3.4. Les festivals, entre acteurs historiques et acteurs
émergents
Tout comme à l'échelle du département,
les festivals au sein du Gâtinais sont relativement bien répartis
sur le territoire. Chacun se caractérise de par son ancienneté,
son ancrage, son esthétique et son envergure.
Festival Django Reinhardt, une institution.
C'est en 1968 que naissent les prémices du festival,
à la suite d'un premier évènement hommage à
l'occasion du 15ème anniversaire du décès du
guitariste jazz manouche dans la ville de Samois. D'autres hommages ponctueront
les années 1970, organisés par les « Amis de Samois »,
jusqu'à la création, en 1983, du festival annuel sur l'île
du Berceau, tous les derniers week-ends de juin, à l'initiative d'un
groupe d'amis regroupé autour de Jean-François Robinet, maire de
Samois, et Maurice Cullage, président de l'Académie de Jazz.
Rapidement, le festival s'est imposé sur le territoire comme la
référence en matière de programmation jazz, d'envergure
nationale et internationale, et fête en 2016, sa 37ème
édition. Se structurant d'année en année, le festival
reçoit désormais sur cinq jours, une vingtaine d'artistes, et
s'ouvre aux jeunes talents,
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avec la « Scène ouverte des luthiers », qui
donne la possibilité à un groupe de se représenter sur la
grande scène l'année suivante. En moyenne, le festival attire
plus de 10 000 personnes par an et près d'une centaine de
bénévoles sont mobilisés. Les partenaires institutionnels,
professionnels et privés sont nombreux, on notera le partenariat fort
avec la commune de Samois, de 2150 habitants, le Conseil Départemental,
la région Île-de-France, la Communauté de Communes du Pays
de Fontainebleau (dans le cadre du programme Fontainebleau Tourisme), les
villes d'Avon et de Fontainebleau.
Lagrange Festival, la ruralité â
l'honneur.
À l'initiative de trois jeunes amis originaires du
village de Gironville, à une quinzaine de kilomètres au sud ouest
de Nemours, le festival LaGrange est né sur la ferme agricole parentale
de Baptiste Combe. Et c'est justement dans la grange, que la première
édition voit le jour. Couronné du succès
insoupçonné de cette première édition (plus de 600
personnes), la bande d'amis s'est fédérée au sein de
l'association L'Studial en 2010. Particulièrement inspiré par le
festival Notown, que les amis ont toujours fréquenté, le festival
LaGrange est d'ailleurs épaulé par l'association Musiqafon, qui
propose depuis leur 2ème édition l'installation du
Musibus, à titre de deuxième scène. Tout comme son
modèle, la programmation se veut exclusivement locale, avec en moyenne
une dizaine de groupes programmés, essentiellement issus du sud de la
Seine-et-Marne, du Loiret et de l'Essonne, départements limitrophes. Le
festival se déroule sur une ou deux journées selon les
années. Les esthétiques proposées se veulent
variées : rock, punk, reggae, chanson française, ska, rap. Le
festival s'élargit, d'abord sur le terrain familial, au sein et autour
de bâtiments agricoles aménagés (hangars, grange, garages
d'engins, etc.), et s'est délocalisé en 2016 sur le parc de
l'ancien château de Gironville. La fréquentation moyenne est de
700 personnes, et celle-ci semble progresser chaque année.
L'équipe bénévole se compose d'une cinquantaine de locaux.
Le festival est soutenu par la Communauté de Communes du Gâtinais
Val de Loing, la mairie de Gironville et le Conseil Départemental.
Au Bon Coin Festival
En 2016, le Au Bon Coin festival inaugure sa deuxième
édition. À l'origine, c'est l'association Pucks,
présidée par Sébastien Masson qui initie le projet d'un
futur festival.
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Propriétaire d'un chapiteau installé dans la
commune de Thomery, à dix kilomètres de Fontainebleau, au sein
duquel l'association propose des activités de cirque du printemps
à fin août, il propose à une dizaine d'amis d'organiser un
évènement le temps d'un week-end où le chapiteau est
vacant. En l'espace d'un mois et demi, le festival Au Bon Coin s'improvise,
mobilisant les compétences d'un entourage déjà sensible au
monde associatif et local, tous étant également originaires du
sud de la Seine-et-Marne. Sur deux jours, une dizaine de groupes locaux seront
programmés, des artistes généralement proches des
organisateurs. L'évènement a accueilli modestement 400 personnes.
L'association Pas Trop Loin de la Seine se créé en 2015 pour
assurer l'organisation du festival. L'objectif est de proposer une
programmation pluri-artistique locale, même si l'élément
moteur reste la diffusion musicale. Spectacles de feu, animation jeune public,
friperie solidaire, ateliers éco-responsables, à terme le
festival se veut être un véritable village culturel. D'ailleurs
sept associations locales sont mobilisées pour la deuxième
édition et près d'une quarantaine de bénévoles. La
mairie de Thomery soutient logistiquement (prêt de matériels,
terrain et locaux) le festival, mais n'a pu soutenir financièrement
celui-ci étant donné le lancement communal du premier festival
Blues et Jazz de la ville en avril 2016. Le Conseil Départemental
subventionne également le festival dans le cadre du dispositif «
Projets Jeunes ». L'intercommunalité Moret Seine et Loing est
absente du partenariat.
Les Gâtifolies, un festival de « néo-ruraux
»
Sur la route entre Boissy-aux-Cailles et le Vaudoué,
à près de vingt kilomètres au sud ouest de Fontainebleau ,
s'est tenue en mai 2016, la première édition des
Gâtifolies, clairement rattachée au territoire Gâtinais. Une
initiative qui revient à l'association Champ Libre, pilotée par
Christine Amara, et composée pour l'essentiel de professionnels issus du
spectacle vivant (chargé de compagnie, comédien, metteur en
scène, directeur artistique et technique, etc.) et résidents
depuis moins d'une dizaine d'années sur le territoire. C'est dans une
visée à la fois culturelle, artistique et sociale qu'ils ont
décidé de s'appuyer sur leurs compétences et
réseaux relationnels pour proposer sur deux jours, un festival
pluri-artistique. Des performances, des installations ainsi qu'une vingtaine de
spectacles, dont une partie dédiée au public jeune, sont
proposés : du théâtre, dont une pièce
présentée en partenariat avec les Scènes Rurales et
Act'Art, du cirque, de la danse et de la musique. Deux chapiteaux de cirque ont
été installés sur une parcelle de deux hectares en
jachère au sein du Parc Naturel Régional du Gâtinais. La
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programmation générale n'a fait intervenir que
des artistes et compagnies professionnels, non issus du territoire. En
matière musicale, trois artistes ont été diffusés,
dont Nosfell et Jo Dahan, artistes d'envergure nationale. La première
édition a accueilli près de 800 personnes, et c'est plus d'une
soixantaine de bénévoles locaux qui ont été
mobilisés. Les principaux soutiens publics proviennent des communes
accueillantes, Boissy-aux-Cailles et Le Vaudoué, du Parc Naturel
Régional, et de la Communauté de Communes Les Terres du
Gâtinais. On notera l'implication personnelle du maire de
Villiers-sous-Grez, M. Chevalier.
Une nouvelle génération : le Rainforest et la
Douve Blanche
L'année 2016 semble avoir été vectrice
d'initiatives, notamment en matière de programmation musicale
dédiée aux musiques électroniques. Le Rainforest et la
Douve Blanche, organisés étonnamment le même premier
week-end de juillet 2016, ont tous deux proposés une offre musicale qui
s'appuyait largement sur la scène électronique parisienne. Le
Rainforest a organisé sa première édition sur le site du
Grand Parquet de Fontainebleau. Pour l'occasion, deux scènes ont
été installées : la grande scène, recevant les
formations musicales, et la « CocoBeach » exclusivement
dédiée aux Djs. Mise à part une artiste locale (Myon
Myon), le festival a axé sa programmation sur les têtes d'affiches
nationales et internationales (Arthur H, Etienne de Crécy, Ibeyi, La
Fine Equipe) et artistes émergents (Sucré Salé, Bon Voyage
Organisation). Fortement inspiré des modèles festivaliers
parisiens (tels le Weather Festival, We Love Green, ou Rock en Seine) le
Rainforest revêt un mode de fonctionnement professionnel, alors peu
rencontré sur le territoire (équipement de sonorisation et
scénique d'importance, sas de sécurité à
l'entrée, carte de paiement dématérialisé,
accès VIP, stands de restauration professionnel, etc.) ainsi qu'un
concept mobilisateur : sport, éco-responsabilité et musique
(village associatif composé d'associations environnementales). En
matière de financement publics, on retrouve le soutien de la
Communauté de Communes du Pays de Fontainebleau et du Conseil
Départemental.
La Douve Blanche est installée depuis deux
éditions sur le site atypique du domaine du Château
d'Égreville, à vingt kilomètres au sud-est de Nemours.
À l'initiative du jeune label musical parisien Animal Records, dont un
des membres est issu de la famille propriétaire du château, ce
festival, programmé sur deux jours, accueille près d'une
trentaine de formations, dont des têtes d'affiches (Jacques, Bagarre,
Molécule), essentiellement issues de la scène électro-pop
française et parisienne, ainsi que des artistes étrangers aux
esthétiques rock et rap. De 17h à
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2h du matin, les groupes s'enchaînent suivi de Djs sets
jusqu'au matin. Entre concept visuel, gastronomique et artistique, l'objectif
affiché est d'attirer un public jeune, certainement parisien,
attiré par un line-up spécifique et un cadre idyllique, à
un peu plus d'une heure de Paris. Entièrement produit par le label,
l'ambition du festival est de devenir le nouvel évènement
incontournable de l'été parisien. Déjà bien
identifié, il accueille en moyenne 1500 personnes sur deux jours. On
notera l'implication promotionnelle de la ville d'Égreville, mais une
relativement faible implication des populations locales.
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