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Jeux politiques et développement local. Acteurs et logiques en présence dans la commune d'Ifangni.

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par Kassim Olagouké OROUGBE
Université dà¢â‚¬â„¢Abomey Calavi - Maîtrise 2013
  

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UNIVERSITE D'ABOMEY CALAVI

*******

FACULTE DES LETTRES, ARTS ET SCIENCES HUMAINES

******

CENTRE UNIVERSITAIRE DE PORTO-NOVO

******

DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE-ANTHROPOLOGIE

*******

MEMOIRE DE MAITRISE

DEVELOPPEMENT LOCAL ET JEUX POLITIQUES : 

ACTEURS ET LOGIQUES EN PRESENCE DANS LA COMMUNE D'IFANGNI

SUJET :251654144

Présenté par : Sous la direction de :

OROUGBE Kassim Olagouké Dr Azizou CHABI IMOROU

Assistant à l'UAC

DrNassirouARIFARI BAKO

Maître de Conférences à l'UAC

Membres du Jury

Président : Dr Christian AGOSSOU (Maître-Assistant)

Rapporteur : Dr Roch A. HOUNGNIHIN (Maitre-Assistant)

Examinateur : Dr Auguste K. TAKPE (Assistant)

251661312

SOMMAIRE

Dédicace ................................................................................... 3

Remerciement ............................................................................. 4

Résumé ................................................................................... 10

INTRODUCTION ....................................................................... 11

1ère partie : fondements théoriques et considérations méthodologiques

CHAPITRE 1 : Fondements théoriques ........................................... 14

CHAPITRE 2 : Considérations Méthodologiques ............................... 24

CHAPITRE 3 : Présentation de la commune ..................................... 27

2ème partie : Présentation des résultats de terrain et analyse des données

CHAPITRE 1: les acteurs de développement ...................................... 35

CHAPITRE 2: les logiques des acteurs dans la commune ....................... 45

CHAPITRE 3: Analyse des données ................................................69

CONCLUSION .......................................................................... 80

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ........................................... 82

In memorium

Feu mon père !Paix éternelle à ton âme, PAPA.

REMERCIEMENTS

L'aboutissement de cet exercice n'est pas que le fruit de notre seul effort, plusieurs personnes y ont concouru de diverses manières. Nous tenons à les remercier ici.

A tous les Enseignants du Département de Sociologie-Anthropologie qui nous ont donné l'opportunité de faire cet exercice.

Au DocteurNassirouARIFARI BAKO, Maître de Conférences qui malgré ses multiples occupations a accepté d'encadrer ce travail.

Au Docteur Azizou CHABI IMOROU, Assistant pour son encadrement de qualité, son humilité et surtout sa grandeur d'esprit.

A tous les amis de la Sociologie qui m'ont aidé dans l'accomplissement de ce travail notamment Mescario d'ALMEIDA

A Monsieur Raymond FAFOUMI, Maire de la commune d'Ifangni qui a accepté de nous accueillir pour le stage.

A toutes les personnes qui ont accepté de consacrer un peu de leur temps pour répondre à nos questions.

A mes chers parents et autres amis qui, d'une manière ou d'une autre, ont contribué à ce travail.

SIGLES ET ACRONYMES

ABT : Alliance pour un Bénin Triomphant

ACOTAMI : Association des Conducteurs de Taxi Moto d'Ifangni

BAD: Banque Africaine de Développement

BEPC: Brevet d'Etudes du Premier Cycle

BTS : Brevet de Technicien Supérieur

CA : Chef d'Arrondissement

CAP : Certificat d'Aptitude Professionnelle

CC: Conseil Communal

CEP : Certificat d'Etudes Primaires

CLCBE : Comité de Liaison des Bassins d'Emploi

CPC : Cellule de Participation Citoyenne

DAO: Dossier d'Appel d'Offre

DUEL : Diplôme Universitaire d'Etude Littéraire

FADeC : Fonds d'Appui au Développement des Communes

FCBE : Forces Cauris pour un Bénin Emergent

FCFA: Francs des Communautés Françaises d'Afrique

FLASH: Faculté des Lettres, Art et Sciences Humaines

MADEP : Mouvement Africain pour la Démocratie et le Progrès

MAEP : Mécanisme Africain d'Evaluation par les Pairs

ONASA: Office National d'Appui à la Sécurité Alimentaire

ONG: Organisation Non Gouvernementale

OSC : Organisations de la Société Civile

PDC: Plan de Développement Communal

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

PRD : Parti du Renouveau Démocratique

PTA: Plan de Travail Annuel

RGPH: Recensement Général de la Population et de l'Habitation

SA: Secrétariat Administratif

SADE: Service des Affaires Domaniales et Environnementales

SADIC: Service des Archives, de la Documentation, de l'Information et de la Communication

SAFE: Service des Affaires Financières et Economiques

SAG: Service des Affaires Générales

SASCS: Service des Affaires Sociales, Culturelles et Sportives

SDLP: Service du Développement Local et de la Planification

SECP: Service de l'Etat Civil et de la Population

ST: Service Technique

STR: Service de Transmission et de Radio

UCGF : Union Communale des Groupements de Femmes

UCP : Union Communale des Producteurs

UNEDI : Union des Etudiants pour le Développement d'Ifangni

Liste des tableaux

Tableau 1: Répartition de la population par arrondissement ..................... 35

Tableau 2: 1er résultat des élections communales de 2008 à Ifangni......... 39

Tableau 3: Résultats définitifs des élections communales de 2008 à Ifangni ..40

Tableau 4: Evolution de l'effectif des agents communaux....................... 41

Tableau 5: Tableau montrant le nombre d'agents recrutés chaque année depuis le début de la décentralisation dans la commune d'Ifangni....................... 42

Tableau 6: Liste des principaux services décentralisés présents dans la commune d'Ifangni et leur ministère de tutelle ...................................... 44

Tableau 7: Liste des principales Organisations de la Société Civile dans la commune d'Ifangni ...................................................................... 46

Tableau 8: Liste des principaux Partenaires Techniques et Financiers de la commune d'Ifangni ..................................................................... 48

Tableau 9: Appréciations des enquêtés sur la disponibilité des conseillers communaux.............................................................................. 49

Tableau 10 : Liste des conseillers communaux de la commune d'Ifangni et leur (s) lieu(x) de résidence ................................................................ 50

Tableau 11 : Résumé de l'enquête surles lieux de résidence des conseillers communaux de la commune d'Ifangni ............................................... 51

Tableau 12 : Résumé de l'enquête surl'appréhension des populations sur la capacité des conseillers communaux de la commune d'Ifangni à développer leur commune..................................................................................52

Tableau 13 : Liste des conseillers communaux de la commune d'Ifangni et leur profession................................................................................ 53

Tableau 14 : Tableau présentant l'appréhension des populations sur la pertinence des actions du conseil communal d'Ifangni ............................ 55

Tableau 15 : Tableau présentant les raisons de l'impertinence des actions du conseil communal d'Ifangni selon nos enquêtés ................................... 58

Tableau 16 : Tableau de comparaison des deux mandatures de l'ère de la décentralisation dans la commune d'Ifangni ......................................... 59

Tableau 17 : Tableau présentant la logique d'un déploiement des agents à la mairie d'Ifangni ......................................................................... 65

Tableau 18 : Tableau présentant l'appréciation de l'efficacité des agents de la mairie d'Ifangni ......................................................................... 68

Tableau 19: Tableau présentant les raisons de l'inefficacité des agents de la mairie d'Ifangni......................................................................... 69

Tableau 20 : Tableau présentant l'appréciation des Organisations de la Société Civile dans la commune d'Ifangni .................................................... 70

Tableau 21 : Tableau présentant les raisons de manque de confiance aux acteurs de la société civile dans la commune d'Ifangni ............................ 70

Liste des photos

Photo 1 : Vue du Fire Truck ramené des Etats Unis .............................. 57

Photo 2 : Vue du chantier entamé par le premier Maire........................... 60

Photo 3 : Vue du bâtiment abritant les nouveaux bureaux de la mairie ......... 61

RESUME

Le présent travail qui vient satisfaire à une contrainte académique, a pour objectif d'étudier les conséquences des jeux politiques sur le développement de la commune d'Ifangni.

Il part de la préoccupation de ce que dans cette commune, les manoeuvres politiques relatives à la conquête ou la conservation du pouvoir influencent de plus en plus et de manière négative le développement local.

Pour rechercher donc les effets induits du jeu politique sur le développement de cette commune, nous avons dans une approche compréhensive (Weber) et à partir d'un échantillon à choix raisonné, mis en observation certaines variables. Ainsi, pour cette recherche essentiellement qualitative, des données chiffrées ont été par endroit utilisées afin de mieux apprécier les variables mises en observation.

Cette recherche, En plus du point plus ou moins exhaustif des acteurs présents dans l'arène d'Ifangni, a également mis en exergue le fait que la commune d'Ifangni se caractérise par une vie politique très active où le jeu politique n'épargne pratiquement aucun acteur. La politique est présente partout et en tout temps. Et la plus grande victime est la population qui, en complice innocente contribue aussi à entretenir cette ambiance qui ne favorise pas le développement local dans le processus de la décentralisation.

Mots-clés : Ifangni - Décentralisation - Jeux politiques - développement local - arène.

ABSTRACT

The present work coming to satisfy academic stress is designed to study the consequences of the political games on the development of the town of Ifangni.

He moved the concern that in this town, politicking for the conquest or the retention of power influences more and negatively local development.

To find the induced effects of the political game on this joint development, we have in a comprehensive approach (Weber) and from a purposive sample, put under observation some variables. Thus, for this essentially qualitative study, figures were by location used in order to better appreciate the variables placed under observation.

This research, in addition to the more or less comprehensive point of the actors present in the arena of Ifangni, also highlighted the fact that the town of Ifangni is characterized by a very active political life where the political game has spared virtually no actor. The policy is present everywhere and at any time. And the biggest victim is the population which, in innocent accomplice also helps maintains this atmosphere that does not promote local development in the decentralization process

Keywords: Ifangni -Decentralization - political games - local development - arena.

INTRODUCTION

Depuis les premières heures de la vie en communauté, l'Homme a toujours vécu dans une certaine dynamique organisationnelle. Cette dynamique, qu'elle soit formelle ou informelle, a toujours laissé place à un leadership ou une légitimité qui peut être naturelle (charismatique), délégué (choisi à travers des modes de désignation) ou imposé dans le but d'organiser ou de gérer le bien commun ou la cité. C'est fort de cette réalité que la gestion de la vie en communauté a évolué des régimes totalitaires qui laissent la décision de vie ou de mort des autres dans les mains d'un seul souverain ou d'un groupuscule, aux régimes les plus démocratiques.

Le Bénin, après les turbulences politiques des lendemains de l'indépendance et de l'ère dictatoriale des années 70 et 80, a opté pour la démocratie avec à la clé plusieurs réformes politico-institutionnellesau début des années 90. Entre autres réformes, se trouve en bonne place la mise en oeuvre de la décentralisation prévue par la constitution du 11 décembre 1990.

Ainsi, depuis 2003, le Bénin s'est engagé dans un processus de décentralisation. Après deux mandatures d'administration du territoire par les pouvoirs locaux, bien qu'il n'y ait pas encore un rapport officiel d'évaluation de la décentralisation, tous les observateurs de la vie publique s'accordent pour dire que les fruits n'ont pas tenu la promesse des fleurs. Les facteurs ayant conduità ces résultats sont nombreux et divers. Entre autres facteurs se trouveen bonne place la politisation à outrance qui n'épargne aucune échelle de la gestion des affaires publiques. C'est ce que Guy Constant EHOUMI (2011) révèle dans le journal  « la presse du jour »  dans son article intitulé « Politisation à outrance du pouvoir à la base au Bénin: des Maires creusent la tombe de la décentralisation » en ces termes :

« A force de vouloir tout régenter, les autorités locales sont en train de vider la décentralisation de son contenu. C'est parce que le pouvoir était concentré au sommet et que tout était imposé aux populations qui ne se portaient guère mieux malgré les milliards de dettes, qu'il a été décidé de passer à la décentralisation ; mais la gangrène du pouvoir central a fini par atteindre les autorités locales ».

Par cette remarque, Guy Constant EHOUMI (2011) jette le pavé dans la mare et incite à aller voir de plus près les réalités dans la pratique de la décentralisation au Bénin. En effet lorsque EHOUMI (2011) déclare : « la gangrène du pouvoir central a fini par atteindre les autorités locales », on est forcément tenté de se demander de quelle gangrène s'agit-il ?

C'est OLIVIER de SARDAN (2007) qui ouvre la brèche et laisse entrevoir ce qui pourrait être le principal problème dans la gestion des communes africaines. Dans sa communication intitulée « Pouvoirs locaux, Gouvernance et Décentralisation en Afrique » présentée au cours des journées de Tam Dao 2007, il affirme qu'« auparavant, la politique était une affaire urbaine concernant des élites urbaines. On a introduit la politique à l'échelle locale, la politique moderne, la politique partisane ».

Alors, l'effet de la politique (pris au sens du jeu des politiciens) sur le processus de décentralisation reste un problème majeur dont le contour mérite d'être cerné. C'est donc pour étudier les liens entre la politique et le développement dans la commune d'Ifangni que nous nous sommes proposépour notre mémoire de maîtrise, de répondre à la question : Quels sont les effets induits du jeu politique sur le développement local dans la commune d'Ifangni ?

Le présent travail a pour objectif d'étudier les diverses influences des jeux politiques sur le développement de la commune d'Ifangni. Il se structure en trois volets :

- le cadre conceptuel,

- la démarche méthodologique et,

- la présentation et l'analyse des résultats.

1ère partie : FONDEMENTS THEORIQUES ET CONSIDERATIONS METHODOLOGIQUES

CHAPITREI : FONDEMENTS THEORIQUES

I. PROBLEMATIQUE

Le Bénin a, depuis le début des années 1990, opté pour la démocratie et la décentralisation considérée comme un vecteur du développement à l'échelle locale. C'est ainsi qu'en 2003, le processus de décentralisation entre dans sa phase active avec l'organisation des premières élections municipales et locales.

Après deux mandatures de décentralisation, bien qu'on n'ait pas encore procédé à une évaluation formelle des dix ans de décentralisation au Bénin, nous voudrions nous référer aux résultats obtenus de l'étude commanditée par la Banque Africaine de Développement (BAD) en 2010 pour évaluer la décentralisation au Mali. Cette étude a révélé divers facteurs qui entravent la bonne marche de la décentralisation dans ce pays. Il s'agit entre autres de :

- non transfert des compétences et des ressources aux communes ;

- inexistence de potentialité naturelle dans certaines communes ;

- la mauvaise gestion des ressources propres et affectées ;

- l'incivisme des populations quant au payement des impôts et taxes et ;

- la politisationà outrance dans la gestion des affaires publiques.

Pour ce qui concerne le Bénin, le tableau n'est guère reluisant. Bien que certain problème tel que le transfert des compétences soit déjà résolu ; certains facteurs comme la politisation à outrance dans la gestion des affaires publiquescontinue d'entraver la bonne marche de la décentralisation au Bénin. C'est ce que Guy Constant EHOUMI (2012) révèle quand il écrit : «  ... Mais aujourd'hui, le constat est amer. Pour des raisons politiques, le pouvoir central et les mairies se sont ligués contre le développement des populations. Au lieu de prendre les mesures concrètes avec les moyens conséquents pour permettre aux localités de se développer, ils continuent de se jouer de l'analphabétisme des populations. La conséquence est que les mêmes personnes s'arrangent pour ne pas en découdre avec la résistance ou le refus du pouvoir central de laisser les populations décider de leur développement. En retour, ces responsables communaux se garantissent toujours leur réélection. Et le mal perdure ».

Ainsi, au nombre des facteurs et contraintes qui inhibent les actions des responsables locaux dans leur mission d'amélioration des conditions de vie de leurs administrés se trouve en bonne place le phénomène de la politisation. C'est également ce que souligne Mahamadou DIAWARA (2008) au terme du travail mené dans la commune de Réo au Burkina Faso : « la commune de Réo se caractérise par une vie politique très mouvementée. Ici, les retournements, les défections conduisant jusqu'aux ruptures et aboutissant à des recompositions toujours renouvelées sont monnaies courantes. Dans ce type de contexte, les intérêts du citoyen ne sont pris en compte que de manière détournée ».

Comme dans de nombreuses communes du Bénin et même en Afrique, la commune d'Ifangni est une arène où `'jeux politiques'' et développement s'entremêlent de façon systémique. Bien que politique et développement forment un couple très complémentaire, l'excès de la politique a toujours été une grande menace pour le développement surtout à l'échelle locale. C'est ce sur quoi James FERGUSON (2008), anthropologue américain, attire l'attention lorsqu'il parlait du développement comme une machine antipolitique.

Ainsi, dans la commune d'Ifangni, avec l'avènement de la décentralisation prônant la gestion du pouvoir à la base et mettant au vue et au su de tous, les avantages et privilèges qu'offre le pouvoir, les motivations pour la conquête ou la conservation du pouvoir se sont accruesau niveau de tous les acteurs sociopolitiques ; tous s'étant donné pour défi de contrôler la commune et évidemment de jouir des privilèges du pouvoir. Et pour relever ce défi, le jeu politique reste la principale arme aux mains des acteurs.

La question de recherche que nous nous posons est alors la suivante :

Quels sont les effets induits du jeu politique sur le développement local dans la commune d'Ifangni ?

1.1. Hypothèses

Les hypothèses posées à cet effet s'énoncent comme suit :

- La commune d'Ifangni regorge d'acteurs diversement impliqués dans son processus de développement ;

- La conduite du jeu politique par les acteurs n'est pas de nature à favoriser des actions de développement local efficaces et efficientes ;

- Les différents groupes d'acteurs contribuent aux actions de développement en intégrant dans le processus leurs intérêts partisans.

1.2. Objectifs

1.2.1. - Objectif général

Etudier les interactions entre jeux politiques et développement local dans la commune d'Ifangni.

1.2.2. - Objectifs spécifiques

- Identifier les principaux acteurs présents dans l'arène locale de développement dans la commune d'Ifangni ;

- Analyser les logiques qui motivent les prises de position et les actions des acteurs de développement dans la commune d'Ifangni ;

- Examiner l'influence de la politique sur et les actions de développement dans la commune d'Ifangni.

1.3. Résultats attendus

- Les principaux acteurs présents dans l'arène locale de développement dans la commune d'Ifangni sont identifiés ;

- Les logiques qui motivent les prises de position et les actions des acteurs de développement dans la commune d'Ifangni sont analysées ;

- L'influence de la politique sur et les actions de développement dans la commune d'Ifangni est examinée.

1.4. Clarification Conceptuelle

Pour favoriser une bonne compréhension de ce travail, Il est nécessaire de préciser le sens de certains termes utilisés:

Le « Développement local », pour Charles DUBOIS (2005), est « une démarche volontaire d'acteurs se réunissant sur un territoire à taille humaine pour envisager l'avenir de leur territoire. Cela en perspective avec d'autres niveaux d'administration et d'autres échelons politiques de la Nation. C'est une vision du local dans le global, qui voit le territoire comme un système en relation avec d'autres systèmes et d'autres acteurs ». Cette approche structurale (Levi STRAUSS) du développement local est également partagée par William SWALEICH (2008), qui le définit comme « la contribution qu'un petit territoire apporte au mouvement général du développement, en termes de plus-value économique, sociale, culturelle, spatiale ».Bernard HUSSON (2002), dans une approche holistique trouve que « le développement local est avant tout une dynamique économique et sociale, voire culturelle, plus ou moins concertée, impulsée par des acteurs individuels et collectifs sur un territoire donné ». Enfin pour Pamphile SEBAHARA (2000), le « Développement local désigne un processus consistant à mobiliser les énergies de tous les acteurs locaux en vue de la promotion économique, sociale et culturelle d'un territoire. Autrement dit, c'est un processus qui vise à la participation des acteurs avec pour finalité l'amélioration des conditions de vie des habitants d'une zone déterminée ». De toutes ces approches, nous retenons que la finalité du développement local est le « changement social » tel que évoqué par Guy ROCHER (1968), ainsi, le développement local évoqué dans le présent travail doit être compris comme étant « l'ensemble des processus et procédures visant l'amélioration des conditions de vie des populations d'un territoire donné (ici la commune) et ce, par les natifs et résidents dudit territoire ou tous autres acteurs visant ce même objectif ».

Quant aux « Jeux politiques » : Pour mieux le clarifier, nous voudrions emprunter à Pierre BOURDIEU (1976) son approche de« champ politique ». Pour Pierre BOURDIEU, la société est comme un espace d'accumulation de capital (le capital politique, économique, culturel, social, relationnel, symbolique... etc.). Pour accumuler ces capitaux, à l'intérieur d'un même champ, les acteurs entretiennent des relations de collusion dont l'enjeu est le monopole de l'autorité spécifique. Ainsi les acteurs se battent pour conserver ou améliorer leur position. Dans le cadre du présent travail, la bataille des acteurs et les jeux (stratégies) qu'ils développent sont motivés par le pouvoir ; les jeux politiques évoqués ici, doivent être compris donc comme les différentes stratégies visibles ou invisibles, rationnelles ou irrationnelles développées par un ou plusieurs acteurs politiques de la commune d'Ifangni pour conquérir ou conserver le pouvoir mais surtout pour contrôler l'arène.

Véritable meneur du jeu politique, le terme« Acteur » revêt plusieurs sens. Dans un domaine donné, l'acteur est perçu comme un artiste professionnel qui prête son physique ou simplement sa voix à un personnage dans un film, une pièce de théâtre, à la télévision, à la radio ou même dans des spectacles de rue.Dans un autre domaine encore, l'acteur est la personne qui participe activement à une entreprise, qui joue un rôle effectif dans une affaire, dans un événement ; c'est un protagoniste. Par acteur, dans le cadre de travail, il faut comprendre « toute personne physique ou morale qui d'une manière directe ou indirecte participe activement à la vie sociopolitique de la commune d'Ifangni et développe des stratégies qui influencent de façon substantielle le couple développement local et jeux politiques dans cette commune ».

Le terme « logique » renvoie également à plusieurs explications selon les disciplines. Ainsi, suivant qu'on est en mathématique, en informatique, en philosophie, le sens du terme varie considérablement. Selon le Wikipédia, la logique est l'étude des règles formelles que doit respecter toute argumentation correcte. Ainsi, la logique dans le présent travail est « l'explication, que donnent les acteursà leurs faits et gestes et la perception qu'ils ont des actions des autres acteurs de l'arène ».

Enfin, pour clarifier le terme « arène », nous revenons àl'approche de champ politique de Pierre BOURDIEU (1976). Il stipule que la société est comme un espace d'accumulation de capital. Pour accumuler ces capitaux, à l'intérieur d'un même champ, les acteurs entretiennent des relations de collusion. En précisant « ... à l'intérieur d'un même champ ... », l'auteur renvoie forcément à une délimitation (sociale, culturelle, politique, économique, territoriale ...) virtuelle ou réelle qui permet de distinguer qui est ou n'est pas dans le « champ ». Dans cette perception, Pierre BOURDIEU met en exergue un espace au sein duquel les acteurs se meuvent. Le terme « arène » dans ce travail se rapporte à cet espace. « Une arène, est donc le lieu de confrontations concrètes d'acteurs sociaux en interaction autours d'enjeux communs ».

II. REVUE DOCUMENTAIRE

Pour mieux aborder le présent sujet de recherche, une partie du temps imparti au travail a été consacrée au recensement des ouvrages, des mémoires, des rapports et articles ayant abordé la problématique de l'influence de la politique sur le développement local dans le cadre de la mise en oeuvre de la décentralisation.

Mahamadou DIAWARA (2009) dans son étude, « Dynamiques locales et gouvernance politique dans la commune de Réo », a essayé dans une approche descriptive de montrer le danger que représente la politique politicienne pour le développement local. Pour lui, les autorités locales élues dans l'objectif d'améliorer le quotidien de leurs populations sont souvent confrontées à des manoeuvres politiciennes qui bon gré mal gré les détournent de leur mission. Il relève que dans la mise en oeuvre de la décentralisation, les jeux et autres calculs politiques représentent de grandes menaces pour les autorités locales qui, s'ils ne prennent gardent, risquent de passer tout leur temps à faire des jeux et autres calculs au lieu de s'attaquer à l'amélioration des conditions de vie de leurs mandants. Il révèle que : « les autorités locales, même si elles s'en défendent, sont paralysées par les contestations auxquelles elles doivent constamment faire face. Habitées par la hantise des coups que peuvent leur porter à tout moment leurs adversaires, elles semblent plus occupées à surveiller ces derniers et à déjouer d'éventuelles manoeuvres qu'à agir dans l'intérêt général ».Ainsi, il ressort du récit de l'auteur, que les communes sont des arènes où s'affrontent et se confrontent les acteurs politiques sur des préoccupations qui ne sont toujours pas relatives à l'amélioration des conditions de vie et d'être des populations desdites communes.Dans cette recherche, l'Auteur a le mérite de décrire les dynamiques présentes à Réo mais il n'a pas mis suffisamment l'accent sur les inconvénients des faits qu'il présente sur le développement de cette commune.

OLIVIER de SARDAN (2007), dans sa communication intitulée «Pouvoirs locaux, gouvernance et décentralisation en Afrique »  au cours des journées TAM DAO 2007. a mis l'accent également sur la qualité de la gouvernance politique dans les collectivités décentralisées en Afrique. Après avoir relevé la complexité de l'exercice du pouvoir au niveau local, « un autre problème est que l'on assimile le pouvoir local au pouvoir officiel. Or, la plupart des recherches montrent qu'au niveau local il y a toujours coexistence de plusieurs formes de pouvoir», il a fini par mettre en exergue la politisation à outrance dans la gestion des affaires publiques au niveau local. Il déclare : « auparavant, la politique était une affaire urbaine concernant des élites urbaines. On a introduit la politique à l'échelle locale, la politique moderne, la politique partisane ». Cette communication de OLIVIER de SARDAN (2007) attire l'attention sur ce que le pouvoir au niveau local n'est pas assimilable au pouvoir au niveau central (national).Il met en exergue la diversité des acteurs à la base mais ne parle pas des fonctions de ces acteurs et surtout de la nécessité de bien assurées lesdites fonctions en vue d'un développement harmonieux des collectivités décentralisées.

Quant à Samba DIAO (2008) dans son mémoire de maîtrise intitulé « Décentralisation et développement local. Participation populaire au développement local : cas du conseil communal de Saint-Louis ». Ce mémoire est consacré à la participation citoyenne dans le processus de décentralisation ; « il s'agit d'inciter les gens à prendre en main leur destinée, de rendre les collectivités locales davantage responsables de leur développement, de rendre les pouvoirs publics plus attentifs aux desiderata de la population ». Samba DIAO (2008), par ce travail revient implicitement sur la diversité des acteurs dans le développement local. Son appel à la participation de tous est également une invite pour que chaque acteur assure convenablement ses fonctions.Pour conclure, il fini par reconnaître la menace que représente la politisation à outrance dans les actions visant à atteindre les objectifs de la décentralisation.Il précise : « ....mais la politisation est une problématique dont il faut tenir compte pour l'atteinte des objectifs fixés ». Samba DIAO semble donc évoquer que le premier problème à régler dans les démocraties locales serait celui de la politisation à outrance.

Jean-Pierre JACOB et ses coauteurs, dans leur ouvrage intitulée « L'action publique dans la commune de Réo (Sanguié, Burkina Faso) : surpolitisation et sur-personnalisation des institutions locales », se sont évertués dans leur contribution à évoquer des cas pratiques pour permettre de toucher du doigt les affres de la surpolitisation dans la commune de Réo. Ils ont cité des exemples de blocages occasionnés par la surpolitisation et dont les conséquences ne sont pas les moindres sur le développement de la commune étudiée. Les auteurs font remarquer que : « à Réo, on peut diagnostiquer une situation de surpolitisation dominée par l'usage systématique par les politiciens des institutions, des ressources matérielles et symboliques locales pour alimenter leurs stratégies d'accession et de maintien au pouvoir....... Dans cette compétition, la construction du débat public visant à réguler les affaires d'intérêts général est affaiblie car toute forme de controverse est interprétée à l'aune des stratégies d'accès au pouvoir des concurrents et aussitôt contrecarrée........ Les institutions elles-mêmes atteignent rarement un degré raisonnable de fonctionnalité car leurs gestionnaires sont choisis en fonction de critères d'allégeance et non pas sur leur capacité technique ». Cette contribution de Jean-Pierre Jacob et ses coauteurs, a le mérite de relater dans les moindres détails les faits et gestes des acteurs politiques de la commune de Réo. Mais bien que les élus soient les principaux acteurs de développement dans le processus de décentralisation, il existe une panoplie d'autres acteurs qui contribuent fortement au développement local; ce travail les a oubliés.

Enfin, Pamphile SEBAHARA (2009) dans son travail intitulé« Acteurs et enjeux de la décentralisation et du développement local : Expériences d'une commune du Burkina Faso » met l'accent sur la diversité des acteurs dans le processus de décentralisation ; les stratégies développées, leurs rôles et la logique qui sous-tend leurs actions. Pour l'Auteur, « Les processus de décentralisation et de développement à l'échelon communal mobilisent une série d'acteurs qui interviennent à des degrés divers et selon des logiques et des stratégies propres. Ils jouent des rôles différents. Il n'est pas question de les énumérer ici car ils ne sont pas toujours organisés de façon formelle ». Cet ouvrage reflète la diversité et la complexité des logiques d'acteurs dans la gestion des affaires locales et apporte une explication à certains agissements au niveau local.

III. JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET

La sociologie, selon Durkheim, est la science qui étudie le fait social. De ce point de vue, la sociologie reste une discipline qui aborde de manière holistique la vie de l'«Homme». Ainsi, la marge de manoeuvre du sociologue reste très importante pour ce qui concerne ses domaines d'étude et de recherche. C'est fort de cette opportunité que nous envisageons en tant que futur sociologue nous spécialiser dans le développement local. C'est donc pour rester coller à notre vision et commencer par tâter ce qui serait bientôt pour nous notre terrain de compétence que nous nous sommes proposé pour la présente étude de travailler sur les jeux politiques et le développement local dans le processus de décentralisation dans la commune d'Ifangni.

En effet, dans cette commune, les jeux politiques selon les préoccupations populaires, auraient atteint un niveau élevé où le développement à la base qui est l'objectif même de la décentralisation prendrait de sérieux coupsdu fait du jeu des acteurs. Et puisque « tout ce qui est familier n'est pas pour autant connu » Gaston BACHELAR, il nous a semblé utile de pouvoir dans une démarche scientifique (au-delà de ce qui se dit) étudier les interactions entre jeux politiques et développement local dans la commune d'Ifangni.

En fait, bien que dans le processus de décentralisation, les communes deviennent une arène hautement politique, « au plan politique, la gouvernance locale favorise, sinon autorise l'émergence d'une vie politique locale active » (JIOKENG NDOUNTO, 2002) ; la gouvernance locale devrait dans tous les cas remplir sa mission essentielle qui de rapprocher les services publics des populations, de permettre le transfert des pouvoirs, des compétences, des biens et des ressources du niveau central au niveau local ; de renforcer des capacités d'action des collectivités locales et le développement des initiatives de proximité.

Ce travail essayera d'apporter une explication des logiques des acteurs en présence dans l'arène politique d'Ifangni, d'établir la perception qu'ils ont du développement de cette commune et surtout de comprendre le sens qu'ils donnent aux différents jeux et calculs politiques auxquels ils s'adonnent.

IV. DELIMITATION THEMATIQUE

Le présent travail intitulé « Développement local et jeux politiques : Acteurs et Logiques en présence dans la commune d'Ifangni », renvoie sur un champ très vaste sur lequel il faut délimiter `'l'espace à labourer et si possible préciser ce qu'y sera semé''. Ainsi, comme précisé dans le sujet, l'espace géographique de recherche ici est la commune d'Ifangni. La cible reste essentiellement les principaux acteurs qui animent la vie sociopolitique dans cette commune avec en premier chef les politiciens (les leaders et militants de partis et mouvements politiques) mais aussi les faiseurs d'opinion et les acteurs de la veille citoyenne. Pour ce qui est de la période à considérer, il s'agit de l'ère de la décentralisation avec plus d'accent mis sur la deuxième mandature (celle en cours).

CHAPITRE2 : CONSIDERATIONS METHODOLOGIQUES

I. NATURE DE L'ETUDE

Dans le cadre de cette recherche, il s'est agi de s'employer à identifier les principaux acteurs présents dans l'arène locale qu'est la commune d'Ifangni, d'analyser les logiques qui motivent les prises de position des acteurs et d'examiner l'influence de la politisation sur les actions de développement dans cette commune ; ainsi avons-nous fait une recherche utile à l'application en ce sens qu'elle permettra dans une démarche de sociologie compréhensive de Marx Weber, de comprendre les motivations spécifiques des auteurs de la politisation à outrance, de se faire une idée de ses conséquences dans le souci de faire des recommandations aux fins de contribuer au développement de la commune d'Ifangni.

Par ailleurs, bien que quelques données quantitatives soient nécessaires pour faciliter certaines analyses dans le cadre de notre travail, c'est la démarche qualitative qui a été privilégiée.

II. ECHANTILLONNAGE 

Dans le souci de collecter suffisamment d'informations sur le sujet d'étude, un échantillon à choix raisonné a été constitué. Pour ce faire, et en tenant compte du caractère du sujet, plusieurs individus ont été interviewées au sein de même type d'acteurs.En tout, 174 personnes ont été entretenues. Il s'agit de :

Elus communaux et locaux

cadres techniques de la mairie et services déconcentrés

Membres associations socio professionnelles

Membres ONG et cadres des OSC

Sages et dignitaires

Autres

Total

79

51

05

11

11

17

174

Source : travaux de terrain.

III. TECHNIQUES ET OUTILS DE COLLECTE DE DONNEES

3.1. Les techniques d'investigation

3.1.1. - Revue documentaire

Il ne pourrait avoir un travail scientifique sans une revue documentaire ; cette démarche est sine qua non pour comprendre les abords antérieurs du problème sur lequel l'on désire travailler surtout parce qu'il est rare de travailler sur un sujet qui n'a jamais été abordé par la passé.

Cette étape a consisté à la lecture d'ouvrage généraux, spécifiques, articles, mémoires, journaux,...etc. Elle nous a permis de compléter les produits de la lecture exploratoire faite dans le cadre du choix du sujet. Cette étape nous a conduit à la bibliothèque nationale à Ouando (Porto-Novo), à la bibliothèque de l'Université d'Abomey Calavi et à faire des recherches d'ouvrage sur le moteur de recherche Google.

3.1.2. L'observation participante

A ce niveau, l'immersion a été privilégiée. Comme le dit George GURVITCH (1967), « l'observateur qui pratique cette technique,  est en même temps acteur ».Il s'est agi tout en respectant la « rupture » que préconise Gaston BACHELAR, d'intégrer les enquêtés pour s'imprégner de la réalité locale et de comparer ce que les gens disent à ce qu'ils font afin de comprendre comment se prennent les décisions.Une grille d'observation a été élaborée à cet effet pour bien orienter nos observations.

3.1.3.L'entretien semi-directif

Cette technique a été utilisée dans le cadre des entretiens avec les acteurs et les groupes ciblés en vue des échanges ouverts, interactifs et participatifs autour des problématiques tel le fonctionnement du conseil communal, le fonctionnement de la mairie, les processus de prise de décision et autres.

3.2. Outils d'investigation

Entre autres outils utilisés, se trouve en bonne place la grille de lecture qui nous a permis de tirer les informations essentielles des ouvrages que nous avons lu ce, en relation avec le sujet d'étude ; la grille d'entretien qui nous a permis d'orienter les différents entretiens que nous avons eus avec nos enquêtés, d'établir une cohérence dans l'entretien et de pouvoir tirer le maximum d'informations. Il en est de même pour la grille d'observation conçue pour guider les observations du terrain.

3.3. Dépouillement et analyse des données

Le traitement des données s'est fait de façon manuelle. Il a consisté à transcrire les discours recueillis au cours de nos différents entretiens, à les catégoriser puis à les analyser.

Des logiciels tels que Word, Excel ont également aidé dans production du présent document.

3.4. Les contraintes de la recherche

La principale difficulté rencontrée est la divergence dans les réponses fournies par les enquêtés. En effet, le caractère politique du travail, a fait que chaque enquêté dans ses réponses tend à défendre sa position et à critiquer les autres acteurs qui ne partagent pas ses logiques. Ainsi, face à une même réalité, plusieurs versions sont enregistrées. Cette difficulté nous a amené à être obligé de nous entretenir avec plusieurs individus au sein de même type d'acteurs ; ce qui évidemment à conduire à avoir un très large échantillon.

CHAPITRE 3 : PRESENTATION DE LA COMMUNE

I. Situation géographique

Située au Sud-Est de la République du Bénin, dans le Département du Plateau, la Commune d'Ifangni couvre une superficie de 242 km2.

Elle est limitée :

- au Nord par la Commune de Sakété ;

- au Sud par la Commune d'Adjarra;

- à l'Est par la République Fédérale du Nigeria ;

- à l'Ouest par les Communes d'Avrankou (voir carte de situation).

Elle est composée de six (6) arrondissements à savoir : Banigbé, Daagbè, Ifangni-Centre, Lagbè, Ko-Koumolou, Tchaada et de soixante-neuf (69) villages et quartiers de ville.

Carte n°1 : Carte administrative de la commune d'Ifangni

II. Historique de la commune d'Ifangni

Avant 1978, la commune d'Ifangni relevait du canton de Sakété, un des cantons de la banlieue de la capitale du Dahomey (Porto-Novo). Il était administré par un commis qui travaillait sous l'autorité du chef de canton.

Entre 1978 et 1990, Ifangni a été érigé en district puis en sous-préfecture. Avec l'avènement de la décentralisation, Ifangni est devenue « Commune » en 2003. C'est désormais une entité juridique dotée d'une autonomie financière avec pour obligation, d'assurer, à travers la planification, le développement harmonieux de ses filles et fils.

Aujourd'hui, la Commune d'Ifangni est subdivisée en 6 arrondissements regroupant au total 69 villages et quartiers de ville. Elle est dirigée par un Conseil Communal (CC) élu comprenant 17 membres ayant à sa tête un maire et deux adjoints élus au sein du CC. Chaque arrondissement est dirigé par un conseiller appelé chef d'arrondissement. Ce dernier est assisté par un conseil d'arrondissement composé de tous les chefs de villages ou quartiers de ville relevant de l'arrondissement auxquels s'ajoutent quelques personnes-ressources.

L'organisation sociale traditionnelle de la Commune d'Ifangni révèle une structuration ancienne sous forme de royaume qui doit toute sa civilisation et ses racines au peuple Yoruba d'Ilé-Ifè au Nigéria.

Considéré en même temps comme un homme et un dieu, le Roi détenait un pouvoir absolu. Il vivait dans un palais entouré d'une cour composée de ses ministres, servantes et esclaves. Il intervenait partout, dans la vie sociale, religieuse et économique.

Aujourd'hui, le Roi gère la vie spirituelle de la communauté des Yoruba dont les vestiges sont gardés dans des temples de la cour royale, dans les couvents ou au niveau des collectivités. Ses sorties sont souvent entourées de litanies panégyriques qui se réfèrent soit aux hauts faits, soit à l'emblème du Roi ou parfois aux fonctions d'un ancêtre.

III. Cadre physique

Le climat dans la commune d'Ifangni est de type subéquatorial caractérisé par deux saisons de pluie et deux saisons sèches qui s'alternent annuellement comme suit :

- une grande saison des pluies de mi-mars à mi-juillet ;

- une petite saison sèche de mi-juillet à mi-septembre ;

- une petite saison des pluies de mi-septembre à mi-novembre ;

- une grande saison sèche de mi-novembre à mi-mars.

En considérant les vingt dernières années, le total pluviométrique annuel moyen est de 1079,50 mm de pluie. Les mois les plus secs sont : novembre, décembre, janvier, février et les mois plus pluvieux sont : mai, juin, juillet. La température varie suivant les mois sur l'ensemble de la Commune. Les extrêmes maxima oscillent entre 32° et 33°C tandis que les extrêmes minimaux sont compris entre 25° et 26°C.

La commune est traversée par endroits par des marécages qui sont utilisées pour la production de cultures de contre-saison, le maraîchage et l'installation des pépinières de diverses espèces.

En ce qui concerne les sols, on y rencontretrois types de sols:

- les sols des plateaux, sols ferralitiques de couleur rouge et à texture sablo-argileux de terre de barre couvrant la presque totalité de la Commune ;

- les sols des bas-fonds, sols hydro morphes argileux, riches en matières organiques situés dans les zones humides ;

- et les sols de bas de pente, sols de coloration brun-claire, à texture sableuse et faciles à travailler. On les retrouve dans les dépressions fermées et en bordure des bas-fonds et marécages.

La Commune d'Ifangni en termes de relief, appartient au plateau de Sakété Pobè d'une altitude moyenne de 100 m. Ce relief est peu accidenté et entaillé par de petites et moyennes dépressions aux pentes très peu marquées.

Sa végétation est composée de reliques de forêt sacrées, de plantations de palmier à huile et de jachères. Sur les terres laissées en jachère, sont plantées de nombreuses espèces végétales (bananiers, orangers, arbres à pin...) dont certaines aujourd'hui sont très commercialisées. Cette végétation est plus variée au bord des bas-fonds où elle est dominée par des espèces hydro-morphes telles que le bambou, le palmier à raphia et les fourragères.

Enfin la faune est constituée de reptiles, d'oiseaux, de rongeurs, etc...

IV. Milieu humain

Le graphe1présente la répartition sociolinguistique de la commune d'Ifangni :

Graphe 1 : Répartition de la population par groupe sociolinguistique.

Source : RGPH3, 2002.1(*)

Les Fon et apparentés ainsi que les Yoruba constituent les groupes sociolinguistiques majoritaires de la Commune. Ils représentent respectivement 64% et 32,30% de l'effectif total de la population. Viennent ensuite les Adja et apparentés : 1,10%. Les ethnies Dendi, Bariba et autres sont en proportions réduites. Les autres ethnies non déclarées représentent 2,60% de l'effectif total.

En ce qui concerne l'évolution de l'effectif de la population, elle est présentée dans le graphe 2 :

Graphe 2 : Evolution de l'effectif de la population d'Ifangni.

Source : Projections faites à partir des données du RGPH3, 2002.

L'effectif de la population d'Ifangni est passé de 67 021 en 1992 à 71 599 habitants en 2002 soit un taux d'accroissement de 0,68 % entre 1992 et 2002 selon les données du RGPH3. Ce taux est faible par rapport à la moyenne départementale (2,84 %) et nationale (3,25%). Par ailleurs, il pourrait être maintenu jusqu'en 2010 et probablement passé à 1% pour la période 2010-2020 compte tenu de l'essor des activités économiques et de l'attrait de populations (mise en place d'infrastructures et d'équipements pouvant retenir les jeunes).

Ces hypothèses permettent d'estimer la population d'Ifangni à 75 588 habitants en 2010, à 79 444 habitants en 2015 puis à 83 496 habitants en 2020 (voir graphe 2).

Tableau1 :Répartition de la population par arrondissement :

Arrondissements

Nombre d'Hommes

 

Nombre

de Femmes

Total

(Année 2010)

Ifangni

10116

 

11551

21667

Banigbé

7926

 

9050

16976

Daagbé

4682

 

5345

10027

Ko-Koumolou

4451

 

5082

9533

Lagbè

4501

 

5139

9640

Tchaada

3616

 

4129

7745

Total Commune

35292

 

40296

75588

Source : Estimation faite à partir des données du RGPH-3, 2002.

La Commune d'Ifangni présente une population jeune : 43 % de l'effectif total ont entre zéro (00) et quatorze (14) ans. Par ailleurs, la population active c'est-à-dire celle ayant entre quinze (15) et cinquante-neuf (59) ans représentent 45 % de l'effectif total. La couche la plus vulnérable c'est-à-dire celle constituée par les enfants de moins de cinq ans représente 19 %. Enfin, en ce qui concerne les religions, celles dominantes sont  le christianisme (Catholicisme et Protestantisme) : 35%, les religions traditionnelles (26,10%), l'islam (15,80%) et autres (22,40%).

V. Ressources naturelles

Les ressources minières de la commune d'Ifangni se limitent essentiellement aux carrières de sable et de latérite qui se localisent un peu partout dans la commune et plus précisément dans les arrondissements d'Ifangni - Centre (Iguillanhoun, Itassouba, Ganmi), de Lagbé (Sokou), de Banigbé (Banigbé-Nagot). La mise en valeur de ces carrières contribuerait à l'augmentation des revenus de la commune.

La commune d'Ifangni regorge également de nombreux bas-fonds. L'existence de ces derniers constitue un atout important pour le développement agricole de la commune puisqu'ils sont favorables à plusieurs cultures : culture maraîchère, culture vivrière de contre saison, culture du riz et même la pisciculture. Paradoxalement, ces potentialités demeurent soit inexploitées soit sous exploitées.

La terre constitue également une importante ressource à Ifangni, commune essentiellement agricole. Les terres agricoles couvrent une superficie de 14 300 ha, soit 52,9% de l'ensemble du territoire de la commune. Elles sont relativement fertiles. Par ailleurs, la commune bénéficie actuellement d'un Plan Foncier Rural (PFR) réalisé grâce au financement du Millenium Challenge Account (MCA) sur une partie de ses terres. Cet outil de développement permet de sécuriser la terre et de booster les investissements surtout agricoles.

Les autres ressources d'Ifangni se résument essentiellement à des forêts sacrées et à des plantations de palmier à huile.

VI. Organisation administrative, structures et services

La commune d'Ifangni est actuellement divisée en six (06) arrondissements dont l'arrondissement d'Ifangni-centre est le chef-lieu. Elle est dirigée par un Conseil Communal de 17 élus siégeant en qualité d'organe délibérant et d'un Maire élu, qui est l'organe exécutif de la commune.

Plusieurs services déconcentrés de l'Etat sont représentés dans la commune d'Ifangni :

- la Circonscription Scolaire (CS) ;

- le Service Communal duDéveloppement Agricole (SCDA) ;

- la Brigade de Gendarmerie ;

- le Centre Communal de Santé (CCS) ;

- le Centre de Promotion Sociale (CPS) ;

- la Recette Perception ;

- la Recette de Douanes d'Igolo ;

- le Commissariat Spécial d'Igolo ;

- les postes de douanes ;

- la recette auxiliaire des impôts ;

- le Service Communal de la Société Béninoise d'Energie Electrique (SBEE) ;

- le Service Communal de la Société Nationale des Eaux du Bénin ;

- le Service Régional de l'Hydraulique du Plateau ;

- et la Recette des PTT ;

Au côté des services déconcentrés, les organisations de la société civile jouent également un rôle important dans l'organisation administrative de la commune. On pourrait citer :

- les chefferies traditionnelles ;

- les organisations ou comités de développement et les associations corporatives ;

- les groupements villageois dans les différents secteurs d'activités économiques ;

- les confessions religieuses et les Organisations Non Gouvernementales ;

2ère partie : PRESENTATION DES RESULTATS ET ANALYSE DES DONNEES

CHAPITRE 1 : LES ACTEURS DE DEVELOPPEMENT.

Cette partie du travail fait le point des différents acteurs présents dans la commune et de certains faits et décisions montrant les logiques qui sous-tendent leurs actions.

I. Le conseil communal 

1.1. L'élection des conseillers.

Aux élections communales de 2008, trois (03) partis ou listes ont régulièrement présenté des candidats pour briguer les dix-sept (17) postes de conseillers à élire pour la commune d'Ifangni. Il s'agit de : Mouvement Africain pour la Démocratie et le Progrès (MADEP), les Forces Cauris pour un Bénin Emergent (FCBE) et le Parti du Renouveau Démocratique (PRD).

Les premiers résultats (car il en a eu un second), se présentent comme suit :

Tableau 2: 1er résultat des élections communales de 2008 à Ifangni.

Parti ou alliances de

partis

Nombre de conseillers

obtenus

Pourcentage

MADEP

05

29,41 %

FCBE

12

70,59 %

PRD

00

00 %

Source : CENA 2008

Suite à ces résultats, des recours ont été déposés devant la cour suprême. Après délibération, il a été ordonné la reprise des élections dans l'arrondissement de Banigbé. Pour des raisons que seront élucidés par la suite, les résultats se sont pratiquement inversés. Il y avait quatre postes à pourvoir, la liste qui au départ avait réussi à faire élire trois (03) conseillers sur les quatre ne sort maintenant qu'avec un (01) seul.

Le résultat définitif donne :

Tableau 3: Résultat définitif des élections communales de 2008 à Ifangni.

parti ou alliances de

partis

nombre de conseillers

obtenus

pourcentage

MADEP

07

47,20 %

FCBE

10

58,80 %

PRD

00

00 %

Source : CENA 2008

1.2. L'élection du Maire 

Conformément à la loi, après l'élection des conseillers communaux, ils se réunissent pour élire en leur sein le Maire et ses Adjoints. Il ne fait donc l'ombre d'aucun doute que c'est les FCBE qui sortent avec douze (12) conseillers sur dix-sept (17) qui vont rafler tous les postes (l'élection du Maire a eu lieu avant la reprise des élections à Banigbé). Mais contre toute attente, le MADEP, cinq (05) conseillers sur dix-sept, gagne le poste du 1er Adjoint au Maire et trois (03) Chefs d'Arrondissement sur six (06).

Les morts se ressuscitent, le MADEP qui ne s'attendait plus à rien se voit subitement devenir maître du jeu. En effet, la liste FCBE qui était composée de manière hétérogène car réunissant les forces politiques soutenant les actions du chef de l'Etat, a vu naître en son sein un conflit de leadership. Celui qui était pressenti pour devenir le Maire s'est vu contester par une frange de ses alliés.

Comme c'est la fin qui justifie les moyens et toutes les méthodes sont bonnes pour atteindre ses objectifs, le potentiel Maire fait discrètement appel aux outsiders du MADEP, constitue une nouvelle majorité et balance ses anciens alliés qui l'accusent de ne pas jouer franc jeu avec la mouvance.

Nous comprenons donc aisément pourquoi à la reprise des élections dans l'arrondissement de Banigbé, le MADEP qui avant le recours, n'avait fait élire qu'un (01) seul conseiller sur quatre (04) renverse totalement la tendance. Etant donc devenu faiseur du roi, le MADEP reçoit le soutien du Maire et d'autres conseillers pour affaiblir les FCBE qui subitement sont devenues la bête à abattre.

II. Les agents des collectivités locales

Le Maire est l'organe exécutif (article 24 : loi N°97-028 du 15 janvier 1999 portant organisation de l'administration territoriale en république du Bénin) ; à ce titre, quelque que soit son niveau intellectuel, il est le garant de la mise en oeuvre des différentes actions de développement dans sa commune. Pour remplir cette mission, le Maire s'entoure des salariés dits agents communaux ou agents des collectivités locales qui représentent le bras technique du Maire. Voici l'évolution de l'effectif des agents communaux d'Ifangni telle que recueilli en juillet 2014 sur le terrain.

Tableau 4: Evolution de l'effectif des agents communaux

Périodes

Catégories

Avant la décentralisation

Première mandature

Taux d'accroissement par rapport au début de la décentralisation

Deuxième mandature

Taux d'accroissement par rapport au début de la décentralisation

Catégorie A

00

00

/

05

/

Catégorie B

01

04

300 %

09

125 %

Catégorie C

05

11

120 %

24

380 %

Catégorie D

06

08

33,33 %

12

100 %

Catégorie E

01

01

00 %

02

100%

Occasionnels

00

00

/

04

/

TOTAL

13

24

84,61%

56

330,76%

Source : Travaux de terrain, Mai - Juillet 2014

Nous avions également tenté de rechercher le flux d'arrivée des nouveaux agents à la mairie ; en effet, dans une perspective fonctionnaliste, le recrutement a pour principale fonction de satisfaire au besoin d'une compétence qui n'existe pas encore dans la structure qui recrute et dont le recrutement devra permettre la résolution du problème que pose l'absence de cette compétence. Voici le nombre d'agents recrutés chaque année à la mairie d'Ifangni depuis l'avènement de la décentralisation.

Tableau 5: Tableau montrant le nombre d'agents recrutés chaque année depuis le début de la décentralisation dans la commune d'Ifangni

Années

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

Nombres d'agents recrutés

02

02

02

05

01

03

04

04

04

03

15

Source : Service des Affaires Générales de la mairie.

III. Le gouvernement

Il est incontestablement le plus présent à travers l'organisation fonctionnelle même de la commune. Ainsi, malgré la relative autonomie donnée aux communes par la loi(article 21 loi n°97-028/99 : il est institué dans la structure de l'administration territoriale de la République, des collectivités territoriales décentralisées dotées de la personnalité juridique et de l'autonomie financière), le gouvernement tient à sa présence dans les communes.D'ailleurs après plus de dix (10) ans de pratique de décentralisation, les communes continuent de réclamer le transfert de certaines compétences telles que prévues par la loi.

De plus, il est à noter que le gouvernement reste un bailleur de taille pour les communes notamment à travers le Fonds d'Appui au Développement des Communes (FADeC) par lequel le gouvernement profite pour contrôler la gestion que font les communes non seulement des fonds mis à disposition mais aussi des ressources propres .

La présence du gouvernement se manifeste également à travers la tutelle (le Préfet est l'unique autorité de tutelle de la commune ; article 141 loi n°97-029/99). Ainsi malgré que le Maire et les autres conseillers soient l'émanation de la volonté populaire, ils ne sont aussi pas libres dans les décisions et actions (le contrôle de tutelle s'exerce par voie d'approbation, d'annulation et substitution ; article 143 loi n°97-029/99). A travers le Préfet donc,le gouvernement s'assure même de la légalité des décisions et actions dans les communes et peut même en cas de besoin, se substituer au Maire (en cas d'inexécution par les autorités communales des mesures prescrites par les lois et règlements, l'autorité de tutelle, après mise en demeure restée sans suite, se substitue à elles et prend toutes mesures utiles ; article 149 loi n°97-029/99).

IV. Les services déconcentrés

Ils sont les démembrements communaux de ministères ou de société d'Etat. Ils ont pour mission d'offrir à la commune certains services régaliens pour lesquels la mairie n'est pas compétente (sécurité, renseignement...) ou ceux que la mairie n'a pas encore les moyens d'offrir directement aux populations. Dans la commune d'Ifangni, la collaboration entre la mairie et lesdits services sont selon les acteurs rencontrés acceptables.

Il faut noter que par ce biais, le gouvernement profite également pour influencer substantiellement la gestion de la commune. Car non seulement c'est le gouvernement qui affecte les chefs de ses services, mais surtout, dans certains domaines la loi donne le pouvoir au gouvernement de garder un oeil sur la gestion des communes. Par exemple, le comptable de la commune est un agent nommé par le gouvernement (le comptable de la commune est un comptable du trésor nommé par le Ministre chargé des finances article 29 loi n°97-028/99).

Voici ci-dessous la liste des services déconcentrés présents dans la commune d'Ifangni :

Tableau 6: Liste des principaux services déconcentrés présents dans la commune d'Ifangni et leur ministère de tutelle.

DENOMINATION DU SERVICE DECONCENTRE

MINISTERES DE TUTELLE

Circonscription Scolaire 

Ministère de l'Enseignement Primaire et Maternel

Centre Communal de Promotion Agricole  

Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche

Brigade de Gendarmerie 

Ministère de la Défense Nationale

Centre Communal de Santé  

Ministère de la Santé Publique

Centre de Promotion Sociale  

Ministère de la Famille, de la Solidarité Nationale, des Handicapés et des Personnes du Troisième Age

Recette Perception 

Ministère de l'Economie et des Finances

Recette de Douanes d'Igolo 

Ministère de l'Economie et des Finances

Commissariat Spécial d'Igolo 

Ministère de l'Intérieur, de la Sécurité Publique et des Cultes

Recette Auxiliaire des Impôts 

Ministère de l'Economie et des Finances

Service Communal de la Société Béninoise d'Energie Electrique

Ministère de l'Energie, des Ressources Minières, de l'Eau et de la Promotion des Energies Renouvelables

Service Communal de la Société Nationale des Eaux du Bénin 

Ministère de l'Energie et des Mines

Recette des PTT.

Ministère de la communication et des Technologie de l'Information et de la Communication

Source : Travaux de terrain, Mai - Juillet 2014

Par ailleurs, il est important de signaler que pour les Ministères qui n'ont pas leur représentation dans la commune tels le Ministère de la Jeunesse des Sports et Loisirs ; le Ministère du Tourisme et de l'Artisanat et autres, leur présence dans la commune est assurée par les services décentralisés (Directions Départementales) à travers un programme d'appui-conseil aux communes.

V. Les organisations de la société civile

Essentiellement constituées des associations de développement, des Organisations Non Gouvernementales, des organisations professionnelles et des organisations confessionnelles, la société civile est présente mais ses actions font couler beaucoup de salive dans la commune du fait de la qualité et des activités des hommes qui l'animent ; certains parmi les principaux acteurs de ce secteur étant selon les propos de nos enquêtés, également des politiciens avertis.

Au moment de cette enquête, deux (02) importants programmes concernant les Organisations de la Société Civile étaient en cours de mise en oeuvre. Il s'agit du Mécanisme Africain de l'Evaluation par les Pairs (MAEP) qui a une cellule communale dont la principale mission est d'évaluer la qualité de la gouvernance au niveau de la commune ; il y a aussi le Programme de Participation Citoyenne ( ParTICIP) qui a installé au niveau de la commune, une Cellule de Participation Citoyenne (CPC) composée essentiellement des Organisations Non Gouvernementales et des Associations ; son objectif est d'inciter les populations à s'intéresser à la gestion de la commune.

Les enquêtes ont montré par contre que ces organisations sont très peu dynamiques dans le domaine de l'élaboration et de la mise en oeuvre des projets et programme de développement et se contentent beaucoup plus à être des relais locaux des programmes et projets d'autres organisations.

Il faut néanmoins signaler que selon les informations recueillies, la collaboration entre la mairie et les Organisations de la Société Civile (OSC) est acceptable sauf qu'elle est de temps à autre polluée par les prises de position de certains acteurs de la société civile qui ne sont pas toujours exemptes de reproches notamment pour leur penchant politique. D'ailleurs au cours des interviews, un élu communal a qualifié les Organisations de la Société Civile, d'organisations « civilo-politique ».

Les principales Organisations de la Société Civile et leur(s) domaine(s) d'intervention dans la commune d'Ifangni sont :

Tableau 7: liste des principales organisations de la société civile dans la commune d'Ifangni.

DENOMINATIONS

SIGLES

TYPES

DOMAINE(S) D'INTERVENTION

Association des Bonnes Volontés pour l'Excellence

ABOVE ESPOIR

ONG

Promotion de l'éducation et des droits des enfants

Espoir Plus

EP

ONG

Promotion de l'éducation et contrôle citoyen

Union Communale des Groupements de Femmes

UCGF

association

Défendre les droits des femmes et promouvoir l'autonomisation des femmes et les représenter

Union Communale des Producteurs

UCP

association

Défendre les droits des producteurs agricoles et les représenter

Promotion de l'Hygiène et des Initiatives de Frontière Attractive

PHIFA ONG

ONG

Hygiène et Assainissement

Cercle pour des Actions Socioculturelles et Economiques de Développement

CASED-ONG

ONG

Insertion socioprofessionnelle et développement local

Association des Conducteurs des Taxi Motos d'Ifangni

ACOTAMI

Association

Lutter pour les intérêts des taxis moto

Mouvement des Bonnes Volontés pour le Mieux Etre

MOBOVOME

ONG

Promotion des activités agricoles

Association pour la Promotion Animale et des Initiatives de Fermes

ASPAIF

ONG

Promotion des activités agricoles

Collectif des Associations et Groupements Professionnels des Artisans de la Commune d'Ifangni

CAGPACI

Association

Promotion de l'artisanat

Association des Jeunes de la Commune d'Ifangni

AJeCI

Association

Défendre la cause juvénile

Union des Etudiants pour le Développement d'Ifangni

UNEDI

Association

Défendre la cause des étudiants et contribuer au développement de la commune

Source : Service de Planification et du Développement Local de la mairie

VI. Les Partenaires Techniques et Financiers

Il s'agit des grandes organisations qui souvent n'ont ni leur siège ni une représentation dans la commune mais dont l'appui est presque indispensable pour la commune. Ils (les Partenaires Techniques et Financiers) n'existent et ne doivent leur existence qu'à l'assistance qu'ils portent pour le développement des communautés. A la question de savoir comment a évolué le nombre de PTF dans la commune d'Ifangni durant les dix ans de décentralisation, tous les acteurs questionnés s'accordent sur ce que le nombre de partenaires a diminué au fil du temps.

Les principaux partenaires recensés au cours de ce travail ainsi que leur(s) domaine(s) d'intervention sont les suivants :

Tableau 8: liste des principaux Partenaires Techniques et Financiers présents dans la commune d'Ifangni.

NOM DU PARTENAIRE

DOMAINE(S) D'INTERVENTION

AFRICARE

Santé communautaire : lutte contre le paludisme

Bureau d'Appui aux Artisans

(Programme de la coopération suisse)

Promotion de l'artisanat

Programme des Nations Unies pour le Développement

Appui à l'élaboration de document de planification ; protection de l'environnement

KFW

Approvisionnement en eau

GIZ

Approvisionnement en eau et appui pour la gestion des adductions d'eau

Coopérative décentralisée de la Suisse

Eau et assainissement

UNICEF

Protection de l'enfant

Fonds Mondial

Appui aux Orphelins et Enfants Vulnérables

Source : Service de Planification et du Développement Local de la mairie

Il faut également citer l'ensemble des populations qui en amont restent la principale motivation de tout ce qui est mené comme action de développement ; qui est parfois le financeur de toutes ces actions à travers des impôts, taxes et d'autres contributions mais aussi et surtout qui est en aval le bénéficiaire de tout ce qui se fait.

Les informations recueillies sur le terrain montrent que la population d'Ifangni est très passive et connait très mal ses droits. En dehors de quelques réactions éparses, la population est très amorphes et s'intéressent très peu à la chose publique. L'un de nos enquêtés affirmes : « A Ifangni, tout est permis. Ici, c'est les étrangers qui nous gèrent et nous représentent à tous les niveaux ».

La pression populaire serait totalement inexistante à l'endroit des responsables à divers niveaux en charges de la gestion de la commune. Un autre enquêté ajoute : « les fonctionnaires notamment les gendarmes ont toujours démarché pour être affectés à Ifangni ; ici, personne ne dit rien à personne et les gens s'enrichissent aux détriments de la commune sans être inquiétés ».

CHAPITRE2 : LES LOGIQUES DES ACTEURS DANS LA COMMUNE D'IFANGNI

Comme l'indique le présent sujet, il s'agit de relater à travers ce travail les effets induits de la politisation à outrance sur le développement de la commune d'Ifangni. Ainsi, après avoir fait le point des principaux acteurs à Ifangni dans la première rubrique de la présentation des résultats de cette recherche, cette rubrique met en exergue le discours desdits acteurs, les logiques qui sous-tendent leurs actions et réactions.

Comme indiqué plus haut, les principaux acteurs dans le développement sociopolitique et économique de la commune restent les élus communaux avec à leur tête le Maire. Ils élaborent et mettent en oeuvre les programmes/projets de développement et assurent la gestion au quotidien de la commune. Pour ce fait, leur disponibilité reste une condition indispensable pour l'accomplissement de leur mission. Voilà ce que pensent les enquêtés à propos de la disponibilité des élus :

Tableau 9: Appréciations des enquêtés sur la disponibilité des conseillers communaux.

Pensez-vous que les conseillers communaux sont disponibles pour travailler pour le développement de la commune ?

Nombre

Pourcentage

Oui

02

3,44%

Plus ou moins

09

15,51%

Non

47

81,03%

TOTAL

58

100%

Source : Travaux de terrain, Mai - Juillet 2014

Ce résultat a conduit à fouiller ce qu'entendent les enquêtés par la disponibilité des conseillers communaux. On se rend compte donc qu'ils l'assimilent à la résidence ou non des conseillers sur le territoire la commune.

A propos de la résidence des élus dans la commune, la loi stipule que: « le Maire et ses Adjoints une fois élus, doivent avoir leur domicile dans la commune. » (Article 46 loi n°97-029/99).

Voici ce qu'il en est de la commune d'Ifangni.

Tableau 10 : Liste des conseillers communaux de la commune d'Ifangni et leur (s) lieu(x) de résidence

Nom et Prénoms

Sexe

Fonction

Lieu de

résidence

Observation

1

FAFOUMI Raymond

M

Maire

Cotonou

En

permanence

2

MICHODJEHOUN

Félix

M

1er Adjoint

Ifangni

En

permanence

3

AHISSOU

Nouhoumon

M

2è Adjoint

Porto novo

Ifangni accessoirement

4

ATCHAMBI Patrice

M

CA

Ifangni

En

permanence

5

SOGNIGBE Jean

M

CA

Ifangni

En

permanence

6

DOTONOU Jules

M

CA

Ifangni

En

permanence

7

TOLEKE Sètondji

M

CA

Ifangni

souvent à

Sakété pour

raison professionnelle

8

HOUNGUE Kévin

M

CA

Ifangni

souvent à

Cotonou pour raison professionnelle

9

BANKOLE Pierre

M

CA

Ifangni

En

permanence

10

AKLE Laurent

M

CC

Cotonou

Présent dans

la commune

certains

weekend

11

LANKPODJIVI Victor

M

CC

Cotonou et Bohicon

présent dans

la commune

certains

weekend

12

DJOSSOU Yves

M

CC

Ifangni

En permanence

13

DOSSA Grégoire

M

CC

Ifangni

En permanence

14

FALOLA Maroufath

F

CC

Ifangni et

Cotonou

A cheval entre

les deux (02)

communes

15

AKPATA Joseph

M

CC

(Maire

sorti)

Porto novo

En

permanence

16

HOUETO Victorien

M

CC

Ifangni

En

permanence

17

ATCHADJOU Ignace

M

CC

Cotonou

En

permanence

Source : Travaux de terrain, Mai - Juillet 2014

En résumé,

Tableau 11 : résumé surles lieux (x) de résidence des conseillers communaux de la commune d'Ifangni.

Résidence

Permanente dans la commune

Temporaire dans la commune

En dehors de la commune

Nombre de conseillers

08

03

06

Pourcentage

47,05%

17,64%

35,29%

Le Maire, selon les enquêtés, n'aurait passé la nuit qu'une ou deux fois dans la commune durant son mandat de plus de cinq ans.

Un enquêté commente : « au départ il prétendait de ce que l'état de la résidence n'était pas digne de son rang social et qu'il devra d'abord l'aménager avant de commencer par y passer la nuit ; mais malgré nos millions qu'il a dépensés pour réfectionner la résidence, il n'y a jamais passé la nuit ».

Comme le dit un sage du milieu, pour s'indigner des mauvaises pratiques des cadres, « ce n'est pas les paysans qu'il faut aller chercher au champ pour venir diriger notre localité et l'amener au développement ». En fait, le développement, même local, reste un processus dont la conduite à bon port ne peut être l'oeuvre des amateurs ou des parvenus sans ambitions ni attitudes et aptitudes requises. Le travail s'est intéressé donc à l'idée que se font les populations du niveau intellectuel des conseillers pour apprécier le degré de confiance qu'ont les populations à leurs conseillers pour ce qui concerne leur capacité à amener la commune au développement.

Voici ci-dessous ce que pensent les enquêtés du niveau intellectuel des conseillers.

Tableau 12 : Résumé surl'appréhension des populations sur la capacité des conseillers communaux de la commune d'Ifangni à développer leur commune.

Sur une échelle de trois degré (bon - moyen - faible), quelle appréciation faites-vous de la capacité intellectuelle des conseillers pour amener effectivement la commune au développement ?

Nombre

Pourcentage

Bon

02

3,44%

Moyen

07

12,06%

Faible

49

84,48%

TOTAL

58

100%

Source : Travaux de terrain, Mai - Juillet 2014

Ce résultat a amené à s'intéresser au profil de chaque conseiller. A ce niveau, toutes les tentatives pour avoir le niveau intellectuel des conseillers ont été vaines. En dehors de quelques informations pas très crédibles (car pas facilement vérifiables), il a été presque impossible d'obtenir des informations sur le niveau académique réel des conseillers communaux.

Compte tenu de l'importance que requièrent ces données pour le sujet, nous avons essayé de contourner cette barrière en nous renseignant sur la profession des conseillers. Cette option pourrait permettre d'établir le lien entre leur profession et leprofil intellectuel.

Voici les résultats que nous avons obtenus :

Tableau 13 : Liste des conseillers communaux de la commune d'Ifangni et leur profession

Nom et Prénoms

Sexe

Fonction

Profession

Observation

1

FAFOUMI Raymond

M

Maire

Opérateur économique

 

2

MICHODJEHOUN

Félix

M

1er Adjoint

Enseignant du secondaire

Retraité

3

AHISSOU

Nouhoumon

M

2è Adjoint

Instituteur

Artiste

chanteur

En fonction

4

ATCHAMBI Patrice

M

CA

Instituteur

En

Fonction

5

SOGNIGBE Jean

M

CA

Pasteur

En

Exercice

6

DOTONOU Jules

M

CA

Fermier

Serait titulaire

d'un BAC+2

7

TOLEKE Sètondji

M

CA

Agent de

Santé

Niveau BEPC

8

HOUNGUE Kévin

M

CA

Fermier

Serait titulaire

d'un diplôme universitaire

9

BANKOLE Pierre

M

CA

Couturier

N'exerce plus

10

AKLE Laurent

M

CC

Vitrier

En exercice

11

LANKPODJIVI Victor

M

CC

Enseignant du secondaire

Nommé à la Direction de l'Enseignement Supérieur

12

DJOSSOU Yves

M

CC

Dépanneur

N'exerce plus

13

DOSSA Grégoire

M

CC

Agent

collecteur

 

14

FALOLA Maroufath

F

CC

Opératrice économique

 

15

AKPATA Joseph

M

CC

(Maire

sorti)

Bibliothécaire

Retraité

16

HOUETO Victorien

M

CC

Instituteur

En

Fonction

17

ATCHADJOU Ignace

M

CC

Opérateur économique

 

Source : Travaux de terrain, Mai - Juillet 2014

A travers donc ces résultats bruts, on peut déjà apprécier la capacité réelle des conseillers communaux d'Ifangni à amorcer le développement de la commune. Encore tous les acteurs s'accordent sur ce que le niveau d'étude pour la 2ème mandature est largement relevé par rapport à la première mandature.

Malgré ce profil, il n'est pourtant pas exclu que les conseillers communaux fassent preuve d'une bonne attitude pour impacter de façon substantielle, par des actions de qualité, le développement de leur localité. Les populations étant les premiers juges desdites actions (elles en sont les bénéficiaires), nous avons cherché à avoir l'idée qu'elles se font de la pertinence des actions de leurs élus. La pertinence dont il s'agit ici est mesurée par rapport aux actions prévues par le Plan de Développement Communal (PDC). En fait, le PDC devrait être élaboré dans une démarche participative qui après avoir établi un diagnostic des maux qui entravent le développement de la commune,prévoit à travers des programmes/projets des actions devant permettre de remédier aux maux identifiés et par ricochet conduire vers le développement. Ainsi, toute action visant le développement de la commune devra s'inspirer obligatoirement de ce plan.

Certes, la plupart des enquêtés n'ont pas compris la question sous cet angle, le lien a été donc fait par rapport à l'influence des actions sur leur vie quotidienne. Voici l'avis de nos enquêté.

Tableau 14 : Tableau présentant l'appréhension des populations sur la pertinence des actions du conseil communal d'Ifangni.

Sur une échelle de trois degré (pertinent - peu pertinent - pas pertinent), quelle appréciation faites-vous de la pertinence des actions du conseil communal pour amener effectivement la commune au développement ?

Nombre

Pourcentage

Pertinent

05

5,74%

Peu Pertinent

28

32,18%

Pas Pertinent

54

62,06%

TOTAL

87

100%

Source : Travaux de terrain, Mai - Juillet 2014

A la préoccupation de citer quelques exemples d'actions pas trop pertinentes de la mairie, les exemples donnés par nos enquêtés sont multiples, les plus récurrentes sont :

I-2-1- L'acquisition par la mairie d'un domaine

En effet, la mairie a acheté à environ 3km de ses bureaux, un domaine de cinq (05) hectares pour, selon les explications fournies par certains conseillers communaux, accueillir les infrastructures sociocommunautaires. Nombreux sont nos interviewés qui ont cité cette réalisation, comme un exemple de gaspillage de ressources. Selon eux, les trente-cinq millions qui ont servi à acquérir cedomaine aurait pu permettre de faire autre chose car, la zone étant en lotissement, il est favorable à la mairie de placer les réserves administratives là où elle le souhaite. Alors que les défenseurs de l'initiative disent que cet achat a permis d'accélérer la viabilisation de la zone qui n'était qu'une grande palmeraie.

I-2-2- L'acquisition d'un Hôtel

Autour de 2010, un premier hôtel a été installé dans la commune par un groupe d'opérateurs économiques qui tablaient sur la proximité avec le Nigéria pour rentabiliser leur investissement. Mais autour de 2012, ayant remarqué que le retour sur investissement ne promettait pas, le groupe décida de brader l'hôtel. La mairie, après une délibération du conseil communal, avec 13 voix pour et 04 contre, décide d'acheter cet hôtel à quatre-vingt-douze millions (92.000.000) FCFA. Cette réalisation est largement citée comme exemple de gaspillage par les enquêtés. Jusqu'au moment où cette recherche allait à son terme, l'hôtel n'avait encore rien rapporté à la mairie et les appels d'offres lancés pour son affermage ont été infructueux. Un enquêté déclare  à ce propos : «  là où le privé a échoué, est-ce c'est le public qui va réussir ? »

I-2-3- Les voyages très peu fructueux

Les enquêtés estiment qu'au cours de la 2èmemandature, beaucoup de voyages ont été effectuée par le Maire et ses conseillers, mais ces déplacements n'ont rien rapporté à la commune. Selon les informations recueillies, pour les multiples voyages du Maire, la seule chose à indexer reste un « fire truck » ramené des Etats Unis qui selon les enquêtés ne sert à rien. L'engin, garé dans la cour de la mairie (voir photo) serait abandonné aux intempéries depuis 2012.

Mais l'exemple qui est cité par un grand nombre des enquêtés est ce voyage en 2010 aux Etats Unis pour lequel il aurait été offert à la commune, un (01) compacteur, une (01) niveleuse et un (01) bulldozer. Pour la réparation et le transport de ces engins, la mairie aurait décaissé vingt-trois millions en dehors du coût du voyage. Mais quatre ans après, soit au moment de ce travail, ces engins ne sont pas encore arrivés dans la commune.

Photo 1 : vue du Fire Truck ramené des Etats Unis

Source : Travaux de terrain, Mai - Juillet 2014

Alors pour les enquêtés qui pensent que les actions du conseil communal sont peu pertinentes ou pas du tout pertinentes, les raisons de cette impertinence ont été recherchées. Pour cela, quatre raisons au choix ont été proposées : le manque de ressources financières ; le manque de ressources humaines qualifiées à la mairie, la politisation des actions de développement et autres raisons.

Voici ce que répondent nos enquêtés :

Tableau 15 : Tableau présentant les raisons de l'impertinence des actions du conseil communal d'Ifangni selon nos enquêtés.

Quelles sont alors les raisons de cette impertinence ; est-ce le manque de ressources financières ; le manque de ressources humaines qualifiées à la mairie ; la politisation des actions de développement ou autres raisons ?

Nombre

Pourcentage

Manque de ressources financières

02

2,43%

Manque de ressources humaines qualifiées à la mairie

13

15,85%

La politisation des actions de développement

63

76,82%

Autres raisons

05

6,09%

TOTAL

82

100%

Source : Travaux de terrain, Mai - Juillet 2014

En commentaire à cette préoccupation, voici ce que répond un agent de la mairie : « la politique est un danger pour la commune, car par la politique, certains conseillers rejettent à tort et à travers les budgets annuels parce qu'ils sont opposants ». Un membre d'Organisation de la Société Civile : « on ne sait pas si la réalisation est bien pensée avant la concrétisation ; pour le cas du pavage de la mairie par exemple, l'idée est mauvaise ». Un conseiller visiblement proche du Maire fait remarquer : « absolument ! Il y a eu beaucoup de réalisations au temps de cette mandature, des écoles construites, des hangars des WC dans les écoles....etc. » ; un autre conseiller probablement du camp des opposants rétorque : « la politisation à outrance a fait échouer de bonnes initiatives car si c'est le camp opposé, on rejette ; les réalisations sont hasardeuses et entrent rarement dans le développement de la commune ; l'achat d'un hôtel qui n'est pas opérationnel, des voyages inutiles à grand sous....etc. » et à un citoyen lambda de conclure : « il n'y a rien que du gâchis des ressources dont disposent la commune ».

Dans un souci de comparaison,pour savoir comment les acteurs retrouvés sur place apprécient la première mandature de l'ère de la décentralisation à la seconde en termes d'actions de développement de la commune. Voici ce qu'ils en pensent :

Tableau 16 : Tableau de comparaison des deux mandatures de l'ère de la décentralisation dans la commune d'Ifangni

Si vous devez comparer cette 2ème mandature finissant à la 1ère en terme de l'avancée de la commune que choisirez-vous entre : Bon - Pareil - Moins bon

Nombre

Pourcentage

Bon

69

79,31%

Pareil

1

1,14%

Moins bon

17

19,54%

TOTAL

87

100%

Source : Travaux de terrain, Mai - Juillet 2014

Comme pour nuancer cet écart entre les deux mandatures, un agent de la mairie ajoute : « ..... Mais la plupart des réalisations de cette mandature sont faites sur fonds FADEC alors qu'à la première mandature, il n'existait pas le FADEC ».

Un autre enquêté parmi les populations lambda signale que : « .... Mais le plus grand problème de ce mandat en cours, c'est la politisation à outrance ; même les familles sont cassées à cause de la politique ; tout est vu et analysé sous l'angle de politique ».

A la question « pouvez-vous citer quelques exemples de décisions ou d'actions relevant de la politisation? », beaucoup de faits et actes ont été cités. Après compilation, nous vous proposons ceux ci-dessous :

I-2-4- Choix de l'emplacement pour la construction des nouveaux bureaux à la mairie.

A la prise de service du nouveau Maire (celui de la 2ème mandature), il a hérité d'un bâtiment en très mauvais état abritant les bureaux de la mairie. La nécessité de construire de nouveaux bureaux pour la mairie était donc pressante. Mais il faut noter que ce même besoin avait déjà été identifié par le premier Maire (celui de la 1ère mandature). Il avait même déjà entamé un chantier qui se trouvait au premier niveau de chainage.

Photo 2 : vue du chantier entamé par le premier Maire

Source : Travaux de terrain, Mai - Juillet 2014

La volonté du nouveau Maire de doter la mairie de nouveaux bureaux a connu déjà un début de satisfaction dira-t-on. Mais contre toute attente il aurait décidé d'aller commencer juste à côté de cette fondation, une nouvelle. Raison avancée, le nouveau Maire ne voudrait pas que cette réalisation soit vue comme l'achèvement d'un travail commencé par son prédécesseur.

Au bout de quelques mois, voici ci-dessous la vue des nouveaux bureaux de la mairie situés juste à environ cinq (05) mètres de la première fondation.

Photo3 : vue du bâtiment abritant les nouveaux bureaux de la mairie.

Source : Travaux de terrain, Mai - Juillet 2014

I-2-5- Politisation dans la mobilisation des ressources de la mairie.

La commune d'Ifangni est frontalière à la République Fédérale du Nigeria sur plusieurs kilomètres (voir carte d'Ifangni). Cette situation géographique, à la vue du taux d'échange entre le Bénin et le Nigeria, représente une grande opportunité pour la commune. En raison de cette position, Ifangni fait partie des quelques communes autorisées à percevoir la taxe de stationnement. Ainsi, les nombreux échanges entre le Bénin et le Nigeria (à l'entrée comme à la sortie), à travers Ifangni devraient être des sources de revenue considérable pour la commune. Par exemple, en dehors d'autres produits, plus de 74% des véhicules d'occasion en transit vers le Nigéria emprunteraient la commune d'Ifangni. Tous les acteurs sociaux à Ifangni s'accordent sur le fait que la commune regorge de grandes potentialités pour son développement notamment du fait de sa position géographique par rapport au Nigéria. Mais dans la pratique, le constat est tout autre.

1-2-5-1- L'irruption de forces non officielles dans le recouvrement des recettes.

En dehors des entrées et sorties officielles sur le Nigéria à partie d'Ifangni, il existe aussi beaucoup de pores qui permettent d'échanger à travers Ifangni. Sachant que le principe de la libre circulation des personnes et des biens restent une utopie, chaque passage est gardé par soient des structures formelles comme la Douane, la Gendarmerie, la Police ou les agents collecteurs de la mairie soient par des groupuscules en mission pour eux-mêmes. Ainsi il existe plusieurs groupes de personnes ne jouissant d'aucune légalité qui collectent des fonds qu'ils se partagent au vu et au su de tout le monde sans être inquiétés. Selon les enquêtés, les seules conditions pour accéder à ces faveurs, c'est d'être des personnes influentes dans la commune qui bien évidemment soutiennent les actions du Maire. Les autres ne soutenant pas le Maire sont systématiquement empêchés d'activité ou obligés d'exercer dans le noir. D'ailleurs, de tels groupes comme l'Association pour la Sécurité des Véhicules en Transit (ASSEVET), ayant soutenus le Maire sorti contre l'actuel au cours des élections de 2008, se sont vus interdire d'activité dès les premières heures du nouveau mandat alors les soutiens du nouveau Maire ont tout suite occupé le terrain.

Commentant cette situation, un Chef Service déclare : « la grande partie des ressources devant servir pour développer la commune vont dans les poches des individus au nom du soutien au Maire ».

1-2-5-2- Les services de la mairie comme outil de propagande politique et de remerciement des militants.

L'une des sources fiables des recettes propres pour la mairie est le produit des services qu'elle rend aux populations. En effet, les principales raisons d'existences des mairies restent le pouvoir de servir les populations notamment pour ce qui concerne l'établissement de documents administratifs. Ces services n'étant pas gratuits, conformément à la loi, le conseil communal fixe leur coût : « la création des impôts et taxes est du domaine de la loi. Le conseil communal, par sa délibération, en fixe le taux dans la limite déterminée par la loi » (article 8 loi n°98-007/1999). Mais les faits dans la commune dans ce domaine sont édifiants ; Suivant les déclarations des enquêtés et même des témoignages recueillis sur place, le coût d'un service peut passer du simple à moitié ou même à la gratuité selon le bord politique de l'usager. Et cette pratique concerne essentiellement deux (02) services ; le Service des Affaires Domaniales et le Service de l'Etat Civil.Connus de tous les usagers notamment les soutiens du Maire, lorsqu'ils se présentent à la mairie pour des services, leur première préoccupation, c'est comment faire pour réduire le coût du service ou au meilleur des cas l'obtenir gratuitement. Un agent de la mairie contacté pour se prononcer sur cet état de chose, reconnaît non seulement que c'est une réalité mais surtout, ajoute-t-il, il y a même des agents à la mairie dédiés spécialement pour aider les militants à jouir de cette faveur. Un autre agent enfonce le clou : « lorsqu'un proche du Maire demande la réduction du coût d'un service, et tu résistes ; malheur à toi s'il arrive à contacter le Maire ; il te sera demandé de rendre ce service gratuitement, tu seras désavoué ».

1-2-6- Recrutement, gestion des agents et relation professionnelle à couleur politique.

Le recrutement a pour principale fonction de fournir du personnel pour combler un vide en effectif ou en compétence de sorte à améliorer les performances et donc la productivité de la structure qui recrute.

Suivant les résultats du présent travail, les bases ou les raisons des recrutements à la mairie sont autres. La principale motivation d'un recrutement serait liée à la visibilité et à l'impact politique, aux avantages politiques que pourraient induire ce recrutement. Avec des exemples à l'appui, les échanges ont montré clairement que derrière chaque recruté, existe une histoire, mieux une raison politique qui sous-tend son recrutement. Ainsi, après compilation des données et informations recueillies, nous pouvons dire que deux principales raisons motivent les recrutements à la marie d'Ifangni : le besoin de remercier les parents d'un recruté ou le recruté lui-même et la volonté de ratisser très large. Cet état de chose est plus constaté au cours du second mandat comparativement au premier. Cette envie de satisfaire des besoins inavoués a fait que les contraintes relatives à un recrutement en termes de procédure ne sont pas respectées. A travers cette réponse d'un agent de la mairie très proche du processus de recrutement, « le recrutement suit la procédure normale. Car depuis l'année 2012, il y a des reformes allant dans ce sens », il reconnait que ce n'est qu'en 2012, que la mairie a commencé par respecter les procédures en matière de recrutement. Et même là aussi, reste à vérifier si les choses ont vraiment changé à partir de 2012 ; un Chef d'Arrondissement (du camp opposé au Maire) nous a confié que pour un recrutement en 2013, les noms des trois (03) candidats qui devraient être retenus étaient connus d'avance et qu'à la fin, c'est les trois noms qu'il a cités qui ont été effectivement recrutés.

En conséquence, la gestion des agents à la mairie serait intimement liée à leur profil politique. Les charges et responsabilités des agents au sein de l'administration communale dépendraient de non seulement leur importance politique mais surtout du degré de leur engagement sur le terrain. Sur cette base, et en nous référant aux informations recueillies sur le terrain, il n'est pas rare que comme le dit l'adage, les attributions d'un maçon soient confiées à un menuisier et vice versa. Nous avons pu reconstituer le redéploiement le plus

majeur effectué en 2012 au sein de l'administration communale.

En voici le résultat :

Tableau 17 : Tableau présentant la logique d'un déploiement des agents à la mairie d'Ifangni

SERVICE

CHEF SERVICE ENTRANT

CHEF SERVICE SORTANT

Profil

Poste précédemment occupé

Tendance politique

Profil

Nouveau Poste à occuper

Tendance politique

Service des Affaires Générales

BTS en gestion des ressources humaines

Nouvellement recruté

Proche du Maire

CAP/

Aide Comptable

Chef Division des Affaires Sociales

Proche des opposants au Maire

Secrétariat Administratif

Certificat d'Etudes Primaire

Sans responsabilité (12 ans de service)

Proche du Maire

CAP/

Employé de Bureau

Chef Service des Archives, de la Documentation, de l'Information et de la Communication

Proche du Maire

Service des Affaires Financières et Economiques

CAP / Aide Comptable

Service des Affaires Financières et Economiques

Proche du Maire

Idem

Idem

Idem

Service Technique

BTS en Génie Civil

Nouvellement recruté

Proche du Maire

License en Génie Civil

Secrétaire d'Arrondissement

Proche des opposants au Maire

Service de la Planification et du Développement Local

Maîtrise en Science Juridique

Nouvellement recruté

Proche du Maire

BAC D

Secrétaire d'Arrondissement

Proche des opposants au Maire

Service des Affaires Sociales, Culturelles et Sportives

DUEL 2 en Sociologie

Nouvellement recruté

Proche du Maire

Certificat d'Etudes Primaires

Chargé de Mission du Maire

Centriste

Service de l'Etat Civil et de la Population

BEPC

Nouvellement recruté

Proche du Maire

Certificat d'Etudes Primaires

Chef Division des Affaires Domaniales

Proche du Maire

Service de Radio et de Transmission

BEPC

Service de Radio et de Transmission

Indépendant

Idem

Idem

Idem

Service des Affaires Domaniales

Licence en comptabilité

Nouvellement recruté

Proche du Maire

Maîtrise en Aménagement du Territoire

Chargé de Plan Foncier Rural

Proche des opposants au Maire

Service des Archives, de la Documentation de l'Information et de la Communication

CAP/

Employé de Bureau

Secrétariat Administratif

Proche du Maire

BEPC

Collaborateur

Centriste

Parlant des relations professionnelles, bien évidemment quand les agents sont recrutés et gérés tels que c'est constaté, les relations de travail entre lesdits agents poseront problème. Et c'est justement ce que révèlent les informations recueillies sur place. Les agents forment deux camps plus ou moins opposés notamment sur le plan de collaboration professionnelle ; le groupe des agents proches du Maire et celui des agents proches des opposants. A l'intérieur de chaque camp, le courant passe bien mais entre les deux camps c'est de la méfiance (relation horizontale à rude épreuve). Pour ce qui concerne la relation verticale (employeur-employé), entre l'autorité communale et le camp des proches du Maire c'est la lune de miel, entre l'autorité et le second camp, la collaboration n'est pas normale. En effet, dès les premiers mois de la deuxième mandature, un syndicat a été créé pour réunir essentiellement les agents proches du Maire, le seul syndicat existant étant taxé d'être trop proche du Maire sorti. Ainsi, deux syndicats se partagent les agents de la mairie ; l'un réuni les proches du Maire et l'autre les proches des opposants au Maire. Un agent se prononçant sur cette situation, déclare : « à la mairie, seuls les agents proches du Maire ont droit de cité, nous autres, sommes persécutés et poursuivis jusqu'à nos derniers retranchements ; dépouillés de toute attribution, nous allons seulement humer l'air à la mairie. » Un autre agent, comme pour défendre le chef, nous demande : « comment voulez-vous que le Maire fasse confiance à des agents qui sont contre lui ? Ils vont saboter ses actions ; le Maire est avant tout une autorité politique avant d'être administrative ». Un conseiller communal se prononçant sur la même situation trouve que : « à la mairie, le seul critère d'appréciation d'un agent est son rapprochement ou non au chef ; ni sa compétence, ni sa disponibilité ne compte; les bons sont les bénis oui oui du chef ».

Dans la démarche de vouloir comparer l'ampleur de cette politisation de la gestion des ressources humaines entre les deux mandatures, la déclaration de l'un des doyens (24 ans de service) a retenu notre attention : 

« c'est vrai que c'est difficile pour un chef de travailler avec des collaborateurs qui ne partagent pas sa vision politique et ne le soutiennent pas politiquement ; mais à la première mandature, la tension n'était pas aussi forte comme maintenant ; tout le monde ne pourra quand même pas regarder dans la même direction ».

Par ailleurs, nous voudrions signaler qu'au moment de ce travail, une procédure de licenciement était en cours contre un des agents de la mairie.

1-2-7- Des agents de la mairie au service de la politique en défaveur du développement

A la lueur de tous ces constats posés plus haut, il est normal de se demander si les agents de la mairie pourraient être productifs, efficaces. Et cette question a été posée à certains des enquêtés :

Tableau 18 : Tableau présentant l'appréciation de l'efficacité des agents de la mairie d'Ifangni

Si vous devez apprécier l'efficacité des agents de la mairie sur une échelle de quatre : très efficaces - moyennement efficaces - peu efficaces - pas efficaces, que choisirez-vous

Nombre

Pourcentage

très efficaces

00

00%

moyennement efficaces

3

3,84%

peu efficaces

19

24,35%

pas efficaces

56

71,80%

TOTAL

78

100%

Pour cette préoccupation, il a été prévu le cas échéant, de chercher à avoir les raisons de l'inefficacité des agents.

Voici les résultats obtenus :

Tableau 19: Tableau présentant les raisons de l'inefficacité des agents de la mairie d'Ifangni

Quel peut être selon vous, les raisons de cette inefficacité : manque de compétence - manque de motivation - politisation des rôles- autres, que choisirez-vous

Nombre

Pourcentage

manque de compétence

09

12%

manque de motivation

06

08%

politisation des rôles

58

77,33%

Autres

02

02,67%

TOTAL

75

100%

Des deux agents de la mairie qui se sont prononcés sur cette appréciation de nos enquêtés, l'un a déclaré : «  Le seul critère pour être un bon agent ici, c'est d'être proche du boss et d'être présent sur le terrain pour la mobilisation des électeurs ; tout agent qui n'est pas dans cette logique, est dépouillé de ses attributions et ne participent à rien à la mairie ; ceux qui sont acquis à cette cause passe tout leur temps même les weekends à défendre des causes politiques et oublient le travail pour lequel ils sont recrutés mais restent les meilleurs pour le chef ».

1-2-8- Les Organisations de la Société Civile  en manque de crédibilité.

Le rôle des organisations de la Société civile dans la gestion des affaires publiques est toujours salvateur car censé être épris de l'esprit d'équité et surtout de prise de position objective. Comme partout ailleurs, elles sont également présentes à Ifangni et participent comme elles peuvent à l'amélioration des conditions de vie des populations. Dans le contexte d'Ifangni, leur crédibilité a été une préoccupation dans le cadre de cette recherche, c'est pourquoi les enquêtés en mesure d'apprécier leurs actions de même que l'attitude de ceux qui les animentont été invités à se prononcer sur leur rôle dans la commune.

Voici les résultats obtenus :

Tableau 20 : Tableau présentant l'appréciation des Organisations de la Société Civile dans la commune d'Ifangni.

Si vous devez apprécier la crédibilité des acteurs des Organisations de la Société Civile à Ifangni sur une échelle de trois : crédible - peu crédible - pas crédible -que choisirez-vous ?

Nombre

Pourcentage

Crédible

00

00%

peu crédible

06

16,21%

pas crédible

31

83,78%

TOTAL

37

100%

De ces données, il ressort que la crédibilité des acteurs de la société civile, dans la commune d'Ifangni pose problème, les raisons de ce manque de confiance ont été recherchées.

Les réponses de nos enquêtés sont les suivantes :

Tableau 21 : Tableau présentant les raisons de manque de confiance aux acteurs de la société civile dans la commune d'Ifangni.

Raisons évoquées par les enquêtés

Nombre

Pourcentage

Manque de visibilité

01

2,70%

Politique

36

97,30%

TOTAL

37

100%

Ces résultats,de toute évidence, laissent croire que les acteurs des Organisations de la Société Civile dans la commune d'Ifangni sont impliqués dans la politique politicienne. Pour donc en avoir une idée nette, il a été demandé de fournir des exemples concrets.

Voici les exemples cités :

1-2-8-1- Cas du cadre de concertation de la société civile

Comme dans plusieurs autres communes, les Organisations de la Société Civile sont réunies dans un cadre dénommé Cadre de Concertation des Organisations de la Société Civile. C'est l'instance de représentation des OSC au niveau communal. Le Président de ce cadre qui bien entendu est aussi responsable d'une ONG, aurait été la cheville ouvrière de la victoire du Maire de la 2ème mandature. Le siège de son ONG aurait été le Quartier Général de la campagne pour l'élection du Maire. Au moment de cetterecherche, les informations font état de ce que le torchon brûlerait entre le Maire et lui depuis 2010 ce qui a fait que depuis les élections présidentielles de 2011, il est le représentant communal de l'Alliance pour le Bénin du Futur (ABT) à Ifangni.

1-2-8-2- Cas du Mécanisme Africain de l'Evaluation par les Pairs (MAEP)

Le Mécanisme Africain de l'Evaluation par les Pairs (MAEP), est un dispositif de contrôle citoyen essentiellement composé des acteurs de la société civile pour aider les acteurs en charge de la gestion publique à évaluer les résultats de leurs actions en vue de déceler les points faibles et de les corriger. A ce titre, le MAEP a mis en place dans chaque commune, une cellule communale pour faire le travail à l'échelle locale. Le Président de la cellule d'Ifangni est l'un des leaders du Parti du Renouveau Démocratique (PRD).

1-2-8-3- Cas de la Cellule de Participation Citoyenne (CPC)

L'ONG ALCRER et Social Watch mettent en oeuvre dans quarante-neuf (49) communes du Bénin dont Ifangni, le Programme de Participation Citoyenne dénommé PaRTICIP. L'objectif principal est de contribuer au suivi des actions de développement au niveau des communes et d'amener les populations à s'intéresser d'avantage à la gestion de leur commune. Pour atteindre cet objectif, des cellules communales appelées Cellule de Participation Citoyenne (CPC) sont installées au niveau de chacune des communes et doivent être constituées uniquement des ONG et Associations de développement. Le Président de la CPC d'Ifangni qui est bien entendu un responsable d'ONG se trouve être un candidat malheureux aux élections communales de 2008 sur une liste de parti politique contre le Maire en exercice.

Ainsi, suivant les informations recueillies sur le terrain, les principaux acteurs de la Société civile dans la commune se trouvent être également de grands politiciens ; on y trouve des responsables de parti politique, des candidats malheureux aux élections communales, des agents de la mairie avec des couleurs politiques affichées et même des Chefs d'Arrondissement.

1-2-9- Les services déconcentrés relativement épargnés

Les services déconcentrés de l'Etat font partie des acteurs incontournables dans le processus de développement au niveau des communes. A ce titre, ils influencent de façon très substantielle ce processus.

Dans notre curiosité de voir si de leur côté également existe de prise de position politique, il faut retenir qu'essentiellement, il y en a pas en dehors de quelques faits difficilement vérifiables évoqués par certains de nos enquêtés.

Par exemple, on avance que le Commandant de brigade de Gendarmerie, sur demande de certains opposants au Maire, effectue des patrouilles diurnes et nocturnes dans le fief du Maire afin de mettre à mal son autorité. En effet, au cours de ces contrôles, c'est souvent des proches (les électeurs) du Maire qui sont appréhendés. Et les appels à l'intervention du Maire pour leur libération n'a pas toujours un écho favorable au niveau de la brigade de gendarmerie ; cette manoeuvre viserait à montrer aux électeurs du Maire, qu'il n'est pas aussi fort qu'ils le pensent.

De même, du côté de la Recette Perception, il n'est pas rare de voir le Receveur Percepteur outrepasser ses attributions du fait de ses accointances avec un quelconque camp politique.

Mais tous ces faits selon l'avis des interviewés, restent mineurs et difficilement vérifiables.

CHAPITRE3 : ANALYSE DES DONNEES

Eu égard aux résultats du terrain présenté ci-dessus, en nous référant à la revue de littérature, à nos connaissances personnelles et aux différentes observations faites sur le terrain, cette partie sera essentiellement consacrée à la confrontation des réalités vécues et des informations recueillies avec les hypothèses de départ en vue de les corroborer ou de les infirmer.

A cet effet, il sera plus pratique de rappeler lesdites hypothèses :

1- La commune d'Ifangni regorge d'acteurs diversement impliqués dans son processus de développement ;

2- La conduite du jeu politique par les acteurs n'est pas de nature à favoriser des actions de développement local efficaces et efficientes ;

3- Les différents groupes d'acteurs contribuent aux actions de développement en intégrant dans le processus leurs intérêts partisans.

Pour les analyses, nous adopterons le modèle structuro-fonctionnaliste de Talcott PARSONS qui n'est en réalité que la combinaison du structuralisme de Claude LEVI-STRAUSSet du fonctionnalisme de Bronislaw MALINOWSKI.

Ainsi, dans un postulat structuro-fonctionnaliste, la commune d'Ifangni peut être considérée comme un système composé de plusieurs éléments (les acteurs de développement) en interaction dynamique dans lequel chacun des éléments joue un ou des rôle(s) spécifique(s) [fonction] qui lui permet non seulement de compter pour le système mais surtout d'influencer le système. Ainsi, comme le stipule Pamphile SEBAHARA (2000), « Les processus de décentralisation et de développement à l'échelon communal mobilisent une série

d'acteurs qui interviennent à des degrés divers et selon des logiques et des stratégies propres » ; la commune est animée par différents acteurs chacun avec ses objectifs et stratégies. Pour ce qui concerne la gestion proprement dite de la commune, les acteurs du premier plan sont le Maire et le conseil communal. Elus par les populations, ces derniers ont l'obligation de définir et mettre en oeuvre, les stratégies nécessaires pour l'amélioration des conditions de vie de leurs mandants. Pour la cause, un (01) Maire, deux (02) adjoints au Maire, six (06) Chefs d'Arrondissement sont responsabilisés par leurs pairs conseillers pour mener à bien cette mission dans la commune d'Ifangni. Sachant que la loi ne leur exige aucun « bagage technique » pour accéder à leur fonction ;compte tenu de la complexité de leur mission, ils sont assistés par des agents qui représentent le bras technique du Maire. Et parlant des agents de la mairie, les informations font état de ce qu'au cours de la deuxième mandature leur effectif a connu de changement en quantité et en qualité. En quantité, l'effectif des agents de la mairie a plus que triplé (un taux d'accroissement de 330,76%) et en qualité, de zéro (0) cadre de catégorie A, on est passé à cinq (05) et d'un seul de catégorie B, on est passé à neuf (09) [voir tableau 4].

De même d'autres acteurs devant accompagner les élus locaux dans leur mission, sont également présents. Le gouvernement à travers quatorze (14) services déconcentrés [voir tableau 5], la société civile représentée par onze (11) Organisations Non Gouvernementales locales [voir tableau 6] et huit (08) Partenaires Techniques Financiers [voir tableau 7].

A la vue donc des résultats ci-dessus, nous pouvons dire que la première hypothèse intitulée : La commune d'Ifangni regorge des principaux acteurs indispensables pour son processus de développement est corroborée ; les élus pour définir et mettre en oeuvre la politique de développement, les agents de la mairie pour les accompagner techniquement, les services déconcentrés pour l'appui conseil, les Organisations de la Société Civile pour la veille citoyenne et les Partenaires Techniques et Financiers pour l'appui institutionnel, organisationnel et autres.

Mais ces différents acteurs jouent-ils effectivement leur(s) rôle(s) ?

En effet, dans un système comportant plusieurs éléments interdépendants, le dysfonctionnement au niveau d'un seul élément peut de manière irrévocable affecter les résultats de tout le système. Dans le cas d'espèce, le système considéré est la commune d'Ifangni et le principal élément du système reste le conseil communal avec à sa tête le Maire. Le bon fonctionnement du système est alors fortement dépendant de la bonne marche des rapports au niveau du conseil communal. Cette bonne marche à son tour est intimement liée à certains facteurs tels la disponibilité des acteurs, leur aptitude et attitude, la pertinence dans la prise de décision, l'objectivité....etc. Mais les résultats de terrain laissent un peu perplexe lorsque 81,03% des enquêtés pensent que les élus communaux ne sont pas disponibles (tableau 9) pour servir la cause de l'amélioration de leur condition de vie. Seulement 47,05% des conseillers vivent en permanence dans la commune (tableau 10). Le Maire, depuis le début de son mandat jusqu'à la période du déroulement de cette recherche, n'aurait passé que deux nuits dans la commune. Ces informations laissent croire que la gestion de la commune, la participation à l'émergence de nouvelles pratiques devant conduire au développement est une priorité de second rang et ne les occupent pas en plein temps. Alors que le poste de conseiller communal, de par ses attributions, ne devrait pas être juste une fonction de représentativité limitée seulement au vote au cours des sessions de conseil communal. On se demande comment un conseiller qui ne vit pas dans une commune pourrait apprécier de manière conséquente les tenants et aboutissants des positions qu'il adopte en session. Un rapport du Programme des Nations Unies pour le Développement, (PNUD : 2001) estime que: « la principale contrainte du développement est La mauvaise compréhension de lapolitique de décentralisation par une frange importante des acteurs, notammentles exécutifs locaux ». Alors Que peut-on attendre d'un élu qui nesait pas pourquoi il est élu ?

En dehors de la disponibilité, il existe un autre facteur pas le moindre, celui de l'inefficacité des actions pensées et menées dans la commune d'Ifangni ce qui pose le problème du niveau intellectuel des conseillers. Certes, nous n'avons pas pu avoir les détails des diplômes académiques de chacun des conseillers, mais à travers leur profession (tableau 12), nous entrevoyons ce qui peut être leur bagage intellectuel. On apprend même que pour la première mandature, il y avait de conseiller qui ne savait ni lire ni écrire. S'il est convenu que dans tout système démocratique, le peuple choisi librement son dirigeant, il n'en demeure pas moins que tout dirigeant a une mission pas la moindre, pour laquelle certaines aptitudes et attitudes sont nécessaires. On est tenté ici de dire que le choix démocratique ne permet pas toujours au peuple de faire le bon choix. C'est également ce sur quoi Pamphile SEBAHARA (2000) veut tirer notre attention, lorsqu'il déclare : «  Certes, on peut, sur le terrain de la démocratie pure défendre l'idée du choix libre des citoyensélecteurs. Mais le souci d'efficacité et de performance, indissociable de la bonnegouvernance, commande l'encadrement et la rationalisation de cette démocratiedans l'intérêt de ces mêmes citoyens. La démocratie doit s'adapter au réel et lecontexte de sous-développement appelle l'utilisationd'expertises avérées capables de relancer la mobilisation des populations pour undéveloppement local résolument tourné vers le progrès palpable ». Il ajoute : « Le sens de la mission de l'élu n'est pas toujours bien compris. Or, c'est l'interprétationpar l'élu du sens et de la portée de sa mission qui fonde son état d'esprittout au long de son mandat. Qu'est-ce qui motive le candidat à l'élection locale ?A quoi cherche-t-il à accéder ? Qu'est-ce qui expliquent les batailles électorales localessouvent farouches et impitoyables, occasionnant parfois des coups et blessureset déchirant des familles ? Le développement local est une oeuvre citoyenne. C'est cette promptitude à servir la communauté qui maintient la mobilisation intacte même lorsque les moyens d'action font défaut. Malheureusement, on observe dans ce domaine une absence de synergie des élus et le manque d'esprit d'initiative ».

Ainsi, on constate que la qualité de l'homme, les valeurs intrinsèques de l'élu, sa capacité à impacter positivement la condition de vie de ses électeurs comptent pour très peu dans le choix même des candidats ; il faut choisir l'homme qui peut faire gagner.

En face de ce tableau, on serait tenté de se demander qui va alors assurer pour les communes et Ifangni en particulier la route vers le développement. Les agents de la mairie qui font office de techniciens du développement local devront être les premiers acteurs pour travailler à sauver les meubles. Mais le processus de recrutement de ces agents et l'ambiance socioprofessionnelle autour d'eux ne sont pas de natureà leur permettre d'impacter positivement le développement de la commune. Un agent de la mairie reconnait que ce n'est seulement qu'en 2012 que la mairie a commencé par se conformer en matière de recrutement d'agents ; cet aveu est très évocateur ; même si après 2012, certains acteurs soutiennent que le clientélisme et le trafic d'influence ont continué à régner. En plus de ce que l'effectif des agents à la mairie a plus que triplé au cours du second mandat (tableau 4), et que le besoin d'agents s'est brusquement accru en 2013, avec une quinzaine d'agents recrutés spécialement cette année (le mandat des Maires s'achevaient en 2013 n'eut été le prolongement voté par les députés), la productivité de ces agents est largement en deçà des attentes des populations. Certes, on a pu avoir les chiffres par rapport à l'évolution du budget au niveau du service des Affaires financières, mais tous lesenquêtés s'accordent et sont unanimes sur le fait que le budget de la mairie n'accroît pas et aurait même connu une baisse pour l'exercice 2014.

Ce résultat pourrait être également dûau principal redéploiement effectué à la mairie (tableau 16). Sur dix (10) chefs de service, six (06) sont de nouveaux recrus sans expérience. En effet, lorsqu'un titulaire de licence est défait du poste de chef de service et nommé secrétaire d'arrondissement, un nouveau recru titulaire d'un Brevet de Technicien Supérieur (BTS) sans expérience professionnelle remplace un titulaire de Licence avec 5 ans d'expérience au poste ; qu'un nouveau recru, titulaire de Licence en Comptabilité remplace un titulaire de Maîtrise (7 ans d'expérience) en aménagement du territoire, on pourrait penser que ce n'est pas forcément la compétence, le savoir-faire qui est recherché au niveau des agents. Donc il n'y a aucune surprise, quand 71,08% de nos enquêtés (tableau 17) déclarent que les agents de la mairie ne sont pas efficaces et que 77,33% (tableau 18) trouvent que c'est la politique qui est la principale raison de cette inefficacité.

Dans l'Etude de la commune de Réo au Burkina, Mahamadou DIAWARA (2000)aboutità cette conclusion pour laquelle Ifangni ne fait non plus exception :

« à Réo, on peut diagnostiquer une situation de surpolitisation dominée par l'usage systématique par les politiciens des institutions, des ressources matérielles et symboliques locales pour alimenter leurs stratégies d'accession et de maintien au pouvoir..... Les institutions elles-mêmes atteignent rarement un degré raisonnable de fonctionnalité car leurs gestionnaires sont choisis en fonction de critères d'allégeance et non pas sur leur capacité techniques ».

A partir de cette conclusion on peut dire sans tomber dans aucun piège de jugement que les constats de Mahamadou DIAWARA sont ici valables.Les politiciens sont donc prêts à utiliser les ressources matérielles et symboliques locales pour alimenter leurs stratégies et les institutions (les services et le conseil) n'atteignent jamais un niveau raisonnable de fonctionnalité car leurs gestionnaires (les agents de mairie et les élus) sont choisis non pas sur leur capacité technique mais sur des critères d'allégeance, leur position partisane.

Dans cette situation, les gardiens de temple devraient être à priori les acteurs de la société civile qui sont supposés être impartiaux. Mais dans la commune d'Ifangni, la société civile, par ironie, est qualifiée de société civilo-politique. 83,78% des enquêtés (tableau 19) trouvent que les acteurs de la société civile ne sont pas crédibles et 97,30% de ceux-ci pensent que c'est à cause de la politique. Et pour illustrer cette position, bon nombre d'enquêtés citent le cas du Président du cadre de concertation de la société civile qui est le représentant communal de l'Alliance pour un Bénin Triomphant (ABT), la cellule communale du Mécanisme Africain d'Evaluation par les Pairs (MAEP) dont le Président est un baron du Parti du Renouveau Démocratique (PRD) et celui du responsable de la Cellule de Participation Citoyenne qui lui a été au cours des élections de 2008, candidat sur une liste concurrente à celle du Maire (le MADEP).

Ainsi, notre deuxième hypothèse concernant la qualité des acteurs est aussi confirmée car, on voit clairement que dans un système dans lequel les acteurs n'arrivent pas à respecter les contraintes liées à leur rôle, l'atteinte des objectifs pourrait être hypothéquée et le fonctionnement du système mis à rude épreuve.

La troisième hypothèse qui aborde la prise en compte de manière prioritaire par les acteurs de leurs intérêts personnelsdans la gestion des affaires de la commune,est confirmée à travers les faits mis en exergue. En effet, tous les dysfonctionnements mis en cause à divers niveau de la gestion de la commune n'existeraient si ce n'est pour satisfaire des intérêts inavoués.

Ainsi donc, les informations recueillies font état de ce que les élus ne se préoccupent prioritairement que de comment faire pour conserver ou conquérir le pouvoir; Mahamadou DIAWARA (2009) : « les autorités locales, même si elles s'en défendent, sont paralysées par les contestations auxquelles elles doivent constamment faire face. Habitées par la hantise des coups que peuvent leur porter à tout moment leurs adversaires, elles semblent plus occupées à surveiller ces derniers et à déjouer d'éventuelles manoeuvres qu'à agir dans l'intérêt général » ; les agents de la mairie ne jurent que par leur appartenance à tel ou tel autre parti et les acteurs de la société civile par leur incapacité à faire l'effort d'impartialité indispensable pour bien jouer leur rôle de sentinelles du temple.

CONCLUSION

Au terme de cette recherche dont l'objectif est de mettre en exergue les effets induits des jeux politiques sur le développement local dans la commune d'Ifangni, il se révèle que la complexité et l'impact des faits mis en exergue sont des phénomènes sociaux à dimensions variables.

L'approche structuraliste de l'«objet » d'étude a permis de faire un point exhaustif des principaux acteurs présents dans le développement local de la commune d'Ifangni de même que leur domaine d'intervention. Ainsi, avions-nous distingué essentiellement six types d'acteurs à savoir : les élus, les agents des collectivités locales, le gouvernement, les Organisations de la Société Civile, les Partenaires Techniques et Financiers et l'ensemble de la population avec ses différentes couches sociales.

Les relations entre ces différents acteurs obéissent à un dynamisme qui les rendent systémiques de manière que les prises de position, les faits et gestes de l'un quelconque des acteurs produisent des répercutions sur les autres acteurs et sur le développement de la commune. Ainsi, aucun de ces acteurs n'évolue de manière isolée.

Par ailleurs, l'approche fonctionnaliste a amené à rechercher le rôle de chacun des acteurs dans le système de même que la façon dont ce rôle est joué. Les résultats obtenus ont permis de se rendre compte qu'en plus de leur fonction de définition et de mise en oeuvre des politiques de développement dans la commune, les élus à travers le Maire, sont les coordonnateurs de toutes les actions de développement dans la commune. Les agents des collectivités les accompagnent dans la mise en oeuvre desdites politiques ; le gouvernement appuie et assure certaines fonctions pour lesquelles la mairie n'a pas compétence ou n'a pas les moyens d'assurer ; les Organisations de la Société Civile veillent au grain et attirent l'attention des autorités sur d'éventuels dérapages ; les Partenaires Techniques et Financiers à travers les programmes et projets concourent de manière ponctuelle à l'amélioration de vie des populations qui elles, contribuent et bénéficient des fruits des efforts de tous les autres acteurs. D'ailleurs, c'est au nom des populations que tous les autres acteurs jouent leur rôle.

Mais les résultats obtenus montrent que la plupart des acteurs assuremal leur fonction. En effet, les politiciens dans leur lutte pour la conservation oula conquête du pouvoir ont réussi à embarquerla plupart les autres acteurs qui, sous un effet d'entrainement, ont arrimé toutes leurs stratégies à cette cause. Ainsi, en dehors des services déconcentrés et des Partenaires Techniques et Financiers qui sont relativement épargnés, tous les autres acteurs se sont rangés dans l'un des deux camps : le camp de ceux qui veulent conserver le pouvoir et celui de ceux qui souhaitent le conquérir. Il est donc observé dans cette commune une bipolarisation de la gestion de la commune avec deux camps qui n'agissent que pour l'atteinte de l'objectif de conserver ou de conquérir le pouvoir.

Le développement local, dans les conditions observées sur le terrain, est relégué au second rang au détriment des jeux et calculs concourant à la satisfaction des besoins personnels des acteurs.

En somme, dans la commune d'Ifangni les considérations politiques relatives à la conquête ou à la conservation du pouvoir ont pris le pas sur l'engagement des acteurs pour un développement réel et inclusif de la commune.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

1- ALLISOUTIN Rosnet Ludovic, 2008, Les défis du développement local au Sénégal, Saint Paul, Dakar, 153 pages.

2- BAKARY Tessy, 2004, Citoyenneté et gouvernance dans les démocraties émergentes de l'Afrique Sub-Saharienne, IDRC, Gouvernance, 18 pages.

3- BIERSCHENK Thomas et OLIVIER DE SARDAN Jean Pierre, 1998, Les pouvoirs au village : le Bénin rural entre démocratisation et décentralisation, Paris, Karthala, 296 pages

4- BOURDIEU Pierre, 1976,  Les modes de domination, n° 8-9, 178 pages

5- DIAO Samba, 2000, Décentralisation et développement local. Participation populaire au développement local : cas de conseil communal de Saint-Louis,  mémoire de maîtrise, université Gaston Berger de Saint Louis ; Sénégal, 2003-2004. 149 pages.

6- DIAWARA Mahamadou, 2009   Dynamiques locales et gouvernance politique dans la commune de Réo, Etude Récit n°27, Ouagadougou, Laboratoire Citoyenneté, 33pages.

7- Direction Départementale de la Prospective et du Développement de l'Ouémé et du Plateau, 2012,  Répertoire des partenaires au développement des départements de l'Ouémé et du Plateau, Deuxième édition

8- GRAWITZ Madeleine, 2004, Lexique des Sciences Sociales, DALLOZ, 8ème Edition, 421pages.

9- Guy Constant EHOUMI, 2011, la presse du jour, No403 du 11 Juillet 2011.

10- JACOB Jean-Pierre et alii, 2009,  L'action publique dans la commune de Réo, surpolitisation et sur-personnalisation des institutions locales, Etude Récit n°26, Ouagadougou, Laboratoire Citoyenneté, 51pages

11- KOULOUDJI Daniel, 2008, La problématique de la gouvernance locale dans la région de l'est-Cameroun: une analyse de la perception du maire par les populations de la ville de Bertoua, Mémoire de Master, Université ISSM de Yaoundé, 2007-2008,153 pages.

12- Mairie d'Ifangni, 2011, Plan de Développement Communal 2011-2015.

13- OLIVIER DE SARDAN Jean Pierre, 2007 Pouvoirs locaux, gouvernance et décentralisation en Afrique, communication retranscrite aux journées Tam Dao 2007.

14- OSMONT Anick, 2002, Les villes, la gouvernance, la démocratie locale, UNESCO, 26 pages.

15- SEBAHARA Pamphile, 2009, Acteurs et enjeux de la décentralisation et du développement local : Expériences d'une commune du Burkina Faso, 27 pages

ANNEXES

Grille d'observation

Rubriques d'observation

1

Observer qui ?

Les élus communaux et locaux de la commune

d'Ifangni

Les agents de la mairie

D'autres acteurs d'ONG, d'associations de

développement et autres groupes organisés

Les responsables des services déconcentrés

de la commune...etc.

2

Observer quoi ?

Leur processus de prise de décisions

Leurs discours

Les motivations de leurs actions

La perception des actions des autorités locales

3

Observer où ?

Dans la commune d'Ifangni

4

Observer quand ?

Durant les travaux de terrain pour la rédaction de mon mémoire de maîtrise

5

Observer pourquoi ?

Pour identifier les facteurs et les conséquences

de la surpolitisation sur le développement de la

commune d'Ifangni

6

Observer comment ?

De manière directe et participante

7

Observer pour qui ?

Pour le Département Socio-Anthropologie de la

FLASH de l'Université d'Abomey Calavi

8

Observer par qui ?

Par moi ; étudiant en année de maîtrise en

socio-anthropologie

9

Observer pour

quel(s) résultat(s)

Comprendre les facteurs et énumérer

quelques conséquences de la surpolitisation

sur le développement de la commune d'Ifangni

GUIDE D'ENTRETIEN

IDENTIFICATION(facultatif)

Nom et prénoms :.................................................................

Age :..........................

Sexe : Masculin Féminin

Qualité :...........................

QUESTIONS

A. Fonctionnement du conseil communal

1- Comment appréciez-vous l'ambiance de travail au sein du conseil communal ?

2- Pensez-vous que les débats au cours des sessions de conseil communal mettent plus d'accent sur le développement de la commune ?

3- Par quels processus les décisions sont prises au sein du conseil communal?

4- Avez-vous connaissance de conflits d'intérêts au sein du conseil communal ?

5- Pensez-vous que les décisions du conseil sont respectées par l'organe exécutif c'est-à-dire le Maire ? sinon, donnez des exemples des décisions prises et qui n'ont pas été respectées par le Maire.

6- Existe-t-il selon vous des actions posées par le Maire qui n'auraient pas été autorisées par le conseil communal ?

7- Pensez-vous que tous les conseillers sont disponibles et participent effectivement aux activités du conseil communal ?

B. Fonctionnement de la mairie

1- Par quels processus les décisions sont prises au sein de la mairie ?

2- Comment les recrutements sont organisés à la mairie ?

3- Quelle(s) appréciation(s) faites-vous du fonctionnement de la mairie ?

4- Quelle(s) appréciation(s) faites-vous de l'élaboration et de la mise en oeuvre du communal ?

5- Quelle(s) appréciation(s) faites-vous de la mise en oeuvre du Plan de Développement Communal (PDC) ?

6- Pensez-vous qu'au niveau de la mairie le respect de la hiérarchie et de la procédure administrative est effectif ? Sinon pourquoi ?

7- Que pouvez-vous dire de la productivité des agents de la mairie ?

C. A propos de la politisation

1- Pensez-vous que les conseillers sont plus attachés à la politique qu'au développement de la commune ? Si oui, pourquoi ?

2- Avez-vous des exemples des initiatives qui auraient échoué pour cause de politisation dans votre commune ?

3- Quelles appréciations faites-vous de la participation citoyenne dans les actions de développement de la commune ?

4- Pour la construction d'infrastructure sociocommunautaire, comment le choix des lieux d'accueil est fait ?

5- Pensez-vous que les réalisations de la mairie sont pertinentes et entrent vraiment dans le processus de développement de la commune ?

6- Avez-vous connaissance des exemples de décisions prises par les autorités qui sont des décisions politiques au détriment du développement. 

7- Si vous devez parler de l'influence de la politique sur la prise de décisions dans la commune, que diriez-vous ?

8- Pour vous, quelle a été la plus grande réussite pour ce mandat finissant ?

Et quel a été le plus grand échec ?

Liste des conseillers communaux de la 2ème mandature dans la commune d'Ifangni

Nom et Prénoms

Sexe

Fonction

Arrondissement

de provenance

Liste

Présentée

aux élections

1

FAFOUMI Raymond

M

Maire

Ifangni

FCBE

2

MICHODJEHOUN

Félix

M

1er Adjoint

Ko Koumolou

MADEP

3

AHISSOU

Nouhoumon

M

2è Adjoint

Daagbé

FCBE

4

ATCHAMBI Patrice

M

CA

Ifangni

FCBE

5

SOGNIGBE Jean

M

CA

Lagbè

FCBE

6

DOTONOU Jules

M

CA

Banigbé

MADEP

7

TOLEKE Sètondji

M

CA

Ko Koumolou

MADEP

8

HOUNGUE Kévin

M

CA

Tchaada

MADEP

9

BANKOLE Pierre

M

CA

Daagbé

FCBE

10

AKLE Laurent

M

CC

Tchaada

FCBE

11

LANKPODJIVI Victor

M

CC

Banigbé

FCBE

12

DJOSSOU Yves

M

CC

Banigbé

MADEP

13

DOSSA Grégoire

M

CC

Banigbé

MADEP

14

FALOLA Maroufath

F

CC

Lagbè

FCBE

15

AKPATA Joseph

M

CC

(Maire sorti)

Ifangni

MADEP

16

HOUETO Victorin

M

CC

Ifangni

FCBE

17

ATCHADJOU Ignace

M

CC

Ifangni

FCBE

TABLE DES MATIERES

Dédicace ................................................................................... 3

Remerciement ............................................................................. 4

Résumé ................................................................................... 10

INTRODUCTION ....................................................................... 11

1ère partie : fondements théoriques et considérations méthodologiques

CHAPITRE 1 : Fondements théoriques.

Problématique ............................................................................ 14

Hypothèses de recherche ............................................................... 16

Objectif général .......................................................................... 16

Objectifs spécifiques ..................................................................... 16

Clarification conceptuelle ............................................................... 17

Revue documentaire .....................................................................19

Justification du choix du sujet ......................................................... 22Délimitation thématique ................................................................ 23

CHAPITRE 2 : Considérations Méthodologiques

Nature de l'étude ........................................................................ 24

Echantillon ................................................................................ 24

Technique et outils de collecte de données .......................................... 25

CHAPITRE 3 : Présentation de la commune.

Situation géographique...................................................................27

Historique de la commune ............................................................ 28

Cadre physique ......................................................................... 29

Milieu humain ........................................................................... 30

2ème partie : Présentation des résultats de terrain et analyse des données

CHAPITRE 1: les acteurs de développement

Conseil communal ....................................................................... 35

Agents des collectivités locales ........................................................ 37

Gouvernement .......................................................................... 38

Services déconcentrés .................................................................. 39

Organisations de la Société Civile .................................................... 41

Partenaires Techniques Financiers .................................................... 43

CHAPITRE 2: les logiques des acteurs dans la commune

Disponibilité des conseillers communaux ............................................45

Acquisition par la mairie d'un domaine de cinq hectares .......................... 52

Acquisition d'un hôtel .................................................................. 52

Les voyages très peu fructueux ....................................................... 52

Choix de l'emplacement pour la construction des nouveaux bureaux ........... 56

Politisation dans la mobilisation des ressources de la mairie ..................... 58

Recrutement, gestion des agents et relation professionnelle à couleur politique59

Organisation de la Société Civile en manque de crédibilité ....................... 65

CONCLUSION .......................................................................... 80

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ........................................... 82

* 1 Jusqu'au moment où nous déposons notre travail, les résultats du RGPH4 n'étaient pas encore disponibles






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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe