2 Les facteurs d'attractivité des IDE. Une revue
de littérature
Choisir un pays d'implantation par une FMN dépend non
seulement des objectifs stratégiques de la FMN, mais aussi d'un ensemble
de facteurs interconnectés.
En effet, plusieurs études ont essayé de
développer une littérature large qui s'intéresse aux
facteurs déterminants qui poussent une firme à s'implanter
à l'étranger.
2.1 Revue générale des théories sur
les facteurs d'attractivité des IDE
Les facteurs explicatifs du choix d'un lieu d'implantation ont
été traités par plusieurs théories, Chacune essaie
d'expliquer ce phénomène selon son propre point de vue.
Vernon (1966), explique les IDE en fonction du cycle de vie du
produit.
Au début le produit est fabriqué dans le pays
d'origine avec des technologies innovatrices destinées pour le
marché local. Ensuite, dans la phase de sa croissance, le produit est
destiné à être exporté vers d'autres pays ayant des
caractéristiques similaires au pays d'origine. Lorsque le produit
atteint la phase de maturité, les coûts des facteurs de production
notamment le coût du facteur travail devient très cher, dans ce
cas, la firme cherche à se délocaliser pour
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résoudre le problème lié au coût du
facteur travail. La théorie de Vernon était, ainsi, la
première analyse dynamique des déterminants des IDE et leurs
relations avec le commerce international.
Dunning (1979) 4est parmi les premiers qui ont
proposé une explication économique aux flux des IDE. Il
développe le paradigme OLI (la théorie éclectique) qui
cherche à expliquer le choix de la localisation de la FMN à
travers trois séries de facteurs explicatives combinées ensemble
à savoir : Ownership advantages, localisation adavantages et
internalisation advantages :
? Ownership advantages : Ce sont les avantages
spécifiques à une firme qu'ils les possède exclusivement
durant une certaine période du temps, et qui les différencient
d'autres entreprises, ils représentent la technologie détenue par
la firme et sa capacité managériale, à savoir sa
réflexion stratégique, sa vision , et sa mission .
Donc, ce sont les caractéristiques internes à la
firme qui sont liées aux droits de propriété et /ou des
actifs intangibles, à la capacité d'innovation et le capital
humain, à l'expertise marketing et à la gouvernance de
l'entreprise (taille et position acquises, l'accès aux financements et
aux marchés, etc..).
? Localisation advantages :Ce sont les avantages de
localisation offerts par le pays d'accueil , ces avantages peuvent
résulter non seulement des dotations en ressources naturelles , mais
aussi d'autres facteurs sociaux économiques tels que le coût de la
main d'oeuvre et de matières premières , le coût de
transport et de communication, la culture et la règlementation , la
qualité de l'infrastructure , le dispositif d'aide aux investissements
et au système politique.
? Internalisation advantages : Ce sont les avantages
d'internalisation qui concernent les profits qu'une firme peut réaliser
grâce à l'internalisation des activités par apport à
la sous-traitance, ou au partenariat, afin de soulager les problèmes
liés aux coûts de transaction et de mieux contrôler et
performer les activités principales et de soutien de la chaîne de
valeur de la firme en question.
4Slim DRISS. , 2007,p.140 :
«L'ATTRACTIVITÉ DES INVESTISSEMENTS DIRECTS ÉTRANGERS
INDUSTRIELS EN TUNISIE » Région et Développement n°
25-2007.
Figure1-le choix du mode d'entrée selon la
théorie éclectique de la firme multinationale :
Avantages spécifiques (O) accords contractuels
Avantages spécifiques et d'internalisation (O+I)
exportations
Avantages spécifiques, de localisation et
d'internalisation (O+L+I) IDE
Source : traduit et adapté de
Dunning(1988),p.28
La disposition des avantages spécifiques
génère seulement des accords contractuels, si l'entreprise
possède à la fois des avantages spécifiques et
d'internalisation elle peut pénétrer les marchés
étrangers par des simples activités d'exportation. L'IDE est
recommandé lorsque les avantages spécifiques et d'internalisation
se combinent avec des avantages de localisation.
Dans des travaux ultérieurs, Dunning
(1997) 5 ajoute la notion de « capitalisme d'alliances »
pour mettre en évidence la relation entre les différents acteurs
dans les activités de création de richesses. Donc, la
théorie éclectique s'élargit par l'intégration pour
chaque avantage des bénéfices liés aux alliances.
Plus récemment, Dunning et Lundan (2008)
développent ensemble la théorie éclectique de la FMN, en
mettant l'accent sur l'importance des institutions. Ils considèrent les
institutions comme un ensemble des règles formelles (lois,
réglementations) et contraintes informelles (normes de comportement,
conventions). Ces institutions ayant un effet direct sur les trois types
d'avantage. Ces derniers subissent des évolutions dans le temps en
fonction des changements au niveau de la firme et aux changements
technologiques, de marchés et politiques menées par les
gouvernements.
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5 « The Eclectic (OLI) Paradigm of International Production:
Past, Present and Future ».
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Figure 2 : la configuration dynamique des avantages
OLI
Etape 1 Ot=1 Lt=1 It=1
Changements non- induits par la firme multinationale O
: changements liés aux goûts des consommateurs ou uation
de trois types d'avantage d
aux technologies, forte concurrence
L : changements au niveau des institutions et
des politiques évolutions internes propres à la firme et aux
évoluti affectant les activités de l'entreprise
t ti t c
I : améliorations au niveau des
réseaux de transports et de communication
Changements induits par la firme
multinationale
O : investissements concernant l'augmentation
des actifs,
développement de R&D et de connaissances,
apprentissage institutionnel
L : aides au développement
institutionnel, liens avec les fournisseurs
I : accès au marché, nouvelles
formes de contractualisation
Etape n Ot=n Lt=n It=n
Source : traduit et adapté de Dunning et
Lundan(2008),p.319
Michalet (1999)6 identifie deux catégories
de facteurs d'attractivité.
D'une part, les facteurs « fondamentaux »
jugés essentiels pour un territoire, notamment la stabilité
économique et politique, la taille du marché, les incitations
fiscales,l'état des infrastructures, et des institutions, et la
disponibilité en main-d'oeuvre qualifiée.
D'autre part, les facteurs « nécessaires »
renforçant l'attractivité du territoire notamment l'existence
d'un tissu d'entreprises locales performantes, d'un environnement favorable
à l'innovation, des politiques de privatisation et de
libéralisation du marché, les considérations
géographiques et culturelles, la création d'organisme de
promotion, adhésion à une zone d'intégration
régionale.
De même, selon Blonigen (2005)7les facteurs
d'implantation à l'étranger se divisent en facteurs internes et
d'autres externes spécifiques aux pays hôtes. Les facteurs
internes, ce sont les actifs spécifiques à la firme, tels que le
niveau de la technologie déjà existant. Alors que les facteurs
externes sont liés à la volatilité des taux de change,
à la taxation et à la qualité
6 Cité par Karray et Toumi (2007).,p,484.
7 Cité par Driss S., 2007, p.141.
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des institutions (corruption, transparence, efficience des
administrations publiques, etc.). Ainsi, la mauvaise adéquation entre
ces facteurs internes et externes engendre la détérioration du
climat des affaires et de la relation de confiance entre les différents
acteurs économiques en question.
En outre, sur la base de l'avantage de localisation de la
théorie éclectique de Dunning, Mayer et Mucchielli
(1999)8montrent que la FMN s'implante à l'étranger en
fonction de quatre facteurs principaux à travers :
y' la taille du marché :
c'est-à-dire la conquête de la demande dans chaque
localisation.
y' le coût des facteurs de production :
essentiellement c'est le coût de la main-d'oeuvre et le coût de la
technologie.
y' le nombre d'entreprises locales et
étrangères déjà installées :
représenter le degré de la concurrence sur le marché
d'implantation, et la possibilité de réaliser une synergie entre
les différents acteurs.
y' les politiques locales d'attraction des
IDE : s'intéressent aux avantages fiscaux offerts par le pays d'accueil,
la création des zones franches de libres échanges,
l'intégration régionale, les lois favorisant l'implantation et la
possibilité de rapatriement des bénéfices.
Ces quatre principaux déterminants de localisation
exercent un effet en fonction de la nature d'implantation, dans le cas d'une
implantation horizontale, la taille du marché et le facteur
déterminant alors que le cout des facteurs de production est le plus
important dans le cadre d'une implantation de type verticale.
De plus ,Wilhelms et Witter(1998)9ont
créé le concept d'adaptation institutionnelle à l'IDE.
Leur réflexion intègre à la fois des variables
microéconomiques qui concernent l'investisseur, des variables
macroéconomiques liées aux conditions offertes par les pays
8 Mayer T., Mucchielli J.L., 1999, "La localisation
à l'étranger des entreprises multinationales. Une approche
d'économie géographique hiérarchisée
appliquée aux entreprises japonaises en Europe", Economie et
Statistique, n°326-327, pp. 159-175.
9WILHELMS et WITTER ,(1998) : «Foreign
Direct Investment and its Determinants in Developping Countries».
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d'implantation et d'autres variables « meso »
économiques qui sont attachées aux institutions mettant en
contact l'investisseur étranger et le pays hôte. Cette
réflexion se distingue des autres en mettant l'accent sur les variables
dites « meso » en mettant en corrélation quatre concepts
interconnectés à travers l'adaptation du gouvernement à
l'IDE, l'adaptation du marché, l'adaptation à l'éducation,
et l'adaptation de la réalité sectorielle. L'interconnexion entre
ces quatre concepts représente le capacité d'attirer et de
profiter (tirer le maximum d'avantages) et de garantir les IDE.
A partir d'une littérature plus récente, Helpman
(2006) met en évidence de nouveaux facteurs explicatifs de la
décision de délocalisation de la firme, en se basant sur la
qualité des facteurs institutionnels du pays hôte, les
spécificités du secteur d'investissement et l'organisation de la
FMN.
Plus tard, selon Alaya et al, (2007)10, la
littérature distingue plusieurs types de déterminants justifiant
l'entrée des IDE. « des divers éléments tant
industriels (coûts transport, coûts d'implantation, coûts
salariaux, avantages technologiques, agglomérations
d'activités...), commerciaux (taille du marché, proximité
de la demande, barrières à l'échange)
qu'institutionnels(politique fiscale ou commerciale, dispositions
législatives en matière de rapatriement des capitaux ou de
mouvement de capitaux, risque pays, appartenance à une zone
d'intégration) susceptibles d'expliquer le volume des flux d'IDE
à destination d'un pays. ».
Donc, la décision de s'implanter dans un pays
dépend non seulement des facteurs d'ordre économique, mais aussi
des facteurs institutionnels offerts par le gouvernement du pays hôte, et
l'ensemble d'établissements dans ce pays ; les institutions sont une
source d'incitation favorisant l'efficacité et la transparence des
affaires.
10Alaya M., Nicet-Chenaf D. et Rougier E. (2007):
« Politique d?attractivité des IDE et dynamique de croissance et de
convergence dans les Pays du Sud Est de la Méditerranée »,
Cahier du GREThA 2007 - 06,p.4.
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Johnason et Vahlne(1977)11développent le
modèle d'uppsala, ce modèle considère que le processus
d'internalisation de la firme passe par des étapes successives.
Tout d'abord, l'entreprise se développe sur son
marché domestique afin d'acquérir de l'expérience dans le
domaine, cette approche selon Mayrhofer et Urban (2011)« permet
à l'entreprise de bénéficier d'un effet d'apprentissage
concernant les marchés étrangers avant d'y consacrer des
ressources plus importantes et de se développer sur des marchés
lointains ».
Ce modèle est dynamique, chaque décision
d'engagement international peut influencer l'étape suivante.
Après avoir assuré son développement sur le marché
local, la firme tente d'entrer sur des marchés similaires à
moindre risque pour établir des liens relationnels, informationnels et
de l'expertise, par conséquent, s'engager plus à l'international
en s'implantant dans des marchés ayant des spécificités
différentes que le marché d'origine de la firme.
Avec l'apparition des nouvelles pratiques à
l'international, Johanson et Vahlne(2006,2009) intègrent le concept de
la théorie d'échange social basé sur la relation de
confiance comme un facteur de développement des liens entre la firme en
question et ses partenaires. Cette relation offre la possibilité de
développement par l'engagement dans un réseau relationnel, ce
réseau favorise l'apprentissage et la confiance, donc garantit une
position dans le réseau d'affaires.
Ensuite, selon Kinda Tidiane(2009), la performance d'un cadre
économique propice et stable est une condition nécessaire pour
attirer des flux des IDE «les facteurs internes ou « pull factors
» caractérisent de manière générale les
conditions macroéconomiques d'un pays qui peuvent influencer les flux de
capitaux privés à destination de ce pays.ils incluent entre
autres le taux de croissance économique ,le taux d'intérêt
domestique, la fiscalité, le taux d'inflation et la volatilité du
taux de change ».
11Ulrike Mayrhofer et Sabine Urban
.,(2011)« Management International : Des pratiques en mutation »
,.p149
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