G.2- Définitions et clarification des concepts
La définition de trois concepts clés, à
savoir « approvisionnement en eau », « l'eau » et «
eau potable » constitue un préalable indispensable à la
compréhension du problème abordé par cette
étude.
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G.2.1- Concept d'approvisionnement en eau potable
La loi n°98/005 du 14 Avril 1998 du Ministère de
l'Eau et de l'Énergie (MINÉE) portant régime de l'eau au
Cameroun a introduit un nouveau cadre réglementaire. Elle stipule que
l'eau est un bien du patrimoine national dont l'État assure la
protection et la gestion et facilite l'accès à tous.
L'État peut décider de transférer tout ou une partie de
ses prérogatives aux collectivités publiques, locales et
décentralisées. Toutefois, ces derniers ont obligation de mettre
en oeuvre les politiques locales et conduire les activités en
proximité tout en respectant la réglementation en vigueur. La loi
affirme clairement que l'usage des puits particuliers, des citernes
destinées à stocker de l'eau ou le recours aux sources est
autorisé en absence d'une distribution publique de l'eau potable
soutenant ainsi la complémentarité des différents modes
d'approvisionnement.
? Approvisionnement en eau : un concept aujourd'hui au
centre de plusieurs débats
C'est l'action d'approvisionner; l'approvisionnement d'une
ville en choses nécessaires à la subsistance (Le Robert:
dictionnaire alphabétique et analytique de la langue française).
Dans le contexte de notre étude, il s'agit pour la population de se
ravitailler en eau qui est indispensable à la vie et, sans aucun doute,
indispensable à la lutte contre la pauvreté et au
développement en Afrique. On distingue ainsi deux types de sources
d'approvisionnement en eau:
Les moyens traditionnels: pluies, puits, sources,
rivières et étangs.
Les sources modernes: La Camerounaise Des Eaux (CDE), la CAM
WATER, les pompes individuelles etc.
? L'eau : un terme polysémique
Selon le dictionnaire Larousse, l'eau est un liquide
transparent inodore et incolore. Ce terme peut designer également tout
liquide organique (urine, salive, sueur, larmes...), un état (être
en eau, mettre de l'eau dans son vin, se jeter à l'eau, tomber à
l'eau, avoir l'eau à la bouche), un artifice (eau de toilette), une
administration (les eaux et forêt), un alcool (eau de vie), la
limpidité des pierres précieuses (diamant de belle eau). Sa masse
permet de constituer les lacs, les rivières les océans.
L'eau contient du gaz dissous, essentiellement de
l'oxygène et du gaz carbonique mais aussi de l'azote ou encore du
méthane, etc. Excellent solvant, l'eau est capable de dissoudre un grand
nombre de composé solides ou gazeux. Au cours de son périple,
qu'elle tombe sous
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forme de pluies, ruisselle sur les sols, s'infiltre dans la
croûte terrestre, ou simplement coule le long des pentes, elle se charge
en éléments solubles. Elle contient donc naturellement, en
l'absence de toute ingérence humaine, une très grande
variété de matières dissoutes, inertes ou vivantes. Il
s'agit entre autres des gaz, des substances minérales ou organiques et
des microorganismes (bactéries, virus ou planctons). Elle est
constamment modifiée par les espèces vivantes présentes
dans le milieu, surtout en ce qui concerne les teneurs en matières
minérales et en gaz dissous. Il n'existe donc pas une eau mais des eaux.
On distingue de manière globale
:
- les eaux de surface : eaux de ruissellement, eaux stagnantes
des cours d'eau, eaux des océans ;
- les eaux souterraines : eaux d'infiltration et les nappes
phréatiques.
Une eau potable est une eau que l'on peut boire sans risque
pour la santé. Afin de définir précisément une eau
potable, les normes qui fixent notamment les teneurs limites à ne pas
dépasser pour un certain nombre de substances nocives et susceptibles
d'être présentes dans l'eau ont été
établies.
Selon ces normes, une eau potable doit être exempte de
germes pathogènes (bactéries, virus) et d'organismes parasites,
car les risques sanitaires liés à ces micro-organismes sont
grands. Elle ne doit contenir certaines substances chimiques qu'en
quantité limitée. Il s'agit en particulier de substances
qualifiées d'indésirables ou de toxiques comme les nitrates, les
phosphates, les métaux lourds, ou encore les hydrocarbures et les
pesticides pour lesquelles des «concentrations maximales admissibles»
ont été définies. A l'inverse, la présence de
certaines substances peut être jugée nécessaire comme les
oligo-éléments indispensables à l'organisme.
Une eau potable doit aussi être une eau agréable
à boire. Elle doit être claire, inodore et sans saveur
(qualité organoleptique). Pour avoir un bon goût, il faut contenir
un minimum de sels minéraux dissous (de 0.1 à 0.5 gramme par
litre), lesquels sont par ailleurs indispensables à l'organisme. Enfin,
elle ne doit pas corroder les canalisations afin d'arriver « propre »
à la sortie des robinets. Par ailleurs elles dépendent
étroitement des connaissances scientifiques et des techniques
disponibles, notamment dans les domaines des risques sanitaires et de l'analyse
chimique. Elles peuvent donc être modifiées à tout
moment
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en fonction des projets réalisés. Tous les pays
du monde ne suivent donc pas les mêmes normes. Certains édictent
leurs propres normes. D'autres adoptent celles conseillées par
l'organisation Mondiale de la Santé (OMS).
L'eau est aujourd'hui la denrée alimentaire la plus
fortement réglementée. En effet, l'homme, pour ses besoins
quotidiens, a besoin de 20 à 50 litres d'eau en moyenne par jour
(alimentation, hygiène, etc.) d'où la nécessité de
pouvoir disposer d'une eau de qualité.
Généralement, peuvent être
considérées comme eaux destinées à la consommation
humaine :
- toutes les eaux destinées à la boisson,
à la cuisson, à la préparation d'aliments ou à
d'autres usages domestiques ;
- toutes les eaux utilisées dans les entreprises
alimentaires pour la fabrication, la transformation, la conservation ou la
commercialisation des produits ou de substances destinées à la
consommation humaine, y compris la glace alimentaire d'origine hydrique.
Toutes ces eaux doivent remplir 03 conditions
- Elles ne doivent pas contenir un nombre ou une concentration de
micro-organismes
de parasites ou d'autres substances présentant un danger
pour la santé humaine ;
- Elles doivent être conformes aux limites de
qualité (valeur obligatoire) ;
- Elles doivent respecter les références de
qualité (valeur indicative).
Généralement, l'eau brute destinée
à la consommation humaine est prélevée dans un cours d'eau
ou une nappe d'eau souterraine. Elle est ensuite acheminée vers une
usine de production d'eau potable où elle subit divers traitements
physique, chimique et bactériologique. Une fois rendue potable, elle est
destinée aux consommateurs. Après usage, elle doit être
recueillie pour être conduite vers les usines de dépollution des
eaux usées avant d'être enfin rejetée dans la nature. Ce
cycle subi par l'eau, du fait de son usage par les sociétés
humaines, se décompose en cinq grandes étapes : le captage, le
transport, la production d'eau potable, la distribution, puis la collecte et la
dépollution des eaux usées (figure 2).
Distribution
Traitement et production
Transport
Utilisation
Collecte des eaux usées et dépollution
Rejet
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Figure 2 : Différentes étapes
d'utilisation de l'eau par les communautés humaines
Le traitement d'une eau brute dépend de sa
qualité, laquelle est fonction de son origine et peut varier dans le
temps. Avant le traitement, l'eau doit être analysée car il est
primordial d'ajuster le traitement d'une eau à sa composition et, si
nécessaire, de la moduler dans le temps en fonction de la variation
observée de ses diverses composantes. Il varie aussi avec le niveau
d'exigence, les normes appliquées, qui ne sont pas exactement identiques
selon les époques, les pays et l'état des connaissances sur
l'incidence des éléments de la santé.
? Terme eau potable
Selon l'encyclopédie scientifique, une eau potable est
une eau devant satisfaire un certain nombre de caractéristiques la
rendant propre à la consommation humaine. C'est aussi une eau qu'on peut
boire sans risque pour la santé. Le fait qu'une eau soit potable ne
signifie pas qu'elle est exempte de matières polluantes ; leur
concentration a été jugée suffisamment faible pour ne pas
mettre en danger la santé du consommateur. Une eau potable doit
répondre à des critères du code de la santé
publique qui sont:
- Être exempte de germes pathogènes
(bactérie, virus) et d'organismes parasites, car les risques sanitaires
liés à ces micro-organismes sont grands ;
- Contenir certaines substances chimiques en quantité
limitée.
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- Être agréable à boire c'est à dire
être claire ;
- Ne pas corroder les canalisations afin d'arriver propre
à la sortie des robinets ;
- L'idéal serait bien-sûr de pouvoir traiter
l'eau sans avoir recours à des réactifs chimiques. C'est ce que
permettent aujourd'hui les procédés de filtration sur
membrane.
Au final, on distingue plusieurs types d'eaux potables :
- L'eau de table, eau potable dont la provenance est quel
conque mais qui satisfait toutes les normes sanitaires car ayant subi un
traitement, elle peut être considérée comme telle.
- L'eau de source, qui satisfait naturellement aux normes et
qui est proposée dans le commerce pour l'alimentation humaine. Elle est
minéralisée ou non gazeuse. Elle est également mise en
bouteille sans aucun traitement chimique et sans qu'il soit fait état de
leurs propriétés thérapeutiques.
- L'eau minérale qui est une eau souterraine contenant
des substances minérales dissoutes ayant des vertus
thérapeutiques. Les sources d'eau minérale sont souvent
associées à des stations thermales. L'eau potable est soumise
à deux types de contrôles auxquels doit se conformer son
distributeur qu'il soit privé ou public :
- Un contrôle officiel et ponctuel, qui relève de
la compétence des pouvoirs publics. Il s'agit là du
contrôle réglementaire fondamental ;
- Une auto-surveillance permanente par les exploitants de
leurs services de distribution (régies municipales ou
sociétés déléguées).
Des prélèvements aux fins d'analyses doivent par
conséquent être pratiqués :
- Au niveau de la ressource (dans le cours d'eau ou la nappe
souterraine)
- Au niveau de la production, c'est-à-dire après
traitement et avant l'envoi de l'eau dans le réseau de distribution ;
- Au point de la consommation.
Au Cameroun, le terme « eau » est
polysémique. Il revêt plusieurs types de compréhension en
fonction du contexte dans lequel il est employé. Il sert à
caractériser géographiquement des individus, des groupes
ethniques et sociaux. Les peuples côtiers sont ainsi appelés
« enfants de l'eau » ou « peuples de l'eau ».
On peut également entendre parler « d'eau sale
» dans le cadre de la fraude aux examens. Cette expression désigne
un sujet qui aurait dû être proposé à l'examen mais
qui malheureusement ne l'a pas été peut-être parce qu'il y
a eu fuite des épreuves.
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L'eau peut également être assimilée au
mensonge et aux commentaires sans intérêt, vide de sens ou pas
véridique. L'orateur entendra alors dire : « tout ce que tu
racontes c'est de l'eau ». Cette expression est sensée lui faire
comprendre qu'on n'accorde aucun intérêt à ses dires ou
tout simplement que c'est du mensonge.
L'alimentation en eau potable quant à elle est
l'ensemble des équipements des services et des actions qui permettent en
partant d'une eau brute de produire une eau conforme aux normes de
potabilité en vigueur ;distribuée ensuite aux consommateurs.
On considère 04 étapes distinctes dans cette
alimentation :
- Prélèvements (captages-traitement pour
potabiliser l'eau)
- adduction (transport et stockage)
- distribution aux consommateurs.
La question d'alimentation en eau potable pose un double
défi mondial ; tant pour sa gestion durable que pour l'accès des
populations pauvres à cette ressource. Le problème d'accès
à l'eau potable est la première cause de la mortalité dans
le monde. La communauté internationale se mobilise fortement autour de
cette question et elle l'a notamment introduite au coeur des huit objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD). L'OMD n°7,
dédié à l'environnement humain durable, repose sur quatre
cibles dont la deuxième consacrée à l'eau vise à
réduire de moitié d'ici 2015 le pourcentage de la population
n'ayant pas accès de façon durable à un approvisionnement
en eau de boisson salubre et de service d'assainissement de base.
Ces objectifs impliquent la desserte de 1,6 milliard de
personnes des pays en voie de développement en eau potable. Cependant le
problème se pose différemment selon qu'on est dans
l'Hémisphère Nord ou dans l'Hémisphère Sud.
Dans les pays développés le service de l'eau
incombe à plusieurs acteurs : Etat, collectivités territoriales
décentralisées, opérateurs privés. Dans la
sphère privée, il suffit d'ouvrir un robinet pour disposer d'une
eau potable et abondante. Dans le domaine public, les rues, parcs, et jardins
sont jalonnés de fontaines, de bassins et de points d'eau divers. Les
piscines, bases des loisirs, ne manquent pas d'eau. Cette facilité
d'approvisionnement en eau potable est la marque distinctive des pays dits
développés. Il y a plusieurs siècles, ces pays se sont
lancés dans la conquête de l'eau au nom du bien-être, de
l'hygiène et de la santé. Ici, les politiques ne mettent plus en
avant uniquement l'approvisionnement quotidien des populations, mais
plutôt la lutte contre la surconsommation et la pollution qui mettent en
danger les écosystèmes.
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Dans les villes du Sud par contre, la situation est
inquiétante. La priorité n'est pas à la lutte contre le
gaspillage mais plutôt à la nécessité de fournir un
minimum d'eau potable aux populations. Les villes sont pour la plupart
insuffisamment desservies. Les réseaux sont dépassés par
la croissance spatiale et démographique. Les ouvrages hydrauliques
existant s'avèrent insuffisants. Dans certains cas, les populations sont
réduites à consommer de l'eau brute des cours d'eau.
Selon les Nations Unies tout cela s'explique par la faiblesse
des investissements. Pour pallier la situation, l'État, qui pendant
plusieurs décennies assurait seul la fourniture de l'eau, s'est
lancé dans un processus de privatisation du secteur et dans le transfert
des compétences. Malheureusement, ces mesures ne suffisent pas à
résorber le problème à cause de la faiblesse des
investissements de la part des opérateurs privés, des
difficultés financières et du manque d'expertise des
CTD1.
Dans le cadre de cette étude, le terme « eau
» sera utilisé dans son sens strict à savoir un liquide
transparent, inodore, incolore indispensable à la consommation humaine.
Il englobe essentiellement l'eau servie par le réseau CDE, l'eau des
puits, des sources, des forages et des mini-réseaux SCAN WATER.
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