B. PROBLÉMATIQUE
Les problèmes de coupures d'eau sont aujourd'hui
monnaie courante dans la plupart des villes du Cameroun. La situation est
encore plus critique dans les quartiers de ses centres urbains (villes
secondaires). Bien que près de 30 % de la population des villes de ce
pays soient connectées au réseau de la CDE, l'approvisionnement
en eau potable y demeure un souci majeur. La population ne parvient pas
à avoir régulièrement accès à une eau de
qualité. Ce problème est d'autant préoccupant qu'il y
touche tous les secteurs de la société : ménages, services
etc. Dans le secteur des services, il se traduit par une insalubrité
porteuse d'odeurs nauséabondes, une malpropreté des bureaux, des
bâtiments et de leurs alentours. Le quartier I à Bangangté
qui participe de cette situation abrite deux catégories de
ménages : les ménages connectés au réseau de
distribution qui vivent sous la menace des coupures répétitives
d'une part et les ménages non connectés au réseau d'autres
parts. Ces derniers se déplacent le plus souvent sur de longues
distances à la recherche de l'eau potable. Face à cette
situation, ils ont développé d'autres techniques
d'approvisionnement en eau telles que la collecte auprès des cours d'eau
et des puits. Dans cette optique, ils stockent l'eau recueillie dans les
récipients et les citernes qu'ils utilisent pendant les périodes
de coupures. D'après nos enquêtes de terrain, la majorité
des ménages du quartier I dispose d'un puits pour s'approvisionner tout
au moins à des fins domestiques ce qui n'est toujours pas sans danger
pour leur santé. Ces puits sont pour la plupart très mal
entretenus et de ce fait, exposés à de nombreuses infections.
Pourtant en 2009, l'État camerounais a lancé un
vaste programme visant à améliorer de 75 % l'accès des
populations urbaines à l'eau potable à l'horizon 2030. Dans le
cadre de ce programme, il a signé le 16 mars 2012 un partenariat avec la
Belgique pour l'amélioration de l'approvisionnement de 09 villes
secondaires du Cameroun. Un autre partenariat a été signé
entre le Cameroun et la Chine en vue d'accroître la capacité
d'approvisionnement journalier de la ville de Douala à 300 000
m3. L'État a également mis sur pied des techniques et
stratégies de résolution du problème d'accès des
populations des villes à l'eau. On peut citer entre autres choses la
distribution de l'eau dans les quartiers de Yaoundé via les camions
citernes (quartiers MINBOMAN, DAMAS). Cette opération est connue sous le
nom de «caravane d'approvisionnement». La CDE a également
instauré un système d'approvisionnement par secteur encore
appelé «rationalisation de l'eau». Il consiste à
approvisionner un quartier « A » de la ville pendant une durée
bien déterminée et en suite de suspendre le réseau pour
approvisionner un autre quartier « B » de la même ville. Dans
la
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même logique, les pouvoirs publics ont mis sur pied des
politiques visant à réhabiliter les stations de captage
existants. Ces différentes mesures ont montré leurs limites dans
la mesure où les camions citernes, par exemple, ne sont pas en mesure
d'assurer l'approvisionnement régulier et permanent des villes de plus,
l'eau fournie par les camions citernes est en général de mauvaise
qualité donc impropre à la consommation. La distribution de l'eau
par quartier ne saurait être une solution au problème
d'accès de tous à l'eau potable dans la mesure où la
ressource reste indisponible, insuffisante et mal gérée.
D'ailleurs, les stratégies évoquées ne se limitent
qu'à une seule ville : Yaoundé.
Le quartier I à Bangangté, est une
caractéristique d'établissement urbain Camerounais qui fait
partie des difficultés d'approvisionnement en eau potable. Une
étude réalisée par AIMF en février 2010 dans la
commune de Bangangté montre que 56 % de la population n'a pas encore
accès à des systèmes améliorant l'approvisionnement
en eau et bien davantage sont privés d'eau potable. Cette situation
pousse les populations à s'approvisionner en eau de qualité
douteuse.
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