CHAPITRE III : SYNTHESE, DISCUSSION DES RESULTATS
ET PROPOSITION DE SOLUTIONS
Dans ce chapitre, nous procédons à une
synthèse des résultats de nos travaux, ainsi qu'à leur
confrontation à nos hypothèses de départ. Nous tenterons
également de formuler quelques propositions de solution en vue du
renforcement de la lutte contre l'exclusion sociale des enfants et jeunes en
situation de rue.
A travers notre première hypothèse, nous avions
estimé que le phénomène des enfants et jeunes en situation
de rue s'explique par plusieurs facteurs, notamment d'ordre économiques,
démographiques et socioculturels. En effet dans la compréhension
du phénomène des enfants et jeunes des rues, nous avons
identifié plusieurs facteurs explicatifs de ce fléau.
L'urbanisation galopante de la ville de Bamako, résultat d'un
développement économique déséquilibré sur le
territoire, avec un taux d'accroissement démographique
particulièrement élevé ces dernières années
pour la capitale permet d'expliquer ce phénomène. L'effritement
des valeurs sociales traditionnelles, particulièrement en milieu urbain,
la persistance de pratiques sociales néfastes aux enfants, et les
multiples formes d'abus et d'exploitations qu'ils subissent, en famille, chez
les tuteurs ou maîtres coraniques, les conflits intrafamiliaux,
exacerbés par les difficultés économiques, sont aussi des
facteurs explicatifs du phénomène des enfants et jeunes des rues.
Dans notre seconde hypothèse, nous soulignions le
caractère multidimensionnel de l'exclusion sociale des enfants et jeunes
en situation de rue, car touchant plusieurs domaines : santé,
éducation, justice, état civil, le sport et les loisirs, la
participation à la vie économique et sociale, etc. A la
lumière des résultats auxquels nous sommes parvenus aux termes de
notre étude, nous pouvons ainsi affirmer que la rupture avec la famille
et la vie en rue est source de vulnérabilité pour les enfants et
jeunes. Ces derniers sont ainsi confrontés à des
difficultés pour se nourrir, se soigner, avoir un abri adéquat
pour dormir. Ils sont exclus des services sociaux de base d'une manière
générale, c'est-à-dire l'éducation, la justice, la
santé, l'état civil, etc.
A travers la troisième hypothèse, nous avions
supposé que l'intervention du Samusocial Mali consiste à apporter
une aide médicale et psychosociale quotidienne afin de répondre
à la détresse quotidienne des enfants et jeunes vivant en
situation de rue,
La plupart des professionnels et enfants et jeunes en
situation de rue interviewée ont mis en exergue les soins
médicaux et l'assistance psychosociale dont bénéficient
ces populations auprès des équipes du Samusocial mali. Une
équipe composée d'un médecin, d'un éducateur social
et d'un chauffeur effectue quotidiennement des tournées de nuit et de
jour auprès de ces enfants et jeunes en situation de rue pour leur prise
en charge médicale et psychosociale. La prise en charge sanitaire a
été citée en long et en large par nos
enquêtés comme étant la porte d'entrée de
l'intervention du Samusocial. Au-delà des soins curatifs, elle permet
d'établir une relation de confiance entre l'enfant et les professionnels
du Samusocial Mali gage du succès.
Quant à la prise en charge psychosociale, elle est
perçue comme étant un moyen permettant de développer
auprès des enfants et jeunes en situation de rue une estime de soi. Elle
les amène à décliner leur projet de vie, à
découvrir leur famille en amenant les parents à prendre leur
responsabilités.
Dans notre dernière hypothèse, nous avions
estimé que les difficultés rencontrées par le Samusocial
Mali dans son intervention sont liées à la population
bénéficiaires, à la population et aux familles des enfants
et jeunes pris en charge, à la faiblesse du dispositif de protection de
l'enfant au Mali et au Samusocial Mali, lui-même. Partant des
résultats de notre analyse sur les difficultés et limites de
l'intervention du Samusocial, nous pouvons dire que cette hypothèse est
confirmée. Les difficultés évoquées sont relatives
à celles liées aux parents et aux familles dans le cadre du
processus de médiation familiale et de la réinsertion sociale des
enfants et jeunes en situation de rue. Egalement, la réinsertion sociale
qui est une étape importante dans la lutte contre l'exclusion des
enfants et jeunes en situation de rue, n'est pas un volet bien
développé dans les interventions du Samusocial, dont la mission
est de répondre à l'urgence médicale et psychosociale des
victimes d'exclusion sociale.
Au terme de notre analyse, en notre qualité de futur
travailleur social, nous pensons que cette situation interpelle tout le monde
notamment les autorités publiques, les parents, la société
civile, les professionnels, les partenaires financiers ainsi que les enfants
eux-mêmes. Dans l'union on peut redonner l'espoir à ces enfants et
jeunes qui ne sont que des victimes de la faiblesse du système de
protection de l'enfant dans notre pays.
Partant de là, nous proposons les solutions
suivantes :
ü Renforcer la prévention du
phénomène, car mieux vaut prévenir que guérir. A
cet effet, il faudraaccentuer les campagnes de sensibilisation des
communautés sur les droits de l'enfant. La prévention permettra
de mettre un frein à l'évolution du phénomène des
enfants et jeunes situation de rue.
ü Améliorer l'applicabilité des textes en
matière de protection et promotion des droits de l'enfant.
C'est-à-dire prendre des mesures concrètes pour lutter contre les
violences faites aux enfants,
ü Equiper la rue avec des infrastructures publique :
salles de jeux, espaces de loisir, espace d'hygiène publique,
ü Renforcer d'avantage l'implication des services
techniques de l'Etat le suivi des enfants retournés en famille,
ü Continuer à renforcer les capacités du
Samusocial Mali dans son intervention auprès des enfants et jeunes en
situation de rue,
ü impliquer davantage les collectivités locales
dans la lutte contre l'exclusion sociale, et en particulier celle des enfants
et jeunes des rues, à travers des actions concrètes inscrites
dans les programmes de développement économique, social et
culturel (PDESC),
ü Renforcer les capacités d'accueil et
d'encadrement des centres de jour sur le territoire de Bamako,
ü renforcer la coordination des actions des
différents intervenants dans la prise en charge des enfants et jeunes en
situation difficile,
ü renforcer le plaidoyer auprès de l'Etat et de
partenaires techniques pour plus de soutien aux acteurs de la lutte contre
l'exclusion sociale des enfants et jeunes en situation de rue.
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