
règles de safety ne nous permettent pas d'aller dans les zones à
haut risque lorsque les creuseurs sont entrain
d'opérer ».
SECTION 4. REPRESENTATIONS
SOCIALES DES ACTEURS
Selon les informations récoltées sur le terrain,
les enquêtés rencontrés ont une autre interprétation
vis-à-vis des uns et des autres. C'est dans cette
logique qu'Abric cité par E. Durkheim estime que « la
représentation sociale est le produit et le processus d'une
activité mentale par laquelle un individu où un groupe,
reconstitue le réel auquel il est confronté et lui attribue une
signification spécifique ».
Dans le cadre de notre étude, nous avons relevé
les présentations sociales des agents de sécurité
vis-à-vis des creuseurs clandestins, et celles des creuseurs clandestins
à l'égard des agents de sécurité et aux
investisseurs étrangers de MMG.
4.1.
Les représentations sociales des agents de sécurité
à l'égard des creuseurs clandestins.
Comme le titre l'indique, il s'agit de comprendre la
perception qu'ont les agents de sécurité vis-à-vis des
creuseurs clandestins. C'est ainsi que, pourLiwerant (2015 : 81), les
constructions symboliques donnent sens aux actes et aux discours. Se pencher
sur les perceptions des acteurs, pour le chercheur, a donc pour but
d'appréhender la perception des acteurs face à l'objet
d'étude, un phénomène qu'ils vivent et pour lequel ils ont
aussi une forme de connaissance.
a. Les creuseurs comme des sorciers
Les creuseurs clandestins sont étiquetés selon
les gardes comme des sorciers du fait que les actes qu'ils posent sont
inhumains ; ils font de transport des sacs de minerais sur les
épaules a une longue distance, c'est-à-dire de la mine jusqu'au
village alors que ce sac pèse plus de 50 kilogramme.
Parlant des creuseurs clandestins comme des sorciers, le garde
KILO explique en ces mots :
« Ah !mon cher, les creuseurs ne sont pas
seulement des voleurs mais aussi des sorciers, si tu vois ceux qu'ils font dans
la mine c'est vraiment regrettable ; et la manière dont ils
transportent les sacs de minerais de plus de 50 kg sur les épaules ce
n'est pas vraiment normal. Si tu vois l'endroit où ils trouvent ces
minerais tu ne peux pas accepter. Ils sont des sorciers et des voleurs.
Certains ont des fétiches pour ce travail des minerais».
b. Les creuseurs comme des criminels et des
voleurs
Ils sont considéréscomme des voleurs ou des
criminels parce qu'ils creusent les substances minérales dans la
concession minière de MMG/Kinsevere qui estune zone d'exploitation
minière privée. Au-delà du creusage, ils volent tout ce
qu'ils trouvent important lorsqu'ils pénètrent dans la mine avec
des menaces, des agressions et des actes de vandalisme.
Le propos de KAMAL, un garde de G4S :
« Les creuseurs sont vraiment des voleurs,
lorsqu'ils accèdent dans la mine, ils ne volent pas seulement des
matières mais aussi tout ce qu'ils trouvent nécessaire à
leurs yeux(le tapis de cuivre, les batteries de voiture et des
camions, des câbles électriques, des groupes
électrogènes, etc.)moi un jour j'ai été
auditionné par nos o.p.j.Parce que là où j'ai
été déployé les creuseurs avaient coupé le
tapis de cuivre ».
c. Les creuseurs comme des frères
Comme nous l'avons souligné ci-dessus,la
fraternité est l'un des éléments qui permet aux acteurs
d'interagir sur le site minier. Il consiste à recourir à des
normes non institutionnelles(la morale, l'éthique, la religion, etc.)
pour améliorer leurs situations économiques et régler des
conflits. Car le droit n'est pas seulement les textes, mais tous les
mécanismes que la société mobilise pour la cohésion
sociale. D'où les agents de sécurité manifestent le
sentiment de solidarité envers le creuseurs, en les considérant
non pas comme des étrangers ou des ennemis, mais comme des frères
congolais du fait quetous les creuseurs clandestins ne sont pas le meme, il ya
ceux qui ont un bon comportement et ceux qui ont un mauvais comportement. C'est
inutile de les arrêter afin qu'ils soient transférés
à la prison de Kipushi alors qu'ils ont des familles.
Le garde KAMAL ajoute en ces termes :
« Tout le monde a besoin d'argent, si nous
sommes ici c'est pour l'argent, certains creuseurs sont des responsables ;
ils ont des familles ànourrir, alors pourquoi les arrêter ?
Lorsqu'ils viennent juste prendre un sac des matières qu'est-ce que
l'entreprise va perdre, tu sais combien ces blancs gagnent par jour ?
Lorsqu'ils viennent pour entrer, je considère certains comme mes
frères congolais, les blancs iront et nous resterons ici, pourquoi alors
se compliquer ? ».
d. Les creuseurs comme une menace et une source
d'insécurité
Les représentations que certains interviewés ont
sur les creuseurs clandestins est critique, sur le plan sécuritaire,
certains considèrent les creuseurs clandestins comme une menace que le
gouvernement doit gérer. De fois, pendant la prestation nocturne, ils
sesentent en insécurité parce qu'ils courent beaucoup de risques
si les creuseurs clandestins entrent sur la mine.
Cette analyse repose sur l'explication du garde KAMBO :
« Les creuseurs sont une menace qu'il faut
gérer parce qu'ils volent les biens de l'entreprise; non seulement
voler mais ils menacent et agressent aussi les personnes qui travaillent dans
la mine. Parfois nous nous sentons en insécurité pendant la
prestation nocturne ».
4.2.
Les représentations des creuseurs clandestins sur le dispositif
sécuritaire
Les creuseurs clandestins estiment que les investisseurs
économiques de MMG n'ont pas droit de les interdire d'exploiter les
ressources minières car ils sont propriétaires de cette mine de
Kinsevere qui est un héritage laissé par leurs
ancêtres.Selon eux, vu que MMG ne veut pas céder un espace de la
concession minière où ils peuvent effectuer leurs
opérations minières(le ramassage des minerais dans les remblais),
ils continuerontà accéder dans la la mine peu importe les
conséquences afin qu'ils améliorent leurs conditions
socio-économiques.
Le creuseur KAMBO ajoute en ces mots :
« Bazungu ni ba muizi, banakua ku tuiba mari
yetu ju bendekuyengakuabo mais bekonatukatariya she tupate na she makuta,
minerais ni ya congolais yote, tuko na droit,... ».
Ce qui veut dire en français :
« Les blancs sont des voleurs, ils sont venus
pour voler notre richesse pour aller construire dans leurs pays d'origine mais
ils ne veulent pas que nous puissions aussi trouver de l'argent. Les minerais
sont pour tout congolais, nous avons notre droit,... ».
Pour d'autres creuseursclandestins, ils considèrent les
gardes comme leurs frères, mais ce qui les pousse dans certaines
circonstances d'être en conflit avec eux c'est dans le contexte où
les agents de sécurité se mêlent dans l'idéologie
des investisseurs étrangers en oubliant que ces derniers rentreront chez
eux et laisseront notre richesse.
Le creuseur clandestin KAMBO explique en ces mots :
« Ba gardebanasabuasema tuko bote ba congolais,
bazungu batendakakuabo na she tutabakiyaka mu congo yetu na mari yetu, batuache
tutuanza kubeba mari yetu... Kukobengine beko na rho ya bien na
bengine rho mubaya ; donc kuko bengine ata unamulombadje,ata unamupatshiya
makuta ashita kurumiya, mais bengine bana shikiyaka ».
Traduction française :
« Les gardes ont oublié que nous sommes
tous des congolais, les blancs iront chez eux et nous resterons ensemble dans
notre pays, qu'ils laissent prendre les minerais parce que ce sont les biens de
nos ancêtres...il ya certains gardes qui ont une mauvaises foi, meme si
vous leur demandaient ils n'acceptent pas, mais d'autres sont
compréhensifs ».
De toutes les idées qui précèdent,
Monièreet Guay, cité par Mbale (2017 : 265), soulignent que
« nous ne pouvons pas nous passer de représentations ou de
cadres de référence pour vivre. Les représentations nous
servent à penser le monde, à lui donner un sens et à
orienter nos actions ».
En parcourant les discours
des agents de sécurité et les creuseurs clandestins relatif aux
représentations qu'ils sont vis-à-vis des uns et des autres,
leurs critiques sont principalement fondés sur base des
intérêts qu'ils en tirent lorsqu'ils sont en confrontation sur le
site minier. C'est-à-dire la manière dont ils collaborent et
interagissent sur les transactions sur les ressources. Sutherland cité
par Lascoumes et Nagels (2014, 131) soutient que les individus, en fonction des
interactions qu'ils sont des formes d'adaptation et de réaction
différentes, meme s'ils ont connu les mêmes conditions de vie, le
comportement déviant et la manière de légitimer
s'apprennent comme n'importe quelle autre activité.
CONCLUSION GENERALE
Au cours de ce travail, nous nous sommes forcéde passer
un séjour au sein de l'entreprise minière MMG/Kinsevere
auprès des personnes-ressources pour analyser les interactions entre les
agents de sécurité et les creuseurs clandestins.
Pour parvenir à la récolte des données
sur cette étude, nous nous sommes d'abord servi de la démarche
inductive qui prône la descente sur le terrain. Ensuite l'entretien
semi-directif et l'observation directenous ont facilité la tâche
pour entrer en contact direct avec les personnes-ressources en vue d'avoir les
informations fiables. Et enfin l'analyse thématique nous a permis
d'analyser les données récoltées.
Comme tout phénomène social, sa
compréhension suscite un recours à des grilles de lecture. Le
choix de l'interactionnisme symbolique ainsi que l'acteur et le système
se sont avérées pertinentes dans la compréhension de
l'objet d'étude.
Nos résultats fournissent une vue d'ensemble, , sur la
façon dont les agents de sécurité font face aux creuseurs
clandestins lorsque ces derniers pénètrent dans la mine avec des
menaces et des agressions en vue d'accomplir leurs besoins,les pratiques
problématiques que les acteurs impliqués développent sur
le site minier, les enjeux qui sous-tendent ces pratiques
problématiques, les impacts des pratiques des acteurs sur
l'économie, l'environnement, la dignité humaine et enfin leur
impact socioprofessionnel, les stratégies que les acteurs mobilisent
pour réaliser leurs objectifs matériels ou financiers et les
représentations sociales des acteurs.
Autour des interactions entre les acteurs, nous avons
relevé, d'une part, la posture positive qui engendre les interactions
conflictuelles ou problématiques lorsque les agents de
sécurité sont appelés à respecter les règles
et les consignes sécuritaires et, d'autre part, la posture
négative qui est le soubassement des interactions de fraternité
et de solidarité. Cette posture consiste pour les agents de
sécurité à recourir à d'autres normes non
intentionnelles pour entretenir leurs relations avec les creuseurs clandestins
lorsqu'ils viennent avec des menaces et des agressions sur le site minier.
Au sujet des acteurs impliqués, hormis les policiers de
la police des mines et de la légion nationale d'intervention,les agents
de sécurité, et les creuseurs clandestins parmi lesquels nous
retrouvons les enfants mineurs, nous avons découvert d'autres acteurs
à double visage qui participent dans les pratiques non
réglementaires sur le site minier. Il s'agit des cadres de MMG etles
journaliers dits « les casuals ».
Au cours des entretiens avec les acteurs et les observations
faites sur le terrain, les pratiques des acteurs en occurrence les creuseurs
clandestins ont un impact négatif sur l'économie de l'entreprise
car elles perturbent et retardent la production minière ;
l'environnement dans le sens où les creuseurs clandestins coupent des
tapis au bassin de rejet d'acide qui protège le sol contre la pollution
et déversent des déchets miniers dans la nature sans tenir compte
des conséquences qu'il peut y avoir sur la santé, l'impact sur
socioprofessionnel dans le contexte où les pratiques
problématiques mettent en déséquilibre l'emploi et
l'amélioration des conditions de vie des communautés
environnantes du site minier ; et l'atteinte à la dignité
humaine, car lorsque les creuseurs clandestins n'arrivent pas à
atteindre leurs objectifs, ils menacent et agressent les agents de
sécurité et d'autres travailleurs.
Face aux creuseurs clandestins, les gardes sont
confrontés à des menaces et des agressions. C'est ainsi qu'ils
font appel à la coopération et à la
négociation.Cette stratégie ne fait pas nécessairement
allusion à des actes de complicité, mais c'est une
modalité qu'ils empruntent pour sécuriserles biens du client
(MMG) et s'auto-sécuriser contre toutes les attaques, les menaces et les
agressions des clandestins.
Quant aux creuseurs clandestins, lorsqu'ils sont
empêchés par les gardes, ils font recours à la
négociation ; au cas contraire ils font usage des intimidationset
des menaces pour arriver à leurs fins. Hormis cela, ils ont des
stratégies personnalisées en créant des escaliers
dans la tranchée, l'utilisation des planches comme des ponts pour
traverser la tranchée pendant la période pluvieuse.
Des représentations sociales des acteurs, l'on retient
queles agents de sécurité ont un regard critique envers les
creuseurs clandestins. Ceux-ci sont considérés commedes sorciers,
des voleurs, des frères et comme étant une menace qu'il faut
gérer. Et les creuseurs clandestins considèrent les agents de
sécurité comme non seulement leurs ennemis dans le contexte
où ils les empêchent d'atteindre leurs objectifs mais
également come leurs frères.
Sur ce, cette étude nous a permis de comprendre comment
les agents sont confrontés à des diverses difficultés
lorsqu'ils sont appelés à sécuriser et protéger les
biens de l'entreprise ; tantôt respecter les normes et les consignes
établies tantôt dévier de ces normes pour sécuriser
les biens du client et se sécuriser soi-même.
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ANNEXES
Figure N° 01 : La cartographie du site minier
MMG/Kinsevere
La mine centrale
Le trench/Tranchée
Le bassin d'acide
L'usine
Figure N° 02 Le bassin de rejet d'acide où les
creuseurs clandestins viennent couper le tapis HDPE
Les eaux usées d'acides
Le tapis
L'acide
Figure n° 03 : la cabane construite en tapis HDPE
Le tapis
Figure N° 04 : le radar
Figure N° 05 : le câble électrique
Figure N° 06 : la tranchée (trench)
Figure N° 07 : La guérite construite par le
garde
Figure N° 08 : Les escaliers créespar les
creuseurs clandestins
Figure N° 09 : la mine centrale
Figure N° 10 : Le sac des minerais
!