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Musiques actuelles en milieu rural - le cas du gà¢tinais sud seine-et-marnais


par Bilitis DELALANDRE
Université Paris-Est Marne-la-vallée - Département histoire - Master 2 Professionnel « Développement Culturel Territorial » 2016
  

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Annexe 2. Musiques actuelles

Quelques éléments de compréhension.

Suivant la définition française, les musiques actuelles englobent plusieurs grandes familles :

? Le jazz, les musiques improvisées et genres assimilés ;

? Les musiques amplifiées (avec l'amplification électrique comme mode de production),

elles-mêmes divisées en quatre sous-familles :

? Le rock et genres assimilés, la pop, le blues et genres assimilés, la country, la

fusion ;

? Le metal et genres assimilés, le punk et genres assimilés ;

? Le hip-hop et genres assimilés, le r'n'b, le ska, le reggae et genre assimilé, le

funk, la soul ;

? Les musiques électroniques ;

? La chanson

? Les musiques traditionnelles et les musiques du monde (accompagnées d'instruments

« modernes » tels que la batterie ou la guitare basse).

De fait, sont exclues : les musiques classiques, anciennes, baroques, folkloriques et

contemporaines. Cette définition regroupe un très large éventail d'esthétiques musicales, mais a

fait longtemps débat sur la dénomination à employer et la manière de désigner ces phénomènes

musicaux de manière pertinente ?

Amplifiées ou Actuelles ?

L'appellation «musiques amplifiées» se réfère davantage aux moyens de production et aux techniques employées dans la conception d'une oeuvre musicale. Elle souligne la spécificité de certaines musiques par, notamment, leur électrification et l'amplification des instruments utilisés. Ce terme est popularisé par l'ethnologue et sociologue Marc Touché143 en 1996 qui participera à la clarification de la définition de ces musiques en les désignant comme étant :

«un ensemble de musiques et de pratiques sociales qui utilisent l'électricité et l'amplification sonore électronique comme éléments majeurs, entre autres, des créations

143 Spécialiste des pratiques concernant les musiques amplifiées, Marc Touché étudie la sociologie et l'histoire des musiques amplifiées en France. Il a ainsi mené différents travaux sur l'histoire de la répétition musicale et sur la gestion des risques auditifs pour les musiciens de musiques amplifiées.

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musicales et des modes de vie (transport, stockage, conditions de pratiques, modalités d'apprentissage). [...J Pour reprendre les catégories de classement en vogue, le terme de musiques amplifiées représente un outil fédérateur regroupant des univers musicaux qui peuvent être très contrastés : certaines formes de musiques de chansons dites de variétés, certains type de jazz et de musiques dites du monde, de fusions ; le jazz, le rock, le rock'n'roll, le hard rock, le reggae, le rap, la techno, la house-music, la musique industrielle, la funk, la dance-musique... et tous les bricolages sonores non encore identifiés »144 .

Désigner ces musiques, sous le qualificatif «amplifiées», permet notamment de distinguer l'esthétique de certains courants musicaux comme le rock, qui exercent généralement leurs pratiques musicales à plusieurs145 et dont les techniques de production, de répétition, de reproduction ou encore de fixation sont constitutives, d'une manière générale, des pratiques de ces courants musicaux. Aussi, il s'impose de parler au pluriel, car comme l'exprime Marc Touché, « parler au singulier de la musique revient à nier qu'il existe des façons de faire, de produire, d'associer et de regrouper, de vivre des musiques [...]. ». En effet parler de « LA musique » engendre des problèmes de lisibilité et ne permet pas de regrouper une aussi importante diversité d'esthétiques et donc de pratiques.

Le terme renvoie également aux caractéristiques sonores de ces musiques, leur amplification et la gêne qu'elle est susceptible d'occasionner. Considérées comme étant plus spécifiquement destinées à la jeunesse, les musiques amplifiées ont eu, pour élément dominant et caractéristique majeure : le rock, qui peu à peu, a perdu son caractère fédérateur146 et qui ne peut plus prétendre à englober toutes les caractéristiques que l'appellation «musiques actuelles» peut permettre de réunir. Toutefois, ce terme ne fait pas l'unanimité au sein de l'environnement des chercheurs, professionnels et acteurs de terrain. En effet, l'emploi de l'adjectif «actuel» ne semble pas véritablement pouvoir désigner l'ensemble des esthétiques qui la constitue, en niant, par opposition, l'actuel à l'ancien, en dénigrant, d'une certaine manière, le «passé» de ces musiques et même leur futur.

144 Touché Marc, « Les lieux de répétitions de musiques amplifiées », in Annales de recherche urbaine, n°70, 1996, p. 58.

145 Guibert Gérôme, «Les musiques amplifiées en France», Phénomènes de surfaces et dynamiques invisibles, Réseaux, 2007/2 n°141-142, p.299

146 Teillet Philippe, «Publics et Politiques des Musiques Actuelles, in O. Donnat, P.Tolila, Le(s) public(s) de la culture, Paris, Presses de Sciences Po, 2003, p.155

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«Musiques actuelles, terres de contrastes, ou l'histoire d'une appellation qui pose plus de problèmes qu'elle n'en résout.»147

Pourquoi désigner ces musiques par leur temporalité, si ce n'est par un manque de reconnaissance restreignant leur compréhension et donc leur désignation ? Il est important de souligner les limites d'une telle appellation afin d'anticiper les possibles incompréhensions et éviter tout flou autour de sa définition. Musiques populaires, musiques urbaines, musiques jeunes, etc., jusqu'au milieu des années 1990, on employait même le terme de «musiques d'aujourd'hui», ce qui là aussi, ne permettait qu'une approche temporelle de ces musiques, une notion éphémère, de vogue, presque périssable148. Philippe Teillet parlera même d'une «incompréhension ministérielle» pour qualifier ce vaste champ de production musicale relativement unifié, mais qui, après observation, relève de multiples oppositions et différences.

Concept un peu «fourre-tout» qui manque de crédibilité et qui n'améliore pas l'image ni la nécessité d'une reconnaissance institutionnelle, l'appellation de musiques actuelles a beaucoup de difficultés à faire consensus. Toutefois, la Commission Nationale pour les Musiques Actuelles, lancée par le ministère de la Culture en décembre 1997, participera grandement à l'institutionnalisation de l'expression, qui deviendra, de ce fait, l'expression de référence des pouvoirs publics. Ainsi, malgré les débats et diverses réticences suscitées par l'appellation, celles-ci se sont atténuées, notamment auprès des professionnels, au fur à mesure par une cohabitation fréquente des termes « actuelles » et « amplifiées ». Chacun est libre d'utiliser la dénomination qui le satisfait, et il n'est pas rare de retrouver l'association « musiques actuelles et amplifiées », bien que le recours au terme de «musiques actuelles» semble aujourd'hui primer. Enfin, pour de plus amples approfondissements sur cette problématique, il convient de se pencher sur les travaux de Marc Touché149 et de Philippe Teillet150, qui ont largement contribués à la compréhension du débat. *

Reconnaissance progressive des musiques actuelles et intervention publique

C'est réellement à partir de 1981, à l'initiative de Jack Lang, puis sous la direction de Maurice Fleuret, l'année suivante (directeur de la Musique et de la Danse), que les premières

147 Rapport de la Commission Nationale des Musiques Actuelles, juin, 1998, p.14

148 Philippe Teillet, « Pourquoi un «pas de côté» ? », Volume!, 4:2, 2005, p.3

149 Marc Touché, Mémoire vive #1, Association Musiques Amplifiées, Annecy, juin 1998

150 Philippe Teillet, « « Musiques amplifiées, « Musiques actuelles », Musiques populaires », « Musiques d'aujourd'hui », etc., ou la querelle des principes de vision et de division », in Actes des 2ème Rencontres Nationales « Politiques publiques et musiques amplifiées/actuelles », La Scène, Le magazine professionnel des spectacles, Hors série, Ed. Millénaire, Avril 1999, p.115

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mesures - fondatrices - de soutien vont être mises en place. Aide aux projets, actions culturelles en direction des fédérations d'amateurs, de fanfares ou encore de chorales, les musiques du monde, le jazz et les musiques traditionnelles profiteront des premières initiatives ministérielles. D'autres mesures marquantes verront ensuite le jour151. Il faudra attendre l'arrivée de Bruno Lion152 au cabinet du ministre de la culture, auprès de Michel Schneider, alors Directeur de la Musique et de la Danse, en 1988, pour que d'autres esthétiques constitutives des musiques actuelles soient intégrées, comme le rock, le reggae, les musiques dites alors «amplifiées». En 1991, le programme interministériel des «Cafés-Musique», soutenu par les collectivités, les politiques de la Ville et le Fonds d'Action Sociale, sera crée puis abandonné en 1995 au profit des SMAC (Scènes de Musiques Actuelles). Ces lieux sont ainsi reconnus, labellisés, subventionnés et deviennent officiellement les partenaires des collectivités territoriales. C'est un pas décisif vers la reconnaissance institutionnelle des musiques actuelles, qui investissent symboliquement les territoires et la vie des populations.

151 La Fête de la musique marquera considérablement cette volonté d'ouverture des politiques culturelles à la diversité des formes musicales, des musiciens professionnels ou amateurs. (1982, Jack Lang) ; Les prémices dès 1981, du programme Zénith, destiné à l'amélioration et à la création d'équipements et de lieux de diffusion des musiques populaires. Le Zénith du Parc de la Villette, inauguré en 1984, est la première salle du genre à voir le jour. Aujourd'hui, on en compte 17 répartis sur tout le territoire. Le projet d'un dix-huitième zénith situé à la Réunion, initié en 2008, ne trouve désormais plus le soutien de l'actuel maire ;Les mesures de soutien aux petites salles et aux festivals ; La création d'un diplôme d'Etat (DE) et d'un certificat d'aptitude (CA) pour l'enseignement du jazz et des musiques traditionnelles ; La création d'opérateurs associatifs visant à assurer, sur le terrain, la politique enclenchée, comme le Studio des Variétés, le Centre d'information du rock (le futur centre d'informations et de ressources des musiques actuelles, l'IRMA) , l'Orchestre National de Jazz ainsi que le Fond d'Actions et d'Initiatives Rock (FAIR).

Sur le plan législatif et économique, de nouvelles mesures vont venir solidifier la place essentielle de ces expressions musicales, parmi celles-ci notons notamment: la promulgation de la loi sur les droits voisins (destinés aux interprètes et producteurs de phonogrammes) de 1985 et l'extension des sociétés civiles à la gestion collective de ces droits (Jack Lang) ; la création du Fonds de Soutien Chanson Variétés et Jazz en 1986, désormais repris par le CNV151 ; la première baisse de TVA 19,6% sur la vente de disque, jusqu'alors taxée comme une marchandise de luxe à hauteur de 33,3%, initiée par François Léotard en 1987, impactera sur le secteur privé ; la mise en place du Plan Rock, en 1989, participera à la rénovation et à l'aménagement de près de 200 salles de concert sur tout le territoire.

152 Bruno Lion est une figure du militantisme pour la reconnaissance politique des musiques amplifiées et notamment du rock. Chargé de mission pour le rock et les variétés par Jack Lang en 1989, il participera au développement et à la prise en compte des pratiques amateurs et des lieux musicaux. Il est également le co-fondateur du Centre d'Information du Rock et des Variétés en 1986, devenu désormais l'IRMA, le Centre d'Information et de Ressources pour les Musiques Actuelles. De 2008 à 2010, il présidera au FCM (le Fonds pour la Création Musical).

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams