MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS BURKINA FASO
SECONDAIRE ET SUPERIEUR
UNITE- PROGRES- JUSTICE
SECRETARIAT GENERAL
UNIVERSITE DE KOUDOUGOU
UNITE DE FORMATION ET
DE RECHERCHE EN LETTRES
ET SCIENCES HUMAINES
DEPARTEMENT DE PSYCHOLOGIE
NIVEAU D'ETUDE : Maîtrise
Mémoire de fin de deuxième cycle en
Psychologie de l'éducation
a LA GESTION DES INTERACTIONS DANS LE TRAVAIL DE
GROUPE ET LA REUSSITE DES APPRENTISSAGES SCOLAIRES
Présenté et soutenu par : Sous la
direction de : Dr François SAWADOGO
Stéphane BALO Maître-assistant en
psychologie cognitive à l'Université
M le : 0843-0005 de Koudougou
Co-dirigé par: M. Anastase S. SOME,
Chef de département des Sciences de
l'Education
Année académique : 2013-2014
1
2
INTRODUCTION
Situé au coeur de l'Afrique occidentale, le Burkina
Faso est un pays en voie de développement. Il est pauvre en ressources
naturelles mais s'investit tant bien que mal dans des domaines porteurs afin de
répondre aux multiples besoins vitaux de la population. C'est dans ce
sens que l'éducation de base est de plus en plus source de plusieurs
réformes à la recherche de la meilleure formule
d'éducation et d'instruction au bénéfice de toute la
société. A travers l'école, il recherche la formation
complète de ses futurs bâtisseurs. C'est un cadre formel
d'apprentissage mais aussi un lieu de brassage des valeurs culturelles. En plus
d'assurer la pérennité des valeurs culturelles de la
société, elle véhicule les idéaux
prônés par l'Etat. Et comme le disait J.J ROUSSEAU dans Emile
ou de l'éducation (1762 : 36) : « on façonne les
plantes par la culture, et les hommes par l'éducation ». Pour
cette importance de l'école, les autorités éducatives
multiplient la construction et l'ouverture des structures éducatives sur
toute l'étendue du territoire. Elles ont confié la charge de
l'éducation des jeunes générations à des
enseignants à travers leurs encadreurs pédagogiques et les
structures décentralisées et/ou déconcentrées.
Elles attendent d'eux des résultats positifs. Les parents
d'élèves sont aussi impliqués dans cette réussite
scolaire de leurs enfants.
Selon P. BOURDIEU et J-C PASSERON (1970), cette
réussite est fonction de l'origine sociale de l'élève.
Pour eux, l'école reproduit les inégalités sociales. C'est
dire que la réussite de l'oeuvre éducative ne dépend pas
que du dévouement de l'élève ou de son maître. Les
conditions pour assurer de longues études sont fonction des moyens
financiers des parents. Les frais de scolarité, le coût des
documents à acheter, sont énormes pour des parents à
revenus moyens. Ce qui nous amène à reconnaître avec ces
auteurs que les études sont plus adaptées à
l'élève issu de famille nantie que celui venant d'une famille
modeste.
Pour cela, le Burkina Faso, à travers le Plan
Décennal de Développement de l'Education de Base (PDDEB,
1999), a consenti beaucoup d'efforts pour la scolarisation de plusieurs
milliers d'élèves par la construction de plusieurs salles de
classes, la formation des encadreurs et des enseignants sur toute
l'étendue du territoire national. Mais force est de constater que toutes
ces réalisations n'ont pas répondu aux besoins en scolarisation
qui grandissent d'année en année et à la qualité de
l'enseignement qui doit chaque fois se réadapter à
l'évolution du temps et des connaissances scientifiques. Malgré
ces efforts en matière d'infrastructures, des classes sous paillote
existent. Plus de trois mille classes du
3
primaire sont sous paillotte pour cette année scolaire
2012-2013. Selon le Directeur Régional de l'Enseignement de Base et de
l'Alphabétisation (DREBA) de la Boucle du MOUHOUN, sa région
compte pour l'année scolaire 2012-2013, plus de cinq cents (500) classes
sous paillote. Il existe des classes de plus de cent vingt (120)
élèves assis à cinq sur des tables bancs conçus
pour trois ! Avec ces conditions de travail, que faut-il attendre des
résultats scolaires ? Le Plan de Développement
Stratégique de l'Education de Base (PDSEB, 2012) a pris la
relève du PDDEB en août 2012. Il poursuit un développement
holistique de l'éducation. Pourra-t-il corriger les imperfections du
PDDEB ? Les autorités du ministère multiplient les actions dans
ce sens.
Malgré ces efforts déployés chaque
année, les résultats ne sont toujours pas satisfaisants. Ils
s'expriment par des taux d'abandons, d'exclusion, d'achèvement et de
promotion très bas. En témoignent les résultats scolaires
aux différents examens de 2012 : Certificat d'Etudes Primaires (CEP)
65,16 %, Brevet d'Etudes du Premier Cycle (BEPC) 52,16% et 37,11% au
Baccalauréat (BAC). En chiffres par exemple, au CEP de la session de
2012, trois cents vingt-six mille trois cents deux (326302)
élèves se sont présentés à l'examen et
seulement cent quatre-vingt-neuf mille trois cents vingt-deux (189322) dont 89
430 filles et 99 892 garçons ont réussi à obtenir leur
diplôme. Qu'est-ce qui justifie l'échec des cent trente-six mille
neuf cent quatre-vingt (136980) élèves ? Il marque l'existence
d'un mal qui mine le système éducatif burkinabè. Tous les
acteurs sont donc interpellés. L'instituteur, en particulier, doit
revoir sa manière d'enseigner afin de minimiser les échecs
scolaires.
La classe est un lieu où les relations se
développent entre l'enseignant et ses élèves comme entre
les élèves eux-mêmes. L'acte pédagogique se nourrit
donc de plusieurs facteurs. Trois modèles d'apprentissage sont au
service de l'enseignant dans sa pratique en classe : l'individualisme, la
compétition et la coopération. A la recherche d'une gestion
harmonieuse et fructueuse de sa classe, le maître se doit d'adopter le
modèle d'apprentissage approprié afin de réussir sa
mission : celle d'instruire et d'éduquer ses élèves.
C'est sous cet angle que J-B. NDAGIJIMANA (2008), dans son
mémoire de DEA, affirmait que « Certains enseignants ignorent
l'aspect de motivation pendant l'acte pédagogique, ils n'y pensent
même pas. La question qu'ils se posent souvent est " pourquoi
nos élèves ne réussissent pas ?" Leur réponse est
rapide : "ils sont faibles, sans niveau"». C'est dire à quel
point l'enseignant pose mal le problème. Son diagnostic est rapide et
4
unilatéral. Cependant, il peut lui-même, de par
sa pratique, être le responsable de l'échec des
élèves.
Dans notre étude dont le thème est « La
gestion des interactions dans le travail de groupe et la réussite des
apprentissages scolaires», nous allons identifier les techniques
appropriées pour l'enseignement coopératif puis les analyser. Ce
qui permettra aux enseignants de conduire au mieux les classes à large
effectif et produire de meilleurs rendements scolaires.
Dans une première partie, nous présenterons les
aspects théoriques et conceptuels, ensuite nous aborderons ceux
pratiques dans la deuxième partie.
5
PREMIERE PARTIE :
ASPECTS THEORIQUES ET
CONCEPTUELS
6
CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE DE L'ETUDE
I-1 Problématique
Instituteur de formation, nous avons pratiqué ce
métier une dizaine d'années durant en classe. En tant que
titulaire d'une classe du Cours Moyen deuxième année (CM2),
cumulativement directeur d'école, nous avons empiriquement
appliqué le travail en groupe avec un effectif de vingt-cinq (25)
élèves. Nous les avons regroupés en trois groupes dont
deux de huit (8) élèves et un de neuf (9) élèves.
Le critère majeur était la moyenne obtenue à un test
effectué pour la circonstance, permettant de repérer ceux ayant
obtenu plus de huit sur dix (8/10), par rapport à ceux ayant entre six
et huit sur dix (6 et 8/10) et d'autres ayant moins de six sur dix (6/10).
Chaque groupe était composé de deux bons élèves
(ayant plus de 8 sur 10), deux élèves moyens (ayant entre 6 et 8
sur 10) et quatre ou cinq élèves faibles (ayant moins de 6 sur
10). Ainsi, le groupe n°3 avait cinq (5) élèves faibles. Le
travail de groupe se faisait uniquement l'après-midi et chaque groupe
choisissait sa position soit en classe soit sous les arbres.
Pour un travail de groupe, nous donnons la tâche
à effectuer, ainsi que les consignes à respecter avant que les
élèves ne se regroupent pour l'activité : bien lire
l'énoncé, discuter et s'entendre sur les résultats
obtenus. Pour un exercice de trente minutes, nous passons une fois dans chaque
groupe mais après leur avoir laissés au moins dix minutes de
débat. Nous intervenons quelques fois pour mieux élucider la
tâche ou la consigne quand elle est mal comprise, ou si une zone d'ombre
empêche le groupe d'avancer. Après les trente minutes, chaque
groupe présente son travail dans un cahier de groupe prévu pour
la circonstance. La correction se fait collectivement en classe et au tableau,
puis nous annotons les cahiers avec les remarques nécessaires pour les
prochaines fois.
Par cette technique, nous avons obtenu à l'examen de
fin d'année (CEP) vingt (20) admis soit un taux de 80% de succès.
Peut-on l'appliquer dans une classe à large effectif et avec quelles
améliorations dans les prestations du maître et des
élèves ?
Le travail de groupe ne peut se faire sans interactions
c'est-à-dire sans l'influence des uns sur les autres dans le cadre de
leur apprentissage. Les interactions sont très importantes dans la
réussite de l'oeuvre éducative. L'efficacité du travail de
groupe à l'école primaire, dans le cadre d'une évaluation
des compétences, a été étudiée par le
professeur B. REY
7
(2004) et des chercheurs de l'Université Libre de
Bruxelles(ULB). Il ressort de leur étude que le travail de groupe permet
un apprentissage de la vie sociale et démocratique, une motivation dans
l'apprentissage et aussi le développement des apprentissages cognitifs
individuels. L'aspect du travail de groupe selon eux qui favorise la
résolution des tâches complexes, c'est le fait que le groupe donne
lieu à des contradictions entre les individus, à des
échanges d'hypothèses, à l'obligation pour chaque individu
d'expliquer sa position aux autres et de la justifier. Cependant, C. KI (2011)
souligne que les enseignants n'ignorent pas l'intérêt
pédagogique du travail en groupe mais ils éprouvent de nombreuses
difficultés dans son application.
C'est pour cela que nous pensons qu'avec les effectifs qui ne
font que grandir d'année en année, l'école court un grand
risque en restant toujours collée à ces anciennes pratiques
pédagogiques à savoir les cours magistraux par exemple. Ce danger
se ressent à travers les notes des élèves aux
différentes évaluations comme les examens scolaires et les
compositions trimestrielles. Les résultats suivants sous formes de
tableaux traduisent l'ampleur du phénomène qu'il faudra bien
résorber. Aucune classe de ces dites écoles ne pratique le
travail de groupe.
Tableau n°1 : Résultats de fin
d'année de l'école de X dans la Boucle du
Mouhoun
Classes
|
Effectifs
|
Promus
|
Redoublants
|
Exclus ou abandons
|
CP1
|
64
|
58
|
04
|
02
|
CP2
|
71
|
61
|
05
|
05
|
CE1
|
63
|
54
|
06
|
03
|
CE2
|
68
|
54
|
09
|
05
|
CM1
|
65
|
56
|
05
|
04
|
CM2
|
55
|
31
|
19
|
05
|
Effectif école
|
386
|
314
|
48
|
24
|
Source : propositions de fin d'année 2011-2012 de
ladite école
Dans cette école, soixante-douze (72)
élèves soit 18,65% n'ont pas pu s'adapter aux conditions de
travail de la classe. C'est un pourcentage d'échec qui interpelle les
acteurs que sont les enseignants titulaires de ses classes.
8
Tableau n°2 : Ecole de Y dans le
Centre- Ouest
Classes
|
Effectifs
|
Promus
|
Redoublants
|
Exclus ou abandons
|
CP1
|
81
|
72
|
08
|
01
|
CP2
|
90
|
75
|
11
|
04
|
CE1
|
71
|
57
|
09
|
05
|
CE2
|
75
|
64
|
08
|
03
|
CM1
|
92
|
79
|
10
|
03
|
CM2
|
77
|
42
|
30
|
05
|
Effectif école
|
486
|
389
|
76
|
21
|
Source : propositions de fin d'année 2011-2012 de
ladite école
Cette école avec des effectifs plus grands
présente aussi des mauvais résultats avec quatre-vingt-dix-sept
(97) élèves en situation d'échec ou de difficultés
scolaires, soit 20% environ. Toutes les deux écoles pratiquent des cours
magistraux donc de l'enseignement individuel. Plus l'effectif de l'école
est grand, plus le taux d'échec augmente.
Partant de ces constats, nous pensons que l'enseignant doit
faire appel au travail de groupe afin de rehausser le niveau de ses
élèves donc leurs résultats scolaires. Avec J.J. ROUSSEAU
(1762), nous avons appris que l'enfant n'est pas un petit adulte mais un
être à part entière avec ses propres émotions, ses
besoins, ses intérêts, ses motivations... Dans cette conception de
l'enfant, un aspect nous paraît important à étudier : sa
présence au sein d'un groupe de pairs, est-il toujours le même ?
Ne subit-il pas l'influence des autres membres du groupe ? N'influence-t-il pas
lui aussi le groupe dans sa dynamique d'évolution? Comment donc
favoriser l'apprentissage par le biais d'une bonne gestion des interactions
entre pairs dans le cadre d'un travail à effectuer en groupe ?
D'où une bonne gestion de la classe s'impose. Elle est d'une importance
capitale si l'enseignant veut produire de bons résultats. W. DOYLE
(1986) parle de deux tâches majeures que l'enseignant doit
exécuter dans sa classe afin de mieux la gérer. La
première renvoie à l'enseignement des contenus, couvrir le
programme, s'assurer que les divers éléments sont
maîtrisés, donner le goût de l'étude des diverses
matières, etc. La seconde concerne les fonctions de gestion de la classe
: l'enseignant doit organiser ses groupes, établir des règles et
procédures, réagir aux comportements inacceptables,
enchaîner les activités etc. Ce sont donc les deux dimensions
fondamentales de l'enseignement ou le double agenda de l'enseignant (G.
LEINHARDT, 1990 ; L.S.
9
SHULMAN, 1986) qui constitue le coeur de la vie de la classe
(L.S. SHULMAN, 1986). Ces deux fonctions correspondent à : instruire et
éduquer.
De plus, une bonne motivation de l'élève
influence positivement son apprentissage. Lorsqu'il est satisfait d'appartenir
à un groupe, il se voit en sécurité et peut du même
coup participer activement aux recherches du groupe dans le but de
répondre à leur objectif commun. Pour L. VYGOTSKY (1978),
l'apprentissage ne se fait pas de façon isolée mais par le biais
de situations sociales où le langage est utilisé dans le
processus de dialogue. Nous pensons que l'enfant possède ce langage qui
puisse permettre à ses pairs de mieux comprendre et d'appréhender
la notion à acquérir.
Cependant, nous constatons que les éducateurs ne sont
pas toujours attentifs aux préoccupations des enfants. Comment l'enfant
se représente l'école ? Comment se sent-il au milieu de ses
camarades ? Que pensent ou disent les autres de lui ? Des questions auxquelles
l'éducateur ne prête pas attention mais qui pourtant influencent
fortement l'action pédagogique. Les relations
maître-élèves et élèves-élèves
sont très importantes pour la réussite des apprentissages
scolaires. Si ces relations sont mal entretenues, l'enfant pourrait être
moins créatif s'il venait à se renfermer sur lui-même. Dans
l'action éducative, le maître s'intéresse plus à sa
propre valorisation qu'à la relation qui le lie à son
élève. Il néglige la dynamique qui puisse exister entre
lui et les élèves et aussi entre les élèves
eux-mêmes. B. KAYE et I. ROGERS (1971 p. 33) dans «
Pédagogie de groupe » ont souligné la relation
élèves-élèves en ces termes : « La
réussite du travail de groupe dépend dans une très grande
mesure de l'attitude du maître et de la façon dont il remplit son
rôle à l'égard de cette méthode. ». C'est
dire combien le rôle du maître est capital dans le travail de
groupe des élèves.
En face des réalités actuelles de
l'école, comment le maître fera-t-il pour favoriser une
interdépendance positive entre les élèves d'un même
groupe de travail ? Quelles habiletés intellectuelles chaque
élève développera-t-il dans son groupe de travail ? Dans
le but d'améliorer les résultats de ses élèves en
pratiquant l'enseignement coopératif, quel sera le rôle du
maître au cours d'un tel apprentissage ?
10
I-2 Objectifs de la recherche
Les conditions favorables pour un travail de groupe sont
possibles à réaliser si les adultes tiennent compte des
intérêts des élèves qu'ils enseignent. Les enfants
ont besoin d'être avec leurs semblables mais veulent aussi se sentir en
sécurité dans leurs relations. Il s'agit de mettre
l'élève au centre de l'apprentissage en interaction favorable
avec ses pairs.
I-2-1 Objectif général
L'objectif général que nous visons est de
montrer que l'enseignement coopératif peut améliorer les
apprentissages scolaires. Cet objectif sera atteint à condition que le
maître sache gérer les interactions au sein des groupes afin que
chaque élève profite des activités produites dans son
groupe.
I-2-2 Objectifs spécifiques
Il s'agit entre autres de :
- recenser les préoccupations des enseignants quant
à l'application de l'enseignement coopératif,
- déterminer le degré d'influence des
interactions dans le groupe sur les performances individuelles des
élèves.
- élaborer une fiche pédagogique modèle
pour l'enseignement coopératif en guise de proposition d'aide ou de
facilitation à cette technique d'enseignement.
I-3 Hypothèses de recherche
Dans les classes du primaire, la réussite de la
leçon est liée fortement aux facteurs dynamiques de la classe.
Chaque élève en plus de son objectif personnel en classe partage
un objectif commun avec les autres élèves de la classe. Les
apprentissages scolaires doivent donc être organisés dans ce
sens.
11
I-3-1 Hypothèse principale
Notre hypothèse principale est la suivante : la gestion
des interactions entre les élèves par le maître influence
fortement la réussite de leurs apprentissages scolaires.
I-3-2 Hypothèses secondaires
Notre hypothèse principale se démultiplie en
hypothèses secondaires selon lesquelles :
? la bonne structuration des groupes de travail par le
maître favorise les apprentissages scolaires,
? les consensus obtenus à travers les débats
interactifs des élèves en travaux de groupe accroissent les
performances individuelles de chaque membre du groupe.
I-4 Variables et indicateurs
Nous distinguons trois sortes de variables : une variable
indépendante, une autre dépendante et une variable
modératrice. La réussite des apprentissages scolaires est une
variable dépendante car elle représente l'effet constaté.
La gestion des interactions est une variable indépendante. Elle est
l'agent causal du phénomène étudié. Quant au
travail de groupe, il peut être considéré comme une
variable modératrice en ce sens qu'il est comme une source
d'interférence entre la variable dépendante et celle
indépendante.
Comme indicateurs, nous pouvons retenir les bons
résultats obtenus au cours des travaux de groupe, les consensus
adoptés dans chaque groupe, la bonne ambiance au sein du groupe,
l'amélioration des notes individuelles pendant les devoirs.
12
CHAPITRE II : REVUE DE LA LITTERATURE
II-1 TRAVAIL DE GROUPE
II-1-1 Approche définitionnelle du mot « groupe
»
Etymologiquement, groupe vient de « groppo
» qui signifiait un « assemblage d'éléments,
une catégorie d'être ou objet. » Il devient «
réunion de personnes » dans le langage. (D. ANZIEU et al,
2000). Il signifie aussi en allemand « Krop » et veut dire cordage,
rouage, lien. Ce lien représente l'attache du groupe. Pour J. LACAN, le
groupe est « le plus un », il n'est jamais la somme des individus qui
le composent. Le groupe est l'ensemble des individus, plus un.
Pour R. MUCCHIELLI (2006), le groupe est une
réalité dans la mesure où il y a une interaction entre les
personnes, une vie affective commune, et une participation de tous.
Le sociologue américain C.H. COOLEY (1997 : 39)
définit le groupe comme un ensemble qui se traduit par un « nous
». Il contient cette sorte de sympathie et d'identification mutuelles pour
lesquelles « nous » est l'expression naturelle.
Dans un groupe, selon J. TURNER (1981), l'individu s'approprie
les valeurs et les codes propres à son groupe d'appartenance. Pour lui,
le groupe se reconnaît par un ensemble de relations directes et
privilégiées. D'autres aspects comme la taille, le statut, les
normes et le rôle sont nécessaires pour traduire la notion du
groupe.
Pour R. LEGENDRE (1993) le groupe désigne un ensemble
de personnes considérées comme une entité, partageant des
valeurs, des intérêts, des traits de caractère communs et
agissant en interaction en vue d'exécuter les mêmes tâches
ou d'atteindre un objectif commun.
K. LEWIN (1972) cité par P. VAYER (1987 :49) dans son
livre intitulé « L'enfant et le groupe : la dynamique des
groupes d'enfants dans la classe » définit le groupe comme un
ensemble de personnes interdépendantes, un organisme ou un
système et non une addition de personnes. Le groupe est une organisation
de l'interdépendance de ses membres, le tissu de cette organisation
étant le champ psychologique du groupe : projets, activités,
normes, ressources...
13
Pour D. ANZIEU (2000), le groupe prend naissance avec trois
personnes. Et une réunion ou un groupe d'individus peut prendre bien des
formes et bien des noms. Nous avons entre autres formes de groupes comme la
foule, la bande, le regroupement, le groupe primaire ou restreint, le groupe
secondaire ou organisation.
II-1-2 Différents types de groupes
II-1-2-1 Grands groupes
Les définitions des mots : foule, bande et regroupement
sont de D. ANZIEU et al. (2000,16-22).
La foule est un attroupement fortuit d'individus ou une
réunion d'individus suite à une motivation individuelle sans
qu'ils ne cherchent explicitement à se réunir. La foule se
définit donc par la simultanéité.
La bande est une réunion volontaire d'individus autour
d'un point commun, un plaisir d'être ensemble, une recherche du
semblable. La bande a la similitude en commun, le plaisir d'être
ensemble.
Le regroupement correspond à une réunion plus ou
moins fréquente d'individus poursuivant un intérêt commun,
une permanence relative des objectifs dans l'intervalle des réunions
comme une assemblée, une collectivité, une confraternité,
une académie, un conclave, un syndicat.
II-1-2-2 Groupes restreints
Le groupe primaire ou groupe restreint est un groupe de petite
taille dominé par les relations directes. Nous pouvons citer la famille,
les voisins, les amis.
Le groupe secondaire ou organisation est un groupe de taille
plus grande caractérisé par des relations plus superficielles
où les relations sont déterminées et imposées
pendant une certaine période comme l'école, l'entreprise,
l'équipe sportive.
Pour notre étude, nous allons beaucoup nous
intéresser au groupe primaire donc constitué de moins de douze
(12) personnes.
14
II-1-2-3 Notions générales sur les
groupes primaires
R. MUCCHIELLI (1995) parle de groupe primaire quand ses
membres entrent en relation face à face. Et pour lui, tout groupe
possède des caractéristiques dont les interactions, l'existence
de buts collectifs communs et l'émergence de normes ou règles de
conduite.
Selon D. ANZIEU (2000), le groupe primaire ou groupe restreint
présente les caractéristiques suivantes : le nombre restreint de
membres, la poursuite en commun et de façon active des mêmes buts,
les relations affectives pouvant devenir intenses entre les membres, une forte
interdépendance des membres et les sentiments de solidarité, la
différenciation des rôles entre les membres et enfin la
constitution de normes, de croyances, de signaux et de rites propres au groupe.
Dans son livre « La dynamique des groupes restreints », il
trouve avec son collaborateur J-Y. MARTIN (2000) que « le petit groupe
est un lieu investi d'espoir et de menaces ».
K. LEWIN (1972) définit le groupe primaire ou restreint
par une double interdépendance entre les membres et entre les variables
du champ. CATTELL (1933) met l'accent sur la satisfaction que le groupe apporte
aux besoins de ses membres et J.L. MORENO (1969), par les affinités
entre ceux-ci. G.C. HOMANS (1950) et R. BALES (1950) définissent le
groupe par les communications à l'intérieur du groupe et
l'interaction qui en résulte entre chacun des membres.
Au regard de ces définitions sur le groupe primaire
surtout sur ses fondements, comment conduire un tel groupe ? Autrement, quels
sont les styles d'animation applicables à un groupe primaire ?
II-1-3 Styles d'animation
Les styles d'animation sont au nombre de trois : le style
autoritaire, le style laisser-faire ou débonnaire et le style
démocratique.
Dans ses idées théoriques, K.LEWIN (1972) a mis
l'accent sur les influences du leadership sur un groupe en fonction de la
manière dont le leader prend des décisions, répartit les
tâches, évalue le travail fait et participe à son
activité. Ainsi, il identifie trois styles de leadership :
15
En premier lieu, le style autoritaire consiste
à diriger par des ordres impératifs et à imposer ses
décisions avec un manager qui se tient à distance du groupe.
Deuxièmement, le style permissif ou débonnaire
caractérise un manager qui s'implique très faiblement dans
son groupe, qui participe avec un strict minimum aux différentes
activités et qui laisse les membres de son groupe s'auto diriger.
Troisièmement, le style démocratique caractérise
un manager qui participe activement à la vie du groupe et qui encourage
ses membres à faire des suggestions, à participer aux discussions
et à faire preuve de créativité.
K. LEWIN (1972) constate que les membres du groupe avec un
leader démocratique manifestent des relations chaleureuses et amicales.
Ils participent aux activités du groupe et, une fois le leader parti,
les membres faisaient preuve de leur capacité à être
indépendants en continuant le travail.
Si la production de ce groupe est plutôt moindre que
celle du groupe avec un leader autoritaire, elle est de meilleure
qualité. C'est ainsi que K. LEWIN(1972) affirme que c'est en recourant
à la gestion participative (leadership démocratique) plutôt
qu'à la méthode traditionnelle autoritaire que l'on peut le mieux
inciter les gens à atteindre un haut niveau d'efficacité.
En accord avec les conclusions des études de K. LEWIN
(1972) sur les styles d'animation des groupe, nous pensons que le style
démocratique, par ses caractéristiques, répond à
notre préoccupation à savoir favoriser les acquisitions au sortir
des travaux en groupe. Dans ce style, les relations dans le groupe sont
animées par des communications à multiples sens : de l'animateur
aux membres et des membres entre eux dans un climat de confiance. L'animateur
joue pleinement son rôle, les membres aussi. Chacun a sa tâche et
ses responsabilités. C'est un style qui accorde une grande importance
aux échanges entre les membres.
II-2 LES INTERACTIONS DANS UN TRAVAIL DE GROUPE
II-2-1 Définition du mot « interaction
»
Une interaction, dans le langage courant, est l'action ou
l'influence réciproque qui peut s'établir entre deux objets ou
plus. Une interaction est toujours suivie d'un ou de plusieurs effets (exemple
en médecine : l'effet indésirable d'une interaction
médicamenteuse) selon WIKIPEDIA consulté le 13 avril 2013.
16
En physique, en chimie ou en biologie, une interaction a pour
effet de produire une modification de l'état des objets en interaction,
comme les particules, atomes ou molécules selon le site WIKIPEDIA
consulté le 13 avril 2013. En sciences sociales, une interaction est un
échange entre deux entités sociales.
Pour E. MORIN (1996) « Les interactions sont des
actions réciproques modifiant le comportement ou la nature des
éléments, corps, objets, phénomènes en
présence ou en influence».
Les relations sociales se manifestent concrètement
à travers des interactions. La relation définit une dimension de
l'homme comme être social à travers l'existence de liens qui
l'insèrent dans un tissu social. L'interaction désigne le cadre
et les processus à l'intérieur desquels s'expriment les
relations. La notion d'interaction suppose une mise en présence
concrète de deux personnes qui vont développer entre elles une
succession d'échanges. Ces échanges peuvent prendre
différentes formes et démontrent la vitalité du groupe
sinon son dynamisme.
II-2-2 La dynamique de groupe
II-2-2-1 Définitions
On entend par dynamique de groupe, selon le site WIKIPEDIA,
l'ensemble des phénomènes, mécanismes et processus
psychiques et sociologiques qui émergent et se développent dans
les petits groupes sociaux appelés aussi groupes restreints, de quatre
(4) à environ vingt (20) individus durant leur activité en
commun. Plus précisément, cette expression renvoie aux pratiques
suivantes :
? l'étude (description et
analyse) des mécanismes et processus spécifiques aux groupes
restreints,
? l'intervention au sein de groupes
dans le but de faciliter la compréhension des processus qui s'y
développent, et ce afin de générer un changement qui aura
des effets sur le groupe ou ses membres,
? la formation spécifique en
groupes permettant de découvrir et de comprendre ce qui se passe dans
les relations interpersonnelles au sein d'un groupe ou d'une assemblée
de
17
personnes. Une telle formation permet ainsi de se familiariser
avec la compréhension des phénomènes et processus de
groupe.
II-2-2-2 Les caractéristiques de la dynamique de
groupe
La dynamique de groupe est, à l'intérieur des
sciences sociales, le domaine qui s'intéresse à la nature, au
fonctionnement des petits groupes et aux effets qui en résultent. Ainsi
par exemple, l'appartenance ou la référence à un groupe
peuvent favoriser certaines attitudes, croyances ou opinions. Cette influence
du groupe peut devenir significative, influençant les
représentations mais aussi les actions individuelles. La "dynamique d'un
groupe" peut donc faciliter des changements dans les comportements et/ou les
attitudes d'une personne ou d'un groupe. Cependant, on ne peut parler de la
dynamique de groupe, au sens scientifique et "historique" de cette expression,
que s'il y a réellement présence d'une assemblée de
personnes "ici et maintenant" avec activité, intérêts et/ou
objectifs communs.
Une autre caractéristique est sa
créativité. Elle s'oppose à la productivité et
tient plus dans la qualité et à la nouveauté. On distingue
trois sortes de créativité : la créativité
expressive ou artistique, la créativité orientée et la
créativité constructive. La créativité expressive
est l'élaboration des représentations et des significations qui
tendent à traduire une vision interne des sujets et des groupes. La
créativité orientée permet la résolution de
problèmes. Quant à la créativité constructive, elle
constitue une série de structures en partant de certains
éléments et des règles indiquant la liaison
désirable entre les éléments.
Au-delà de la créativité, D. ANZIEU
(2000) évoque le concept de locomotion de groupe. C'est une notion qui
signifie que le groupe passe d'un état d'esprit à un autre. La
dynamique engendre deux types de tension, celle positive qui fait progresser le
groupe et celle négative nécessaire pour gérer les
relations interpersonnelles ou conflits.
S. MOSCOVICI (1984), lui, s'est intéressé
surtout aux stéréotypes et aux préjugés. Il affirme
que les influences du groupe sur l'individu sont nombreuses et diverses.
L'histoire, l'intégration des normes, l'apprentissage des rôles
dans la société, les sites de socialisation sont autant de
facteurs qui vont définir et structurer des stratégies de
défenses individuelles et collectives de l'individu. Les
stéréotypes sont nécessaires à l'individu pour la
construction de son équilibre social et personnel. Ils renforcent de
manière rassurante le sentiment
18
d'appartenance au groupe et la reconnaissance au sein de ce
dernier. Stéréotypes et préjugés ne sont donc pas
forcément des interactions négatives pour l'individu.
II-2-2-3 Les mécanismes psychosociaux
La compréhension des mécanismes psychosociaux du
développement cognitif et des bénéfices individuels
tirés des situations d'interactions passe par l'analyse du travail en
collaboration et des progrès individuels. J-P. ROUX(1996) a mené
une étude centrée sur les processus interindividuels qui
influencent les processus intra-individuels. Il s'est beaucoup inspiré
des travaux de L. VYGOTSKY (1978). Il soutient donc la thèse
socioconstructiviste de l'origine sociale des processus mentaux
supérieurs.
Quant à CARUGATI et G. MUGNY (1985 :59) ils trouvent
qu'on peut « considérer l'interaction sociale et conflictuelle
comme structurante et génératrice de nouvelles connaissances
». Le travail en interaction est à l'origine de dynamiques de
confrontations sociocognitives efficaces, d'effets positifs sur la
représentation de la tâche. Ces confrontations d'idées
poussent les individus à une réorganisation mentale, ce qui
conduit à une nouvelle construction de leur système cognitif.
Pour les relations interpersonnelles et les processus
opératoires, E. MAYO (1945) cité par D. ANZIEU et al, (2000) a
étudié le test-room. Il ressort de ces travaux que le moral
répandu par le groupe est un sous-produit de l'activité
d'équipe. Les affinités font une apparition rapide dans les
groupes restreints et évoluent. Et les relations de types dyadiques qui
se détruisent sont vite compensées par d'autres.
II-2-2-4 Les techniques d'animation
Nous proposons deux techniques d'animation des groupes qui
favorisent des interactions. Ce sont : le tour de table et le brainstorming.
Le tour de table consiste à placer les membres d'un
groupe en cercle de manière à favoriser les échanges
visuels et oraux. L'animateur pose une question et chaque participant à
tour de rôle donne son avis ou sa réponse. Un membre ne doit pas
être interrompu pendant qu'il donne sa réponse ou son avis. En cas
de manque de réponse, un membre peut s'abstenir à son tour.
L'animateur a pour rôle de réguler la parole. Il doit faire
généralement deux tours
19
de table afin de permettre à chaque membre de
compléter sa pensée ou d'apporter un élément
nouveau, de répondre à ce qui a été dit
précédemment par un autre membre.
La traduction française du brainstorming nous donne
« tempête du cerveau ». Il se traduit aussi par « le remue
méninges ». C'est une technique qui favorise la
créativité. Son objectif est de faire produire des idées
nouvelles et originales. L'animateur présente brièvement le
problème à traiter mais de manière claire. D'abord,
l'animateur note en vrac les idées données par les uns et les
autres. Aucune idée n'est discutable à cette phase dite de
production collective, car elle ne doit être jugée ni bonne ni
mauvaise. Puis la deuxième phase est celle qui consiste à
organiser les idées relevées en groupes durant la phase de
production : c'est la phase d'exploitation. Ensuite, l'animateur procède
pour chaque idée à une série de questions permettant la
sélection des idées : c'est la phase de traitement. Il s'agit de
vérifier le réalisme puis les avantages et les
inconvénients de chaque idée. Ce qui permettra de garder ou
d'écarter l'idée énoncée : c'est la phase de
décision. Enfin, l'animateur essaie de faire une synthèse et de
concrétiser quelques solutions pour l'avenir : c'est la phase de
synthèse et de finalisation.
II-2-3 Les théories sur les interactions dans le
travail de groupe
II-2-3-1 L'aménagement des communications
horizontales à l'intérieur d'une structure verticale selon G.
FERRY (1970)
Le maître garde l'initiative et le pouvoir. C'est lui
qui choisit les thèmes d'étude, qui décide des
interventions, qui évalue le travail accompli. Il contrôle
à tout moment la situation. Mais il définit des zones ouvertes
aux communications horizontales : discussions, recherches en équipe ou
recherche collective d'idées, élaboration en commun de demandes
ou de critiques relatives à l'enseignement. Il se met ainsi en position
de dialogue avec le groupe des élèves. Un feed-back est
créé, grâce auquel le dosage de la transmission est
susceptible d'être rectifié, les décisions
modifiées, le style de l'enseignement dynamisé. Ce qui est
important, c'est la subordination des échanges qui se développent
plus ou moins dans le groupe des élèves aux fins de
transmission.
L'explication des progrès individuels suite à un
travail de groupe peut se faire par des théories. Nous nous sommes
intéressé à deux théories de J. ROUX (1996) que
sont la théorie
20
du conflit sociocognitif (II-2-3-2) et celle de la
transformation de la fonction communicative (II-2-3-3).
II-2-3-2 La théorie du conflit sociocognitif
Lorsque les échanges interactifs sont l'occasion de
conflits (au sens de confrontations contradictoires) du fait des points de vue
différents des sujets pour résoudre un problème,
s'installe conjointement entre eux un double conflit cognitif (intra
individuel : parce que chaque sujet prend conscience des réponses autres
que les siennes ; et interindividuel : parce que les réponses sont
différentes) et un conflit social (parce que les sujets ont
obligation de coordonner les points de vue pour parvenir à un accord et
fournir une réponse commune).
C'est alors par « intériorisation des
coordinations inter individuelles » que sont expliqués les
progrès individuels subséquents (CARUGATI et G. MUGNY, 1985 ; C.
DALZON, 1990 ; W. DOISE et G. MUGNY 1981, A.N. PERRET-CLERMONT, 1996/1979 ; M.
GILLY, 1989, 1990, 1993, 1995).
II-2-3-3 La théorie de la transformation de la
fonction communicative
Le processus de passage des régulations
interindividuelles aux régulations intra-individuelles, constaté
au cours des situations interactives (ou peu après), peut s'expliquer
par le statut et rôle du langage dans l'interaction. Toute communication,
visant à la résolution d'un problème à plusieurs,
est une suite de transactions (séquences sociocognitives de
négociation et de construction de sens) pour
construire l'intersubjectivité nécessaire à
l'aboutissement d'une réponse mutualisée et agréée
par les partenaires (A. TROGNON et K. KOTULSKI, 1999). Dans un tel contexte, la
conversation est un moyen privilégié pour accomplir ce processus
de construction d'intersubjectivité.
La thèse permettant d'expliquer
l'ontogénèse des processus mentaux supérieurs est alors la
suivante : toute énonciation langagière (via les signes du
langage) est un acte de médiation qui assure conjointement une fonction
sociale communicative (« externe ») et une fonction cognitive
significative (« interne ») ; ces deux fonctions, interindividuelle
et intra-individuelle s'accomplissent en même temps pour construire et
donner du sens aux situations. Ces signes pourront alors devenir des «
outils » pour l'enfant, lui permettant de développer sa propre
compétence à penser ...
21
CHAPITRE III : LES GRANDES THEORIES DE
L'APPRENTISSAGE
La gestion des interactions dans le travail de groupe, dans la
perspective de notre étude, est liée à l'apprentissage
scolaire. Après avoir rappelé les principales données de
la littérature dans ce domaine, nous allons tenter dans ce
troisième chapitre de donner quelques grandes théories sur
l'apprentissage scolaire. Ce qui nous permettra de mettre en relation la
gestion des interactions dans le travail de groupe et la réussite de
l'apprentissage scolaire dans le quatrième chapitre.
III-1 Définition
L'apprentissage est défini comme « un
changement adaptatif observé dans le comportement de l'organisme. Il
résulte de l'interaction de celui-ci avec le milieu. Il est
indissociable de la maturation physiologique et de l'éducation »
(Dictionnaire de Psychologie, 1999). L'apprentissage est toujours
concerné dès qu'un enseignant doit élaborer, construire,
un plan dans lequel les formés ont nécessairement quelque chose
à apprendre.
L'apprentissage est l'acquisition de connaissances ou savoirs,
de savoir-faire, c'est-à-dire le processus d'acquisition de pratiques,
de compétences, d'attitudes ou de valeurs culturelles ou
savoir-être, par l'observation, l'imitation, l'essai, la
répétition, la présentation. Pour la psychologie
inspirée du behaviorisme, l'apprentissage est vu comme la mise en
relation entre un évènement provoqué par
l'extérieur (stimulus) et une réaction adéquate du sujet,
qui cause un changement de comportement qui est persistant, mesurable, et
spécifique ou permet à l'individu de formuler une nouvelle
construction mentale ou réviser une construction mentale
préalable.
III-2 Apprentissage et entraînement
Le «training» est l'apprentissage qui correspond
avec le «Learning by doing ». Le training
comprend une première phase qui est learning (j'apprends à faire,
jusqu'au moment où je sais faire correctement une fois), et une
deuxième phase qui est le drill, l'exercice, qui va servir à
fixer l'acquisition par la répétition jusqu'au moment où
on l'exécute correctement « sans y penser» (automatisme, sur
apprentissage).
22
La comparaison avec le sport est très instructive :
apprendre à lancer le poids, c'est apprendre, avec correction
immédiate des erreurs, l'enchaînement parfait des gestes parfaits
pour lancer le poids : peu importe la distance à laquelle on lance le
poids. Puis, c'est, par répétition, réaliser cet
enchaînement sans avoir à réfléchir. Mais pour
devenir un grand lanceur de poids, il faut non seulement que la technique de
lancer soit parfaite mais aussi que le poids soit envoyé le plus loin
possible : il ne s'agit plus d'apprentissage, mais d'entraînement.
L'adolescent qui sort d'apprentissage devrait, en principe,
savoir-faire (au niveau qualitatif); lorsqu'il entre dans la vie active, il
prend conscience qu'on lui en demande plus, il faut faire plus vite en
continuant à faire bien, il faut assurer une rentabilité,
parvenir à la « cadence »
des anciens. Ainsi, il ne faut pas confondre la
répétition (au cours de laquelle il peut encore y avoir
progrès qualitatif), l'exercice, le sur apprentissage, (on
«fixe» la qualité) et l'entraînement (on vise la
quantité).
III-3 Les théories de l'apprentissage
scolaire
La littérature sur l'apprentissage est très
vaste. Il ne s'agit pas dans notre travail de développer toutes les
théories, mais il s'agira de comprendre des théories qui ont
joué un grand rôle dans l'apprentissage en général
et dans l'apprentissage scolaire en particulier. Ainsi, nous retenons quatre
grandes théories à savoir : le behaviorisme, le constructivisme,
le socioconstructivisme et les théories humanistes. A chacune de ces
théories, nous devons souligner l'impact qu'elle peut avoir sur les
pratiques de l'enseignement. L'insistance est sur l'articulation entre l'acte
d'enseignement et l'acte d'apprentissage.
III-3-1 Le behaviorisme ou théorie
comportementale
Les tenants des théories comportementales affirment que
la nouvelle information s'acquiert par apprentissage associatif. Selon le
principe universel de causalité, les êtres vivants font une
association entre les effets obtenus et une cause antérieure. Lorsque la
cause se reproduit, l'anticipation de l'effet permet d'émettre un
comportement adapté. Par exemple, un animal qui subit une intoxication
alimentaire évitera la nourriture responsable de son indigestion, et
cela par l'anticipation de son malaise. Ces théories sont dites
antimentalistes :
23
il est postulé que l'apprentissage se fait
implicitement sans l'implication de processus conscients telle la
compréhension (F.Y. DORE, 1986).
Il existe deux types d'apprentissage associatif : le
conditionnement classique (conditionnement répondant) et l'apprentissage
instrumental (conditionnement opérant).
Le conditionnement classique a vu le jour grâce aux
recherches de I. PAVLOV (18491936) sur le réflexe salivaire chez les
chiens. Il a découvert que si une clochette sonnait lorsque l'on servait
de la nourriture aux chiens, ces mêmes chiens en venaient à
saliver uniquement au son de la clochette. Cet apprentissage se fait d'une
façon spontanée, à la suite de la présentation
simultanée et répétée d'un stimulus inconditionnel
(nourriture) et d'un stimulus neutre (une clochette). Cette association
engendre une réponse conditionnelle (les chiens salivent au son de la
clochette) similaire à la réponse inconditionnelle (les chiens
salivent à l'odeur de la nourriture) (F.Y. DORE, 1986).
L'apprentissage instrumental est issu du principe de base
énoncé par B.F. SKINNER (1938) : une réponse
comportementale renforcée a plus de chance de se manifester. Selon le
point de vue comportemental, renforcer un comportement à l'aide d'un
stimulus agréable augmente sa fréquence et provoque
l'apprentissage de ce comportement. Par exemple, B.F. SKINNER(1938) a
découvert qu'un rat apprend le geste d'appuyer sur un levier de
métal, lorsque l'action lui procure de la nourriture
(renforçateur). Sans être renforcé, le comportement appris
risque de s'éteindre (la réponse appropriée ne se
manifeste plus parce qu'elle n'est pas récompensée). Les
renforçateurs négatifs (la présentation d'un stimulus
aversif ou désagréable) ou les punitions peuvent aussi provoquer
et maintenir l'apprentissage d'un nouveau comportement (J. E. ORMROD, 1995).
III-3-2 Le constructivisme
Contrairement au courant comportemental, les théories
cognitives de l'apprentissage s'intéressent aux processus mentaux qui
sous-tendent l'acquisition de l'information (S. MONNERET et E. MARC, 1996).
C'est en étudiant le développement cognitif des enfants que J.
PIAGET (1896-1980) suggère une nouvelle théorie de
l'apprentissage basée sur le traitement de l'information. Ainsi, selon
cet auteur l'enfant traverse différents stades développementaux
comme suit :
24
- le développement de l'intentionnalité et de la
différenciation dans la période sensori-motrice de zéro
(0) à vingt-quatre (24) mois,
- le développement des fonctions symboliques et du
langage dans la période des opérations concrètes de deux
(2) ans à douze (12) ans,
-le développement de la pensée abstraite dans la
période des opérations formelles à douze (12) ans et
plus.
De fait, en traversant plusieurs stades du
développement, l'enfant assimile son environnement, ce qui
déclenche chez lui un ajustement actif. Les schèmes (ensemble de
patrons qui régissent nos comportements) deviennent de plus en plus
complexes, forçant ainsi le développement des fonctions
cognitives de l'enfant afin qu'il parvienne à acquérir un
construit imagé et subjectif du monde qui l'entoure. Selon J.
PIAGET(1969), l'intelligence est le développement des processus
adaptatifs d'une personne dans son environnement, visant à
l'émergence de son plein potentiel. Dans cette suite logique,
l'apprentissage est une fonction de l'intelligence qui s'actualise au cours du
développement de l'enfant (L. DUBE, 1996). Il soutient que
l'apprentissage survient lorsque des éléments de l'environnement
nécessitent l'adaptation ou la restructuration des schèmes. Par
la venue d'un nouvel événement, un déséquilibre des
structures cognitives surgit, menaçant l'équilibre
homéostatique du corps humain. Afin de retrouver l'équilibre de
l'organisme, deux processus sont possibles : l'assimilation et l'accommodation.
L'assimilation est le processus par lequel les structures cognitives
incorporent les nouvelles informations parce qu'elles sont compatibles avec les
schèmes existants. Pour sa part, l'accommodation nécessite la
modification des structures cognitives. Parce que les nouvelles informations
sont massives et incompatibles avec les schèmes existants, l'organisme
ne cherche plus à maintenir l'équilibre initial, mais il modifie
plutôt son cadre de référence afin de s'adapter à la
nouvelle situation. L'atteinte de l'équilibre se fait par la mise en
place de nouvelles structures (E. MORIN, 2005).
III-3-3 Le socioconstructivisme
Pour expliquer le processus d'apprentissage, A. BANDURA (1986)
utilise un modèle de triangle. L'acquisition du nouveau comportement se
fait en interaction entre l'environnement et les caractéristiques de
l'individu. Pour lui, les individus ne réagissent pas tous de la
même manière face à un comportement. Dans sa
théorie, il insiste sur l'importance de l'observation.
25
Le processus d'essai/erreur n'est pas toujours important pour
l'acquisition de nouvelles connaissances. Pendant l'apprentissage par
observation, les modèles de pensée et d'action sont importants.
Le renforcement est essentiel dans sa théorie, plus il y a renforcement,
plus la probabilité d'adoption d'un nouveau comportement augmente. La
motivation est très capitale dans tout apprentissage. A. BANDURA
soutient que les médias jouent un rôle important dans le processus
d'apprentissage car l'imitation est proposée (soit à la
télévision, la radio, dans les livres, etc.). Dans sa recherche,
il affirme qu'on peut apprendre par autorégulation et la perception
d'efficacité personnelle. Pour lui, l'apprentissage est constitué
de quatre phases importantes: la phase d'attention, celles de rétention,
de reproduction et de motivation. Au niveau de l'apprentissage, il parle de
l'influence sociale dans la dynamique des apprentissages. Il propose un
modèle de « théorie sociale de l'apprentissage »
ou le principe de facilitation sociale, (ALLPORT, 1924
cité par S. MONNERET et al. 1996) qui s'oppose aux
théories behavioristes par le fait que le renforcement peut être
anticipé par les représentations mentales dans l'apprentissage.
C'est ce que A. BANDURA appelle le renforcement symbolique qui dépend du
niveau de développement mental. Il est donc postulé que
l'apprentissage est favorisé par l'observation de modèles. Deux
types d'apprentissages par observation de modèles sont possibles :
l'apprentissage imitatif (imitation immédiate) et l'apprentissage
vicariant (modelage différé). L'apprentissage imitatif s'effectue
par la simple reproduction du comportement ou des attentes d'un guide
extérieur. Les processus d'apprentissage conscient sont peu mis à
contribution. L'apprentissage vicariant s'opère de façon plus
complexe. L'apprenant intègre les informations physiques et sociales qui
régissent le comportement du modèle et les applique à ses
propres actions. L'observateur arrive à reproduire le comportement du
modèle sans la présence de celui-ci.
La théorie de L. VYGOTSKY (1978) met l'accent sur la
coopération sociale. Cette façon de faire (la coopération)
permet à l'enfant de développer plusieurs fonctions
intellectuelles :
I l'attention volontaire ;
I la mémoire logique ;
I l'abstraction ;
I l'habileté à comparer
et à différencier.
Les interactions sociales sont au centre du
développement cognitif de l'enfant. Il introduit la notion
d'étayage. L'étayage désigne les interactions de soutien
mises en oeuvre par un adulte ou par un pair afin d'épauler un sujet
dans la résolution d'un problème qu'il ne pourrait
26
pas résoudre seul. Cet étayage
réalisé par l'adulte est lié à la notion de zone
proximale de développement (ZPD) de L. VYGOTSKY (1985) et confirme la
nécessité pour lui d'adapter ses compétences aux besoins
de l'enfant pour qu'il puisse ensuite s'approprier par lui-même les
connaissances. L'étayage prend tout son sens en ce qu'il va être
le précurseur, à moyen terme, d'une standardisation de certaines
formes d'interactions. Ces formes d'interactions ritualisées sont les
formats, patterns d'échanges réguliers et
répétés qui, visent à organiser la communication.
Ces formats sont, pour simplifier, des routines ou scénarios qui,
intégrés par l'enfant, vont lui permettre d'orienter ses
conduites de manière appropriée pour répondre aux
exigences de l'environnement. Pour les socioconstructivistes, le social est
moteur du développement cognitif. Ils affirment que le conflit
sociocognitif est une co-résolution des problèmes par petits
groupes.
III-3-3-1 Les interactionnistes
Les définitions suivantes sont de l'école des
interactionnistes. Elles sont citées par D. ANZIEU et al. (2000 :25).
« Un petit groupe consiste en un certain nombre de
personnes qui communiquent entre elles pendant une certaine période, et
assez peu nombreuses pour que chacune puisse communiquer avec toutes les
autres, non pas par personne interposée, mais face à face
» (G. C. HOMANS, 1950).
-- « Un petit groupe se définit comme un
certain nombre de personnes en interaction chacune avec chacune des autres dans
une réunion ou une série de réunions face à face,
réunion au cours de laquelle chaque membre reçoit quelque
impression ou perception de chacun des membres considéré comme
suffisamment distinct des autres autant que cela lui est possible, soit au
moment même, soit en s'informant par la suite, et au cours de laquelle il
émet quelque réaction envers chacun des autres,
considéré comme une personne individuelle, à la condition
du moins de se rappeler que l'autre personne était présente
» (R. BALES, 1950: 33).
Pour les interactionnistes, la construction de la connaissance
se fait à partir des interactions que chacun entretient avec son
environnement physique, social et aussi culturel. J. BRUNER(1996) s'inscrit
donc dans la lignée de L. VYGOTSKY (1985) en donnant un caractère
social au développement de l'enfant au travers de multiples interactions
qui vont
27
impulser l'élaboration de ses connaissances. Au regard
du développement précédent, nous pouvons affirmer que L.
VYGOTSKY était contre l'enseignement magistral. J. BRUNER
développe les bases d'une théorie culturelle et historique de
l'apprentissage. Il situe l'ambition du culturalisme en disant que la culture
façonne l'esprit des individus. Pour lui, le sens donné aux
choses est lié à une communauté culturelle de
référence. Pour cela, il propose que l'école soit
«un endroit où les apprenants s'aident les uns les autres
à apprendre, chacun selon ses aptitudes». C'est dans cette
vision que A. BROWN et J. CAMPIONE (1995) ont trouvé qu'il faut modifier
le rôle de l'enseignant. Celui-ci doit être dorénavant
« un facilitateur plutôt que de s'ériger en dispensateur
unique du savoir ». R. GAGNE (1976) part des principes du
conditionnement, dont celui du renforcement. Pour R. GAGNE, l'apprentissage est
un processus qui résulte d'une interaction entre l'individu et son
environnement. Pour qu'il y ait apprentissage, on doit voir un changement dans
la performance. Selon sa théorie, l'apprentissage est donc
influencé par des événements internes (motivation) et
externes (rétroaction donnée par une personne externe, en
l'occurrence, l'enseignant). Il ajoute aussi, que des
événements externes favorisent l'apprentissage tels que activer
la motivation de l'élève, s'informer des objectifs
d'apprentissage, activer l'attention, stimuler le rappel des connaissances
antérieures, guider l'apprenant, etc.
III-3-3-2 Les principes dans l'organisation des
interactions
Le travail de groupe permet d'enseigner en organisant des
dispositifs d'apprentissage de type socioconstructiviste. J.P. BRONCKART (2001
:36) explique que l'action didactique des enseignants « constitue une
forme majeure de médiation sociale, visant à transformer le
fonctionnement psychologique des apprenants » et qu'il faut que
l'institution scolaire offre aux élèves un cadre pour
l'acquisition des signes et des systèmes de signes, outils de la
pensée selon L. VYGOTSKY (1985). Les apprentissages scolaires sont
générateurs de développement cognitif. Dans ce sens, toute
situation d'apprentissage scolaire est susceptible d'instaurer une Zone de
Proche Développement. M. GILLY, J.P. ROUX et A. TROGNON (1999 : 10)
trouvent que le développement se fait selon un processus allant de
l'inter à l'intra, au sein de contextes situationnels et interactionnels
au cours desquels « des fonctionnements interindividuels
médiatisés par des signes peuvent se transformer en
fonctionnements intra individuels eux-mêmes médiatisés par
des signes ».
28
III-3-4 Les théories humanistes
L'approche humaniste voit l'humain comme un individu qui se
construit selon ses perceptions personnelles du monde et qui tend toujours vers
une plus grande réalisation.
Un des grands représentants de cette approche est C.
ROGERS (1972). Selon lui, toute personne est fondamentalement bonne et tend
vers son plein épanouissement qu'il nomme «réalisation
de soi». La seule condition pour que cela fonctionne bien est que
l'individu grandisse dans la considération positive inconditionnelle.
Cette considération positive inconditionnelle n'est pas l'acceptation de
tout ce que fait l'individu mais bien plutôt la séparation entre
ce qu'il est et ce qu'il fait. Indépendamment de ce qu'elle fait, la
personne doit sentir qu'elle est quelqu'un d'unique, de bon, de capable. Ce
qu'elle fait peut correspondre ou ne pas correspondre à cette vision
mais doit être séparé. Par exemple, je peux dire à
un enfant: tu es quelqu'un et je t'aime mais je ne suis pas d'accord avec ce
que tu as fait. L'important, c'est que dans la désapprobation de ce que
l'enfant a fait, il ne sente pas que c'est lui qu'on condamne mais bien ses
gestes.
A. MASLOW (1970) est aussi un grand représentant de
l'approche humaniste. Pour lui, tout être tend aussi vers la
réalisation de soi. Il nomme cela «actualisation». Il
part de l'idée selon laquelle chaque humain tend vers la
réalisation de ses potentialités, tend à développer
au maximum ses talents et ses capacités. Il intègre à
cette idée le concept de satisfaction des besoins. En effet, selon lui,
il y a cinq grandes catégories de besoins:
- les besoins fondamentaux (manger, boire, dormir) ;
- le besoin de sécurité ;
- le besoin d'appartenance et d'amour ;
- le besoin d'estime
- le besoin d'actualisation.
Selon lui, il faut que les premiers besoins soient
comblés pour que l'on puisse s'occuper des autres. Quant à
l'actualisation, il s'agit d'une étape qui n'est jamais terminée
où l'individu va croître continuellement tout au long de sa
vie.
29
Synthèse des théories
énoncées
En résumé, nous pouvons dire que les
théories citées plus haut sont des vecteurs de transmission des
savoirs, les unes pour l'enseignement les autres pour l'apprentissage. Ces
théories se différencient par les techniques de transmission des
connaissances en mettant l'accent sur un point focal dans la méthode
d'acquisition. La théorie de G. FERRY accorde de l'importance sur les
contenus enseignés et privilégie de facto la position de
l'enseignant. Par contre, le conflit sociocognitif est centré sur
l'apprenant, ses capacités réelles à acquérir les
connaissances. Quant à la fonction communicative, elle
s'intéresse plus au statut et au rôle du langage dans la
communication entre les élèves d'une part et entre le
maître et les élèves d'autre part. Concernant les
théories sur l'apprentissage, nous pouvons dire que le behaviorisme met
l'accent sur le comportement de l'apprenant suite à une influence, une
nouvelle information reçue. Mais le constructivisme s'intéresse
plus aux processus mentaux mis en évidence par l'acquisition de
l'information et son traitement. Avec le socioconstructivisme, l'aspect
important est l'interaction entre l'environnement et les
caractéristiques de l'apprenant. Pour cela, il valorise l'observation et
la coopération sociale. Quant au courant humaniste, il souligne que le
plein épanouissement de l'individu se construit selon les perceptions
personnelles du monde. L'individu doit tendre vers sa propre
réalisation.
Les classes au primaire sont des classes à larges
effectifs avec des apprenants de la même tranche d'âge donc
susceptibles d'avoir les mêmes potentialités ou des
potentialités complémentaires. Il s'agit donc pour le
maître de savoir créer les conditions idoines pour que les
élèves se retrouvent dans une entraide mutuelle voire une
médiation sociale pendant les cours. Selon plusieurs théoriciens,
la connaissance s'acquiert de l'inter individuel à l'intra individuel.
Dans ce sens, un groupe dans lequel les interactions sont bien
canalisées et orientées, chaque individu du groupe verra ses
compétences s'augmenter. Au cours de notre étude, sans pour
autant négliger les autres théories, nous mettrons un accent
particulier au conflit sociocognitif. Cette théorie semble prendre en
compte plusieurs dimensions de l'apprenant tels que sa capacité mentale
réelle, la valeur de l'environnement d'étude et surtout le
prépare à sa future vie en société.
30
CHAPITRE IV : LA GESTION DES INTERACTIONS ET LA
REUSSITE DES APPRENTISSAGES
IV-1 La gestion de la classe
La gestion de la classe en situation d'interactions avec les
élèves se fera sous trois principaux angles : l'application des
mesures disciplinaires et des sanctions, l'application des règles et des
procédures, la supervision active de l'accomplissement du travail par
les élèves. Les enseignants efficaces supervisent
fréquemment l'apprentissage des élèves à la fois de
manière formelle et informelle selon J.A. BUTLER (1987) dans un article
publié dans la Revue des sciences de l'éducation n°511
« la gestion de la classe ». Ils exercent une
supervision continue du travail en groupe. (M.C. WANG et al, 1990) se
préoccupent d'ajuster le débit de la leçon aux besoins des
élèves (Revue des sciences de l'éducation n°511
« la gestion de la classe »). Pour D.R. CRUICKSHANK (1990) et W.
DOYLE (1986), les enseignants surveillent le groupe, c'est-à-dire qu'ils
sont attentifs au déroulement des activités dans l'ensemble de la
classe. C'est une attention qui va au-delà de l'individuel et
intéresse l'idée de groupe. Cette vigilance a pour
finalité la réussite des élèves. En somme, ils
soutiennent que l'enseignant dans sa classe doit bien organiser les
activités pour bannir les pertes de temps entre deux activités,
bien les agencer pour qu'elles s'accommodent à la résistance
psychologique des élèves.
IV-2 La formation des groupes primaires
IV-2-1 La sociométrie
Comment constituer des groupes d'enfants pour un travail
efficace ? C'est la préoccupation de l'enseignant qui veut
s'intéresser au travail de groupe car la constitution des groupes est
sans doute une des plus délicates actions pour le maître.
L'objectif qu'il doit viser c'est que chaque élève retire un
bénéfice personnel de sa participation au travail collectif. Dans
ce sens, J. MORENO (1969) cité par D. ANZIEU et al, (2000 :61) propose
la sociométrie. C'est un procédé de découverte et
d'analyse des modèles ou patterns d'acceptation ainsi que de rejet
mutuels des individus engagés dans des activités
déterminées. Une condition importante est le secret le plus
complet sur l'élaboration des listes de
31
sympathies et d'antipathies. Le sociogramme se constitue en
tenant compte donc des choix effectués par les uns et les autres. C'est
par cette technique que l'élève se sentira en
sécurité et dans des dispositions favorables de travail.
IV-2-2 Les propriétés des systèmes
ouverts
Pour P. VAYER (1987) dans « L'enfant et le groupe
», l'organisation des groupes peut se faire à travers les
propriétés des systèmes ouverts. Les systèmes
présentent des propriétés immédiatement applicables
à l'organisation des interactions dans l'ensemble-classe. Et plus le
système classe sera ouvert, plus les interactions seront faciles et plus
on pourra imaginer, créer et moduler les interactions. Le rôle de
l'adulte en tant que médiateur et responsable des interactions est de
faire en sorte que les diverses relations et stratégies
développées de part et d'autres soient évolutives. Pour E.
MORIN (1982), cité par P. VAYER (1987 : 151), « l'organisation
est le concept qui donne sa cohérence aux interactions». Pour
que se développent les interactions entre le sujet et son environnement,
il faut que celui-ci soit à la fois disponible, concerné et
autonome. Il importe aussi que l'environnement contienne de l'information. En
somme, selon P. VAYER (1987 :156) « Quand le système classe est
compris comme un système ouvert, il est quelque chose de vivant et
d'évolutif en même temps qu'il donne à chacun le sentiment
de sécurité et de vivre sur le mode autonome, condition sine qua
none de tout développement personnel».
IV-3 Les interactions sociales
Actuellement, les travaux centrés sur le rôle
constructeur des interactions sociales portent soit sur les " interactions
dissymétriques de guidage ", soit sur les " interactions
symétriques de résolution conjointe ".
Le premier pôle concerne plus spécifiquement tout
ce qui touche aux différents modes d'étayage ou de tutorat. M.
GILLY (1995 : 136) définit ces interactions de guidage par «
les interactions dans lesquelles un sujet naïf est aidé par un
sujet expert (adulte ou enfant plus avancé que le naïf) dans
l'acquisition d'un savoir ou d'un savoir-faire ». Cette orientation
est à l'origine des pratiques pédagogiques mettant en avant toute
forme de régulation effectuée par un individu plus
qualifié et donc apte à apporter une forme de soutien à
l'apprenant.
32
Le deuxième pôle s'intéresse aux
interactions caractérisées par une symétrie des statuts et
des rôles entre pairs. Les courants expérimentaux qui se sont
intéressés à ce type d'interactions ont le mérite
d'avoir clairement démontré qu'un bénéfice cognitif
peut apparaître sans que l'un des deux partenaires ne soit plus
compétent que l'autre. Cependant, comme le signalent S. JOHSUA et J.J.
DUPIN (1993 : 108), «Le progrès n'a pas toujours lieu : " C'est
lorsque les sujets ne maîtrisent pas encore les coordinations cognitives
en jeu dans l'effectuation de la tâche qu'on peut constater cette avance.
Par contre la supériorité du groupe n'est plus retrouvée
lorsque les coordinations impliquées sont acquises par chacun" (A. N.
PERRET-CLERMONT, 1981). En revanche, des progrès sont possibles
même si aucun des sujets ne maîtrise totalement les
opérations nécessaires pour la tâche ».
Même si l'étayage et le tutorat sont
présents dans la nouvelle méthodologie, les activités
proposées font appel aux interactions entre pairs de même statut.
C'est pourquoi, nous pensons qu'il est juste de tenir compte des relations
entre processus interpersonnels et processus intra-personnels dans la co-
résolution entre pairs. Dans ce sens, il y a différentes
façons d'organiser les interactions entre élèves :
l'apprentissage collaboratif, l'apprentissage coopératif et le
tutorat.
Dans l'apprentissage collaboratif, (A. BAUDRIT (2007) et
SLAVIN (2010)) il faut des contradictions entre partenaires et la recherche
d'un nouvel équilibre. Quant à l'apprentissage coopératif,
(SLAVIN 2010 :172) il se fait par un « travail de groupes restreints
ou en équipes dont les membres doivent s'entraider pour acquérir
des connaissances scolaires ». C'est dire qu'il existe une conscience
de buts collectifs et aussi d'une responsabilité individuelle. Le
tutorat est appliqué lorsque les interactions de tutelle
maître-élève passent entre les élèves. Il a
un effet positif pour le tuteur et son pupille.
IV-4 La communication entre les membres
Elle est capitale pour la réussite de toute entreprise
et intervient donc dans le système d'apprentissage avec l'enseignement
coopératif. A. ALAOUI et al (1996) l'évoquent suivant plusieurs
aspects positifs.
IV-4-1 L'importance de la communication
Une des particularités du travail en équipe
concerne les liens que cette formule exige entre les membres qui composent une
équipe. Une collaboration, une convergence des efforts
33
de chacun des membres et un partage des responsabilités
doivent s'exercer dans un climat de travail sain et de solidarité.
Dans une équipe, les membres doivent s'écouter
et se comprendre. Pour ce faire, chacun doit s'exprimer librement. L'expression
des idées et des points de vue de chacun permet une bonne circulation
des informations intrinsèques à la tâche à
réaliser. Toutefois, il ne faut pas perdre de vue que la communication
concerne aussi les informations extrinsèques à la tâche
à réaliser, c'est-à-dire l'expression des sentiments qui
animent les membres de l'équipe. Sans cette circulation d'informations,
intrinsèques et extrinsèques à la tâche à
réaliser, des malentendus et des insatisfactions peuvent naître et
provoquer chez certains des membres le sentiment d'être isolés et
de ne pas participer à la cible et à la tâche qui sont
communes.
Bref, dans une équipe de travail, la communication
entre les membres est essentielle. Elle doit englober autant les informations
liées au sujet dont traite le travail que celles liées aux
sentiments qui animent les membres de l'équipe qui participent à
la tâche.
IV-4-2 L'expression des sentiments et des
désaccords
Le climat qui règne au sein d'un groupe dépend,
entre autres choses, de la façon dont les membres s'y prennent pour
exprimer leurs suggestions, leurs oppositions ou leurs réserves
concernant les différents aspects d'un travail à réaliser.
Le même discours s'applique lorsqu'il s'agit d'exprimer des sentiments,
des malaises ou des tensions concernant, par exemple, l'attitude, le
comportement ou la façon d'échanger ou de travailler d'une
personne. En ce sens, l'expression des sentiments doit aussi se faire de
façon adéquate, soit dans le respect des membres de
l'équipe, en utilisant un niveau de communication favorisant la
confiance mutuelle entre les personnes et en assurant la confidentialité
des propos échangés au sein de l'équipe. Ainsi,
l'expression des sentiments qui nous animent au regard de la dynamique du
groupe, des interactions qui s'y produisent, du partage des tâches, du
rôle dévolu à chacun des pairs ou de tout autre aspect de
la vie du groupe, alimentera l'équipe en énergie en créant
des interactions entre ses membres.
La communication d'informations intrinsèques, ou
liées au sujet dont traite le travail, est facilitée, lorsque les
membres de l'équipe savent adopter, au moment opportun, les rôles
d'émetteur et de récepteur. L'expression des sentiments, des
tensions et des malaises nécessite,
34
outre les habiletés exigées par les rôles
d'émetteur et de récepteur, des habiletés plus pointues:
une compréhension de ce qui se passe dans le groupe, la capacité
d'analyser les sentiments qui nous habitent en tant qu'individu et membre d'une
équipe ainsi que la capacité d'exprimer de façon
constructive des remarques, des pistes nouvelles ou des critiques qui
s'adressent à des membres de l'équipe.
En somme, tous les membres d'une équipe ne peuvent pas
toujours être d'accord sur tout. Le désaccord fait partie du
quotidien d'une équipe. Effectivement, une volonté ferme de la
part de chaque équipière ou équipier à entretenir
au sein du groupe des relations interpersonnelles saines constitue, au
départ, un élément qui contribue à favoriser un
climat de travail sain pour une équipe. C'est dans cette optique,
d'ailleurs, que certaines personnes évitent d'exprimer leurs
désaccords, leurs réserves ou leurs sentiments concernant la
dynamique du groupe ou de certains de leurs pairs. Pourtant, s'abstenir
d'exprimer ses réserves ou son désaccord concernant la
tâche à accomplir ou les règles de l'équipe ne
contribue pas nécessairement à procurer un climat de travail
sain. Une telle situation contribue souvent à modifier en
«énergie résiduelle l'énergie disponible» de la
personne qui vit le désaccord; ce qui a pour effet de réduire
l'énergie dont dispose l'équipe et de freiner l'avancement de ses
travaux. Chaque membre a donc avantage à communiquer ses
réserves, ses désaccords et ses sentiments, au risque de
créer un conflit, plutôt que de garder pour lui ou pour elle ses
critiques ou ses réticences qui, elles aussi, nuiront autrement à
l'avancement des travaux du groupe.
IV-5 Le travail en groupe et ses
bénéfices
Selon D. W. Johnson et al, (1984), de très nombreuses
études scientifiques ont démontré que pour un
élève moyen, l'apprentissage est meilleur lorsqu'il
s'opère en groupe. Les gains du travail en groupe par rapport au travail
individuel sont les suivants :
I amélioration
légère de l'apprentissage disciplinaire ;
I meilleure mémorisation
à long terme ;
I motivation intrinsèque ;
I attitude plus positive envers la
matière étudiée ;
I développement d'objectifs de
haut niveau de la taxonomie de Bloom.
35
D'une façon plus vaste, la dynamique de groupe
caractérise une méthode où le groupe définit un
projet et des objectifs, découvre les moyens de les mettre en oeuvre et
évalue sa propre production. De cette démarche, le T group ou
groupe d'entraînement est le modèle. Il constitue un lieu de
travail puisque les membres se réunissent en vue d'une oeuvre à
faire, un espace de rencontre, étant un moyen de libération de
l'affectivité et un milieu d'analyse, il permet aussi d'affronter, de
contourner ou de dépasser les résistances, en vue
d'améliorer les relations humaines. Le T groupe permet aussi une
autogestion.
Pour J. MORENO (1969), la dynamique de groupe aboutit à
une mise en évidence de ces rapports dans le groupe classe sous la forme
du sociogramme. Elle ne se contente pas seulement de réguler mais
organise, corrige au besoin les déficiences affectives du lien social en
recourant souvent à la permutation des rôles.
La communication n'est pas seulement verbale chez les humains.
Selon Y. WINKIN (2008), les mille et un gestes de la vie quotidienne
constituent des communications, qui actualisent la culture d'une
société. En témoignent les multiples indices non verbaux
que nous lançons sur nos interlocuteurs comme par exemple la posture,
les gestes, la manière de nous habiller, de nous peigner, etc. C'est
dire que chaque canal sensoriel participe à la communication.
IV-6 Le rôle de chacun des membres
Dans la réalisation d'une activité de groupe
pour laquelle la formule du travail en équipe est
privilégiée, chaque membre est responsable de l'atteinte du but
commun. En ce sens, chacun doit faire les apprentissages prévus par le
maître qui a choisi l'activité en question et participer
efficacement et activement à la réalisation de la tâche
commune pour l'atteinte de la cible commune. Dans un tel contexte, chaque
membre qui compose l'équipe devient aussi une ressource pour les autres
et contribue à animer et à soutenir la motivation
nécessaire à la participation et à l'apprentissage des
autres membres. Paradoxalement, les membres d'une équipe doivent donc
garder à l'esprit que la qualité d'un travail
réalisé par une équipe dépend, entre autres choses,
de la qualité du travail réalisé individuellement par
chaque membre.
36
IV-6-1 Les rôles de récepteur et
d'émetteur
Chaque membre de l'équipe est important pour l'apport
personnel qu'il fournit à l'équipe et par les interactions qu'il
crée avec les autres. Toutefois, il faut que le climat qui règne
au sein du groupe soit propice à établir un niveau de
communication qui permet à chaque membre de s'exprimer librement et
d'écouter les autres. Il est essentiel, pour que chacun soit entendu et
compris, que chaque membre sache adopter au moment opportun les rôles de
récepteur et d'émetteur. Pour être écouté,
chaque membre doit s'exprimer de façon claire et précise suivant
un langage accessible accompagné souvent du langage non-verbal.
IV-6-2 Les rôles d'animateur et de
secrétaire
En plus des rôles d'émetteur et de
récepteur, certains membres de l'équipe seront appelés
à jouer un des deux rôles explicites que constituent celui
d'animateur et celui de secrétaire ou rapporteur du groupe. En effet,
ces rôles peuvent être assurés soit par chacun des membres
de l'équipe tour à tour, soit dévolus à deux
personnes que l'on juge aptes et qui assureront ces rôles durant toute la
durée du travail.
L'animateur est, bien sûr, celui qui anime les
réunions de travail. Cette personne est responsable de l'ouverture des
travaux, de leur bon déroulement dont le respect des étapes dans
lesquelles celles-ci doivent se dérouler ainsi que la distribution de la
prise de parole. D'une manière plus générale, il est
garant du respect des règles de fonctionnement établies par les
membres de l'équipe. L'animateur est aussi responsable d'assurer une
bonne circulation de l'information au sein de l'équipe et de favoriser
un climat de travail sain. Une qualité fort appréciée de
l'animateur ou de l'animatrice concerne la capacité à s'adapter
rapidement à une situation non prévue et d'arriver à
modifier complètement ou en partie un plan d'animation en fonction d'un
groupe devant lequel il se trouve.
La littérature sur l'efficacité du travail en
équipe attribue la réussite de certaines réunions au fait
qu'elles étaient bien animées. Toutefois, l'efficacité
d'un travail de groupe ne peut pas dépendre uniquement des
qualités de son animateur ou de son animatrice; le degré de
préparation et le niveau de participation des autres membres auront des
impacts déterminants sur celle-ci.
Quant au secrétaire, il doit noter objectivement les
propos et les idées débattues lors des travaux et qui serviront
comme résultats obtenus par le groupe. Cette restitution des
37
travaux en groupe nécessite donc du sérieux dans
la rédaction du document final qui pourrait être pris comme
évaluation du groupe. Tout comme les autres membres de l'équipe,
l'animateur et le secrétaire doivent participer activement à la
discussion. Dans ces circonstances, ils peuvent se départir,
temporairement ou de manière tournante, de leur rôle pour le
confier à un autre participant.
IV-6-3 Le leadership
Le leadership d'une personne est le pouvoir que celle-ci a
d'influencer les membres de son équipe. Plusieurs types de leaders,
positifs ou négatifs, peuvent influencer le fonctionnement de
l'équipe. En fait, toutes les personnes sont susceptibles d'exercer un
certain leadership sur les autres membres. Le type de leadership qu'une
personne est susceptible de manifester sera sous-tendu par ses
caractéristiques personnelles: ses qualités, ses talents, ses
expériences antérieures, le type de personnalité qu'elle
possède, les croyances auxquelles elle adhère, les valeurs
qu'elle véhicule, l'attitude qu'elle entretient envers les autres
membres ou envers le travail en équipe, etc. Les types de leadership
sont multiples et variés; il en existe probablement autant qu'il existe
de personnes. Nous n'en décrirons que quelques-uns, sous forme de
rôles de leaders positifs ou négatifs.
Le leader positif participe à la tâche et tente
de maintenir un bon climat au sein de l'équipe; il s'efforce
d'influencer positivement les personnes négatives; il amène
fréquemment des exemples reliés à l'objectif du
travail.
Le leader négatif amène souvent les membres de
l'équipe à déborder du sujet, à parler d'autres
choses que du travail ou à retarder inutilement le groupe; on l'entendra
dire, par exemple, « ça me fait penser à la partie de
football... » alors que la discussion n'a aucunement trait au
sport.
Ces rôles sont susceptibles d'être
empruntés par les membres d'une équipe. Ainsi, implicitement,
chacun est susceptible d'adopter un rôle de leader sous-tendu par son
attitude, sa personnalité, ses qualités personnelles, son
expérience, son attitude face aux autres membres de l'équipe,
etc.
Par ailleurs, il faut retenir que le leadership des membres de
l'équipe est particulièrement important à trois moments
précis du travail. À ces trois moments, un type particulier de
leadership aura plus d'impact et pourrait faciliter la réalisation du
travail de l'équipe.
38
À l'étape du choix des procédures et de
l'organisation du travail, la personne qui arrive à influencer
l'équipe pour établir un mode de fonctionnement efficace, est
celle qui joue normalement un leadership fonctionnel.
Le leadership d'expertise est lié à l'influence
qu'exerce une personne, au moyen de ses connaissances, ses habiletés,
ses compétences pour faire progresser le groupe lors de la
définition des objectifs, des tâches, des orientations et lors du
choix des moyens à déployer pour réaliser le travail.
Le leadership socio-affectif est joué par la personne
qui, par son esprit ouvert et chaleureux, arrive à établir un
climat amical entre les membres de l'équipe principalement lors des
premières rencontres du groupe de travail.
L'influence des types de leadership peut être donc
positive ou négative. Pour cette raison, il revient à chaque
membre de participer au leadership de l'équipe et de demeurer conscient
de la nature du leadership qu'il joue lui-même et de celui qui est
joué par chacun des autres membres, afin de rétablir
l'équilibre au sein de l'équipe chaque fois que le climat de
travail est menacé par un leadership négatif.
IV-7 La convergence des efforts dans le groupe de
travail
La convergence des efforts de chacun des membres concerne
l'apport personnel que chacun fournit à l'équipe et les
interactions entre les membres. En ce sens, l'équipe s'avère un
système fragile très dépendant des individus qui le
composent puisque son énergie totale dépend de celle de chacun de
ses membres et de la qualité des interactions entre ces personnes.
Selon R. PREGENT (1990), chaque membre possède une
« énergie disponible »; celle qu'il met à la
disposition de l'équipe en s'impliquant dans la tâche à
réaliser et dans les relations avec les autres. Il arrive, à
certains moments et pour des raisons diverses (préoccupations
personnelles, surcroît de travail, état de santé, etc.),
qu'une personne se montre moins intéressée aux activités
de l'équipe. À ces moments, une partie de son énergie est
transformée en ce que R. PREGENT (1990) appelle «
l'énergie résiduelle ». Plus l'énergie
résiduelle de chaque membre est élevée, moins
l'équipe possède d'énergie disponible pour
39
progresser. A l'inverse, plus l'énergie
résiduelle des membres est minime, plus l'énergie disponible sera
élevée et le fonctionnement de l'équipe sera meilleur.
La convergence des efforts des membres de l'équipe
concerne, de plus, les interactions entre les membres. En fait, plus il y aura
d'interactions entre les membres de l'équipe, plus celle-ci disposera
d'énergie. En ce sens, il est certain que s'opposer à une
idée émise par un membre, ou simplement exprimer des
réserves quant à une suggestion formulée par un membre, ne
réduira pas l'énergie dont dispose l'équipe vers la
poursuite de la cible commune. Au contraire, exprimer ouvertement ses
idées et ses opinions c'est fournir un apport à l'équipe;
c'est alimenter l'équipe en énergie en créant des
interactions entre les membres. Ce qui peut réduire l'énergie
dont dispose l'équipe, c'est d'envenimer le climat de travail qui
règne au sein de l'équipe en utilisant une façon
néfaste, ou non appropriée, d'exprimer ses idées, ses
opinions ou ses oppositions.
Autrement dit, tout est dans la façon de s'y prendre
pour s'exprimer ouvertement; soit pour appuyer une idée, soit pour
exprimer un désaccord ou pour proposer une nouvelle piste. Dans une
équipe, chaque membre doit s'exprimer ouvertement et, en même
temps, chaque membre a la responsabilité de contribuer à
établir et à conserver un climat de travail sain; utiliser un
niveau de communication favorisant la confiance mutuelle entre les membres,
adopter une attitude respectueuse envers les autres et les assurer d'une
certaine confidentialité de l'information véhiculée au
sein de l'équipe. De cette façon, en plus de l'énergie que
chacun met à la disposition de l'équipe, cette dernière
puisera des énergies à travers les interactions saines et
constructives qui se produisent entre les membres.
En fait, la formule du travail en équipe se distingue
de la formule de travail partagé. Dans une équipe de travail,
chaque équipier doit faire tous les apprentissages prévus par le
maître qui a choisi l'activité en question et participer
activement et efficacement à la cible et à la tâche
commune. En d'autres termes, chaque personne devient donc responsable de
l'atteinte du but commun et demeure une ressource pour ses co-équipiers
en contribuant à animer et à soutenir l'équipe de travail
par sa motivation, sa participation, ses efforts, son expertise, son savoir,
ses habiletés, ses qualités, etc.
40
IV-8 Le maître comme guide
Le maître qui applique le travail en groupe peut se
référer au modèle de C. ROGERS (1973) : de la
non-directivité. C'est une conception pédagogique avec une double
fonction : une fonction de préparation et celle de productivité.
En premier lieu, le groupe «rogérien» autorise l'adoption de
comportements nouveaux et de ce fait, favorise la réceptivité.
De plus, la prise de conscience favorise la constitution d'un
savoir-dire actuel et concret. Alors, quelle attitude l'enseignant doit-il
adopter dans une classe travaillant en groupes ?
Il ne doit pas s'imposer. Il doit donc avant tout être
un facilitateur car le but ultime de toute formation, c'est l'acquisition de la
capacité d'acquérir des connaissances. Son leadership
réside dans le fait qu'il doit unifier les groupes, canaliser leurs
interactions donc favoriser l'expression et la libération de
l'énergie au sein de chaque groupe, mais aussi, maîtriser comment
analyser le travail de groupe d'élèves, surtout les interactions
qui s'y déroulent.
IV-9 L'analyse du travail de groupe
Il s'agit de chercher à comprendre les
mécanismes de l'apprentissage. C'est au sein des situations sociales
ayant pour finalité un apprentissage que les médiations
sémiotiques jouent un rôle constructeur, car « elles
accomplissent des événements sociaux et des
événements cognitifs » selon A. TROGNON (1999 :71).
Avec R. GHIGLIONE (1993), A. TROGNON affirme que c'est une approche pragmatique
qui étudie la coordination entre la pensée, le langage et les
comportements sociaux. Ce sont des recherches faites par des didacticiens, des
psychologues développementaux et des pragmaticiens.
Cette analyse peut se faire à travers la théorie
de la logique interlocutoire. Son principe fondamental est de prendre pour
objet les séquences conversationnelles. Toute conversation constitue
« une sorte de matrice primaire (primitive, précoce)
d'accomplissement des rapports sociaux et de la pensée, cela au travers
de l'usage du langage » A. TROGNON (1999 : 69). Puis avec D. BRIXHE
et A. N. PERRET-CLERMONT (1999), ils trouvent que c'est la méthode la
plus pertinente pour expliquer le passage de l'inter à l'intra
individuel dans des situations d'apprentissage. Elle permet de décrire
l'engendrement des événements sociocognitifs au sein des
interlocutions, donc de comprendre à la fois comment s'élabore
41
socialement un produit cognitif commun au cours d'un travail de
groupe et comment un sujet peut apprendre au cours d'une situation de ce
type.
L'analyse des interactions dans un travail de groupe peut se
faire suivant le schéma proposé par R. BALES (1950) cité
par D. ANZIEU et J-Y. MARTIN (2000 :90) dans « La dynamique des
groupes restreints».
Tableau n°3: Catégories de R. Bales pour
l'observation des interactions dans un groupe
1- Solidarité : fait preuve de solidarité,
encourage, aide, valorise les autres.
|
2- Détente : cherche à diminuer la tension,
blague, rit, se déclare satisfait.
|
3- Accord : donne son accord, accepte tacitement, comprend.
|
4- Donne des suggestions, des indications respectant la
liberté d'autrui.
|
5- Donne son opinion, analyse, exprime son sentiment, son
souhait.
|
6- Donne une orientation, informe, répète,
clarifie, confirme.
|
7- Demande une orientation, information,
répétition, confirmation.
|
8- Demande une opinion, évaluation, analyse, expression
d'un sentiment.
|
9- Demande des suggestions, directions, moyens d'actions
possibles.
|
10- Désaccord : désapprouve, rejette passivement,
refuse de l'aide.
|
11- Tension : manifeste une tension, demande de l'aide, se
retire de la discussion.
|
12- Antagonisme : fait preuve d'opposition, dénigre les
autres, s'affirme soi-même.
|
|
Source : D. ANZIEU et J.Y. MARTIN (2000
:90)
Explications du tableau suivant les numéros
inscrits
y' Les réactions positives représentant la zone
socio-émotionnelle positive sont
caractérisées par les numéros: 1,2 et 3.
y' Les réponses se manifestent à travers les
numéros: 4,5 et 6.
y' Les questions sont représentées par les
numéros: 7,8 et 9.
y' Les réponses et les questions constituent la zone
neutre de la tâche.
y' Les réactions négatives renvoient à la
zone socio-émotionnelle négative déterminée
par les numéros: 10,11 et 12.
42
y' Les problèmes de communication se situent au niveau des
numéros 6 et 7.
y' Les problèmes d'évaluation se situent au niveau
des numéros 5 et 8.
y' Les problèmes d'influence se situent au niveau des
numéros 4 et 9.
y' Les problèmes de décision se situent au niveau
des numéros 3 et 10.
y' Les problèmes de tension se situent au niveau des
numéros 2 et 11.
y' Les problèmes d'intégration se situent au niveau
des numéros 1 et 12.
IV-10 La pédagogie de groupe en lecture
M.J. BRIBA/TOE et al (1998) dans la revue n°327 de la
bibliothèque de l'ENS-UK à travers un article titré «
La pédagogie de groupes en lecture » nous informent que
dans le travail de groupe, il s'agit en un premier temps d'attribuer les
tâches et rôles au sein des groupes. Dans chaque groupe il y aura
un responsable du matériel, un secrétaire et un porte-parole et
il sera doté d'une ardoise géante. L'ardoise sert de support sur
lequel le groupe rédige les réponses aux exercices
proposés. Et « au fil des séances, chaque enfant sera
appelé à tenir les trois rôles à l'intérieur
de son groupe de travail » (Ibid. : 15). L'organisation de l'espace
est importante surtout avec les classes souvent exigües et les effectifs
importants. Pour cette raison, le maître doit exploiter judicieusement
l'espace de la classe, la cour de l'école afin de mettre tous les
groupes dans de bonnes dispositions de travail. Un aménagement des
endroits ombragés et l'ombre des murs pour chaque groupe, s'avère
nécessaire.
43
DEUXIEME PARTIE :
ASPECTS PRATIQUES
44
CHAPITRE I : LES BASES DU TRAVAIL SUR LE TERRAIN
Ce chapitre présente et justifie les choix
méthodologiques concernant le milieu d'étude, la population et
l'échantillon de la recherche. Il nous indique aussi et surtout le choix
de la méthode d'approche, les outils de collecte et d'analyse des
données.
I-1 Le contexte d'étude, la population et
l'échantillon de la recherche
L'essentiel de nos recherches s'est déroulé dans
les écoles primaires des régions de la BOUCLE du MOUHOUN et du
CENTRE-OUEST.
I-1-1 Présentation du contexte d'étude
Il s'agissait pour nous de répertorier et
d'apprécier les conditions de réalisation de l'enseignement
coopératif en milieu scolaire. Nous nous sommes donc
intéressé aux écoles primaires. Le système
éducatif dans notre pays prévoit une scolarité de six
niveaux qui va du CP1 au CM2 soit six années scolaires. Nous avons
échangé avec beaucoup d'acteurs de ce système afin
d'obtenir des observations directes de leçons. Le choix des classes et
des disciplines à observer importait peu, notre objectif premier
étant de suivre des leçons mettant en interactions des
élèves organisés en groupe de travail. Les effectifs de
chaque classe ou de chaque groupe n'étaient pas non plus une
préoccupation pendant cette étude.
I-1-2 La population de recherche
Suivant l'objet de notre recherche, la population que nous
avions ciblée au départ était les écoles primaires
de statut public de la région du centre-ouest. Toutes les écoles
étaient situées à environ dix kilomètres de la
ville : deux (2) écoles en zone urbaine et deux (2) écoles en
zone rurale. Mais suite à des problèmes d'ordre syndical, nous
avons été contraint de changer de population d'étude. Un
syndicat d'enseignants nous a interdit l'accès des salles de classes
pour les observations des leçons malgré l'appui que nous avions
obtenu de monsieur l'Inspecteur, Chef de la Circonscription d'Education de Base
(CCEB) de Koudougou IV. Pour cette raison, nous avons plutôt
été dans d'autres écoles. La population est maintenant
45
constituée de sept (7) écoles primaires issues
de trois (3) Circonscriptions d'Education de Base (CEB) que sont RAMONGO et
TENADO dans la région du CENTRE-OUEST et DEDOUGOU II dans la BOUCLE du
MOUHOUN.
Tableau n°4 : Situation des écoles et classes
visitées
CEB
|
Ecoles
|
Classes visitées
|
Effectifs des
classes
|
Disciplines observées
|
Leçons présentées
|
Dédougou II
|
Hankuy « A »
|
CP2
|
109
|
Calcul
|
Décompositions additives de 60
|
Dédougou II
|
Hankuy « A »
|
CM2
|
65
|
Lecture
|
Le lieutenant de
Kouta
|
Ramongo
|
Kolonkandé
|
CE2
|
98
|
Vocabulaire
|
Adama et le lion
|
Ramongo
|
Kolonkandé
|
CM1
|
94
|
Calcul
|
Le double, le triple
|
Ténado
|
Ténado « A »
|
CP2
|
45
|
Lecture
|
Les sons « eil,
eille »
|
Ténado
|
Tiébo
|
CE2
|
37
|
Calcul
|
Bénéfice et perte
|
Ténado
|
Batondo
|
CE1
|
84
|
Calcul
|
Achat, vente
|
I-1-3 L'échantillon de recherche
Pour mieux cerner la question des interactions entre les
élèves dans un travail de groupe, nous avons fait une
étude comparative entre les résultats obtenus dans les classes de
CP2 de l'école de D3 et celle de D5 sur la même leçon de
calcul : les décompositions additives du nombre 60.
I-2 Les techniques de collecte et les méthodes
d'analyse des données
Nous cherchons dans cette étude à analyser le
système de gestion des interactions pendant les travaux de groupes des
élèves du primaire. Certains paramètres présents
comme le
46
cognitif, le social rendent plus complexes cette analyse.
Aussi les aspects psychologiques qui s'y déroulent sont-ils nombreux que
nous ne prétendons pas les détecter tous.
I-3 Les techniques de collectes des données
Pour la collecte des données, nous nous sommes
intéressé aux instruments suivants : la recherche documentaire,
le questionnaire et l'observation directe des leçons.
I-3-1 La technique documentaire
Elle nous a permis d'enrichir notre travail de recherche par
des consultations variées relatives à notre sujet d'étude.
Nous avons, par cette technique, collecté plusieurs documents pour
constituer notre revue de la littérature. Il s'agit entre autres des
ouvrages généraux, des mémoires, des revues que nous avons
empruntées dans les bibliothèques de l'UFR-LSH et de l'ENS-UK.
Nous l'avons complétée par des recherches tirées des
Technologies de l'Information et de la Communication(TIC).
I-3-2 La technique de questionnaire
Elle nous a permis d'obtenir des informations auprès
des enquêtés. Nous avons adressé des questionnaires
à tous les participants à savoir les élèves, les
maîtres et les directeurs d'école. Certains enseignants et
directeurs ont rempli séance tenante le questionnaire mais d'autres nous
ont donné rendez-vous ultérieurement. Nous avons pu rentrer en
possession de tous les questionnaires distribués. Au début de
notre étude, il était prévu un guide d'entretien pour les
directeurs d'école. Cependant, avec leurs multiples occupations du
moment avec les préparatifs des clôtures des groupes d'animation
pédagogiques (GAP) et les phases finales de l'organisation du sport
à l'école primaire (OSEP), ils nous ont fourni plus tard les
guides. Cette nouvelle donnée nous amène donc à
considérer ces guides comme des questionnaires.
Soulignons que tous les questionnaires adressés aux
différents enquêtés assurent la confidentialité et
l'anonymat des participants. Aussi, des questions fermées étaient
adressées aux élèves, des questions semi-ouvertes et
ouvertes aux directeurs et aux maîtres. C'est dans
47
le souci de mieux cerner les difficultés liées
à l'enseignement coopératif que nous avons élaboré
des questions ouvertes surtout dans son volet relatif aux interactions pendant
une activité précise.
I-3-3 L'observation directe
Cette technique a été très importante
dans le cadre de cette recherche en ce sens qu'elle nous a permis de constater
nous-mêmes et d'étudier les comportements des élèves
au sein des différents groupes et d'ainsi pouvoir analyser d'autres
faits importants pour notre étude. Mais la programmation des
leçons à observer n'a pas été facile.
Néanmoins avec les affinités et surtout l'expérience que
nous avons de l'emploi d'instituteur, nous avons réussi à
planifier des sorties en collaboration avec les enseignants titulaires de
classe, leurs directeurs et le premier responsable de la Circonscription
d'Education de Base. Comme démarche, nous avons échangé
avec monsieur l'Inspecteur, Chef de la Circonscription d'Education de Base de
TENADO le 16 mai 2013 afin que cette programmation soit bien
élaborée. Grâce à son intervention et à la
bonne volonté des directeurs et maîtres d'école, nous avons
pu observer trois leçons dans trois écoles différentes le
28 mai 2013.
Les séquences d'interactions dans les travaux de groupe
des élèves de toutes les leçons observées ont
été filmées.
I-4 Les méthodes d'analyse des
données
I-4-1 La méthode qualitative
Nous baserons notre étude sur la méthode
qualitative. Elle correspond au mieux à une telle étude du fait
qu'elle permet de prendre en compte chaque aspect et de chercher à
comprendre ses influences sur l'individu comme sur le groupe d'individus. C'est
pour cette raison que nous nous sommes limités à sept classes
à l'école primaire. Les données recueillies seront
compilées sous forme de tableaux selon la catégorie de
participants.
48
I-4-2 La méthode analytique
Nous utiliserons aussi la méthode analytique qui nous
permettra d'apprécier et d'analyser les données
accumulées. Cette méthode procède par voie d'analyse des
données recueillies afin de mieux cerner les appréciations et les
préoccupations des enquêtés, de déterminer et
d'expliquer les rapports qui existent entre les différentes
données cumulées.
I-4-3 La méthode comparative
La méthode comparative nous amènera à
comparer deux leçons identiques que nous avons suivies dans deux classes
à égal niveau, avec deux enseignants différents et dans
deux zones aux réalités différentes.
Nous pensons par ces trois méthodes aboutir à une
analyse fiable des données recueillies.
I-5 La validation et l'administration des outils
Avant l'administration des outils, nous les avons soumis
à la validation par la méthode des juges à des enseignants
pétris d'expérience. Il s'agit d'un
élève-inspecteur du primaire, deux
élèves-conseillers pédagogiques itinérants, tous en
formation à l'Ecole Normale Supérieure de l'Université de
Koudougou. Pour les acteurs sur le terrain, nous avons demandé des
amendements à un Instituteur Principal (IP) et à un Instituteur
Certifié (IC). Tous ces acteurs ont chacun plus de dix années
d'expérience en classe. Après dépouillement, les
différents amendements pertinents ont été
intégrés. Ce qui a validé nos outils et nous nous sommes
déporté sur le terrain pour les enquêtes. D'abord, les
premières expériences ont été faites dans les
classes (CE2 et CM1) de l'école de KOLONKANDE le 22 mai 2013. Puis, nous
avons poursuivi l'administration des outils dans les classes de CP2 et de CM2
de l'école de Hankuy « A » à DEDOUGOU le 24 mai 2013.
Ensuite, le 28 mai 2013, nous avons passé dans les trois écoles
de la CEB de TENADO. Enfin, la dernière sortie suggérée
par le Directeur de mémoire a eu lieu le mardi 04 juin 2013 dans la
classe du CP2 de D5 afin de suivre une leçon précise : la
décomposition additive du nombre 60.
En somme, nous avons effectué au total quatre (04)
sorties et observé huit (08) leçons qui ont concerné les
classes du CP2 au CM2. Nous n'avons pas eu la chance d'être reçu
par un
49
maître titulaire de la classe du CP1. Des six divisions
que compte le cycle du primaire, seule donc la classe du CP1 n'a pas
été considérée dans notre population
d'étude.
50
CHAPITRE II : PRESENTATION DES RESULTATS DES TRAVAUX DE
TERRAIN
Dans ce chapitre, nous présenterons les données
recueillies sous sa forme questionnaire et nous commenterons aussi les
séquences filmées.
II-1 Les données recueillies à l'aide de
questionnaires
Afin de garder l'anonymat, nous allons utiliser des codes pour
identifier les participants. Pour les chefs de groupe, les codes suivants
seront appliqués : C1, . .jusqu'à C12 soit douze chefs de groupe
ayant participé à l'enquête. Pour les autres
élèves au nombre de vingt-trois (23), nous utiliserons les signes
E1, E2. .jusqu'à E23. Les sept (07) enseignants, qui ont bien voulu nous
présenter les leçons, seront codifiés de la
manière, soit M1, M2. .jusqu'à M7. Quant aux cinq (05)
directeurs, nous leur appliquerons les codes D1, D2. .jusqu'à D5. Les
pourcentages obtenus par les calculs sont pour les réponses positives
qui sont susceptibles de confirmer nos hypothèses de recherche.
II-2 Les résultats du questionnaire
auprès des chefs de groupe
Les pourcentages que nous allons donner concernent uniquement
les réponses. Ces résultats nous permettent d'avoir une vision
plus claire sur les affirmations données et qui de principe concourent
à valider nos hypothèses et nous donnent une idée
d'ensemble afin de mieux cerner le phénomène étudié
: les interactions dans les groupes de travail des élèves.
L'appréciation des conditions matérielles de travail a
été notre vision personnelle. Nous sommes donc parti du principe
que le matériel doit être diversifié et l'espace assez
ouvert pour des activités de groupe. Il doit y avoir le matériel
collectif mais aussi celui individuel. Quant à l'espace, nous comparons
l'effectif de la classe à la surface de la classe. Pour un travail de
groupe, un effectif de plus de soixante-quinze élèves ne peut
rester en classe et produire de bons résultats car l'espace disponible
pour placer les tables-bancs en position de travail de groupe est insuffisant
pour la plupart des classes. Dans le calcul de pourcentages, nous avons
volontairement négligé les parties décimales que nous
avons arrondies suivant qu'elles sont moins ou plus de 0,5.
51
II-2-1 Les conditions matérielles de travail
Tableau n°5 : Conditions matérielles des
classes
Observation des activités
|
Oui
|
Non
|
Pourcentages
|
L'espace est-il correct pour faire ce que le maître vous
a demandé ?
|
04
|
08
|
33%
|
Le matériel que vous utilisez, est-il suffisant ?
|
10
|
02
|
83%
|
Le matériel est-il beaucoup diversifié ?
|
04
|
08
|
33%
|
II-2-2 La tâche et son organisation
Tableau n°6 : Activités de groupes et leur
organisation
Observation des activités
|
Oui
|
non
|
Pourcentages
|
Expliquez-vous aux élèves le travail qui doit
être fait ?
|
12
|
00
|
100%
|
Faites-vous un bilan des réponses données par
les élèves ?
|
04
|
08
|
33%
|
Interrogez-vous tous les élèves de votre
groupe ?
|
11
|
01
|
92%
|
II-2-3 L'évolution psychologique du groupe
Tableau n°7 : Evolution psychologique des
groupes
Observation des activités
|
Oui
|
Non
|
Pourcentages
|
Aidez-vous tous les élèves du groupe à
mieux apprendre les leçons ?
|
12
|
00
|
100%
|
Est-ce que vous demandez souvent à des
élèves qui se disputent de se taire pendant le travail de groupe
?
|
08
|
04
|
67%
|
Interrogez-vous ceux qui ne lèvent pas la main?
|
11
|
01
|
92%
|
Racontez- vous souvent des histoires qui font rire ?
|
05
|
07
|
42%
|
52
II-2-4 Les contraintes de temps
Tableau n°8 : Contraintes de temps de travail en
groupes
Observation des activités
|
Oui
|
Non
|
Pourcentages
|
Le temps est-il suffisant pour l'activité
?
|
11
|
01
|
92%
|
Rappelez-vous le temps qui reste au groupe ?
|
12
|
00
|
100%
|
Y a-t-il des élèves qui vous empêchent
souvent de travailler en groupe ?
|
02
|
10
|
17%
|
II-2-5 Les styles d'animation
Tableau n°9 : Styles d'animation
Observation des activités
|
Oui
|
non
|
Pourcentages
|
En tant que chef de groupe, dites-vous comment le groupe va
travailler ?
|
12
|
00
|
100%
|
En tant que chef de groupe, amenez-vous le groupe à
décider de comment travailler ?
|
00
|
00
|
0%
|
En tant que chef de groupe, laissez-vous chacun faire
ce qu'il veut ?
|
00
|
00
|
0%
|
53
II-3 Les résultats du questionnaire
auprès des élèves
Tableau n°10 : Réponses des
élèves
Question n°
|
Oui
|
Non
|
Pourcentage
|
1
|
22
|
01
|
96%
|
2
|
23
|
00
|
100%
|
3
|
23
|
00
|
100%
|
4
|
22
|
01
|
96%
|
5
|
23
|
00
|
100%
|
6
|
23
|
00
|
100%
|
7
|
22
|
01
|
96%
|
8
|
16
|
07
|
70%
|
9
|
20
|
03
|
87%
|
10
|
18
|
05
|
78%
|
11
|
10
|
13
|
43%
|
12
|
11
|
12
|
48%
|
13
|
23
|
00
|
100%
|
14
|
23
|
00
|
100%
|
15
|
20
|
03
|
87%
|
II-4 Les résultats du questionnaire
adressé aux maîtres et leurs directeurs
Nous allons présenter les résultats issus du
questionnaire adressé aux maîtres suivant quelques aspects
à savoir leur vision du travail de groupe dans sa
généralité, la formation des groupes, le choix des
leaders, l'importance du travail de groupe, les techniques de gestion des
interactions dans le groupe de travail et sa contribution à la
réussite des apprentissages scolaires des élèves du
primaire.
54
II-4-1 Le travail de groupe dans sa
généralité
Tous les enseignants qui pratiquent le travail de groupe
trouvent qu'il est une nécessité pédagogique. Un seul (M1)
l'applique de manière volontaire. Mais la réponse à la
question de savoir si le travail de groupe peut s'appliquer à toutes les
disciplines, il y a divergence des points de vue. Quatre (04) maîtres sur
les sept (07) appliquent le travail de groupe dans toutes les disciplines. Les
trois (03) autres ne l'appliquent qu'en calcul et en lecture qui sont les
disciplines dites fondamentales (M4). M6 dit ne pas utiliser le travail de
groupe ni en récitation ni en écriture. Aussi, trouvent-ils que
les contraintes de temps et l'insuffisance du matériel (M3) sont
d'autres raisons qui limitent son application à toutes les disciplines.
De plus, ils sont unanimes à reconnaître que le travail de groupe
est une solution à l'apprentissage des classes à large
effectif.
A la question de savoir si le travail de groupe est une
solution efficace pour améliorer les apprentissages scolaires, quatre
des cinq directeurs ont répondu par l'affirmative. Seul D4 a
répondu par la négative. Pour lui, « les enseignants ne
sont pas suffisamment outillés dans l'ensemble ». Quant au
pourquoi de ceux qui ont répondu par l'affirmative, D1 trouve que
« le travail de groupe permet de toucher chacun des apprenants »,
D5 trouve qu' « il fait travailler tous les élèves
en même temps ». Et D3 ajoute en disant « qu'il permet
à chaque élève de participer aux apprentissages ».
Pour D2, « le travail de groupe est source d'émulation des
enfants et suscite en eux l'esprit de coopération et de leadership
». Tous les cinq (05) directeurs sont unanimes à
reconnaître que le travail de groupe peut s'appliquer à toutes les
disciplines. La pratique de cette technique est diversement vécue d'une
école à une autre. D2 déclare que 30% de ses adjoints font
recours au travail de groupe, et D1 lui, évoque 80% et D5 avance un
chiffre de 85%. Quant aux trois (03) autres directeurs, dans leurs
écoles, tous les enseignants l'appliquent soit 100%. Dans le cadre de
l'enseignement coopératif, les adjoints sollicitent l'aide de leur
directeur. D1 dans ce sens intervient « par des conseils pratiques
» et D3 confirme en proposant aux adjoints « une
organisation et un choix spécifique des activités ».
Quant à D5, il fait « des suivis de prestations et des
conseils». Selon D2 et D4, leurs adjoints n'ont pas besoin de leur
soutien pour cette pratique pédagogique. Aussi reconnaissent-ils tous
que le travail de groupe comporte des difficultés que leurs adjoints ne
cessent de relever à chaque occasion.
55
II-4-2 La formation des groupes de travail
Pour la formation des groupes, tous reconnaissent former
eux-mêmes les groupes de travail des élèves. De plus, ils
désignent les leaders de chaque groupe suivant des critères bien
définis. Selon M1, « le groupe doit être
hétérogène à savoir formé de garçons
et de filles avec des compétences différentes ». En
plus de l'hétérogénéité, M5 ajoute qu'il
prend en compte les affinités dans la formation des groupes. M6 dit
« tenir souvent compte de l'affinité entre les
élèves ». Pour M2, « l'organisation des
groupes de travail se fait en fonction du niveau de chaque élève
par discipline ». Pour le choix du chef de groupe, les maîtres
pensent qu'il faut désigner l'élève le plus performant et
discipliné. Selon M5, « le leader devra savoir bien lire et
maîtriser la discipline, savoir comment aider les autres. Il doit aussi
être patient, prêt à s'investir et être le meilleur du
groupe ». Et M6 trouve que le bon leader doit avoir « un bon
rendement scolaire, une bonne participation en classe, ayant un bon
comportement d'entraide ». Dans la gestion des interactions dans les
groupes, tous les instituteurs enregistrent des plaintes de la part de quelques
élèves. Ils ménagent les groupes par des sensibilisations
quant à la bonne collaboration au sein des groupes. M2 passe par
« le questionnement, nous demandons aux élèves de
collaborer, de dire ce qu'ils ont appris aux autres, comment ils ont appris
».
II-4-3 L'importance des travaux de groupe
Quant à la période propice au travail de groupe,
les enseignants dans leur majorité trouvent que c'est une pratique qui
peut se faire à tout moment de la journée. Cependant M2 pense
qu'il serait mieux indiqué de faire recours au travail de groupe
uniquement l'après-midi.
Le troisième aspect que nous avons pris en compte dans
nos recherches était la contribution possible du travail de groupe dans
le cadre de l'apprentissage scolaire. Il ressort des réponses des
enseignants que le travail de groupe apporte beaucoup dans la réussite
des apprentissages scolaires. Certains font des devoirs de groupe pour
évaluer le niveau de chaque groupe. Seul M3 dit ne jamais faire recours
à des devoirs de groupe. Ceux qui en font trouvent à
l'unanimité que les résultats sont satisfaisants.
56
A la question `les résultats obtenus sont-ils issus
d'un consensus ?», les réponses sont diversifiées. Ainsi,
60% des maîtres disent que les résultats sont toujours obtenus par
consensus et pour les autres (40%) les résultats sont parfois obtenus
par consensus. Aucun enseignant n'a répondu à cette question par
« jamais ». La majorité des maîtres utilise le style
démocratique pour animer les travaux de groupe. Cependant M1 dit
être autocratique et M5, lui, est permissif. Les enseignants font recours
à plusieurs techniques d'animation parmi lesquelles quelques-unes sont
officiellement reconnues. Il s'agit entre autres de l'aide mutuelle ou
monitorat, de la leçon débat, de l'élaboration
progressive, des techniques citées par M5. Et M6 dit utiliser le
brainstorming et le panel pour l'animation des groupes de travail.
Tous les cinq (05) directeurs affirment que le maître
peut influencer les interactions au sein des groupes de travail. Pour D1, cela
est possible « en orientant les élèves, en expliquant la
méthode de travail ». Selon D4, c'est « en guidant
les membres du groupe vers les objectifs escomptés » et D3
ajoute « en encourageant les bonnes actions » que le
maître pourra influencer les interactions en travail de groupe.
Les directeurs ont répondu par l'affirmative quand il
s'agissait de dire si le travail de groupe accroissait les performances
individuelles des élèves. De plus, les facteurs
déclencheurs sont multiples. Pour D1 ce sont : « la confiance
en soi, la décrispation ». D3 souligne les effets de
« la motivation, la compétition, l'affirmation de la
personnalité, les actions du groupe ». D2 trouve que le
travail de groupe est « une compétition qui demande l'effort
personnel, ce qui entraîne les membres à s'exprimer et
débattre dans le groupe, chacun voulant devenir moniteur». D5
évoque « la discussion entre
élèves».
II-4-4 Les techniques de gestion des interactions
Les maîtres ont évoqué beaucoup d'astuces
pour la gestion des interactions au sein des différents groupes. Ils ont
recours à des conseils, des suivis rapprochés, des
sensibilisations, la confiance en soi. Selon M5 « chaque groupe jouit
d'une autonomie consensuelle mais nous les invitons au cours des
activités de groupes à faire des observations, à mener des
réflexions,
à mettre en commun leurs idées et à
choisir les réponses à retenir Nous supervisons
les activités au sein des groupes tout en les encourageant par des
renforcements positifs ». Pour M6, il s'agit « d'abord
d'établir les règles du jeu, de passer pour recueillir les
difficultés
57
rencontrées dans les groupes, expliquer le travail
à faire pour résoudre ces difficultés et régler les
tensions pouvant exister dans les groupes. »
II-4-5 Les difficultés et les suggestions des
maîtres et des directeurs
Les maîtres n'ont pas manqué de nous relever les
multiples difficultés qu'ils rencontrent avec l'enseignement
coopératif. Par ailleurs, ils ont fait quelques suggestions
d'amélioration des pratiques de travail en groupe.
II-4-5-1 Les difficultés
Dans la pratique du travail de groupe, les enseignants disent
rencontrer des difficultés. Elles sont d'ordre matériel,
pédagogique pour les uns, psychologique, organisationnel et de formation
pour les autres.
La majorité (85%) des maîtres ont
évoqué le manque de matériel pour mieux encadrer les
élèves. M1 souligne le « manque de tables-bancs, de
deuxième tableau en classe », M2, lui, trouve qu'il ne dispose
pas « d'ardoises géantes et des élèves n'ont
souvent pas des cahiers ou de la craie pour faciliter le travail. »
M4 affirme que le temps imparti aux disciplines est insuffisant pour la
pratique du travail en groupe. Et M5 ajoute que « le travail de groupe
dévore le temps ».
De plus, les problèmes organisationnels ne sont pas
à négliger. M4 évoque « les difficultés de
suivi réel de tous les groupes au moment des activités
», M1 trouve que « les élèves sont passifs
» et M5 parle « des conflits de compétences et avec
une classe bruyante ». Aussi, M3 formule comme difficulté
« l'âge mental des élèves » et la
majorité (soit 85%) s'est plus appesantie sur le manque de formation des
maîtres en la matière ou l'insuffisance de formation pour les
autres.
D1 dit être informé que ses adjoints rencontrent
des difficultés telles que « le choix des leaders dans
certaines disciplines, la communication entre les élèves, les
conflits ». Les adjoints de D2 « progressent lentement dans
le programme » et D3 parle de problèmes «
d'organisation, la manière de faire passer le message ». Pour
D4, « la réticence et l'indiscipline des élèves
» constituent les freins pour l'enseignement coopératif
pratiqué par ses adjoints.
58
Face à ces difficultés, ils ont proposé
quelques suggestions en vue d'une pratique plus efficace du travail en groupe
des élèves.
II-4-5-2 Les suggestions des maîtres et
directeurs enquêtés
Elles sont étroitement liées aux
difficultés précédemment énoncées. Pour la
majorité (soit 85%) d'entre eux, les écoles doivent être
dotées de matériels didactiques appropriés pour
l'enseignement coopératif, et la formation continue des maîtres
dans ce domaine, devra être une priorité pour les autorités
éducatives. Pour M3, il faut confier aux enseignants des effectifs
raisonnables. M4 suggère qu' « il faut revoir le temps imparti
aux différentes disciplines ». M5 propose la construction de
salles moins exigües. Enfin, M1 évoque un problème culturel
en ces termes « travailler à éradiquer les
disparités ethniques et culturelles qui font que certains
élèves refusent de travailler avec d'autres ».
Face à ces difficultés, les directeurs ont
proposé des solutions multiples. D1 et D2 trouvent « qu'il faut
doter les écoles de matériel et former les enseignants de
manière continue». D5 dit qu' « il faut intensifier
la formation des maîtres ». Quant au directeur D3, il s'agit de
« changer les rôles dans les groupes ou adopter l'enseignement
participatif ».
II-6 Résultats des observations directes
A propos des observations directes faites, nous allons exposer
les conditions de travail dans lesquelles les élèves ont
évolué, le matériel utilisé, l'effectif des classes
et des groupes, une brève présentation de la leçon
proprement dite.
II-6-1 Brèves présentations des leçons
observées
Sur les sept (07) classes observées, seulement deux
(02) maîtres ont eu à exécuter des activités hors de
la classe. Les autres se sont organisés de telle sorte à ce que
toutes les tâches puissent se faire dans la classe. Les tables-bancs ont
été disposés de manière spécifique afin de
permettre le travail en groupe. Chaque groupe est dirigé par un chef de
groupe désigné la plupart du temps par le maître. Le
matériel utilisé pendant le travail de groupe est
différent d'une classe à l'autre. Deux classes (02) sur les sept
(07) à savoir celles tenues par les maîtres
59
M3 et M4 ont utilisé les ardoises géantes par
groupe. Les autres classes ont fait recours pour les unes à des feuilles
par groupe pour la mise en commun des travaux (M2) et les autres se contentent
du matériel individuel de chaque membre du groupe.
II-6-2 Les effectifs des classes et des groupes
Quant aux effectifs, ils diffèrent d'une classe à
l'autre et d'un groupe à l'autre selon les dispositions personnelles du
maître titulaire de la classe.
Tableau n°11 : effectifs des groupes dans chaque
classe visitée
Classe de
|
Nombre de groupes
|
Effectif de chaque groupe
|
Nombres de groupes
|
Effectif de chaque groupe
|
Effectif de la classe
|
M1
|
13
|
06
|
02
|
08
|
94
|
M2
|
03
|
07
|
02
|
08
|
37
|
M3
|
05
|
06
|
03
|
05
|
45
|
M4
|
10
|
10
|
01
|
09
|
109
|
M5
|
09
|
10
|
01
|
08
|
98
|
M6
|
07
|
12
|
-
|
-
|
84
|
M7
|
07
|
08
|
01
|
09
|
65
|
Les effectifs des groupes sont disparates et semblent ne pas
suivre une même logique quand nous passons d'une classe à une
autre. Cela nous a conduit à suivre plusieurs groupes dans une
même classe pour mieux apprécier les interactions qui s'y
déroulent. Comment les observations se sont déroulées ?
II-6-3 Les conditions matérielles des
observations
Tous les maîtres nous ont autorisé à
filmer leurs prestations et celles des élèves. Nous avons donc
capturé les images qui présentent les élèves
pendant les activités de manipulation ou de discussion en groupe. Ces
séquences nous montrent les élèves en interactions dans
les groupes. En tout, pour notre travail de recherche, nous avons obtenu un
film d'une durée
60
totale de quatre-vingt minutes et cinquante-trois secondes
(80mn 53s). Après avoir filmé avec notre téléphone
portable, nous avons trouvé les images peu exploitables. Cela nous a
amené à changer d'appareil et nous nous sommes procuré
d'un appareil photographique numérique. Ce qui a nettement
amélioré nos images.
En somme, notre étude a concerné cinq cent
trente-deux (532) élèves, sept (07) instituteurs et cinq (05)
directeurs d'école. Nous avons observé des leçons dans les
classes de CP2, CE1, CE2, CM1 et CM2. Quant aux disciplines, les sept
maîtres nous ont présenté des leçons de vocabulaire,
de calcul, et de lecture. Au cours des observations, nous avons filmé
quelques séquences présentant les interactions dans les groupes
de travail.
61
CHAPITRE III : ANALYSE ET INTERPRETATION DES
RESULTATS
III-1 Analyse des résultats
Pour analyser les données que nous avons
compilées, nous procéderons par des approches descriptives et
explicatives.
III-1-1 Les idées convergentes
Tous les participants se sont exprimés par rapport au
déroulement des activités en groupe. Nous évoquerons les
idées communes, les visions communes que chaque catégorie de
participants a exprimées lors de nos enquêtes.
III-1-1-1 Au niveau des élèves
Dans l'exécution des travaux de groupe, tous les chefs
de groupe enquêtés disent expliquer aux autres membres du groupe
le travail qui doit être fait. De plus, ils aident les autres à
mieux apprendre et comprendre les leçons. Au cours d'une activité
de groupe, chaque chef de groupe reconnaît rappeler le temps restant afin
que le groupe puisse finaliser son travail dans le délai imparti. Quant
au style d'animation, les douze chefs de groupe font recours à celui
autocratique.
Les vingt-trois (23) élèves
enquêtés disent être satisfaits d'appartenir à leur
groupe et donc ils participent activement aux activités de leurs
groupes. Chaque élève trouve que le groupe auquel il appartient
travaille bien et leur chef distribue bien la parole au sein du groupe. Les
élèves reconnaissent à l'unanimité que c'est le
maître qui forme les groupes et en désigne les chefs.
III-1-1-2 Au niveau des maîtres
Pour la formation des groupes, tous les maîtres
reconnaissent les former eux-mêmes. De plus, ils désignent les
leaders de ces groupes de travail. Certes, les critères avancés
par les uns et les autres sont des raisons évidentes pour bien
gérer un groupe. Cependant, plusieurs
62
d'entre eux enregistrent des plaintes au sein des groupes.
Quelles peuvent être les raisons de ces plaintes ?
Les maîtres gèrent les interactions dans les
groupes par des actions diverses. Ces actions sont entre autres les conseils,
les suivis, la sensibilisation pour la franche collaboration, l'incitation des
uns et des autres à faire des observations au sein des groupes et
surtout susciter une mise en commun des résultats obtenus. Ce qui veut
dire qu'ils peuvent influencer d'une manière ou d'une autre la dynamique
d'un groupe. Alors, ne faut-il pas une technique beaucoup plus scientifique
pour la formation des groupes afin de tirer le maximum de
bénéfices possibles pour les élèves en situation
d'entraide mutuelle ?
III-1-1-3 Au niveau des directeurs d'école
Pour tous les directeurs d'école enquêtés,
les compétences individuelles s'accroissent dans l'enseignement
coopératif. L'enfant apprend avec ses semblables, il assimile mieux
quand l'information est donnée par un de ses pairs. A.N. CLERMONT-PERRET
(1996) le souligne en disant que la confrontation entre pairs peut être
source de progrès à condition que les deux parties «
développent des points de vue différents par rapport à
l'objet d'apprentissage ». Pour cela, les directeurs d'école
doivent être très proches de leurs adjoints en tant qu'encadreurs
de proximité afin de les soutenir et les guider dans la réussite
de leurs activités pédagogiques.
L'enseignant est capable d'influencer les interactions dans un
groupe de travail. C'est dire qu'il est donc responsable des résultats
que les groupes obtiennent après chaque activité. Il ne peut donc
se soustraire ou être passif sous prétexte que les
élèves sont en train de faire des exercices en groupe ! Sa
présence, dans ce cas, est capitale pour des discussions fructueuses au
sein des groupes, car il doit jouer un rôle de médiateur, de
facilitateur pour assurer le plein succès des activités
groupales. J. HOWDEN (1995) affirmait que dans une classe coopérative,
le rôle de l'enseignant est d'observer et d'intervenir en cas de besoin.
Le directeur est chargé de le conseiller dans ce sens.
63
III-1-2 Les idées divergentes
Les idées ressorties par les uns et les autres n'ont
pas toujours porté l'assentiment de tous. En plus donc des idées
convergentes, nous avons recueilli des idées divergentes et ce, dans
toutes les catégories des participants.
III-1-2-1 Au niveau des élèves
Sur les douze (12) chefs de groupe interrogés, quatre
(04) reconnaissent faire un bilan des réponses aux élèves,
les huit (08) autres n'en font pas. De plus, ils interrogent tous les
élèves de leur groupe sauf un des chefs de groupe. Ce dernier
(C7) trouve que « tout le monde ne doit pas corriger ». Pour
ce chef de groupe, il n'est pas possible que tout le monde soit capable de
trouver le même exercice sinon de diriger. Son caractère
autoritaire est ici très visible. Effectivement au sein de son groupe,
les interactions sont très rares. Dans la séquence filmée,
il met en commun les travaux en validant ce qu'il a fait sans vérifier
si un autre a obtenu un résultat différent et qu'il faille
déclencher une confrontation.
A la question de savoir si le chef de groupe demande souvent
aux élèves qui se disputent pendant le travail de groupe de se
taire, huit (08) d'entre eux disent le faire. Les quatre (04) autres ne le font
pas. Par exemple, C1 dit que celui-ci « doit fermer sa bouche !
». Il n'est pas admis selon ce chef de groupe que quelqu'un parle
sans sa permission. Aussi, l'objet de la dispute importe-t-il peu. Il ne
saurait avoir de contradictions au sein du groupe. Et cela s'explique par le
critère qui place le chef de groupe comme celui qui est le plus
compétent sur le plan intellectuel. Sa réponse ne souffre ni
d'ambigüité ni d'insuffisance.
Pour l'interrogation des élèves qui ne
lèvent pas les mains afin de s'exprimer, seul un (01) des douze (12)
chefs de groupe ne cherche pas à interroger ces élèves
timides ou faibles. L'élève qui ne lève pas sa main pour
s'exprimer semble avoir un problème et donc a besoin d'aide. C'est
possible que l'ambiance du groupe l'empêche de prendre part aux
discussions. Et c'est pour décrisper quelques fois le climat qu'il faut
souvent faire intervenir de l'humour. Dans ce sens, cinq (05) chefs de groupe
reconnaissent le faire dans le but de détendre souvent
l'atmosphère avec de petites histoires amusantes. Ce qui peut ramener ou
donner à l'élève l'envie de lever la main et participer
aux activités du groupe.
64
Dans la gestion du temps de travail, deux (02) chefs de groupe
reconnaissent qu'il y a des élèves dans leur groupe qui les
empêchent souvent de travailler. Ce sont les chefs de groupe C1 et C4. Le
premier dit faire dans ce cas recours à la maîtresse et C4 affirme
régler le problème lui-même en disant aux perturbateurs
« de se taire, de ne pas déranger les autres ». Quant
aux dix (10) autres chefs de groupe de travail, ils trouvent que leurs membres
sont disciplinés et ne perturbent donc pas le travail en groupe. La
majorité (soit 90%) des chefs de groupe disent que le temps
accordé à chaque activité leur permet de l'effectuer sans
trop de précipitations. L'unique chef de groupe qui pense le contraire
est le C6.
III-1-2-2 Au niveau des maîtres
Les maîtres ne sont pas du même avis quant
à l'application du travail en groupe à toutes les disciplines.
D'aucuns (soit 60%) avancent la primauté des disciplines fondamentales,
les autres trouvent que les disciplines comme le langage, l'écriture ou
la récitation ne s'adaptent pas au travail en groupe. Aussi, pensent-ils
pour les uns (soit 80%) que cette pratique peut se faire à tout moment
de la journée. Pour les autres, le travail de groupe ne peut être
pratiqué que le soir. La possibilité de faire des devoirs en
groupe divise aussi les maîtres. Si la plupart d'entre eux (soit 85%)
pense qu'ils peuvent faire des devoirs en groupe, M3 pense le contraire.
Pourquoi cette position face aux devoirs en groupe ? Pourquoi ne fait-il pas de
devoirs en groupe ? Pense-il que les résultats issus de ces devoirs ne
seront pas crédibles ou ne discriminent pas les niveaux individuels de
chacun des membres du groupe? Ne reflèteront-ils pas le niveau
général du groupe ? Pourtant ce procédé donnera
l'occasion au maître de s'imprégner des réalités de
ce groupe et de résoudre les quelques difficultés qu'ils peuvent
avoir. Ce qui permettra au groupe d'accroître ses compétences et
partant celles individuelles.
Les groupes doivent être animés par le
maître puis par le chef de groupe. Des styles d'animation existante, la
majorité des maîtres (soit 85%) font référence au
style démocratique. Seul M1 préfère le style autocratique.
Ce qui influence de facto la technique adéquate pour la gestion des
interactions. Le chef de groupe représente le maître car le groupe
est une petite classe que le maître gère autrement. Comment se
fait-il que tous les chefs de groupe font référence au style
autoritaire et tandis que leurs maîtres déclarent pourtant
être démocrates ? Pourquoi cette différence fondamentale de
style d'animation ? La gestion des interactions au sein du groupe est une des
responsabilités du maître. Alors, nous nous posons donc la
65
question suivante : comment doit-on animer les groupes de
travail afin d'obtenir des résultats probants ? Au cours de nos
observations, nous avons vu plusieurs groupes dans lesquels les interactions
sont très faibles du fait de l'emprise trop grande de leurs leaders.
Pour le moment, nous pensons que si le groupe a été formé
démocratiquement, alors chaque leader doit le gérer
démocratiquement. Le système démocratique permet à
tout le monde de s'exprimer et surtout librement.
III-1-2-3 Au niveau des directeurs d'école
Les directeurs d'école ont eu quelques idées
divergentes dans leur appréciation sur le travail de groupe. D4 trouve
que les maîtres étant peu outillés, le travail de groupe ne
saurait donc être une solution efficace pour l'amélioration des
apprentissages. Effectivement, c'est une pratique qui demande beaucoup
d'exigences aux enseignants. Alors sans formation adéquate, le
maître qui va l'appliquer court le risque d'échouer. Ce qui fera
que l'élève n'aura rien appris ou presque. Et B. KAYE et I.
ROGERS (1971) le confirment en ces termes : « le succès des
activités du travail de groupe dépend dans une très grande
mesure de la préparation faite préalablement par le maître
».
Pourquoi les enseignants de l'école de D2 pratiquent
très peu le travail de groupe? Ne sont-ils pas formés ?
N'apprécient-ils pas les avantages que procure le travail de groupe ? D2
dirige une école de six classes. C'est dire qu'à peine deux
enseignants appliquent le travail de groupe dans son école. D2 est
même titulaire d'une classe de cent cinq (105) élèves. Il
ne fait pas recours de manière formelle au travail de groupe. Cependant
ses élèves sont assis en groupes pour apprendre leurs
leçons lorsqu'ils sont dehors. Le véritable problème pour
D2 est le retard que cette technique occasionne dans l'avancée du
programme. Ne peut-il pas être résolu par la formation et la
pratique quotidienne ? Pourquoi faut-il pratiquer le travail en groupe ? B.
KAYE et I. ROGERS (1971) affirment que « le travail de groupe se
propose de faire naître chez l'élève une attitude critique
et réflexive à l'égard de son travail, et nullement monter
en lui un système de réflexes et de réponses automatiques
». C'est dire que la question de retard que pose D2 est normale car
le but visé par le travail de groupe est d'installer chez
l'élève un esprit critique sans pour autant négliger le
programme.
66
III-2 Les raisons de l'analyse comparative
Après une première série d'observations
dans les classes, nous avons cherché à voir notre directeur de
mémoire pour un bilan. Il est ressorti de cette séance de travail
que la leçon suivie dans la classe du CP2 tenue par M4 illustre au mieux
notre objet d'étude. A la recherche des probables points forts de la
leçon, nous avons énuméré plusieurs raisons comme
la maîtrise de la technique par la maîtresse, l'organisation des
élèves, la maîtrise de la langue française par les
élèves de la ville, l'existence du matériel
approprié. Le directeur de mémoire nous a donc
suggéré de reprendre le terrain car la barrière
linguistique pourrait justifier les résultats moins satisfaisants dans
les autres classes qui se trouvent être essentiellement des classes
situées en zone rurale. Pour cela, nous sommes repartis dans la classe
du CP2 de M3 afin de suivre la même leçon de calcul que celle
suivie à Dédougou à savoir les décompositions
additives du nombre 60. Nous avons pu observer cette leçon le mardi 04
juin 2013 à huit heures vingt minutes (8h 20mn). Les constats seront
commentés dans les lignes qui suivront (III-4).
III-2-1 Les conditions matérielles et
organisationnelles
Au niveau de l'organisation interne de chaque groupe, des
différences importantes nous sont très vite apparues. La plupart
(soit 91%) des leaders sont visibles par des actions concrètes qu'ils
posent dans le but d'asseoir les bases du travail qui vient d'être
donné. Certains groupes procèdent d'abord par une manipulation
individuelle puis une vérification des résultats individuels
obtenus. Par contre, les autres demandent à un membre de faire une
manipulation collective et à chacun, séance tenante, de juger de
la véracité de celle-ci et d'accepter ou de contester le
résultat. Ces différences nous ont conduits à nous
interroger sur la démarche la plus appropriée en matière
d'apprentissage surtout en groupe de pairs.
De plus, nous avons été impressionné par
la gestion du temps par les différents groupes dans la résolution
collective des exercices donnés. La plupart des groupes entre
directement dans l'exécution de la tâche sans que le chef de
groupe ne donne la consigne car l'explication donnée par le maître
suffit pour commencer le travail. Beaucoup de groupes (soit 75%) arrivent
à respecter le temps imparti pour l'exercice, même si quelques-uns
sont souvent à la traîne pour faute soit de consensus soit de
lenteur de ses membres.
67
La formation des groupes surtout dans le volet nombre de
membres est très différente d'un maître à un autre.
La constitution des groupes en genre n'est pas aussi prise en compte. Nous
avons rencontré par exemple un groupe de huit (08) élèves
avec six (06) filles et deux (02) garçons.
III-2-2 Les conditions psychosociales et cognitives
Très vite, lors de nos premières observations,
nous avons constaté que les groupes n'étaient pas
organisés suivant des rôles spécifiques. Mais cela
apparemment, n'enlevait en rien la bonne collaboration entre les pairs. Ce sont
des élèves qui semblent évoluer ensemble avec une
volonté de travailler franchement entre eux et dans la
spontanéité. Dans les groupes, chacun réfléchissait
et s'exprimait individuellement puis présentait aux autres ses propres
résultats qui seront critiqués ainsi que les productions des
autres.
Nous avions également observé que la parole
était bien distribuée dans la plupart des groupes. L'animateur
semblait être écouté des autres. Cependant, certains
groupes étaient dirigés par des leaders qui prenaient souvent en
charge le contenu même de l'activité et d'autres leaders
s'effaçaient facilement au détriment d'autres membres du groupe
si leur résultat du moment ne portait pas l'assentiment de tous. Nous
avons rencontré cela dans la classe de M3. Facilement, le chef de groupe
a laissé sa place d'animateur principal à un autre membre qui a
expliqué et écrit leur réponse sur l'ardoise
géante. Pourquoi ? Que reproche-t-on au chef ? Est-ce sa timidité
ou son incompétence intellectuelle ? Ou est-ce sa simplicité ou
son physique qui n'impressionne pas ? Vraisemblablement, le chef semble
physiquement faible, il est aussi peu dynamique. Nous avons, après la
leçon, approché M3 pour mieux comprendre. Il se trouve que c'est
un groupe qui s'est déjà plaint et les membres ont
désiré changer de chef. C'est M3 qui les a sensibilisés et
ils ont accepté poursuivre avec ce chef de groupe. Bref, le groupe tente
de s'accommoder à la situation. Malgré tout, il a des productions
acceptables au vu des images filmées.
Dans le domaine cognitif, le travail de groupe oblige les
élèves à s'exprimer verbalement. Ce qui permet de cerner
les forces et faiblesses du groupe ou de la classe entière. Lors de nos
passages dans les classes et avec surtout les visionnements des
séquences filmées, il nous est apparu que certains groupes sont
très animés et d'autres très calmes avec très peu
d'échanges verbaux. Quelques fois, nous avons surpris des
élèves s'exprimant dans leur langue maternelle afin de se faire
mieux comprendre.
68
Suite à ces constats, nous avons déduit que les
groupes dans leur dynamique diffèrent et chaque groupe évolue
suivant ses propres ambitions.
III-2-3 La pédagogie utilisée par chaque
maîtresse
L'échantillon retenu pour notre étude est
constitué des classes de CP2 tenues respectivement par M4 en zone
urbaine et M3 en zone rurale. La leçon observée concerne les
décompositions additives du nombre 60. Comment chaque enseignante s'y
est-elle prise pour transmettre les connaissances aux élèves en
suivant la technique du travail en groupe ? Nous allons exposer la
méthodologie suivie par chacune d'elle en deux points essentiels : les
phases identiques et celles spécifiques.
Comme toute leçon de calcul, elles ont toutes
commencé par le calcul mental puis le rappel des pré requis.
Après la motivation, vient la phase concrète. C'est le moment des
manipulations du matériel disponible. Chacune a d'abord effectué
avec les élèves une manipulation collective et ensuite une
manipulation individuelle. Après vérification de la
maîtresse des manipulations faites par les uns et les autres, des
répétitions orales et à haute voix des
décompositions trouvées, est intervenue la phase
semi-concrète. Elle consiste en la manipulation des symboles, des
figurines ou des objets dessinés et découpés sur un
support afin de représenter les décompositions possibles du
nombre 60. A cette phase, la manipulation a été encore faite de
manière collective avant de passer à celle individuelle. Les
résultats obtenus sont lus à haute voix par les
élèves. C'est en ce moment que chacune est entrée dans la
phase abstraite celle qui amène les élèves à
manipuler les chiffres, les nombres. Toutes les décompositions additives
trouvées sont transcrites en chiffres suivant l'opération qui
convient. Dans chaque groupe, on lit les résultats obtenus. Enfin, c'est
la phase des exercices d'application pendant laquelle les interactions doivent
plus se faire voir car il s'agit de faire un travail individuel, puis mettre en
commun les résultats et aboutir à un consensus dans le groupe.
Pour les exercices, la plupart des groupes des deux classes s'en sont sortis,
mais de manière différente.
Quelles ont été les aspects de la
méthodologie qui font que les leçons n'ont pas réussi ou
ont réussi de part et d'autre suivant le travail en groupe pour lequel
les interactions sont très importantes ? Premièrement, la classe
de M4 dispose d'un matériel pour la manipulation collective
adressée à la classe entière. Il s'agit de l'ardoise
à points mobiles. C'est un matériel
69
qui permet de faire la manipulation collective et elle est
observable par tous les élèves de la classe y compris ceux qui
sont assis aux dernières places.
A cette phase, M3 fait une manipulation collective avec des
bâtonnets en main et elle invite deux élèves à faire
la décomposition devant leurs camarades. M3 ne dispose donc pas de
l'ardoise à points mobiles. Puis, chaque groupe procède à
son tour à la manipulation. Au vu des résultats trouvés,
chaque chef de groupe interroge les membres de son groupe afin que ceux-ci
répètent oralement une des décompositions
trouvées.
Après cette phase, M4 permet à chaque groupe
constitué de quatre (04) élèves à savoir les
élèves d'une même table de procéder à une
autre manipulation collective. Dans le film, nous pouvons voir comment les
élèves discutent déjà pour obtenir les bonnes
réponses possibles. Cette phase se termine par les
représentations symboliques des décompositions du groupe par le
guide. Notons que le chef des groupes de quatre est appelé `guide'.
Après cette manipulation, pendant que M4 envoie les
groupes de dix hors de la classe, M3 continue la leçon en classe. La
même manipulation se fait maintenant avec les groupes de dix et hors de
la classe. Le temps imparti pour cette activité est de cinq (05)
minutes. Puis, tous les élèves retournent en classe. Chaque
groupe présente une de ses productions au tableau et la classe
apprécie. Ce moment correspond chez M3 à la restitution
collective des résultats obtenus. Cette restitution qui se fait
oralement et dans chaque groupe, est dirigée par le chef de groupe.
Puis vient la phase abstraite qui comporte les mêmes
actions que la phase semi-concrète. Le moment des exercices
d'application venu, M4 écrit les exercices au tableau et pendant que les
élèves se dirigent hors de la classe une fois encore, les chefs
de groupe recopient les exercices et rejoignent les autres. Dans les groupes,
on constate les contradictions et les accords de positions. Les
élèves discutent beaucoup en ce moment puis naissent les
consensus. Le chef de groupe est chargé d'écrire, sur l'ardoise
géante, les résultats consensuels issus des discussions en
groupe. Avec les images filmées, nous avons clairement vu des consensus
se construire dans quelques groupes. Dans la classe de M3, ce moment est aussi
animé. Chaque élève traite les exercices puis vient la
mise en commun des travaux par groupe. Chaque élève montre son
résultat aux autres membres qui apprécient. Le chef de groupe
joue en ce moment le rôle de secrétaire. Il reprend les exercices
en tenant compte des résultats obtenus par consensus sur l'ardoise
géante.
70
III-3 L'analyse qualitative du travail de groupe
L'analyse qualitative des résultats nous a permis de
montrer que les élèves apprécient positivement le travail
en groupe. Son importance dans la réussite des apprentissages scolaires
est affirmée par les enseignants. Quant aux directeurs, ils
reconnaissent l'influence du travail de groupe sur les performances
individuelles. Cette analyse nous permet pour le moment de dire que le
consensus est recherché par les groupes et par les enseignants
titulaires des classes. Toutefois, les nombreuses analyses ne nous ont pas
permis de répondre à la question qui était la suivante :
quelle est la nature des plaintes au sein des groupes ? Ces plaintes, ont-elles
une liaison avec la structuration des groupes de travail ?
Des observations faites appuyées des séquences
filmées revues à plusieurs reprises, des constats apparaissent
:
-Les maîtres n'ayant pas réussi à
transmettre les connaissances au maximum d'élèves par la
technique de travail de groupe n'ont pas le matériel approprié.
Quand il y a le matériel individuel, il est souvent mal utilisé
par les élèves, et est peu diversifié.
-Par une mauvaise manipulation, certains matériels
peuvent se trouver être dangereux pour les élèves. Les
longs bâtonnets utilisés par certains groupes
d'élèves, surtout pendant les décomptes, peuvent blesser
le voisin.
-De plus, ils ne tiennent pas compte de l'importance de
l'espace dans la pratique du travail en groupe. Chaque groupe doit
bénéficier d'un espace suffisant afin de mener librement les
débats pouvant leur permettre d'aboutir à des résultats
probants.
-Dans ces mêmes classes, les enseignants n'ont pas pu
animer les interactions dans les groupes. Il y a eu des groupes qui
communiquaient très peu. Ils ont donc enregistré des
résultats peu fiables.
-Cependant les classes ayant des groupes animés par des
échanges multiples au cours d'une activité ont obtenu de bons
résultats. Dans un travail de groupe, il doit exister des explications
et les justifications entre les élèves.
-Dans la majorité des groupes, les rôles
spécifiques ne sont pas définis, sauf celui d'animateur.
Quelquefois, ce dernier joue en même temps le rôle de
secrétaire.
71
-M4 avait des groupes de quatre (04) élèves en
classe et des groupes de dix (10) élèves une fois que
l'activité doit se dérouler au grand air. Une organisation
appréciable qu'elle a mise en place et que les élèves
maîtrisent bien. Il n'y a presque pas de temps mort entre quitter la
classe en désorganisant les groupes de quatre et aller au grand air pour
former les groupes de dix.
-La luminosité dans la plupart des salles de classe est
très faible. Il serait judicieux de revoir cet aspect de
l'éclairage pour améliorer les conditions d'apprentissage des
élèves.
III-4 Interprétations des résultats
Nous allons faire les interprétations des points
suivants en rapport avec nos hypothèses, nos théories, notre
problématique : la formation des groupes de travail, son organisation et
la gestion des interactions pouvant conduire à des consensus entre les
élèves d'un même groupe.
III-4-1 Synthèse des résultats
L'observation directe des leçons, les questionnaires
recueillis auprès des élèves, de leurs maîtres et
des directeurs d'école, des recherches documentaires et surtout les
séquences filmées nous ont permis de mieux appréhender
cette question d'interactions dans les groupes de pairs en l'occurrence ceux
des élèves. Après avoir posé notre
problématique et nos hypothèses, avec nos recherches faites dans
ce sens, les théories retenues, nous nous sommes déporté
sur le terrain afin de mieux cerner le problème. Maintenant, nous allons
confronter ces résultats pour tirer des conclusions
dénuées de toute subjectivité autant que faire se peut, ou
pensons-nous, avec plus d'objectivité.
72
III-4-2 De la formation des groupes
Les élèves comme leurs maîtres
reconnaissent que les groupes sont formés par les maîtres. Aussi,
ces enseignants affirment-ils enregistrer des plaintes dans les groupes. Cela
pose donc la question de la formation des groupes qui ne doit pas se faire de
cette seule manière. Dans nos recherches, J. MORENO (1969) évoque
la sociométrie et il a été même appuyé dans
ses travaux par TAGUIR (1953). Pour plus d'efficacité dans un groupe, il
faut prendre beaucoup de paramètres en compte. Dans le milieu des
adultes comme des enfants, les interactions ne se présentent pas ipso
facto. Elles répondent d'abord à des besoins sociaux, mais elles
dépendent aussi et surtout du climat qui règne dans le groupe.
Dans notre échantillon, nous avons vu des élèves muets
pendant les activités de groupe et après la leçon, ils
sont en train de bien échanger avec d'autres membres de groupes
différents. C'est dire que les enfants ont besoin aussi de
sécurité afin de pouvoir s'exprimer, de participer librement aux
activités du groupe.
De plus, nous avons constaté que les groupes ont des
effectifs différents. Il y a eu des groupes de six (06)
élèves, de sept (07) élèves et même de dix
(10) élèves. Quelle est donc la norme ? Faut-il tenir compte de
l'aspect genre dans la formation des groupes ? Les critères
édictés par les enseignants sont-ils en mesure de faire bien
fonctionner les groupes d'élèves ?
Les raisons évoquées par les enseignants sont
des possibilités pour le fonctionnement d'un groupe mais ne saurait
être une règle car elles comportent beaucoup de
subjectivité et ne prennent aucunement en compte la volonté de
l'élève. Cette manière de procéder rejoint les
idées de G. FERRY (1970) sur l'aménagement des communications
horizontales, système dans lequel le maître initie et gère
le pouvoir.
Chaque élève sait avec qui il aimerait
travailler. La préoccupation du maître doit être la bonne
ambiance qui doit régner dans le groupe et favoriser le travail. Pour
qu'il y ait interaction, il faut des élèves confiants entre eux,
solidaires et soucieux du travail bien fait. Ils doivent s'accepter les uns les
autres dans la liberté et la simplicité. Dans ce sens, J. MORENO
et par la suite TAGUIR(1953) ont proposé un questionnaire à
appliquer aux élèves afin de former des groupes homogènes
capables de produire des travaux issus de débats constructifs. Afin
d'obtenir des groupes hétérogènes et
interdépendants, l'enseignant doit fixer une norme qui puisse permettre
des débats auxquels tous les membres participent activement. Les
activités souvent données se font en moins de dix minutes pour la
plupart du temps, alors il
73
serait préférable de se limiter à un
effectif de sept (07) membres par groupe composé de filles et de
garçons à proportion sensiblement égale. Ce qui lui
permettra de pratiquer les techniques d'animation telles que le brainstorming
ou le Philip 6/6.
III-4-3 Du choix du leader
Qui peut ou doit diriger un groupe ? Faut-il tenir compte de
la spécificité de chaque groupe pour lui trouver un leader ? Les
chefs de classe sont désignés par les enseignants. En
témoignent les propos des élèves et de leurs
maîtres. Si nous pensons qu'une des qualités du leader, c'est sa
capacité à mener un groupe, c'est dire qu'un chef de groupe ne
devrait pas, comme le pensent de nombreux enseignants, être
obligatoirement un très bon élève. Le chef de groupe doit
être un bon organisateur, un bon gestionnaire des hommes donc capable
d'animer un groupe d'élèves. B. KAYE et I. ROGERS (1971) ont
défini le travail de groupe : « comme une méthode
d'enseignement où les travaux et les tâches sont
exécutés par de petits groupes d'élèves, groupes
qui se sont choisis et qui s'auto-dirigent ». Il serait donc
judicieux de permettre aux membres du groupe de se choisir leur chef de
manière démocratique.
III-4-4 De l'organisation des groupes de travail
La structuration d'un groupe est importante pour sa
cohésion et son fonctionnement. Elle implique la distribution des
rôles en son sein. Au cours de notre étude, tous les groupes
avaient une composition assez souple et simple des dirigeants. Ainsi, nous
avons constaté des groupes seulement avec des chefs qui souvent se
transforment en secrétaire. D'autres arrivent à s'effacer et le
groupe n'a plus de leader et fonctionne grâce à des chefs
auto-désignés et souvent de manière
éphémère. Lorsque les élèves de M4 doivent
sortir pour les travaux en groupe, nous voyons des élèves prendre
l'ardoise géante de leur groupe. Cela nous a fait penser à des
responsables matériels. Cependant, dans d'autres groupes, ce sont les
chefs eux-mêmes qui s'occupent de ce matériel. Nous avons donc
conclu que l'organisation dans la gestion du matériel est interne et
spécifique à chaque groupe. Ne faut-il pas l'harmoniser ?
En principe, un groupe doit être organisé avec
des tâches précises affectées aux uns et aux autres. Il
doit y avoir un animateur, un secrétaire et aussi un responsable du
matériel, voire un gestionnaire du temps. Ce sont des rôles qui
peuvent être tournants pour permettre
74
aux uns et aux autres d'assumer une fois au moins un des
postes. P. VAYER (1987), lui, propose un système ouvert
c'est-à-dire que le maître ne doit être qu'un
médiateur sans chercher à intervenir dans les actions des
élèves que si nécessaire. Cependant, il doit être
soucieux des interactions qui peuvent exister au sein des groupes sans pour
autant s'immiscer dans leur organisation. C'est donc aux membres du groupe de
savoir qui peut jouer le rôle de chef, de secrétaire, de
gestionnaire du temps ou de responsable matériel. Ces rôles seront
acquis de manière démocratique emprunte de liberté et
surtout de consensus. Le sentiment de responsabilité doit être une
préoccupation de tous les membres. Quand l'organisation des
élèves est bien faite, il s'en suit que la dynamique du groupe va
mieux évoluer et conduira à des échanges francs et
fructueux.
III-4-5 De la recherche du consensus
La bonne gestion des interactions dans les groupes augure une
bonne ambiance favorable au travail. Cette gestion passe, comme le disent les
enseignants et leurs directeurs, par « des conseils, des entretiens,
la sensibilisation » mais aussi par les styles et les techniques
d'animation. Aussi, J. HOWDEN (1995) insiste-t-il sur la formation et la
consolidation des groupes ainsi que sur son interdépendance et la
responsabilité de ses membres.
Le consensus doit être issu toujours d'un débat,
d'une réflexion suivie de discussion à laquelle chacun s'est
exprimé. Le maître doit donc opter pour le style
démocratique et la majorité des enseignants l'a signalé. A
travers ce style, le maître propose des démarches mais donne
l'initiative aux groupes d'adopter une autre démarche qui leur est
propre s'ils le désirent. Les élèves au sein des groupes
procèdent de la même manière. Personne dans le groupe n'est
plus intelligent que les autres. Chacun peut donner sa position face à
un problème à résoudre. L'humilité doit être
de mise ainsi que l'entraide mutuelle. Après une discussion sans
consensus, le groupe doit se référer au maître qui donnera
plus d'informations sur l'exercice sans proposer une solution, car elle doit
venir du groupe. Une décision prise dans le groupe est signe de
consensus. Pour D. ANZIEU et al, (2000 :180), ils définissent le
consensus comme étant « un consentement composé
d'acceptation active de soi et d'autrui, et des relations de soi-autrui
».
75
Quant à la technique d'animation, elle sera fonction de
l'exercice à résoudre. Pour un exercice à tendance
descriptive, la technique d'animation « brainstorming » semble mieux
adaptée. Chaque élève, et à tour de rôle,
doit prendre la parole pour exprimer son idée sur le sujet. Un
secrétaire prend note pendant que le chef distribue la parole. A la fin,
une confrontation doit être faite pour écarter les mauvaises
réponses et retenir les bonnes réponses. La deuxième
technique d'animation que nous suggérons est « le tour de table
». Cette technique favorise le débat car les membres sont assis
face à face tout en formant un cercle. La participation est donc presque
obligatoire. La prise de parole est à tour de rôle et personne ne
doit interrompre l'autre. Afin de réussir la gestion des interactions,
il faut en amont former les groupes suivant certains critères. Ce sont
des techniques qui mettent en exergue le conflit sociocognitif. A l'exposition
des propositions des uns et des autres, l'élève se rend compte
qu'il peut y avoir d'autres réponses que la sienne. Alors naît un
déséquilibre qui va plus tard se stabiliser et aboutir à
une accommodation des nouvelles connaissances. Par la résolution du
conflit sociocognitif né de la confrontation des idées des
autres, l'élève enregistre donc une progression dans le domaine
cognitif.
Si J. MORENO (1969) a proposé la sociométrie, J.
HOWDEN(1995) suggère que la formation des groupes en vue de sa
consolidation doit répondre à certaines conditions. Pour lui, il
faut prendre en compte les traits de personnalité de chaque membre, les
niveaux d'habileté, les antécédents
socio-économiques, l'origine ethnique et le sexe. En plus, chaque membre
du groupe doit avoir le sentiment de responsabilité et chercher à
améliorer sa performance individuelle par la coopération franche.
Aussi, faut-il dans le groupe « la compréhension de base entre
les pairs et une empathie à leur égard » pour que le
groupe fonctionne dans le sens positif prôné par l'enseignement
coopératif. C'est donc une disposition de plus qui permettra aux
maîtres de former des groupes dynamiques et surtout performants. Le
consensus ne peut sortir que d'un débat ouvert et démocratique.
Pour cela, les enseignants doivent former les groupes de travail en respectant
ces critères afin d'améliorer les compétences des uns et
des autres par le biais des confrontations franches d'idées.
76
III-4-6 Les interprétations suivant les
hypothèses formulées
III-4-6-1 La bonne structuration des groupes de
travail
Notre première hypothèse était
formulée de la manière suivante : la bonne structuration des
groupes de travail favorise les apprentissages scolaires. Au cours de nos
recherches et surtout les observations faites dans les classes, nous avons
suivi beaucoup de leçons avec des enseignants différents. Chacun
avait une pratique particulière du travail de groupe et mieux chaque
enseignant gérait les interactions à sa manière. La
formation des groupes et la distribution des rôles étaient
assurées par le maître titulaire de la classe. Cette situation a
montré ses limites avec des leçons sans travail réel de
groupe, des leçons presque sans interaction entre les
élèves. La réussite d'une leçon dépend
fortement de la capacité du maître à mobiliser les
énergies dans les groupes, à gérer les interactions pour
qu'elles produisent les effets escomptés. Il ressort de ce qui
précède que notre hypothèse est vérifiée car
tous les maîtres accordent de l'importance aux critères de
formation des groupes mais ils ne les maîtrisent pas assez pour obtenir
une structuration susceptible de créer une dynamique favorable au
travail collectif. De plus, les observations de terrain ont
révélé que la mauvaise structuration des groupes
défavorise les apprentissages scolaires. Nous le pensons car
l'échec de la plupart des leçons est imputable à cette
mauvaise manière de former les groupes qui ne permet pas les
échanges libres, fructueux entre les élèves d'un
même groupe.
III-4-6-2 Les consensus obtenus lors des
débats
La deuxième hypothèse était la suivante :
les consensus obtenus lors des débats accroissent les performances
individuelles de chaque membre du groupe. Dans toutes les classes pour
lesquelles nous avons fait notre étude, il ressort que beaucoup de
groupes ont été formés par des critères que nous
jugeons peu adaptés aux échanges. Tous les chefs de groupe se
reconnaissent dans le style autocratique, un style qui ne favorise pas les
interactions. Dans ce style, il y a un maître qui sait et dicte les
décisions à prendre. Sans les interactions, il est difficile de
parler de consensus. Nous entendons par consensus, l'acceptation des uns et des
autres d'adopter une position commune après avoir entendu les positions
de tous. Cependant, des groupes (une vingtaine sur la soixantaine) ont pu faire
apparaître des séquences d'interactions dignes
d'intérêt. Et les résultats ont été
concluants. Les élèves ont découvert des
77
positions différentes de la leur. Ce qui permet
à l'un d'apprendre quelque chose de plus grâce à l'autre ou
aux autres. Plus les interactions sont nombreuses, plus le groupe aura tendance
à aller vers la vraie solution de l'exercice, le consensus. Nous pouvons
donc dans ce sens dire que notre deuxième hypothèse est aussi
vérifiée. L'enfant accroît ses connaissances en les
confrontant à celles des autres.
III-4-6-3 Les interprétations des
séquences filmées selon le tableau de D. ANZIEU et al
Les zones socio émotionnelles observées dans les
groupes sont diversifiées. Et celles positives sont très peu
représentatives dans la plupart des groupes. Les communications entre
les élèves sont peu fréquentes et beaucoup
d'élèves dans les groupes ne participent pas aux débats.
Ils se contentent d'observer pour certains et d'autres ne suivent même
pas la mise en commun des travaux. Pour les classes de M3 et de M4, les
interactions ont été beaucoup plus visibles.
M4 a présenté une partie de sa leçon en
dehors de la classe. Nous avons vu des élèves discuter,
même si quelques-uns étaient silencieux. La zone socio
émotionnelle peut être qualifiée de positive dans cette
classe. Au cours des exercices, il y a eu des élèves qui
donnaient leur opinion, d'autres proposaient des orientations et d'autres
encore des suggestions afin d'aboutir au résultat final en commun. Les
uns acceptaient les propositions des autres ou proposaient des
vérifications avant adoption de la réponse par le groupe. Aussi,
avons-nous observé dans certains groupes, des élèves rire,
signe que l'atmosphère était détendue dans lesdits groupes
de pairs. Les quelques élèves silencieux ne semblaient pas
motivés pour l'activité du jour. Nous n'avons pas perçu
une quelconque tension au sein d'un groupe. A la fin de sa pratique, M4 nous
dit que sa classe est très bavarde et elle tente de porter quelques
corrections dans ce sens. Cependant, peut-on avoir dans une classe des groupes
au sein desquels les débats se mènent dans le silence?
M3 a présenté sa leçon entièrement
dans la classe. La luminosité de la classe est à
améliorer. En classe, les groupes ont pu malgré tout
échanger. Cependant, la neutralité de certains
élèves dans les débats était perceptible. Tout le
monde ne participe pas à la manipulation en groupe et d'autres
s'empressent d'écrire leur réponse sans chercher à
discuter avec leur groupe. Il faut pourtant que chacun apprécie la
réponse de l'autre, qu'il se rende compte qu'elle diffère de la
sienne. Ainsi, naîtra un conflit sociocognitif qui aboutira à
une
78
petite discussion puis un point d'accord. La faible
participation des élèves aux discussions peut être due
à une barrière linguistique pour les uns ou un
désintéressement pour l'activité. Nous posons le
problème de langue car pour pallier cela, certains ont fait recours
à leur langue maternelle pour se faire comprendre. Pendant la phase de
manipulation, la classe était bruyante or, elle a été
presque silencieuse pendant celle abstraite. C'est dire que pendant la phase
concrète, la classe est dominée par la zone socio
émotionnelle positive. Sa vivacité baisse au fur et à
mesure que la notion enseignée devient de plus en plus abstraite. C'est
le moment de se faire comprendre par la parole, expliquer à son groupe
le mécanisme utilisé. Alors, la fréquence de la zone socio
émotionnelle positive baisse faute sûrement de maîtrise du
français, la langue utilisée en classe. Néanmoins, les
résultats d'ensemble étaient satisfaisants.
III-4-7 De l'application du travail de groupe
Afin de réussir l'application du travail de groupe avec
des élèves, le maître doit prendre certaines dispositions.
D'abord, le style d'animation de la classe doit être un style
démocratique. Il doit former les groupes en respectant le questionnaire
de J. MORENO et TAGUIR que nous avons simplifié en deux questions : avec
qui veux-tu être dans le groupe ? Cites deux noms dans la classe. Par qui
penses-tu avoir été rejeté ? Il est souhaitable et
recommandé que la formation des groupes se fasse donc suivant le
sociogramme obtenu après audition de tous les élèves de la
classe. Qu'importe l'effectif de la classe, le maître gagnerait à
former des groupes de sept (07) élèves en prêtant attention
au genre. Puis, chaque groupe choisira librement et démocratiquement son
leader, son secrétaire, son gestionnaire du temps et son responsable
matériel.
Après cette étape, il s'agit maintenant de
sensibiliser les groupes quant aux attentes du maître. Chaque exercice
à traiter est une tâche commune et chacun devrait d'abord le
traiter avant la mise en commun. Chaque membre doit se sentir responsable des
conclusions adoptées. Le maître doit créer une
interdépendance entre les élèves, c'est-à-dire la
compréhension des uns et des autres à travers les échanges
verbaux. Pour obtenir des comportements coopératifs, il faut donc savoir
gérer les interactions entre les élèves du même
groupe. Le leader gagnerait à être démocrate dans sa
gestion et toute difficulté rencontrée devra être
signalée au maître. Pour tout travail de groupe, chaque membre a
droit à la parole et doit être écouté par les
autres. Le résultat définitif doit être issu
d'échanges francs et acceptés
79
de tous. Nous admettons les erreurs communes car elles sont
aussi porteuses de leçons. C'est dans cette lancée que le
maître ne doit pas trop intervenir dans le groupe. Pour un groupe en
difficulté, le maître, en facilitateur ou guide
éclairé, peut aider à lever l'équivoque sans pour
autant donner la solution. Pour la correction collective, c'est par un choix
délibéré que le maître désignera celui qui
viendra présenter le travail du groupe.
En somme, le travail de groupe est un moyen efficace qui
permet à l'enseignant d'encadrer le maximum d'élèves mais
et surtout leur donne l'occasion de s'exprimer librement. C'est une technique
qui s'applique à toutes les disciplines enseignées à
l'école primaire. Cependant, elle ne s'adapte pas à toutes les
leçons mais à celles à tendance descriptive ou analytique.
Le groupe sera dit dynamique et travailleur s'il existe à chaque
activité des interactions constructives. Le travail de groupe
prépare aussi l'élève à sa future vie en
société, la coopération et la collaboration avec les
autres.
III-4-8 Des difficultés et suggestions
Au cours de notre étude, nous avons rencontré
d'énormes difficultés et de divers ordres. Aussi, proposons-nous
quelques suggestions dans la recherche d'une amélioration des
informations à recueillir auprès des populations cibles.
Au regard des avantages que le travail de groupe
présente, nous suggérons que les enseignants l'adoptent comme une
technique d'enseignement leur permettant de toucher, en un bref temps,
plusieurs élèves. Pour se faire, nous proposons quelques
attitudes à prendre par les uns et les autres pour la réussite
des apprentissages scolaires :
- la formation des groupes se fait en fonction de certains
critères que le maître se doit d'appliquer s'il souhaite obtenir
de bons résultats. De plus, il doit inciter les élèves
à une distribution démocratique des rôles dans chaque
groupe ;
- le matériel est très important pour le travail
de groupe. Pour cela, les autorités administratives et politiques ou les
associations des parents d'élèves (APE) sont interpellées
afin de doter les écoles du matériel nécessaire pour la
pratique du travail en groupe ;
- l'adoption de l'enseignement coopératif comme
technique pédagogique par les enseignants nécessite un suivi
rapproché des encadreurs pédagogiques au niveau de
80
l'enseignement primaire. Ces derniers doivent inciter
davantage les maîtres à le pratiquer dans leurs classes.
Nous n'avons pas épuisé les recherches sur
l'enseignement coopératif. Il serait donc intéressant, dans les
années à venir, de constater que d'autres étudiants se
sont penchés sur le même thème afin de l'enrichir par des
recherches plus pointues.
III-5 Proposition d'une fiche pédagogique
La fiche pédagogique que nous proposons est un outil
permettant à l'enseignant de se faire une idée exacte sur les
objectifs qu'il se fixe et surtout comment il va s'y prendre pour les
atteindre. C'est le fil conducteur de la leçon présentée
en classe. Au cas où la leçon devrait se faire en plein air, le
maître devra s'assurer que les élèves seront en
sécurité sur les lieux d'activités et surtout il lui
faudra une supervision permanente afin d'être un facilitateur pour des
groupes qui éprouvent des difficultés ponctuelles. Pour que
chaque groupe puisse s'exprimer de manière dynamique, il faudrait dans
la mesure du possible exécuter la leçon en plein air. Cela
permettra des interactions fructueuses au sein de chaque groupe sans qu'aucun
groupe ne dérange l'autre. Pour se donner le maximum de chances de
réussite de la leçon, le maître doit faire une
préparation minutieuse de la fiche pédagogique. Nous proposons
une fiche pédagogique de calcul pour la classe de CP2. Elle porte sur
les décompositions additives ou soustractives des nombres. Elle est
donnée à titre indicatif et peut être modelée pour
les autres leçons. C'est au fur et à mesure que le maître
maîtrisera cette technique qu'il pourra bien gérer le temps
imparti. Dans cette technique d'enseignement, le maître doit faire en
sorte que chaque groupe soit constitué de sept (07) élèves
assis sur trois tables-bancs dont deux se font face et l'autre dans une
position latérale. C'est sur ce table-banc que sera assis le chef de
groupe. La disposition des tables-bancs ressemblera à la lettre « U
».
THEME : TITRE :
CLASSE : CP2 DUREE de la leçon:
30mn OBJECTIFS SPECIFIQUES : trois au maximum
|
81
MATERIEL : collectif et individuel
? Collectif : l'ardoise à point mobile ou
le boulier compteur.
? Individuel : les cailloux, les capsules, les
objets dessinés et découpés.
DOCUMENTATION : livre de calcul CP2, guide
pédagogique des maîtres DEMARCHE A
SUIVRE
|
I- RAPPEL DES PREREQUIS
Calcul mental : juste deux exercices oraux
suivant le Procédé La Martinière (PLM).
Rappel express : deux exercices
écrits à faire sur les ardoises en lien direct avec la nouvelle
notion qui sera enseignée.
II- DECOUVERTE DE LA NOTION
Phase concrète : le maître doit
s'aviser que le matériel individuel et collectif en groupe est
disponible avant de commencer la leçon. La manipulation est d'abord
collective pour toute la classe puis par groupe. Individuellement, chacun
s'exécute et fait vérifier sa manipulation par un membre du
groupe. Au cas où dans un groupe, il n'y a pas d'accord, le maître
peut intervenir par des conseils afin de résorber la difficulté.
Une fois toutes les manipulations faites, le matériel doit être
rangé.
Phase semi-concrète : elle se fait
avec du matériel spécifique tels les objets dessinés puis
découpés, des symboles. Les manipulations se font de la
même manière que celles de la phase concrète. Elles sont
complétées par des dessins sur les ardoises représentant
les manipulations faites plus haut. Le maître doit faire les dessins
correspondants aux manipulations au tableau et inviter les élèves
à en faire autant, mais en fonction des manipulations obtenues dans le
groupe. Puis les élèves sont invités à ranger ce
matériel aussi.
Phase abstraite : à cette phase, le
maître doit écrire au tableau les opérations correspondant
aux manipulations faites sous leurs représentations. Les
élèves dans les groupes imitent le maître en
écrivant les opérations correspondant aux représentations
de leurs manipulations.
III- 82
EXERCICES D'APPLICATION
Les exercices d'application sont proposés afin de
vérifier si la notion a été bien assimilée par les
élèves. Deux ou trois exercices sont donc proposés aux
groupes. Chaque élève effectue d'abord individuellement puis
quelques minutes après l'animateur dirige les discussions en donnant
l'occasion aux uns et aux autres d'expliquer le mécanisme adopté
afin d'obtenir ce résultat. S'il y a consensus, les réponses sont
retenues et elles seront présentées à la correction
collective en classe.
IV- RESUME POSSIBLE
Pour une classe de CP2, le maître doit terminer par une
leçon de morale en lien direct avec les principes à observer pour
réussir un travail en groupe : la solidarité, la
responsabilité, l'empathie, la coopération, etc.
83
CONCLUSION
Le travail de groupe est une technique pédagogique qui
permet à l'enseignant d'organiser les élèves en groupe
pour une activité donnée. Le résultat attendu devrait
être le fruit de la coopération de tous. Le travail de groupe est
un moyen d'apprentissage utilisé par la plupart des maîtres de
l'école primaire. Notre étude a porté sur la gestion des
interactions dans le travail de groupe et son influence sur les apprentissages
scolaires. Après nos recherches, il ressort que le travail en groupe
permet aux élèves de mieux assimiler les contenus
enseignés et d'échanger les idées à travers les
discussions. Cette étude nous a permis de savoir que la gestion des
élèves est complexe et demande deux qualités essentielles
chez l'enseignant : la patience et le savoir-faire. Pour cela, les
maîtres doivent s'imprégner davantage de cette technique
pédagogique et de ses exigences afin d'atteindre les objectifs qu'ils se
sont fixés à savoir amener l'élève à
réussir sur le plan scolaire et mieux, à s'intégrer comme
élément positif dans sa société.
Pour se faire, le maître devra d'abord réussir la
formation des groupes d'élèves de sa classe. Pour l'enfant,
l'appartenance à un groupe exige une certaine autonomie, une
sécurité et le sentiment d'être concerné par le
projet du groupe. L'enfant doit se sentir motivé à travailler
avec ceux que lui-même a choisis. La formation des groupes est une
activité complexe et pour cela, elle ne devrait plus se faire de
manière empirique. Elle devrait dorénavant suivre des directives
précises afin que le climat du groupe soit favorable au travail en
équipe. Après la formation des groupes, le maître doit les
structurer tout en gardant leur harmonie de départ. Sans intervenir
directement, il donnera les consignes nécessaires pour les rôles
spécifiques à jouer à l'intérieur du groupe par les
membres responsabilisés. Dans ce sens, P. MEIRIEU (2000 :22) disait dans
« Outils pour apprendre en groupe » qu' « il serait
vain de concevoir l'organisation d'un groupe de telle sorte qu'elle contraigne
chaque individu à y participer si, dans le même temps, l'on ne
s'assurait pas qu'ils y disposent chacun des moyens nécessaires à
cette participation ».
Il revient donc au maître de faire évoluer le
groupe dans ses activités. Il devra pour ce faire user de son style de
gestion pour amener les élèves dans les groupes à beaucoup
échanger et collaborer. C'est dire que le maître doit savoir
créer et moduler les interactions dans les groupes par ses
compétences professionnelles. Le seuil de performance atteint
dépendra alors des groupes car chaque groupe a son évolution
psychologique qui lui est
84
propre. P. VAYER (1987 :47) dans son livre intitulé
« L'enfant et le groupe » affirme que : « Pour que
le sujet apprenne quelque chose, il faut qu'il développe un comportement
actif ». L'autre tâche du maître est de trouver la
manière qui sied pour que chaque élève soit actif dans son
groupe. Dans la relation à autrui, l'objectif commun du groupe
naîtra et sera partagé par tous. Ce qui déclenchera des
interactions positives pouvant donc conduire à un consensus, à
une croissance des compétences individuelles.
La place du maître dans le travail de groupe
s'avère donc délicate. Le maître devrait souvent se
détacher des groupes pour leur assurer une autonomie mais en même
temps, il pourrait intervenir en facilitateur afin de lever quelques
difficultés que rencontre un groupe en activité. Il aide
par-là donc ce groupe des conseils. A. BLANCHET et A. TROGNON (2008 :
108) l'ont affirmé en ces termes : « L'intervention d'un
animateur ne se justifie que si elle correspond à un besoin ou une
demande implicite du groupe. En général, l'intervention s'impose
lorsque le groupe rencontre des difficultés sérieuses de tous
ordres ». Nous assistons donc à la naissance d'un nouveau
rôle pour le maître. Ce nouveau rôle, les maîtres
devront mieux le cerner et le comprendre. Dans cette position, l'enseignant se
doit de se poser quelques questions avant d'entamer une activité de
groupe. Ces questions peuvent se résumer en ces termes : Ai-je
spécifié le travail en fonction des intérêts et des
capacités de mes élèves ? Le matériel
nécessaire est-il en place ? Ai-je prévu des difficultés
d'exécution ? Quelles autres solutions pourrai-je envisager ? Suis-je
allé en profondeur dans mes recherches concernant le travail
confié aux élèves? Telles sont des dispositions
importantes que le maître se doit de prendre afin de répondre
pleinement aux multiples sollicitations des élèves et de la
technique qu'est l'enseignement coopératif. L'enseignant quitte donc son
rôle de magister pour devenir un consultant, un facilitateur dans la
transmission des connaissances. Il ne devrait plus être l'unique
détenteur et donneur de savoirs. L'entraide mutuelle entre pairs prend
le dessus. Déchargé de certaines contraintes pédagogiques
liées à la méthode magistrale, le maître devra
dorénavant consacrer son énergie à créer des
situations qui permettent aux élèves en groupe d'analyser,
d'évaluer, de discuter et de décider de la solution qui
conviendrait à l'activité présente.
Le postulat sur lequel nous étions partis, à
savoir que la gestion des interactions peut être influencée par le
maître et que ces interactions bien conduites favoriseraient les
apprentissages scolaires, se justifie. L'enseignement coopératif
comporte beaucoup d'avantages tant sur le plan scolaire que social. Le travail
en équipe permet à l'enseignant d'encadrer efficacement un nombre
important d'élèves au même moment et mieux concourt
à
85
préparer les élèves à leur future
vie d'adulte. Et J. HOWDEN (1995) a animé une conférence au cours
de laquelle il affirmait que : « l'apprentissage coopératif est
une méthode pédagogique passionnante qui favorise l'apprentissage
par la coopération et l'apprentissage de la coopération ».
Alors il faudrait se décider à former tous les enseignants
afin qu'ils adoptent cette technique pédagogique comme stratégie
d'enseignement dans les classes. Nous interpellons toutes les autorités
éducatives à oeuvrer pour la vulgarisation de cet outil.
Des élèves en travail de groupe pour le
calcul chacun voulant donner sa reponse au chef de groupe
86
Des élèves de CE2 pendant un exercice de calcul
: chaque élève est à la recherche individuelle de la
réponse.
87
Présentation des résultats obtenus en commun
pendant la phase abstraite : ardoise tenue par le chef de groupe.
Phase de manipulation concrète des bâtonnets
à la recherche de la bonne décomposition additive du nombre
60.
88
BIBLIOGRAPHIE
Les ouvrages généraux et
spécifiques
1- ALAOUI A, LAFERRIERE T et MELOCHE D, (1996). Le
travail en équipe. Faculté des sciences de
l'éducation, Université de Laval, Canada.
2- ANZIEU D, MARTIN J-Y, (2008). La dynamique des groupes
restreints, Paris : 10ème édition, Presses
Universitaires de France.
3- BALES R, (1950). Textes fondamentaux anglais et
américains, in LEVY, A., (1965) Psychologie sociale. Paris
: DUNOD.
4- BANY, M.A et JOHNSON L.V, (1969). Dynamique des
groupes et éducation (le groupe classe). Paris : DUNOD.
5- BLANCHET, A et TROGNON A, (2008). La psychologie des
groupes. Paris : 2e édition, Armand Colin.
6- BOURDIEU, P et PASSERON J-C, (1970). La reproduction :
éléments pour une théorie du système
d'enseignement. Paris : Edition de minuit.
7- BRUNER J. (1996), L'éducation, entrée
dans la culture : les problèmes de l'école à la
lumière de la psychologie culturelle. Paris, édition
Retz.
8- COOLEY C.H, (1997). In ANZIEU D. MARTIN J .Y, (2000).
La dynamique des groupes restreints, page 39, Paris : PUF.
9- CRUICKSHANK, D.R., (1990). Research that inform
teachers and teachers' educators. Bloomington: Phi Delta Kappa.
10- DALZON, C. (1990). Interactions
entre pairs et construction de la notion droite-gauche chez des enfants de 7-8
ans. Aix en Provence : Thèse de Doctorat,
Université de Provence.
11- DOISE, W., et MUGNY, G. (1981), Le
développement social de l'intelligence. Paris : InterEditions.
12- DORE, F. Y (1986). L'apprentissage : une approche
psycho-Éthologique. Le conditionnement classique (Chapitre 6). P
121-172.
13- DOYLE, W., (1986:392-431). Classroom organization
and management. In M.C. WITTROCK, Handbook of research on teaching.
New York: Macmillan.
14- DUBE, L. (1996). Psychologie de l'apprentissage,
3e ed. Perspective théorique (C0hapitre 14). P.
215-233.
15-
89
DUBOIS, L. et DAGAU, P.-C., (1999). Les modèles de
l'apprentissage et les mathématiques. Genève : Presses de
l'Université de Genève.
16- FERRY G, (1970). La pratique du travail en groupe.
Paris : collection sciences de l'éducation ; DUNOD.
17- GAGNE R. M., (1976). Les principes fondamentaux
de l'apprentissage. Montréal, Holt, Rinehart et Winston.
18- GHIGLIONE, R., et TROGNON, A. (1993). Où va la
Pragmatique ? Grenoble : Presses Universitaires de Grenoble.
19- HOMANS, G.C., (1950). The human group, N.Y.,
Harcourt et Brace,
20- JOHSUA S. et DUPIN J.-J. (1993). Introduction à
la didactique des sciences et des mathématiques. Paris, PUF.
21- KAYE B. et ROGERS I., (1971). Pédagogie de groupe
; Paris : collection sciences de l'éducation ; DUNOD.
22- LEINHARDT, G. (1990: 18-25.). Capturing craft knowledge
in teaching. Educational researcher. Pittsburgh, Learning Research and
Development Center.
23- LEWIN, K. (1972). Psychologie dynamique. Paris,
PUF.
24- MARTINEAU, S., GAUTHIER C. et DESBIENS J. F. (1999).
« La gestion de la classe » dans la Revue des sciences de
l'éducation, volume XXV, numéro 3.
25- MASLOW, A.H, (1970). Motivation and personality.
New York: Harper and Row (1ère edition 1954).
26- MAYO, E. (1945). The social problems of an industrial
civilization. Cambridge, Mass., Harvard University Press.
27- MEIRIEU, P. (2000). Apprendre en groupe 2, Outils
pour apprendre en groupe, Lyon, 7e édition, Chronique Sociale.
28- MONNERET, S. et Marc, E., (1996 :35-56). Apprentissage
social et théories cognitives. ;
29- MORENO, J.L., (1969). Les fondements de la
sociométrie. Paris, PUF, 2è édition.
30- MORIN E.J., (1982). Science avec conscience. Paris,
Fayard.
31- MORIN, E.J., (2005). Introduction à la
pensée complexe. Paris : Editions du Seuil.
32- MUCCHIELLI R., (1995 : 104). La dynamique des
groupes. Paris : ESF Editions, 14ème édition.
33-
90
MUCCHIELLI R., (2006). La Dynamique des groupes. Paris :
ESF Editions, 15e édition.
34- ORMROD, J. E. (1995:46-76). Human Learning 2nd ed.
Operant conditionning
(Chapitre 4). Upper Saddle River, NJ : Merill/ Prentice
Hall.
35- PERRET-CLERMONT, A.-N. (1996/1979). La construction de
l'intelligence dans l'interaction sociale. Berne : Peter Lang.
36- PIAGET J., (1969). Psychologie et pédagogie.
Paris, Denoël, collection : Méditations.
37- PREGENT, R. (1990). La préparation d'un
cours. Montréal : Éditions de l'École Polytechnique
de Montréal.
38- REY, B. et CARETTE V., DEFRANCE A. et VAN LINT S.,
(2004). Etude de l'efficacité du travail de groupe à
l'école primaire dans le cadre d'une évaluation des
compétences. Bruxelles : service des sciences de
l'éducation.
39- ROGERS, C., (1972). Liberté pour apprendre.
Paris : DUNOD.
40- ROUSSEAU J.J, (1996). Emile ou de l'éducation.
Paris : Garnier- Flammarion.
41- ROUX, J.-P. (1996 :20-22). « Médiations entre
pairs et co-élaboration de savoirs en milieu scolaire ».
Éducations, 9, Aix en Provence, Université de
Provence.
42- VAYER P. et RONCIN C., (1987). L'enfant et le groupe :
la dynamique des groupes d'enfants dans la classe. Paris, PUF.
43- VYGOTSKY, L.S. (1978). Mind in Society. Edited by
M. COLE, V. JOHN-STEINER, S. SCRIBNER et E. SOUBERMAN (Eds). Cambridge, MA:
Harvard University Press.
44- VYGOTSKY, L.S. (1985). Pensée et langage.
Paris: Messidor
Les revues
1- BRIXHE, D. (1999). Construction d'un savoir dans
l'interaction tutorielle : vers le concept de nombre négatif. In M.
Gilly, J.-P. Roux et A. Trognon (Eds.), Apprendre dans l'interaction.
Analyse des médiations sémiotiques (pp.201-218). Nancy et
Aix : Presses Universitaires de Nancy et Publications de l'Université de
Provence.
2- BROWN, A. et CAMPIONE, J. (1995). « Concevoir une
communauté de jeunes élèves. leçons
théoriques et pratiques ». Revue française de
pédagogie, n°11, 1133.
3-
91
BUTLER, J.A., (1987), effectives schooling practices: a
research synthesis. In G. DRUIAN et J.A. BUTLER, school improvement
research series. Research you can use (p.56-75), Washington: office of
educational research and improvement.
4- GILLY, M. (1990 : 201-222).Mécanismes
psychosociaux des constructions cognitives : perspectives de recherche à
l'âge scolaire. In G. NETCHINE (Ed.), Développement
et fonctionnement cognitifs chez l'enfant. Paris : Presses Universitaires
de France.
5- GILLY, M. (1995 :130-167). Approches socio-constructives
du développement cognitif de l'enfant d'âge scolaire. In D.
GAONACH'ET C. GOLDER (Eds.). Manuel de Psychologie pour l'enseignement.
Paris : Hachette.
6- HOWDEN, J. (1995) «L'apprentissage en équipe:
un volet de l'apprentissage coopératif qui favorise la
communication!» in Daniel, M.F. et SCHLEIFER, M. La
coopération. Montréal. Les éditions
logiques, Inc.,
7- LEWIN, K., LIPPIT R. et WHITE R.K., (1959 : 208 à
211 ; 225 à 227). Structure du comportement agressif dans les climats
sociaux créés expérimentalement ; in LEWIN
Kurt : Psychologie dynamique. Paris, PUF.
8- Ministère de l'Enseignement de Base et de
l'Alphabétisation (1998). La pédagogie des groupes en
lecture. Ouagadougou : Projet d'Appui à l'Enseignement de Base,
PAEB.
9- MOSCOVICI, S., (1984). Le domaine de la psychologie sociale.
In S. MOSCOVICI (Ed), Psychologie sociale. Paris, PUF.
10- SHULMAN, L.S. (1986:3-36). Paradigms and
research programs in the study of teaching. In M.C., WITTROCK,
Handbook of research on teaching. New York: Macmillan.
11- SLAVIN, R.E. (2010:171-189). « L'apprentissage
coopératif : pourquoi ça marche? » In Centre pour la
Recherche et l'Innovation dans l'Enseignement (CERI). Comment apprend-on ?
la recherche au service de la pratique. Paris : OCDE.
12- TROGNON, A., et KOSTULSKI, K. (1999 : 307-318). «
Éléments d'une théorie sociocognitive de l'interaction
conversationnelle ». In Psychologie Française, 44 (4),
Oxford : Blackwell.
13-
92
WANG, M.C., HAERTEL, G.D., et WALLERG, H.J., (1990: 30-43).
« What influences learning: a content analysis of review literature. In
Journal of Educational Research, 84.
14- WINKIN, Y. (2008 :97-112). « Vers une anthropologie de
la communication? » In CABIN, PH. et DORTIER, J.F. La communication :
état des savoirs. Auxerre : Ed. Sciences Humaines.
Les mémoires
1- KI, Clément (2011). La pratique du travail de
groupe au premier cycle. Etat des lieux, enjeux et contribution pour une plus
grande efficacité des apprentissages en SVT. Mémoire de fin
de formation à l'emploi d'Inspecteur de l'enseignement secondaire,
Koudougou : Ecole normale supérieure de l'Université de
Koudougou/Burkina Faso.
2- NDAGIJIMANA Jean-Baptiste (2008). Motivation et
réussite des apprentissages scolaires. Mémoire de DEA.
Bouaké : Ecole normale supérieure l'Université de
Bouaké/Côte d'Ivoire.
WEBOGRAPHIE
?
www.erudit.org/revue/rse/2001/v27/n3,
site visité le 08 avril 2013 ?
www.fse.ulaval.ca,
site visité le 27 avril 2013
? Wikipédia, site visité le 13
avril 2013
?
www.cadredesante.com,
site visité le 08 avril 2013
93
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION
|
.1
|
PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES ET
CONCEPTUELS
|
5
|
I-1 Problématique
|
6
|
I-2 Objectifs de la recherche
|
10
|
I-2-1 Objectif général
|
10
|
I-2-2 Objectifs spécifiques
|
10
|
I-3 Hypothèses de recherche
|
10
|
I-3-1 Hypothèse principale
|
11
|
I-3-2 Hypothèses secondaires
|
11
|
I-4 Variables et indicateurs
|
11
|
CHAPITRE II : REVUE DE LA LITTERATURE
|
12
|
II-1 Travail de groupe
|
12
|
II-1-1 Approche définitionnelle du mot « groupe
»
|
12
|
II-1-2 Différents types de groupes
|
13
|
II-1-2-1 Grands groupes
|
13
|
II-1-2-2 Groupes restreints
|
13
|
II-1-2-3 Notions générales sur les groupes
primaires
|
14
|
II-1-3 Styles d'animation
|
14
|
II-2 Les interactions dans un travail de groupe
|
15
|
II-2-1 Définition du mot « interaction »
|
15
|
II-2-2 La dynamique de groupe
|
16
|
II-2-2-1 Définitions
|
16
|
II-2-2-2 Les caractéristiques de la dynamique de groupe
|
17
|
II-2-2-3 Les mécanismes psychosociaux
|
18
|
II-2-2-4 Les techniques d'animation
|
18
|
II-2-3 Les théories sur les interactions dans le travail
de groupe
|
19
|
II-2-3-1 L'aménagement des communications horizontales
à l'intérieur d'une structure verticale selon
G. FERRY (1970) 19
II-2-3-2 La théorie du conflit sociocognitif 20
II-2-3-3 La théorie de la transformation de la fonction
communicative 20
III-1 Définition 21
III-2 Apprentissage et entraînement 21
III-3 Les théories de l'apprentissage scolaire 22
94
III-3-1 Le behaviorisme ou théorie comportementale
22
III-3-2 Le constructivisme 23
III-3-3 Le socioconstructivisme 24
III-3-3-1 Les interactionnistes 26
III-3-3-2 Les principes dans l'organisation des interactions
27
III-3-4 Les théories humanistes 28
IV-1 La gestion de la classe 30
IV-2 La formation des groupes primaires 30
IV-2-1 La sociométrie 30
IV-2-2 Les propriétés des systèmes
ouverts 31
IV-3 Les interactions sociales 31
IV-4 La communication entre les membres 32
IV-4-1 L'importance de la communication 32
IV-4-2 L'expression des sentiments et des désaccords
33
IV-5 Le travail en groupe et ses bénéfices 34
IV-6 Le rôle de chacun des membres 35
IV-6-1 Les rôles de récepteur et
d'émetteur 36
IV-6-2 Les rôles d'animateur et de secrétaire
36
IV-6-3 Le leadership 37
IV-7 La convergence des efforts dans le groupe de travail
38
IV-8 Le maître comme guide 40
IV-9 L'analyse du travail de groupe 40
IV-10 La pédagogie de groupe en lecture 42
DEUXIEME PARTIE : ASPECTS PRATIQUES
43
CHAPITRE I : LES BASES DU TRAVAIL SUR LE TERRAIN 44
I-1 Le contexte d'étude, la population et
l'échantillon de la recherche 44
I-1-1 Présentation du contexte d'étude 44
I-1-2 La population de recherche 44
I-1-3 L'échantillon de recherche 45
I-2 Les techniques de collecte et les méthodes
d'analyse des données 45
I-3 Les techniques de collectes des données 46
I-3-1 La technique documentaire 46
I-3-2 La technique de questionnaire 46
I-3-3 L'observation directe 47
95
I-4 Les méthodes d'analyse des données 47
I-4-1 La méthode qualitative 47
I-4-2 La méthode analytique 48
I-4-3 La méthode comparative 48
I-5 La validation et l'administration des outils 48
CHAPITRE II : PRESENTATION DES RESULTATS DES TRAVAUX DE
TERRAIN 50
II-1 Les données recueillies à l'aide de
questionnaires 50
II-2 Les résultats du questionnaire auprès des
chefs de groupe 50
II-2-2 La tâche et son organisation 51
II-2-5 Les styles d'animation 52
II-3 Les résultats du questionnaire auprès des
élèves 53
II-4 Les résultats du questionnaire adressé aux
maîtres et leurs directeurs 53
II-4-1 Le travail de groupe dans sa
généralité 54
II-4-2 La formation des groupes de travail 55
II-4-3 L'importance des travaux de groupe 55
II-4-4 Les techniques de gestion des interactions 56
II-4-5 Les difficultés et les suggestions des
maîtres et des directeurs 57
II-4-5-1 Les difficultés 57
II-4-5-2 Les suggestions des maîtres et directeurs
enquêtés 58
II-6 Résultats des observations directes 58
II-6-1 Brèves présentations des leçons
observées 58
II-6-2 Les effectifs des classes et des groupes 59
II-6-3 Les conditions matérielles des observations
59
CHAPITRE III : ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS 61
III-1 Analyse des résultats 61
III-1-1 Les idées convergentes 61
III-1-1-1 Au niveau des élèves 61
III-1-1-2 Au niveau des maîtres 61
III-1-1-3 Au niveau des directeurs d'école 62
III-1-2 Les idées divergentes 63
III-1-2-1 Au niveau des élèves 63
III-1-2-2 Au niveau des maîtres 64
III-1-2-3 Au niveau des directeurs d'école 65
III-2 Les raisons de l'analyse comparative
66
96
III-2-1 Les conditions matérielles et
organisationnelles 66
III-2-2 Les conditions psychosociales et cognitives 67
III-2-3 La pédagogie utilisée par chaque
maîtresse 68
III-3 L'analyse qualitative du travail de groupe 70
III-4 Interprétations des résultats 71
III-4-1 Synthèse des résultats 71
III-4-2 De la formation des groupes 72
III-4-3 Du choix du leader 73
III-4-4 De l'organisation des groupes de travail 73
III-4-5 De la recherche du consensus 74
III-4-6 Les interprétations suivant les
hypothèses formulées 76
III-4-6-1 La bonne structuration des groupes de travail 76
III-4-6-2 Les consensus obtenus lors des débats 76
III-4-6-3 Les interprétations des séquences
filmées selon le tableau de D. ANZIEU et al 77
III-4-7 De l'application du travail de groupe 78
III-4-8 Des difficultés et suggestions 79
III-5 Proposition d'une fiche pédagogique 80
CONCLUSION 83
TABLE DES MATIERES 93
|