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Master 1 : « Management du Social et de la Santé
» Mémoire de Sociologie de la Santé
De la médecine biomédicale à la
médecine non
conventionnelle : les enjeux de la relation
soignant-soigné. Le cas de la micro-
kinésithérapie
![](De-la-medecine-biomedicale--la-medecine-non-conventionnelle-les-enjeux-de-la-relation-soignant2.png)
Lethicia ANZALA ép. BALAVOINE
Année 2015 - 2016
Sous la direction de M. Laurent BOCENO
2
REMERCIEMENTS
Je remercie Monsieur Laurent BOCENO, mon directeur de
mémoire pour m'avoir accompagnée dans la construction de ce
mémoire de sociologie.
Je remercie les patients des
micro-kinésithérapeutes qui m'ont aimablement accordés de
leur temps en acceptant de réaliser les entretiens sur ce thème
passionnant aussi bien pour eux que pour moi.
Je remercie toutes les personnes qui m'ont aidée de
façon directe ou indirecte à faire aboutir ce travail.
Je remercie mon mari et mes enfants qui m'ont soutenue et
encouragée tout au long de la réalisation de ce travail.
SOMMAIRE
INTRODUCTION 5
Méthodologie de l'enquête 10
1. PARCOURS THÉRAPEUTIQUE : LE
PASSAGE DE LA MÉDECINE
BIOMÉDICALE À LA
MICRO-KINÉSITHERAPIE 12
1.1. Présentation de la
micro-kinésithérapie : une forme de médecine
douce......12
1.1.1. Définition de la
micro-kinésithérapie 12 1.1.2. La place de la
micro-kinésithérapie dans l'utilisation des médecines
douces 13
1.1.3. Les limites de la micro-kinésithérapie
13
1.2. Des patients pour lesquels les raisons de s'orienter vers
un micro-
kinésithérapeute sont multiples 14
1.2.1. Présentation des personnes interrogées
14
1.2.2. Caractéristiques sociologiques des personnes
interrogées 15
1.2.3. Aller chez un micro-kinésithérapeute: les
raisons non médicales .15
1.3. La micro-kinésithérapie : une médecine
non reconnue par la science mais qui
attire 16
1.3.1. Qui peut pratiquer la micro-kinésithérapie
? 16
1.3.2. Dans quel cadre évolue le
micro-kinésithérapeute ? 17
1.3.3. Des patients qui « mélangent les genres
» 18
2. LA RELATION PATIENT/MICRO-KINESITHERAPEUTE ET LE
CONCEPT
DU CARE
|
19
|
2.1. Le Cure, le Care : les enjeux d'une relation
|
...19
|
2.2. La dimension du CARE dans le soin dispensé par le
micro-
kinésithérapeute
|
20
|
2.2.1. La technique manuelle : une douce façon de «
prendre soin » du
patient
|
20
|
2.2.2. Les mains du micro-kinésithérapeute et les
représentations du
patient
|
21
|
2.3. La dimension du Care dans l'interaction verbale et
non-verbale
|
...23
|
2.3.1. La communication verbale : la parole
|
23
|
2.3.2. La communication non-verbale
|
24
|
2.3.3. Le rôle du patient dans le soin
|
25
|
|
3
|
4
3. MICRO-KINESITHERAPIE ET SOCIÉTÉ
: ANALYSE DU LIEN SOCIAL..25
3.1. Le réseau dans le parcours thérapeutique du
patient 25
3.1.1. Définition du réseau 25
3.1.2. Analyse sociologique du réseau 26
3.1.3. La relation de confiance et le choix du « bon »
micro-
kinésithérapeute 27
3.2. Du point de vue du patient : efficacité et
satisfaction du patient ...28
3.2.1. L'efficacité de la technique du
micro-kinésithérapeute 28
3.2.2. La satisfaction du patient 29
3.2.3. Prendre soin de son corps avec la
micro-kinésithérapie : un nouveau
rapport au corps 29
3.3. Donner - recevoir - rendre : système de
régulation sociale de l'échange......31
3.3.1. La notion de don selon M. MAUSS 31
3.3.2. Le don et le Care : deux notions liées dans la
relation de soin 32
3.3.3. Recevoir et rendre le don : se placer du côté
du patient 32
CONCLUCION GENERALE 33
BIBLIOGRAPHIE 35
ANNEXES 37
Annexe n° 1 38
Annexe n° 2 41
Annexe n° 3 44
Annexe n° 4 49
Annexe n° 5 63
5
INTRODUCTION
Les médecines non conventionnelles ne prennent tout
leur sens que par référence à la médecine
biomédicale, autrement dit à la médecine conventionnelle.
Cette dernière est une médecine reconnue par la science et dont
l'efficacité a été prouvée. Elle reste la
médecine officielle en France. Tandis que parmi les médecines non
conventionnelles, seules quatre « thérapies douces » sont
reconnues par l'Académie de Médecine et donc
conventionnées. Les autres ne bénéficient d'aucune
reconnaissance scientifique et ne sont que tolérées en France.
Les médecines non conventionnelles séduisent de
plus en plus la population française. Ces pratiques sont connues sous
les termes de médecine douce, médecine alternative,
médecine complémentaire, médecine parallèle ou
encore médecine naturelle.
Les médecines non conventionnelles sont très
diversifiées et leur nombre est croissant. L'O.M.S répertorie
plus de 400 médecines alternatives et complémentaires. Chacune
propose une manière spécifique d'aborder la santé et de
traiter le corps en utilisant les plantes, l'énergie, l'art ou encore
les techniques manuelles. Certaines de ces médecines traitent les
maladies physiques ou sont axées sur le bien-être et la
relaxation.
Les études statistiques sur les médecines non
conventionnelles sont peu nombreuses. Nous pouvons cependant relever que 4
Français sur 10 ont recours aux médecines non
conventionnelles1. La consommation de ces médecines ne cesse
d'évoluer ces dernières années. L'homéopathie est
la pratique qui a le plus de succès, avec 27 % des Français qui y
ont recours. Plus globalement, 75 % des Français ont déjà
eu recours au moins une fois dans leur vie à une médecine non
conventionnelle2. L'incertitude scientifique n'entame donc pas la
confiance des Français malgré les risques dénoncés
par le Ministère de la Santé, en matière notamment de
mauvaise prise en
1 Rapport de l'OMS, mai 2002.
2 Rapport de l'Académie
nationale de Médecine du 5 mars 2013, Thérapies
complémentaires - acupuncture, hypnose, ostéopathie, tai-chi -
leur place parmi les ressources de soins, BONTOUX Daniel, COUTURIER
Daniel, MENKÈS Charles-Joël.
6
charge de la maladie.
Ce sujet semble intéressant à aborder dans un
cadre sociologique car il concerne un phénomène social
contemporain qui anime des débats contradictoires, dans les
médias, dans les milieux scientifiques et dans la sphère
privée.
Envisager de traiter de toutes les médecines non
conventionnelles semble bien ambitieux. C'est pourquoi, nous nous
intéresserons à une seule médecine non conventionnelle
afin d'illustrer cette étude : la micro-kinésithérapie.
Nous choisissons la micro-kinésithérapie suite
à la lecture de nombreux témoignages sur les forums exprimant la
satisfaction des patients. Le témoignage d'un proche a aussi
été déterminant. Ce dernier fait de la
micro-kinésithérapie une pratique de soins familiale et
régulière, car il apprécie, entre autres, le temps
passé avec le praticien, sa bienveillance et la richesse des
échanges.
La micro-kinésithérapie est une technique de
soins manuelle qui permet au thérapeute d'intervenir sur les
traumatismes du patient.
Seuls les professionnels de santé reconnus à
savoir les kinésithérapeutes, les médecins ou les
vétérinaires peuvent prétendre à la formation qui
mène à la micro-kinésithérapie. Ici, nous porterons
notre attention uniquement sur la technique appliquée à
l'homme.
Enfin, peu d'études scientifiques parviennent à
prouver l'efficacité de la micro-kinésithérapie, cependant
son public est de plus en plus large et réceptif.
Au regard de ces éléments, des questions nous
viennent : la médecine conventionnelle a-t-elle cessé de
satisfaire les patients ? Qui sont les patients du
micro-kinésithérapeute ? Quelles motivations dirigent leur choix
? La micro-kinésithérapie reflète-t-elle un nouveau
rapport au corps plus global? Quelles représentations le patient a-t-il
de cette technique ? Quelles sont les attentes des patients de notre
société contemporaine ? Que dire du système de croyances
des patients qui pratiquent la micro-kinésithérapie ? Comment
expliquer les attraits pour la micro-kinésithérapie ? Le
succès de la micro-kinésithérapie, est-ce l'effet d'un
phénomène social ? Quelle est la valeur d'une reconnaissance
scientifique aujourd'hui ?
7
Nous posons alors la question de départ suivante :
Pourquoi le patient de la médecine biomédicale s'oriente
t-il vers la micro-kinésithérapie dans son parcours
thérapeutique ?
Les lectures sociologiques ont permis de poser la
problématique suivante. Les avancées de la médecine
scientifique sont parfois devenues source d'insatisfaction notamment face aux
patients qui veulent de moins en moins prendre des médicaments. Des
témoignages sur les forums de santé montrent que le patient va
alors s'orienter vers la micro-kinésithérapie pour trouver un
soulagement et réduire la prise de médicaments. L'exemple du
patient qui prend des anti-inflammatoires pour soulager des douleurs physiques
est souvent rapporté. Après quelques séances chez un
micro-kinésithérapeute, le patient indique pouvoir arrêter
ou diminuer la prise de médicaments car cette technique de massage lui
procure un soulagement à plus ou moins long terme.
Pour autant, la médecine biomédicale n'est pas
remplacée par la micro-kinésithérapie, au contraire elles
sont utilisées par le patient de façon complémentaire nous
dit Anne Marcellini et ses collaborateurs3. Cette tendance montre la
recherche du changement chez les patients, montre une évolution des
« habitus » selon P. Bourdieu.
La médecine biomédicale et la
micro-kinésithérapie dans un même parcours
thérapeutique se différencient à travers les notions de
« cure » et de « care »4. Le
« cure » caractérisant la technique que retrouve
principalement le patient dans la médecine biomédicale. Alors que
la micro-kinésithérapie est davantage portée sur le «
care » qui est le lien social, le verbal, le manuel.
Motivé par la recherche du changement, d'un «
au-delà du corps biomédical »5 d'une autre façon de
se soigner, le patient s'oriente vers la micro-kinésithérapie.
Cette technique manuelle reflète un nouveau rapport au corps qui fait
référence à, selon M.
3 MARCELLINI Anne, ROLLAND Yannick,
RUFFIÉ Sébastien et TURPIN Jean-Philippe. 2000.
« Itinéraires thérapeutiques dans la
société contemporaine. Le recours aux thérapies
alternatives : une éducation à un "autre corps" ? », in
Corps et culture [En ligne], Numéro 5, p. 43.
4 GRANDAZZI Guillaume. 2011. Les acteurs
du soin. Le cure et le care, texte introductif, CEMU, Université de
Caen.
5 MARCELLINI Anne, ROLLAND Yannick,
RUFFIÉ Sébastien et TURPIN Jean-Philippe. 2000. «
Itinéraires thérapeutiques dans la société
contemporaine. Le recours aux thérapies alternatives : une
éducation à un "autre corps" ? », in Corps et culture
[En ligne], Numéro 5, p. 32.
8
Mauss, « l'homme total »6. Autrement dit,
cette technique prend en compte le patient dans son histoire, dans son
environnement car pour le micro-kinésithérapeute, le
dysfonctionnement vient des perturbations extérieures et est lié
à l'histoire de l'individu. La micro-kinésithérapie ne
raisonne pas en terme de maladie. Cependant, il est possible de prendre en
compte les résultats de l'étude de Claudine Herzlich. Cette
étude sur les représentations sociales de la santé et de
la maladie7 présente l'idée selon laquelle le mode de
vie peut être la source d'état intermédiaire à la
maladie, comme la fatigue. Nous pouvons ajouter aux états
intermédiaires les maux liés aux dysfonctionnements de
l'individu.
La technique manuelle, quant à elle, fait
référence à la valeur symbolique de la main du praticien.
Selon Daniel Grosjean et Patrice Benini8, la main permet au
micro-kinésithérapeute d'entrer en relation avec les courants
d'énergie présents ou non dans le corps. La main sert alors
à la connaissance du patient et de son dysfonctionnement. La technique
manuelle, est en elle-même une relation, une communication, un
corps-à-corps. Pour le patient, la main du
micro-kinésithérapeute a la capacité de « sentir
» ou « ressentir » des noeux, des « blocages ».
Ainsi considérée, la maladie ainsi que la
technique du micro-kinésithérapeute a une signification, a du
sens pour le patient. La perception qu'a le patient selon laquelle il existe
une autre réalité du corps va faire écho avec la
perception du micro-kinésithérapeute selon laquelle le corps
à des choses à dire et ne demande qu'à s'exprimer. Les
représentations des deux acteurs vont alors se rencontrer, et, ainsi,
une complicité va naître entre le soignant et le soigné.
Tout au long de l'étude, nous ferons appel à la
notion de représentation sociale à laquelle le soigné est
confronté dans sa relation au soignant. Nous avons tous des opinions,
des images, des attitudes, des croyances intériorisées qui se
construisent lors des différentes étapes de la socialisation, ce
sont nos représentations. En effet, Serge
6 MAUSS Marcel. 1936. « Les
techniques du corps », in Journal de Psychologie, XXXII, ne, 3-4,
p. 8.
7 HERZLICH Claudine. Juin 2005.
Santé et maladie : analyse d'une représentation sociale,
EHESS, Paris.
8 BENINI PATRICE, GROSJEAN Daniel.
2003. Ces chocs qui détruisent votre santé, 4e
éd., C.F.M.
9
Moscovici précise que les représentations
sociales ne sont pas seulement des « opinions ou des attitudes » mais
sont aussi des « théories »9. La
représentation sociale se situe alors entre la pensée collective
et la pensée individuelle et diffère en fonction des
appartenances des individus.
La relation entre le micro-kinésithérapeute et
le patient implique l'idée du « don » selon M. Mauss. Ce don
met en évidence la notion de triple obligation de donner - recevoir -
rendre dans les interactions. Au-delà de l'échange, cette notion
concerne une morale universelle caractérisée par des
règles, des valeurs, des représentations. Cette notion renvoie
alors à une dimension sociétale dans laquelle chaque individu a
un rôle à jouer et une place à tenir dans le lien social.
Ainsi, le micro-kinésithérapeute en bonne disposition, abandonne
spontanément au patient à travers la technique manuelle, le soin
empreint d'une part de lui. Le patient, satisfait de ce soin, le reçoit
conformément aux règles de la société. Le patient
accepte ainsi de s'inscrire dans un schéma de régulation sociale
et va par exemple tout naturellement communiquer à d'autre sa
satisfaction face à cette technique de soin. Cette reconnaissance peut
s'exprimer dans les « réseaux d'orientation »10.
Enfin, dans l'interaction soignant-soigné, il est
intéressant de faire paraître ce que Goffman appelle « les
rites d'interaction » tels que les regards, les gestes, les mimiques, les
postures et les énoncés verbaux. Il s'agit de « codes »
implicites de bonne conduite qui régulent l'interaction.
La micro-kinésithérapie est un
phénomène social lié aux représentations de notre
société contemporaine. La société actuelle a un
engouement pour les soins naturels. Le patient apprend à intégrer
dans son itinéraire thérapeutique la
micro-kinésithérapie. Le patient intègre un fait
extérieur à lui.
Ainsi, cette problématique précise la question de
départ avec l'idée d'une relation
9 HERZLICH Claudine. Juin 2005. Santé et
maladie : analyse d'une représentation sociale, EHESS, Paris.
10 MARCELLINI Anne, ROLLAND Yannick, RUFFIÉ
Sébastien et TURPIN Jean-Philippe. 2000. « Itinéraires
thérapeutiques dans la société contemporaine. Le recours
aux thérapies alternatives : une éducation à un "autre
corps" ? », in Corps et culture, [En ligne], Numéro 5.
particulière soignant-soigné. Afin de
comprendre les raisons qui conduisent le patient de la médecine
biomédicale à s'orienter vers la
micro-kinésithérapie dans son parcours thérapeutique, nous
nous intéresserons à la relation qui s'instaure entre le
micro-kinésithérapeute et son patient.
Afin de répondre à la question de départ,
nous proposons l'hypothèse suivante : le patient dans notre
société contemporaine trouve dans la relation avec le
micro-kinésithérapeute une autre façon plus
naturelle de prendre soin de son corps.
Nous aborderons dans une première partie le parcours
thérapeutique du patient afin de comprendre son passage de la
médecine biomédicale à la
micro-kinésithérapie. Puis dans une seconde partie, nous mettrons
en évidence l'importance du Care dans la relation patient /
micro-kinésithérapeute. Enfin, notre troisième partie
analysera le lien social créé par le soin du
micro-kinésithérapeute.
MÉTHODOLOGIE DE L'ENQUÊTE
L'orientation de ma question de départ inscrit mon
étude dans une démarche qualitative. En effet,
l'intérêt n'est pas de donner un ordre de grandeur mais
plutôt de décrire et d'analyser le parcours du patient et sa
relation avec le micro-kinésithérapeute, ses manières
d'aborder le corps, ses représentations de la technique manuelle. Ainsi,
la méthode qui semble la plus adaptée ici est l'entretien
semi-directif.
Nous choisissons d'interroger des patients, régulier ou
non, de micro-kinésithérapeute. Pour atteindre ce public, nous
avons directement sollicité des micro-kinésithérapeutes
par mail, sans succès. C'est en passant par l'association des
micro-kinésithérapeutes de France que nous avons pu entrer en
contact par mail avec deux professionnels intéressés par notre
étude. L'un nous a transmis une liste de patients que nous avons
contactés par téléphone. Un autre a remis notre adresse
mail aux patients intéressés qui nous ont directement
contacté.
10
Nous nous sommes présenté aux personnes en
qualité d'étudiante dans le
11
domaine de la santé et du social souhaitant
réaliser une étude sur les patients des
micro-kinésithérapeutes. Les patients les plus inquiets, une
majorité, exigeaient de recevoir le guide d'entretien avant de confirmer
leur participation. Parmi les personnes qui avaient accepté, une n'a
plus donné de nouvelles à l'approche de la rencontre.
Ainsi, deux patientes ont participé à
l'enquête. Nous avons retranscrit ces entretiens en annexe.
Pour mener à bien les entretiens, nous avons construit
un guide d'entretien présenté en annexe. La lecture des avis des
patients de micro-kinésithérapeutes sur les différents
sites internet, les échanges avec mon entourage connaissant ces
pratiques et la lecture de l'article « Itinéraires
thérapeutiques dans la société contemporaine
»11 nous ont aidé à ordonner ce guide autour de
thèmes. Chaque thème présente une série de
questions supports à aborder.
Chaque entretien a débuté par la question
ouverte suivante : «Comment avez-vous découvert la
micro-kinésithérapie ?». Nous avons ensuite
laissé l'entretien suivre sa propre dynamique en nous efforçant
de ne pas suivre scrupuleusement l'ordre prédéfini des
thèmes et des questions. Nous avons également rebondi sur
certains points qui nous semblaient intéressants à
développer.
Les patientes ont montré un certain
intérêt à apporter un témoignage sur leur pratique.
Les entretiens ont été effectués au domicile des
patientes. Le premier entretien s'est bien déroulé, il a
durée 1h20. Quant au deuxième entretien, la patiente avait
oublié le rendez-vous. Nous avons tout de même mené
l'entretien car elle n'avait pas d'autre disponibilité. Cet entretien a
duré 48 minutes.
C'est avec l'accord de chaque participante que nous avons
enregistré les entretiens. Au long de notre écrit, nous avons
respecté l'engagement d'anonymat des patientes et des personnes
citées. Nous les appellerons Madame X et Madame Y et Monsieur A qui est
le thérapeute de Madame Y. De même, les informations
susceptibles
11 MARCELLINI Anne, ROLLAND Yannick, RUFFIÉ
Sébastien et TURPIN Jean-Philippe. 2000. « Itinéraires
thérapeutiques dans la société contemporaine. Le recours
aux thérapies alternatives : une éducation à un "autre
corps" ? », in Corps et culture [En ligne], Numéro 5.
12
de les localiser ont été supprimées et les
enregistrements effacés après retranscription.
1. PARCOURS THÉRAPEUTIQUE : LE PASSAGE DE LA
MÉDECINE BIOMÉDICALE À LA
MICRO-KINÉSITHERAPIE
1.1. Présentation de la
micro-kinésithérapie : une forme de médecine
douce
Dans cette partie, nous définirons la
micro-kinésithérapie et le contexte dans lequel se situe
l'étude. Nous présenterons aussi les personnes interrogées
ainsi que leurs caractéristiques sociologiques. Enfin, nous verrons que
la micro-kinésithérapie attire malgré sa
non-reconnaissance scientifique.
1.1.1. Définition de la
micro-kinésithérapie
La micro-kinésithérapie est une technique de
soin manuelle qui existe en France depuis une trentaine d'années. Elle
fait partie des nombreuses thérapies « alternatives » que
propose notre société contemporaine. Elle a été
développée dans les années 1980 par deux
masseurs-kinésithérapeutes et ostéopathes français,
P. Benini et D. Grosjean.
Le mot micro-kinésithérapie vient de trois mots
grecs : micro (petit), kinesis (mouvement), et
therapeuein (soigner) et signifie à la fois soigner par le
petit mouvement mais aussi rétablir les micro-mouvements du
corps12 afin de redonner la santé. Le thérapeute
accepte alors de donner un soin afin d'aider temporairement une personne
à retrouver ce qu'elle a perdu. « Ainsi le mot
micro-kinésithérapie exprime dans sa composition même
à la fois le contenu et l'esprit de cette méthode
»13.
Le site
www.microkinesitherapie.com
propose la définition suivante:
« la micro-kinésithérapie va chercher
par une technique micro-palpatoire manuelle spécifique les traces
laissées par [des] agressions dans les différents tissus de
l'organisme. Son action consiste à effectuer manuellement des actes
stimulant les mécanismes d'autocorrection afin d'éviter la
dégradation des tissus et d'en rétablir leurs fonctions. Les
mains du praticien mobilisent et stimulent les différents tissus en
fonction du type
12 BENINI Patrice, GROSJEAN Daniel. 2003. Ces
chocs qui détruisent votre santé, 4e éd.,
C.F.M., p. 11.
13 Ibidem, p. 12.
13
d'agression.»14.
Cette définition sous-entend que le corps humain n'a
pas la capacité d'effacer naturellement les chocs physiques et
psychologiques subis. Afin d'éviter que ces chocs créent des
pathologies, le praticien aide alors le corps à libérer ces
agressions grâce à la palpation de zones.
1.1.2. La place de la micro-kinésithérapie
dans l'utilisation des médecines
douces
Les personnes qui pratiquent la médecine douce dans
leurs habitudes de soin cumulent volontiers différentes médecines
douces. En effet, Madame X, patiente en micro-kinésithérapie, se
« soigne, depuis toujours et principalement, par homéopathie et
par acupuncture ». Madame Y, elle, dit faire « de la
micro-kiné et de la kinésiologie». Selon P. Benini et
D. Grosjean, la micro-kinésithérapie est une thérapie
douce qui n'exclut pas l'utilisation en parallèle d'autres moyens
thérapeutiques15. Chaque médecine douce s'inscrit dans
un champ d'application précis. La micro-kinésithérapie
n'agit pas sur tout et pour tout.
Les médecines douces peuvent occuper des places
différentes selon les attentes des patients et même, la
fréquence de leur pratique peut varier. Madame X dit que la
micro-kinésithérapie n'est « pas [son] traitement
principal ». Elle se soigne principalement avec l'homéopathie.
En revanche, Madame Y ne semble pas hiérarchiser les médecines
douces qu'elle pratique. Ces deux personnes disent rencontrer une à deux
fois par an leur micro-kinésithérapeute. En effet, deux à
trois séances sont un maximum pour soigner un
symptôme16.
1.1.3. Les limites de la
micro-kinésithérapie
Les limites en micro-kinésithérapie
relèvent tant du patient que du thérapeute. Madame Y fait part de
l'expérience de son frère qui montre bien les limites inscrites
dans le patient :
14 Site de micro-kinésithérapie:
http://www.microkinesitherapie.com/fr/definition-a-presentation
15 BENINI Patrice, GROSJEAN Daniel. 2003. Ces
chocs qui détruisent votre santé, op. cit., p. 53.
16 ACDM - association Centre de Diffusion de la
Micro-kinésithérapie - rubrique « vos questions »,
http://www.acdmicrokinesitherapie.fr/quest.php
14
« J'ai mon frère qui a été voir
le même micro-kiné que moi et ça ne lui a rien fait. Il ne
veut plus que M. A le manipule, il fait des blocages alors M. A ne peut rien
faire pour lui. Son corps ne veut pas s'ouvrir à M. A ».
Est ainsi bien illustrée l'idée de D. Grosjean
selon laquelle le corps du patient est souvent mis en cause lors des
échecs, en invoquant un corps usé avec l'âge, un handicap
ou encore un blocage17.
Aussi, lorsque Madame Y explique l'échec de la
micro-kinésithérapie face à son problème de genou,
elle dit :
« J'ai tenté de voir avec un micro-kiné
mais ça n'a pas marché. Voilà. A chaque fois j'avais le
genou qui repartait. [...] J'en ai parlé avec le micro-kiné qui
dit que quand il y a vraiment un problème mécanique, chirurgical,
la micro-kiné ne peut pas agir. La micro-kiné a ses limites quand
même! »
Nous voyons ici les limites du thérapeute qui se situent
plutôt au niveau de la technique
qui ne permet pas encore d'accéder à certaines
informations à l'intérieur du corps18.
1.2. Des patients pour lesquels les raisons de s'orienter
vers un micro-kinésithérapeute sont multiples
1.2.1. Présentation des personnes
interrogées
Madame X, âgée de 47 ans, est une femme mince.
Elle mesure environ 1m70. Ses cheveux sont longs et bruns. Elle est souriante.
Elle met très vite à l'aise par son aisance dans la parole et son
attitude avenante.
Madame X est mariée et a un enfant à charge
âgé de 17 ans. Elle est l'aînée d'une fratrie de
trois enfants. Elle travaille à l'étranger dans le domaine de la
comptabilité. Auparavant, elle était infirmière. Madame X
aime le sport, les promenades, les activités en lien avec la nature ou
encore lire. Elle fait également de la broderie, de la couture et du
tricot. Depuis dix ans, Madame X consulte un
micro-kinésithérapeute en France, dans sa campagne d'origine car,
dit-elle :
« Moi je suis focalisée sur mon
bien-être physique et psychologique. Et toutes les pratiques qui peuvent
améliorer mon état ou le maintenir sont
17 Interview de GROSJEAN Daniel.
03/03/2014.
https://www.youtube.com/watch?v=57h2QxFy0r0
18 BENINI Patrice, GROSJEAN
Daniel.2003. Ces chocs qui détruisent votre santé.
15
bonne à prendre... »
Âgée de 35 ans, Madame Y est de petite taille,
environ 1m50, un peu corpulente avec les cheveux mi-longs et bruns. Elle a un
visage rond et souriant sur lequel elle laisse apparaître des expressions
comme l'inquiétude après certaines réponses. Elle semblait
soucieuse de bien répondre.
Madame Y est mariée et a deux enfants à charge
âgés de 5 ans et de 7 ans. Madame est la cadette d'une fratrie de
trois enfants. Elle est assistante dentaire et vit à la campagne. Elle
fait du sport en salle et de l'équitation. Madame Y fait de la
micro-kinésithérapie, qu'elle pratique depuis cinq ans, pour
dit-elle :
« ... des problèmes au dos. J'ai mal au dos.
Dès fois, je suis quelqu'un d'un peu stressée et ça permet
de me débloquer mon stress »
1.2.2. Caractéristiques sociologiques des
personnes interrogées
Les chiffres sur la micro-kinésithérapie sont
rares voire inexistants. Nous tenterons tout de même de mettre en
évidence quelques caractéristiques sociologiques.
En ce qui concerne l'âge, les personnes
interrogées ont 35 ans et 47 ans. Pour Madame X, « c'est [sa]
mère qui est partie en premier » consulter un
micro-kinésithérapeute. Quant à Madame Y, « [ses]
enfants maintenant sont suivis par un micro-kiné ». La
micro-kinésithérapie s'adresse donc à toutes les
générations.
Nous avons interrogé deux femmes. Cependant, Madame Y
nous dit : « j'ai mon frère qui a été voir le
même micro-kiné que moi. [...] Papa y va aussi ». Les
hommes comme les femmes ont alors recours à la
micro-kinésithérapie.
Nous voyons que le style de loisirs de Madame X est en lien
avec son style de vie, «en lien avec la nature » comme elle
dit. Les deux femmes interrogées prolongent l'idée de prendre
soin de leur corps avec les loisirs liés au sport et à la
détente.
1.2.3. Aller chez un
micro-kinésithérapeute: les raisons non
médicales
Les raisons qui poussent les patients à s'orienter vers
un micro-kinésithérapeute sont multiples et vont au-delà
d'une certaine curiosité évoquée.
Madame X dit :
« Mes grands-parents paternels se soignaient par
homéopathie et acupuncture. Donc mon père a converti sa femme.
Ses frères ont converti leur femme aussi [...]. On est une famille
très ouverte à tout ce qui est
16
médecine un peu parallèle : la
micro-kinésithérapie, l'ostéopathie, le reiki. Enfin
toutes ces choses là [...], la sophrologie ».
Cet exemple fait apparaître la pratique de la
médecine douce comme une habitude
familiale qui influence la conduite de Madame X vers la
micro-kinésithérapie.
La quête d'un mode de vie « naturel » est bien
mise en évidence par les loisirs associés à la
façon dont Madame X se soigne. C. Herzlich définit en effet le
mode de vie comme étant le « cadre spatio-temporel de l'individu,
l'espace dans lequel il vit et ses caractéristiques [...] ainsi que
leurs reflets dans certains comportements quotidiens »19.
A cela, s'ajoute une quête de sens par rapport aux
dysfonctionnement de l'organisme. Madame Y dit se tourner vers la
micro-kinésithérapie pour :
« éviter de prendre des médicaments
chimiques qui ne vont pas résoudre forcément le problème
à la base. La micro-kiné travaille plus en profondeur dans
l'organisme et dans le psychisme. Il nous donne des explications».
Madame X précise : « Je préfère
avoir mal à la tête pour qu'on me trouve pourquoi j'ai mal
à la tête, je n'ai plus envie de prendre de l'Efferalgan
».
Les personnes interrogées adoptent alors un mode de vie
qui refrène la consommation de médicaments car la médecine
classique n'est, selon elles, pas ou plus satisfaisante.
Loin d'être un désenchantement ou une
désillusion suite à une maladie, Madame X comme Madame Y
s'orientent vers la micro-kinésithérapie dans une
continuité des habitudes familiales, c'est une philosophie de vie.
1.3. La micro-kinésithérapie : une
médecine non reconnue par la science mais qui attire.
1.3.1. Qui peut pratiquer la
micro-kinésithérapie ?
Rappelons que seuls les kinésithérapeutes ou
médecins généralistes peuvent devenir
micro-kinésithérapeute. Pas une personne interrogée n'a
fait allusion à la formation initiale de son praticien. La formation du
praticien ne semble contribuer ni à rassurer ni à
fidéliser le patient. C'est le résultat, la capacité
à résoudre le problème qui
19 HERZLICH Claudine. Juin 2005. Santé et
maladie : analyse d'une représentation sociale, p. 45.
17
semble primordial.
En micro-kinésithérapie, la formation de base,
théorique et pratique, est réalisée en 6+3 jours. Elle est
organisée par le Centre de Formation en
Micro-kinésithérapie (CFM) dirigé par MM. D. Grosjean et
P. Bénini. Est principalement travaillée la perception des
micro-mouvements grâce à la mains20.
La France compte actuellement 557
micro-kinésithérapeutes inscrits sur la liste officielle des
membres de l'Association Centre de diffusion de la
micro-kinésithérapie (ACDM)21.Ce nombre n'est pas
exhaustif car l'inscription sur la liste reste facultative.
1.3.2. Dans quel cadre évolue le
micro-kinésithérapeute ?
La micro-kinésithérapie, faisant appel à
des éléments physiopathologiques non démontrés,
comme les « mécanismes d'auto-correction », n'est pas reconnue
légalement. De même, elle n'est pas reconnue par le Conseil
national de l'ordre des masseurs-kinésithérapeutes22.
Les praticiens vont alors s'appuyer sur un Code d'exercice23 qui
fixe un cadre et une éthique.
À la question : « savez-vous que la
micro-kinésithérapie n'est pas reconnue par la science, qu'en
pensez-vous ? », Madame X répond :
« Il y a tellement de choses qui n'ont pas
été reconnues par la science pendant un moment et puis la science
a fait marche arrière au bout d'un moment parce que je pense qu'il y a
des choses qu'on explique pas »
Madame Y, elle, répond :
« quand il vous manipule avec les bras, avec
l'énergie et qu'il sort certaines dates qui vous ont marquées
durant votre enfance, soit pendant votre vie d'adolescent ou votre vie
d'adulte, il se trompe très très rarement sur des choses
émotionnelles qu'il y a eu. Et pour ça j'ai jamais
été déçue. »
La micro-kinésithérapie repose sur des
satisfactions individuelles et non des expériences scientifiques, ce qui
l'expose à la subjectivité.
20 BENINI Patrice, GROSJEAN Daniel
(2003), Ces chocs qui détruisent votre santé, op.
cit., p. 57.
21 Site de l'Association Centre de
diffusion de la micro-kinésithérapie:
http://www.acdmicrokinesitherapie.fr/membres.php
22 Avis du Conseil National de
l'Ordre du 20 et 21 mars 2013 relatif à la «
micro-kinésithérapie ». Présenté en annexe.
http://www.microkinesitherapie.com/index.php?
option=com_content&view=article&id=111:reconnaissance-de-la-technique&catid=38:apprendre&lang=fr&Itemid=139
23 Code d'exercice de la
micro-kinésithérapie. Présenté en annexe.
http://www.microkinesitherapie.com/index.php?option=com_content&view=article&id=112:code-d-exercice&catid=38:apprendre&lang=fr&Itemid=138.
18
1.3.3. Des patients qui « mélangent les
genres »24
Madame X comme Madame Y mettent en évidence un usage
combiné de la micro-kinésithérapie avec la médecine
bio-médicale, et cela malgré leur désaffection pour les
médicaments. Pour Madame X : « la micro, l'ostéo,
l'homéo ce sont tous des pratiques qui viennent enrichir la
médecine générale ».
Elles affirment avoir toutes deux un médecin traitant.
Celui de Madame X est, dit-elle, « médecin
homéopathe-acupuncteur que je vois régulièrement
dès que je rentre » en France. Elle nous explique
avoir choisi un professionnel qui présente cette double
compétence dans une « démanche stratégique pour
se faire rembourser la consultation ». Tandis que pour d'autres ce
choix peut être un moyen « de maintenir un certain contrôle
sur la situation »25, de rendre légitime leur
démarche. Elle ajoute, « Quand je suis à
l'étranger je vois un médecin généraliste
traditionnel parce que je n'ai pas le choix ».
Quant à Madame Y, elle dit : « [j'ai] un
médecin traitant comme tout le monde. J'y vais très très
occasionnellement ». Ici, le médecin traitant apparaît
comme une norme, une évidence.
Le médecin généraliste n'est cependant
pas sollicité pour toutes les pathologies. Madame Y le consulte en cas
de grippe par exemple, et Madame X nous dit : « pour une prise
d'antibiotiques, pour une angine ou une infection urinaire ».
Le micro-kinésithérapeute, lui, est
consulté par Madame Y pour « des problèmes de dos »
et des problèmes liés au stress. Alors que Madame X nous dit
que c'est pour :
« savoir si des événements que j'ai
vécus au cours de l'année ont pu laisser
des traces au niveau de mon bien-être ».
Ainsi, face à un problème de santé, le
patient, à partir de son auto-diagnostic, fait son choix entre la
micro-kinésithérapie et la médecine classique. Le passage
chez le généraliste semble être une démarche
intéressée et qui laisse penser que « à
problèmes classiques, médecine classique »26.
Alors que la consultation chez le micro-kinésithérapeute se fait
pour des raisons médicales préventives et/ou curatives.
24 MARCELLINI Anne, ROLLAND Yannick, RUFFIÉ
Sébastien et TURPIN Jean-Philippe. 2000. « Itinéraire
thérapeutique dans la société contemporaine. Le recours
aux thérapies alternatives : une éducation à un "autre
corps" ? », in Corps et culture [En ligne], Numéro 5, p. 4.
25 Ibidem, p. 6.
26 Ibidem, p. 5
19
Autrement dit, à propos de « symptômes
psychiques ou physiques mais dont l'origine est perçue comme psychique
»27.
Le médecin généraliste peut être
consulté en dernier recours. Ainsi, Madame Y nous dit :
« La dernière fois que j'ai été
voir le médecin c'était il y a un an et demi pour un
problème de genou. J'étais tombée dans les escaliers et
ça c'est aggravé alors j'ai été consulter
là. [...] J'ai tenté de voir avec un micro-kiné mais
ça n'a pas marché [...]. J'ai attendu trois ans avant de
consulter mon médecin généraliste ».
La médecine biomédicale sert à
répondre à une urgence, alors que la
micro-kinésithérapie semble être une démarche de
soin plus spontanée.
Comment comprendre la relation alors entre le
micro-kinésithérapeute et le patient ?
2. LA RELATION PATIENT/MICRO-KINESITHERAPEUTE ET LE
CONCEPT DU CARE
Dans cette partie, nous interrogerons le rapport au soin du
patient à partir du concept du Care. Nous présenterons
les conditions nécessaires à la réussite d'un soin avant
de traiter de la dimension du Care dans la technique puis dans la
communication du patient avec le micro-kinésithérapeute.
2.1. Le Cure, le Care : les enjeux
d'une relation
Le soin du micro-kinésithérapeute est à
la fois Cure (technique) et Care (sollicitude). Dans le soin,
le Cure ne prend sens qu'à travers le Care et
inversement. Cependant, nous ferons davantage ressortir le
Care qui est prépondérant dans cette technique contrairement
à la médecine biomédicale pour laquelle prédomine
le Cure.
Le concept de Care apparaît aux
États-Unis dans les années 1980 avec les travaux de la
psychologue Carol Guilligan. Depuis, ce concept a été
utilisé dans de nombreux domaines notamment en sociologie.
27 Ibidem, p. 6
20
Le mot Care reste difficile à traduire en
français en un seul mot. Il renvoie à l'idée de «
prendre soin », « se soucier de », « sollicitude »,
« bienveillance » que l'on retrouve dans la relation entre le donneur
de soin et la personne qui reçoit le soin. Le Care correspond
avant tout aux tâches, au travail non reconnu effectués par les
femmes et dévalorisés. Face au système biomédical
qui réduit le soin à sa part purement technique des critiques
émergent. Des féministes tentent de faire reconnaître
l'importance du Care et du « prendre soin ».
Madame X comme Madame Y trouvent leur
micro-kinésithérapeute « à l'écoute
» et « bienveillant ». En effet, parler du
Care revient à aborder les relations humaines, la relation de
réciprocité ainsi que la relation de confiance. Selon F.
Saillant, le soin est « un ensemble de gestes et de paroles,
répondant à des valeurs et visant le soutien, l'aide,
l'accompagnement »28 .
2.2. La dimension du CARE dans le soin
dispensé par le micro-kinésithérapeute
2.2.1. La technique manuelle : une douce façon de
« prendre soin » du patient
Le corps du patient est palpé avec les mains du
micro-kinésithérapeute dans le but de contrôler l'absence
ou la présence de micro-mouvements, d'énergie. La technique
manuelle du micro-kinésithérapeute s'inspire de la méthode
de l'ostéopathie crânienne en généralisant au corps
tout entier le micro-mouvement29. Voilà comment se
déroule les choses pour les personnes interrogées. Nous relatons
l'expérience de Madame X. Elle dit:
« Vous vous allongez il vous demande simplement
d'être sans collier, sans
ceinture, sans chaussure. Sans trucs qui gênent le
passage des énergies. Et en fait, c'est plutôt une espèce
de palpation ».
Les micro-mouvements sont interrompus suite à des chocs
physiques ou psychologiques. Le praticien va alors procéder à
leur libération en reproduisant « le traumatisme initial lentement,
doucement et longtemps »30. La restauration du terrain est
28 GRANDAZZI Guillaume. 2011. Les acteurs du soin
Le cure et le care, texte introductif CEMU, Université de Caen.
29 Se dit aussi « Mouvement Respiratoire Primaire
», BENINI Patrice, GROSJEAN Daniel. 2003. Ces chocs qui
détruisent votre santé, p. 9.
30 Ibidem, p. 33
21
indispensable pour rétablir l'équilibre du
corps.
À travers l'accompagnement des tissus dans leur
micro-mouvement, le thérapeute « prend soin » du patient.
C'est un moment empli de Care où le thérapeute, avec
tout son professionnalisme, va à la rencontre du patient pour lui
apporter ce dont il a besoin31. C'est le moment où la main,
sans s'imposer, permet en toute confiance, la synchronisation des corps. Il est
dit qu'elle « entre » dans le corps en douceur.
Le malade et sa maladie sont abordés par la douceur par
le micro-kinésithérapeute. En effet, Madame X trouve que : «
C'est vraiment très léger comme palpations. C'est pas du tout
appuyé je trouve ». Madame Y sous-entend même une
détente, elle dit : « je suis très détendue, je
m'endors presque parfois. Je me repose et j'attends. Je ne sens rien
». Il s'agit alors d'un lien invisible, d'un moment non violent entre
le donneur de soin et le receveur de soin qui se fie, se confie à son
thérapeute.
2.2.2. Les mains du
micro-kinésithérapeute et les représentations du
patient
Le sociologue Serge Moscovici définit les
représentations sociales comme un système de valeurs,
d'idées, de pratiques dont la fonction est de permettre aux individus de
s'orienter, de maîtriser leur environnement mental et de faciliter le
lien32. L'analyse des représentations permet de comprendre,
selon C. Herzlich, les attitudes et le comportement des individus face à
un objet qui est ici le soin en micro-kinésithérapie.
Les mains ont une place importante dans la relation qui
s'établit entre le micro-kinésithérapeute et le patient.
Madame X se représente les mains comme un « outil de travail et
c'est ça qui lui permet de traiter les problèmes qu'il arrive
à découvrir ». La main-outil est une qualification
souvent avancée. Cependant, les mains du thérapeute, en
permettant l'entrée en relation avec les besoins du patient sont
plutôt considérées comme « un média, non
seulement de la perception et de l'acte thérapeutique, mais plus
profondément de la relation entre le praticien et son patient
»33. Il ne s'agit pas alors d'une simple communication entre
deux personnes mais de la rencontre entre le corps et l'esprit. Ici, les mains
sont perçues d'un point de vue symbolique et non en tant qu'organe.
31 ZIELINSKI Agata. 12/2010. «
L'éthique du care. Une nouvelle façon de prendre soin », in
Études (Tome 413), p. 638.
32 JODELET Denise, dir. 1989. Les
représentations sociales, P.U.F, Paris, p. 53 et 263.
33 GUEULLETTE Jean-Marie. 2015.
« "Des doigts qui pensent, sentent, voient et savent". Exercices de
réflexivité ostéopathique ».
ethnographiques.org,
Numéro 31 - La part de la main [en ligne].
22
Les patientes interrogées attribuent plusieurs
fonctions aux mains du micro-kinésithérapeute. Pour Madame X, les
mains du micro-kinésithérapeute « sont importantes car
elles font en même temps le diagnostic et [...] le traitement
». En effet, ces mains « pensent, sentent, voient et savent...
»34 comme pour les ostéopathes.
Des mains qui pensent : Madame X nous dit: « il fait
courir un petit peu les doigts sur votre corps au niveau des articulations, au
niveau des ganglions ». Le patient va faire confiance à son
thérapeute tandis que ce dernier va faire confiance à ses mains
qui vont le guider sur le corps du patient.
Des mains qui sentent : Madame Y nous dit de son
micro-kinésithérapeute : « il ne parle pas, il est
concentré sur la palpation. Il cherche ce qui ne va pas ». Les
mains sont en effet le lieu de la perception de l'énergie qui circule et
de ce que Madame Y appelle « des blocages »
mécaniques. Pour cela, le thérapeute doit être
présent, concentré dans l'ensemble de la perception et de
l'action.
Des mains qui voient : Madame X dit aller chez le
micro-kinésithérapeute en lui demandant : « est-ce qu'il
peut voir s'il y a quelque chose qui m'a perturbé, contrarié pour
qu'on arrange ça ». Ici, les mains prennent tout leur sens
symbolique.
Des mains qui savent : le savoir ici concerne les
dysfonctionnements mécaniques et, à travers eux, des
éléments de l'histoire du patient tels que les maladies ou des
traumatismes émotionnels35 que nous aborderons plus loin.
Les capacités des mains du
micro-kinésithérapeute apparaissent comme un mystère pour
les personnes interrogées. Pour expliquer ces capacités, Madame Y
dit :
« Aucune idée. Je me suis toujours
posée la question comment avoir ce savoir ? [...] C'est étrange,
oui mais comme je vous dit ils sont formés. Mais vous savez, on ne voit
rien, on y va et on va mieux, alors c'est ce qui est important pour moi. C'est
un peu magique en fait. Mais bon ! »
Madame X, elle, dit:
« Il y a quand même une part, je ne sais pas,
un petit peu bizarre.[...] Quand vous ne savez pas en fait ce qu'est la
micro-kinésithérapie exactement, ça peut apparaître
comme quelque chose de magique.[...] il y a quelque chose qui me fait penser un
peut, vous savez quand on allait voir un rebouteux avant. [...] C'est comme
s'il avait un pouvoir entre ses mains, un
34 Ibidem.
35 Ibidem.
23
pouvoir qui lui avait été donné et vous
ne savez pas d'où il vient mais il vous fait du bien. »
Pour Madame X comme pour Madame Y, les capacités de la
main du micro-kinésithérapeute représentent un
phénomène inexplicable qui s'apparente à un pouvoir
magique, à un savoir magique.
Ainsi, les capacités de la main du thérapeute
sont perçues comme irrationnelles. Cette perception éloigne alors
cette thérapie du biomédical car elle n'est pas logique.
D'un point de vue symbolique, la main du praticien agit et le
patient comprend cette action mais il ne comprend pas comment elle fait pour
répondre aux besoins.
La main est une notion complexe au sens sociologique. C'est
l'idée que même si le patient en comprend un ou plusieurs aspects,
cela ne suffit pas à une compréhension de la capacité de
la main dans son ensemble.
Enfin, les personnes interrogées mettent toutes en
avant le fait que le micro-kinésithérapeute est formé pour
exercer un soin mystérieux qui repose sur une idée de
bien-être.
2.3. La dimension du Care dans l'interaction
verbale et non-verbale
2.3.1. La communication verbale : la parole
Le patient exprime sa demande ou son besoin à son
arrivée chez le micro-kinésithérapeute. S'il s'agit d'une
première rencontre, Madame X nous dit :
« Comme tout autre praticien. [...] il vous pose des
questions d'usage à savoir votre âge, si vous êtes
mariée, si vous avez des enfants pour savoir à qui il a affaire.
Et quels sont vos antécédents médicaux. »
S'il ne s'agit pas d'une première rencontre, la demande
est exprimée. Le micro-kinésithérapeute écoute
attentivement cette demande en se souciant du patient. Ainsi, le
thérapeute va « constater l'existence d'un besoin,
reconnaître la nécessité d'y répondre, et
évaluer la possibilité d'y apporter une réponse
»36. La bienveillance du thérapeute à
36 ZIELINSKI Agata. 12/2010. « L'éthique
du care. Une nouvelle façon de prendre soin »,in Études,
(Tome 413), p. 636.
24
l'égard du patient aide ce dernier à
réactiver sa mémoire émotionnelle et ses réactions
corporelles pour faciliter la perception. C'est en cela que cet interrogatoire
systématique diffère de celui effectué par le
médecin généraliste car ici il s'agit d'une mise en
condition pour recevoir le soin.
Pendant la palpation, la communication verbale est plus ou
moins présente en fonction du thérapeute. Le thérapeute de
Madame Y, dit-elle, « ne parle pas, il est concentré sur la
palpation ». Elle précise qu'il pose rarement des questions.
Contrairement au thérapeute de Madame X qui pose
régulièrement des questions sur ce qu'il perçoit. Chaque
patient choisit alors le thérapeute qui lui correspond.
Au long de la consultation, les échanges peuvent porter
sur des relations avec des proches. Cela dépend alors de la confiance
qui s'est instaurée entre le thérapeute et son patient. Nous
constatons que les patientes interrogées n'ont pas la même
relation avec le thérapeute qu'avec le généraliste. Alors
qu'elles échangent librement sur leur prise en charge biomédicale
avec leur micro-kinésithérapeute, cette thérapie est peu
abordée (Madame Y) voire pas du tout (Madame X) avec le médecin
généraliste. Elles contrôlent alors leur communication avec
le généraliste.
De même, selon E. Goffman, les interlocuteurs
s'accordent sur le moment de la conversation, sur les thèmes par
l'intermédiaire de règles, de pratiques37.
2.3.2. La communication non-verbale
La communication non-verbale, elle, vient compléter et
améliorer la communication verbale sur le plan émotionnel. Les
gestes, les mimiques ou encore les regards ont leurs importance. Par le langage
du corps, le thérapeute porte une attention au patient, le
considère. Les silences sont importants et permettent au corps de
s'exprimer au moment de la palpation, de raconter son histoire.
Tout comportement est un message, ou bien il précise
des paroles. Madame X nous dit : « quand il vous regarde et en
fonction de ce que vous dites, il arrive à percevoir les questions
intérieures que vous vous posez, et en fait, il essaie d'y
37 GOFFMAN Erwing. 1974. «
les rites d'interaction », coll. Le sens commun, Paris,
Éd. De minuit, p. 32.
25
répondre ». Le thérapeute est alors
vraiment à l'écoute du patient dans son ensemble. Madame X nous
dit ne pas chercher à transmettre une bonne ou une mauvaise image d'elle
au micro-kinésithérapeute. Elle dit rester elle même :
« Dans la mesure où il sait beaucoup de choses
sur vous au moment où il vous ausculte, je reste moi-même. [...]
Je suis dans une relation de confiance. Il faut être soi-même
surtout pour avoir un meilleur rendu possible ».
Les communications verbale et non verbale sont fortement
liées. Si l'une ou l'autre est mauvaise, la communication toute
entière sera entachée et le message ne passera pas.
2.3.3. Le rôle du patient dans le
soin
Les patients considèrent souvent qu'ils sont inactifs
pendant le soin. Madame X nous dit que pendant le soin, elle ne fait «
rien en fait. J'attends qu'il découvre ce qui va pas chez moi ou ce qui
va bien. Parce qu'il y a des choses qui vont bien quand même, J'attends
qu'il trouve ». Cependant, la relation de soin patient /
micro-kinésithérapeute est un système de communication
dans lequel, tour à tour, le patient et le
micro-kinésithérapeute sont émetteur et récepteur.
Chacun a son rôle à jouer. Il ne s'agit pas de la relation
asymétrique comme celle qui prédominait entre le patient et le
médecin.
Le patient est un acteur du soin, il est écouté.
Les informations qu'il apporte au long du soin sont importantes pour la suite
de ce soin. Nous avons vu également qu'il est consulté pour faire
avancer le soin. Aussi, une prédisposition du corps est
nécessaire pendant le soin, il doit alors faire des efforts pour se
détendre et favoriser l'entrée en relation.
3. MICRO-KINESITHERAPIE ET SOCIÉTÉ :
ANALYSE DU LIEN SOCIAL
3.1. Le réseau dans le parcours
thérapeutique du patient
3.1.1. Définition du réseau
Selon le sociologue E. Lazega, le réseau est « un
ensemble de relations d'un type
26
spécifique [...] entre un ensemble d'acteurs
»38 qui partagent les mêmes normes et les mêmes
valeurs. Il peut s'agir de relations d'entraide, de soutien, de conseil, de
contrôle et d'influence. Selon E. Lazega, « décrire la
structure relationnelle d'un système social consiste d'abord à
identifier des sous-ensembles d'acteurs à l'intérieur du
système »39. Il s'agit alors ici d'étudier les
interactions entre les personnes interrogées et leur entourage respectif
qui pratiquent la micro-kinésithérapie, mais aussi de comprendre
comment le réseau oriente le comportement du patient.
3.1.2. Analyse sociologique du
réseau
Il est souvent dit que les patients du
micro-kinésithérapeute s'orientent vers cette pratique à
la suite des conseils d'un proche. Madame Y dit s'y être orientée
suite à un échange avec sa tante qui, elle-même, est
micro-kinésithérapeute :
« Je discutais avec elle de mon stress. Et donc elle
m'a fait découvrir ça à
travers elle, alors j'ai essayé pour voir
».
Quant à Madame X, elle dit avoir connu la
micro-kinésithérapie :
« assez fortuitement. [...]. J'ai eu l'occasion lors
d'une conversation avec
ma mère d'évoquer la
micro-kinésithérapie ».
L'entrée dans le réseau se fait alors à
l'occasion d'échanges entre une personne qui a la connaissance de la
micro-kinésithérapie et une autre personne qui recherche une
amélioration pour sa santé. Chez les personnes
interrogées, les cercles familial et amical ont été
déterminants pour leur orientation. La famille et les amis sont en effet
considérés comme des personnes de confiance par le patient.
Cependant, le réseau peut s'étendre et inclure
des professionnels avec qui le patient n'entretient pas de lien
d'amitié. Madame X nous dit recevoir des conseils venant de son
médecin homéopathe-acupuncteur : « elle connaît la
micro, on en parle ensemble ».
Les membres du réseau s'entraident dans leur
démarche de soin. Madame X nous dit : « parce que j'en ai
discuté avec elle, ma mère a réussi à gérer
une blessure dont elle n'était pas consciente ».
Aussi, dans le réseau, circulent des ressources
importantes qui sont les récits des
38 Lazega Emmanuel. 1994. Analyse des
réseaux et sociologie des organisations, [article], in La revue
française de sociologie, volume 35, numéro 2, p. 293.
39 Ibidem, p. 295.
27
expériences des uns et des autres. Lors de la
discussion avec sa tante, cette dernière lui faisant part de
l'expérience de ces patients, Madame Y nous dit : « elle arrive
à soulager des personnes comme moi qui souffrent du dos. Elle a
déjà reçu des enfants qui ont des troubles du sommeil
». Ces expériences ont pour but d'influencer et de soutenir
les membres du réseau dans leur démarche.
3.1.3. La relation de confiance et le choix du «
bon » micro-kinésithérapeute
Le réseau a un rôle important dans
l'identification et l'orientation vers le « bon »
micro-kinésithérapeute. Il se fait presque exclusivement sur
recommandation d'un proche alors que, en médecine biomédicale,
les recommandations ont peu d'influence et la recherche d'un
généraliste est essentiellement basée sur la
proximité géographique. Madame X nous dit de son
micro-kinésithérapeute :
« S'il était à plus de 100
kilomètre j'aurais fait le déplacement. C'est juste le
désir d'avoir une consultation avec ce praticien ».
Le système du bouche-à-oreille et la
réputation du praticien ainsi ont une place importante . Madame X ajoute
:
« Je pense que la confiance est tellement importante
dans une relation patient-praticien que, une fois qu'elle est établie,
les gens, pour la confiance qu'ils ont en leur praticien et le bien-être
qu'il leur apporte, les gens sont capables de faire énormément de
kilomètres en fait .
Le praticien apparaît ainsi comme une valeur sûre.
Cette confiance va permettre l'engagement envers le praticien.
La confiance va évoluer avec l'influence des
expériences vécues ou connues qui circulent dans le
réseau. Madame X nous dit :
« Au début quand j'ai connu la
micro-kinésithérapie, j'ai eu connaissance de l'histoire d'un
homme qui avait un problème de vessie [...] et le
micro-kinésithérapeute l'a complètement
débloqué.[...] Quand j'ai connu cette histoire ça m'a
vraiment interpellée et motivée».
Celui qui relate les expériences « joue un
rôle » et se met en scène pour convaincre l'autre et l'aider
dans son choix. La confiance s'entretient dans le réseau. Mme X nous dit
:
« C'est vrai que c'est des choses qu'on évoque
régulièrement quand on se
28
voit lors des réunions de famille, noël, les
anniversaires, les mariage. [...] Chacun fait profiter aux autres son
expérience pour l'inciter à peut-être trouver une solution
par rapport à son problème. »
MadameY :
« Oui, oui, oui oui. J'ai deux-trois personnes qui vont
voir le même que le mien et qui en sont très satisfaites. On
échange nos expérience parfois. »
Tous ces échangent contribuent à donner une
reconnaissance à la micro-kinésithérapie.
3.2. Du point de vue du patient : efficacité et
satisfaction du patient
Aborder l'efficacité et la satisfaction du patient
nécessite de préciser au préalable ses attentes. Les
personnes interrogées sont en attente d'une amélioration,
partielle ou totale, de leur état physique et aussi en attente de
relationnel donc d'amélioration de leur état psychique.
3.2.1. L'efficacité de la technique du
micro-kinésithérapeute
La micro-kinésithérapie n'a pas montré
à ce jour son efficacité d'un point de vue scientifique,
malgré les études menées en ce sens depuis les
années 198040. Cette technique est reconnue à travers
les expériences réussies.
Les personnes interrogées considèrent comme
efficace la technique du micro-kinésithérapeute si celle-ci
répond à leur besoin. Ainsi, Madame X nous dit:
« Il arrive à intervenir sur les flux nerveux
pour réduire cette blessure qui
s'est intégrée à mon corps par rapport
à ce que j'ai subi. »
Elle dit également y aller par recherche d'un
bien-être psychologique mais aussi physique. Madame Y dit à son
tour être satisfaite: « je me sens moins stressée
après » et ajoute : « il me débloque des
choses émotionnelles que le médecin généraliste ne
peut pas faire,[...], je le ressens par un bien-être psychique
». De même, il soulage son mal de dos ce qui lui donne
l'impression d'être « légère ».
La micro-kinésithérapie, dans ces deux cas,
participe alors au confort de ces dames et
40 Site de l'Association Centre de diffusion de la
micro-kinésithérapie:
http://www.acdmicrokinesitherapie.fr/membres.php
29
diminuent les maux là où la médecine
classique s'est montrée inefficace.
Les révélations faites au cours de la palpation
ont aussi une très grande importance. Associées à
l'équilibre énergétique, les révélations
faites par le thérapeute participent activement au sentiment
d'efficacité. En effet, Madame X nous dit :
« Quand vous commencez à fréquenter un
micro-kinésithérapeute vous savez qu'il vous fait du bien parce
qu'en fait le fait qu'il vous révèle des choses qui se sont
passées et qui vous ont perturbées sans que vous ayez dit quoi
que ce soit, il y a forcément quelque chose, vous en êtes pas
conscient, qui lui est révélé par votre corps qui va vous
amener à un travail sur vous-même et qui va forcément
améliorer votre bien-être ».
Les révélations étaient très
présentes dans le discours des personnes interrogées. Ainsi,
elles sont apparues comme une attente primordiale pour le patient.
3.2.2. La satisfaction du patient
Les personnes interrogées ont exprimé une grande
satisfaction quant à la qualité et au résultat du soin.
Madame X dit être :
« avec ce micro-kinésithérapeute,
très satisfaite. Il est toujours à l'écoute. [...] Il y a
beaucoup de choses qui au début de mon mariage étaient en
contradiction avec ma façon de voir les choses, avec ma façon de
vivre, avec ma façon de penser [...] c'est des choses qu'il a pu
ressentir par la palpation et qu'il a pu m'expliquer ».
Les deux personnes interrogées sont satisfaites du
temps passé avec le thérapeute. Madame X rend compte d'une
consultation qui dure entre 45 minutes et 1 heure. Madame Y dit passer 1/4
d'heure à 1/2 heure en consultation. Le temps passé
diffère selon le patient mais elles en sont toutes les deux satisfaites.
Cette différence peut venir de la demande. Avec une demande explicite
comme le fait souvent Madame Y, le soin est ciblé et donc plus court
qu'un soin pour lequel la demande est implicite. Madame X demande en effet
à son thérapeute un rééquilibrage de tout son
corps.
Nous percevons cette satisfaction générale
lorsqu'elles disent y retourner et être prêtes à recommander
leur thérapeute.
3.2.3. Prendre soin de son corps avec la
micro-kinésithérapie : un nouveau rapport au corps
L'interaction entre la main du thérapeute et le corps du
patient, ce que certains
30
appellent le corps-à-corps, marque un nouveau rapport
au corps pour se soigner, un changement par rapport au biomédical. En
effet, le corps du patient est abordé en médecine
biomédicale sur le plan scientifique alors qu'avec la
micro-kinésithérapie, il est abordé sur le plan
relationnel. Madame Y nous expose ce corps-à-corps à travers
l'activité de sa tante, micro-kinésithérapeute :
« Les patients qu'elle reçoit, elle ne les
traite pas avec des médicaments, des choses chimiques,
extérieures au corps. Elle utilise le corps pour les soulager, pour leur
apporter une amélioration. Les réponses sont dans le corps. Elle
n'a pas de matériel en fait. Elle fait tout avec le corps et ses mains
».
Cette façon de se servir du corps pour le soin, cette
« technique du corps » selon M. Mauss, permet une prise en charge
totale, globale du patient. En effet, Madame X dit : « je suis en
demande du traitement de tout mon corps » ; elle ajoute, «
c'est comme s'il faisait un réajustement de tout mon système
nerveux et mon système énergétique. » Ce rapport
au corps révèle, selon M. Mauss, d'un mode de vie. Les personnes
interrogées expriment en effet le souhait d'une vie plus naturelle, avec
moins de médicaments et avec des soins qui harmonisent le corps et
l'esprit et qui apportent un bien-être général.
Cette technique du corps apparaît selon M. Mauss comme
un habitus au sens où cette façon de se soigner semble
innée mais est pourtant apprise en société. Il y a une
évolution des habitus. C'est l'expression de l'éducation
et de la vie en société. De même, le patient s'habitue lors
de la consultation à son nouveau rôle sans parole, de
relâchement du corps et d'abandon à l'autre.
Dans ce rapport au corps, le soigné est très
impliqué. Cette rencontre des corps montre que « le(s) corps est le
lieu de l'engagement dans l'alternative, c'est-à-dire, de l'engagement
dans une autre façon de se soigner, qui ressemble à la recherche
d'une autre façon d'être, d'une autre façon d'être
avec l'autre, d'une autre façon de communiquer, de lire, de comprendre,
de percevoir, de voir »41. Selon Goffman, « l'individu qui
s'engage [...] peut s'y impliquer entièrement : [...] oublieux de tout
le
41 MARCELLINI Anne, ROLLAND Yannick, RUFFIÉ
Sébastien et TURPIN Jean-Philippe. 2000. « Itinéraire
thérapeutique dans la société contemporaine. Le recours
aux thérapies alternatives : une éducation à un "autre
corps" ? », in Corps et culture [En ligne], Numéro 5, p.
9.
31
reste et de lui-même »42. Il ajoute que
« cet engagement spontané et conjoint est un unio mystica,
une transe socialisée »43.
Les personnes interrogées ont la volonté de
s'impliquer davantage et d'être plus autonomes dans leur
itinéraire thérapeutique. Toutes les deux font apparaître
l'idée qu'elle font le choix du micro-kinésithérapeute
dans l'espoir d'obtenir un résultat positif. Elles sont alors dans une
dynamique de changement avec le souhait de prendre en charge elles-même
leur santé. Elles se tournent alors vers cette nouvelle démarche
de soin qui accorde plus d'importance à la dimension humaine que la
médecine biomédicale.
3.3. Donner - recevoir - rendre : système de
régulation sociale de l'échange
3.3.1. La notion de don selon M. MAUSS
M. Mauss définit la notion de don comme un
système d'échange dynamique de régulation
réciproque et unilatéral. Dans la relation d'échange dans
le soin, le micro-kinésithérapeute fait le don de sa
compétence au patient. Certains parlent d'un don de soi dans le soin. Il
ne donne pas le soin dans l'attente de recevoir en retour. Il donne pour
inciter l'autre à donner. Cette relation ouvre alors sur une dimension
sociétale et permet de comprendre la relation de soin au-delà du
simple échange. Le don est une dimension fondamentale dans notre
société.
Les relations sociales reposent selon M. Mauss sur cette
triple obligation de donner- recevoir et rendre. Il ne s'agit pas de
charité mais de don symbolique.
La logique du don repose sur la confiance, la
réciprocité et l'engagement de l'autre. L'idée est que,
selon l'approche de P. Chanial, le patient se présente avec une demande
au thérapeute. Sa vulnérabilité de par sa maladie ou son
mal-être conduit au don de soin. Apparaît alors l'idée de
dépendance du patient envers le thérapeute. Le don est alors un
élément essentiel dans les liens de dépendances entre
individus. Le don de soin renvoie à la fragilité de l'homme et sa
dépendance originelle. En donnant le soin, le praticien fait
42 GOFFMAN Erwing. 1974. « les rites
d'interaction », coll. Le sens commun, Paris, Éd. De minuit,
p. 101.
43 Ibidem, p. 40.
32
un don de vie au patient, sans
intérêt44.
3.3.2. Le don et le Care : deux notions
liées dans la relation de soin
Les théories du don et du Care sont en lien.
Comme dans la logique du don, les personnes qui sont dans le Care ne
le font pas pour l'argent. La réflexion sur le don vient enrichir le
travail du Care dans la relation établie dans le soin.
Comme dans la relation de don, la relation de Care
est une relation sociale. Le travail de soin, le don de soin ainsi que la
sollicitude sont dévalorisés, invisibles car sont
relégués à la sphère privée alors que la
société considère comme louable la réussite
publique, la rationalité et l'autonomie. Le Care comme le don
sont considérés comme le pouvoir des faibles. C'est une «
affaire de bonne femme »45.
De même, la médecine biomédicale se
détache de cette relation de don et de Care au profit de la
science.
3.3.3. Recevoir et rendre le don : se placer du
côté du patient
« Recevoir » le soin engage le patient dans une
relation d'échange. Il paraît nécessaire pour recevoir le
soin dispensé par le micro-kinésithérapeute, d'être
disponible et ouvert à ce type de soin. Madame Y nous dit:
« moi j'y crois parce que je suis depuis plusieurs
années avec un micro-kiné
et vous savez, [...] il a toujours réussi à me
soulager de mes douleurs ».
Madame X, elle, à plusieurs reprises, utilise
l'expression « moi j'y crois ». Nous comprenons alors que
cette démarche nécessite une prédisposition de l'esprit
qui conditionne la disposition du corps du patient. Le patient doit être
confiant.
Il faut alors croire et avoir confiance en cette technique
pour envisager le soin. Il ne s'agit pas de croyance religieuse ici, mais
plutôt de la « volonté de croire qu'il existe d'autres
visions du corps possibles »46, contrairement à la
médecine biomédicale qui se
44 Chanial Philippe. 2/2014. « Don et
care : une perspective anthropologique », in Recherche &
formation (n° 76).
45 Chanial Philippe, « Don et care : une
perspective anthropologique », Recherche & formation 2/2014
(n° 76), p. 53.
46 MARCELLINI Anne, ROLLAND Yannick, RUFFIÉ
Sébastien et TURPIN Jean-Philippe 2000. « Itinéraire
thérapeutique dans la société contemporaine. Le recours
aux thérapies alternatives : une éducation à "autre corps"
? », in Corps et culture [En ligne], Numéro 5, p. 7.
33
base sur la logique, le visible et le connu. Cette
volonté de « croire » est enrichie par l'efficacité
réelle ou l'effet placebo du soin mais aussi par la justesse des
révélations du praticien. Si le patient n'est pas volontaire, le
thérapeute ne peut pas prendre soin de lui.
« Rendre » le don se fait conformément
à la logique de l'échange. Le patient va rendre ce qu'il a
reçu pas forcément au donneur ni sous la même forme. Il
s'agit ici d'un échange symbolique que les personnes interrogées,
comme Madame X, expriment ainsi :
« Par rapport à la
micro-kinésithérapie, si j'ai l'opportunité de discuter
avec quelqu'un que je côtoie régulièrement qui a un souci
que je pense pouvoir être résolu par la
micro-kinésithérapie, je les enjoins à
éventuellement consulter parce que ça pourrait leur apporter du
bien-être comme à moi ça m'apporte du bien-être. Le
bien-être que je reçois par la micro-kinésithérapie,
je le reporte aux autres au quotidien par ma bonne humeur, mon esprit positif,
ma façon de voir les choses. Je suis à l'écoute des
autres, je partage ma joie de vivre»
Madame Y nous dit: « Si quelqu'un est ouvert à
ce que je peux raconter je lui parle sans problèmes ».
Les personnes interrogées rendent alors le don par la
reconnaissance. Elles partagent les bienfaits du soin avec leur entourage et
ainsi fait perdurer le réseau. Cependant, rendre le soin en partageant
sa reconnaissance a des limites que les deux personnes interrogées ont
bien montrées. Elles précisent toutes deux ne pas insister
auprès des personnes qui ne sont pas réceptives.
CONCLUCION GENERALE
La société contemporaine présente de
nouvelles façons de se soigner dont fait partie la
micro-kinésithérapie. Nous avons choisi, ici, de nous placer du
côté du patient. Ainsi, nous nous sommes appuyés sur le
parcours thérapeutique de deux patientes de
micro-kinésithérapeute et sur des concepts sociologiques comme
les représentations sociales, le réseau, le Care ou
encore le don. Cette association nous a aidé à comprendre les
enjeux de la relation patient-thérapeute.
34
La micro-kinésithérapie est une technique
manuelle de soin qui est mal connue des personnes qui la pratique. Les patients
ne cherchent pas forcément à la connaître plus que
ça, même si elle est mystérieuse pour elles. Ce qui attire
et intéresse davantage le patient, c'est le résultat,
l'efficacité du soin et sa qualification de médecine douce.
De par sa technique de soin, la
micro-kinésithérapie s'éloigne de la médecine
biomédicale qui sous-estime la notion de Care dans son soin au
profit de la science donc de substances chimiques qui ne répondent plus
aux besoins du patient. Le soin du thérapeute propose une prise en
charge globale du patient qui associe le corps et l'esprit. Tandis que le
biomédical ne s'attarde que sur le corps. Cependant, la médecine
biomédicale semble faire un pas vers cette idée de prise en
charge totale.
La relation de confiance a été
omniprésente dans cette étude. Dans toutes les étapes qui
ont guidé le changement souhaité par le patient, la confiance a
été nécessaire et déterminante. La confiance s'est
installée et perdure chez le patient grâce au réseau dans
lequel circule les expériences des uns et des autres. De même, la
confiance entre le patient et le micro-kinésithérapeute est
indispensable pour que ce dernier reçoive le soin. Recevoir le soin dans
le sens où le patient à l'issue du soin en perçoit des
effets bénéfiques.
Le patient exprime une telle volonté de croire en cette
technique qu'il en est presque désolé lorsque le soin n'a pas
été efficace. Ce qui est donné est rendu symboliquement.
Tel est le fondement des relations sociales encore aujourd'hui. Ainsi, le
patient est amené à rendre le don de soin qu'il a reçu. Il
le rend à travers la reconnaissance et concrètement en
transmettant dans son entourage le bien-être qu'il a reçu
grâce au soin.
Nous pensions avant de commencer cette étude que
consulter un micro-kinésithérapeute relevait principalement d'un
phénomène de mode notamment de notre société
contemporaine. Cela comme toutes pratiques de médecines douce. Ma
représentation réductrice a été déconstruite
grâce à ce mémoire et permet de confirmer
l'hypothèse de départ selon laquelle le patient du
micro-kinésithérapeute trouve avec cette thérapie une
autre façon plus naturelle de prendre soin de son corps.
35
BIBLIOGRAPHIE
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détruisent votre santé, 4e éd., C.F.M.
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care : une perspective anthropologique », in Recherche &
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et le care, texte introductif CEMU, Université de Caen.
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micro-kinésithérapie, réflexion sur ses moyens
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- GUEULLETTE Jean-Marie (2015), « "Des doigts qui
pensent, sentent, voient et savent". Exercices de réflexivité
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Numéro 31 - La part de la main [en ligne].
http://ethnographiques.org/2015/Gueullette
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analyse d'une représentation sociale, EHESS, Paris.
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sociologie des organisations », [article], in Revue française
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- MARCELLINI Anne, ROLLAND Yannick, RUFFIÉ
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- MAUSS Marcel (1923-1924), « Essai sur le don. Forme et
raison de l'échange dans les sociétés archaïques
», Chapitre I partie II, in l'Année sociologique, Coll.
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36
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in Journal de Psychologie, XXXII, ne, 34, 15 mars 15 avril 1936. pp.
5-25.
- Zielinski Agata. (12/2010). « L'éthique du care.
Une nouvelle façon de prendre soin», in Études,
(Tome 413), p. 631-641.
www.cairn.info/revue-etudes-2010-12-page-631.htm.
Sites Internet :
- Site de l'Organisation Mondiale de la Santé
- Site grand public :
www.medecines-douces.com
- Site de l'Association Centre de diffusion de la
micro-kinésithérapie :
http://www.acdmicrokinesitherapie.fr/membres.php
- Site de micro-kinésithérapie:
http://www.microkinesitherapie.com/fr/definition-a-presentation
- Avis du Conseil National de l'Ordre du 20 et
21 mars 2013 relatif à la « micro-kinésithérapie
». Présenté en annexe.
http://www.microkinesitherapie.com/index.php?
option=com_content&view=article&id=111:reconnaissance-de-la-technique&catid=38:apprendre&lang=fr&Itemid=139
- Code d'exercice de la micro-kinésithérapie.
Présenté en annexe :
http://www.microkinesitherapie.com/index.php?
option=com_content&view=article&id=112:code-d-exercice&catid=38:apprendre&lang=fr&Itemid=138.
37
ANNEXES
38
Annexe n° 1
AVIS DU CONSEIL NATIONAL DE L'ORDRE
DU 20 ET 21 MARS 2013 RELATIF A LA «
MICROKINESITHERAPIE »
AVIS - CNO n° 2013-02 DEONTOLOGIE AVIS DU
CONSEIL NATIONAL DE L'ORDRE DU 20 ET 21 MARS 2013 RELATIF A LA «
MICROKINESITHERAPIE »
La « micro-kinésithérapie » constitue
une méthode non éprouvée qui ne bénéficie
d'aucune reconnaissance légale, qui fait appel à des
éléments physiopathologiques non démontrés tels que
« la mémorisation tissulaire de l'agression » ou « les
mécanismes d'autocorrection ». Elle ne fait pas non plus l'objet
d'une reconnaissance par le conseil national de l'ordre des
masseurs-kinésithérapeutes.
La « micro-kinésithérapie »
apparaît ainsi comme une technique non conventionnelle, qui pourrait
ouvrir la voie à une dérive thérapeutique.
L'article R.4321-87 du code de la santé publique
dispose que le masseur-kinésithérapeute ne peut conseiller et
proposer au patient ou à son entourage, comme étant salutaire ou
sans danger, un produit ou un procédé illusoire ou insuffisamment
éprouvé. Le même article proscrit toute pratique de
charlatanisme.
Par ailleurs l'article R.4321-80 du code de la santé
publique prévoit que :
« Dès lors qu'il a accepté de
répondre à une demande, le masseur-kinésithérapeute
s'engage personnellement à assurer au patient des soins consciencieux,
attentifs et fondés sur les données actuelles de la science
».
En outre, l'article R.4321-65 CSP dispose que « le
masseur-kinésithérapeute ne divulgue pas dans les milieux
professionnels une nouvelle pratique insuffisamment éprouvée sans
accompagner sa communication des réserves qui s'imposent. Il ne fait pas
une telle divulgation auprès d'un public non professionnel ».
Nous demeurons donc réservés sur la pratique,
par nos confrères, de la
«micro-kinésithérapie».
RÉFLEXION À PROPOS DE L'AVIS DU CNO
N° 2013-02
Comme son nom l'indique, l'Ordre des
Masseurs-kinésithérapeutes a été mis en place pour
veiller (surveiller) le bon exercice de cette profession. Ce bon exercice est
détaillé dans le code de déontologie que tout
kinésithérapeute se doit de respecter, et c'est donc à
juste titre que le Conseil National mentionne certains articles qui peuvent
servir de référence pour, non seulement mettre en garde, mais
aller jusqu'à interdire « tout produit ou procédé
illusoire, insuffisamment éprouvé ».
Cet article n'est pas spécifique de la
déontologie des masseurs-kinésithérapeutes, mais
39
appartient au Code de la Santé Publique qui recommande
que tout acte thérapeutique repose sur une médecine basée
sur des preuves (EBM), c'est ce que nous avons essayé de faire en
micro-kinésithérapie depuis sa création en 1983. Il suffit
pour cela de consulter la liste des travaux et des études
effectuées, mais la publication de ces études dans des revues
spécialisées reste une difficulté à
résoudre.
Mais pour bien situer la micro-kinésithérapie
par rapport à la kinésithérapie, il est important de
rappeler un certain nombre de points qui sont essentiels :
1° La micro-kinésithérapie ne remplace pas
la kinésithérapie conventionnelle. Elle se veut
complémentaire, ce qui signifie qu'elle essaie d'apporter quelque chose
de plus qui peut s'ajouter aux traitements conventionnels. C'est pourquoi elle
fait appel à des données scientifiques qui ne sont pas (ou pas
assez) pris en compte par la kinésithérapie conventionnelle. La
micro-kinésithérapie se base sur les mécanismes
d'auto-réparation ou autocorrection qui sont communément admis
par le monde scientifique en ce qui concerne les capacités propres aux
êtres vivants. Tous les mécanismes immunologiques, ainsi que ceux
qui se manifestent dans les périodes de cicatrisation, de calcification,
etc., sont des mécanismes d'auto-poïèse, c'est-à-dire
effectués par l'organisme lui-même. Et ce n'est pas parce que
cette capacité ne s'est pas exprimée après une agression
que, pour autant, elle n'existe plus.
Le but de la micro-kinésithérapie est d'essayer
de comprendre pourquoi elle ne s'est pas manifestée et de chercher
à la remettre en route. Il s'agit d'hypothèses de travail, mais
qui paraissent se confirmer au dire des patients traités et des
évaluations effectuées.
2° La micro-kinésithérapie n'est pas, pour
le moment, prescrite par ordonnance médicale et n'entre donc pas dans la
liste des actes conventionnés. Elle n'est proposée qu'en
réponse à une demande du patient qui vient chercher une
thérapie complémentaire par rapport à une symptomatologie
qui ne répond pas (ou pas assez) aux traitements conventionnels.
Ici, on peut reprendre l'article R4321-80 du Code de la
Santé Publique qui mentionne que :
« Dès lors qu'il a accepté de
répondre à une demande, le masseur-kinésithérapeute
s'engage personnellement à assurer au patient des soins consciencieux,
attentifs et fondés sur les données actuelles (ou nouvelles ?) de
la science ».
3° La micro-kinésithérapie, dans ce sens,
rejoint le Rapport de l'Académie Nationale de Médecine (ANM)
du 5 mars 2013 (15 jours avant l'avis du CNO) sur les thérapies
complémentaires.
Dans son introduction, ce rapport définit très
exactement la demande du public pour ces thérapies
complémentaires :
« Le comportement du public vis à vis de la
médecine est ambivalent : convaincu et même séduit par les
avancées de la recherche, il est en même temps déçu,
et parfois révolté, par les nombreux domaines où les
résultats des traitements sont insuffisants, ou encore inquiet des
inconvénients dont leurs effets sont assortis. C'est souvent dans cet
esprit de relative défiance vis-à-vis de la médecine que
les patients se tournent, sans en informer leur référent
médical, vers des pratiques non conventionnelles dont les vertus leur
ont été vantées par les multiples sources d'information
non contrôlée qu'offre notre société. Le recours
à ces pratiques est aujourd'hui tel que leur diffusion a pris une
étonnante extension : il a été avancé que
près de 4 français sur 10 leur font appel... ».
40
Ce rapport décrit également les domaines dans
lesquels ces thérapies complémentaires interviennent, mentionne
les thérapies corps esprit avec les touchers thérapeutiques, ou
les manipulations de l'appareil locomoteur avec les massages
thérapeutiques. La micro-kinésithérapie peut très
bien trouver sa place dans l'une ou l'autre de ces rubriques.
Enfin, ce rapport émet des recommandations :
· à l'adresse des usagers :
- d'en éviter l'usage en l'absence d'un diagnostic
médical
- de ne les accepter qu'avec une extrême prudence comme
traitement de première intention
- de ne pas y recourir lorsque la présentation clinique
est inhabituelle ou persistante en l'absence
d'un avis médical.
· et à l'adresse des hôpitaux et
établissements de soins :
- de ne confier leur mise en oeuvre qu'à des
médecins, sages-femmes ou professionnels de santé travaillant
sous contrôle médical, tous préalablement formés
à cet effet ;
- d'évaluer régulièrement ces pratiques
;
- d'exploiter dans toute la mesure possible les
résultats de ces traitements dans le cadre d'essais cliniques, uni ou
multi centriques ; de déposer un protocole d'essai pour tout projet dans
une indication inhabituelle ou controversée...
4° La micro-kinésithérapie cherche un cadre
légal pour pouvoir être proposée aux personnes qui en font
la demande. Aussi, les recommandations faites par l'ANM semblent plus
appropriées pour évaluer son impact que les déclarations
très restrictives émises par le CNO.
C'est pourquoi, après avoir un peu épuisé
les possibilités d'évaluations qu'il était possible de
faire en cabinet libéral, nous attendons et espérons des
propositions d'essais cliniques, d'abord sous la forme la plus simple de
pré-évaluation sur une dizaine de patients, par exemple, pour
déterminer si une tendance positive semble apparaître. Et ensuite,
si les pré-évaluations mettent en évidence des
possibilités d'amélioration, réaliser des protocoles plus
complexes qui peuvent s'effectuer sans risque ni perte de chance en ajoutant
simplement, par exemple, une séance de
micro-kinésithérapie à une groupe traité pour
évaluer son impact par rapport à un groupe témoin qui
reçoit le même traitement sans micro-kinésithérapie
(étude multi centrique).
Des pourparlers sont déjà engagés avec
des départements universitaires qui se spécialisent dans les
thérapies complémentaires, mais nous espérons pouvoir
dialoguer et coopérer avec beaucoup d'autres structures qui seraient
intéressées par ces recherches puisqu'il y a des praticiens de
cette technique disponibles pour cela sur pratiquement tout le territoire
français.
Daniel GROSJEAN
41
Annexe n° 2
CODE D'EXERCICE
1 LE CADRE LEGAL
La micro-kinésithérapie est une technique de
massages. Elle set rouve, par la même, inscrite dans le cadre
légal de la kinésithéapie que le
micro-kinésithérapeute s'engage à respecter. En
conséquence :
1.1 En France à ce jour, nul ne peut exercer la
micro-kinésithérapie s'il n'est
masseur-kinésithérapeute,médecin ou, concernant le monde
animal, vétérinaire.
1.2 Celui qui exerce cette technique thérapeutique ou
préventive se soumet à la déontologie applicable aux
médecins et aux paramédicaux ; en particulier, les obligations
concernant la nondiscrimination, le non-prosélytisme, le secret
professionnel, la confraternité, le respect du malade.
2 EXERCICE DE LA MICROKINESITHERAPIE
2.1 La micro-kinésithérapie peut être
effectuée dans le cadre de soins conventionnels en
kinésithérapie (ou en médecine)comme massages
thérapeutiques. Dans ce cas, le thérapeute doit expliquer en quoi
consiste la technique et il doit avoir l'accord du patient. La
micro-kinésithérapie ne saurait remplacer les autres actes
thérapeutiques prescrits. Elle se situe en complément de
ceux-ci.
2.2 La micro-kinésithérapie peut
également être effectuée comme tout acte de massages, sans
prescription médicale.Dans ce cas, le
micro-kinésithérapeute s'engage à respecter les points
suivants.
3 RESPECT DE LA TECHNIQUE ET DU PATIENT
3.1 La micro-kinésithérapie est une technique de
soins complémentaires qui ne saurait s'opposer à la
médecine conventionnelle et, en particulier, remplacer les traitements
prescrits.
3.2 La micro-kinésithérapie est une technique de
massages qui se pratique avec les mains sur le corps, vêtu ou non, du
patient. Tout traitement qui serait fait sans contact avec le corps du malade
n'est pas de la micro-kinésithérapie.
3.3 Un traitement complet en
micro-kinésithérapie comporte au minimum un contrôle avec
correction du matériel extra-embryonnaire (terrain et chronicité)
ainsi que les tissus corporels
42
tels qu'ils sont enseignés dans les perfectionnementsP1
et P2. Le micro-kinésithérapeute s'engage à effectuer le
traitement au maximum de ses capacités. Un traitement local et ponctuel
est également possible.
3.4 Les étiologies, retrouvées en cours du
traitement, peuvent être signalées, avec discernement. Le
thérapeute se garde de tout jugement et, en particulier, d'une
transposition de ces faits passés dans le temps présent. Il
s'abstient également de tous commentaires ou conseils qui pourraient
interférer avec la liberté du patient ou empiéter sur
d'autres thérapies et, en particulier, sur la psychothérapie.
3.5 Dans le cas d'une demande pour un traitement complet en
micro-kinésithérapie, le micro-kinésithérapeute
s'engage à respecter la demande du patient et ne faire, au cours de
cette séance, aucune autre technique. Dans le cas où une demande
pour une autre thérapie en plus serait formulée par le patient,
la facturation sera établie en fonction de chacune des techniques.
3.6 Un traitement en micro-kinésithérapie ne
nécessite, en général, qu'une séance. Une ou deux
séances complémentaires peuvent être proposées dans
les semaines qui suivent. Dans le cas de non-résultat, le
micro-kinésithérapeute saura reconnaître ses limites et
s'abstiendra de multiplier les séances ou de créer une
dépendance du malade à son égard.
3.7 Des séances préventives d'entretien peuvent
être envisagées à raison d'une ou 2 fois par an.
4 RESPECT DES CONFRERES ET DES INSTANCES
Le micro-kinésithérapeute s'engage également
à :
4.1 Respecter la législation concernant la facturation
selon les indications fournies dans la charte d'exercice.
4.2 Les honoraires doivent être demandés avec tact
et mesure.
4.3 Ne pas formuler de jugements et critiques négatives
sur les autres professionnels de santé et, en particulier, sur les
confrères masseur-kinésithérapeute.
4.4 Ne pas enseigner la micro-kinésithérapie, ni
publier, sans accord du CFM.
4.5 Se tenir au courant de l'évolution de la technique
afin d'effectuer des traitements les plus complets et efficaces possibles.
4.6 Ne mentionner les « bienfaits » apportés
par cette technique qu'en référence aux résultats et aux
évaluations effectués. Conscient de l'importance des
évaluations, le micro-kinésithérapeute s'engage à y
contribuer selon ses possibilités.
43
5 RECONNAISSANCE DES MICROKINESITHERAPEUTES
5.1 Seuls pourront être reconnus par l'Association
micro-kinésithérapeutes, les
micro-kinésithérapeutes s'engagent par écrit à
respecter ce code d'exercice.
44
Annexe n° 3
GUIDE D'ENTRETIEN
Question initiale : Comment
avez-vous découvert la micro-kinésithérapie ?
THEMES
|
SOUS-THEME
|
QUESTIONS SI NECESSAIRE
|
Itinéraire
|
* Le passé
|
Quelles étaient vos habitudes de soin avant de
|
thérapeutique : de la médecine
biomédicale à la micro-
|
* Suivi médical
|
découvrir la micro-kinésithérapie ?
Avez-vous un médecin régulier ?
|
kinésithérapie
|
actuel
|
Pour quels maux consultez-vous votre médecin ?
|
|
|
Combien de temps passez-vous en face à face avec le
médecin?
|
|
|
De quoi parlez-vous avec votre médecin ? Comment
pouvez-vous décrire l'accueil de votre médecin ?
|
|
|
Comment pouvez-vous qualifier l'échange, la relation
entre vous et votre médecin ?
|
|
* Les médecines
|
Que savez-vous de la médecine douce ?
|
|
douces
|
Comment pouvez-vous la définir, la décrire ?
|
|
|
Pouvez-vous citer des exemples de médecine douce ?
|
|
|
Quelles médecines douces avez-vous déjà
essayées ?
|
|
|
Qui vous conseille ?
|
|
|
Quel aspect de la médecine douce vous séduit, vous
plaît ?
|
|
* la micro-
|
Pourquoi avez-vous choisi de consulter un micro-
|
|
kinésithérapie : les
|
kinésithérapeute ?
|
|
raisons de ce
|
Quelles sont les raisons qui vous ont poussées à
|
|
choix
|
choisir la micro-kinésithérapie parmi les autres
médecines douces ?
|
|
|
Quel aspect de la micro-kinésithérapie vous
séduit, vous plaît ? Est important pour vous ?
|
|
|
Que recherchez-vous à travers la
micro-kinésithérapie et que vous ne trouvez pas chez un
médecin ?
|
|
*La connaissance
|
Que savez-vous de la micro-kinésithérapie ?
|
|
de la micro-
|
Sur quel principe est-elle fondée ?
|
|
kinésithérapie
|
Où trouve-t-elle ses origines ?
|
|
|
Lisez-vous sur ce thème ?
|
45
|
|
Assistez-vous à des conférences, des rencontres sur
ce thème ?
Fréquentez-vous un réseau, formel ou informel, en
lien avec la micro-kinésithérapie ?
A quel moment, dans votre parcours thérapeutique,
avez-vous commencé à vous intéresser à la
micro-kinésithérapie. Pourquoi ?
|
|
* Le patient du
|
Pour quelles raisons de santé allez-vous chez le
|
|
micro-
|
micro-kinésithérapeute ?
|
|
kinésithérapie
|
Avez-vous déjà abordé ce problème de
santé avec votre médecin ?
|
|
|
Comment avez-vous choisi votre thérapeute?
|
|
|
Est-il dans votre ville ?
|
|
|
Avez-vous changé de micro-kinésithérapeute
depuis votre premier rendez-vous ? Si oui, pourquoi ?
|
|
|
Quels ont été ou quels sont vos critères de
sélection pour choisir un thérapeute?
|
|
|
Depuis combien de temps consultez-vous un
micro-kinésithérapeute ?
|
|
|
A quelle fréquence ?
|
|
|
Quelle place donnez-vous à la
micro-kinésithérapie dans votre mode de vie ?
|
|
|
Le thérapeute prend-il le temps nécessaire selon
vous ?
|
|
|
A-t-il la patience nécessaire ?
|
|
|
Êtes-vous satisfait de vos séances ?
|
|
|
Avez-vous déjà été insatisfait
après une séance ?
|
Le patient et son
|
* Place et rôle de
|
Par qui avez-vous connu votre thérapeute?
|
entourage
|
l'entourage
|
Que pouvez-vous dire de cette personne ? Que
représente-t-elle pour vous ? Comment pouvez-vous la qualifier ?
|
|
* Comporte-
|
Parlez-vous de vos séances de
micro-kinésithérapie
|
|
ment du patient
|
dans votre famille ou dans votre entourage?
|
|
vis-à-vis de sa
|
Avez-vous déjà encouragé un membre de
votre
|
|
famille et de son
|
famille ou de votre entourage à consulter un micro-
|
|
entourage
|
kinésithérapeute ?
|
|
* Comporte-
|
Dans votre famille ou entourage, connaissez-vous
|
|
ment de la famille
|
des personnes qui ont eu ou ont recours à la
|
|
et de l'entourage
|
médecine douce ? A la micro-kinésithérapie
?
|
|
|
A une pratique proche de celle du
micro-kinésithérapeute (technique manuelle) ?
|
|
|
Quel est le regard de votre famille et entourage sur votre
pratique ?
|
46
|
|
Comment ont-ils réagi à l'annonce de votre
pratique ? Qu'en pensent t-ils ?
|
Relation entre le
|
* Les attentes du
|
Qu'attendez-vous, comme résultats, d'un micro-
|
patient et le micro-
|
patient
|
kinésithérapeute ?
|
kinésithérapeute
|
|
Vos attentes sont-elles satisfaites ?
|
|
|
Quels sont les effets de la micro-kinésithérapie
à court, moyen, long terme ?
|
|
|
De quelles façons mesurez-vous ces résultats ?
|
|
|
Quelles sont vos priorités en santé?
|
|
* Le care
|
Comment se déroule la séance chez votre
micro-kinésithérapeute?
|
|
|
Quelles sont les étapes de la séance ?
|
|
|
Comment applique-t-il son soin ?
|
|
|
En quoi consiste le soin ?
|
|
|
Comment définissez-vous un soin de qualité ?
|
|
|
Que faites-vous pendant le soin ?
|
|
|
Quelle place occupez-vous pendant la séance (passif,
actif) ?
|
|
|
Combien de temps dure la séance ?
|
|
|
Comment se répartit le temps entre l'échange et le
soin ?
|
|
|
De quoi parlez-vous ?
|
|
|
Quelles émotions apparaissent au cours de la relation ?
|
|
|
Comment gérez-vous ces émotions ?
|
|
* Recevoir -
|
Dans quelle disposition êtes-vous pour recevoir le
|
|
rendre le don
|
soin ?
|
|
|
Comment manifestez-vous au quotidien votre satisfaction de ce
soin ?
|
|
|
Quels sont les changements observés dans vos relations
sociales ?
|
|
|
Quel comportement adoptez-vous en société et avec
le micro-kinésithérapeute pour témoigner de votre
satisfaction ?
|
|
|
Quel rôle et quelle place acceptez-vous de prendre dans la
relation avec le thérapeute ?
|
47
|
* Les rites
|
Comment vous présentez-vous à votre
thérapeute ? À
|
|
d'interaction
|
la première rencontre ?
|
|
|
Avez-vous des habitudes avec le thérapeute (en terme
d'attitude, langage...)?
|
|
|
Comment pouvez-vous décrire votre comportement dans la
relation avec le micro-kinésithérapeute
|
|
|
(regards, gestes, postures, mimiques, paroles) ?
|
|
|
Comment exprimez-vous votre demande au thérapeute (de
façon explicite, implicite) ?
|
|
|
Quelle image de vous souhaitez-vous transmettre au
thérapeute ?
|
|
|
Quel comportement adoptez-vous pour transmettre cette image ?
|
|
|
Pensez-vous qu'il perçoit votre image telle que vous le
souhaitez?
|
|
|
Comment vous en rendez-vous compte (quelle attitude,
comportement) ?
|
|
|
Quelle type de relation s'instaure entre vous et le
micro-kinésithérapeute ?
|
|
|
Avez-vous confiance en lui ?
|
|
|
A partir de quel moment avez-vous commencé à avoir
confiance en lui ?
|
Les
|
* Expériences
|
Comment percevez-vous l'attitude du micro-
|
représentations
|
personnelles
|
kinésithérapeute à votre égard ?
|
sociales
|
et influences de la
|
Quelle valeur accordez-vous aux mains du micro-
|
|
société
|
kinésithérapeute ?
|
|
|
Que représente pour vous la technique de soin manuelle du
micro-kinésithérapeute?
|
|
|
Quel sentiment éprouvez-vous avant, pendant et
après la séance chez le micro-kinésithérapeute ?
|
|
|
Que ressentez-vous après une séance à
court, moyen et long terme ?
|
|
|
Quelle preuve avez-vous de l'efficacité de la
micro-kinésithérapie ?
|
|
|
La micro-kinésithérapie n'est pas reconnue par la
science, elle n'est pas conventionnée qu'en pensez-vous ?
|
|
|
En quoi cet aspect peut-il altérer votre attrait pour
la micro-kinésithérapie ?
|
Conclusion
|
* Présentation du
|
Dans quelle tranche âge êtes-vous ?
|
|
patient
|
Quel niveau scolaire ou d'étude avez-vous ?
|
|
|
Quel emploi occupez-vous ?
|
|
|
Êtes vous de la campagne ou de la ville ?
|
|
|
Êtes-vous locataire ou propriétaire ?
|
|
|
Quelle est votre situation familiale (en couple,
célibataire, séparé, divorcé,veuf) ?
|
48
|
|
Avez-vous des enfants ? Si oui, quel âge ont-ils ?
|
|
|
Avez-vous des frères et soeurs ? Quelle est votre place
dans la fratrie ?
|
|
|
Avez-vous des loisirs, lesquels ?
|
49
Annexe n° 4
ENTRETIEN N°1
Mes interventions seront notées en gras afin de les
différencier de celles de la patiente. Je nommerai cette dernière
Madame X.
Contexte de l'entretien : l'entretien s'est
déroulé le 26 avril 2016 au domicile de Madame X lors d'un de ses
passages en France. Durée 01h20.
Je rappelle à Madame X que l'entretien sera
enregistré et rendu anonyme.
Âge
|
47 ans
|
Études
|
Bac + 3 ans, étude d'infirmière avec une
spécialité en chirurgie esthétique.
|
Emploi
|
Emploi dans la comptabilité après une formation
dans ce domaine.
|
Lieu d'habitation
|
À l'étranger, revient
régulièrement en France dans sa campagne d'origine.
|
Locataire ou propriétaire
|
Locataire
|
Situation familiale
|
Mariée
|
Nombre d'enfants
|
1 enfant
|
Âge de l'enfant
|
17 ans
|
Fratrie
|
2 soeurs et un frère.
|
Place dans la fratrie
|
L'aînée
|
Loisirs
|
Sport. Broder, tricoter, coudre. Marcher, se promener. Lire.
Activités en lien avec la nature.
|
- Je vous remercie de prendre de votre temps pour
participer à mon étude et aussi de me recevoir chez
vous.
- C'est un plaisir.
Je voudrais quand même préciser que je n'ai
peut-être pas une histoire aussi profonde à raconter que quelqu'un
qui habite à côté d'un micro-kinésithérapeute
parce que moi étant donné que j'habite quand même à
l'étranger, c'est vraiment une relation, euh, annuelle avec lui.
Mais en fait ça dépend aussi de la pathologie,
parce que je sais que, au cours des rencontres que j'ai eues avec lui, il y a
des fois où il demande à ce qu'on revienne parce qu'il n'a pas
terminé ou bien parce que le corps ne peut pas supporter autant en une
seule séance mais, euh, sinon la plupart du temps c'est plutôt
ponctuel, annuel quoi.
50
- Ne vous inquiétez pas. Comme vous le dites,
effectivement, la fréquence dépend de la pathologie.
Alors, racontez moi comment vous avez découvert la
micro-kinésithérapie ?
- Ben assez fortuitement. Ben je me soigne beaucoup par euh,
euh.
Enfin, je me soigne depuis toujours et principalement par
homéopathie et par acupuncture et j'ai eu l'occasion lors d'une
conversation avec ma mère d'évoquer la
micro-kinésithérapie. Et, euh, elle l'a évoqué
parce qu'en fait elle avait une amie qui avait recours à un
micro-kiné et elle lui avait raconté son histoire et ça
l'avait, euh, ça l'avait vraiment étonnée et
intéressée en fait concernant un problème de santé
qu'elle avait.
- Vous dites que vous vous soignez beaucoup par
homéopathie et acupuncture, comment vous avez connu ces médecines
douces ?
- Ben, en fait, euh, c'est familial en fait. Mes grands
parents se soignaient comme ça. Mes parents se soignaient comme
ça. Je ne pense pas que ma mère se soignait comme ça quand
elle était plus jeune. Mais quand elle est rentrée dans la
famille de mon père, en fait, elle a adhéré à cette
médecine et donc, du coup, on en est tous venus à se soigner
comme ça.
En tout cas moi depuis que je suis née, j'ai toujours
été chez des homéopathes, des acupuncteurs et je me suis
toujours soignée que comme ça en fait.
(silence)
Et la micro-kinésithérapie c'est une
continuité en fait.
Je suis plutôt dans la prévention plutôt
que dans la, comment dire... C'est plutôt une façon de vivre, une
façon de penser. On fait attention à sa santé en amont
plutôt que de devoir régler le problème à la
dernière minute et devoir faire souffrir son corps avec des apports de
médicaments trop importants ou trop chimiques en fait.
- Quels aspects vous plaisent dans les médecines
douces?
- Ben j'pense que c'est l'aspect... l'aspect nature entre
guillemets. En fait, on sait qu'on prend pour l'homéopathie des doses
infinitésimales de quelque chose qui peut nous faire du mal.
- Avez-vous un médecin traitant régulier
?
- J'ai un médecin traitant régulier en France
qui est un médecin homéopathe-acupuncteur que je vois
régulièrement dès que je rentre.
- Avez-vous déjà eu un médecin
généraliste qui n'a pas de double casquette ?
- De double casquette ?
J'ai eu des pathologies dans ma vie qui ont fait que j'ai
dû avoir recours à des spécialistes mais moi mon
médecin généraliste c'est vraiment
l'homéopathe-acupuncteur.
Après, quand je suis à l'étranger je vois
un médecin généraliste traditionnel parce que je n'ai pas
le choix. Je le vois pour soigner, j'sais pas moi, ça peut être
pour une prise d'antibiotiques, pour une angine ou une infection urinaire. Pour
des pathologies classiques parce que je sais que je ne peux pas faire
autrement.
Mais à côté de ça, j'ai mon livre
d'homéopathie auquel j'ai recours régulièrement et je,
comment dire, j'achète mes granulés moi-même et je me
soigne moi-même si vous voulez.
51
- Pourquoi avez-vous choisi comme
homéopathe-acupuncteur un généraliste ?
- Avoir un médecin homéopathe-acupuncteur ?
Ah ça c'est une démarche stratégique pour se
faire rembourser la consultation.
- Combien de temps dure la consultation avec votre
médecin homéopathe-acupuncteur ?
- Oh, ça fait très longtemps que je la connais.
Ça fait plus de 40 ans maintenant, donc euh, elle me connaît bien.
C'est en fait une consultation qui se passe en cabinet. On a environ 10-15
minutes où on échange avant de lui parler de pourquoi je suis
venue. Et généralement je passe après en cabine
acupuncture et après je reviens dans son bureau une quinzaine de minutes
pour qu'elle m'explique le traitement et qu'elle me donne mon ordonnance
d'homéopathie. La consultation dure alors entre 30 bonnes minutes et 45
minutes.
- De quoi parlez-vous avec votre médecin
homéopathe-acupuncteur ?
- Je lui parle d'énormément de choses parce que
je la connais depuis longtemps. En plus je ne la vois que une fois par an. J'ai
la chance de connaître aussi sa famille alors on évoque aussi,
souvent, sa famille ou la mienne. Mais je lui parle aussi beaucoup de mes
ressentis par rapport à certaines situations. Je recherche ses conseils
parce qu'elle est homéopathe-acupuncteur mais aussi parce qu'elle se
remet toujours en question par rapport à plein de choses. Elle fait
aussi de la sophrologie, elle fait aussi beaucoup de médecine
parallèle. Elle connaît la micro, on en parle ensemble. J'aime
bien discuter avec elle parce qu'elle m'apporte des solutions par rapport
à des questions que je me pose.
C'est-à-dire qu'il n'y a pas seulement une recherche
médicale en fait. Il y a une recherche aussi spirituelle, psychologique.
Voilà. En fait quand je vais chez elle, elle ne soigne pas uniquement le
corps en fait, elle soigne aussi l'esprit.
Enfin, on ne peut pas dissocier le corps et l'esprit en fait
et c'est ça que j'aime. C'est pour ça que j'aime moi aussi
l'ostéopathie parce qu'il n'y a pas de dissociation, ça forme un
tout.
On peut pas soigner seulement une partie de votre corps sans
soigner le reste en fait. Tout est lié. On ne peut pas prendre une
partie, celle qui vous fait mal en se disant de toute façon on soigne
celle-ci parce que c'est celle-ci qui fait mal et qu'elle n'a aucun rapport
avec les autres.
C'est pour ça que je suis plus homéopathie que
allopathie.
- Êtes-vous devenue amie avec votre médecin
homéopathe-acupuncteur ?
- Non pas du tout. On discute de plein de choses dans son
cabinet mais nous n'avons pas de relations à l'extérieur.
- Quelle différence faites-vous entre un
médecin généraliste et votre médecin
homéopathe-acupuncteur ?
- Le médecin généraliste, je le vois
comme quelqu'un qui va vous écouter exposer vos signes de
mal-être. Et en fait je trouve que la médecine allopathique est
basée sur les signes que vous donnez. On a un symptôme et il y a
un médicament associé.
Moi le généraliste je ne le connais pas vraiment
car je vais le voir très rarement.
Mon homéopathe, quand je vais le voir, je vais lui
faire part de mon mal-être psychologique et parfois il arrive à le
relier à mon mal-être physique ce que ne fait pas mon
généraliste.
Mais, je ne dis pas que c'est parce qu'il n'est pas capable de
le faire. Ça peut être aussi parce que je ne vais le voir que
ponctuellement et qu'il ne me connaît pas plus que ça en fait.
52
- Pourquoi avez-vous décidé de consulter un
micro-kinésithérapeute ?
- Je ne l'ai pas choisi vraiment pour une raison de
santé. En fait j'y suis allée par curiosité.
C'est-à-dire que suite à ce que m'avait raconté ma
mère concernant son amie, ça m'a paru tellement incroyable en
fait que j'ai dit « pourquoi pas prendre rendez-vous et puis aller le voir
?».
Quand je suis allée le voir, je lui ai dit « j'ai
rien de spécial mais j'ai entendu parler de vous, vous avez
traité une amie à ma mère de cette façon là
et j'ai voulu comprendre pourquoi et les mécanismes mais je n'ai pas
spécialement de pathologie ». Et en fait, il m'a juste fait une
consultation.
Sa façon d'aborder les choses fait que vous
découvrez plein de choses parce qu'au moment où il vous palpe, il
sent des choses, mais bon il faut y croire. Au moment où il les sent, il
les dit et en fait il y a aussi un échange à ce niveau-là
car en fonction de ce qu'il vous dit ça vous remémore soit des
situations soit des moments ou des personnes qui font que vous arrivez à
vous souvenir de moments qui vous ont peut-être blessée
psychiquement ou physiquement et qui d'un seul coup vous apparaissent comme une
blessure alors que vous pensiez avoir oublié mais votre corps s'en
souvient.
- Pouvez-vous me décrire les moments de la
consultation ?
- Comme tout autre praticien, il vous demande ce qui vous
amène. Et puis il vous pose des questions d'usage à savoir votre
âge, si vous êtes mariée, si vous avez des enfants pour
savoir à qui il a affaire. Et quels sont vos antécédents
médicaux, qu'est-ce que vous avez déjà eu et à
quelle époque.
Après il vous demande de passer sur la table de
traitement. Vous vous allongez il vous demande simplement d'être sans
collier, sans ceinture, sans chaussure. Sans trucs qui gênent le passage
des énergies. Et en fait, c'est plutôt une espèce de
palpation. En fait il fait courir un petit peu les doigts sur votre corps au
niveau des articulations, au niveau des ganglions, des choses comme ça.
C'est vraiment très léger comme palpations. C'est pas du tout
appuyé je trouve. C'est un peu comme s'il sentait un courant
électrique parcourir votre corps et, lui, il arrive à le sentir.
Il est très attentif à ce moment pour bien ressentir les flux
d'énergie.
- Et pendant cette palpation, que faites-vous
?
- Rien en fait. J'attends qu'il découvre ce qui va pas
chez moi ou ce qui va bien. Parce qu'il y a des choses qui vont bien quand
même. J'attends qu'il trouve... des fois il me dit « tel jour
à telle heure il s'est passé des choses avec telle personne ou
bien il faisait beau ce jour là et vous l'avez ressenti ». En fait
il vous remémore des moments de votre vie qu'il a ressentis au niveau de
votre corps et qui vous ont perturbés ou qui vous ont procurés
beaucoup de joie.
Il fait remonter des émotions. (Blanc).
- Oui, il fait remonter des émotions ?
- Ça peut être des émotions par rapport
à un deuil qu'on a subi, par rapport à une grande joie que vous
avez eue lors de retrouvailles, par rapport à un problème
professionnel que vous avez subi aussi et que vous avez surmonté parce
que, voila, il faut toujours aller de l'avant. Mais ces émotions peuvent
avoir laissé des traces dans votre corps comme une blessure qui
empêche vos énergies de circuler librement et qui vous
dérange dans votre santé.
Ça peut venir aussi des explications qu'il vous donne
par rapport à des situations que vous ne comprenez pas et puis, d'un
seul coup, vous vous dites : « ah ! mais oui bien sûr ! ».
53
(Silence).
Par exemple, j'ai épousé quelqu'un d'une culture
et d'une religion différente. Et il y a beaucoup de choses qui au
début de mon mariage étaient en contradiction avec ma
façon de voir les choses, avec ma façon de vivre, avec ma
façon de penser. Et c'est des choses auxquelles je me suis
heurtée et qui ont laissé des blessures en moi parce que,
à chaque fois, c'était comme une pilule qui ne passait pas mais
qu'il fallait quand même avaler pour continuer à avancer parce que
dans la vie il faut savoir faire des concessions pour continuer à
avancer. Et c'est des choses qu'il a pu ressentir par la palpation et qu'il a
pu m'expliquer.
- Comment vous sentez-vous après qu'il ait fait
remonter toutes ces émotions ?
- En fait quand vous allez chez lui et qu'il ne vous
connaît ni d'Ève ni d'Adam et qu'il vous dit : « vous avez eu
des problèmes avec votre belle famille, vous avez eu du mal à
supporter une contrainte qu'on vous a imposée et qui n'est pas dans
votre éducation ». Le fait qu'il les découvre alors que vous
ne lui avez jamais parlé de vous, ça veut dire qu'il a
accès à des secrets que votre corps lui révèle.
C'est un peu bizarre parce que c'est un petit peu comme une
espèce de magie. C'est-à-dire qu'il ne vous connaît pas et
simplement en promenant ses doigts sur vos articulations, sur votre corps en
fait, il arrive à savoir des choses que vous ne lui avez jamais
dites.
Donc quelque part, pour moi en tout cas, je ne sais pas si
c'est comme ça pour tout le monde, je prend conscience qu'il y a
certaines choses qui m'ont blessée et qui sont encore un obstacle au
bien-être de mon corps. Ben après c'est plutôt un travail
que je fais en me disant, ben, il faut relativiser. Mais le fait qu'il me dise
ces choses me permet de prendre conscience au moment ou il me les dit.
Et en même temps, une fois qu'il a
déterminé ce qui n'allait pas, il le traite par la palpation.
C'est-à-dire qu'il arrive à intervenir sur les flux nerveux pour
réduire cette blessure qui s'est intégrée à mon
corps par rapport à ce que j'ai subi. Mais bon, il faut y croire !
- Pour la palpation, il utilise ses mains. Que
représentent ces mains pour vous, quelles valeurs ont-elles
?
- Ses mains sont importantes car elles font en même
temps le diagnostic et en même temps le traitement.
Par exemple là, il y a une chose qui me revient. La
première fois que je l'ai vu, à la première palpation, il
a su que j'avais accouché par césarienne sans que je lui dise et
sans que je sois dévêtue. Donc il l'a su simplement en palpant.
Ça c'est des choses qui interpellent. Je ne vois pas comment il aurait
pu le savoir alors qu'il ne me connaissait pas du tout avant que j'arrive
à son cabinet.
Ses mains pour moi c'est son outil de travail et c'est
ça qui lui permet de traiter les problèmes qu'il arrive à
découvrir. On pourrait les apparenter à mes granulés
homéopathiques que je prends quand je vais chez l'homéopathe,
à mes aiguilles acupuncture. Pour moi les mains c'est un outil.
- Que pouvez-vous dire de son attitude à votre
égard tout au long du rendez-vous ?
- Je le connais depuis longtemps. Maintenant ça va
faire une bonne dizaine d'années. Je pense qu'il y a différentes
façon d'aborder le patient. Moi j'ai déjà rencontré
deux micro-kinés différents. J'en consulte un dans ma
région d'origine mais j'en ai déjà vu un autre dans une
autre ville et c'était deux façons complètement
différentes d'aborder la micro-kiné.
Celui dans l'autre ville, il ne décroche pas un mot
tout au long de la consultation. Il ne vous dit rien en fait. Je n'y suis pas
retournée.
54
Par contre celui de ma région, il est bienveillant, il
est très à l'écoute en fait. Et il a ce côté
aussi, le fait que quand il vous regarde et en fonction de ce que vous dites,
il arrive à percevoir les questions intérieures que vous vous
posez, et en fait, il essaie d'y répondre.
Il y a aussi un côté psychologique important.
- Vous dites que vous avez consulté un autre
micro-kinésithérapeute, pour quelles raisons ?
- C'est pas que j'ai changé de praticien en fait. J'ai
simplement trouvé plus pratique à un moment, de consulter dans la
ville où j'étais car je n'avais pas l'opportunité d'aller
dans ma région d'origine avant de repartir à l'étranger.
Je me suis dit « ben j'en ai trouvé un ici, je vais essayer ici
». Je m'étais dit que c'était plus pratique étant
donné que je n'allais pas dans ma région d'origine. Mais
finalement, mauvaise expérience.
- Dans la consultation chez un
micro-kinésithérapeute comment se répartissent les temps
entre l'échange, la palpation et autre ?
- La bienveillance, il y en a tout au long de la
consultation.
Dans la première partie, le
micro-kinésithérapeute est plutôt dans la recherche de ce
qu'il pourra faire pour moi car en principe je viens pour un souci qui me
dérange.
Pendant la palpation, il est très à
l'écoute des réponses que vous faites si jamais il pose des
questions. A chaque fois qu'il me dit quelque chose soit je ne dis rien parce
que ça ne m'évoque rien, soit je réponds parce que
ça fait tilt par rapport à un événement que j'ai
connu. Donc il est très à l'écoute de ce que je dis. Et ce
que je dis l'aide à poursuivre son diagnostic et son traitement en
fait.
Et après la palpation, une fois qu'on a fini la
consultation, il est ouvert aux questions que je lui pose par rapport à
ce qu'il a trouvé.
Parfois il me dit « vous avez souffert de tel
problème à tel moment ». Je lui demande alors si c'est
résolu, est-ce qu'il faut que je revienne le voir pour ça. Est-ce
qu'il y a quelque chose à faire en traitement.
Mais là je vous parle par rapport à des choses
que j'ai aussi entendues. Par exemple, tout au début quand j'ai connu la
micro-kinésithérapie, j'ai eu connaissance de l'histoire d'un
homme qui avait un problème de vessie en fait et qui n'arrivait plus
à uriner, et le micro-kinésithérapeute l'a
complètement débloqué mais sans lui donner de
médicaments. Il l'a juste ausculté, palpé. Il lui a
demandé de rentrer chez lui, il lui a dit de s'allonger, il lui a dit
que d'ici une heure il aurait une forte douleur qu'il pourrait calmer avec du
Doliprane. Il lui a dit qu'il ne devait pas s'inquiéter et une fois
cette douleur passée, il pourrait aller uriner et ça irait mieux.
Et c'est exactement ce qu'il s'est passé. C'est pour ça que quand
j'ai connu cette histoire ça m'a vraiment interpellée et
motivée.
(Silence).
En fait c'est pas de la magie mais il y a quand même une
part, je ne sais pas, un petit peu bizarre. Peut-être pas du
côté du micro-kiné qui a fait ses études et qui sait
de quoi il parle mais du point de vue du patient il y a quelque chose qui me
fait penser un peu vous savez quand on allait voir un rebouteux avant.
C'est comme s'il avait un pouvoir entre ses mains, un pouvoir
qui lui avait été donné et vous ne savez pas d'où
il vient mais il vous fait du bien. Je ne sais pas si vous comprenez ce que je
veux dire ?
55
- Oui, oui, c'est clair.
Ça fait deux fois que vous prononcez le mot «
magie », cette technique vous interpelle ?
- J'utilise le mot magie parce qu'en fait, si vous voulez, je
ne me suis pas intéressée à la
micro-kinésithérapie en tant que... je pense que si je m'y
intéresse et que j'étudie ce qu'est vraiment la
micro-kinésithérapie, et que j'essaie de savoir vraiment comment
ça fonctionne, comment se passent les études et quels sont les
apprentissages qu'il faut faire pour devenir
micro-kinésithérapeute, je vais avoir une dimension plus
réaliste de ce qu'est la micro-kinésithérapie. Mais
là, je parle en tant que patiente, en tant que la personne qui
reçoit les soins. Quand vous ne savez pas en fait ce qu'est la
micro-kinésithérapie exactement, ça peut apparaître
comme quelque chose de magique. C'est ce que je veux dire.
C'est surtout le fait qu'il arrive à vous dire des
choses.
(Silence).
En fait, il a cette part de choses ... Parfois, il ne vous dit
pas exactement ce qu'il a trouvé quand il vous a palpé mais par
un mot, il vous éclaire sur quelque chose. Et c'est en fait quand vous
allez rentrer chez vous et que la chose va se déclencher ou va arriver
que directement vous allez faire le lien avec lui. Je sais pas comment vous
expliquer.
(Long silence).
C'est pourquoi il y a cette part en tant que patiente de magie
un petit peu, mais bon. Moi je ne pense pas que c'est de la magie. Pas du
tout.
Quand on en parle à quelqu'un, quand on explique
à quelqu'un, c'est pas rationnel ce qu'on dit : « vous vous
couchez, il vous touche, il vous dit plein de choses sur vous qu'il n'est pas
censé savoir, vous admettrez que c'est pas rationnel du tout. Donc c'est
pour ça que je parle de magie mais je ne pense pas que ce soit de la
magie. Je pense que c'est des gens qui ont vraiment des connaissances
très fortes au niveau de tout ce qui est flux nerveux et flux
énergétiques et qui en fait avec cette connaissance ont une
connaissance de traitement pour faire bouger les énergies comme
l'acupuncture fait bouger les énergies.
- Depuis combien de temps consultez-vous un
micro-kinésithérapeute ?
- Ben là ça fait 10 ans que je le connais alors
ça fait 10 ans que j'y vais.
C'est ma mère qui est partie en premier et par
l'expérience dont elle nous a fait part, on s'y est tous mis en fait
dans la famille. Chacune a son micro-kinésithérapeute.
- Est-ce que ça vous arrive de lire sur la
micro-kinésithérapie ?
- Oui, je lis des livres, je lis des articles et je vais
régulièrement sur le site. Quand je vais chez mon
micro-kinésithérapeute, je lui pose beaucoup de questions aussi.
Il a des planches des parties du corps sur ses murs avec plein d'explications
par rapport aux énergies qui circulent, par rapport à plein de
choses.
Et... et... en fait, il a toujours un cahier dans lequel il se
remet à jour. Je crois qu'ils se rencontrent tous les quatre ou tous les
six mois régulièrement et ils font un forum avec tous les
micro-kinésithérapeutes de France où ils échangent
tout leur savoir et leur découverte. En les mettant ensemble, ils
arrivent à accéder à d'autre traitements. Ils font avancer
en fait leur façon de traiter les patients en mettant ensemble leurs
connaissances.
Oui, il a toujours des planches de morceaux de corps avec des
signes, des énergies qui passent, des choses comme ça. Quand on
est dans son cabinet, je parle beaucoup avec lui de ce genre de choses
aussi.
Mais je ne me suis pas intéressée à
l'apprentissage de la micro-kinésithérapie à-proprement
dit. C'est pas parce que ça ne m'intéresse pas, c'est plus parce
que j'y vais une fois par an. Et puis
56
c'est pas mon traitement principal. Et puis, j'ai pas mis ma
tête dedans parce que j'ai d'autres choses qui me prennent plus de temps
pour le moment.
- Vous dites que les consultations en
micro-kinésithérapie ont commencé par votre mère
puis la fratrie. Que pense le reste de votre famille, votre famille
élargie, de votre pratique ?
- Mes grands-parents paternels se soignaient par
homéopathie et acupuncture. Donc mon père a converti sa femme.
Ses frères ont converti leur femme aussi, donc en fait, dans la
lignée paternelle, on se soigne tous de cette façon là. On
est une famille très ouverte à tout ce qui est médecine un
peu parallèle : la micro-kinésithérapie,
l'ostéopathie, le reiki. Enfin toutes ces choses là..., la
sophrologie.
C'est vrai que c'est des choses qu'on évoque
régulièrement quand on se voit lors des réunions de
famille, noël, les anniversaires, les mariages. C'est vraiment quelque
chose qui est ancré, qui est dans la famille et dont on se parle
régulièrement. Chacun fait profiter aux autres son
expérience pour l'inciter à peut-être trouver une solution
par rapport à son problème.
- Vous en parlez aussi avec vos ami(e)s ?
- Par rapport à mes amis, moi c'est quelque chose dont
je parle volontiers. Maintenant, il y a beaucoup de gens qui ne croient pas du
tout. Bon ben, ceux qui n'y croient pas.... Je l'évoque devant eux et si
je vois qu'il n'y a pas de réceptivité, je passe à autre
chose parce que moi je veux bien en parler mais j'estime que chacun est libre
de choisir sa façon de se soigner.
Je vois par exemple dans ma belle famille, ils ne sont pas
ouverts à cette façon de se soigner. Quand ils sont malades, ils
vont voir le médecin, ils prennent des anti-inflammatoires, des
antibiotiques, des anxiolytiques et voilà. Après, ça va
mieux, c'est comme ça et c'est très bien comme ça. Quitte
à prendre certains médicaments pendant des années.
Maintenant moi j'ai toujours parlé de mon
expérience à tout le monde. Celui ou celle qui a envie
d'être happé par mon expérience et qui veut en profiter et
bien je suis volontiers là pour lui en faire part. Maintenant, je ne
force personne.
Si j'ai quelqu'un de malade chez moi dont j'ai la
responsabilité, avec l'autorisation bien sûr des parents qui me
l'on confié je le traiterai en premier lieu de cette
façon-là qui est une façon plus douce et plus
soft plutôt que d'aller à l'extrême tout de suite. Pour
moi, l'allopathie est plutôt l'extrême.
Il y a toujours des moyens de soigner beaucoup de choses. J'ai
le souvenir de mon père qui était couché pendant sept
jours avec un gonflement à l'amygdale et qui a été
soigné par homéopathie. Ça a été un peu plus
long que s'il avait pris des antibiotiques mais en fait l'homéopathie a
réussi à venir à bout de son infection de la gorge, le
gonflement a percé tout seul et il n'a jamais pris d'antibiotiques.
Le fait de se soigner de cette façon-là vous
permet d'acquérir une très bonne immunité donc
d'être plus à-même de faire face à tout ce qui se
passe maintenant par rapport aux nouveaux microbes et nouveaux virus.
- Vous dites être allée chez le
micro-kinésithérapeute par curiosité la première
fois. Pourquoi y retournez-vous chaque année ?
- Ben par bien-être.
Le fait que la première année où je suis
allée il a découvert tout ce nombre de choses qu'il
n'était pas censé connaître sur moi, pour moi ça m'a
prouvé qu'il avait accès à des données sur mon
corps. Et même si je n'ai pas de réelle pathologie à
traiter, j'y retourne chaque année parce que la vie fait qu'on prend des
coups régulièrement et qu'on en est pas toujours conscient. Et
ça me
57
permet par cette consultation annuelle de savoir quelles sont
les choses qui m'ont touchées et dont je n'ai pas réellement
conscience afin de pouvoir les traiter et les évacuer.
- Votre demande auprès de lui est implicite ou
explicite ?
- Parfois je viens et je n'ai pas de demande explicite.
Je lui dis simplement que « j'ai rien de spécial
à lui demander mais j'aimerais savoir si des événements
que j'ai vécus au cours de l'année ont pu laisser des traces au
niveau de mon bien-être. Et est-ce qu'il peux voir s'il y a quelque chose
qui m'a perturbée, contrariée pour qu'on arrange ça.
Une dernière chose qu'il a trouvée chez moi et
que je n'ai pas réussi à résoudre c'est quelque chose qui
me concerne moi et qui concerne ma mère. Il y a des traces en moi d'une
blessure qui date de deux mois avant ma conception. Mais jusqu'à
maintenant j'ai toujours pas réussi à avoir accès à
cette information et même en passant par ma mère j'ai pas
réussi à avoir accès à cette information. Mais je
sais que là récemment parce que j'en ai discuté avec elle,
ma mère a réussi à gérer une blessure dont elle
n'était pas consciente, dont elle s'est rappelée et qui date de
quand elle avait 5 ans.
- En fait, il vous révèle des choses
puis, de votre côté, vous tentez d'avoir la confirmation de ce
qu'il vous a révélé ?
- Voilà, voilà, voilà.
En fait c'est le fait d'avoir des informations qui vous sont
révélées comme ça et d'arriver à les
comprendre et à mettre quelque chose dessus c'est ça qui fait que
quand vous commencez à fréquenter un
micro-kinésithérapeute vous savez qu'il vous fait du bien parce
qu'en fait, le fait qu'il vous révèle des choses qui se sont
passées et qui vous ont perturbées sans que vous ayez dit quoi
que ce soit, il y a forcément quelque chose, vous n'en êtes pas
conscient, qui lui est révélé par votre corps qui va vous
amener à un travail sur vous-même et qui va forcément
améliorer votre bien-être. En plus de ce que lui vous apporte dans
la gestion des flux et des énergies.
- De façon générale, vous êtes
satisfaite de vos consultations ?
- Avec ce micro-kinésithérapeute, je suis
très satisfaite. Il est toujours à l'écoute.
Si j'arrive à l'improviste en France, je laisse un
message sur son répondeur en lui disant voilà : « je viens
d'arriver et j'ai vraiment besoin de vous voir », il arrive à me
donner un rendez-vous. J'arrive régulièrement à avoir un
rendez-vous au pied levé. Soit il prend sur un temps qui était
conservé pour une urgence ou bien il me rappelle directement s'il a un
désistement. Il est très à l'écoute de ses
patients.
- Quels sont les effets de cette consultation à
court, moyen ou long terme ?
- Outre la palpation au moment de la consultation qui agit sur
l'influx nerveux et sur les énergies, je pense qu'il y a aussi tout un
travail psychologique. Le micro-kinésithérapeute vous dit que
vous avez eu un problème à telle ou telle période de votre
vie. Et que ce problème agit sur votre corps. Il va essayer de
réparer les blessures laissées dans votre corps, mais le fait de
savoir tout ça, d'y penser et d'en être conscient vous le
digérez psychologiquement, et je pense que ça vous apporte aussi
un bien-être.
Sinon, les effets, je vous ai expliqué l'histoire de ce
monsieur qui avait une pathologie physique et qui grâce à ce que
lui a fait le micro-kinésithérapeute comme palpation, il a
réussi à débloquer quelque chose et cette personne a pu
évacuer ce qui le bloquait.
58
Moi je n'ai jamais eu jusqu'à présent de
manifestation physique. Pour moi, je ressens plutôt comme un
bien-être psychologique en premier et physique quand même parce que
je me sens bien, si vous voulez.
Je ne peux pas vous dire que j'ai été un jour
avec une énorme douleur quelque part et qu'il me l'a fait
disparaître. C'est plutôt chez moi un bien-être
intérieur qu'il m'apporte.
- Qu'est-ce qu'il vous préconise, vous conseille
après la séance ?
- Il me demande de me reposer pendant au moins 24h. Je sais
qu'il a conseillé à certaines personnes des compléments
alimentaires à base de plantes ou du magnésium, du
manganèse. En fonction des manques qu'il a pu percevoir au niveau du
corps. Mais toujours des choses qui se prennent sans ordonnance.
- Vous disiez, qu'il vous conseille du repos
?
- Oui parce que c'est une séance qui fatigue, qui
fatigue physiquement. Vous ne vous sentez pas fatigué quand vous sortez
mais il recommande de se reposer pendant les 24h qui viennent
c'est-à-dire pas faire de sport intensif. Comme si vous digériez
un peu le traitement comme ce que vous demande l'ostéopathe, comme ce
que vous demande l'homéopathe. A chaque fois que j'ai une intervention
au niveau physique, chaque praticien que je connais demande à ce qu'on
se repose. Pas se coucher mais pas faire d'activité fatigante dans les
24h qui suivent.
- Avez-vous déjà ressenti cette fatigue
après le soin ?
- Moi non en micro. Par contre en acupuncture et en
ostéopathie oui. Mais en micro je ne peux pas dire que je l'ai
ressentie, non.
Mais bon, d'un autre côté, comme il le conseille,
je ne cherche pas à déroger ni même à me demander
est-ce que je la ressens ou pas.
J'estime que ça fait partie du soin et c'est pas parce
que je suis sortie de chez lui que le soin ne continue pas. Pour moi ça
fait partie des bienfaits du soin post-consultation donc je suis ce qu'on me
dit en fait.
Il y a l'idée d'une continuité pour moi,
l'idée que dès qu'on est sorti de chez le praticien ça ne
s'arrête pas tout de suite à sa porte. On est sorti mais il y a
toute une incidence qui va continuer sur le corps. Je ne pense pas que ce soit
un moment unique le moment où il vous touche, ce qu'il vous a fait
continue après la consultation.
- Combien de temps dure la consultation ?
- 45 minutes à 1 heure généralement.
Ça dépend aussi de ce que le
micro-kinésithérapeute trouve comme pathologie.
Il y a aussi des gens qui y vont pour une chose et ils ne
veulent que cette chose, vous voyez ce que je veux dire ?
En fait le micro-kinésithérapeute est dans
l'attente de la demande du patient aussi. Si vous y allez le voir en disant
« voila j'ai des migraines affreuses et je ne comprends pas d'où
ça vient », il va alors vous traiter ces migraines affreuses.
Maintenant moi, je suis en demande du traitement de tout mon
corps en fait. Je pense qu'il oriente son traitement par rapport à la
demande du patient, tout en vous traitant dans la globalité, je pense,
je n'en suis pas sûre.
Mais le fait que j'y aille une fois par an, je pense qu'il
sait très bien que je m'attends à ce qu'il traite tous les
problèmes qu'il peut trouver au niveau de mon corps et pas que certains.
J'ai
59
l'impression que c'est comme s'il faisait un
réajustement de tout mon système nerveux et mon système
énergétique.
(Silence).
Et le fait de passer une heure comme ça permet aussi
d'échanger, de beaucoup échanger, c'est pas les 10 minutes, un
quart d'heure que vous passez chez un médecin allopathique.
Généralement chez un médecin c'est vraiment 15 à 20
minutes. On rentre, on dit bonjour, il vous ausculte. Il n'y a pas plus
d'échange en fait, c'est assez rapide.
- Votre micro-kinésithérapeute a son
cabinet proche de chez vous en France ?
- J'ai à peu près une douzaine de
kilomètres pour aller le consulter. S'il était à plus de
100 kilomètre j'aurais fait le déplacement. C'est juste le
désir d'avoir une consultation avec ce praticien et de vouloir le voir.
J'ai déjà entendu non pas pour un micro mais pour un rebouteux
des gens qui sont capables de faire 500 kilomètres pour voir un
rebouteux. Il y a un rebouteux dans ma région, il y a des gens qui
viennent même de l'étranger pour le voir.
Je pense que la confiance est tellement importante dans une
relation patient-praticien que, une fois qu'elle est établie, les gens,
pour la confiance qu'ils ont en leur praticien et le bien-être qu'il leur
apporte, les gens sont capables de faire énormément de
kilomètres en fait.
- Dans quelle disposition êtes-vous quand vous
allez chez le micro-kinésithérapeute, comment vous vous sentez
?
- Je me sens détendue. A moins d'avoir un vrai souci de
santé qui m'inquiète et dont j'ai à lui faire part et que
je sois dans l'attente de ce qu'il va me dire. Mais jusqu'à
présent quand j'y vais je suis détendue, j'y vais dans un but de
bien-être et peut-être de résolution de certaines questions
que je me pose en fait.
Donc généralement j'y vais détendue.
- Vous dites être satisfaite de vos soins.
Comment le manifestez-vous au quotidien dans votre entourage ?
- Je pense que quand on est bien dans son corps et dans sa
tête, ça se ressent. Maintenant je ne peux pas dire que je
l'exprime d'une façon ou d'une autre.
Par rapport à la micro-kinésithérapie, si
j'ai l'opportunité de discuter avec quelqu'un que je côtoie
régulièrement qui a un souci que je pense pouvoir être
résolu par la micro-kinésithérapie, je l'enjoins à
éventuellement consulter parce que ça pourrait lui apporter du
bien-être comme à moi ça m'apporte du bien-être. Le
bien-être que je reçois par la micro-kinésithérapie,
je le reporte aux autres au quotidien par ma bonne humeur, mon esprit positif,
ma façon de voir les choses. Je suis à l'écoute des
autres, je partage ma joie de vivre.
- Avez-vous des habitudes particulières avec le
micro-kinésithérapeute ?
- La relation avec le micro-kinésithérapeute a
forcément évolué puisqu'au début vous ne lui avez
rien dit sur vous et dès qu'il vous palpe il peut vous dire plein de
choses. Vous êtes habillée sur la table d'auscultation mais
quelque part vous êtes nu devant lui. Vous êtes à nu parce
qu'en fait il a accès à tellement d'informations grâce
à ce qu'il arrive à percevoir par votre corps. Tout ça
fait que c'est une relation qui doit se faire en toute franchise. Vous ne
pouvez pas, en tout cas moi, j'ai pas l'impression qu'on peut lui cacher
quelque chose. C'est-à-dire qu'il faut que ce soit une relation de
pleine franchise, c'est une relation de confiance qui ne fait que s'amplifier
avec les années.
60
Moi quand je vais le voir dès que je rentre dans son
cabinet, même si j'y vais qu'une fois par an, il connaît tout de
moi en fait.
- Que pouvez-vous dire des attitudes que vous avez envers
lui et inversement ?
- Il a toujours été très chaleureux et
très attentif depuis le début que je le connais.
On échange sur tout ce que j'ai pu avoir au niveau de
médecine générale.
Mais en fait, c'est vrai que plus on avance dans la relation,
plus on en vient à parler de nos proches, de notre ressenti, de notre
relation avec nos proches aussi. Parfois on est en recherche de conseils par
rapport à une attitude, l'attitude d'un enfant, l'attitude d'un parent,
l'attitude d'un ami et on demande des conseils par rapport à ce que lui
a trouvé pendant la consultation.
Si par exemple, je sais pas moi, vous avez eu un souci avec un
de vos enfants, une confrontation avec un parent ou avec un ami,
forcément vous arriverez à en parler, à parler de tout ce
qui gravite autour de votre vie. Forcément, c'est une relation où
il y a de plus en plus de confiance. Il est en mesure de donner des conseils
par rapport à ce que lui a ressenti au niveau de son auscultation et par
rapport à ce que vous savez de votre vécu. C'est un
complément puisque vous n'êtes pas conscient de ce qui vous a
blessé, ce qui fait souffrir votre corps.
- A partir de quel moment avez-vous commencé
à avoir confiance en lui ?
- Dès la première séance. Dès les
premières choses qu'il m'a révélées sur moi alors
que c'était impossible de le savoir.
- Quelle image de vous cherchez-vous à lui donner
?
- Dans la mesure où il sait beaucoup de choses sur vous
au moment où il vous ausculte, je reste moi-même. Je cherche ni
à l'impressionner, ni à lui donner une image positive ni, une
image négative, je reste moi-même.
Comme c'est toute une relation en transparence, je ne suis pas
en représentation. Je suis dans une relation de confiance j'estime qu'on
n'a pas besoin de se faire valoir d'une façon ou d'une autre. Il faut
être soi-même surtout pour avoir un meilleur rendu possible.
Je pense qu'à partir du moment où vous faites
semblant d'être quelqu'un que vous n'êtes pas ou que vous aimeriez
être, vous n'êtes plus dans une relation de confiance. Vous
êtes dans une relation fausse. Avec un praticien c'est pas du tout ce que
je recherche et je demande la même chose au praticien.
Si à un moment ou à un autre je sens qu'il y a
quelque chose qui est caché, c'est quelque chose que je ne pourrais pas
supporter et je mettrais tout de suite fin à cette relation.
Le praticien sait tellement de choses de vous que je ne
trouverais pas normal qu'il vous mente ou qu'il vous cache des choses.
- Est-ce que vous agissez de la même façon
avec un médecin généraliste ?
- Non. (Rires)...
- Non ?
- Ben non parce que je peux pas, je le vois une fois
ponctuellement. En fait, je vais voir mon médecin
généraliste parce que je n'ai pas accès à mon
médecin homéopathe. Et parce que je suis
61
en demande de quelque chose que je ne peux pas obtenir d'une
autre façon : une ordonnance par exemple, une ordonnance pour avoir des
antibiotiques pour une angine qui traîne et que je n'arrive pas à
soigner autrement et parce que je suis dans l'urgence et que j'ai besoin
d'avoir ces médicaments rapidement. En fait, je paie ma consultation
pour payer mes médicaments c'est tout. Je ne suis pas dans cette
relation de confiance du tout avec le médecin.
Mais maintenant, il y a des événements qui font
que vous êtes coincé. Vous avez besoin d'un médecin
généraliste et vous n'avez pas d'autre choix alors vous
êtes obligé un minimum de lui faire confiance et d'approfondir un
peu votre relation avec lui. Mais ça ne va pas du tout avec ma
façon de voir les choses.
Moi ma façon de voir les choses est que chaque personne
est différente, à chaque symptôme un traitement et je ne
peux pas concevoir le fait qu'en médecine générale on soit
tous traités de la même façon avec tous le même
médicament.
Et en plus de ça, la plupart du temps, les
médicaments allopathiques traitent un symptôme. Pour moi, traiter
un symptôme c'est pas traiter le fond en fait.
On parle toujours de fond en homéopathie, moi quand
j'ai un problème je voudrais savoir pourquoi j'ai ce problème.
J'ai pas forcément envie qu'on le règle avec un médicament
allopathique si ça devient récurrent. Avec le micro-kiné
si je devais aller le voir pour un problème de santé, par exemple
des migraines, je voudrais savoir pourquoi j'ai ces migraines. J'ai envie de
savoir pourquoi. Je préfère avoir mal à la tête pour
qu'on me trouve pourquoi j'ai mal à la tête, je n'ai plus envie de
prendre de l'Efferalgan.
Je suis infirmière de formation, ma façon de
voir les choses s'oppose avec ma formation mais je sais que de plus en plus
maintenant en médecine classique on a des façons de traiter
autrement. De plus en plus, les hôpitaux ont recours à des
traitements homéopathiques parce qu'ils en ont découvert les
bienfaits. Moi je sais que j'ai travaillé pendant un moment en chirurgie
esthétique et les chirurgiens avaient recours à des traitements
à base d'arnica. Des traitements homéopathiques qu'ils ont
trouvés efficaces sur leurs patients par rapport au soin qu'ils avaient
à leur donner.
Maintenant je sais que de plus en plus aussi on fait entrer la
sophrologie pour le bien-être des patients dans les grands
hôpitaux.
Je pense qu'au fur et à mesure qu'on avance on va
arriver à ce genre de choses qui font que le bien-être
psychologique des patients agit sur son bien-être physique. Et c'est
logique, on ne peut pas soigner le physique sans soigner le psychologique.
- Savez-vous que la micro-kinésithérapie
n'est pas reconnue par la science ? - Oui.
- Qu'en pensez-vous ?
- Il y a tellement de choses qui n'ont pas été
reconnues par la science pendant un moment et puis la science a fait marche
arrière au bout d'un moment parce que je pense qu'il y a des choses
qu'on explique pas. Je pense qu'il y a des forces qui font que même s'il
y a des choses rationnelles qui existent, il y a des choses irrationnelles qui
peuvent modifier le rationnel. Moi, c'est ce que je pense.
- Avez-vous des choses à rajouter concernant
votre pratique chez le micro-kinésithérapeute ?
- Moi je suis focalisée sur mon bien-être
physique et psychologique. Et toutes les pratiques qui peuvent améliorer
mon état ou le maintenir sont bonnes à prendre même si
c'est pas hyper
62
rationnel. La micro-kiné me procure
énormément de bien, même si certains ne voient pas
ça comme un moyen de traitement. Pour moi, il y a différents
moyens de traiter le corps et que le traitement en lui-même c'est la
chose qui permet d'aller bien. Maintenant ça peut être tout un tas
de choses qui permettent que l'on soit en bien-être physique et mental et
au moment où les deux sont en symbiose, c'est ça qui fait qu'on
est en santé. Maintenant, le plus important, c'est d'arriver à
cet état là. Alors si la micro-kinésithérapie me
permet d'y arriver alors je dis oui à la
micro-kinésithérapie.
Mais maintenant si j'ai une pathologie qui nécessite
d'avoir recours à la médecine générale, bien
sûr que j'aurais recours à la médecine
générale.
Moi, je pense que la micro, l'ostéo, l'homéo ce
sont toutes des pratiques qui viennent enrichir la médecine
générale.
Et je pense que le jour où tout le monde aura compris
ça et qu'on aura accès à tout pour se soigner, eh bien les
gens seront moins malades, à mon avis.
- Donc pour vous plus de prévention ?
- Plus de prévention, plus d'attention.
Je me souviens quand j'étais élève
infirmière et que je faisais des nuits tout au début, et j'avais
une patiente qui était une dame âgée qui prenait des
cachets pour dormir. Elle était très angoissée et on lui
donnait toujours des doses plus fortes parce qu'elle n'arrivait pas à
dormir. Et pendant mon stage, j'ai pris le temps d'aller discuter avec elle,
régulièrement. Et à la fin de mon stage, je ne vais pas
dire qu'elle ne prenait plus mais elle avait largement diminué sa
posologie de médicaments pour dormir. Je pense que le soin est aussi
dans ce qu'on apporte aux gens. Le traitement, c'est aussi l'écoute et
l'attention, le toucher et pas seulement des médicaments en fait.
- Voilà, nous avons terminé. Je vous
remercie encore d'avoir pris le temps de faire cet entretien.
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Annexe n° 5
ENTRETIEN N°2
Mes interventions seront notées en gras afin de les
différencier de celles de la patiente. Je nommerai cette dernière
Madame Y et son micro-kinésithérapeute Monsieur A.
Contexte de l'entretien : l'entretien
s'est déroulé le 27 avril 2016 au domicile de Madame Y.
L'entretien a duré 48 minutes.
Je rappelle à Madame Y que l'entretien sera
enregistré et que les éléments qu'elle nous livrera seront
rendus anonymes et utilisés uniquement pour cette étude.
Âge
|
35 ans
|
Études
|
Bac + 3
|
Emploi
|
Assistante dentaire
|
Lieu d'habitation
|
La campagne
|
Locataire ou propriétaire
|
Propriétaire
|
Situation familiale
|
Mariée
|
Nombre d'enfants
|
2
|
Âge des enfants
|
7 ans et 5 ans
|
Fratrie
|
Un frère et une soeur
|
Place dans la fratrie
|
La dernière
|
Loisirs
|
Sport en salle et équitation.
|
- Tout d'abord, je vous remercie de prendre de votre
temps pour participer à mon étude et aussi de me recevoir chez
vous.
- Je suis ravie si mon expérience peut aider parce que
la micro-kinésithérapie c'est vraiment quelque chose de bien. Et
Monsieur A. est vraiment bien.
- Alors, comment avez-vous découvert la
micro-kinésithérapie ?
- En fait j'ai connu la micro-kinésithérapie par
ma tante qui est micro-kinésithérapeute. Je discutais avec elle
de mon stress. Et donc elle m'a fait découvrir ça à
travers elle, alors j'ai essayé pour voir.
Elle travaille beaucoup avec le corps.
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- Elle travaille avec le corps dites-vous ?
- Oui, les patients qu'elle reçoit, elle ne les traite
pas avec des médicaments, des choses chimiques, extérieures au
corps. Elle utilise le corps pour les soulager, pour leur apporter une
amélioration. Les réponses sont dans le corps. Elle n'a pas de
matériel en fait. Elle fait tout avec le corps et ses mains. Elle arrive
à soulager des personnes comme moi qui souffrent du dos. Elle a
déjà reçu des enfants qui ont des troubles du sommeil.
- Avant de découvrir la
micro-kinésithérapie, quelles étaient vos habitudes de
soin ?
- J'ai un médecin traitant comme tout le monde. J'y
vais très très occasionnellement, par exemple, quand j'ai une
grippe. La dernière fois que j'ai été voir le
médecin c'était il y a un an et demi pour un problème de
genou. J'étais tombée dans les escaliers et ça c'est
aggravé alors j'ai été consulter là.
Même mes enfants vont très peu chez le
médecin. J'ai deux enfants et quand ils étaient petits, je les
faisais suivre par un ostéopathe et mes enfants maintenant sont suivis
par un micro-kiné.
- Vos enfants sont suivis par le même
micro-kinésithérapeute que vous? - Oui, c'est le
même que moi.
- Comment pouvez-vous décrire votre relation avec
le médecin traitant ?
- Le généraliste j'y vais
généralement le samedi matin sur rendez-vous. Eh bien ça
se passe très bien. Je passe peu de temps. J'ai la même relation
avec les deux mais les médecins généralistes, ils ne sont
pas euh, je sais pas mais c'est pas pareil avec un micro-kiné. Pour les
médecins la micro-kiné c'est pas assez concret.
- Comment pouvez-vous qualifier son accueil ? -
Aimable, normal.
- Que savez-vous de la médecine douce?
- On ne prend pas de médicament en médecine
douce. On a connu la médecine douce à la maison par rapport
à ma tante qui est micro-kiné. Mes parents aussi maintenant se
soignent par la médecine douce. Ils prennent de l'homéopathie.
- Est-ce que vous connaissez d'autres médecines
douces ?
- Ah oui, la kinésiologie. Oui c'est une technique
manuelle aussi. C'est le corps qui répond à des questions
aussi.
Je fais de la micro-kiné et de la kinésiologie.
Juste ces deux-là. Je trouve que ce sont des médecines qui sont
vraiment très bien. Mais après il n'y a aucune étude, mais
elles me font du bien. Par contre c'est pareil, on se pose toujours la question
de savoir comment ils arrivent à sortir des dates et des mois. Parce
que, eux, ils arrivent à faire ça, à donner des dates et
des mois si précis, à des circonstances particulières dans
la vie qui fait qu'ils ne peuvent pas inventer ça. C'est pareil, je me
demande comment ils arrivent à faire ça. Il y a des formations
pour, je le sais. Mais aussi ça serait intéressant de savoir
comment on fait pour en arriver là.
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- Qui vous conseille pour le choix des médecines
douces ?
- Moi-même. Ma tante parfois. J'en parle pas trop avec
elle parce qu'elle n'est pas dans ma région mais quand on se voit, oui,
on peut en parler, oui, elle me donne son avis.
- Savez-vous que la micro-kinésithérapie
n'est pas reconnue par la science, qu'en pensez vous ?
- Oui, je sais.
Ben... écoutez, moi j'y crois parce que je suis depuis
plusieurs années avec un micro-kiné et vous savez quand il vous
manipule avec les bras, avec l'énergie et qu'il sort certaines dates qui
vous ont marquées durant votre enfance, soit pendant votre vie
d'adolescent ou votre vie d'adulte, il se trompe très très
rarement sur des choses émotionnelles qu'il y a eu. Et pour ça
j'ai jamais été déçue. En plus il a toujours
réussi à me soulager de mes douleurs.
Quelles sont les raisons qui vous ont poussée
à choisir la micro-kinésithérapie parmi les autres
médecines douces ?
- J'ai pas vraiment choisi parce que j'en ai pas essayé
plusieurs avant de tomber sur la micro-kinésithérapie. Avec ma
tante, c'était l'occasion, j'ai essayé pour voir et ça me
fait du bien alors je ne change pas.
- Lisez-vous sur le thème de la
micro-kinésithérapie ?
- Malheureusement non, parce que je n'ai pas le temps. Mais
c'est vrai que si j'avais un tout petit peu plus de temps et un peu plus de
moyens financiers, je pense que j'abandonnerais le travail que je fais
actuellement, que j'adore aussi.
- Pourquoi avez-vous choisi de consulter un
micro-kinésithérapeute ?
Je ne suis pas quelqu'un qui va beaucoup chez le
médecin. Je ne me soigne pratiquement pas. Je crois que la
micro-kinésithérapie, ça permet de résoudre
quelques problèmes avant d'avoir de très gros problèmes de
santé.
- Quel aspect de la micro-kinésithérapie
vous séduit, est important pour vous ?
- C'est vraiment qu'il me débloque des choses
émotionnelles que le médecin généraliste ne peut
pas faire.
Aussi, il est à l'écoute. Il essaie vraiment de
comprendre ce qui ne va pas pour essayer d'y répondre. Il n'est pas
très causant mais on voit qu'il prend son temps, il
réfléchit.
- Pouvez-vous donner un exemple de choses
émotionnelles ?
- Le stress par exemple. Je me sens moins stressée
après.
- Depuis combien de temps consultez-vous votre
micro-kinésithérapeute ?
- Monsieur A., je l'ai connu parce que j'ai mon papa qui
travaille chez lui. Papa y va aussi. Il lui fait des petits travaux dans sa
maison. Ça fait 5 ans que je le connais et que je consulte chez lui.
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- Pour quelles raisons de santé avez-vous choisi
de consulter un micro-kinésithérapeute ?
- Je vais beaucoup le voir parce que j'ai des problèmes de
dos. J'ai mal au dos.
Dès fois, je suis quelqu'un d'un peu stressée et
ça permet de me débloquer mon stress.
- Qu'attendez-vous de la
micro-kinésithérapie ?
- Éviter de prendre des médicaments chimiques
qui ne vont pas résoudre forcément le problème à la
base. La micro-kiné travaille plus en profondeur dans l'organisme et
dans le psychisme de la personne. Il nous donne des explications. Il
débloque peut-être des choses qu'on ne voit pas
forcément.
- Revenons sur votre problème de genou.
Avez-vous tenté de le régler avec la
micro-kinésithérapie ?
- Oui, j'ai tenté de voir avec un micro-kiné
mais ça n'a pas marché. Voilà. A chaque fois j'avais le
genou qui repartait. J'ai attendu trois ans avant de consulter mon
médecin généraliste. La micro-kiné, ça n'a
rien fait.
- Comment expliquez-vous que ça n'ait pas
marché avec la micro-kinésithérapie ?
- J'en ai parlé avec le micro-kiné qui dit que
quand il y a vraiment un problème mécanique, chirurgical, la
micro-kiné ne peut pas agir. La micro-kiné a ses limites quand
même.
- Avez-vous rencontré d'autres limites de la
micro-kinésithérapie ?
- Non, je n'en ai pas rencontré d'autres. Par contre il
y a quelque chose qui m'a beaucoup surprise, c'est quand j'étais
enceinte de ma petite, j'étais enceinte de huit mois. Il m'a
touché le ventre, il n'a fait aucune autre manip et il m'a dit que
j'allais accoucher incessamment sous peu, que ma petite n'était plus
bien dans mon ventre. Et trois jours après, j'ai été faire
mon échographie de contrôle et vu que je perdais du liquide
amniotique, j'ai accouché peu de temps après. Ça c'est
vrai ça m'a beaucoup surprise.
- Et ça comment vous l'interprétez
?
- Aucune idée, aucune idée. A l'époque je
me suis même dit mais qu'est-ce qu'il raconte ? Alors c'est pour vous
dire hein ! Je sais pas... voila, je sais pas.... Ça m'a beaucoup
surprise ça.
- En avez-vous parlé avec votre médecin
?
- Avec mon médecin ? Oui, oui. Mon médecin il est
très sceptique.
- Connaissez-vous d'autres personnes qui pratiquent la
micro-kinésithérapie ?
- Oui, oui, oui oui. J'ai deux-trois personnes qui vont voir
le même que le mien et qui en sont très satisfaites. On
échange nos expérience parfois. Mais par contre j'ai mon
frère qui a été voir le même micro-kiné que
moi et ça ne lui a rien fait. Il ne veut plus que M. A le manipule, il
fait des blocages alors M. A ne peut rien faire pour lui. Son corps ne veut pas
s'ouvrir à M. A.
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- A-t-il consulté chez un autre
micro-kinésithérapeute alors ?
- Non il n'a pas essayé un autre parce qu'il n'y croit
pas. Il n'y croit pas parce que c'est quelqu'un de très cartésien
aussi.
- A combien de kilomètres êtes-vous de votre
micro-kinésithérapeute ? - Il habite à 15 km de
chez moi. J'y suis en un quart d'heure de route. - Combien de fois y
allez-vous dans l'année ?
- Je vais le voir, grand maximum deux fois par an. J'y vais
juste quand j'ai vraiment un souci, quand j'ai un truc qui va vraiment pas,
hein. C'est pas quelque chose que je pratique tous les mois, c'est vraiment
occasionnel.
- Vous le ressentez comment ce déblocage
?
- Je le ressens par un bien-être psychique. Donc
après j'ai plus du tout mal au dos, j'ai l'impression d'être
légère. Et j'ai eu un problème aussi au nerf sciatique.
J'avais très mal à la fesse et très mal tout le long de la
jambe et M. A m'a ... m'a manipulée, voilà ! et je n'ai plus du
tout mal. Alors que j'avais été voir mon médecin traitant
il y a quelques années déjà, hein. Il me disait, «
bon voila il faudra opérer mais on attend encore un peu parce que, bon,
on n'opère pas comme ça ». Et c'est vrai que je n'en pouvais
plus. J'ai été voir M. A, il m'a manipulée et
honnêtement je n'ai plus mal. Et je n'ai plus rien. Ça c'est un
exemple mais il faut y croire.
Oui après je me sens légère mais il y a
toujours une fatigue 48h après. Et vraiment un coup de pompe qui
nécessite une petite sieste et après c'est le bien-être.
- Avez-vous déjà consulté un autre
micro-kinésithérapeute que Monsieur A. ?
- Non j'ai pas changé de micro-kiné parce que je
sais que M. A c'est quelqu'un qui est compétent.
- Consulter un micro-kiné est une pratique qui
fait partie de vos habitudes de vie ?
- Je pense que c'est une médecine qui est très
bien si on y croit et si on tombe sur la bonne personne. Mais sinon, j'ai une
vie comme tout le monde. J'ai confiance en la
micro-kinésithérapie c'est vrai, oui j'ai pris l'habitude d'y
aller, oui.
- Combien de temps le micro-kiné passe-t-il avec
vous ? - Ça va d'un quart d'heure à une demi-heure.
- Comment se déroule la séance
?
- Il ne parle pas, il est concentré sur la palpation.
Il cherche ce qui ne va pas, il est très concentré. Vous vous
allongez sur une table. Il a un petit livre avec les lignes du corps,
voilà. Et puis il fait son truc. Et puis s'il y a quelque chose, une
année... qui est marquante il vous le dit mais en général
il parle peu pendant la séance.
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- Racontez-moi une rencontre, dès votre
arrivé à son cabinet ?
- J'arrive, je lui dis voilà j'ai mal au dos, je suis
vraiment bloquée, ça ne va pas. Donc il me dit allongez-vous. Et
puis, il palpe le bras, la jambe, la tête et puis il débloque par
rapport à des lignes énergétiques.
- Il explique ce qu'il a débloqué
?
- Non. Il explique très rarement. On peut poser des
questions mais c'est quelqu'un qui ne parlera pas beaucoup.
- Que faites vous pendant la palpation ?
- Rien. Je suis très détendu, je m'endors
presque parfois. Je me repose et j'attends. Je ne sens rien. Je ne
réfléchis plus. Je suis dans mon soin parce que j'ai vraiment
envie que ça marche.
- Comment pouvez-vous définir la relation que vous
avez avec lui ?
- Lui c'est le médecin et moi je suis la patiente. C'est
professionnel et chacun reste à sa place. - Comment
considérez-vous ses mains qui arrivent à percevoir des choses
?
- Aucune idée. Je me suis toujours posée la
question comment avoir ce savoir ?
Enfin bon il y a des formations pour, mais moi, de mon
côté, en étant patiente je me dis comment il arrive
à savoir tout ça. C'est quoi le but de l'examen, il commence par
quoi. Je me pose des questions aussi. C'est vrai que j'aimerais être une
petite souris pour être dans une formation de micro-kiné.
(silence)
C'est étrange, oui mais comme je vous dit, ils sont
formés. Mais vous savez, on ne voit rien, on y va et on va mieux, alors
c'est ce qui est important pour moi. C'est un peu magique en fait. Mais bon.
- Vous en parlez avec votre entourage familial et amical
?
- Je n'en parle pas au travail parce que je suis assistante
dentaire, Je travaille 100 % avec ma praticienne. Et c'est vrai qu'on n'a pas
trop le temps de parler de notre vie privée avec un patient sur le
fauteuil.
Et aussi il y a beaucoup de personnes qui n'y croient pas
à ça. Et si on leur dit qu'on va voir un micro-kiné pour
ça, ça ou ça, ils vous prennent quelques-fois de haut et
vous disent « qu'est ce que tu me racontes là ? Qu'est-ce que tu
fais ? C'est des manipulations mentales ».
C'est pas comme l'allopathie, c'est même pas reconnu en
France, hein. C'est des médecines plus ou moins douces qui ne sont pas
dans la mentalité française.
Si quelqu'un est ouvert à ce que je peux raconter je
lui parle sans problèmes. Mais je sais que parfois je peux passer pour
une folle. C'est une communication sans fin. Je n'aurais pas le retour.
- Avez-vous quelque chose à rajouter concernant
votre pratique de la micro-kinésithérapie ?
- Non, j'ai tout dit je pense.
- Eh bien, nous avons terminé. Je vous remercie
encore d'avoir pris le temps de faire cet entretien.
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